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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


COMPTES RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES 
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, 


PUBLIÉS 


CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L’ACADÉMIE 


Lu date du 43 Juillet 1835, 


PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. 


TOME SIXIÈME. 


JANVIER—JUIN 4838. 


BACHELIER , IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 


QUAI DES AUGUSTINS, N° 55. 
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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU MARDI 2 JANVIER 4838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d’un Vice- 
Président pour l’année 1838. 

Le nombre des votants est de 47. 

M. Chevreul obtient 38 suffrages; M. Cordier 4; MM. Serres et Larrey, 
chacun 2; M. Double, 1. 

M. Chevreul est en conséquence proclamé Vice-Président pour l’an- 
née 1838. M. Becquerel, Vice-Président pendant l’année 1837, passe aux 
fonctions de Président. 


MÉMOIRES LUS. 


M. Larrey commence la lecture d’un Mémoire intitulé : 


Nouvelles réflexions sur la manière dont la nature procède à l'occlusion 
ou à la cicatrisation des plaies de la tête, avec perte de substance aux os 
du crâne; pour faire suite au Mémoire sur les effets consécutifs de ces 
plaies, que cet académicien a communiqué en 1834 à l'Académie. 


La lecture de ce Mémoire sera continuée dans la prochaine séance. 


C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 4.) D 


(2) 


RAPPORTS. 


200LOG1E. — Rapport sur un mémoire de M. Jourpan, de Lyon, concernant 
quelques mammifères nouvec: © 


(Commissaires, MM. Duméril, F! Cuvier‘rapporteur. ) 


« L'Académie nous a chargés, M. Duméril et moi, de lui faire un rapport 
sur un mémoire de M. Jourdan, professeur à la Faculté des Sciences de 
Lyon, relatif à quelques mammifères nouveaux de l’Australasie, des Phi- 
lippines et du Brésil. C’est ce rapport que nous avons l’honneur de lui pré- 
senter aujourd'hui. 

» Si la crainte de voir Pesprit du nomenclateur dominer à l'époque où 
nous sommes l’histoire naturelle des mammifères, n’était pas une crainte 
aussi vaine que nous le pensons, aujourd’hui que les principes de la 
méthode naturelle sont si généralement admis, il nous semble qu’on pour- 
rait se rassurer pour l’avenir.em voyant l'esprit dans lequel. sont écrits tous 
les mémoires qui paraissent chaque jour sur cette première classe du règne 
animal. Aucun de leurs auteurs en effet ne se borne à nommer et à classer, 
pour les classer et les nommer seulement, les espèces qu'il se propose de 
faire connaître ; tous les classent et les nomment pour montrer leurs rap- 
ports véritables avec les autres mammifères, pour remplir les intervalles 
grands ou petits qui séparent encore les espèces entre lesquelles elles sont 
appelées à se placer par leur organisation ; et c’est tout-à-fait dans cet esprit 
éclairé que M. Jourdan a fait le travail dont nous venons vous rendre 
compte. 


» Ce travail a pour objet létablissement de trois genres sur trois 
espèces nouvelles qui en deviennent les types, et la description de trois 
espèces, nouvelles aussi, mais qui appartiennent à des genres connus. 

» Le premier de ces genres est présenté sous le nom d'Hétérope; il ap- 
partient à la famille des Kangurdos, et se distingue; comme:son nom 
l'indique, de toutes les autres espèces de ce groupe, par des jambes et 
des tarses postérieurs beaucoup plus courts et plus trapus que les leurs. 
De plus l’ongle du grand doigt ou du troisième, fort grand chez les 
Kanguroos,,et qui.est pour eux une arme assez forte, dépasse à peine la 
partie charnue sur laquelle il s'appuie chez l’Hétérope et semble ne devoir 
être pour lui d’aucuneutilité particulière. Privé de canines comme les Kan- 
guroos proprement dits, l’'Hétérope se rapproche par là plus du groupe 


(3) 
que forment ces animaux, que des Potoroos qui sont pourvus de ces dents; 
mais la brièveté de ses membres postérieurs le rapproche un peu davantage 
de ceux-ci que des autres. Ainsi, à ces différents égards, l’'Hétérope se 
placerait entre ces deux-:groupes principaux en se rapprochant cependant 
davantage des secondsygque des premiers. 

» L'espèce qui à présenté ces caractères et qui vient de la Nouvelle-Galles 
du Sud, se caractérise par un pelage gris-brun , des membres et la queue 
noirs, et une tache blanche sous la gorge; de là le nom spécifique 4/bo 
gularis que lui donné M. Jourdan. Sa taille est à peu près celle du renard 
commun. 

» Le genre Acérodon appartient à la famille des Roussettes ou Chéirop- 
teres frugivores, et ne se distingue des Roussettes proprement dites, que 
par des molaires inférieures à trois collines etpar des molaires supérieures 
à collines tuberculeuses, dans lesquelles cependant se montre avec évi- 
dence le type caractéristique des molaires de cette famille. Les formes 
mêmes de la tête rappellent celles qui sont essentiellement propres aux têtes 
des espèces du genre ou du sous-genre Roussette ,etcomme ces Roussettes 
encore, l’Acérodon a quatre incisives à l’une età l'autre mâchoire. 

» La considération de ces tubercules caractéristiques des molaires de 
l’'Acérodon, pourrait faire penser qu’il existe entre ces molaires et celles des 
Chauve-Souris, des rapports de structure propres à fonder entre les deux 
familles de Chéiroptères, un rapprochement beaucoup plus intime que 
celui qui existait avant que cette espèce füt connue. Quant à nous, nous 
ne pensons point que ces modifications aient en rien changé la nature 
des;dents de l'Acérodon, et puissent même-exercer une influence très sen- 
sible sur les mœurs de cet animal. Le système dentaire de la famille des 
Roussettes et celui de la famille des Chauve-Souris, sont différents dans 
leuressence de forme; chacun d’eux peut se présenter avec des modifica- 
tions plus ou moins profondes; mais tant que ce qui est essentiel à leurs 
formes dominera, les Roussettes ne seront pas des Chauve-Souris, ni les 
Chauve-Souris des Roussettes. Or, l’Acérodon appartient encore exclusi- 
vement sous ce rapport, à cette dernière famille. C’est pour n’avoir pas 
reconnu la distinction des formes principales et des formes accessoires dans 
les dents, qu'on a proposé, par la considération de ces organes, des rap- 
prochements si insolites entre certains mammifères. 

» Les rapports de l’Acérodon et des Roussettes se retrouvent même jusque 
dans la distribution des couleurs qui sont brunes, avec une tache plus pâle 
ou plus brillante sur le cou. L’Acérodon de Meyen a la taille des plus 

1. 


(4) 


grandes espèces de ce genre; il est originaire des Philippines, et si 
M. Meyen l’a décrit sous le nom de Pyrocephalus, ‘il ne l'a point fait de 
manière à ce qu'on en puisse reconnaître les caracteres principaux. D’ail- 
leurs, il ne l’a donné que comme une simple Roussette. 

» Le genre Mélomys a pour type une espèce de rongeur originaire du 
Brésil, à laquelle M. Jourdan réunit l'Échimys huppé; ces deux espèces 
se ressemblant par des oreilles arrondies peu développées , une queue velue, 
des tarses courts, des membres trapus et une forme générale assez lourde. 
Cette réunion suffirait pour indiquer les rapports des Nélomys avec les 
Échimys, l'Échimys huppé étant le type de ce dernier genre, si en effet 
les Échimys formaient un genre naturel. 

» Depuis long-temps l’un de nous avait signalé la construction irrégu- 
lière de ce genre Échimys, et la nécessité de ramener les espèces qui le 
composent à leurs véritables rapports. M. Jourdan propose, pour arriver 
à ce but, de séparer des Échimys qui, comme l’Échimys huppé, auraient 
les caractères des Nélomys, les espèces distinguées de ceux-ci par de gran- 
des oreilles, une queue écailleuse et nue, des tarses allongés et une forme 
générale élancée. C’est pour ces dernières espèces qu'il réserve le nom 
générique d’Échimys, et il donne pour type de ce genre l'Échimys de 
Cayenne. Nous regrettons que M. Jourdan n'ait pas complété son travail 
en nous indiquant les modifications organiques sur lesquelles il fonde vé- 
ritablement l’un et l’autre de ces genres; car une conque externe de lo- 
réille un peu plus ou un peu moins grande, des tarses un peu plus où un 
peu moins longs, une queue un peu plus ou un peu moins velue, ne peu- 
vent être que des signes extérieurs de leurs véritables caracteres. Il nous 
donne bien quelques-uns de ces caractères pour les Nélomys qui ont qua- 
tre molaires à racines et à couronnes composées de chaque côté de lune 
et de l’autre mâchoire , et cinq doigts à chaque pied, les pouces excessi- 
vement courts; mais il ne le fait point pour les Échimys, ce qui laisse 
beaucoup de vague et d'incertitude sur la véritable nature de ces derniers, 
relativement aux autres; en effet, de ce qu'ils différent un peu des 
Nélomys par les oreilles, les tarses et la queue, ce n’est point une raison 
pour qu’il en soit de même par les organes plus importants et véritable- 
ment caractéristiques des genres. Nous pouvons dire cependant que 
l'Échimys huppé, qui a une queue velue, des tarses courts, etc., comme 
le Nélomys, a aussi des molaires semblables aux siennes, et que l'Échimys 
dactylin, qui a une queue nue et écailleuse, a des dents fort différentes 
pour la forme, de celles des Nélomys; mais nous ignorons si elles ressem- 


(5) 
blent à celles de l'Échimys dé Cayenne. Ces simples indications, au reste, 
seraient loin de'suffire pour établir les rapports des neuf à dix espèces de 
rongeurs qui, à la’suite‘des observations de notre confrère M: Geoffroy 
Saint-Hilaire et de M. Lichtenstein, de Berlin; ont été réunies dans le genre 
que le premier à nommé Échimys, et le second , d’après Illiger, Lonchères. 
Quoi qu'il en soit, les Échimys et les Nélomys ont entréeux dés rapports 
intimes, et c’est dans le groupe naturel qu'ils forment que viennent se 
ranger le Cercomys et les Agoutis, autres rongeurs de l'Amérique du Sud. 

» T/espèce sur laquelle M. Jourdan a fondé son genre Nélomys, et qu’il 
nomme ÎVélomys de Blainville, grande comme un cochon d'Inde, est 
fauve en-dessus, blanche en-dessous, et sa queue est noirâtre; plusieurs 
des poils de sa croupe sont épineux. Elle ne paraît pas en effet avoir en- 
core été décrite. 

» Les trois espèces nouvelles que M. Jourdan fait connaître consistent 
en un Kanguroo proprement dit, qu'il nomme 7rma, en un Hydromys, 
qu’il désigne par le nom de Fulvo-Venter, eten un carnassier qu’il regarde 
comme un Paradoxure, auquel il donne le nom de philippensis. 

» Nous n'avons aucune espèce d'obsérvation à faire 'sur les deux pre- 
mieres espèces; elles diffèrent en effet, par les teintes et les couleurs de 
quelques-unes de leurs parties, des espèces de leur genre qui jusqu’à pré- 
sent ont été décrites. 

» Quant au carnassier, il serait assez difficile de dire st'en effet il ap- 
partient! à ce genre Paradoxure, qui menace de devenir ce qu'était avant 
lés travaux modernes, le genre Viverra de Linnæus, c’est-à-dire le genre le 
plus hétérogène de toute la mastologie, célui où venaient se réunir tous 
les carnassiers de moyenne taille, dont on n’avait pas su apprécier la 
nature; et il faut convenir que Linnæus lui-même, en le formant, avait 
donné l'exemple de cette confusion, sans cependant tomber dans l’exces 
de ses successeurs, les Gmelin, les Erxleben, etc’ Car! un genre dans le- 
quel se trouvent réunis comme dans ce genre Viverra de la 13” et dernière 
édition du Systema Naturæ, les Ichneumons aux Coätis, ceux-ci aux 
Moufettes, et les Moufettes aux Civettes et aux Genettes, est uu genre 
artificiel , que tous les naturalistes depuis se sont appliqués à rectifier. En 
effet, si tous s’accordent aujourd'hui à rapprocher, mais dans des groupes 
distincts, les Ichneumons, les Civettes, les Genèttes, tous s’accordent aussi, 
non-seulement à en séparer les Coatis et les Moufettes, mais même à 
éloigner considérablernent ceux-ci lun de l'autre, et des V’iverra propre- 
ment dits. C’est à ce dernier groupe, où se réunissent les Civettes , et beau- 


(6) 

coup d’autres carnassiers encore, qu'appartient celui des Paradoxures ; 
mais ce groupe générique, formé d’abord du plus petit nombre d'espèces, 
et d'une principalement, le Paradoxure type, dont la nature jusque-là avait 
été tout-à-fait méconnue, s'est vu enrichir en peu de temps par douze à 
quinze autres espèces de petits carnassiers tout-à-fait inconnus auparavant 
et dont on n’a pas toujours eu soin de décrire les caractères avec assez de 
détails pour qu’on puisse déterminer leurs vrais rapports; de sorte qu’au- 
jourd’hui il pourrait arriver pour ce genre ce qui est arrivé pour le genre 
Viverra de Linnæus : que les caractères sur lesquels il avait d’abord été 
fondé ne convinssent plus à toutes les espèces qui le composent aujour- 
d'hui, et qu'il fallût lui en assigner de nouveaux sinon le diviser. Quoi 
qu'il en soit, le Paradoxure des Philippines .qui nous occupe en ce mo- 
ment, réunit quelquesuns des caractères propres à ce genre ; M. Jourdan 
assure qu'il en a les dents et les doigts. Nous avons bien pu reconnaitre 
sur une peau desséchée que cet animal a en effet une marche plantigrade 
et des ongles acérés; mais nous n’en avons vu ni les dents, ni aucune 
autre partie, et la queue était à moitié détruite. Quant aux couleurs, 
elles ne nous ont paru se rapporter en effet à aucune des espèces publiées 
jusqu’à ce jour. 

» Tel est le contenu du Mémoire de M. Jourdan. Nous n’examinerons 
point en critique la formation de ses genres ni celles de ses espèces; cet 
examen nous conduirait sur la formation des genres et des espèces en gé- 
néral, à une discussion d’autant plus déplacée que notre objet principal 
doit étre le mémoire dont nous rendons compte; sur ces hautes questions 
d’ailleurs les principes généraux ne donnent la solution d'aucune difficulté, 
et les principes particuliers, les seuls dignes d'intérêt, paraissent être 
encore un sujet de controverse que nous ne pourrions aborder convenable- 
ment ici. Peu importent au reste ces principes dans le cas particulier qui 
nous occupe. Ce qui doit surtout fixer notre attention, ce sont les obser- 
vations de M. Jourdan; elles ont un caractère de nouveauté et d’exacti- 
tude que personne ne pourra leur refuser. La science les recueillera, cha- 
cun en fera son profit suivant ses propres vues, et si par la suite on est 
tenté d'en tirer d’autres résultats que ceux qu'il en a tirés lui-même, on 
ne pourra du, moins lui refuser cette justice que sans elles ces résultats 
nouveaux n'auraient probablement pas été obtenus. 

» Nous conclurons donc par demander que M. Jourdan soit invité à 
continuer de recueillir ses observations et d’en faire part à l’Académie. » 

Les conclusions du rapport sont adoptées. 


(Ke) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapportsun un Mémoire de M. A. Monix, capitaine 
d'artillerie, contenant des expériences sur les turbines de M. Fourneyron. 


(Commissaires, MM. de Prony, Arago, Gambey, Savary rapporteur.) 


« Dans un premier travail auquel l'Académie a donné son approbation, 
M. Morin à fait connaître par des mesures nombreuses et précises, ce 
que peuvent réaliser d’effet utile, pratiquement disponible, les diverses, 
roues hydrauliques, ordinairement en usage et qui tournent sur des axes 
horizontaux. 

» C’est en, quelque sorte le complément de ce premier travail que 
M. Morin a présenté, dans, le Mémoire dont nous venons rendre compte 
aujourd’hui. 

» Gette fois, les recherches. de M. Morin ont eu pour objet ces nou- 
velles roues hydrauliques, peu multipliées encore , mais sur lesquelles l’at- 
tention publique est si vivement fixée depuis quelque temps, les turbines 
de M. Fourneyron. L’ingénieur à qui l'on doit et la disposition et l'établis- 
sement de.ces précieux. moteurs, celui qui lutte avec persévérance depuis 
quinze ans pour les. perfectionner et les répandre, M. Fourneyron lui- 
même a prêté, à l'auteur dé.ce Mémoire, pendant toute la durée des expé- 
riences; le secours d’une, active coopération. 

» Sous le nom général de turbines ; on comprend aujourd’hui des roues 
qui n’ont guère de commun entre elles, que de tourner les: unes: et les 
autres , autour d'un axe vertical. Celles qu’un ingénieur, homme d’iuven- 
tion: et de science, M: Burdin imagina et fiteünnäaitre le premiersous cenom, 
recoivent l’eau’ à la base supérieure d’un cylindre ou tambour vertical et 
la rejettent à la base opposée. L'eau: entre et sort: près de la circonférènce 
extérieure, suivant’ des canaux pliés'en hélice'à la'surface du tambour qui 
doit avoir une hauteur égale à la moitié dela hauteur entière de la: chute 
d’eau disponible. 

» Dans les turbines: de Mi Fourneyron:, le tambour n’a jamais qu’une 
petite épaisseur; quelques décimètres, par exemple: L'eau s'élance . obli- 
quement en jets horizontaux de tout le, contour: d’un cylindre intérieur 
vertical; pénètre de tous côtés: dans les compartiments de la roue qui, en 
tournant, affleure ce cylindre; suit en les: pressant, des aubes. courbes 
renfermées entre les deux bases horizontales, etis’échappe horizontalement 
par la tranche verticale du tambour extérieur. 


(8) 
» On aura une idée des turbines de M. Fourneyron, en concevant que 


l'on pose à plat une roue ordinaire à palettes courbes , et que l’eau, arri- 
vant sur les palettes par le centre , sorte à la circonférence. 

» Un de nos confrères, M. Poncelet, a proposé, en 1826, une disposi- 
tion inverse de celle que nous indiquons ici : l'eau devait arriver par la 
circonférence de la roue et sortir par le centre. 

» C’est peu encore que d’être guidé par ces indications générales. Les 
difficultés les plus graves se présentent dans les détails d'exécution; 
l’eau, pour satisfaire aux meilleures conditions d’effet, devrait entrer sans 
choc et sortir sans vitesse. Comment donner aux jets liquides, lancés dans 
la roue, la direction la plus avantageuse ? Comment faire en sorte qu’apres 
avoir épuisé leur action sur les aubes , ils les abandonnent sans difficulté? 
Comment avec des dispositions simples obtenir des effets peu variables, et 
toutefois permettre à la roue de prendre au besoin des vitesses très diffé- 
rentes? Telle est une partie seulement des questions que l'expérience 
devait résoudre et que M. Fourneyron a résolues par lexpérience, pa- 
tiemment et habilement. 

» Ces questions, d’un si haut intérêt pour la science, ne peuvent être 
examinées ici. M. Fourneyron a construit des moteurs, mais il n’a rien fait 
connaître des proportions qu'il leur donne. M. Morin ne pouvait, il le 
déclare, penser même à le devancer dans la publication de ces détails. Son 
unique but était de constater, comme il l’a fait pour les autres roues, des 
résultats immédiatement utiles à l’industrie. C’est de ces résultats seule- 
ment que nous aurons à parler. 

» Deux turbines récemment établies par M. Fourneyron ont été sou- 
mises aux recherches de M. Morin. Toutes deux conduisent des tissages 
mécaniques, l'une à Moussay près de Senones dans les Vosges, l’autre à 
Mäüllbach, dans le département du Bas-Rhin. Celle-ci marche sous une 
chute d’eau de 3 mètres environ; celle-là sous la chute très forte de 
7 mètres dans sa valeur moyenne. 

» Les quantités de travail ont été mesurées à l’aide de l'appareil devenu 
en quelque sorte indispensable à ces recherches, du frein dynamométrique 
de M. de Prony.: Le frein était directement appliqué à l'arbre vertical des 
turbines, continuellement arrosé, et la température des surfaces frottantes 
variait si peu que les oscillations à l’extrémité du levier n’ont jamais dé- 
passé, dans les expériences faites à Müllbach, 4 à 5 centimètres d’ampli- 
tude. Il semble, pour le dire en passant, qu'un tel moyen de mesure ne 
laisse plus rien à désirer. 


+ 
(9) 

» Les garanties d’exactitude qu'offrent les dispositions prises par 
M. Morin , et qu’on pouvait attendre d’un ingénieur aussi habiles,ont com- 
plétement confirmées par la régularité des séries d'observations. Ces séries, 
- rapportées d’abord sous forme de tableaux et en chiffres, sont ensuite, 
quant au résultat principal, représentées graphiquement par des courbes. 
Ce mode de représentation a l'avantage de mettre en évidence d’une ma- 
nière plus frappante le peu de variation qu'éprouve l'effet utile des ma- 
chines pour des variations de vitesse très considérables. 

» Citons quelques nombres. Relativement à la turbine de Moussay, 
la quantité d’eau dépensée restant la même et d'environ 736 kilo- 
grammes par seconde, la vitesse a pu varier de 140 à 230 tours par mi- 
nute , sans que le rapport du travail disponible au travail absolu de la chute 
d’eau se soit écarté de plus de - de la valeur maximum observée 5. 

» Objectera-t-on qu'ici le volume d’eau dépensée, évalué d’une manière 
indirecte , laisserait une très légère incertitude ? D'abord cette incertitude 
pourrait bien être défavorable à la machine ; ensuite, et en tout cas, elle 
n'existe nullement de la même manière, pour la turbine de Müllbach. 

» Relativement à celle-ci, où du reste les expériences sont plus concor- 
dantes, les séries plus régulières, pour des variations de vitesse qui s’éten- 
dent de 55 à 79 tours par minute, l'effet utile a toujours été compris entre 
les 78 et les 79 centièmes du travail moteur. Ces différences sont de l'ordre 
des erreurs dont on ne saurait entièrement se garantir. 

» Nous devons aller au-devant d’une seconde objection. Si l’on nous de- 
mandait pourquoi, en ne citant que quelques nombres, nous choisissons 
les séries dont les résultats moyens sont les plus élevés, notre réponse 
serait facile. 

» L'eau est lancée dans la turbine par des orifices dont un vannage per- 
met de varier la hauteur. De cette hauteur dépend la quantité d’eau con- 
sommée par la roue dans un temps donné. Eh bien! plus cette hauteur 
d'ouverture augmente, plus la quantité d'eau consommée devient consi- 
dérable, plus l'effet utile s'accroît et se rapproche du travail moteur. Cela 
ressort avec évidence de la marche régulière des chiffres. Nous sommes 
donc fondés à dire qu'aucune des séries ne présente encore les circonstances 
les plus favorables à la machine, et que si on veut la juger, surtout rela- 
tivement à d’autres, il faut, autant qu'il est possible, se rapprocher de ces 
conditions de meilleur effet. Des obstacles matériels, que M. Morin si- 
gnale, l'ont seuls empêché de pousser jusque-là les expériences. Ajoutons 
toutefois que même encore pour des levées de vanne et des dépenses 


C. R, 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 4.) 2 


(10) 
d’eau moins considérables et moins avantageuses, l'effet utile diffère long- 
temps assez peu de celui que nous avons cité. 

» Si, pour une même dépense d’eau, on fait varier la vitesse des turbines 
au-delà des limites déjà très étendues dans lesquelles il convient de se ren- 
fermer, on voit à la vérité leur puissance s’affaiblir rapidement. Mais de quel 
moteur n’en est-il pas ainsi ? Les limites d’effet avantageux sont encore plus 
resserrées pour les autres roues hydrauliques; l'action des hommes, celle 
de la vapeur ont, comme on le sait, relativement à chaque mode d’appli- 
cation, des vitesses convenables dont on ne saurait s’écarter sans diminuer 
leur produit. 

» Puisque nous avons abordé cette grave et délicate question de com- 
parer les turbines à d’autres moteurs, il est d'autant plus naturel de 
nous y arrêter encore, que le précédent Mémoire de M. Morin, Mémoire 
dont celui que nous analysons est la suite, nous offre, relativement aux 
roues hydrauliques le plus communément employées, les éléments de la 
comparaison déterminés avec le même appareil et par le même ingénieur. 

» Veut-on connaître le résultat le plus immédiat de cette comparaison ? 
Ce que nous avons dû regarder comme une limite d'effet inférieure à 
l'effet le plus avantageux des turbines, c’est déjà, d'après M. Morin, pour 
la turbine de Müllbach, la plus grande action des roues à augets les 
mieux établies ; c'est déjà pour la turbine de Moussay, le plus grand effet 
de la roue de côté de l'atelier des meules à Baccarat, lorsque cette dernière 
roue marche dans les conditions les plus favorables. 

» Une seule roue de côté dans les expériences de M. Morin, celle de la 
taillerie de cristaux du même établissement, semble donner un résultat 
de très peu supérieur. Mais cette supériorité n’est qu'apparente. 

» Pour le prouver quelques détails sont nécessaires. Quand on veut 
évaluer la puissance d’un cours d’eau, dans l'impossibilité d’en jauger 
directement le volume, on le force ordinairement à passer sur un déver- 
soir. La nappe qui s'incline au-dessus du seuil de cette espèce de barrage, 
fournit une quantité de liquide dépendant principalement de la hauteur 
du niveau dans le bief supérieur. Cette quantité dans chaque cas, pourvu 
que toutes les circonstances soient exactement pareilles , se calcule à l’aide 
d’une formule empirique, déduite d'expériences directes et toujours très 
délicates. 

» Eh bien! des expériences récentes de M. Castel, publiées par M. d’Au- 
buisson, ont conduit à modifier légèrement la formule précédemment ad- 
mise. Ces expériences n'étaient pas connues lorsque M. Morin étudiait la 


(11) 
roue de la taillerie à Baccarat. Il en résulte que là il estimait d'après l’an- 
cienne formule le volume du cours d’eau, tandis que dans les observations 
faites sur les turbines, il évalue la dépense par la formule corrigée. 

» La différence des deux modes d'évaluation est en faveur de la roue 
de la taillerie ; si l’on rectifie l’ancien calcul d’après les données actuelles, 
on trouve sensiblement, pour les deux roues de côté, le même effet utile, 
à très peu près égal à l'effet maximum observé de la turbine de Moussay. 

» Ce n’est pas tout encore ; dans la roue de la taillerie à Baccarat, la tête 
de la vanne qui forme le seuil du déversoir est arrondie : dans les déversoirs 
sur lesquels on a mesuré la quantité d’eau employée par les turbines de Mous- 
say et de Müllbach, le seuil se termine en amont par une arète vive. Sur 
cette arète, la surface inférieure de la nappe liquide se relève et cette cir- 
constance diminue le volume d’eau qui s'écoule. Si l'évaluation de ce 
volume est juste à Moussay et à Müllbach, elle est trop faible à Baccarat. 
La différence tourne encore à l’avantage de l’ancienne roue. Des mesures 
directes pourraient seules lever ces petites incertitudes. 

» De ces détails trop longs peut-être, nous nous croyons en droit de 
conclure, qu’en faisant une part convenable aux erreurs des jaugeages, 
les turbines observées par M. Morin sous de grandes chutes d’eau offrent 
au moins des résultats aussi avantageux que les meilleures roues ordi- 
naires. On remarquera qu'il s’agit de moteurs équivalant à l’action de 
4o, 60 et 90 chevaux. 

» Si l'on rapproche ces résultats de ceux qu’une commission d’ingé- 
nieurs habiles ,. MM. Mary, Saint-Léger, Maniel, ont obtenus sur la turbine 
d’Inval ; de ceux que M. Fourneyron lui-même avait publiés antérieurement 
sur la même roue, on arrive constamment à des conclusions semblables : 

» Partout et sous des chutes qui ont varié depuis la faible valeur de 
3 décimètres (1 pied) jusqu’à 1, 2, 3 et 7 mètres, le travail disponible 
transmis par les turbines a pu atteindre jusqu'aux 7 ou 8 dixièmes envi 
ron du travail moteur. 

Voilà pour l'effet utile considéré d’une manière absolue. 

» Par rapport aux applications, par rapport aux circonstances variables 
où un moteur hydraulique peut se trouver placé, les turbines offriront 
de nouveaux avantages. 

» Elles sont de toutes les roues hydrauliques celles qui, sous le plus 
petit volume, utilisent la plus grande quantité d’eau. 

» L'eau qui les pousse ne pèse presque point sur leur axe. 


» Les énormes vitesses, les vitesses variables qu’on peut leur laisser 
Fe 


(12) 


prendre sans rien sacrifier de leur action, permettent de supprimer dans 
beaucoup d'usmes ces engrenages , ces axes pesants destinés à transmettre 
avec accélération, mais aussi avec perte d'effet, le mouvement si peu 
rapide lorsqu'il est le plus avantageux, des grandes roues à augets. 

» Une autre propriété des turbines est plus importante encore. M. Mo- 
rin, comme les ingénieurs qui l’ont précédé, remarque qu'elles fonc- 
tionnent aussi bien étant noyées que hors de l’eau; ce serait mieux qu'il 
faudrait dire, s’il était permis de s'arrêter à de légères différences. 

» À plus d'un mètre de profondeur sous l'eau, les nappes liquides 
s'échappent des aubes avec autant de facilité qu’à la surface. L'action ne 
dépend que de la différence de niveau en amont et en aval : peu importe 
la hauteur absolue de part et d'autre. 

» On voit de suite combien cette propriété des nouvelles roues est 
précieuse : elle permet de profiter, dans tous les temps, de la chute entière 
du cours d’eau. 

» Qu’arrive-t-il, au contraire, avec les roues verticales? Si le niveau 
s'élève dans le bief d’aval, si une portion des aubes est noyée à la partie 
inférieure, le moteur ne fonctionne plus qu'avec perte et avec peine : 
veut-on soulever la roue ? il faudra encore soulever le coursier. Pour éviter 
ces complications, il arrive qu’on préfère souvent élever tout le système 
d'une manière invariable, m’utiliser qu’une partie de la chute quand elle 
est forte, pour se trouver à une hauteur convenable, quand elle vient à 
diminuer. 

» Ainsi, la comparaison que les turbines soutenaient avec avantage 
aupres des anciennes roues, considérées dans les circonstances qui leur 
sont le plus avantageuses, aurait été bien plus favorable encore aux 
nouveaux moteurs dans le plus grand nombre de cas. 

» Cette confirmation de la haute valeur des turbines, que viennent 
d'apporter les belles expériences de M. Morin, cette propriété surtout de ne 
rien perdre pour être plongées, d’engloutir et d'utiliser sous un volume mé- 
diocre de grandes masses d’un puissant cours d’eau nous autorise à rappeler 
la proposition que l’un de vos conimissaires , M. Arago, a faite il y a déjà 
long-temps, de substituer ces roues nouvelles aux machines antiques qui 
fournissent si mesquinement à la consommation d’eau de la ville de Paris. 
A l’époque où la proposition de M. Arago fut mise en avant, l'expérience 
n'avait point encore prononcé sur ce qu'on en pouvait attendre. Depuis 
cette époque, trois séries de mesures sont venues confirmer les prévi- 
sions de notre confrère. Elles les ont confirmées pour des circonstances 


(13) 
analogues à celles où les turbines devraient fonctionner, noyées à une 
profondeur variable dans les eaux de la Seine. Aujourd’hui, il ne peut 
rester aucun doute sur le résultat de leur établissement. 

» Outre les expériences directes sur l'effet des turbines, le Mémoire de 
M. Morin contient encore des recherches sur la dépense d’eau qui a lieu 
par les orifices d’où la veine s’élance sur les aubes. Mais ces détermi- 
nations étant elles-mêmes subordonnées à la détermination de la dépense 
qui se fait sur le déversoir, peuvent être sujettes encore aux mêmes in- 
certitudes, qui toutefois sont très légères. 

» Pour nous résumer, le travail de M. Morin est digne d’éloges sous 
le rapport du nombre et de l'exactitude des observations, sous le rapport 
de la difficulté vaincue et de l'utilité pratique : vos commissaires vous 
proposent d’accorder votre approbation à son mémoire et d’en ordonner 
l'impression dans le recueil des Savans étrangers. » 

Ces conclusions sont adoptées. 


carmre. — Rapport sur un Mémoire de M. PAYen, ayant pour titre : Mémoire 
sur les acétates et le protoxide de plomb. 


(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, M. Dumas et moi, de lui rendre compte 
du Mémoire dont nous venons d'indiquer le titre. 

» L'intérêt que présentent les combinaisons de l’eau et de l'acide acétique 
avec l’oxide de plomb, sous le triple rapport des arts, de la médecine et de 
l'analyse, a, depuis long-temps appelé sur elles l'attention des chimistes. 
Cependant, il restait encore quelques lacunes à combler, quelques points 
à éclaircir : M. Payen a tenté de le faire ; nous allons exposer les résultats 
auxquels il est parvenu : 

» On connaissait avant son travail trois acétates de plomb, dans les- 
quels pour la même quantité d’acide les quantités de base sont entre elles 
comme les nombres 1,3 et6. M. Payen a répété l’analyse et confirmé la 
composition des deux premiers sels; il a déterminé leur solubilité, la forme 
de leurs cristaux déposés dans le sein de l’eau, de l'alcool et de l'esprit 
de bois, examiné les circonstances diverses dans lesquelles ils perdent leur 
eau de cristallisation. Mais la partie véritablement intéressante de son Mé- 
moire est celle dans laquelle il annonce la découverte d’un nouvel acétate 
de plomb, jusqu'ici inconnu des chimistes, et d’une combinaison égale- 
ment nouvelle entre l'eau et le protoxide de plomb. La découverte de ces 


(14) 

deux substances présentait de nombreuses difficultés, que M. Payen a 
surmontées avec beaucoup d’habileté. Elle explique plusieurs phénomènes 
dont la cause était jusque-là inconnue, et sous le rapport de l'analyse des 
matières organiques , elle devient d’un puissant intérêt. En effet, on se sert 
fréquemment des acétates de plomb pour déterminer la capacité de satu- 
ration des acides et de quelques autres matières du règne organique. On 
produit, par double échange, des précipités dans lesquels on examine 
avec le plus grand soin le rapport de l'oxide de plomb à la matière orga- 
nique, afin d'en déduire le poids atomique de celle-ci. Or, ce rapport est 
en général déterminé par la composition même de l’acétate de plomb em- 
ployé. Si celui-ci est neutre, le nouveau sel le sera aussi, ou, au moins, il 
aura de la tendance à le devenir; s'il est basique, la même chose se pré- 
sentera encore, et l’on conçoit des-lors, Pimportance qu'il y a à connaître 
l'existence et la composition du nouvel acétate de plomb signalé par 
M. Payen. 

» Ce sel est formé de 2 atomes d'acide acétique, 1 atome d’eau et 3 ato- 
mes d’oxide de plomb; si lon néglige l’eau pour ne considérer que les 
proportions relatives de base et d'acide, c’est un sel sesqui-basique. 

» En assimilant, au contraire, l’eau à une base, et cela paraît d’autant 
mieux permis que la chaleur ne la dégage qu'alors seulement que le sel 
lui-même se décompose, on peut le considérer comme un acétate bi- 
basique, dans lequel un atome d’eau remplace un atome d’oxide de 
plomb. 

» Quelle que soit, au reste, la manière sous laquelle on l’envisage, le 
nouveau sel se distingue facilement des trois autres par sa composition, 
sa grande solubilité dans l’eau et dans l'alcool anhydre, par la forme de 
ses cristaux, qui sont des lames hexagonales d’une grande netteté, et par 
plusieurs autres caractères encore. 

» Sa solubilité dans l’eau , beaucoup plus considérable que celle des trois 
autres acétates de plomb, explique très bien pourquoi une dissolution 
concentrée de ce sel se prend en masse aussitôt qu'on y verse quelques 
gouttes de vinaigre; c'est qu'alors il se produit de l’acétate neutre qui se 
dépose immédiatement, ne pouvant trouver assez d’eau pour rester dissous. 

» Ce résultat donne également la clé de certains accidents de fabrica- 
tion, depuis long-temps signalés à l'attention des chimistes. 

» L'existence d’un hydrate de plomb, d'abord généralement admise, 
avait été rendue très douteuse, dans ces derniers temps, par M. Winkel- 
blech. En précipitant l’acétate et le nitrate de plomb par un excès de 


(15) 
potasse, à diverses températures, ce dernier chimiste n’était jamais par- 
venu à obtenir de l’hydrate de plomb pur; c'était constamment ou du 
protoxide anhydre, ou un sel très basique qui se déposait. 

» Plus heureux, M. Payen a obtenu de l’hydrate de plomb parfaitement 
pur et cristallisé en beaux octaèdres transparents, en substituant l’am- 
moniaque à la potasse, et étudiant d’ailleurs avec soin l'influence de la 
température et de l'état de concentration plus ou moins grande des li- 
queurs, dans la production de l’hydrate. En variant les circonstances, il a 
pu obtenir à volonté, tantôt de l’oxide anhydre, tantôt de l'oxide hydraté, 
tantôt un mélange de ces deux substances. 

» La composition de l’hydrate de plomb est remarquable : il contient 
pour 3 atomes d’oxide de plomb, un seul atome d’eau, et correspond par 
conséquent à l’acétate tribasique avec lequel on le prépare, en traitant ce 
sel par un excès d'ammoniaque. 

» Votre rapporteur a confirmé l'exactitude des analyses de M. Payen sur 
lacétate et l'hydrate de plomb dont ce chimiste vient de faire connaître 
l'existence. 

» De l'hydrate de plomb cristallisé en octaëdres réguliers ; diaphanes et 
incolores , a été tenu pendant plusieurs jours dans le vide, et chauffé en- 
suite un peu au-dessous du rouge obscur, sans le contact de l'air. Il a 
éprouvé une perte de poids correspondant à 1 atome d’eau pour 3 atomes 
d'oxide de plomb. Le résidu s’est entièrement dissous dans du vinaigre 
faible, sans aucune effervescence. C'était de l’oxide tout-à-fait pur. L'eau 
recueillie dans une autre expérience était neutre aux réactifs colorés et 
sans saveur. 

» Ces résultats excluent la présence de l'ammoniaque et de l'acide acé- 
tique dans l’hydrate de plomb, en même temps qu'ils font disparaître toute 
espèce de doute sur l'existence et la pureté de cette dernière substance. 

» En résumé, les recherches de M. Payen ont ajouté plusieurs faits 
nouveaux à l'histoire des combinaisons de l’oxide de plomb. Nous avons 
l'honneur de proposer à l’Académie l'insertion du Mémoire de ce chimiste 
dans le Recueil des Savans Étrangers. » - 

Ces conclusions sont adoptées. 


(16) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


curnurGiE. — Mémoire sur le traitement des rétrécissements organiques ; 
par M. BÉniqué. 


(Commissaires, MM. Larrey, Dutrochet, Roux, Breschet.) 


« Depuis bien des années, dit l’auteur dans la lettre d’envoi, les prati- 
ciens qui se sont occupés du traitement de ces sortes de maladies, au 
moyen de la dilatation, ont fait des tentatives nombreuses pour limiter 
cette dilatation à l’étendue du rétrécissement. Parmi elles, une idée tou- 
jours prise et toujours abandonnée depuis près d’un siècle m’a paru ren- 
fermer les éléments d’une solution assez rationnelle. 

» Un tube membraneux est introduit vide dans le rétrécissement, puis 
distendu par une injection. 

» Trois objections principales ont fait rejeter ce moyen de la pratique. 
1° Difficulté d'agir sur le rétrécissement qui étranglait l'enveloppe mem- 
braneuse et formait, au-dessus et au-dessous de lui, des ventres beaucoup 
plus nuisibles qu’utiles. 2° Danger de produire une trop grande extension. 
3° Impossibilité de maintenir les liquides dans le sac membraneux à tra- 
vers lequel ils s'échappaient rapidement. 

» À cela on peut répondre : 

» 1°. Que rien n’est plus simple que de forcer un tube membraneux gonflé 
par un liquide à agir sur un point déterminé. Il suffit, en effet, de le 
soumettre à une forte extension dirigée suivant sa longueur. Dans ce cas 
toute l'impulsion se portera sur le milieu de l’espace compris entre les 
deux ligatures. On devra seulement mettre ce point en rapport exact avec 
le rétrécissement. 

» 2°. Que la crainte d'exagérer la dilatation est chimérique. Les tubes 
organiques sont doués d’une élasticité limitée. Dans ce cas particulier , 
l'allongement qu’on leur a fait subir a épuisé cette propriété dans un 
sens; et il est facile de préciser le diamètre au-delà duquel le tube, 
malgré sa résistance, se déchirera plutôt que de céder. È 

» 3°. Que si la troisième objection était insoluble à l’époque où on 
la faisait, elle ne l’est plus aujourd'hui, grâce aux belles découvertes 
de M. Dutrochet sur les lois qui règlent le transport des liquides à 
travers les diaphragmes poreux. Injectez l'enveloppe membraneuse avec 


(17) 

un liquide dense, et elle empruntera aux liquides ambiants beaucoup plus 
qu'elle ne leur donnera. La dilatation persistera donc; bien plus, elle sera 
augmentée. Mais ce qui me frappe surtout, c’est que cet appareil fournit 
le moyen de diriger sur le rétrécissement un médicament soluble quel- 
conque, pourvu qu'il ne s'oppose pas aux courants endosmotiques. Il suffit 
de l’associer en proportion variable , selon son énergie et l’effet que l’on 
veut produire, au liquide dense qui lui servira de véhicule. De cette ma- 
nière se trouvent réunies une dilatation mécanique bornée au point 
du rétrécissement, et une médication appropriée à la nature de la mala- 
die qu'on veut combattre. » 


ANATOMIE. — Sur la constitution microscopique du sang ; par M. À. Donxé. 


(Commissaires, MM. Biot, Magendie, Dumas, Turpin.) 


L'auteur commence par insister sur la nécessité d'observer le sang immé- 
diatement après sa sortie des vaisseaux 'afin de pouvoir se faire une juste 
idée de la constitution des globules qui nagent dans le sérum. Il annonce 
que cette méthode d'observation lui a permis de découvrir dans la nature 
des globules du sang des différences et des caractères demeurés jusqu’à 
ce jour inaperçus et qu'il résume en ces termes : 

» 1°. Il existe dans le sang trois espèces de particules solides apprécia- 
bles au microscope, ainsi que l'ont reconnu plusieurs observateurs : ce sont 
les globules sanguins proprement dits, rouges, circulaires, aplatis et of- 
frant un point obscur à leur centre;les petits globules attribués au chyle 
et les globules blancs, sphériques, légèrement chagrinés, un peu plus 
gros que les rouges et sans apparence de noyau central; ces derniers glo- 
bules existent en beaucoup plus grande quantité qu’on ne l’avait dit 
jusqu’à présent, et la propriété qu’ils ont d’adhérer au verre et d’être 
insolubles dans l’eau , permet de les séparer des globules rouges pour l’ob- 
servation microscopique; 

» 2°. Ces globules blancs sont sphériques dans les animaux qui ont les 
globules rouges circulaires, et elliptiques chez ceux dont les globules 
sanguins proprement dits, ont cette forme ; 

» 3°. La proportion des globules blancs varie considérablement dans 
certaines maladies, et je les ai trouvé, particulièrement dans un cas d’hy- 
dropisie cachectique, en nombre vingt fois plus grand au moins que dans 
l'état normal. 


C.B, 1838, 1°7 Semestre, (T. VI, No 4.) 3 


(18) 

» 4. Les globulès sanguins proprement dits Sont égalenient susceptibles 
d’éprouver dès modifications profondes dans leur aspect, dans leur consti- 
tution , leur netteté, l’arrangement qu'ils prennent entre eüx, ete.; mais 
ces altérations, ainsi que celles des globules blancs né peuvent s'observer 
que sur du sang pris pendant la vie, au moment même de sa sortie des 
Vaisseaux ; 

» 5e. Les altérätions que le sang peut subir dans les maladies, ne portent 
donc pas seulément, commé lés analyses chimiques l’établissent ordimaï- 
rement , sur la différence de proportion entre les divers éléments de ce 
fluide, tels que la fibrine, l'albumine, la matière colorante, etc. Les glo- 
bules sont aussi le siége de modifications organiques, que l’analyse mi- 
croscopique permet seule jusqu'à présent d'apprécier. » 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — [Vote sur l'équation A° = C; par M. Pacani. 


(Commissaires, MM. Lacroix, Libri.) 


GÉOLOGIS. — Forêt sous-marine des côtes de Bretagne. 


Les différents objets dont M. Zemaout avait annoncé l’envoi à l’Acadé- 
mie, dans une précédente communication à ce sujet , étant arrivés, une 
Commission est chargée de les examiner. 


(Cette Commission se compose de MM. Brongniart, Brochant, et Élie de 
Beaumont.) 


CORRESPONDANCE. 


ÉCONOMIE RURALE. — Ÿ’ers à soic. 


M. le Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce 
invite l’Académie à nommer une Commission pour examiner divers objets 
relatifs à l'éducation des vers à soie dans le Bengale, objets rapportés 
par la Bonite , au retour de son voyage de eircum-navigation. 

« Ce sont : des œufs et des cocons de vers à soie, des graines de deux 
arbres dont les feuilles servent à nourrir ces insectes; enfin, quelques-uns 
des ustensiles servant pour les élever. Un Mémoire de M. f’aillant , com- 
mandant de la Bonite, fait connaître les usages de ces ustensiles ainsi que 


(19) 
les moyens auxquels il a eu recours pour empécher l’éclosion des œufs 
pendant la traversée. » 


(Commissaires, MM. Silvestre, de Mirbel, Duméril, D’Arcet.) 


ÉCONOMIE RURALE. — Sur des œufs de vers à soie, rapportés de l'Inde en 
Europe par M, Gaudichaud, — Extrait d’une lettre de M. Aunourx. 


« M. Gaudichaud a remis au Muséum d'histoire naturelle des œufs de 
vers à soie qu'il a recueillis à Calcutta en mars 1837 et qui sont arrivés à 
Paris à la fin de décembre après avoir passé deux fois la ligne, A sa demande 
j'en ai fait l'examen. 

» Ils ont l'apparence d’une conservation parfaite et l'étude que je viens 
d'en faire au microscope m'a montré que le germe était très peu avancé 
dans son développement. J'en ai soumis plusieurs à la température de nos 
serres pour hâter leur naissance et juger plus exactement ainsi du 
terme d’acroissement auquel les embryons sont parvenus. J'aurai l'honneur 
d'informer l'Académie des résultats de ces expériences. Dès à présent je 
mets sous ses yeux plusieurs des œufs rapportés par M. Gaudichaud, ainsi 
que le procès-verbal que j'ai dressé à leur arrivée au Muséum et où se 
trouve l'indication des moyens pris pour assurer leur conservation pen- 
dant la traversée. » 


( Renvoi à la Commission précédente, nommée sur la demande de M. le 
Ministre du Commerce.) 


M. Becquerez fait la communication suivante, d’après une lettre qu'il a 
recue de M. de la Rive : 

« M. le docteur Prevost, de Genève, a réussi à aimanter des aiguilles de fer 
doux très fines, en les plaçant très près des nerfs , et perpendiculaire- 
ment à la direction dans laquelle il supposait que le courant électrique 
devait y cheminer. L’aimantation a eu lieu au moment où, en irritant la 
moelle épinière on détermine dans l'animal une contraction musculaire. » 


M. Rarreneau-Detise, professeur de botanique à l'École de Médecine de 
Montpellier, se met sur les rangs pour la place actuellement vacante dans 
la Section d'Économie rurale. M. Delile déclare que s’il était nommé, il 
quitterait sur-le-champ la place qu'il occupe à Montpellier. 


(Renvoi à la Section d'Économie rurale.) 


( 20 ) 


M. Lecrerc-Taouix demande à être compris dans le nombre des can- 
didats pour la place vacante dans la Section d’Économie rurale. 


(Renvoi à la Section.) 


M. Laïenec annonce qu'il fera le 7 de ce mois des expériences sur ses 
courbes , au rayon de 5o mètres avec des rails sans bordure extérieure et 
avec une vitesse de 10 lieues à l'heure; il invite MM. les membres que ces 
essais intéresseraient à vouloir bien y assister. 


M. Taomsox écrit qu'aucun des mémoires qu'il avait présentés depuis 
long-temps à l’Académie, n’a été publié, quoique plusieurs aient été im- 
primés; que son intention n’est point de les présenter au Concours pour 
les prix Montyon avant que l’ensemble du travail dont ils font partie ne soit 
terminé; qu’en conséquence, il demande que la Commission à l'examen 
de laquelle ces différents mémoires ont été renvoyés, veuille bien en faire 


l’objet d’un rapport. 


M. Gopaix adresse un paquet cacheté. 
l’Académie en accepte le dépôt. 


La séance est levée à 5 heures. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie Royale des 
Sciences ; n° 26, 2° semestre 1837, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par M. Gay-Lussac et AraGo, 
tome 65, juillet 1837, in-8°. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 7, juin 1837, in-8°. 

Traité de Phrénologie humaine et comparée; par M. Vimoxr, 2 vol. in-4°. 
(Cet ouvrage est adressé pour le concours de Physiologie expérimentale. ) 


(21) 

Recherches Statistiques sur le département du Finistère , 1"°, 2°, 3° et 
dernière livraison; par M. Ducxarerurer, Nantes, in-4°. ( Cet ouvrage est 
adressé pour le concours de Statistique. ) 

Société d'encouragement pour la production, l'amélioration et l'emploi 
des soies de l'arrondissement de Lavaur, et des arrondissements limithro- 
phes (Extrait des registres des Procès-Verbaux pour les années 1833, 
1834, 1835 et 1837); in-4°. 

Considérations sur la Physiologie et l'Hygiène des pieds ; par M. Gour- 
DON, in-8°. 

Notices des Travaux de M. O. Lecrerc-Taouin, demi-feuille in-4°. 
(Renvoi à la Section d'Economie rurale.) 

Correspondance Mathématique et Physique publiée par M. Querezer, 
3° série, tome 1”, 2° livraison , in-4°, Bruxelles. 

Bulletin de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Bru- 
æxelles , n° 10, séance du 4 novembre 1837, in-8°. 

George’ s Creek... Exploration du district concédé à la Compagnie des 
Mines de houille et de fer de George’ s Creek (État de Maryland), 1856, 
in-4°. (M. Alex. Brongniart est prié de rendre un compte verbal de cet ou- 
yrage. ) 

Beitrage zur...Mémoires pour servir à l'Histoire de la génération et 
de l'ovologie, par M. Ron. Wacxer , in-4°. 

Fragmente zur... Fragments pour servir à la Physiologie de la géné- 
ration, principalement à l'analyse microscopique du sperme ; par le même, 
in-4°. 

( Ces deux ouvrages sont adressés ponr le concours au Prix de physio- 
logie expérimentale.) 

Bulletin général de Thérapeutique Médicale et Chirurgicale ; tome 13, 
dernière livraison , in-4°. 

Gazette Médicale de Paris, tome 5, n° 52, et table des matières de 1837. 

Gazette des Hôpitaux, tome 11, n° 151, 152, table des matières de 1837, 
et tome 12, n° 1, in-4°. 

La Phrénologie , journal , tome 1°*, n° 27. 

Echo du Monde savant; n° 103. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 8 JANVIER 4838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


emiRurGIE. — ]Vouvelles réflexions sur la manière dont la nature procède à 
l'occlusion ou à la cicatrisation des plaies de la tête, avec perte de 
substance aux os du crâne; par M. Larrey; pour faire suite à un 
précédent Mémoire sur les effets consécutifs de ces plaies, lu à l'Académie 
en 1834 (1). 


(Extrait par l’auteur.) 


« Aprés avoir exposé sur cet objet sa théorie, étayée de l'expérience et 
de l'opinion de la plupart des grands anatomistes du xvn° et du xvin siè- 
cles, M. Larrey a mis sous les yeux de l’Académie plusieurs pièces anato- 
miques et pathologiques qui démontrent positivement que les plaies avec 
perte de substance aux os du crâne, comme celles des autres os du sque- 
lette, ne se ferment ou ne se cicatrisent que par l'allongement, l’amincis- 
sement et la rencontre ou la réunion concentrique des vaisseaux ou fibres 
des bords de ces ouvertures, dans les os larges, et.de ceux des extrémités 
dans les os longs fracturés. Plusieurs des pièces qu’on a vues, ayant ap- 
partenu, à des invalides que M. Larrey avait montrés à l’Académie lors de 


(1) Ces nouvelles réflexions sont destinées à faire partie des Mémoires de l'Académie. 


C.R. 1838, 19T Semestre. (T. VI, N° 2.) 4 


(24) 

la lecture de son premier Mémoire, ont dù nécessairemeut jeter la con- 
viction dans tous les esprits sur la vérité de ses assertions. Cependant, 
afin de faire vérifier de nouveau les phénomènes qui font connaître la 
marche de la nature pour obtenir l’occlusion des ouvertures du crâne et le 
vrai caractère de la cicatrice, M. Larrey a présenté encore un autre vété- 
ran, M. Brunot de Rouvre, officier supérieur dans l’un des régiments 
d'infanterie de la grande armée, lequel fut atteint, à la mémorable bataille 
de Wagram, 1809, par un éclat d’obus qui lui fractura comminutivement 
une grande portion des os qui forment le centre de la suture fronto-parié- 
tale. L’extraction que l’on fit au premier pansement, des esquilles nom- 
breuses qui étaient résultées de ce fracas, laissa dans cette partie du crâne 
une énorme perte de substance, et la dénudation de la dure-mère dans 
l'étendue de plusieurs centimètres. Une cicatrice dermoïde et membra- 
neuse s’est établie d’abord sur cette grande ouverture; ensuite la nature 
à opéré graduellement par un travail d’amincissement et d’allongement 
concentrique des fibres ou vaisseaux partant de ses bords pour se rappro- 
cher, s’aboucher par leur extrémités, et terminer la cicatrisation , résultat 
qui n'a pu avoir lieu complétement chez cet honorable officier ; car il reste 
au centre de cette cicatrice large et déprimée, un espace osseux d'environ 
deux centimètres de circonférence , où l’on sent, à travers l’opercule mem- 
braneux un peu endurci qui bouche cette ouverture osseuse, les pulsations 
des artères cérébrales. 

» M. Larrey pense qu’il faudra encore de longues années pour que 
cette ouverture soit complétement fermée. 

» M. Brunot, comme tous les trépanés que M. Larrey a présentés pré- 
cédemment à l'Académie, perçoit et distingue parfaitement par la cicatrice 
et l'ouverture qui reste au crâne, les sons de la voix de ceux qui lui par- 
lent dans ces directions, bien que ses oreilles soient exactement bouchées : 
chacun a été à même de répéter cette expérience. » 


Note sur le développement centripète du système osseux et ses applications 
à la Pathologie; par M. Serres. 


Aprés la lecture du Mémoire de M. Larrey, et à l’occasion des vues d’os- 
téogénie qu'il renferme, M. Serres présente quelques observations sur le 
développement du système osseux et sur leur application aux maladies 
dont ce système peut être le siége. 

« Les os, dit M. Serres, ne se développent point du centre à la circon- 


(25) 
férence. Cette hypothèse ancienne a été remplacée par la théorie du déve- 
loppement centripète qui donne la formule générale de l'apparition des 
noyaux osseux dans le cours de l’embryogénie. Cette apparition première 
a toujours lieu sur les parties latérales; de ce point de départ, l’ossification 
gagne de proche en proche les parties centrales de l'os. 

» De ce principe d'ostéogénie résultent : 

» 1°. La loi de symétrie, ou la dualité primitive des pieces centrales et 
impaires du squelette de l’homme et des animaux; 

» 2°. La loi de conjugaison, ou les règles invariables que suivent dans 
leur coalescence les noyaux osseux primitifs; 

» 3°. Enfin les maladies dont le système osseux peut devenir le siége!, si 
par une cause quelconque cette règle générale de l’ossification est inter- 
rompue dans sa marche. C’est même à cause de l'intérêt pratique qui se 
rattache à cette manière nouvelle de considérer le développement des os, 
que je crois utile de réfuter l'hypothèse de leur formation centrifuge. 

» Si l’on considère, avec tous les anatomistes modernes, la vertebre 
comme le type ostéogénique du système osseux, on voit que constam- 
ment et sans nulle exception, l’ossification commence d’abord par les 
masses latérales; ce n’est que quelque temps après qu’elle se montre sur le 
corps vertébral et qu’elle se montre par deux noyaux correspondants, l'un 
à la moitié droite, l’autre à la moitié gauche. 

» D'après les travaux des anatomistes modernes, personne ne doute pré- 
sentement que le crâne et la face ne soient également une répétition du 
type vertébral. Or, soit que l’on considère le crâne comme une vertébre 
unique portée au summum de son développement, soit qu'on le con- 
sidère comme un assemblage de trois, de cinq, de huit, de neuf ver- 
tèbres , on voit toutes les pièces qui le composent soumises à cette règle. 

» Ainsi, dans la supposition que le crâne ne serait qu’une vertèbre, 
on observe que toutes les parties latérales et périphériques sont déjà ossi- 
fiées, tandis que la partie centrale ou le corps du sphénoïde n’est encore 
que LE aimer. 

» Dans la supposition plus juste, d’après laquelle ie crâne est un com- 
posé de plusieurs vertèbres, on observe sur chacune d'elles la répétition 
de la marche de l’ossification vertébrale. Ainsi, sur l’occipital, la portion 
centrale ou basilaire est cartilagineuse lorsque déjà les masses latérales 
sont ossifiées ; ainsi, sur le coronal, les deux parties latérales restent long- 
temps osseuses avant de se réunir sur la ligne médiane ; ainsi, sur le sphé- 
noïde, les grandes ailes, de même que les apophyses ptérigôïdés , sont os- 


IE 


(26) 

sifiées à une époque où le corpsiest encore cartilagineux , et sur le corps 
lui-même, l’ossification apparaît par quatre noyaux, deux appartenant au 
sphénoïde antérieur, deux au sphénoïde postérieur. 

» L'ossification procède sur les os de la face de la même manière que 
sur ceux du crâne. Ce sont toujours les parties latérales qui ouvrent 
la marche, et toujours ce sont les parties qui occupent le centre qui sont 
les dernières envahies. D'après cette règle, l'ethmoïde s’ossifie le dernier ; 
il est à la face ce qu'est le sphénoïde au crâne. De même que sur ce der- 
nier, ce sont les masses ethmoïdales latérales sur lesquelles se développent 
d'abord les noyaux osseux; ils ne se manifestent que plus tard sur l’apo- 
physe crista galli et sur la lame perpendiculaire et centrale de l'os. 

» On voit donc que l’ossification procède de la circonférenceau centre de 
l'os, et non du centre à la circonférence. Ce que présente de remarquable 
l'histoire de l’ostéogénie, c’est que tous les anatomistes, depuis Kerkring 
jusqu’à Senff et Meckel, ont constaté la formation centripète du système 
osseux, bien que tous aient conclu en sens inverse de leurs observations. 

» Ce mésaccord entre les faits ostéogéniques centripètes observés par 
tous les anatomistes, et la conclusion centrifuge qui leur-est diamétrale- 
ment opposée, rendirent infructueuses toutes les recherches sur le deve- 
loppement du système osseux. Or, en mettant en harmonie les principes 
et les faits, on en voit sortir des applications fécondes pour la pathologie. 
Je n’en citerai que quelques cas. 

» Les parties centrales du système osseux se forment de dehors en de- 
dans; il y a d’abord deux moitiés qui marchent à la rencontre l'une de 
l'autre. Or, avant de se rencontrer elles sont séparées par un intervalle 
d'autant plus grand que l'embryon est plus jeune. 


» Si par une cause quelconque ces deux moitiés sont arrêtées dans leur 
trajet, non seulement l'os impair et médian ne revétira pas ses formes 
normales , mais de plus l'intervalle qui séparait les deux pièces subsistant, 
la partie osseuse médiane sera remplacée par une ouverture insolite, au 
travers de laquelle pourront s'échapper les organes que le système osseux 
est destiné à protéger. 

». Ainsi, si les deux moitiés du corps. des vertebres ne se réunissent pas, 
la moelle épinière peut s'échapper par l'ouverture qu'elles laissent entre 
elles, ce qui donne naissance au spina bifida antérieur et à toutes ses 
variétés, 


» Si c'estien arrière au contraire que la réunion n'ait pas lieu , il en ré- 


(27) 
sulte le spina bifida postérieur dont la science possède de si nombreux 
exemples. 

» Ces, maladies sont aussi fréquentes au crâne qu’à la colonne vertébrale. 
Mais ici c’est l’encéphale qui fait hernie au lieu de la moelle épinière. Ainsi, 
la non-réunion des masses occipitales latérales laisse échappper en arrière 
le cervelet par l'intervalle qui les sépare; la non-réunion des pariétaux laisse 
échapper les: lobes moyens, et celle des coronaux donne issue aux lobes 
antérieurs de l’encéphale. Ces maladies, bien différentes sans doute par 
leurs effets, reconnaissent cependant la même cause, un arrêt dans la mar- 
che centripète de formation du système osseux. 

» Si nous faisions l'application de cemême principe à la face, nous trou- 
verions que les divers becs de lièvre, si fréquents en chirurgie, reconnais- 
sent une cause analogue, soit lorsqu'ils sont simples, ce qui est le plus 
fréquent, soit lorsqu'ils sont doubles, ce qui est très rare, comme chacun 
sait. Enfin dans le bassin, nons verrions que la vessie quitte par la même 
cause son domicile habituel. 

» Mais, ce qui précède suffit pour montrer les applications de la théorie 
centripète à la pathologie. » 


RAPPORTS. 


ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur appareil destiné à la conservation des grains, 
soumis à l'examen de l’Académie; par M. Vazcery. 


( Commissaires, MM. Biot, Silvestre, Dupin, Séguier rapporteur.) 


« Le sujet dont nous allons avoir aujourd’hui l'honneur de vous entre- 
tenir est d’un, haut intérêt; l'appareil soumis à votre examen à pour but la 
solution de l'important problème de la conservation des grains, problème 
tenté tant de fois et par des méthodes si diverses. 

» L’utilité, la nécessité de la conservation des grains est par vous, 
Messieurs, si bien comprise, que toutes les considérations générales dont 
nous pourrions faire précéder ce rapport, deviennent superflues. 

» Nous voudrions, pour nous, montrer discrets dans l'emploi des instants 
que vous voulez bien nous accorder, pouvoir nous borner: à vous faire 
une simple description de l'appareil de M. Valleryÿ, nous contenter de vous 
dire d’après quels principes il est construit, à quelles expériences il a été 
soumis par Os commissaires. 


(28) 

» Mais dans une question aussi grave, ce court exposé ne saurait suffire 
pour vous mettre à même de vous former une opinion personnelle sur 
l'utilité de cet appareil, et vous permettre d'adopter avec pleine connais- 
sance de cause les conclusions de ce rapport. 

» La meilleure manière de décrire l'appareil de M. Vallery, d’en discuter 
le principe, d’en apprécier les effets, enfin d'en juger le mérite est , sui- 
vant nous, de jeter un coup d'œil rapide sur ce qui a été jusqu'à ce jour, 
tenté ou proposé pour la conservation des grains. 

» En procédant ainsi, nous verrons de suite comment M. Vallery, riche 
de l'expérience de tous ceux qui avant lui ont travaillé à la solution de ce 
difficile problème, s'est efforcé de réunir dans un seul appareil les circons- 
tances diverses dans lesquelles la conservation des grains avait paru être 
concentrée. 

» Les méthodes expérimentées ou seulement proposées pour assurer 
la conservation des grains sont nombreuses : quelques-unes different es- 
sentiellement entre elles; d’autres, au contraire, ont une analogie remar- 
quable. C’est en examinant les unes et les autres , que nous reconnaïtrons 
ce que M. Vallery emprunte à chacune d'elles; nous trouverons aussi le 
moyen d'acquérir une opinion beaucoup plus positive sur le succès de son 
appareil malgré sa nouveauté. 

» Pour vous faire, Messieurs, une analyse succincte des procédés de 
conservation proposés par les nombreux agriculteurs et économistes qui 
se sont occupés de la solution de cette grande question , nous allons essayer 
de classer les procédés suivis ou conseillés en quelques catégories, dont 
nous nous bornerons à vous faire l'exposition. On pourrait, suivant nous, 
résumer tout ce qui a été fait ou proposé pour la conservation des grains 
dans les termes suivants : 

» Méthode de conservation par l’aérage ou ventilation avec ou sans 
mouvement de grains; 

» Méthode de conservation par la dessiccation préalable à l’aide de la cha- 
leur ; 

» Méthode de conservation par l'emmagasinage dans des greniers solides 
et fermés maintenus à des températures basses et constantes ; enfin, mé- 
thode de conservation par la privation du contact de l'air et la suspension 
de toute communication avec lui. 

» Avant d'entrer dans l'examen de ces diverses méthodes, permettez- 


nous, Messieurs, de poser, avec Duhamel, le problème à résoudre. Il faut 
suivant lui: 


(29 ) 

» 1°. Enfermer une grande quantité de grains dans un petit es- 
pace; 

» 2°. Faire en sorte qu'il ne fermente pas, qu'il ne contracte aucune 
mauvaise odeur ; 

» 3°. Les garantir de la rapine des rats, des oiseaux, des chats ( nous 
copions son texte ); 

» 4°. Le préserver des mites, des teignes, des charançons, de tout 
autre insecte, sans frais, sans embarras ; 

» 5°. Le soustraire enfin aux larcins de ceux chargés de la conserva- 
tion. 

» Pour remplir toutes les conditions si clairement, si naivement posées, 
Duhamel propose de renfermer le blé dans de grandes caisses de bois de 
formes cubiques, et de le faire traverser par des masses d’air injectées au 
travers du grain à l’aide de soufflets. Après s'être servi de soufflet en cuir, 
de ventilateur à force centrifuge, cette belle invention de Desaguliers, peu 
appréciée pendant si long-temps, et aujourd’hui utilement mise en œuvre, 
Duhamel donna la préférence aux soufflets en bois de l'ingénieur anglais 
Hales. Nous voyons dans son intéressant Traité de la conservation des 
Grains, comment il procède, à quels intervalles de temps il opère la ven- 
tilation ; en dépouillant avec soin ces expériences si méthodiquement faites, 
si patiemment suivies, nous finissons cependant par reconnaître que Du- 
hamel ne placait pas une confiance illimitée dans la ventilation, puisqu'il 
croyait devoir soumettre le grain destiné à la conservation à une dessic- 
cation préalable. 


» Dans son traité, la description de l’étuve dans laquelle il porte la tem- 
pérature jusqu'à 90°, n’occupe pas la moindre place. On y remarque aussi 
toutes les ressources de son esprit inventif et fécond, pour rendre peu 
dispendieuse l'application de sa méthode; nous signalons particulièrement 
la proposition d'emprunter au vent lui-même la force nécessaire pour pro- 
duire la ventilation. Son petit moulin à la polonaise, pour mettre en jeu ses 
soufflets de Hales, mérite d’être rappelé à nos souvenirs, et lorsque plus 
tard nous vous dirons que M. Vallery appelle aussi le vent, ce moteur si 
économique, à son aide, vous pourrez, Messieurs, le féliciter d’avoir eu 
une idée commune avec le savant Duhamel-du-Monceau (+). 


(*) Après la lecture de ce rapport, M. Dulong rappelle que M. Clément Désormes a 
proposé, il y a quelques années, pour détruire les charançons , de veutiler le grain 
comme Duhamel, seulement en ayant le soin de faire passer l’air avant de l’in- 


( 30 ) 


» Les procédés de Duhamel, qui reconnait lui-même que l’étuve laisse 
échapper vivants encore bien des insectes qu'il espère que la ventilation 
tiendra plus tard ‘engourdis, rentrent comme vous voyez, Messieurs, 
tout-à-la-fois dans la méthode de la ventilation et dans celle de la dessic- 
cation. 

» Dartigues, plus confiant dans l’aérage, propose de conserver le grain 
en le plaçant dans une série de trémies superposées les unes au-dessus 
des autres , soutenues par des montants dont les points d'appui peuvent 
être tellement isolés, que les rats et les insectes ne puissent y avoir ac- 
cès; mais Dartigues ajoute à cette disposition une opération non moins 
importante pour obtenir la conservation, et dont peut-être il ne se rendait 
lui-même pas compte, c'est le mouvement du grain en le faisant, à des 
temps donnés, tomber d’une trémie dans l'autre; il regarde cette ma- 
nœuvre comme facile, prompte et peu dispendieuse par son procédé, 
puisque, pour chaque versement général d’une trémie dans l’autre, il 
n'y a en définitive sur la série entière des trémies superposées, que le 
grain contenu dans la dernière à remonter dans la première. 

» La méthode de Dartigues, méthode d'aération avec mouvement du 
grain, serait incontestablement bonne, si dans son système il était pra- 
tiquement possible de faire éprouver au grain un mouvement continu. 

» Mais, telle qu’il la décrit et la conseille, sa machine ne résout qu’une 
partie du problème, la conservation du grain humide; si elle combat vic- 
torieusement la fermentation, elle n’oppose aucun préservatif au ravage 
des insectes contenus dans le grain lui-même au moment de son emma- 
gasinage, et qui s’y multiplient avec une si effrayante rapidité. 

» La méthode de la dessiccation des grains, expérimentée par Duhamel 
en 1953, a été proposée de nouveau par plusieurs auteurs. Nous voyons 
dans un rapport fait au sein d’une commission de la Société d'Agriculture 
du département du Cher, que MM. Cadet-de-Veaux et Terasse-des-Billons, 
en 1829, proposaient comme un moyen de conservation , la dessiccation à 
haute température du grain, dans des appareils d’une construction parti- 
culière à chacun d’eux. 

» La machine de M. Cadet-de-Veaux consiste en une espèce de grand 


troduire dans la caisse au grain, au travers d’une masse de chaux vive. M. Clément 
espérait que cet air, ainsi dépouillé de son humidité, ferait périr les charançons en les 
desséchant. Les prévisions de M. Clément n’ont pu être pratiquement réalisées sur 
une grande échelle, 


(31) 
brüloir à café formé par un cylindre de tôle, traversé par un axe dont les 
extrémités reposent sur une caisse en tôle. Le fond de cette caisse est 
muni d’une grille sur laquelle s'opère la combustion des matières desti- 
nées à produire la chaleur nécessaire à la dessiccation; une porte placée 
sur les parois du cylindre, sert à introduire et à extraire le grain lors- 
qu’il a été soumis pendant un temps suffisant à l'action de cette espèce 
d’étuve tournante. La température élevée jusqu’à 90° R., et maintenue assez 
long-temps, peut certainement, avec un appareil de ce genre, assurer la 
destruction des insectes et des larves contenus dans le grain au moment 
de l’opération. Malheureusement elle ne laisse au grain ainsi traité, puis 
replacé dans le grenier, aucune garantie contre leur ravage à venir. Outre 
la lenteur, la cherté et les difficultés d’une pareille méthode, l’inconvé- 
nient, ou si l’on veut la seule possibilité d'enlever au grain sa vertu germi- 
native suffit pour en proscrire l'emploi. 

» Le moulin insecticide de M. Terasse-des-Billons, est encore une étuve 
tournante , seulement d'une disposition beaucoup plus compliquée. Nous 
vous donnerons une idée nette de cet appareil, en vous disant qu’il res- 
semble à une vis d’Archimede à plusieurs rangs d’hélices concentriques 
dont les uns débouchent dans les autres, de cette sorte que le grain placé 
dans l’hélice du centre, après en avoir parcouru toutes les circonvolutions, 
revient sur lui-même dans celle du second rang pour retourner enfin en 
parcourant celle du troisième. Cette disposition a pour but de rendre plus 
longue la durée de la circulation du grain dans l'appareil. 

» Pendant tout son parcours dans ces vis concentriques dont les enve- 
loppes sont formées de toile métallique; le grain est soumis à la haute tem- 
pérature d’un foyer de charbon de bois placé dans la partie inférieure de 
la caisse qui contient le cylindre à hélices dont nous venons de donner la 
description. 

» Les réflexions que nous avons faites sur la machine de M. Cadet-de- 
Veaux, s'appliquent également à ce dernier appareil, malgré sa disposi- 
tion ingénieuse, qui permet de faire faire un parcours de plus de 300 
pieds à des grains enfermés dans un cylindre de cinq pieds de long. 
Quelques partisans de l’étuvage des grains ont aussi proposé, pendant 
cette opération, de le soumettre à l'action chimique de certaines subs- 
tances réduites en gaz par le feu, pour assurer ainsi la destruction des 
insectes ; mais l'expérience a démontré l'impossibilité de pareilles fumiga- 
tions, qui laissent aux grains une odeur et un aspect nuisibles, tout au 
moins à la vente. 

CR. 1838, 19r Semestre. (T. VI, N° 2.) 5 


(32) 

» La pensée de conserver des grains dans des greniers cubiques fermés 
et placés dans des lieux dont la température basse varie peu , a été déve- 
loppée par M. de Lacroix; il annonce avoir fait, dans les caves d'Ivry, 
dont il était alors propriétaire, des essais qui lui permettent d’avoir une 
complète confiance dans la conservation du grain placé dans des chambres 
de maconneries , tapissées de carreaux émaillés, disposées dans des souter- 
rains dont la température serait continuellement maintenue à des degrés 
inférieurs. 

» M. le comte Dejean a aussi proposé d’emmagasiner les grains par 
grandes masses, dans des capacités revêtues de plomb laminé en feuilles 
minces et soudées. Des expériences tentées dans le local de la manuten- 
tion des vivres, où des masses de blé assez importantes ont été ainsi con- 
servées dans de vastes cylindres de plomb, ne prouvent malheureuse- 
ment qu'une chose, c’est que du grain de bonne qualité (bien sec), ren- 
fermé sans insectes dans de vases clos, où ceux-ci ne peuvent point en- 
trer, se conserve en bon état. De ce point à la solution du problème, tel 
que Duhamel le posa, tel que nous le poserons plus tard avec M. Vallery, 
il y a un espace immense. 

» La méthode de conservation par la privation du contact de l'air, par 
l'empèchement de tout renouvellement, l’ensilotage des grains, en un 
mot, a plusieurs fois été tenté en France, et sans succès. En vous citant, 
Messieurs, les expériences faites par Ternaux, dont plusieurs d’entre vous 
se rappelleront peut-être d’avoir été les témoins, permettez-nous en pas- 
sant de rendre un court hommage à la mémoire du citoyen désintéressé 
qui s’efforca pendant toute sa vie d'introduire et de développer dans sa 
patrie, toutes les méthodes étrangères qui lui paraissaient devoir présenter 
quelques avantages pour la France. 

» Il résulte des procès-verbaux dressés lors de ces expériences, que le 
blé placé dans des silos intérieurement tapissés de paille épaisse, cons- 
truits avec tous les soins désirables , mais peut-être aussi dans des ter- 
rains peu convenables pour ce mode de conservation, y contractait bientôt 
une humidité telle, qu'il y prenait une odeur de moisissure et un aspect 
rude, qui le rendait peu propre à la vente. 

» Ces expériences, plusieurs fois répétées, ne présentèrent quelques 
apparences de succès, que pour des grains dont on avait eu soin d'opérer 
la dessiccation par des pelletages réitérés, sous l'influence des rayons so- 
laires. 

» Le soin apporté au choix des grains, le nettoyage scrupuleux auquel 


(33) 
ils avaient été soumis, l’absence de tout insecte, feront des expériences 
mêmes qui auront eu un plein succès, une classe à part, qu’il est impos- 
sible d'offrir au besoin d’une conservation usuelle de toute espèce de 
grains, secs ou humides, infectés ou non par la présence des in- 
sectes. 

» Le succès de l’ensilotage des grains dans nos provinces méridionales, 
en Italie, en Espagne, aux iles Baléares, en Afrique, et notamment en 
Égypte, comme nous pouvons nous en convaincre dans les détails aussi 
utiles que curieux, consignés par notre honorable collègue, M. le baron 
Larrey, dans son ouvrage sur cette contrée, permet d’en attribuer la 
conservation, surtout à une parfaite dessiccation naturelle des grains ; 
signalons donc cette condition de siccité du grain, comme une des plus 
essentielles à sa conservation. 

» Nous venons, Messieurs, de faire passer rapidement sous vos yeux, 
les diverses méthodes expérimentées ou conseillées pour la conservation 
des grains; de toutes ces méthodes, quelles sont celles qui ont pu être 
réalisées pratiquement en France? Aucune! Serait-il vrai de dire que le 
problème n’est point encore complétement résolu? L’antique et grossier 
pelletage du blé dans le grenier, serait-il donc, en dernière analyse, le 
meilleur et le plus simple des moyens de conservation. 

» Nous avons vu que la ventilation, l’aérage, en facilitant la dessicca- 
tion du grain, le dispose à se conserver; tout à l'heure, en étudiant avec 
M Vallery les mœurs des insectes qui exercent sur le grain de si fà- 
cheux ravages , nous allons reconnaître que le pelletage, en troublant 
leur repos, en refroidissant les masses où ils se réunissent, gène leurs 
habitudes, et s’oppose à leur reproduction. 

» Pelleter le blé, le pelleter souvent, et par cette opération mettre en 
fuite momentanément les insectes, diminuer leur reproduction par l’a- 
baissement de la température nécessaire à l’éclosion des œufs , au déve- 
Joppement des larves; enlever ainsi au grain son excès d'humidité, le 
soustraire à la fermentation, voilà déja bien des conditions de remplies 
par un procédé si simple et si grossier : pourquoi donc chercher encore? 
Pourquoi, Messieurs, pour trouver le moyen d’empécher les insectes mis 
en fuite de rentrer dans la masse, pour forcer ceux qui y sont à en 
déguerpir, pour obtenir enfin tous ces avantages à bon marché. 

» Nous voici arrivés à la machine de M. Vallery; lui aussi, comme 
Duhamel, pose les conditions dans lesquelles il espère résoudre le pro- 
blème, énumérons-les d’abord; nous examinerons plus tard si l'appareil 


(34) 
tient tout ce que promet son auteur. Le programme de M. Vallery est ainsi 
concu : 

» 1°. Pouvoir renfermer dans un espace donné, quatre fois autant de 
grains que par la méthode ordinaire. 

» 2°. Remuer le grain avec la plus grande facilité, et de la manière la 
plus parfaite, sans qu'il soit utile d'entrer dans l'intérieur de l'appareil , 
cela avec la faculté d'appliquer à ce travail telle force motrice qu’on jugera 
plus économique, suivant Les localités; le vent, par exemple. 

» 3°. Faire passer un courant d'air à travers la masse de grain pendant 
qu'elle est en mouvement, en faire éprouver l'influence à tous les grains 
sans exception. 

» 4°. Préserver les grains des atteintes des animaux rongeurs, et des 
insectes qui les recherchent pour en faire leur nourriture. 

» 5°. Ne point laisser aux insectes du dehors la possibilité de rentrer 
dans l'appareil. 

» 6°. Maintenir toujours le grain soumis à la conservation, dans un 
parfait état de salubrité. 

» 7°. Donner la faculté de conserver le grain des années les plus hu- 
mides, réputé impropre à la conservation; pouvoir même, sans augmen- 
tation sensible de frais, sécher et conserver du blé accidentellement pé- 
nétré d’eau. 

» 8°. Rendre à l'écorce du vieux blé le degré de coriacité et de sou- 
plesse qui convient le mieux à la mouture, en faisant à volonté traverser 
la masse du grain par de l'air chargé d'humidité. 

» 0°. Enfin, conserver avec économie les plus petits comme les plus 
importants approvisionnements. 

» L'appareil de M. Vallery, celui qui doit réunir des conditions si 
diverses, et cependant d’une si grande importance, est tout simplement , 
Messieurs, un grand cylindre de bois, construit à claire-voie, tournant 
horizontalement sur son axe; le grain qu'on lui confie ne doit pas le 
remplir en entier, pour jouir, pendant la rotation, d’un mouvement 
propre sur lui-même. Un ventilateur à force centrifuge, est placé à l’une 
de ses extrémités : ce ventilateur, en aspirant l'air contenu avec le grain 
dans le cylindre, force l'air extérieur à traverser le grain, pour venir 
opérer le remplacement et s'opposer à une dépression intérieure; l’action 
du ventilateur est combinée avec la rotation du cylindre; le mouvement 
successif de tout le grain contenu dans le cylindre, facilite un complet 
aérage. 


(35) 


» Tel est l'exposé sommaire de l'appareil Vallery; permettez-nous, 
Messieurs, d’entrer dans quelques explications de détail. M. Vallery a 
très bien senti qu’en plaçant, comme il le fait, du grain dans un cylindre, 
sans le remplir complétement, il aurait besoin , pour opérer la rotation, 
de lutter constamment contre le déplacement du centre de gravité de toute 
la masse. Aussi, pour réduire considérablement la force nécessaire à cette 
espèce de pelletage mécanique, a-t-il très ingénieusement disposé son grain 
dans une série de compartiments symétriquement groupés autour d’un 
tube creux qui demeure vide et forme le centre de tout le système. Ce 
tube central sert à l'écoulement de Pair aspiré par le ventilateur. Par cette 
disposition , les cases se faisant équilibre les unes aux autres, il n’a plus à 
vaincre que des déplacements de centre de gravité partiel ; il réduit ainsi 
l'effort nécessaire au mouvement de rotation dans un rapport de 13 à 47. 
Cette disposition présente en outre l'avantage de multiplier les surfaces du 
grain pour l’offrir à la ventilation. 


» L’enveloppe extérieure du cylindre est formée de douves de bois for- 
tement réunies par des cercles à vis de rappel. De nombreuses ouvertures 
pratiquées symétriquement dans toutes les douves sont garnies de toile 
métallique; elles donnent entrée à l'air et fournissent aux insectes troublés 
dans leurs habitudes, comme nous l’expliquerons plus tard , des issues pour 
fuir. Les supports de tout le système sont convenablement isolés pour op- 
poser à la rentrée des insectes nuisibles un obstacle insurmontable. Aux 
mêmes supports est fixé un toit léger, garni à son pourtour d’une gouttière 
remplie d'eau recouverte d'huile, ou mieux encore d'huile pure; ce toit 
a pour but de prévenir l'introduction des insectes, que leur instinct 
conduirait à se laisser tomber du plafond sur l'appareil en repos (1). Nous 
vous parlons de l'instinct des insectes, c’est le moment de vous faire re- 
marquer que l'étude de leurs mœurs , de leurs habitudes, pouvait seule 
conduire sûrement à un appareil efficace pour la conservation du grain. 
Aussi, mieux avisé que ses devanciers, M. Vallery a-t-il cru prudent de bien 


(r) M. Vallery n’avait combattu que la rentrée des insectes par des augets rem- 
plis d’eau. Un membre de la Commission lui conseilla d'empêcher l’évaporation de 
l’eau par une couche d'huile, ou mieux encore, de ne mettre dans les godets que de 
l’huile dont la viscosité devient une véritable glu où s’arrêtent tous les insectes. Un 
autre membre pensa qu’il était également très facile d’empècher l'introduction des rats 
et des souris, en plaçant tout autour de chaque support des espèces de herses en fil de 
fer, dont les pointes inclinées seraient dirigées de haut en bas. 


(36 ) 

reconnaitre son ennemi, de soigneusement étudier sa tactique avant de 
lui livrer combat; il lui fallait triompher à la fois de la fermentation et du 
ravage des insectes. Vous avez déjà compris que l’aérage est l'arme vic- 
torieuse qu’il a opposée à la fermentation. Écoutons le récit de ses observa- 
tions sur les insectes, et voyons pourquoi et comment le mouvement du 
grain doit compléter sa victoire. M. Vallery a dû étudier les insectes sous 
le point de vue spécial de la conservation du grain; il a reconnu que les 
charançons quittent en automne les monceaux de blé, aussitôt que la tem- 
pérature cesse d’être de 8 ou 9 degrés centigrades; qu'ils ne s’accouplent 
plus pour la reproduction de leur espèce, dès que le thermomètre est des- 
cendu au-dessous de 10 à 12 degrés. Il a encore constaté que les charan- 
cons aiment essentiellement le repos; qu’aussitôt qu’ils sont troublés ils 
quittent les endroits qu'ils habitent et vont chercher ailleurs une tran- 
quillité indispensable à leur existence. 

» Les charançons ne se livrent à la reproduction qu'à la surface des 
tas de blé; aussitôt que la femelle est fécondée, elle s’enfonce dans l’inté- 
rieur des tas et dépose un œuf, non à la surface des grains, mais sous 
l’épiderme, afin que la larve qui en naîtra puisse pénétrer immédiatement 
dans le grain. La femelle rebouche par une substance glutineuse l’ouver- 
ture qu’elle a pratiquée. L'observation apprend que tout œuf déposé ne 
donne naissance à la larve qu’au bout de sept ou huit jours, suivant l’état 
de la température; trente-quatre ou trente-cinq jours s’écoulent jusqu’au 
moment où la larve se convertit en chrysalide. C’est après un repos de 
huit jours que le charancon brise son enveloppe et parvient à l'état d'in- 
secte parfait; d’abord d’un jaune pâle, il passe promptement au jaune 
foncé. Neuf ou dix jours après leur dernière métamorphose, ces insectes 
commencent à s'unir pour la reproduction; soixante à soixante-quatre 
jours s’écoulent donc depuis la ponte de l'œuf jusqu'au moment où les 
charançons sont devenus aptes à se reproduire. C’est en appliquant le cal- 
cul à ces observations , que M. Vallery démontre que, pendant les nom- 
breuses journées où le thermomètre ne descend pas au-dessous de 
12 degrés, douze paires de charançons peuvent procréer 75,000 individus 
de leur espèce. C'est en multipliant par ce nombre effrayant l'unique grain 
de blé consommé par chaque larve, qu’on arrive à une appréciation ef- 
frayante, cependant beaucoup trop faible, du dégât causé par ces insectes ; 
car chaque charançon parvenu à l’état parfait, détruit encore une certaine 
quantité de grain. 

» Le désir de confirmer par une expérience directe ces supputations 


(37) 

arithmétiques, a porté M. Vallery à placer le 25 avril, dans une boite 
bien close, 5o k. de blé, préalablement étuvé, à 80 degrés, pour faire 
périr tous les insectes ou larves qu'il pouvait contenir, et à y renfermer 
ensuite, après avoir rendu à l'écorce du grain par de l'air humide son 
degré habituel de souplesse, douze paires de charançons. L'ouverture de la 
boite, à la fin de l’année, offrait un déchet de 15 k., c’est-à-dire d’en- 
viron 30 p. °/,. Les grains de blé restant, presque tous attaqués, avaient 
contracté une odeur des plus désagréables. 

» Si l’on réfléchit, dit M. Vallery, que la farine existe dans le blé 
dans un rapport avec le son de 65 à 95 p. °/,, on verra que le déchet de 
30 p. °%, résultat de l'expérience précitée, n'ayant porté que sur la fa- 
rine, il a dépassé en réalité 45 p. ‘y. M. Vallery fait remarquer avec 
bonne foi que pendant cette expérience toutes les conditions de chaleur et 
de repos indispensables à la multiplication de ces insectes se trouvaient 
réunies. Ces observations, conformes par leur résultat à celles faites par 
Joyeuse en l'année 1768 à Avignon, révélèrent à M. Vallery si positivement 
la nécessité de la chaleur et du repos absolu pour la reproduction du cha- 
rançon, qu'elles devinrent pour lui le plus utile enseignement; il déclare 
avoir été ainsi conduit à bien comprendre les doubles avantages qu'offrirait 
contre la fermentation et contre les insectes un appareil oùle grain pourrait 
être facilement remué et refroidi. Le charançon n’est pas le seul insecte des- 
tructeur que M. Vallery ait étudié avec soin; l’alucite a été aussi l'objet d'ob- 
servations qui lui ont permis de reconnaitre que cet insecte, seulement dan- 
gereux à l'état de larve, dépose son œuf, non comme le charançon, sous 
l'épiderme , mais simplement à la surface du grain : l'expérience lui a dé- 
montré qu'un simple brossage l'en détachait avec facilité. M. Vallery 
pense donc que pour combattre cet autre ennemi, qui n'attend pas que 
le grain soit récolté pour l’attaquer, mais qui y dépose ses œufs alors qu'il 
est encore sur pied, il suffit avant d’emmagasiner du grain dans son gre- 
nier mobile, de le faire passer entre des cylindres brosseurs. Pour empêcher 
l’alucite de venir déposer plus tard ses œufs sur le grain en conservation, 
M. Vallery, suivant l'indication judicieuse de M. Audouin, placera une 
seconde toile métallique sur les ouvertures, à une petite distance de la pre- 
mière. 

». Nous venons de vous décrire succinctement l'appareil de M. Vallery ; 
nous. avons fait connaître ses observations particulières sur les mœurs des 
charancons, observations du reste conformes en tout point avec celles 
des naturalistes; nous avons laissé M. Vallery vous dire comment ces re- 


(38) 
marques l'avaient conduit à reconnaître et à adopter l’aérage et le mouve- 
ment comme principes fondamentaux de tout appareil de conservation. 
C’est maintenant à vos Commissaires à vous rapporter avec impartialité les 
expériences auxquelles ils ont cru devoir soumettre cette machine agricole; 
il est temps de vous fournir les bases qui ont servi à notre conviction; 
nous allons le faire en dépouillant avec vous les procès-verbaux des ex- 


périences. 


Proces-verbaux des expériences faites en juin et juillet 1837, par la Commission 
chargée d'examiner l'appareil déposé à l’Institut par M. Varreny. 


» L'un des principaux objets des expériences dont il nous reste à vous 
rapporter les détails, étant de reconnaître l’efficacité de l'appareil sur 
les insectes, vos Commissaires ont cru utile d'appeler à leur aide M. Au- 
douin, professeur d’entomologie au Muséum; votre Commission le re- 
mercie de sa coopération assidue; votre Rapporteur lui exprime ici per- 
sonnellement sa gratitude, pour l’obligeante communication qu'il a bien 
voulu lui donner des notes tenues par lui pendant toute la durée des ex- 
périences. 

» Première expérience. — Le cylindre de l'appareil d’essai a 1 mètre 
17 centimètres de longueur, 70 centimètres de diamètre; il est divisé en 
plusieurs compartiments. 

» Le lundi 19 juin 1837, il est rempli aux # de blé du commerce. 

» Le mercredi suivant, une très grande quantité de charancons , éva- 
luée par approximation à 5 000 ou 6000, sont placés avec précaution dans 
un seul des compartiments; l’observation fait bientôt reconnaître que les 
charançons se sont réellement installés ; ces insectes sortant d'un bocal 
où ils étaient entassés avec peu de nourriture, trouvent dans le grain du 
cylindre resté immobile, une position convenable. 

» Les choses demeurent en cet état jusqu’au 30, le thermomètre étant 
resté au-dessus de 14 degrés , les insectes ont pu s’accoupler, l'expérience 
en a été acquise plus tard, par les jeunes larves trouvées dans des grains 
qui furent ouverts pour s’en assurer. Cette expérience, toute prépara- 
toire, a eu pour but de bien laisser établir le charançon dans la masse, 
afin de s'assurer que la machine a réellement la propriété de le faire dé- 
guerpir. La Commission désirait placer le charançon au moment des ex- 
périences qui vont suivre, le plus possible dans ses habitudes ordinaires. 

» Deuxième expérience. — Une partie du blé charançonné est extraite 
le 30 juin du cylindre, et placée dans un cylindre plus petit, sans com- 


(39 ) 

partiments intérieurs , de 1 mêtre 28 centimètres de long, de 18 centi- 
mètres de diamètre. Les douves du petit cylindre sont percées de trous 
garnis de toile métallique à mailles assez grandes pour laisser sortir les 
insectes. Cet appareil est disposé de façon à emprunter un mouvement de 
rotation lent et continu à un gros tourne-broche. Une enceinte carrée, 
circonscrite par une gouttière de zinc remplie d'eau, est préparée au- 
dessous du cylindre en mouvement. 

» Cette disposition a pour but de recueillir les charançons qui cher- 
cheraient à fuir; l'appareil fait cinq à six tours à l'heure. A peine a-t-il 
commencé à tourner, que l’on remarque les charançons sortant par cen- 
taines à travers les toiles métalliques; ils se laissent tomber sur le sol, 
se réfugient dans tous les coins de l’enceinte; grand nombre se précipi- 
tent dans l’eau de la gouttière, qu'ils ne peuvent franchir. Dès le deuxième 
jour du mouvement, on n’aperçoit plus que fort peu de charançons ; le 
troisième jour, on n’en voit plus aucun pendant une heure entière de 
scrupuleuse observation. 

» Tous les charancons paraissent donc, dès le troisième jour d’agita- 
tion, avoir complétement fui ; néanmoins, le mouvement est continué sans 
interruption jusqu’au 24 juillet. 

» Ce jour, le scellé de l’Académie enlevé, l'appareil ouvert, le blé est 
étendu sur un drap; vérification faite, aucun charançon n'y est apercu. 
Un fait digne de remarque mérite d’être consigné : pendant cette expé- 
rience de vingt-quatre jours consécutifs, lorsque depuis quelque temps 
il ne sortait plus de charançon du cylindre, un seul de ces insectes se 
fit tout à coup remarquer; il était d’une couleur plus päle, le peu de 
consistance de son corps montrait qu'il venait d’éclore. De ces observa- 
tions , on peut conclure que la rotation n’avait point empêché le déve- 
loppement de la larve, ne s'était point opposée à la métamorphose en 
nymphe, n’avait point arrêté sa transformation en insecte parfait, mais 
produisait son effet ordinaire d’exclusion sur l’insecte, qui avait pourtant 
subi son changement d'état sous l'influence du mouvement. 

» Vos Commissaires conclurent de cette première expérience, que si 
l'appareil de M. Vallery ne parvient pas à entraver le développement 
d’une génération préexistante dans le grain soumis à son action, on peut 
affirmer qu’une seconde génération est rendue impossible, puisqu’à peine 
nés, les insectes cherchent à fuir : ils ne pourraient non plus se livrer 
à l'accouplement dans les circonstances du mouvement imprimé à la 
masse de grain qu'ils habitent. 

C. R. 1838, rer Semestre, (T. VI, N° 3.) 6 


(40) 

» Troisième expérience. — L'expérience qui précède pouvait paraître 
concluante, mais on avait opéré sur ,une petite échelle, il convenait de 
s'assurer si, placé dans une grande masse de grains, les charançons se 
comporteraient de la même maniere. 

» Un appareil de grande dimension, 5 mèt. de long sur 2 mèt. 33 cent. 
de diamètre, venait d’être établi par ordre du Ministre du Commerce, à 
Paris, rue de Chabrol; sa contenance, de 165 hectolit., offrait la possi- 
bilité de répéter l'expérience en grand. Voici comment il y fut procédé : 

» L'appareil, divisé en huit compartiments, fut chargé de 120 hectolit. 
seulement, afin de laisser au grain la place de se mouvoir sur lui-même. 
Le 22 juillet on fit choix, pour l'expérience, d’une seule des cases; elle 
fat infectée de 37,950 charançons. On obtint cette appréciation numéri- 
que assez exactement en jaugeant la capacité du bocal qui renfermait les 
charançcons, en comptant plusieurs fois, pour obtenir une moyenne, le 
nombre d’insectés vivants contenus dans un centimètre cube. 

» Le cachet de l’Académie apposé, le grenier mobile fut mis en mou- 
vement; l'opération commencée ce jour à midi, dura jusqu’à 8 heures : 
trois tours de cylindre, opérés en 30 minutes, étaient suivis d’un repos 
de 30 minutes. La réflexion suggéra à vos commissaires ce mode d’expé- 
rimentation; ils pensérent qu’un temps d’arrèt pourrait rendre plus facile 
la sortie des insectes , contrariés dans leurs habitudes pendant la période 
d’agitation. 

» Il arrivait en effet, pendant la période de rotation, que beaucoup de 
charancons prêts à fuir étaient ensevelis de nouveau sous le grain qui s’é- 
boulait sur eux. L'expérience se continua avec les mêmes intermittences 
le lendemain 23; elle ne fut arrêtée que le lendemain 24 à midi : la durée 
totale des intervalles de rotation et de repos fut donc de 48 heures. 

» Dés le premier jour, 22 juillet, les charançons abandonnaient la case, 
le second jour, 23, ils fuyaient en grand nombre, le 24 on ne les aper- 
cut plus qu’à de longs intervalles. Les charançons courants étaient re- 
trouvés sur les murs du hangar, ou groupés dans les angles du bà- 
timent. 

» Les scellés, levés à 5 heures du soir le 24, permettent de constater 
les résultats suivants : 10 hectolit. retirés de la case infectée par les 37,950 
charancons, furent étendus sur des draps scrupuleusement examinés par 
quatre personnes; elles n’y rencontrèrent aucun insecte. 3 ou 4 hectolit. 
restés dans la case soumise au même examen, ne révélèrent la présence 
que de 20 charançons, encore est-il de notre devoir de faire remarquer 


(41) 
que pendant que l’on procédait à l'examen de la première partie, l'appa- 
reil recut une violente commotion qui a pu peut-être faire retomber dans 
la masse du grain des insectes qui déjà en étaient sortis, mais qui adhé- 
raient encore aux parois du cylindre. 4 

» De cette expérience, il résulte rigoureusement que sur les 37,950 
charançons placés dans une des huit cases composant le cylindre chargé 
de r20 hectolit. de blé, il ne s’est plus retrouvé, après 48 heures de 
mouvement dans les 15 hectolit. de la case infectée, que:20 charançons. 

» Votre Commission après avoir constaté ce résultat remarquable crut 
pouvoir passer à un autre ordre d'expériences, celles ayant pour but de 
reconnaître sil’appareil Vallery était propre par la ventilation qu’il faitsubir 
au grain à opérer la conservation même des plus humides. 

(Voir le procès-verbal particulier de cette expérience. ) 

» Le blé contenu dans l'appareil déposé à l’Institut ayant été mouillé, 
son volume augmenta tellement, qu’il fut nécessaire d'en.enlever le sixième 
pour rétablir dans l'appareil Pespace vide sans lequel le grain pendant. la: 
rotation ne pourrait prendre de mouvements sur lui-même. 

» Le cylindre mis en activité à quatre heures, resta exposé à l'aspiration 
du ventilateur jusqu’à huit heures du soir. L'expérience reprise le lende- 
main matin fut continuée, et avant le soir le blé était entièrement séché. 
Nous plaçons ici, Messieurs, une remarque faite sur le blé sorti du petit 
cylindre, resté soumis à une rotation continue de vingt-quatre jours : ce 
grain avait acquis Ce que l'on appelle sur les marchés Ja main, àun tel 
point qu’en le serrant entre les doigts il échappait de toute part: C’est ici 
le moment de vous citer une seconde expérience de dessiccation faite en 
grand ; mais il est vrai hors la présence de vos Commissaires, dans'un 
appareil semblable à celui construit rue de Chabrol, monté'par M. Vallery, 
chez M. Darblai à Corbeil. 

» Le 16septembre 165 hect. deblé lavé, pesantensemble 6534kil., ayant 
été placés dans le cylindre en furent extraits le 18 octobre même année, 
ne pesant plus que 6 345 kil.; la différence en poids fut donc, apres trente- 
deux jours d’emmagasinage dans le grenier mobile, de 189 kil. ; la diffé- 
rence en mesure s’est trouvée de 10 hect. #. 

» De tout ce qui précède vos Commissaires ont conclu que le grenier 
mobile, isolé et ventilé de M. Vallery, débarrasse le blé du charançon 
contenu au moment de l'emmagasinage, met le grain complétement à 
l'abri des ravages ultérieurs, en opposant une barrière infranchissable 


aux nouveaux insectes qui chercheraient à s'y introduire; que cet ap- 
Ù 6. 


(42) 
pareil prévient la fermentation par suite de l'aérage auquel il soumet le 
grain ; qu'il rend possible l'humidification d’un blé trop sec, par la facilité 
qu'offre l’aspiration du ventilateur de faire traverser la masse par de l'air 
chargé de vapeur. 

» Vos Commissaires reconnaissent également que l’appareil Vallery per- 
met d'emmagasiner le grain dans un espace très réduit. 

» Pour compléter, Messieurs, l'appréciation de cette machine agricole 
d’un intérêt si grave sous le point de vue de ses applications pratiques et 
commerciales , il nous restait à traiter de questions qui nous ont semblé 
sortir du rôle purement scientifique de l’Académie des Sciences. Vos 
Commissaires ont pensé qu'ils devaient laisser ces questions intactes et at- 
tendre leur solution de l'expérience elle-même; ils ont donc l'honneur de 
vous proposer, comme conclusion de ce rapport, de déclarer que le grenier 
mobile isolé et ventilé de M. Vallery, fondé sur la combinaison judicieuse 
de l'aérage et du mouvement , réunit les conditions physiques nécessaires , 
tant pour la conservation du grain que pour l'expulsion des insectes qui s'y 
attachent ; qu’il mérite sous ce double rapport votre approbation. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


NOMINATIONS. 


L'Académie, conformément à son réglement, procède par voie de scrutin 
à la nomination d’un membre de la Commission administrative. 

Le membre sortant peut être réélu. 

Le nombre des votants est de 49. Au premier tour de scrutin, 


M. Poinsot obtient . . . . . . . 38 suffrages 
Mhiboncele tra eu NRA EMIETC 
MAT AGCTOTX au 0e PR OR Re OCe EnTIETES 
M bri.. I 
M. Coriolis. 1 


M. Poinsot est, en conséquence, proclamé membre de la Commission 
administrative pour l’année 1838. 


(43) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


ANALYSE MATmÉMATIQUE. — Mémoire sur les coordonnées curvilignes ; 
par M. G. Lamé. 


(Commissaires, MM. Lacroix, Sturm. ) 


« Dans un travail de physique mathématique, inséré dans le Journal de 
l'École polytechnique , j'ai donné les formules générales qui peuvent ser- 
vir à transformer des équations aux différences partielles, en coordonnées 
curvilignes; mais comme le but que je me proposais alors était purement 
analytique, j'avais négligé d'interpréter géométriquement ces diverses for- 
mules. Cette interprétation complète est le sujet du mémoire que je sou- 
mets aujourd’hui au jugement de l’Académie. Je vais essayer d'en donner 
ici le résumé succinct. 

» Une fonction déterminée de trois coordonnées linéaires, égalée à une 
constante, représente une infinité de surfaces de la même famille, qui ne 
différent les unes des autres que par la valeur numérique de la constante, 
qu’on peut désigner sous le nom de paramètre. J'appelle surfaces conju- 
guées orthogonales, trois systèmes de surfaces semblables, coexistant dans 
l'espace, et ayant entre eux cette relation de position, qu’une surface d’un 
des systèmes coupe à angle droit toutes les surfaces appartenant aux deux 
autres. L'ensemble de ces surfaces offre un genre particulier de coordon- 
nées curvilignes, car un point sera déterminé dans l’espace, si l’on connaît 
les trois surfaces conjuguées qui se coupent en ce point, ou les valeurs 
numériques des trois paramètres qui particularisent ces surfaces. 

» Le nombre de ces coordonnées curvilignes est sans doute illimité ; 
mais la condition d’être orthogonales établit des relations constantes en- 
tre les éléments des surfaces conjuguées, dont la connaissance est néces- 
saire pour transformer et simplifier les formules analytiques, exprimées 
dans chaque système de coordonnées. Parmi ces relations, il en est une qui 
indique que Les intersections des surfaces conjuguées ne sont autres que 
leurs lignes de courbure. Cette propriété remarquable a été démontrée pour 
la première fois, sur les surfaces orthogonales du second degré, par 
M. Binet, et ensuite d’une manière générale par M. Charles Dupin. Quant 
aux autres relations, les seules qui puissent servir à la transformation des 


(44) 
coordonnées, elles expriment les lois que suivent les courbures des sur- 
faces conjuguées. 

» La courbure d’une ligne ou d’une surface, en un point et dans un plan 
déterminés, étant totalement définie par la fraction dont le numérateur est 
l'unité, et le dénominateur le rayon du cercle osculateur, on peut appeler 
cette fraction coefficient de courbure, ou simplement courbure. D'après 
cela, en chaque point de l’espace, découpé par un système de surfaces 
orthogonales, correspondent six courbures, en général différentes, appar- 
tenant deux à deux aux trois surfaces conjuguées qui se coupent en ce 
point. Les trois lignes d’intersection de ces surfaces forment en quelque 
sorte trois axes courbes dont le point considéré est l'origine. 

» Dans cette représentation géométrique, chacune des surfaces coordon- 
nées a pour lignes de courbure les deux axes qu’elle contient, et les cen- 
tres de ses deux sphères osculatrices sont situées sur la tangente au troi- 
sième axe. D'un autre côté, chaque axe étant une ligne de courbure pour 
chacune des surfaces coordonnées dont il est l’intersection, cet axe doit 
être considéré comme offrant deux courbures différentes, mesurées dans 
les plans tangents à ces surfaces. Les six courbures réunies des trois axes 
sont d’ailleurs les mêmes que celles des surfaces coordonnées. 

» Les variations que les six courbures éprouvent, lorsqu'on passe d’un 
point à un autre sur les axes courbes, sont soumises à des lois très simples; 
pour les énoncer, quelques définitions sont nécessaires. J'emploie l’ex- 
pression de courbures conjuguées en axe ou en surface, pour désigner les 
deux courbures d’un même axe ou d’une même surface coordonnée. J'ap- 
pelle plan d'une courbure, celui de son cercle osculateur. Enfin, je donne 
simplement le nom de variation d’une quantité suivant une certaine ligne, 
à la limite du rapport de l’accroissement de cette quantité à l'arc parcouru 
sur la ligne. 

». D’après ces conventions, les lois qui régissent les six courbures ex- 
priment, d’une part, que la variation d’une courbure, suivant l'axe nor- 
mal à son plan, est égal au produit de sa conjuguée en axe, par son excès 
sur sa conjuguée en surface; et d'autre part, que Le produit des deux cour- 
bures d'une méme surface, augmenté de la somme des carrés de leurs conju- 
guées en axe, est égal à la somme des variations de ces deux dernières 
courbures, suivant leurs arcs réciproques. Ces lois principales conduisent à 
d'autres lois secondaires que je me dispenserai d’énoncer ici. 

» Lorsque les trois systèmes conjugués appartiennent à la classe des sur- 
faces isothermes, les six rayons de courbure, en chaque point de l'espace, 


(4) 
ont des grandeurs telles que le produit de trois d'entre eux, pris dans un cer- 
tain ordre, est égal au produit des trois autres. Cette loi que j'avais trouvée 
pour les surfaces conjuguées du second degré, fait donc partie de la défi- 
nition géométrique de tous les systèmes de surfaces orthogonales 1so- 
thermes. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur le Calcul des effets des, machines à 
vapeur, contenant. des équations générales de l'écoulement permanent 
ouw périodique des fluides, en tenant compte de leurs dilatations et 
de leurs changements de température, et sans supposer qu’ils se meuvent 
par tranches parallèles, ni par filets indépendants; par M. BARRÉ DE 


SarnT-VENANT, ingénieur des ponts et chaussées, 
(Commissaires, MM. Coriolis et Savary.) 


(Extrait par l’auteur.) 


.« Les mémoires présentés en 1837 par M. de Pambour, et son Traité 
des locomotives; ont mis sur la voie d’une bonne théorie. des machines 
à vapeur. Sa formule principale donne même déjà, quoique fort simple, 
le moyen de résoudre, avec une approximation ordinairement suffisante, 
une partie notable des questions pratiques que présente l'établissement 
de ces machines. 

» À cette formule, que Navier s'est empressé d'adopter, et qui est par- 
faitement exacte dans l'hypothèse (qui est celle de M. de Pambour) où la 
température du cylindre est la même que celle de la chaudière, le mé- 
moire présenté aujourd'hui n’a pas pour objet de substituer une autre 
formule , applicable au même cas. L'auteur s’est seulement proposé : 

» 1°. D’adapter la formule de M. de Pambour, par une modification con- 
venable, au cas assez ordinaire où la température du cylindre n’est pas 
la même que la température de la chaudière; 

» 2°. D'essayer de calculer la différence qui doit s’établir naturellement 
entre les deux températures; et, quand cette différence est effacée, de 
calculer quelle quantité supplémentaire de chaleur a dû fournir le foyer 
pour la faire disparaître; 

» 3°. De poser aussi quelques bases de calcul pour déterminer la 
grandeur de la différence (dont l'existence a été si bien mise en lumière 
par M. de Pambour) entre la pression dans le cylindre et la pression dans 
la chaudière; détermination qui est liée à celle de la différence de tem- 
pérature, et qui, du reste, intéresse l'établissement de la machine. 


(46) 

» Pour cela, l’auteur, divisant en éléments infiniment petits (et non 
en tranches, comme on le fait ordinairement) la masse de vapeur com- 
prise entre l’eau de la chaudière et le piston, pose deux équations, l’une 
par la considération de la conservation du poids de la vapeur, l’autre 
par le principe des forces vives appliqué aux vitesses des centres de 
gravité des éléments, en tenant compte des composantes de pression, 
tant normales que tangentielles, qui agissent sur les diverses faces de 
chaque élément. L'intégration de ces équations pour un temps compre- 
nant un grand nombre de pulsations du piston , donne lieu à la dispa- 
rition de tous les termes provenant de la 20n-permanence. Elles prennent 


la forme 
FHoVo —= mai V, , 
V: P P ji 
un =ue—unt—t-r+"f pa(r; 
28 Fo LE w. 
Po 


P, V,7 étant la pression moyenne, la vitesse moyenne et le poids moyen 
de l'unité de volume de la vapeur sur une section transversale quelconque 
de l'espace qui la contient , et les indices o et r étant relatifs à la surface 
de l’eau dans la chaudière et à la face inférieure du piston ; £ étant la 
hauteur verticale moyenne du piston au-dessus de l’eau, F le travail total 
des frottements de la vapeur, tant contre les paroïs que contre elle-même, 
par unité de poids écoulé; enfin, €,, €!, «!, e” étant des coefficients dif- 
férant très peu de l'unité. 

» Ces équations, en appelant 6 la température en un point quelcon- 
que, 8, 8, les températures extrêmes, # et « les coefficients de la formule 


connue 
P— x (1 + «b), 


et n la quantité très petite 
ne ae — #8 — (5 —)]}, 


deviennent 

F 
PV, = PM. 1 V: P, °64P 
1+ed,  1+ a,” Den a I EE ue TJ 


et celle-ci, en remplaçant approximativement 6 dans l'intégrale par sa 
valeur moyenne + (8, + 8,), se transforme en 


n(E+E-rta = ; (> Pi Re 


Fo LA P, 


(47) 


» La première équation n’est autre chose que celle de M. de Pambour, 
quand on suppose 8 —8,. On tire de la seconde, sous sa dernière forme, 
une conséquence remarquable : des quatre quantités qui entrent dans son 
premier membre, F est la plus considérable, et la seule , à peu près, qui 
influe sur les résultats, car l'influence de la pesanteur, représentée par £, 


= es Vs F : ce 
est négligeable, et la hauteur —, due à la vitesse du piston, est tou- 
8 2g? P ; 


jours petite. Or on voit, par cette seconde équation, que si F était nul, 
on aurait sensiblement P, = P,. 

» La différence entre la pression dans le cylindre et la pression dans 
la chaudière, et les refroidissements qui en sont la suite, tiennent donc 
à peu près uniquement aux frottements que la vapeur éprouve entre la 
chaudière et le piston (1). 

» Cette quantité F ne désigne pas seulement le travail des frottements 
ordinaires , qui ont lieu dans un mouvement régulier ; elle comprend aussi 
le travail des frottements extraordinaires, ordinairement appelés pertes 
de force vive, et qui sont déterminés par le tournoiement du fluide, 
surtout aux points où sa section d'écoulement augmente brusquement. 
La substitution, dans le second membre de la deuxième équation, des 
résultats des expériences faites ou à faire, peut seule fournir la valeur 
de cette quantité F, ou plutôt du premier membre de la seconde équa- 
tion. Mais une fois que l’on aura une table des valeurs de cette quantité 
pour différents cas, ou plutôt une table des coefficients par lesquels il 
faudra multiplier le carré de la vitesse du fluide à son passage par l'o- 
rifice rétréci; pour avoir ces valeurs (les expériences connues ayant appris 
que les frottements ordinaire et extraordinaire sont à peu près comme 
ce carré), les deux équations posées ci-dessus donneront, pour toute 
machine à établir, deux relations entre les quantités P., V., @, gi 
P,, V,,&,,0,. En y joignant la loi trouvée par M. Clément, pour la 
quantité de chaleur nécessaire à la formation de vapeur (2), et la for- 
mule donnée par MM. Dulong et Arago, pour représenter les résultats 
de leurs expériences sur la tension de la vapeur à diverses températures , 
on aura tout ce qu'il faut pour résoudre les questions posées au commen- 
cement de cet extrait. » 


RER DRE SAR EN RNA 
(1) L’auteur observe qu’une conclusion de ce genre se présente dans la théorie des 
eaux courantes. 
(2) L'auteur se propose de prouver, dans un autre mémoire, qu’elle est beaucoup 
plus près de la réalité que la loi donnée par Southern. 


C. R. 1838, 1°r Semestre. (T, VI, N° 9.) 7 


(48 ) 


enysiQue. — ÎVote de M. Secrrer sur divers phénomènes électriques. 


(Commissaires, MM. Savart, Becquerel , Savary.) 


La première partie, purement historique, de la note de M. Sellier, est 
relative aux expériences de divers physiciens qui ont engendré des sons à 
l’aide de l'électricité. L'auteur passe ensuite aux procédés de son invention 
qui lui ont donné les mêmes résultats. M. Sellier trouve qu'il suffit de 
poser légèrement la pointe d’un diamant électrique sur une vitre, pour la 
faire chanter. Quand on place une aiguille à coudre parfaitement polie, sus- 
pendue à un cheveu, dans une éprouvette remplie d’une solution de sulfate 
de cuivre acide, le verre décrépite, même après que l'aiguille a été reti- 
rée et que le liquide a été épanché. De très petits courants d'électricité 
ordinaire, deviennent perceptibles à l'oreille, au moyen d’une paille de 
froment maintenue sur un tambour du papier dit végétal. 

Nous rapporterons textuellement une dernière expérience de M. Sellier, 
dans laquelle il n’est point question de son, de bruit, mais qui n’en semble 
pas moins très digne de l'attention des physiciens. 

« En saupoudrant une plaque vibrante avec une poudre siliceuse, celle- 
» ci s'arrête sur les lignes nodales. Le contraire arrive en employant de 
» la colophane en poudre impalpable : alors les lignes nodales se vident 
» et les parties vibrantes se recouvrent de résine. 

» Considérons attentivement cette dernière expérience : les lignes no- 
» dales attirent le verre en poudre qui s’y accumule en tourbillonnant. 
» Ces mêmes lignes se vident avec la colophane qui les fuit, au contraire 
» en tourbillonnant, tandis que les sections intermédiaires (les ventres) l'y 
» arrètent. Ces dernières possèdent donc l’électricité positive et les pre- 
» mières l'électricité négative. De là cette conséquence qui paraît ri- 
» goureuse : 

» Dans un corps résonnant, l'électricité se fractionne. » 


cmiRuRGrE. — [Vouvel instrument pour la lithotritie ; présenté par M. Le- 
ROY D'ÉTIOLLES. 


( Commissaires, MM. Larrey, Roux, Breschet. ) 
Les conditions que l’auteur annonce s'être proposé de remplir au 


moyen de cet instrument sont les suivantes : 
» 1°. D'exercer la percussion pour la destruction mécanique de la pierre 


(49 ) 
dans la vessie, sans se servir de point d'appui, et même sans le secours de 
la main d’un aide. 
» 2°. De proportionner toujours la force du coup à la résistance de 
l'instrument. 
» 3°. De pouvoir faire succéder rapidement les percussions à la pres- 
sion, et, au besoin , de pouvoir exercer l’une et l’autre à la fois. » 


onmue. — De la nécessité de distinguer dans les actions chimiques les 
phénomènes de déplacement de ceux d’altération; par M. Persoz. 
( Commissaires, MM. Chevreul , Robiquet. ) 
ANATOMIE MICROSCOPIQUE. — ÎVouvelles recherches sur le sang humain ; par 


M. LæreLuier. ( Deuxième partie. De la fibrine, de ses variétés, de sa for- 
mation; de la couenne inflammatoire. ) 


( Commissaires, MM. Magendie, Dumas, Pelouze. ) 
ACOUSTIQUE. — Principes de mélodie et d'harmonie ; par M. le baron 
BLEIN. 


( Commission précédemment nommée. } 


L'auteur, dans la lettre d'envoi, annonce que ce travail est complétement 
différent de celui qu'il a publié sous le même titre en 1832. 
oprique. — Objectifs achromatiques ; présentés par M. Caucar. 
( Commissaires, MM. Bouvard, Arago, Mathieu. ) 
L'auteur annonce qu'avec ses objectifs, dont le diamètre est de six 


pouces quatre lignes, on distingue trés nettement les deux anneaux de 
Saturne. 


M. Cuillier, machiniste du théâtre des Variétés, demande qu’un pro- 
cédé qu'il a imaginé pour préserver de l'incendie les cintres des théâtres , 
soit soumis à l'examen d’une Commission. 


( Commissaires, MM. Dumas, Poncelet. ) 
M. Rarrexeau-DeuLre, correspondant de l'Académie (section de Bota- 


nique ), candidat pour la place vacante dans la section d'Economie rurale, 
adresse une notice imprimée de ses travaux scientifiques. 


{ Renvoi à la section d'Economie rurale. ) 


(50) 

M. Dupuy, médecin vétérinaire, ancien professeur à l’École d'Alfort, 
aujourd’hui directeur de l’École vétérinaire de Toulouse, demande à être 
placé sur la liste des candidats pour la place vacante dans la section d'Éco- 
nomie rurale, et adresse une notice manuscrite de ses travaux relatifs à la 
physiologie et à la médecine des animaux domestiques. 


(Renvoi à la section d'Économie rurale. ) 


M. Loiseeur-DEsconGcHamPs demande également à être compris dans 
le nombre des candidats pour la place vacante par suite du décès de 
M. Tessier. Il adresse une collection des Mémoires qu'il a publiés sur 
divers points relatifs à l'économie rurale et y joint l'indication d’autres 
travaux, les uns imprimés dans des recueils scientifiques, les autres en- 
core inédits, mais déjà soumis au jugement de l’Académie. 


( Renvoi à la section d'Economie rurale. } 


CORRESPONDANCE. 
* 


M. ce MinisTRE pu COMMERCE, DE L'AGRICULTURE ET DES TRAVAUX 
Purics annonce l'envoi de soixante-cinq exemplaires du Rapport de 
M. Æ. Bourdon sur l'emploi de la ventilation forcée dans les magnaneries. 
Un exemplaire doit être remis à chacun de MM. les membres de l'A- 
cadémie. 


M. l’amiral Roussiw, ambassadeur à Constantinople, annonce l'envoi 
prochain d’un travail de M. le docteur Bullard sur la peste, et sur un 
moyen de la guérir que croit avoir trouvé ce médecin. 


MÉTÉOROLOGIE. — Aurores boréales. 


M. Roserr adresse de Hambourg quelques détails:sur deux aurores bo- 
réales qu’il a observées, l’une le 23 septembre 1837 à Carlstadt, l’autre le 
18 du mois suivant à Stockholm. Il cite aussi une troisième aurore qui a 
été vue le 12 décembre à Copenhague. 

Dans la même lettre M. Robert parle d’un procédé particulier à l’aide 
duquel il pense qu’on pourrait rendre propres à la culture les marais tour- 
beux de la Suède et de la Norwége. Il indique encore , pour les tourbières 
de nos pays, certains travaux qui, suivant lui, auraient pour résultat de mo- 


(51) 
difier la tourbe de manière à ce qu’elle püt ensuite être employée aux 
mêmes usages que la houille. 


MÉTÉOROLOGIE. — Tableaux des observations météorologiques faites à 
l'École de l'Artillerie et du Génie de Metz; par M. Sonusrer. 


Ces observations ont été présentées par M. Arago. Elles sont faites avec 

Là FE ? Ce L 
une grande régularité, avec beaucoup d’exactitude et avec d’excellents 
instruments. Voici les valeurs moyennes qu’elles donnent pour la pé- 
riode diurne barométrique, c’est-à-dire pour le décroissement de la pres- 
sion atmosphérique entre 9 heures du matin et 3 heures de l'après-midi. 


Janvier. ....., CRC EI CESR GERS 
Février. 2.208 4h Ass o ,43 
Mars et -nceLels-me a oo ,87 
is lEromemel se Poe 0. 5x 
MAT Ananas ces o  ,95 
JUIN eee ot 00670 
nl lama ont donne 0 04 
ROUTE PE ce ee o ,6g9 
SÉPIeMDrE. eee 0 ,76 
Ottobre MEME MERE 0 ,42 
Novembre. .............. o  ,28 
Décembre::5r 3144.10. > 10 in50 
MÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques faites au fort Vancouver, 


sur la rivière Columbia (latitude 45°37' nord; longitude 125°10/ ouest 
de Paris); par M. Joux Mac Loucxuin. 


En présentant ces observations, M. Arago à qui elles ont été remises 
par M. Mac Loughlin, médecin, s’est attaché à en faire ressortir l'impor- 
tance. Elles embrassent l'intervalle compris entre le mois d’avril 1836 et le 
mois de mars 1837 inclusivement. M. Arago en communiquera les résultats 
à l'Académie dès qu'il aura pu les comparer à ceux des observations 
faites en Europe ou sur la côte orientale d'Amérique, par des latitudes 
correspondantes. 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Zelégraphe électrique. 


Il est donné lecture de l'extrait d’une lettre de M. le docteur Buckland 
à M. le docteur Roberton, dans laquelle il est question d’un télégraphe 
électrique que M. WmeaTstonE se propose d'établir entre Londres et Liver- 


(52) 


pool. Les fils destinés à faire jouer les lettres aux extrémités de la ligne, 
seront placés sous le chemin de fer (the Rail road) qui va de l'une à 
l'autre de ces deux villes. 


PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Magnétisme de rotation. 


M. Haïpar adresse à M. #rago une note dans laquelle il annonce, 
comme d’autres physiciens l'avaient déjà fait auparavant, que les phéno- 
mènés de magnétisme par rotation, s'expliquent naturellement « en admet- 
; tant une extrême célérité dans le changement que l'état magnétique des 
» corps peut éprouver. » M. Haldat à cru arriver à la détermination de cette 
célérité, en se fondant sur une expérience qui a consisté à faire tourner un 
disque de cuivre suspendu à un fil de soie, à l'aide du mouvement rotatif 
de deux barreaux aimantés placés au-dessous. Ces deux barreaux étaient pa- 
rallèles, très rapprochés , et Les pôles hétéronomes se trouvaient en regard. 
Le résultat numérique obtenu par M. Haldat est le suivant : sur un corps, 
tel que le cuivre, un pôle magnétique par influence , nait et se dissipe en 
moins de 555 de seconde. 


M. Bœhm avait soumis l'an passé, au Jugement de l’Académie, une flûte 
d'une construction particulière, et qui fut renvoyée à l'examen d’une 
Commission. Aujourd’hui M. Camus écrit que cette flûte lui a été laissée par 
l'auteur pour être mise à la disposition des Commissaires, lorsqu'ils juge- 
raient convenable de l'examiner. 

La Commission sera invitée à hâter son Rapport. 


M. MarécnaL réclame contre une partie du rapport qui a été fait sur 
une modification proposée par lui dans la disposition des sphères armil- 
laires, Il a proposé, dit-il, de remplacer l’armille perpendiculaire à l'axe 
de l’ancienne sphère, non par une certaine surface conique, comme on 
l'a supposé ; mais par une armille inclinée à cet axe et prise sur la surface 
du cône en question. 


M. Fowzr avait soumis il ÿ a quelques mois au jugement de l'Académie, 
des dents artificielles de sa composition ; il demande qu'un membre de la 
section de Mécanique soit adjoint aux deux membres de la section de Mé- 
decine (MM. Serres et Larrey), qui avaient été désignés pour faire le 
rapport: 


M. Gambey est adjoint à la Commission précédemment nommée. 


(58) 
M. Sécux adresse un paquet cacheté qu’il annonce étre relatif à un nou- 


veau mode d'éclairage. 


M. Leroy D'Ériorces et Leeranp adressent aussi chacun un paquet 
cacheté. 
L'Académie accepte les trois dépôts. 


A quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures, A. 


(54) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences; 
1838, 1°’ semestre, n° 1, in-4°. 

Voyage en Islande et au Groënland, publié sous la direction de 
M. P. Gaimaro, 6° livraison in-fol. 

Mémoire sur la théorie de la Lune et spécialement sur les inégalités lu- 
naires à longues périodes ; par M. be PonrécouLawr, in-8°. 

Annales de la Société d'Horticulture de Paris; tome 21, 122° livrai- 
son, novembre 1837, in-8°. 

Mémoire sur les Maladies dites cancéreuses de la matrice ; par M. Mau- 
RICE TREILLE, 1° mémoire, Paris, 1838, in-8°. 

Supplément au traité sur les Gastralgies et les Entéralgies ou maladies 
nerveuses de l'estomac ; par M. Barras, Paris, 1838, in-8. 

Galerie Ornithologique ou collection d'oiseaux d'Europe; par M. »'Or- 
BIGNY, 51° livraison in-fol. 

Notes sur la structure des Hydatides et de l’épiderme dans quelques 
animaux ; par M. Gruce, in-6°. 

Note sur M. A.-H. Tessier, au nom de l’Académie de Médecine; par 
M. MÉrar ; in-8°. 

Nouveau système de Déligation chirurgicale; par M. Mavor, 2° édition, 
2 vol. in-8°. 

Astronomische. . .. Nouvelles Astronomiques de M. Scuumacuer, n° 345, 
1n-4°. 

Ueber die... Sur la formation du Spath calcaire et de l'Arragonite; par 
M. Gusrave Rose, in-8°. 

Journal de Mathématiques pures et appliquées ; par M. J. Liouvise, 
Janvier 1838, in-4°. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 1. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 2 et 5. 

L'Écho du Monde savant ; n° 5. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 45 JANVIER 1858. 


i 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


« M. MAGENDIE présente à l’Académie le 3° volume de ses Leçons pro- 
fessées au Collége de France, sur les Phénomènes physiques de la vie. 

» Dans cette série de lecons, l’auteur s’est surtout proposé d’apporter 
de la précision et même des mesures exactes dans l'appréciation des phé- 
nomènes de la circulation du sang. Il a employé, à cet effet, l'instrument 
récemment imaginé par M. Poiseuille, et approuvé par l'Académie. 

» La pression que supporte le sang contenu dans les vaisseaux artériels 
ou veineux, les variations qu'offre cette pression par le volume du liquide 
sanguin, sa température, son mélange avec l’eau tiède, l’eau froide, l'infu- 
sion de café, l’alcool faible, etc., ont été successivement examinées sous ce 
point de vue; et l’on a reconnu qu’à l'exception de l’eau chaude , toutes ces 
liqueurs augmentent sensiblement la pression que supporte le sang; 
cette augmentation s'explique par le mode d'action que ces divers liquides 
exercent sur la fréquence et l'intensité des contractions du cœur. 

» En suivant ce procédé, on est arrivé jusqu’à mesurer en millimètres 
de mercure dans le tube de l'instrument, les effets des sensations vives, 

C.R. 1538, 1er Semestre. (T. VI, N° 3) à 8 


( 56.) 
agréables ou douloureuses, ce qui se comprend aisément par les change- 
ments subits que les émotions fortes excitent dans les mouvements du 
cœur. { 

» M. Magendie cite ensuite plusieurs singuliers résultats d'expériences re- 
latifs à la fibrine que contient le sang dans la proportion minime de —5 
àa-B2. Tant queteette sul$tance Existe dans lesañg'et qu'elletconserte la 
propriété de se coaguler, la circulation persiste normale dans les vais- 
seaux capillaires; mais dès que la fibrine est artificiellement soustraite du 
sang, ou qu’à l’aide d'un réactif elle est rendue incoagulable, aussitôt le 
passage du sang dans les infiniment petits vaisseaux s’embarrasse, le li- 
quide s’extravase, les tissus s’imbibent, s’engorgent , et finissent par offrir 
des lésions désignées par lés’pathôlogistes’ sous le nom de ‘ésions locales 
qui, dans certains cas déterminés, ne seraient que la conséquence de lal- 
tération primitive du-sanig; l'étüde des! modifications du sang doit donc en- 
trer pour beaucoup dans les recherches relatives aux maladies où il existe 
de graves lésions locales. » 


M. Serres prend.la parole à l’occasion de cette communication. 

« Je demande, dit M. Serres, à faire quelques observations sur la 
cause assigniéé par notre honorable collègue, aux ‘fièvres graves désignées 
sous le nom de fièvre typhoïde, entéro-mésentérique , entérite folliculeuse , 
dôthinenterite, etc. 

» Ces maladies, bienancienneménit décrites, bien anciennement connues 
d'après l'ensemble deleurs phénomènes, le sont beaucoup moins relative- 
mént”à leur ‘cause, ou, pour me servir d'une expression plus logique, 
relativement à leur-point de départ. La médecine ancienne en avait placé 
la causé dans Paltération (des humeurs ,tet:plus spécialement dans ‘celle du 
sang; depuis la publication de notre ouvrage sur la fièvre entéro-mésen- 
térique (1), lamédecine moderne leur a assigné , pour point de-départ, les 
lésions qui se rencontrent sur l'intestin grêle et les ganglions mésentéri- 
ques.'La constance ide: ces-lésions, la subordination des phénomènes de 
la maladie au degré où elles sont parvenues, ne laisse aucun doute sur 
le rapport quiie entre eux ces deux ‘ordres de faits, dont les uns sont 
primitifs, les autres consécutifs. 

» On sait que la lésion de l'intestin grêle consiste dans un déveioppe- 


(x) Traité de la Fièvre entéro-mésentérique , par MM. Petit et Serres ; Paris, 1813. 


(57) 


ment insolite des plaques de Peyer, qui, simplement tuméfiées. dès, l’ori- 
gine, s’injectent et se couvrent de vaisseaux capillaires dans, ua; degré 
plus avancé; ‘plus tard enfin, la membrane muqueuse est détruite, et 
lulcération. qui en, est la suite, peut aller jusqu'à perforer. toutes les 
membranes intestinales, Avec, ces, divers états de, l'intestin , coïncident des 
altérations. correspondantes des, ganglions. mésentériques, qui engorgés 
dans le, premier temps, deviennent rouges et durs: dans le, second, de 
manière, à se rapprocher, par leur, consistance, de la strugture, du, rein; 
enfin, dans la troisième période morbide, ces ganglions se, ramgllissent et 
suppurent. : 

» Or, à chaçun des temps de cette altération, pathologique, correspond 
un groupe, particulier de symptômes morbides, de telle sorte que si les 
malades succombent, on peut, d’après, le groupe de symptômes, déter- 

_miner Je degré où l’on trouvera l’altération, comme, pendant la vie on 
peut présumer l’altération, par le degré.où sont parvenus, les symptômes: 
La, conséquence immédiate, et, pratique de ces faits, est donc. qu’en mo- 
difiant le point de départ de, la fièvreigrave, on modifie, les symptômes; 
or, c'est de cette manière. que nous avons constaté, sa, guérison(, lors 
même que les plaques. de Peyer avaient été profondément ulcérées. 

» Que. chez un chien dont le. sang à été, défibriné, ces, lésions, intesti- 
nales se développent; c’est un fait curieux : mais il y a loin de, là à .con- 
clure que, la défibrination du sang est la cause première des, fièvres 
graves chez l’homme. Les conséquences pratiques que l’on pourrait, dé- 
duire de cette conclusion, m’obligent à entrer ici dans quelques. détails. 

>, 11 est bien vrai que dans les fièvres graves le sang. est défibriné ; mais 
il n'offre ce caractère qu'à un. degré déjà avancé, de la maladie. Souvent, 
dès son début, une pleurésie, une pneumonie ka complique, et: dans çes 
cas le sang loin d'être défibriné, est au contraire plus fbriné que dans l'état 
normal. Cette fibrination exagérée du :sang. arrête-t-elle, Ja.magche de la 
maladie ? Suspend-t-elle le développement des plaques de Peyer et l'engor- 
gement des ganglions mésentériques ? Nullement ; une. expérience malheu- 
reusement trop fréquente nous apprend, au contrairé, que presque tou- 
jours ces complications rendent les fièvres graves mortelles. 

» Je le répète; je ne récuse nullement les résultats observés chez les 
chiens ; c’est leur application à l’homme que je xoudrais prévenir ayant 
que toutes les conditions en aient été exactement appréciées, En attendant, 
je dois faire remarquer que les altérations intestinales et mésentériques, 
qui constituent le caractère fondamental des fièvres graves, ne se mani- 


te 


(58) 


festent pas dans les maladies où la défibrination du sang a été observée 
chez l’homme. 

» Ainsi, tous les médecins savent que la chlorose, chez la femme, est ca- 
ractérisée par la défibrination du sang; or, si les malades succombent 
après un temps plus ou moins long de la durée de la maladie, ils suc- 
combent sans présenter les symptômes des fièvres graves, et sans que le 
canal intestinal en offre les traits caractéristiques. Il en est de même du 
scorbut; tout le monde sait que le scorbut a été placé en tête des maladies 
cachectiques, précisément à cause du peu de fibrine que contient le 
sang des scorbutiques, condition qui chez eux rend les hémorragies si 
dangereuses. Or, les scorbutiques n’offrent à aucune époque les symp- 
tomes typhoïdes, et personne, que je sache, n’a observé sur eux les 
caractères anatomiques de la fièvre entéro-mésentérique. Ce que je viens 
de dire de la chlorose et du scorbut se remarque également dans les affec- 
tions rachitiques, dans les anémies succédant aux longues hémorragies, 
dans les varioles confluentes, ainsi que dans d’autres cas morbides dont 
il serait trop long de présenter ici le catalogue. 

» On conçoit que si, des faits qui précèdent, je déduisais la con- 
clusion que la défibrination du sang est complétement étrangère à la 
production des fièvres graves, je tomberais moi-même dans l'erreur que je 
demande que l’on évite. Tel n’a pas été le but de ces observations. Leur 
but est de bien faire sentir, au contraire, que si les résultats fournis par 
l'expérience en pathologie paraissent contradictoires à ceux obtenus par 
les expériences sur les animaux, il est vraisemblable que l’un de leurs 
éléments principaux nous échappe dans les deux cas. La science doit donc 
enregistrer ces deux ordres de faits, afin de les étudier comparativement, 
et pour chercher à déterminer par leur comparaison l'influence qu’exercent 
sur le développement des fièvres graves, les altérations des solides et des 
fluides ; car, c’est dans l'alliance de cette double voie de recherches, que 
la médecine peut espérer de se rapprocher de la solution des problèmes 
si importants dont elle s'occupe. » 


« M. MaGENDIE répond qu'il conçoit parfaitement que son confrère n’ad- 
mette pas les conséquences qu'il croit pouvoir déduire de ses expé- 
riences, puisque ces conséquences sont formellement en opposition avec 
les opinions généralement admises; mais ce qui est positif, c’est qu'en 
modifiant artificiellement le sang, on voit se développer à point nommé, à 
heure fixe, pour ainsi dire, des lésions d'organes dont le mécanisme se 


(59) 
trouve ainsi parfaitement connu, et que la médecine séra ainsi plus apte 
à guérir. » 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un appareil manométrique à ressort , 
à cadran , à vanne de décharge , applicable aux chaudières à vapeur , 
soumis à l'examen de l'Académie par les nommés Cnarres TEsru et 
François LETERRIER, éous deux actuellement détenus au bagne de Brest. 


( Commissaires, MM. Arago, Dulong, Séguier rapporteur.) 


« L'appareil sur lequel nous avons l'honneur de provoquer un instant 
votre attention a été imaginé et construit pour servir à indiquer l’état de 
la pression intérieure d’une chaudière à vapeur. Les auteurs et construc- 
teurs de ce mécanisme en ont disposé les diverses parties de façon à faire 
lire sur un cadran par l’oscillation d’une aïguille , les variations successives 
survenues dans la pression, et à opposer par l’ouvertere d’un orifice, une 
limite à la tension de la vapeur. 

» L'appareil destiné à réaliser ces effets se compose principalement d’un 
tube vertical alésé intérieurement, garni d’un piston métallique et d’une 
boîte à vapeur contenant un tiroir formant une ouverture pratiquée dans 
sa paroi latérale. Ce tiroir est attelé au piston par une tige dentée en 
forme de crémaillère, engrenant avec un pignon; l'axe du pignon passe au 
travers d’une boîte à étoupes et reçoit extérieurement une aiguille; 
l'aiguille indique sur un cadran la position des organes internes. 

» La chambre à vapeur contenant le tiroir peut se joindre facilement à 
toutes les chaudières avec lesquelles cet appareil manométrique peut être 
mis en relation; le cylindre au piston se termine dans sa partie supérieure, 
par un bouchon taraudé, traversé par une tige filetée. Un fort ressort à 
boudin en acier est emprisonné entre le piston et le bouchon. 

» Telle est la description succincte de la machine présentée; expliquons-en 
très brièvement les fonctions : la vapeur de la chaudière vient remplir la 
chambre au tiroir, elle applique le tiroir sur l’orifice qu’il est destiné à 
boucher; elle exerce également sa pression sur le piston ; elle le pousse 
jusqu’à ce que la tension du ressort lui fasse équilibre. 

» La marche intérieure du piston est rendue sensible au dehors par 
l'aiguille sur le cadran ; ses divisions convenablement tracées et en rapport 
avec le ressort, font connaître l’état de la pression intérieure de la chau- 


( 60 ) 

dière. Cet appareil peut servir à indiquer de basses ou de hautes pressions. 
Le moment de l'ouverture du tiroir de décharge peut de même étre ac- 
cordé avec une limite de pression déterminée. Les fonctions de cet appareil 
se règlent à l’aide de la tige taraudée qui traverse le bouchon du cylindre. 
En l’appuyant plus ou moins sur l'extrémité du ressort, on détermine à 
volonté sa tension. Un indicateur placé à côté de cette tige fait connaître 
son rapport de position avec les tensions du ressort. Ces dispositions per- 
mettent de combiner facilement l'ouverture du tiroir et les indications de 
l'aiguille avec les diverses pressions dont on à besoin et qu’on ne veut pas 
dépasser. 

» La machine déposée est bien conçue, très bien exécutée; les surfaces 
du piston ont été calculées, en centimètres, les tensions du ressort en ki- 
logrammes; elle pourrait certainement fournir des indications exactes 
si elle n’était exposée à des causes d’erreurs que ses auteurs semblent 
eux-mêmes avoir pressenties. En effet , le, piston peut être entravé dans 
ses fonctions, paralysé même complétement par la présence, des sédiments 
entraînés et déposés, par la vapeur avec laquelle il est constamment en 
contact immédiat. Les résistances de son frottement peuvent considérable- 
ment varier suivant la présence, ou l'absence où même l’état de l'huile 
dont il sera indispensable de recouvrir le piston; le tiroir lui-même auquel 
il est attelé peut éprouver de grande variations de résistance par le chan- 
gement d'état de ses surfaces flottantes. 

» Ces seules incertitudes dans les fonctions d’un appareil destiné à in- 
diquer et à limiter la pression des chaudières à vapeur, suffisent pour 
qu'il ne soit pas permis d'en conseiller l'emploi. Il serait cependant possible 
de détruire l’objection que nous tirons de la présence des sédiments, en 
ne faisant éprouver au piston la pression de la vapeur que par l’intermé- 
diaire d’un liquide. On pourrait même dans ce cas le soustraire à l’ac- 
tion de la chaleur. 

» Par ces considérations, vos commissaires pensent qu'ils doivent se 
borner à vous proposer d'exprimer l'intérêt que vous prenez aux efforts 
tentés par les sieurs Testu et Leterrier pour réparer par des travaux utiles 
à la société les torts dont ils ont eu le malheur de se rendre coupables 
envers elle. » 

Ces conclusions sont adoptées. 


(61) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un instrument d'arpentage pré- 
senté par M. DERICQUEHEM. 


( Commissaires , MM. Savary, Puissant rapporteur. ) 


«Le géodésimètre de M. Dericquehem,.que l'Académie a renvoyé à 
l'examen de M. Savary et de moi, est, à quelques modifications près, le 
même qui lui-fut présenté, il y a peu d'années, et sur lequel l’un de nous 
fit un rapport. 

»:Cet‘instrument, de 22 centimètres de rayon, et d’une assez belle 
construction, a une. (certaine analogie avecile théodolite ordinaire dont on 
aurait supprimé Ja lunette de repère; mais au Jieu d’être un cercle,entier, il 
a simplement la forme d’un secteur dont l'arc divisé comprend 90 degrés. 
Le plan de ce secteur parvient à la position horizontale lorsqu’à l’aide des 
trois vis du pied les deux petits niveaux à bulle d'air, adaptés au limbe per- 
pendiculairement lun à l’autre, se trouvent horizontaux. 

» L’alidade, garnie à son extrémité d’un vernier donnant la demi-mi- 
nute, se meut autour du centre de la graduation du limbe, et entraîne un 
petit plateau circulaire surmonté d’une plaque au baut de laquelle est 
fixée une lunette plongeante que l'artiste a pris soin de faire mouvoir dans 
un plan perpendiculaire au limbe. Ce plateau, en tournant sur son axe de 
manière à faire un tour d'horizon, imprime à la lunette le même mouve- 
ment angulaire; mouvement qui peut s’'évaluer à une minute près, jau 
moyen des divisions qui entourent ce même plateau, et du vernier qui 
en dépend. 

» Pour mesurer l'angle horizontal compris entre deux objets terrestres, 
l'instrument étant bien calé, on amène la ligne de foi de l’alidade sur le 
zéro de la graduation, et l’on dirige la lunette sur un des objets; ensuite 
on fixe cette lunette à l’alidade au moyen d’une vis de pression, et l’on fait 
mouvoir cette alidade rendue libre, jusqu’à ce que l'axe optique de la lu- 
nette passe par l'autre objet. Alors l'arc parcouru sur le limbe par la ligne 
de foi est exactement la mesure de l'angle cherché, si cependant le limbe 
n'a éprouvé aucun dérangement par l'effet du mouvement imprimé à la lu- 
nette, dérangement qui serait accusé par une lunette de repère. 

» On voit donc que cet instrument, inférieur à ceux qu’on emploie en 
géodésie, ne peut mesurer immédiatement que les angles aigus , ou que le 
supplément des angles obtus. Toutefois, si l'on ne voulait avoir un angle 
quelconque qu’à une minute près, on pourrait l'obtenir sur-le-champ en 


(62) 


recourant aux divisions relatives au plateau qui supporte la lunette, et 
qu’on ferait alors tourner sur son centre. 

» Le géodésimètre a aussi la propriété de donner les angles de hauteur 
ou de dépression. En effet, quand la lunette est amenée à la position hori- 
zontale à l’aide du petit niveau à bulle d’air qui y est adapté, l'index attaché 
à son centre de rotation doit répondre au zéro de la graduation du petit 
secteur vertical fixé au support de la lunette; et lorsque ensuite on dirige 
l'axe optique sur un objet quelconque , l'index indique l'angle de hauteur 
ou de dépression de cet objet. Mais cette manière de procéder présente 
un assez grave inconvénient, parce que l'instrument n'offre ni le moyen de 
reconnaître et de corriger l’erreur de collimation, ni celui de s'assurer qu’en 
faisant faire bascule à la lunette, on ne dérange nullement la ligne hori- 
zontale à partir de laquelle on estime les angles verticaux. Il est donc évi- 
dent, sans entrer dans plus de détail, que le géodésimètre ne peut être 
employé avec sécurité pour déterminer exactement des différences de ni- 
veau, et qu'il serait absolument indispensable, pour la mesure précise des 
angles horizontaux, qu’il fût muni d’une lunette de repere. 


» M. Dericquehem présente son géodésimètre de poche, simplifié et ré- 
duit aux plus petites dimensions possibles, comme étant propre à l’arpen- 
tage. Dans cet état, cet instrument, d'environ trois pouces de rayon, ne 
mesure que les angles horizontaux, et ne les estime qu’à la minute. Il se 
place sur un pied à trois branches ou à l'extrémité d’un bâton ferré, et s’é- 
tablit horizontalement au moyen d'un petit niveau à perpendicule et de 
trois vis boutantes qui agissent sur son axe de support. Quant à son usage, 
il est indiqué dans un petit ouvrage imprimé en 1835, où l’on trouve, en 
outre, différents problèmes concernant la mesure des lignes et des sur- 
faces, et dont les solutions, qui ne sont pas toujours les plus directes! repo- 
sent uniquement sur les propriétés du triangle rectangle. 

» En résumé, l'instrument de M. Dericquehem est une espèce de théo- 
dolite non répétiteur, mais qui m'a ni la précision, ni même la simplicité 
de ce dernier. Néanmoins , nous pensons que celui de poche est suscepti- 
ble de remplacer avantageusement l’équerre d’arpenteur dans les opérations 


trigonométriques qui ont pour objet l'évaluation des surfaces agraires de 
peu d’étendue.» 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


(63) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


ÉCONOMIE RURALE, — Considérations sur les variations de température 
auxquelles les œufs du ver à soie peuvent être soumis; par M. Loisr- 
LEUR-DESLONGCHAMPS. 


t 


(Renvoi à la section d'Économie rurale.) 


Le principal objet de ce Mémoire est de prouver, au moyen d’expé- 
riences, que les œufs du ver à soie peuvent supporter, sans inconvé- 
nient, le froid de nos hivers, lorsque l'on ne prend aucune précaution 
pour les en garantir. De ces expériences, nous nous contenterons de citer 
les suivantes: 


« Le 1 novembre 1836, j'ai, dit l’auteur, exposé à l’air libre sur une fe- 
nêtre tournée au nord-est, un certain nombre d'œufs de vers à soie, et je les 
y ai laissés pendant le reste de l'automne, tout l'hiver et la majeure partie du 
printemps ; enfin, jusqu’à ce que l’éclosion eût lieu spontanément. Pendant 
tout ce temps, les œufs fixés à la toile sur laquelle ils avaient été pondus, 
eurent à supporter toutes les alternatives causées par les différentes 
variations de la température atmosphérique. Le maximum du froid ne fut 
que de 7 degrés en janvier, mais les jours de gelée furent très nombreux , 
et ils se prolongèrent jusqu’au milieu d'avril; les œufs passèrent plusieurs 
fois, pendant cet espace de temps, de 4 à 5 degrés au-dessous du terme 
de la congélation à plusieurs degrés au-dessus, et dans ce dernier cas, 
avec de l'humidité et de la pluie. Tout cela n’empêcha pas les œufs 
d'éclore depuis le 6 juin jusqu’au 16 du même mois. Pendant les jours 
où l'éclosion eut lieu, le thermomètre varia depuis 8 degrés ? au-dessus 
de zéro, le 8 juin à 5 heures du matin, jusqu’à 24 1 dans le moment le 
plus chaud de la journée du 14, et ces variations ne parurent avoir au- 
cune influence sur la sortie des vers; car ce fut en général avant 5 heures 
du matin, c’est-à-dire dans le moment le plus froid de la journée, que le 
plus grand nombre sortit de l’œuf. 

» En somme, 675 œufs produisirent 601 vers vivants. Dans 56 œufs 
seulement, les vers avortèrent, ce qui ne s'éloigne pas beaucoup de la 

CR. 1838, 197 Semestre. (T. VL, N° 3.) 9 


( 64 ) 
proportion dans laquelle naissent des vers dont les œufs ont été con- 
servés à l'abri du froid pendant toute la mauvaise saison. 

» Je dois ajouter que plusieurs orages survenus pendant l’éclosion , ne 
parurent pas avoir sur celle-ci la moindre influence fächeuse. C'est ce 
qu'on pourra reconnaître par l'inspection des tableaux dans lesquels j'ai 
présenté, pour chaque expérience, les phénomènes de l’éclosion natu- 
relle des. vers, avec l'indication des circonstances météorologiques. » 

Outre les expériences qui lui sont propres, l’auteur cite celles que fit, 
en 1829, M. Pomarède, et celles qu'a faites, dans le siecle dernier, Bois- 
sier de Sauvages. 

« En rapprochant les divers résultats ainsi obtenus ; on est conduit, 
dit M. Loiseleur-Deslongchamps, à reconnaître que l'embryon du ver à 
soie. contenu dans l'œuf, peut être soumis, sans que cela l'empêche 
d'éclore, à une différence de température de plus de 6o degrés. Si done 
l'œuf de cet insecte ést déjà doué d’une si grande force vitale, tout porte 
à croire que l'être auquel.il donne naissance, sera aussi doué d'une cons- 
titution très robuste; c'est, en effet, ce que prouve l'expérience, ainsi 
que je le ferai voir dans un second Mémoire, où je considérerai..les. vers à 
soie dans leur trois états, de larve, de chrysalide et de papillon. » 


MÉDECINE. — JVote sur les animalcules microscopiques considérés comme 
cause efficiente du cancer ; par MM. BauPerTHUY et ADET DE ROSEVILLE. 


(Commissaires, MM. Duméril, Turpin, Bory de Saint-Vincent.) 


« En examinant au microscope, disent les deux auteurs, les éléments 
de la matière caucéreuse (et sous le nom de cancer nous ne commprenons 
que le squirrhe et l’encéphaloïde), nous y avons trouvé constamment des 
animalcules en très grand nombre, des lames de tissu : cellulaire , 
des débris de vaisseaux lymphatiques, des globules graisseux, des globules 
sanguins peu nombreux dont quelques-uns étaient altérés dans leur forme 
et presque tous dentelés sur les bords, enfin, des débris de vaisseaux 
sanguins et de petits cristaux. » 

Les animalcules s'étant. constamment rencontrés en très grand nombre 
dans tous les cancers qu'ils ont observés tant à l’état de crudité qu'à celui 
de ramollissement, les auteurs se croient autorisés à en conclure que c’est 
à la présence de ces êtres qu'on doit attribuer le développement du can- 
cer, comme on attribue à celles des acarus le développement de la gale. 


(65 ) 


ÉCONOMIE RURALE. — Du mürier et du ver à soie en Touraine ; 
par M. Bar. 


(Commission précédemment nommée pour la question des vers à soie.) 


L'auteur rend compte ‘des changements favorables qui se sont opé- 
rés. depuis quelques années en Touraine dans cette branche d'industrie. 

L'éducation des vers à soie était tombée presque exclusivement dans 
les mains des paysans qui les tenaient beaucoup trop à l'étroit et dans des 
conditions manifestes d’insalubrité. Aujourd'hui plusieurs grands pro- 
priétaires ont établi des magnaneries construites d’après les meilleurs mo- 
dèles, et ont commencé à planter des müriers multicaules. Cette espèce qui 
ne produit point de graines dans le nord en donne dans la Touraine dont le 
sol et le climat semblent lui être très favorables, et elle y peut être cultivée 
avec d’autant plus d'avantage qu’on n’a point à craindre de voir, comme 
dans nos provinces du midi, ses feuilles déchirées par le vent et atteintes 
de la rouille, maladie qui les rend impropres à la nourriture des vers: 

M. Bain avoue cependant que ces müriers ont été gelés dans l'hiver 
de 1836—1837, ce qui n’avait pas encore été observé; mais il ajoute que 
la récolte des feuilles n’a pas été pour cela perdue, et que des vers qui 
en ont été exclusivement nourris, dans un'essai fait très en petit, ont 
donné de fort belle soie. 


MÉCANIQUE arrziquée. — Vote sur la théorie de la machine à vapeur, en 
tenant compte du changement de température de la vapeur pendant son 
action dans la machine; par M. pe Pamsour. 


(Commission précédemment nommée. ) 


NAVIGATION INTÉRIEURE. — JVote sur un moyen de conserver, à l'aide d'un 
barrage, une portion de rivière libre de glaçons et propre à ‘la naviga- 
tion, pendant le temps des grandes gelées ; par M: DE LA HAYE: 


(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.) 


esocrarnie. — Nouveaux globes terrestres dans lesquels une sphère creuse 
de métal remplace la sphère de carton communément employée; par 
M. CH. Dien. 
(Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu.) 


M. Huerxe De Pommeuse se présente comme candidat pour la place va- 
9: 


( 66 ) 


cante dans la section d’Économie rurale, par suite du décès de M. Tessier, 
survenu le r1 décembre 1837. 
A cette lettre est jointe une Notice des travaux scientifiques de 


l’auteur. 1 
(Renvoi à la Section d'Economie rurale.) 


à : 
M. Soucance Bonin adresse une semblable demande et annonce l'envoi 
prochain d’une Notice de ses travaux. 


(Renvoi à la Section.) 


CORRESPONDANCE. 


GiRURGIE. — Traitement des fractures des membres inférieurs au moyen 


du bandage amidonné. 


M. Lararçur, de Saint-Émilion, écrit relativement à une modification 
qu'il propose d'introduire dans la méthode de traitement employée 
pour ces fractures par M. Seutin et par M. Velpeau. Cette modification, 
qui a pour objet d'obtenir une plus prompte solidification de l'appareil, 
consiste dans l'emploi d’un mélange , à parties égales , d’empois ordinaire 
et de plâtre pulvérisé, au lieu d’empois pur dont font usage les deux 
chirurgiens précédemment nommés. 


ÉCONOMIE RURALE. — Appareil pour la conservation des grains. 


M. le général Dusoure écrit qu'il a imaginé depuis long-temps, pour la 
conservation des grains , un appareil qui ne diffère presqu’en rien de celui 
qu'a proposé M. Vallery, et sur lequel il a été fait un rapport à l’Aca- 
démie dans la précédente séance. Il annonce que des documents qui cons- 
tatent son droit de priorité, ont été adressés par lui au Ministère du Com- 
merce en 1830. 

M. Dubourg sera invité à envoyer à l'appui de sa réclamation les 
pièces justificatives. 


M. Beau adresse trois propositions relatives à certains phénomènes ré- 
sultant de l’état de pléthore des artères, propositions qu'il croit renfer- 
mer des idées nouvelles, pour lesquelles il désire prendre date. 


M. MoreL adresse un paquet cacheté. 


( 67 ) 
M. Manor adresse également un paquet cacheté. 
L'Académie accepte les deux dépôts. 


À quatre heures l’Académie se forme en comité secret. 


La section d’Astronomie présente, par l’organe de M. Mathieu, la liste 
suivante de candidats pour une place de correspondant, vacante dans son 
sein : 


MM. Littrow........ à Vienne, 


SANÉNT ET à Padoue, 
Hansen........ à Gotha, 
Robertson. .... à Armagb, 
Rosenberg. .... à (Prusse). 


Les titres de ces divers candidats sont discutés. L'élection aura lieu 
dans la prochaine séance; MM. les membres en seront prévenus par bil- 
lets à domicile. 


La séance est levée à 5 heures: F. 


ÆErratum. (Séance du 8 janvier.) 


Page 50, ligne 2, M. Dupuy, aujourd’hui directeur de l’École vétérinaire de Toulouse, 
lisez ancien directeur, etc. 


( 68 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; 
1°" semestre 1838, n° 2, in-8°. 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, 
Tables du 1° semestre 1837, m-4°. 

Leçons sur les phénomènes physiques de la vie; professées au Collége de 
France par M. Macennie, recueillies par M. James, tome 3, in-8°. 

Esquisse d'organographie végétale; par M. Turen , in-fol. 

Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis; Pars 6; par M. pr 
Canvozre, in-8°. 

Cours élémentaire de Mathématiques ; par M. ne MonTrERRiER , 1 VO. 
in-8°. (M. Sturm est chargé d’en rendre un compte verbal.) 

Traité d'Anatomie chirurgicale et de Chirurgie expérimentale; par 
M. J.-F. Marcarewe, 2 vol. in-8. (Cet Ouvrage est adresse pour le Con- 
cours Montyon.) 

Recueil de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres 
du département de l'Eure , °° 31 et 32, in-8°. 

Séances publiques de la Société libre d'Emulation de Rouen; années 1835 
et 1836, 2 brochures in-6°. 

Bulletin de la Société libre d'Émulation de Rouen; 1", 2°, 3° et 4° 
trimestre 1837, in-8°. 

Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de Saint- 
Étienne; 14° année, 4° livraison de 1837, in-8°. 

Bulletin des séances de la Société royale et centrale d'Agriculture ; 
Compte rendu mensuel; juillet — décembre 1837, in-8°. 

Recueil industriel, manufacturier et commercial; n° 47, novembre 
1837, in-8°. 

Annales maritimes et coloniales , 22° année, décembre 1837, in-8°. 

Galerie ornithologique des Oiseaux d'Europe; par M. »'Ornenx, 32"° 
livraison. 

Notice des Travaux de M. Denise (Autre RAFFENEAU), in-4°. 

Notice sur les globes et sphères de M. Cu. Dies , in-4'. 


( 69 ) 

Sur l’Anatomie du bas-ventre et sur les hernies ; par M. Atex. Taomsox, 
1"° livraison in-6°. 

The continental. .. Revue médicale de la Grande-Bretagne et du Con- 
tinent, ou Journalmensue lde Thérapeutique, édité par M. Bureau Riorrrer, 
décembre 1837, in-8°. 

Klinische Darstellungen. . .. Exposition clinique des maladies de l'œil 
humain ; par M. F.-A. ne Ammox, médecin du Roi de Saxe, Berlin, 1858, 
in-fol. (Cet ouvrage est adressé pour le Concours au prix de médecine Mon- 
tyon. ) 

Flora fluminensis; par le père José Mariano Vetrozo De Coxceiçao, 11 
volumes de planches lithographiées et un cahier contenant la table des 
planches avec la synonymie des végétaux figurés, in-fol. 

Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4; 
janvier 1837, in-8°. 

. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie , 
n° 3, décembre 1837, in-8°. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 2 , in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12; n°% 4—6, in-4°. 

Echo du Monde savant ; 5° année, n° 2, in-4°. 

La Phrénologie ; tome 1“, n° 28, in-4°. 

L'Éducateur; »° année, n° 11 ; in-40. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 22 JANVIER 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. Ù 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


M. le Présent présente les tomes XIV et XV des Mémoires de 
l’Académie des Sciences. 


La SECTION D'ÉCONOMIE RURALE propose, par l’organe de M. Huzard, 
de déclarer qu’il y a lieu d’élire, à la place devenue vacante dans son 
sein, par le décès de M. Tessier. 

L'Académie, consultée par voie de scrutin sur cette question, décide, 
à une majorité de 32 voix contre 1, qu’il y a lieu à élire. En consé- 
quence, la Section présentera, dans la prochaine séance, une liste de 
candidats ; MM. les membres en seront prévenus par billets à domicile. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Remarques sur quelques points d'une discussion 
élevée dans la 7° réunion de l'Association Britannique pour l’avance- 
ment des sciences , partie Mathématique ; par M. Bior. 


« Parmi les questions traitées dans ces savantes conférences, et dont 
le compte rendu vient d’être porté à la connaissance du public, une des 
premières a eu pour objet l'état de liquide non évaporable, assigné par 

C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 4.) 10 


(72) 

M. Poisson aux dernières particules d'air qui limitent l'atmosphère ter- 
restre. Dans le nombre des conséquences physiques qu'on a présentées 
comme dérivant de cette condition, soit pour l’appuyer, soit pour la 
combattre, on a dit : « Qu’une épaisseur hétérogène d'air liquide, offre 
» une difficulté au ealcul de la réfraction astronomique horizontale par 
» des quadratures mécaniques, exposé par feu M. Atkinson, employé 
» par lui dans les Transactions de la Société Astronomique, et par 
» M. Biot, dans la Connaissance des Tems (de 1839); à moins que ce calcul 
» ne füt en quelques points modifié (1). » 

» C’est à M. Poisson de juger s’il lui conviendra de discuter les objec- 
tions qu'on à faites contre l'opinion qu'il a émise, et qui, je l'avoue, m'a 
toujours paru n'être que l'expression exacte de l'état d’un gaz privé de 
tout ressort. Mais, quant à la conséquence qui en résulterait contre le 
calcul des réfractions atmosphériques, par la méthode que j'ai employée, 
et qui n’est pas du tout celle de M. Atkinson, cette conséquence, dis-je, 
me paraît sans aucun fondement dans la spécialité de son applica- 
tion. Car, si la couche d’air liquéfiée avait assez de masse pour influer 
sensiblement sur les réfractions totales qu'on observe, la nécessité d’a- 
voir égard à cette donnée nouvelle, exigerait une modification corres- 
pondante, non pas seulement dans la méthode dont j'ai fait usage, mais 
dans toutes celles qu’on a jusqu'ici appliquées à ce problème; puisque 
les lois de l'équilibre et de la réfraction, dans la couche liquéfiée, seraient 
différentes de celles des gaz que toutes ces méthodes emploient. 

» En effet, pour calculer le mouvement du rayon lumineux à travers 
l'atmosphère, il faut inévitablement la définir. On l’admet donc, 
telle que les phénomènes observables nous l’indiquent, composée de 
couches gazeuses, pesantes, élastiques, dilatables, réfringentes. Des 
expériences très précises, faites dans les couches inférieures , nous 
font connaître les lois physiques suivant lesquelles ces propriétés s’y 
exercent; et ces lois sont constantes depuis l’état naturel de l'air à la sur- 
face de la terre, jusqu’au dernier terme de raréfaction où nous puissions 
artificiellement l’amener. Maintenant, lorsque nous nous élevons dans 
l'atmosphère, nous trouvons la densité, la température et l'état hygro- 
métrique variables avec la hauteur des couches. Mais, dans toutes les 
hauteurs que nous pouvons atteindre, et qui comprennent la portion de 


(x) Ce passage est traduit littéralement du rapport imprimé dans l’Athenœum , 
n° 519, p- 743 


(73) 

beaucoup la plus réfringente de l'atmosphère totale, la nature chimique 
de l'air et toutes ses propriétés physiques sont invariablement les mêmes 
que dans la couche inférieure. Or, comme tous les gaz permanents qui 
ne réagissent pas chimiquement les uns sur les autres, étant mis en 
contact , se répandent dans tout l’espace commun, de manière à former 
bientôt un mélange de composition uniforme, nous devons conclure que 
la même composition et les mêmes propriétés physiques subsistent en- 
core à des élévations beaucoup.plus grandes que celles où nous pouvons 
les constater matériellement ; ce qui doit en faire résulter, sinon la to- 
talité, du moins une proportion très considérable de la réfraction en- 
tière qui s'observe; et par conséquent réduire à une quantité excessi- 
vement petite, si elle n’est pas nulle, la partie de cette réfraction qui peut 
être due à des états différents de l'air, où les mêmes propriétés physiques 
n’existeraient plus. Cette conséquence est encore fortifiée par l'affaiblisse- 
ment continu des réfractions, à mesure qu'on s'élève; comme aussi 
par le peu de courbure totale des trajectoires lumineuses sur lesquelles les 
astres nous deviennent visibles à l'horizon même, dans l’état de régularité 
et de calme où l’on peut admettre la sphéricité des couches d’égale den- 
sité sur l'étendue d’une même trajectoire. 

» Avec cet ensemble de données physiques, que devaient faire les géo- 
mètres pour calculer les réfractions théoriquement? ils devaient continuer 
la même nature de lair et les mêmes propriétés générales jusqu’aux der- 
nières limites sensibles de l'atmosphère , en attribuant aux couches suc- 
cessives le décroissement des températures indiqué par l'observation dans 
les hauteurs que nous pouvons atteindre, et le prolongeant par induc- 
tion au-delà de ce terme, si toutefois cela était absolument nécessaire pour 
évaluer la réfraction totale jusqu’au point de précision où l’on peut effecti- 
vement l’observer. Car ces conditions étant posées, les lois de la mécanique 
et de l’optique déterminent complétement les densités de toutes les couches 
aériennes , ainsi que les réfractions opérées par chacune d'elles, et par leur 
ensemble, sur les rayons lumineux qui les traversent suivant des directions 
quelconques. Il ne reste à vaincre que des difficultés analytiques pour ob- 
tenir complétement ces déductions. 

» Mais ces difficultés étaient extrêmes. Et aussi, pendant long-temps, 
malgré beaucoup d'efforts, le problème n’a été résolu qu'avec des limita- 
tions qui conduisaient à des lois de réfractions plutôt théoriques que 
réelles. Enfin, M. Laplace d’abord, puis à son exemple M. Ivory, assujéti. 
rent le décroissement des températures à des lois artificielles, à la vérité. 

10.. 


(74) 


mais réunissant les trois avantages : d’imiter detrès près les lois naturelles 
dans les couches inférieures où on les observe, de donner des expressions 
différentielles de la réfraction approximativement intégrables, et enfin de 
conduire à des valeurs absolues, conformes aux résultats moyens des ob- 
servations les plus précises. Les tables numériques obtenues ainsi par ces 
deux géomètres, ne pouvaient guère laisser espérer d'améliorations sen- 
sibles dans cette appréciation des résultats moyens, les seuls qu’ils avaient 
voulu calculer. 

» Toutefois, en admettant leurs lois du décroissement des températures, 
comme représentant avec assez d’approximation l’état moyen de l'air dans 
les hauteurs que nos instruments peuvent atteindre, et même en les pro- 
longeant, ainsi qu’on peut sürement le faire, à des distances encore assez 
grandes au-delà de ces limites, il reste douteux que ces mêmes lois doi- 
vent s'étendre jusqu'au dernier terme de l'atmosphère gazeuse; et cette 
incertitude en produit une correspondante dans l'évaluation de la réfrac- 
tion opérée par les couches où elle a lieu. Peut-on s’exempter de cette 
supposition , ou est-elle inévitable? En outre, ce décroissement, que les 
difficultés du calcul forcent à supposer constant et régulier dans les in- 
tégrations analytiques, il n’est pas tel en réalité ; on y trouve au contraire 
des variations considérables d’un lieu à un autre, et, dans le même lieu, 
aux diverses saisons. En le supposant observé, ne pouvait-on pas, par 
quelque autre voie, calculer avec une suffisante approximation les réfrac- 
tions vraies et actuelles qui en résultent? Telles sont les deux questions 
que j'ai cherché à résoudre dans la Connaissance des Tems de 1839. 

» Des données antérieurement admises, je n’emploie que la conserva- 
tion de l'état gazeux, et la permanence des propriétés physiques de l'air 
atmosphérique dans toute la portion de l'atmosphère qui influe sensible- 
ment sur les réfractions; ce qui permet d'appliquer, dans toute cette 
étendue, les équations de l'équilibre et les lois de réfractions habituelles 
des masses gazeuses. J'établis sur ces fondements les équations différen- 
tielles qui expriment le mouvement de la lumière dans une atmosphère 
sphérique ainsi définie, et ayant d’ailleurs une composition chimique 
constante ou variable avec la hauteur. Considérant alors la portion infé- 
rieure de cette atmosphère, que nous pouvons étudier matériellement , 
j'introduis dans les équations les conditions de continuité, comme de na- 
ture chimique qu’elle nous présente, lesquelles par le principe de diffu- 
sion des gaz doivent encore s'étendre plus haut. Alors, pour obtenir la 
portion de la réfraction totale qui s'opère dans cette zone d'air, je m’ap- 


(7) 
puie seulement sur un fait, ou plutôt même sur une condition physique 
inhérente à la constitution des gaz; c’est que, dans l’état d'équilibre per- 
manent de la masse gazeuse, la densité et la nature chimique ne peuvent 
pas varier brusquement avec la hauteur. De sorte qu’en partageant une 
hauteur totale donnée, en intervalles convenablement petits et d’une li- 
mite d'épaisseur toujours assignable, le décroissement de la densité, dans 
chaque intervalle, peut être représenté par une expression parabolique, 
que je démontre, par les équations différentielles mêmes, ne devenir Jja- 
mais fautive, dans les distances zénithales où l'on a besoin de l’employer. 
Alors j'emploie en effet une telle forme; et l’introduisant dans une ex- 
pression nouvelle de l'élément de la réfraction qui est particulièrement 
propre à cet usage, j'en déduis la portion correspondante de la réfraction 
totale, avec un degré d’approximation toujours mesurable, et qui peut 
être rendu indéfini. Parvenu ainsi à la hauteur quelconque où la densité 
est réduite environ à —! de la densité initiale, je prouve que la somme 


oo 


des flexions ultérieures de la trajectoire lumineuse, c’est-à-dire le reste de 
la réfraction, peut s’obtenir entre des limites d'erreur moindre que 2 
de seconde, même pour la trajectoire qui arrive horizontale au niveau 
de la mer, sans qu’on ait besoin de spécifier, en aucune manière, le mode 
de superposition des couches gazeuses par lesquelles ce reste est produit. 
La méthode qui conduit à ce dernier résultat, étant appliquée à des 
distances zénithales moindres, donne la réfraction totale entre des limites 
pareilles , quel que soit le mode de superposition de toutes les couches 
gazeuses, supérieures à celle où l'observateur est placé. 1l n'y a donc ici 
plus rien de supposé, si ce n’est la continuité de l’état aériforme, avec la 
conservation des propriétés ordinaires des gaz, dans toute l'épaisseur de 
l'atmosphère réelle qui contribue sensiblement à la réfraction. Or, pour 45° 
de distance zénithale, par exemple, l'erreur possible de ces évaluations gé- 
nérales est seulement de 0",oo1; elle n’est même encore que de 2"”,25 à 80°; 
et, tant à ces distances, que pour des trajectoires plus basses , les réfrac- 
tions ainsi obtenues sont exactement conformes à la moyenne de celles 
qui s’observent. De là, ne doit-on pas inférer , avec une extrême vraisem- 
blance, que si les lois de compressibilité, de dilatabilité, et de réfraction 
propres à l'air gazeux observé ici-bas, cessent d’exister à une hauteur quel- 
conque dans l'atmosphère terrestre, comme cela semble nécessaire pour sa 
permanence, ces modifications ne peuvent avoir lieu en réalité qu'à des 
hauteurs où la densité est si affaiblie que tout l'ensemble des couches 
ultérieures ne produit aucun effet appréciable sur la réfraction ? Toutefois, 


(76) 

le même résultat final aurait lieu encore dans le cas fictif de décroissement 
des températures et des densités que M. Poisson a considéré à la fin de son 
Mémoire, pour présenter une réalisation numérique de ses conceptions. 
Car, conservant, comme il le fait, les conditions ordinaires de l'équilibre 
des gaz, et l’uniformité de leur dilatation, jusqu’à la limite de l'atmosphère 
où la pression devient nulle, la liquéfaction supposée n’a lieu que dans la 
surface sphérique mathématique qui forme cette limite. Conséquemment 
l'effet en serait nul sur la réfraction totale, qui pourrait ainsi, dans tout 
l'intérieur de l'atmosphère refringente, s'évaluer encore par parties, comme 
je lai fait dans les exemples que j'ai choisis. Seulement, la densité de l'air à 
sa surface extrême , dans cet exemple idéal, étant encore très considérable, 
et se trouvant brusquement contiguë au vide, on devrait, pour maintenir 
la continuité des équations différentielles de la réfraction dans ce passage 
le concevoir opéré par une loi quelconque de décroissement infiniment 
rapide, comme l’a fait M. Laplace pour l'atmosphère à densité constante 
de D. Cassini. Alors les mêmes considérations de limite que j'ai employées 
s'y appliqueraient encore , mais avec d’autres amplitudes d'erreurs que dans 
la véritable atmosphère. 

» La méthode que je viens de rappeler diffère, je crois, totalement de celle 
de M. Atkinson, qui est exposée dans le tome II des Mémoires de la Société 
astronomique. Cet auteur ne fait aucun usage des équations différentielles du 
mouvement de la lumière; il ne les pose même pas; et il ne s’astreint pas, non 
plus, aux relations que les équations de l'équilibre des gaz établissent entre 
les densités et les températures à diverses hauteurs. Mais, concevant l’atmos- 
phère tout entière partagée en couches assez minces pour que la variation 
des densités dans chacune d’elles soit très faible, ilévalue l’inflexion du rayon 
en passant de l’une à l'autre, par des considérations synthétiques, dont le 
résultat final revient à faire varier la densité dans chaque couche en pro- 
gression arithmétique avec la différence de hauteur, en changeant de pro- 
gression pour les différentes couches, selon les conditions indiquées par 
le baromètre et le thermometre pour toutes les hauteurs où ces instru- 
ments peuvent être portés (1). Tel est du moins l'effet numérique des 


(1) M. Atkinson adopte, pour ie décroissement des températures, une expression fon- 
dée sur l’ensemble de toutes les observations qu'il a pu réunir. Cette expression, 
combinée avec les équations de la dilatabilité et de l’équilibre des gaz, fixe évidemment 
les relations correspondantes de la hauteur avec les pressions et les densités. Mais l’au- 
teur, au lieu de lier ainsi ces éléments, déduit les densités des hauteurs par le moyen 


Ù (57) 


formules auxquelles l’auteur arrive, lesquelles mème, avec les restric- 
tions qu'il y apporte, supposent que l’on se borne à la première puissance 
du pouvoir réfringent. Cela est aisé à reconnaître, puisqu’en les appliquant 
à l'atmosphère totale, elles le conduisent à la règle de Bradley, que l’on 
sait être produite par le décroissement arithmétique des densités. Pour 
calculer la réfraction par cette méthode, l’auteur partage atmosphere en- 
tire en ‘couches d’autant plus nombreuses, que la distance zénithale est 
plus grande. Mais le mode d'évaluation qu'il a adopté est d’une application 
si pénible, qu’à l'horizon, par exemple, ses couches les plus basses n’ont 
que quelques pieds d'épaisseur ; et de là elles croissent graduellement en 
dimension avec la hauteur, au nombre de 34, jusqu’à la dernière qui com- 
mence au point ou la densité est réduite à -& de la densité initiale, d’où 
elle s'étend jusqu’au reste de l'atmosphère (1). Or, pour cette dernière 
couche, la réfraction qu’elle produit étant calculée en une seule fois , par 
la règle de Bradley, qui suppose implicitement le décroissement des tem- 
pératures et des densités en progression arithmétique, jusqu’à sa limite, 
la part qu’on lui attribue dans la réfraction totale, implique également cet 
état. Ainsi, la légitimité de l'évaluation exigerait qu’on prouvât qu'il existe, 
ce qu’on est très éloigné de pouvoir faire. En cela donc, le calcul de 
M. Atkinson, analysé avec exactitude dans ses éléments physiques, prète- 
rait à la même illusion que les autres lois continues de décroissement 
employées par tous les géomètres qui Font précédé; illusion qui consiste 
à supposer qu’en pliant ces lois aux mesures de température faites dans les 
couches inférieures , et tirant de leur emploi analytique des réfractions 
conformes à celles qui s’observent, on peut inférer de cette coïncidence, 
que les mêmes lois s'étendent, même approximativement, aux couches su- 
périeures par lesquelles l'atmosphère est terminée. Car lorsque l’on main- 
tient ainsi, jusque dans ces couches, l’état et les propriétés habituelles des 
gaz, la portion de la réfraction totale qu’elles produisent, a toujours une 
valeur sensiblement égale dans tous les modes de superposition qu'on 
peut leur attribuer. Donc, inversement, on ne doit pas alors chercher des 
indices de leur température dans les valeurs des réfractions observables. Et 


auxiliaire de la formule barométrique approchée. Voyez son Mémoire, pages 191, 192 
et 106. 

(2) Pour ce cas de la trajectoire horizontale, la réfraction produite par les quinze pre- 
mières couches de M. Atkinson, est obtenue dans /a Connaissance des Tems de 1839 , 
par une seule quadrature , page 81; et directement, par une autre méthode , page 89. 


(78) 

il ne faut pas non plus faire intervenir les mesures de ces réfractions , dans 
la discussion de l’état physique que d’autres considérations pourraient 
faire attribuer aux dernières couches atmosphériques. Car le seul effet des 
couches où l’état gazeux est indubitable, donne déjà une portion si con- 
sidérable de la réfraction entière, que les modifications qu'on pourrait 
réellement appliquer au reste de l’atmosphere , auraient des conséquences 
numériques trop faibles pour être apportées en preuve de la réalité, ou 
de la non-réalité, de ces conceptions. Ces remarques m'ont paru propres 
à simplifier le savant débat qui s’est élevé dans le sein de l'Association 
britannique, en montrant que la théorie mathématique des réfractions, 
complétée par le peu que j'ai tâché d'ajouter aux travaux de tant d'illus- 
tres géomètres, est tout-à-fait désintéressée dans son résultat, pour ce qui 
concerne les applications réelles à l'astronomie (1).» 


(1) En nommant p la pression dans la couche dont la densité est e, le cas fictif que 
M, Poisson a considéré conduit à la relation 


p°=Bé+C, 


B et C étant deux constantes finies dont la première est positive, la seconde négative. 
Cette relation, introduite dans l’équation de l’équilibre des couches gazeuses , la rend 
immédiatement intégrable. Si C pouvait être supposé nul ou infiniment petit, elle don- 
nerait la pression proportionnelle à la densité, par conséquent la température constante 
et la densité décroissante en progression géométrique avec la hauteur. 

On ramènerait de même, empiriquement, aux idées de M. Poisson, le cas du décrois- 
sement en progression arithmétique , et celui du mélange des deux prosressions si heu- 
reusement employé par M. Ivory. Ce dernier, par exemple, résulterait de l’expres- 


sion 


P°= (4e + Be) + c, 


la constante c étant toujours supposée infiniment petite et négative. Alors la couche 
où la pression deviendrait nulle aurait aussi une infiniment petite densité, ce qui ne mo- 
difierait pas sensiblement les réfractions obtenues en la négligeant, comme l’a fait 
M. Ivory, et comme je l’ai fait dans mon Mémoire, 


( 79 ) 


ANATOMIE. — Recherches sur la structure des membranes de l'œuf des 
mammifères ; par MM. Brescuer et GLUGr. 


« La structure des membranes de l’œuf des mammifères est digne d’in- 
térêt, non-seulement sous le rapport de l’histoire des développements or- 
ganiques, mais aussi sous celui de l'anatomie générale. On ignore complé- 
tement la composition des tissus dont l'existence est temporaire ou bornée 
à la durée de la vie intra-utérine, et qui diffère des tissus dont l'existence 
n'a pour limites que celles de notre propre vie. En un mot, on ne sait 
pas s’il y a analogie de structure entre les membranes de l'œuf, et les 
autres tissus du corps qui jouissent de la faculté de se reproduire. Ces 
questions une fois posées, nous avons cherché à y répondre. 

» Nos observations ont été faites avec le microscopede Schick, et le gros- 
sissement n’a pas été porté au-delà de 250 à 300 fois le diamètre. Nous 
avons fait nos recherches sur les membranes de l’œuf de l’homme, du 
singe, de la vache et du chien. 


» 1. Chorion. — Cette membrane ne contient aucune trace de fibres, le 
plus grand grossissement n’a pu en faire apercevoir. La masse organique 
est constituée par de petites molécules étroitement apposées les unes 
auprès des autres. Cette matière est parsemée de globules blanchâtres, 
plus grands que ceux du sang humain. Quelques-uns de ces globules sont 
à surface unie, les autres contiennent un grand nombre de petits grains 
dans une masse uniforme. Les globules offrent une grande régularité et 
se détachent facilement des autres masses. Des filaments qui se ramifient 
et qui n'atteignent pas un diamètre d’un centième de millimètre, sont 
dispersés dans la masse; nous n’osons dire si ce sont des vaisseaux. 

» 2. La partie de la membrane du chorion qui se prolonge sur le cordon 
ombilical offre une structure tout-à-fait analogue au reste de-cette même 
tunique. La matière gélatineuse (gélatine de Wharton ), contenue dans la 
masse du cordon, est pourvue d’un tissu cellulaire, dont les fibres primi- 
üves ont un plus grand diamètre que celles du tissu cellulaire ordinaire. 
Les contours n’en sont pas aussi nets, et l’on y reconnaît encore les carac- 
tères d’une formation récente. 

» On sait que, suivant Utini et Fohmann, cette masse gélatiniforme est 
une substance albumineuse contenue dans des vaisseaux lymphatiques ; 
maïs nous n’avons pu reconnaître ici si les fibres du tissu cellulaire, qui 
sont répandues dans cette substance, offrent l'apparence d’un canal vas- 


C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 4.) ge 


( 80-) 
culaire. Des injections avec des matières colorantes ne pourraient rien 
prouver, car l’état particulier du tissu cellulaire favorise trop les extra- 
vasations et les épanchements, etc. 

» 3. Les granulations quenousavons examinées surle cordonombilical du 
veau, sont formées seulement par des couches superposées d’une matière 
comparable, d’après ses caractères extérieurs: aux couches de l’épiderme 
ou.de l'épithélium. 

» On voit sur ces parties des cellules hexagones, contenant des globules 
parfaitement semblables à ceux que nous avons trouvés dans le chorion. Ces 
cellules'sont exactement placées les unes à côté des’autres etse correspon- 
dent par leurs angles, ce qui leur donne une régularité fort remarquable. 

» 4. L’amnios offre exactement la même structure que celle que nous 
venons de décrire dans le chorion: On ne saurait l'en distinguer à l'aide 
du microscope. La quantité des couches superposées constitue la diffé- 
rence visible à l'œil nu dans les deux membranes. Ea liqueur renfermée 
dans l’amnios contient des particules irrégulièeres:et des cristaux. 

» La structure presque uniforme des membranes de l'œuf offre un rap- 
prochement assez curieux avec les couches de l’épiderme de la peau‘ou 
de  l’épithélium,des membranes muqueuses de beaucoup. d'animaux. 
M. Valentin a décrit les cellules hexagones de l’épiderme des, Batraciens ; qui 
se détachent sans cesse sous forme de mucus. L'un de nous, M. Gluge (x), 
a examiné l’épiderme des oiseaux, etle mucus qui se.sépare de la: sur- 
face du corps des Sangsues et, de celui des. Batraciens. L’épiderme des 
oiseaux offre les cellules hexagones, contenant à leur centre un globule 
d’une surface unie; la même structure appartient à l’épiderme de la Ba- 
leine, où les couches constituant les cellules sont fort nombreuses. L’épi- 
derme des Sangsues au contraire n’a pas de cellules, mais il est formé 
d'une matière homogène parsemée de globules, qui ressemblent à ceux 
qu'on trouve dans les membranes de l’œuf. Ils offrent en grande partie 
une surface unie et contiennent de petits grains dans leur intérieur: Nous 
croyons signaler ‘un fait assez curieux dans cette réssemblance ‘entre les 
membranes de l’œuf, l'épiderme et l'épithélium. Tous ces tissus sont fort 
simples, sans organisation proprement dite bien distincte, et semblent résul- 
ter d’une dessiccation régulière d’un liquide sécrété; chez tous il existe une 
destruction et! une reproduction continuelles; 


(1) Bulletin de la Société de Bruxelles, décembre 1837. 


(8r) 

» Nous avons encoré porté notre'attention sur quelques autres points de 
structure microscopique qui ont rapport à notre sujet: 

» Ainsi nous avons examiné de nouveau les villosités du chorion de l'œuf 
humain, qui ont été déjà décrites par l’un de nous (1),et en général nous 
croyons pouvoir affirmer l'exactitude de tout ce qui est consigné dans le 
travail que nous citons. On ne saurait donner une meilleure idée de ces 
villosités de l'œuf du chorion humain, qu’en les comparant à des villosités 
intestinales qui, au lieu d’être simples, seraient rameuses. 

» Toute la différence entre les villosités de l'intestin, et l'espèce de che- 
velu rameux ou arboriforme de la surface du chorion de l'œuf humain, 
ne consiste que dans cette circonstance d’une tige simple chez les pre- 
mières, et d’une tige avec des embranchements chez les dernières. Quant 
à la structure des unes et des autres, il nous a été impossible:de la décou- 
vrir, Car elle est aussi simple que celle du chorion lui-même ou de l’épi- 
thélium intestinal, et les fonctions deces deux ordres d'organes doivent 
avoir la plus grande analogie, celle d’absorber des liquides destinés à la 


9 Las; 1 


nutrition. 

» Dans l'utérus de la vache noüs ‘avons trouvé untissu recouvrant la 
couche musculaire, et qui n’a pas,encore été décrit comme appartenant à 
cet organe : c’est le tissu élastique qui présentait des fibres cylindriques 
formant des ramifications dont l’arrangement produit un réseau. Par cette 
disposition, unique jusqu'ici parmi les tissus connus, ces fibres consti- 
tuent un organe à la fois résistant et élastique, qui sous ce rapport peut 
être comparé, d’après les fibres dont nous parlons, aux ligaments jaunes 
des vertèbres, aux ligaments cervicaux des grands ruminants, et au tissu 
jaune des bronches. La seule différence que nous ayons trouvée dans le 
tissu élastique de l’utérus, est que le diamètre de ses fibres est moindre 
que celui des autres tissus élastiques. La découverte de ce tissu dans l'u- 
térus-nous paraît être/de quelque importance pour expliquer la force et 
la résistance de cet organe, son élasticité ou sa contractilité si manifestes, 
bien que les paroïs de l'utérus de la vache n'aient pas une épaisseur assez 
grande-pour qu’on puisse les comparer à celles de l'utérus de la femme. 
Lobstein avait rapproché le tissu.de l'utérus du tissu fibreux jaune, mais 
il w’avait pas anatomiquement reconnu l'existence de ce tissu jaune élas- 
tique. Cependant les fibres réputées musculaires n’en existent pas moins, 
et leur. présence,a. été également constatée par nous dans l'utérus de là 
are Mr M, Er cr ir gr fr mins nan ne 
(@) M. Breschet et M, Raspail, Voyez le Répertoire d’analomie ; etc. 


11. 


( 82) 
vache. Elles sont cylindriques, et offrent un diamètre presque double de 
celui du tissu cellulaire. Ces fibres sont étroitement placées les unes auprès 
des autres, et forment des faisceaux si bien unis entre eux qu'il. est très 


difficile de les isoler. 
» Dans un autre mémoire, nous parlerons de la structure de l’allantoïde , 


de la vésicule ombilicale et du placenta. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


Fig. 1. Chorion du chien. 
a. Fibres ou vaisseaux dispersés irrégulièrement dans la masse. 
5. Masse amorphe du chorion. 
c. Globules contenus dans la masse { grossissement de 225 diam.). 
Fig. 2. Idem, Structure des globules, 
a. Comme dans la figure précédente. 
b. Globules à surface unie. 
c. Globules avec de petits grains à l’intérieur. 
Fig. 3. Membrane du cordon ombilical. 
Fig. 4. Tissu cellulaire du même cordon. 
Fig. 5. Cellules qui forment les granulations sur le cordon ombilical du veau. 
Fig... 6. Idem. On voit les fibres cellulaires en-dessous. 
Fig. 9. Tissu élastique ou jaune de l’utérus de la vache. 
Fig. 8. Fibres musculaires de l’utérus du même animal. 
Fig. 9. Le même tissu isolé. 
Fig: 10. Villosités du chorion de l’œuf humain. 
Fig. 11. Cristaux de la liqueur de lamnios ( liquor amnii). 


OSTÉOGÉNIE. — Des centres d'ossification , et de leur position par rapport à 
celle des artères nutricières des os. 


(Extrait par l’auteur.) 


« M. Larrey, en réponse aux observations relatives à l’ostéogénie, de 
son honorable confrère M. Serres, insérées dans le dernier Compte rendu , 
a communiqué à l’Académie quelques réflexions, qui font suite à son 
Mémoire sur le mode de cicatrisation des plaies du crâne, et dans les- 
quelles il développe sa pensée sur la manière dont la nature procède à 
l’ossification primitive des os. Selon M. Larrey, et cette idée est conforme 
à celle de M. Serres, l’ossification marche des points où les artères nu- 
tricieres pénètrent dans le canevas membraneux destiné à la formation 
des os, pour se répandre successivement, par rayons divergents, de ces 
troncs artériels vers les branches, rameaux et ramuscules, qui y prennent 
naissance, en sorte que ce point ayant commencé dans les masses laté- 


(83) 
rales de la tête et du rachis, le travail d’ossification doit marcher de ces 
centres latéraux vers la ligne médiane, où il se termine. 

» La cicatrisation des ouvertures du crâne se fait dans le sens de la 
marche de ces vaisseaux, qui partent des bords de ces ouvertures en 
s’allongeant et en se développant vers le centre de ces espaces, jusqu’à 
ce qu'ils soient en contact immédiat, pour s’anastomoser et opérer une 
adhésion mutuelle, ce qui termine la cicatrice de ces plaies. » 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Vote sur la phosphorescence de la mer dans les 
environs de Montpellier; par M. Dowar. 


« On a observé la phosphorescence de la mer sous presque tous les 
méridiens et à un grand nombre de latitudes. On l’a notamment indi- 
quée dans le bassin méditerranéen , près des côtes de Murcie, dans les 
lagunes de Venise, aux environs de Naples, etc. Il est étonnant qu’elle 
n’ait pas été signalée sur les côtes méditerranéennes de la France, où elle 
est presque habituelle. 


» Les pêcheurs languedociéns nomment ardent , en patois languedocien 
ardenn, ce phénomène remarquable. À toutes les époques de l’année, 
mais certains jours seulement, pendant l'obscurité de la nuit, la mer, les 
lagunes et les canaux qui communiquent avec elle, paraissent être en feu. 
Quand on considère de près ces eaux flamboyantes, on y voit une multi- 
tude de petits corps lumineux très brillants qui se meuvent dans l'eau 
avec assez de vitesse : on les voit monter, descendre, aller à droite et à 
gauche, à la manière des animalcules infusoires qu’on observe dans une 
goutte d'eau vue au microscope; les pêcheurs les comparent à des pail- 
lettes métalliques. Ces corps brillants sont quelquefois en si grande quan- 
tité et si lumineux, qu'ils éclairent l’eau à plusieurs brasses de profon- 
deur. Quand ce phénomène se manifeste avec énergie, il arrive souvent 
que la pêche ne peut avoir lieu, parce que les poissons évitent les filets 
qui sont alors brillants de clarté. La pêche ax globe se fait avec un grand 
filet carré qu'on tend en travers d’un canal, et qu'on soulève par ses 
angles au moyen de tours fixés sur les rives. Le filet étant ainsi soulevé, 
il est suspendu au-dessus du canal en forme d’hémisphère creux. S'il y a 
beaucoup d’ardent, les gouttelettes d’eau qui abandonnent le filet pour 
retomber dans le canal, sont comme des lames de feu; le filet lui-même 
paraît quelquefois tout en feu. 

» Certains jours il y a de l’ardent dans les eaux, sans qu’elles soient lu- 


(84) 

mineuses à leur surface. Dans ce cas, quand l’aviron des barques ou tout 
autre corps frappe l’onde, la petite nappe d’eau :qui est déplacée paraît 
à l'instant lumineuse. Les jours où l’ardent se montre, on trouve dans 
les lagunes des espaces qui me sont jamais lumineux; ces espaces man- 
quent de poisson, et les pêcheurs disent qu’ils sont froids, quoiqu'il 
n'en apprécient jamais la température. Dans le même temps, d’autres 
portions des lagunes sont très lumineuses, et comme on trouve dans ces 
dernières beaucoup de poisson, les pêcheurs disent qu’elles sont chaudes, 
mais seulement parce qu’elles sont. poissonneuses et lumineuses ; car 
d’ailleurs ils ne se sont jamais enquis de leur température; ils ne cher- 
chent pas même à l’apprécier grossièrement par la sensation que l’eau 
peut produire sur leurs mains. 

» Les eaux dont nous parlons ne sont lumineuses que pendant les 
nuits obscures; mais toutes les nuits obscures ne présentent pas ce phé- 
nomène, à beaucoup près. Dans quelles circonstances se manifeste-t-il 
principalement ? C’est ce que personne n’a pu me dire encore. Tous les 
pécheurs de la côte s'accordent sur ce point, qu'il a lieu à toutes les 
époques de l’année, mais plus fréquemment en été qu'en hiver. Je me 
propose d'étudier avec suite ce phénomène, pour tàcher de découvrir les 
causes qui le produisent, et les circonstances dans:lesquelles il se fait ob- 
server. Si Je réussis à apprécier nettement ces causes .et ces circonstances, 


j'en ferai le sujet d’un petit mémoire , que j'aurai l'honneur de soumettre 
à l'Académie, » 


rALÉONTOLOGIE. — Notice sur la Nérinée gigantesque, Nerinea gigantea 
testa turrita elongato-cylindracea subplicata, anfractibus ad suturam 
convexis, in medio profunde canaliculatis; par M. »'Homeres-Firmas. 


« La coquille fossile dont il est question, est une. Vérinée, genre de la 
famille des Cérithes, signalé depuis quelques années par. M. de France. 
Nous l'avons nommée gigantesque à cause de sa taille; la plupart des Né- 
rinées connues étant généralement assez petites. 

» Elle fut trouvée il y a plusieurs années sur le penchant occidental de 
la montagne de Bouquet, à peu près au quart de sa hauteur au-dessus du 
village de Brouzet, qui est à seize kilomètres à l’est d’Alais. 

» Elle était isolée avec d’autres pierres, au milieu des souches: dé: buis: s 
sa couleur grisätre, et quelques lichens encroûtés à sa surface; témoi- 
gnent qu'elle était depuis long-temps détachée de la roche dont elle avait 


(8) 
fait partie. Sa forme arrondie pourrait faire supposer qu’elle avait roulé de 
plus haut, mais il m'a été impossible de reconnaitre le banc dans lequel 
elle était pétrifiée. Peu importe du reste sa position ou sa hauteur, puisque 
la montagne entière est de la même formation, et qu’elle appartient 
comme les collines de toute cette chaine aux terrains crétacés inférieurs. 

» On peut suppléer à ce qui manque à cette coquille, se figurer le 
nombre de ses spires et leur décroissement jusqu’à sa pointe, et en ajou- 
tant de l’autre côté un demi-tour seulement, formant son ouverture, elle 
aurait environ quarante-cinq centimètres de long. 

» En voyant cette Nérinée extérieurement, on ne reconnait pas son test, 
il semble, comme dans tant d’autres fossiles, que c’est un noyau ou moule 
de l'intérieur; mais je l’ai fait scier et polir, et l'on distingue parfaite- 
ment dans la coupe sa columelle qui est très plissée, ainsi que la face 
interne des spires; les cloisons et toute la coquille d’une pâte calcaire plus 
blanche , plus fine, plus compacte que celle dela terre qui la remplit, qui 
est'également calcaire. 

» Les spires sont bifides , ou partagées extérieurement en deux portions 
égales par une large cannelure qui forme une arète aiguë dans leur inté- 
rieur ; une rainure sépare les tours de spire dans l’endroit le plus saillant 
de la coquille et correspond à leurs sutures. 

» Les naturalistes qui ont examiné ma Nérinée, ceux à quij'en ai parlé, 
l'ont considérée comme une nouvelle espèce, et me pressaient de la faire 
connaître; j'ai différé, dans l'espoir d’en rencontrer un échantillon plus 
complet ou mieux caractérisé. J'aurais voulu voir l'ouverture et l’opercule 
de cette coquille, ce canal étroit , tronqué et sans échancrure qui la dis- 
tingue des vis. J'ai été souvent sur la montagne de Bouquet, et j'ai exploré 
les environs dans cette vue ; quelques amateurs désireux d’avoir cette Né- 
rinée, m'ont accompagné et y sont retournés plusieurs fois : toutes nos 
recherches ont été vaines jusqu’à ce jour, aucun de nous n’en a trouvé la 
moindre trace : en attendant, j'ai fait mouler l'échantillon que je possède, 
et, faute de mieux, je puis en-offrir la copie en plâtre aux curieux. » 


ÉCONOMIE RURALE. — Second mémoire sur Le mürier des Philippines ; par 
M. D’Homeres-Firmas. 


( 86 ) 


NOMINATIONS. 


L’Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un mem- 
bre correspondant pour la section d’Astronomie. 

Le nombre des votants est de 44. 

Au premier tour de scrutin, M. Littrow obtient 43 suffrages; il y a 
un billet blanc. 

M. Lirrrow est, en conséquence, proclamé membre correspondant de 
l’Académie pour la section d’Astronomie. 


RAPPORTS. 


ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur divers travaux entrepris au sujet de la 
maladie des vers à soie, connue vulgairement sous le nom de mus- 
cardine. 


( Commissaires, MM. Duméril, Silvestre, Dumas , Adolphe Brongniart, 
Bory de Saint-Vincent, Dutrochet, rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés de lui faire un rapport sur plusieurs tra- 
vaux soit imprimés, soit manuscrits qui lui ont été présentés et qui ont 
pour objet la maladie des vers à soie, connue vulgairement en France 
sous le nom de muscardine. Ces travaux sont : 

» 1°. Un ouvrage imprimé de M. Bassi, docteur en droit et avocat à 
Lodi, intitulé : Del mal del segno , calcinaccio o moscardino ; ouvrage qui 
a été traduit par extrait en français par M. le comte Barbo; 

» 2°, Un ouvrage imprimé de M. Lomeni, intitulé : L’innocuita e l'ef- 
Jicacia de’ lescivi medicinali di potassa, di potassa e calce , del cloruro di 
soda e dell acido nitrico , propositi dal signor Bassi, per la cura del mal 
del segno o calcino de’ bachi da seta , richiamate ad esame per via delle 
esperienze e dei fatti ; 

» 3. Deux mémoires manuscrits de M. Audouin ; le premier intitulé : 
Recherches anatomiques et physiologiques sur la maladie contagieuse qui 
attaque les vers à soie et qu'on désigne sous le nom de muscardine. Le 
second intitulé : Nouvelles expériences sur la nature de la maladie conta- 
gieuse qui attaque les vers à soie et qu'on désigne sous le nom de mus- 
cardine ; 


(87) 

» 4°. Un mémoire manuscrit de M. Montagne intitulé: Expériences et 
observations sur le champignon entomoctone, ou histoire botanique de la 
muscardine: Z 

» Nous allons avoir l'honneur de vous rendre compte de ces diverstra- 
vaux. Les deux premiers étant imprimés, nous ne présenterons à l’Aca- 
démie nos conclusions que sur les trois derniers, auxquels d’ailleurs l’ana- 
lyse des ouvrages de MM. Bassi et Lomeni doit servir nécessairement de 
préambule. 


$ I. Recherches antérieures à celles du docteur Basst. 


« Une maladie désastreuse et connue de tout temps pour être conta- 
gieuse, ravage souvent les établissements où l’on élève les, vers à soie, et 
fait périr une multitudé de ces insectes. Cette: maladie est désignée, en 
Italie, sous les noms de mal del segno, de calcino, de calcinetto, de 
calcinaccio , parce que le corps du ver à soie, après,sa mort, devient 
couvert d'une substance blanche semblable à de la chaux; en France, 
cette maladie est appelée muscardine , parce que le corps mort du ver à 
soie devient semblable à une sorte de pastille saupoudrée de, sucre, en 
usage en Provence, et qui porte ce même nom. 

» Le ver à soie attaqué de cette maladie, en manifesté peu la présence 
par des signes extérieurs; il continue de manger, et.ce n’est qu’à l’ap: 
proche de la mort qu'il cesse de prendre de la nourriture ; souvent, 
quoique infecté de la maladie, il file son cocon et se transforme en nym- 
phe ; il meurt alors sous cette dernière forme : quelquefois même, la 
mort n'arrive qu'après la transformation de la nymphe en papillon. Quelle 
que soit l’époque de la vie de l'insecte à laquelle arrive la mort causée 
par la muscardine, ce n’est qu’alors que se manifestent à l'extérieur les 
signes de l'existence de la cause morbifique à laquelle la mort est due. 
Le corps privé de vie ne tarde pas à se couvrir d’une efflorescence 
blanche , comme pulvérulente; et, ce qu'il y a de remarquable, la pu- 
tréfaction n’a point lieu : le corps se dessèche et se momifie. 

» Quelle’est la nature de la maladie désignée sous le nom de muscardine ? 
quels sont les moyens de la prévenir? Ces questions ont été soulevées à 
diverses reprises. On sent combien leur solution intéresse à la fois les édu- 
cateurs des vers à soie et les gouvernements intéressés à maintenir floris- 
sante une aussi précieuse branche de l’industrie agricole. En 1806 ; : le 
gouvernement français chargea M. Nysten de se rendre dans les départe- 


ments méridionaux, pour ÿ étudier la muscardine. Ce médecin a publié, 


C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 4.) Le 


(88) 


en 1808, un travail assez étendu sur cette maladie, dont il a vainement 
recherché la nature, tout en constatant qu’elle était véritablement con- 
tagieuse. Il a fait de nombreuses expériences, dans la vue de trouver des 
moyens curatifs ou préservatifs de cette maladie; mais ses tentatives à 
cet égard sont demeurées sans résultats positifs. Cependant son travail a 
été utile, en ce qu'il a prouvé l’inutilité des divers moyens préservatifs 
qui étaient préconisés, et entre autres des fumigations acides et am- 
moniacales. Il est arrivé à ce seul résultat, que les soins de propreté et 
le renouvellement suffisant de l'air, étaient les seuls moyens efficaces 
pour éloigner le fléau contre lequel tous les moyens chimiques étaient 
insuffisants. 

» Après les recherches de Nysten vinrent, entre autres, celles de Paro- 
letti en 1810, et celle de Foscarini en 1819. Paroletti combattit l'opinion, 
déjà commune, que l’efflorescence blanche qui se manifeste à la surface 
du ver à soie muscardiné, était une moisissure; 1l crut que cette efflo- 
rescence était du phosphate de chaux : du reste, il n’apprit rien sur les 
moyens de prévenir cette maladie. Foscarini, dans les publications qu'il 
fit dans la Gazette de Milan, en 1819, dans le Raccogliatore italiano 
e straniero, et dans la Bibliothèque Italienne, en 1820 et 1821, fit voir 
que la maladie dont il est question, se communiquait aux vers à soie par 
le contact et par l’inoculation de l’efflorescence muscardinique. Plus 
tard, MM. Confligliacchi et Brugnatelli, professeurs à l’Université de 
Pavie, annoncèrent dans leur Journal de Physique, que l’efflorescence 
muscardinique était véritablement une moisissure. Cette assertion a été 
confirmée plus tard par M. Bonafous, qui en outre fut amené, par ses 
recherches, à ce résultat, qu'une ventilation bien dirigée était préférable 
aux moyens que la Chimie offre aux éducateurs de vers à soie, pour 
assainir l'air des magnaneries. 


$ II. Recherches de MM. Basst et Bazsamo. 


» Ainsi que nous venons de le dire, on savait déjà, avant les recherches 
du docteur Bassi, que l’efflorescence blanche qui se manifeste à la surface 
du corps du ver à soie mort dela muscardine, est une moisissure, et l’on 
savait aussi que le contact et l’inoculation de cette efflorescence commu- 
niquaient la muscardine. Mais il devait paraître probable que cette plante 
cryptogame était née sur le corps mort du ver à soie, comme on voit naïi- 
tre des moisissures sur presque toutes les substances organiques humides 
qui ont cessé d’être animées par la vie, ou de faire partie de l'organisme 


( 89 ) 

vivant. M. Bassi reproduisit ces faits connus , et de plus, il admit que la 
moisissure dont il était question, était la cause matérielle de Ja maladie, 
que ses semences s’introduisaient dans l'intérieur de l'animal vivant , et y 
éprouvaient un commencement de développement, et que c'était à l’exis- 
tence de ce végétal parasite dans l’intérieur du ver à soie, qu'était due la 
maladie appelée muscardine. Ce n’était qu'après la mort de l'insecte que 
la plante cryptogame, cachée dans son intérieur, perçait la peau, et se ma- 
nifestant au dehors, produisait ses organes de fructification. Voyons 
quelles sont les preuves que le docteur PBassi apporte à l'appui de cette 
assertion. 

» Cet observateur a constaté, par des expériences nombreuses que l’ef- 
florescence blanche dont se couvre le ver muscardiné après sa mort, étant 
déposée sur la surface de vers sains, leur communique la muscardine. 
Cette efflorescence étant formée par les tiges de la mucédinée chargées de 
semences ou de sporules, il semble que l'on est en droit d’en conclure que, 
dans les expériences dont il s’agit, on a fait un véritable semis, et que les 
sporules ayant germé, la plante parasite s’est introduite dans le corps de 
linsecte dont elle occasionne la maladie, attendant pour se montrer à 
l'extérieur que l’insecte soit mort. Le docteur Caldarini a fait, avec raison, 
l’objection suivante à cette théorie. Le principe contagieux de la muscar- 
dine et l’efflorescence qui se manifeste sur le corps mort du ver à soie 
peuvent être associés ou mélangés sur le corps mort du ver à soie, en sorte 
qu’en croyant n’appliquer sur les vers sains que les seules semences de la 
mucédinée, on leur appliquerait, en outre, le principe contagieux de la 
maladie muscardinique. 

» Les moisissures, avant de se manifester au dehors, existent à l’état de 
thallus dans l'intérieur des substances organiques humides sur lesquelles 
elles développent plus tard leur partie aérienne. Ce fait a été démontré par 
votre rapporteur et a été publié en 1834, c’est-à-dire un an seulement avant 
la publication de l’ouvrage du docteur Bassi, qui, étranger aux sciences na- 
turelles, n’a certainement point connu ce travail. 

» Le développement du hallus dans l'intérieur de la substance organi- 
que humide qui lui sert de territoire, précède nécessairement l'apparition 
de la moisissure aérienne. 

» La question relative à la muscardine se réduit donc à savoir si le thal- 
lus, prédécesseur nécessaire de la végétation mucédinée aérienne, existe 
chez le ver à soie vivant, et devient la cause de sa mort, ou bien si ce thal- 
lus ne se développe dans le corps de l’insecte qu'après sa mort, et cela en 

12. 


(90) 

vertu de certaines circonstances favorables à son apparition et à son déve- 
loppement. Votre rapporteur, dans le travail précité, a fait voir que dans 
dé l'eau albumineuse, chez laquelle il ne se développe jamais spontané- 
ment des thallus dé mucédinées, ces thallus apparaissent promptement 
lorsqu'on ajoute à ces liquides une très petite quantité d'un acide quel- 
conque. L'eau distillée elle-même, dans laquelle il n'apparait jamais de 
thallus de mucédinées, ne tarde pas à en montrer lorsqu'on lui ajoute seu- 
lement un millième de son poids d’un acide végétal, tel que l'acide tar- 
tique, oxalique ou citrique. Or, le docteur Bassi a vu, de même que 
d’autres observateurs antérieurs, que les liquides organiques des vers à 
soie attaqués de la muscardine donnent des signes très évidents d’acidité. 
La pointe d’une aiguille enfoncée dans un ver muscardiné s’y rouille, dit- 
il, en peu de minutes. Or, ne pourrait-on pas penser que lorsqu'on ino- 
cule à un ver sain le liquide intérieur d’un ver malade de la muscardine , 
et qu'on lui communique de cette manière la maladie, ainsi que la fait 
le docteur Bassi; ne pourrait-on pas penser, disons-nous, que l’on inocule- 
rait-à l'animal sain, non des germes de moisissure qui existeraient dans le 
liquide inoculé, mais bien un acide dont la présence servirait en quelque 
sorte de ferment aux liquides organiques de l’animal inoculé, les ferait de- 
venir acides, et par cela même aptes à développer des thallus de moisis- 
sure sans aucun semis préalable apparent, ainsi que cela arrive à l’eau 
distillée à laquelle on ajoute une quantité très petite d’acide, et à laquelle 
on semble iroculer, pour ainsi dire, en même temps , des mucédinées ? 

» On voit par-là combien sont peu concluantes les expériences par les- 
quelles le docteur Bassi a communiqué la muscardine à des vers à soie 
sains, en leur inoculant ce liquide acide intérieur des vers muscardinés, 
ou en baignant leur surface ou celle des chrysalides avec ces mêmes 
liquides. Nous ne voyons point en outre ce qui a prouvé au docteur Bassi , 
que la mucédinée parasite se développe dans le corps de l'animal vivant, 
et non dans son corps seulement après sa mort; et que l’on note bien 
que c'est là toute la question. Nous ne voyons nulle part dans l'ouvrage 
du docteur Bassi, qu'il ait cherché en disséquant des vers muscardinés 
vivants et en se servant du microscope pour observer leurs organes in- 
térieurs, qu'il ait cherché, disons-nous , à découvrir la plante parasite in- 
térieure dont il admet l'existence sur de simples inductions rationnelles 
qui peuvent être trompeuses, et qui, par conséquent, ne peuvent établir 
un fait de cette importance, d’une manière irréfragable. Il se borne, par 
exemple, à faire voir que les vers morts de la muscardine possèdent la 


( 91 ) 


propriété de communiquer cette maladie au ‘moyen de l'inoculation de 
toutes leurs parties, même des plus centrales ; il a observé que ces parties 
centrales se-couvrent de moisissure muscardinique comme la surface ex- 
térieure. Ces faits, comme on le voit facilement, ne prouvent en aucune 
manière, que l'insecte ait été envahi de son vivant par la mucédinée 
muüscardinique que M. Bassi n’a observée qu'après la mort. Cet observa- 
teur n’a point fait usage du microscope dans ses recherches ; il se contente 
d'en ‘conseiller l'emploi. Il invite notamment M. Amici à observer avec 
son puissant microscope la planté qui produit la muscardine ; qui sait, 
dit-il, si en observant avec ce microscope la plante dont il s'agit dans son 
intégrité, on ne découvrira pas en-elle la faculté locomotive , et s'il ne se 
présentera pas à l'œil, au lieu d'une plante, un animal? Cela \au moins 
n'est pas impossible; d'autres productions de la nature'que l'on croy ait 
végétales ont été reconnues ensuite pour de vrais animaux. On voit par ce 
passage, traduit d’une note qui se trouve à la page 51 de l'ouvrage de 
M. Bassi, qu'il n’ayait aucune idée’ nette touchant la nature de l'être or- 
ganique vivant, plante où animal, dont il admettait l'existence dans le 
Ver à soie malade dela muscardine. Tlne l'avait point vu, et, nous le ré- 
pétons, il n’admettait son existence que sur des inductions rationnelles ; 
aussi dans ‘un autre endroit (page 4r), en parlant à ceux des lecteurs qui, 
dit-il, pourraient répondre à sa doctrine avec un sourire; il ajoute, qu'a 
près tant d'observations et d'expériences entreprises par lui sur la cause 
efficiente de la muscardine, il croirait véritablement renoncer à la raison 
s'il n'était pas d'avis que cette maladie contagieuse est produite et répandue 
par un être doué d'organisation et de’ vie. Celui qui possede des preuves 
matérielles et irrécusables d’un fait qu'il annonce ne tient point un sem- 
blable langage, il ne fait point! appel à/la raison mais bien au témoi- 
gnage des yeux. Autreste, M. Bassi a vuque la muscardine pouvait se 
transmettre à beaucoup, de chenilles’ et! notamment à celles’ du: Phalena 
dispar. W a fait même une observation assez curieuse à cet égard : d’une 
chenilie de Phalena dispar, à laquelle il avait inoculé la muscardine, il 
sortit sept larves d'ichneumon, desquellesitrois mourarent dela muscar- 
dine; les quatre:autres se métamorphosèrent: 

» Telle est en substance l'analyse des faits contenus dans la première 
partie de l'ouvrage de M. Bassi, intitulée Theoria ; nous l'avons donnée 
d'après le texte italien, et non d'après la traduction abrégée et souvent 
inexacte qu’en à faite M. le comte Barbo. Quant à la seconde pantie 
de cet. ouvrage , intitulée Pratica , nous n'avons pu er prendre connais- 


(92) 

sance que par la traduction précitée, n'ayant pu nous procurer le texte 
original. Dans l'introduction de cette seconde partie, introduction due à 
M. Barbo, se trouve l'exposition abrégée des recherches auxquelles s’est 
hvré M. Balsamo, professeur d'Histoire naturelle au lycée de Milan, à l'oc- 
casion du travail de M. Bassi. Ce sont des recherches sur la moisissure 
muscardinique : ces travaux de M. Balsamo ont été publiés d'abord par la 
Gazette de Milan, du 17 juin 1835, et ensuite, dans la même année, par 
le recueil intitulé Biblioteca italiana (tomo LXXIX). Nous n’avons pu nous 
procurer la Gazette de Milan, mais nous avons heureusement pu consul- 
ter les deux notes insérées par M. Balsamo dans la bibliothèque italienne ; 
car l'extrait abrégé au’en a donné M. le comte Barbo dans son intro- 
duction précitée, eût été insuffisant pour nous éclairer à cet égard. 

» M. Balsamo a constaté, par l'observation microscopique que l’efflo- 
rescence qui se manifeste à la surface des vers à soie morts de la muscar- 
dine, est véritablement une mucédinée à laquelle il a donné d’abord le 
nom de Botrytis paradoxa, et ensuite celui de Botrytis Bassiana, en 
l'honneur de M. Bassi. Il donne à cette mucédinée les caractères suivants : 
floccis densis, albis, erectis, ramosis, ramis sporidiferis , sporulis su- 
bovatis. 

» M. Balsamo n’a observé le développement de cette mucédinée que sur 
des vers à soie morts de la muscardine; il n’a jamais dirigé ses investiga- 
tions sur des vers vivants et attaqués de cette maladie. Il a vu que leur 
coloration après leur mort avait son siége, non dans la peau qui était 
dans le même état que celle des vers sains, mais dans un pigmentum sous- 
cutané qui vu au microscope offre une quantité immense de granules 
semblables aux sporules de la moisissure, et parmi lesquels se décou- 
vraient des fragments de fils plus gros que les filaments du Botrytis; il 
lui parut probable que ces filaments étaient des fibres animales. 

» Chez des vers à soie et chez leurs chrysalides, il vit que le pigmentum, 
dont il vient d'être question, avait envahi souvent tous les organes, au 
point de les faire presque disparaître. Les fragments isolés de ce pigmen- 
tum se couvrirent toujours sous ses yeux du Botrytis Bassiana. Enfin il 
a vu des globules isolés pris dans le pigmentum, émettre des filaments 
qui lui ont paru être la même mucédinée. Dans sa seconde note , M. Bal- 
samo reconnait que la substance altérée morbifiquement, à laquelle il a 
donné le nom de pigmentum dans le ver à soie mort de la muscardine, 
correspond, dans le ver sain , aux deux masses de tissu adipeux auxquelles 
Lyonnet a donné le nom de corps gras. « Il me parait actuellement, dit-il, 


( 95 ) 

ÿ que Je tissu adipeux du ver à soie est celui qui se trouve morbifique- 
» ment affecté dans la maladie muscardinique, puisqu'elle en change la 
» structure et la consistance, et: en accroït la, quantité au point qu’elle 
» semble restreindre les organes encore existants. La détermination de 
» l’organe spécialement affecté dans la muscardine, ne nous fait toutefois 
» point connaître la cause qui produit cette maladie... L'état morbide 
» du tissu adipeux peut dériver, où de la semence de la muscardine qui, 
» introduite dans le corps de l'animal, produit dans le tissu une altéra- 
» tion spéciale, laquelle prédispose les organes du ver à soie après sa mort 
» au développement du Botrytis Bassiana ; ou bien, si l’on ne veut 
» pas admettre ce mode de développement de la maladie contagieuse, on 
» peut croire qu'une maladie donnée devient contagieuse (ainsi que cela 
» arrive à d’autres animaux), d’après certaines circonstances particulières, 
» et, par-là, devient susceptible de se propager et de se répandre chez 
» d’autres individus. » 

» On voit par cet exposé des recherches de M. Balsamo sur la muscar- 
dine, que cet observateur est demeuré incertain sur la nature de l’affec- 
tion morbide dont les corps adipeux du ver à soie sont attaqués lors de 
l'invasion de la contagion muscardinique. 1l a aperçu des filaments mélés 
aux globules dont se composent ces corps adipeux, mais il les a pris pour 
des fibres animales; au lieu de reconnaitre là l'existence du thallus caché 
que possèdent toutes les mucédinées et dont les filaments se développent 
ensevelis dans la substance organique qui leur sert de terrain, et qui en- 
suite donnent naissance à la partie aérienne de la mucédinée. M. Balsamo 
ne reconnaît donc point que l'affection muscardinique provient du déve- 
loppement de la mucédinée dans l’intérieur des organes du ver à soie, il 
penche seulement à admettre, mais sans l’affirmer, que les sporules du 
Botrytis Bassiana introduits dans le corps du ver à soie y ont produit 
une altération morbide qui les prédispose à la production de cette mu- 
cédinée. D'ailleurs M. Balsamo déclare lui-même qu'il n’a étudié que des 
vers à soie morts; il n’a point dirigé de recherches sur les vers à soie vi- 
vants et malades de la muscardine. Tout demeure donc jusque là in- 
certain sur la uature de la maladie et sur sa cause efficiente intérieure, 
bien qu'il soit prouvé que sa cause occasionnelle se trouve dans la 
contagion communiquée par le contact des vers muscardinés, par le 
simple contact de leur efflorescence ou par l’inoculation de leurs liquides 
intérieurs. 

» Nous nous sommes un peu étendus sur ce sujet parce qu'il était, im- 


(94) 

portant de démontrer que, malgré tout ce que l'on en a dit, MM. Bassi 
et Balsamo n’ont rien prouvé relativénent à la véritable nature de la mus- 
cardine. La découverte des vérités, comme l’a dit l'illustre Laplace, n’ap- 
partient qu'à celui qui parvient à les établir solidement par le calcul ou par 
l'observation. M. Bassi, s'appuyant sur des inductions rationnelles , a pres- 
senti que la mucédinée, considérée comme cause de la muscardine, se 
développait dans l'intérieur du corps du ver à soie vivant, et il n’a point 
craint d'affirmer que cela était ainsi. M: Balsamo est arrivé assez près de 
la découverte de ce fait, mais elle lui a échappé et il a cru devoir rester 
à cet égard dans un doute digne d’un esprit philosophique. Ni l'un ni 
l'autre n’ont découvert ce fait. 

» Nous arrivons à l'exposition des moyens proposés par M. Bassi pour 
prévenir la muscardine et pour guérir cette maladie. Les moyens préser- 
vatifs consistent à éloigner ou à détruire les germes de la contagion. 
Pour purifier les œufs, M. Bassi conseille de les laver avec un mélange 
d’eau et d'alcool à parties égales. Pour purifier les magnaneries et les 
claies on ustensiles qui ont servi à élever les vers à soie, M. Bassi con- 
seille de les laver à l’eau bouillante, où avec une solution d’une partie 
de potasse caustique dans huit parties d’eau. On blanchit les parois des 
magnaneries infectées avec la chaux vive à laquelle est ajoutée de la po- 
tasse caustique; on fait des lotions avec l'acide nitrique étendu d'eau. 
M. Bassi conseille encore de faire des famigations d’acide sulfureux. Si 
malgré ces précautions, la muscardine s’introduit dans li magnanerie, 
M. Bassi conseille de tremper les feuilles de mürier qui servent de nour- 
riture aux vers à soie dans de l’eau à laquelle, sur 32 parties, on a ajouté 
quatre parties de potasse et une de chaux. On peut, selon M. Bassi, rem- 
placer cette lotion par une solution de sel marin, ou par l'acide nitrique 
assez étendu d’eau pour ne marquer que deux degrés à l’aréomètre de 
Beaumé. Ces diverses solutions doivent aussi servir à laver le corps des 
vers à soie. De cette manière, M. Bassi prétend attaquer et détruire les 
germes de la muscardine à l'extérieur et à l’intérieur de ces insectes. En 
résumé, M. Bassi, pour prévenir la muscardine où pour la guérir, conseille 
l'emploi du chlore, de l'alcool, de la lessive de potasse caustique, des 
acides nitrique, sulfurique, muriatique; de lammoniaque, du mercure, 
de l’iode, de la quinine, du camphre; de l'électricité, de la grande cha- 
leur, de l'humidité, de la chaleur solaire, de l’eau bouillante, de la va- 
peur d’eau, des fumigations d’ammoniaque, de tabac, d'essence de téré- 
benthine , etc. 


(95 ) 

» On sent facilement tout ce qu'il y a de peu philosophique dans la 
proposition d'employer contre le germe muscardinique des agents aussi 
dissemblables dans leur mode d’action, que le sont ceux dont nous ve- 
nons de faire l'énumération. Déjà un observateur judicieux, M. Bonafous, 
a reconnu l'inutilité complète de l'emploi des moyens chimiques pour 
guérir la muscardine. Parmi les moyens chimiques, un seul peut-être au- 
rait de l’action si son emploi n'était dangereux pour les vers à soie, et 
même pour les hommes qui les soignent, c’est le mercure on plutôt ses 
diverses préparations. Depuis long-temps il a été prouvé, par M. Astier, 
que le mercure s’opposait complétement au développement des moisis- 
sures ; votre rapporteur a confirmé ce résultat par ses expériences. Il a vu 
que les acides et les alcalis à faibles doses favorisent le développement des 
moisissures bien loin d'y mettre obstacle; à fortes doses ils tueraient égale- 
ment l’insecte et la mucédinée muscardinique. Les agents chimiques ne 
peuvent donc être employés que pour détruire sur les tables, sur les 
claies, sur le pavé, etc., les germes de la mucédinée, Ces moyens, joints 
aux soins de propreté et d’éloignement de la contagion, sont véritable- 
ment les seuls dans lesquels on doive avoir confiance pour éloigner la 
muscardine : il faut renoncer à l'espoir de la guérir chez les vers à soie 
infectés. 

$ III. Recherches de M. Loweni. 


» Ainsi que l'annonce le titre de son ouvrage, M. Lomeni ne s’est 
proposé que de faire des recherches sur l'emploi des moyens proposés 
par M. Bassi, pour prévenir ou pour guérir la muscardine. Incidemment 
il jette un coup d’œil sur les découvertes que M. Bassi est censé avoir 
faites sur cette maladie , et il fait voir que ces prétendues découvertes sont 
loin d’être aussi positives qu’on l’a dit, puisqu'on savait avant M. Bassi 
que l’efflorescence muscardinique est une moisissure, et que son contact 
et son inoculation communiquent la muscardine. Quant à l'introduction 
des semences de la moisissure et à leur développement dans l’intérieur de 
l'animal vivant, M. Lomeni fait observer, comme nous l’avons fait plus 
haut, que M. Bassi n’a point du tout prouvé cette assertion, qui n’est 
point soutenue non plus par M. Balsamo. 

» Le principal objet du travail de M. Lomeni étant de faire des recher- 
ches sur l'emploi des solutions de potasse, de chaux, de chlorure de so- 
dium et d’acide nitrique, que recomma:de M. Bassi pour prévenir ou pour 
guérir la muscardine, c’est à ces recherches expérimentales que se trouve 

C. R. 1838, 1er S:mestre. (T. VI, N° 4.) 13 


( 96 ) 

consacré presque tout son ouvrage. Nous nous contenterons de dire ici 
que le résultat final de toutes ses expériences a été que les solutions de 
potasse seule, de potasse associée à la chaux, d'acide nitrique étendu jus- 
quà deux degrés de l'aréomètre de Baumé, que le chlorure de soude, pro- 
posés et affirmés comme très efficaces, par le docteur Bassi, pour la gué- 
rison et la destruction de la muscardine , n’ont pas la plus petite efficacité 
pour diminuer ou pour guérir cette maladie , soit par leur usage intérieur, 
soit par leur application extérieure , soit enfin par la réunion de ces deux 
modes d'emploi à la fois. Les expériences de M. Lomeni prouvent en outre 
que ces substances sont nuisibles à la santé des vers à soie sains: 


$ IV. Recherches de M. Bérar». 


» En raison de l'importance du sujet, nous croyons ne pas devoir pas- 
ser ici sous silence les recherches que M. Bérard, professeur à la Faculté 
de médecine de Montpellier, a faites sur les moyens de prévenir la mus- 
cardine. M. Bérard s’est, avec raison, borné à rechercher quels sont les 
moyens les plus efficaces pour prévenir la muscardine , en détruisant les 
germes contagieux. Les expériences qu'il a faites dans ce but ont offert 
des résultats qui paraissent concluants. Il a commencé par s'assurer que 
l'on pouvait communiquer la muscardine aux vers à soie, en infectant 
les œufs desquels ils doivent naître par le contact des vers morts de la 
muscardine. 

» M. Bérard, après avoir expérimenté qu’en agitant dans une caisse de 
bois destinée à élever des vers à soie, quelques-uns de ces insectes, morts 
et couverts de l’efflorescence muscardinique, cela ne manquait pas de 
communiquer la muscardine aux vers sains qu'on y élevait ensuite, a 
essayé de purifier ces caisses par des lotions de sulfate de cuivre et de 
sublimé corrosif, et par des fumigations sulfureuses. Des vers à soie ayant 
été élevés dans ces caisses, il n’y en eut pas un seul muscardiné sur 354, dans 
la caisse purifiée par les lotions de sulfate de cuivre; il mourut trois vers 
seulement sur 236, non de la muscardine proprement dite, mais de la 
jaunisse muscardinée , dans la caisse qui avait été purifiée par ses lotions 
de solution de sublimé corrosif; enfin, il n’y eut qu'un seul muscardiné 
sur 176, dans la caisse purifiée par les fumigations sulfureuses. M. Bé- 
rard conclut de ces expériences, que les lotions de solution de sulfate de 
cuivre offrent le plus efficace des moyens pour préserver les vers à soie 
de la muscardine. 


(97) 
$ V. Recherches de M. Auvours. 


» L'ouvrage de MABassi sur la muscardine ayant attiré l'attention des 
savants sur cet obj M. Audouin, professeur d'Entomologie au Mu- 
séum d'Histoire naturelle, et membre de la Société royale et centrale 
d'Agriculture, fut, en France, le premier qui s’empressa de faire des 
recherches sur ce sujet si intéressant, tant sous les points de vue de 
l'histoire naturelle et de la pathologie, que sous celui de l’éconoraie 
agricole. 

» M. Audouin ayant reçu de M. Bassi, par l'intermédiaire de M. le 
comte Barbo, une chrysalide de ver à soie, morte de la muscardine et 
couverte de la mucédinée blanche qui en est le caractère , eut occasion 
par-là de se livrer à de nombreuses recherches expérimentales sur la 
nature de cette maladie des vers à soie et sur sa propagation. Il s'agissait 
surtout de déterminer si le développement de la mucédinée muscardi- 
nique avait lieu effectivement dans le corps du ver à soie vivant, ainsi 
que l'avait affirmé, mais non démontré, M. Bassi; et ainsi que l'ont admis 
sans examen bien des hommes qui n’ont pas assez réfléchi sur les véri- 
tables fondements de la certitude. M. Audouin, reprenant ici les choses 
dès le principe, a voulu voir par lui-même : 1° Si la mucédinée prise sur 
le corps du ver à soie mort de la muscardine; étant inoculée à un in- 
dividu sain à l’état de larve, de chrysalide et de papillon, reproduisait la 
muscardine chez l’insecte sous ces trois états; 2° si le développement 
de la mucédinée avait lieu à l’état de thallus, dans le corps de l’insecte 
vivant. : 

» Au mois de juin, et par une température élevée , M. Audouin inocula à 
dix vers à soie le Botrytis Bassiana qui couvrait le corps de la chrysalide 
qui lui avait été remise par M. le comte Barbo. Six jours après l’mocu- 
lation les vers parurent malades et cessèrent de prendre de la nourriture; 
ils moururent tous le neuvième jour, à l'exception d’un seul qui échappa 
complétement à la contagion. Trois jours après leur mort, ces insectes 
commencerent à se couvrir de la mucédinée muscardinique qui s’accrut 
les jours suivants. M. Audouin a fait la même expérience et avec les 
mêmes résultats sur des chenilles du grand Paon, du Papillon machaon 
et du Ziparis dispar. Ces expériences sont la répétition de celles de 
M. Bassi. Ce dernier n’avait point tenté d’inoculer la muscardine à des 
chrysalides et à des papillons; M. Audouin l’a fait avec succès. Il Jui res- 
tait à aborder la question capitale qui jusque alors était restée sans solu- 


Da)ao 


(98) 

tion réelle, celle du développement de la mucédinée muscardinique dans 
l'intérieur du corps de vers à soie vivants. Au mois de juillet M. Audouin 
inocula à quatre chrysalides de vers à soie les sporules ou la matière efflo- 
rescente du cryptogame; deux jours après , une d&uces chrysalides étant 
disséquée, fit voir à M. Audouin , et avec le secours du microscope, que 
le thallus commençait à se développer, ayant ses filaments fixés sur les 
globules du corps adipeux. Une seconde chrysalide , observée le troi- 
sième jour, fit voir un développement encore plus considérable du thal- 
lus, qui envahissait de plus en plus le corps adipeux portant ses rayons 
ramifiés dans tous les sens. Ces rameaux du thallus étaient transparents, 
et l’on voyait que leur intérieur était rempli de granules. A côté de ces ra- 
meaux se trouvaient des globules isolés et vésiculeux, desquels com- 
mençaient à partir sur plusieurs points des rameaux semblables à ceux 
du thallus, en sorte qu'ils devenaient l’origine d'autant de thallus nou- 
veaux. Ces globules sont des corps reproducteurs produits par les filaments 
du thallus, premier résultat de l'inoculation. 

» On sait, en effet, que les thallus des mucédinées, comme celui des 
funginées , produisent des corps reproducteurs globuleux que l'on pour- 
rait peut-être considérer comme des sortes de tubercules. Ces globules re- 
producteurs sont considérés par M. Audouin comme pouvant, étant dis- 
séminés dans le liquide intérieur de l'insecte, porter dans toutes ses parties 
les germes du développement de nouveaux thallus. On savait, par les rer 
cherches de M. Balsamo , que c’est le corps adipeux qui est spécialement 
le siége de la maladie dans la muscardine ; M. Audouin a donc confirmé 
ce résultat; mais il a vu, de plus, que le tissu de ce corps adipeux est 
complétement envahi et absorbé par le développement du cryptogame 
parasite. 

» M. Audouin a répété ces expériences et avec les mêmes résultats sur 
des vers à soie à l’état de chenille et de papillon; ainsi il a établi par des 
observations positives ce fait, avant lui contestable, que la mucédinée 
muscardinique se développe sous son état primitif de thallus, dans le corps 
du ver à soie vivant, et que même elle s’y multiplie par le moyen de ses 
globules reproducteurs. Ce n’est qu'après la mort de l’insecte que ce 
thallus intérieur peut produire sa végétation aérienne et sporidifère. Cela 
a lieu surtout lorsque l'humidité de l'atmosphère permet à la peau de 
conserver assez de mollesse pour qu'elle puisse être perforée par cette 
végétation. 

» C’est en 1836 que M. Audouin a lu ce premier mémoire à l'Académie 


(99 ) 

des Sciences; en 1837 il lui en présenta un second sur le même sujet. 
M. Bassi avait affirmé que la muscardine ne se développait jamais sponta- 
nément , et, quoiqu'il eût reconnu que la chaleur jointe à l'humidité était 
une des circonstances qui favorisaient le plus le développement de cette 
maladie, il ne pensait pas qu’elle püût la produire sans contagion préalable ; 
il n'hésite donc point à déclarer qu'on ne réussirait jamais à faire naître la 
muscardine spontanément. M. Audouin a cru avec juste raison ne point 
devoir se laisser imposer par cette assertion émise avec autorité, et il l’a 
soumise à l'épreuve de l'expérience. IL a voulu en même temps savoir si 
cette maladie pouvait naître spontanément chez d’autres insectes que les 
vers à soie. M. Audouin commença par soumettre à l'expérience des larves 
dela Saperda Carcharias , espèce de capricorne qui se nourrit de l’aubier 
des peupliers. Deux tronçons de ces arbres, contenant des larves. de Sa- 
perde, furent placés, l’un au sec, dans un bocal fermé simplement avec 
une gaze, l’autre, à l'humidité, dans un bocal fermé avec du papier , et 
qui contenait de la mousse humide. Ces bocaux, qui recevaient les rayons 
du soleil pendant une partie du jour, et cela dans le mois d’août, étaient 
soumis à une chaleur assez élevée. Le neuvième jour deux des larves qui 
étaient dans l'air humide moururent, et deux jours après elles se couvri- 
rent d’une efflorescence blanche qui ressemblait tout-à-fait à la mucédinée 
muscardinique des vers à soie; une troisième larve de Saperde, qui se 
trouvait dans le même bocal que les deux précédentes, continua, de vivre 
et se métamorphosa en insecte parfait, lequel fut atteint de la mus- 
cardine. 

» Les larves de Saperde, qui étaient dans le bocal couvert de gaze, n'é- 
prouvèrent aucune maladie, et parcoururent sans accident leurs période de 
métamorphose. M. Audouin a fait une expérience analogue, avec les mêmes 
résultats, sur des larves d’une espèce de Bupreste qui vivent aux dépens du 
bois du frêne. 

» M: Bassi avait obtenu des résultats semblables en opérant à peu 
près de la même manière sur des vers à soie, mais l'affection qu'il 
avait déterminée chez eux lui parut manquer du caractère essentiel 
de la véritable muscardine, celui d’être transmissible par. contagion. 
M. Audouin. voulut voir. s’il en serait de même par rapport à la muscardine 
spontanée; qu'il avait obtenue; il inocula à vingt vers à soie l’effloresceuce 
blanche qui couvrait le corps d’une des larves de Saperde dontil est ques- 
tion plus haut; quinze de ces vers à soie moururent quatre à cinq jours 
après, et tous se couvrirent après leur mort de l’efflorescence museardini- 


( 160 ) 


que; cinq seulement échappérent à la contagion et suivirent le cours de 
leurs métamorphoses. M. Audouin a répété cette expérience, et avec les 
mémes résultats, en inoculant à des vers à soie l’efflorescence blanche née 
spontanément sur les larves de Bupreste. Ici, il s’attacha à suivre chez les 
vers à soie soumis à l'expérience le développement intérieur du thallus du 
Botrytis inoculé, et il s’assura que ce développement était en tout sembla- 
ble à celui qu’il avait précédemment observé chez les vers à soie auxquels 
il avait inoculé la muscardine originaire d’autres vers à soie. Après leur 
mort les vers à soie inoculés avec le Botrytis pris sur la larve de Bupreste, 
présentèrent à l'extérieur ce même Botrytis qui était le Botrytis Bassiana. 
Ce méme Botrytis, pris alors sur les corps muscardinés des vers à soie 
dont il vient d'être question, étant inoculé à des vers à soie sains, leur 
communiqua la muscardine. 

» Jusqu'ici la mucédinée parasite n’a été communiquée d’un individu à 
un autre qu'au moyen de ses semences ou sporules, c’est-à-dire par le 
moyen du semis. M. Audouin a entrepris de la communiquer par le moyen 
de la transplantation du thallus. Il prit dans l'intérieur d’un ver à soie qui 
venait de mourir de la muscardine inoculée, de petites portions de thallus 
qui avait envahi le corps adipeux , et il introduisit chacune de ces parcelles 
de thallus sous la peau de six vers à soie : dix-huit heures après l'opération, 
un des vers à soie était mort et tous les autres succombèrent dans les 
deux jours suivants. Ils ne tardérent pas à se couvrir de l’efflorescence 
muscardinique. Ainsi la mort arrive beaucoup plus promptement en ino- 
culant le thallus qu’en inoculant les sporules du Botrytis, ce qu'il était 
rationnel de prévoir. M. Audouin s’assura, par l'examen microscopique, 
que le thallus inoculé avait envahi par son rapide développement tout le 
corps adipeux des vers à soie chez lesquels il avait été transplanté. 

» On voit par ce rapide exposé, combien sont à la fois importants et dé- 
cisifs les résultats qui découlent des expériences de M. Audouin. A lui seul 
appartient véritablement le mérite d’avoir prouvé qu’une mucédinée parasite 
envahit les organes des vers à soie et d’autres insectes pendant leur vie ; 
M. Bassi qui avait affirmé ce fait ne l'avait point vu , il l'avait deviné. Mais 
la science ne se compose pas de devinations : pour qu’un fait entre dans la 
science , il faut qu’il soit démontré par des preuves tellement palpables, 
que tous les doutes deviennent impossibles. Or, c’est ce que M. Audouin 
seul a fait, par rapport au parasitisme du Botrytis Bassiana chez les 
insectes vivants. On a vu d’ailleurs par l'exposé ci-dessus, quelle extension 
il a donnée à ses expériences sur cette mucédinée parasite. 


( 101 ) 
$ VI. Recherches de M. MonTacnr. 


» Un habile cryptogamiste, M. Montagne , a présenté à l’Académie des 
Sciences un mémoire accompagné de planches et principalement destiné à 
l'Histoire botanique du Botrytis bassiana. I en a suivi le développe- 
ment avec soin et l’a décrite avec exactitude. Voici l'exposé sommaire de 
ses observations. 

» Le Botrytis bassiana paraît d’abord comme un léger duvet blanc à 
la surface de l’insecte mort de la muscardine. Le deuxième jour de leur 
apparition à l'extérieur ses filaments ont un demi-millimètre seulement de 
longueur ; ils sont rameux et cloisonnés. On voit dans leur intérieur des 
globules qui deviendront plus tard les sporules. Le troisième jour de leur 
apparition extérieure, les filaments ont acquis toute leur longueur, qui est 
d’un peu plus d’un millimètre. Plusieurs des globules ou des sporules qui 
étaient à l’intérieur des rameaux sont devenus extérieurs; ils sont disposés en 
chapelet le long des rameaux ou à leur extrémité. M. Montagne à fait 
germer ces sporules en les plaçant à l'humidité entre deux lames de verre. 
Il a vu d’abord se développer le £hallus ou mycelium, et ensuite les ra- 
meaux sporidifères ; il a vu dans cette expérience les sporules ou sporidies 
s'échapper de l'extrémité des rameaux en leur empruntant, à ce qu'il pense, 
une enveloppe particulière. Ilsresteraient adhérents aux rameaux au moyen 
d’un enduit visqueux. 

» M. Montagne a répété plusieurs fois cette intéressante expérience qui 
prouve que le Botrytis Bassiana n’est pas, comme on a pu le penser, ex- 
clusivement apte à se développer dans le corps des insectes, c’est-à-dire 
que cette mucédinée n’est pas nécessairement parasite , mais qu’elle peut 
se développer par la germination de ses sporules sans avoir besoin d'autre 
chose que d’une humidité suffisante. M. Montagne est parvenu à isoler une 
seule de ces sporules et à suivre de l’œH le développement de la plante à 
laquelle elle avait donné naissance jusqu’à l’époque de la fructification. 

» Ayant introduit des sporules de Botrytis Bassiana sous l'aile d’une 
grosse mouche morte, il y vit naître une autre mucédinée, le Monilia pe- 
nicillata. 1] ne faut pas en conclure, dit l’auteur, qu'il y a eu là une méta- 
morphose du Botrytis semé, mais seulement qu'il est né là une autre 
mucédinée que celle qui avait été semée ; et en effet, il se développe sur 
les corps organiques humides une multitude d’espèces différentes de mu- 
cédinées dont l’origine est inconnue. 

» Après avoir donné la description générale de la mucédinée muscardi- 


(Cro2”) 


nique ou entomoctone, M. Montagne reconnait avec M. Balsamo qu’elle 
appartient au genre Botrytis, tel qu'il a été réformé par Fries dans son 
Systema mycologicum, mais il n’est pas certain que cette mucédinée doive 
former une espèce nouvelle ; il lui trouve la plus grande ressemblance avec 
le Botrytis diffusa (Dittmar). Toutefois, il admet provisoirement le Botry- 
tis Bassiana, en réformant ainsi sa phrase diagnostique : 

» Botrytis Bassiana floccis fertilibus candidis erectis, simplicibus, dicho- 
tomis, breviter ramosis , ramis sparsis sporidüiferis, sporidiis globosis circa 
apices ramorum parce collectis, tandem capitato conglomeratis. 


GONCEUSIONS, 


» M. Audouin, en prouvant, par l'observation microscopique, que le 
thallus du Botrytis Bassiana se développe dans le corps du ver à soie 
pendant sa vie, a fait entrer dans la science ce fait nouveau et d’une grande 
importance, fait que le docteur Bassi avait précédemment deviné ou en- 
trevu, mais qu'il n'avait point prouvé. M. Audouin, par ses observations 
nombreuses , a suivi dans toutes ses phases le développement de la mucé- 
dinée parasite dans les vers à soie et dans d’autres insectes à toutes les pé- 
riodes de leur existence. 

» M. Montagne a donné une bonne histoire botanique du Botrytis 
Bassiana, et il a prouvé, contre l’assertion formelle de M. Bassi, que cette 
mucédinée n’est point exclusivement parasite, puisqu'il a observé sa ger- 
mination et son développement entre deux lames de verre et à l’aide de la 
seule humidité. 

» Votre Commission vous propose de décider que ces deux Mémoires 
seront imprimés dans le Recueil des Savans étrangers. » 

Ces conclusions sont adoptées. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


#CONOMIE nurALE. — Recherches chimiques sur la végétation, entreprises 
dans le but d'examiner si les plantes prennent de l'azote à l'atmosphere ; 
par M. Boussineaurr. 


(Commissaires, MM. Dumas, Dutrochet, Turpin.) 
(Extrait.) 


« L’azote paraît être un élément constant des végétaux, et l’on est assez 
généralement porté à croire que les substances alimentaires tirées du règne 
végétal, doivent une grande partie de leur faculté nutritive aux principes 


“ 


( 103 ) 


azotés qui s’y rencontrent. M. Gay-Lussac a déjà constaté la présence 
de l'azote dans un très grand nombre de semences, et les analyses que 
j'ai faites pour doser cette matière dans plusieurs graines employées 
comme fourrage, ont établi qu’elle y entre souvent pour une portion 
assez forte. La vesce, les lentilles, les féverolles ont fourni 4 à 5 pour cent 
d'azote; la graine de trèfle, comme on le verra dans ce Mémoire, en 
contient 7 pour cent. 

» La présence de l'azote dans les différents organes des végétaux est due 
à certaines substances azotées qui s’y trouvent répandues, et qui offrent 
une grande analogie de composition avec les matières d’origine animale. 

» Dans l’état actuel de nos connaissances sur les phénomènes chimiques 
de la végétation, nous savons qu'immédiatement après la germination, 
lorsque la plante est née de la graine , ses organes, en agissant sur le gaz 
acide carbonique qui fait partie de l'atmosphère, peuvent sous certaines 
conditions de chaleur et de lumière, s’en assimiler le carbone; de plus, il 
est reconnu que ces mêmes organes fixent en même temps les éléments 
de l’eau. 

» Ainsi, une graine soumise à l’action de l'air, de l’eau, de la lumière 
et d’une certaine température, germera , développera une plante qui, au 
moyen de ces seules ressources, pourra, sinon acquérir un développement 
complet, s’en approcher beaucoup, fleurir, par exemple, et donner des 
indices de fructification. Durant le cours de cette végétation, la graine 
produira une plante qui pèsera beaucoup plus que ne pesait la grame 
employée, le tout étant supposé au même état de dessiccation. C’est une 
expérience qui a été faite pour la première fois, par M. de Saussure, en 
faisant germer et végéter des fèves dans le sable siliceux et arrosé avec 
de l'eau distillée. En soumettant au même régime des semences de trèfle, 
j'ai obtenu un résultat semblable; 10 de graine ont produit une récolte 
qui a pesé 26. 

» Par l’action bien connue que les feuilles exercent sur l’acide carbo- 
nique, on comprend comment une plante peut, à l'aide de l'humidité et 
des seuls éléments contenus dans l'atmosphère, s’accroïtre et augmenter 
de poids. En effet, les expériences qui ont démontré cette action font 
voir que la force vitale s'exerce d’abord sur l’oxigène , pendant la germi- 
»ation, et ensuite sur le gaz acide carbonique, pendant la végétation pro- 
prement dite. Mais rien dans les recherches de ce genre n’a prouvé d’une 
mamére positive que l’azote de l'air fût sensiblement absorbé. 

» Il est vrai qu’à une époque déjà ancienne, Priestley, et apres lui 

C. R. 1838, 195 Semestre. (T. VI, N° 4.) 14 


(104 ) 


Ingenhoutz, crurent reconnaître une absorption manifeste d'azote pendant 
la végétation ; mais ces expériences, répétées depuis par M. de Saussure, 
avec des procédés eudiométriques plus précis, ont établi que cette fixa- 
tion d'azote n’a point lieu; cet habile observateur crut même apercevoir 
une légère exhalation de ce gaz. Les résultats de Saussure sont confirmés 
par ceux plus récents de Digby, à cela près que ce dernier physiologiste 
a prouvé que les plantes n’exhalent pas d’azote. Cependant la présence 
de l'azote dans les végétaux étant à l’abri de toute objection, et l’assimi- 
lation de ce principe pendant la végétation étant prouvée par le fait 
même de la multiplication des semences, on dut nécessairement admettre 
que dans les expériences que j'ai rapportées, et dans lesquelles on a fait 
végéter des graines germées aux dépens seuls de l’eau et de l'atmosphère , 
la végétation s’opérait sans le secours de l'azote. Cette opinion était for- 
tifiée par la difficulté, je puis même dire par l'impossibilité de faire 
grainer une plante ayant pour aliments uniques, l’eau et l’air. On voyait 
effectivement que dans ces conditions défavorables de culture , la graine, 
qui est la partie la plus azotée d’un végétal, n’était pas reproduite. On 
fut dès-lors conduit à supposer que l'azote, originairement renfermé dans 
la semence, se trouvait réparti dans l’ensemble de la plante chétive et 
incomplète qui en était issue. 

» Dans la nature, l'accroissement d’une plante n’a pas lieu aux dépens 
seuls de l’eau et l’atmosphère : les racines qui fixent un végétal dans le 
sol, y puisent aussi une portion notable de sa nourriture; dans les con- 
ditions ordinaires, le développement d’une plante se fait par le concours 
simultané des aliments que les racines vont chercher dans la terre, et par 
celui des éléments gazeux que les feuilles enlèvent à l'air. Comme il est 
d'ailleurs reconnu que la nourriture fournie par le sol est azotée, on a, 
pour cette dernière raison, considéré les engrais comme la source prin- 
cipale, unique même, de l’azote qui se rencontre dans les végétaux. Les 
observations de Hermbstædt, en montrant que les céréales cultivées sous 
l'influence dés engrais les plus azotés, sont celles qui contiennent le plus 
de gluten, donnent une certaine force à cette manière de voir; aussi 
Hermbstœdt a-til conclu de ses recherches, que les plantes prennent 
dans les engrais la totalité de leur azote. 

» Néanmoins, il est des faits agricoles qui tendent à faire penser que, 
dans plusieurs circonstances, les végétaux trouvent dans l'atmosphère une 
partie de l'azote qui concourt à leur organisation; mais pour bien saisir la 
valeur de ces faits, il convient de discuter d’une manière générale la na- 


( 105 ) 


ture de l'aliment répandu dans le sol, et qui est recueilli par les racines, 
Laissant de côté toutes les idées hasardées sur l'influence des terres dans 
la végétation, je considérerai , avec Thaer , le fumier ou le terreau qui en 
dérive, comme l'agent qui contribue le plus efficacement à la formation 
des plantes, et j'admettrai que la force de végétation est déterminée par 
la proportion de sucs nourriciers qui se rencontrent dans le terrain; en- 
tendant par sucs nourriciers, cette partie du terreau susceptible d’être 
absorbée par les suçoirs des racines, celle en un mot qui, toujours suivant 
le grand agriculteur que je viens de nommer, constitue la fécondité, la 
fertilité du sol. 

» Par les récoltes, le sol se trouve généralement épuisé, sa fertilité di- 
minue; mais cette diminution est loin d’être la même pour toutes les cul- 
tures. Les plantes vivant aux dépens de l'air et du terrain, on conçoit que 
celles qui puisent largement dans l'atmosphère épuiseront d'autant moins 
le sol ; on conçoit encore que les récoltes totales, absolues comme celles 
des tubercules, de la garance, l’épuisent au plus haut degré. Les récoltes, 
au contraire, qui laissent des racines dans le sol et des fanes sur le ter- 
rain, seront beaucoup moins appauvrissantes, puisque, par des labours 
subséquents, les parties abandonnées deviendront de véritables engrais. 
Au reste, à parité de circonstances, les récoltes possèdent des propriétés 
épuisantes très variées. Thaer, qui a constamment cherché à introduire 
dans la science agricole une précision qui y était inconnue avant lui, a 
essayé d'exprimer par des nombres la puissance épuisante des différentes 
cultures. Sans présenter ici les rapports numériques qu’il a déduits de ses 
longues observations, rapports qui cesseraient peut-être d’être vrais pour 
des conditions météorologiques différentes, je mentionnerai le résultat 
général auquel il est arrivé, et c’est que les plantes les plus nourrissantes, 
celles qui, sous un poids donné, peuvent nourrir le plus grand nombre 
d'animaux, sont précisément celles dont la culture épuise davantage le 
sol. 

» Or, Thaer pose en principe que les engrais les plus actifs, ceux qui 
procurent aux terrains la plus grande fertilité, sont aussi ceux qui con- 
tiennent la plus forte dose de substances animalisées. D'un autre côté, 
j'ai fait voir, dans mon premier Mémoire sur les fourrages, que ceux-là 
sont les plus nutritifs, qui renferment le plus d'azote. En combinant ces 
deux résultats, on trouve que les cultures qui exhument du sol la plus 
grande quantité d'azote, sont en même temps celles qui l'appauvrissent le 
plus. / 

14. 


( 106 ) 


» Ceci rend donc probable que, pendant l'épuisement du sol, l’action 
épuisante s'exerce principalement sur la matière azotée qui fait partie des 
sucs nourriciers, et que pour restituer à la terre le degré de fertilité 
qu’elle possédait avant la culture, il faut y introduire par les fumiers une 
quantité équivalente de cette même matière azotée. 

» Mais si les cultures épuisent généralement le sol, il en est aussi qui 
le rendent plus fécond; celle du trefle, par exemple, est dans ce cas. 11 
paraît qu’en laissant ses racines dans le terrain, et en y enfouissant, 
comme cela se pratique communément, la dernière pousse, on rend au 
sol une quantité de matière organique plus forte que celle à la formation 
de laquelle il a contribué, et qu’on a enlevée comme fourrage; ainsi, tout 
compte fait, le sol a reçu de l'atmosphère plus qu'il n’a fourni à la plante 
récoltée. 

» Toute récolte verte enfouie dans le sol l’enrichit. La quantité de ma- 
üère organique introduite par la semence est si minime, qu'on peut tout- 
à-fait la négliger, et l'effet utile de cette pratique est évidemment produit 
par l'introduction dans le sol des éléments que la plante a soustraits à 
l'atmosphère. 

» J'ai dit que les physiologistes ont reconnu que les plantes ne pren- 
nent pas d'azote à l’atmosphère. Cependant, d’après les idées que J'ai ex- 
posées sur le principe efficace des engrais, on conçoit difficilement com- 
ment le sol, en recevant seulement de la matière organique non azotée, 
puisse acquérir une fécondité telle que celle que lui communique la cul- 
ture des plantes améliorantes , fécondité qui permet de faire une récolte 
abondante de végétaux alimentaires, et par conséquent riches en azote. Il 
y a donc lieu de croire que les cultures améliorantes, l’enfouissage en 
vert, les jachères, ne se bornent pas, comme semblent l'indiquer les ex- 
périences des physiologistes, à faire entrer dans le sol du carbone, de l’hy- 
drogène et de l’oxigène, mais encore de l'azote. 

» Tels sont les faits agricoles qui, dans mon opinion, rendent vraisem- 
blables que les parties vertes des plantes sont aptes à s’assimiler l'azote de 
atmosphère. Dans plusieurs établissements agricoles, c'est réellement à 
l'atmosphère que l’agriculteur emprunte les principes fécondants qu'il ré- 
pand sur son terrain. Je ne prétends pas parler ici de cultures situées dans 
des conditions très favorables sans doute, mais que l'on doit considérer 
comme exceptionnelles ; tels sont les établissements qui peuvent disposer 
des immondices des grandes villes, etc. Je considère maintenant une in- 
dustrie agricole isolée et réduite à fabriquer ses engrais à l’aide de ses 


(107) 

propres ressources; encore faut-il établir une distinction , et supposer une 
localité telle qu'il n’existe pas même de prairies naturelles irrigables, car 
par les inondations, les prairies reçoivent de la nature organique étran- 
gère. Je prendrai pour exemple une ferme consacrée à la culture des cé- 
réales, possédant par conséquent un nombre assez limité de bestiaux; on 
connaît par expérience la quantité d’engrais indispensable, ainsi que le 
rapport qui doit exister entre la surface cultivée en fourrage, et celle des- 
tinée à la culture du produit marchand. Je suppose l'établissement tout 
formé. Chaque année on exportera du froment, du caséum , quelques 
pièces de bétail. Ainsi il y aura exportation constante de produits azotés 
sans qu'il y ait une importation appréciable de la même matière. Cepen- 
dant la fertilité du sol ne s’affaiblira pas. On voit que dans de semblables 
conditions, la matière organique continuellement exportée sera remplacée 
par la culture des plantes améliorantes, ou par les jachères, et l’art de 
l’agriculteur consiste à adopter l’assolement qui favorise le mieux et le 
plus promptement possible la transition des éléments de l'atmosphère dans 
le sol. 

» En résumant les faits favorables ou contraires à l’idée que les plantes 
prennent de l'azote à l'atmosphère, on voit que l’on peut considérer la 
question comme indécise, et c’est dans l'espoir de la résoudre que j'ai 
entrepris les expériences qui font le sujet de ce Mémoire. 

» J'emploie l'analyse, je compare la composition des semences à la com- 
position des récoltes obtenues aux dépens seuls de l’eau et de l'air. Bien 
que les recherches dont je me suis occupé aient été spécialement entre- 
prises dans le but d’examiner la question de l'azote, elles déterminent en- 
core avec précision les éléments perdus, ou acquis par les graines de trèfle 
et de froment, pendant leur germination et leur végétation. J’étudie d’a- 
bord la germination du trèfle; je nomme première période de la germi- 
nation l'époque à laquelle les radicules sont développées ; la deuxième 
période est l’époque où les feuilles séminales sont formées. 


1" PÉRIODE. 


Carbone, Hydrogène. Oxigène. Azote. 


2£",893 de graine contenant....... 1,222, 0,144, 0,866, 0,173, 
Ont donné : graine germée 26,241, 
contenants, . eos 2e telle on se 1,154, o,141, 0,767, 0,178, 


Différences. .......— 0,068, — 0,003, — 0,099, + 0,005. 


( 108) 


2° PÉRIODE. 
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 
28",074 de graines, contenant........ 1,054 0,124 0,747 0,149 
ont donné graine germée 1,727, conten. 0,817 0,104 0,656 0,150 
Différences ee EEE ++ — 0,237 — 0,020 — 0,091 “+ 0,001 


» L'analyse indique que pendant la première période de sa germination 
le trèfle a éprouvé une perte totale de 0,068. Sa perte consiste en carbone 
et en oxigène; le poids de l’oxigène perdu est beaucoup plus fort que celui 
du carbone; la perte en hydrogène et le gain en azote sont assez faibles 
pour se trouver compris dans les erreurs possibles de l'analyse. 

» Durant la 2° période de germination, le trèfle a également perdu du 
carbone et de l’oxigène, mais ici la perte en carbone surpasse celle en 
oxigène. De plus, l'analyse montre une perte non équivoque en hydrogène. 
On retrouve dans la graine germée l’azote qui existait dans le trèfle avant 
la germination. 

» La perte totale s’est élevée à 0,117. 

» La germination du froment présente à l'analyse des résultats sem- 
blables. 


» Je désigne par 1"° période l’époque de l'apparition des radicules ; 
par 2° période l’époque à laquelle les jeunes tiges ont la 
longueur du grain; 
par 3° période celle à laquelle les parties vertes dominent 
dans la graine germée : les tiges avaient 
alors une longueur de 3 à 5 centimètres. 


ie PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,028 pendant sa germination. 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 

28,429 de froment, contenant. ...... 192 o,141 1,073 0,083 
ont produit froment germé, contenant. 1,111 0,139 1,026 0,087 
Différences... ...... susssse — 0,021 — 0,002 — 0,047 + 0,004 

2° PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,034 en german. 

Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 

2£',130 de froment, contenant......., 0,993 0,124 0,90 0,073 
ont produit froment germé, contenant 0,932 0,121 0,929 0,075 


Différences... ..,...,..,.... — 0,061 — 0,003 — 0,011 “+ 0,002 


( 109 ) 


3° PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,16 en german. 
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 
2£,075 de froment, contenant........ 0,945 0,117 0,895 0,070 
ont produit froment germé 1,704, cont. 0,804 0,104 0,723 0,072 
Différences................ — 0,141 — 0,013 — 0,172 + 0,002 


» Ces résultats généraux, sur la germination, auxquels on est conduit 
par l'analyse, différent, comme on peut voir, de ceux obtenus antérieure- 
ment, en se bornant à étudier l'action des graines germantes sur l'air at- 
mosphérique. 

» La méthode manométrique employée jusqu’à ce jour a sans doute un 
grand avantage que n’a pas l’analyse: c'est de constater directement les 
produits gazeux qui peuvent se développer pendant la végétation. C’est là la 
limite de son pouvoir. Les substances qui s’échappent sous un tout autre 
état ne sont plus perceptibles par cette méthode. 

» De son côté, l'analyse dernière est impuissante pour nous révéler la 
nature particulière des produits qui prennent naissance pendant la vie vé- 
gétale, mais elle nous fait connaître avec précision les éléments bruts qui 
sont acquis, ou éliminés, quel que soit d’ailleurs l’état sous lequel ils aban- 
donnent la plante ou viennent s’y fixer. 

» Dans les premières périodes de la germination ; par exemple, la mé- 
thode manométrique prouve qu’il se forme toujours, aux dépens de l'air, 
du gaz acide carbonique; quelquefois elle indique aussi une absorption 
d’oxigène. On en a conclu que dans cette circonstance, la graine perd du 
carbone : c’est ce que confirme l'analyse, mais de plus elle accuse une 
perte en oxigène , et elle montre que cet oxigène ne se dissipe pas entière- 
ment à l’état d’eau. Il devient alors très probable que c’est unie au carbone, 
en formant avec les éléments de l’eau un composé non gazeux, qu’une 
partie de cet oxigène se sépare de la graine. 

» M. Becquerel admet qu'il y a toujours formation d'acide acétique, 
lors de la germination, J'ai constaté le fait de l'acidité en faisant germer 
des semences sur une feuille de papier de tournesol. En reconnaissant 
avec ce savant physicien que l'acidité est due à de l'acide acétique, il est 
évident qu’alors, et par le seul fait de son apparition, une graine peut 
perdre en germant une partie de son carbone, autrement qu'en for- 
mant de l'acide carbonique avec l’oxigène de l'air; et, dans cette occur- 
rence, il est probable que de l’oxigène appartenant à la semence entre 
pour quelque chose dans la composition de l'acide organique formé, 


(ro ) 


» Les éléments de la graine qui concourent à la production de cet acide 
ne sauraient être appréciés par les moyens eudiométriques, et l’on peut en 
dire autant de tous les produits non gazeux, mais qui, volatiles comme 
l'acide acétique, peuvent se dissiper à l’état de vapeur pendant la dessicca- 
tion de la graine germée. 


Cultures dans un sol privé d'engrais. 


» Les graines ont été cultivées dans du sable siliceux, préalablement 
chauffé au rouge, pour détruire toute trace de matière organique. Les 
plantes ont été arrosées avec de l’eau distillée. 


Résultat de la culture du trèfle, pendant deux mois (septembre et octobre). 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 
1#°,532 de grains contenant................ 0,778 o,0g2 0,552 o,110 
ont donné une récolte pesant 1,649, contenant 1,278 0,146 o,982 0,120 


Différences... + 0,500 40,054 + 0,430 + 0,010 


Ainsi, pendant une culture de deux mois, le trèfle paraît avoir un gain en 
azote ; la quantité d’azote trouvée en excès semble assez forte pour ne pas 
l’attribuer à une erreur ordinaire d'analyse. La graine, ou plus exacte- 
ment la plante qui en est issue, a pris à l’air et à l’eau , du carbone, de 
l'oxigène et de l'hydrogène. Il est à remarquer que le rapport dans le- 
quel se trouvent ces deux derniers éléments est précisément celui dans 
lequel ils constituent l’eau. 


Culture du trèfle pendant trois mois (août, septembre, octobre). 


Carbone. Hydrogène, Oxigène. Amote. 
15",586 de grains, contenant....... Dovoboedute 0,806 0,095 0,571 0,114 
ont produit une récolte pesant 4,106, contenant 2,082 0,271 1,597 0,156 


Différences... + 1,276 0,196 1,026 + 0,042 


Je passe maintenant aux objections que l’on peut élever sur l'exactitude 
de la méthode que j'ai suivie. 

» Une critique sérieuse et qui a été faite toutes les fois que l'on a 
voulu fixer le poids des éléments que les végétaux empruntent à l’eau et 
à l'atmosphère, est celle qui attribue une partie des éléments acquis par 
la plante aux poussières qui voltigent continuellement dans l'air. On ne 
peut nier la présence de ces poussières, et l’on peut soutenir qu’elles in- 
terviennent en agissant jusqu'à un certain point, comme le ferait un en- 


( xxx ) 


grais; et comme il n’est pas douteux qu’une partie de ces poussières ne 
soient d’origine animale, on doit supposer, jusqu’à démonstration du con- 
traire, qu'elles ont fourni à la plante l'azote qu'elle s’est approprié pen- 
dant la végétation. 

» Pour lever tout scrupule à cet égard, j'ai fait germer et végéter du 
trèfle dans un appareil qui met la plante complétement à l'abri des pous- 
sières qui sont tenues en supension dans l'atmosphère. Comme cet ap- 
pareil peut offrir différents avantages dans les recherches chimiques sur la 
végétation, je le décris avee quelques détails : les résultats obtenus sont 
conformes à ceux déjà mentionnés. 

» Au reste, les observations faites sur la culture du froment léveront 
toutes les objections qui auraient pour base l'intervention des poussieres, 
car Je vais montrer que le froment cultivé exactement dans les mêmes 
circonstances que le trèfle, pendant le même temps, dans le même lieu, 
n'a pas absorbé une quantité d'azote appréciable par l'analyse ; si l’on admet 
que les poussières de l'air aient contribué à porter de l’azote dans les 
récoltes de trèfle, il tombe sous le sens qu’elles auraient dû agir également 
sur les récoltes de froment. 


Culiure du froment pendant 2 mois (septembre, octobre). 


Carbone. Hydrogène.  Oxigène. Azote. 


151,244 de froment, contenant . . . . . .. 0,580 0,072 0,549 0,043 
ont produit une récolte pesant 1,819 conten. o,got 0,116 0,762 0,040 
Différences. . . . . + 0,321 + 0,044 + 0,213 + 0,003 


Culture du froment pendant 3 mois. 


Carbone. Hydrogène.  Oxigène. Azote. 


1#°,644 de froment contenant. . . . . . .. 0,767 0,095 0,725 0,057 
La récolte a pesé 2,022, contenant. . . .. 1,456 0,173 0,333 0,060 
Différences, 2 micro + 0,689 + 0,078 + 0,608 + 0,003 


» En résumant les faits contenus dans ce mémoire, on trouve : 

» 1°. Qu'en germant, le trèfle et le froment ne gagnent ni ne perdent 
d'azote ; 

» 2°. Que pendant la germination, ces graines perdent du carbone, de 
l'hydrogène et de l’oxigène; et que la quantité de chacun de ces éléments, 
ainsi que le rapport suivant lequel les pertes ont lieu, varient aux dif- 
férentes phases de la germination ; 

» 3°. Que durant la culture du trèfle, dans un sol absolument privé 

C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 4.) 15 


(iaritie 


d'engrais, et sous la seule influence de l’eauet de l'air, cette plante prend 
du carbone, de l'hydrogène, de l’oxigène et une quantité d'azote appré- 
ciable par l'analyse ; 

» 4°. Que le froment cultivé exactement dans les mêmes conditions, 
emprunte également à l’eau et à l'air du carbone, de l'hydrogène et de 
l'oxigène; mais qu'après une culture de trois mois ;, l'analyse n’a pu cons- 
tater un gain ou une perte en azote. » 


MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — JVote sur la théorie de la machine à vapeur, en 
tenant compte du changement de température de la vapeur, pendant 
son action dans la machine; par M. nr Pamsour (1). 


(Commission précédemment nommée. ) 
(Extrait. ) 


« Dans.uue suite de mémoires présentés à l'Académie, j'ai exposé une 
théorie analytique de la machine à vapeur; mais dans le but de rendre 
les formules plus simples, j'ai supposé que pendant son passage de la 
chaudière au cylindre, la vapeur conserve sa température. Cette suppo- 
sition, quoique n'’altérant que très peu les résultats, n’est cependant pas 
réellement exacte, et dans un mémoire récemment soumis à l’Académie, 
on.a essayé de tenir compte de cette circonstance par un calcul acces- 
soire. 

» Le mode proposé dans le mémoire dont il est question consiste à 
introduire la température et plusieurs autres quantités nouvelles, dans 
les équations générales dont je déduis les formules définitives du calcul 
des machines. Ce mode qui, du reste, n’est qu’indiqué, et pour le cas des 
machines sans détente seulement, ne me paraît, en aucune maniere, ré- 
soudre la question. 

» Voici comment j'intraduis la circonstance du refroidissement de la 
vapeur dans la théorie dejà exposée, non pas dans le: cas des machines 
sans détente seulement, mais dans le cas le plus général des machines 
à vapeur. 


(1) Nous avons pensé, mon confrère et moi, devoir donner ici une analyse détaillée 
de la note que M. de Pambour présenta à l’Académie dans la dernière séance. Les 
lecteurs du Compte rendu auront ainsi sous les yeux le tableau chronologique et complet 
des efforts que M. de Pambour a tentés pour perfectionner la théorie des machines 
à vapeurs 


( 113 ) 


» J'ai reconnu par une série nombreuse d'expériences, entreprises dans 
le but de déterminer la relation entre la pression dans la chaudière, 
dans le cylindre et dans la tuyère, que pendant toute son action dans 
une machinelbien faite, la vapeur reste à l’état de vapeur saturée, sans 
qu'il se fasse aucune précipitation d’eau. C'est-à-dire que sa température 
reste toujours liée à sa pression, comme dans les vapeurs qui sont en 
contact:avec le liquide générateur; circonstance qui tend à confirmer la 
loi de, M. Clément surlaquantité de chaleur nécessaire pour constituer la 
vapeur à différents degrés de tension. 

» Or, dans les vapeurs à l'état de saturation, le volume de la vapeur 
rapporté à celui d’un pareil poids d’eau, peut se déduire immédiatement 
de la pression, au moyen de la formule empirique indiquée par M: Na- 


vier, SAVOIr : 
10,000 


NE ——_—_—_—— ——— 


0.9 + 0.000484 F° 
lorsque la pression Fest exprimée en kilogrammes par mètre carré, ou 


10,000 


7 0.9 + o.3oiép' 


lorsque la pression p est exprimée en livres anglaises par pouce carré. 
Nous écrirons donc en général 


» Cela posé, quand la vapeur passe, dans la machine, d’un certain vo- 
lume m’ à un autre volume également connu m, et abandonne, en con- 
séquence ; sa première pression P’, pour en prendre une autre p, il est 
facile de reconnaitre qu’on a entre ces deux pressions la relation 


P 1 — mn m 


Po 1 mn m 
C'est là tout ce qu'ilnous faut pour introduire la variation de température 
dans nos formules! générales! 

» En effet, on sersouvientique la théorie que jnous)appliquons à la ma- 
chine! à: vapeur «consiste jà {établir deux relations générales entretles ‘don 
nées et les inconnues du problème :la première éxprimant que larmachine 
étant arrivée au mouvement uniforme, la quantité de travail appliquée 
par la puissance est égale à la quantité d'action développée par la résis- 

19° 


(114) 


tance ; la: seconde, qu'il y a égalité entre la dépense et la production de 
vapeur. 

» Supposons donc une machine travaillant par détente et dans le cas 
le plus général. Soit P la pression totale de la vapeur dans la chaudiere, 
P' la pression qu’elle prendra à son arrivée dans le cylindre avant la dé- 
tente, et p la pression en un point quelconque de la détente; L étant la 
longueur totale de la course du piston, L’ la portion parcourue au mo- 
ment.où commence la détente, et celle qui correspond au point de la 
détente où la vapeur a acquis la pression p. Soit encore a l'aire du piston, 
et c la liberté du cylindre. 

» Si l'on prend le piston au moment où la longueur de course parcou- 
rue est L.et.la pression p, on verra que si le piston parcourt en outre un 
espace élémentaire d!, le travail élémentaire produit dans ce mouvement 
sera padl. Mais en même temps le volume a (L'+- c), occupé par la vapeur 
avant la détente, sera devenu 4(7 + c). Donc, d’après la loi précédem- 
ment indiquée, il existera entre les pressions correspondantes le rapport 

p _ L'+c 1—na(l+c) 
DAV Ne 


qui, en multipliant les deux membres par adl, donne 


padl = As, 4 — rad). 


ina (L'+ c) l+c 
Par conséquent, en intégrant cette équation entre les limites L/ et L de 
la détente, on a pour le travail total qu’elle produit 
P'a tar c) el + © 
1—na(L'+c) L'+ c 


— na(lL — L | 


Ajoutant à ce travail celui P'aL/ appliqué par la vapeur avant la détente; 
et égalant la somme à la quantité d'action aRL développée par la résis- 
tance R pendant la même course, on obtient, pour la première relation 


générale, 
P'a(L'+ c) L’ L+c 
—— © —— | —— ———— — naL )—aRL... (A). 
1—na(l'+ c) Em L'+c Gt ) Ye (à, 

» Maintenant, pour obtenir la seconde relation, si l'on exprime par S 
le volume d’eau vaporisé par la chaudière dans une minute, ce volume, 
en arrivant dans le cylindre, transformé en vapeur à la pression P', y 
deviendra, d'aprés la relation déjà énoncée (a), 

S 
n + ql" 


(115) 
Ce sera donc le volume de vapeur à la pression P', fourni par la chau- 
dière dans une minute. D'autre part, a (L'+ c) est le volume de cette 
vapeur à la pression P’, qui se dépense par coup de piston, et s’il y a 
K coups de piston par minute, Ka(L’+ c) sera la dépense par minute; 


ou bien , si v exprime la vitesse du piston, ce qui donneK = ? TL le même 
volume de vapéur dépensée sera 


Te +0: 


Donc, puisqu'il y a égalité entre la production et la dépense de vapeur, 
on aura 


S v 

© —= — # ». (B 

REP LL +c),.. (B), 

qui. est la seconde relation générale entre les données et les inconnues 
du problème. Enfin, en éliminant P' entre ces deux équations, on obtient, 
pour la relation définitive Se 


7 SL És: Go D giE es D — na) 
Le RE à CEE De de me (1). 
. an (L' + c) (= log D+e £—naL) + agRL [1—na (L' + e)] 


». Cette res est, comme: nous l'avons annoncé , moins simple que 
celle .que nous avons Hbinse en supposant la conservation: de tempé- 
rature ; mais elle a l'avantage de tenir compte ‘d’une nouvellé circons- 
tance dans le calcul. Du reste, en y détruisant l'effet de cette circons- 
tance , on la ramène facilement à nos formules précédentes. 

» En effet, comme nous ayons vu que, d’après l'équation (a), le volume 
de la vapeur à la pression P est donné par la relation 


I 
Ton+gl 

<t qu’au contraire, dans le cas où l’on suppose la conservation de tem- 
pérature ; le volume ‘varie en raison inversé de la pression, c'est-à-dire 
qu'on a 

1 f Hi 
m = gp’ 
il est clair que pour passer du premier cas au second, il suffit de faire 
= 0. Alors l'équation (x : se réduit à 

L+c 
— ah (re tuer sn re) 


( 116) 


À I é 
et comme on a en même temps q —= D? elle devient 


_mPS L' Le c 
WNcR. Er 
qui, en mettant pour R sa valeur développée, est précisément celle à 
laquelle on parvient directement en partant de la supposition que la va- 
peur conserve sa température. 

» De l'équation (1) obtenue plus haut se déduiront, comme dans nos 
Mémoires précédents, toutes les autres formules relatives à la construc- 
tion ou à l'emploi des machines. Mais la petitesse de la quantité n, dont 
la valeur est 2—0.00009, fait qu’il n’en résultera en général aucun chan- 
gement sensible dans les résultats pratiques des formules. » 


wénecnxe, — Recherches et expériences sur la peste ; par M. Burranp. 


M. le MinisTrEe DES TRAVAUX PUBLICS , DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE, 
en transmettant le mémoire de M. Bullard, annonce que ce médecin, 
qui avait été chargé , d'une mission spéciale par le Ministère, après 
s'être livré en Égypte et à Smyrne à des recherches sur la peste, sur 
le mode de propagation de cette maladie, et sur les moyens propres à 
la prévenir ou à la combattre, poursuit aujourd'hui à Constantinople les 
mêmes travaux. Les résultats de’ses expériences sont consignés dans le 
mémoire qu'iladresse aujourd'hui, ainsi que dans un journal qu'il pu- 
blie sous le titre de {4 Peste ; et dont les quatre premiers numéros font 
partie de cet envoi. 

« M. Bullard ; dit M. le Ministre du Commerce, a exprimé le désir que ses 
travaux fussent:admis! à concourir. pour le prix dé médecine” Montyon ; je 
me fais un devoir d'accéder à éé'vœu, et je vous adresse en conséquence 
les documents dont il vient d’être parlé, quoiqu'ils appartiennent à l’ad- 
ministration. Toutefois, comme üls’agit d’une question qui touche à de 
graves intérêts, je laisse à l'Académie le, soin ,de décider:si, tout en ré- 
servant les droits de M; Bullard.pour,le concours; .ellesné-pourrait pas se 
faire présenter un rapport particulier sur les résultats déjà obtenus;par ce 
médecin, et lui adresser, par mon intermédiaire, quelques observations sur 
la direction qu'il a imprimée à ses rècherches, et sur les points qui parai- 
traient exiger, de nouyeaux éclaireissements. » 

La section de Médecine est chargée, conformément à à Ja deiéude de 


M. le Ministre, d'examiner le, travail de M. Bullard et de té adresser, s’il y 
a lieu , des questions ou des inétrüuctions. 


( u7) 


Le mémoire de ce médecin , après que la section de Médecine en aura 
pris. conaissance, sera renvoyé à l'examen de la Conimission pour le 
Concours au. prix de médecine Montyon. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Expédition de la Bonite. 


M. ze MINISTRE DE LA MARINE transmet une nouvelle série de docu- 
ments recueillis pendant l’expédition de 4 Bonite ; il invite l’Académie à 
désigner -une Commission qui sera chargée de prendre connaissance de 
l'ensemble des travaux exécutés et des collections formées pendant la 
campagne. La collection relative à la botanique se trouve déjà au Muséum 
d'Histoire naturelle , où elle a été déposée par M. Gaudichaud ; les autres 
sont dans ce moment au Hävre, et. seront dirigées à Paris dès que la 
Seine deviendra navigable. 

M. le Ministre demande qu’une copie du rapport lui soit adressée. 

La Commission qui avait été chargée de rédiger les Instructions pour le 
voyage de, /a Bonite, est. chargée de rendre compte des résultats scien- 
tifiques.obtenus pendant la, campagne. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE., — Moyens de sûreté contre les explosions des 
machines, à vapeur ; Mémoire de M. Ragaïoyk, capitaine d'artillerie. 


(Commission des rondelles fusibles.) 


M. le Ministre du Commerce et des Travaux publics, en:transmettant 
ce Mémoire à l’Académie, l'invite à hâter le rapport de la Commission 
qu’elle a chargée de s'occuper de la question des explosions de machines 
à vapeur et des moyens propres à les prévenir. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Système de voitures pour chemin de fer de toute 
courbure; par M. Arnoux. 


(Commissaires, MM. Arago, Dulong, Savary, Poncelet et Séguier.) 


Le but que M. Ærnoux se propose est très simple: Dans ses voitures, 
les essieux, au lieu de conserver leur parallélisme, pourront, ou plutôt de- 
vront prendre une direction, normale au contour de la courbe parcourue. 
En petit (sur l'échelle du. 5%), l'expérience a parfaitement réussi. « Sup- 
posons, dit l’auteur, que. des essais en grand ne viennent pas détruire nos 
prévisions;, les avantages qu'on pourra retirer d’un pareil système ne se 
horneront, pas, comme .on,le voit, à permettre de faire suivre aux trains 


( 118) 


toutes les courbes possibles; mais les voitures pourront être de moitié 
plus légères, et bien mieux suspendues ; les roues, réduites à porter, pour- 
ront être en bois, ce qui les rendra moins coûteuses, plus légères et plus 
douces pour la route, puisque le bois offre toujours quelque élasticité. 
Par suite, la force de traction pourra être modifiée, et les locomotives 
qui écrasent les rails, ne présenteront plus le poids destructeur qui semble 
ne plus avoir de bornes. » 


acousrique. — ÎVouveau tableau pour les proportions des tubes de l'orgue ; 
par M. CamiLLer. 


(Commissaires, MM. de Prony, Dulong, Savart.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un nouveau système de sonnerie pour 
les horloges ; par M. Casrir-Brazr. 


(Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu , Savary.) 


« Dans les sonneries ordinaires de nos horloges , lorsque l'heure est indi- 
quée par un nombre de coups un peu considérable, il arrive fréquemment, 
dit l'auteur du Mémoire, qu’on se trompe en les comptant; qu’on croit, 
par exemple, avoir compté dix coups ou bien douze quand il n’en à 
réellement frappé que ouze. De plus, quand une fraction d'heure vient à 
sonuer, comme rien n'indique l'heure à laquelle cette fraction se rapporte, 
on peut se tromper d’une heure en plus ou en moins; le système que je 
propose obvierait à ces inçonvénients. » 

Pour arriver au résultat qu'il annonce , l’auteur emploie douze cloches 
graves et douze cloches aiguës. 


CORRESPONDANCE. 


PHYSIQUE pu GLO8E. — Sur un tronc d'arbre carbonisé trouvé à la Guade- 
delcupe, enfoui au milieu de produits volcaniques. — Extrait d'une 
lettre de M. Daver, communiqué par M. Biot. 


« Je vous adresse quelques fragments d’un arbre que les mineurs que 
j'éemploïe ont trouvé à 4 mètres 75 centimètres dans le sol. Il avait une 
partie de son tronc et de ses branches, mais sans aucune apparence de 
feuilles : lé tout réduit à un état complet de carbonisation, à l'exception pour- 
tant’ d’une substance parcheminée , cylindrique, couleur de feuille morte, 
qui l'enveloppaïit à plusieurs reprises. À la première vue, je crus que c'é- 


( 119 ) 


tait une peau de couleuvre, mais un examen plus attentif me fit recon- 
naître l'écorce du végétal connu ici sous le nom de line brâlante , liane 
qui se trouve, vous le savez, partout dans nos forêts, et dont la consis- 
tance grasse comme celle du cactus, pourrait expliquer son état actuel, 
€n supposant, comme cela est vraisemblable, que les matières qui l’ont 
enfouie avec l'arbre qui la supportait, l’ont soumise tout-à-coup à une vio- 
lente chaleur, qui aura fait disparaitre sa partie aqueuse sans détruire en- 
tièrement l'écorce et la texture fibreuse. L'arbre étendu horizontalement 
dans une couche de pouzzolane rouge mêlée de ponces, était rompu 
à 7 pieds au-dessous des premières branches. La cassure représente celle 
des arbres ouraganés. Diamètre du tronc, 0", 60°; le charbon qu'il fournit 
ne diffère de celui qui est employé dans l'usage domestique, qu’en ce 
qu'il exhale en brûlant une légère odeur de houille en combustion. Vers 
les branches ce charbon est très mou, et à leurs extrémités il est tout-à- 
fait en poudre. 

» J'ai mesuré les diverses couches qui superposaient l'arbre et qui sont 
au nombre de six, sans compter celle de gisement. Elles sont parfaitement 
distinctes, et je vous en remets des échantillons avec le chiffre de leurs 
épaisseurs. J'ai porté à ces mesures beaucoup d'attention, à cause des 
données qu’elles peuvent fournir sur la force ou la durée des éruptions 
auxquelles ces couches doivent leur formation. La terre végétale qui les 
recouvre prouve que la dernière à déjà une haute antiquité. Ceci, joint à 
la distance qui existe entre le lieu de la mine (la ville de la Basse-Terre ) 
et le volcan aujourd’hui en activité, ne permet guère de les rapporter à 
ce foyer; elles proviennent plus vraisemblablement du groupe du Hoüel- 
mont, qui n’est qu'à une demi-lieue sud de la ville et dont le Caraïbe 
forme la principale cime; mais ce système est lui-même entièrement cou- 
vert de forêts séculaires, et sans sa configuration toute volcanique, ses 
cônes encore plus ou moins intacts, les profondes cavités qui les séparent 
et qui sont évidemment des cratères éteints; enfin sans les énormes cou- 
lées de lave qui s’y rattachent et qui se montrent sur tout le sol envi- 
ronnant, tantôt rompues et dispersées, tantôt en masses continues, on 
pourrait douter des éruptions qui, dans un temps ancien, se sont succédé 
dans ce lieu couvert aujourd’hui d’une si riche végétation. Que de siècles 
écoulés, et que de révolutions dont on n’a même pas conservé le sou- 
venir! » 

À cette note est joint un dessin qui montre l’ordre de superposition 
des différentes couches et la puissance de chacune. La couche de terre 

Ce R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 4.) 16 


( 120 ) 
végétale est épaisse de 5o centimètres, les couches sous-jacentés ont, en 
allant -de haut en bas, 3",50°; o,50°; 0,55; 0",75°; 0,45; 4",10°; cétte 
dernière couche recouvre immédiatement celle dans laquelle est enfoui 


l'arbre’ carbonisé. 


mÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques faites sur la côte occidentale 
de l'Amérique du Nord, au fort Vancouver, rivière Columbia (latit. 
45937/); par M.'Jomx MACLoucuLIN. 


M. Arago; à qui ces observations avaient été remises par M: le docteur 
Macloughlin, de Paris, présente les résultats qu'il en a déduits. Nous les 
avons réunis dans le tableau: suivant, qui n’a pas besoin d'explication: 
Nous devons dire seulement, que'les températures maximum et minimüm 
de chaque jour n'ayant pas été observées, M: Arago n'a pu arriver à la 
température moyenne des jours et des mois, qu'à l’aide de la combinai- 
son des températures des heures homonymes, 7* du matin et 7 du’soir. 


Tempér. moyennes. Tempér, maxima. Tempér. minima. 
Avril 1836..:,..,..-+ 9°,8 cent. «.... 2000.20 cru + 4,4 
MAD erreur Ts ULB: HUE OM + 5,5 
LETTRE TOO those 208 0e :... + 8,9 
Haillete 0 MP ID Become 00e -aresce 1237 
Aout ne SUPER Or AN EAN 2196160. 707.7 + +12,2 


tr Septembre.. :2. 24. H13,7..4.....4.2 % 80,0....:.:..:è + 2,7 
Octobre... 8, +R nt;nane, 064 60/2737. helene si 33 


.. Noyembre,,.….,... H,5,Biulohusseres HIAOp Omer ueer ei 137 
Décembre....... Né 206 demand die oc de —10, 
Janvier 1837...... + 1,2... DRE NE OM RES . — 5,9 
Février. .... CN TER RL n Rec OO eee eee ete — 1,6 
MAPS eee OT MO MS a Errereare dE ER Sd à 110) 


Moyenne — +10°,1 


Cette moyenne est notablement au-dessous de ce que permettait d’at- 
tendre une premiére série d'observations publiées dans le Compte rendu 
de Ja séance du 26 octobre 1835. Le nombre +10*,1 centigrades, est in- 
férieur à la température moyenne du 45° degré de latitude en Europe, 
mais il surpasse à peu pres de la même maniere, la température du 
45° degré pris sur la côte orientale d'Amérique. En définitive, la côte 
occidentäle ‘du nouveau continent, en tant que côte occidentale, sera- 
t-elle plus tempérée que la côte orientale des États-Unis? Cette même 


( 127, ) 

côte occidentale, en tant que portion, de l'Amérique, se trouvera-t-elle 
moins chaude que la côte occidentale de l’ancien continent? Telles\sont 
les questions importantes que le tableau, précédent, soulève; La seule 
année d'observations dont on vient de voir les résultats, peut d'autant 
moins servir à les résoudre, que ‘d'avril 1836 à mars 1837, les vents 
d’ouest ont régné au Rio Columbia, beaucoup moins de temps qu'on ne 
devait l’attendre, en considérant la cause qui leur donne naissance, et ce 
qu’on observe sur la côte opposée du même continent. 


MÉTÉOROLOGIE. — toiles filantes. 


M. Arago communique quelques particularités relatives aux étoiles fi- 
lantes, extraites d’une lettre qu'il a reçue de M. Herrick de New-Haven. 
M. Herrick a cherché à déterminer combien de personnes devront réunir 
leurs efforts simultanés en chaque point du globe, pour être assurées de 
ne laisser passer aucune étoile filante sans qu'on l'ait remarquée. Le 
nombre lui a paru être de neuf. Il a essayé aussi d'apprécier le nombre 
moyen d'étoiles filantes qu’on voit chaque vingt-quatre heures , er laissant 
de côté les averses des mois d’août et de novembre. Suivant lui, environ 


trois millions de ces météores pénètrent journellement dans l'atmosphère 
terrestre. 


M. Cazauvieizx demande à retirer un Mémoire qu'il avait adressé 
l’année dernière pour le concours Montyon. Ce mémoire ayant pour titre : 
De la Monomanie homicide chez les habitants des campagnes, ne fut pas 
admis à concourir, parce que l’auteur avait négligé de remplir une 
condition exigée, celle d'indiquer ce que son travail renfermait de neuf. 
M. Cazauvieilh se propose de présenter de nouveau ses recherches 
au prochain concours, après avoir réparé l’omission qui les avait fait 
écarter la première fois. 

Le manuscrit sera mis à la disposition de l’auteur. 


M. pe La Haye prie l’Académie de hâter le rapport de la Commission 
à l'examen de laquelle a été renvoyée une note sur les moyens de main- 


tenir, pendant les grandes gelées, une portion de rivière libre de glacons 
propre à la navigation. 


M. Jenisson adresse une prétendue solution du problème du mouvement 
perpétuel dont l'auteur est M. FREYBERG. 


16.. 


(rar) 


M. Dumery adresse un paquet cacheté portant pour suscription : 4p- 
pareils de sûreté. 


L'Académie en accepte le dépôt. 


À quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. A. 


(123) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 
1838, 1° semestre, n° 3, in-4°. 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 
1" semestre 1837, un vol. in-4°. 

Mémoires de l’Académie des Sciences ; tomes 14 et 15, in-4°. 

Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques ; décem- 
bre 1837, in-8. 

Énumération des plantes découvertes par les voyageurs dans les Iles de 
la Société, principalement dans celle de Taïti; par M. J.-A. Gunzeuin, 
in-8°. 

De la connexion des Sciences physiques; par M*° Mary Somervize, 
traduit de l’anglais par Madame Meuuen, in-8°, 

Histoire statistique et morale des Enfants trouvés ; par MM. J.-F. 
Terme et J.-B. Monrarcow; Lyon, 1837, in-8°. (Cet ouvrage est adressé 
pour le concours de Statistique.) 

Précis statistique sur le canton de Resson-sur-Matz , arrondissement de 
Compiègne (Oise). Extrait de l'annuaire de 1838, in-8°. 

Précis statistique sur le canton de Clermont , arrondissement de Cler- 
mont (Oise). Extrait de l’annuaire de 1838, in-8. 

Histoire naturelle des Iles Canaries; par MM. Wrss et BERTHELOT , 
27° livraison, in-fol. 

Galerie ornithologique des oiseaux d'Europe; par M. »'Orsreny, 35° li 
vraison, in-folio. 

Nouvelles suites à Buffon. Histoire des insectes ; par M. T. Lacorparre, 
tome 2 et 2° livraison de planches, in-8°. (M. Duméril est Chargé d’en faire 
l’objet d’un rapport verbal.) 

Description of.... Description d’une nouvelle espèce de Chauve-Souris 
qu'on trouve dans les environs de New-YForck; par M. W. Cooper, in-8°, 

The Edinburg. ... Journal de Médecine et de Chirurgie d'Édimbourg , 
n° 133, octobre 1837, in-8°. 


(@n2710) 

The London... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg , 
volume 2, n° 72 et 35, in-8°. 

The Annals.... Annales d'Electricité, de Magnétisme et de Chimie, 
janvier 1838, in-8°. 

Magazine of.... Magasin de la Science populaire, n° 24, janvier 1858, 
in-8°. 

The Athenœum, part 120, décembre 1857, in-4°. 

Journal fur.... Journal de Mathématiques de M. Creire, tome 17, 
livraisons 3 et 4. 

Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires, n° 1, janvier 1838, 
in-0°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales, 5°. année , tome 7, 
janvier 1858, in-8°, et atlas in-#°. 

Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n°3. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 7—09, in-4. 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle, feuilles 16—25, in-fol. 

L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n°°7—16, in-8°. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 29 JANVIER 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


ÉLECTRO-CHIMIE. — Développements relatifs aux décompositions chimiques 
opérées avec les appareils hydro-électriques simples ; par M. BecQuEREt. 


« Le 7 décembre 1835 (Compte rendu des Séances de l'Académie, T. 1, 
p- 455 ) j'ai fait connaître à l’Académie un appareil hydro-électrique sim- 
ple, à l'aide duquel on obtient des décompositions analogues à celles que 
produit une pile de Volta composée d’un certain nombre d’éléments; de- 
puis lors, cet appareil a été l’objet de recherches de la part de plusieurs 
physiciens; les uns ont nié les faits que j'avais annoncés, les autres ont 
reconnu leur exactitude; parmi ces derniers, je citerai M. le professeur 
Jacobi, de Dorpat, qui vient de publier à ce sujet un travail inté- 
ressant. 

» Ayant eu l’occasion, il y a peu de temps, de me servir de l'appareil 
hydro-électrique simple, j'ai pu étudier son mode d'action avec de grands. 
détails , et les résultats auxquels je suis parvenu ne seront pas sans inté- 
rêt pour la théorie électro-chimique. 

» Il est bien prouvé maintenant que la quantité d'électricité qui est as- 
sociée aux atomes dans les composés chimiques est proportionnelle aux 

C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 5.) LU] 


(126) 
affinités en vertu desquelles ces atomes sont combinés. D’après ce principe, 
plus les affinités sont énergiques, plus il y a d'électricité dégagée dans la 
combinaison , et plus le courant électrique doit avoir d'intensité pour dé- 
truire cette combinaison. Aussi a-t-on trouvé que, lorsqu'une dissolution 
est soumise à l’action d’un courant, la quantité de cette dissolution qui 
est décomposée dans un temps donné, est proportionnelle à la quantité 
électricité qui passe dans ce même temps. 

» D'un autre côté, nous sommes porté à admettre, comme M. Delarive, 
que dans la pile de Volta, les deux électricités réunies aux deux pôles ne 
sont autres que celles qui proviennent de la réaction chimique du liquide 
sur les couples extrêmes , lesquelles échappent à la recomposition. Si leur 
intensité paraît augmenter avec le nombre de couples, cela vient de ce que 
les couples intermédiaires opposent un obstacle d'autant plus grand à la re- 
composition, qu'il y a plus de couples. Vient-on à fermer le circuit avec un 
fil métallique, ces deux électricités le parcourent immédiatement, parce 
qu’elles éprouvent moins de difficulté à se recombiner par son intermé- 
diaire qu’en suivant l’intérieur de la pile. Dès-lors, si l’on parvient à retar- 
der suffisamment par un moyen quelconque, la recomposition des deux 
électricités produites dans la réaction de l’eau acidulée sur un métal, on 
obtiendra des effets semblables à ceux d’une pile. Ne perdons donc jamais 
de vue que dans la réaction chimique de deux corps l’un sur l’autre, en 
communication avec un troisième corps liquide ou solide, si l'on veut re- 
cueillir le plus d'électricité possible, il faut disposer l'appareil pour que le 
meilleur conducteur soit le corps qui est destiné à la recevoir. Revenons à 
l'appareil hydro-électrique simple. 


Première expérience. — Dans un verre MN de quelques centimètres de 


(127) 

diamètre, on verse de l'acide nitrique concentré; on plonge dedans un 
tube AB fermé à sa partie inférieure avec un bouchon d'argile d’un centi- 
mètre d'épaisseur, humecté d’une solution de sel marin et de potasse, et 
coiffé d’une toile pour empêcher l'argile de tomber. Ce tube est rempli 
d’une solution concentrée de potasse : on plonge encore dans le verre MN 
un autre tube CD de quelques millimètres de diamètre, traversé par un fil 
de platine et fermé à la lampe dans le haut, rempli en outre d’acide nitrique. 
Une lame de platine plongeant dans la solution de potasse est mise en com- 
munication avec ce fil; dès l'instant que cette communication est établie, 
il se dégage abondamment du gaz oxigène dans le tube AB, comme il est 
dit dans le Mémoire cité. Dans le tube CD, on n’observe aucun dégagement 
de gaz; mais l'acide nitrique se colore successivement en jaune, en vert, puis 
en bleu, en passant par toutes les nuances intermédiaires. Cette expérience 
démontre évidemment que dans la chaîne hydro-électrique simple, l'acide 
nitrique est décomposé par l’action du courant qui résulte de la réaction 
chimique de l'acide sur l’alcali. Toutes les fois que le fil CD n’est pas im- 
médiatement en contact avec l'acide nitrique, le dégagement de gaz cesse 
sur le fil. Cette condition est remplie, quand le tube CD contient de 
l'acide sulfurique à différents degrés de densité et est fermé par en bas avec 
un bouchon d'argile. Dans la réaction de l'acide sur l’alcali, l'acide prend 
l'électricité positive, l'alcali l'électricité négative; dès-lors la lame qui se 
trouve dans la potasse est le pôle positif, et le fil qui est dans l'acide, le 
pôle négatif. Une portion de l'acide nitrique perd, dans cette circonstance, 
peu à peu de son oxigène , et se change en acide nitreux qui se dissout 
dans l'acide nitrique. Selon le degré de concentration de la dissolution, 
la couleur de la liqueur passe successivement du jaune au vert et au 
bleu. 

» Deuxième expérience. — Si l'on emploie, au lieu d’acide nitrique, de 
l'acide sulfurique étendu de moins de la moitié de son poids d’eau, il se 
dégage encore de l’oxigène sur la lame qui se trouve dans la potasse , 
mais en moins grande quantité que dans l'expérience précédente. Sur la 
lame négative, il y a un dégagement de gaz hydrogène correspondant. 
Quand l'acide renferme une grande quantité d’eau, le courant électrique 
n’a plus assez de force pour décomposer l’eau. 

» Troisième expérience. — Si dans le tube AB on en met un autre 
également fermé avec un tampon d'argile, d'environ 1 centimètre de lon- 
gueur et rempli d’une solution de sulfate de potasse, et qu’on y plonge 
la lame de platine, entourée d’une bande de papier tournesol, celle-ci 


17.. 


( r28) 


ne tarde pas à rougir. On voit par-là que l'électricité qui se dégage dans 
la combinaison de la potasse avec l'acide sulfurique, devient apte, dans 
le même liquide, à décomposer le même sel. Si à la place de la solution 
de potasse, on met une solution d’iodure de potassium , l’iode apparaît 
immédiatement autour de la lame de platine. 

» Quatrième expérience. — Puisqu’il est bien démontré que le courant 
électrique est dû à la réaction de l'acide sur Falcali, si l’on veut obtenir 
le maximum d'effet, il faut disposer l'appareil pour que les deux élec- 
tricités, à l'instant même de leur dégagement , se portent sur les lames de 
platine destinées à les recevoir. 

» Voici la disposition qui m'a paru la plus favorable pour cela : le 
tube AB est coiffé, à son extrémité inférieure , avec une douille en platine 
percée de petits trous, et au centre de laquelle est soudé un fil de pla- 
tine, on recouvre cette lame extérieurement d'une toile à tissu très 
serré, et l’on pose dessus une autre lame de platine également percée 
de trous, à laquelle est soudé un fil de platine que l’on met en commu- 
nication avec le fil du tube AB. Cette dernière lame est entourée d’un 
bord relevé qui permet de la fixer sur le tube : d’après cette disposition, 
les deux liquides, à l'instant où ils réagissent l’un sur l’autre, cédent aux 
lames de platine avec lesquelles les parties agissantes sont en contact, 
une portion des deux électricités dégagées ; d’où résulte un courant 
produit par la plus grande quantité d'électricité que nous puissions re- 
cueillir dans la réaction d’un acide sur un alcali. Le dégagement de gaz 
oxigène est très abondant, si l'appareil est bien disposé. Quand le tube 
a 2 centimètres de diamètre, il ne faut que peu d’instants pour recueillir 
1 centimètre cubique de gaz oxigène, avec un tube plongé convenablement 
dans AB. Dans cet appareil comme dans les précédents, on doit éviter 
d'opérer sur des dissolutions qui donnent naissance, par leurs réactions 
réciproques, à des composés peu solubles, parce que les surfaces de 
contact sont bientôt obstruées par des cristaux non conducteurs, qui 
s'opposent à la circulation du courant. Quand cela arrive, il faut laver les 
surfaces de contact, pour dissoudre les cristaux déposés. 

» Cinquième expérience. — Le tube AB, fermé par en bas comme à 
l'ordinaire, avec un bouchon d'argile humecté d’une solution de sel 
marin , est rempli d’une solution d’iodure de potassium; le verre MN est 
rempli d’acide sulfurique légèrement étendu d’eau, puis la communication 
est établie entre les deux liquides, au moyen de lames de platine en re- 
lation avec un fil de même métal. L'iodure de potassium est décomposé 


( 029 ) 

par l'action du courant produit dans la réaction de l'acide sulfurique 
sur le sel marin. On pourrait supposer que le dégagement de liode au- 
tour de la lame qui plonge dans la dissolution de l'iodure, provient de 
l'acide sulfurique qui s'étant infiltré à travers l'argile, aurait réagi sur 
l'iodure de potassium; mais il n’en est rien, puisqu'on obtient le même 
résultat quand la solution d’iodure se trouve dans un second tube placé 
dans l’autre. 

» En substituant à l’acide sulfurique une solution concentrée de ni- 
trate de cuivre, l’iode est également séparé; mais sans qu’il y ait dégage- 
ment de gaz, et que le nitrate de cuivre soit décomposé. L'action du 
courant est donc employée entièrement à séparer l’iode du potassium, 
combiné en vertu d’affinités moindres que celles qui constituent la 
combinaison de loxide de cuivre et de l'acide nitrique dans le nitrate. 

» Les expériences que je viens de rapporter prouvent évidemment que 
les décompositions sus-mentionnées, sont dues uniquement à l’action du 
courant résultant de la réaction chimique des deux solutions qui se 
trouvent l’une dans le tube AB, l’autre dans le verre MN, et qu’en dis- 
posant les appareils pour empêcher le plus possible la recomposition des 
deux électricités dégagées, dans cette réaction, on a des effets chimiques 
comparables à ceux qui sont produits par une pile. » 


RAPPORTS. 


CHIMIE APPLIQUÉE, — Rapport sur un mémoire de M. BoussiNGAULT, relatif 
à l'influence de l'azote atmosphérique dans la végétation. 


(Commissaires, MM. Dutrochet, Turpin , Dumas rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, MM. Dutrochet, Turpin et moi, de lui 
rendre compte d'un mémoire de M. Boussingault, relatif au rôle que 
l'azote de l'air joue dans la végétation. Ce mémoire ayant paru presque 
tout entier dans le Compte rendu de la semaine dernière, ce serait de notre 
part un travail inutile, ceserait abuser des moments de l’Académie que d’en: 
donner ici un résumé nouveau. 

» L'Académie a vu que l’auteur s’est proposé de résoudre nettement une 
question qui a préoccupé toutes les personnes qui ont réfléchi aux grands 
problèmes qui se rattachent aux conditions de l'existence des êtres orga- 
nisés à la surface du globe. On sait très bien que les animaux, par exemple, 


( 130 ) 


fournissent par leur respiration de l'acide carbonique; que les plantes dé- 
composent ce gaz et s'emparent de son carbone. On voit donc là, sans 
difficulté, comment le carbone des plantes rentre dans les animaux par 
les voies digestives, en sort par la respiration, et comment il retourne 
aux plantes. On y voit aussi par quel phénomène l’oxigène de l'air con- 
sommé par les animaux est restitué par les plantes à l'atmosphère. 

» On a été involontairement tenté de croire que l'azote demeurait passif 
dans tous ces phénomènes, car on sait que l'azote pris à l’état gazeux ne 
contracte de combinaison qu'avec beaucoup de peine. On n'avait pas ré- 
fléchi suffisamment à la facilité avec laquelle l'azote dissous contracte au 
contraire des combinaisons énergiques; on n'avait peut-être pas songé 
non plus aux circonstances qui se présentent dans les pâturages des hautes 
montagnes où chaque année on extrait tant d'azote par l’engrais des bes- 
tiaux et la production du laitage , et où néanmoins l'azote ne peut guére 
parvenir que par l'air atmosphérique lui-même. 

» M. Boussingault s'était donc proposé une des plus belles questions de 
la philosophie naturelle, c’est de savoir si les plantes empruntent de l'azote 
à l'air et si elles ont le pouvoir de s’assimiler ce gaz à toutes les époques 
de leur existence. 

» Montrons d’abord qu'il s'est mis parfaitement en mesure de résoudre 
ce problème ; c’est en effet là que se trouvait toute la difficulté. Il fallait 
créer une méthode d'observation d’une exactitude extrême; il fallait em- 
brasser de longs intervalles de temps , afin que les effets de la végétation 
eussent la possibilité de s’accomplir d’une maniere assez large pour que 
toute chance d’erreur demeurût écartée. 

» C’est ce que l’auteur a parfaitement obtenu au moyen de la combi- 
naison de deux méthodes d'observation qu'il aura eu le bonheur d’appli- 
quer le premier à l'étude des phénomènes physiologiques et agricoles. 
Nous ne craignons pas d'ajouter que l'emploi soutenu de ces méthodes 
conduira de la manière la plus sûre les observateurs qui les adopteront, 
à la solution claire et précise de toutes les grandes questions .de l’écono- 
mie des êtres organisés. Les effets résultant de leurs rapports avec le 
monde extérieur peuvent, à l’aide de ces méthodes, être soumis à la ba- 
lance, et deviennent mesurables quelque délicats qu’ils puissent être. 

» En effet, M. Boussingault analyse par les méthodes connues, au 
moyen de l'oxide de cuivre, les plantes ou graines avant l'expérience ; il les 
analyse après. Il peut donc comparer leurs éléments carbone, hydrogène, 
azote, oxigène, et voir ce qu'elles ont gagné ou perdu. 


(13r) 

» De plus, il les fait végéter ou germer dans un air sans cesse renouvelé 
et bien lavé pour le dépouiller de toute poussière; il les arrose avec de 
l'eau distillée , et il les cultive dans un sable siliceux. 

» Ces précautions sont faciles à observer au moyen d’une cloche où les 
plantes sont confinées, et dont l'air se renouvelle sans cesse par le jeu d’un 
tonneau aspirateur. 

» M. Boussingault a fait germer du trèfle et du froment dans cet appa- 
reil, et il a vu que ces graines perdent l’une et l’autre par la germination 
du carbone, de l'hydrogène et de l’oxigène; leur azote demeurant 
intact. 

» 11 a fait végéter du trèfle et du froment dans le même appareil, pen- 
dant deux et trois mois, et il a vu que le trèfle fixe une grande quantité 
d'azote, emprunté nécessairement à l'air, tandis que le froment n’en prend 
pas la moindre trace, du moins à cette époque de sa végétation. 

» Ainsi, il demeure prouvé que le trèfle s'empare de l'azote de l'air ,.et 
tout porte à croire que ce phénomène est général. Si les plantes, à cet 
égard, diffèrent entre elles, c’est probablement par l’époque à laquelle 
elles le fixent. C’est ce que M. Boussingault nous apprendra en continuant 
ses expériences, car le mémoire qui nous-occupe ne peut être considéré 
que comme la préface d’un grand ouvrage que l’auteur est parfaitement 
en mesure d'exécuter. Aussi, ce que nous avons cherché surtout, dans ce 
mémoire , d’ailleurs plein de faits, c’est la méthode d'observation; c’est sur 
elle que nous fixons l'attention de l’Académie, celle du public; car elle 
nous paraît exacte, heureuse et pleine d’avenir. Avec de. légères modifica- 
tions, que chacun y fera sans peine, elle se prêtera à l'examen de toutes 
les questions physiologiques ou agricoles. 

» En conséquence, nous avons l’honneur de proposer à l'Académie de 
décider qu’elle donne son approbation au travail de M. Boussingault, et 
qu’elle en ordonne l'insertion dans le Recueil des Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


CmIMIE APPLIQUÉE. — Rapport sur un mémoire de M. PAyex, relatif à la dis- 
tribution des substances azotées dans les organes des végétaux. 


(Commissaires, MM. Dutrochet, Turpin, Dumas rapporteur. ) 


« L'Académie nous a chargés également, MM. Dutrochet, Turpin et 
moi, de l’examen d’un mémoire de M. Payen, relatif à la distribution de 
la matière azotée dans les organes des plantes. Ainsi, par une circons- 


(Cr32) 


tance assez remarquable, au moment où nous venons d'occuper l’Acadé- 
mie d’un travail destiné à faire connaître la source d’une partie au moins 
de l'azote que les plantes renferment, nous avons à l’entretenir d’un se- 
cond mémoire qui a pour but de définir en quels organes vient se réunir 
cet azote. 

» L'auteur, M. Payen, a déjà présenté à l'Académie un travail destiné 
à établir que les radicelles des plantes renferment toutes une substance 
azotée assez abondante pour donner de l’ammoniaque libre ou carbonatée 
au moment où on les soumet à la distillation. 

» Les circonstances observées par l’auteur lui avaient fait supposer que 
les organes des plantes lui offriraient assez généralement au moment de 
leur développement la présence d’une matière azotée. C’est ce qu’il vient 
de constater de la manière la plus générale. 

» Il a vu que tout organe naissant ou en train de se développer, ren- 
ferme en abondance une matière azotée; il a constaté qu’à mesure que 
l'organe se développe la matière azotée diminue, relativement à la matière 
non azotée qui devient peu à peu tout-à-fait prédominante. 

» Ce fait est général. L'auteur s'en est assuré par l'examen d’un grand 
nombre de plantés ou d'organes de la même plante. Allant plus loin, 
M. Payen s’est assuré que le cambium offre aussi, et en abondance cette 
matière azotée. Il a vu que les bois renferment un suc qui en est lui-même 
chargé, et il a fait à ce sujet une expérience très digne d'intérêt. 

» En faisant passer à travers une baguette de bois de sureau récem- 
ment coupée une grande quantité d’eau, le bois se dépouille de toute 
sa matière azotée; celle-ci est entraînée par l’eau. 

» L'auteur se trouve donc conduit à expliquer par cette curieuse expé- 
rience le rôle de toutes les substances employées jusqu'ici pour conserver 
les bois. Ce sont les matières qui agissant sur cette substance azotée, la 
coagulent et la rendent insoluble dans l’eau. Cette expression générale des 
faits mettra sur la voie, soit pour améliorer ces procédés, soit pour en 
découvrir de nouveaux. 

» Tel est en peu de mots le résumé du travail de M. Payen. Nous 
n'avons pu le suivre dans tous les détails dans lesquels il est entré pour 
démontrer la généralité du principe qu'il a reconnu; mais ces détails 
seront lus avec intérét par les physiologistes. 

» Nous pensons que le Mémoire de M. Payen, venant compléter celui 
que l’auteur a déjà présenté à l’Académie sur le même sujet mérite, com- 
me le premier, d’être admis à faire partie du recueil des Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


(133) 


BOTANIQUE. — Rapport sur un Manuscrit de M. DE Trisran , intitulé : Har- 
monie des organes végétaux étudiés principalement dans l’ensemble 
d'une même plante. 


(Commissaires, MM. de Jussieu, Richard, de Mirbel rapporteur.) 


« Une Commission , composée de MM. de Jussieu, Richard et moi, a été 
chargée par l’Académie de porter un jugement sur ce travail ; nous vous 
apportons le résultat de notre examen. 


» M. de Tristan pense (et nous partageons son avis) que pour bien con- 
naître l'anatomie végétale, la route la plus sûre est d'étudier à fond l'or- 
ganisation de quelques-unes de ces plantes que l’on peut considérer 
comme les types de beaucoup d’autres. Pour joindre l'exemple au pré- 
cepte, il a porté son attention sur le Cucurbita maxima. Quoiqu'il n'ait 
exécuté jusqu’à ce jour que la moitié de sa tâche, le manuscrit sur le- 
quel il appelle l'attention de l'Académie, est déjà très volumineux. Ceci 
ne doit point surprendre : une seule plante phanérogame, choisie parmi 
celles d’une organisation tant soit peu compliquée, offre presque tous les 
faits de quelque importance dont se compose la science de l'anatomie vé- 
gétale. 

» On conçoit que chaque fois que l’auteur a trouvé l’occasion d'éclairer 
et d'agrandir son sujet par des rapprochements, des comparaisons et une 
sage critique, il s’est empressé de la saisir. Mais s’il a eu raison pour l'ins- 
truction de ses lecteurs, d’étendre ainsi son travail, nous aurions tort, 
parlant à l’Académie, de ne pas resserrer le nôtre. 

» Les premières pages de l'ouvrage contiennent une description très 
longue des caractères extérieurs du Cucurbita maxima. Ce n’est pas là 
que les naturalistes doivent s'attendre à trouver des faits inconnus. Ce- 
pendant, voici une observation qui est nouvelle pour nous : les vrilles 
des rameaux sont, sur les uns constamment placées à la droite des feuilles 
et, sur les autres constamment placées à la gauche, sans qu'on puisse 
se rendre compte de la cause de cette différence de position. 

» Après la description botanique qui, à vrai dire, n’était pas indispen- 
sable puisque les phytologistes seuls liront avec profit l'exposé des pro- 
fondes recherches de l’auteur et ses savantes discussions, vient la premiére 
partie du travail anatomique. C'est un traité complet sur ces transforma- 
tions de l’utricule, que l'on appelle organes élémentaires, lesquels com- 

C. R. 1835, 17 Semestre. (T. VI, N° 3.) 18 


( 134 ) 
prennent, selon M. de Tristan, les divers tissus cellulaires, les tubes, les 
trachées , les hélicostyles et l’'épiderme. 

» La lumineuse classification que donne des modifications du tissu cel- 
lulaire, cet habile observateur, prouve qu'il l’a étudié avec soin , non-seu- 
lement dans le Cucurbita maxima, mais dans bien d’autres espèces. Nous 
pensons que cette classification mérite l'attention des phytologistes. 

» Toutefois, au sujet du tissu désigné par l’épithète de gélatineux, nous 
nous permettrons une observation critique. Ce tissu en lui-même n’est 
nullement gélatineux; il se compose , comme le remarque fort bien M. de 
Tristan, de cellules prismatiques, fasciculées, disposées bout à bout en 
séries, et à parois minces. Mais ces parois ont une certaine rigidité, et 
nous ne saurions dire avec l’auteur, que l’ensemble du tissu ne se soutient 
que parce que les cavités cellulaires sont remplies d’une matière semblable 
à une gelée végétale plus ou moins ferme. Nous remarquerons de plus 
que cette matière, peu a près son apparition, se montre à l’œil armé des 
plus fortes lentilles du microscope, sous la forme d’un tissu composé d'une 
infinie quantité de cellules très petites, à parois mucilagineuses , épaisses 
et mamelonnées; tissu si délicat qu’il se détruit presque instantanément 
quand , par un accident quelconque, il est exposé au contact immédiat 
de l'air. Mais si rien ne met obstacle à son développement, il s’offre plus 
tard sous l’une ou l’autre des formes nombreuses que M. de Tristan a dé- 
crites, car ce tissu est la première ébauche de toute production vé- 
gétale. 

» Nous trouvons dans l'ouvrage la description suivante des trachées : 
ce sont des tubes qui résultent de l’enroulement d’un ou plusieurs filets 
cylindriques, transparents, creux et articulés, souvent écartés les uns des 
autres. Ce dernier caractère est bien visible au sommet non encore déve- 
loppé de la tige; mais, selon toute apparence, à l’aide du temps, les tours 
de spire deviendront plus serrés par la multiplication des filets. A notre 
avis, il n’y a ici rien à ajouter et peut-être rien à retrancher. Pourtant, 
nous devons avouer que MM. Mohl et Mayen, dont l'opinion est de grand 
poids, nient absolument que le fil de la trachée soit creux. 

» On sait aujourd'hui qu'une simple utricule globuleuse peut devenir 
d'abord un tube clos, puis une trachée. Cette transformation, annoncée 
il y a déjà bien des années, s’est offerte depuis de la manière la plus évi- 
dente, dans les utricules de l'ovaire du Marchantia. Des faits constatés 
par M. Purkinje, dans l’anthère du Pœæonia tenuifolia et de l'Hyoscyamus 
orientalis, et par MM. de Labillardière, Robert Brown et Linck, dans le 


(135) 


test de la graine du Casuarina quadrivalvis , ne s'expliquent que par une 
semblable métamorphose. 

» Plus anciennement, on avait reconnu que des utricules ajustées bout 
à bout, en séries, devenaient des vaisseaux par la disparition des parois de 
séparation ; mais personne, que nous sachions, n'avait vu des trachées se for- 
mer ainsi. M. de Tristan est le premier phytologiste qui ait mis ce fait en 
lumière. Il nous semble hors de doute que, dans ce cas, toutes les utricules 
de chaque série, après s'être allongées autant que le permet la croissance 
de la partie où elles se trouvent, se changent en de petites trachées, les- 
quelles tenant l’une à l’autre, constituent, par leur association, une grande 
trachée complexe. Ainsi, cette formation ne diffèrerait pas de celle de 
beaucoup d’autres vaisseaux. 

» À ce sujet, nous devons noter que partout où de nombreuses utricu- 
les, agencées en séries longitudinales, composent un tissu serré, il paraît 
bien que les vaisseaux ne se forment que par défoncement d’utricules ; 
tandis que là où le tissu très lâche est criblé de méats, chaque vaisseau 
doit souvent son existence au développement d’une seule utricule qui s'in- 
sinue, s’allonge et se glisse entre les autres; témoin les trachées, si com- 
munes dans les styles d’un tissu spongieux. 

» À l'exemple d'Hedwig et de M. Slack, mais sous la dénomination 
spéciale d’hélicostyle, M. de Tristan décrit un appareil vasculaire, com- 
posé d’un tube membraneux à paroi entière, et d’un filet imitant une 
trachée qui tournerait autour du tube sans y adhérer, et il compare cet 
appareil aux élatères du T'argionia. Nous avons cherché et trouvé les hé- 
licostyles dans le potiron, là même où M. de Tristan les indique, et, en 
opposition à sa manière de voir, il nous a paru que le filet, au lieu d’être 
libre autour du tube membraneux, faisait corps avec lui. Or, ce dernier 
caractère est précisément au nombre de ceux que nous avons observés 
dans les élatères du Targionia ; d'où il résulte que tout en n'étant point 
d'accord sur le fait en lui-même, avec M. de Tristan, nous acceptons très 
volontiers la comparaison qu'il établit entre les élatères du Targionia et 
les hélicostyles du Cucurbita. 

» Une dissertation aussi claire que savante sur l’épiderme, les stomates 
et les poils du végétal, dans laquelle l'auteur signale avec impartialité, le 
fort et le faible des opinions de plusieurs phytologistes, termine cette 
première partie. 

» La seconde partie a un caractère de spécialité qui ne se trouve pas 


dans la premiere. Il en devait être ainsi. Les éléments organiques sont, à 
18.. 


(136) 


peu de chose près, semblables dans la plupart des espèces monocotylédo- 
nées ou dicotylédonées. Par conséquent, M. de Tristan a dû considérer 
ces éléments d’un point de vue général, en indiquant toutefois les modi- 
fications qui serencontrent plus habituellement dansle Cucurbita maxima. 
Mais quand il a passé des éléments organiques aux organes, lesquels dif: 
fèrent dans les différents groupes, puisque c’est leur diversité même qui 
fournit les moyens de les distinguer, il a bien fallu qu'il portät plus par- 
ticulièrement son attention sur le Cucurbita ; et pourtant, il n’a pas écarté 
de son sujet principal, les grandes généralités qui pouvaient s’y rattacher 
avec utilité pour le lecteur. Nous citerons comme exemple, la dissertation 
sur le liber à l’occasion d’un tissu analogue, observé dans l'écorce du 
Cucurbita. Ce morceau se fait remarquer par un très judicieux esprit de 
critique. 

» La méthode adoptée par l’auteur pour arriver à la connaissance de 
la constitution organique de la tige du Cucurbita est excellente. Il exa- 
mine comparativement la tige à son sommet , à sa partie moyenne, à sa 
base. Le sommet offre l’organisation dans la première jeunesse; la partie 
moyenne, l’organisation dans l’âge mür; la base, l'organisation dans la 
vieillesse. Cette méthode si simple en apparence est d’une très difficile ap- 
plication; mais employée avec habileté, elle éciaire toutes les phases de 
la végétation, et permet d'en tracer une histoire complète. Nous ne sui- 
vrons point M. de Tristan dans les détails longs et minutieux de ce travail; 
nous nous bornerons à indiquer rapidement quelques faits principaux. 

» Si l’on coupe en travers la tige dans sa partie moyenne, on verra 
que sa masse, formée presqu'’en totalité, d’un tissu cellulaire lâche, offre 
au centre une lacune à sinus divergeant en étoile; à la circonférence, 
une écorce; et, dans la région intermédiaire, dix faisceaux vasculaires 
disposés sur deux cercles concentriques. 

» L'écorce est formée de deux couches de liber revêtues chacune d’une 
couche parenchymateuse. Il n’en est pas de même en haut et en bas de 
la tige. En haut, le liber le plus extérieur est partagé en bandes longitu- 
dinales au lieu de former une couche continue, et n’est point revêtu 
de parenchyme. En bas, il y a un seul liber avec ou sans parenchyme. 
Il suit de là, selon M. de Tristan, qu'il y a plus de simplicité en haut et 
en bas que vers le milieu de la tige. 

» La coupe des faisceaux vasculaires , faite dans la partie moyenne de 
la tige, offre une figure ovale ou en forme de coin dont le petit bout est 
toujours tourné vers l'axe: On distingue dans ces faisceaux trois régions, 


(37 )) 
savoir : 1° celle des trachées et des hélicostyles; c’est la plus voisine 
du centre; 2° celle des tubes; c’est l'intermédiaire ; 3° celle du tissu gélati- 
neux; c’est la plus rapprochée de la circonférence. Le nombre des tubes 
est d'autant moins considérable que les coupes où on les observe sont plus 
élevées; et, au voisinage du sommet, on ne trouve que quelques tra- 
chées dont les tours d’hélices sont écartés. 

» Les faisceaux vasculaires courent parallèlement les uns aux autres 
dans la longueur de chaque mérithalle. Arrivés à peu de distance des points 
de départ des feuilles, ils s’'anastomosent entre eux régulièrement, et ils 
donnent naissance à des filets qui se portent les uns dans les pétioles, les 
autres dans la tige et ses ramifications. 

» Tandis que l’extrémité supérieure des tubes prend cette direction, 
l'extrémité inférieure paraît descendre dans la racine; et l’on pourrait être 
tenté de croire que tous les tubes qui se trouvent en haut se retrouvent 
également en bas; cependant si l’on compte les tubes d’un mérithalle et 
ceux du mérithalle et des ramifications situées immédiatement au-dessus, 
on ne tarde pas à se convaincre qu'il y a un plus grand nombre de tubes 
dans ceux-ci que dans le mérithalle inférieur. Cette remarque conduit l'au- 
teur à conclure qu’indépendamment du centre d'action placé au niveau 
des cotylédons, il y a des centres d'action secondaires situés vers le point 
d'attache des feuilles. 

» La série d'observations dont on vient d’entendre une analyse très suc- 
cincte, est, à notre avis, la partie la plus importante du travail. Ce que 
l’on lit ensuite sur la racine, la tigelle, les feuilles, etc. , est fort bien pré- 
senté , mais ne contient rien qui répande de nouvelles lumières sur l’ana- 
tomie végétale. 

» On voit par ce qui précède que le manuscrit dont nous rendons 
compte, est bien plutôt un livre qu’un mémoire, dans le sens qu'on donne 
communément à ce mot. Ce livre très instructif contient, avec les obser- 
vations de l’auteur, celles de beaucoup d’autres physiologistes. Les em- 
prunts qu'il leur a faits n’affaiblissent nullement la valeur de ce qui lui 
appartient en propre. Pendant plusieurs années, il s’est livré à des recher- 
ches très pénibles; elles ont été fructueuses. 11 nous donne aujourd’hui des 
notions exactes sur la structure interne des organes de la végétation du 
cucurbita pepo, et nous promet, comme complément, une description des 
organes reproducteurs. La science ne peut que gagner à de pareils tra- 
vaux. De bonnes monographies anatomiques sont les bases solides sur 
lesquelles il importe de l’asseoir. Toutefois, bien que nous reconnaissions 


Chr38 ) 


que le manuscrit de M. de Tristan mérite l'approbation de l’Académie, 
nous n’en demandons point l’insertion parmi les mémoires des Savans 
étrangers : son étendue et sa forme s’y opposent. Nous en éprouvons d’au- 
tant plus de regrets que l’auteur, déjà si avantageusement connu des na- 
turalistes, est plus digne d’une pareille distinction. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


ÉCONOMIE RURALE. — Exposé complet de la culture du coton aux Antilles ; 
précédé d'un aperçu de cette culture, dans les États-Unis d'Amérique, 
et de considérations préliminaires sur la similitude de climat, et sur 
l'opportunité des cultures torridiennes dans l'Algérie; par M. Prrouzr 
père, ancien planteur de coton, et propriétaire d'habitation à Sainte- 
Lucie. 


(Commissaires, MM. Mirbel, Silvestre, Jussieu, Turpin, B. Delessert. ) 


M. ze Ministre DE LA GUERRE transmet ce Mémoire qui lui avait été 
adressé par l’auteur. 

» Le sujet de l'ouvrage de M. Pelouze, dit M. le Ministre de la Guerre, 
est d’un haut intérêt pour l'avenir de l’Algérie, et je désirerais que les 
questions qui y sont traitées fussent soumises aux lumières de l’Aca- 
démie des Sciences. 

» En conséquence, lorsque le manuscrit aura été examiné, je serai 
obligé à l'Académie de me faire connaître, en me le renvoyant ,son opinion 
et les observations auxquelles l'examen qui aura été fait pourra avoir 
donné lieu. » 


ÉCONOMIE RURALE. — Æxposé sommaire de diverses observations recueillies 
pendant plusieurs années sur les insectes nuisibles à l’agriculture ; par 
M. Aupouin. 


(Commissaires, MM. Duméril, Dutrochet.) 


« J'ai commencé en 1817 à réunir les matériaux (1) d’un ouvrage qui de- 
vra traiter des insectes sous le double point de vue de l'histoire naturelle 


(1) Ces matériaux ont servi d’éléments au cours que j'ai fait l’an dernier au 
Muséum d'Histoire naturelle , sur les insectes nuisibles à l’agriculture. 


( 139 ) 

ét de l’agriculture. Depuis lors, mon attention , toujours dirigéevers ce but, 
m'a procuré un grand nombre de faits, que j'ai étudiés et consignés 
journellement dans des registres d'observation. Ils forment aujourd'hui 
quatorze volumes, auxquels se trouvent joints des dessins et beaucoup de 
préparations, montrant les diverses métamorphoses des insectes et les 
altérations très variées qu'ils produisent sur les végétaux, aux dépens 
desquels ils vivent. C’est ce travail, résultat de vingt années de recher- 
ches, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, en la priant de vou- 
loir bien permettre que je lui donne une idée succincte de la nature de 
mes observations, et du plan que je me suis tracé. 

» Naturellement réunies dans un ordre chronologique, ces observations 
peuvent être rapportées à dix chefs principaux. 

» Dans le premier groupe, viennent se ranger tous les faits relatifs aux 
insectes qui nuisent aux semences et aux foie 

» Rien n’est plus ordinaire que de voir les graines ane foule de 
plantes attaquées par des insectes; rien n’est moins connu que la manière 
dont ils y vivent, et dont ils y ont pénétré. Je me bornerai à citer un seul 
exemple, qui en donnera la preuve. 

» Tout le monde sait que les pois, les lentilles, les fèves, sont fré- 
quemment rongés par des insectes qui vivent dans leur intérieur. Leur 
présence se manifeste surtout au printemps, et comme alors ils se mon- 
trent en grand nombre et à l’état parfait dans les magasins, on suppose 
généralement qu'il en est de ces insectes comme des charançons du blé, 
c’est-à-dire qu'ils se sont propagés au centuple dans le lieu même où on 
les conserve. C’est là une erreur qu’il était très utile de rectifier. 

» Or, l'étude que j'ai faite des mœurs de ces insectes destructeurs , 
m'a démontré qu’ils ne pouvaient pas se reproduire dans des graines 
desséchées, mais seulement dans des graines tendres et encore vertes. 
Aussi est-ce dans les champs mêmes où l’on cultive ces plantes, qu'a lieu 
l’accouplement et la ponte. J'en ai étudié toutes les circonstances, et j'ai 
vu que la femelle déposait ses œufs non pas dans les semences, mais 
sur la gousse qui les renferme, puis j'ai observé la manière dont le ver 
naissant, après avoir percé l'œuf par sa face adhérente, savait trouver la 
graine et s’insinuait bientôt dans son intérieur par une voie détournée, 
c'est-à-dire en pratiquant d'abord une galerie qui cheminait dans une 
étendue de quelques millimètres entre le cotylédon et son enveloppe. 

» Veut-on connaître le but de cette singulière manœuvre? Rien n’est 
plus facile que de se l'expliquer. Si la jeune larve avait continué de creu- 


( 140 ) 

ser la fève, le pois ou la lentille immédiatement au - dessous du petit 
trou d'introduction pratiqué à l’enveloppe, la loge correspondante dans 
laquelle élle doit vivre et qu’elle agrandit à mesure qu'elle mange, n'au- 
rait pas été close extérieurement par une paroi entière, mais par une paroi 
perforée. Il lui importe sans doute beaucoup de se soustraire à cette con- 
dition défavorable, car jamais elle ne manque d'opérer comme je viens 
de le dire, 

» Quoi qu'il en soit, ce point d'introduction, facile à distinguer sur les 
semences vertes, est encore visible sur les semences müres et même sur 
les semences desséchées, en sorte qu’on pourra toujours, pour peu qu’on 
veuille y prêter attention, reconnaître immédiatement après la récolte et 
durant tout l'hiver, celles de ces graines qui contiennent dans leur inté- 
rieur des insectes, 

» Cette connaissance ne sera pas seulement importante pour le cultiva- 
teur qui emmagasine dans la vue de livrer ses produits à la consomma- 
tion; elle sera très utile à celui qui destinera ses graines à l'ensemence- 
ment. En effet, il compromettra sa récolte future s’il porte dans son 
champ des graines infestées; il la sauvera s'il n’y met que des graines par- 
faitement saines. Je pourrais en citer de nombreux exemples. 

» Je placerai dans un second groupe les observations que j’ai recueillies 
et qui ont pour objet l'étude des insectes nuisibles aux racines. On verra 
qu’elles sont attaquées par des larves autres que celles du hanneton, qui 
ne se contentent pas d'en ronger le chevelu, mais qui s’introduisent dans 
leur intérieur et y creusent des cavités nombreuses et profondes. Souvent 
on attribue à la nature du sol ou aux intempéries de la saison le dépéris- 
sement de certains végétaux herbacés ou ligneux, cultivés en grand, et 
qui n’ont pas d'autre cause de maladie. 

» Je réunirai sous un troisième titre les faits qui se sont offerts à mon 
observation, et qui concernent les altérations nombreuses que les tiges 
des plantes de toute espèce, et particulièrement les arbres, éprouvent de 
la part d’une foule d'insectes. C’est là un sujet de la plus haute importance 
et auquel se rattachent de graves questions d'économie forestière. 

» J'aurai bientôt l'honneur d’en entretenir spécialement l'Académie. 
Qu'il me suffise pour le moment de fixer son attention sur la nature des 
matériaux que j'ai réunis, afin qu’elle juge combien sont nombreux les 
éléments du problème, 

» Les tiges de plusieurs arbres sont rendues souffrantes, elles languis- 
sent long-temps et peuvent même périr par suite de la piqûre incessante 


(Cr) 
de certains insectes qui sucent à travers l'écorce le fluide nourricier. Tels 
sont divers pucerons, plusieurs gallinsectes, des cochenilles et des thrips, 
que j'ai observés sur les chênes, les sapins, les pins, les pommiers, la 
vigne, et sur plusieurs plantes exotiques et précieuses qu’on élève dans 
les serres. 

» D’autres insectes attaquent les arbres d’une tout autre manière, et 
leur occasionnent un tort bien plus sensible, puisque ce sont eux surtout 
qui sont la cause des dévastations qu'on remarque dans nos forêts de 
chênes et de pins, et parmi les ormes de nos routes, de nos boulevarts et 
de nos promenades. Tous ces insectes, sans exception, se tiennent cachés 
à l’état de larve, entre l’écorce et le bois, et détruisent la nouvelle couche 
d’aubier qui tend à se former, en marquant chacun leur route par un pe- 
tit sillon. 

» Ailleurs ce n’est pas cette nouvelle couche, mais c’est le bois déjà 
formé qui est taraudé en tout sens par des insectes de plus grande taille. 
J'en présente l’histoire, et j'insiste surtout sur un fait relatif à une certaine 
espèce de peuplier qui meurt chaque année par milliers, atteinte qu’elle 
est toujours de préférence par des larves de la Saperda carcharias. 

» Enfin, beaucoup d'arbres, d’arbustes et de plantes herbacées sont 
perforés dans leur axe par des insectes qui détruisent la moelle, quelque- 
fois pour s’en nourrir, mais le plus souvent pour déposer dans ce canal 
central évidé leurs œufs, auprès desquels ils apportent des provisions né- 
cessaires aux larves qui en naïîtront. 

» Quel que soit le motif qui les fait agir , il en résulte pour la plante, 
un mal très réel, surtout dans les cultures de rosiers dont les tiges creusées 
ainsi par des crabrons , des pemphredons et des odynères, redeviennent 
bientôt églantiers, lorsque la perforation a dépassé le point où la greffe 
avait été établie. 

» Ce fait étant constaté par les observations auxquelles je renvoie, 1l 
sera facile, comme je l'indique, de trouver le moyen de remédier à cet in- 
convénient. 

» On pourrait ranger, sous un titre spécial, quelques remarques qui ne 
me paraissent pas dénuées d'intérêt, et qui sont relatives aux insectes qui 
attaquent les bourgeons , tantôt pour s’en nourrir, tantôt pour déposer à 
leur intérieur des œufs d’où écloront des larves qui les ferontavorter. Les 
chénes sur lesquels habitent déjà tant d'insectes, sont fréquemment sujets 
à ce genre singulier d’altération. 

» Non-seulement les bourgeons, mais les jeunes pousses de plusieurs vé- 

C.R. 1828, 1er Semestre. (T. VI, N° 5.) 19 


(142) 
gétaux sont exposés à de grandes chances de destruction : je classerai sous 
un cinquième chef quelques faits que je crois avoir observés le premier, et 
qui prouvent que si dans bien des cas ces jeunes pousses sont dévorées par 
des insectes, il est d’autres circonstances où ils se contentent de les couper, 
et cela dans un but très différent. 

» J'en citerai un exemple frappant qui fera voir en même temps com- 
bien des connaissances exactes d'entomologie peuvent être utiles à l’hor- 
ticulture. 

» L'observation a trait à un petit insecte qui fait les plus grands dégâts 
dans les jardins en coupant les brindilles des poiriers et des pommiers; j'ai 
visité des localités où sa présence était un vrai fléau, et je pourrais citer 
un savant physicien de l’Académie qui a beaucoup à s'en plaindre (r). 
Tous les jardiniers le connaissent sous différents noms, et plusieurs lui 
font une chasse très active; mais il leur échappe par plusieurs ruses, et en- 
tre autres par celle qui consiste à se laisser cheoir en contrefaisant le mort 
dès qu'il aperçoit un corps animé à distance. Il en résulte que quelque 
habileté qu’on y mette, on parvient difficilement à en réunir un nombre 
assez grand pour dédommager du temps qu’on y passe. Or, pendant qu'on 
recherche minutieusement ces insectes, on en laisse éclore près de soi des 
centaines et des milliers qu'il serait cependant très aisé de détruire. 

» En effet, j'ai dit déjà que l’insecte, qui est une sorte de petit charan- 
con bleu (Rhynchites conicus, Ix116.), incisait avec son bec les jeunes 
rameaux. Le fait-il pour s’en nourrir? Les horticulteurs le croient; mais les 
horticulteurs se trompent; le but réel de cette opération est uniquement 
de produire le desséchement du brindille coupé, et voici maintenant dans 
quel intérêt l’insecte agit ainsi; il a eu soin, avant de pratiquer la taille du 
rameau , d'introduire dans son extrémité un petit œuf, d’où sortira bientôt 
une larve, mais cette larve ne peut vivre que de bois mort : la femelle sait 
donc par un merveilleux instinct satisfaire à cette condition future de son 
existence. 

» Ceci posé, on comprendra que loin qu'il faille dédaigner les rameaux 
flétris, c'est vers eux que le jardinier prévoyant devra porter surtout son 
attention, et la chose lui sera d’autant plus facile qu’ils restent suspendus 
à la branche par une petite portion de l’épiderme, et qu’à cause de leur 
couleur brune ou noire, ils tranchent parfaitement avec les feuilles vertes 
de l'arbre. Une tournée faite tous les jours amènera une abondante ré- 


ES 


(1) M. Gay-Lussac. 


(143) 


colte, et je dois dire que l'expérience que j'en ai faite et que j'en ai vu 
faire a toujours été couronnée d’un plein succés. 

» Si nous passons des rameaux aux feuilles , nous verrons que de toutes 
les parties du végétal ce sont évidemment elles qui fournissent la nourri- 
ture à un plus grand nombre d'insectes, et l'on sait combien est sensible 
le tort qui en résulte pour la plante lorsque ces insectes arrivent à l'en 
dépouiller complétement. 

» Ici l'étude est plus facile, et les faits ne manquent pas dans la science. 
Je me suis attaché à en découvrir de nouveaux; ils pourraient être réunis 
sous le titre d'Observations sur les insectes qui attaquent les feuilles ; et 
d’abord , je dois encore faire ici la remarque, que ce n’est pas toujours 
pour s'en nourrir qu’ils les rongent; mais que souvent ils les coupent et 
les font se flétrir, afin de procurer une nourriture convenable à leur 
postérité. Dans tous les cas, leur manière d'agir sur les feuilles est très 
variée. 

» Les observations consignées dans mon manuscrit, feront connaitre 
certaines espèces qui mangent les feuilles en totalité, et d’autres qui ne 
les attaquent jamais qu’en partie, sur un point quelquefois excessivement 
limité. 

» On en trouvera qui restent à nu pendant qu'elles mangent, et plu- 
sieurs qui s’abritent avec des fils. 

» J'en décris un bon nombre qui enroulent artistement les feuilles pour 
s’en faire des fourreaux protecteurs, et d’autres qui fabriquent avec soin 
de petits sachets, non pour s’envelopper, mais pour y loger leurs œufs. 

» Je signale aussi à l'attention des agriculteurs, certains insectes qui, 
moins nuisibles en apparence que les précédents, amènent cependant la 
chute des feuilles, sans qu’on en devine souvent la cause. Ce sont de 
très petites espèces qui tantôt aspirent, à l’aide de leur bec, le suc de 
ces feuilles, et tantôt en rongent, avec de fines dents, l’une ou l’autre 
surface. 

» Enfin, je m’attache à tracer, dans tous ses détails, l’histoire de ces 
larves curieuses qui ont l'habitude de vivre dans l'épaisseur des feuilles 
les plus minces, mais qui ont bien soin, tout en rongeant le parenchyme, 
de ménager les deux épidermes. Celles-ci occuperont, dans leur inté- 
rieur, des espaces irréguliers, qu’elles agrandiront chaque jour ; celles-là 
y décriront des galeries sinueuses, et quand elles auront ainsi cheminé 
en mangeant sans cesse et en grossissant à vue d'œil, le terme de leur 
croissance sera atteint; elles se métamorphoseront en nymphe. 


19. 


(144) 

» Un fait d’entomologie non moins curieux encore est celui que nous 
offrent journellement ces insectes de petite taille, qui, piquant avec leur 
tariere un végétal pour déposer un œuf dans son intérieur, occasionnent 
sur ce point une altération telle, qu'on voit bientôt croître rapidement 
une partie tres différente par son aspect et sa structure des autres organes 
de la plante. 

» L'industrie a déjà tiré parti d’une monstruosité de ce genre, la noix 
de galle; mais sans doute qu'elle pourrait en utiliser plusieurs autres 
qui sont moins connues. Je me suis attaché avec beaucoup de soin à leur 
étude; j'ai cherché à déterminer les diverses circonstances qui amènent 
leur production, et dans ce but j'en ai décrit et figuré un grand nombre 
que j'ai vu naître sur les bourgeons, sur les tiges, sur les feuilles et même 
sur les fleurs et les racines. 

» En considérant la plante dans toutes ses parties, et en rattachant à 
chacune d'elles mes observations, j'ai fait comprendre combien elle peut 
souffrir, pendant qu’elle végète, de la part des insectes. 

» Malheureusement le mal ne s'arrête pas là, et personne n’ignore que 
les substances végétales, lorsqu'elles ont cessé de vivre, sont exposées à 
de nouvelles altérations. 

» Les bois employés dans nos bâtiments n’en sont pas plus à l’abri 
que les bois morts qui restent fixés à l'arbre, et ce sont encore les in- 
sectes qu'on doit plus souvent accuser de ces dégâts. 

» J'ai rassemblé plusieurs faits qu’on pourrait comprendre sous un hui- 
tiéme titre; ils sont surtout relatifs aux espèces qui taraudent nos divers 
bois de construction et à celles qui vivant dans les détritus des arbres 
creux et malades, en activent la mort plus qu’on ne le suppose. 

» On trouvera aussi dans le recueil de mes recherches quelques re- 
marques dont l’objet n’est pas sans importance ; je veux parler des insectes 
qui vivent aux dépens de divers grands animaux. Plusieurs maladies de 
nos espèces domestiques ont pour cause la présence ces insectes, soit 
à la surface de leur corps , comme plusieurs pous et acarus, soit à l’inté- 
rieur, comme ces redoutables œstres qui habitent dans les sinus fron- 
taux, dans les intestins ou dans le tissu graisseux sous-cutané. 

» J'ai observé ceux des chevaux, des moutons, des cerfs, etc., et j'ai 
pu étudier avec soin une espèce qui semble particulière à l’homme, et 
qu’on connait à Cayenne sous le nom de ver macaque. 

» Enfin, je ne devais ni ne pouvais négliger l’histoire si curieuse et en 
même temps si variée de cette multitude d'espèces dont les larves vivent 


( 145 ) 

en parasites dans le corps de beaucoup d'insectes nuisibles et arrètent 
souvent leur trop grand développement. Ce sont sans doute de puissants 
auxiliaires que la nature nous envoie ; mais nous sommes forcés de recou- 
naître leur insuffisance, et nous devons avouer aussi que agriculture, 
livrée jusqu'ici à ses propres ressources, n’a pu généralement rien faire 
pour arrêter le mal dont elle se lamente sans cesse. 

» Osons espérer que la science viendra bientôt prêter du moins son 
utile concours, tel a été le but constant des longues recherches que j'ai 
honneur de présenter aujourd’hui à l’Académie. » 


» 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Vote sur la fabrication du papier avec l'écorce du 
mürier ; par MM. GÉrARD et DE PRÉDAVAL. 


(Commissaires, MM. Thénard, Darcet, Dumas. ) 


« La pâte de l'écorce du mürier, disent les deux auteurs, a été depuis 
long-temps proposée comme pouvant remplacer avantageusement la pâte 
de chiffons, dans la fabrication du papier; mais jusqu’à présent cette subs- 
titution n'avait jamais été faite en grand, faute d’un procédé simple et 
économique pour séparer de la partie filamenteuse les fragments d’épi- 
derme qui, ne perdant jamais leur teinte brune, altéraient la blancheur du 
papier. Cette difficulté disparait dans notre procédé de fabrication qui est 
le suivant. 

» Les fagotins, pris à une époque quelconque de l'année, sont lavés 
avec une eau. saturée de chaux, puis séchés; on les passe ensuite au mou- 
lin, puis à la bluterie qui sépare de l’épiderme l’aubier et la substance 
filamenteuse. Cette dernière est elle-même séparée de l’aubier par le ven- 
tilateur, et dès-lors n’a plus besoin que du blanchiment, pour être direc- 
tement applicable à la fabrication du papier.» 

A cette note est jointe une série d'échantillons, savoir 1° le bois en 
nature; 2° le bois préparé à la chaux; 3° le bois et la matière filamen- 
teuse triturés et séparés de l’épiderme; 4° la substance filamenteuse sé- 
parée du bois; ° la pâte propre à faire du papier; 6° la même pâte sé- 
chée, mais non collée. 


(146) 


ANATOMIE. — Mémoire sur un moyen simple d'apprécier exactement le 
volume et la pesanteur spécifique des organes après la mort; par 
M. Worccez. 


(Commissaires, MM. Becquerel, Breschet. ) 


L'auteur fait remarquer que jusqu’à présent les anatomistes se sont 
contentés, en général, lorsqu'ils avaient à décrire des organes sains ou m&- 
lades, d'une évaluation approximative et souvent très infidèle de leur 
volume et de leur pesanteur spécifique; tandis qu'ils peuvent, en pesant 
successivement dans l’air et dans l’eau, obtenir très exactement la dernière 
mesure, l’autre leur étant également donnée par la seconde opération 
s'ils emploient, pour contenir l’eau dans laquelle se fait cette pesée, un 
vase convenablement gradué. 

M. Woillez ne se donne pas, on le pense bien, pour l'inventeur de 
ce procédé employé de tout temps par les physiciens; mais il ne croit pas 
que jusqu’à présent on en ait fait d'application à l'anatomie, et il regarde 
cette application comme importante, en ce qu’elle contribuera à faire 
disparaître le vague des descriptions des organes. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Remarques concernant quelques passages d'un 
Rapport fait a l’Académie sur un mémoire de M. Morin, relatif aux 
turbines de M. Fourneyron; par M. Francis. 


Suivant l’auteur de cette note, l'invention de M. Burdin n'avait pas be- 
soin , pour étre appliquée avec succès dans l'industrie, d’autres disposi- 
tions de construction que celles que l’auteur avait lui-même fait connai- 
ire. M. Francis pense en conséquence, que tout en reconnaissant l'utilité 
des modifications apportées aux turbines par M. Fourneyron, on n'aurait 
fait que rendre justice à M. Burdin, en déclarant qu'il avait donné non- 
seulement la théorie de ces ingénieux appareils, mais aussi les moyens de 
l'appliquer. 

( Après une réfutation verbale, par M. Arago, des principales assertions 
de M. Francis, la note est renvoyée à la Commission qui a fait le rap- 
port sur le Mémoire de M. Morin.) 


MÉDECINE. — Expériences physiologiques démontrant l'influence de l'alte- 
ration du sang dans la production de l'inflammation et des autres 
lésions locales ; par M. Fourcauzr. 


{Commission pour le Concours au prix de Médecine, fondation Montyon.) 


GninunGie. — ÂVote sur un cas de fracture complète de la jambe, traitée au 
moyen du bandage gypso-amilacé; par M. Lararcue, de Saint- 
Émilion. 

(Commissaires, MM. Larrey, Roux.) 

L'auteur, qui dans une lettre précédente annonçait avoir reconnu l’a- 
vantage de substituer à l’empois employé par d’autres chirurgiens comme 
substance agglutinative, un mélange à parties égales d’amidon et de 
plâtre, adresse une observation relative à un cas de fracture, dans lequel 
il a fait usage de la méthode ainsi modifiée. « Le soir même, six heures 
après le pansement, le bandage, dit M. Lafargue , était parfaitement sec, 
et le lendemain matin le malade put se lever, sans éprouver de douleur, 
pour que l’on fit son lit.» 


CORRESPONDANCE. 


M. ze MinisTRe DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE prie l’Académie de hâter le 
rapport sur un Mémoire de M. Aubert Mangin, concernant l’Astronomie. 


ANATOMIE COMPARÉE. — Remarques sur une communication de M. Coste, 
relative à l'œuf du Kangourou. — Extrait d’une lettre de M. Owen à 
M. Arago. 


« A l'égard de la description de l’allantoïde du kangourou que M. Coste 
a donnée dans le n° 18 du Compte rendu , p. 638, j'ai à observer en pew 
de mots que M. Coste se trompe en supposant qu’un œuf de kangourou 
ait été soumis par moi à son examen; ce que je lui ai remis était un fœtns 
d’un kangourou avec le sac du vitellus et l'allantoide préparés et adhérents 
encore au fœtus. L’œuf d’où ces objets provenaient avait été disséqué 
quelques semaines avant le séjour de M. Coste à Londres. La membrane 
corticale de l'œuf (le chorion) avait été enlevée. 

» Je n’ai pas besoin de faire observer que la dissection d’un œuf de 
mammifere et la préparation des sacs appendus à l'embryon, impliquent la 
nécessité de séparer le chorion tout entier. Or, cette membrane de l'œuf 
en question n'a pas été montrée à M. Coste. Il ne l’a jamais vue. 

» Les modifications que j'ai trouvées dans le chorion de l'œuf en ques- 
tion, quand je l'ai comparé à celui que j'avais précédemment disséqué et 
décrit, m'ont donné de nouveaux faits d’une importance spéciale pour 
l'histoire des développements marsupiaux. Ces faits, je ne les communi- 


( 148 ) 


quai pas à M. Coste. Depuis, j'ai eu raison de me féliciter de cette réserve. 
A l'égard de l'allantoide, comme sa présence m'a conduit à une confirma- 
tion de mes prévisions fondées sur des dissections dont les résultats avaient 
été publiés dans les Transactions philosophiques de 1834, je n’hésitai nul- 
lement à donner à M. Coste tous les moyens possibles d'arriver à une dé- 
monstration oculaire de mes résultats. Et ce qui m'induisit à placer de- 
vant M. Coste, le fœtus du kangourou avec les vésicules annexes, c’est 
que j'avais trouvé dans son ouvrage sur l'Æmbryogénie (p: 18), qu'il refu- 
sait l’allantoïde aux didelphes. Cette idée est, à la vérité, d'accord avec la 
figure de l'embryon (pl. IX), laquelle est copiée de mon Mémoire , mais 
elle se trouve en opposition avec mon texte, dans lequel j'ai exposé 
d'une manière complète les preuves de lexistence d’une allantoïde dans 
les fœtus suffisamment âgés de didelphes. 

» Pour satisfaire au désir fort louable qu'avait M. Coste d'obtenir des 
preuves irrécusables relativement à la nature des sacs membraneux affixés 
au fœtus du kangourou, je lui ai permis de disséquer le fœtus, et avec 
l’aide que je lui prêtais, il a pu vérifier, relativement aux connexions des 
vaisseaux du sac ombilical avec ceux du fœtus, l’exactitude de la figure et 
de la description que j'ai donnée dans mon Mémoire, publié en 1834. 
I a pu voir aussi que le petit sac ou allantoïde était en connexion avec 
un ouraque semblable à celui que j'ai représenté dans les figures 6, 7 et 8 
de la planche VIT du même Mémoire. 

» Si un seul fait nouveau avait été mis en lumière, j'aurais eu le plus 
grand plaisir à reconnaitre la participation de M. Coste à cette découverte. 

» Je regrette en outre que M. Coste, en rectifiant par cette dissection 
une erreur dans laquelle il est tombé en parcourant trop sommairement 
mon mémoire, me force d’en signaler une autre plus grave. Il ajoute à la 
fin de sa description : « Le chorion est confondu avec la vésicule ombili- 
cale. » Je ne voudrais en aucune façon attribuer cette phrase extraordi- 
naire à la nécessité dans laquelle M. Coste se trouvait de dire quelque 
chose sur le chorion, après avoir annoncé qu'il avait disséqué un œuf 
de kangourou qui était encore intact; mais j'aime mieux supposer que 
M. Coste est tombé dans cette erreur parce que, trouvant que ses notes et 
ses figures sur l'œuf du kangourou se rapportaient seulement au fœtus et à 
ses appendices vésiculeux, il ne lui restait autre chose à supposer sinon 
que le chorion était confondu avec la vésicule ombilicale. 

» J'ai décrit la vraie condition du chorion de cet œuf, et le résultat de 
ces dernières observations, m’a conduit à modifier dans les Comptes rendus 


( 149 ) 


de la Société zoologique, pour août 1837, page 83, mes opinions sur l'ovo- 
viviparité des marsupiaux ou au moins du kangourou. » 


M. Devize De CHagrio prie l'Académie de häter le rapport qui doit 
être fait sur un Mémoire qu’il a adressé en 1836, concernant la Naviga- 
tion de l’Allier et de ses affluents. 

Le rapport a été retardé par la mort des deux Commissaires d'abord 
désignés, MM. Girard et Navier, lesquels ont été, depuis, remplacés par 
MM. Poncelet et Coriolis. 


M. Dumery adresse un paquet cacheté, portant pour suscription : 
Appareils de sûreté pour les machines à vapeur. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


À quatre heures et un quart, l'Académie se forme en comité secret. 


La section d’Économie rurale présente, par l’organe de M. Silvestre, la 
liste suivante de candidats, pour la place vacante dans son sein , par suite 
du décès de M. Tessier : 


MM. de Gasparin, 
Leclerc-Thouin, 
Vilmorin, 

Audouin, 

Huerne de Pommeuse, 
Boussingault, 

Payen, 

Soulange-Bodin, 
Loiseleur-Deslonchamps. 


Les titres de ces divers candidats sont discutés. 
L'élection aura lieu dans la prochaine séance. MM. les Membres en se- 
ront prévenus par billets à domicile. 


La séance-est levée à 5 heures. F. 


C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 5.) 20 


(150) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; 
1°" semestre 1838, n° 4, in-4°. 

Icones selectæ plantarum quas in prodromo systematis universalis, ex 
herbaris Parisiensibus præsertim ex Lessertiano, descripsit Auc. Pyr. DE 
Canpozre. Accedunt Icones plantarum novarum aut minus rite cognitarum 
a peregrinatoribus nuperrime de tectarum editæ a Bens. Devesserr, 
vol. 3, 1837, in-fol. 

Annales de la Société Entomologique de France ; tome 6, 3° trimestre 
1837, in-8°. 

Annales des Sciences naturelles ; 2° série, 4° année, tome 8, juillet 
1837, in-8°. 

Des Colonies agricoles et de leurs avantages ; par M. Huerne ve Pou- 
MEUSE, in-8°. 

Observations sommaires sur les canaux navigables et les chemins de 
fer; par le méme, in-8°. 

Questions et réponses relatives aux moyens d'établir en France des co- 
lonies agricoles de divers genres ; 1°° partie, par le même, in-8°. 

Traité des Végétaux qui composent l'agriculture; par M. Tozrarp ainé, 
in-12. ï 

Le bon Jardinier pour l'année 1838; par MM. Poireau ET VILLEMORIN , 
in-8. (M. Dutrochet est prié de rendre un compte verbal de cet ouvrage.) 

Essai sur la Statistique de la population française considérée sous quel- 
ques-uns de ses rapports physiques et moraux; par M. le comte n’Ance- 
vice, in-4°. ( M. Héricart de Thury est prié de rendre un compte 
verbal de cet ouvrage. ) 


( 151 ) 

Lettres sur l'Astronomie; par M. Azsert Monremonr , 2 vol. in-8°. 
(M. Mathieu est prié de rendre un compte verbal de cet ouvrage.) 

Opuscules scientifiques concernant la Chimie, l'Histoire naturelle, l'In- 
dustrie et l'Économie rurale; par M. G. Dusuc, et publié par M. Duosuc fils, 
in-8’, Rouen. 

Cours élémentaire de culture des bois, créé à l'École royale forestière 
de Nancy; par M. Lorewrz, publié par M. A. Parane, 2° édition in-8°. 

Dictionnaire des Communes du Département de l'Aisne; par MM. Bacer 
et Lecoivre-Laow, 1857, in-12. 

Voyages en Islande et au Groënland pendant les années 1835 et 1836, 
publié sous la direction de M. GatmarD, 7° livraison in-fol. 

Voyage aux Indes-Orientales par le Nord de l'Europe; par M. Cnarres 
BÉLanGEer, 20° livraison in-8°, et planches in-4°. 

Bibliotheque universelle de Genève, n° 24, décembre 1837, in-8°. 

Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux ; 
séance publique du 21 septembre 1837, in-8°. À 

Revue critique des livres nowveaux ; rédigée par M. Josr Cnerpuuez ; 
6° année, n° 1, in-8°. 

Société générale des naufrages dans l'intérêt de toutes les nations, n° 78, 
in- 8°. 

Proceedings of.... Procès-Verbaux de l'Académie royale d'Irlande 
pour l'année 1836—1837, n° 1—6, 6° année, 1837—1838, n° 7, Dublin, 
in-8°. 

On the tides.... Sur les marées ; par M. Lussock, pour servir de sup- 
plément au compagnon de l’almanach de 1837, un quart de feuille in-16. 

Account of.... Notice sur les recherches de M. WanewezL, concernant 
les marées , in-8°. 

Journal de Médecine pratique, ou Recueil des travaux de la Société 
royale de Médecine de Bordeaux ; 2° série, 1", 2° et 3° année, iu-8°. 

Archives générales de Médecine , »° série, tome 15, décembre 1837, 
iu-8°. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale, Recueil 


pratique ; par M. Miquez, 7° année, tome 14 , 1'°, 2° et 5° année, in-8°. 


rs) 
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 4; in-4°. 
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 10 — 12, in-4°. 
Écho du Monde savant ; n°* 3 et 4. 
La Phrénologie ; tome 1, n° 29. 
L'Expérience , Journal de Médecine, n° 17, in-8. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 5 FÉVRIER 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


CHIMIE OPTIQUE. — in du mémoire de M. Bior sur plusieurs points de 
mécanique chimique. 


Des combinaïsons ternaires formées par l'acide tartrique , les terres et l'eau. 


« Lorsque j'annonçai il y a deux ans à l’Académie, les singulières pro- 
priétés optiques que présente l'acide tartrique dissous dans l’eau ou 
combiné avec les bases alcalines, je fis remarquer que, par une excep- 
tion jusqu'alors unique parmi ces combinaisons, le tartrate d’alumine 
m'avait présenté la rotation vers la gauche. Mais comme ce tartrate 
adhère à l’eau jusqu’au point de prendre avec elle l’état gommeux, je 
soupçonnai que cette inversion pouvait bien dépendre de la faible pro- 
portion d’eau avec laquelle il était alors uni (*). C’est ce que l'expérience 
m'a depuis confirmé en accompagnant ce phénomène de particularités 


() Voyez les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, tome I, p. 459, 
séance du 7 déc. 1835. 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, Ne 6.) 24 


(154) 
qui en augmentent l'intérêt; je vais donc considérer d'abord ce genre de 


combinaison. 
Des combinaisons fluides, formées par l'acide tartrique, l'alumine et l'eau. 


» Ayant dissous 44,13 d'acide tartrique cristallisé dans 300f d’eau, j'ai 
fait bouillir ce liquide pendant plusieurs heures sur de l’alumine hydratée 
très sèche, et qui ne contenait pas d'ammoniaque en quantité sensible. 
Il y avait beaucoup plus de cette terre que l'acide n’en pouvait dissoudre, 
et j'avais soin de restituer l’eau à mesure qu’elle s’'évaporait. La solution 
ainsi obtenue a été filtrée, puis observée; elle avait la réaction acide au 
papier de tournesol, et elle exerçait la rotation vers la droite. Alors je lai 
rapprochée graduellement par l'évaporation sur un feu doux, jusqu'à lui 
donner un état gommeux; et, par intervalles je l’'observais optiquement 
pour suivre les variations de son pouvoir rotatoire. J'ai amené ainsi peu à 
peu ce pouvoir à s'exercer vers la gauche; puis je l'ai rappelé à droite par 
addition d’eau. Dans le progrès de sa concentration la liqueur abandonnait 
en quantité peu considérable, mais pourtant fort sensible, une poudre 
blanche soluble dans la potasse, sensiblement insoluble dans l’eau, et ne 
lui communiquant aucune acidité ; ce qui l'indiquait comme étant de 
l’alumine pure, ou un tartrate basique de cette terre. Mais on verra 
tout-à-l'heure que des épreuves faites par M. Berthier sur un produit 
analogue , rendent cette seconde supposition la plus vraisemblable. 
Lorsque l’on avait séparé ce précipité par le filtrage, la portion du système 
qui restait fluide, conservait toujours la réaction acide au papier de 
tournesol, quel que fût le degré de sa concentration , et le sens du pou- 
voir rotatoire qu'elle exerçait. 

» Les résultats de cette expérience sont rassemblés dans le tableau n° :. 
Comme l'inversion du sens de la rotation était surtout le phénomène 
que je voulais fixer, je me suis borné le plus souvent à observer l'azi- 
muth &, où E devenait nul par vision directe; et j'ai rapporté dans la 
dernière colonne le pouvoir spécifique actuel de chaque système calculé 


avec cette déviation par la formule < ce qui donne une idée plus exacte 


de son énergie, en la dépouillant des particularités qui tiennent à sa 
densité, et à la longueur du tube où l’on observait. Toutefois les nombres 
ainsi obtenus ne sont exactement comparables entre eux que pour le 
sens de l’action qu'ils indiquent, parce que la solution a toujours été 
colorée en vert plus ou moins jaunâtre qui a varié d'intensité et de 


( 1h9,) 


teinte dans les différents états de condensation, ce qui influait nécessai- 
rement sur l’azimuth où E devenait sensiblement nul à l'œil nu. Ce genre 
de coloration, joint à son intensité, éteignant une forte portion de la 
lumière rouge, rendait l'observation, à travers le verre rouge , très pé- 
nible. C’est pourquoi je m’en suis dispensé, n’en ayant pas un besoin 
absolu. 


» Les résultats de ce tableau parlent d'eux-mêmes. On voit d’abord dans A 
la combinaison très étendue d’eau exerçant la déviation vers la droite; en 


[2 


la concentrant pour former B, le pouvoir spécifique actuel r Commence 


par s’accroitre. Ceci peut paraître une simple conséquence de l'abandon de 
l'eau, si on la considère comme substance inactive. Car alors la proportion 
de substance active se trouverait progressivement accrue par la concen- 


tration; et le pouvoir rotatoire actuel = devrait en paraître plus fort. Mais 


cette supposition ne peut plus se soutenir pour le système C, où la con- 
centration est encore plus grande, et dont cependant le pouvoir rotatoire 
actuel est beaucoup plus faible. Enfin, toute incertitude semble levée par 
le système D, encore plus concentré, et dont le Pouvoir rotatoire a passé à 
gauche. Néanmoins, comme la liqueur, en se concentrant , abandonne 
une petite portion des Principes qui la constituent, on Pourrait craindre 
encore que l’'affaiblissement progressif, et même l'inversion du pouvoir 
rotatoire, ne fussent dus à cette cause. Mais c'est ce qu’exclut le système E, 
où le pouvoir rotatoire est ramené à droite par la seule restitution de 
l'eau, sans addition ni précipitation d'aucune autre substance. De là il 
est impossible de ne pas conclure que la Proportion d’eau présente avec 
l'acide tartrique et l’alumine suffit Pour déterminer ici, entre ces trois 
corps, des combinaisons douées de propriétés spéciales, et dont la consti- 
tution moléculaire ne varie Pas par intermittences brusques, mais avec 
une complète continuité. 

» Voici encore les résultats plus étendus d’une expérience tout-à-fait 
pareille, rassemblés dans le tableau n° 2. Celle-ci a été faite avec la solu- 
tion de tartrate aluminique qui m'avait présenté il y a deux ans la rota- 
tion à gauche, à travers le flacon qui la contenait. Je l'avais conservée ainsi 
enfermée depuis cette époque, et il sy était formé un dépôt gommeux 
trés dense que je fis dissoudre par l'eau aidée de la chaleur. Le tout réuni fut 
soumis à l’ébullition jusqu’à ce que la solution fût complète; apres quoi la 
liqueur étant filtrée, puis observée, présenta la rotation à gauche comme je 

2150 


(156 ) 


l'avais observée autrefois. Je l’étendis alors progressivement d’eau froide et 
la fis passer à droite sans que rien s’en séparât. Puis je la ramenai de 
nouveau à gauche en la privant d’eau, comme le tableau lé montre, et 
comme la première expérience avait appris que cela devait arriver. Cette 
combinaison exerçait la réaction acide sur le papier de tournesol, quel que 
fût son degré de concentration. Elle avait été préparée dans les ateliers 
de M. Robiquet, avec de lalumine en gelée que l’on avait probablement 
précipitée de l’alun par lammoniaque. Mais sans doute l’alumine avait été 
purgée de cet alcali par de nombreuses lotions ; car la combinaison tar- 
trique en dégageait à peine quelques traces quand on la faisait bouillir 
avec la potasse caustique. 

» Or, maintenant, je vais exposer les détails d’une troisième expé- 
rience dont les résultats ont été tout autres que les précédents. Le sys- 
tème employé pour celle-ci était encore formé d'acide tartrique , d’alumine 
et d’eau. Mais l’alumine, qui avait été pareillement présentée en gelée à 
l'acide, n’avait sans doute pas été aussi bien purgée d’ammoniaque ; car la 
combinaison, étant bouillie avec la potasse, dégageait une quantité très 
notable de cet alcali volatil. En outre, l'introduction de l’eau froide y 
déterminait instantanément un précipité que les combinaisons précé- 
dentes ne présentaient pas. Cette troisième était donc constituée différem- 
ment des deux autres; et aussi a-t-elle manifesté des propriétés optiques 
bien différentes. 

» La liqueur telle que je lemployai d’abord était à l’état gommeux et fort 
dense. Cependant elle passait à travers les filtres de papier d’où elle sortait 
limpide et presque incolore. Dans cet état elle exerçait la réaction acide 
sur le papier de tournesol, et elle imprimait une rotation énergique vers 
la droite à la lumiere polarisée. Quand je voulus l'étendre, après cette 
observation, en y ajoutant de l’eau froide, l’action locale de ce liquide en 
séparait aussitôt une gelée de couleur blanche, qui soumise depuis à l’exa- 
men de M. Berthier, a été reconnue par lui, pour un tartrate basique 
d’alumine. Mais ce dépôt disparaissait complétement par limpression 
d'une faible chaleur; et le système étendu, redevenait limpide sans rien 
perdre après le refroidissement. Je pus donc ainsi l’observer à divers de- 
grés de dilution connus; et je trouvai que, dans tous ces états, il con- 
servait la rotation à droite, avec un pouvoir rotatoire exactement cons- 
tant, accompagné d’un mode de dispersion sensiblement conforme à la loi 
générale du carré des accès. De sorte que la combinaison active ne faisait 
que se répandre par dilution dans tout l’espace qui lui était offert, sans 


({ 157: ) 


être modifiée dans sa constitution moléculaire par l’eau qu’on y ajoutait. 
C'est ce que prouve le tableau n° 3 où tous les éléments de ces obser- 
vations sont rassemblés. Pour y rendre la constance du pouvoir rotatoire 
plus manifeste, j'ai déduit de la première expérience sur la solution non 
étendue, les déviations que les suivantes devaient produire dans l’hypo- 
thèse d’une simple dilution; et l’accord absolu des résultats ainsi calculés, 
avec ceux qu'a donnés l'observation immédiate, montre évidemment que 
les molécules qui constituaient la combinaison gommeuse n’ont fait que 
s'écarter dans l’eau sans s’altérer. Ce calcul des déviations a été fait par la 
formule 

l'd 

Lo” 

qui exprime la constance du pouvoir rotatoire, dans les solutions que l’on 
compare. Ici, le peu de coloration des liqueurs rendait l'observation au 
verre rouge moins difficile, et je ne l'ai pas omise. 

» J'ai voulu savoir si le produit qui se séparait de ces systèmes, par 
l’eau froide, contribuait à leur pouvoir rotatoire. Pour cela, j'ai pris une 
portion du système Z, que j'ai étendue ainsi d’une grande quantité d’eau. 
Jai isolé par filtration le précipité qui s'était formé; puis j'ai rapproché 
par une douce chaleur la partie filtrée qui était devenue limpide, et je 
lai ramenée ainsi à des densités comparables à celles des premiers sys- 
tèmes. Alors sa réaction est restée acide, et elle a aussi continué à exer- 
cer la rotation vers la droite, même quand elle a été condensée jusqu’à 
l'état gommeux. Mais elle agissait ainsi moins énergiquement que les pre- 
mières liqueurs à densité égale, et conséquemment le produit précipité 
contribuait dans celles-ci au pouvoir rotatoire qu'elles exerçaient. C’est ce 
que prouvent les nombres rapportés dans le tableau pour les systèmes 
ainsi formés, 3, et Z,. Ces derniers, après leur concentration, avaient en- 
core la propriété de précipiter par l’eau froide, et je n’ai pu parvenir à les 
en dépouiller, non plus qu’à intervertir le sens de leur rotation. Cette 
combinaison d’acide tartrique, d’alumine et d’eau , diffère donc essentielle- 
ment des deux précédentes, qui ne précipitaient point par l’eau froide, et 
dont le pouvoir rotatoire variait avec la proportion de ce liquide. C’est 
à la chimie de décider en quoi la différence consiste, et j'ai conservé 
ces singuliers produits pour les offrir aux chimistes qui voudraient les 
étudier. 


(158) 


Des combinaisons fluides, formées par l'acide tartrique, la glucine et l'eau. 


» M. Berthier a bien voulu me remettre une pareille combinaison qu'il 
avait préparée lui-même, etamenée à l’état solide par la dessiccation. D’a- 
près ses indications, elle contenait 0,245 de glucine et une très petite 
quantité d’ammoniaque. Ce produit se dissolvait difficilement dans l’eau 
froide, et il y manifestait la réaction acide au papier de tournesol. Une fois 
dissous , l'addition ultérieure de ce liquide n’y produisait aucun précipité. 
J'ai pu ainsi l’observer optiquement à des degrés de dilution tres divers. 
Il a exercé la déviation vers la droite avec plus d'énergie qu'aucun autre 
tartrate; etson pouvoir rotatoire est resté exactement constant, quelle que 
fût la proportion d’eau; ce qui montre que les particules constituantes de 
la combinaison ne faisaient que s’écarter les unes des autres dans ce li- 
quide, sans en être aucunement modifiées. J'ai confirmé ce résultat en 
ramenant le produit à l’état solide, par la dessiccation au bain- marie, et 
le redissolvant de nouveau à l’aide d’une douce chaleur , dans une propor- 
tion d’eau si petite que la solution avait une apparence gommeuse. Le 
pouvoir rotatoire s'est encore retrouvé le même dans cet état, sauf une 
très petite différence, que la dessiccation prolongée et récente avait pu ap- 
porter dans la quantité d’eau étrangère qu'il conservait dans cet état. Les 
éléments de cette expérience sont rassemblés dans le tableau n° 4; et par 
les rapports numériques que présentent les dernières colonnes, on voit que 
la dispersion des plans de polarisation s'y est toujours montrée sensiblement 
conforme à la loi générale, réciproque au carré des accès. On ne retrouve 
donc pas ici les variations progressives , et le phénomène d’inversion, présen- 
tés par le tartrate aluminique dans certaines circonstances. Je n’ai pas eu 
l'occasion d'essayer si l’on pourrait reproduire ces effets avec la glucine em- 
ployée sous d’autres conditions de préparation ou de proportion, relative- 
ment à l'acide avec lequel on lunit. 


Résumé. 


» Les expériences contenues dans ce Mémoire, me semblent résoudre 
la question des combinaisons définies où non définies, autant qu’elle peut 
l'être, en la réduisant aux propositions suivantes : 

» Lorsque l’on met en présence, à l’état fluide, l'acide tartrique, l'eau 
et les alcalis; ou l'acide tartrique, l’eau et l’alumine, soit dans certains 
états, soit à certaines doses ; ces trois substances, s'unissent immédiatement 
et composent un système moléculaire doué de propriétés spéciales, les- 


(159) 


quelles dépendent de leurs proportions actuelles et varient continüment 
avec ces proportions. Les combinaisons qui présentent ces caractères ne 
sont donc pas astreintes aux conditions d’intermittence qu’on observe 
dans les sels solides et cristallisables qui s’isoleraient des mêmes milieux. 
Et , au contraire, les groupes moléculaires qui constituent ces sels se dé- 
composent, en perdant leur fixité de proportions, quand on les y fait 
rentrer à l’état fluide. 

» Toutefois la fluidité n’est pas la cause physique qui détermine cette 
mobilité de constitution; quoiqu’elle soit nécessaire pour en développer 
les effets. Il faut que le milieu ambiant ait, pour les principes des subs- 
tances qu’on lui présente, des affinités telles, qu’il doive nécessairement 
s’unir à elles; et même au besoin détruire leur combinaison déjà formée, 
pour amener le nouvel état d'équilibre qui convient au système ternaire. 
Cela est en effet arrivé ainsi dans les cas que je viens de citer. Mais il y 
en a d’autres, en très grand nombre, où cette nouvelle aggrégation ne 
s'opère pas d’une manière sensible. Nous venons d’en voir un exemple 
dans la combinaison de l'acide tartrique avec la glucine, et même avec l’a- 
lumine, sous des conditions différentes de celles où cette terre avait été 
employée d’abord. Car ici, les groupes moléculaires formés ont conservé 
leur constitution primitive, quelle que fût la proportion d’eau ajoutée; et 
ils} n’ont fait que se répandre dans le milieu ambiant sans en éprouver 
aucune décomposition. 

» Quoique ces derniers systèmes exerçassent la réaction acide sur le pa- 
pier de tournesol, la constance de leur pouvoir rotatoire spécifique , et la loi 
de dispersion qu’on y observe , montrent que l'acide y a perdu toutes les 
propriétés optiques qui lui sont spéciales, lesquelles sont remplacées par 
les propriétés générales des combinaisons où il est neutralisé atomique- 
ment. Ceci confirme donc, par une épreuve directe, la notion actuelle- 
ment admise par les chimistes sur les sels fixes à réaction acide, notion si 
bien développée par M. Chevreul; savoir que l'acidité ne se montre dans 
ces produits qu’à la suite de leur décomposition déterminée par une affi- 
nité plus puissante que celle qui y retient l'acide. Ici, la lumière n’opérant 
pas cette décomposition, le produit reste neutre pour elle. Je me propose 
d'examiner si, comme cela est très vraisemblable, les bitartrates alcalins 
sont également neutres pour la lumière; mais le peu de solubilité de ces sels 
exige que je remette cette expérience à une autre saison. 

» Je réserve pareïllement pour un autre Mémoire, les phénomènes que 
présente la combinaison immédiate de l'acide tartrique avec l’acide borique 


( 160 ) 


dans l'état de solution aqueuse. Car, bien que j’en aie déterminé toutes les 
lois physiques, je voudrais y joindre l'étude des produits que ce double 
acide forme en se combinant avec les bases, ce qui ne peut se faire à pré- 
sent. 

» L'ensemble dés phénomènes que j'ai décrits nécessite une dernière re- 
marque. Je crois avoir établi par des preuves incontestables, que les phéno- 
mènes de rotation observés dans les systèmes fluides sont les sommes tota- 
les des déviations successives que les groupes moléculaires de ces systèmes 
impriment aux plans de polarisation des rayons lumineux. En voyant, dans 
un si grand nombre de cas, ces résultantes varier continüment, et enfin, s’in- 
tervertir par la seule soustraction ou restitution d'une petite proportion 
d’eau, on est porté à voir dans ces variations, l’affaiblissement progressif 
d’une rotation de même sens plutôt qu'une inversion réelle. Jai montré au 
commencement de ce Mémoire que les apparences observables peuvent 
en effet, se concilier avec cette supposition. Mais, pour la prouver, il fau- 
drait subdiviser les groupes moléculaires eux-mêmes , comme nous subdi- 
visons leurs sommes sensibles, ce qui est hors de notre pouvoir. Et par 
conséquent, le doute absolu est jusqu'ici la seule opinion philosophique qui 
nous soit permise sur cette importante particularité de la constitution in- 


time des corps. » 


STATISTIQUE suniciarrE. — Grande-Bretagne et Irlande. — Note communi- 
quée par M. Moreau DE Jones. 


« En poursuivant un travail étendu, /a Statistique de la Grande - Bre- 
tagne, dont j'ai déjà offert à l'Académie, la première partie, je suis arrivé 
à constater plusieurs faits numériques, que je crois dignes de l'attention 
publique. 

» Si l’on compare les rapports des crimes à la population moyenne, dans 
le Royaume-Uni et en France, pendant cinq années récentes, 1831 à 1835, 
on est conduit aux différences suivantes : 

» Le meurtre est au moins quatre fois plus fréquent dans les Iles Bri- 
tanniques qu’en France, même lorsque ce dernier pays est en état de 
révolution. 

» L’assassinat est au moins moitié plus fréquent; 

» Le viol est six à sept fois aussi multiplié; 


» L’incendie est un peu plus rare; 
» Les vols constatés devant les Cours d’assises et la police correctionnelle 


sont quatre fois aussi nombreux, quand on considère leur nombre d’une 


| 


= 
Désignatio 


du 


système | 


mixte. 


Désignatio! 
du 
système 


mixte. 


D; 
E; 
F; 


——————n 

Désignatit 
du 

système 


mixte. 


Désignal 
du 


systèni 
mixte 


Comptes rendus 1838, 1°" semestre. T. VI, p. 160. 


a 


TABLEAU N° 4. — Systèmes formés par Pacide tartrique cristallisé, l’alumine hydratée sèche , et l’eau, en diverses proportions. 


TT ——_—_—_—_— 


LA : POUVOIR 
PEN DENSITE LOnGUÈtE COULEUR AZIMUTA D EVER TON rotatoire spécifique SENS 
EN does du liquide de E nul, observé | harvée à travers | “tuelduliquide | de la déviation . 
apparente “en A travers 1 ï DERCREE t d OU VOIr 
nrtbe à tra à l'œil nu À et du pouvoi 
ù millimètres le tube d'observation. le verre rouge —_ rotatoire, 
mixte. Ci É 13 
PE, 
A 1,02314 524,50 vert léger. ......... + 70,454 droite. 
E 1,05838 523,75 vertléger. ......... + 11 ,000 droite. Déduite de A rapprochée, filtrée et séparée du tartrate basique précipité spontanément 
G 1,17923 521,75 jaune verdâtre + 2,479 droite. Déduite de B rapprochée, filtrée et séparée du précipité. 
D 1,35174 264,50 jaune — 34,025 gauche. Déduite des systèmes précédents, et rapprochée à l’état gommeux; puis filtrée et séparée du précipite. 
E 1 ,09244 524,75 Jaune p -. + 11,592 droite. Déduite de D par addition d’eau froide , qui n'occasione aucun précipité 


=. ; F he none . ; : , Re 0 . : , 7 ; ; 7 
TABLEAU N° 9. — Autres systèmes formés par une combinaison d'acide tartrique, d alumine et d'eau, conservée depuis plusieurs années dans un flacon bouché, et progressivement étendue d'eau. 
= PROPORTIONS n à 7 POUVOIR 
Désignation Mes lémenté du syitime DENSITE 2ONQtES R COULEUR AZIMUTH DÉVIATION rotatoire spécifique SENS 
u dans l'unité de poids. apparente Gate un da nn eslenute de E nul, observé A ne RCENEUEE MORE 
système PR = du systèine en millimètres * à l'œil nu et et du pouvoir 
tate de la solution PO E) 1 d'observation. a le verre rouge = rotatoire 
Den LtyE d'eau mn 
a —— | | —_—…—……—…—…—. | —_—_—__— ——— = 
À; 1 ,00000 0,00000 1,14771 52gmm jaune. — 69,275 — 59,858 — 109,336 gauche. C’est la combinaison dans son état de concentration prix 
B, 0 ,50261 0,49739 1,06990 A 1003 jaune. .…. = + 1,033 droite. Déduite de A, par addition d’eau, sans précipité. 
Cr 0,25195 0,74805 1 ,03467 524 jaune pâle....., onscncoee es |12 000 droite Déduite de B, par addition d’eau, sans précipite. 
D, 0,13064 0,86936 1,01803 522 jaune pâle + 2,650 droite. Déduite de C, par addition d’eau, sans précipité. 
E; 0,04138 0 ,95862 1,00564 525 presque incolore. .... + 1,183 droite. Déduite de D, par addition d’eau, sans précipité. 
Fr Aossssnessese | sostosensens 1,20236 525,5 jaune rougeñtra........ se... —12,0 gauche. Déduite de la réunion des précédentes, concentrée par l'évaporation. 


TABLEAU N° 3. 


s. ELEMENTS È RAPPORT 
DnrpAon du système mixte DENSITE LONGUEUR COULEUR TEMPERAT,|  DEVIATION LA MÈME, PAPA : de la 
du dans l'unité de poids t du tube du bi ; à travers calculée EXCÈS déviati éviation 
apparente | observat., u liquide, à travers + econoléenete Evans du rayon 
système FETE du système en le Be; Fe te rouge à celle 
HU Proportion millimètres : observée d'une simple du caleul vert à celle | 4ù savon 
mixte le la solution de J 1 tube d'observation. l'observat. dilution. durayen aune 
pémifires EX # rouge. |entrentièmes 
— —_—— | ———_— | ——— | —_— | — — ————————…—…—……—._…"…_…—_——————  __" ——  .— ———.———— 
2 1 ,00000 0,00000 À 1,411517 525mm | jaune pâle. | 120,5 [+ 30,gr11 + 30,9360 | + 0°,0249 23,92 
Z 1 ,00000 0,00000 | 1,411517 155 sensiblementincolore.| 15 9,1583 + 9,1334 | — 0 ,0249 23,89 C’est la même solution primitive 2 observée dans un tube plus court. 
Zr 0,793887 | 0,206113 | 1,306744 525 jaune léger. 12,8 23,5333 |<+ 22,736 | — 0 ,7076 23,53 | Déduite de X par addition d’eau. 
2 0,469439 | 0,530661 À 1,16684r 501,5 ‘| jaune päle 12,0 11,5083 + 11,4679 | — 0 ,0404 23,51 Déd.deZ, par add. d’eau.Ce système semblait un peu opalin, comme s’il tendait à précipit. 
Z sonne | sscsc.... À 1,27876 525 jaune léger. 11,8 14,9650 (1) Déduites de 2, par une grande addition d’eau froide qui précipite une grande quantité 
> 1,57903 80 jaune... AS 3,5833 (2) **""* se] soso 23,55 de tartrate basique qu’on sépare par filtration ; après quoi on rapproche la liqueur au 
degré de densité ici indiqué. 


(0) Pc srstémeavait été obervé dans un tube de 275,5, et il ÿ avait donné pour déviation à travers le verre rouge - 70,85 ; on a ramené cette déviation à l'épaisseur 5252 par la loi de proportionnalité , afin de rendre les résultats plus évidemment comparables. 
(a) La déviation ici consignée a été observée à la vue simple. D'après la constance presque exacte du rapport exprimé dans la dernière colonne, la déviation à travors le verre rouge aurait êté + 20,755 ; mais la forte coloration du système l'aurait rendue trop diflicile à olserver. 


TABLEAU Ne 4. — Systèmes formés par l'acide tartrique , la glucine et l’euu , en diverses proportions. 


Désignation ÉLÉMENTS DU SYSTÈME DENSITÉ LONGUEUR ; s POUVOIR RAPPORT RAPPORT 
Fa dans l'unité de poids. “ COULEUR TEMPERAT. | DÉVATION | rotatoire spéci- | ‘dela  [deladéviation| NOMBRE 
pparente re observée fi NT) 
ns d: ë du Liquide s)& travers Fe ätraversle verre] du tarte ate sasnen qu d 
tu >: en r 
ANIEEe Proportion Proportion QE CN TT . IE l'observation rouge pour 100mm ea De É 
mixte. le d' tube d'observation. conclu à celle du | rayon jaune, | observat. 


tartrate gluciniq. d'eau. 


_0,100p34 | 0,899054 1,047 Hrgun Vert léger un peu jaunâtre. 
2188 1, 526 | Ve pile 


rayon rouge, |en treutièmes 
——— — 


+ 220,675 | + 4ue,3o2 | 1,587 | 20 en e is dans un flacon fermé par un bouchon de liége.. 
Dus50r | L Eér 7164) UE | F | ar adéition d'ent AT sde né 


( 161 ) 


manière absolue; et ils sont au moins quintuples, comparés à la population 
des deux pays. 

» Et cependant : 

» Il ya neuf fois autant d'individus condamnés, année moyenne, dans le 
Royaume-Uni, qu’il y en a en France proportionnellement à la popu- 
lation. 

» Les condamnations à mort sont 22 fois plus multipliées dans les Iles 
Britanniques, et les exécutions le sont au-delà de trois fois. 

» Ces chiffres, qui résultent des documents officiels , prouvent : 

» 1°. L'inutilité des gibets; 

» 2°. L'erreur de ceux qui accusent d’un débordement de perversité, la 
France, telle que l’a faite la Révolution.» 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d’un membre pour 
la place vacante dans la section d’Économie rurale , par suite du décès de 
M. Teissier. 

Avant qu’on procède au scrutin, M. le Président annonce que M. Huerne 
de Pommeuse, l’un des candidats présentés par la section, se désiste de 
sa candidature. 

Le nombre des votants est de 56. 

Au premier tour de scrutin 


M. Audouin obtient... 38 suffrages, 
M. de Gasparin......... 17 
M. Soulange-Bodin. .,... r. 


M. Audouin ayant obtenu la majorité absolue des suffrages est déclaré 
élu. 
Sa nomination sera soumise à l’approbation du Roi. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Appareils de sûreté pour les machines à vapeur. 


M. ze Minisrre pu Commerce xt prs Travaux Pugzics transmet: une 
lettre qui lui:est adressée par le président de la: Société industrielle de 
Mulhouse , relative aux appareils de sûreté et aux recherches à ce sujet 

CR, 1838, 17 Semestre, (T. VI N° 6.) 22 


( 162 ) 
dont s'occupe maintenant l’Académie, sur la demande de l’adminis- 
tration. 

La Société industrielle de Mulhouse!’ exprime le désir «de voir l'épreuve 
» des moyens de sûreté que proposera en définitive la commission de l'Aca- 
» démie, faite par ceux qui pourront plus tard être astreints à les appli- 
» quer à leurs chaudières, c’est-à-dire que l'efficacité de ces moyens soit 
» constatée non-seulement par la science, mais aussi par la pratique, en 
» mettant à la disposition des industriels , dans un certain nombre de lo- 
» calités, les appareils adoptés par la Commission, pour les appliquer à des 
» chaudières de dimensions différentes et en observer pendant un temps 
» donné les effets par un emploi régulièrement suivi. » 

L'auteur de la lettre rappelle que la Société a adressé, au commence- 
ment de l’année dernière, un rapport qui lui avait été fait sur les ron- 
«elles fusibles, rapport dont les conclusions diffèrent à plusieurs égards 
des opinions émises sur la même question par plusieurs membres de 
l'Académie. 

Cette pièce a été présentée dans la séance du 27 février 1837, et il en 
est fait mention au Compte rendu, 1° semestre de 1837, page 342. 

La lettre de M. le Ministre et celle du président de la Société indus- 
trielle de Mulhouse, sont renvoyées à la Commission des rondelles, fu- 
sibles. 


2001061e. — Memoire sur les Polypes du genre des Tubulipores ; 
par M. Mine Epwarps. 


( Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Flourens. ) 


« Ce travail, qui a pour objet des êtres dont l’organisation intérieure 
était presque entièrement inconnue, fait suite à une série de Mémoires 
sur l'anatomie, la physiologie et la classification des polypes, précédem- 
ment présentés à l’Académie par M. M. Edwards. 

» D'après les faits exposés dans ce Mémoire, on voit, dit l’auteur, que 
les polypes du genre Tubulipore ne sont pas des animaux hydriformes , 
comme on devait le croire, d’après le peu de mots qu’en avaient dits 
MM. Quoy et Gaimard , et que leur mode d'organisation, loin de res- 
sembler à celui des hydres et des autres polypes parenchymateux infé- 
rieurs ; est beaucoup plus compliqué , et a beaucoup d’analogie avec celui 
des Eschares et des Flustres: En effet, ils présentent, comme ceux-ci, un 
tube digestif ayant des paroïs distinctes de lenveloppe tégumentaire , une 


( 163 ) 


bouche et un anus séparés, un appareil tentaculaire garni de cils vibratiles 
qui paraissent servir à la respiration aussi bien qu’à la préhension des ali- 
ments, des muscles bien formés, etc. ; maïs ils n’ont pas comme ces Eschares 
et ces Flustres, un appareil operculaire garni de muscles bilatéraux, et 
ils en diffèrent aussi par la conformation de la gaïné tégumentaire qui, en se 
durcissant, constitue la cellule tubuleuse dans laquelle toutes les parties 
molles se retirent lors de la contraction. À raison du plan général de leur 
structure, tant intérieure qu'extérieure, ces petits animaux appartiennent 
donc au même type organique que les Eschares, et doivent prendre place, 
avec eux, dans l’ordre des polypes tuniciens ; mais ils ne présentent pas 
tous les caractères anatomiques des Eschariens, et ils établissent un passage 
entre le mode d'organisation propre à ces derniers polypes et celui qui 
s’observe dans les Sérialaires, les Vésiculaires, etc. C’est donc avec raison que 
M. de Blainville, guidé seulement par la considération de la dépouille cal- 
caire des Tubulipores, en a formé le type d’une famille particulière. Quant 
aux limites naturelles de cette famille, je m’en occuperai dans un prochain 
Mémoire, et je montrerai alors que les caractères anatomiques propres aux 
Tubulipores se retrouvent tous chez un grand nombre d’autres polypes 
qui, dans les classifications proposées jusqu’à ce jour, sont disséminés dans 
des familles et même dans des ordres différents. 

» Nous avons vu aussi comment les circonstances dans lesquelles vivent 
ces petits zoophytes peuvent influer sur la croissance du polypier , et en 
modifier la forme générale. L'étude des variations déterminées par les causes 
extérieures dans la conformation d’un Tubulipore assez commun sur nos 
côtes, a montré qu'avec une seule et même espèce, les zoologistes ont 
formé deux genres et trois espèces nominales.….. 

» Ce polypier se compose d’un grand nombre d'individus dont la gaine 
tégumentaire constitue un tube calcaire, et lorsqu'il se développe sur une 
surface plane telle que la fronde d’une laminaire, les séries formées par la 
succession des générations se prolongent d’un centre commun avec assez 
de régularité, de façon à donner naissance à une petite masse circulaire 
encroûtante dont la surface supérieure est hérissée de rangées divergentes 
de tubes redressés vers le bout. Mais lorsqu'il se trouve fixé sur la tige 
arrondie d’une plante marine ou sur quelque autre corps dont la surface est 
irrégulière, il se déforme en grandissant, et cette déformation peut être 
portée au point de le rendre presque méconnaissable. Ainsi, au premier 
abord, on serait certainement porté à croire que les polypiers figurés 
dans les planches qui accompagnent ce Mémoire, appartiennent à des es- 

22. 


(164) 


pèces distinctes ; mais pour peu que l’on multiplie les observations, on 
ne tarde pas à se convaincre que ce sont de simples variétés d’une seule 
et même espèce et que ces variétés sont déterminées par les circonstances 
dans lesquelles ces animaux agrégés se sont développés. En effet, je n'ai 
pu découvrir aucune différence individuelle entre les polypes composant 
ces agglomérations d’un aspect si différent, et j'ai trouvé dans la même 
localité tous les degrés intermédiaires entre ces états si semblables. Quand 
le polypier était fixé sur une surface plane il grandissait régulièrement 
tout autour et restait circulaire; mais lorsqu'il vivait sur un corps dont la 
surface était inégale, il s’étendait aussi d’une manière inégale , et suivant 
qu'il rencontrait dans telle ou telle direction quelque obstacle, il se con- 
tournait en divers sens et devenait pyriforme , rameux, tubulaire ou d’une 
forme tout-à-fait indéterminable. Or,ce Tubulipore est loin d’être nouveau 
pour la science, et il a même été observé sous plusieurs des formes acciden- 
telles qu’il affecte lorsque son accroissement régulier est entravé; mais 
faute d’avoir été convenablement étudié, l'identité spécifique de ces variétés 
a été souvent méconnue. Effectivement, lorsque son développement est 
normal, ce polypier ne diffère en rien du Madrepora verrucaria d'Othon 
Fabricius ; lorsqu'il vit sur la tige cylindrique et rameuse de quelque fucus 
il affecte quelquefois exactement la même disposition que le Millepora tu- 
bulosa d’Ellis; enfin, lorsque sa croissance a été, dès le principe arrêtée 
d'un côté par quelque obstacle mécanique, et s’est faite librement dans la 
direction opposée, ce même polypier devient quelquefois pyriforme et les 
rangées de tubes dont il se compose se recourbent en dehors, de facon à 
lui donner tous les caractères du petit zoophyte agrégé, dont Lamouroux a 
formé son genre Obelia. Quelquefois on rencontre dans le même polypier, 
une portion dont la disposition ne diffère en rien de celle du Millepora 
tubulosa (considéré par Cuvier, comme le type du genre tubulipore), et 
une autre portion qui, si elle venait à se détacher, ne pourrait être distin- 
guée de l’'Obelia tubulifera ; un des échantillons dont je place le dessin 
sous les yeux de l’Académie présente ce double caractère. Il me parait donc 
évident, que le Madrepora verrucaria d'Othon Fabricius, le Millepora 
tubulosa d'Ellis et l'Obelia tubulifera de Lamouroux, ne sont que de 
simples variétés d’une seule et même espèce. » 

L'auteur s'occupe successivement de toutes les espèces vivantes du genre 
Tubulipore et fait voir que ces petits animaux existaient dans les mers 
anciennes aussi bien que dans celles de l’époque actuelle. Jusqu'ici on 
n'avait pas signalé de Tubulipore à l’état fossile, mais M. Milne Edwards 


( 165 ) 
en a découvert dans les terrains tertiaires des environs de Paris et dans la 
craie de Meudon, trois espèces qui ont beaucoup d’analogie avec celles de 
la période actuelle, sans cependant pouvoir être considérées comme iden- 
tiques. Ce travail est accompagné d’un atlas de quatre planches. 


EMBRYOLOGIE. — Ovologie du kangourou ; Mémoire de M. Coste en réponse 
à la lettre de M. Owen. 


(Commissaires, MM. de Blainville, Serres. ) 


Le mémoire de M. Coste est accompagné de la lettre suivante : 

« J'ai lu avec regret la lettre que M. Owen a écrite au sujet d’un pro- 
duit utérin de kangourou, qu'il désigne sous le nom de Jœtus et ses ap- 
pendices vésiculeux et que j'ai considéré comme un œuf. 

» Comme sur ce point la discussion parait plutôt porter sur les mots 
que sur les choses, et comme d’ailleurs je suis parfaitement en mesure 
de répondre à toutes les assertions de M. Owen, je demande à l’Académie 
la permission de soumettre à son jugement le Mémoire ci-joint dans lequel 
elle trouvera, j'espère, les moyens de décider la question et dans le fond 
et dans la forme. » 


ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur une formation de vaisseaux dépendant de 
l'appareil respiratoire chez les Phthisiques; par M. N. Guiccor. 


(Commissaires, MM. Magendie, Breschet. ) 


« J'ai l'honneur de vous communiquer le fait suivant qui me paraît di- 
gne d'intérêt. 

» Il consiste dans des vaisseaux de formation nouvelle développés chez 
les phthisiques, pour lesquels ils sont les organes d’une circulation acci- 
dentelle. 

» Avant d'indiquer le moyen par lequel on démontre l'existence de ces 
nouveaux vaisseaux qui communiquent, soit avec les artères bronchiques, 
soit avec les artères intercostales, il est nécessaire de dire comment on 
s'assure de la destruction (partielle ou totale, suivant le degré de la maladie) 
des dernières ramifications de l'artère pulmonaire, dans les parties où exis- 
tent soit des cavernes tuberculeuses, soit des tubercules considérables. 

» Pour cela, il suffit de lancer des injections de matière colorée par 
l'artère pulmonaire, et l’on voit alors qu’elle cesse de se répandre dans les 
endroits les plus malades. 


{ 166 ) 


» Ce fait étant vérifié, on passe alors à l’examen des particularités sui- 
vantes : 

» Une injection de matière colorée dirigée par les artères naissant du 
ventricule gauche du cœur, par l'aorte thoracique ou par l’aorte abdominale 
d'un phthisique dont l’artère pulmonaire a été liée pour plus de précaution, 
pénètre néanmoins dans une plus ou moins grande étendue des poumons , 
et l’on remarque alors que des vaisseaux se répandent dans toutes les par- 
ties où l’on a cessé de pouvoir reconnaître les dernières divisions de l'artère 
pulmonaire. 

» Ces vaisseaux nouveaux occupent quelquefois les deux tiers des pou- 
mons malades, et ils se terminent surtout autour des tubercules les plus 
volumineux et à la surface des cavernes dans lesquelles ils forment comme 
de petites villosités. 


» Si l’on cherche leur origine, on voit qu’elle est double, cependant je 
n’affirmerais pas qu'elle ne puisse être simple, mais je signale ici seule- 
ment le cas dont j'ai pu faire l'observation. 

» D'une part ils naissent des artères bronchiques, et l'on sait que dans 
l’état sain ces arteres ne donnent que des rameaux peu nombreux et peu 
considérables aux bronches et à leurs divisions. 

» De l’autre, ils communiquent pas des anastomoses multipliées avec les 
artères intercostales , au travers des adhérences et des fausses membranes 
développées si généralement dans les plèvres des phthisiques. 

» De tels vaisseaux remplaçant les conduits ordinaires de la circulation 
des poumons, et portant dans ces organes, pendant le cours de la phthisie, 
un sang qui ne les parcourt pas dans l'état de santé, sont donc importants 
à considérer ; et leur étude peut jeter quelque lumière sur les dernieres 
phases de cette maladie. » 


cmimie APPLIQUÉE. — Vote sur un moyen propre à diminuer la fréquence 
des incendies; par M. LereLrier. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas. ) 


L'auteur passe en revue les différents moyens qu'on a proposés pour 
rendre les substances végétales non pas incombustibles , comme on la 
dit quelquefois à tort, mais inhabiles à s'enflammer. 

Le moyen qui lui a paru le mieux réunir les conditions exigées, y 
compris celle d'économie, consiste à imbiber les substances végétales 


(167) 
d'une solution concentrée d’un verre formé de 4 parties de potasse et 1 
partie de silice. 

Plusieurs membres de l'Académie font remarquer qu'on a depuis long- 
temps proposé l'emploi du verre soluble, pour diminuer les chances 
d'incendie; ils renoncent d’ailleurs à développer ces observations, la note 
de M. Letellier devant être l’objet d'un rapport. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Appareil pour sonder en mer à de grandes 
profondeurs ; par M. Laicnez. 


(Commissaires, MM. Mathieu, Séguier.) 


L'auteur pense qu’à l’aide de l'appareil qu'il a imaginé on pourra en 
une seule opération, non-seulement connaitre la profondeur de la mer 
en ce point et la température du fond, mais encore obtenir de l'eau de 
la couche inférieure, etc. 


M. Gasser, chirurgien-major d’un régiment d'infanterie du pacha 
d'Égypte, régiment qui doit partir prochainement pour le Sennaar et 
peut-être s’avancer jusqu’en Abyssinie, offre de recueillir dans ce pays 
les objets d'histoire naturelle qui ne se trouveraient pas dans nos col- 
lections. 

M: Gassier, pendant un précédent voyage en Syrie avait recueilli un 
certain nombre de coléoptères et de coquilles provenant de mollusques 
terrestres ou fluviatiles; ces divers objets se trouvent aujourd’hui entre 
les mains de son père, médecin à Marseille, qui les adressera au Mu- 
séum d'Histoire Naturelle, si l'on pense qu'ils puissent contribuer à y 
remplir quelques lacunes 

MM. Duméril et de Blainville sont chargés de faire une liste des desi- 
derata qu’on peut espérer d'obtenir des provinces dans lesquelles va pé- 
nétrer M. Gassier. 


M. Serre, d'Uzès, adresse pour le concours de médecine Montyon, un 
mémoire imprimé et un mémoire manuscrit sur le traitement abortif de 
l'inflammation, au moyen du mercure. Pour établir ses titres à la priorité 
relativement à ce mode de traitement, il adresse un numéro du journal 
de Strasbourg, dans lequel se trouve un rapport fait en 1828 sur son 
travail. 

(Commission Montyon.) 


( 168 ) 


M. Lomwgarp présente en manuscrit un tarif des bois en grume, calculé 
en mesures métriques. 


(Commissaires, MM. Mathieu, Puissant.) 


M. Lacwens adresse plusieurs échantillons de roches comme pièces à 
l'appui d’une note qu’il a adressée en décembre dernier sur un gissement 
siugulier de feldspath. 


(Renvoi à la Commission précédemment nommée.) 


CORRESPONDANCE. 


Géococie. — Modifications de certains terrains de sédiment par le voisinage 
de roches ignées. — Extrait d’une lettre de M. Puirron-Bosraye, capitaine 
d'état-major, à M. Elie de Beaumont. 


« Je vous prie de vouloir bien communiquer à l’Académie quelques ob- 
servations géologiques que j'aurais voulu développer devant elle, si mon 
prompt départ n’y avait mis obstacle. Ces observations se rapportent aux 
modifications, ou, suivant l'expression anglaise, au métamorphisme des dé- 
pôts stratifiés. Depuis long-temps, la plupart des roches cristallines et 
réellement sératifiées sont pour vous des sédiments modifiés après leur 
dépôt. Ce fait devrait être acquis à la science, et, s’il ne l’est pas encore, 
c'est peut-être parce que sur ce sujet, comme sur tant d’autres, on a cher- 
ché à s'approprier au plus vite une théorie au lieu d'observer, et que, 
s'emparant des idées et des faits nouveaux, on les a portés au-delà des 
limites de leurs applications. Ainsi , il n’est sans doute pas impossible que 
toutes les roches feuilletées, micaschistes, gneiss, diorites, et même certains 
granites, soient des sédiments modifiés pendant les actions et réactions 
exercées entre le noyau terrestre et son enveloppe refroidie. Cela a été 
répété fort souvent, mais ces assertions sans preuves n’ont point avancé 
la question. J'ai donc pensé que dans l’état où elle se trouvait, il ne serait 
pas inutile de prouver que l’une des roches cristallines et stratifiées les plus 
connues et les plus remarquables, le schiste avec cristaux de macles, ap- 
partenait dans l’ouest de la France, à tous les âges, même les plus récents, 
du terrain de transition, et provenait de vases marines, avec leurs fossiles, 
modifiées après leur dépôt. 


» En partant de Paris, on peut déjà observer le schiste maclifère aux 


( 169 ) 


environs d'Alençon. On voit au hameau de Saint-Barthélemy que cette ro- 
che cristalline n’est qu'une modification du schiste-ardoise exploité pres de 
là, à Saint-James. Ïl s'appuie, tantôt sur le granite, tantôt sur le grès 
d'Écouves; je donne ce nom au grès qui forme toutes les crêtes de la forêt 
d'Écouves, et s'étend, à partir de là, jusqu'aux extrémités de la Bretagne ; 
c'est le grès de Caradoc des Anglais, qui, en Bretagne et em Normandie, 
sépare les systèmes primaires anciens et récents, ou les terrains Cambrien 
et Silurien des Anglais. En le prenant pour horizon géognostique, on voit 
que le schiste maclifère d’Alencon appartient au système silurien inférieur. 
Le grès a participé aux modifications du schiste; car, partout où il avoi- 
sine le granite, il perd sa texture sableuse et toutes traces de stratification 
et de fossiles, pour devenir un quarzite homogène et cristallin. 

» Les environs de Rennes sont la localité que je citerai ensuite. Cette 
ville est située dans un vaste bassin, occupé par les schistes argileux et 
quelques psammites du système silurien supérieur. C’est le gisement de 
l'anthracite dans l’ouest de la France, comme le système silurien inférieur 
est le gisement de l’ampélite; observation bien essentielle dans la recherche 
des combustibles minéraux. Ces schistes de Rennes sont en général feuil- 
letés et tendres comme de l'argile à peine endurcie ; ils recouvrent de leurs 
couches ondulées et uniformes toute la campagne des environs de Rennes, 
en se dirigeant à peu près de l’est à l’ouest. Si l’on prend la route de Fou- 
gères, on voit cette uniformité dans la nature du sol, interrompue: par 
deux filons ou dykes de granite qui coupent la route dans la direction ci- 
tée précédemment. On remarque en approchant de la roche ignée, que le 
schiste prend une texture grenue et brillante; que la stratification et les 
plans de clivage eux-mêmes disparaissent, tandis que les fissures se mul- 
tiplient; plus près encore, c'est une roche de mica compacte, micacite , 
toute semée de petites màcles bleues souvent glanduleuses. De l’autre côté 
du filon, les mêmes phénomènes se répètent, puis le schiste reprend son 
aspect ordinaire, pendant 2 à 3 kilomètres. Là, on retrouve un second 
filon de quelques mètres seulement de puissance qui donne lieu à des 
modifications semblables. On, conçoit comment les argiles schisteuses. de 
Rennes ont dû se convertir par l'action de la chaleur en roches de mica 
compacte, et non en micaschistes ; roches avec excès de silice qui ont dû 
provenir souvent de la modification des psammites. Cette localité nous 
montre donc des argiles schisteuses du sytèmesilurien supérieur, converties 
en, roches maclifères par la pénétration de filons de granite qui n’ont 


C. R. 1638, 1°7 Semestre. (T. VI, N° 6.) 23 


(i70) 
cependant qu'une faible puissance. Ici, la cause et l'effet se montrent 
réunis de la manière la plus convaincante. 

» Le troisième gisement que je citerai est celui des Salles-Rohan, près 
de Pontivy, gisement connu de tous les minéralogistes , par la beauté et 
la grandeur des mâcles. La roche est un schiste bleu foncé, souvent en- 
tièrement formé de petits cristaux ou glandules de cette couleur, et lardé 
dans toutes les directions de grandes mâcles blanches. Cette roche est si 
remarquable qu’elle fixa l'attention long-temps avant qu’on s’occupät de 
minéralogie en France, et surtout en Bretagne; on voit figurer les mâcles 
dans les armes des Rohan, dès l’origine du blason, et c’est peut-être la 
seule substance minérale qui en ait eu les honneurs. Au XV° siècle, 
je crois, dans une contestation de préséance entre les Rohan et les Pen- 
thièvres, les premiers exaltant les richesses et les merveilles de leur duché, 
citent les mâcles des Salles qui se trouvent, disent-ils, non-seulement dans 
les roches, mais imprimées dans les arbres de la forêt. 

» M. Bigot de Morogues, frappé des singulières apparences de ces belles 
mâcles, voulait y voir des corps organisés; cette erreur minéralogique ne 
fut pas adoptée, mais on en commit une autre aussi grave en géologie, en 
plaçant le schiste maclifère dans les roches primitives, plus anciennes que 
le terrain dit de transition, où apparaissent les premiers indices de l’organi- 
sation. 

» Dans mon dernier voyage en Bretagne, j'ai voulu m'assurer de sa 
véritable position, et j'ai reconnu qu'il appartenait à la série de l’Ampélite 
et même à ses couches supérieures, qui, dans le voisinage, contiennent 
des fossiles encore bien distincts. 

» En quittant Pontivy; on marche long-temps sur le système cambrien 
bien caractérisé : ce sont des schistes talqueux, fibreux et souvent aiman- 
tifères, comme dans certaines parties des Ardennes. Au-dessus s'élève la 
crête des grès d’Écouves (grès de Caradoc ), sur laquelle reposent des 
schistes coticules, puis des schistes rubannés et enfin des roches schis- 
teuses très carburées, qui prennent une texture fibreuse et cristalline, et 
passent insensiblement au schiste maclifère. C’est exactement la place du 
schiste ampéliteux dans tout l’ouest de la France, et par conséquent 
le fait de la modification ou du métamorphisme était déjà prouvé pour 
moi. Mais j'ai eu en outre la satisfaction de le confirmer d’une manière 
inattendue, en trouvant dans ces schistes fibreux et cristallins des em- 
preintes bien distinctes d’orthis et de fragments de trilobites; ces frag- 
ments sont le fossile caractéristique de l’ampélite. Si je ne possède pas 


Cagi ) 
encore d'échantillons qui renferment à la fois des mäcles et des fossiles, 
je suis convaincu, d’après la continuité des couches et la cristallinité qui 
appartient aux unes et aux autres, qu’il serait facile de s’en procurer. 

» La cause modifiante est encore ici à côté de la roche modifiée; c’est 
un grand épanchement de roches diverses à base de feldspath et d’am- 
phibole. Plusieurs de ces roches devraient peut-être être considérées elles- 
mêmes comme des remaniements de sédiments préexistants par l’action de 
léruption feldspathique. La plus répandue parmi ces roches est peut-être 
l'eurite compacte parsemée de lamelles verdâtres, qui est exploitée au 
bourg de Peret. Un fait assez remarquable, est que cette roche m'a pré- 
senté une identité parfaite avec la matière des haches gauloises ou celta, 
qu’on trouve le plus communément dans toutes les parties de la France, 
identité que je n’étais pas encore parvenu à trouver dans aucune des ro- 
ches qui s’en rapprochent davantage. 

» Je pourrais, sans sortir de la Bretagne, m’appuyer sur beaucoup de 
faits analogues à ceux que je viens de citer, mais ils suffisent à ce qu'il 
me semble pour prouver que ce n’est point la cristallinité, mais la po- 
sition et les fossiles, qui fixent l’âge d’une roche, et que l’on peut à l’aide 
de ces derniers caractères parvenir à le déterminer malgré toutes les mo- 
difications qu’elle a éprouvées. » 


\ 
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Expériences faites en décembre 1837, sur une 


turbine établie par M. Fourneyron dans le moulin de M. RasouRnin, 
situé à Lépine, canton d’ Arpajon, département de Seine-et-Oise ; par 
M. Duu, chef d’escadron d'artillerie, etc. 


« Depuis quelque temps l'attention des savants et des constructeurs de 
machines hydrauliques, se porte avec intérêt sur la nouvelle roue hori- 
zontale de M. Fourneyron, à laquelle on a donné le nom de turbine. Des 
expériences ont.déjà été faites sur cette machine; mais comme elles sont 
encore en petit nombre, il a paru utile de faire connaître celles qui ont 
été faites récemment sur la turbine établie par M. Fourneyron dans le 
moulin de M. Rabourdin. 

» Les conditions du marché étaient celles-ci: la turbine devait dépenser 
445 litres d’eau par seconde, ou le produit d’un déversoir de 1",22 de lon- 
gueur sur 0",345 de hauteur, sous la chute franche de 2",05. 

» Le produit net mesuré au moyen du frein dynamométrique sur l'arbre 
même de la roue, devait être de 0,60 de la force brute dépensée, eu de 
7 chevaux =. 


23.. 


( 172 ) 
» Avant de rapporter les résultats des expériences faites avec le frein, 1l 
est utile de donner une description succincte des localités, et de faire con- 
naître les dispositions qui ont été prises pour mesurer la force théorique 


dépensée par la turbine. 
» Le moulin de M. Rabourdin est situé sur la rivière de Juine, et sur le 


même bief, il éxiste deux autres moulins appartenant à M. Lefebvre, la 
roue d’un de ces moulins est contiguë à celle de M. Rabourdin, elle n’en 
est séparée que par la motte en pierre; la seconde roue est établie sur un 
autre bras de la rivière. 

» Pour mesurer le volume d’eau dépensé, dans les expériences qui ont eu 
lieu, on a établi en amont de la turbine, et contre les piles d’un pont en 
pierre, un barrage sur le bras de la rivière qui alimente le moulin de 
M. Rabourdin; de cette manière on a pu élever suffisamment le niveau du 
bief supérieur, pour qu’au moyen d’une ouverture rectangulaire pratiquée 
dans le barrage, on ait fait écouler en déversoir l’eau qui arrivait sur la 
turbine; la crête de ce déversoir était formée par une règle en fer taillée à 
vive arète ; ün flotteur placé en amont, et hors du remou, a servi à dé- 
terminer l'épaisseur de la lame d’eau écoulée. Pour jauger le volume 
d’eau dépensé, on s’est servi de la formule 

Q'—= 0,406.1.h.Va.g.h. 


Q’ Volume d’eau écoulé dans une seconde. 


L._ Largeur du déversoir. 
k. Épaisseur dé la lame d’eau, mesurée de la crête du déversoir, au niveau 


supérieur de l'eau, pris au-dessus du remou. 
g=9",808, la gravité. 1 
{ Cette formule revient à celle-ci : Q= 1,80./.h* recommandée par 
M. d'Aubuisson. ) 


» On a établi convenablement, en amont et en aval de la turbine, deux 
autres flotteurs, qui ont servi à mesurer la chute. Soit H cette chute, on 
a pour la quantité de travail fournie par le moteur 1000Q'H4-7, 

» Il était nécessaire, avant de commencer les expériences, de mesurer 
le volume d'eau perdu par les fuites, tant de la turbine que de la roue du 
moulin qui lui est contigué ; pour cela, la vanne de chacune de ces deux 
roues étant fermée, on a réglé l'épaisseur de la lame d’eau écoulée sur le 
déversoir, de manière que le niveau de l’eau au-dessus de la turbine était 
entretenu constamment à la même hauteur; le volume d'eau mesuré sur 
le déversoir était celui absorbé par les fuites, et dans les expériences 


(17) 
qui ont suivi, il a été retranché du volume total de l'eau écoulée : 
ainsi q étant le volume d’eau absorbé par les fuites, Q celui employé par 
la turbine, on à Q — Q'— g, et pour la quantité de travail théorique de 


la turbine 
X = 1000 Q.H*r. 


» Le frein dont on s’est servi, se compose d’un manchon en fonte , qui 
a été fixé sur l'arbre même de la turbine de manière à être solidaire avec 
lui; et de deux mächoires en bois embrassant le manchon, elles sont 
réunies par des boulons dont un homme peut facilement manœuvrer les 
écrous, au moyen d’une clé; on a placé au-dessus du manchon un baquet 
d'où s’écoulait un filet d’eau, qui empêchait un trop grand échauffement 
sur les surfaces frottantes, et qui maintenait la régularité dans le mouve- 
ment. À l'extrémité du bras de levier du frein, on a fixé l’un des bouts 
d'une courroie flexible, on a fait passer cette courroie sur une poulie 
dont les tourillons étaient bien graissés, et à l’autre bout de la courroie 
était attaché un crochet auquel on a suspendu les poids, qui ont varié 
pour chaque expérience; la partie pendante de la courroie et le crochet 
ont été pesés, ce qui a donné la charge constante du frein == 0‘,625. 

» La vitesse de rotation de l'arbre a été mesurée avec un compteur de 
Robert, au moyen duquel on peut apprécier + de seconde, et l'on n’a tenu 
compte que des expériences pendant lesquelles la vitesse de rotation a été 
constante. 


» Cela posé, soient 


P la charge totale du frein; 

R le bras de levier du frein = /"; 

# le rapport du diamètre à la circonférence = 3,1415; 

N le nombre de tours de l'arbre par minute; 

Y le travail effectif par seconde, calculé au moyen du frein : 


on a x = NT" ou Y — (0,41886.P.N.)". 


» Le tableau ci-après fait connaître les résultats des huit expériences 
qui ont été faites. 


( 174 ) 


Tableau des expériences. 


TRAVAIL EFFECTIF eue 


8 LME TRAVAIL EFFECTIF OusRe s 
ë cure |: | rapport 
£ d’eau exprimé Une PAUSE .__ [exprimé |, entre. 
a. exprimé totale exprime le travail 
& | dépensé cu en pre en 2 effectif et 
8 chevaux Rire du frein. | minute | kilomet. | Chevaux | le travail 
= x kilomèt. Y théorique 
8 < N Y — X 

2 Hs 


kilom. 


73:77 | 699. | 9:32 | 0,773 
88,20 | 688,2 | 9,15 0,763 
80,35 | 694 G:25 | 0,763 
72,58 | 687,7 | 9,17 | 0,757 
67,16 | 692,7 | 9,23 | 0,768 
64,10 | 714,8 | 9,53 | 0,595 
58,44 | 700,6 | 9,34 | 0,784 
90,90 | 671 8,94 | o,772 


Moyenne............ | 0,772 


PHYSIQUE Du GLose. — Nature minéralogique et composition chimique des 
cendres lancées par deux volcans de l'Amérique tropicale. — Lettre de 
M. Durrévoy. 


« M. Biot a présenté à l’Académie, dans sa séance du 3 mai dernier, 
des cendres rejetées en 1797 et en 1836 par les volcans de la Guadeloupe. 
M; Élie de Beaumont a fait quelques essais sur ces cendres, et je les ai 
déjà soumises à un premier examen dont j'ai communiqué le résultat à 
l'Académie, dans sa séance du 15 mai. Ces premiers essais ayant appris 
qu'il y avait quelque intérêt à connaître la composition de ces déjections 
volcaniques, j'avais annoncé l'intention de compléter ce travail. 

» J'ai l'honneur d'adresser aujourd’hui à l'Académie, un mémoire dans 
lequel je fais connaître la nature minéralogique de ces cendres et leur 
analyse. 

» J'en extrais les passages suivants qui contiennent le résumé des prin- 
cipaux résultats auxquels je suis arrivé : 


(175) 

» Cendres de 1797.— Ces cendres qui ont un goût astringent contiennent 
0,024 de sels. L’acide muriatique concentré les dissout en partie et permet 
d'étudier isolément les deux éléments principaux dont elles se composent. 

» Cette première opération les fractionne de la manière suivante : 


Substance insoluble dans les acides. ..… 0,5625 


Substance soluble.................... 0,3258 
SELS PRE à Lie efe use 10 AL ce 0,02/42 
BauPeteperten. 0. 0,0875 

1 ,0000 


» La substance soluble est en grains blancs laiteux cristallins. Elle est 
composée de 


Oxigène. 

Silicerrter #40 a larns 0,5819 ...... 0,2923 

Alumine. ,........., se: 02397 ...... 9,1110 

Chaux. ........... +++ 00976 ...... 0,0274 

Oxide de fer...., s.. 030722 ...... 0,0221 
RTE 2h ne da 0,0106 
1,0000 


» La partie insoluble qui constitue les grains byalins brillants contient 


Oxigène. 
Silice. ...,.. d Oo ne + 0,6210 ...... 0,3226 
Alumine. ......... ’ 0,2241 ..... + 0,1047 
Chaux: tescnemres 0,0085 ...... 0,0024 
Magnésie......,,...... 0,0231 ..,... 0,008g 
Botasse. 2. + 00712 ...,.. 0,0121 
Soude. ........ Srécaue 0,0368 +. 0,0094 
PERTE a rene 0,0153 
1,0000 


» Cendres de 1836. — Cette poussière vue au microscope est composée 
comme la précédente de deux éléments distincts en proportions à peu 
près égales : l’un hyalin, complétement transparent et criblé de bulles , 
ressemble au feldspath vitreux; l'autre est d’un blanc laiteux en grains 
amorphes. 

» L'action des acides sépare les cendres de 1836 comme celles de 1797, 
en deux parties qui correspondent aux deux éléments qu’on vient d'indiquer. 


(196) 


» Les analyses de ces deux éléments ont donné, 


Pour la partie soluble. Partie insoluble dans les acides. 
Oxigène. Oxigène. 

Silice. ere reE EE 0,5930 ... 0,30Br ........ 0,6312 ... 0,3279 ... 10 
Alnmines - 7. 1022249 0:00, 1010-02. 0:2009 10; 0074 ENS 
CRAN css 0 00899 -#-HOs022E- nn +. 0,0142 ... 0,00/40 
Protoxide de fer.. o0,0702 ... 0,0154 Potasse,. 0,0821 ... 0,0139 p.. 1 
Magnésie......... 00037 ..e 090018 ........ 0,0160 ... 0,0062 
Soude. -.-.2.-. TT O-O0{0.-- 0ODIZ Eee -eRet 0,0310 ... 0,0070 
Pertes: sect o,0145 0,0170 

1 ,0000 1,0000 


» La composition de la partie des cendres qui s’est dissoute dans les 
acides, se rapproche beaucoup de la même partie dans les cendres de 
irruption de 1836. La seule différence consiste dans une petite quantité de 
soude que présente cette analyse; la présence de cet alcali rend assez pro- 
bable l'association avec le labrador, seulement il serait remplacé en partie 
par de la chaux et du protoxide de fer : la formule serait alors de même ordre. 
Quant à la composition des grains hyalins elle est fort analogue à celle 
de la partie correspondante des cendres de 1836; mais elle s'écarte assez 
fortement de la formule adoptée pour leryacolithe qui est(N K), S+3 AS, 
tandis que l'analyse ci-dessus conduirait à la formule (N, K, CM), S+ 34 Sÿ. 

» L’analogie de composition des cendres de 1797 et de 1836 ne peut 
pas être le résultat du hasard; cela tient à ce que les produits d’un même 
volcan sont de même nature; il en résulte donc, que si l'élément hyalin 
appartient au ryacolithe, il faut nécessairement modifier la formule qui 
représente la composition de cette espèce minérale. Cette hypothèse est 
du reste complétement confirmée par les analyses que M. Berthier a faites 
des feldspaths vitreux du Drakenfelds et du Mont-Dore. La composition 
de ces derniers feldspaths qui ont été décrits depuis par M. G. Rose, 
comme appartenant au ryacolithe, se rapprochent beaucoup de la formule 
(N,K,M,C,) S + 3A S, à laquelle conduit l'analyse des cendres de la 
Guadeloupe. 

» Cendres de Cosigüina.—Les cendres de Cosigüina envoyés par M. Rou- 
lin, sont d'un gris blanchâtre, elles sont extrémement fines et doivent 
avoir été recueillies assez loin du volcan. Il faut un grossissement d’au 
moins 200 fois pour distinguer la nature des grains qui les composent, et 
ce n’est qu'avec un grossissement de 350 que l’on peut apercevoir les 
chvages assez nets qu'ils présentent. Ces cendres vues au microscope sont 


(177) 

homogènes. Elles sont presque entièrement composées de grains blancs 
hyalins très lamelleux ; beaucoup de fragments présentent deux clivages 
trés voisins de l'angle droit, si méme ils ne sont pas rectangulaires. Ce 
tissu lamelleux est mis à découvert par le phénomène des anneaux colo- 
rés. IL y a quelques grains noirs, très rares et quelques-uns colorés en 
brun. Le barreau aimanté indique la présence d’une proportion tres 
faible de fer titané; au chalumeau, ces cendres sont très difficilement 
fusibles; on a plus de peine à les agglomérer que celles de la Guadeloupe 
et surtout que celles de l’Etna. 

» Chauffées légèrement, ces cendres perdent 6,27 p. ro0 d’eau hygro- 
métrique. Attaquées par l'acide hydro-chlorique concentré et reprises par 
une dissolution potassique, elles se sont partagées en deux parties. 18 
P- 100 environ ont été dissous dans l'acide. 


COMPOSITION 


De la partie soluble dans les acides. De la partie insoluble. 

Oxigène. Oxigène, 
Silice............ 0,5155 .… 0,2678 0,6429 ...... 0,3340 
Alumine. ,....... 0,1523 ... o,o711 OS 2H 0 ,9868 
Chaux........... o,1118 0,0314 GPOFAO = ee 0,0393 
Protoxide de fer.. o,1302 0,0396 | Magnésie..... 0,0075 ..... 0,002g 
DOUTE ee ea os 0,0622 ... 0,0159 0,0967 ..... + 0,02/47 
Potasse..,.... de on My SEE 0,0345 ... 0,002a 
PERTE. 10. L'ETOi6a8o 24 E, 

1,0000 j 1,0069 


» Il résulte de ces analyses que la partie soluble dans les acides, con- 
tient à la fois de la soude et de la chaux dans des Proportions qui se 
rapprochent de celles Caractéristiques du labrador; ces grains renferment 
en outre 1îne grande quantité d’oxide de fer qui étant très probablement 
au minimum, doit être considéré comme isomorphe de la chaux, et dans 
ce cas les proportions s’éloignent alors beaucoup de la composition du 
labrador. Ces grains pourraient être considérés comme appartenant à 
une espèce particulière dont le signe serait A.S°+ CS. 

» Les grains insolubles dans les acides renferment à la fois de la soude 
et de la potasse comme le ryacolithe. Dans les cendres du Cosigüina, la 
soude est de beaucoup le plus abondant des deux alcalis, ce qui est 
l'inverse dans le ryacolithe. En outre les apports atomiques des éléments 
sont tres différents. Ils sont représentés dans ce dernier minéral par le 

CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 6) 24 


(178) 
signe (NK) S+H+3AS, tandis que l’analyse des grains insolubles conduit à 
la formule 4AS* + 2CS + (KN)S*. 

» En résumé, la composition des cendres de la Guadeloupe et de 
Cosigüina, ne peut en aucune manière être rapprochée de celle du 
feldspath et de l’albite; l'analyse des laves de l’Etna que M. Laurent a 
donnée dans les 4nnales de Chimie, et celle des laves du Vésuve, que j'ai 
faites, prouvent également que ces minéraux ne font point partie essen- 
tielle des produits de ces deux volcans. Ces exemples autorisent à penser 
que le refroidissement des laves des volcans brülants et probablement des 
volcans à cratères, quelque lent qu’il soit, ne développe pas cependant 
les circonstances nécessaires à la production du feldspath et de l’albite. » 


cmme. — Action de la vapeur d’eau sur le charbon incandescent ; 


par M. Lowccnawr. 


« Tous les chimistes admettent que lorsque l’eau en vapeur passe sur 
des charbons incandescents, elle se décompose et donne naissance à 
différents gaz; on a même fondé récemment, sur ce fait, un procédé 
de fabrication des gaz d'éclairage. Des considérations particulières me 
portaient à embrasser une opinion contraire à celle des chimistes, et je 
me suis convaincu, par les expériences suivantes, que mes soupçons 
étaient fondés. 

» J'ai disposé un tuyau de fonte de 3 pieds (0",974) de longueur 
et 3 pouces (0",081) de diamètre intérieur, dans un fourneau cons- 
truit en briques. La partie qui était portée au rouge-blanc avait une lon- 
gueur de 20 pouces (0",542). Une des extrémités était hermétiquement 
bouchée par un bouchon de fonte et de l'argile humectée ; mais ce bou- 
chon était percé d’un trou pour laisser passer un filet d’eau. L'autre ex- 
trémité était pareillement close et le bouchon percé pour donner issue aux 
gaz qui déposaient d’abord leur eau dans une boîte en fonte, et se ren- 
daient de cette boîte sous une grande cloche en zinc ou gazomètre. 

» Les choses ainsi disposées, j'ai rempli le tuyau dans toute sa lon- 
gueur de bon charbon de bois : il y avait donc 20 pouces (0",542) de 
ce charbon portés au rouge-blanc, et 10 à 12 pouces (0,271 à 0,325) 
qui étaient plus ou moins fortement chauffés. 

» Le poids du charbon était de 7625,5. L'eau introduite avait un 
écoulement constant et toujours uniforme. Son poids était de 3“",500. 

» L'opération a duré 4 heures 40 minutes. Il y a eu moins d’un pied 


(179) 
cube (30 à 34 litres de gaz produit, et seulement 62,5 de charbon ont 
disparu. 

» Les 700 grammes restants ont été remis dans le tuyau de fonte, et 
dans l’espace de 6 heures 4o minutes on a fait passer sur le charbon, 
porté au rouge-blanc, 5 kilogrammes d’eau qui se sont écoulés d’une ma- 
nière toujours uniforme. 

» Le volume de gaz produit n'était pas tout-à-fait de 2 pieds cubes 
(6o à 65 litres), et le poids du charbon restant était de 600 grammes. 

» Le gaz produit, qui était en quantité infiniment petite, si l’on a égard 
au poids du charbon et de l’eau employés , ainsi qu’à la durée des opé- 
rations , n'a point été essayé; d’abord, parce que l’air qui était dans mon 
appareil, et dont le contenu était de plus de 4 pieds cubes (140 à 15olitres), 
était en trop grande quantité par rapport au gaz obtenu, et, en second 
lieu, parce que le charbon renferme toujours des corps gazeux, et qu'on 
ne pouvait pas savoir pour quelle quantité ces gaz entraient dans le pro- 
duit obtenu. Enfin, on conçoit que l'effet de la vapeur d’eau sur la fonte 
fortement chauffée est d’oxider la surface du tuyau, ce qui donne naissance 
à l'hydrogène; puis le charbon, à ses points de contact, réduit les oxides et 
donne naissance à de l'oxide de carbone; et ainsi une réaction contraire 
se continue indéterminément pour produire de l'hydrogène ou de l’oxide 
de carbone. 

» La durée des deux opérations a été de 11 heures 20 minutes. 

» Si l’on veut bien discuter avec soin toutes ces causes, on reconnaîtra 
que la petite quantité de gaz obtenue ne provenait aucunement de l’ac- 
tion de l’eau sur le charbon incandescent, et que, par conséquent, le 
charbon ne décompose point l’eau , ainsi que nous le trouvons mentionné 
dans tous les traités de chimie, du moins cette décomposition ne s’opère 
pas dans la circonstance que je viens de rapporter et qui est précisément 
celle qu'ils mentionnent; mais j'ai reconnu qu’elle peut s’effectuer dans 
d’autres circonstances données. 

» J'ai fondé sur les faits qu’elles m'ont présentés et sur des considéra- 
tions d’une autre nature, des modifications importantes dans la fabrica- 
tion des gaz d'éclairage; mais ces procédés ne m’appartenant plus, je ne 
puis par cette raison les indiquer ici. Tout ce que je puis dire, c’est que 
je diminue de plus de 25 pour 100 le revient du gaz provenant de la 
distillation de la houille, et de 5o pour 100 le revient du gaz de résine; 
car je supprime plus de la moitié des fourneaux, des cornues, et par 
conséquent l’économie sur le combustible et sur la main-d'œuvre se fait 


24. 


( 180) 


dans le même rapport. Enfin, j'ajouterai que le gaz produit par mes 
procédés a tout le pouvoir éclairant d'un bon gaz, et l'on sait que la 
quantité n’est rien, ou du moins nest qu'une bien fausse donnée, si l'on 
n’a pas égard à l'intensité de la lumière qui est produite pendant la com- 
bustion. » 


Plusieurs membres font des remarques sur le contenu de la Note de 
M. Longchamp. 

M. Gay-Lussac observe que si l'écoulement de vapeur a été très ra- 
pide, les charbons intérieurs ont pu être suffisamment refroidis pour qu’il 
n'y ait pas eu de décomposition. 

D’autres pensent qu'avant de rien statuer sur le résultat annoncé par 
M. Longchamp, il serait nécessaire et d’analyser les gaz permanents que 
l'expérience fournit et de la répéter avec un tube de porcelaine. 


M. Warpen adresse quelques détails sur divers événements récents, 
relatifs à l'Amérique, savoir : 

1°. À un tremblement de terre qui s’est fait sentir les 18 et 19 octobre 
dernier à Acapulco, et a, dit-on, détruit presque complétement cette ville. 

2°. À la découverte qu’on vient de faire dans la province de Truxillo 
(Pérou), d'une ville ensevelie sous terre, probablement à la suite d’une 
grande éruption volcanique. Les gens du pays n’ont pas conservé la mé- 
moire de cet événement, qui semble remonter à une époque assez voisine 
de l'établissement des Espagnols dans lé pays: la catastrophe paraît avoir 
été soudaine et avoir surpris les habitants au milieu de leurs occupations 
habituelles. 

3°. A l'existence d’un gissement considérable de marbre blanc statuaire 
découvert par M. Featherstonhaugh, dans une chaîne de montagnes du 
pays des Cherokees; jusqu'à présent on n'avait trouvé ce marbre aux 
États-Unis, qu’en couches trop minces pour qu’on püût l’employer dans 
les arts. 

4°. À l'état où se trouvaient à la fin de l’année, les travaux entrepris 
pour la construction du canal qui doit unir l'Océan Atlantique à l'Océan 
Pacifique. Le choléra qui à fait de très grands ravages dans la province 
de Nicaragua, a causé,momentanément l'interruption des travaux. 


M. DE Paravey écrit qu'une fable rabbinique consignée dans l'ouvrage 
de Basnage , et où il est parlé du Samir vermisseau , qui polissait sans 


( 181 ) 


bruit les pierres du temple de Jérusalem, lorsque Salomon le fit cons- 
truire, semble trouver son explication dans la connaissance qu'auraient 
eue les anciens du fait observé par M. Ehrenberg ; savoir, que certains tri- 
polis se composent presque entièrement de carapaces siliceuses d’infusoires. 


A quatre heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. A. 


( 182 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, n° 5, 1° semestre 1838, in-4°. 

Éloge historique de Joseph Fourier, par M. Araco, secrétaire perpé- 
tuel ; ue à la séance publique du 18 novembre 1833, in-4°. 

Notions synthétiques , historiques et physiologiques de philosophie na- 
turelle; par M. Gsorrroy Saivr-Hicaine , in-6. 

Voyage métallurgique en Angleterre, et recueil de Mémoires; par 
MM. Dorrévoy, Êure De Beaumonr, Coste et Perponner, 2° édition, 
tome 1° in-8°, avec un atlas de planches in-fol. 

Recherches administratives, statistiques et morales sur les enfants- 
trouvés; par M. l'abbé Garrrarb, Paris, 1837, in-8°. (Cet ouvrage est 
adressé pour le concours de Statistique.) 

Traité de l’'Ophthalmie , la Cataracte et l'Amaurose; par M. Sicuet , 
un vol. in-8°, Paris. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon, 
Médecine et Chirurgie.) 

Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris ; tome 21, 123 
livraisons in-8°. 

Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département 
de la Charente ; tome 19, n° 5, septembre et octobre 1837, in-8°. 

Bulletin de la Société Géologique de France ; tome 9, feuilles 1—5, 
in-6°. 

Société havraise d'études diverses. ... Résumé analytique des travaux 
de la 2° année; par M. Pourain, secrétaire , in-8°. 

Statistique minéralogique du département du Rhône; par M. Pariset , 
Lyon, in-8°. 

Pi industriel, manufacturier et commercial ; 2° série, n° 48, dé- 
cembre 1837, in-8°. 

Société royale et centrale d'Agriculture. — Bulletin des séances, 
Compte rendu mensuel; par M. Sourance Bonix, juillet — décembre 1837, 
in-8°. 

Société industrielle de Mulhouse.... Rapport fait au nom du comité 
de Mécanique; par M. Émxe Koscnuw; dans la séance de la Société du 


(183) 
25 janvier 1857, sur les plaques fusibles et les soupapes de sûreté des chau- 
dières à vapeur, Mulhouse, 1837, in-8°. 

Quelques réflexions critiques sur l'éducation et sur l’enseignement mé- 
dical à l'occasion de l'École auxiliaire et progressive de M. Sanson ( Ex- 
trait du Journal des Connaissances médicales), in-8°. 

Séance publique de la Société Linnéenne de Normandie ; tenue à Hon- 
Jleur, le 28 juin 1837, Caen ; in-8°. 

Actes de la Société Helvétique des Sciences naturelles ; 22° session, 
1837, in-8°. 

Astronomische... Vouvelles astronomiques de M. Scaumacæer, n° 344. 

Bericht Ueber.... Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences 
de Berlin, et destinés à la publication, pendant les mois de novembre et 
décembre 1837, in-8°. 

Ueber den.... Sur les résultats des autopsies cadavériques duns les cas 
de Choléra oriental; par M. Paorssus, Berlin, in-8°. (Cet ouvrage est 
adressé pour le concours Montyon , Médecine et Chirurgie.) 

Sulle formole.... Sur les formules à employer dans les calculs géodé- 
siques pour la réduction des angles à l'horizon de la station; par 
M. F. Awante , Naples ; in-4°. 

Journal dé Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4, 
n° 2, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 5, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome ‘12, n°% 13—15, in-4°. 

La Phrénologie ; tome 1°, n° 30, in-4°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales; février 1838, in-8°. 

La Ruche, journal d’études familières ; 2° année , n° 15, in-8°. 

L'Expérience , journal de Médecine , n° 18, in-8°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 306, in-4°. 

Voyage en Crimée, au Caucase, en Géorgie et en Arménie fait de 

1831 à 1835; par M. Dusors ne Moxrréreux , prospectus in-8°. 


) 


( 184 


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‘88 MHIANVS — 'SHADIDOTOUOALAN SNOILVAUASIO 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 12 FEVRIER 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREIL.. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


mme. — Vote sur la formule rationnelle de l'acide hippurique ; par 
M. Perouzr. 


« Quand on traite par l'acide hydro-chlorique de l’eau distillée d'a- 
mandes amères ou un mélange d’hydrure de benzoile et d’acide hydro-cya- 
nique, on obtient un acide fort remarquable, dont l'existence a été 
signalée par M. Winckler, et sur lequel M. Liebig a attiré l'attention de 
tous les chimistes. 

» La composition de cet acide, ses réactions, son mode même de pré- 
paration, démontrent jusqu'à l'évidence qu'il est formé d’hydrure de 
benzoile et d’acide formique. En effet, pour ne parler que de sa formation 
par le contact de l'acide hydro-chlorique avec l'eau distillée d'amandes 
ameres, on voit que l'acide prussique contenu dans celle-ci est décom- 
posé par l'acide hydro-chlorique et l’eau, en sel ammoniac et en acide 
formique, qui s’unit alors à l'hydrure de benzoïle, pour constituer l'acide 
formo-benzoilique. Cette explication est aussi simple qu’elle est exacte : 
l'acide prussique n'étant que mêlé et non combiné avec l'huile. essentielle 

C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 7.) 25 


(186) 


d'amandes améres, se comporte comme s’il était seul dissous dans l’eau, 
et j'ai fait voir, en 1831, que plusieurs acides, et particulièrement les acides 
hydro-chlorique et sulfurique, le transformaient en ammoniaque et en 
acide formique. Mes expériences, à cet égard, ont été confirmées par 
M. Sérullas. J'aime à me rappeler que son rapport me valut les prenners 
encouragements de l'Académie. 

» La formule rationnelle de l'acide formo-benzoilique est donc.. 
C#H'°0*, H°+C'H°O, c'est-à-dire qu'il est formé dé 1 atome d’hydrure 
de benzoïle, et de 1 atome d'acide formique. 

» La composition de l'acide hippurique a été donnée, il y a peu d’an- 
nées, par M. Liebig, et par MM. Dumas et Péligot. Les analyses de ces 
chimistes conduisent toutes à la formule Az C'8H'0OS LL H°O; mais aucune 
des expériences qui ont été faites sur la manière dont il convenait d’en- 
visager sa constitution, n’a été suivie de succès : aussi n’en parlerai-je 
pas. Je me bornerai à rappeler que M. Liebig, lors de la découverte de 
l'acide formo-benzoilique, prévit que beaucoup d'acides, au nombre 
desquels il plaça l’acide hippurique, pouvaient bien être, comme ce der- 
nier, des combinaisons de plusieurs principes immédiats. Bien des années 
auparavant, M. Chevreul avait déjà proposé de regarder la stéarine, la 
margarine et l’oléine, comme immédiatement formées d’acide gras et de 
glycérine. Tous les phénomènes de la saponification s'accordent avec 
cette manière de voir, et aujourd’hui aucun chimiste ne doute que des 
principes immédiats de nature organique, ne puissent s'unir entre 
eux. 

» L’acide hippurique appartient à cette classe curieuse de combinaisons; 
sa formule brute C'# H'$ Az* O$, peut être décomposée en C'#H®°O:, 
H?+C* Az°H° + C'H° 0', qui représente atomes égaux d'huile essentielle 
d'amandes amères, d'acide prussique et d’acide formique. La simplicité de 
ces rapports, et l'existence déjà connue de plusieurs combinaisons de 
l’'hydrure de benzoïle avec des acides, me firent pressentir que c'était là, 
en effet, la véritable formule rationnelle de l'acide hippurique, et bientôt 
l'expérience est venue confirmer, de la manière la plus heureuse, une 
déduction d’abord purement théorique. 

» Quand on fait bouillir une dissolution d'acide hippurique avec du 
peroxide de manganëse et de l'acide sulfurique très étendu d’eau, il se 
produit un dégagement considérable d’acide carbonique, et la liqueur fil- 
trée laisse déposer, en se refroidissant, une abondante cristallisation d'acide 
benzoïque pur; elle retient en dissolution du sulfate d’ammoniaque. 


(187) 

» Cette réaction remarquable s'explique avec une grande facilité, et 
voici comment : 

» T’acide hydro-cyanique qui existe tout formé dans l'acide hippurique, 
donne avec de l'acide sulfurique étendu, du sulfate d’ammoniaque qui 
reste dans les liqueurs, et de l'acide formique; mais ce dernier, décomposé 
par l’excès d’oxigène du peroxide de manganèse, se change en eau et en 
acide carbonique : de là le dégagement de ce gaz, dégagement qui a deux 
sources , l'acide formique produit aux dépens de l’eau et de l'acide hydro- 
cyanique , et l'acide formique préexistant dans l'acide hippurique. 

» Quant à l’hydrure de benzoiïle, il est également oxidé par le peroxide 
de manganèse, et converti tout entier en acide benzoïque. Ce dernier est 
à l’état de liberté dans la liqueur, parce qu'il s’y trouve en même temps de 
l'acide sulfurique qui lui enlève le protoxide de manganèse; et comme 
il est très peu soluble à froid, il se dépose presque entièrement par le 
refroidissement de la liqueur. 

» L’acide hippurique est donc un acide composé, tout-à-fait de l’ordre 
de l'acide formo-benzoilique. L'expérience que je viens de citer le dé- 
montre ; toutes les propriétés que l’on connaît à cet acide s'expliquent 
avec simplicité en le considérant comme je le fais. 

» J'aurai l'honneur de communiquer prochainement à l’Académie d’au- 
tres résultats sur cet acide. Je me borne quant à présent à ajouter que la 
production de l'acide benzoïque par la méthode que j'ai indiquée est si 
abondante et si facile que le procédé le meilleur, et peut-être un des plus 
économiques pour préparer l'acide benzoïque pur, consiste à évaporer 
l'urine de cheval, à en extraire l'acide hippurique brut et à le traiter par 
un mélange d’eau , d'acide sulfurique et de peroxide de manganèse. » 


oume. — Recherches sur les produits de la décomposition du cyanogène 
dans l'eau (1); par MM. Perouze et RicHaRDsoN. 


« La chimie ne possède jusqu'ici que des notions fort incomplètes sur 
l'altération qu’éprouve une dissolution aqueuse de cyanogène abandonnée 
à elle-même sous l'influence de la lumière. 


» M. Vauquelin qui s’est occupé de ce sujet, en 1818, a fait connaître 


(1) Cette note est la première partie d’un travail que nous avons entrepris sur l’alté- 
ration de plusieurs matières azotées soumises à l’action de l’eau et de la chaleur, et sur 
l'état de l’azote dans les charbons d’origine animale. 


25.. 


( 188 ) 


qu'outre de l'ammoniaque et une substance noire particulière, il se for- 
mait, par la réaction du cyanogène sur les éléments de l'eau, trois acides 
distinets, de l'acide carbonique, de l'acide hydro-cyanique, et un acide 
nouveau qu'il considérait comme formé de cyanogène et d’oxigène. 

» L'opinion de M. Vauquelin sur la nature de cette dernière substance 
était uniquement fondée sur des vues théoriques, car il n'avait point 
isolé son nouvel acide ni étudié aucune de ses combinaisons. 

» Les expériences que nous allons rapporter nous autorisent à dire que 
M. Vauquelin s'était trompé en annonçant la formation de l'acide cyanique 
par la décomposition du cyanogène dans l’eau , et que la matière qu'il avait 
considérée comme du cyanate d'’ammoniaque était un mélange d'urée et 
d’oxalate d’ammoniaque. 

» Une dissolution de cyanogène dans l’eau, préparée à la maniere or- 
dinaire , a été exposée à l’action de la lumière, jusqu'à ce que l'odeur de 
cyanogène ait disparu. La nouvelle liqueur avait une odeur forte d'acide 
hydro-cyanique; sa couleur était légèrement jaunâtre, sa réaction neutre. 
Une substance noire, floconneuse, légère , s'était rassemblée à sa partie 
inférieure. Elle fut recueillie sur un filtre et débarrassée par l’eau distillée 
de toutes les matières étrangères solubles. Après cette purification , elle 
était peu soluble dans l’eau et dans l’alcool, insoluble dans l’éther , soluble 
au contraire dans l’acide acétique et dans les alcalis caustiques, et sus- 
ceptible de former avec les bases de véritables sels. 

» La petite quantité sur laquelle il nous a été possible d'opérer ne nous 
a pas permis de la soumettre à des essais aussi rigoureux et aussi multi- 
pliés que nous l’eussions désiré. Cependant, d’après l’analyse de sa com- 
binaison avec l'oxide d’argent , nous avons lieu de croire que sa véritable 
composition doit être exprimée par la formule 


Az C* HS Of, 


» Une partie de la liqueur fut soumise à l’ébullition, et la vapeur qui 
s'en dégageait conduite dans de l’eau de chaux. Il s’y forma un précipité 
abondant de carbonate calcaire qui ne laissa aucun doute sur la for- 
mation de l'acide carbonique pendant la décomposition du cyanogène 
dans l’eau. 

» Le reste de la liqueur donna lieu , pendant sa concentration, à un 
dégagement trés sensible d’ammoniaque et d’acide hydro-cyanique. 

» Le résidu desséché avait une teinte jaune peu prononcée, une saveur 
salée et piquante. Mis en contact avec l'alcool, il s'est divisé en parties à 


( 189 ) 
peu près égales. La partie soluble dans ce liquide offrait tous les carac- 
tères de l’urée. 

» Le résidu , insoluble dans l'alcool , était de l’oxalate d'ammoniaque. 

» L'analyse de ces deux substances et l'examen minutieux de leurs pro- 
priétés n’ont laissé dans notre esprit aucune espèce de doute sur leur 
production dans la décomposition spontanée du cyanogène dissous dans 
l'eau. Si M. Vauquelin avait poursuivi l'examen qu'il avait commencé des 
produits de cette réaction, peut-être aurait-il fait le premier l’admirable 
découverte que M. Wôbler fit quinze années plus tard, de la production 
artificielle d’une matière animale; mais le peu de substance qu'il avait à 
sa disposition ne lui permit pas d’analyser complétement un sujet sur 
lequel il ne revint jamais par la suite. 

» Il est bien curieux de voir une substance d’une composition simple, 
comme le cyanogène, une substance que son rôle place dans le système 
chimique , non à côté, mais au milieu même des éléments, donner nais- 
sance, en réagissant sur l’eau, à tant de produits divers. 

» En admettant pour la matière noire la formule Az° C5 HO, nous 
pouvons expliquer la décomposition du cyanogène dans l’eau par l'équa- 
tion suivante : 


r'attd'urée RANHORT 0eme rroA ze MES 107 
3 at. d’a. prussique. . . . . . . . . . Azÿ CS Hô 
4 at. d’a. carbonique. . . : . . + . . C4 Of 
1 at. d’ammoniaque . . . . + . . + . A7° H5 
1 at, d'oxalate d’ammoniaque. . . . . Az C H$ Of 
1 at. substance noire. , . . . , , . . Az C H° Ot 


Az? C2: H# O'8. . 


M. Moreau DE Jonnès dépose sur le bureau de l'Académie les détails 
numériques des faits statistiques qu'il a communiqués à la dernière 
séance, et qui sont relatifs à la comparaison du nombre des crimes et des 
peines dans la Grande-Bretagne et en France. 


( 190 ) 


RAPPORTS. 


zooLoGe. — Rapport sur un Mémoire de M. Azcipe D'Orricny, intitulé : 
Sur la distribution géographique des oiseaux passereaux dans l'Améri- 


que méridionale. 
(Commissaires, MM. Duméril, {sidore Geoffroy rapporteur. ) 


» L'auteur de ce mémoire, au retour du voyage de sept années qu’il a fait 
comme envoyé du Muséum d’histoire naturelle dans le Brésil, dans les répu- 
bliques de l’'Uruguay, de Buenos -Ayres, du Chili, du Pérou, de Bolivia et 
dans la Patagonie, s’est empressé de soumettre à l’Académie les résultats de 
ses recherches, et de demander qu'ils devinssent l’objet d’un examen spé- 
cial. Une Commission, composée de MM. Cordier, de Blainville, Savary, 
Adolphe Brongniart et de votre rapporteur, fut en effet nommée, et bien- 
tôt après, en avril 1834, après avoir entendu quatre rapports successifs , 
l’Académie exprima sa haute satisfaction (nous citons les termes mêmes des 
conclusions adoptées par elle) pour le nombre et l’importance des maté- 
riaux et des observations rapportées par M. d'Orbigny; et elle émit le vœu, 
presque aussitôt entendu par M. le Ministre de l’Instruction publique, que 
des mesures fussent prises pour encourager et faciliter la publication de ces 
résultats. 

» Le mémoire dont M. Duméril et moi avons aujourd’hui à rendre 
compte, est un chapitre détaché de l'ouvrage général dont la publication 
a été ainsi demandée par l’Académie, et qui est présentement parvenu à sa 
trentième livraison. M. Alcide d'Orbigny, après avoir traité des oiseaux de 
proie, et, avant d'entrer dans les détails descriptifs qu’il doit donner sur les 
nombreux passereaux collectés par lui, a cru devoir présenter sur leur dis- 
tribution géographique, quelques considérations générales qu’il a jugées, 
et que nous jugeons avec lui, dignes de fixer l'attention de l'Académie. 
Tel est le sujet de son mémoire, dans lequel se trouvent comparées, sous 
divers points de vue, près de {oo espèces de passereaux, recueillies par 
M. d'Orbigny, sur le continent américain , depuis le 11° jusqu’au 43° de- 
gré de latitude australe. 

» Le mémoire de M. d'Orbigny ayant été lu dans son entier à l’Acadé- 
mie, et ayant été, en outre, analysé dans les Comptes rendus hebdoma- 
daires (1), nous nous dispenserons de suivre l’auteur dans toutes les remar- 


(1) Année 1837, 2° semestre , page 496. 


(191) 
ques qu'il présente sur les passereaux américains; mais nous indiquerons 
avec soin sous quels rapports divers il les Compare successivement, et à 
quels résultats il est conduit par ses comparaisons. 

» M. d’Orbigny commence par diviser la portion de l'Amérique méridio- 
nale qu'il a visitée, d’une Part, en rois zones de latitude, et de l'autre, en 
trois zones d'élévation au-dessus du niveau de la mer, entre l'équateur et 
le tropique du Capricorne. Des trois zones de latitude, la première s'étend 
du 15° au 98° degré; la seconde, du 28° au 34°, et la troisième , du 34° au 
43° degré. Les trois zones d'élévation comprennent, la premiére, les ré- 
gions dont l'élévation varie entre o: et 1700-mètres au-dessus du niveau de 
la mer; la seconde, celles qui se trouvent entre 1700 et 3700 mètres, et 
la troisième, celles dont l'élévation excède 3700 mètres: Selon M. d'Orbi- 
sny, ces trois zones de latitude et ces trois zones d’élévation offriraient 
entre elles une très grande analogie relativement à leurs productions; ce 
que M. d'Orbigny avait déjà énoncé dans la septième livraison de son ou- 
vrage, et essayé d'établir à l'égard des oiseaux. de proie. 

» Nous n’avons à émettre ici aucune Opinion sur l’analogie générale et 
pour ainsi dire sur le parallélisme que M. d'Orbigny signale entre ses trois 
zones de latitude et ses trois zones d’élévation. Les idées de M. d'Orbigny 
sur ce sujet échappent doublement à notre examen »et comme livrées déjà 
à la publicité, et comme trop incomplétement connues pour qu'il soit 
possible de les apprécier présentement : l’auteur, en effet, n’a point en- 
core exposé d’après quels principes ou quels faits il a déterminé les limites 
de ses diverses zones, mais simplement indiqué ces limites, et presque dans 
les mêmes termes que nous venons aussi d'employer. Nous ne pouvons donc 
ici que suivre M. d'Orbigny dans la comparaison des passereaux compris 
dans ces zones, sans décider si la délimitation de celles-ci est exempte ou 
non de tout arbitraire. 

» Le résultat général de la Comparaison des passereaux des: trois zones 
de latitude est la décroissance du nombre de leurs espèces, de la première 
à la seconde, .de la seconde à la troisième. Selon M. d'Orbigny, la première 
zone: possède 240 espèces; la seconde, 72; la troisième, 37 seulement ; 
nombres qui sont presque exactement entre eux comme 62,2 et 1. 

» De même, il y a décroissance numérique de la première zone d’éléva- 
tion à la seconde, et de celle-ci à la troisième. Les nombres que M. d'Or- 
bigny a trouvés sont, au 15° degré de latitude sud, 83, 60 et 22 especes; 
nombres qui sont à peu prés entre eux comme 4, 3 et 1. 

» Le nombre des espèces de Passereaux diminue donc, mais non sui-- 


( 192 ) 
vant les mêmes rapports, de la zone torride vers les régions glaciales, et 
sans franchir les limites de la zone torride, du niveau de la mer aux par- 
ties élevées des montagnes; résultat que la théorie indiquait à l'avance, 
mais qui se trouve ici établi, par M. d'Orbigny, pour l'Amérique australe, 
avec plus de précision qu'on ne lavait encore fait. L’autenr en tire un 
premier argument en faveur de l’analogie de ses zones de latitude et d’é- 
lévation, qu’il confirme ensuite par un fait beaucoup plus remarquable : 
l'existence d'un grand nombre d'espèces communes, soit à la seconde zone 
de latitude et à la seconde zone d’élévation vers le 15° degré, soit, de 
même , aux troisièmes zones de latitude et d’élévation. Ainsi, sur les 60 es- 
pèces de la seconde zone d’élévation, il en est, d’après M. d’Orbigny, jus- 
qu'à 29, ou presque exactement la moitié, qui se retrouvent dans les 
plaines de la seconde zone de latitude. De même, 8 des 22 espèces de la 
troisième zone d’élévation, ou plus du tiers, habitent en même temps les 
plaines de la troisième zone de latitude. 

» Ce dernier résultat tend, comme on le voit, à assimiler en partie , 
quant à leur population ornithologique, la Patagonie aux plateaux élevés 
des Andes, éloignés d’elle de plus de /0o lieues, et à fournir de pré- 
cieuses données pour la détermination de l'influence qu’exerce la tempé- 
rature sur la distribution géographique des animaux. Cette partie du mé- 
moire de M. d'Orbigny offre donc pour la science un intérêt réel; cet 
intérêt toutefois serait beaucoup plus grand, si l’auteur, qui écrit un ou- 
vrage, et non un mémoire spécial, n’eût réservé pour les chapitres sui- 
vants la discussion détaillée des preuves qu’il possède, et si la démonstra- 
tration ne restait ainsi, pour le présent, tres incomplète. 

‘» Dans une seconde partie de son mémoire, M. d'Orbigny donne des 
faits d’un genre précisément inverse des précédents, et dont la citation, 
à leur suite, était indispensable pour prévenir les conséquences exagérées 
qu’en auraient pu déduire des esprits trop portés à la généralisation. 
Après avoir, sinon rigoureusement prouvé, au moins rendu vraisemblable 
et promis de prouver par la suite que la distribution géographique d’un 
grand nombre d’espèces est principalement déterminée par la tempéra- 
ture, et suit plus ou moins exactement les lignes isothermes, M. d'Orbi- 
guy montre, et ici il prouve complétement ce qu'il avance, que la distri- 
bution d’un certain nombre d’autres passereaux est au contraire réglée 
presque uniquement par la disposition topographique des diverses régions 
où ils se trouvent répandus. Ainsi, telle espèce habite également toutes les 
plaines inondées, telle autre, tous les pays couverts de buissons, depuis la 


(193) 

Patagonie jusqu’à la zone torride; telle autre encore, tous les terrains secs 
et arides, depuis les sommets des Andes jusque dans les plaines au niveau 
de la mer. Nous aurions désiré trouver ici, sur les téguments de ces divers 
passereaux, que M. d’Orbigny signale comme indifférents à la tempéra- 
ture, quelques remarques qu'il se réserve sans doute de donner dans la 
suite de son ouvrage. En effet, que ces téguments offrent ou non quel- 
ques conditions particulières, le résultat d’un examen comparatif et 
approfondi à cet égard ne saurait manquer de fournir à la science une 
notion intéressante. 

» L'auteur se livre ensuite à d’autres comparaisons dont les résultats 
principaux, réduits à leur expression la plus simple, sont : l'existence d'un 
petit nombre d’espèces soit communes aux deux versants des Andes, soit 
propres au versant occidental; celle d’un nombre très grand, au contraire, 
d’espèces propres au versant oriental; la multiplicité des passereaux insec- 
tivores en Amérique, comparativement à ce qui a lieu en Europe; la dis- 
tinction des passereaux américains , d’après leur Aabitat, en cinq groupes, 
ainsi dénommés, les buissonniers (219 espèces), les forestiers (125), les 
oiseaux des plaines (26), ceux des marais (14), et ceux des rochers ou 
des maisons (11); enfin l'existence, en Amérique, d’un grand nombre 
d'espèces, 129 sur 395 émigrant, soit régulièrement, soit irrégulièrement, 
dans des directions et à des époques diverses. Sans doute il s'en faut de 
beaucoup que ces divers résultats soient tous nouveaux pour la science; 
quelques-uns même sont généralement connus et presque vulgaires; mais 
il n’est aucun d’entre eux que M. d'Orbigny n'ait vérifié par un nombre 
d'observations bien supérieur à celui que possédaient ses devanciers, et 
dont il n’ait rendu à la fois la vérité plus certaine et l'expression plus précise. 

» Le mémoire de M. d'Orbigny, ou plutôt le chapitre qu'il a détaché de 
son ouvrage pour le soumettre à l'Académie, offre le résumé général 
d’une multitude d'observations, les unes nouvelles et dues à l’auteur, les 
autres déjà faites antérieurement, mais soumises par lui à une utile révi- 
sion. De ces observations sont déduites des conséquences dont quelques- 
unes seront d'un très grand intérêt pour la zoologie générale et la géo- 
graphie zoologique, lorsque l’auteur, en complétant leur démonstration 
dans les chapitres ultérieurs de son ouvrage, les élèvera du rang 
d’apercus ingénieux à celui de vérités positives. En engageant M. d'Or- 
bigny, en raison même de l'importance .des résultats obtenus par lui, à ne 
rien négliger pour les mettre entièrement hors de doute, vos commissaires 
émettent aussi le vœu qu'il complète sa comparaison générale des passe- 

CR. 1938, 1er Semestre. (T. VI, N° 7.) 26 


( 194 ) 


reaux américains par la recherche des rapports qui peuvent exister entre 
leurs différences de taille et de coloration, et les différences, soit de leur 
régime diététique, soit surtout de la disposition topographique et de la 
température des lieux qu’ils habitent. La possession d’un si grand nombre 
d'espèces, recueillies et observées par lui-même dans des régions si variées, 
met M. d'Orbigny, plus que personne peut-être, à même de résoudre ces 
questions, liées intimement à celles qu'il vient de traiter, et non moins 
importantes pour la zoologie générale. Enfin l'intérêt des résultats que 
M. d'Orbigny a su déduire de la comparaison des passereaux américains, 
doit faire désirer aussi qu'il soumette par la suite à de semblables recher- 
ches, non-seulement tous les autres ordres d'oiseaux, mais aussi toutes 
celles des classes du règne animal qui ont en Amérique de nombreux re- 
présentants. 

» Nous proposons à l'Académie d'encourager M. d’Orbigny à continuer 
et À étendre ainsi des recherches dont les résultats ont été déjà et doivent 
devenir de plus en plus profitables à la géographie zoologique. 

» Vos commissaires vous eussent en outre demandé l'insertion du mé- 
moire de M. d'Orbigny dans le Recueil des Savans étrangers, s'il ne de- 
vait faire partie de l’une des prochaines livraisons de l'ouvrage général que 
l'auteur publie en ce moment sur l'Amérique méridionale. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


MÉDECINE. — Extrait d'un rapport verbal sur l'ouvrage intitulé : Compen- 
dium de médecine pratique; par MM. pe LaBerce et Monnrrer. 


(Commissaire, M. Breschet. ) 


« Le COMPENDIUM DE MÉDECINE PRATIQUE de MM. de Laberge et Mon- 
neret est un exposé de nos connaissances actuelles sur toutes les affections 
qui forment le domaine de la Pathologie interne. Cet ouvrage ne renferme 
que des articles sur la médecine proprement dite; les auteurs ont suivi 
dans l'exposition du sujet l’ordre alphabétique , et sous ce rapport leur 
Compendium est un véritable dictionnaire raisonné , théorique et pratique 
de médecine, dans lequel on trouve sur chaque maladie une petite mo- 
nographie qui donne l’histoire de la science jusqu’à l’époque présente. 

» Les diverses monographies et même les traités généraux de médecine , 
très souvent composés par les hommesles plus distingués et qui concourent 
plus ou moins à l'avancement de la science, sont des monuments qui 
marquent ses progrès, mais presque toujours ils sont l'expression de la 


( 195 ) 

pensée dominante et parfois exclusive de leur auteur, et n'apprennent 
pas suffisamment quelles sont les opinions dissidentes, et même les doc- 
trines qui marchent concurremment avec les principes professés dans 
l'ouvrage. Les auteurs du Compendium, au contraire; ont voulu faire 
un tableau comparatif, un véritable parallèle des opinions des diverses 
écoles, puisque aujourd’hui l'unité de principes n'existe pas encore en 
médecine. 

» MM. de Laberge et Monneret ont pensé avec raison qu'il ne suffisait 
pas de tracer l'histoire de la science et toutes ses révolutions, mais en- 
- core qu'il importait d'examiner les doctrines, de signaler les lacunes, de 
discuter les points obscurs, litigieux, enfin d'appeler l’attention sur les 
parties les moins étudiées et par conséquent les moins connues. 

» Nous appelerons aussi l'attention sur la méthode sévère qui a été obser- 
vée par les deux auteurs, qui ont mis tous leurs soins à réunir l’ordre et la 
précision, à la clarté et à la concision. En tête de chaque article se présente 
la synonymie, l’'étymologie, la définition de la maladie ; puis vient lexpo- 
sition de ses causes, de la marche de ses symptômes et de ses terminaisons. 

» Un complément de chaque description est relatif aux phénomènes 
consécutifs des maladies, à la convalescence , aux rechutes, aux réci- 
dives, etc., ce qu'on ne trouve pas toujours dans les meilleurs traités de 
médecine. ; 

» Enfin les auteurs du Compendium, sentant tous les avantages que 
l’on peut retirer de l'historique et de la bibliographie, leur ont consacré, à 
la fin de chaque article, un paragraphe spécial. En réunissant ainsi l’histo- 
rique et la bibliographie , ils ont donné de l'intérêt à une exposition dont 
l’aridité aurait repoussé le lecteur ; ils font connaître l'esprit qui a présidé 
à la composition de chaque ouvrage important, et l'influence qu’il a eue 
sur les progrès de la science. 

» La partie de l'ouvrage qui est consacrée à l’histoire du traitement est 
une des plus complètes et des mieux traitées. 

» Nous terminerons ce rapport en indiquant sommairement quelques- 
uns des articles qui nous paraissent avoir été composés avec le plus de soin 
et d'originalité : l’'anémie, le diagnostic des anévrismes , et particulière- 
ment des anévrismes de l'aorte, sont exposés avec tout le développement 
désirable et avec une perfection qu'on ne rencontre pas dans la plupart 
des traités spéciaux. Nous en dirons autant de l’article Angine et sur- 
tout de celui qui est consacré à l’apoplexie , à l'hydropisie et particulière- 
ment à l'ascite. 

26. 


( 196 ) 

» Les auteurs du Compendium ont exploité avec fruit tous les travaux 
importants que les modernes ont publiés sur les maladies des vaisseaux et 
principalement sur les artères. 

» L'artérite signalée par les anciens, mais fort mal connue, n’a été bien 
jugée que dans ces derniers temps. Enfin un des points sur lesquels la 
médecine moderne, et surtout la médecine française, a fait le plus de dé- 
couvertes, le diagnostic des maladies, éclairé par la connaissance plus 
exacte et plus rigoureuse de l'anatomie pathologique et par l'emploi de 
nouveaux moyens d'investigation , par exemple l’auscultation , a été ex- 
posé de la manière la plus complète et la plus lucide par les auteurs du 
Compendium. 

» Nous n'hésitons pas à affirmer que si cet ouvrage est conduit avec le 
même soin jusqu’à sa terminaison, il pourra à la fois instruire l'étudiant 
par l'exactitude et la clarté des descriptions, et le praticien par l'exposé et 
la discussion judicieuse des diverses méthodes thérapeutiques. » 


ÉCONOMIE RURALE. — Extrait d'un rapport verbal sur la traduction italienne 
faite par M. Bovarous, de l'ouvrage de M.S. Joex, traduit du chinois, 
et ayant pour objet l'éducation des vers à soie. 


(Commissaire, M. Silvestre. ) 


« L'ouvrage sur les vers à soie, que M. Stanislas Julien à récemment 
traduit du chinois, et qui a été publié ici par le Gouvernement, avait 
inspiré en France beaucoup d'intérêt, et avait obtenu une grande pu- 
blicité. M. Bonafous, pour qui l'éducation des vers à soie a toujours été 
une occupation principale, et qui était au courant de tout ce que la 
théorie et la pratique ont pu apprendre à cet égard, a voulu reproduire 
cet ouvrage dans la langue de ses concitoyens, et l’a enrichi des notes 
importantes, que ses réflexions et sa pratique éclairée lui ont fournies. 
Ces notes ont principalement pour objet de mettre en garde contre quel- 
ques préjugés énoncés par les auteurs chinois, et de ramener à la meil- 
leure direction, des procédés divers pratiqués dans différentes parties de 
la Chine, pour la même opération, et parmi lesquels ils n’ont point fait 
connaître ceux qui devaient être préférés. Il serait utile que ces notes de 
M. Bonafous fussent traduites par lui en français, et qu’elles pussent être 
annexées à une nouvelle édition de l'ouvrage de M. Stanislas Julien. » 


M. Sivesrre fait encore un rapport verbal sur un ouvrage ayant pour 


(197 ) 
titre : Manuel de l'étranger aux eaux d'Aix en Savoie, par M. C. Despine 
fils. 

« Tout ce qui pouvait être dit relativement à la composition chi- 
mique et aux effets médicaux des eaux d'Aix, à la topographie du pays, 
aux vestiges encore existants des monuments dont il a été décoré, à son 
histoire ancienne et moderne, enfin , à la géologie, à la botanique et à la 
zoologie du canton, se trouvant exposé dans un grand nombre de livres, 
M. Despine n’avait pas besoin de traiter à fond de nouveau ces diverses 
questions, et il n’en a pas eu la pensée. Ce qu'il s’est proposé seulement, 
c’est de recueillir snr chaque partie les résultats généraux, et de fournir 
sous un petit volume au voyageur qui désire explorer le pays, et au 
malade qui veut y prendre les eaux thermales, des notions préalables 
de tout ce qu'ils pourraient y trouver d’intéressant, d’agréable et de salu- 
taire. Considéré sous ce point de vue, l'ouvrage paraît remplir convena- 
blement l’objet auquel il est destiné, et l’auteur mérite d’être remercié 
de l'hommage qu’il en a fait à l'Académie. » 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 
BOTANIQUE. — Des organes mâles du genre Targionia, découverts sur une 
espèce nouvelle du Chili; par M. MonTaGne. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, Ad. Brongniart.) 


« Un nouvel organe que j'ai rencontré dans le genre Targionia me pa- 
raît, dit M. Montagne, être analogue aux disques anthéridifères des Mar- 
chantiées, en ce qu'il contient, comme eux, certaines utricules qui dans 
ces plantes ont été assimilées, sous le rapport de leurs fonctions du moins, 
aux anthères ou organes fécondants des végétaux d’un ordre supérieur. 

» Si l’on ouvre, poursuit l’auteur, les traités les plus récents sur la fa- 
mille des Hépatiques, on y verra que les auteurs s'accordent tous à re- 
garder comme absolument inconnus les organes mâles de la tribu des 
Targioniées. 

» Je partageais moi-même cette opinion lorsque, venant à étudier une 
nouvelle espèce de ce genre, originaire du Chili, je fus singulièrement 
frappé de la présence de plusieurs appendices situés sur les bords de cette 
plante, et que je n’avais jamais vus dans l’espèce européenne. Ces appen- 
dices partent de la nervure très saillante dans le Targionia chilien, et 
sont assez semblables par leur forme à ce qu'on nomme une corne 


(198 ) 
d’abondance. Recouverts de squammes violettes imbriquées, ils se termi- 
nent supérieurement par une surface plane, orbiculaire, en forme de dis- 
que, parsemée de petites verrues percées au sommet. 

» Une tranche verticale de ce disque soumise au microscope, montre 
des espèces d’utricules ellipsoides ou irrégulièrement sphériques, nichées 
dans le parenchyme cellulaire à tissu lâche dont est formé le centre des 
appendices. Ces utricules, bordées d’un limbe transparent, en renferment 
d’autres d’une couleur verdâtre, nageant dans un liquide mucilagineux 
blanchätre, et dont le nombre varie de 4 à 14. C’est la description de ces 
organes qui fait l’objet de mon Mémoire. 

» Mais pour convaincre qu'il existe entre ceux-ci et les disques anthé- 
ridifères des Marchantiées et des Ricciées une similitude de structure qui 
doit nécessairement en entrainer une dans les fonctions, j'ai dû examiner 
et j'examine en effet successivement ces disques dans tous les genres ap- 
partenant à ces deux tribus voisines, et je les décris comparativement. 

» Bien que, d’après l'opinion généralement admise que les organes 
mâles du Targionia sont encore inconnus, j'aie pu un instant me croire 
autorisé à m'en considérer comme l'inventeur, je dois à la vérité d’avouer 
que la lecture de l’auteur le plus ancien qui ait traité de ces plantes, m'a 
mis à méme de constater que le fait, loin d’être nouveau, était connu de- 
puis plus d’un siècle : c’est à Micheli qu'il est juste d'attribuer la gloire 
d'avoir vu le premier ces organes et de les avoir décrits et figurés dans 
son immortel ouvrage intitulé Vova plantarum genera. 

» 1l est toutefois probable que si le Targionia bifurca , (N.et M.) ne 
m'avait pas offert les organes en question, l'observation du célèbre bo- 
taniste toscan serait encore, peut-être pour long-temps, restée ensevelie 
dans le profond oubli où elle était plongée. 

» Dire que Micheli ne soupçonnait pas la véritable destination des 
appendices dont il s'agit, ce n'est point atténuer le mérite de sa décou- 
verte; quant à moi, je n’ambitionne ici d'autre gloire que celle de la 
Jui restituer. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — De l'action exercée par le chlorure de zinc sur 
l'alcool, et des produits qui en résultent ; par M. Masson. 


(Commissaires, MM. Dumas , Robiquet, Pelouze. ) 


» J'ai soumis, dit M. Masson, l'alcool à l’action du chlorure de zinc pro- 
duit au moyen du zinc et de l’acide chlorhydrique ; j'ai trouvé que la dis- 


(199 ) 
tillation du mélange donne naissance à deux produits, l’éther ordinaire et 
l'huile douce, qui résultent de l’action de l'alcool sur l’acide sulfurique 
concentré. Je me suis attaché à déterminer avec une précision convenable 
les températures correspondantes à ces deux réactions. 

» C'est à 130° cent. que l’on voit paraître l’éther ordinaire; il est accom- 
pagné de traces d'acide hydro-chlorique et d'alcool en forte proportion. 

» À mesure que la température s'élève, la proportion d’eau qui accom- 
pagne l’éther augmente. 

» Entre 155 et 160°, on voit paraître l'huile douce, qui continue à se 
former jusqu’à 220° à peu près. Cette production est liée à célle d’une 
quantité d’eau bien supérieure en volume à celle de l'huile. 

» La masse de chlorure reste à l’état d’hydrate et mélée d’oxide de 
zinc; il se dégage pendant presque toute l'opération de l'acide hydro- 
chlorique dont la quantité va toujours croissant. 

» L'huile douce n’est pas un corps homogène. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — De la nature de la bile; par M. H. Demarçay. 


(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.) 


« Cadet et d’autres chimistes ont, dit M. Demarçay, considéré la bile 
comme un savon à base de soude; je cherche à prouver que cette opi- 
nion, rejetée depuis, est exacte et conforme aux phénomènes que la bile 
nous offre en présence des agents chimiques. 

» J'ai étudié l’action des acides et des alcalis sur cette substance, sé- 
parée par l'alcool de la matière muqueuse, ainsi que les produits de la 
décomposition de ses sels. 

» Les acides hydro-chlorique, sulfurique et phosphorique faibles, dé- 
composent la bile comme les savons ordinaires; ils en séparent un corps 
oléagineux , que je considère comme l'acide propre de cette combinaison. 
Ce corps, qui est coloré en vert où en brun par le principe colorant de 
la bile, a la consistance de l'huile d’olive figée ; il a une saveur très 
amère, est très soluble dans lalcool, un peu soluble dans l’eau et inso- 
luble dans l’éther ; ses dissolutions rougissent le papier bleu de tournesol, 
décomposent les carbonates à froid avec effervescence, neutralisent les 
bases, possèdent tous les caractères d’un acide dissous; la substance 
qu’elles contiennent est un véritable acide gras, fixe et azoté. 

»Les mêmes acides concentrés le décomposent en deux corps, que 
M. Gmelin aurait rangés à tort parmi les corps contenus originairement 


( 200 ) 

dans la bile. L'un est solide à la température ordinaire, brun, friable , 
d’une texture uniforme et compacte, d’une saveur amère; il est soluble 
dans l'alcool, insoluble dans l’eau et l’éther : c'est un acide gras, fixe, 
bien caractérisé, qui ne renferme pas d’azote. L'autre a des réactions par- 
faitement neutres , cristallise en beaux prismes hexagonaux , se dissout 
facilement dans l’eau, et donne de l’ammoniaque par le traitement avec 
la potasse caustique. Il contient tout l'azote de la bile, et correspond par 
sa composition atomique , à l’oxalate acide d’ammoniaque. 

» Les alcalis caustiques , les oxides métalliques, même doués d’affinités 
faibles, décomposent la bile en ammoniaque et en un nouvel acide gras, 
fixe, soluble dans l'alcool et l’éther, insoluble dans l’eau, qui ne contient 
pas d'azote et cristallise facilement. On obtient les mêmes produits, de 
l'ammoniaque et cet acide , si l’on traite par les alcalis caustiques la subs- 
tance azotée, isolée par l'acide sulfurique faible. 

» Les sels de plomb formés par la réaction des acétates de plomb sur 
la bile, donnent, lorsqu'on les décompose par l'hydrogène sulfuré, une 
substance acide , que ses caractères physiques ét chimiques, sa composi- 
tion et ses décompositions identifient ayec l'acide azoté décrit précé- 
demment. 

» La partie de la bile qui échappe à l’action des sels de plomb, le pi- 
cromel, n’est qu’un mélange de bile privée dé principe colorant et d’a- 
cétate de soude; séparée des acides libres qu’elle contient, et ramenée à 
l’état neutre, elle a sur les sels métalliques la même réaction que la bile 
pure; les acides et les alcalis la décomposent comme cette dernière : 
l'analogie est complète. Je suis d’ailleurs parvenu, au moyen du sulfate 
de cuivre, à décomposer complétement la bile en sulfate de soude et en 
un sel de cuivre qui, traité par l'hydrogène sulfuré, donne le même acide 
azoté que les sels de plomb. 

» Il est facile, en combinant cet acide à la soude, de former un sel 
bien défini, qui possède absolument toutes les propriétés de la bile, offre 
les mêmes réactions, laisse par la calcination la méme quantité de base, 
donne naissance aux mêmes produits de décomposition, et se comporte 
en tout comme elle. 

» Tels sont les principaux faits qui m'ont amené à considérer la bile 
comme un savon à base de soude, tenant en dissolution des quantités 
variables, mais toujours minimes, de quelques autres substances. 

» L’acide de la bile, que j'appelle acide choléique , a pour formule 
C{ HŸ Az? O'?; son poids atomique est égal à 4922,7. 


( 201 ) 


» La formule de la taurine est représentée par C4 H'4 Az: O', ce qui 
revient à la formule de l’oxalate acide d’ammoniaque C40%, Az: HS, H° Ox. 

» L’acide qui se forme en même temps que la taurine, par l’action de 
l'acide chlorhydrique sur l'acide choléique, se représente par C*7 H® Of. 
Je le nomme acide choloïidique. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur le calcul des effets des Machines à va- 
peur; par M. BarRé DE SaINT-VEeNANT; pour faire suite à un Mémoire 
présenté sur le méme sujet. 


( Extrait par l’Auteur. ) 


( Commission précédemment nommée. ) 


« Dans mon premier Mémoire j'ai avancé : 1° que la loi de Watt et de 
M. Clément, d’après laquelle un kilogramme de vapeur formée à une pres- 
sion quelconque, contient une quantité constante de chaleur , était plus 
rapprochée de la réalité que la loi proposée par Southern; 2° que les 
calculs présentés pouvaient s'adapter facilement au cas où la vapeur agit 
avec détente. Il me reste à prouver ces deux assertions et à ajouter quel- 
ques développements au Mémoire cité. 


» Soient, en général, 


æA la quantité de chaleur qu’il faut ajouter à un kilogramme d’eau à 
zéro , pour former un kilogramme de vapeur à une pression de 7 
atmosphères ; 

8, la température de formation ; 

c, la chaleur spécifique de cette vapeur, sous pression constante: 

n!' un nombre plus grand que n. : 


La température dépend de la quantité de chaleur et de la pression. Si 
donc nous dilatons, sans déperdition ni acquisition de chaleur un kilo- 
gramme de vapeur formée à une pression de 7’ atmosphères, avec la 
quantité de chaleur x,,, jusqu’à ce que sa pression soit réduite à n atmos- 
pheres, cette vapeur prendra absolument la même température que si, 
formée à 7 atmosphères ou avec une quantité de chaleur x, on y eüût ajouté 
une quantité de chaleur x,, — x, sans changer sa pression. Elle prendra 


La 


T, 
donc la température 6, + ee 


» Or, s'il est un principe incontestable dans la théorie de la chaleur, 
c'est qu'un corps ne saurait être dilaté sans se refroidir, lorsque la quan- 
C.R, 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 7.) 27 


( 202 ) 
tité de chaleur qu'il contient ne varie pas. On a donc nécessairement 


TT 


8, > 0 + AIR ARE? 


ou 


Lnt = Zn < CA (Ba = ÿ 9,). 


A + NE ANSE A dt; di, EE 
Si n'—n + dn cette inégalité devient dm Cr 7 OÙ, en intégrant de- 


puis la température r00 degrés pour laquelle nr = 1 : 
On 
La < X + [7 Ca dB. 


M. Dulong annonce, dans son rapport du 9 janvier 1832, sur les appareils 
a . . » I 
producteurs de vapeur de M. Séguier, avoir trouvé €, = = et © < ; 


quand » > 1. On a donc, à fortiori, 


æa < x, + = (8, — 100). 


La loi de Southern donnerait x, —=x,+,— 100, celle de Watt x, = x, : 
la relation précédente montre que la première de ces deux lois est inadmis- 
sible, que la seconde peut être vraie, et que, en tous cas, la réalité doit 
être beaucoup plus près du nombre constant donné par celle-ci, que des 
nombres variables donnés par celle-là pour valeurs de la quantité de cha- 
leurre 

» Les deux équations démontrées dans le Mémoire du 8 janvier (voyez 
le Compte rendu du même jour ) sont nécessaires, comme on l'a dit, pour 
résoudre les questions posées, qui comprennent la détermination de la 
pression dans la chaudière pour une résistance donnée du piston. Mais 
lorsqu'on n’a pour objet que la détermination de la quantité d’eau à éva- 
porer pour produire un travail donné P,&,V, sous une résistance aussi 
donnée P, , et lorsqu'on admet que la température se règle dans le cylindre 
conformément à la loi de Watt, la première de ces deux équations 
suffit. 

» En effet, elle donne, dans les machines sans détente, Q étant le poids 
cherché de la vapeur à former en une seconde, 


E; ai V, 


== 


( 203 ) 


On a le rapport È — 12862 (1+&0), P, représentant des kilogrammes 


pressant l'unité superficielle qui est le mètre carré, «à étant le coefficient 
de la dilatation des gaz pour chaque degré d’augmentation de température 
(0,00364 d’après les expériences les plus récentes), et 8, étant la tempéra- 
ture à laquelle se formerait de la vapeur à la pression P,. On peut dresser 


P, 2 L 
d'avance une table des valeurs de ce rapport FA La formule simple qu’on 


vient d'écrire donne donc immédiatement ce qu’on cherche, et tient compte, 
implicitement et sans qu’on en fasse un calcul spécial, de l'influence des 
dimiuutions de pression et de température qui ont lieu au passage de la 
vapeur de la chaudière dans le cylindre (1). 

» Considérons maintenant le cas où la vapeur agit avec détente. La 
masse du cylindre étant beaucoup plus considérable que celle de la vapeur 
qu’il contient, nous pensons que ce qu'il y a de moins inexact, est de 
supposer qu’elle se détend sans que sa température baisse assez pour al- 
térer sensiblement sa pression, qui variera ainsi, à peu de chose près, sui- 
vant la loi de Mariotte. Mais le cylindre qui lui a fourni une portion de sa 
chaleur, et dont la température a légèrement baissé, liquéfiera, par son con- 
tact, une pete portion de la vapeur qui affluera à la pulsation suivante. 
En appelant g cette vapeur liquéfiée, rapportée à l’unité de temps, V, la 
vitesse moyenne du piston pendant toute sa course, P,, I,, 0, la pression, 
la densité et la température de la vapeur au moment où la détente com- 
mence, L, L’, c, R ce qui se trouve désigné par ces lettres dans les Mé- 
moires de M. de Pambour ( Comptes rendus des 30 octobre 1837 et 22 jan- 
vier 1838), æ' le poids de l'unité de volume de la vapeur qui occupe l’es- 
pace c après que le reste s’est dissipé dans l'air ou dans le condenseur , et 
en posant, comme cet auteur, l'égalité du travail de la vapeur sur le piston 
pendant la course L au travail Rœ,L de la résistance, et l'égalité du 


poids (Q—g) = de la vapeur maintenue à l’état élastique au poids 
nn | ho RER 
(1) La formule de M. de Pambour, établie en négligeant la diminution de tempéra- 


2 IE U , : 
ture, étant (avec nos notations) Q = P;2,v,, on voit que l'emploi de celle-là re- 
o 


vient à l'emploi de celle-ci, fait en supposant que la vapeur se forme directement à Ja 
pression connue P,, qu’elle doit prendre dans le cylindre, et non à la pression incon- 
nue P, : c’est précisément la modification proposée par M. le lieutenant de vaisseau de 
Champeaux La Boullaye, dans une Note présentée le 3 mai 1837, à la théorie de 
M. de Pambour, dont il se montre , du reste , partisan comme nous. 


27: 


( 204 ) 


IL, @,(L'+c) —@æ'w,c de la vapeur dépensée, obtient les deux équa- 
tions 


LA 


(4 T 

P y donné Fr Q Fa DB ETAT 
or L'HUEEAEC L+c’ La PINOT DITES 
L #. L log- L'+c () Mae on 16 L'ÆHc 


La première ayant fourni P,, on en déduira, comme on vient de ledire, 
( en admettant toujours que la température se règle dans le cylindre con- 


formément à la loi de Watt) la valeur du rapport @ et laseconde équa- 


tion donnera immédiatement la valeur de Q —q qui répond au travail 
brut R ®, V, et à la résistance R. On aura la quantité Q de vapeur à produire, 
en y ajoutant la valeur de la petite quantité g qui est donnée approxima- 
tivement par l'équation c,(Q—g)(8,—8,) — q (650 —8,), 8, étant la tem- 
pérature répondant dans la table de MM. Dulong et Arago à la pression 


1e ET ee - après la détente, €, étant la chaleur spécifique de la vapeur ( en 


sorte qué le premier membre exprime la quantité de chaleur qui ramè- 
nerait à sa température primitive 8, la vapeur supposée refroidie par l’ef- 
fet de la dilatation) et 650 étant le nombre d'unités de chaleur qu’un 
kilogramme de vapeur fournirait en se transformant en eau à zéro, en sorte 
que 650 — 6, est ce qu'il fournit en se condensant à la température 8, (1). 

» Mais il ne suffit pas, pour l'établissement d’une machine, de con- 
naître la quantité d’eau à vaporiser; il convient aussi de connaître, au moins 
approximativement, à quelle pression P, la vapeur se formera dans la 
chaudière. Il convient, réciproquement, quand on connaît la pression P, 
sous laquelle une machine déjà établie peut produire une quantité connue 
de vapeur dans l'unité de temps, de savoir calculer quelle pression P, sera 
exercée sur son piston avant la détente de la vapeur. 

» La solution de ces problèmes et de plusieurs autres exige que l'on 
possède une relation entre P, et P.. 

» Or il est facile de voir que cette relation est de même forme, quand 
il ya détente que quand il n’y a pas détente. Elle peut être exprimée 


(1) Supposons, par exemple, que la détente ait lieu de quatre atmosphères à une 
atmosphère, on aura 


: 2 B— 8, 
000; =No0 ic, => environ, g= (Q—g) Se = _ (Q — 9). 


( 205 ) 
( Compte rendu du 8 janvier ) par . ee + ñ) log F = À — w étant la 
vitesse moyenne du passage de la vapeur à travers la partie la plus étroite 
de la communication de la chaudière au cylindre, et À étant un coeffi- 
cient plus grand que l'unité, qui pourra être un peu autre que dans le 
cas où la communication reste continuellement ouverte, et dont les va- 
leurs relatives aux différentes formes de cette communication doivent être 
demandées aux expériences faites ou à faire. Une fois qu’on aura une table 
des valeurs de ce coefficient, celle du second membre de l’équation qu'on 
vient de poser sera connue, puisque w n’est que le quotient, par l'aire du 
passage rétréci, du volume de la vapeur produite en une seconde et ame- 
née à la densité I, ; cette équation, si l’on admet toujours la loi de Watt et 


; P ; 
les valeurs qui en résultent pour les rapports = suffira, sans recourir 


aux équations de température, pour donner avec facilité P, en fonction 
de P, (1). Nous pensons donc toujours que c’est vers la détermination 
des valeurs de ce coefficient À que les recherches ultérieures devraient 
surtout se diriger, pour donner aux méthodes de calcul de l'établissement 
des machines à vapeur, un complément dont elles ont besoin. » 


MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la véritable cause des explosions des 


chaudières à vapeur, et sur les moyens propres à les prévenir ; par 
M. L. DEsSMARETz. 


( Commission des rondelles fusibles.) 


(1) Quand P, ne diffère pas beaucoup de P,, cette équation se transforme approxima- 
, P P w? £ 
tivement en = — = + à TA Elle apprend qu’alors la pression de la vapeur dans la 

L 1 

chaudière, évaluée en hauteur de colonne d’un fluide de même densité que la vapeur 
dans le cylindre, est égale à la pression de la vapeur dans le cylindre, évaluée de même, 
plus la hauteur due à la plus grande vitesse du passage, multipliée par le coefficient à. 
Nous pensons que ce théorème suffira le plus ordinairement pour avoir une valeur ap- 
prochée de P,. 


{ 206 ) 


CORRESPONDANCE. 


M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE transmet ampliation de l’or- 
donnance royale qui confirme la nomination de M. Æudouin à la place 
vacante dans la section d’Économie rurale, par suite du décès de 
M. Tessier. 


M. le Ministre DE LA MARINE annonce que «M. Gaimard, président de 
la Commission scientifique d'Islande, doit prochainement partir, avec 
plusieurs membres de la Commission, pour aller recueillir en Dane- 
marck, Suède et Norwége, au cap Nord et au Spitzberg des observations 
nouvelles destinées à compléter celles qui ont été déjà faites par eux 
en Islande. 

» Afin que ce nouveau voyage, dit M. le Ministre, ait pour la science 
tous les bons résultats qu’on a droit d'en attendre, il importe que ceux 
qui vont s’y livrer trouvent dans des instructions bien faites un guide 
sûr. Ce sont ces instructions que je demande à l’Académie. » 

Une Commission composée de MM. Arago, Flourens, Becquerel, 
Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Ad. Brongniart, Élie de Beaumont, est chargé 
de rédiger les instructions demandées. 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — /Vouveau mode de chauffage. — Extrait d’une 


lettre de Londres en date du 6 février 1838; communiquée par 
M. BensAMIN DELESSERT. 


» On parle beaucoup ici, depuis quelques jours, d’une nouvelle ma- 
nière économique de chauffer les appartements, inventée par M. Joyce, 
jardinier à Camberwell, près de Londres. 

» C’est un appareil en bronze de la forme d'une urne d'environ 2 pieds 
de hauteur sur 8 pouces de diamètre; on a placé dans le milieu un tuyau 
surmonté d’une soupape qui sert à régler la chaleur. 

» Quand le combustible que cette urne renferme est allumé, on obtient 
une chaleur rayonnante qui dure pendant 24 à 30 heures, et la dépense 
pour chauffer parfaitement une grande chambre est d'environ 12 sous. Ce 
combustible ne donne ni odeur ni fumée. On en a fait l'expérience dans 
plusieurs établissements publics, à la Société d’horticulture et à l’Institution 
des architectes, et elle paraît avoir parfaitement réussi. 


» Le mérite de l’invention est la composition du combustible, qui brûle 


( 207 ) 
long-temps et sans fumée. On prétend qu'il consiste en un mélange de char- 
bon, de chaux pour absorber l’acide carbonique, et d'une autre substance 
dont on a fait mystère jusqu’à présent. 

» Ceux qui ont vu fonctionner cet appareil ne paraissent pas douter du 
succès de cette invention, et pensent qu’elle pourra avoir des résultats 
très importants : ses principaux avantages consistent dans la suppression de 
l'odeur et de la fumée, dans l'absence de tout danger de feu, et surtout dans 
la grande économie. 


» L’inventeur s'occupe de se des brevets en Angleterre et dans les 
pays voisins, et il ne tardera pas à faire connaître son procédé; jusque alors 
il est permis de douter de la réalité de tous les avantages qu'il s’en 
promet, » 


cuire. — Formation d'un perchlorure de soufre cristallisé. 


M. Mirrow annonce qu’en faisant passer un courant de chlore dans du 
chlorure de soufre rouge qui paraissait déjà saturé de ce gaz, il a obtenu 
des cristaux qui constituent un degré de chloruration supérieure. 

Ces cristaux étaient jaunes et répandaient une vive odeur de chlorure 
de soufre : ils se volatilisaient rapidement et complétement en produisant 
des vapeurs blanches. Dans l’eau ils faisaient entendre un frémissement 
semblable à celui d’un fer rouge et disparaissaient aussitôt en donnant 
lieu à un léger dépôt de soufre. ê 

Mais , remarque l’auteur, une propriété qui semble tout-à-fait caracté- 
ristique de leur degré de chloruration supérieure, c’est qu'ils se dissol- 
vaient très bien dans du chlorure jaune de soufre, distillé sur un excès 
de soufre, et le coloraient fortement en rouge. 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Décomposition de l'eau pour la fabrication du gaz 
éclairage. — (Extrait d’une lettre de M. SecuiGuE.) 


« 


« Dans la séance du 5 février, M. Longchamp a communiqué à l’Aca- 
démie, des expériences qui lui semblent prouver que l’eau en vapeur, en 
passant sur des charbons ardents, ne se décompose point. Il dit avoir 
profité de cette remarque, pour modifier le procédé de fabrication du gaz 
d'éclairage, et le rendre beaucoup moins coûteux. 

» Depuis long-temps, je m'occupe moi-même des moyens d’obtenir un 


( 208 ) 


gaz d'éclairage qui soit moins coûteux que celui dont on fait usage, et 
exempt de divers inconvénients qu'on reproche à celui-ci. Or, mon pro- 
cédé se basant sur la décomposition de l’eau et de matières carburantes 
dans des conditions que réglaient mes appareils; j'ai dû, afin de m’assurer 
de la valeur de mes procédés, faire sur ces décompositions des expé- 
riences en grand, et j'ai fait, il y a déjà plus de trois ans, celle qu’annonce 
M. Longchamp; seulement, j'ai été conduit à des résultats qui ne s’ac- 
cordent nullement avec les siens. 

» Les résultats de mes essais en grand sont consignés dans un tableau 
joint à ma lettre, où se trouvent aussi indiqués les rapports qui doivent 
exister entre les capacités qui contiennent le charbon, la quantité d’eau 
qui doit passer en vapeur dans un temps donné, et celle des matières 
carburantes, si l’on veut obtenir une production régulière et constante. 
Comme M. Longchamp, je me suis servi d’un tube de fonte, et dont 
la dimension était la même; mais les matières sur lesquelles j'agissais 
étaient dans des proportions très différentes. En effet, pour obtenir la 
décomposition de l'eau dans les conditions indiquées, M. Longchamp 
aurait dû, d’après la capacité de son tube de fonte (196 pouces cubes) 
rempli de charbon, ne faire passer par heure qu'environ 6o_ grammes 
d’eau en vapeur, qui lui auraient produit au minimum 4 pieds cubes de 
gaz, dont moitié gaz hydrogène et moitié gaz oxide de carbone; il aurait 
alors employé 4o grammes de charbon par heure, et pas un atome de fer 
n'aurait été attaqué. 

» Ainsi, en 11 heures, il aurait obtenu 44 pieds cubes de gaz, et 
aurait employé 440 grammes de charbon. Mais M. Longchamp ne pouvait 
pas obtenir la décomposition de eau en passant par heure 750 grammes 
d'eau au lieu de 60, que la capacité de son tube exigeait pour que l'eau 
ft décomposée d’une manière régulière; car les charbons-étaient re- 
froidis par la vapeur d’eau, bien que le tube fût maintenu au rouge par 
un feu soutenu, et dans ce cas il y a impossibilité de décomposer l’eau , 
les charbons n'étant plus incandescents : il n’est pas alors étonnant que 
dans cette circonstance, la fonte de fer soit attaquée; mais quand le 
charbon sert à la décomposition de l’eau comme dans mes procédés , 
les cylindres ne perdent pas de leurs poids, même après six mois de pro- 
duction continue (1). » 


(1) Joyez, pour une remarque semblable déjà faite par M. Gay-Lussac, notre 
Compte rendu précédent, page 180. 


( 209 ) 


GÉOLOGIE. — Modifications des terrains de sédiment par l'apparition des 
roches ignées. — Lettre de M. Rivière. 


Dans une lettre communiquée dans la séance précédente, M. Puillon 
Boblaye avait rapporté diverses observations tendant à prouver que l’une 
des roches cristallines stratifiées les plus connues, le schiste maclifère, ap- 
partient dans l’ouest de la France à tous les âges, même les plus récents du 
terrain de transition, et provient de vases marines, avec leurs fossiles, mo- 
difiées après leur dépôt. M. Rivière rappelle à cet occasion que dans un 
mémoire sur la géologie des environs de Quimper et de quelques autres 
points des départements de l'Ouest, lu à l’Académie, le 20 mars dernier, il 
avait non-seulement rapporté un grand nombre de faits concernant les 
modifications produites dans les roches aqueuses par l'apparition des ro- 
ches ignées, mais que de plus, il avait pris un grand nombre de ces faits 
dans les localités où M. Boblaye a travaillé récemment. 


M. Êue DE Braumonr fait remarquer que l’auteur de la lettre ne parait 
pas avoir bien saisi le sens de la communication de M. Boblaye; ce géolo- 
gue n’ayant prétendu en aucune façon fournir, pour les pays en question, 
les premiers exemples de roches d’origine aqueuse passant à l’état cris- 
tallin dans le voisinage de roches d’origine ignée, mais faire connaître 
un nouveau caractère, la présence de fossiles, qui, pour certaines roches 
cristallisées , permet de déterminer leur âge malgré toutes les modifications 
qu’elles ont éprouvées. 


Les MEmBnes DU BUREAU DE BIENFAISANCE DE LA VILLE DE LILLE rap- 
pellent qu’en 1836 ils ont adressé à l’Académie un rapport sur les résul- 
tats avantageux qu'ils avaient obtenus de l’emploi de la gélatine extraite 
des os, dans l'alimentation. « Depuis l’envoi de ce rapport, ajoutent-ils, 
nous avons encore étendu nos distributions, et nous nous sommes de 
plus en plus félicités d’avoir adopté ce mode d’alimentation pour la classe 
indigente. Nous présentons aujourd’hui un tableau sommaire des quantités 
delivrées en 1837; en bouillon, viande et légumes, avec le prix de 
revient. » 


M. Muissiar écrit relativement au rôle qu’il croit pouvoir attribuer à la 
pression atmosphérique dans l'acte de la déglutition. 


M. Dusourc adresse un paquet cacheté portant pour suscription : « Des- 
C, R. 1838, 19r Semestre. (T, VI, N°7.) 28 


( 210 ) 


cription sommaire de quelques nouveaux moyens économiques de creuser 
les ports situés vers embouchure des rivières , d'améliorer les barres, de 
régulariser le cours des rivières, de rendre navigables ou au moins flotta- 
bles les plus petits cours d’eau. » 


M. Soucier D’ALcex adresse également un paquet cacheté. 
Le dépôt de ces deux paquets est accepté. 


A quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. F: 


(211 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie à recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences , 1°" semestre 1838, n° 6, in-4°. 

Considérations sur la nature des végétaux qui ont couvert la surface de 
la terre aux diverses époques de sa formation; par M. A. BRONGNrART, 
in- 4°. 

Notice historique sur A.-L. de Jussieu » Par le même (Extrait des 
Annales des Sciences naturelles), in-8. 

Recherches anatomiques et physiologiques sur la maladie qui attaque les 
vers à soie, et qu'on désigne sous le nom de muscardine ; par M. V. Au-- 
DOUIN , Paris, 1838, in-8°. 

Nouvelles expériences sur la maladie contagieuse qui attaque les vers à 
soie ; par le méme , in-8°. 

Voyage de MM. ne Huwsoupr et BoxrranD.... Examen critique de 
l'Histoire de la géographie du Nouveau. Continent et des progrès de l’Astro- 
nomie nautique aux XV° et xvi® siecles , par M. Arex. pe Howsocor, 
pages 439—478. 

Statistique judiciaire des Îles-Britanniques, d'après les documents of- 
ficiels. Fragment du 2° volume de la Statistique de La Grande-Bretagne 
et d'Irlande ; par M. À. Moreau DE Jonnès ; 1838, in-8°. 

Traité de phrénologie humaine et comparée; par M. Vimonr: l'Atlas 
in-fol. 

Ovologie du Kanguroo ; Mémoire de M. Cosre » en réponse aux lettres 
adressées par M. Owex à l’Académie > in-8. 

École des Ponts-et. Chaussées. -+ Leçons de mécanique appliquée ; 
Jaites par intérim, par M. ve Sannr-Vexanr, 4 feuilles lithographiées in-fol. 

Études sur le système nerveux; par M. Josenr (ve Lamparre), 2 vol. 
in-8°. 

Philosophie naturelle. — Essai sur la différence du degré de certitude 
que présente l’Idéologie et la Physique générale, et sur les procédés in- 
tellectuels qu’elles exigent; suivi de cette question : la Statistique est-elle 
applicable aux Sciences d'observation, et notamment à la Médecine ; 
par M. Baznx, 1837, in-8°. 


(212 ) 

Galerie ornithologique ou collection d'oiseaux d'Europe; par M. »'Orst- 
cxy, 34° livraison in-fol. 

Annales maritimes et coloniales ; par MM. Basor et Porrré, 25° année, 
2° série, janvier 1838, in-8°. 

Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du départe- 
ment de la Charente; tome 19, septembre et octobre 1837, in-8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines, 
8° année, n° 85, janvier 1838, in-8°. 

Archives de la Médecine homæopathique, 2° série, publiée par MM. Lxr- 
enr et LéON Simon, tome 7, janvier 1838, in-8°. 

A lecture.... Leçon sur la pourriture sèche des bois; par M. R. 
Dicxsox, Londres, in-8°. 

Di una ligatura.... Sur une ligature de l'artère axillaire à sa 
sortie de dessous la clavicule ; par M. N. Caranoso, Messine, in-8°. 

Journal des Sciences physiques, chimiques, etc.; par M. Jurra ne Fon- 
TENELLE , Janvier 1838, in-5°. 

Journal des Connaissances Médicales Pratiques et de Pharmacologie ; 
janvier 1838, in-8’. 

Gazette médicale de Paris , tome 6 , n° 6. 

Gazette des hôpitaux , tome 12, n° 16—18. 

Écho du Monde savant, 5° année, n° 31. 

La Phrénologie, Journal, tome 1, n° 31. 

L'Expérience, Journal de Médecine, n°° 19—20. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 19 FÉVRIER 41838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Æxamen du conglomérat formé autour d'une 
ancre trouvée dans la Seine; par M. BECQUEREL. 


« Le 15 juin de l’année dernière, il a été trouvé dans la Seine, près du 
Gros-Caillou, par M. Neveu, marchand de bois de bateaux, une ancre en 
fer forgé, d’une grandeur et d’une forme inusitées sur les rivières de 
France, loin de leurs embouchures. Cette ancre est recouverte d’une 
couche silicéo-piriteux-calcaire, de 27 millimètres environ d'épaisseur, dans 
laquelle se trouvent enchässés cà et là, des os, des cailloux, des débris de 
poterie commune et des coquilles. Dans l’un de ses becs est engagé un 
morceau de bois minéralisé en partie, surtout dans son contact avec le fer. 

» M. Neveu ayant fait part de cette découverte à l’Académie, elle me 
chargea d'examiner l'ancre et de lui rendre compte des produits qui s’é- 
taient formés à sa surface, pendant son séjour dans la Seine. 

» Après une première inspection , je témoignai le désir à l’Académie que 
quelques-uns de nos confrères fussent chargés de reconnaître les débris 
de corps organisés qui sont incrustés dans la croûte. M. de Blainville, 

C. R. 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 8.) 29 


Ca14) 
chargé de cette mission, constata que les os provenaient d'animaux dont 
on se nourrit dans nos contrées, et que les coquilles étaient absolument 
semblables à celles que l’on trouve dans la Seine. 

» MM. Raoul-Rochette et Letronne, désignés par l’Académie des Inscrip- 
tions et Belles-Lettres, pour examiner l'ancre sous le rapport de son an- 
tiquité, m’engagèrent à consulter à cet égard M. Jal, chef de la section 
historique au ministère de la Marine, et connu dans le monde savant par 
plusieurs travaux importants sur l'archéologie maritime. 

» M. Jal, dans une dissertation savante insérée dans les Annales ma- 
ritimes (janvier 1838, p. 77), a cru devoir conclure de ses recherches, 
que l'ancre, d’après sa forme, devait remonter au xv° ou au xvi‘ siècle ; 
mais qu'il pouvait se faire cependant qu'elle appartint à des siècles anté- 
rieurs , attendu qu’on n’avait aucune notion sur la forme des ancres des xh, 
xu°,xir et xiv° siècles (1). 

» Mon attention se porta d’abord sur la structure et la composition de 
la croûte qui recouvre le fer. Les fragments, examinés à la loupe, m'ont 
paru formés de grains de sable agglutinés par une matiere brunûâtre; ils 
font feu au briquet, se dissolvent avec effervescence dans l'acide hydro- 
chlorique étendu d’eau, en dégageant de l'hydrogène sulfuré et en abandon- 
nant une grande quantité de petits grains de quartz. La dissolution pré- 
cipite en bleu avec le deuto cyanure de potassium et de fer, Ces essais 
suffisent pour démontrer que la croûte n’est qu'un agrégat de grains de 
sable, de carbonate de chaux et de protosulfure de fer. 

» Il restait à déterminer la composition du bois minéralisé, qui est 
engagé dans le bec de l'ancre. Je priai notre confrère, M. Berthier, dont 
l’'obligeance est extréme quand il s'agit de faire des analyses qui doivent 
éclairer des points d'histoire naturelle; de vouloir bien s'en charger. Voici 


(1) M. Jal ayant trouvé que je n’ayais pas rendu compte de son opinion d’une ma- 
nière assez explicite, je vais rapporter textuellement les deux passages de sa disser- 
tation qui sont relatifs à l’antiquité de l’ancre. 

« Je conclus : l’ancre trouvée par M. Neveu pourrait être du xv° siècle; mais ses pro- 
» portions satisfont complétement à la formule de fabrication des ancres françaises 
du xvi* siècle... Rien n'autorise à la croire plus ancienne que 1400 ; et telle qu’elle 
est, ne füt-elle que de 1500, comme je le crois, elle me paraît assez intéressante 
» pour prendre place au Musée naval. » 

Je croyais avoir dit vrai, en déclarant que l’ancre devait remonter au xy° ou au xvi° 
siècle, et qu'il serait possible qu’elle appartint à quelques siècles antérieurs, puisque 
nous ne connaissons pas la forme des ancres de ces époques. ( Note de M. B.) 


(215) 


le résultat de son analyse : 


Carbonate de chaux . . . . . 0,650 
Sulfure de fer. . . .  . . . .: 0,250 
Matières combustibles . . . . o,100 

1,000. 


» Le sulfure de fer se trouve pour la plus grande partie à l’état de proto- 
sulfure ; l’autre, suivant toutes les apparences, est à l’état de persulfure. 
Nous ajouterons que la partie minéralisée est magnétique. 

» On voit, par cette analyse et par les essais que j'ai rapportés, que la 
matière qui cimente les grains de sable est de même nature que celle qui 
constitue le bois minéralisé. Ce bois a de l’analogie avec celui que l’on 
trouve dans les falaises du Havre. Ce rapprochement n’est pas sans intérét 
pour la géologie, qui doit être à la recherche de toutes les causes qui ont 
présidé à la production de toutes les substances qui composent la couche 
superficielle de notre globe, 

» Si l’on cherche à se rendre compte de la formation de la pyrite dans 
la croûte et dans le bois, nous trouvons qu’elle s’est opérée à peu près dans 
les mêmes circonstances que celles que nous avons employées pour obtenir 
dans nos appareils le même composé, si ce n’est que nous avons réuni toutes 
celles qui nous ont paru les plus favorables pour arriver au résultat. Peut- 
être n’est:l pas inutile d’entrer ici dans quelques détails sur la formation 
des pyrites en vertu d’actions lentes. 

» Le protosulfure de fer est composé d’un atome de fer et d’un atome 
de soufre; ces deux éléments s'y trouvent donc dans la même proportion 
que dans le protosulfate de fer; si donc ce sel est en contact avec des corps 
qui peuvent enlever lentement au protoxide de fer et à l’acide sulfurique 
leur oxigène, sans toucher au fer et au soufre, il se formera du proto- 
sulfure de fer. 

» Citons maintenant des exemples de formation moderne de pyrites. 

» On a trouvé à Pontgibaut des cristaux de protosulfure sur un mor- 
ceau de fer provenant de l'arbre tournant d’une roue hydraulique, où il 
servait à fixer le tourillon. On était dans l’usage d’enduire les extrémités de 
l'axe de matières grasses purifiées par l'acide sulfurique ; ainsi la réaction 
sur le fer de ces matières et de l'acide sulfurique qu’elles renfermaient a 
suffi, dans l'espace de quelques années, pour produire des pyrites. On ne 
peut douter qu'il ne se soit formé d’abord un protosulfate qui a été dé- 
composé ensuite lentement par la matiere grasse. 

» Dans une ancienne galerie de mine de la même localité, on a trouvé 


29.. 


( 216 ) 
il y a quelques années un outil de mineur, qui était recouvert de petits 
cristaux de protosulfure de fer. Cette galerie était abandonnée depuis des 
siècles. Nous ignorons la nature des réactions qui ont amené leur for- 
mation. 

» Dans les eaux thermales, on trouve aussi des dépôts de pyrite, comme 
M. Longchamp en a observé dans un des tuyaux de conduite des eaux de 
Chaudes-Aigues. 

» À Bex, en Suisse, j'ai trouvé, dans une des galeries de communication 
de la saline, appliqué sur le toit, un magma pâteux rempli de petites 
pyrites, lequel a donné à l'analyse, après avoir enlevé ces dernières : 


Sables Made ttoteteeR laval 1 dir 0226 


Carbonate;de;thauks.4tce 5er ne true OL 
SUNSET TOR EC OO M ET nee MOVE 
Suliate de Chaux" - Lecce sel ce elceei 0,21 
Pyrites non enlevées et matières organiques... 0,06 

1,00 


» Ce magma était évidemment de formation moderne, comme me l'ont 
assuré du reste les personnes qui fréquentent les lieux. Il est infiniment 
probable que les pyrites ont été formées par la décomposition lente du 
sulfate de fer, au moyen des matières organiques, gélatineuses ou autres. 
Quant au persulfure de fer, il peut être formé également en mettant en 
présence du persulfate un corps qui puisse enlever lentement l’oxigène au 
peroxide et à l'acide sulfurique , puisque le persulfate et le persulfure ren- 
ferment les mêmes proportions relatives de soufre et de fer. Je l'ai obtenu 
dans l’espace de 4 à 5 ans, en abandonnant aux actions spontanées, à l'air, 
un mélange de protosulfate de fer, de carbonate de chaux et d'huile, 
dans des proportions convenables : on a eu pour résultat du sulfate de 
chaux cristallisé, un dépôt ferreux et de jolis cristaux de pyrites en do- 
décaëedres à faces pentagonales. 

» Revenons maintenant aux pyrites de l’ancre, qui se trouvent, non- 
seulement dans le bois, mais encore dans le ciment qui agglutine les 
grains de sable, les cailloux, les os et les débris de poterie; ces pyrites, 
accompagnées de carbonate de chaux, n’ont pu être formées qu’en admet- 
tant que le fer était en présence du sulfate de chaux et de matières orga- 
niques; le sulfate de chaux se trouvait dans la vase ou dans l’eau; le bois 
et les débris de corps organisés ont fourni les matières organiques: 
celles-ci ont changé le sulfate de chaux en sulfure de calcium, qui, en 


(217) 
réagissant sur le fer, pendant qu’il s’oxidait, a donné naissance à du proto- 
sulfure de fer et à de la chaux, qui s’est combinée avec l'acide carbonique 
produit dans la décomposition du bois, ou qui était en dissolution dans 
l'eau. Ces diverses réactions, que les effets électriques de contact ont 
favorisées, rentrent entièrement dans celles que nous avons signalées plus 
haut. 

« Nous en avons dit assez pour prouver que l'ancre trouvée dans la 
Seine par M. Neveu intéresse les sciences naturelles; il paraît que l’on a 
proposé à l'autorité de l’acquérir pour le Musée naval; si ce projet se 
réalise les archéologues et les naturalistes n'auront qu’à s’en féliciter, 
parce qu'ils pourront la consulter à loisir. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les carbo-vinates, les carbo-méthylates et la véri- 
table constitution du sucre de cannes ; par MM. Dumas et E. Péuicor. 


« L’un de nous, il y a dix ans maintenant, dans un mémoire sur les 
éthers composés qu’il publia conjointement avec M. P. Boullay, s’est trouvé 
dans le cas d'émettre sur la nature du sucre de cannes une thus qui a 
fixé l'attention des chimistes. 

» La composition du sucre de cannes est telle en effet qu’on peut la 
représenter par de l'acide carbonique et de l’éther sulfurique, tout comme 
celle de l’éther acétique par exemple, se représente par de l’acide acétique 
et de l’éther sulfurique. Or, on sait maintenant que l’éther acétique, traité 
par les alcalis, donne de l'acide acétique et de l'alcool en s’emparant d’un 
atome d’eau. Tout portait à croire qu'il en était de même du sucre et que 
ce corps en s’emparant d’un atome d’eau, fournissait l'acide carbonique 
et l'alcool qui prennent naissance dans la fermentation. 

» Quand cette opinion fut émise pour la première fois, la constitution 
des éthers neutres était seule connue, celle des acides composés que l’al- 
cool engendre était ignorée à l'état libre. 

» On sait maintenant que ces acides composés sont des éthers où un 
atome de la base est remplacé par un atome d’eau , comme on le voit dans 
l'exemple suivant : 

C0%,CH'°0 éther oxalique, 
Ci0:, CO H'°0 + C40*,H°0 acide oxalo-vinique. 


» Or, le sucre de cannes d’après son analyse se rapportait précisément non 


pas à 
C-0?,C'H0 éther carbonique , 


(218) 


mais à 
C20?,CSH'°0 - C2 0? éther bicarbonique. 

» Cet exposé fait voir que la comparaison entre le sucre et les éthers 
n’était pas entièrement exacte. Pour en faire un éther neutre, il faudrait lui 
ôter un atome d'acide; pour en faire un éther acide, il faudrait lui ajouter 
un atome d’eau. Ces remarques faciles à faire aujourd’hui n’ont pourtant 
été présentées par aucun des chimistes qui ont traité cette question depuis 
dix ans. 

» Elles expliquent comment la découverte de léther carbonique par 
M. Ettling, comment celle de l'acide carbo-vinique dont nous venons entre- 
tenir l'Académie ont fait connaître des corps qui ne présentent en rien 
les propriétés du sucre de cannes, ni celles d'aucune espèce de sucre. 

» Nous ferons voir tout à l'heure , par d’autres motifs et par des motifs 
non moins puissants, que le sucre ne pouvait pas être de l'acide carbo- 
vinique, et si nous insistons sur cette discussion, c’est qu’il y a toujours 
à gagner pour la science, à bien montrer comment le manque de faits 
ou les fautes de logique conduisent à des erreurs que l'expérience vient 
heureusement redresser bientôt. 

» On peut se procurer très facilement la combinaison d’acide carbonique, 
d’éther méthylique et de baryte; sa préparation repose sur une propriété 
remarquable de l'esprit de bois absolu, qui dissout, comme on sait, la 
baryte anhydre avec la plus grande facilité, et en abondance. La dissolu- 
tion de baryte dans l'esprit de bois absolu étant soumise à l’action de 
l'acide carbonique sec, donne immédiatement naissance à un précipité 
blanc, un peu nacré, qui, lavé avec de l'esprit de bois, consiste tout 
entier en carbo-méthylate de baryte pur. 

» Ge sel est insoluble dans l'esprit de bois et dans l'alcool. 

» Il se dissout au contraire très bien dans l’eau froide; mais la liqueur, 
abandonnée à elle-même, se trouble bientôt, laisse précipiter peu à peu 
une quantité considérable de carbonate de baryte, et laisse dégager la 
moitié de son acide carbonique. La liqueur se boursoufle, écume, et au 
bout de quelques heures, tout le carbo-méthylate de baryte a disparu. 
Il ne reste absolument que de l'eau et du carbonate de baryte; l'acide 
carbonique s’est dégagé en entier. 

» On favorise singuliérement cette réaction par une élévation même peu 
considérable de température. Dans l’eau bouillante, la décomposition est 
instantanée. 

» Soumis à l’action du feu, le carbo-méthylate de baryte se décompose 


(219) 

rapidement; il donne un gaz inflammable soluble dans l’eau , un liquide 
éthéré peu abondant, beaucoup d'acide carbonique et du carbonate de 
baryte. Il éprouve une demi-fusion, mais il ne noircit pas. 

» Nous reviendrons plus tard sur l’action que les acides exercent sur 
lui. Voici les détails de l'analyse de ce sel remarquable : 

» L — 0,880 de matière, ont laissé 0,600 de carbonate de baryte, par une simple 
calcination ; 


» IL.— 0,767 id., ont fourni 0,615 de sulfate de baryte, correspondant à 0,520 de 
carbonate. 

» TT. — 1,500 id., ont produit 0,678 d’acide carbonique et 0,298 d’eau. On a eu soin 
d’arrêter l'expérience dès que la totalité du tube a été portée à l’incandescence. Cette 
analyse a, du reste, été très facile, la matière s’étant décomposée et brûlée avec une 
netteté parfaite. 

» On a donc obtenu, en résumé : 


Carbone" -mtctere 13,5 
Hydrogène. et 2,2 
Oxipene AREA EUR EEE 17,1 


Carbonate de baryte..... 68,2 ... 67,8 


100,0 


» Le carbo-méthylate de baryte serait formé, d’après le calcul, des elé- 
ments suivants : 


(EP ENEES LS 229,56....... : 12,7 
Pose ones 37,90 ........ 2,0 
TPépasaansos 300, 00e 16,6 
C: 0°, BaO. 1232,26......... 68,7 

1799, 32 100,0 


» Cette formule représente en effet C*H#H*O, C* O* + BaO, C*0*, 
et, plus simplement, C*H$O, C*O* + BaO, C* O*. 

» Qui ne serait frappé de la simplicité des réactions qui donnent naus- 
sance à ce sel ou qui se manifestent quand il se décompose ? Sous l'in- 
fluence de l'acide carbonique, l'esprit de bois perd un atome d’eau; sous 
l'influence de l’eau, le carbo-méthylate de baryte le reprend, et régénere 
l'esprit de bois. 

» Ces réactions, qui semblaient l'apanage des acides les plus énergiques, 
nous les voyons prendre naissance sous l'influence du plus faible des aci- 
des, l'acide carbonique, dès qu’on lui offre à la fois la base minérale et les 
éléments de la base organique, avec lesquels il peut constituer le sel dou- 
ble qui tend toujours à se former dans ce genre de réaction. 


( 220 }) 


» Après nous être procuré si facilement le carbo-méthylate de baryte, 
nous avons pensé qu'il ne nous serait pas impossible d'obtenir également 
quelque carbo-vinate, et, après divers tàätonnements, nous avons fixé 
toute notre attention sur la préparation du carbo-vinate de potasse. 

» Rien de plus facile que de former ce sel, mais sa purification nous à 
fait perdre tant de matière et de temps que nous avons été plus d’une fois 
sur le point d'abandonner cette recherche. 

» Voici le procédé qui nous a réussi : 

» On dissout dans l'alcool absolu de la potasse portée à la chaleur 
rouge et ne renfermant que son atome d’eau essentiel. La liqueur est sou- 
mise à l’action du gaz carbonique bien sec, en ayant soin d'éviter l'éléva- 
tion de température qui ne manque pas de s'établir; il se forme un dépôt 
cristallin abondant ; en ajoutant de l’éther sulfurique anhydre de temps en 
temps, son évaporation abaisse la température et corrige ainsi l'inconvé- 
nient qui résulterait de l'élévation de température occasionée par l'union 
de l'acide carbonique à la potasse ou aux éléments de l'alcool. 

» Quand le produit cristallisé est assez abondant, on cherche à le puri- 
fier : ce produit consiste en carbonate de potasse, bicarbonate de potasse 
et carbo-vinate de potasse; en y ajoutant son volume d’éther et filtrant, la 
liqueur entraîne la potasse libre et laisse ces trois sels sur le filtre; on 
délaie le produit cristallisé dans l’alcool absolu; on filtre de nouveau, et 
l'on ajoute de l’éther à la liqueur filtrée; l'alcool dissout le carbo-vinate de 
potasse, et l’éther le précipite pur; en filtrant de nouveau et séchant rapi- 
dement, on a le carbo-vinate de potasse en lames nacrées d’un grand éclat. 

» La complaisance de M. Thilorier nous a permis d'entreprendre quel- 
ques essais pour la préparation de ce sel au moyen de l'acide carbonique 
solide. Nous avons projeté par petites portions l'acide carbonique solide 
dans la dissolution alcoolique de potasse, et nous avons obtenu beau- 
coup plus de carbo-vinate que par le moyen précédent. Le grand froid 
produit par l’évaporation d’une partie de l'acide n’a pas permis à la tem- 
pérature du liquide de s'élever, et a préservé ainsi le sel de cette dé- 
composition, qui le transforme en bicarbonate. 

» À cette occasion, nous devons remarquer qu’en broyant l'alcool et 
l'esprit de bois avec l'acide carbonique solide, on obtient une liqueur tres 
chargée d'acide carbonique, et qui, par l'addition de l’eau , fait une vive 
effervescence. C’est M. Thilorier qui a tourné notre attention vers ce 
phénomène , que nous étudierons plus tard. 

» Revenons au carbo-vinate de potasse. 


{ 221 ) 


» Ce sel est blanc, nacré; il brûle avec flamme sur la feuille de platine, 
et laisse un résidu charbonneux. Dès le contact de l’eau il se transforme en 
alcool et bicarbonate de potasse. Ce changement s’effectue même, quoi- 
que moins vite, dans l'alcool aqueux. 

» À la distillation, il donne des gaz inflammables qui brülent avec une 
flamme bleue non brillante, du gaz carbonique, un peu de liquide éthéré, 
à odeur d’ognon; enfin, un résidu de carbonate de potasse mélé de 
charbon. ( 

» Voici l'analyse de ce sel : 


» 1. — 0,523 de ce sel ont Jaissé par la calcination 0,302 de carbonate de potasse ; 
» IL. — 0,603 d’un nouveau produit ont fourni 0,350 de chlorure de potassium ; 
» IT. — 0,680 d’un autre ont fourni °,390 de chlorure de potassium ; 

» IV. — 0,702 du même ont produit 0,592 d’acide carbonique et 0,248 d’eau; 
» Ve — 0,777 d’un nouveau sel ont produit 0,657 acide carbonique et 0,274 eau. 


» En résumant ces expériences on trouve les résultats suivants : 


L Il III. IV V 
Carbone. ........, + 00,0 ,.... 00,0 ..... 00,0 .... 232000 23,40 
Hydrogène. ......., 00,0 ...….. 00,0 +... 00,0 ...,. 3,92 «+. 4,04 
Carbonatede potasse. 53,5 ..... D, BE 0331 0 ce MB 347 ee … 0347 
Oxigène. .... dans 00,0 7... 00,0 ... . 00,0 ..... 19,28 ..... 19,09 
Carbo-vinate de POLASSE Peine Hoi LUN, MU SE 100,00 100,00 


» Dans les analyses élémentaires de ce sel, la potasse est demeurée tout 
entière à l’état de carbonate neutre. Rien de plus facile à obtenir, quand 
9n peut, comme c’est ici le cas, mettre fin à l'analyse dés que le tube est 
rouge partout. Le dégagement de gaz qui cesse brusquement montre aisé- 
ment l'instant où le carbonate d’éther est entièrement brülé, et où le car- 
bonate de potasse commencerait à éprouver à son tour quelque réaction 
de la part de l’oxide de cuivre. 

» Voici du reste les résultats indiqués par le calcul pour le carbo-vinate 
de potasse : 


CR Lx +. 382,60 ... 23,56 
H°........ 62,50 ... 3,88 
OO. fasse + 300,00 ... 18,63 
KO, CO... 865,24 ... 53,73 

1610,34 100,00 


» Il est évident que cette formule s'accorde avec les analyses précé- 
C. R. 1838, 165 Semestre. (T. VI, N° 8.) 30 


( 222 ) 
déntes, de la manière la plus exacte. Ainsi le carbo-vinaté de potasse ren- 
ferme comme on pouvait le prévoir 


CHE, HO ,C:0? + KO ,C-0° ou bien CSH10,C°0°+ KO ,C-0?, 


selon qu'on veut y voir un carbonate double de potasse et d'hydrogène 
bicarboné, ou bien un carbonate double de potasse et d’éther. 

» Le carbo-vinate de potasse est-il dissous dans l'alcool non absolu , il 
se décompose plus ou moins vite et se convertit en bicarbonate de po- 
tasse avec un atome d’eau. Rien de plus désagréable que cette propriété, 
car à chaque préparation de ce sel, elle oblige à recourir à l'analyse pour 
en reconnaître la pureté. En effet, le bicarbonate se dépose en larmes 
nacrées comme le carbo-vinate et se confond aisément avec lui. Toute- 
fois, quand les deux sels sont purs, on reconnait le bicarbonate, eu 
ce que la chaleur n’en dégage rien d’inflammable, et en ce que ses lamelles 
sont plus rigides que celle du carbo-vinate. 

» La composition de ce bicarbonate nacré nous a paru digne d'être 
constatée. 0,732 du sel ont laissé par la calcination 0,506 de carbonate 
de potasse, c’est-à-dire 69,1 pour 100. On aurait par le calcul : 


KO COMME ENS 665 DR" RGD 0 
H'D/COTE MP. 560 02 LAN TIE D 
1254 ,26 100,0 


» Ainsi, dans la conversion du carbo-vinate en bicarbonate il y a, comme 
dans toutes les réactions analogues , deux atomes d’eau qui interviennent; 
l'un pour changer l’éther en alcool, l’autre pour convertir l'acide carbonique 
en un sel d’eau. Le phénomène est absolument semblable à celui qui se 
produirait par la décomposition du sulfo-vinate de potasse au moyen de 
l'eau. 11 se produirait, en effet dans ce cas, de l'alcool et du sulfate d’ean 
par la fixation de deux atomes d’eau. Qu’on prenne en effet 


(CSH5,H°0 ,C°0°+ KO, C’0°) + H0°— CSHS,H:0° + (H‘0,C’0°+ KO,C:0”), 
ou bien 
(CH, H°0,S0: + KO ,S0°) + H 0° — CH, H:0° + (H°0,50°-+KO,S0%. 


» Il est évident que la réaction sera absolument la même dans les deux 


circonstances. 

» Parvenus à ce terme de notre travail, il nous a paru convenable de 
rechercher jusqu’à quel point les nouveaux sels que nous venions de faire 
connaître se rattachaient par leur constitution à ces combinaisons du 


(228 )) 


sulfure de carbone si remarquables, découvertes par M. Zeise. En con- 
séquence, nous avons préparé et étudié quelques composés produits par 
l'action du sulfure de carbone sur les dissolutions alcalines d’esprit de 
bois. 

» Quand on met en effet du sulfure de carbone dans une dissolution de 
potasse dans l'esprit de bois, il se forme du sulfo-carbo-méthylate de 
potasse tres pur, qui cristallise en fibres soyeuses et dont voici l'analyse. 


» L— 1,388 de sulfo-carbo-méthylate de potasse ont produit 0,689 de chlorure de 


potassium. 
» IT. — 1,000 du même sel ont donné 0,214 d’eau et 0,598 d’acide carbonique. 


» Ces résultats représentent en centièmes : 


Carbone es eue 16,54 
Hydrogène ........... 2,37 
PO (SSE EE eee ee 31,42 


» Ils s'accordent évidemment avec ceux qu'indique la formule du sulfo- 
carbo-méthylate de potasse. En effet, on aurait d’après celle-ci : 


C5 .... 306,08 ... "16,65 
602660 37;6o0nù. 40 SH 
ONCE I00 00 Eco 45 
S$ 11080464 443,77 
KO .... 589,90 .... 32,09 


1838, 12 100,00 


» L'accord de ces nombres rendait tout.autre. détermination parfaite- 
mentinutileet la formule du sulfo-carbo-méthylate de potasse demeure fixée 
de la maniere suivante : 

C*H#,H:0,5°C° + KO, S’C, 
ou bien encore 
C*H°O; S°C? + KO, S:C-. 

» Nous avons également analysé le sulfo-carbo-méthylate de plomb, 
obtenu par double décomposition. Ce sel nous a fourni les résultats sui- 
vants : 


1: — 0,580 sulfo-earbo-méthylate de plomb ont donné 0 ,565 de sufate de plomb. 
IT. — 0,607 d’un autre produit ont fourni 0,440 de sulfate de plomb. 
IL. — 0,935 de ce dernier sel ont donné 0,369 d’acide carbonique et o,127 d’eau. 


» Ces résultats, donnent pour la composition du sel, 
30.. 


Carborte:.f. 4, ct 2401092 
Hydrogène ...:....... 1,50 
Oxide de plomb....... 53,32 — 53,29 


» En calculant la composition de ce sel, on aurait 


CENT 500 08200 
HE 7 00e Te 
ONE 100 00-702, 76 
SM O0 0e EU ODA 
PhO ....139{,50 .... 52,78 


2642,72 104,00 
conformément aux deux formules admissibles de ce sel; 


CH, H°0,C S° + PbO, C’S’, 
ou bien 
C#H°0, C'S? + PbO, C'S:. 

» Quand on traite les sels bleus de cuivre par le sulfo-carbo-méthylate 
de potasse, il se présente des phénomènes de réduction très remarqua- 
bles, et analogues à ceux que M. Zeise a observés avec les sulfo-carbo- 
vinates. 

» Les expériences que nous avons faites sur les sulfo-carbo-méthylates, 
auraient été plus étendues, si au moment même où nous nous en occu- 
pions (car ces analyses sont déjà assez anciennes), nous n’avions appris 
que l’un des plus habiles chimistes anglais, M. Kane, se livrait lui-même 
à un travail complet sur cette classe de corps. 

» En résumé, l’acide carbonique donne, en présence de l'esprit de bois 
ou de l’alcool et des bases, de l'acide carbo-méthylique ou carbo-vinique 
entièrement comparables aux acides analogues formés par le sulfure de 
carbone , avec les éléments de l'alcool ou de l'esprit de bois. 

» L’acide carbo-vinique ne peut plus être confondu avec le sucre de 
cannes; c’est un corps évidemment tout différent. Outre que ces deux 
corps sont séparés par leur nature propre, l'acide carbo-vinique et le sucre 
doivent l'être encore par leur formule, comme on l’a vu plus haut. Enfin , 
ils doivent l'être aussi, et ils le sont en effet, par leur poids atomique, 
circonstance qui, toutefois, n'avait pu jusqu'à présent être prise en 
grande considération, le poids atomique du sucre pouvant, à la rigueur, 
être représenté de diverses manières. 

» Arrivés à ce point du travail que nous avions entrepris, 1l n’en ré- 


( 225 ) 


sultait qu’une seule chose, savoir, la nécessité de reprendre à fond 
‘étude du sucre ou plutôt des sucres ; on ne pouvait plus faire à leur su- 
jet que des suppositions creuses, faute d'expériences approfondies. 

» L'un de nous, M. Péligot, s'est dévoué à ces expériences pendant 
deux ans, et il offre les résultats de ce grand travail à l’Académie, dans 
un mémoire spécial. (Voir aux Mémoires présentés.) 

« Ce travail ne nous apprend pas encore ce que c’est que le sucre de 
cannes, mais il nous fait connaître des propriétés nombreuses, qui servi- 
ront un jour à établir la formule rationnelle de ce corps. » 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE. — Rapport sur divers mémoires de M. de Pamsour , ayant pour 
objet la détermination des résistances que présentent les machines loco- 
motives sur les chemins de fer , et le calcul de l'effet tant de ces machines 
que des machines fixes en général. 


(Commissaires, MM. Arago, Séguier, Poncelet, Coriolis rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, MM. Arago, Séguier, Poncelet et moi, 
de lui faire un rapport sur divers mémoires de M. de Pambour, ayant pour 
objet la détermination des résistances que présentent les machines à va- 
peur locomotives sur les chemins de fer, et le calcul de l'effet des machines 
à vapeur en général et particulièrement des locomotives. 

» M. de Pambour, dans un premier mémoire, donne les résultats de 
ses expériences sur les résistances des machines locomotives : il compare 
ensuite ces résultats à ceux que peuvent fournir les considérations théoriques. 

» L'ingénieur anglais Wood avait fait quelques expériences pour déter- 
miner la résistance des trains sur les chemins de fer; mais il n’en avait pas 
donné qui missent en évidence les résistances dues aux seules machines 
locomotives : M. de Pambour est le premier qui les ait déterminées. 1] a 
distingué celles qui tiennent à l'appareil roulant, de celles qui tiennent à 
la machine à vapeur; il a séparé encore dans ces dernières celles qui sont 
indépendantes des charges qu’elles ont à tirer, de celles qui croissent avec 
ces charges et leur sont à très peu près proportionnelles. Pour déterminer 
ces résistances il a employé trois modes différents : 1° le dynamomètre 
mesurant la traction ; 2° la pente avec laquelle la machine marche sans le 
secours de Ja vapeur; 3° la pression de la vapeur exactement nécessaire 


( 226 ) 


pour vaincre seulement les résistances. Les nombres fournis par ces trois 
méthodes différent assez peu pour qu’on accorde confiance aux moyennes 
adoptées par l’auteur. 

» Il résulte de ces expériences que, comme moyennes de résultats ob- 
tenus sur 9 machines locomotives telles qu’elles étaient construites sur le 
chemin de Liverpool à Manchester, on peut porter à 18 kilogrammes la 
résistance due aux seuls mouvements de la machine à vapeur ; à 3, 60 par 
tonne de son poids, la résistance due au roulement de la machine consi- 
dérée comme voiture; et enfin, à 0,68 ce dont s'accroît la résistance de 
la machine et de la voiture par tonne du train qu’elle tire. 

» L'auteur a cherché à déterminer par des considérations théoriques 
l'accroissement de la résistance qui provient de l’action nécessaire pour 
tirer le train, accroissement qu'il appelle résistance additionnelle. Les 
nombres qu'il obtient ainsi different assez peu de ceux que ses expériences 
Jui ont fournis. 

» M. de Pambour dans son calcul, substitue la force moyenne à la force 
effective et variable. Cette méthode ne serait exacte qu’autant que la résis- 
tance additionnelle serait proportionnelle à la force du tirage; comme cette 
proportion n'existe pas à la rigueur, il y a une petite inexactitude à pro- 
céder ainsi, mais elle a peu d'importance. 

» L'auteur, pour évaluer le frottement sur les essieux, regarde la résis- 
tance due au tirage nécessaire pour faire avancer le train comme une force 
appliquée à la circonférence de la route, tandis qu’elle l’est réellement 
sur laxe même. Dans une note supplémentaire où il a modifié sa 
première marche, il a commis l'erreur dans un autre sens en prenant 
pour la pression sur l’essieu celle qui agit sur la manivelle. Ces inexac- 
titudes ont peu d'influence sur les résultats, et d’ailleurs, en les rectifiant, 
les nombres se rapprochent encore plus de ceux qu'ont fournis les ob- 
servations. 

» Les expériences de M. de Pambour donnent à son travail une grande 
importance. Avant lui, on n’avait rien d’exact sur les résistances des ma- 
chines locomotives, et par conséquent on ne pouvait en calculer les et- 
fets sans commettre de grandes erreurs: c'est ce qu’il établit dans une 
seconde partie de son travail. Il a tiré parti des résultats de ses premières 
expériences, pour prouver que dans les machines à vapeur locomotives 
les pressions dans le cylindre et dans la chaudière ont souvent une très 
grande différence. Sans doute que déjà, par des considérations théoriques 
et aussi par des expériences, on reconnaissait que cette différence exis- 


(227) 

tait. L'ingénieur Wood les signale dans son travail sur les chemins de fer. 
Watt avait dit que pour certaines machines fixes elle pouvait être d’un 
quart ou d’un tiers d’atmosphère. Mais ces remarques isolées n'avaient 
pas conduit à porter cette différence au point où elle doit l'être en cer- 
tains cas. M. de Pambour, en partant de la résistance qu’éprouve le pis- 
ton, ainsi qu’elle était déterminée par son premier travail, en conclut la 
pression dans le cylindre, puisque dans le cas du régime permanent elle 
doit toujours faire équilibre à cette résistance : elle est devenue ainsi pour 
lui, comme il le dit très bien, une soupape ou un manomètre. Ayant cons- 
taté que pour des orifices d'introduction de la vapeur, ouverts comme ils 
le sont ordinairement, il peut y avoir entre les pressions dans la chau- 
dière et dans le cylindre des différences de plus d’une atmosphère sur 
deux ou trois, on ne pouvait plus employer dans le calcul de l'effet de ces 
machines le coefficient de correction en usage jusque alors dans le calcul. 
Pour faire comprendre l'erreur dans laquelle on tombait par l'emploi de 
ce coefficient, rappelons ici en quoi consiste la méthode. 

» Après avoir calculé le travail produit sur le piston en y supposant la 
pression égale à celle de la chaudière, on tenait compte de la réduction 
due tant à l'inexactitude de cette supposition qu’aux pertes par les frotte- 
ments et autres résistances, en affectant cette quantité de travail d’un cer- 
tain coefficient de réduction. Quelques auteurs, comme Wood dans son 
Traité des Chemins de fer, avaient été jusqu’à l'employer également soit 
qu'on eût déduit le travail du volume même parcouru par le piston, et 
donné alors par sa surface et sa vitesse, soit qu’on calculät ce volume au 
moyen du poids d’eau vaporisée et de la pression que doit avoir la vapeur. 
Or, c'était déjà commettre une erreur que de conserver le même coeffi- 
cient pour ces deux systèmes de données. M. Poncelet, qui, dans ses lecons 
à l'École de Metz, avait recueilli des expériences propres à en fixer la 
valeur, ne l'avait présenté que pour la premiére manière de procéder. 
Néanmoins, il y aurait encore dans ce cas une erreur évidente à s’en 
servir quand la seule réduction à opérer sur la pression de la chaudière 
devient une fraction très variable avec la vitesse. M. Navier, qui, à défaut 
d'expériences spéciales sur ies résistances, avait employé ce coefficient 
dans un premier travail sur les calculs des machines locomotives, a rectifié 
sa méthode quand il a eu les données de M. de Pambour sur les résis- 


tances de ces machines. 
» Non-seulement cet auteur a donné ainsiles éléments nécessaires à la 


solution de ce problème si important aujourd'hui, mais il a posé lui- 


( 228 ) 
mème les véritables formules auxquelles on doit appliquer ces éléments. 
Si l'on examine ce que contiennent à ce sujet les ouvrages imprimés, on 
peut dire qu'il n'y avait pas de théorie bien concue pour calculer dans 
tous les cas les effets des machines locomotives et même des machines en 
général. Les vitesses, dans les traités anglais, étaient données par des for- 
mules qui n'avaient aucune base exacte; et bien que ces questions fus- 
sent cependant assez faciles à aborder, et qu’elles eussent été bien con- 
cues par quelques ingénieurs qui ne les avaient pas encore développées 
dans aucun écrit, la priorité n’en reste pas moins à M. de Pambour, pour 
avoir publié le premier ces véritables formules. La quantité d’eau vaporisée 
par les chaudières, élément fondamental de la puissance des machines que 
l'auteur a fait ressortir dans ses formules, n’avait pas encore été déterminée 
par une série complète d'expériences en grand pour les machines locomo- 
tives. C’est un service que M. de Pambour a rendu en publiant celles qu'il 
a faites à ce sujet. Il serait à désirer qu'il pût compléter ce travail en dé- 
terminant la proportion entre la quantité de vapeur arrivant dans le cy- 
lindre et la quantité d'eau entrainée sans être vaporisée : ce rapport , 
qu'il évalue approximativement, aurait besoin d’être bien établi par des 
expériences faites dans les diverses circonstances qui peuvent le modifier. 

» Nous devons faire remarquer que M. de Pambour établit bien que 
dans l’état permanent la pression dans la chaudière est réglée par la 
charge de la machine, et que c’est de cette charge que l’on peut conclure 
la vitesse , en prenant les deux équations de permanence pour la vitesse et 
pour la température. L'ouverture du régulateur, quand la chaudière reste 
bien fermée, n’a d'influence sur la pression dans le cylindre que pen- 
dant quelques instants, jusqu'à ce que l’uniformité soit rétablie; alors, 
c'est la pression dans la chaudière qui se trouve réglée d’après ce degré 
d'ouverture. Ces considérations avaient déjà été présentées dans un mé- 
moire que votre rapporteur a lu à l'Académie en 1834 : ce travail n'ayant 
pas été publié, M. de Pambour n’en à pas eu connaissance. A défaut 
d'expériences sur les résistances des machines locomotives, j’employai dans 
ce mémoire un coefficient constant de réduction, ainsi que l'avait fait 
depuis M. Navier dans son premier travail sur les locomotives : c'était 
une erreur qui a été mise en évidence par M. de Pambour. 

» Nous devons faire remarquer que l’auteur semble conclure de ses ex- 
périences qu'il y a une indépendance complète entre la pression dans le cy- 
lindre et celle de la chaudière. C’est l'énoncé de cette proposition qui a 
donné lieu à une note de M. de Champeaux de la Boulaye, dans laquelle il 


(229) 

Témarque avec raison, ainsi que le savent tous ceux qui se sont occupés de 
ces matieres, que cette différence dépend de l'ouverture des conduits. 
Depuis, M. de Pambour, tout en reconnaissant cette influence des con- 
duits et des ouvertures, soutient encore, dans son dernier mémoire , 
que, non-seulement ces deux pressions ne varient pas dans le même sens, 
mais qu'il n’y a aucune loi qui les lie, puisque, dit-il, ses expériences 
prouvent qu'elles peuvent varier en sens. contraire. Ce fait important de 
la marche en sens contraire de,ces deux pressions , signalé par M. de Pam- 
bour, et qui lui a fait croire à une indépendance, peut s'expliquer par 
les considérations théoriques ordinaires. 

» Quelle que soit la relation entre la différence de pression et la vitesse 
d'écoulement de la vapeur, dés qu’on suppose seulement que.ces quanti- 
tés croissent en même temps, on Peut reconnaître de quelle nature est la 
loi qui lie les pressions dans le cylindre et dans la chaudière, pour un 
foyer d’une puissance de vaporisation constante et Pour un régime perma- 
nent de la machine. En prenant la première de ces pressions pour 
abscisse horizontale, et en regardant la seconde comme une ordonnée 
verticale, on aura une courbe de la forme d'une portion d'hyperbole. A 
partir de l’origine, elle sera trés peu en-dessus d’une droite asymptote in- 
clinée à 45°. Les ordonnées de celle-ci étant égales à ses abscisses, repré- 
senteront par conséquent les pressions dans le cylindre. Ces deux ordon- 
nées croîtront donc ensemble indéfiniment , mais près de l’origine, c’est-à- 
dire pour de faibles charges données à Ja locomotive, la courbe se relèvera, 
et la pression dans la chaudière, loin de diminuer en même temps que 
celle du cylindre, la surpassera de plus er plus. Cette marche contraire, 
qui a été signalée par M. de Pambour, a pu lui paraître comme une in- 
dépendance. En effet, si les observations sont faites pour des pressions 
fort peu éloignées de celle qui répond au point de minimum de la courbe 
hyperbolique, on trouvera une certaine constance dans les pressions de 
la chaudière, pour d'assez grandes variations des pressions dans le 
cylindre. 

» Si l’on se servait des formules ordinaires pour déterminer les dimen- 
sions de cette courbe , elles seraient telles que dans les circonstances mêmes 
des expériences de l’auteur on ne se trouverait pas dans la partie où l’or- 
donnée varie peu Par rapport à l’abscisse. Ses expériences apprennent 
donc qu’on ne peut appliquer ces formules ordinaires à l’écoulement de la 
vapeur dans les machines locomotives. Jusqu'à présent on avait pensé à 
tort, que même dans ces machines on devait se placer dans cette partie 

CR. 1838, 16r Semestre. (T. VI, N° 8.) 31 


(230) 


ascendante de la courbe. Ayant examiné ce point avec plus de soin, nous 
n'avons pas eu de peine à croire à l'exactitude des observations de M. de 
Pambour. Bien qu'on ne puisse résoudre ici avec exactitude la question 
mathématique dans toute sa rigueur, cependant on voit que les formules 
du mouvement permanent ne peuvent s'appliquer, eu égard au trouble 
apporté dans l'écoulement, par les fermetures périodiques des tiroirs, par 
le mouvement varié du piston, et aussi par l’abaissement de température 
qui peut accompagner la dilatation de la vapeur. Il n’y a donc rien de 
surprenant que l’on trouve une plus grande différence entre la pression 
dans le cylindre et celle de la chaudière, qu’on ne l'avait calculée jusqu'à 
présent. 

» Mais en admettant ce point pour les machines locomotives où les ori- 
ficés sont tous assez petits et où les vitesses des pistons des tiroirs sont 
assez grandes, rien ne prouve encore qu'on puisse l'étendre à toutes les 
machines fixes, ainsi que le fait M. de Pambour pour y chercher la prin- 
cipale cause de: la réduction qu’il faut faire subir au travail théorique afin 
d'obtenir le travail utile. L'auteur se met en quelque sorte en contradiction 
avec lui-même sur ce point, puisque dans les machinés locomotives il re- 
connaît qué pour de faibles vitesses il n’y a qu’une différence insensible. 
Tout ce quela théorie, à défaut d'expériences spéciales peut indiquer sur 
ce point, nous porte à croire qu'il en est ainsi dans la plupart des machines 
fixes ayant d’assez larges orifices pour l'introduction de la vapeur dans le 
cylindre. Il ne paraît pas qu'on doive rien conclure de général de l'obser- 
vation de Watt que Fareÿ a signalée dans son traité, parce que les circons- 
tances’ de l'expérience ne'sont pas bien connues, et que d'ailleurs cette 
différence ést loin d'aller au point où M. dé Pambour la porterait pour les 
machines fixes en général. 

» En définitive, vos commissaires émettent sur le travail de l’auteur 
l'avis suivant : 

» M. de Pambour, tant dans les différents mémoires qu'il a présentés 
à l'Académie que dans l'ouvrage qu'il à publié sur les machines à vapeur 
locomotives, a rendu un grand service à la science de Fingénieur en don- 
nant le premier une sérié d’expériénces sur les résistances de ces machines, 
sur lés quantités d’eau qu’elles vaporisent, sur leurs puissances et sur leurs 
vitesses dans différentes circonstances. On doit reconnaître qu'il a publié 
le premier dans son ouvrage les formules exactes pour le calcul de l'effet 
de ces machines ,-en y introduisant comme élément principal la quantité 
d'eauvaporisée! M! de Pambour a constaté par ses expériences la grande 


(231) 


différence qui s'y manifeste entre la pression dans le cylindre et la pres- 
sion dans la chaudière ; et il a montré les erreurs que l’on commettait en 
se servant dans ce cas d’un coefficient constant de réduction dans l'emploi 
de ces formules. 

» Vos commissaires, en jugeant le travail de M. de Pambour digne de 
l'approbation de l'Académie , en proposeraient l'insertion dans le Recueil 
des Savans étrangers ; si une partie de ses mémoires n’avait pas déjà été 
publiée dans son Traité des Machines locomotives, et si les autres parties 
ne devaient pas être insérées dans une nouvelle édition de cet ouvrage. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


M. Bory pe Saivr-Vincenr fait, sur le Dictionnaire pittoresque d'his- 
toire naturelle publié par M. Guérin, un rapport favorable, qu'il ter- 
mine de la manière suivante : 

« Je ne puis résister au besoin de signaler la plupart des articles qu'on 
doit aux plumes consciencieuses de : MM. Puillon-Boblaye, Cocteau, 
Martin Saint-Ange, Thiébaut de Berneaud, Grimaux de Caux, WVirlet, 
Garnot, etc. | . ‘ 

» Avec de tels collaborateurs, le Dictionnaire pittoresque ne! peut que 
s'améliorer de jour en jour. S'il n’est .pas nécessaire aux, naturalistes 
de profession , qui n’y trouveraient que. ce,qu'’ils savent ; et souvent l’ex- 
trait de leurs propres écrits, il êst indispensable à ces classes de la 
société où, j'aurai le courage de le dire, on a, généralement des. idées 
aussi fausses de la science, dont traite le Dictionnaire pittoresque. que 
de la plupart des autres branches des sciences physiques. L'histoire natu- 
relle tient cependant par d’intimes rapports à l’universalité des con- 
naissances humaines, et se marie étroitement même aux arts; elle.ést 
la base ou la source de toutes choses, et cependant très peu de Iper- 
sonnes ont une idée juste de ce qu'elle, est. Des. livres qu'on dit en avoir 
répandu le goût, ont au contraire contribué à l'ignorance où lon test 
généralement sur son but et sur. ce qu’elle enseigne réellement. Il serait 
temps que les bons esprits, quelle que füt la direction donnée à leurs 
études, en prissent au moins une teinture,.ne. füt-ce que pour s'affranchir 
d'une foule d'erreurs qu’on admet comme des vérités incontestables;: en 
les répétant de confiance, parce. qu'on ne. s'est Jamais donné Ja: peine 
d'approfondir ce qu’il en est et de remonter aux sources :tils en trouve- 
ront les moyens dans un livre qui mérite {la bienveillance ; dé l’Acadé- 
mie et l’honneur d’être admis avec distinction dans sa bibliothèque. » 

De 


{ 


(0252) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la nature et les propriétés chimiques 
des sucres ; par M. E. PÉLicor. 


(Extrait.) 
(Commissaires, MM. Biot, Gay-Lussac, Thénard et Dumas.) 


« Les matières sucrées sont mal connues, et plusieurs causes, dit l’au- 
teur, peuvent aisément l'expliquer. On connaît, comme chacun sait, deux 
principales variétés de sucres fermentescibles : 

» 1°. Le sucre ordinaire, de betteraves ou de cannes, en cristaux 
géométriques réguliers, d’une saveur douce très franche; 

» 2°. Le sucre de raisins, plus difficile à obtenir à l’état solide, qui ne 
cristallise presque jamais régulièrement, d’une saveur douce beaucoup 
moins agréable, qui se rencontre dans les raisins et dans presque tous les 
fruits sucrés qui présentent une réaction acide. 

» On a confondu avec le sucre de raisins le sucre de diabètes, le sucre 
d’amidon, le sucre qu’on extrait du ligneux, de la gomme, du sucre ordi- 
naire, lui-même, modifié par les acides ou la fermentation. Cette identité 
n'existe pas, du moins pour plusieurs de ces sucres, d’après les expérien- 
ces de M. Biot. 


» Sucre ordinaire. Beaucoup d'analyses de ce sucre ont été faites, mais 
elles offrent des différences sensibles sur le carbone. En répétant l'analyse 
avec tous les soins possibles, on a trouvé que la formule adoptée depuis 
long-temps est celle qui s'accorde le mieux avec l'expérience : cette for- 
mule est C*# HO". 

» M. Berzélius seul a essayé de déterminer le poids atomique du sucre 
ordinaire; il a trouvé que sa combinaison avec l’oxide de plomb renferme 
C“H0, 2PbO; il considère ce sel comme bibasique. 

» En desséchant le même sel à 160°, j'ai obtenu C*H'* O9, 2PhO. 

» Ainsi, le sucre anhydre = C* H°* O®, au lieu de C* H® O°e. 

» Le sucre se combine avec les alcalis. 

» J'ai obtenu un saccharate de baryte cristallisé par le contact direct du 
sucre et de la baryte dissous dans l’eau, et j'ai trouvé la formule 
C2#H# 0", Ba O pour le saccharate de baryte. 

» Le saccharate de chaux s'obtient en précipitant par l'alcool une disso- 


(233 ) 


lution de chaux dans le sirop de sucre; il a la même composition. Ce sel 
est trés remarquable par son action sur l’eau à diverses températures; il 
présente une très grande solubilité à la température ordinaire, et devient 
presque insoluble vers 100°; de sorte que la liqueur se prend en une 
sorte d’empois. Le tartrate basique de potasse et de chaux offre un phé- 
nomène analogue. Cette insolubilité à chaud paraît jouer un grand rôle 
dans la défécation des jus de betteraves. 

» J'ai combiné le sucre avec le sel marin. La composition de ce corps est 
représentée par C# H#? O0", Ch* Na. 

» Or, je propose de considérer comme 1 équiv. de suore la partie qui 
se trouve unie à r équiv. de chlorure de sodium. 


Alors le sucre candi est................. C#H#O',4H0; 

le saccharate de plomb.........…... C#H#0O'%#, 4PbO ; 

le saccharate de chlorure de sodium. C‘#H#0'%, (Ch’ Na, 3H°0); 
Enfin le saccharate de baryte..,..... .... GH#O'", 2Ba0, 4H°0. 


» Les trois premières combinaisons contiennent 4iat. de base , en consi- 
dérant l’eau comme tenant la place d’une base. Le saccharate de baryte s’é- 
carte par sa composition des précédents, ce qu’on doit peut-être attribuer, 
tant à l’affinité spéciale de la baryte pour l’eau, qu’à l'indifférence du sucre 
à jouer le rôle d’acide. 

» Sucre d'amidon et sucre de diabètes. L'identité de composition élé- 
mentaire du sucre des raisins et du sucre d’amidon étant bien établie, j'ai 
analysé le sucre de diabètes, que jai eu occasion d’obtenir en grande 
quantité et très pur; Proust n’avait pas donné la composition de ce sucre 
avec une précision convenable. 

» J'ai trouvé qu’on devait la représenter par la formule C*#H*O1*; cette 
formule est également celle qui appartient au sucre de raisin, au sucre de 
miel et au sucre d’amidon. 

» Le poids atomique de ces sucres n’a été fixé par aucun chimiste. J'ai 
cherché à remplir cette lacune, ce qui n’était pas sans quelque difficulté ; 
j'ai produit et analysé la combinaison de sucre de diabète et de sel marin, 
obtenue par M. Calloud , et j'ai trouvé que ce curieux produit est repré-- 
senté par la formule C#* H**O*$, Ch*Na. 

» M. Brunner, de Berne, a étudié une combinaison faite au moyen de 
sucre d'amidon identique évidemment avec le composé précédent, bien- 
que M. Brunner ait commis une légère erreur. dans la détermination du 
carbone et de l'hydrogène de ce corps. 


(234) 


» J'ai obtenu une combinaison d’oxide de plomb et de sucre d’amidon 
par le contact de l’acétate de plomb ammoniacal avec le sucre dissous em- 
ployé en excès. Sa composition estreprésentée par la formule C#*H#0O*,6PbO. 
J'ai étudié aussi le saccharate de baryte du sucre d’amidon; la formule qui 
le représente est C4 H°°O*', 3Ba0. 

» Je propose de représenter le sucre d’amidon et ses composés par les 
formules suivantes : 


CSH#0::, 75H40, sucre cristallisé; 

C#H#0::, 3H°0, sucre desséché à 100°; 

C8H#0°1, 3Ba0, 7H°0,  saccharate de baryte : mais la difficile préparation de ce corps 
laisse quelque doute sur la détermination de l’eau; 

CSH#0*, 6PbO, saccharate de plomb; 

C#H#0°,Ch°Na, 5H°0, combinaison avec le sel marin; 

C#H#0°!,Ch° Na, 2H°0, la même desséchée à 130°. 


» J'ai dit que le sucre ordinaire se combinait avec les alcalis sans s’al- 
térer : le sucre d’amidon et tous les sucres connus, autres que le sucre 
ordinaire , se combinent d’abord avec ces mêmes corps, puis se détruisent 
graduellement, en donnant naissance à deux produits distincts, selon les 
circonstances du contact établi entre ces corps. 

» La chaux dissoute dans le sirop de sucre d’amidon perd peu à peu 
ses propriétés caustiques , et se trouve saturée par un acide qui s'est dé- 
veloppé sous son influence. 

» Le sel de chaux formé, rendu neutre, précipite très abondamment 
par le sous-acétate de plomb. Le sel de plomb insoluble a pour formule 


C#H°0%, GP O. 


» L’acide libre n’a pu être étudié convenablement; il n’est pas volatil et 
forme des sels presque tous solubles dans l'eau. 

» En chauffant la dissolution de sucre d’amidon et d’un alcali, on ob- 
serve une action plus rapide; il y a coloration et formation d’un acide 
brun-noir, ayant de la ressemblance avec l'acide ulmique. 

» Mais il en diffère totalement. Sa composition est représentée par la 
formule G{#$H°°0!°. 

» Il paraît identique avec l'acide obtenu par M. Swanberg, en traitant par 
la potasse caustique l'acide du cachou ; lequel offre la composition repré- 
sentée par la formule précédente. Cependant quelques différences s’obser- 
vent dans les analyses qui ont donné 1 pour cent d'hydrogène de trop. 

» Cet acide s'obtient très facilement avec le sucre d’amidon fondu et 


(535) 


une lessive concentrée. de potasse caustique; l’action est des plus vives. 
Quand la coloration,est devenue très intense, on ajoute de l’eau et l'on 
précipite l'acide au moyen de lacide chlorhydrique. 

» Si l'identité avec, l’acide japonique existe, cet acide à l’état sec est re- 
présenté par C#H'$O*. 

» Ces deux acides ne diffèrent du sucre que par de l’eau en moins. En 
effet, C#8H#2 02: sucre anhydre, devient C48 H#O15 premier acide, en 
perdant 6H°0. 

» Puis C48 H% O'Ÿ devient C#H!6 O8 acide japonique, en perdant 7H°0. 
Le sucre perd donc ainsi de l'eau successivement, au sein même de l'eau. 
Cette transformation remarquable est bien caractéristique pour le sucre 
d’amidon et ses analogues. 

» En soustrayant le sucre et l’alcali au contact de l’eau, le phénomène de 
décomposition ne se manifeste pas : on obtient un saccharate alcalin dans 
lequel le sucre est doué de ses propriétés ordinaires. 

» Le saccharate de baryte serait donc un corps très difficile à préparer, 
si l'on n’avait quelque moyen de parer à la formation des acides dont on 
vient de parler. Le saccharate de baryte du sucre des raisins s'obtient en 
mettant en contact des dissolutions de baryte et de sucre d’amidon faites 
au moyen de l'esprit de bois. Le précipité blanc qui prend naissance est 
lavé avec de l’esprit de bois, puis desséché d’abord à l’aide de la chaux vive, 
ensuite par l’acide sulfurique, afin d'éviter complétement l'intervention 
décomposante de l’eau. 

» J'ai étudié aussi l’action des acides et particulièrement celle de l'acide 
sulfurique concentré sur les sucres. Avec ce dernier et le sucre ordinaire 
on observe une forte coloration et la production d’une certaine quantité 
d’acide japonique. 

» Avec le sucre d’amidon, au contraire pas de coloration, et chose re- 
marquable, il y a combinaison de l'acide sulfurique avec ce sucre; en un 
mot, formation d'acide sulfo-saccharique. On sature par le carbonate de 
baryte, on traite par le sous-acétate de plomb, il se précipite lesulfo:saccha- 
rate de plomb qui a pour composition : C4 H#02°, SOS + 4P4O. 

» Mais je n'ai pas déterminé avec une précision convenable la quantité 
d’eau que l'acide sulfo-saccharique contient. . 

» Cet acide, à l’état libre, est très peu stable; il ne précipite pas les sels 
de baryte, forme des sels en général solubles. 

» Enfin, l’action de la chaleur sur les sucres, appliquée avec discerne- 
ment, fournit des résultats très simples. En opérant à 210° il se dégage de 


( 236 ) 


l'eau seulement et il reste un produit noir entierement soluble dans l’eau. 
Je lui ai conservé le nom de caramel. Purifié par l'alcool, il offre un corps 
sans saveur qui ne fermente pas. Sa composition est très simple C#5 H$6 O18 
et ne diffère de celle du sucre que par une perte d’eau. 

» Le sucre ordinaire et le sucre d’amidon donnent finalement le même 
produit dans cette circonstance. 

» Ces expériences modifient comme on voit singulièrement, les idées 
sur le poids atomique des sucres, tout en confirmant les analyses déjà 
faites pour le sucre de cannes, pour le sucre d'amidon. 

» Il reste démontré, je pense, par ce qui précède, que les propriétés 
du sucre que je viens de définir ou de constater sont de nature à jeter un 
grand jour sur les divers procédés industriels dont les sucres sont l’objet ; 
c'est ce que je me propose d'établir dans un autre mémoire. » 


mÉTÉOROLOGIE. — Sur la glace qui se forme au fond des rivières; par 
M. Marre. 


(Commissaires, MM. Arago et Dulong.) 


L'objet principal de l'auteur est de réfuter l’une des deux explications de 
la formation des glaces spongieuses flottantes que M. Arago avait signalées 
dans l'Annuaire de 1833; c’est précisément celle que M. Gay-Lussac a pris la 
peine de développer et d'enrichir de savantes considérations. Le prochain 
rapport des Cornmissaires nous fournira l'occasion de revenir sur ce curieux 
phénomène. 


comme. — MNouvelles recherches sur la composition des alcalis orga- 
niques ; par M. V. RrGNAULT, ingénieur des mines. 


(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet, Pelouze. ) 


« IL résulte de mon travail, dit M. Regnault dans la lettre qui accom- 
pagne son mémoire, que la loi généralement admise pour la composition 
des alcalis organiques n’est pas exacte, que ces bases ne renferment pas tou- 
jours 2 atomes d’azote dans 1 atome de base, comme on avait cru le remar- 
quer jusqu'ici; mais que plusieurs d’entre elles renferment 4 atomes d'azote. 

» Voici les formules que mes analyses me conduisent à admettre pour les 
bases organiques que j'ai examinées. 


(237) 


Equivalents. 
Morphine. . . . . . . H C$ Az O5 + Hf O2. . . . . 3702,» 
Cotémnes PEER RH PICS AT OR 201,9 
NarcOURE RER REA CE PAZ ONE 5274 
OUEN EN EU SC EAZ OH OV EM ET rG0,0 
CCE RME RENE EN PAT ONE EN OP 301,1 
SicychniRe EME ANGEL AZAION ENTRE TON OC 439718 
Brucine sus... : HS5#C# Az4 Of :« Ho 010. . . & 5160,1. 


» Il résulte également de mes recherches que tous les sels formés par 
les bases organiques avec les oxacides renferment 1 atome d’eau qu'on ne 
peut leur enlever sans les décomposer. Ainsi ces bases présentent une 
analogie complète avec l’'ammoniaque dans leur manière de se comporter 
avec les acides. 

» J'observerai que les substances azotées basiques, si remarquables, 
découvertes dans ces derniers temps par M. Liebig, je veux dire, l'ammé- 
line et la mélamine renferment 1 atome d’eau dans les sels avec les oxa- 
cides qui ont été examinés. Mes analyses démontrent qu'il en est de même 
pour l’urée; les oxalates et nitrate d’urée, que l’on a regardés jusqu'ici 
comme anhydres, renferment 1 atome d’eau, 

» On est ainsi conduit à former un même groupe des substances ba- 
siques que nous présente le règne organique. Ces substances se distinguent 
non-seulement par ce caractère remarquable qu’elles renferment toutes de 
l'azote, mais encore par leur manière de se comporter avec les acides. 
Ainsi ces bases se combinent directement avec les hydracides, sans les 
décomposer, comme cela a lieu avec les bases oxidées du règne minéral; 
et, avec les oxacides dissous dans l’eau, elles forment des sels qui re- 
tiennent toujours 1 atome d’eau qu’on ne peut leur enlever sans les dé- 
composer. » 


ÉCONOMIE RURALE. — {Vote sur la conservation des grains; par M. le général 
DEmARçAY. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, de Mirbel, Dulong, Séguier. ) 


Cette note est accompagnée de la lettre suivante : 

« Depuis 1825 jusqu’à ce jour, je conserve mes blés (froment), sans au- 
cune espèce de soins , et sans y toucher. La première expérience a eu lieu 
du mois de novembre 1825 à la fin de juillet 1828. Le blé mis dans mon 
grenier était de la récolte de 1825; il y est resté, sans qu’on y ait touché, 
jusqu’à la fin de juillet 1828, époque de la vente. Ce grenier a toujours 

C. R. 1838, 1e° Semestre. (T. VI, N° 8.) 32 


{ 238 ) 


été employé depuis à recevoir mes blés, que j'ai vendus en raison des 
convenñances du prix. Les récoltes de 1834 et 1835 y sont restées environ 
trois ans, comme à la première expérience; Jamais ils n’ont été attaqués 
par les charançons. Jamais ils n'y ont éprouvé la moindre humidité, et le 
blé avait toujours, au moment de la vente, la couleur, l'aspect et le ma- 
niement du blé de l’année, et je suis porté à croire qu'il y serait resté 
indéfiniment avec le même degré de conservation. Ce grenier contient 
220 hectolitres, ou 360 quintaux. Ces expériences ont été faites au vu et 
au su de tout mon voisinage, et peuvent être attestées par plus de 100 
personnes, parmi lesquelles se trouvent notamment les acheteurs du blé. 
Le peu de mots que je vais dire de ce moyen de conservation, insuffisant 
pour le public, suffira, je crois, pour que le résultat annoncé paraisse 
non-seulement possible, mais encore très probable, à Messieurs de l’Aca- 
démie des Sciences. 

» Si le blé à conserver n’est pas exposé à une chaleur au-dessus de +13°, 
et à moins de + 7° R.,si en même temps il est contenu dans l'air le plus 
sec possible, qui n’éprouve presque jamais ni mouvement, ni variation 
hygrométrique, il se trouvera dans une condition convenable pour que 
les œufs des charancons ne puissent y éclore, et que ces insectes ne 
puissent s’y propager. Le blé y sera toujours sec, et continuera à rester 
constamment dans cet état. L'écorce en sera toujours brillante, polie, et 
le grain coulant à la main, comme cela a lieu pour le blé nouveau quand 
il est très sec, Voyons si j'ai mis mon blé dans cette situation. 

» J'ai fait établir dans une glacière une caisse posée sur une char- 
pente, à 1 pied au-dessus du fond de la glacière. établis des poutrelles 
appuyées contre les murs, la glacière est ronde; c’est un cône tronqué. 
J'ai fait clouer un parquet sur la charpente du fond et sur les poutrelles 
latérales, de manière que l'air peut s'élever avec la plus grande facilité 
du fond, par tout le pourtour de la caisse, jusqu’au toit de la glacière, 
qui est en paille, exposé aux courants d'air et à l’action du soleil. Je 
prie de bien remarquer ce point, qui avec la position de la caisse forme 
tout l’artifice et la particularité de mon grenier. On doit encore savoir 
qu'on met sur le haut de la caisse des planches les unes à côté des au- 
tres, comme un diaphragme, pour s'opposer au mouvement de l'air, et 
à la propagation de la chaleur, On remarquera que la caisse, dans tout 
son pourtour, est éloignée des murs de la glacière d’une distance égale à 
l'épaisseur des poutrelles. 

» On verra facilement, en pensant aux greniers ordinaires, que la cha- 


(239 ) 

leur y varie de — 8° où — 10° jusqu'à + 24 ou 26° et que le blé sy 
trouve exposé à une variation dechaleur de 34 degrés au moins, et, sous le 
rapport hygrométrique, à des variations extrémement marquées. De là 
la cause qui ride l'écorce du blé, la rend légèrement grise, puis plus fon- 
cée, puis plus ridée, et enfin, au moyen de pelletages et autres mouve- 
ments qu'il faut faire éprouver au grain, finit, après deux ou trois ans au 
plus tard, par le couvrir d’une poussière qui ne fait que s'accroitre , et 
lui donne cette couleur désagréable qui nuit beaucoup à sa valeur. Si l’on 
réfléchit à la position de mon grenier, on verra qu'il doit avoir, à 2 ou 3° 
en plus ou en moins, la température d'une cave: Quant à la sécheresse de 
l'air contenu, il suffit de penser à la construction que j'ai donnée, pour 
voir qu’il doit rester constamment sec, et que le blé ne doit être exposé 
ni aux charancons, ni à l'humidité, ni aux gonflements et rétrécisse- 
ments successifs qui ont lieu dans les greniers ordinaires, et qui causent 
inévitablement les inconvénients dont je viens de parler, l'écorce ridée et 
grise. 

» Je donne dans la note ci-jointe les dimensions du grenier dont je me 
suis servi; jy joins le devis d’un autre grenier, sur les mêmes principes, 
mais avec quelques modifications. Je me suis servi de ma, glacière telle 
qu'elle était, On y verra que le grenier projeté, de la contenance de 
1250 hectolitres, dont la construction ne reviendrait pas dans ma localité 
à 8oo fr., y est portée à 1200, avec des détails qui convaincront, je crois, 
tout homme ayant quelques notions de constructions. Si l'on compare ce 
grenier aux greniers ordinaires, on verra qu'il ne coûte pas la dixième 
partie de ce que coûteraient les greniers pouvant contenir la même quan- 
tité de grain. Je donne aussi une coupe du grenier projeté; j'y donne de 
plus un exemple de spéculation dont toutes les données sont calculées , 
de manière à prouver que je n’abonde pas trop dans mes idées. Je joins 
encore à ma note deux extraits imprimés des /nnales de l'Agriculture , 
l'un du cahier de décembre 1823, et l’autre extrait du tome 27, deuxième 
série du même ouvrage, pour l’année 1826. Non-seulement j'y parle de 
ma glacière et du grenier que j'y ai placé, mais jen donne la description, 
et j'y rends même compte de la première partie de mon expérience, ter- 


minée en juillet 1828. » 


32... 


( 240 ) 


HYDRAULIQUE PRATIQUE. — Mémoire sur un nouveau système d'écluses à 
flotteur et à colonne oscillante ; par M. ANATOLE DE CaLiGny. 


(Commissaires, MM. de Prony et Coriolis. ) 


Le système d’écluses à décharges latérales, inventé en 1646 par le 
maître charpentier Dubié, et exécuté à Bouzingue, exige, quant au temps, 
que l’éclusier opère la fermeture de diverses vannes avec une précision 
mathématique. M. de Caligny y supplée par des moyens mécaniques mis 
en action à l’aide de flotteurs. Quant à la partie du liquide qui ne doit pas 
entrer dans des décharges latérales, l’auteur l’applique, comme force mo- 
trice, à un bélier 4 une seule soupape, à l'aide duquel il fait remonter une 
partie de cette eau dans les biefs supérieurs. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Observations sur un mémoire de M. Iusrr, 


relatif à la théorie de la chaleur; par M. Liouvizee. 


(Commissaires, MM. Biot, Poisson, Poinsot, Sturm.) 


Ce mémoire de M. Libri est inséré dans le tome 7 du Journal de 
M. Crelle, page 116. L'auteur s’est proposé d'y développer une méthode 
nouvelle d’approximation, mais, suivant M. Liouville, les formules aux- 
quelles il arrive sont inexactes, et le principe général sur lequel il s’appuie 
est inadmissible. 


Après l'analyse verbale que M. le Secrétaire perpétuel fait du mémoire 
de M. Liouville, M. Lier: prend la parole et présente quelques observations 
à ce sujet. Il ajoute, au reste, qu’il ne pourra discuter les arguments de 
M. Liouville que lorsqu'il lui aura été permis de prendre connaissance de 
ce travail (r). Le mémoire de M. Libri, que M. Crelle a bien voulu reproduire 
dans son Journal, a paru pour la première fois, en Italie, en 1827. 


(1) Dans un Mémoire inséré parmi les nouveaux Mémoires de l'Académie des Sciences 
(voyez tome VIIT, p.621), M. Fourier a parlé du travail de M. Libri, dont il a ap- 
prouvé la méthode et les résultats. Peut-être est-il permis de croire que M. Liouville, 
s’il se fût rappelé cette circonstance, aurait été moins affirmatif dans sa critique. (Note 
de M, Zabri.) 


(241) 


CHiMiEe. — De l'action que le chlore exerce sur les bases salifiables ; 
par M. PELLETIER. 


(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet, Pelouze. ) 


L'auteur donne dans les termes suivants le résumé de ce travail : 


« 1°. Le chlore ne se combine point aux bases salifiables organiques. 

» 2°. Il agit surelles en les décomposant : il se porte principalement sur 
l'hydrogène et forme de l'acide hydro-chlorique. 

» 3°. Le résultat de cette action est la formation d’une substance par- 
ticulière pour chaque base. Ces matières sont neutres , incapables ‘de 
saturer les acides, un petit nombre paraissent susceptibles de cristal- 
lisation. 

» 4°. La strychnine est la substance alcaloïde qui fournit les résultats les 
plus positifs. Elle produit avec le chlore une matière d’un bleu éclatant 
soluble dans l'alcool et dans l’éther. C’est un corps composé de cinq élé- 
ments dont l'analyse est rapportée avec tous ses détails dans la notice, et 
dont la composition peut être représentée par la formule 


C# H% Az CI O5. 


» 5°. L’extrème sensibilité du chlore comme réactif de la strychnine, 
(réactif qui était encore à trouver) devient un moyen précieux d’inves-- 
tigation, dans les Recherches toxicologiques relatives à cette substance 
si éminemment vénéneuse, » 


CORRESPONDANCE. 


ASTRONOMIE. —Âu moment de retourner à Naples, le savant directeur de 
l'Observatoire royal de cette ville, a mis sous les yeux de l'Académie, plu- 
sieurs instruments destinés à enrichir ce bel établissement. Le premier est 
un photomètre dont M. Capocci se propose de faire usage dans la déter- 
mination des grandeurs relatives des étoiles. L'image de comparaison ré- 
sulte de la réflexion de la lumière d’une petite bougie sur une boule sphé- 
rique en acier. Des diaphragmes à ouvertures variables, servent à graduer 
convenablement les intensités. En substituant une boule d'ivoire à la boule 
métallique, l’auteur espère obtenir des images assez analogues au noyau 
et à la chevelure des cométes, pour être à même d'étudier les change- 


(242) 
wents de forme et d'intensité de ces astres mystérieux, plus exactement 
qu'on n'a pu le faire jusqu'ici. S 

Les verres colorés , présentés par M. Capocci, sont des combinaisons 
dans lesquelles, en profitant des belles découvertes de M. Melloni, on a 
trouvé le moyen d’arrêter presque en totalité les rayons calorifiques qui 
mélés à la lumiere et formant foyer en même temps qu'elle, rendent les 
observations du Soleil si pénibles. 

Le troisième instrument est un micromètre destiné à l'observation des 
comètes tres faibles. Les repères consisteraient en quatre petites aigrettes 
électriques, situées aux pointes de quatre fils métalliques placés deux à 
deux en regard. M. Capocci a aussi l’intention de se servir d’un fil très 
fin, qui sera rendu lumineux par un couple voltaique placé à côté de 
l'oculaire. M. Arago et M Savary avaient, chacun de leur côté, songé 
jadis à cette dernière combinaison, et ils en ont parlé dans leurs cours. 
M. Arago a renoncé à la faire exécuter, par la crainte, peut-être mal fondée, 
que le petit fil incandescent ne donnât lieu à des courants d’air qui nui- 
raient un peu à la netteté des images. Pl 


M. Libri présente la copie légalisée d’une lettre que M. Matteucci écrivit 
à M. Linari le 5 avril 1836, et dans laquelle on lit deux passages dont 
voici la traduction littérale : 


« Je me réjouis en apprenant que vous avez vu l'étincelle de la torpille. 
» Pourquoi n’étais-je pas avec vous ? J'espère pouvoir bientôt la répéter ; 
» il sera nécessaire que vous me racontiez minutieusement toute l’expé- 
» rience et que vous me décriviez l'appareil. J'en écrirai à Arago et je lui 
» ferai l'historique sincère du fait. Ne négligez donc pas de m'en donner 
» la description. ...... MR MAN A0 EH LÉ A PHP ME dc A do 

» Écrivez à Antinori et à Giorgiet parlez-leur de votre belle expérience. 


» Adieu, votre affectionné, 
» MaTTEUGCI. » 


La lettre de M. Matteucci à M. Santi-Linari sera déposée aux archives 
de l'Académie. 


Après avoir rappelé quelques circonstances de la discussion de priorité 
que les dernieres observations sur la torpille ont fait naître entre 
MM.Matteucci et Santi-Linari, le Secrétaire perpétuel se hasarde à émet- 
tre l'opinion qu'il s’est formée touchant les droits respectifs des deux com- 
pétiteurs. Suivant lui, et sauf de plus amples informations, M. Matteucci 


(243) 
a imaginé les moyens généraux d’expérimentation, et M. Linari les a mis 
le premier en pratique, en les perfectionnant plus ou moins. 


CHIMIE. — Action des charbons incandescents sur la vapeur d'eau; Note 
de M. Lonccæamr, en réponse aux observations de M. Gay-Lussac, 
consignées page 180 du Compte rendu. 


« Aprés la communication faite par M. Arago de la note dans laquelle 
je fais connaître les résultats que j’ai obtenus de l’action de la vapeur d'eau 
sur le charbon incandescent , M. Gay-Lussac a observé, avec raison, que 
si l'écoulement de la vapeur a été très rapide, les charbons ont pu être 
suffisamment refroidis pour qu'il n’y ait pas eu de décomposition. 

» On se convaincra à la lecture de ma note, que le charbon a toujours 
été maintenu au rouge-blanc. L’écoulement a toujours été en même pro- 
portion pendant toute la durée des opérations, et pour cela le réservoir 
qui alimentait l'écoulement avait une assez grande surface pour que la 
hauteur de la colonne d’eau ne variât pas sensiblement, et toutes les 40 
minutes je versais dans le réservoir 5oo grammes d’eau, quantité qui 
s’écoulait pendant ce temps par l'ouverture du robinet, qui a été fixée 
une fois pour toutes. 

» boo grammes d’eau en 4o minutes donnent 5o grammes par 4 minutes, 
ou environ 1 gramme d'eau en 5 secondes. Le tuyau de fonte avait deux 
centimètres d'épaisseur, sa capacité était de prés de cinq litres, dont trois 
litres étaient maintenus au rouge-blanc. Quel pouvait être l'effet d’un 
gramme de vapeur d’eau introduite en cinq secondes pour refroidir une 
pareïlle masse et une pareille capacité ? 


» Lorsque j'ai remis ma note à M. Arago, en le priant d’en faire la com. 
munication à l’Académie, il m’a fait observer que mon expérience, pour 
lever toute objection , devait être recommencée dans un tube de porcelaine. 
L'observation de M. Arago paraît avoir été reprise dans la séance par 
d’autres Académiciens. Sans doute l'expérience serait à faire, mais les chi- 
mistes qui la feront devront en discuter avec soin les résultats; car il n'y 
a pas de bois qui ne contienne des sels, lesquels sont réduits à leurs bases 
par la carbonisation, et ces bases ramenées à l’état métallique par la réaction 
du charbon fortement chauffé. Si donc vous portez les charbons au blanc, 
la vapeur d’eau introduite sera décomposée, et il y aura production d'hy- 
drogène, puis le carbone réagira sur les oxides pour donner naissance à 
de l'oxide de carbone; enfin les effets se passeront dans le tube de porce- 


(244) 


laine comme ils se sont passés dans le tuyau de fonte, il n’y aura de diffé- 
rence que dans la quantité de gaz produit. 

» Au surplus, le sujet est trop important pour que je ne cherche pas à 
l'éclairer. Ne voulant pas abuser des moments de l'Académie, je ne suis 
entré dans aucune discussion des résultats ; mais je publierai cette discus- 
sion avec tous les développements qu’elle commande, et j'espère qu'il 
restera pour incontestable que le charbon de bois incandescent ne décom- 
pose point l’eau. 

» Je rappelle qu'il ne s’agit ici que du charbon de bois, que c’est seule- 
ment le résultat admis par les chimistes que je conteste; car j'ai déjà dit 
et je prouverai que le carbone, dans des circonstances données, décom- 
pose l’eau. » 


M. l'amiral Roussis, dans une lettre écrite de Thérapia, en date du 
27 janvier, à M. Arago, donne quelques détails sur le éremblement de terre 
du 23 janvier, lequel a été ressenti aussi à Constantinople. 

« À 9 heures 35 minutes, dit l’auteur de la lettre, nous ressentimes deux 
secousses ; elles avaient lieu dans le sens du méridien, qui est la direction de 
la partie du Bosphore sur laquelle nous habitons. L’air était calme pendant 
la secousse ; mais le vent du nord qui régnait un peu avant, a recommencé 
aussitôt après. 

» Le mouvement ne parait pas s'être fait sentir sur la rive asiatique du 
Bosphore. » 


M. pe Paravey écrit qu'il a vu à Leyde, dans le cabinet de M. le pro- 
fesseur Van Breda , un squelette fossile de salamandre, de trois pieds en- 
viron de longueur, et beaucoup plus complet que celui qui a été figuré par 
Scheuchzer dans son Homo diluvii testis. Ce qui augmente l'intérêt de ce 
morceau, c'est qu'il renferme , dans la partie correspondante à l’abdomem, 
plusieurs coprolites où l’on distingue des fragments d'os de grenouilles, 
d’arètes d’anguilles, etc.; de sorte qu’on a ainsi la preuve que l'espèce an- 
tédiluvienne avait le même genre de nourriture que les grandes salamandres 
de notre époque. 

Une très grande salamandre rapportée du Japon par M. Siébold, vit en- 
core aujourd'hui au musée de Leyde, où on la nourrit principalement de 
grenouilles. Le célèbre voyageur avait apporté en Europe le mâle et la 
femelle, mais celle-ci fut un jour dévorée par son compagnon, qu’on avait 
sans doute laissé trop long-temps privé de nourriture, 


(245) 

M. de Paravey ajoute que cette salamandre est décrite dans lEncy- 
clopédie japonaise , dont nous avons à Paris une traduction chinoise, et il 
croit trouver dans la composition du caractère qui exprime en chinois le 
nom de l’animal , la preuve qu'on aurait dans ces pays les mêmes préjugés 
populaires qu’en Europe, relativement aux salamandres ; c’est-à-dire qu'on 
supposerait que le feu ne peut leur nuire. Il rappelle que les fables re- 
latives au caméléon , se retrouvent également en Europe et dans cette 
partie de l'Asie, et 1l tire de cette double coïncidence, un nouvel argu- 
ment à l'appui d’une opinion qu'il a déjà plus d’une fois soutenue, 
concernant l'existence d’un ancien centre de civilisation d’où seraient 
parties la plupart des notions relatives aux sciences et aux arts que nous 
avons reçues des Grecs et des Romains, ou que nous trouvons dans les 
vieux livres chinois. 


M. C. Soururer écrit relativement à un système de sonnerie pour les 
horloges, système qui diffère en quelques points de celui qu'a proposé, il y 
a quelque temps, M. Castil-Blaze. Ainsi, les coups frappés successivement 
ne sont pas les notes qui se suivent dans la gamme montante ou ascen- 
dante, mais des sons séparés par d’autres intervalles musicaux, et tels 
qu'ils forment un accord agréable à l’oreille lorsqu’elle les perçoit simul- 
tanément; or, dit M. Soullier, cette simultanéité de perception existe 
dans les sonneries à plusieurs cloches, la première frappée vibrant encore, 
lorsque la seconde est frappée à son tour. 


M. Beau et M. Soucurer D'ALLEx adressent, chacun, un paquet ca- 
cheté. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


À 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret, 


La séance est levée à 5 heures. ? 


C. R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 8.) 35 


( 246 ) 


BULLETIN LIBLIOGRAPHIQUE, 


Ï/ Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 1838, 1° semestre, n° 7, in-4°. 

Annales des Sciences naturelles rédigées par MM. Avuroun, Mine 
Enwarps, BroneniarT, et GuiLLemiN, tome 8, août 1837, in-8°, 4° année, 
2° série. 

Annules des Mines ; 3° série, tome 12, 4° livraison de 1837, in-8°. 

Journal de la navigation autour du globe de la Frégate la Thétis et la 
Corvette YEspérance, pendant les années 1824, 1825 et 1826, publié 
par ordre du Roi, sous les auspices du département de la Marine; par 
M. le baron DE Boucainvizce, 2 vol. in-4°, avec un atlas de planche in fol. 

Voyage dans l'Amérique méridionale, par M. »'Onmeny, 30° livraison 
in-8°. 

Essai sur les Cryptogames des écorces exotiques offcinales, 2° partie : 
supplément et révision; par M. A.-L.-A. Fée, Paris, 1837, in-8°. 

Recherches sur la partie théorique dela Géologie; par M. H. pe La Brours, 
traduites de l’anglais par M. ne Cozrecno, in-8°. 

Bulletin de la Société de Géographie; 2° série, tome 8, juillet à dé- 
cembre 1837, in-80. 

Nouvelles recherches sur l’'Ophthalmie contagieuse qui règne dans les 
armées et principalement dans celle des Pays-Bas ; 2° édition par M. Lu- 
SAKDI, Paris, 1838, in-8°. 

Des enfants-trouvés et du danger de la suppression des tours dans la 
ville de Paris; par M. Arexis Hamez, brochure in-8°. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 9, in-8°. 

Revue critique des livres nouveaux; rédigée par M. Joez Cuersuutez, 
n° 2, 1836, in-8. 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle , rédigée par M. Marin, 
sous la direction de M. Gaurrien ne CLausry. 

Principles of.... Principes d'économie politique , 1"° partie. Lois de la 


production et de la distribution des richesses; par M. H.-C. Carey, in-8°. 
Philadelphie. 


(247) 

Proceedings of.... Comptes rendus des séances de la Société royale 
d'Édimbourg ; w° 12, 4 décembre 1837, et 1° janvier 1838, in-8°. 

Astronomische.... Nouvelles Astronomiques de M. Scnumacuer, n°°3 
—5, in-4°. 

Tijdschrift voor.... Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie, 
publié par MM. J. Vanoer Hosvex et W.-H. pe Vrisse, 4° partie 1° et 
2° livraison in-8°, Leyde. 

Journal général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par 
M. Miquez, 7° année, tome 14, 5° et 4° livraison, in-8°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 19—21, in-4. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 7, in-#°. 

La Phrénologie, tome 1, n° 31, in-4°. 

Écho du Monde savant ; n° 309—510, in-4°. 

L'Expérience, Journal de Médecine ; tome 1, n° 20 et 2r. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 26 FÉVRIER 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL, 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


Après l'adoption du procès-verbal, M. Bror lit la note suivante : 


« M..le Président, vous m'avez nommé Commissaire, avec trois autres 
membres de l’Académie, pour examiner un Mémoire adressé par M. Liou- 
ville, en réfutation d’une méthode analytique publiée par M. Libri ; je 
désire être déchargé de cette commission. 

» J’admets dans la, critique scientifique une entière liberté, quant aux 
‘Personnes et aux ouvrages ; mais je crois que, pour produire des résultats 
utiles, il faut qu’elle tire toute sa force d'elle-même, par l’assentiment que 
lui donne un examen:libre et, individuel. 

»Lintervention collective. des membres de l'Académie, comme juges des 
critiques élevées contre leurs confrères, me parait contraire à ce: carac- 
tère d’individualité, ainsi qu'à l'ensemble d'action quivest nécessaire à 
l’Académie : comme corps littéraire. : i 

:»; Gest pourquoi, je| veux m’abstenir d'y prendre parts et je demande 
que cette déclaration, soit, consignée au proces: verbal.» 
CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N°9.) 34 


( 250 ) 


PRYSIOLOGIE. — Analyse microscopique faite sur des globules de lait à l'état 
pathologique; par M. Turpix. 


Le 30 décembre dernier, M. le docteur Breschet, notre confrère, m'a 
écrit la lettre suivante : « Je vous envoie une assez grande quantité de 
» liquide puriforme que j'ai retiré, ce matin même, du sein d'une jeune 
» femme de 17 ans. C’est à la suite d'une couche que cette jeune personne 
» a eu un phlegmon au sein, ce que les bonnes femmes nomment /e poil. Je 
» crois que dans ce liquide, qui-n’est.pas homogène, et dans lequel nagent 
» des flocons comme caséeux, il doit se trouver du lait et du pus. L’examen 
» microscopique et chimique pourra nous faire connaître l’existence de ces 


» deux liquides: » 

« Le liquide recueilli par M. le docteur Breschet au moment de l’ou- 
verture du sein engorgé, était divisé dans deux flacons : dans lun la cou- 
leur ressemblait à celle du café au lait tirant sur le verdâtre, dans l’autre 
c'était une couleur sanguine, occasionée par le mélange du premier li- 
quide avec une certaine quantité de sang écoulé au moment de l'opération. 
La consistance de ces deux liquides était celle de la crème du lait. 

» Aucune odeur, si ce n’est celle peu sensible de la pomme de rainette, 
ne s’en exhalait, mème après avoir été exposés à l'air pendant plus de 
quinze jours {et à une température d'environ 20° centig. Ce défaut presque 
absolu d’odeur dans des matières organiques à l’état purulent qui, ordi- 
nairement, se corrompent et deviennent d’une fétidité On AUEPIEE 
m'a paru une chose qui méritait peut-être d’être signalée. 

» Quant à Ia saveur, il sera facile de deviner pourquoi je n'en. parle 
pas: 

» Analyse microscopique du liquide verdätre. — Comme dans la com- 
position du lait naturel, ce liquide offrait au microscope une quantité 
considérable d'individus globuleux et vésiculeux, suspendus dans l'eau sé- 
reuse et variant dans; leur diamètre depuis le PRIE nr de jus: 
qu'à 35 de mill. ls 

» ie innombrables globulins, quelquefois agglomérés ‘enrmasse où en 
ilot, couvraient, comme.d’un ponctaétres fin, toutle pt dumicros- 
cope sur lequel ils étaiént entièrement immobsites. 

» Parmi ces 'globulins inmmobiles se trouvaient unie foule: dés globules de 
lait de grosseurs variables et graduées, dont les uns, ense dessinant'nét- 
tement dans leur:contour sphérique parun double: cerélé inôir, “étaient, 
comme à l’état normal,’ transparents ét-incolores; tandis qu'un bien plus 


Ÿ 1 


(261 ) 


grand nombre, évidemment altérés et passés à l’état pathologique ou de 
mort, étaient devenus opaques, verdâtres et comme flétris où galeux à 
leur surface. 

» C'était à la couleur verdätre de ces nombreux globules malades qu'é- 
tait due celle du liquide laiteux vu à l'œil nu, comme cela arrive aux 
autres globules de l’organisation animale lorsqu'ils s’altèrent et forment les 
divers pus qui, blancs d’abord , verdissent ensuite plus ou moins. 

» Ayant vu, sur quelques-uns de ces globules verdâtres et comme fraisés, 
sortir peu à peu de leur intérieur des extensions sphériques, blanches et 
transparentes , qui ressemblaient beaucoup à celles des germinations nais- 
santes des globules de lait à l’état sain, je crus d’abord que ces glo- 
bules, quoique malades, commençaient à végéter. 

» Mais je ne tardai pas, en en observant un grand nombre en divers états, 
à m'apercevoir que je m'étais trompé, et que ces extensions plus ou moins 
avancées , au lieu d’être un acte de vie chez ces globules, ne prouvaient 
au contraire que leur état de mort. 

» En étudiant, sous le microscope, ces extensions transparentes à me- 
sure qu’elles sortaient de l’intérieur de la vésicule externe, opaque et ver- 
dâtre, on voyait que c'était une action toute mécanique dans laquelle la 
vie du globule n'avait aucune part. 

» La vésicule extérieure, en continuant de se contracter, finissait par 
se déchirer et par vomir la vésicule interne dans l’espace. 

» Peut-être aussi que celle-ci, en pouvant s’abreuver d’une plus grande 
quantité d’eau, augmentait de volume, et forçait, par ce moyen, son en- 
veloppe protectrice à se rompre, et à la lancer au dehors par une sorte 
d’élasticité (1). 

» Parmi tous ces. globules de lait, petits et gros, les uns étaient en- 
tiers, les autresen action d’expulser la vésicule interne, et d’autres, enfin, 
réduits à la seule vésicule externe, plus ou moins déchirée , laissaient voir 
près d’eux la vésicule interne et transparente qui venait d’en sortir comme, 
par exemple, la châtaigne sort de son enveloppe hérissée. 

» On remarquait que ces vésicules internes, naturellement sphériques 
et molles, s’allongeaient quelquefois en poire ou en larme au moment de 
leur expulsion , lorsque l’ouverture de la vésicule externe n’était pas assez 


(1) J'ai observé un semblable mode d’expulsion de la vésicule interne chez des glo- 
bules vésiculeux du Protococcus kermesinus: qui étaient morts et dont la vésicule 
externe , contractée , paraissait comme dentelée en ses bords. 


34. 


(22 ) 


grande, et, qu’assez souvent, après être sortie, elles se dilataient dans de 
certaines limites, soit, plus ordinairement, sous la forme régulière d'un 
globule sphérique ou ovoïde; soit, plus rarement, sous celle irrégulière 
et comme lobée. 

» Toutes montraient le double cercle indiquant, tout-à-la-fois, l'épais- 
seur de la vésicule et la preuve de sa cavité. 

» Quelques-unes étant accidentellement déchirées, faisaient souvenir de 
ces déchirures analogues qui se manifestent à la surface de l'écorce des 
grains de globuline ou de fécule, soit naturellement, soit plus souvent 
quand on les soumet à l’action de l’eau élevée à la température de plus 
de 60 degrés cent. 

» De ces vésicules déchirées, comme de celles des fécules crevées, on 
voyait sortir et se répandre sur le porte-objet un grand nombre de globulins 
paraissant fauves sous le microscope. 

» Ce lait abandonné pendant quelques heures entre deux lames de verre, 
n’offrait plus guère que des vésicules internes dépouillées et isolées; et les 
cadavres opaques et verdâtres provenant des vésicules externes restées 
à côté. 

» Ces deux enveloppes constitutives du globule du lait, ainsi séparées 
l’une de l’autre, paraissaient comme noyées dans l’eau troublée par la pré- 
sence d’un nombre prodigieux de globulins échappés , pour la plupart (1), 
de l’intérieur de la vésicule interne: 

» Je n’ai vu aucune production filamenteuse émanant, par extension 
vitale, de la vésicule interne. Il est plus que probable que ces globules de 
lait, vu leur état pathologique où de\mort, ont perdu la propriété de 
s'étendre et de végéter. Cependant je m'aperçois, en visitant aujourd’hui 
les préparations de ce lait faites entre deux lames de verre depuis quinze 
jours (2), qu'un grand nombre de vésicules internes dépouillées se sont 
ovalisées, et que plusieurs s’allongent et paraissent germer (3). 

» Globulins rouges colorés par l'hématosine et agglomérés après leur 
séparation des globules sanguins. — Je dois encore signaler de petites 
agglomérations informes, composées de globulins excessivement ténus, d’un 


(1) En cet état on ne peut distinguer les très petits globules de lait des globulins ex- 
pulsés de l’intérieur des gros globules. 

(2) Ce travail devait être lu depuis un mois. 

(3) Ces extensions se sont arrêtées au point où on les voit sur le dessin, figure e. 
La cause de cet arrêt provient-elle de la rigueur de la saison ou de ce que les globules 
étaient en mauvais état? 


(553) 


rouge-brun sanguin, quelquefois limitées circulairement par l’un de leurs 
bords et telles que l’on.en trouve assez souvent parmi les globules de lait 
à l'état sain et parmi les vésicules des tissus cellulaires animaux, comme 
plus particulièrement dans celui du foie. 

» Ces agglomérations, très inégales dans leurs formes et dans leur éten- 
due, dont, que je sache, on n’a point encore parlé, sont produites par 
la réunion d’un grand nombre de globulins teints en rouge par l’hématosine 
et dégagés des globules du sang. 

.».il est remarquable que les globulins rouges qui ne paraissent dans 
le globule,sanguin que par la couleur rouge qu'ils lui communiquent, 
et non sous leur forme globulineuse, deviennent sensibles et même me- 
surables, après qu’ils n’en font plus partie, et que, bien entendu, ils restent 
plongés dans un liquide nutritif, de manière à ce qu’ils puissent vivre et 
grandir assez pour pouvoir être aperçus sous le microscope. 

» Quand on saura bien que les globulins, absolument invisibles, dont est 
formée la partie consistante , collante et organisée de l’albumen de l'œuf, 
vivent, croissent, se vésiculisent, atteignent peu à peu le diamètre d’un 
100% de mill., et qu'en germant et en végétant ensuite, ils deviennent 
autant d'individus, articulés et rameux du genre Leptomitus , Chaque fois 
que l’on plonge ces globulins encore invisibles, dans une eau convena- 
blement aiguisée de sucre et sous une température d’environ 25. degrés 
centigrades (1), on croira sans peine, par analogie, que les globulins 


(1) Ta substance de l’albumen de l’œuf doit sa densité, son action collante et filante 
à la présente et à.la cohésion d’un grand nombre de globulins qui, vu leur trop grande 
transparence.et leur excessive ténuité,!ne peuvent pas plus être sensibles sous le mi- 
croscope que les éléments des sels dissous, ou que les globulins qui proviennent de la 
fécule bouillie et filtrée , et que l’iode seul , en les colorant en bleu, peut décéler dans 
l’eau où ils se trouvent en suspension. 

Mais comme les globulins de l’albumen de l’œuf existent réellement et que chacun 
d’eux a,son centre vital particulier, il en résulte que chaque fois qu’on leur offre un 
milieu et des aliments convenables , ils croissent ,: deviennent bientôt visibles sous le 
microscope, et se développent peu à peu en un Lepiomitus moniliforme et rameux, 
conime les globules du lait en un Penicillium glaucum. 

lCette végétation, provenant ou tirant son origine de l’un des globulins de l’albumeu 
de l'œuf soumis à l’action d’influences nouvelles , offre beaucoup d’analosie avec celle 
produite par le globule du lait et celle moniliforme et presque rameuse, Torula cervisiæ, 
Turp., qui s’obtient de l’un des globulins du périsperme de l’orge pendant la fabrica- 
tion de;la bière, végétation qui, désarticulée ou simplement affaissée sur elle-même, 
a été considérée, sous le nom de Levure, comme une pâte ou comme une matière or 


(254) 


rouges des globules du sang, doués de leur vie particulière, sont éga- 
lement susceptibles de croître assez pour devenir apparents après leur 
désagrégation et leur isolement du globule sanguin:, lequel n'offre plus 
en cet état qu'une enveloppe sans vie, molasse, décolorée, prête à se 
décomposer moléculairement dans le sérum, et à servir de pâture, soit 
aux globules sanguins existants, soit, entraînée par la circulation, aux 
autres organes élémentaires de l'organisation: 


» Analogie entre la structure organique , et la couleur rouge des glo- 
bules sanguins des animaux , et celle des globules rouges végétaux nom- 
més PRoTOcOcCUs KERMESINUS. — Ce que je viens de dire relativement à 
la présence des globulins rouges des globules du sang, se trouve parfai- 
tement expliqué par la structure fort analogue de ces petits végétaux 
rouges, globuleux et vésiculeux si répandus dans la nature, et qui souvent 


ganique sans organisation, lorsque en réalité cette pâte, vue au microscope, estiune 
agglomération composée d'individus globuleux, vésicukeux et remplis de globulins re- 
producteurs ; agglomération rigoureusement comparable à celle d’un tas de blé vu de 
très loin et dont chaque grain, comme individu, n’attend que des circonstances favo- 
rables à son développement pour devenir une plante et reproduire. 

Bientôt, les faits arrivant, il paraîtra tout aussi naturel de voir les globules qui 
auront fait partie de l’orgañisation générale et de la vie d’association d’un végétal ou 
d’un animal , étant placés sous des influences nouvelles, continuer encore leur existence 
organique particulière en végétant, en s'étendant et en se transformant en diverses es- 
pèces de moisissures ou de mucédinées, que de voir les globules vésiculeux du pollen 
des anthères s’allonger en de longs boyaax ou pénis végétaux, se terminant après leur 
introduction dans l’ovule , dit-on, en un gland globuleux ; ou encore, le globule mi- 
croscopique et hyalin de l'embryon naïssant du chêne, se métamorphoser insensible- 
ment en un grand arbre solide et de longue durée. 

Pour que les transformations filamenteuses des globules organisés paraissent natu- 
relles, pour qu’elles n’excitent plus l’étonnement , parfois même l’incrédulité malgré les 
faits, il faut être bien convaincu de cette grande vérité : que les végétaux et les animaux 
ne sont pas des êtres simples, mais bien des individualités composées, sortes d’ag- 
glomérations formées d'un nombre plus ou moins considérable d'individus plus simples 
doués, chacun , de son centre vital rayonnant d’accroissement, fixés le plus souvent, 
et se nourrissant, comme le fait le poil , sur le point de l’organisation générale qui les a 
vus naître et qui les voit mourir; ou, quoique faisant toujours partie de l’individualité 
composée, mobiles et errants dans l'épaisseur des tissus, comme les globules des sucs 
propres des végétaux, ceux des Charas, les globules sanguins, les animaleules sperma- 
tiques, etc., des animaux, tous soumis, sauf les derniers qui sé meuvent par eux-mê- 
mes, aux courants réglés des liquides aqueux dans lesquels ils:vivent en suspension 
comine dans un océan qui leur est propre, 


( 255 ) 


téignent'en couleur-de Sang , soit la surface dés roches, calcaires, soit les 
eaux douces ousalées, soit la neige ,ou la, glace, soit les cristaux de sel 
marin, soit enfin, comme-on va le voir tout-à-l’heure, la pâte translucide 
et'incoloreides :Agates rouges, végétaux que l'on désigne plus. particu- 
lièrement par les noms de Protococcus nivalis; Protococcus kermesi- 
nus (1), d'Hæmatococcus (2), etc. 

» Ces petits végétaux, quoique plus gros de moitié que les: globules 
sanguins offrent avéc ces derniers, uné très grande analogie sous. le rap- 
porb de l’organisation et probablement aussi sous celui de leur composi- 
tion chimique. 

‘:»1Une vésicule (peut-être deux emboîtées) transparente et sans couleur, 
d’üne sphéricité-parfaite et remplie de globulins rouges. et reproducteurs 
des l'espèce, constitue toute l’organisation de ces petits végétaux vésiculeux 
quiavec quelques autres analogues, marquent le début de l’organisation 
etrsemblent: n'être encore .que des,essais ou les représentants des organes 
élémentaires ou constitutifs des masses cellulaires des végétaux et des ani- 
maux plus complexes. 

om Lorsque:les globulins intérieurs de ces petits ae ae prennent de 
l'accroissement dans le,sein dela vésicule maternelle, pour devenir.des se- 
minules réproductrices , ils. donnent à. celle-ci l'aspect mamelonné d’une 
fraise. I)’après ce-modé-de développement ne peut-on, pas croire que les 
globules-sanguins des animaux; que l’on appelle fraisés à cause d'un sem- 
blable,.aspéct,, sont..également produits par l'accroissement d'un certain 
nombre des globulins;rouges qu’ils contiennent? 

» Toutes 1 mes recherches microscopiques m'obligent non- snletenpe à ad- 
meitre, cette analôgie,. mais encore à penser que les globulins rouges des 
globules sanguins sont les seminules de, ces corps organisés destinés à 


1(x) Protocobcus hivalis) EX Prolococcus tab Pl xGlobulina,kermesina, 

Dash. 5h) 16991007. rt: } 

242) Hæmatacpccus ; Ag, genre et dénomination inadmissibies, Ten ils n’expriment 
que l’état plus avancé et seminulifère des individus du génre Protococcus, comme de 
soncôtéM- Dimal la très bien observé chez son Protococcus salinus; lorsque quelques- 
uus des globulins. privilégiés; au nombredeun, deux, trois, quatre et quelquefois cinq, 
grossissent dans l’intérieur de Ja vésicule maternelle, aux dépens de, tousrles autres qui 
avortent,, et-de manière à ce. que; par cette augmentation ls. puissent: sexvir à la repro- 
duction et à, Jaymuhipliçation, de, l'espèce. On a, mal compris la structure de ces petits 
végétaux lorsque, l’oma.cru que les globulins grandis enseminules vésiculeuses formaient 
des loges ou des cellules servant à diviser la cavité unique de la sésicule maternelle, 


(256) 


rémplacer ét parfois à multiplier les anciens globules du sang à mesure 
qu'ils s'éteignent et cessent de vivre, comme individus, au milieu du sérum 
qui leur sert d'habitation et dans lequel ils puisent leur nourriture. 

» La couleur rouge des Agates est due à la présence d'un nombre plus 
ou moins grand de Protococcus kermesinus amoncelés ; ou, plus souvent, 
réduits à br globulins rouges (séminules) agglomérés ou codgiles et dis- 
tribués suivant certaines circonstances dans la pâte incolore de ces silex. 


» Puisque j'en suis venu à parler, par analogie, de ces innombrables 
Protococcus kermesinus et des globulins rouges qu'ils contiennent dans 
leur intérieur, je désire que l'on me permette, par occasion, d'ajouter 
que des études microscopiques et comparatives faites tout récemment 
et que je me propose de faire connaître ailleurs dans tous leurs détails, 
m'ont démontré que les couleurs rose, orangé, rouge sanguin et'rouge- 
brun (1) que renferme ou qu 1PVEo pe la pâte translucide et incolore 
des diverses sortes d’Agates, étaient dues à la présence, soit des globu- 
lins rouges également mélangés, comme dans l’Agate cornalines soit 
agglomérés en petits caillots irréguliers (2) et distribués en ondes: icir- 
culaires suivant certaines formes ou certains hasards qui existaient au mo- 
ment de la conglomération siliceuse; soit; enfin, mais plus rarement ; par 
celle de ces petits végétaux rouges tout entiers et reconnaissables au! mi- 
croscope. Il est impossible de trouver une ressemblance de couleur etide 
poli plus frappante que celle qu'offre un flacon de verre blanc-rempli de 
Protococcus kermesinus comparé à une Cornaline, comme onle/peut ‘voir 
par ces deux choses mises sous les yeux de l'Académie. 


» Analyse microscopique du liquide rouge. — L'analyse microscopique 
du liquide de couleur rouge fait voir que ce liquide‘ne diffère du premier 
que par l'addition, comme je l'ai dit plus haut, de SOPRE SECTE 
mélangés avec ceux malades du lait. Te 

» Ce liquide, en perdant, par l'évaporation, une partie de son eau, 

a pris la consistance, la couleur et tout l'aspect d’un morceau de foie. 
Cette ressemblance frappante ha éntraîné malgré moi à QURRT un ins- 


# 
(1) Les protococcus kermesinus ; considérés depuis le globulin reproduetéur Lars nie 
leur état le plus avancé, offrent successivement toutes ces couleurs: 1 
(2) Le mode suivant egkiel se contractent et se fendilleñt ; par évapôration #lestdi- 
verses matières, est soumis à des causés qui dépendent de la naturé'ifitime de cés ma: 
tières; causes qui méritéraient d’être étudiées et signalées dans l’histoire générale des 
substances , car les efféts qui en résultent ‘sont spéciaux, constants!et bien caractérisés: 


(257) 


tant mon sujet, et à faire un examen comparatif et microscopique des 
organes élémentaires, ou composants de la chair artificielle formée de 
globules de lait et de globules de sang, et de la chair naturelle du foie. 

» Dans la chair artificielle, on trouve que ses composants sont des vé- 
sicules sphériques et organisées de lait, contenant dans leur intérieur des 
globulins très ténus, mélangés avec des globules vésiculeux de sang, 
remplis de globulins rouges et servant à colorer la masse charnue en 
rouge-brun. Parmi ces deux composants, un nombre prodigieux de glo- 
bulins incolores font, en quelque sorte, l'office de ciment ou de liaison 
entre les vésicules agglomérées en tissu cellulaire factice. 

» Dans la chair naturelle du foie, on trouve que la masse est formée, 
abstraction faite des vaisseaux et des nerfs, d’un tissu cellulaire composé 
par simple rapprochement d’un grand nombre de vésicules molles, fauves, 


transparentes, de grandeurs variables, les moyennes ayant environ # de 
millim., et contenant dans leur intérieur des globules vésiculeux d’inégales 
grosseurs, paraissant destinés à reproduire et à multiplier la vésicule 
maternelle, tant que la masse du foie a besoin de grandir (1). 

» Entre toutes ces vésicules, on voit une infinité de globules vésiculeux 
de formes et de grandeurs diverses, jaunâtres, et se dessinant nettement 
par un contour rouge-brun. Ces globules, qui occasionent par leur 
nombre et leur couleur, la teinte rembrunie du foie, qui sont si distincts 
des vésicules du tissu cellulaire et des globules sanguins extravasés, pa- 
raissent être les organes sécréteurs de Ja bile (2). 

» Il n’y a rien de plus semblable aux tissus cellulaires végétaux, par- 
ticulièrement à ceux des pulpes, ou à ceux najssants que l’on décore du 


DS DT ON CR po rs ee LE SRE OR 


(1) La matière élémentaire employée dans la formation des êtres temporaires du 
règne organisé , se globulise et se file presqu’en même temps. L’instant d’après les glo- 
bules se vésiculisent, et les flaments se tubulisent. Un grand nombre d’e:pèces, vivant 
dans l’espace, n’ont, pour organisation, que l’une ou l’autre de ces quatre formes pri- 

_ mitives; formes qui, combinées de diverses manières, servent à la tissure des masses de 
toutes les autres espèces, dans l’analyse microscopique desquelles, en effet, on ne 
trouve que ces quatre sortes d’organes composants. 

Dans le cas d'agglomération, les individus globuleux, vésiculeux, fibreux et tubu, 
Jeux, quoique faisant partie d’une association organisée et d’une vie commune, résultant 
de cette association, n’en conservent pas moins leur centre vital particulier, et, par 
conséquent, leur indépendance organique. 

(2) C'est à la présence de ces nombreux globules vésiculaires et sécréteurs de la bile 
qu'ils contiennent qu’est due l’amertume du foie lorsqu'il est cuit. 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 9.) 35 


( 258 ) 


nom. inutile de Cambium (1), que le tissu cellulaire du foie. Séparé 
par. parties et examiné au microscope, dans l’agglomération de ses vési- 
cules composantes, on ne pourrait le distinguer par aucuns caracteres 
organiques d’un tissu cellulaire végétal, comme le prouve le dessin qui 
accompagne ces observations. 

» C’est à cette organisation du tissu cellulaire du foie, à la simplé con- 
tiguité de ses vésicules composantes qu'est dû le peu de consistance 
qu'offre cette chair à l’état cru, et sa friabilité ou sa division facile à 
l'état cuit; état dans lequel on retrouve toujours les vésicules maternelles ; 
mais dont les globules internes , plus tendres, sont en grande partie 
anéantis. On ne peut s'empêcher de remarquer en passant, la double 
analogie qui existe entre les composants vésiculeux du tissu cellulaire de 
la pomme de terre, la friabilité de ce tissu apres qu’il est cuit, et ceux 
également vésiculeux du tissu cellulaire du foie, sa consistance grume- 
leuse ou friable, lorsqu'il est dans le même état de cuisson. 

» Gette nouvelle étude, faite sur un lait malade ou vraisemblablement 
mort, achève de prouver que chaque globule de lait est composé de deux 
vésicules emboiîtées, dont l’intérieure renferme des globulins, puisqu’en 
cet état on voit ces vésicules se désemboîter et s'isoler l’une de l’autre, 
duplicité d’organes ou d’enveloppes déjà démontrée, une première fois, 
dans mon Mémoire sur la végétation des globules du lait, par la germi- 
nation ou l’extension tubuleuse de la seule vésicule interne. 

» Elle démontre aussi que la vésicule extérieure, plus ancienne et plus 
exposée que la vésicule interne aux influences destructives des milieux, 
cesse de vivre la première, se crispe et se colore en un vert sale, comme 
cela arrive aux globules morbides, soit de la lymphe, soit du sang, et 
qu’en ce premier état de décomposition on nomme du pus. 

» Comme corps organisés distincts, comme individus vivants, ayant 
chacun leur centre vital d'absorption, d’assimilation et d’accroissement , 
les globules vésiculeux du lait, ceux de la lymphe et ceux du sang, sont 
susceptibles d’éprouver des altérations particulières , et d’être affectés en- 
semble ou individuellement par diverses maladies subordonnées à l'état de 
l'organisme de ces petits êtres élémentaires et constitutifs, d'êtres plus 
grands , plus durables, et conséquemment plus complexes. 


(1) On croirait voir encore, sauf la couleur qui est différente, ces masses de vési- 
cules agglomérées, sorte de Cambium qui naît à nu et pour son propre compte, aux 
parois intérieures des vitres des serres chaudes à boutures, et à laquelle production 
j'ai donné le nom de Bichatia vesiculinosa, 


C259 ) 

» Considérés ainsi, ces petits êtres peuvent, toujours individuellement , 
dans de certaines limites, s’'atrophier ou s’hypertrophier, être malades et 
mourir, sans que l’organisation générale de l'animal en souffre, pourvu, 
toutefois, que ces pertes soient partielles et réparées successivement , dans 
ce qui regarde les globules de la lymphe et surtout ceux du sang, si né- 
cessaires à la vie d'association. 

» Influencés d’une certaine manière, ils peuvent encore s'étendre plus 
que de coutume, prendre de nouvelles formes et des changements de 
couleur. 

» Comme dans une population composée d’un grand nombre d'individus 
distincts, les globules rouges du sang, ainsi que tous les autrés globules de 
l'organisation , ont aussi leurs avortons , leurs albinos, leurs monstres, leurs 
malades et leurs cadavres, toutes choses qui ne sont que des états défec- 
tueux des globules parfaits, ou à l’état de bonne vie, et dans lesquels les 
globulins rouges, chez les globules du sang, ne se sont point développés 
ou sont restés. sans couleur chez les premiers, et se sont éteints ou dis- 
persés chez les derniers, qui, vu leur état de mort, s’affaissent, deviennent 
flasques, plus adhérents ou plus collants aux corps , ét, en s’altérant 
dans la netteté de leur contour circulaire, paraissent chagrinés où den- 
telés; comme vient de nous l’apprendre M. le docteur Donné, pour ceux 
que ce savant appelle les globules blancs du sang (1). 

» Les globules blancs, très bien observés par M. le docteur Donné, ne 
peuvent être que des globules normaux, éteints dans leur vie organique 
de globule sanguin. Ce ne sont plus que des cadavres imbibés ou gorgés 
de sérum, ce qui contribue à leur donner un peu plus de volume, à alté- 
rer la pureté de leur forme lenticulaire, à les rendre plus aptes à adhérer 
aux corps ou même entre eux, ce qui s'explique tout simplement par leur 
plus grande mollesse et le chagriné de leur surface, toutes choses qui fa- 
cilitent le vide et qui font souvenir de ces rondelles de cuir trempé que 
les enfants s'amusent à fixer sur les pavés. 

» L'observation très judicieuse de M. le docteur Donné, sur ce que les 
globules blancs restent, sauf leur altération, dans leur forme circulaire ou 
ovoïde, suivant qu'ils appartiennent à des mammifères, à des oiseaux, 
des reptiles ou des poissons, chez lesquels se présentent ces différentes 
grandeurs et ces deux sortes de formes; et qu’aussi leur nombre augmente 
considérablement dans les cas d’hydropisie, prouve, incontestablement , 


a RUE 29 CORNE OP NTUN , INOIAIONS 15G IX 


(1) Sur la constitution microscopique du sang. Compte rendu, 2 janvier 1838, p. 17. 


35.. 


( 260 ) 


une épidémie mortelle chez les globules du sang, et dont, par contre- 
coup, l'organisation générale en même temps que la vie d’associa- 
tion de l'animal peut être menacée d’une dissolution plus ou moins 
prompte. 

» Les globules blancs du sang, distendus et gonflés d’eau comme des 
noyés, méritent d’être étudiés sous le rapport de la pathologie animale ; 
car il est bon de s’assurer de l'effectif et de l’état sanitaire de cette immense 
population de globules, si indispensables à l’existence composée de l'ani- 
mal. Ils n’ont pas tout-à-fait le même intérêt pour la physiologie; car celle- 
ci sait que partout où il existe des agglomérations naturelles d'individus 
organisés, il faut que nécessairement , tant que dure l'association, il y ait 
des nouveau-nés, des adultes, des vieillards et des cadavres. D’après cela, 
on ne peut s'étonner de rencontrer dans tous les sangs un nombre plus 
ou moins considérable de ces derniers qui, en attendant leur entière 
dissolution, circulent péle-mêle, avec les globules sains qui vivent en- 
core, dans le sérum qui les entraîne tous aveuglement, sans distinc- 
tion d'état. 

» Toutes ces existences globuleuses, vésiculeuses et simplement organi- 
ques, quoique vivant dans l'épaisseur des tissus animaux, quoique faisant 
partie de l’existence composée de ces êtres, ont de trés grands rapports 
avec ces autres existences globuleuses et vésiculeuses qui vivent dans les 
vésicules des tissus cellulaires végétaux , lesquelles, comme or le sait , oc- 
casionent, par leur couleur propre, celles qu’offrent, pour la vue simple, 
les diverses parties des végétaux, et qui, comme on le sait moins, peu- 
vent parfois, sous l’influence de certaines excitations, végéter et reproduire 
la plante-mère, ou, en devenant monstruenses ou malades, changer de 
couleur, de forme, et être prises, en ces divers états, pour des espèces 
d'origine distincte et désignées plus particulièrement sous la dénomination 
générique d’Uredo, ainsi qu’on le fait pour les globules blancs du sang et 
ceux du pus, qui ne sont aussi que des états morbides des trois sortes de 
globules normaux dont j'ai parlé dans cette communication. 

» Les diverses altérations dont il vient d’être question ne manquent ja- 
mais de se présenter chez tous les petits végétaux globuleux et vésiculeux 
placés au début de l’organisation. 

» Quand on observe, au microscope, une grande quantité de ces 
individus, on en trouve toujours qui sont restés blancs par avortement 
ou par étiolement, véritables albinos, et d’autres qui ont blanchi, 
comme le cheveu, par l'âge, par la décoloration ou enfin par la disper- 


( 26r ) 


sion de [a matière globulineuse intérieure, soit d’une couleur, soit d’une 
autre. 

» Les principaux faits auxquels ces recherches ont donné lieu, sont: 

» 1°. Une nouvelle preuve mécanique de l'existence de deux vésicules 
emboîtées dans la structure du globule de lait, et des globulins contenus 
dans la vésicule interne. 

» 2°. Que les globulins rouges des Protococcus kermesinus, véritables 
séminules reproductrices de ces petits végétaux globuleux, si analogues 
aux globules sanguins, ont beaucoup de rapport avec ceux du sang, et 
servent à expliquer la structure et la reproduction incessante des glo- 
bules sanguins dans le sérum, circulant dans l’épaisseur des tissus vi- 
vants des animaux. 

» 3, Que la couleur rouge des Agates, soit uniforme, comme dans les 
Cornalines, soit ponctuée, soit formée par des agglomérations plus ou 
moins grandes, plus ou moins régulières dans leurs contours, plus ou 
moins multipliées, plus ou moins intenses, du rouge clair au rouge-brun 
presque noir, est due à Ka présence d’un nombre prodigieux de Proto- 
coccus kermesinus isolés ou groupés plusieurs ensemble ou seulement à 
leurs globulins (séminules), agglomérés en des sortes de petits caillots, 
après la destruction des vésicules de ces petits et innombrables végétaux 
enveloppés dans la pâte translucide et incolore des Agates, au moment 
de la conglomération liquide et siliceuse, comme on le sait maintenant , 
pour les nombreuses espèces de végétaux et d'animaux plus ou moins en- 
tiers, plus ou moins colorés, qui se trouvent également ensevelis dans la 
pâte incolore des silex pyromaques et autres espèces voisines, 

» 4%. Que le foie est une agglomération de vésicules simplement contigués, 
de grandeurs variables, vivant chacune pour son propre compte, et pro- 
duisant dans leur sein, et de leur paroi intérieure, une nouvelle généra- 
tion de globules vésiculeux destinés à reproduire la vésicule maternelle 
et à la multiplier tant que la masse de l’organe a besoin de croître ou de 
s'étendre. Que cet organe est un véritable tissu cellulaire rigoureusement 
comparable, quant à sa structure vésiculeuse, aux tissus cellulaires vé- 
gétaux, particulièrement à ceux läches et aqueux des pulpes, ou bien 
encore à ceux naissants qui portent le nom de Cambium. » 


( 262 } 


AnaTOME. — Recherches anatomiques sur les structures comparées de la 
membrane cutanée et de la membrane muqueuse; par M. FLourens. 


«On a vu, par mes précédentes recherches (1), que, dans la peau de 
l'homme blanc, le derme est recouvert par deux épidermes, l’un interne 
et l’autre externe; que, sous ces deux épidermes, se trouve dans l’homme 
de race colorée, l'appareil pigmental ou de coloration; que dans la lan- 
gue, soit de l’homme, soit des quadrupèdes, il existe entre le derme et 
l'épiderme un corps particulier, nommé corps muqueux, lequel corps 
parut réticulaire à Malpighi, qui ne l'avait obtenu que par le procédé de 
l'ébullition, et se montre réellement continu, membraneux , quand il est 
donné par le procédé plus exact de la macération; que, des deux épidermes 
de l’homme blanc, c’est l’interne qui est le plus coloré; et que, dans la langue, 
c’est toujours le corps muqueux qui est le siége de toute £ache ou colora- 
tion partielle. 

» C’est la suite de ces premières recherches que j'ai l'honneur de com- 
muniquer aujourd'hui à l’Académie. 

» Dans l'espèce humaine, le mamelon est entouré d’une aréole ou cercle 
coloré, plus ou moins brun ou couleur de bistre. Il importait de déter- 
miner, avec précision, le siége de cette coloration remarquable. 

» J'ai soumis à une macération méthodique la peau colorée dont il s’agit. 
La macération a détaché peu à peu les deux épidermes; et la coloration 
plus prononcée de l'épiderme interne a paru dès-lors avec évidence. 
L'épiderme externe, couché sur l'interne, affaiblit l'intensité de la couleur 
de celui-ci, qui, de brun foncé qu'il est en effet, ne paraît plus que gri- 
sâtre, quand il est vu sous l’externe, après la macération. 

» La première des deux planches que je mets sous les yeux de l’Académie, 
montre, sur deux mamelles de femme, les deux épidermes et la coloration 
différente de chacun d'eux. 

» Sur la première mamelle, les deux épidermes sont détachés et flottants ; 
l’externe a une couleur cendrée, l’interne est brun, le derme est blanc (2). 

» Sur la seconde mamelle, les deux épidermes sont soulevés en un point; 
en un autre point l’externe seul est soulevé, l'interne est resté appliqué 
sur le derme. Là où l’externe se superpose sur l'interne, il en affaiblit la 


ro 


(1) Voyez Compte rendu , 1836, 2° sem,, p. 699; et 1837, 1° sem., p. 445. 
(2) Et présente une surface granulée, déjà signalée par Morgagni et par Winslow. 


( 263 ) 


coloration; là où celui-ci parait à nu, il se montre brun froncé; le derme 
est toujours blanc. 

»Dans la peau de l’homme blanc, le siége de la coloration est donc le 
second épiderme. Partout ce second épiderme est plus coloré que l'externe; 
dans la peau brunie par le hâle , il est le siége du häle (1); et, comme on 
voit, il est encore le siége de la coloration si singulièrement remarqua- 
ble du sein de la femme. 

» Il n’y a que ces taches particulières, connues sous le nom de Len- 
tilles , etc., et dont j'ai déjà parlé dans un autre Mémoire (2), qui aient 
leur siége dans le derme même. 

» Cette même, planche qui est sous les yeux de l’Académie, montre sur 
une langue d'homme, et nettement séparés l’un de l’autre, les trois élé- 
ments constitutifs des téguments de la langue: d’abord l'épiderme; sous 
l'épiderme, le corps muqueux; et, sous le corps muqueux, le derme avec 
ses papilles. 

» La langue, par la structure de ses téguments, peut être donnée comme 
le type, de la structure d’un groupe entier de membranes muqueuses. 
On voit ainsi réunis sur la même planche, et à côté l’un de l'autre, un 
type. de structure cutanée et un type de structure muqueuse. 

» On:y voit encore, sur la muqueuse du palais et sur celle des joues, 
deux muqueuses qui appartiennent au même groupe que la muqueuse de 
la langue, l’épiderme; le corps muqueux et le derme, séparés et détachés 
en trois membranes distinctes. 

» Et ce n’est-pas tout. Le corps muqueux qui règne sur la langue, sur 
le palais, sur les joues, en un mot sur toute la cavité buccale, s'étend 
plus loin encore. La planche qui est sous les yeux de l’Académie le 
montre sur l’œsophage, et toujours placé sur le derme, et toujours recou. 
vert par l’épiderme. 

» Il y a donc, comme je viens de le dire, un groupe entier de mu- 
queuses dont la structure est la même que celle de la muqueuse de la 
langue; et ce groupe comprend la muqueuse de la langue, celle du palais, 
celle. des joues, en un mot; celle de toute la cavité buccale, et celle de 
l'œsophage. Au point où l'œsophage finit et où lestomac commence, 
cette structure donnée finit et il en commence une autre toute nouvelle, 
laquelle sera l’objet d’un autre Mémoire. 


(1), Voyez Compie rendu, 1836, 2° sem. , p.699. 
(2) Foyez Compte rendu, ibid. 


( 264 ) 

» Les caractères du corps muqueux sont partout les mêmes. Dans 
l’homme il est partout blanc ; dans le bœuf, il est le siége de ces taches, 
de ces colorations partielles qui se voient souvent, soit sur le palais, soit 
sur la langue de cet animal; il est d’un tissu propre, que lébullitron 
rend plus compacte, plus blanc (lorsqu'il est de cette couleur) , et qui se 
compose de couches adhérentes et superposées (x). 

» Quant au second épiderme, il est très mince, très fin, recouvert, à 
l'aréole des mamelles, d’un enduit coloré, ou pigmentum , plus ou moins 
marqué ; il passe très facilement à un état diffluent. On ne peut douter, à 
cause de cette diffluence même, que ce ne soit à ce second épiderme qu'il 
faille rapporter tout ce que les anatomistes ont dit du prétendu corps 
muqueux de la peau. 

» On ne lobtient que par un degré déterminé de macération, degré 
qu'il serait très difficile de saisir sans un examen suivi. Si la macération 
est trop peu avancée, il s'enlève avec l’épiderme externe; si elle est trop 
avancée, il tombe en diffluence. Entre ces deux termes il est un point où 
il se détache en membrane continue et distincte. Les anatomistes qui n’ont 
pas poussé la macération assez loin, ont refusé toute espèce de corps mu- 
queux à la peau; ceux qui ont poussé la macération trop loin ont attribué 
à la peau un corps muqueux, sorte de mucosité, de liquide muqueux et 
gélatineux (Meckel). La macération, méthodiquement conduite, montre à 
la place de cette mucosité une véritable membrane continue, fine, colo- 
rée, et qui est le second épiderme. 

» Le second épiderme et le corps muqueux , comparés lun à l’autre, 
forment donc deux tissus, deux corps essentiellement distincts. Et cepen- 
dant il est évident que le corps muqueux est au groupe particulier de mu- 
queuses qui nous occupe, ce que le second épiderme est à la peau. On 
sent donc combien il importait de déterminer le point précis où finit le 
second épiderme et où le corps muqueux commence. 

» La figure six de la première des deux planches que je présente à l’Aca- 
démie , offre les deux lèvres de la bouche, vues par leur côté externe. 
Sur un point de la lèvre supérieure, l'épiderme est soulevé, flottant. On 
voit ainsi, d’une manière évidente, la continuité parfaite du derme de la 
peau et du derme de la muqueuse; et, ce qui est plus remarquable, la 


(1) L’ébullition rend le corps muqueux plus compacte, plus blanc, et par consé- 
quent plus discernable du derme et de l’épiderme. Dans toutes ces recherches, je me 
suis aidé tour à tour de l’ébullition et de la macération, afin de confirmer, de complé- 
ter, par l’un de ces procédés, les résultats que j'avais obtenus par l’autre. 


( 265 ) 


continuité parfaite de :l'épiderme de l’une de ces membranes avec l'épi- 
derme de l’autre. 

» Mais, au point où le tégument de la lèvre se transforme de cutané en 
muqueux, au point où sa coloration, sa nature changent, l'épiderme in- 
terne change aussi de nature et de coloration, et, dépiderme interne , de- 
vient corps muqueux. C’est ce qui se voit clairement dans la figure quatre 
de la planche dort il s’agit. La lèvre, vue par sa face interne, y montre 
encore la continuation du derme et de l’épiderme; et, de plus, elle y mon- 
tre la continuation du second épiderme de la peau avec le corps mugueux 
de la muqueuse. 

» La peau a donc deux épidermes , l'un interne et l'autre externe ; la 
muqueuse de la langue, du palais, des joues, de toute la cavité buccale, de 
l’œsophage a un corps muqueux et un épiderme externe ; et, sur les lèvres 
de la bouche, au point où la peau devient membrane muqueuse, 'épiderme 
interne devient corps muqueux. D'un côté des lèvres, est la peau avec ses 
deux épidermes; de l’autre côté, est la membrane muqueuse avec son épi- 
derme externe et son corps muqueux. 

» Dans mon précédent mémoire sur la structure des téguments de la 
langue (1), j'ai particulierement insisté sur la langue du bœuf, parce que 
c'était sur cette langue que Malpighi avait vu ce bean réseau muqueux 
qu'il prit pour une disposition natureile , et que j'ai montré n'être qu'une 
disposition factice et produite par la décoction. Il m'a paru important de 
suivre le corps muqueux de la langue du bœuf dans toutes les parties où 
il s'étend, c’est-à-dire, comme on va le voir, dans toute la cavité buccale, 
dans Le pharynx, dans l’œsophage, et dans les trois premiers estomacs : la 
panse, le bonnet et le feuillet. 

» Voici le résultat de ces nouvelles recherches. 

» Dans le bœuf conime dans le cheval, dont je parlerai tout-à-l’heure, 
l'extrémité du museau, le mufle, est un appendice de la cavité buccale; et 
déjà dans le mufle, se montre un épais corps muqueux, souvent marqué 
de points colorés, plus ou moins noirs. 

» Cet épais corps muqueux s’amincit sur les parois internes des joues. 
Ces joues sont garnies de chaque côté, vers les lèvres, de longues et nom- 
breuses papilles. Or, la structure de ces papilles est exactement la même 
que celle des papilles de la langue. Chaque papille, production du derme, 
est enveloppée par deux gaînes, l’une fournie par le corps muqueux, et 


Voyez Compte rendu , 1837, 1°" sem., p. 445. 
C. R. 1838, 1€r Semestre, (T, VI, N° 9.) 36 


( 266 ) 


autre par l’épiderme. C'est ce qu'on voit nettement sur la figure deux de 
la seconde des deux planches que je présente à l’Académie. 

» Le derme du palais du bœuf est disposé par lignes transversales, 
saillantes et hérissées de papilles. Chaque ligne saillante, chaque papille 
du derme, a une double gaine, l'une muqueuse , l'autre épidermique ; et 
ces deux gaînes s’enlèvent facilement, en conservant les moules des pa- 
pilles qu’elles recouvrent. C’est ce que montre la première figure de ma 
seconde planche. 

» Le corps muqueux seul est le siége des taches, des plaques colorées 
que présente si souvent le palais du bœuf. Ce corps muqueux est composé 
de couches superposées, et ces couches elles-mêmes de brins perpendi- 
culaires. 

» L'œsophage a un corps muqueux très marqué, et que l’ébullition rend 
encore plus manifeste, plus compacte, plus blanc, plus discernable du 
derme et de l'épiderme. La troisième figure de ma seconde planche montre, 
distinctes et séparées , les trois membranes de l’œsophage : le derme, l'épi- 
derme , et le corps muqueux. 

» De l’œsophage, le corps muqueux s'étend sur la panse , sur le bonnet , 
sur le feuillet ; et il finit brusquement avec le feuillet, au point où la cail- 
lette commence. Il règne ainsi sur les trois premiers estomacs, où nul ana- 
tomiste encore ne s'était avisé de le soupconner, pas plus qu’à l'œsophage. 

» Il est partout recouvert par l’épiderme. Les papilles de la panse , les 
petites cloisons du bonnet, les papilles si curieuses du feuillet, offrent 
exactement encore la même structure que celles de la langue et des parois 
internes des joues. Chaque papille, chaque cloison a toujours une double 
gaine, une gaine muqueuse et une gaine épidermique. 

» Les papilles de la panse sont larges, plates, de grandeur inégale; 
Duverney les compare à des semences de courge. Celles du feuillet sont 
plus remarquables encore; on les a comparées à des grains de millet, 
et avec assez de raison pour les plus petites ; les plus grandes ressemblent 
à des grains d'orge; il y en a quelques-unes, vers l'ouverture supérieure de 
cet estomac, qui sont surmontées d’un véritable prolongement corné, 
d'une sorte d’ongle. Après une macération convenable, l'épiderme et le 
corps muqueux se détachent de toutes ces papilles, et particulièrement 
de celles du feuillet, comme les doigts d’un gant se détachent des doigts 
de la main. Il arrive même souvent, aux papilles du feuillet, que le doigt 
épidermique où muqueux , si je puis m'exprimer ainsi, se renverse en se 
détachant , comme fait un doigt de gant lorsqu'il se retourne. 


( 267 ) 


» Il suffit de jeter un simple coup d'œil sur les trois premiers es- 
tomacs pour y distinguer l’épiderme. Duverney, tout en donnant mal 
à propos le nom de tunique nerveuse (1) au véritable derme , a par- 
faitement vu et décrit l'épiderme, qui, je me sers de ses expressions, 
Jait autant de gaïnes qu'il y a d'éminences dans la tunique nerveuse, et 
Les revét exactement. « Partout, dit M. Cuvier, la surface interne des trois 
» premiers estomacs, sans en excepter les papilles, est recouverte d’un 
» épiderme mince, qui s’enlève facilement par grands lambeaux, en con- 
» servant les moules des papilles, et se distingue par sa couleur jaunâtre 
» de la membrane interne, qui est blanche. » Mais, je le répète, ni 
Duverney, ni M. Cuvier, ni aucun autre, n'avaient soupçonné, sous cet 
cpiderme, un véritable corps muqueux, s’enlevant aussi par lambeaux, et 
formant aussi, à chaque papille, une seconde gaine, une gaîne interne, 
comme l’épiderme lui en fournit une externe. 

» La 4° figure de ma seconde planche montre les trois membranes qui 
nous occupent , le derme, le corps muqueux et l'épiderme, sur la panse ; 
la 5° les montre sur le bonnet, et les 6° et 7° les montrent sur le Jeuillet. 
On voit par les papilles du. feuillet, mieux encore peut-être que par 
tout le reste, comment l’épiderme, comment le corps muqueux forment 
des membranes continues; comment les gaînes dont ces membranes en- 
veloppent les papilles du derme sont elles-mêmes continues, et repré- 
sentent de véritables doigts de gant complets,et complets à ce point qu'ils 
peuvent, ainsi que je l'ai déjà dit, se retourner, se renverser, quand on 
les détache de leurs papilles. 

» Dans le cheval, comme dans le bœuf, le corps muqueux règne sur le 
mufle, sur les lèvres, sur le palais, sur les joues, sur la langue, sur 
l'œsophage, sur toute la première partie de l'estomac, et partout il est 
recouvert par l’épiderme. 

» Le derme du palais du cheval est disposé, comme celui du palais du 
bœuf, par lignes transversales saillantes, mais plates et sans papilles; et 
partout il est recouvert d’une lame ou membrane muqueuse , et d’une lame 
ou membrane épidermique. 

» L’estomac du cheval se compose de deux parties essentiellement dis- 
tiuctes par leur structure. La premiére, vraie continuation de l’'œsophage, 


(1) Cest-à-dire, comme on s’exprimerait aujourd’hui, ce//ulaire. Dans ies trois 
premiers estomnacs , le derme est presque confondu avec la tunique cellulaire ; c’est 
pourquoi Duverney n’a point distingué l’une de ces membranes de l’autre. 


36. 


( 268 ) 


répond, par sa structure, aux trois premiers estomacs des animaux rumi- 
nants; et comme ces trois premiers estomacs, comme l’œsophage, elle a ui 
véritable corps muqueux, recouvert par un épiderme. La seconde répond 
à la caillette'; et, avec cette seconde partie, commence une nouvelle 
structure, semblable à celle de la caïllette. 

» L'épiderme et le corps muqueux de l'œsophage et dela première partie 
de l'estomac du cheval, ne sont ni moins nettement tranchés, ni moins 
remarquables que l'épiderme et le corps muqueux de Vœsophage et des 
trois premiers estomacs du bœuf. 

» La huitième figure de ma seconde planche) montre les trois mem- 
branes, le derme , le corps muqueux et l'épiderme , sur le palais du cheval ; 
la neuvième les montre sur son æsophage, et la dixième les montre sur 
la premiere partie de son estomac. 

» Dans le cheval comme dans le bœuf, il y a donc un groupe entier 
de muqueuses, dont la structure est la même que celle de la muqueuse 
de la langue. Ce groupe comprend, dans le cheval comme dans le bœuf, 
les muqueuses du mufle, des lèvres, des joues, du palais, de la langue, 
en un mot, de toute la cavité buccale; il comprend, encore dans le cheval , 
la muqueuse de l’'œsophage et celle de la première partie de l'estomac; et 
dans le bœuf, la muqueuse de œsophage et celle des trois premiers esto- 
macs, la panse , le bonnet et le feuillet. 

» Avec la seconde partie de l'estomac dans le cheval, avec la caillette dans 
le bœuf, commence une nouvelle structure, et, avec cette nouvelle struc- 
ture, de nouvelles fonctions; là commence, en d’autres termes, un nou- 
veau groupe de muqueuses , lequel, comme je l'ai déjà dit, fera l’objet d’un 


autre mémoire. » 
ANTHROPOLOGIE. — Aaces humaines en Algérie. 


M. FLourens annonce qu’il vient de recevoir de M. le docteur Guyon, 
chirurgien en chef de l'armée d'Afrique, des pièces anatomiques et des 
documents écrits pour servir à l’histoire physique et ethnographique des 
différentes races humaines qui se trouvent en Algérie, et spécialement à 
celle des Kabyles et des Arabes de l'extrémité nord-ouest de l'Afrique. 


Géonésie. — Triangulation de l'Algérie. 


« M. Bory DE Sainr-VincenT annonce que M. le lieutenant-général Pelet, 
directeur du Dépôt de la Guerre, a fait partir M. Puillon-Boblaye, capi- 
taine d'état-major pour l'Algérie, où cet officier doit même être rendu en 


( 269 ) 


ce moment. M. Boblaye, qui fit partie de la Commission de Morée, et qui 
détermina astronomiquement les positions de l'antique Sparte et d'Athènes, 
devra d’abord fixer de la même manière celle de Constantine, et s’occu- 
per sans relâche de la triangulation du Pays, avec des officiers du même 
corps d'état-major, mis sous ses ordres. Jusqu'ici on n'avait pas pu cons- 
truire un canevas rigoureux pour subordonner les reconnaissances ou au- 
tres figurés du terrain que le général Pelet ne cessait d'ordonner et de 
recueillir : maintenant on peut espérer que nous posséderons bientôt des 
cartes excellentes de l'Algérie, sans lesquelles il est impossible de faire 
de la géographie ancienne raisonnable. » 


RAPPORTS. 


Rapport sur un mémoire de M. le docteur MoxTAGNr, sur l'organisation et 
le mode de reproduction des Caulerpées et en particulier du Caurrnps 
WEBBIANA. 


(Commissaires, MM. Borÿ Saint-Vincent et Ad. Brongniart rapporteur.) 


« Le mémoire de M. le docteur Montagne que l’Académie a renvoyé à 
notre examen a pour objet un des groupes les plus naturels établis dans 
la vaste famille des Algues par un botaniste français, Lamouroux, qui, l’un 
des premiers commença à débrouiller cette immense réunion de végétaux 
marins qu'on avait accumulés dans les genres Ulva et Fucus de Linné. De- 
puis cette première réforme, l'étude de ces végétaux a fait des progrès ra- 
pides et la variété de leur organisation a conduit à les diviser non-seule- 
ment en genres très nombreux mais à en former plusieurs familles ou 
tribus tres distinctes par leur texture, par leur mode de reproduction et 
même par leur coloration , qui, dans ces végétaux où la plante entière 
revêt la même teinte, paraît avoir plus d'importance que la couleur de 
quelques organes en particulier dans les végétaux d'une structure plus 
parfaite. 

» En effet, les unes présentent dans toute leur étendue la couleur d'un 
beau vert qui appartient ordinairement aux feuilles, les autres ont une 
teinte d’un vert-brun olivacé, beaucoup enfin sont pourvues des teintes 
roses ou rouges les plus vives et comparables à celles des fleurs. Lamou- 
roux S'était fondé en grande partie sur ce caractère de la coloration pour 


(270 ) 
distinguer ces trois ordres des Ulvacées, des Fucacées et des Floridées, et 
ce même principe sépare assez nettement les Confervées des Céramiées 
parmi les algues articulées. 

» Des caractères tirés de la structure des frondes et du mode dereproduc- 
tion étaient venus assez généralement confirmer ces divisions et dans ces 
derniers temps en particulier les recherches pleines de finesse de M. Jacob 
Agardh avaient montré que les corps reproducteurs des algues vertes, 
Confervées ou Ulvacées, présentaient soit dans l'intérieur même de la 
plante, soit après leur dissémination, des phénomènes très différents de 
ceux qu'offrent les corps reproducteurs des algues rouges ou olivacées. 
Ce botaniste a fait voir en effet que les corps reproducteurs ou séminules 
des algues vertes paraissent jouir généralement de cette propriété de lo- 
comotilité signalée déjà depuis plusieurs années dans certaines Confervées 
par l'un de vos commissaires (M. Bory de Saint-Vincent), et par plusieurs 
botanistes étrangers. Dans ces plantes les séminules le plus souvent vertes 
et ovoides, développées dans les cellules mêmes qui constituent le tissu 
de la plante , ne sont peut-être qu’une simple modification de la matière 
verte qui les remplit avant l’époque de la fructification et qui détermine 
leur coloration générale; mais ces séminules remarquables par la régula- 
rité de leur forme et de leur grosseur, jouissent d’une faculté bien singu- 
lière que ne possèdent pas les grains de chlorophylle qui occupaient 
précédemment les mêmes cellules. Déjà dans les tissus mêmes qui les ren- 
ferment , quelque temps avant qu’elles ne s’en échappent pour se répandre 
dans l’eau environnante, et pendant quelques heures aprés cette émission , 
elles se meuvent librement dans tous les sens, irrégulièrement et en chan- 
geant de forme, absolument comme certains êtres organisés considérés 
généralement comme des animaux infusoires ; puis elles se fixent à la sur- 
face des corps environnants en cherchant les parties les moins éclairées 
et commencent alors à s’allonger et à s'accroître pour reformer, par une 
véritable germination , un être semblable à celui d'où elles sont sorties. 

» Rien de semblable ne s’est offert jusqu'à ce jour dans les Fucacées, les 
Floridées ou les Céramiées dont la couleur olivätre où rouge ne participe 
en rien à la teinte d'un vert pur des feuilles des végétaux phanérogames, 
et les séminules inertes de ces plantes se distinguent assez facilement de 
celles douées de locomotilité des algues vertes par leur forme qui, dans 
ces dernières, est toujours ovoide et terminée par un prolongement co- 
nique plus transparent susceptible de se courber latéralement et qui se 
dirige en avant pendant les mouvements de ces corps. 


Ca) 

» La structure interne et le mode de reproduction d’un grand nombre 
d'algues avaient été le sujet des recherches des botanistes, depuis quel- 
ques années, et parmi les algues vertes que M. J. Agardh a désignées sous 
le nom d’algues zoospermées à cause du phénomène dont nous venons de 
parler, les espèces articulées et les Ulves proprement dites avaient surtout 
été l’objet d’études assez étendues; mais le genre Caulerpa , lun des plus 
remarquables par son port et son mode de végétation, était resté en de- 
hors de toutes ces recherches. Presque entièrement composé de plantes 
des mers tropicales, une seule espèce s'étendant jusque dans la Méditer- 
ranée, il n'avait pu être examiné à l’état frais par les botanistes qui se 
sont livrés à cette étude; sa couleur verte et son tissu continu l’avaient fait 
placer par Lamouroux, à la suite des Ulves ; mais sa tige rampante fixée 
dans le sable par des fibrilles analogues aux racines, et qui manquent 
dans la plupart des algues, ses rameaux arrondis, coriaces, couverts 
d’appendices ressemblant à de petites feuilles, donnaient à ces plantes un 
aspect bien différent. La nature coriace et résistante de la membrane 
qui couvre toute leur surface était surtout fort remarquable, et Lamou- 
roux annonçait n'avoir pu reconnaître aucune organisation distincte dans 
les parties qu’elle recouvre; il était également resté dans le doute, rela- 
tivement aux organes reproducteurs de ces végétaux, de sorte que ce 
genre si naturel par ses formes extérieures et par son mode de végétation 
était un des moins bien connus, sous le rapport de ses caractères essen- 
tiels. 

» M. Montagne ayant eu à décrire une nouvelle espèce de ce genre, 
recueillie dans les îles Canaries, par MM. Webb et Berthelot, s’est 
appliqué à en étudier l’organisation avec cette attention qu’on devrait 
toujours apporter actuellement dans la description des êtres nouveaux, et 
qu’exigeraient aussi beaucoup de plantes anciennement connues. Il a 
reconnu que la partie externe des tiges et des rameaux de cette plante et 
de plusieurs autres espèces du même genre qu’il a examinées, est formée 
d’une membrane très épaisse sur les tiges, beaucoup plus fine sur les 
appendices latéraux plus ou moins foliacés qui en naissent, incolore, 
transparente, presque cornée; mais dans laquelle il n’a aperçu aucune 
trace de structure. De la surface interne de cette enveloppe coriace, 
naissent une infinité de filaments flexueux , cylindriques, très fins, trans- 
parents, continus, diversement ramifiés et anastomosés, s’entrecroisant 
dans tous les sens et formant dans l’intérieur de la tige, un réseau lâche 
et irrégulier. A la surface externe de ses filaments et surtout vers leur 


(272) 
origine, près de la membrane extérieure, se trouvent appliqués en 
quantité plus ou moins considérable, les petits grains de chlorophylle qui 
déterminent la coloration de la plante. Cette même organisation se re- 
trouve dans les rameaux et dans leurs appendices latéraux, si ce n’est 
que dans ces dernières parties la membrane externe est plus mince, le 
réseau plus lâche et plus fin, et la matière verte plus abondante. 

» L'existence de ce tissu fibrilleux, dans l'intérieur des tiges des Cau- 
lerpa avait déjà été aperçue dans une espèce de cegenre, par Turner, ainsi 
que M. Montagne le fait remarquer; mais l'observation du botaniste an- 
glais, qui croyait cette structure propre seulement à cette espèce, avait 
été négligée par tous les auteurs qui se sont occupés depuis de l’organisa- 
tion des algues. 

» La structure de ces plantes est cependant très remarquable et très 
différente de celle de tous les autres genres connus de cette famille. 

» L'épaisseur, la résistance et la continuité de la membrane extérieure 
formant une sorte d’épiderme corné; la laxité et la finesse du tissu fila- 
menteux intérieur qui est fixé par ses extrémités à cette membrane ex- 
térieure ; enfin la position de la chlorophylle en dehors de ces filaments, 
sur leur surface externe et dans les sortes de lacunes qu'ils laissent entre 
eux, constituent une organisation toute spéciale, et dont on ne connaît 
pas d'exemple dans les autres végétaux. Cette organisation, M. Montagne 
l’a observée non-seulement dans le Caulerpa Webbiana, mais aussi dans la 
plupart des autres espèces de ce genre, et vos Commissaires ont constaté 
sur plusieurs d’entre elles l'exactitude de ses observations; plusieurs même 
par leur taille plus considérable, sont plus favorables que l’espèce des Ca- 
naries à l'examen de cette structure, et leur anatomie mériterait d’être 
figurée avec détail. 

» Sur ces grandes espèces et particulièrement sur le Caulerpa clavifera 
de la mer Rouge, on peut reconnaitre que la membrane externe, tres 
épaisse sur les tiges principales , est formée de plusieurs couches succes- 
sives parallèles à la surface, et plus où moins nombreuses, suivant les 
parties de la plante qu’on observe; on peut voir que la couche la plus 
externe qui paraît avoir formé la membrane primitive et qui se sépare as- 
sez facilement des couches internes, est celle qui donne attache aux extré- 
iités des filaments du tissu intérieur. Ces filaments traversent ainsi toute 
l'épaisseur des couches internes, qui se sont préalablement développées 
après l’organisation primitive de ce tissu intérieur; cette membrane exté- 
rieure primitive paraît exister seule ou tapissée iutérieurement par une 


(273 ) 
couche accessoire très mince sur les appendices latéraux et foliacés de ces 
plantes. 

» On peut aussi s'assurer qu'indépendamment des grains de chlorophylle 
très fins et souvent agglomérés en masses amorphes qui se trouvent en plus 
ou moins grande quantité dans les lacunes qui séparent les fibrilles inté- 
rieures, il existe dans les mêmes espaces, mais surtout vers le centre des 
tiges et des rameaux, des granules ovales, incolores, transparents, qui 
prennent une teinte bleue très prononcée par l’iode, et possèdent ainsi 
les divers caractères de la fécule. 

» Toute cette organisation diffère beaucoup de celle qu’on connaît, 
soit dans les autres plantes marines, soit dans les végétaux phanéro- 
games. 

» Le mode de reproduction de ces plantes n’était pas moins important à 
rechercher pour compléter nos connaissances à leur égard ; jusqu’à pré- 
sent, en effet, on n'avait pu former que des conjectures à ce sujet, et si 
d’un côté leur coloration verte pouvait faire supposer que leur mode de 
reproduction était analogue à celui des Ulves et des Conferves , d’un autre 
côté , leur aspect général pouvait faire croire à une organisation plus éle- 
vée et plus analogue à celle des vrais Fucus. 

» Les observations de M. Montagne à ce sujet, quoique faites sur une 
seule espèce à l’état sec, paraissent devoir lever tous les doutes, d'autant 
plus qu’elles s'accordent parfaitement avec ce que pouvait faire présumer 
les rapports mieux connus de ces plantes avec les autres plantes marines. 
Sur le Caulerpa Webbiana , soumis à ses recherches, M. Montagne a re- 
marqué que quelques-unes des expansions latérales et foliacées de la fronde 
offraient une couleur d’un jaune orangé, qui les distinguait immédiate- 
ment des autres parties qui sont d’un vert foncé. Ces expansions étaient 
renflées et légèrement bosselées vers leurs extrémités ; coupées transver- 
salement, on voyait au microscope qu’elles renfermaient, au milieu d’un 
tissu fibrilleux très fin, au lieu de chlorophylle, des corps sphériques ou 
légèrement ovoides, prolongés en une sorte de queue plus ou moins al- 
longée, droiteggn recourbée. Ces corps très différents par leur couleur 
brunätre et par leur forme des grains de chlorophylle ou de fécule, pou- 
vaient déjà par la spécialité de leur forme et de leur position être consi- 
dérés avec beaucoup de probabilité comme les corps reproducteurs des 
Caulerpa; mais leur analogie avec les séminules des autres algues vertes et 
surtout avec celles des Bryopsis, décrites récemment sur le vivant par 
M. J. Agardh, viennent confirmer complétement cette supposition. En 

C.R, 1838, 127 Semestre. (T, VI, N° 9.) 37 


(274) 

effet, dans ce genre, que son mode de végétation rapproche spécialement 
des Caulerpées, les extrémités des rameaux tubuleux renferment et lais- 
sent échapper des corps ovoides, opaques, terminés à une de leur extré- 
mité par une sorte de bec conique transparent; ces corps se meuvent pen- 
dant quelque temps avec rapidité, puis se fixent à la surface des corps 
environnants, pour s'allonger et reproduire la plante qui leur a donné 
naissance. 

» L'analogie de forme, de coloration et de position des corps bien évi- 
demment reproducteurs des Bryopsis et de ceux des Caulerpa ne saurait 
laisser de doutes sur les fonctions de ceux-ci, ni sur les mouvements 
qu'ils doivent offrir à l’état vivant, car le prolongement conique ou ey- 
lindrique, transparent, droit ou recourbé que ces corps présentent, est 
un caractère général de ces séminules animées des algues vertes, lorsqu'ils 
sont arrivés à leur état de maturité. 

» Comment ces corps reproducteurs se forment-ils ? sont-ils le résultat 
d'un développement particulier des granules de chlorophylle comme 
paraît le penser M. Montagne ? Proviendraient-ils au contraire d’une mo- 
dification des grains amilacés que nous signalions tout-à-l’heure dans 
ces plantes? ou enfin, sont-ce des corps d’une formation toute spéciale ? 
C’est ce que l'étude de ces plantes et de plusieurs autres algues vertes sur 
le vivant pourrait seule nous apprendre. 

» Ces végétaux si simples dans leur organisation, qui cependant nous 
offrent déjà les principaux phénomènes de la vie des plantes plus parfaites 
et qui souvent nous les offrent pour ainsi dire à découvert, méritent 
sans aucun doute d’être suivis avec une attention toute spéciale dans les 
diverses phases de leur existence. 

.» Les observations de M. Montagne , ayant pour objet un groupe de 
plantes presque entièrement propre aux mers tropicales, n’ont pu étre 
faites que sur des individus secs; mais elles n’en ont pas moins jeté 
beaucoup de lumière sur l’organisation et sur les affinités d’un des genres 
les plus remarquables de la végétation sous-marine, et nous proposons à 
l'Académie d'autoriser l'insertion de ce Mémoire parmigeeux des Sa- 
vans Etrangers. » | 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


(275) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


ÉCONOMIE RURALE. — Phénomènes observés dans la congélation des pommes 
de terre; par M. Paye. 


(Extrait.) 


(Commissaires, MM. Dutrochet, Turpin.) 


« Au nombre des divers dommages occasionnés par les grands froids, on 
peut compter les résultats de la congélation sur plusieurs produits des 
végétaux, et parmi ceux-ci une altération remarquable qui intéresse l’une 
de nos plus importantes industries agricoles. 

» On sait en effet, que souvent les pommes de terre gelées donnent, 
après le dégel, à peine le quart de la fécule que l’on en obtenait avant. 

» On ignorait la cause de cette déperdition considérable, et par analogie 
on avait été conduit à l’attribuer à une transformation du genre de celles 
qui rendent l’amidon soluble. 

» M. Payen s’est livré, à cet égard, à de nombreuses recherches; il 
est parvenu ainsi à établir, que les tubercules gelés contiennent autant de 
substance sèche qu’à l’état normal; que la proportion de matière soluble 
n’y est pas moins grande; qu’enfin la fécule elle-même, y est en égale pro- 
portion, et que rien encore n’est changé sous ces rapports après le dégel. 

» La composition immédiate ne pouvant expliquer le phénomène pré- 
cité, l’auteur a cherché dans des modifications physiologiques la solution 
du problème, et il est parvenu à reconnaitre qu’elle tient à la dislocation 
générale du tissu cellulaire, 

» Cet effet, produit sans doute par les changements d'état et de volume 
de toutes les parties fluides, isole les unes des autres les utricules ; déga- 
gées alors de la pression qu’elles supportaient , elles prennent des formes 
arrondies, et lorsque les dents de la râpe les frappent, elles se détachent 
une à une ou par petits groupes, mais sans offrir assez de résistance pour 
être déchirées. Il en résulte que le plus grand nombre de ces cellules, en- 
core remplies de fécule, ne passent pas au travers des tamis fins, et que 
restant dans la pulpe, elles diminuent d'autant la proportion du produit. 

» Des figures dessinées sous le microscope montrent cette dislocation 
des utricules du tissu végétal. 

» M. Payen discute les pratiques, à tort négligées ou encore trop peu con- 


DT 


( 276 ) 
nues, qui dans plusieurs grands établissements ruraux permettent de tirer 
des pommes de terre gelées un parti avantageux. Il rappelle aussi, d'après 
M. d'Orbigny, la méthode simple au moyen de laquelle les naturels du 
Pérou font desssécher les tubercules entiers des pommes de terre gelées, 
les rendant ainsi faciles à conserver et propres à une alimentation habi- 
tuelle analogue à celle que nous trouvons dans le pain. » 


M. Payen dépose à l'appui de cette communication : 


1 Les dessins ci-dessus mentionnés ; 
22: Des tubercules secs des pommes de terre gelées ; 
3°, L'épiderme intégralement enlevé de l’un de ces tubercules ; 


4° et 5. De la fécule et de la farine obtenues des tubercules dégelés. 


Paysique. — Vouvelles recherches sur les différences que présentent, dans 
leur arrangement sur une plaque vibrante, les poussières résineuses et 
les poussières siliceuses ; par M. SeLzIER. 


(Commission précédemment nommée. ) 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTO-ANIMALE. — Recherches relatives à l'influence des 
animalcules de couleur verte, contenus dans les eaux tranquilles, et sur 
la quantité et la qualité des gaz que ces eaux peuvent dissoudre; par 
M. Cu. Morren. 


(Concours pour le prix de physiologie expérimentale.) 


CORRESPONDANCE. 
paysique. — /Vouvelles expériences de M. Marreucer sur les courants 
thermo-électriques. — Extrait d’une lettre de M. DE LA Rive à 


M. Becquerel. 


« M. Matteucci a eu la complaisance de répéter, en ma présence, les 
expériences sur les courants thermo-électriques; il m'a fait voir d’une ma- 
nière non équivoque le fait important qu’il avait déjà constaté, savoir, 
qu’en faisant communiquer, à travers une couche de mercure, le bout 
chaud et le bout froid de deux fils métalliques semblables, fixés aux deux 
extrémités du galvanomètre, on détermine un courant qui, à toutes les 
températures, à une direction constante du chaud au froid dans le fil du 
galvanomètre. Le bismuth seul donne un courant contraire. Les anoma- 
lies du cuivre et du fer, à une température élevée, disparaissent. 


(277) 

» Nous nous sommes assurés, M. Matteucci et moi, que le mercure ne 
donne pas de courants thermo-électriques. Nous avons appliqué au 
mercure le procédé de M. Becquerel, qui consiste, pour rendre iné- 
gale la propagation de la chaleur, à rendre la masse du corps chauffé 
plus grande d’un côté que de l’autre; nous n’avons rien obtenu. Nous 
avons, au moyen de trois capsules pleines de mercure, et dont les deux 
extrêmes communiquaient avec les bouts du galvanomètre, mis en con- 
tact du mercure chaud et du mercure froid, en établissant la communi- 
cation entre les capsules par deux siphons remplis aussi de mercure. 
Quoique nous ayons eu, dans ce cas, quelques signes de courant, nous 
nous sommes bientôt aperçus qu'ils étaient dus au mercure chaud de la 
capsule moyenne qui, par la différence de niveau, coulait quelquefois 
dans l’une ou dans l’autre des deux capsules extrêmes. Nous avons re- 
connu que, dans ce cas comme dans le précédent, il n’y avait pas de 
courant thermo-électrique développé dans le mercure. 

» Enfin, M. Matteucci m’a fait voir les courants thermo-électriques qui 
sont développés dans l’acte de solidification du bismuth et de certains 
amalgames de bismuth et d’antimoine. Ces courants sont indépendants 
de la nature des deux fils métalliques qu’on plonge dans le métal fondu 
pour conduire le courant au galvanomètre; il ne paraît pas exister de 
rapport entre la position des fils et la direction du courant; en tenant les 
fils extrêmement rapprochés, on observe encore le phénomène. Nous 
avons tenté les mêmes expériences sur le zinc, l’étain etle plomb, mais 
aucun de ces métaux n’a développé le moindre courant dans l'acte de sa 
solidification, même dans les amalgames de bismuth et d’antimoine. 

» Si la quantité de mercure est trop grande, sans toutefois que l’amal- 
game soit liquide à la température ordinaire, la production des courants 
n’a pas lieu dans les mêmes circonstances où elle a lieu avec les deux 
mêmes métaux non amalgamés, ou avec des amalgames renfermant moins 
de mercure. Cette propriété du bismuth et de l’antimoine, qui paraît 
être spéciale à ces deux métaux, mérite d’être signalée et étudiée. » 


ÉLECTRO-CHIMIE, — Sur Certaines circonstances qui s'opposent à l'oxida- 
tion du fer. — Extrait d’une lettre de M. ScHongeIN, professeur à Bâle, 
à M. Becquerel. 
«Un fil de fer, fonctionnant comme pôle positif d’une pile, n’est at- 


taqué ni par l'acide nitrique, quel que soit le degré de sa concentration , 
ni par l’oxigène résultant de la décomposition électro-chimique de l’eau. 


(278) 

Le fer se comporte absolument comme le platine; mais je dois faire re- 
marquer que, pour obtenir le résultat en question , il faut qu’on ferme le 
circuit voltaique avec le fil de fer. Cependant, ce n’est pas seulement 
à l’égard de l'acide nitrique que le fer peut devenir passif dans les circons- 
tances indiquées, ce métal permet aussi le dégagement libre de l’oxigène 
éliminé sur lui par le courant dans toutes les dissolutions aqueuses des 
composés oxigénés. 

» Quand on plonge, par exemple, dans une solution de sulfate de cuivre 
un fil de fer, qui joue le rôle de l’électrode positif d’une pile, le métal en 
question ne précipite pas la moindre trace de cuivre , tant que le courant 
traverse le fil, et en mème temps il se dégage de loxigène sur le fer. En 
combinant voltaiquement ce métal avec des substances soi-disant néga- 
tives, par exemple, avec du platine, et en introduisant celui-ci le premier 
dans l’acide nitrique ordinaire, le fer devient aussi passif à l'égard du 
dernier. 

» Lorsqu'on combine un fil de fer avec du peroxide de plomb, on peut le 
plonger dans l'acide nitrique très étendu d’eau, de même que dans la solu- 
tion de sulfate de cuivre, sans causer l’oxidation du fer. Vousavez peut-être 
lu l'explication que M. Mousson à dernièrement donnée dans la Biblio- 
thèque universelle sur la cause de la passivité du fer; mais je pense que le 
seul fait, dont je viens de vous parler, nous offre la preuve la plus con- 
cluante que l'hypothèse en question n’est pas fondée.» 


CHE ORGANIQUE. — Sur les produits de la décomposition de l'acide urique 
par l'acide nitrique ; par MM. Liemic et Wôuzer. ( Extrait d’une lettre 
de M. Liebig à M. Dumas.) 


« Je viens de finir avec M. Wôhler, dit M. Liebig, l'examen que nous 
avions entrepris du produit de la décomposition de l'acide urique par 
lacide nitrique. Parmi nombre de faits curieux, nous avons trouvé deux 
corps, qui n’ont peut-être pas d'analogue en chimie. Ils cristallisent tous 
deux, mais l’un est très soluble et l’autre très peu. 

» Celui qui est soluble a pour formule C® Azf O'° H°, tandis que Fautre 
est représenté par C* Azt O'° H5. Leur composition diffère donc par deux 
atomes d'hydrogène. On peut aisément transformer l’un de ces produits 
en l'autre. En chauffant le premier avec de l'acide nitrique, on lui enlève 
ces deux atomes d'hydrogène et l’on obtient le second. Ce dernier à son 
tour traité par l'hydrogène sulfuré, il y a dépôt de soufre et fixation 
d'hydrogène, de manière à reproduire la substance C® Az* O'° H'°. 


LEE 

» Ce sont ces deux matières qui produisent, quand elles sont mélées 
ensemble avec de l’ammoniaque, ce qu’on appelle le purpurate d'ammo- 
niaque, l'une de plus brillantes préparations de la chimie organique. Prises 
séparément, elles ne peuvent ni l’une ni l’autre fournir le purpurate d’am- 
moniaque. La composition de ce corps est donc extrêmement compliquée ; 
c'est une amide d’une nouvelle espèce. Nous sommes parvenus à donner de 
sa production une explication nette et satisfaisante. 

» On ne peut s'empêcher d’être frappé de l'analogie du corps C® Az{ O'°H'° 
avec l’orcine et de celle du purpurate d’ammoniaque avec l’orcéine. En 
chauffant de l’orcine avec de l'acide nitrique faible, et y ajoutant de 
l’ammoniaque, le liquide prend une couleur rouge très foncée, qui n’est, 
il est vrai, jamais aussi belle que celle de l’orcéine de M. Robiquet. » 


M. LaïcweL donne quelques détails sur les résultats des expériences qui 
ont été faites avec son système de courbes au rayon de 5o mètres, et an- 
nonce qu’il sera fait, le 4 mars, de nouveaux essais auxquels il désire voir 
assister quelques Membres de l’Académie. 


M. Jawss prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur des 


dessins qu'il lui a présentés et où se trouvent figurées en regard les pus- 
tules du vrai et du faux vaccirr. 


À 4 heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. 


Erratum. (Séance du 19 février.) 


Page 215, ligne 6 en remontant, de matières grasses purifiées , lisez de matières grasses 
provenant d’huiles grasses purifices 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, n° 8, 1° semestre 1838, in-4°. 
Projet de loi pour l'organisation d'une Société générale entre tous les 


hommes dont la profession fait partie de l'art de guérir; par J.-F. Cour- 
HAUT, in-8°, 


( 280 ) 


Discours prononcé au congrès de l'Institut historique tenu à l'Hôtel-de- 
Ville de Paris, à la séance du 21 septembre 1837, sur cette question : 
Rechercher par l'histoire, les causes qui ont introduit le style d'archi- 
tecture connu sous le nom de Renaissance; par M. FerpinanD Tomas, in-8°. 

Voyage en Islande et au Groënland, publié sous la direction de M. Gar- 
marD, 8° livraison, in-fol. 

Histoire naturelle des îles Canaries; par MM. Wsss et BERTHELOT, 
28° livraison , in-4°. 

Galerie ornithologique ou Collection d'oiseaux d'Europe, décrits par 
M. A. »'Orsieny, etc., 35° livraison , in-4°. 

De la rétention d'urine et d'une nouvelle méthode pour introduire les 
bougies et les sondes dans la vessie, par M. le docteur Beniqué , in-8?. 

Mémoire sur le sulfure d'azote et sur le chloride de soufre ammoniacal ; 
par M. E. Souserman, in-8°. 

Délibération portant que le rapport de la Commission chargée par le 
Conseil de présenter un avis sur la découverte de M. le docteur Donxé 
comme moyen de reconnaître la qualité du lait des nourrices sera imprimé. 
(Extrait du registre des arrêtés du Conseil général , séance du 27 décem- 
bre 1837), in-4°. 

Bulletin de la Société industrielle de Mulhkausen , n° 52, in-8°. 

Bulletin de la Société industrielle de Saint-Étienne, 14° année, 5° li- 
vraison, 1837, in-8°. 

Annales de la Société royale d'Horticulture, tome 22, 124 livraison 
in-8°. 

Compendium de Médecine pratique par MM. pe Laserce et Monwxerer, 
tome 2, 6° livraison in-8°. 

Flora batava, 112—113 livraison in-8°. 

Trattato delle febri.... Traité des fièvres bilieuses; par M. Meur, 
nouvelle édition, avec des notes de M. Jormanr; Milan, 1837, in-8°. 

Journal de Mathématiques pures et appliquées, janvier et février 1838, 
par M. Liouviise, in-4°. 

Journal de pharmacie et des Sciences accessoires, 24° année, n° 2, 
février 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 8, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°*22—24, in-4°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 8, in-4°. 

L'Expérience , journal de Médecine , n° 22—23, in-8°. 


D 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 5 MARS 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


M. le PRésiDenT DE L’ACADÉMIE invite la Commission qui a été chargée, 
d'après la demande de M. le Ministre de la Guerre, de rédiger des Ins- 
tructions pour une exploration scientifique de l'Algérie, à faire son rap- 
port le plus promptement possible, le départ de l'expédition devant être 
très prochain. 


MÉCANIQUE. — Extrait de la seconde partie d'un Mémoire sur le mou- 
sement des projectiles dans l'air, en ayant égard à leur rotation et 
à l'influence du mouvement diurne de la Terre (1); par M. Porsson. 


« Pour déterminer le mouvement d’un corps solide entièrement libre, 
on le décompose en deux autres, l’un de translation pour lequel on prend 
le mouvement du centre de gravité, l’autre de rotation autour de ce point, 
c'est-à-dire, autour d’un axe passant par ce point, qui change de direc- 


—_—_—_———_— 


(1) Voyez l'extrait de la première partie, dans le Compte rendu de la séance du 
13 novembre 1837. 


C, R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 40.) 38 


( 282 ) 


tion à chaque instant, soit dans l’intérieur du mobile, soit dans l'espace, 
et qu’on appelle pour cette raison, l'axe instantané de rotation. 

» Les inconnues du problème sont alors les trois coordonnées du centre 
de gravité , et trois certains angles qui déterminent, sans aucune ambigüité 
et de la manière la plus simple, la situation du mobile relativement à ce 
centre, d’après les directions de ses trois axes principaux passant par ce 
même point. Ces trois angles et leurs différentielles par rapport au temps, 
déterminent aussi la direction de l'axe instantané, et la grandeur de la 
vitesse de rotation. Quand on a obtenu les expressions des six inconnues 
en fonctions du temps, le problème est complétement résolu : on en 
déduit ensuite, si l’on veut et sans difficulté, les coordonnées d’un point 
déterminé de la masse ou de la surface du mobile, les composantes de 
sa vitesse, les équations de la courbe qu'il décrit dans l'espace. 

» Les trois équations différentielles secondes du mouvement de transla- 
tion se déduisent immédiatement du principe que le centre de gravité se 
meut à chaque instant, comme si toutes les forces appliquées au mobile 
y étaient transportées parallélement à leurs directions, et que la masse 
entière de ce corps y fût concentrée. En même temps le corps tourne 
autour de ce point, comme s'il était fixe, et que les forces données, sans 
addition d'aucune autre, eussent conservé leurs points d'application ; 
mais la formation des équations différentielles du mouvement de rotation, 
a présenté autrefois beaucoup plus de difficulté. D’Alembert les a données 
le premier en 1749; Euler a ensuite obtenu six équations différen- 
tielles du premier ordre, entre les trois inconnues angulaires et les trois 
composantes de la vitesse de rotation, et desquelles les trois équations 
de d’Alembert résultent par l'élimination de ces trois composantes; 
Lagrange, dans les Mémoires de Berlin et dans la Mécanique analytique, 
a déduit ces mêmes équations d’une analyse remarquable par la symétrie 
des formules qui résulte de lemploi de neuf quantités, introduites 
par la transformation des coordonnées rectangulaires, fonctions connues 
des trois angles cités plus haut, et liées entre elles par l’un ou l’autre 
de deux systèmes de six équations données; enfin, dans mon Traité 
de Mécanique , je suis parvenu, de la manière que je crois la plus simple, 
aux équations différentielles du mouvement de rotation, sous la forme 
où Euler les a présentées, et qu’on leur a toujours conservée. En effet, 
trois de ces six équations sont indépendantes des forces qui agissent sur 
le mobile; leur formation est une simple question de Géométrie, et ce 
n’est que la formation des trois autres, qui soit réellement un problème 
de mécanique. Or, j'en ai fait dépendre la solution, de ce théorème facile 


( 283 ) 

à démontrer : la somme des moments pris par rapport à un axe principal, 
passant ou non par le centre de gravité, des quantités de mouvement 
dont tous les points du mobile sont animés à un instant quelconque, est 
égale au produit de la vitesse angulaire de rotation de ce corps autour de 
ce même axe, et de son moment d'inertie par rapport à cette droite. Si 
l’axe demeurait parallèle à lui-même pendant la durée de l'instant sui- 
vant, on formerait immédiatement l'équation du mouvement de rotation 
qui s’y rapporte, en égalant la différentielle de ce produit à l’accroisse- 
ment de cette somme de moments pendant cet instant, et remplaçant cet 
accroissement inconnu par une autre quantité qui lui füt équivalente 
d’après le principe général de l'équilibre des quantités de monvement 
perdues; laquelle quantité, quand l'axe principal passe par le centre de 
gravité, est l'élément du temps multiplié par la somme des moments, par 
rapport à cette droite, des forces motrices données, qui sont appliquées 
au mobile et qui produisent seules, comme on vient de le dire , la rota- 
tion autour de ce point. Mais cet axe, fixe dans l'intérieur du mobile, 
changeant continuellement de direction dans l’espace, cette variation, 
pendant un instant infiniment petit, introduit dans le premier membre 
de l'équation différentielle, un terme qui la complète et que l'on déter- 
mine facilement. Au lieu d’un corps solide, s’il s'agissait d’un système de 
forme variable, les raisonnements que nous rappelons subsisteraient 
également; mais le moment d'inertie relatif à l'axe principal, varierait 
pendant l’instant que l’on considère, et il en résulterait encore un autre 
terme dans le premier membre de l’équation différentielle. Par cette con- 
sidération que je me borne maintenant à indiquer, on formera pour un 
système quelconque de points matériels, des équations analogues à celles 
du mouvement de rotation d’un corps solide, que l’on combinera comme 
celles-ci, avec les équations du mouvement du centre de gravité, et qui 
s’appliqueront, par exemple, an mouvement de la Terre, en ayant égard à 
la fluidité d’une partie de sa masse. 

» Dans l'état actuel de la science, les équations différentielles des 
mouvements simultanés de translation et de rotation d’un corpsentière- 
ment libre, ne laissent donc rien à désirer , quant à leur formation, sous 
le double rapport de la généralité et de la simplicité. Mais il n’en est pas 
de même en ce qui concerne leur intégration et la solution des problèmes 
qui en dépendent. Lorsque la résultante de toutes les forces motrices qui 
agissent sur le mobile, passe constamment par son centre de gravité, le 
mouvement de rotation autour de ce point est le même que si ces forces 


38. 


( 284 ) 

n’existaient pas, et que le corps, mis d’abord en mouvement par une où 
plusieurs impulsions, eût ensuite été abandonné à lui-même. Dans ce cas 
on parvient à intégrer sous forme finie, les équations différentielles de 
ce mouvement, au moyen de deux fonctions elliptiques d’espèces diffé- 
rentes. Dans les autres cas, les deux mouvements simultanés influent mutuel- 
lement l’un sur l’autre; chacune de leurs six équationsdifférentielles secondes 
renferme à la fois les trois inconnues angulaires et les trois coordonnées 
du centre de gravité; et ce système d'équations ne peut plus s'intégrer 
que par les méthodes d’approximation. C’est de cette manière que d’A- 
lembert a résolu le problème de la précession des équinoxes , et déter- 
miné les lois véritables de l'inégalité de ce mouvement, qu’on appelle la 
nutation. Le problème de la libration de la Lune, analogue à celui de la 
précession, présentait des difficultés spéciales que Lagrange a surmontées 
dans un de ses plus beaux ouvrages, au moyen d'une transformation des 
inconnues, qui a rendu linéaires et à coefficients constants, les équations 
de la libration vraie en latitude, et qui lui a permis d’en déduire les 
lois remarquables de ce mouvement, découvertes autrefois par Domini- 
que Cassini. J'ai appliqué cette même transformation à un cas de Ja 
précession des équinoxes où la rotation du sphéroïde serait nulle ou très 
lente; ce qui n’est pas le cas de la nature, et ne présente plus alors qu’un 
exemple curieux du mouvement d'un corps solide. Le changement des 
inconnues rend encore linéaires les équations différentielles du mouve- 
ment; mais leurs coefficients n'étant plus constants, elles ne peuvent 
plus s'intégrer par la méthode générale, et ce n’est qu'à raison d’une 
circonstance très particulière, qu’elles sont néanmoins intégrables sous 
forme finie, ainsi que je l'ai trouvé dans un précédent Mémoire (1). Dans 
celui-ci, je me propose d'appliquer les équations différentielles du double 
mouvement d’un corps solide, à des exemples qui n'avaient pas encore 
été considérés; et quoique ces nouvelles questions soient principalement 
relatives aux projectiles de l'artillerie, je crois pouvoir espérer que leur 
solution intéressera les géomètres, sous le rapport du calcul intégral et 
sous celui de la mécanique rationnelle. 

» Lorsqu'un corps parfaitement sphérique et homogène, est lancé sans 
aucune rotation initiale, dans un air calme, son centre de figure ne sort 
pas du plan vertical de sa projection, abstraction faite, toutefois, de la 
petite déviation due au mouvement de la terre, et que Jai considérée 


(1) Tome XIV des Mémoires de l'Académie. 


( 285 ) 


dans la première partie de ce Mémoire. Tout, en effet, est semblable 
alors de part et d’autre de ce plan; mais dans la pratique de l'artillerie, 
le concours des circonstances qui produit cette similitude n’a jamais lieu, 
et il en résulte des écarts considérables du projectile, à droite ou à gauche 
du plan de projection, qui nuisent à la justesse du tir et n’ont pas man- 
qué d’être observés. 

» Robins, à qui l’on doit l'invention du pendule balistique, attribue ces 
écarts, dans ses Principes d'artillerie, qu'Euler et Lombard ont com- 
-mentés, à la rotation du projectile qui accompagne, en général, son 
mouvement de translation. Euler pense, au contraire, que la rotation ne 
doit avoir aucune influence sensible sur ce mouvement, non plus que la 
non-sphéricité parfaite du projectile, et que les déviations observées sont 
dues uniquement à ce que, par un défaut d’homogénéité de ce corps, le 
centre de gravité ne coïncide pas exactement avec le centre de figure. 
Lombard, professeur dont le nom s’est conservé dans les écoles d’artil- 
lerie, partage l'opinion de Robins sur l'influence de la rotation, sans se 
prononcer positivement en ce qui concerne les influences, plus où moins 
grandes, de la non-sphéricité et de la non-homogénéité. Ces deux cir- 
constances, et la rotation en tant qu’elle donne lieu à un frottement du 
mobile contre l'air qu’il traverse, sont effectivement les diverses causes qui 
concourent , indépendamment des agitations de lair, à produire les dé- 
viations horizontales du centre de gravité, et à modifier son mouvement 
projeté sur le plan vertical dans lequel il a été lancé. Mais, déterminer 
la part de chacune de ces causes possibles, et quels sont leurs effets res- 
pectifs, c’estune question qui ne peut être résolue que par le calcul fondé 
sur les équations différentielles du double mouvement de translation et 
de rotation: 

» Pour appliquer ces équations au cas d'un projectile pesant qui se 
meut dans l’air, j'ai d'abord supposé à ce corps une figure et un double 
mouvement quelconques, et j'ai formé les expressions générales de leurs 
seconds membres , en considérant la résistance relative à chaque point de 
la surface du mobile, comme étant composée de deux parties, l’une nor- 
male et qu’on appelle la résistance du fluide proprement.dite; l’autre tan- 
gente et qui constitue le frottement. A l'égard de la première, qui s'exerce 
seulement sur la portion antérieure du projectile, j'ai admis l'hypothèse 
ordinaire dans laquelle on prend, pour la mesure de cette force en chaque 
point, le produit de la densité naturelle du fluide ét du carré de la vitesse 
complète de ce point, dans le sens normal à la surface : cette vitesse 
complète est celle qui résulte des deux mouvements simultanés du mobile; 


( 286 ) 


sa composante normale est dirigée du dedans en dehors, dans la portion 
antérieure de ce corps, et de dehors en dedans, dans sa portion posté- 
rieure; elle est nulle en tous les points de leur ligne de séparation, qui peut 
être constante ou variable sur la surface. Quant à la seconde, on admet 
comme un résultat de l'expérience , que le frottement d’un liquide contre 
un solide, est indépendant de la pression exercée par le liquide sur le solide, 
et proportionnel à la vitesse relative de ces deux corps, lorsqu'ils sont 
l’un et l’autre en mouvement; or, pour étendre cette mesure du frottement 
au cas où le liquide est remplacé par l'air, j'ai supposé qu’elle était, en outre, 
proportionnelle à la densité de ce fluide en chacun des points où il touche 
le solide; et comme, dans la question du mouvement des projectiles, on 
fait abstraction de celui que le mobile imprime à l'air qu'il traverse, il 
s'ensuit que le frottement, en chaque point de ce corps, est propor- 
tionnel, d’une part, à la composante de la vitesse complète de ce point, 
tangente à la surface, et d’un autre côté, à la densité de l'air qui a lieu en ce 
même point. On peut, d’ailleurs, regarder l'expression de cette densité comme 
étant composée de deux termes, lun constant et égal à la densité natu- 
relle du fluide, l’autre variable d’un point à un autre, positif en avant du 
projectile où l'air est condensé, négatif en arrière où l'air est dilaté. Ce 
second terme nous est inconnu; et sa détermination serait aussi difficile 
que celle du mouvement du fluide. Je l’ai supposé, en un point quelconque 
de la surface du mobile, proportionnel à la densité naturelle du fluide 
et à la composante normale de la vitesse complète de ce point; ce qui 
était l'hypothèse la plus simple que l’on pouvait faire, et qui se présentait 
le plus naturellement. De cette manière, l'expression du frottement de 
l'air se compose aussi de deux termes, dont l’un aurait lieu dans l'état 
naturel du fluide, et l’autre provient de ses condensations ou dilatations 
produites par le mouvement de translation du projectile. Chacun de ces 
deux termes contient un coefficient numérique, qui dépend sans doute 
du degré de poli du mobile, et ne saurait être déterminé que par l’expé- 
rience, pour chaque corps en particulier. Dans les très petites oscillations 
du pendule, dont les amplitudes successives décroissent en progression 
géométrique (1), c’est le premier terme du frottement qui produit ce 
décroissement, et le coefficient de ce terme peut, en conséquence, se 
conclure du rapport de cette progression, donné par l'observation. A l'égard 
du coefficient du second terme, il n’a été fait, jusqu’à présent, aucune ex- 
périence d’où l’on puisse déduire sa valeur. 


(r) Voyéz mon Traité de Mécanique, tome 1‘, page 352. 


( 287 ) 


» Les équations différentielles des deux mouvements simultanés d’un 
projectile de figure quelconque, formées par ces diverses considérations, 
sont beaucoup trop compliquées pour qu’il soit possible d’en obtenir les 
intégrales exactes, ni même pour qu’on puisse en déduire des valeurs ap- 
prochées des inconnues, assez simples pour être de quelque utilité. J'en 
ai donc restreint la généralité, en les appliquant particulièrement au cas 
où le mobile s’écarte très peu de la forme sphérique et de la parfaite ho- 
mogénéité. De plus, afin de mieux connaître les effets respectifs des 
trois causes que l'on vient d'indiquer, le frottement contre l'air, la 
non-sphéricité, la non-homogénéité, je les ai considérées séparément, 
sauf à réunir ensuite ces effets distincts, si leurs causes ont toutes eu 
lieu en même temps. Mais la longueur de ce Mémoire n’a forcé de ren- 
voyer à un autre, l'examen de ce qui concerne la troisième cause. Voici. 
d'une manière succincte, les résultats du calcul qui se rapportent aux 
deux premières. 

» Quand un boulet parfaitement sphérique et homogène tourne en sor- 
tant de la pièce autour de l’un de ses diamètres, ce mouvement continue 
pendant toute la durée du trajet dans le même sens et autour de ce même 
diamètre qui reste aussi constamment parallèle à lui-même ; mais, à raison 
du frottement de l'air et indépendamment de la résistance proprement 
dite du fluide, la vitesse de rotation décroît continuellement en pro- 
gression géométrique pour des intervalles de temps égaux. La rapidité 
de ce décroissement diminue ou augmente, selon que le produit du dia- 
mètre et de la densité du projectile augmente ou diminue; elle dépend 
aussi du coefficient du premier terme dans l'expression du frottement: et 
il résulte de la valeur de ce nombre, déduite des très petites oscilla- 
tions d’un pendule à boule de platine, que la vitesse de rotation d'un 
boulet de quatre, dont la surface aurait le même degré de poli que ce 
métal, décroitrait à peine d’un dix-millième de sa grandeur en une 
seconde. 

» Tandis que le mouvement de translation du boulet n’influe pas sur la 
rotation, celle-ci, au contraire , influe sur la direction et la portée du pro- 
jectile. La déviation horizontale qu’elle produit à droite ou à gauche du 
plan vertical de projection, a lieu du même côté pendant toute la du- 
rée du trajet, et est indépendante de l'angle que fait ce plan avec le 
plan vertical de l’axe de rotation. Lorsque le corps tourne autour d’un axe 
vertical , la déviation se produit à gauche ou à droite du plan de projec- 
tion, selon que l'hémisphère antérieur du mobile tourne de gauche à 
droite ou de droite à gauche, par rapport à une personne placée dans 


(288) 


ce plan et qui regarde la trajectoire ; elle s'évanouit quand le projectile 
tourne autour d’un axe horizontal. La déviation verticale, c'est-à-dire, la 
quantité dont la rotation élève ou abaisse le boulet; relativement à la 
position qu'il aurait à chaque instant s'il ne tournait pas, conserve, pen- 
dant toute la durée du trajet, un rapport constant avec la déviation hori- 
zontale ; elle s’évanouit, soit quand les plans verticaux de la ligne de tir et 
de l'axe de rotation font un angle droit, soit quand cet axe est vertical ; 
lorsqu'il est horizontal et perpendiculaire au plan de projection, l'effet 
de cette déviation verticale est d’élever ou d’abaisser le projectile, et, 
en conséquence, d'augmenter ou de diminuer la portée horizontale, selon 
que la partie antérieure du mobile tourne du haut vers le bas ou du 
bas vers le haut. Ces résultats se rapportent au cas le plus ordinaire; 
du tir à tres peu près horizontal; j'ai aussi considéré le cas où le mo- 
bile est projeté verticalement, dans le sens de la pesanteur ou en sens 
contraire ; les formules auxquelles je suis parvenu comprennent toutes les 
circonstances du double mouvement du projectile ; indépendamment du 
coefficient de la résistance proprement dite , sur lequel il reste encore 
quelque incertitude, elles renferment aussi les coefficients des deux 
termes du frottement; et faute des données nécessaires de l’observa- 
tion , elles ne peuvent, par conséquent , être réduites en nombres. Néan- 
moins , d'après la composition de la formule qui exprime la déviation ho- 
rizontale à la distance du canon où le boulet retombe sur le terrain, on 
reconnait facilement que cette déviation ne peut jamais être qu’une très 
petite fraction de la longueur de la portée; en sorte que ce n'est pas 
au frottement de la surface du boulet contre la couche d’air adjacente 
et d’inégale densité, que sont dues principalement les déviations obser- 
vées, ainsi que Robins et Lombard l'avaient pensé. } 

» Pour montrer les effets de la non-sphéricité du projectile, j'ai consi- 
déré spécialement le tir de la carabine rayée en hélices, et j'ai supposé la 
balle homogène, mais un peu aplatie ou allongée dans le sens de la di- 
rection du tir. Les hélices impriment à la balle , au sortir de l'arme , une 
rotation très rapide autour d’un axe qui s’écarte très peu de l'axe de 
figure; le petit angle compris entre ces deux axes, provient de ce que 
le second ne coïncidait pas exactement avec l’axe des hélices, dans l’inté- 
rieur de la carabine. La vitesse de rotation est en raison inverse de la 
pärtie de ce dernier axe, qui répondrait à un tour entier des hélices 
prolongées s’il est nécessaire, et en raison directe de la vitesse de projec- 
tion : dans une série d'épreuves faites parles officiers d'artillerie, sous la di- 
rection de M. le lieutenant-colonel de Poncharra, et dont les résultats 


( 289 ) 
, LA . E] # ° m . 
m'ont été communiqués, cette longueur d’axe était de 6",226, la vitesse 
initiale de 384 mètres par seconde, et, en conséquence, la vitesse angu- 


384 
6,226 


cette unité de temps. Elle demeure constante pendant toute la durée du 
trajet; mais elle a lieu autour d’un axe qui change continuellement de 
direction, soit dans l’espace, soit dans l’intérieur du mobile. Toutefois 
daus le tir de la carabine, supposé à très peu près horizontal, ce chan- 
gément de l'axe de rotation est peu considérable; l'axe instantané s'écarte 
toujours très peu de l’axe de figure, et celui-ci s'éloigne aussi fort peu dela 
direction du tir, d’où il résulte que c’est par la partie antérieure, marquée 
d’avancé, que la balle vient frapper une cible verticale, ainsi.qu'on le 
sait par une expérience souvent répétée. Les lois des petites variations 
de ces deux axes dépendent du système de quatre équations différen- 
tiellés du premier ordre, linéaires, mais dont les coefficients ne sont pas 
constants, ce qui n'empêche pas, cependant, qu'on ne parvienne à les 
intégrer sous forme finie. Elles sont généralement assez compliquées, mais 
elles deviennenttres simples, quand ces deux axes ont coïncidé exactement, 
à l’origine du mouvement, ensemble et avec la direction initiale du. centre 
de la balle. Dans ce cas particulier, l'axe instantané fait dans l'intérieur du 
mobile, des oscillations très rapides dont l'amplitude est en raison inverse 
du carré de la vitesse angulaire de rotation, et diminue continuellement 
pendant la durée du trajet; les déplacements de l'axe de figure sont 
plus lents : quand la balle tourne avec une extrême rapidité, il décrit 
d'un mouvement qui n’est pas uniforme comme cette rotation, un cône 
droit, dont le sommet est au centre de gravité, l'axe horizontal, et la 
demi-ouverture égale à l'angle du tir. La vitesse de ce mouvement, toutes 
choses d’ailleurs égales, est proportionnelle au degré d’aplatissement ou 
d’allongement de la balle: dans les épreuves que je viens de citer, où 
la plus petite dimension du projectile était moindre que la dimension 
moyenne, d'à peu près un onzième decelle-ci, le maximum de cette vitesse, 
qui a lieu quand le mouvement commence, à dû être environ moitié. de 
la vitesse de rotation. 


laire de rotation s'élevait à de 360°, ou à 61 tours et demi dans 


» Ces déplacements simultanés des axes de figure et de rotation ; qui 
proviennent de la non-sphéricité du projectile, ont néanmoins, quoique 
fort petits, une influence considérable sur le mouvement de translation’, 
ce qui est contraire à l’opinion d’Euler, citée plus haut, et suffirait pour 
montrer combien les questions relatives au double mouvement des corps 


C. R. 1855, 17 Semestre. (T. VI, N° 40.) 39 


( 290 } 
solides, sont loin de pouvoir se résoudre sans le secours de l'analyse ma- 
thématique: on pourra, en effet, comparer les raisonnements plus ou 
moins spécieux d'Euler même, dans ses remarques sur la 46° proposition 
du livre de Robins, aux résultats précis de l'analyse en cette matière.Le cal- 
cul fait voir que dans le tir de la carabine rayée en hélices, les déviations 
horizontale et verticale du mouvement de translation, résultantes de la 
forme de la balle , sont de deux sortes qu'il importe de distinguer et qui 
se trouvent heureusement séparées dans les formules. Les unes proviennent 
de ce qu'à l’origine du mouvement, l'axe de figure et l'axe de rotation 
s'écartaient un tant soit peu, par une cause quelconque, de la ligne du 
tir. Ces écarts accidentels ont lieu tantôt dans un sens et tantôt dans un 
autre; leurs effets se confondent avec ceux qui résultent du degré d’adresse, 
plus ou moins grand , du soldat; ils influent sur la justesse du tir à chaque 
coup ; mais ils se balantéént dans une longue série d'épreuves, et n’influent 
pas sur les déviations moyennes. ? Abstraction faite de ces causes variables, 
la forme allongée ou aplatie de la balle, tournant sur elle-même, donne 
aussi lieu à des déviations, mais dans un sens déterminé et qui se repro- 
duisent à tous les coups; c’est à cette cause constante que les déviations 
moyennes doivent être attribuées, quand le projectile est homogène et 
Pair calme, comme on le suppose ici. Son effet est de diminuer ou 
d'augmenter la portée, ou, ce qui est la même chose, d'augmenter ou de 
diminuer, pour une portée de longueur donnée, l'angle du tir correspon- 
dant à des vitesses de projection et de rotation aussi données. L’angle du 
tir ayant été calculé à priori, ou déterminé par Fexpérience, il faut, pour 
approcher davantage dans une longue série d'épreuves, de la verticale 
menée par le centre de la cible, tirer sous cet angle en visant un peu à 
droite ou un peu à gauche, selon le sens de la rotation, et à une distance 
de cette ligne calculée d'avance. Dans les épreuves citées plus haut, cette 
distance horizontale a eu lieu à la gauche ou à la droite du soldat, 
selon que la partie supérieure de la balle tournait de gauche à droite ou 
de droite à gauche, et elle a dù s'élever à quelques millimètres seule- 
ment pour une portée de 250 mètres; mais elle pourrait être moins pe- 
tite dans d’autres cas. l'équation qui sert à déterminer l'angle du tir, 
fait voir qu'il n’est pas le même, quand la balle est aplatie, et lorsqu'elle 
est allongée; résultat important pour la pratique, qui se trouve confirmé 
par ces mêmes épreuves. En effet, la moyenne d’un très grand nombre de 
coups, tirés avec des balles aplaties, ayant donné 62'30° pour l'angle du 
tir, à 250 mètres de distance de la cible, on a tiré ensuite, à cette même 


C2gr ) 

distance et sous ce même angle, avec de pareilles balles et avec des balles 
allongées. Or, avec des balles aplaties, on a atteint le plan de la cible, 
de deux mètres de hauteur et deux tiers de mètre de largeur, quatre- 
vingt-sept fois sur cent, et avec des balles aïlongées , seulement quarante- 
neuf fois; ce qui montre que l'angle du tir déterminé pour une forme de 
la balle ne convient pas pour une autre. Il ne faudrait pas conclure, en 
effet, de cette expérience, que la balle aplatie füt la plus avantageuse; car 
si l'on tirait, sous l'angle déterminé pour la balle allongée, avec des balles 
de cette forme et avec des balles aplaties, ce serait, au contraire, les 
premières qui auraient l'avantage. Observons, d’ailleurs, que dans notre 
exemple, l'angle du tir calculé pour les balles aplaties, est égal à 59! 30”; 
ce qui ne s’écarte du résultat de l'expérience, que de 3/; différence que 
l'on peut attribuer, sans scrupule, aux erreurs inévitables dans ce genre 
d'observations , et aussi au degré d’approximation du calcul, qui suppose 
que l’on néglige le carré de la fraction un onzième, relative à l’aplatissement. 
Enfin, dans ce même exemple, on trouve une seconde et un quart pour 
la durée du trajet de 250 mètres; ce que je n’ai pas pu vérifier par l’expé- 
rience, à cause que ce temps n’a pas été observé : toutes choses d’ailleurs 
égales, ce temps ne serait que d’à peu près une seconde, et l'angle du tir 
de 54", si la balle était parfaitement ronde; valeurs plus petites que pour 
une balle aplatie dans le sens du mouvement, parce que l'air oppose à 
celle-ci une, plus grande résistance qu'à la balle ronde, et, par consé- 
quent, ralentit davantage sa vitesse. » 


M. Huzarp fait, en son nom et celui de M. Bonafous, hommage à 
l’Académie d’une épreuve du portrait de feu M. Tessier. 


RAPPORTS. 


STATISTIQUE. — Rapport verbal sur un ouvrage ayant pour titre : De la 
Statistique de la population française, considérée sous quelques-uns de 
ses rapports physiques et moraux, de M. le comte D’ANGEVILLE ; par 
M. Héricart DE Taury. 


« L'ouvrage de M. le comte d’Angeville est divisé en quatre parties : 
» La premiére comprend les études générales sur la France et sur Le 
département moyen ; 


» La deuxième, les études particulières qui concernent chacun des 
86 départements ; 


39. 


( 292 ) 

» La troisième, dans une série de huit tableaux , tous les résultats des 
calculs de l'ouvrage; 

» Et la quatrième, seize cartes où les résultats de quelques-uns des cal- 
culs obténus sont indiqués par des dégradations dans la teinte des surfaces 
des départements. 

» Le compte rendu de cet ouvrage peut réellement se réduire à l’exa- 
inen dela troisième partie qui résume les deux premières, et à celui des 
cartes qui ont été regardées avec raison par l’auteur comme le moyen le 
plus simple de fixer l'esprit, sans fatigue, sur un grand nombre de points, 
et comme le seul qui permette de bien apprécier l'ensemble des faits. 

» Comme il est souvent question du département moyen dans le cours 
de Fouvrage, nous devons d’abord expliquer ce que l'auteur entend par 
cette dénomination. 3 

» Prenons pour exemple ce qui a rapport à la densité de la population: 

» On voit à la première colonne du premier tableau, que la population 
était en 1831 de 32,560,934 habitants. Si l'on divise ce nombre par celui 
de 52,768,620 hectares, qui est la superficie totale du royaume, on aura 
pour quotient 6,175, c’est-à-dire la population moyenne pour un hectare 
du département moyen, autrement du département tel qu'il serait peuplé 
si l’on supposait la population totale de la France uniformément et égale- 
ment répartie sur la surface du sol. 

» Après cette explication qui était essentielle pour bien suivre l'analyse 
de cet ouvrage, passons à l'examen des tableaux des études générales et 
particulières de la France, considérée sous chacun de ses rapports physi- 
ques et moraux par département moyen. 

» Le premier tableau traite de la population, de son accroissement en 
France, de la durée de la vie moyenne, des centenaires, des naissances et 
des mariages. 

» Ce tableau fait voir que la population en France est fort inégalement 
répartie sur la surface du sol, puisqu'elle serait de 1,038,709,000 habitants, 
si elle était partout aussi agglomérée que dans le département de la Seine, 
et de 12,029,000 seulement, si elle était partout aussi dispersée que dans 
celui des Basses-Alpes. 

» L’accroissement de la population a été de 1825 à 1833, de 46 pour 10,000 
moyennement. Dans le département de la Moselle où il a été le plus rapide, 
il s’est élevé à 96 pour 10,000. Dans un seul département, celui de l'Eure, 
il y a eu diminution de 2 pour 10,000. 

» La longueur de la vie moyenne de l’homme est pour toute la France 
de 36 ans et 7 mois par département moyen. 


( 395 ) 

» Celui où elle est la plus longue est l'Orne, 49 ans ét 4 mois. 

» Celui où elle est la plus courte est la Seine (28 ans et 8 mois.) 

» Les centenaires sont fort rares en France. 

» Le département de l’Ariége est celui où l’on en compte le plus (dans 
la proportion de 247 pour 10 millions d'habitants. ) 

» Le département de Vaucluse ést celui où l’on en compte le moins. 

» Le département de la Seine est celui où la mortalité est la plus grande 
avant 21 aus, et le département du Gers, celui où elle est la plus faible. 

» Enfin, le département de la Seine est celui où il se fait le plus de ma- 
riages, et le département des Hautes-Pyrénées celui où il s’en fait le moins. 

» Tels sont les résultats les plus importants du premier tableau. 

» Dès le commencement de notre examen, nous avons senti le besoin 
de résumer les faits qui s'y trouvent consignés et nous avons recherché la 
formule la plus simple possible pour en présenter l’ensemble. 

» Il nous a semblé que des tableaux synoptiques dans la forme de celui 
qui suit, rempliraient notre but. 

» Nous avons donc indiqué par le signe + placé à côté de chaque dé- 
partement celui, par exemple, où la population relative est la plus con- 


sidérable, et le signe — au département qui, dans l'échelle de progressions 
occuperait l’extrémité opposée. 


relatif à la population, relative. |mogenne.| CENTENAIRES. avant MARIAGES. de la 


EXTRAIT DU TABLEAU POPULATION VIE MORTALITÉ ACCROISSEM. | 
à son accroissement, 21 ans. population. 


à la vie moyenne, 


| aux centenaires, à la (Seine... +|Orne +{Ariége.. + |Seine +|Seine... + [Moselle + 
E mortalité avant 2rans| , : 
et aux mariages. |A IPes(B.-)— Seine —|Vaucluse—|Gers —|Pyr.(H.-)—|Eure.. — 


» Le deuxième tableau traite des enfants naturels et des enfants trouvés. 

» 11 fait voir que le département de la Seine est celui où il y a le plus de 
naissances illégitimes. On est effrayé quand on en voit le chiffre (313 sur 
1000.) 


» Le département d'Ille-et-Vilaine est celui de toute la France où il y 
en a le moins. 

» Il en est de même de presque tous les départements de la Bretagne. 

» Celui des Côtes-du-Nord n’en compte que 26 sur 1000, celui du 
Morbihan 29, et celui du Finistère 33. 

» Aussi, si la Bretagne a le malheur d’être souvent teintée en noir sous 
beaucoup d’autres rapports dans les tableaux de M. d’Angeville, du moins 


(294) 
ici reprend-elle une revanche éclatante, en opposant la pureté de ses mœurs 
aux teintes plus ou moins foncées des autres départements que l’on appelle 
civilises. 

» Le département de la Seine est celui où il y a le plus d’enfants trouvés 
(159 sur 1000), et la Haute-Saône celui où il y en a le moins; puisque, 
suivant l’auteur, il n’y en aurait que 1 sur 1000, ou 11 pour la totalité des 
huit années de 1824 à 1832. 

» Nous ne savons trop, en vérité, pourquoi ce département de la Haute- 
Sadne vient occuper ici une place que nous avions pensé devoir appar- 
tenir à l'un des départements de cette vieille Bretagne, où la sainteté du 
mariage est en si grand respect. 

» Nous avons cherché à nous rendre compte de cette anomalie en re- 
cherchant dans le deuxième tableau le numéro sous lequel, dans l'ordre 
de 1 à 86, figure le département de la Haute-Saône en ce qui concerne 
ces naissances, et nous n'avons pas été peu surpris de voir : 1° que la 
Seine est de tous les départements celui où il yen a le plus; 2° que le 
Rhône qui en fournit 141 sur 1000 vient ensuite; et 3° qu'immédiatement 
après se trouve ce département de la Haute-Saône, qui ne donne pas 
moins de 119 enfants naturels sur 1000 naissances. 

» Nous serions donc tentés de considérer comme un heureux hasard ce 
numéro 1, porté en regard de ce département, à l’article enfants trouvés ; 
mais au surplus il ne prouve plus pour nous qu'un seul fait consolant pour 
l'humanité, c’est que si les chiffres sont exacts, ils indiquent, du moins, 
qu’en ce pays les mères n’y abandonnent pas leurs enfants. 

» La Bretagne, au reste, sous ce rapport, comme sous celui des nais- 
sances illégitimes , présente quelque rapprochement. En effet, sur les quatre 
départements qui la composent il y en a deux (les Côtes-du-Nord et le 
Morbihan) classés sous les numéros 5 et 10. 

» Les réflexions auxquelles se livre l’auteur sur les enfants trouvés méri- 
tent de fixer l'attention des Chambres et de l'Administration. Il fait obser- 
ver qu'avant la révolution de 1789 on ne comptait que 40,000 enfants 
trouvés à la charge de tous les hospices de France, tandis qu’à la fin de 
1833 on en comptait 129,000. Il regarde la somme de douze millions 
payée annuellement par l'État ou les communes, aux hospices d'enfants 
trouvés, comme une véritable prime d'encouragement pour la production 
de ces infortunés, et il pense que ce qu'il y aurait de mieux à faire pour 
éviter les progrès d’un pareil mal, serait de poser en principe qu’une fille- 
mère est, aussi bien que la femme mariée, tenue de nourrir et de soigner 


( 295 ) 
son enfant. La conséquence de l'adoption de ce principe serait l'abolition 
des hospices d’enfants trouvés, à laquelle sans doute on ne devrait pas, 
dit-il, procéder brusquement, mais que l’on devrait amener graduellement 
et qui serait le seul moyen de faire rentrer la moralité au sein des classes 
ignorantes et inférieures. 


NAISSANCES ENFANTS MORTALITE 
des 


EXTRAIT DU TABLEAU 1 : 
naturelles . trouvés. enfants trouv. 


relatifaux naissances naturelles, 


aux enfants trouvés : de : 
Seine... .... +{|Seine. ...... +|Seine.. + 


et à 


la mortalité des enfants trouvés.|Ille-et-Vilai. —|Haute-Saône. — Vosges. — 


» Le troisième tableau traite du recrutement. 

» On trouve dans ce tableau le nombre d'habitants qu’il a fallu annuel- 
lement dans chaque département pour fournir un inscrit, Ce nombre varie 
du simple au double sans que l’on puisse expliquer cette différence. 

» Ainsi dans le département de la Seine il faut 180 habitants pour fournir 
un inscrit, tandis que dans celui de la Vendée il n’en faut que 95. 

» Le département de la Haute-Vienne est celui où il y à le plus 
d’exemptions pour défaut de taille, et le Doubs celui où il y en a le moins. 

» Le département de l’Aube est celui où il y a le plus d’exemptions 
pour causes physiques, et le Morbihan, celui où il y ena le moins. 

» Le département des Vosges est celui où il y a le plus d’exemptions 
pour toutes causes et le Morbihan, celui où il y en a le moins. 

» Enfin, le département de la Meurthe est celui où il y à le plus 
d'exemptions pour cause de faible constitution, et le département des 
Pyrénées-Orientales, celui où il y en a le moins. 


——_—_—_—_—_—_—_—_—] 


EXEMPTIONS POUR 


EXTRAIT DU TABLEAU RE 
Faible 


latif ’ Vices 
re/atif au recrutement Cause de taille.| qe constitut. | Toutes causes. CB tétion 
et aux ————— | : 
exemptions H.-Vien.+|Aube.., + Vosges. +Æ|Meurthe + 


pour causes physiques. Doubs —|Morbih. —|Morbih. — Pyr.-Or. — 


» Le quatrième tableau traite du nombre des insoumis, du nombre des 
agriculteurs et des étudiants ecclésiastiques sur 1000 recrues. 

» Le département du Cantal est celui qui compte le plus d’insoumis, et 
celui des Ardennes , celui qui en compte le moins. 


(296 ) 

» Le département de l’Ardèche est celui où, sur 1000 recrues, il y a le 
plus d'agriculteurs , et le département de la Seine, celui où il y en a le 
moins. 

» Enfin, le département de la Lozère est celui où, sur 1600 recrues, il 
y a le plus d'étudiants ecclésiastiques, et la Seine celui où il y en a le moins. 


AGRICULTEURS ETUDIANTS 
EXTRAIT DU TABLEAU INSOUMIS. parmi ecclésiastiques 
les recrues. |parmi les recrues. 


relatif aux insoumis, 


aux agriculteurs À É 
Fe Cantal. . +|Ardèche —+/|Lozère... + 


aux étudiants ecclésiastiques. Ardennes —|Seine... —|Seine.... — 


» Le cinquième tableau traite de l'instruction primaire. 

» Le département du Jura est celui où l'instruction est la plus répandue 
(il ne présente que 170 ignorants sur 1000 recrues. } 

» Le département de la Corrèze est celui où l’instruction l'est le moins 
( ainsi 819 sur 1000.) 

» Dans ce tableau qui a uniquement rapport à l'instruction primaire , on 
est étonné de trouver des calculs qui se rapportent au nombre des portes 
et fenêtres. # 

» Mais l’auteur en donne le motif, en établissant qu'il y a un rapport 
direct entre les lumières de l'esprit et celle qui pénètre par l'ouverture de 
nos maisons; et que ce rapport entre l'instruction et le nombre de ces 
ouvertures est parfait, c’est-à-dire que plus il y a de portes et fenètres, 
plus il y a d'instruction et réciproquement ; en sorte que toutes les fois 
qu’en traversant un pays on voit des maisons bien aérées, ayant beaucoup 


de portes et fenêtres , on peut en conclure que l'instruction est répandue 
et que la civilisation est avancée. 


EXTRAIT DU TABLEAU 
relatif 
à l'instruction primaire 


IGNORANTS, PORTES ET FENÈTRES. 


a Corrèze. +-|Eure......... + 
aux portes et fenêtres, Jura... —|Côtes-du-Nord. 


» Le sixième tableau a rapport à l’industrie et au paupérisme. 

» Le département de la Seine est celui où il y a le plus d'industrie, et 
celui de la Creuse celui où il y en a le moins. 

» Le département du Nord est celui où il y a le plus de pauvres, et le dé- 
partement de la Creuse celui où il y en a le moins. 


(297) 

» Enfin le département du Nord est celui où il y a le plus de pauvres 
secourus à domicile ou admis dans les hôpitaux , et le département de la 
Dordogne celui où il y en a le moins. 

» M. le comte d’Angeville fait suivre ce tableau de considérations géné- 
rales du plus haut intérêt sur le Paupérisme. Il trouve la cause du paupé- 
risme en Angleterre dans le système de charité légale adopté par ce pays 
où les pauvres prétendent que leurs enfants ne sont pas à eux, mais à la 
paroisse. L’imprévoyance dans la conduite et surtout dans le mariage, 
multiplie les pauvres avec une telle rapidité que la charité légale, à quelque 
taux qu'elle s'élève, ne Peut secourir les misères. La charité privée, qui 
heureusement ne meurt jamais dans le cœur de l’homme, vient alors en 
aide, mais elle succombe sous le poids de ses charges incessamment crois- 
santes. 


» En Angleterre, la taxe répartie par tête d'habitant s'élevait à : 


Sfr. 30 cent. en 1789; 


10 5o 1800 ; 
16 65 1818; 
y 1833. 


» En présence de pareils faits, on doit naturellement se défier de leffi- 
cacité des mesures prises par le Gouvernement pour arriver en France à 
l'extinction de la mendicité. 

» Le meilleur moyen de diminuer le nombre des pauvres est de conser- 
ver à la charité son caractère privé et incertain qui contraint l'homme à 
la prévoyance et entretient son activité. 

» Les résultats rapportés ci-dessus démontrent ce fait jusqu’à l’évi- 
dence, puisque l’on voit que le département du Nord est en même temps 
celui où il y a le plus de pauvres et celui où il y en a le plus secourus à 
domicile ou admis dans les hôpitaux. _ 

» En effet, assuré de pouvoir toujours compter sur la charité publique, 


le pauvre ne tente rien Pour sortir de son état d’abjection et de dégrada- 
tion morale. 


£ PAUVRES 
EXTRAIT DU TABLEAU INDUSTRIE. PAUPÉRISME. | 


relatif secourus. 
à l’industrie Ne 

En Seine... +|Nord... +|Nord... +] 
paupérisme. Creuse.. —|Creuse.. — Dordog. — 


CR 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 10.) 4o 


( 298 ) 

» Les principaux motifs, bien qu’étrangers l’un à l’autre, traités dans le 
7" tableau, sont la criminalité, le catholicisme et l'esprit de chicane. 

» Le département de la Seine est celui où il se commet le plus de cri- 
mes, et le département de l'Ain celui où il s’en commet le moins. 

» Le département du Rhône, celui où il y a le plus de ferveur pour le 
catholicisme, et le département des Hautes-Pyrénées, celui où il y en a le 
moins. 

» Enfin le département de la Lozère , suivant M. d’Angeville, est le plus 
processif de tous ceux de France, et le Finistère, celui qui l’est le moins. 


ESPRIT 


EXTRAIT DU TABLEAU CRIMES. CATHOLICISME. : 
de chicane. 


relatif aux acquittés devant le 
jury, à la criminalité, 
au catholicisme et à l'esprit 


Seine... —+|Rhône.. +/|Lozère.. + 


de chicane. Ain.... —|H,-Pyr. —|Finistère — 


» Le 8e tableau considère les propriétaires sous les rapports de la ren- 
trée des impôts et des élections. 

» Le département de l'Aube est celui qui compte le plus de proprié- 
taires, et le département de la Seine celui qui en compte le moins. 

» Le département de la Charente est celui où les impôts rentrent le 
plus difficilement, et le département de Maine-et-Loire celui où leur per- 
ception offre le plus de facilités. 

» Enfin le département de l'Aube est celui où il y a le plus de zèle élec- 
toral, et le département d'Ille-et-Vilaine celui où il y en a le moins. 

» En parlant des propriétaires, il fait voir que les départements où ily en 
a le moins sont ceux où la perception des impôts offre le plus de difficultés. 

» En traitant de la nourriture des habitants , M. le comte d’Angeville nous 
fait voir que presque toujours les départements où le peuple se nourrit le 
mieux, sont ceux où il y a le plus d'industrie et d'instruction répandue. 

» Après avoir consacré quelques pages à des recherches très curieuses 
sur les élections, l’auteur prouve par des chiffres que plus il y a d’élec- 
teurs moins il y a de zèle électoral. 


EXTRAIT DU TABLEAU £ DIFFICULTES L ; 
PROPRIÉTAIRES, de ZÈLE ELECTORAL. 


rentrée des impôts. 


relatif aux frais de rentrée 
des impôts, Sri z 
au nombre des propriétaires Aube... +|Char.-Infér. +|Aube. 


et aux élections. Seine... —|Mai.-et-Loire —|Ilie-et-Vilai. — 


(299 ) 

» En résumé, la Séatistique de la population française, de M. le comte 
d’Angeville, est l’œuvre d’un homme doué d’une grande patience et d’un 
grand amour du travail. 11 ne s’est pas laissé rebuter par les difficultés 
qu'il a souvent rencontrées dans la recherche des renseignements dont il 
avait besoin; il est parvenu à encadrer ses résultats dans des tableaux 
remarquables par leur simplicité, et à les rendre plus sensibles et plus 
frappants encore, par le procédé graphique que l’on doit à notre ho- 
norable confrère M. Dupin. 

» Sous tous les rapports, l'ouvrage de M. d’Angeville, a des droits à 
la reconnaissance de tous les hommes qui s'occupent de statistique, et 
qui savent combien cette étude est souvent décourageante par suite du 
manque d’exactitude des notions que l’on parvient à réunir. » 


NOMINATIONS. 


M. Sécuier étant obligé de s’absenter, M. Conrouis est désigné pour 
le remplacer dans la Commission chargée de faire un rapport sur les 
voitures articulées de M. Dietz. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur le Renne fossile ; par M Puer. 


(Commissaires, MM. de Blainville, Cuvier.) 


L'objet de ce Mémoire est de faire connaître des ossements de renne, 
qui ont été récemment découverts dans la commune de Brengues, arron- 
dissement de Figeac, département du Lot. La cavité qui renfermait ces 
ossements et qui a été décrite depuis long-temps sous le nom de caverne 
de Brengues, n’est autre chose qu’une fente verticale, dont la profondeur 
est de 18 mètres. Cette caverne est située au sommet d’un petit plateau 
calcaire, appartenant à l'étage inférieur du terrain Jurassique : sa hauteur 
au-dessus du niveau de la mer est d'environ 3 à 4oo mètres. Les osse- 
ments y étaient mélés avec une terre rougeâtre et des fragments de cail- 
loux, évidemment empruntés aux roches qui forment le sol des environs. 

La découverte de la caverne de Brengues remonte à une vingtaine 
d'années. A cette époque Cuvier reçut de M. Delpon, dix à douze frag- 
ments provenant de cette localité : il y reconnut une portion de crâne et 
trois dents de rhinocéros, un fémur de cheval, un humérus de bœuf et 


40. 


( 300 ) 


divers ossements de renne. Des fouilles exécutées à Brengues , dans le mois 
de septembre 1837, ont fait découvrir à l’auteur du Mémoire une quantité 
considérable d’ossements des mêmes animaux, surtout des trois derniers; 
il y a trouvé en outre, des débris appartenant aux genres Pie et Perdrix, 
pour les oiseaux; Lièvre , Campagnol, Ane et Cerf ( Cervus canadensis ), 
pour les mammifères. 

» Parmi les débris fossiles que M. Puel a obtenus de cette localité, 360 
environ appartiennent au renne et proviennent de 12 ou 15 individus au 
moins. Dans le catalogue détaillé qu’il donne de ces pièces, figurent : 21 
mâchoires, tant inférieures que supérieures; 17 dents isolées, 15 petits 
fragments de bois, 11 portions de crânes, 54 vertebres, 10 portions de 
sacrum, 2 fragments de sternum, 40 côtes, 10 omoplates, 26 humérus, 
5 cubitus, 23 radius, 1 os de carpe, 10 canons antérieurs, 8 fragments 
d'os coxal, 32 fémurs, 32 tibias, 12 os dutarse, 9 os du métatarse, et 
enfin 26 phalanges, soit antérieures, soit postérieures. 

» L'auteur discute l'opinion soutenue par MM. Christol et Schmerling, 
qui font deux espèces distinctes du renne vivant et du renne fossile, et il 
s'attache à montrer que les caractères distinctifs établis par ces deux au- 
teurs sont loin d’avoir l’importance qu’ils leur attribuaient. 

» Cuvier, dit M. Puel, n’avait pas trouvé dans l'examen des pièces qu’il 
avait eues à sa disposition des motifs suffisants pour admettre deux espèces 
distinctes; on peut même voir malgré la réserve avec laquelle il s’est ex- 
primé à cet égard, qu'il penchait pour l'opinion contraire. J'espère, que 
les considérations que j'expose dans ce Mémoire ; et les faits nouveaux que 
je présente auront donné à cette opinion un nouveau degré de probabilité. 

» Beaucoup des différences que l’on a observées entre les ossements fos- 
siles et les ossements récents peuvent tenir à des caractères de races 
plutôt qu’à des caractères d’espèce, puisque en général on a pris pour 
terme de comparaison, des squelettes provenant d'individus domestiques, 
et que nous ignorons encore Jusqu'où peuvent s'étendre, dans cette espèce, 
les modifications produites par l’état de domesticité. 

» D’autres différences, comme on va le voir, paraissent être relatives 
au sexe. 

» Obligé d'étudier chaque fragment en particulier, pour les classer avec 
méthode, je fus tout surpris de trouver plusieurs os et notamment deux 
tibias de longueur inégale , et qui venaient cependant l’un et l’autre, d’in- 
dividus adultes. J’eus alors l’idée que l’un pourrait bien avoir appartenu à 
un mâle, l’autre à une femelle. Apres cette première remarque, je ne tar- 


( 307 ) 


dai pas à en faire d’autres qui venaient à l’appui de mon opinion. Ainsi je 
trouvai : 1° un humérus dont l’épiphyse inférieure n’était pas encore sou- 
dée, et qui cependant surpassait en grosseur d’autres os appartenant 
évidemment à des animaux adultes; 2° quatre têtes supérieures de fémur 
depuis long-temps soudées au corps de l'os, et dont les deux premières 
surpassaient tellement en grosseur les deux autres, qu’on aurait pu, avec 
juste raison, hésiter à les rapporter à une même espèce, si ces os avaient 
été trouvés isolément; etc. 

» Je voulus savoir ensuite, si une étude attentive de l’ostéologie des 
rennes vivants viendrait confirmer ou détruire mon opinion. Il me fut aisé 
de voir que chez la femelle, les os étaient en général plus greles et plus 
courts, les tubérosités moins grosses et moins saillantes : les mêmes rap- 
ports de longueur et de grosseur se retrouvant assez exactement dans les 
os fossiles , j'ai cru voir dans cette analogie une confirmation de mon idée 
première. » 


STATISTIQUE. — Mémoire sur la statistique médico-topographique de la ville 
de Narbonne ; par M. Px, de Narbonne. 


(Adressé pour le concours au prix de Statistique.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'une presse lithographique 
à encrage et mouillage mécaniques ; par M. Vizrrror. 


(Présenté pour le concours au prix de mécanique.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — {Vote sur un appareil de sûreté destiné à empécher 
l'explosion des machines à vapeur; par M. Loyer. 


(Commission des rondelles fusibles.) 


M. BENIQUÉ demande qu’un ouvrage qu'il a adressé à l’Académie dans 
sa séance précédente, et qui a pour titre « De la rétention d'urine» soit 
admis au concours pour le prix de médecine et de chirurgie, fondation 


Montyon. 
(Renvoi à la Commission des prix Montyon.) 


M. Piorry, qui avait adressé le 3r juillet dernier, pour le concours au 
prix de médecine et de chirurgie Montyon, un ouvrage intitulé « Traité 
de diagnostic et de séméiologie, » indique, conformément à la décision prise 
par l’Académie relativement aux pièces destinées à ces concours, les parties 
qui lui semblent les plus neuves dans son travail. 


(Renvoi à la Commission des prix Montyon.) 


( 302 ) 


CORRESPONDANCE. 


PHYSIQUE pu GLOBE. — Documents relatifs à une éruption sous-marine qui 
paraît avoir eu lieu sur le banc de Bahama; communiqués par M. Moreau 
DE JONNÈS. 


« Le 25 novembre, le brick Le César, du Havre, en passant sur le banc 
de Bahama, aperçut un feu qui devint énorme et s’accrut au point que le 
ciel et l'horizon semblaient être enflammés. Ce phénomène, dont le brick 
fut témoin pendant quatre heures, parut être au capitaine et aux pas- 
sagers, une éruption volcanique sous-marine. » 

« Le 3 janvier, le capitaine de /a Sylphide, du Havre, étant dans le même 
parage, y trouva troubles et blanchâtresles eaux de la mer, qu'ilavait tou- 
jours vues limpides, en douze voyages qui l'avaient conduit sur le banc de 
Bahama. Il attribue ce phénomène à quelque éruption volcanique sous- 
marine, notamment à celle signalée par le capitaine du César. 

» Les documents originaux sont déposés sur le bureau par M. Moreau 
de Jonnès. » 


M. Morxau DE Jonvis communique aussi la note suivante : 


« Le 30 novembre 1837, à 8 heures 30 minutes du soir, il y a eu un 
tremblement de ‘terre à la Martinique. La secousse a été forte. La tem- 
pérature de la journée avait été très élevée, et avait contrasté remar- 
quablement avec la fraicheur des jours précédents. » 


a . B 
PHYSIQUE DU GLOBE. — Æruplion Sous-murine. 


M. Séeur Durryron adresse l'extrait de quelques documents qu’il a 
trouvés dans les archives du département des affaires étrangères, et qui 
ont rapport au fait, déjà bien connu d’ailleurs, d’une éruption sous-marine 
qui s'était manifestée dans l'archipel des Açores. 

La première pièce est une lettre de M. de Montagnac, consul de France 
à Lisbonne, et datée du 11 mars 1721; on y trouve le passage suivant : 

«-On a eu avis par un petit bâtiment arrivé de l'ile Sainte-Marie, qu’il 
» y avait eu un tremblement de terre dans l’île Saint-Michel , après lequel 
» il avait paru, à 28 lieues au large, entre cette île et la Terceire, un tor- 
» rent de feu qui, s'étant condensé, avait formé deux écueils. » 

Dans une autre lettre du 27 mai de la même année, le même consul 
annonce qu'il envoie « deux petits morceaux de la matiere dont la nouvelle 


(303) 


» Île est formée, ce qui est une espèce de pierre ponce pareille à celle qui 
» sort du volcan nommé Séromboli. » 

Le 4 novembre de la même année, M. de Montagnac envoie au conseil 
de régence, le plan de la nouvelle fe enflammée, plan qu'avait dressé en 
passant, le capitaine d'un navire français, à son retour des Açores à Lis- 
bonne. «Il m'a dit, ajoute le consul, n'avoir pu ni osé en approcher de très 
» près, à cause de l’eau qui sort en bouillonnant de ce gouffre, et qui la 
» jette continuellement à plus de 20 toises de haut. 

» Enfin, par une autre lettre datée du 7 juillet 1722, le consul annonce 
que la nouvelle ile est rentrée et qu'on n’y distingue plus rien que des 
brisants. 

En rapprochant ces dates, on voit que l’écueil volcanique dont il s’agit, a 
résisté pendant plus d’un an à l’action des vagues. 

Sa présence dans ces Parages, ajoute M. Ségur Dupeyron, ne fut pas sans 
utilité ; car un navire portugais chassé par un corsaire de Salé, alla mouil- 
ler tout auprès ; et le bâtiment maure étonné du spectacle qui s’offrait à 
sa vue, n’osa pas en approcher. 


ÉLECTRO-CHIMIE. — Courants électro-chimiques produits par le mercure ; 
lettre de M. Perrier à M. Becquerel. 


« Dans la dernière séance, vous avez Communiqué à l’Académie des 
Sciences une lettre de M. de la Rive, dans laquelle il dit que M. Mat- 
teucci et lui se sont assurés que le mercure ne donnait pas de courants 
thermo-électriques. Cette assertion m’a d'autant plus surpris, qu'il yaau 
moins six ans que j'en ai obtenus, et qu'il ne faut que quelques précau- 
tions pour les apercevoir. Les insuccès qu'on éprouve dans ces recherches, 
viennent presque tous de ce qu'on ne tient pas compte des appareils qu'on 
emploie; on fait servir le même instrument À la mesure des courants des 
piles en bismuth et antimoine , aussi bien qu’à la mesure des courants pro- 
venant de la différence de température d’un corps homogène; c’est là 
qu'est la cause d’erreur. Ainsi pour obtenir avec certitude la manifestation 
des courants du mercure inégalement chauffé, il faut, à cause de leur peu 
d'énergie, rendre très court le circuit qui doit les mesurer. Il est encore 
une précaution qu'il ne faut Pas omettre, c'est celle de ne donner à Ja 
portion chauffée qu’une petite section ; plus ce filet sera fin, comparati- 
vement à la masse de mercure à laquelle il s’unit, moins il se fera de neu- 
talisation en retour, et conséquemment plus il en Passera par l’électro- 
mètre. 


(304) 

» Dans le mémoire que j'ai soumis l’année dernière au jugement de 
l’Académie, j'ai mentionné un moyen analogue employé avec divers mé- 
taux, au lieu du moyen indiqué par M. Becquerel et rappelé par M. de 
la Rive. Je donnais aux mêmes fils deux grosseurs différentes, une moitié 
n'avait pour section que le tiers de celle de l’autre moitié. En chauffant 
dans un bain d'huile la jonction de ces deux grosseurs, j'obtiens des 
courants sans inversion, parce qu'aucune cause étrangère à la nature du 
métal ne pouvait s’interposer dans le phénomène. Pour faire cette expé- 
rience avec du mercure, je prends un tube de verre d’un décimètre de long 
et de 4 millimètres de section que j'incline à l'horizon de 10 à 12°. A l’ex- 
trémité inférieure est scellé un fil de platine; l'extrémité supérieure s’a- 
bouche par simple contact avec le bec d’une capsule large de 4 centimètres. 
Le tout est rempli de mercure, et la communication a lieu par le filet qui 
passe de l'extrémité supérieure du tube au bec de la capsule. Dans cette 
dernière plonge, à l'extrémité de son diamètre, une lame de platine re- 
couverte de cire dans sa portion immergée, à l'exception du bout qui se 
trouve au milieu de la masse de mercure. Un petit multiplicateur de 5 cen- 
timètres de long, formé de 12 tours d’un fil ayant deux millimètres de 
section, en complète le circuit. Ce circuit étant court, bon conducteur, et 
le système d’aiguilles étant fort délicat, il suffit d’élever la température 
de 15 à 20° au point de jonction, pour que l’effet commence; si l’on met 
la flamme d’une allumette au-dessous de ce point, l'aiguille dévie de 30 à 
4o degrés. » 


M. Frar demande qu'il soit fait un rapport sur différents travaux relatifs 
à la vaccine, travaux qu'il avait adressés précédemment pour le con- 
cours aux prix de médecine Montyon, mais qui, dit-il, pourraient, en 
raison de l'importance du sujet, être renvoyés à l'examen d’une commis- 
sion spéciale, 


M. GanwaL prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur les 
propriélés alimentaires de la gélatine. 

Plusieurs des membres de la Commission font remarquer, à cette occa- 
sion, que les expériences sur lesquelles doit être basé le rapport se conti- 
nuent encore, et que le zèle des commissaires ne saurait abréger la 


durée du temps exigé pour qu’elles puissent donner des résultats 
concluants. 


M. Lowcer adresse un paquet cacheté portant pour suscription ; Ex- 


( 305 ) 


trait d’un travail anatomique et physiologique, concernant, 1° les nerfs 
trijumeaux et facial; 2° le système nerveux ganglionnaire, et principale- 
ment sa portion céphalique. 

L'Académie en accepte le dépôt. 


À 4 heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. F. 


Erratum. (Séance du 26 février.) 


Page 276, ligne 19, par M: Cu. Monren sez par M. A. MoRen. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie 2 recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, 1°" semestre 1838, n° O, in-4°. 

Portrait de M. Henry-ArexanDre Tessier, membre de l’{nstitut. 

Nouvelles Annales des voyages; 3° série, janvier 1838, in-8. 

De l'influence des Arbres sur la Foudre et ses effets , et considérations 
à ce sujet; par M. le vicomte Hémicarr De Taury, in-4°. 

Notice géologique sur les mines d'anthracite de Fragny, commune de 
Bully, et sur le défilé des roches de la Loire , entre les bassins de Feurs et 
de Roanne ; par le même; in-8°. 

État des recherches faites dans les environs de Paris et les départements 

CR, 1838, 1° Semestre. (T, VI, N° 40.) 4x 


( 306 ) 


environnants, pour la découverte des Mines de houille ; par le mème, in-8°. 
(Extrait du Moniteur du 2 octobre 1837.) 

Du Médecin de campagne et de ses malades ; mœurs et sciences ; par 
M. le docteur Muwarer, 2 vol. in-8°; Paris, 1857. 

Procès-V’erbaux des séances de la Société d'Agriculture , Sciences et 
Belles-Lettres de Rochefort , n° 1—5, in-8°. 

Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; 
tome 10, novembre et décembre 1837, in-8°. 

Manuel à l'usage des aspirants au grade de Bachelier ës-sciences phy- 
siques; par MM. »'Oriceny, Gaxor, re et Rivière; Paris, 1838, in-12. 

Coup d'œil sur les Grottes et quelques excavations analogues ; par M. A. 
Rivière, in-8°. 

Quelques mots sur les iles voisines des côtes de la France et en parti- 
culier sur l'ile de Noirmoutier ; par le mème; in-8°. 

Éléments de Physique à l'usage des collèges ; par M. Cu. Rocusr; 
Paris, 1838, in-12. 

Philippodendrum, nouveau genre de planches ; par M. A. Porreau, 
in-4°. 

Voyage dans l Amérique méridionale; par M. »'Onrieny, 31° livraison in-4°. 

Compte rendu des travaux de la Société de Médecine de Lyon; par 
M. DorasquiEer, Lyon; 1837, in-8°. 

Aphorisme de physiologie végétale et de botanique; par M. Jonx Lan- 
pLEY , traduit de l'Anglais par M. Car; Paris, 1838, in-8°. 

Note sur la disposition systématique des Annélides chétopodes de la 
famille des Naïs; par M. P. Gervais, in-&. 

Recueil de la Société polytechnique ; janvier 1838, in-8°. 

Bibliothèque universelle de Genève, nouvelle série, 3° année, n° 25, 
janvier 1838, in-8°. 

The quaterley Review; n° 121, janvier 1838, in-8°. 

Adress.... Discours de S. À.R. le duc ne Sussex, président de la So- 
ciété royale de Londres, prononcé à la séance annuelle de la Societé, le 
30 novembre 1837, in-8°. 

Adress..., Adresse à S. M., par le Président, le Conseil et les Mem- 
bres de la Société royale de Londres (mentionnée dans le précédent 


discours). 
Defence.... Justification de l'arrêté qui a été pris de ne point ad- 


mettre dans le catalogue des livres de la Société royale de Londres les 
notes bibliographiques de M. Panxnizzr, in-8°. 


( 307) 

The London.... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg ; 
n° 735, février 1838, in-8>. 

The Annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ; 
vol. 2, n° 8, février 1838, in-8°. 

The Athenœum , n° 121, janvier 1838, in-4°. 

Nouvelles Astronomiques de M. Scnumacrer, n° 346, in-4°. 

Istituzione. ... Fondation Bressa. (M. César-Alexandre Bressa, natif 
de Langosco, mort à la fin d'octobre 1836, a laissé, par testament en 
date du 23 septembre 1855, tout son bien à l’Académie royale des Sciences 
de Turin, pour la fondation d’un prix bisannuel, de la valeur d’environ 
10,000 francs. Ce prix, pour la première fois, sera décerné au savant, ita- 
lien ou étranger, qui dans les quatre années précédentes aura fait la dé- 
couverte ou produit l’ouvrage le plus remarquable concernant les Sciences 
physiques et expérimentales, l'Histoire naturelle, les Mathématiques pures 
et appliquées, la Physiologie et Pathologie, la Géologie, l'Histoire, la 
Géographie et la Statistique. Pour la seconde fois, le prix sera accordé 
aux mêmes conditions, à cela près que les italiens seront seuls admis à 
concourir, et il en sera de même pour tous les concours de rang pair, 
tandis que les concours de rang impair seront ouverts également aux étran- 
gers el aux nationaux. } — La Notice imprimée qui contient les diverses 
dispositions du legs, et les précautions prises par le testateur, pour assurer 
la perétuité de la fondation, est adressée à l'Académie par M. Bo- 
nafous, un de ses correspondants. 

Joumal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; n° 3, 
tome 4, 2° série, mars 1838. 

Jourral des Sciences physiques , chimiques et arts agricoles et industriels: 
par M. Joux pe FonTenezee , février 1858, in-8°. 

Gazate médicale de Paris ; tome 6, n° 9, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 25— 27, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 313. 

L'Expérience, Journal de Médecine, n°° 24 et 25, in-&. 


( 308 ) 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 42 MARS 4838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Rectification de M. Turrin, à un passage de son analyse microscopique 
Jaïte sur des globules de lait à l'état pathologique (x). 


«Je m’empresse de signaler à l'Académie une erreur dans laquelle 
j'étais tombé en examinant soit des globules de lait, soit le tissu cellulaire 
du foie, erreur qui doit être d'autant plus promptement rectifiée, qu'elle 
est de nature à être commise de nouveau par les personnes qui font usage 
du microscope comme moyen amplifiant. 

» Voici le passage qui contient l'erreur : 

» Je dois encore signaler de petites agglomérations informes, composées 
» de globulins excessivement ténus, d’un rouge-brun sanguin, quelque- 
» fois limitées circulairement par l’un des bords ét telles que l’on en trouve 
» assez parmi les globules de lait à l’état sain et parmi les vésicules des 
» tissus cellulaires animaux , comme plus particulièrement dans celui du 
« foie. » 


(1) Voir Compte rendu , séance du 26 février 1838 , page 252. 
C.R, 1838, 1€r Semestre. (T. VI, N° 11.) 42 


( 310 ) 


» L'indication d'agglomérations composées de globulins rouges dans le 
lait à l’état sain, a beaucoup étonné M. Donné, qui, comme l’on sait, 
fait une étude particulière du lait, et il s’est empressé de soumettre de 
nouveau cette sécrétion à l’action du microscope. Il a vu comme moi 
ces agglomérations de globulins rouges, mais il est parvenu à reconnaître 
qu'elles n’existaient pas parmi les globules de lait, mais bien dans lépais- 
seur ou dans la matière de la lame de verre sur laquelle le lait était étendu. 

» M. Donné ayant bien voulu me faire part de son observation, je me 
suis hâté de la vérifier, et j'ai reconnu qu’elle est de la plus exacte vérité. 

» Ainsi, les personnes qui font usage du microscope doivent se tenir 
pouraverties, que les porte-objets en verre peuvent contenir dans les souf- 
flures de leur intérieur, des sortes de petits coagulums couleur de sang, 
qu'il faut bien se garder de confondre avec les corps libres que l’on ob- 
serve au microscope. 

» Le dessin que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie, 
représente plusieurs des agglomérations de globulins rouges contenues 
dans le verre. » 


MAGNÉTISME. — Sur les moyens d'augmenter la force des aiguilles 
magnétiques. (Extrait d’une lettre de M. Scoresey à M. Arago.) 


M. Scoresby a découvert que de minces lames d’acier magnétisées , 
quand elles sont convenablement superposées , forment un système qui 
possède une force bien supérieure à celle d’une simple barre de dimen- 
sions et de masse équivalentes. Il a trouvé aussi qu'il y a avantage, tant 
sous le rapport de la force magnétique du système que sous celui de la 
permanence de cette force, à ne pas placer les lames en contact , à les 
séparer par de très minces copeaux de bois. 

M. Scoresby annonce l'envoi d’un Mémoire où ses nombreuses expé- 
riences seront décrites avec tous Jes détails nécessaires. Aujourd’hui il se 
contente de faire connaître les principaux résultats qu’il a déjà obtenus. 
Ces résultats les voici : 

1°. Une seule barre ou lame est plus forte, en proportion, que deux ou 
plusieurs barres semblables, de la même dimension, de la même trempe, 
de la même qualité d'acier et de la même masse. 

Si l'on voulait donc construire une boussole, une aiguille dans laquelle 
la masse n'aurait pas d'importance, ou qui pourrait être légère à volonté, 
ou qui n’exigerait pas un fort momentum, alors une simple plaque ma- 
gnétique excessivement mince remplirait parfaitement le but. 


(311) 


Mais, comme pour tous les usages ordinaires des instruments magné- 
tiques, une certaine masse et un certain momentum dans l'aiguille sont ab- 
solument nécessaires ; comme cela a lieu surtout lorsque cette aiguille doit 
Supporter un cercle gradué, un collimateur, et d’autres appareils analo- 
gues; comme la masse n’est pas moins indispensable quand il faut vaincre 
les petits mouvements de l'air, de grands avantages résulteront de l'emploi 
de barreaux composés. 

2°. Une combinaison ‘de barres ou de lames magnétiques est toujours 
plus énergique qu’une simple barre du même acier, de la même trempe, 
de la même forme et de la même masse: Ainsi, comme il n'y a pas d’aiguilles, 
dans l'usage ordinaire des boussoles de déclinaison , d’inclinaison ou des 
appareils analogues qui ne puissent être construites Par Superposition, et 
cela sans changer les dimensions et les masses de ces instruments, on voit 
qu'il sera toujours possible de dépasser les forces directrices auxquelles on 
s'arrête aujourd’hui. 

3°. L'accroissement absolu de Puissance magnétique dans les aiguilles 
composées, diminue graduellement à mesure que le nombre des barres 
augmente. 

Dans des expériences faites avec des lames en contact, de deux pieds 
de long, la diminution était extrêmement rapide. 

4°. Des additions continuelles à une combinaison puissante de lames 
ou de barres , cessent d’être avantageuses au-delà d’une certaine limite, à 
use de l'impossibilité d'obtenir une nombreuse série de pièces parfaite- 
ment identiques. Les faibles lames (que leur infériorité Provienne de leur 
qualité ou de leur trempe), non-seulement n’ajoutent rien à leur force, 
mais quelquefois leur polarité étant renversée » y a réellement diminu- 
tion de la force absolue de tout le système. 

5°. Une cértaine détérioration à lieu dans la force Permanente indi- 
viduelle de toutes les barres ou plaques combinées, à chaque addition de 
force que reçoit le système entier. Cette altération varie’ avec la trempe 
des barres. 

Ainsi parmi des lames toutes semblables en apparence ; les unes 
perdent entièrement leur force, tandis que d’autres en conservent une 
grande partie. 

De là résulte une méthode Pratique importante pour arriver à la cons- 
truction de forts aimants composés. On préparera et l’on trempera un 
nombre considérable de barreaux; on les combinera ensuite d’une ma- 
nière provisoire. Leurs degrés relatifs de force Pourront ainsi étre déter- 


42. 


( 312 ) 


iminés; les plus forts étant choisis et mis ensemble, fourniront de trés 
puissantes combinaisons. 

6°. Une autre perte de force passagère a lieu dans les combinaisons 
puissantes, de telle manière qu’une lame, qui conserve quelque force lors- 
qu’elle est retirée du système, peut être parfaitement neutre ou même 
avoir ses pôles renversés lorsqu'elle fait partie de la combinaison. 

7°. L'excès de force dans un système combiné, est plus grand lorsque 
les lames ne se touchent pas. Cette augmentation s’accroïit lorsque l’espace 
entre les plaques est agrandi. 

8°. Un plus grand nombre de plaques peut être combiné avec avantage 
si on les sépare, que si on les met en contact, Les plaques les plus 
faibles deviennent, dans cet arrangement, comparativement très actives. 

9°. Une séparation partielle, dans le milieu des plaques par exemple, 
les extrémités étant en contact, a quelque avantage sur un contact entier. 
La valeur de cet avantage a été déterminée par des expériences. 

10°. Pour la combinaison la plus avantageuse de lames minces, il est 
nécessaire de tremper non pas simplement les extrémités, mais toute l'étendue 
des lames. 

11°. Les lames très minces (comme celles de 2 pieds de longueur et 
de o"*,0/42 d'épaisseur) sont susceptibles du plus grand développement de 
force, même séparées, lorsqu'elles sont trempées dans toute leur étendue. 

12°. Des plaques plus épaisses et de certaines proportions, au con- 
traire, reçoivent séparément une plus haute puissance lorsqu'elles sont 
trempées seulement aux extrémités et non trempées dans le milieu. 

13°. Les lames trempées le plus raide, sont celles qui perdent la 
moindre proportion de leur force par la combinaison. Aussi, bien que leur 
capacité magnétique soit moindre que celle de plaques moins trempées , 
leur pouvoir absolu dans une combinaison nombreuse est plus grand. 

14°. La permanence de l’état: magnétique dans un système composé, 
si. on le laisse sans conducteur ou armure, est au moins aussi élevée que 
dans de simples barres. Elle est décidément la plus grande lorsque les 
plaqzes sont séparées. 


M. Moreau DE Joxnès présente à l’Académie le 2° et dernier volume 
de sa Statistique de la Grande-Bretagne et d'Irlande, qui contient les 
, parties : 
Commerce, navigation, colonies, finances, forces militaires, justice, 
instruction publique, résultats généraux. 


( 313 ) 


RAPPORTS. 


ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur un Mémoire intitulé : Exposé complet 
de la culture du coton aux Antilles, précédé d’un aperçu de cette cul- 
ture dans les États-Unis, et de considérations préliminaires sur la simi- 
litude de climat et sur l’opportunité des cultures torridiennes dans la 
ci-devant régence d’Alger; par M. PrLouzE pére , ancien planteur de 
coton et propriétaire d'habitation à Sainte-Lucie, 


(Commissaires, MM. Silvestre, de Jussieu, Turpin, Delessert , Mirbel 
rapporteur.) 


« Le mémoire de M. Pelouze père a paru d’un assez grand intérêt à 
M. le Ministre de la Guerre, pour qu'il ait exprimé le désir que l'Académie 
lui fit connaître ce qu’elle en pensait. Nous avons l'honneur de vous sou- 
mettre le résultat de notre examen. 

» Parmi les spéculateurs qui se sont rendus en Algérie, plusieurs ont 
pensé qu'iis ne pouvaient tirer un meilleur parti de leurs capitaux qu’en 
les employant à la culture des terres. La fertilité du sol, la chaleur du 
climat, la proximité de l'Espagne , de la France et de l'Italie, la facilité d'y 
transporter promptement les produits, expliquent cette préférence et 
peut-être la justifieront. Mais quelles seraient les cultures exotiques qui 
joindraient au mérite de réussir parfaitement dans cette contrée, celui de 
donner des récoltes d’un débit certain et avantageux sur les marchés de 
l’Europe? Telle est la question que M. Pelouze essaie de résoudre sinon 
complétement , du moins en partie. Il parle très brièvement de cinq es- 
pèces végétales qui ont été introduites dans les Antilles. Ce sont : le 
cacaoyer, le caféyer, la canne à sucre, le tabac et l'indigotier. Mais il traite 
à fond de la culture du cotonnier, et croit fermement que cette plante 
peut être cultivée avec succès dans notre nouvelle colonie. 

» Il ne veut pas que l’on tente d’y introduire le cacaoyer. Nous par- 
tageons son opinion. Cét arbre originaire des plaines chaudes et humides 
de l'Amérique méridionale, na pu se maintenir dans les Antilles. Il n'y 4 
donc nulle probabilité qu’il s’accommode du climat des côtes septentrio- 
nales de l'Afrique. 

» Quoiqu’une température aussi élevée que celle qu’exige le cacaoyer 


(314) 


ne soit pas indispensable au caféyer, ce serait s’abuser de croire que ce 
dernier résisterait aux hivers de l'Algérie. Cet arbrisseau est très délicat. 
Des expositions particulières lui sont indispensables. Il veut un sol riche 
et profond, et redoute le voisinage de la mer. Ses produits sont très pré- 
caires dans nos colonies d'Amérique. Sous le ministère de M. le duc de 
Dalmatie, plusieurs pieds de caféyer ont été envoyés à Alger par les 
soins de l'administration du Jardin du Roi : tous sont arrivés en bon état ; 
année suivante tous étaient morts. 

» Quant à la culture du tabac, son succès est suffisamment prouvé; mais 
on pourrait la rendre plus productive par l'introduction d’espèces ou de 
variétés de qualité supérieure. 

» La canne à sucre des Antilles végéterait sans le moindre doute dans 
l’Algérie, mais y deviendrait-elle une source de richesse ? Cela n’est guère 
probable. En Amérique, après huit à onze mois de végétation , elle donne 
peu de sucre cristallisable et beaucoup de mélasse avec laquelle on fa- 
brique un excellent rhum. Mais si ses tiges ne sont récoltées qu'après 
quinze à seize mois, elle donne du sucre cristallisable en abondance et 
fort peu de mélasse. 

» Les planteurs de Sainte-Lucie cultivent la canne surtout pour faire 
du rhum, tandis que ceux des autres îles la cultivent généralement pour 
faire du sucre. La température hivernale de l'Algérie ne permettrait pas, 
selon toute apparence, que la fabrication du sucre cristallisable y devint 
une bonne spéculation; mais peut-être trouverait-on quelque avantage à 
faire du rhum. Cependant remarquons que le climat est beaucoup moins 
favorable et la main-d'œuvre beaucoup plus chère qu’à Sainte-Lucie. 

» Nous regrettons que M. Pelouze, qui a cultivé l’indigotier au Antilles, 
et qui déclare que cette plante est une des premieres dont il faudrait 
s'occuper en Algérie après le cotonnier, se borne à nous apprendre que, 
de même que celui-ci, elle donne à peu de frais de rapides produits. 

» Passons au cotonnier, sujet principal du mémoire que nous avons 
sous les yeux. 1l est certain que sa culture est peu dispendieuse et qu’elle 
assure des bénéfices immédiats et avantageux; il est également certain 
qu'elle n’exige pas une température supérieure à celle de l'Algérie. En 
effet, le climat de beaucoup de points des côtes et des îles de la Méditer- 
ranée, où l’on cultive le coton, est moins chaud que celui de notre nou- 
velle colonie. 

» Quant à la nature du sol, on pourrait s’imaginer , d’après ce que rap- 
portent les voyageurs, que le cotonnier y est tout-à- Bi indifférent. Il est 
de fait qu'il prospère en Égypte dans la terre franche, en Syrie dans la 


(315) 


terre argileuse, .en Arabie dans la terre sablonneuse, en Sicile dans un 
sol volcanique, aux Indes, en Afrique, dans quelques points des Antilles, 
sur des montagnes rocheuses. Des terrains silico-calcaires produisent en 
Géorgie et en Caroline des cotons de qualité supérieure. M. Pelouze, qui 
peut invoquer à l'appui de son opinion sa longue expérience, recommande 
un sol léger formé d’un mélange de sable et de terre argilo-calcaire. 
Toutefois, gardons-nous de conclure de ces assertions qu’en toute localité, 
toute nature de terre convient également au cotonnier. L'influence d’une 
terre quelconque sur la végétation est subordonnée à une foule de cir- 
constances parmi lesquelles les phénomènes climatériques jouent un grand 
rôle, de telle sorte que la même nature de terre est plus ou moins fertile, 
selon la localité où elle se trouve. M. Heudelot, ex-directeur des cultures de 
Richar-Tol au Sénégal, nous fournit un exemple à l'appui de cette propo- 
sition. C’est surtout, dit-il, dans les pays où les pluies sont très rares ou 
même nulles pendant une grande partie de l’année, qu’il faut savoir choisir 
avec discernement l'emplacement propre à recevoir une plantation de 
cotonniers. Dans ce cas, on doit préférer un sol légèrement compacte 
dans lequel néanmoins l’eau filtre sans obstacle. 

». À côté de cette opinion nous plaçons celle de l'anglais Baine, dont le 
Traité sur l'Industrie cotonnière est fort estimé. Toutes les variétés de 
cotonniers, dit-il, exigent un sol sec et arenacé. 

» Ce qui ressort, en dernière analyse, des observations du plus grand 
nombre des voyageurs, et de la pratique éclairée de M. Pelouze, c’est 
que le cotonnier redoute les grandes pluies, les inondations ; que si l’hu- 
midité lui est indispensable, comme à tout autre végétal, elle doit être 
mesurée avec économie, et que, dans quelque localité que ce soit, le 
sol doit être toujours assez perméable pour que l’eau ne séjourne jamais 
à sa surface. 

» Il est bon que le sol contienne une certaine quantité d’humus, mais 
la surabondance d’engrais serait contraire aux intérêts du cultivateur, 
La plante pousserait avec vigueur; elle produirait de nombreux ra- 
meaux ; elle se chargerait d'une quantité notable de fruits; la plupart 
de ces derniers tomberaient avant la maturité, et, finalement, la récolte 
serait inférieure à ce qu’elle aurait été sans l'excès de nourriture. 

» Les cultivateurs des États-Unis mêlent au sol de leurs cotonnières les 
vases des terrains bas et salés qui avoisinent leurs habitations. Cet amen- 
dement, loin d’exciter la végétation, la ralentit sensiblement ; mais il for- 
tifie, il endurcit la plante; il fait nouer les fruits, les empêche de tomber, 


(316) 


les amène à une parfaite maturité. C’est pour cela que le voisinage de la 
mer, si contraire à la culture du caféyer, est favorable à celle du coton- 
nier. Lorsque le vent souffle de la mer vers la terre, comme il arrive 
pendant plusieurs mois de l’année, sur une partie du littoral des Antilles, 
et, dans les États-Unis, en Géorgie et en Caroline, il emporte avec lui des 
particules d’eau salées, et l’on a remarqué que c’est sous cette influence, 
que se produisent ces beaux cotons connus sous le nom de sea Zsland co- 
ton , qui, par la longueur, la force, l’élasticité de leurs fibres , se font 
le plus rechercher par les filateurs et les fabricants de tissus. Plus les 
cotonniers s’éloignent du rivage, plus décline la supériorité des produits. 

» Cette observation, sur laquelle M. Pelouze insiste avec raison, vient à 
l'appui de son opinion que le cotonnier doit prospérer en Algérie; car il 
est bien connu que la brise de mer se fait sentir sur toute la côte pendant 
la chaude saison. 

» Nous nous en tiendrons à ces généralités et ne suivrons point l’auteur 
dans l'exposé très substantiel et très lucide qu’il donne de la culture et de 
l'exploitation cotonnière aux Antilles. Nous avons lu ce traité avec beau- 
coup d'attention et d'intérêt. Il contient une foule de documents d’autant 
plus précieux pour ceux qui voudraient se livrer à la culture du cotonnier, 
qu'il est le résultat d’une pratique dont l'excellence est démontrée par le 
succès. Toutefois, il est un avertissement que nous devons donner aux 
planteurs de l'Algérie qui, sans aucune expérience des cultures coloniales, 
seraient tentés de s'engager dans quelque grande opération de ce genre. 
Cet avertissement, le voici : Alors même que dans deux pays différents, 
les circonstances climatériques, la nature du sol et son exposition, nous 
semblent différer si peu que nous les considérons comme s’ils étaient tout- 
à-fait semblables, nous ne saurions affirmer, dans l’état actuel de nos con- 
naissances, sans risquer de nous tromper, que telle espèce de plante cul- 
tivée avec un plein succès dans l’un des deux pays, réussirait également 
bien dans l’autre ou même seulement pourrait sy maintenir. 

» Bien s’en faut qu’en tenant ce langage, nous voulions proscrire les 
essais de nouvelles cultures ; nous souhaitons au contraire qu'ils se multi- 
plient; mais, dans l'intérêt de tous, il importe qu’ils soient faits avec pru- 
dence et discernement. 

» Rien ne nous semble plus raisonnable que de tenter la culture du 
cotonnier dans l'Algérie. Nous n'affirmons pas qu’elle y réussira, mais 
uous inclinons à le croire. Cette contrée jouit, pendant une grande partie 
de l’année, d’une chaude température. Son sol est meuble et fertile. La brise 


(37) 


de mer porte sur le littoral une humidité chargée de sel. Dans l’intérieur, 
on trouve des sources salées. Pendant la longue période de la végétation, 
les pluies ne sont pas trop fréquentes. Si la culture du coton devait rencon- 
trer quelque obstacle, nous soupçonnons qu'il viendrait de la sécheresse 
plutôt que de toute autre cause. Mais l’art agricole parvient quelquefois à 
triompher de cet obstacle. Toutes ces considérations invitent à des essais. 

» Des échantillons de coton nous ontété adressés de l’Algérie il y a quel- 
que temps; ils provenaient de plantes élevées dans un jardin. Certes, ce 
n'est pas là un essai de bon aloi. Les essais de grande culture doivent se 
faire en plein champ et sans tous ces soins minutieux dont un amateur 
entoure les plantes qui font lornement de son parterre. 

» Pour obtenir la solution complète du problème qui nous occupe, il fau- 
drait opérer à la fois, pendant trois ou quatre années, dans plusieurs localités, 
sur différents sols et à des expositions diverses. Sans cela on serait exposé 
à prendre un résultat accidentel pour un résultat constant. Il n’y a pas 
d’inconvénient à ce que ces expériences soient faites sur une petite échelle. 
Si l'administration se détermine à les tenter, le Mémoire de M. Pelouze sera 
le meilleur guide que l’on pourra prendre, puisqu'il offre ce que l’on savait 
déjà sur ce sujet, et de plus tout ce que l’auteur a appris dans son ex- 
ploitation. 

» Nous ne parlons point de la partie financière ; les renseignements né- 
cessaires nous manquent. Nous avons fait quelques démarches pour con- 
naître le prix de revient des cotons, aux Antilles, aux États-Unis, aux In- 
des; elles ont été infructueuses. A vrai dire, ce n’est guère dans cette 
enceinte qu'il convient de traiter des questions de cette nature. Nous en 
renvoyons l'examen à qui de droit. 

» Sans doute, le mémoire sur lequel le Ministre de la Guerre a appelé 
votre attention n’enrichit la science d'aucune découverte, mais il renferme 
des documents d’une utilité toute pratique et dont l'opportunité sera ap- 
préciée par l’Académie. C’est à ce titre que nous Le croyons digne de son 
approbation. » 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


Aprés la lecture de ce rapport, M. Dureau de la Malle a fait observer 
que le cotonnier avait été cultivé autrefois, par les Arabes, à Mostaganem ; 
à quoi M. le Rapporteur a répondu que ce fait, tout important qu'il était, 
n’invalidait pas toutes les objections; qu'on ne devait point se dissi- 
muler que, dans le cas spécial dont il s'agissait, la question était de sa- 

C. R. 1938, 18r Semestre. (T. VI, N° 41.) 43 


( 318 ) 


voir non-seulement si le cotonnier pouvait végéter en Algérie, mais en- 
core si le coton obtenu par les colons serait d’une assez bonne qualité 
et d’un prix assez modéré pour soutenir la concurrence, sur les marchés 
de l’Europe, avec les cotons des Antilles , des États-Unis , de l'Égypte, des 
Indes, etc. 


» 


ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur une Collection d'échantillons de vers à 
soie malades présentée à l’Académie , avec un Mémoire explicatif; par 
M. H. Bourpon. 


( Commissaires, MM. Silvestre, Darcet, Duméril rapporteur.) 


« Nous avons été chargés, MM. Silvestre, Darcet et moi d'examiner ce 
Mémoire et les pièces qui l’accompagnent, et que nous remettons sous 
vos yeux. L’auteur, M. Hewrr Bournow, ancien élève de l'École Polytech- 
nique, et qui s’est occupé beaucoup de l'éducation des vers à soie, ayant 
été envoyé par le Ministre dans les départements méridionaux, pour y 
prendre connaissance des procédés divers mis actuellement en pratique dans 
les magnaneries où l’on cultive en grand les chenilles du Bombyæ du mürier, 
afin d'y faire connaître et d’y propager quelques mesures utiles, a porté 
très particuliérement ses observations sur les maladies auxquelles ces in- 
sectes sont sujets, pour rechercher surtout les causes auxquelles on peut 
les attribuer : il a recueilli beaucoup de faits de ce geure, principalement 
sur la muscardine, dont la cause et les effets ont été, dans ces derniers 
temps, l'objet d'observations curieuses, et sur d’autres affections que, 
dans les ateliers, on désigne sous les noms vulgaires de vers mous, vaches- 
jaunes, etc. Ces derniers ont été décrits et déposés immédiatement comme 
échantillons dans de l'alcool, les autres étant de véritables momies inalté- 
rables, sont conservés dans leur état de dessiccation naturelle. 

» Toutes ces pièces ont été présentées à l’Académie dans une série de 
bocaux. L'auteur, comme nous l’avons dit, les a accompagnées de remar- 
ques, d'observations et de descriptions. Chaque flacon est numéroté et la 
notice s’y rapporte. On voit dans les deux premiers la muscardine qui a 
affecté les chenilles dans l’intervalle des deux premières mues. A cette 
époque, la maladie est plus rare et moins nuisible, même quand elle 
se manifeste à un haut degré; car la perte n’est ‘pas considérable et l’on 
peut remplacer cette éducation manquée par une autre. La muscardine 
développée dans les chenilles des deux mues suivantes se trouve repré- 
sentée par des individus contenus dans les flacons correspondants; mais 


( 319) 


c'est au cinquième âge que la maladie commence à prendre un caractère 
effrayant. Dans la plupart des cas observés, nous dirons, pour nous ser- 
vir des expressions mêmes de M. Bourdon, que la chaleur était acca- 
blante; l'air ayant perdu son ressort, restait dans une sorte de stagnation 
complète, une humidité prodigieuse se développait dans l'atelier : cet 
état atmosphérique est désigné sous le nom de Touffes. On a remarqué 
que l'événement a lieu surtout lorsque les vers sont, comme on le dit, 
tenus trop épais et rarement délités. On a aussi observé que la muscardine 
attaque surtout les chenilles exposées à des courants d’air provenant de 
l'extérieur, sur des tables placées prés des ouvertures du côté du nord, 
ou sous des toits percés à jour, ou près des fissures communiquant au 
dehors. 

» Parmi les vers malades que présente M. Bourdon, il en est quelques- 
uns dont la surface n’est pas recouverte de l’efflorescence blanche; il les 
regarde comme analogues à ceux que M. Bassi a décrits sous le nom de 
momies bâtardes. T’auteur rapporte plusieurs faits qui prouvent une sorte 
de contagion même par les œufs; mais d’après les opinions qu’il a recueil- 
lies, il ne croit pas que la maladie se propage ou se reproduise d’une an- 
née à l’autre par les meubles et les ustensiles de l'atelier. 

» L'époque où la muscardine fait les plus grands ravages est le moment 
où les chenilles montent dans la bruyère ; quelques-unes semblent périr au 
moment même et ne peuvent achever leurs cocons. Il y a aussi quelques- 
uns de ces follicules qui renferment des chenilles non métamorphosées 
et des chrysalides muscardinées, tels que les flacons qui portent les n° 1, 
9 et 10, et le Bombyx parfait lui-même, flacon n° 12. : 

» Les autres bocaux renfermant des chenilles malades, et la description 
de la forme qu’ils présentent avec l'indication des symptômes qui précè- 
dent leur mort. 

» L'auteur fait hommage à l’Académie de cette petite collection. Nous 
pensons qu'elle sera utile à conserver pour la démonstration des effets 
d’une maladie qui intéresse vivement les personnes qui se livrent à la pro- 
duction de la soie. Nous proposons aussi, d’après le désir de l’auteur du 
Mémoire, que le dépôt en soit fait au Muséum d'Histoire naturelle. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


43. 


( 320 ) 


ANATOMIE PHILOSOPHIQUE. — Rapport verbal sur les OEuvres d'histoire 
naturelle de Gortur, traduites par M. le docteur Martins. 


(Partie zoologique et anatomique. } 
( Commissaire, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. ) 


« L'Académie a renvoyé à l'examen de deux de ses membres, M. Auguste 
de Saint-Hilaire et moi, la traduction des OEuvres d'histoire naturelle de 
Goethe, tout récemment faite et publiée par M. le docteur Martins. MAuguste 
de Saint-Hilaire, que l’état de sa santé retient malheureusement loin del’Aca- 
démie, lui enverra prochainement de Montpellier son rapport sur la partie 
botanique de cet important ouvrage : je présente aujourd’hui la portion 
du travail dont j'ai été spécialement chargé, c’est-à-dire l’analyse des prin- 
cipaux travaux zoologiques et anatomiques de Goethe. 

» Vos Commissaires, en effet, ont l’un et l’autre pensé que la mission 
qu'ils tiennent de l’Académie, ne saurait se borner à une simple appré- 
ciation de la fidélité et de l'opportunité de la traduction; mais qu'ils de- 
vaient remonter jusqu’à l’auteur lui-même, et essayer de le suivre dans la 
voie scientifique où, l’un des premiers parmi les zootomistes allemands, il 
s'est engagé et s’est avancé sans cesse d’un pas si ferme. En donnant à nos 
rapports cette extension, nous avons cru les rendre à la fois plus dignes 
de l’Académie et plus utiles à la science; ils pourront contribuer à détruire 
des opinions très inexactes et encore très généralement répandues sur les 
travaux scientifiques de Goethe, et hâter le moment où ce grand nom 
prendra, dans l’histoire de l'anatomie philosophique, le rang élevé au- 
quel il a droit. 

» La gloire littéraire de Goethe a long-temps éclipsé, sinon pour lAl- 
lemagne, au moins pour l'étranger, son mérite scientifique. En saluant en 
lui dés la fin du dix-huitième siècle, et avec une admiration presque égale 
à celle de l'Allemagne elle-même, le plus illustre représentant de la litté- 
rature germanique tout entière, VEurope, et la France en-particulier, a 
tenu, jusqu'il y a dix ans, ses travaux d'anatomie philosophique dans un 
oubli presque complet. En 1820, et plus tard encore, les biographes et les 
critiques français se taisaient encore entièrement sur eux, ou bien, pour 
faire sentir l’universalité des connaissances du poète de Weimar, se bor- 
naient à remarquer qu'il était aussi, comme Voltaire, auteur de quelques 
écrits scientifiques ; et par-là, on croyait presque faire preuve d’une éru- 
dition allemande, qui d’ailleurs ne s’étendait jamais jusqu’à la connaissance 
directe et encore bien moins à l'appréciation de ces écrits. En 1830 même, 


( 321 ) 


quoique trois ans auparavant justice eût été rendue par M. de Candolle aux 
travaux botaniques de Goethe, son intervention dans une discussion cé- 
lébre élevée au sein de cette Académie, étonna encore comme un événe- 
ment imprévu et presque singulier. Enfin, aujourd’hui, beaucoup de per- 
sonnes instruites ignorent encore si Goethe s’est borné à revêtir des couleurs 
de son admirable style et à propager des idées déjà existantes dans la science, 
ou s'il a prétendu à la gloire plus brillante de l'inventeur ; et les natura- 
listes eux-mêmes hésitent à reconnaître pour l’un des leurs, celui qu'ils se 
sont accoutumés depuis si long-temps à admirer comme poète drama- 
tique, comme romancier, et même comme chansonnier. 

» Cette hésitation, quoique Goethe ait paru quelquefois en être 
blessé, me semble ellemême glorieuse pour lui. Elle marque, aussi bien 
que pourrait le faire une longue et minutieuse analyse, et, pour ainsi 
dire, mesure toute la distance qui sépare les œuvres poétiques et souvent 
fantastiques qui ont rendu le nom de Goethe populaire dans toute l’Eu- 
rope, de ces recherches positives, de ces déductions rationnelies qui seules 
peuvent être reconnues et admises par la prudente sévérité de la science. 
Plus cette distance est immense et peut sembler infranchissable, plus on 
a de peine à concevoir que la même main, qui a écrit Werther et Her- 
mann, Faust et Egmont, ait pu tenir habilement le scalpel de l'anatomiste, 
et plus il est admirable de voir ce prodige accompli par la plus rare al- 
liance de qualités intellectuelles ordinairement exclues l’une par l’autre. 

» Pour essayer de détruire enfin ces opinions préconçcues qui ont refusé 
silong-temps et contestent encore à Goethe le titre de naturaliste, la simple 
indication de quelques faits, tous authentiques et empruntés à Goethe 
lui-même, la citation de quelques dates, sont les meilleurs et les plus 
courts arguments que je puisse invoquer. Et ici, l'intérêt qu'offre pour 
l’histoire de la science l'appréciation des travaux d’un homme tel que Goethe, 
et la grandeur exceptionnelle de ce nom, me serviraient sans doute d’ex- 
cuses aux yeux de l'Académie, si quelques-uns des courts détails qui vont 
suivre lui paraissaient sortir du cercle de ses occupations habituelles. 

» Le goût prononcé de Goethe pour l'histoire naturelle, depuis son 
adolescence jusque dans son extrême vieillesse , est attesté par une multi- 
tude de témoignages. Enfant, Goethe, presque à son insu , nourrissait 
déjà son esprit des premières notions de cette science, en visitant et ran- 
geant une petite collection possédée par son père (1). Jeune homme, il 

(1) Mémoires de Goethe. 


( 522 ) 


suivait avec ardeur les enseignements scientifiques des principaux profes- 
seurs de cette époque : au point que venu, vers 1770, à Strasbourg, pour y 
prendre le bonnet de docteur en droit, il se décida promptement à n’appren- 
dre de jurisprudence que ce qui lui était nécessaire pour ses examens, et se 
livra avec ardeur à l’étude de la chimie, de l'anatomie, de la médecine et 
de l’art lui-même des accouchements : le chimiste Spielmann et l’anato- 
miste Lobstein le comptèrent alors au nombre de leurs élèves les plus assi- 
dus (1). Un peu plus tard, rentré en Allemagne, il passe, de ces premières 
notions élémentaires, à une investigation plus profonde des phénomènes 
naturels. Il fait, avec de jeunes amis, des courses géologiques et surtout 
des herborisations , tour-à-tour observant les faits, en cherchant les consé- 
quences, et surtout réfléchissant profondément sur la détermination des 
organes des végétaux. À cette époque, dans laquelle il se qualifie modeste- 
ment d’écolier auto-didactique (2), les trois noms qui agissaient le plus sur 
son esprit, étaient, lui-même le dit (3), Shakespeare, Spinosa, et Linné; trois 
grands noms dont l’association dans la pensée de Goethe exprime admira- 
blement l’ardeur juvénile de ce génie, hésitant encore entre la poésie, la 
philosophie et la science, ou plutôt concevant déjà la pensée de se con- 
quérir dans l'avenir une triple gloire. Dans les années suivantes, en Al- 
lemagne et ensuite en Italie, Goethe poursuit son plan de travaux scien- 
tifiques en même temps que littéraires. En 1780, en particulier, sous la 
direction du professeur Loder dont il devient l'élève le plus assidu et l'ami, 
il achève de se faire anatomiste, et déjà même, peu satisfait de la science 
de son temps, il essaie d’en franchir les limites en se créant des méthodes 
nouvelles. Tel était alors son désir de s’instruire, et cet exemple seul mon- 
trerait par quelles études solides et positives Goethe a préludé à ses publi- 
cations scientifiques; tel était son zèle pour l'anatomie qu'il fit, de cette 
même main qui déjà avait écrit Goetz et Werther, un grand nombre de 
préparations ostéologiques, destinées à enrichir le musée d’Iéna, en même 
temps qu'à lui fournir pour lui-même des matériaux et des moyens de 
vérification (4). 

» Ce fut en 1786 que fut composé (mais non publié), le premier mé- 


(1) Mémoires de Goethe. 

(2) Voyez dans la Traduction de M. Martins, page 200, l’histoire que Goethe donne 
lui-même de ses travaux botaniques. 

(3) Ibid. page 203. 

(4) Voyez l'Histoire des travaux anatomiques de l’auteur , traduction de M. Martins, 
page 96. 


( 323 } 


moire zootomique de Goethe, et dès lors , jusqu’à la fin du dix-huitième 
siècle, de nouvelles publications, toujours dirigées suivant les mêmes idées, 
se succèdent à des intervalles assez rapprochés. Ainsi trois mémoires ou 
articles appartiennent aux années 1793, 1795 et 1706. Après eux, nous 
trouvons, il est vrai, une lacune. En laissant de côté la traduction faite en 
1803, de l'ouvrage du célèbre Benvenuto Cellini , bien que ce grand artiste 
y ait placé plusieurs chapitres d'anatomie pittoresque, et que Goethe se soit 
sans nul doute complu dans leur étude; en omettant aussi une note assez 
courte faite en r1807, les travaux zootomiques de Goethe ne recom- 
mencent avec activité qu’en 1819 : mais aussi, après cette année, trouvons- 
nous à peine quelque interruption un peu longue, comme le montre la 
série des années 1820, 1822, 1823, 1824, 1830 et 1832, toutes marquées 
par la publication d’un ou de deux articles zootomiques de Goethe. Ces 
mémoires ou notices, dont le nombre est de quatorze, ont paru pour la 
plupart, et ce n’est pas la moindre preuve du zèle actif et persévérant de 
leur auteur pour la science, dans un Journal d'histoire naturelle, fondé et 
dirigé par Goethe lui-même (1). 

» En outre, et sans parler ici de ses mémoires non moins nombreux 
sur la physiologie végétale, de ses notices géologiques sur plusieurs con- 
trées de l'Allemagne, et surtout de son ouvrage sur l'optique et les couleurs, 
qui restent tout-à-fait en dehors de mon examen » On doit à la jeunesse de 
Goethe plusieurs autres travaux zootomiques que l’auteur n’a point lui- 
même mis au jour, mais qui, communiqués par lui à divers anatomistes 
allemands, et honorablement cités Par eux, sont un peu plus tard entrés 
dans la science. Il en est ainsi par exemple, des recherches de Goethe sur 
le crâne des mammifères dont les résultats publiés en partie par Loder et 
Sœmmering ont surtout contribué à fixer l'attention des anatomistes sur 
une pièce tour-à-tour appelée os transversal, pariétal impair, épactal , os de 
Goethe (os gœthianum ) et interpariétal. 

» En présence de faits qui attestent des études préliminaires, solides, 
pratiques et poursuivies avec persévérance pendant quinze années; en pré- 
sence de travaux aussi nombreux et continués par l’auteur presque jus- 
que sur son lit de mort (2), les droits de Goethe au titre de naturaliste 


(1) Zur Naturwissenschaft âberhaupt, besonders zur Morphologie, Stuttgardt et Tu- 
bingue, 4 vol., 1817 à 1825, 

(2) Le second des articles consacrés par Goethe à la célèbre discussion de 1830, a été 
composé très peu de temps avant la mort de ce grand homme : c’est le dernier écrit 
qui soit sorti de ses mains. 


( 324) 


ne sauraient être un instant douteux. Assurément, si l’homme qui a fait tout 
cela, n’eüt pas été en même temps l’un des plus grands poètes, le plus grand 
peut-être de l'Allemagne, l’idée ne füt venue à personne de n’attribuer à 
Goethe que des vues poétiques sur la nature, ou bien, selon les expres- 
sions employées par lui-même pour caractériser quelques pensées jetées dans 
ses premiers ouvrages littéraires , des désirs de connaître qui s’évaporaient 
en vagues et inutiles contemplations. Etsurtout, si la vie de Goethe, cette vie 
dans toutes les phases de laquelle la science a eu une si belle part, eût été 
plus complétement connue, nul n’eüt jamais admis cette erreur, encore 
partagée par plusieurs, que les travaux scientifiques de Goethe se réduisent 
à quelques brillants essais de jeune homme et à quelques réminiscences de 
vieillard. Toutes ces opinions préconçues, que j'avoue avoir conservées 
très long-temps, et qui ne sont tombées que devant un examen approfondi 
des faits, sont nées du sentiment, exagéré peut-être, que nous avons tous, 
sans même y avoir spécialement réfléchi, sur l’immense différence des 
conditions psychologiques qui tendent à constituer le poëte et le naturaliste, 
et des facultés par lesquelles l’un s’élance hardiment vers l'idéal, tandis que 
l’autre fixe ses sens et sa pensée sur le monde réel et sur les faits positifs, 
sans cependant qu'il lui soit interdit de s'élever parfois et pour ainsi dire, 
de planer à une grande hauteur au-dessus d'eux pour en contempler 
l’ensemble. 

» J'essaierai maintenant de donner une idée de la direction et des ré- 
sultats des travaux zootomiques de Goethe. Ici, à la difficulté de parler 
dignement de Goethe, de ce génie à l'égard duquel, selon une célèbre ex- 
pression , l'examen n’est même pas permis; à cette difficulté, si grande 
pour tous, s'ajoute encore pour moi celle d'analyser des travaux qui 
offrent, avec ceux de mon père, une analogie frappante, et parfois même 
une identité complète. L’un en Allemagne, l’autre en France, n’ont cessé 
de marcher parallèlement, et souvent de front, sans le savoir, et même, 
comme on le verra, sans qu'il leur fût possible de le savoir, vers une sem- 
blable rénovation de l'anatomie comparée. 

» Il est donc ici, on le sentira facilement, plusieurs questions que je ne 
puis aborder, au moins dans un moment où j'ai l'honneur de parler 
comme rapporteur de l’Académie, et je me serais même entièrement 
abstenu, si, pour ce qui concerne Goethe en particulier, de hautes 
convenances ne m'imposaient le devoir de présenter ici de simples re- 
marques historiques bien plutôt que d'émettre un jugement scientifique 
sur des travaux signés d’un aussi grand nom, Cette similitude, et pour ainsi 


0 


(35) 


dire ce parallélisme des idées de Goethe et de celles de mon pére, va d'ail 
leurs, à quelques égards, simplifier et abréger ma tâche, puisqu'il s’ agira 
pour moi, non d'exposer des vues particulières à Goethe, plus ou moins 
complétement nouvelles pour nos esprits , et par suite inintelligibles sans 
de longs développements, mais seulement de faire connaître la pensée de 
Goethe sur des questions souvent controversées dans le sein même de l’A- 
cadémie.: 

» L’illustre auteur de l'Allemagne , cherchant à apprécier Goethe sous 
le rapport littéraire, à dit : « Quand il s’agit de penser, rien ne l’arrête, 
» ni, son siècle, ni ses habitudes, ni ses relations. » Tel est aussi Goethe 
sous le rapport scientifique. Pour me restreindre ici à ses travaux zooto- 
miques, dès ses premières études sur l’organisation , il repousse loin de 
lui le joug d'opinions que l’assentiment unanime des auteurs et la parole 
si respectée de ses maîtres tendaient également à lui imposer : opinions 
dont la puissance était cependant telle qu'aujourd'hui même, après un 
demi-siècle et plus, une partie d’entre elles règnent encore souveraines 
dans plus d’une école de haut enseignement. Ce qui, au premier abord , 
blesse surtout cet esprit ami de la simplicité et de l'unité, c’est la diversité 
bizarre et contradictoire de toutes ces nomenclatures anatomiques, vété- 
rinaires et autres encore » imposant des noms différents à des organes ana- 
logues (1), et scindant ainsi la science en parties presque étrangèresles unes 
aux autres; C'est aussi l'arbitraire et l'empirisme aveugle qui président à la 
détermination et àla description des diverses parties de l'être, par exemple, 
à celles des divers os de la tête humaine telle qu’elle était alors consi- 
dérée (2), et je puis ajouter, telle qu’elle l'est encore le plus souvent, par les 
anthropotomistes; c’est enfin le partage de presque tous les naturalistes 
d'alors en deux classes, les uns s’attachant servilement au fait matériel (3), 
les autres recourant sans cesse aux causes finales, et par-là, dit Goethe, 
s’éloignant de plus en plus de l’idée vraie d'un étrevivant. 

» Après avoir fait ces critiques et dressé cette sorte d’acte d'accusation 
contre l’état de la science vers la fin du xvui* siècle, Goethe cherche 
comment une voie nouvelle et meilleure pourrait être ouverte aux investi- 
gations des auteurs ; et aussitôt 1l signale deux progrès à accomplir. L'un, 
et celui-ci est aujourd’hui si bien consacré, au moins en principe, qu'il est 


(1) Voyez dans la traduction de M. Martins, p. 24 et 65. 
(2) Jd., p. 44. 
(3) Jbid., p. 24. 

G. R. 1838, 1° Semestre. (T.VI, N° 41.) 


44 


(36) 


nécessaire de mettre à côté de ces idées leur dates, 1986, 1795, 1796, c'est 
l'intime fusion de l'anatomie humaine et de l'anatomie comparée. La dis- 
section des animaux, dit-il dans un passage dont M. Martins a fidèlement 
rendu le sens général , mais que je préfère traduire ici plus littéralement, 
doit toujours étre à côté de celle de l’homme (1). Le second progrès, par 
lequel seul , suivant Goethe, peut être renouvelée ou plutôt fondée l’ana- 
tomie comparée , et c'est vers celui-ci que l’auteur a constamment dirigé 
ses travaux, c'est l'établissement, autant que possible d'après les fonctions, 
d'un type anatomique ( anatomischer Typus), d'un modèle universel 
(allgemeines Bild), lequel, dit l'auteur, doit être idéal, etne saurait exis- 
ter dans aucun être vivant en particulier, la partie ne pouvant être l’image 
du tout (2). La pensée de Goethe, enveloppée ici dans des expressions très 
abstraites, est mise heureusement dans tout son jour par d’autres passages, 
éclairée par la discussion de plusieurs cas particuliers donnés comme 
exemples, et jusqu'à un certain point complétée par l'indication des 
deux faits généraux que mon père a nommés principe du balancement 
des organes et principe des connexions ; tant ces trois idées générales sont 
intimement liées entre elles, et tant l'esprit qui a conçu l’une, se trouve 
invinciblement entrainé vers les deux autres par ses méditations ulté- 
rieures. Voici le passage très explicite dans lequel Goethe indique le prin- 
cipe du balancement des organes, et les lignes moins précises dans les- 
quelles il énonce son opinion sur la fixité des connexions: « Il existe, 
» dit-il, une loi en vertu de laquelle une partie ne saurait augmenter de 
» volume qu’aux dépens d'une autre, et vice versd. Telles sont les barrières 
» dans l'enceinte desquelles la force plastique se joue de la maniere la plus 
» bizarre et la plus arbitraire, sans pouvoir jamais les dépasser ; cette force 
» plastique règne en souveraine dans ces limites peu étendues, mais suffi- 
» santes à son développement. Le total général, au budget de la nature, 
» est fixé; mais elle est libre d'affecter les sommes partielles à telle dé- 
» pense qu'il lui plaît (3). » L'autre principe est ainsi exprimé : « L’ostéo- 
» génie est constante en ce qu'un même os est toujours à la même place 


(1) Erster Entwurf eïner allgemeinen Einleitung in die vergleichende Anatomie, 
dans le Zur Morphologie, t. 1, p. 147. La même idée est ensuite reproduite dans les 
Vortrâge über den Entwurf, etc., ibid., p. 261 et 262.Voyez la traduct. de M. Martins, 
p.23et 63. 

(2) Erster Entwwurf, etc., Loc. cit., p. 150; traduet. de M. Martins, p. 26. 

(3) Traduction de M. Martins, p. 30. 


(327) 


»-et a la même destination (1). » Et ailleurs, presque dans les mêmes ter- 
mes : « Ce qui est constant, c'est la place qu'un os occupe dans l'économie, et 
» le rôle qu'il y joue (2). » 

» Tous ces passages, que leur intérêt pour l’histoire de la science me 
commandait de citer textuellement, sont extraits de deux Mémoires 
étendus, les plus importants peut-être que l’auteur ait composés, et ce- 
pendant modestement intitulés par lui : Plan d'une introduction générale 
à l'anatomie comparée, basée sur l'ostéologie. Je serai ici doublement 
juste en remarquant qu'ils ont été achevés, l’un en 1795, l’autre en 1796, 
comme le prouve leur communication dès-lors faite à plusieurs des som- 
mités scientifiques de l'Allemagne, à Camper, à Loder, à Sæmmering, à 
Blumenbach, à notre illustre confrère M. de Humboldt; mais ils n’ont été 
publiés que beaucoup plus tard, en 1820. « Pour l’histoire de la science, 
» dit M. Martins après avoir cité ces dates dans sa préface (3), il est in- 
» téressant de constater que les créateurs de l'anatomie philosophique en 
» France ne pouvaient avoir aucune connaissance des travaux (restés iné- 
» dits) du poète allemand, et que cette grande idée a été conçue en même 
» temps et à la même époque chez les deux nations. » : 

» Dans un autre ordre de considérations dont la liaison est d’ailleurs 
évidente avec celles qui précèdent, Goethe, de même encore que mon 
père, et de même aussi que Buffon et Lamarck, repousse fortement les 
abus de la philosophie des causes finales , et admet l’action des modifica- 
teurs ambiants sur l'organisme; d'où résultent , ajoute-t-il, sa perfection in- 
térieure et l'harmonie que présente son extérieur avec le monde objectif (4). 
Cette idée, simplement jetée en ces termes au milieu du Mémoire de 1705, 
est reprise et développée en 1822 par Goethe, dans une note écrite à l’oc- 
casion de divers débris fossiles de taureaux, découverts en 1819 et 1820, 
dans le Wurtemberg. Là, Goethe cite en entier, déclare approuver com- 
plétement , et appuie de quelques remarques nouvelles un passage du 
docteur Koerte, destiné à expliquer comment les formes cräniennes du 
taureau fossile ont pu se modifier peu à peu, et donner lieu finalement 
aux formes que nous apercevons aujourd'hui dans diverses races vi- 
vantes. 


(1) Traduction, page 41. 
(2) Jbid , p. 49. 
(3) Page v. 
(4) Traduction, page 30. 
44. 


( 328 ) 


» Enfin, si étroites que soient les limites entre lesquelles je dois res- 
serrer cette analyse, je citerai encore le Mémoire, écrit en 1793, dans 
lequel l’auteur, en faisant quelques emprunts au système de Kant, traite 
de l'expérience considérée comme médiatrice entre l'objet et le sujet. 
Dans ce travail, que le traducteur a placé comme une excellente intro- 
duction à la tête de l’ouvrage tout entier, Goethe insiste sur la nécessité 
de composer la science, non pas seulement d'observations isolées et de vues 
très générales, mais aussi de vérités d’un ordre intermédiaire; d’aller de 
proche en proche , et de tirer les conséquences les unes des autres (1).«Cette 
» méthode prudente, dit-il, nous vient des mathématiciens, et quoique 
» nous ne fassions pas usage de calculs, nous devons toujours procéder 
» comine si nous avions à rendre compte de nos travaux à un géométre 
» sévère. » On peut juger, par cette phrase, si Goethe, dans la science 
encore, croyait devoir rester poète et se laisser aller à toutes les inspira- 
tions de sa brillante imagination. 

» Je craindrais d’abuser des moments de l’Académie si, de l’analyse des 
idées générales de Goethe, je passais à l'indication des nombreuses appli- 
cations qu'il en a faites à diverses questions particulières. Il en est deux, 
toutefois, que je ne puis omettre entièrement, ne füt-ce qu’à cause de 
l'importance très grande qu’attachait Goethe, et que les zootomistes les 
plus distingués de l'Allemagne attachent encore à l’une et à l’autre. 

» Si l’on en croit les témoignages de Bojanus, de Carus, de plusieurs 
autres encore, et la déclaration formelle de Goethe lui-même, il aurait le 
premier abordé une question très importante et surtout très difficile, à la 
solution de laquelle se rattachent, à des titres divers, les noms de trois 
membres de cette Académie, M. Duméril, en 1808; M. de Blainville, 
en 1816; mon père, en 1824. Cette question est celle de la composition 
vertébrale de la tête. Goethe se promenait, en 1791, dans le cimetière des 
Juifs, au Lido, lorsqu’à la vue d’un crâne de mouton gisant sur le sol, il 
conçut tout-à-coup la pensée que la tête résulte de l’union de plusieurs 
vertèbres modifiées dans leurs formes et leurs dimensions. Malheureuse- 
ment pour l'anatomie philosophique qui eüt fait dès-lors peut-être un 
pas important, Goethe s’en tint à ce vague pressentiment, ou s’il entreprit 
quelques travaux, il ne les livra pas à la publicité. Ce fut seulement 
en 1820, douze ans après que la découverte qu’il avait été sur le point 
de faire, füt entrée dans la science par les travaux presque simultanés 


(1) Traduction, page 12. 


( 329 ) 


d'Okenet de M. Duméril; ce fut même après les recherches de plusieurs 
autres zootomistes, que Goethe reprit enfin les idées conçues par lui si an- 
ciennement. Le système dans lequel il les coordonna alors, ne s'accorde 
entièrement avec. celui d'aucun autre auteur, mais les détails seuls varient 
et le fond des idées est exactement le même. Il est donc impossible de 
considérer, avec Carus et surtout Bojanus, Goethe comme l’auteur d’une 
découverte qu'il a seulement entrevue : toutefois, la conception seule, 
si incomplète qu’on la suppose, d’une vérité aussi difficile à démontrer, 
méritera d’être citée dans la science comme un remarquable exemple de 
la puissance d'invention et de la force synthétique de son auteur. 

» L'existence de l’intermaxillaire humain est une question d’une moindre 
importance, mais à la solution de laquelle Goethe à pris une beaucoup 
plus grande part. Plusieurs anatomistes, Vésale, Winslow, Albinus, 
Nerbitt, avaient depuis long-temps remarqué, sur quelques crânes, 
la séparation de la portion de la mâchoire supérieure qui porte les inci- 
sives; mais ces cas particuliers avaient été négligés, et Camper, en cela 
suivi par Blumenbach, plaçait même au rang des caractères distinctifs de 
l'homme par rapport aux singes, l'absence d’un intermaxillaire distinct. 
Goethe, alors au début de ses recherches, apercevant une contradiction 
entre l'existence de cet os dans les singes et son absence chez l’homme 
qui a cependant le même nombre d’incisives semblablement disposées, 
chercha.et trouva l’intermaxillaire humain : ce fut là, dit Sæmmering, son 
essai plein de génie. Cette découverte, dont l'intérêt ne nous frappe plus 
autant aujourd'hui , n’était alors, en effet, ni sans importance, ni sans quel- 
que difficulté, témoin la vive opposition qu’elle éprouva, dès le premier 
moment, en Allemagne, de la part de l’illustre Camper, et quise continua 
long-temps encore après lui : il fallut, remarque quelque part Goethe, qua- 
rante ans pour faire admettre de tous un aussi petit fait ! La découverte de 
Goethe est de 1786; et la même année, Vicq-d’Azyr indiquait en France 
lintermaxillaire humain dans un passage très remarquable, bien que non 
encore cité, de l’un de ses discours généraux sur l'anatomie; passage dans 
lequel l'unité de type se trouve aussi nettement formulée (1). Vicq-d’Azyr a 


(1) « La nature, y est-il dit, semble opérer toujours d’après un modèle primitif et 
» général dont elle ne s’écarte qu’à regret, et dont on rencontre partout des traces. » 
C’est en énumérant quelques exemples à Fappui de cette proposition que Vicq-d’Azyr 
ajoute : « Peut-on s’y refuser enfin en comparant les os maxillaires antérieurs que j’ap- 
» pelle incisifs dans les quadrupèdes, avec cette portion osseuse qui soutient les dents 


( 330 ) 


ainsi la priorité de publication sur Goethe dont le Mémoire ne fut connu 
que l’année suivante, en 1787, par les citations de Loder (1), etbeaucoup 
plus tard, en 1817, par son insertion intégrale dans le Zur Morphologie (2). 
C’est un exemple à ajouter à tant d’autres infiniment plus remarquables 
de ces découvertes simultanément faites en des lieux différents et quel- 
quefois par des esprits de genres divers, et qui ont si souvent donné lieu 
à des accusations de plagiat, quand il s’en présentait une explication si 
simple et si honorable pour tous dans les rapports de filiation de ces dé- 
couvertes avec les acquisitions antérieures de la science. 

» J'ai dû rechercher pourquoi les travaux de Goethe sur l’intermaxil- 
laire, et tant d’autres, sont restés inédits pendant plusieurs années, et 
ont été privés ainsi par leur auteur de leur juste influence sur la marche 
de l'anatomie philosophique. J'ai trouvé nettement exprimées, dans plu- 
sieurs passages de ses ouvrages, deux raisons de ces longs retards, égale- 
ment préjudiciables à la science et à la gloire scientifique de Goethe. 
L'une est le découragement qu'il éprouva trop souvent en se voyant in- 
compris par des hommes qu’il supposait ses juges naturels; par exem- 
ple, lorsqu'il soumit son mémoire sur l'intermaxillaire au plus vénéré 
de ses maîtres, à Camper, et qu'il en reçut, pour toute réponse, des 
éloges sur le format et l'écriture de son manuscrit. L’autre, et assurément 
notre amour pour la science n’est pas assez exclusif pour aller jusqu’à 
regretter celle-ci, est l'entrainement passionné qui le porta de nouveau 
vers la poésie , lorsque ses liaisons avec Schiller vinrent, suivant son ex- 
pression, l’arracher de son ossuaire scientifique. Ta publication du journal 
Les Heures, la composition d'Hermann, d’Achilléis vinrent alors l'occuper 
pendant quelques années; et la moisissure, comme il le dit lui-même, envahit 
ses préparations anatomiques. C’est dans ce sens, mais dans ce sens seule- 
ment, qu'il pourrait être vrai de dire que le grand poète a empêché, dans 
Goethe, le grand naturaliste : les matériaux étaient prêts, le plan était 
tracé, le temps seul a manqué pour construire. 

» Les divers travaux de Goethe, dont jai essayé de donner l'analyse, n’a- 
» incisives supérieures dans l’homme, où elle est séparée de l’os maxillaire par une 
» petite félure très remarquable dans le fœtus, à peine visible dans les adultes, et dont 
» personne n'avait connu l'usage? » Voyez Traité d'anatomie, in-fol , p. 9, ou OEu- 
vres, t. IV» P- 26. 

(1) Voyez son Manuel anatomique, page 89. 

(2) Tome I, p. 201. — On le trouve aussi réimprimé et complété par de nombreux 
dessins dans les Nova Acta Naturæ Curiosorum, t. I. 


(33) 


vaient point encore été réunis tous en un corps d'ouvrage : disséminés 
dans plusieurs recueils, il était assez difficile de les y trouver, et de suivre, 
par leur comparaison, la filiation des idées qui s’y trouvent contenues ; 
sujet si intéressant d’études lorsqu'il s’agit d’un homme tel que Goethe! 
J'ai vu pour ma part, avec une satisfaction que l’Académie partagera sans 
doute, la France précéder l'Allemagne dans le soin de recueillir et de coor- 
donner ces documents épars, si précieux pour l’histoire de la science. Les 
Allemands nous ont reproché quelquefois d'ignorer et de méconnaître les 
travaux zootomiques de Goethe : c’est un reproche dont la traduction de 
M. Martins nous justifie pleinement, au moins pour l'avenir. Elle est en 
effet claire, élégante, fidèle, enrichie de notes instructives » €t telle, j'ose- 
rai le dire, que Goethe n’eût pu manquer d'en approuver et d’en voir 
avec plaisir la publication. Obligé d'exprimer ici toute ma pensée, j'ajou- 
terai toutefois qu'il est quelques passages dont j'eusse désiré une traduc- 
üon, non pas plus fidèle, car le sens est toujours exact , mais plus littérale : 
Pour ma part, et peut-être cette opinion personnelle de votre rapporteur 
n'aura-t-elle d’autre partisan que lui, la reproduction de la pensée de 
Goethe, avec les formes mêmes dans lesquelles elle .a été conçue, ne m’eût 
pas paru achetée trop cher au prix même de quelques germanismes. 

» M. le docteur Martins était déjà connu par plusieurs mémoires origi- 
naux, justement estimés : Par son excellente traduction des OEuvres d’his- 
toire naturelle de Goethe, il me paraît ne pas avoir moins bien mérité 
d’une science qu’il s'apprête, en ce moment même, à servir plus activement 
°nc0re par un voyage dans les régions arctiques. » 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


PHYSIQUE DU GLOBE, — Mémoire sur les courants périodiques occasionés 
par les marées dans la Manche et la Partie méridionale de la mer du 
Nord; par M. Monnier, ingénieur-hydrographe de la marine. 


(Commissaires, MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Savary.) 


« En 1835, M. Monnier présenta à l’Académie un Mémoire sur les 
courants horizontaux qui se font sentir aux différentes périodes de l’os- 
cillation verticale dans la Manche et les mers voisines. [l avait reconnu 
que, dans ces parages et dans les positions éloignées de la côte, les cou- 
rants de flot et de jusant acquièrent leur maximum de vitesse vers les 
heures de pleine mer et de basse mer, et qu'ils s’annullent ou reversent 


( 332 ) 


vers les heures de demi-marée. Le raisonnement Pavait conduit à penser 
que ces effets devaient, jusqu’à certain point, résulter du mouvement de 
transmission de la marée dans un canal à deux issues. 

» Poursuivant ses recherches à ce sujet, et réunissant à ses propres 
observations des renseignements puisés à différentes sources , M. Monnier 
s’est appliqué à représenter sur une carte de la Manche et de la partie mé- 
ridionale de la mer du Nord, tous les changements que subissent la di- 
rection et la vitesse du courant lle la surface pendant les douze heures que la 
mer emploie à monter et à baisser. Les navigateurs , dit-il, trouveront sur 
cette carte, pour chaque localité, la durée variable de mer montante et de 
mer baissante, ainsi que les établissements conclus des observations récentes 
faites sur les côtes de France et d'Angleterre; ils y trouveront également un 
moyen simple pour calculer l'heure de pleine mer; enfin les indications don- 
nées sur lés flèches de courant compléteront les notions nécessaires pour 
rectifier leur route, et la régler d’après la direction et la vitesse du courant 
qu'ils connaîtront pour chaque lieu et chaque instant d’un jour déterminé. 

» Dans un Mémoire joint à la carte dont nous venons de parler, M. Mon- 
nier fait remarquer que les courants de la surface décrivent un cercle entier 
en douze heures, dans toutes les parties de la Manche, et que leurs chan- 
gements de direction s’opèrent en sens contraire près des côtes de France 
et d'Angleterre, particularité qu’il attribue aux retards qu'on observe dans 
les heures de reversement des courants à mesure qu’on s'éloigne de la 
côte. Quant aux courants de la marée aux différentes profondeurs de la 
masse liquide, leur étude à été trop négligée jusqu’à ce jour pour qu’on 
puisse établir une relation entre les propriétés dont ils jouissent au fond 
et à la surface. Il est très probable que ces courants ne sont pas soumis 
à une loi générale, et qu’ils varient près des rivages avec les hauteurs de 
la marée, la forme du fond et la profondeur de la mer. M. Monnier ap- 
pelle, toutefois, l'attention sur un fait digne de remarque qu’il a constaté 
par des observations citées dans son Mémoire, et aussi d’après un travail 
de M. Lebeau, conducteur des travaux maritimes; il consiste en ce que 
les courants de flot et de jusant se font sentir trois quarts d’heure et 
même une heure plus tôt au fond qu’à la surface dans le goulet du port de 
Lorient et dans la partie méridionale de la mer du Nord. 

» En parlant de la hauteur de la marée, M. Monnier fait voir qu’elle se 
modifie principalement avec le gisement de la côte, et que les change- 
ments extraordinaires qu’elle éprouve du côté de Granville et de Bristol 
sont dus à des influences locales tout-à-fait analogues. Il la mesurée, 


(335) 
en 1836, sur le Sandettié, à six lieues dans le nord de Calais, et l’a trou- 
vée sensiblement la même que dans ce port; d’où l’on peut conclure qu'au- 
delà du Sandettié, à l’ouvert de la Tamise, par exemple, les marées sont 
beaucoup plus faibles qu’à la côte de Flandre, puisque leur hauteur, qui 
est de 20 pieds à Calais, lors des syzygies, se réduit à 8 et 9 pieds sur les 
rivages des comtés d'Essex et de Suffolk. 

» Dans le bras de mer qui sépare la côte de Flandre de celle du comté 
d'Essex , les eaux paraissent se mouvoir partout dans le même sens, quoi- 
qu’il y ait un intervalle de quatre heures entre les moments où le même 
courant finit sur chacune de ces côtes. On comprendra la manière dont 
les faits s'y passent, en remarquant que l'intervalle de quatre heures est 
la somme des retards qu'éprouve le reversement des courants d’une posi- 
tion à la suivante, retards qui se distribuent sur une distance de 22 lieues 
marines, de manière à devenir à peu près imperceptibles entre deux points 
voisins, et à y faire disparaître tout changement brusque dans la direction 
du courant. 

» M. Monnier expose, à la fin de son Mémoire, plusieurs considérations 
sur des bandes de fucus flottants qu'il a vues dans certaines parties de la 
Manche et de la mer du Nord, où leur existence est en quelque sorte 
permanente. Ces bandes , formées de goémons de l'espèce appelée filum , 
sont rectilignes et s’orientent dans le sens des courants principaux de la 
marée; leur longueur est de 5 à 6 lieues, et leurlargeur, qui n’excède pas 
200 brasses, se réduit presque partout à quelques pieds. On y trouve as- 
sez fréquemment les débris des naufrages qui ont lieu loin de la côte. 
Leurs fucus croissent abondamment sur les roches de la partie occidentale 
de la Manche. Ils en sont détachés par le choc des vagues, et après avoir 
voyagé vers l’est sous l'influence des vents dominants de la partie de 
l’ouest, ils finissent par se rassembler dans les régions où le reversement 
des courants paraît éprouver le plus de retard d’une position à l’autre. Il 
doit, en effet, résulter de ce retard, à certaines périodes de la marée, des 
courants de signes contraires, et par suite une zone de repos où viennent 
se réunir les fucus et les corps flottants du voisinage. On voit également 
que les lignes de fucus doivent osciller constamment entre deux zones 
de repos correspondant, l’une au reversement de flot, l’autre au rever- 
sement de jusant. » 


C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 44.) 45 


(334) 


aéoLoGiEe. — Études sur la constitution géognostique des Pyrénées ; par 
M. Coquano. 


(Commissaires, MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont. ) 


Ce Mémoire est un fragment d’un travail plus étendu que l’auteur annonce 
devoir présenter prochainement à l’Académie ; nous en extrayons le pas- 
sage suivant, relatif à l'existence de corps organisés dans des roches con- 
sidérées long-temps comme primitives. 

« Il n’est plus possible de considérer les marbres statuaires des calcaires 
saccharoïdes, comme des calcaires primitifs ; car dans ces formations cal- 
caires que l’on a regardées mal à propos comme subordonnées aux granits, 
dans plusieurs localités classiques des Pyrénées, et surtout dans les cal- 
caires réputés primitifs de Couledoux , j'ai examiné et recueilli dans une 
couche saccharoïde , des fossiles déterminables et un polypier radié. Ce fait 
important a été, sur ma demande, vérifié et contrôlé par mon ami, 
M. François , ingénieur des mines à Vicdessos. Au surplus, les calcaires 
modifiés se trouvent toujours en contact avec les calcaires secondaires non 
modifiés, et présentent le passage insensible de l’état saccharoïde le mieux 
caractérisé, à un état terreux ou compacte. 

» Les marbres blancs doivent leur éclat à la volatilisation par la chaleur 
des particules bitumineuses qui colorent généralement les calcaires secon- 
daires; aussi existe-t-il presque toujours entre les couches modifiées et celles 
que la modification n’a pas dénaturées, une couche noire, bitumineuse et 
fétide, dans laquelle se sont rassemblées toutes les particules colorantes 
qui se sont dégagées du marbre blanc. Quelquefois aussi, on trouve dans 
les calcaires saccharoïdes, des cristaux très brillants de graphite, qui ne 
proviennent évidemment que de la transformation de ces mêmes matières 
bitumineuses. 

» La présence des substances cristallisées dans les calcaires modifiés 
s'explique avec la plus grande facilité par l’action brûlante des granites. » 


M. Coquawp adresse aussi une Notice sur l’âge géologique du gypse d'Aix. 
A cette notice est joint un échantillon d’une variété remarquable de 
gypse trouvée dans les marnes gypseuses de Saint-Abbitz, entre Eguilles 


et Aix. 


( Renvoi à la Commission désignée pour le mémoire précédent. ) 


(335) 


ORGINOGRAPHIE VÉGÉTALE. — {Vote sur la structure des racines chez 
certains végétaux dicotylédonés; par M. Decaiswe. 


(Commission précédemment nommée. ) 


« Cette Note est destinée à servir de complément à un précédent Mé- 
moire dans lequel l’auteur avait traité du développement anormal des 
tiges de certains végétaux dicotylédonés, tels que les Aristoloches et les 
Ménispermes. Dans cesplantes, les couches corticales ou liber sont réduites 
à de simples filets qui , dans le Cocculus laurifolius , etc... ne se trouvent 
point placés à la circonférence de la tige, mais bien tout auprès du centre, 
et entre la première et là seconde zone ligneuse. Ayant étendu ses re- 
cherches aux racines des mêmes plantes, l’auteur annonce y avoir constaté 
non-seulement l'absence de couches du. libér, mais encore celle des filets 
corticaux. 

» Cette organisation, dit M. Decaisne, est contraire à ce qu’on savait 
sur la structure de l’écorce des racines; puisqu'on la considérait générale- 
ment comme identique avec celle des tiges. 

» Les Ménispermées et les Aristoloches ne sont cependant pas, ajoute-t-il, 
les serils végétaux sur lesquels j'ai pu constater l'absence de liber ; le Phy- 
tolacca dioica et un grand nombre de plantes vivaces de notre climat nous 
en fournissent aussi des exemples. Je ferai remarquer en outre que Îes fais- 
ceux Jigneux des racines offrent parfois une disposition différente de celle 
des tiges; leur accroissement paraît avoir lieu par le dédoublement d'un 
faisceau primitif, ainsi que l’a établi M. Dutrochet. 

» Je viens de dire que les racines de plusieurs végétaux dicotylédonés 
ne présentaient point de fibres du liber; j'äjoute maintenant que les tiges 
peuvent aussi en être dépourvues ; le Phytolacca nous offre cet exemple. 
Si l’on examine les rameaux de cette plante, on voit la moelle parcourue 
par six faisceaux ligneux munis de trachées et analogues à ceux décrits 
dans le Nyctago par M. Mirbel. L’étui médullaire est formé par un cercle 
de faisceaux ligneux semblables à ceux de la moelle; cette première couche 
ligneuse donne! bientôt naissance à d’autres zones séparées par du tissu 
utriculaire. Enfin, si l’on observé le parenchyme cortical herbacé qui les 
recouvre, on n’y distingue aucun indice du liber. » 


45. 


(336) 


cHimte. — Faits nouveaux pour servir à histoire de l'urine ; 
par MM. Car et Henry. 


(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze. ) 


« L'analyse que nous fimes l’année dernière d’une urine visqueuse ,nous 
montra que cette urine différait de l’urine normale, en ce qu’elle conte- 
nait une moins grande proportion d'acide lactique et d'urée. De là nous 
vint la pensée d’unir directement ces deux principes pour en former un 
nouveau moyen thérapeutique à essayer dans certaines affections des voies 
urinaires. Nous parvinmes à ce résultat à l’aide de la double décompo- 
sition : en traitant, par exemple, du lactate de chaux par de Foxalate 
d'urée , nous obtinmes du lactate d'urée qui cristallise en aiguilles pris- 
matiques d’une grande blancheur, et possède des caractères chimiques 
très distincts. 

» Nous recherchâmes alors si ce lactate n’existait pas tout formé dans 
l'urine, et si ce n'était point à cette cause qu'était due la difficulté d’en 
séparer l’urée sans l'intermédiaire de l'acide nitrique. Nos prévisions se 
réalisèrent encore. Après avoir isolé de l'urine l’acide lactique libre, par 
un excès d’hydrate de zinc, nous obtinmes du lactate durée naturel, eris- 
tallisé et parfaitement identique avec ce sel préparé directement. 

» Les sels durée, jusqu’à présent assez difficiles à obtenir, sont de- 
venus pour nous d’une préparation fort simple, à l’aide de la double 
décomposition ; ainsi nous les obtenons très facilement aujourd'hui, cris- 
tallisés, doués de propriétés caractéristiques, et l’on en retire l’urée de 
manière à prouver que ces sels n'étaient nullement des sels ammonia- 
caux, et à donner à l’urée elle-même une place réelle parmi les bases 
organiques. 

» L’acide lactique qui joue un si grand rôle dans l’économie , et se re- 
trouve dans tous les fluides animaux, dans toutes les sécrétions, pa- 
rait les abandonner sous l'influence de certaines causes morbides. Aussi- 
tôt ces liquides se troublent, s'épaississent, et dès lors apparaissent les 
concrétions, les calculs; la plupart formés de phosphates terreux ou alca- 
lins, et qui, en effet, seraient solubles dans l'acide lactique, si cet acide 
existait en quantité suffisante dans les fluides de l’organisme. 

» L'emploi de l'acide lactique, déjà essayé sous ce point de vue, ne 
s'est point assez propagé, à cause de la difficulté de sa préparation ; 


\ 


nous avons réussi à l'obtenir plus facilement et à meilleurs prix. Ses 


(337) 
propriétés thérapeutiques ; ainsi que l'emploi du lactate et des autres sels 
d'urée, sont en ce moment l’objet de quelques recherches d'applications, 
dont nous espérons rendre bientôt compte à l’Académie. » 


CHIMIE APPLIQUÉE. — ÎVouvelles recherches sur la nature et le traitement 
de la maladie connue sous le nom de Diabète; par M. Boucarpar. 


(Commissaires, MM. Magendie , Robiquet, Pelouze.) 


L'auteur résume dans les termes suivants les résultats auxquels il a été 
conduit dans ses recherches : 

« 1°. La quantité de sucre contenue dans les urines diabétiques est en 
raison directe du pain, ou des substances sucrées ou féculentes dont le 
malade se nourrit. 

» 2°. Tous les malades affectés de diabète ont un goùt prononcé pour le 
pain, ou pour le sucre, ou pour les aliments féculents. 

» 3°. La soif des malades est en raison directe de la quantité de pain ou 
de substances sucrées ou féculentes qu’ils mangent. Pour une livre de fé- 
cule , ils boivent à peu près 10 livres d’eau ; c’est environ la quantité d’eau 
nécessaire pour que la transformation de la fécule en sucre, sous l’in- 
fluence de la diastase , soit complète. 

» 4°. Chez les malades diabétiques, il s'opère une transformation tout-à- 
fait comparable à celle que nous pouvons reproduire dans nos labora- 
toires, en mettant la fécule en contact avec la diastase dans des circons- 
tances convenables. 

» 5°. La diastase n’est pas la seule matière qui transforme la fécule en 
sucre; la levüre, la pressure, le gluten, l’albumine et la fibrine altérés 
ont une action parfaitement analogue, et ces substances peuvent accom- 
pagner la fécule dans l'estomac. 

» 6°. J'ai obtenu les deux espèces de sucre de diabète signalées par les 
chimistes; toutes deux ont une composition tout-à-fait semblable à celle 
du sucre de fécule. La première est identique avec lui, la seconde est re- 
marquable par sa complète insipidité; du reste elle a tous les caractères 
physiques et chimiques du sucre de fécule. 

» 7°. La variété insipide bouillie avec l’acide sulfurique étendu se trans- 
forme en sucre sapide. 

» 8. Il suffit pour guérir les malades diabétiques de supprimer presque 
complétement les boissons et les aliments sucrés ou féculents qu'ils pre- 
naient auparavant; après douze heures la soif s’apaise , les urines revien- 


(338) 


nent peu à peu à l'état normal, l'appétit se restreint dans ses limites or- 
dinaires, et le malade se rétablit. » 


cumtE ORGANIQUE. — Sur la composition de la Salicine et sur quelques-unes 
de ses réactions ; par M. RAFAEL Prria. 


(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.) 


L'auteur a fait, outre l'analyse de la salicine, celle de sa combinaison 
avec l’oxide de plomb. Il a étudié l’action du chlore et du brome sur ce 
corps, et analysé les produits qui en résultent. 

Il a de même étudié et analysé une matière résineuse et une matière 
sucrée qui se développent par l’action des acides faibles sur la salicine. 

Voici les formules qu'il a trouvées pour ces différents corps : 


C#H2f O9................ salicine anhydre, 

C#H°4 O3 + 2H°0.......,. salicine hydratée, 

C#H2# Os + 3P4O......,:. salicinate de plomb, 

C#H:4 CAO"... +4...se. Produit de l’action du chlore, 
C#H: Br05...,,..,..... Produit de l’action du brome. 


Quant aux deux produits résultant de l'action des acides produits, 
'ayteur, qui n’en donne pas encore la formule atomique, leur a trouvé la 
composition suivante : 


Matière résinoïde, 


Carbone......,... AU EU E 
Hydrogène........... 5,75 
Oxigène...,......... 21,30 

100,00 


Matière suerée. 


Carbone......... se. 49,17 
Hydrogène........... 4,85 
Oxigène. . soso... 45,98 
100,00 

PAYSIOLOGIE. — Applications des sciences accessoires à la physiologie 


générale ; par MM. SarRus et RAMEAUX. 


(Commissaires, MM. Poisson, Dulong, Magendie ). 


« Dans ce travail, disent les auteurs, nous avons cherché à déterminer 
les volumes relatifs des organes respiratoires et circulatoires , ainsi que 


( 339 ) 


les lois de l’activité fonctionnelle de ces mêmes organes chez les animaux 
d’une même espèce et ne différant que par les dimensions... On verra que 
nous sommes arrivés à des formules qui nous permettent de calculer ap- 
proximativement le volume des poumons et le nombre des inspirations, 
le volume du cœur et le nombre de ses battements dans un animal d’une 
espèce déterminée, lorsque nous connaissons ces mêmes choses chez un 
autre animal de la même espèce, et lorsqu'en même temps les dimensions 
respectives des deux individus nous sont données. » 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Encre de sûreté; modification de la formule proposée 
par la Commission de l'Académie; Note de M. Laner-Limencery. 


(Renvoi à l’ancienne Commission des encres de sûreté, ) 


Ja formule proposée par M. Lanet est la suivante : 


Eau..............,...... 308,592 
Encre de la Chine........ 1 ,912 
Lessive de potasse......... 1 ,222 


Oxide de sodium.......... o ,425. 


« Le mélange de potasse et d’oxide de sodium laisse, dit l’auteur , au 
tracé d’encre une disposition hygrométrique qui agit lorsqu'on mouille la 
partie d'écriture qu’on voudrait effacer. Alors les caractères , en absorbant 
le liquide, s’impriment plus profondément, et le grattage même ne peut 


plus les enlever, à moins que le papier ne soit fort épais. » 
A la note "de M. Lanet sont joints divers documents relatifs aux es- 


sais qui ont été faits avec l’encre composée d'après la nouvelle formule. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un nouvel instrument d'ar- 
pentage donnant par une seule opération la mesure d'un angle à une 
seconde pres ; par M. Dumowr. 


(Commissaires, MM. Mathieu , Puissant, Gambey.) 


4 


INSTRUMENTS DE PHYSIQUE. — Baro-thermomètre, instrument destiné à 
donner à la fois la mesure de la pression atmosphérique. et de la tem- 
pérature; présenté par M. Bopeur. 


L'instrument et la notice explicative qui l'accompagne, sont renvoyés 
à l'examen d’une Commission composée de MM. Gay-Lussac, Arago, 


Dulong. 


( 34o ) 


ménecine. — Observation sur les propriétés vénéneuses de lAtractylis 
gummifera ; par M. Bouros, médecin de l'Hôpital civil d'Athènes. 


(Commissaires , MM. Serres , Roux. ) 


Cette note a rapport à six cas d'empoisonnement , dont quatre suivis 
de la mort, chez des enfants qui avaient mâché des racines de l’Atractylis 
gummifera. 


M. Moxnière, qui a présenté pour le concours aux prix de médecine etde 
chirurgie, fondation Montyon, un mémoire sur le traitement de la dyssen- 
terie par l'albumine donnée en boissons et en lavements, indique , confor- 
mément à une condition établie par l'Académie touchant les pièces adres- 
sées pour ce concours, ce qu'il considère comme étant neuf dans son travail. 


( Renvoi à la Commission des prix de médecine Montyon.) 


M. Vazzar adresse divers documents ayant pour objet de prouver les 
applications utiles de son Appareil de sauvetage pour les mineurs blessés. 


(Renvoi à la Commission des arts insalubres. ) 


Un Mémoire sur les Moyens de prévenir les explosions des machines 
à vapeur ne peut, conformément aux usages de l’Académie, être ren- 
voyé à l'examen d’une Commission, l’auteur n'ayant pas fait connaître 
son nom. 


CORRESPONDANCE. 


M. Lirrrow, nommé correspondant de la section d’Astronomie, adresse 
ses remerciments à l’Académie. 


M. LareweL prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur son 
nouveau système de courbes pour les chemins de fer. 


M. Levmerie écrit que dans plusieurs Mémoires qu'il a successivement 
présentés à l’Académie, il s’est occupé de la Question des effets du dé- 
boisement considérés sous le rapport hygiénique ; ces Mémoires ne pa- 
raissant pas devoir être l’objet d’un rapport, l’auteur demande qu'ils 
soient replacés au secrétariat. 


M. Mercier demande à reprendre divers Tableaux et Mémoires, relatifs 


(341) 
à la statistique de la France et de ses colonies qu’il avait présentés au con- 


cours pour l’année 1836. 
La section de Statistique aura à se prononcer sur cette demande. 


Deux lettres adressées par MM. Amgroïse et JAM1IN sont écartées comme 
n'ayant aucun rapport aux objets dont s'occupe l’Académie. 


M. Juxop adresse un paquet cacheté. 
M. De Srainc adresse un paquet cacheté relatif à une pompe à feu de 


nouvelle invention. 
Le dépôt de ces deux paquets est accepté. 


À quatre heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. A. 


Erratum. (Séance du 5 mars.) 


Bulletin bibliographique, page 306, ligne 16, Philippodendrum , nouveau genre de 
planches, lisez nouveau genre de plante 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences; 1838, 1° semestre, n° 10, in-/°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et ARAGo, 
tome 66, septembre et octobre 1837, in-8°. 

Annales des Sciences naturelles, par MM. Aupoux, Mixe Enwaxps, 
BronenrarT et Guicremin ; septembre 1857, in-8°. 

Rapport fait à la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, 
au nom du comité des arts chimiques , par M. Dumas , sur divers sujets de 
prix à proposer pour encourager la fabrication du sucre de betteraves, in-4°. 

Statistique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, avec une carte, par 
M. Moreau DE Jonnës, tome 2, in-8°. 

Traité de Diagnostic et de Séméiologie ; par M. Prorry, tome 3, in-8°. 

Species général et Iconographie des coquilles vivantes ; par M. L.-C. 
Kiener, 24° livraison in-4°. 

Histoire naturelle des végétaux phanérogames; par L.-E. Sracu. (Nou- 
velles suites à Buffon, tome 6; 9° et 10° livraison de planches), in-8°. 

C. R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 44.) 46 


(34) 

Prix proposé par la Société des Sciences et des Lettres de Blois, pro- 
gramme in-4°. 

Annales maritimes et coloniales; par MM. Buor et Porrrée, 23° année, 
février 1838, in-8°. 

Actes de lu Société linnéenne de Bordeaux; tome 9, 15 décembre 1837, 
in-8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines , 
8° année, février 1838, in-8°. 

De l'antiquité relative des terrains de Béziers et de Pézénas; par M. Rx- 
BOUL , In-8°. 

Considérations sur la Brenne; par M. De ra Trawsrais; Châteauroux , 
in-8°. 

Instruction sur l'analyse des corps organiques; par M. A. Lim, 
traduit de l'allemand par M. A. Scnmersaz, in-8°. 

Specimen medicum inaugurale de phloridzine ; par M. A.-A.-A. Bar- 
niG ; Leyde, 1837, in-8°. 

Proceedings. ... Procès-Verbaux de la Société géologique de Londres, 
vol. 2, n° 53, 16 décembre 1837—3 janvier 1838. 

The annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ; 
mars 1838, in-8°. 

The nautical Magazine ; mars 1838, in-8°. 

Piorry’s Diagnostik.... Traité de Diagnostic et de Séméiotique ; par 
M. le docteur Prorry ; traduit en allemand, par le docteur G. Krurr ; 
1°" volume, livraison 1—4, Leipzig, in-8°. 

Piorry über.... des Névralgies et de leur traitement ; par M. Piorry, 
traduit par le docteur G. Krupp, in-8°. cd 

Die hypostatische.... De la Pneumonie hypostatique ; par le docteur 
Piorry, traduit en allemand par M. G, Krurp, in-8e. 

Beitrag.... Essai sur l'anatomie microscopique des nerfs; par M. E. 
Boroacn ; Konigsberg, in-4°, 1837. 

Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie , 
5° année , février 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 10, in-4°. 

Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°28—530, in-4°. 

L’'Expérience , journal de Médecine , n° 26, in-8°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° get 10, in-4°. 

La Phrénologie, Journal, n° 34. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 19 MARS 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. ses ri 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Cette séance ayant été en grande partie remplie par la lecture de rap- 
ports demandés par le Gouvernement, M. Biot a lu la note suivante, indi- 
quant le titre et l’objet d’un Mémoire qu'il se propose de présenter à 
l'Académie lorsque la parole pourra lui être accordée. 


PUYSIQUE MATHÉMATIQUE, — Sur la vraie constitution Physique de l'atmosphère 
terrestre, déduite de l'expérience ; avec ses applications à la mesure des 


hauteurs par les observations barométriques , et au calcul des réfrac- 
äons ; par M. Bior. 


« Je me propose de montrer, dans ce Mémoire, que la vraie constitu- 
tion physique de l'atmosphère terrestre peut se détérminer par un mode 
d'expérience direct dont il existe déjà des exemples que j'emploierai à cet 
usage. Je ferai voir, ensuite, que cette constitution étant ainsi établie, 
comme elle peut l’être par des expériences de ce genre suffisamment réi- 
térées, on en déduit rigoureusement les données réelles, nécessaires au 
calcul des réfractions , ainsi que la formule barométrique exacte, avec tous 
les éléments variables qui entrent dans sa composition. » 

CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 19.) A7 


( 344.) 

M. fLourens fait hommage à l’Académie d’un article qu'il vient de 
publier dans le Journal des Savans , sous le titre d'Analyse d'un ouvrage 
manuscrit intitulé : « Traité du Corail, contenant les nouvelles décou- 
» vertes qu’on a faites sur le corail, les pores, les madrépores , escharas, 
» lithophytons, éponges et autres corps et productions que la mer four- 
» nf, pour servir à Fhistoire naturelle de Ja mer; par Peyssonnel. » 

Cet ouvrage manuscrit, dit M. Flourens, est de 1744, et contient l’en- 
semble des recherches de Peyssonnel sur les corps marins, pris jusqu’à 
lui pour des plantes , et qu’il démontra le premier n’être que le produit de 
véritables animaux de l’ordre des Zoophytes : découverte qui a eu pour 
résultat de faire passer toute une classe d'êtres d'un règne dans l’autre, et 
qui, à l’époque où Peyssonnel l'annonca, parut si étonnante, que Réaumur, 
chargé de la communiquer à l'Académie, crut devoir, comme chacun sait, 
ne pas nommer l’auteur, par ménagement. 

M. Georrroy Saint-HiLaire présente une brochure intitulée : Votice 
historique sur Bufjon. Études sur sa vie, ses ouvrages et ses doc- 
trines. 


RAPPORTS. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. —  {nstructions pour la Commission chargée de 
l'exploration scientifique de l'Algérie. 

L'Académie a entendu trois des Rapports dont se composeront les 
Instructions demandées par M. le Ministre de la Guerre, savoir : pour la 
partie zoologique ; le rapport de M. Duméril; pour la partie botanique, 
celui de M. Adolphe Brongniart; pour la partie géologique , enfin, celui de 
M. Élie de Beaumont. L’impression de ces Rapports et des observations 
auxquelles ils ont donné lieu, est ajournée jusqn'au moment où l’Aca- 
démie aura pris connaissance de l’ensemble de ces Instructions. 


BCONOMIE RURALE. — Rapport sur un Mémoire de M. Paye, intitulé : 
Phénomènes résultant de la congélation des pommes de terre. 


(Commissaires, MM. Turpin, Dutrochet rapporteur.) 


« Les pommes de terre gelées sont généralement, après le dégel, re- 
jetées comme tout-à-fait impropres à servir de nourriture même aux bes- 
tiaux : elles ont acquis une saveur âcre, et les fabricants de fécule ont 
appris par expérience qu’elles ne fournissent plus que 3 ou 4 pour cent 
de fécule au lieu de 16 à 17 pour cent qu’elles rendent dans l’état sain. 


(345) 

‘M. Payen a entrepris de rechercher la cause de €e phénomène. On pouvait 
penser que par l'effet du dégel il y aurait eu une altération dé l'amidon, 
altération par suite de laquelle cette substance auraït été rendué soluble. 
Mais M. Payen s’est assuré, par des expériénices exactes ét positives, que 
les pommes de térre dégelées et les pommés de terre saines de la même 
variété contenaient exactement la même proportion de matières solubles 
‘et insolublés. Ainsi la fécule qui existait dans la pomme dé terré avant sa 
congélation devait s'y retrouver tout eñtière après son dégel, ét dès-lors 
M. Paÿen soupçonna que le défaut de rendement de fécüle par les pom- 
mes de terre dégelées tenait à quelque obstacle mécanique qui s’opposait à 
l'extraction et à l'isolement de cette substance. Cette prévision fut con fir- 
mée par l'observation microscopique du tissu de la pomme de terre dége- 
lée et soumise à l’action de la râpe. On sait que la fécule est conténue dans 
des cellules ou utricules du ,parenchyme de la pomme de terre: là râpe 
en déchirant ces utricules met en liberté la fécule qu’elles contiennént. On 
sent que pour que cette déchirure des utricules ait lieu sous l’action des 
dents de la râpe, il faut que ces utricules soient fixées solidément dans le 
tissu qu'elles forment par leur assemblage, sans quoi éllés seraient entraï- 
nées dans leur -entier -et sans déchirure par les dents de la râpé, et la fé- 
-cule qu’elles centiennent ne pourrait sortir de leur intérieur. Or, M. Payen 
a découvert que tel est l'effet que produit sur les pommes de térre l’ac- 
tion successive de la gelée et du dégel. Alors les utriculés composantes du 
tissu de la pomme de terre sont détachées les unes des autres, au lieu 
d’être fortement collées ensemble, ainsi que cela a lièu dans l'état sain; 
dés lors, l'action de la râpe cesse de déchirer la majeure partie de ces 
utricules qui sont entraînées dans leur entier par les dents de cet instru- 
ment, ne laissant point ainsi échapper la fécule qu’elles contiennent. Les 
utricules très peu nombreuses déchirées dans cette opération fournissent 
la petite quantité de fécule observée par les fabricants, quantité qui ne 
s'élève guère qu’à trois pour cent. La majeuré pañtié de la féculé reste 
ainsi dans la pulpe qui est destinée à être rejetée. 

» M. Payen a imcidemment été porté à observer les différentes pro- 
portions de fécule que présente la pomme de terre dans ses diverses par- 
ties. Il a vu que la moindre quantité de fécule sé trouve dans la partie du 
parenchymie qui est la plus centrale et qui ést séparée par üne rangée cir- 
culaire de fibres de Ia partie plus éxtériéure dé ce méme parenchyrme et qui 
constitue véritablement l'écorce du tubéréule, lequel est, commie on sait, 
une tige souterraine et renflée. Cette couché cotticale abondänté en fé- 


47. 


( 346 ) 
cule est séparée de l’épiderme par un tissu plus mince qui est la me- 
dulle corticale. Ce tissu est presque exclusivement le réceptacle de la 
matiere âcre et vireuse, et il est entièrement privé de fécule. 

» D’après ces observations, M. Payen a pu déterminer la cause de Ja 
saveur âcre et vireuse qui se manifeste dans les pommes de terre dé- 
gelées. Dans l’état naturel, la substance âcre et vireuse contenue dans 
la médulle corticale de la pomme de terre ne se mêle point aux liquides 
qui existent dans l'intérieur du parenchyme de ce tubercule ; mais la gelée 
ayant dissocié les utricules de ce parenchyme, les liquides extravasés se 
répandent partout dans leurs intervalles, et la substance âcre et vireuse 
dissoute par eux participe à cette diffusion générale. C’est un effet phy- 
sique de la tendance qu'ont les liquides mis en contact à se méler. 

» Partant de ces diverses observations, M. Payen recherche ensuite les 
moyens de tirer parti des pommes de terre gelées. Comme ces tubercules 
n'ont rien perdu de leur fécule, ils devront conserver, lors du dégel, toutes 
leurs propriétés alimentaires, en les faisant promptement sécher après les 
avoir convenablement préparés pour faciliter la dessiccation. M. d’Or- 
bigny à dit à l’auteur que ce moyen de conservation des pommes de terre 
comme aliment est employé par les Péruviens. Ils font geler ces tuber- 
cules sur les montagnes élevées, puis ils les descendent dans les vallées 
où la chaleur les dessèche rapidement. Dans cet état de dessiccation ils 
conservent indéfiniment leurs propriétés alimentaires. 

» Dans le cours de ces recherches M. Payen a été à même de faire une 
observation qui prouve l'insolubilité complète de l’amidon dans l’eau 
froide. Les pommes de terre durcies par la gelée étant broyées dans un 
mortier, leur pulpe, observée au microscope , a offert beaucoup de 
grains de fécule qui étaient déchirés, en sorte que leur substance inté- 
rieure était mise à nu. Or, l’eau dans laquelle ces grains de fécule déchirés 
étaient plongés, n’avait pas dissous un atome d’amidon, car elle ne fut 
point colorée par l’iode qui colora seulement les grains de fécule. 


Conclusions. 


» Le Mémoire de M. Payen offre des résultats intéressants en apprenant 
quel est l'emploi utile que l’on peut faire des pommes de terre gelées que, 
jusqu'ici, on rejetait généralement comme étant tout-à-fait impropres à la 
nourriture de l’homme et des animaux. C’est un service rendu aux arts 
économiques. Les aperçus scientifiques qui, dans le cours de ces recher- 
ches, se sont présentés incidemment à M. Payen, offrent aussi de l'intérêt ; 


UT 


à ces titres son Mémoire nous paraît très digne de l'approbation de 
l'Académie. » ; 
Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


BOTANIQUE. — Rapport verbal sur la seconde partie de la botanique du 
voyage de M. CaarLes BÉLANGER aux Indes- Orientales. 


(M. Mirbel, rapporteur. ) 


« Lorsqu'en jauvier 1825, M. Bélanger quitta Paris pour se rendre 
par terre à Pondichéry, en traversant la Russie méridionale , le Caucase 
et la Perse, on dut croire que ce long et pénible voyage ne serait pas 
sans profit pour l’histoire naturelle. Cet espoir s’est réalisé. Indépendam- 
ment de la relation historique qui s’avance, l'auteur a déjà publié 8 li- 
vraisons de zoologie et 4 de botanique. C’est uniquement sur la seconde 
partie de cette dernière branche de l’histoire naturelle que je dois attirer 
l'attention de l’Académie. Elle comprend les espèces nouvelles qui ren- 
trent dans la cryptogamie du système linnéen ou dans les acotylées des 
familles naturelles. 

» M. Bélanger a restreint son travail aux Mousses , aux Hépatiques et aux 
Lichens. 11 aurait pu s'occuper également des autres familles acotylées, 
mais il a compris que l'intérét de la science exigeait une prompte pu- 
blication, et il s’est associé notre savant confrère M. Bory de Saint-Vin- 
cent, qui, comme tout le monde sait, a fait une profonde étude de la cryp- 
togamie, et un autre très habile observateur, M. le docteur Montagne. 
Celui-ci s'est chargé de décrire les Champignons; M. Bory s’est réservé 
les Fougères et les Algues. 

» Je vais indiquer sommairement les conquêtes que la cryptogamie doit 
au zèle éclairé de M. Bélanger. A l'exemple de ce savant, je commencerai 
par les plantes dont l’organisation offre le plus de ressemblance avec les 
Monocotylées , et je finirai par celles qui, à raison de l'extrême simpli- 
cité de leur structure, s’en éloignent davantage. 

» Sur deux cent onze espèces de Fougères cinquante-deux sont nou- 
velles. Toutes celles-ci ont été caractérisées et décrites par M. Bory; maïs 
onze seulement ont été dessinées et gravées. 

» De ces Fougères trois sont propres à la côte de Malabar et aux forêts 
de Dendigal, quatre à celle du Pégu, dix-huit à l’île de Java, six à l'ile de 
Bourbon, trois à l’île de France, une à la Perse , une à Sainte-Hélène , une 


(348) 
aux Gates occidentales, et une au Mysore. Cinq sont communes aux îles 
de France et de Bourbon, et une aux forêts de Dendigal et à File de 
France. 

» Les mousses, au nombre de trente-huit, ont offert à M. Bélanger dix 
espèces nouvelles dont huit ont été figurées dans l’atlas. Ces espèces sont 
originaires dé la péninsulé indienne, de Java et de Bourbon. 

» Dans le cours de ses nombreuses herborisations, M. Bélanger n’a 
recueilli que douze espèces d'Hépatique, et parmi elles une seule, trouvée 
sur la montagne du Ponce, à l'ile de France, était ignorée des botanistes. 
Elle a été dédiée par M. Lehmann à notre savant compatriote, et celui-ci 
l'a décrite et en a donné une bonne figure. 

» La récolte des Lichens a été beaucoup plus abondante que celle des 
Hépatiques. Quatre-vingt neuf espèces sont indiquées dans l'ouvrage. Neuf 
d’entre elles n'avaient pas encore été observées, et, sur celles-ci, l’auteur 
n’a pu en décrire et faire figurer que sept, savoir : un Rocella , plante 
tinctoriale découverte sur les rameaux du Mangifera indica; deux Par- 
melia; dont un, le Pedicellata est fort remarquable; un Gyalecta, un 
Collema, deux Graphis, un Thelotrema, et un V’errucuria. M. Bélanger, 
au moyen d’une anatomie très délicate, est parvenu à nous donner quel- 
ques notions sur la structure de ces cryptogames dont l'étude est si diffi- 
cile, et il a fait dessiner et graver avec un soin particulier tous les détails 
de ses observations. 

» Cinquante-sept espèces d’Algues, la plupart originaires de la péninsule 
indienne et du Cap de Bonne-Espérance, ont été soumises à l'examen de 
M. Bory. Cet habile cryptogamiste a constaté que huit espèces étaient nou- 
velles, et que l’une d’elles était le type d’un nouveau genre qu'il a nommé 
Dyctiurus. Ce genre se rapproche, non par sa forme, mais par sa couleur 
et ses caractères organiques, du plus beau genre des Floridées, du Clau- 
dea de Lamouroux. M. Bory ne s’est pas borné à décrire des espèces nou- 
velles, il a donné deux excellents dessins, l’un du Dyctiurus , l'autre 
d’une tres belle espèce de Darwsonia. 

» On sait combien il est difficile, durant un long voyage, où l’on n'a 
pas sous la main tous les moyens nécessaires de conservation, de rapporter 
intactes des espèces de la famille des Champignons. Cependant la collec- 
tion de M. Bélanger en renferme seize espèces en bon état. Elles provien- 
nent de la péninsule indienne, de Java et des iles de France et de Bour- 


bon. Six étaient inconnues : elles ont été décrites par M. Montagne. Quatre 
ont été figurées. 


( 349 ) 

» Une singulière production végétale dont Swartz faisait un Telephora, 
et qui appartient à la nouvelle famille des Byssacées, laquelle prend place 
entre les familles des Lichens et des Champignons, a fourni à M, Montagne 
l’occasion de modifier un nouveau genre du professeur Nees. 

» En résumé, la totalité des plantes acotylées rapportées par M. Bélanger 
se monte à quatre cent seize espèces, dont quatre-vingt-quatre viennent 
grossir le catalogue des espèces qui nous sont connues. L’énumération 
et la description de ces plantes composent, ainsi que je l’ai dit, la seconde 
partie de la botanique de l'ouvrage. Elle est accompagnée d’un atlas de 
seize très belles planches qui, non-seulement offrent la représentation 
exacte de la plupart des espèces nouvelles dans leur ensemble, mais en- 
core donnent de nombreux détails d'analyses microscopiques toutes les 
fois qu'ils sont nécessaires. Ce travail ne peut qu'accroître la bonne opi- 
nion qu’on avait conçue de Ja publication du Voyage de M. Bélanger. » 


Z00LOGIE. — Rapport verbal sur le second volume de l'ouvrage de 
M. Lacorpare, intitulé : « Introduction à l’Entomologie. » 


(M. Duméril rapporteur.) 


« J'ai été chargé, il y a trois ans, de rendre compte à l'Académie du 
premier volume d’un ouvrage qui a pour titre ; Zntroduction à l'Ento- 
mologie, par M. Lacorpaire, actuellement professeur de zoologie à l’Uni- 
versité de Liége. Le second volume qui vient de paraître, et dont l'auteur 
vous 2 fait l'hommage, est, comme Je premier, uniquement consacré à 
des considérations générales sur l’histoire des insectes, et accompagné éga- 
lement de douze planches gravées sur acier. 

» Les premiers chapitres faisaient connaître l’histoire de ces petits ani- 
maux depuis le moment de leur sortie de l'œuf » jusqu’à celui où ils ces- 
sent d'exister sous la dernière forme qu’ils ont prise. Dans ceux qui 
terminent l'ouvrage, avec le second volume,. se trouvent réunis, dans un 
ordre méthodique, et avec les détails les plus importants, les résultats gé- 
néraux des observations faites sur la structure des divers organes et les _ 
fonctions qu'ils sont destinés à remplir. 

» L’excellente méthode d'exposition que l'auteur a adoptée lui a fourni 
l’occasion de relater et de rapprocher dans un ordre parfait les détails les 
plus curieux que présente l'Histoire des insectes, quand on à étudié leur 
organisation intérieure, lorsqu'on la voit constamment modifiée par leur 


( 350 ) 


conformation extérieure et toujours en rapport avec les admirables variétés 
de leurs mœurs. 

» Six chapitres principaux composent et terminent cette seconde partie 
de l'ouvrage. 11 nous suffira d'indiquer leurs titres pour donner une idée 
du grand nombre des détails qu'ils doivent contenir, et qu’on y trouve en 
effet exposés de la manière la plus claire et rassemblés avec tant de mé- 
thode, que chacun de ces chapitres devient un abrégé qu’on pourrait à 
bon droit indiquer comme la philosophie de la science. Tous ces faits 
étaient connus, il est vrai, ils avaient été observés; mais ils étaient dis- 
séminés dans un grand nombre de livres et de mémoires où l’auteur a eu 
le talent et la patience d’aller les retrouver pour les réunir et en former 
un tout qui présente ainsi le plus grand intérêt. Il indique partout les sources 
où il a puisé et les ouvrages dont il a emprunté les figures; mais la liste 
en serait trop nombreuse pour que nous puissions l'indiquer. 

» Cependant nous citerons parmi les ouvrages anglais ceux de MM. Spence 
et Kirby, et un très grand nombre d'ouvrages allemands, et parmi ceux 
qui sont écrits en français les Mémoires de Réaumur, de Lyonnet, de 
Degeer, de MM. Léon Dufour et Strauss. Il en a malheureusement oublié 
plusieurs dont il a profité, parce qu'ils avaient été connus par les étrangers 
chez lesquels il est évident qu'il a principalement puisé son érudition. 

» Les organes et les fonctions principales que l’auteur examine succes- 
sivement sont d’abord ceux de la nutrition, tels que le tube digestif, les 
systèmes circulatoire et respiratoire, les sécrétions, et des considérations 
générales sur les modifications qu’éprouve cette fonction physiologique. 
Ce n’est pas une simple et stérile description de la forme et de la structure 
des organes; leurs actions vitales sont exposées avec clarté et en appré- 
ciant constamment le but présumable des variations qu’elles ont subies. On 
trouve indiqués dans ce chapitre les métamorphoses ou les changements 
qu'éprouve le canal digestif chez les individus qui se nourrissent de ma- 
tières animales et végétales, douées ou privées de la vie, puis ceux des 
organes qui mettent les humeurs en rapport avec le fluide ambiant, ceux 
qui sont destinés à les transporter dans les divers tissus pour en extraire 
la graisse, la soie, la cire, la matière glauque ou efflorescente, la laque, 
le miel, la miellée, les acides, les divers venins portés ou insérés par les 
aiguillons, les tarrières, les trompes des réduves, des cousins; les humeurs 
odorantes, aromatiques, fétides, la matière phosphorescente. Telles sont 
encore les considérations générales sur le jeûne ou la diète que peuvent 
supporter les insectes, l’engourdissement, l’hybernation, la température, 


( 35x ) 


le développement de la matière de la chaleur, la résistance que les insectes 
opposent au froid, au chaud, etc., enfin tous les faits principaux, les 
expériences importantes se trouvent là consignées, réunies et indiquées 
dans leur source, d’une manière toujours précise. 

» Il en est de même des fonctions de relation , tels que le système: ner- 
veux, les sens, les organes du mouvement et leurs divers modes, les 
bruits que font les insectes pour s’attirer ou se fuir à l’aide du mécanisme 
et du jeu varié des instruments qui servent à les produire. 

» Un chapitre fait connaître les divers modes de la faculté reproductrice 
et les modifications qu'ont éprouvées les mâles et les femelles dans leurs 
formes générales , et dans celles des parties internes et externes qui per- 
mettent ou facilitent le rapprochement des sexes, ainsi que les anomalies 
offertes dans plusieurs races. 

» L’instinct'et l'intelligence des insectes pour la conservation des indi- 
vidus et celle de leur race offrent un grand intérêt par le rapprochement 
des faits, surtout l’histoire des sociétés qui se réunissent pour travailler 
en commun sous une sorte de gouvernement :gynocratique. 

» Tous les détails-relatifs à la géographie des insectes; tels que l’inflaence 
des circonstances extérieures sur les diverses races, leurs stations, les 
époques variées de leur apparition, suivant les saisons et les climats, leur 
habitation et leur distribution dans les diverses régions du globe. 

» Enfin, l’histoire de l’entomologie ou de la connaissance des insectes, 
divisée par époques; mais elle est trop suctincte, et par cela même in- 
complète. 

» Voilà, bien en abrégé, l’idée de l'ensemble de louvrage que nous 
étions chargés de vous faire connaître ; nous ne devons pas vous le dissi- 
muler, l'auteur a peu observé par lui-même; il a même commis quelques 
erreurs ; mais il a fait un livre fondamental pour l2 science et qui lui fera 
beaucoup d'honneur par le talent réel qu’il a développé dans le rapproche- 
ment des faits ; et par la méthode et l’art avec lesquels il a rédigé ce travail 
qui remplit parfaitement son but, qui était de faire une introduction à 
l'étude de l’histoire des insectes. » 


C, R. 1838, 127 Semestre. (T. VI, N° 42.) 48 


(352 ) (ba 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


PALÉONTOLOGrE. — Observations sur les ruminants fossiles des terrains 
tertiaires sous-pyrénéens ; par M. LarTeT. 


(Commission précédemment nommée.) 


A ce Mémoire est jointe la lettre suivante, adressée à M. Flourens : 


« Le Muséum a dû recevoir, il y a environ un mois, quatre caisses 
d'ossements fossiles dont le contenu était détaillé dans une lettre adressée 
à M. de Blainville. 

» Je compte expédier, un de ces jours prochains, à même destination, 
un autre envoi composé aussi de plusieurs caisses, outre des ossements 
de Mastodontes , Rhinocéros, Paleotherium, Anoplotherium, ruminants 
de plusieurs genres, carnassiers, etc.; On y remarquera : 

» Quelques pièces nouvelles se rapportant au Macrotherium (grand 
édenté ); 

» Plusieurs os des extrémités du grand carnassier à molaires de chien 
(Amphicyon); ces morceaux, joints à ceux que possède déjà le Muséum, 
suffiront , je pense, pour donner une idée assez complète des formes os- 
téologiques toutes particulières des membres de cet animal; 

» Une grande défense (4 pouces de largeur moyenne) plate et aiguisée 
en biseau à son extrémité. Sa forme est la même que celle de deux autres 
défenses beaucoup moins volumineuses que renfermait mon dernier en- 
voi, et que je donnais, avec quelque doute cependant, pour des incisives 
inférieures d’une espèce de Mastodonte, 

» Enfin , j'ai aussi la satisfaction de pouvoir vous annoncer la découverte 
d'une nouvelle demi-mâchoire de singe fossile : les quatre molaires que 
porte encore ce morceau sont de forme semblable à celles de la mâchoire 
présentée l’année dernière à l'Académie; elles occupent, ce me semble, 
un peu moins d'espace, et, du reste, l'intégralité de leur couronne indique 
aussi qu’elles ont appartenu à un individu plus jeune. 

» J'avais adressé, il y a plusieurs mois, à l’Académie, des considérations 
sur la dentition de nos ruminants fossiles qui m'avait paru différer, dans 
quelques circonstances de son développement progressif, de ce qui à lieu 
présentement dans les espèces vivantes ; 


(353) 


» J'avais également, à propos des rapports que certaines de nos espèces 
fossiles ont avec les cerfs, envisagé comme très probable la persistance 
de leur bois et l’invariabilité de ses formes. 

» Ces assertions n'ayant pas paru à M. de Blainville suffisamment justi- 
fiées, ainsi que cela résulte de son rapport du 18 septembre dernier, je 
me suis depuis lors occupé sans relâche de rechercher tout ce qui pour- 
rait éclairer ces questions, et j'ai été assez heureux pour pouvoir recueillir 
un certain nombre de morceaux qui ont confirmé mes premières con- 
jectures. 

» Je prendrai donc la liberté de soumettre à l'Académie de nouvelles 
observations à ce sujet, et » cette fois, mes déductions seront appuyées 
de pièces justificatives qui ne laisseront plus, je l’espère, aucun doute 
sur la réalité des faits que j'avais avancés. 

» Je place dans la boîte, avec les autres pieces, la demi-mâchoire de 
singe et une mâchoire d’un très petit rongeur. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Mémoire sur.quelques azotures nouveaux et sur l'état 
de l'azote dans plusieurs combinaisons ; par M. Mirron. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas, Pelouze.) 


Ce Mémoire est divisé en deux parties ; dans la première l’auteur expose 
des expériences qui le conduisent aux conclusions suivantes : 

» 1°. Le brome, le cyanogène et le sulfo-cyanogène forment avec l’a- 
zote des combinaisons analogues à celles que forment l’iode et le chlore; 

» 2°, Ces combinaisons ne sont point formées simplement de chlore, 
de brôme ou d’iode et d’azote, mais encore d’'ammoniaque; 

» 3°. L’azote et lammoniaque ne semblent point s’y trouver dans des 
Proportions convenables pour donner la formule des amides ; 

» 4. La combinaison d’ammoniaque et d’iode, désignée sous Le nom 
d'ammoniure d’iode, est une combinaison définie d’azoture diode am- 
moniacal et d'iodhydrate d’ammoniaque; 

» 5°. Les produits résultant dé l’action de l'ammoniaque gazeuse sur 
l'acide sulfureux anhydre et sur le chlorure de soufre, peuvent être con- 
sidérés comme des composés analogues à l’ammoniure d'iode. » 

Dans la seconde partie du Mémoire, l’auteur expose seulement les ré- 
sultats de diverses expériences, qu'il se propose de communiquer plus tard 
à l'Académie; ces résultats peuvent être ainsi résumés : 

« 1°. Les combinaisons de l'azote avec le soufre, le chlore, le brome, 

48. 


C 354 ) 
l'iode seraient de véritables acides auxquels les azotures métalliques ser- 
viraient de basé; 

» 2°. Les précipités que l’ammoniaque forme dans plusieurs sels et 
qu'on tend à considérer aujourd'hui comme des amidures: métalliques se- 
raient des azotures métalliques combinés à l’'ammoniaque ; 

» 3. L’ammoniaque dans ces diverses combinaisons remplirait exacte- 
ment le rôle de l'eau par rapport aux acides! et aux: oxides ; 

» 4. Le chlore, le brome et l’iode, dans les combinaisons encore si 
mal définies qu'ils forment avec le soufre, le phosphore, le carbone, etc:, 
seraient aussi des acides susceptibles de se combiner avec des bases con- 
venables, et ces bases convenables. seraient les chlorures, bromures et 10- 
dures métalliques ; 

» 5°. En un mot, l'azote, le chlore, le brome et l’iéde pourraient dans 
des combinaisons ternaires, entre un métal et un métalloïde, jouer exac- 
tement le même rôle que l’oxigène, le soufre , le sélénium et le tellure. Il 
y aurait des azo-sels, des chloro-sels, des bromo-sels, des iodo-sels, abso- 
lument comme il y a des oxi-sels, des sulfo-sels , etc. » 


ANATOMIE comparée. — Mémoire zoologique et anatomique sur la chauve- 
souris commune ( Vespertilio murinus), et spécialement sur la première 
et la seconde dentition de ce chéiroptère; par M. E. Rousseau. 


(Commissaires, MM. de Blainville, Flourens , Isidore Geoffroy Saint- 
Hilaire. ) 


« Le Vespertilion commun, dit l'auteur, a deux dentitions, l’une qui se 
fait pendant que le fœtus est renfermé dans le sein de sa mère; l'autre qui 
ne commence que quelque temps après la naissance. 

» Les dents fœtales sont au nombre de vingt-deux, savoir : à la mà- 
choire supérieure, quatre incisives, deux canines et quatre molaires ; à la 
mâchoire inférieure, six incisives ; deux canines et quatre molairés: 

» Les dents permanentes sont, chez le vespertilion adulte, au nombre 
de trente-huit dont vingt-deux doivent remplacer les dents fœtales ou 
temporaires; les seize autrés se montrent successivement sur le bord al- 
véolaire, sortant d'autant plus tard qu’elles sont placées plus en arrière. 

» Les dents permanentes n'attendent pas, pour apparaître, que les 
dents utérines soient tombées, en sorte qu’à une certaine époque on peut 
compter ‘sur un même individu jusqu'à quarante et cinquante dents et 


( 355 ) 
même plus. Ce fait; dit M. Rousséau , parait avoir échappé jusqu'ici à l’at- 
tention des naturalistes. » 1 


ANATOMIE COMPARÉE. — Aecherches sur le développement. et la, signi- 
Jfication. de: l'appareil: génital externe:;. par M:,Cosre. 


(Commissaires, MM. de Blainville, Dutrochet, ) 


F’auteur, dans ce Mémoire, expose les changements que subit, pen- 
dant la vie fœtale, l'appareil extérieur de la génération dans l'espèce du 
mouton. Commençant à l’époque où les rudiments de cet appareil of- 
frent la même figure et les mêmes dimensions dans les fœtus mâles et 
femelles, il observe comparativement les métamorphoses que subissent 
dans chaque sexe les diverses parties de cet appareil, métamorphoses, 
qui, dit-il, les rendent de plus en plus dissemblables ; et à tel point que 
lorsqu'on les examine à l'époque de la naissance, on ne peut reconnaître 
avec certitude quelles sont celles qui se correspondent mutuellement, 
à moins qu’on n'ait suivi toutes leurs transformations successives. 

» Au moyen de ce mode d'investigation, M. Coste annonce avoir reconnu 
que le pénis chez le mâle ne correspond ‘pas seulement au clitoris chez la 
femelle, comme l'on dit plusieurs auteurs, mais au clitoris et aux petites 
lèvres à-la-fois; que de même le scrotum est représenté par les grandes 
lèvres seulement. 

« Le déplacement qu'on observe dans les diverses parties de l'appareil 
génital externe, lorsqu'on l’observe depuis l’état rudimentaire jusqu’à l’état 
parfait, déplacement qui a lieu en général en sens inverse pour les deux 
sexes, me paraît, dit M. Coste, pouvoir rendre raison de différentes mons- 
truosités signalées dans ces organes par les tératologistes, et de ces sortes 
de monstruosités permanentes que présentent quelques animaux, par 
exemple, de la position du scrotum én avant du pénis, comme c’est le cas 
pour les lapins et les didelphes. » 


MÉDECINE. — De l'action des préparations d’or sur notre économie, et 
plus spécialement sur les organes de la digestion et de: la nutrition ; par 
M. A. LeGrAnr. 


(Commissaires , MM. Larrey, Breschet.) 


L'auteur, annonce que dans les observations consignées dans son Mé- 
moire, il s’est appliqué, moins à reconnaitre les effets des préparations 


( 356 ) 
d’or sur certaines maladies, qu’à constater leur action sur des fonctions 
déterminées de l’économie animale. 

» Je crois avoir établi, dit-il, par des faits, que l'or métallique réduit 
eu poudre impalpable, que les oxides métalliques de ce métal, et qu’enfin 
le perchlorure d’or et de sodium possèdent à un haut degré la propriété 
de relever les forces vitales, et surtout de rendre aux organes de la di- 
gestion et de la nutrition l’activité de leurs fonctions, dans les cas, du 
moins, où le dérangement de ces fonctions dépend d’un état de faiblesse 
et non d’une lésion organique. 

» Quoique les préparations d’or, poursuit M. Legrand, aient été em- 
ployées contre des maladies pour lesquelles on fait habituellement usage 
des préparations mercurielles, l’action qu'exercent sur l’économie de 
l'homme ces deux sortes de médicaments, est loin d’être la même; s'il fal- 
lait établir quelque analogie entre les effets des préparations d’or et celles 
de quelque autre agent thérapeutique, les préparations ferrugineuses se- 
raient celles qu'on en pourrait le mieux rapprocher. » 


céoLocie. — Matière pulvérulente formée de dépouilles siliceuses d'in- 
fusoires, et désignée sous les noms de farine minérale, farine fos- 
sile, etc. — Lettre de M. Rerzius à M. Flourens. 


(Commissaires, MM. Turpin, Pelouze.) 


M. Rerzivs adresse un échantillon de cette farine fossile provenant de 
la Vestrobothnie. « On l’y trouve, dit-il, en couche d’un pied et demi 
d'épaisseur, sous la vase qui tapisse le fond d'un lac situé à deux milles 
environ de la ville d'Uméa. Elle est formée de carapaces siliceuses de Bacilla- 
riées; cependant les habitants la considèrent comme douée de propriétés 
nutritives, et la mélent à leur pain et à leur gruau. 


« L'an passé , ajoute M. Retzius, j'ai adressé à M. Ebrenberg, à Berlin, des 
échantillons d’une autre farine minérale provenant de Degerford, sur les 
frontières de la Laponie, et un fragment de la lettre qui accompagnait cet 
envoi a été communiqué par M. de Humboldt à l'Académie des Sciences. 
La farine minérale de Degerford diffère très peu de celle des environs 
d'Uméa. Il existe divers gisements de cette sorte de substance en Suède. Il 
en existe aussi en Finlande; M. de Nordenskjôld, directeur des mines de ce 
pays, l'y a trouvée dans plusieurs lieux. Les farines minérales de Finlande 
que j'ai eu occasion d'examiner présentent les mêmes espèces fossiles 


(357) 


que celles de la Suède. Pour les bien observer, il faut employer un grossis- 
sement de 300 fois le diamètre. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Modele et description d'une nouvelle Turbine; 
par M. F. Passor. 


(Commissaires, MM. Arago, Coriolis.) 


MICROGRAPHIE. — Mémoire sur les animalcules microscopiques considérés 
comme cause de la putrefaction; par MM. BEAUPERTHUY ef ADET DEF 
ROSEVILLE. 


(Commision déjà nommée.) 


Les résultats auxquels les auteurs annoncent avoir été conduits dans 
le cours de leurs recherches sont énoncés par eux en ces termes : 

«1°. Lorsqu'on met une substance animale dans des conditions conve- 
nables pour que la putréfaction s’y développe, on voit, après un certain 
temps qui varie selon la température et l’état hygrométrique de l'air, s'y 
former des animalcules; et cela avant qu'aucune odeur fade ou de relent 
(première période de la fermentation putride) se soit fait sentir, avant 
même que le liquide présente aucun signe d’acidité ou d’alcalinité. Ces 
animalcules ; qui ont d’abord la forme de monades, puis celle de vibrions, 
se nourrissent aux dépens de la substance dans laquelle il se sont déve- 
loppés, et s'y multiplient avec une très grande rapidité. 

» 2°. À une époque plus avancée , lorsque le liquide rougit déjà le papier 
de tournesol, le microscope y fait reconnaître des animalcules extpé- 
mement nombreux, et qui le sont surtout dans la pellicule brunâtre 
dont la surface du liquide est recouverte. On trouve aussi un assez grand 
nombre de cristaux qui sont mêlés aux animalcules; mais il ne se mani- 
feste encore aucune espèce d’odeur. 

» 3°. Plus tard le liquide se charge de plus en plus de particules détachées 
de la substance animale qui s’y trouve plongée; toutes ces particules ne 
sont formées que d’animalcules agglomérés sur quelques débris de tissus 
en décomposition, et c’est à cette époque seulement qu'il commence à se 
manifester une odeur, fade d’abord, mais bientôt putride. 

» 4°. Dans une quatrième et dernière période, enfin, les animalcules se 
rencontrent par myriades, et il vient un moment où toute la masse de la 


(358) 


substance, entièrement désorganisée, n’est plus formée que par ces êtres 
élémentaires. Alors le liquide, devenu alcalin , est d’une extrême fétidité. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoires sur les Chemins de.fer; par M.Bruner. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis, Séguier.) 


L'auteur pense qu’on rendrait le tracé des chemins de fer plus facile, 
leur établissement moins coûteux , et par conséquent leur usage plus gé- 
néral, si l'on parvenait à trouver le moyen de leur faire parcourir des pen- 
tes beaucoup plus rapides que celles qui sont aujourd’hui en usage. A cet 
effet , il propose de garnir les moyeux des voitures de roues dentées qui, à 
partir du point où commencerait la montée, engreneraient dans des 
rails également dentés, 


M. ne Cazreny avait, dans une des précédentes séances, présenté un 
Mémoire sur un nouveau système d’écluses à flotteurs et à colonnes os- 
cillantes,'système qui repose sur un principe déjà mis en application au 
sas de Bousingue ; aujourd'hui il adresse comme pièce à joindre à son 
premier envoi, la copie d’un Mémoire de Vauban sur ce même sas de 
Bousingue, qui, d’après le témoignage du célèbre ingénieur, aurait été 
établi sur une beaucoup plus grande échelle que ne le dit Bélidor.:« Je 
tiens beaucoup , dit M. de Caligny, à prouver l'importance de cette cons- 
truction, parce que c’est une expérience ‘oute faite en faveur du système 
que je propose. » 


(Renvoi à la Commission précédemment nommée.) 


La séance est levée à 5 heures. F° 


Erratum. ( Séance du 12 mars.) 


Page 340, Mémoire de M. Bouros, sur les effets délétères de l’Atractylis gummifera, 


ajoutez aux noms des commissaires désignés, MM. Serres et Roux, le nom 
de M. Richard. 


( 359 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; 
1% semestre 1838, n°11 , in-4°. 

Notice historique sur Buffon. Études sur sa vie, ses ouvrages et ses 
doctrines ; par M. Grorrrox Saivr-Hiratre, in-8°. 

Cours de Philosophie positive ; par M. Auc. Coure , tome 5, in-8°. 

Recherches pratiques sur l'inspection et la mensuration de la poitrine ; 
par M. Evcixe Wouez, 1 vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le 
concours Montyon.) 

Observations sur les effets avantageux des grandes ventouses ; : par 
M. Junon, in-8°. 

Bulletin de la Société Géologique de France ; tome: 9, feuille 6—0, 
in-8°. 

Liste des membres de la Société Géologique de France | en mars 1838, 
in-8°. 

Table des matières et des auteurs pour le 8° volume du Bulletin de la 
Société Géologique de France ; in-8°. 

Lettre sur l'introduction de l'air dans les veines ; par M. Vexreau, in-8”, 

Species général et iconographie des coquilles vivantes ; par M. Kiever, 
25° livraison , in-4°. 

Galerie Ornithologique des oiseaux d'Europe; par M. »Oxmenr, 
36° livraison, in-4°. 

Notice sur ur voyage horticole et botanique en Belgique et en Hollande; 
par M. Rarreneau Dern (Alire). (Extrait du Bulletin de la Société d’A- 
griculture de l'Hérault ); Montpellier, 1838, in-8°. 

Analyse Œun ouvrage manuscrit de Peyssonnez, intitulé : Traité du 
Corail... etc.; par M. Frourens. (Extrait du Journal des Savans, fév. 1858.) 

Précis théorique’et pratique sur les forces industrielles et notamment sur 
les Machines à vapeur ; par M. Vèxe, in-4°. (Présenté par M. Séguier.) 

Mémoires couronnés par l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres 
de Bruxelles ; tome 12, in-8°. 

Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles pour l'année 1858, par 
M. QueTELET, in-12. 


GC. R. 1838, z°r Semestre. (T. V1, N° 42.) 49 


( 360 ) 


Académie royale des Sciences de Bruxelles; bulletin n° 11 et 12 de 
2837,etn° 1, 1833, in-4°. N 

Annuaire de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bru- 
xelles ; 4° année, in-12. 

Mémoire sur la théorie des Caractéristiques; par M. R. Losaro ; Amster- 
dam , 1837, in-4°. 

Lettre à M. le chevalier Bonarous sur l’Institut agricole de Melito 
en Toscane; par M. V. Martin; Turin, in-8°, présenté. 

Lettre à M. le chevalier Bowarous sur l'utilité du mürier des Philippines ; 
par M. le comte Vina ne Mowrrascar; Turin; in-8°. 

Specimen z00phitologiæ diluvianæ; par M. J. Micaezcorri; Turin, in- 8°. 

A Systematic.... Catalogue systématique et stratigraphique des poissons 

fossiles qui se trouvent dans les collections de lord Cole et sir Philippe 
Grey Egerton ; par M. Pmripre Grey Ecerros ; Londres, 1857, in-8°. 

Astronomische. ... Nouvelles Astronomiques de M. Scnumacusr, n° 347, 
in-4°. 

Die vergleichende.. . . Ostéologie comparée de la téte; par M. Hazzmanr; 
Hanovre, in-4°. 

Mikroskopika. ... Recherches microscopiques sur la structure intime des 
Dents; par M. Rerzus; Stockholm, in-8°. 

Compendio. , .. Abrégé de la géographie de l'ile: de Cuba; par M. Pozy, 
1"° partie( Topographie), présentée par M. Moreau De Joxnis; Havane, in-16. 

Il Caseificio.... Mémoire théorique et pratique sur la manière de faire 
des Fromages; par M. Lours Carranro, un vol. petit in-4°; Milan, 1837, pré- 
senté par M. Auzard. 

Dell essenza. ... De la nature e6 du traitement du Choléra-Morbus 
asiatique ; par M. Axrowro Conrini ; Milan, 1838, in-8°. 

Un preservativo.... Recherches sur cette question : Est-il absolument 
impossible de trouver un préservatif contre l'attaque du Choléra; sans 
nom d'auteur; Brescia, 1837, in-8°. 

Annales françaises et étrangères d’ Anatomie et de Physiologie, janvier 
1838, n° 1, in-8°. 

Recueil de la Société Polytechnique sous la direction de M. nr Moéow, 
n° 2, février 1838, in-8°. 

Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 10, février 
1838, in-8°. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par M. Mi- 
quez, 7° année, tome 14, 5° et 6° livraison, in-8°. 


(36: ) 


Revue zoclogique ; par la Société Cuviérienne , janvier et février 1838, 
in-8°. 

Journal de Pharmacie ; 24° année , mars 1838, in-8e. 

Gazette médicale de Paris , tome 6 , n° 11, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux , tome 11, n° 31—35, in-4°. 

Écho du Monde savant, n° 316 et 317- 

L'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie, 1858, n° 27, in-8-. 

Bulletin médical du Midi, janvier et mars 1838, in-8. 

Programme de la Société linnéenne de Lyon. — Prix de 600 francs 
pour la destruction des Courtillières; quart de feuille. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 26 MARS 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL, 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur une voiture à six roues et à trains 
articulés , de M. Dierz. 


(Commissaires, MM. de Prony, Arago, Poncelet et Coriolis rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, MM. de Prony, Arago, Poncelet et moi, 
de lui faire un rapport sur un système de voitures présenté à son examen 
par M. Dietz, constructeur de machines, déjà connu par différentes ten- 
tatives pour le perfectionnement des locomotives destinées aux routes 
ordinaires. 

» Les voitures construites par M: Dietz sont destinées à étre mises en 
mouvement principalement sur les routes ordinaires » Soit par des che- 
vaux, soit par un remorqueur à vapeur: Elles ont six roues, et par con- 
séquent trois essieux ; celui du milieu conserve une direction perpendicu- 
laire à l’axe de la caisse, les deux essieux du devant et du derrière sont 
tellement liés entre eux par un système de tringles et d’articulations , que 
lorsque le tirage du moteur devient oblique et force l’essieu du train de 
devant à se dévier de la perpendiculaire à l'axe de la caisse, et à faire ainsi 
un petit angle avec l’essieu du milieu, celui de derrière se dévie en même 

CR, 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 45.) 5o 


( 364) 


temps d’un angle égal, de manière que les directions des trois essieux 
convergent vers un même point de rencontre qui devient le centre autour 
duquel la voiture tend à décrire un cercle. 

» La caisse repose sur les trois trains en trois ou quatre points par 
l'intermédiaire de doubles ressorts à pincettes qui ont beaucoup d’élas- 
ticité. 

» Lorsqu'on veut faire marcher une seconde voiture avec le même mo- 
teur, on accroche le timon que porte son train de devant à une barre de 
fer qui, liée à la caisse de la première voiture dans la direction de son 
axe, se prolonge au-delà du train de derrière d’une longueur égale au 
timon de la deuxième. En continuant le même système d’attache, on re- 
morque autant de voitures qu’on veut : nous en avons vu marcher trois 
que menaient trois chevaux attelés de front à la premiere. 

» L'idée principale de M. Dietz consiste dans l'introduction d'un méca- 
nisme qui force les deux essieux extrêmes à faire toujours le même angle 
avec celui du milieu. Cette idée n’est pas nouvelle, déjà l'amiral Sidney- 
Smith avait pris, il y a environ vingt ans, un brevet pour un mécanisme 
du même genre qu'il avait adapté à des voitures à six roues. 

» Ce mécanisme était fort simple, il consistait à lier avec des chaines ou 
des tiges les extrémités opposées des essieux, de manière que l’une fût 
tirée en dedans de la caisse quand l’autre l’est en dehors. Mais on conçoit 
que l'égalité des angles des essieux n’est pas ainsi exactement conservée et 
qu’elle ne suffit dans l'application que lorsque ces angles restent assez 
petits. 

» Le système de M. Dietz est tout analogue : il est composé de tringles 
qui partant des extrémités de l’essieu de devant et se croisant avant d’arri- 
ver à l’essieu du milieu, vont y déplacer en sens contraire les extrémités 
de deux petits leviers horizontaux prenant leur point de rotation sur cet 
essieu du milieu. Le mouvement de la ligne qui joint les extrémités de ces 
leviers se reporte à l’essieu de derrière, à très peu près parallèlement, à 
l'aide d’un système de tiges. 

» M. Dietz a combiné un autre mode dans le même ordre d'idées. 11 
consiste à placer sur l’essieu du milieu une espèce d’essieu postiche pou- 
vant tourner autour de son centre indépendamment du véritable essieu ; 
la rotation lui est imprimée par celle de l’essieu du devant, à l’aide d’une 
liaison de mouvement établie entre deux queues ou tiges d'équerre à ces 
essieux ; elles sont réunies à égales distances des trains par un boulon qui 
peut couler d’une petite quantité le long d’une de ces queues. Le mouve- 


(365 ) 


ment de l’essieu postiche, placé sur celui du milieu, est reporté ensuite 
parallèlement sur celui de derrière par un système de parallélogrammes. 
Cette disposition, ainsi que la précédente, ne réalisent qu’avec une cer- 
taine approximation l'égalité entre les angles de déviation des deux es- 
sieux : elles sont en cela tout analogues aux parallélogrammes adaptés aux 
machines à vapeur pour diriger en ligne droite la tige du piston. Elles 
ont, avec ce mécanisme, cet avantage qu'étant bien combinées, elles rem- 
plissent avec une exactitude suffisante les conditions du problème dans 
l'étendue des mouvements dont on a besoin. 

» Nous avons vu, en effet, marcher trois voitures très longues; les neuf 
roues passent sur la même trace à quelques centimètres près ; de sorte qu’il 
n’y a pas de difficulté à tourner très court sans crainte d’accrocher aucun 
obstacle. 

» Examinons quels avantages a le système de M. Dietz. On peut dire qu’il 
devient indispensable quand on veut adapter six roues à une même caisse. 
Sans ce mécanisme, il se produirait un tel glissement transversal du train 
de derrière en tournant que la marche serait très entravée , et qu’en outre 
les bandes des roues seraient très promptement usées. A l’aide de son em- 
ploi, les voitures à trois trains peuvent alors tourner, même avec plus de 
précision que celles qui n’ont que deux trains. Il y a, en effet, plus d'obs- 
tacle au glissement latéral, et le cercle décrit se conserve mieux. Cet 
avantage d’assez peu d'importance pour une seule voiture , en prend beau- 
coup plus quand on veut en conduire plusieurs à l’aide d’un même moteur 
sur les routes ordinaires. Mais, indépendamment de cette facilité à tourner 
avec précision, nous pensons que l'emploi des six roues mérite l'attention 
des constructeurs sous d’autres points de vue. Il donne plus de stabilité 
aux caisses longues, il affaiblit les secousses et diminue les chances de ren- 
versement par la rupture d’une roue ou même d’un essieu. À côté de ces 
avantages ce système a sans doute quelques inconvénients : il augmente la 
dépense de construction première et nécessite l'emploi d’un mécanisme qui 
peut exiger de trop fréquentes réparations. 

» Dans les voitures que M. Dietz vient de construire, les roues nous 
paraissent d’un diamètre un peu petit; mais il ne semble pas impossible de 
les augmenter pour les porter aux dimensions ordinaires ; dés lors on 
pourrait dire que si ce système des six roues ne diminue pas le tirage, au 
moins ne l’augmente-t-il pas, puisque, d’après les expériences les plus con- 
cluantes, le travail que demande chaque roue de la part du moteur est à 
Æiamètre égal en raison de la pression sur le sol. 

5o.. 


( 366 ) 

» La théorie apercevant donc ici des avantages notables en compensation 
de quelques inconvénients, on doit encourager les constructeurs à pour- 
suivre cette voie de recherche. Ce serait, sans doute, un grand service à 
rendre à l’industrie que de construire des diligences plus douces et moins 
susceptibles de verser, et de pouvoir dans l’occasion faire tirer deux voi- 
tures par les mêmes chevaux sans qu'il y eût de difficultés à tourner. 

» Quant à l'emploi des locomotives comme moteurs pour ces voitures 
sur les routes ordinaires, bien que les inconvénients en soient diminués 
par le système de M. Dietz, nous n'avons pas la confiance que l’on puisse 
faire disparaître ceux qui s’opposeraient à la réussite de ce mode de 
transport, surtout pour les voyageurs. Il n’y a pas opportunité de discu- 
ter ici cette question; elle nous ferait sortir des bornes que doit avoir ce 
rapport : il nous suffit de reconnaître que le constructeur a fait un pas 
notable pour approcher du but. 

» Sur les chemins de fer, nous ne pensons pas que le système de 
M. Dietz présente les avantages qu’on y reconnaît pour les routes ordi- 
naires ; à la vérité il diminue les chances de versement en cas de rupture 
d'un essieu, mais le système d’attache des waggons leur donne, à leur 
entrée sur chaque courbe, une tendance à dévier des rails, et il pourrait 
en résulter des résistances nuisibles. 

» Sur ces chemins on ne peut plus compter pour quelque chose 
l'avantage qu'offre l'emploi des six roues pour diminuer les chances de ren- 
versement par les inégalités du terrain , ni celui d’amoindrir les secousses 
déjà insensibles pour les voyageurs. 

» En définitive, vos commissaires vous proposent de déclarer que les 
tentatives de M. Dietz pour l'établissement et l'emploi des voitures à six 
roues , sont dirigées dans une bonne voie; qu'il y a lieu de lui savoir gré 
des heureux essais qu’il a faits, et de l’encourager à les poursuivre. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — /nstructions pour la Commission chargée de 
l'exploration scientifique de l'Algérie. 


La lecture des Instructions demandées par M. le Ministre de la Guerre 
a été continuée dans cette séance, mais n’a pu être achevée. L'Académie a 
entendu les parties suivantes : Instructions relatives à la géographie, 
rédigées par M. Bory de Saint-Vincent; Instructions relatives à la médecine, 
rédigées par M. Serres; Instructions relatives à l’kydrographie et à la ma- 


(367 ) 
rine, rédigées par M. de Freycinet; Instructions relatives aux arts et à 
l'industrie , rédigées par M. Séguier. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


GÉOLOGIE. — Mémoire sur la masse des montagnes qui sépare la Loire du 
Rhône et de la Saëne ; par M. Rozer. 


(Commissaires MM. Al. Brongniart, Élie de Baumont. ) 


A ce Mémoire est jointe la lettre suivante qui en fait connaître l'objet. 

« Le travail que je présente est le résultat de trois années d'étude sur 
la chaîne de montagnes qui sépare la Loire du Rhône et de la Saône. 
J'y ai consigné les faits que j'ai observés et les résultats auxquels la com- 
binaison de ces faits m’a conduit. 


» Voici les plus importants de ces résultats : 

» Le phénomène de la pénétration des roches plutoniques les unes au 
travers des autres, et au travers d’une partie des formations neptuniennes, 
m'a permis d'établir l'époque de la consolidation de ces deux sortes de 
roches et leurs rapports réciproques, encore si mal connus. 

» Le quartz hyalin, qui forme de nombreux filons dans les terrains plu- 
toniques et neptuniens, jusqu'aux marnes inisées, est évidemment venu de 
l'intérieur du globe, il s’est quelquefois élevé en cônes, et à Chiseuil, pres 
de Bourbon-Lancy, où le quartz forme une montagne de 1500 mètres de 
long sur 800 de large, il offre tous les caractères d’un produit igné. Les 
éruptions quartzeuses, qui ont commencé avant le dépôt du terrain houil- 
ler et se sont continuées jusqu’à celui des marnes irisées, ont puissamment 
concouru à la formation de la grande masse d’arkoses de Bourgogne. 

» L'ordre d'ancienneté des rochers plutoniques est le suivant : lepti- 
nites, granites, porphyres, roches trappéennes (eurites, diorites et trapps) 
quartz et basalte. 1] est inverse de celui de leur superposition. 

» À l'éruption de chacune de ces espèces de roches, correspond une 
époque de soulèvements, et les divers soulèvements ont généralement 
produit de grands massifs ayant chacun une partie centrale, de laquelle 
toutes les autres divergent. Plusieurs de ces massifs sont alignés dans la 
direction du nord au sud, ou parallélement au cours de la Saône. 

» Le terrain jurassique, dans lequel on ne voit jamais pénétrer d’au- 


(368) 


tre roche plutonique que le basalte, forme deux bandes qui s'élèvent à 
peu près à la même hauteur sur chaque flanc de la chaine. 

» Enfin, j'ai découvert le terrain crayeux dans la vallée de la Saône aux 
environs de Dijon, où il n’avait point encore été signalé. » 


cuimurere. — Vote sur un cas de rétention d'urine, précédé et suivi de 
plusieurs phénomènes pathologiques remarquables; par M. Guirrow. 


(Commissaires, MM. Larrey, Roux, Breschet. } 


« M. Lemelle, d’une très forte complexion, ayant eu, dans sa jeunesse, 
plusieurs urétrites, éprouvait depuis un assez grand nombre d'années de 
la difficulté à uriner, lorsque, il y a quinze ans, il lui survint une incon- 
tinence d'urine qui le mit dans la nécessité de porter jour et nuit un sac 
en taffetas gommé, muni d'une éponge, pour recevoir l’urine et empé- 
cher que ses vêtements et son lit en fussent imprégnés. 

» En novembre 1834, il avait alors 68 ans, après un repas copieux et 
prolongé, M. Lemelle eut une rétention d'urine qui, par suite des efforts 
qu'il fit pour vider sa vessie, fat suivie de la rupture de l’urètre et d’un 
abcès urineux au périnée; puis d’un épanchement d'urine dans le scro- 
tum qui fut promptement frappé de gangrène. 

» À la chute des parties sphacelées on distinguait les testicules en- 
veloppés seulement de leur tunique propre (l’albuginée), suspendus par 
leur cordon au milieu de cette large plaie dans laquelle on remarquait 
également une très grande partie du corps caverneux droit, et les trois 
quarts de la portion spongieuse de l’urètre dénudés. 

» À mesure que le malade perdait de son embonpoint qui était consi- 
dérable, j'attirais, au moyen de longues bandelettes agglutinatives, la peau 
du ventre et des fesses de telle sorte, qu'après un temps assez court, les 
testicules en furent recouverts et qu’un nouveau scrotum remplaça celui 
qui avait été détruit. Quant à la verge, les parties dénudées furent de 
même recouvertes aux dépens de la peau du prépuce, convenablement di- 
visée et maintenue à l’aide de bandelettes agglutinatives. 

» L'état du malade le permettant, et pour arriver à la guérison de trois 
ouvertures fistuleuses s’ouvrant à la surface de la plaie, je dus remonter à 
la cause de tous ces désordres. 

» Après avoir reconnu la situation , l'étendue, et la nature des retrécis- 
sements urétraux, au nombre de trois : l’un au méat urinaire, le second 
s'étendant circulairement de deux pouces et demi à trois pouces, et le 


( 369 ) 
troisième de quatre pouces un quart à cinq pouces; je les détruisis promp- 
tement au moyen de mouchetures urétrales ou saïgnées locales dont j'ai 
introduit l’usage dans la thérapeutique de ces affections. 

» Bien que l’ouverture fistuleuse interne eût beaucoup diminué d'éten- 
due, comme l'urine continuait toujours d’y pénétrer, malgré les précau- 
tions qu’on prenait pour l’éviter, j'eus recours à la cautérisation avec une 
solution de nitrate d'argent que je portais sur cette ouverture, par l’urètre, 
à l’aide d’un Porte-Caustique de mon invention, et bientôt après la gué- 
rison fut complete. 

» Tout le traitement a duré six mois; et depuis lors, quoique trois 
années se soient écoulées, M. Lemelle, malgré son grand âge, continue 
d'uriner facilement. » 


PHYSIOLOGIE. — Expériences démontrant l'influence de la suppression de 
la transpiration cutanée dans la production de l'inflammation et des 
autres lésions locales ; par M. Fourcauzr. 


(Commissaires, MM. Magendie, Double.) 


« Asclépiade et Galien , dit M. Fourcault, ont entrevu l'influence dela sup- 
pression de la transpiration dans la production d’une foule d’affections, et 
Sanctorius a étayé ces opinions par ses célèbres expériences ; toutefois les 
questions qui se rattachent aux altérations de cette fonction n’ont point été 
traitées pour la plupart d’une manière rigoureuse, et personne, par exemple, 
nes’est occupé de déterminer avec précision les effets qui peuvent résulter de 
certaines causes, lesquelles, en même temps qu’elles arrêtent latranspiration 
cutanée, s'opposent à l’aération et peut-être à l’oxigénation de la peau. C’est 
le but que je me suis proposé dans les expériences qui font l’objet de ce 
Mémoire. On verra qu'en arrêtant mécaniquement la transpiration au 
moyen d’une couche de goudron , de vernis, de colle-forte ,etc., appliquée 
sur la peau qui se trouve ainsi soustraite à l’action de l'air, j'ai donné 
naissance chez les animaux soumis à cette épreuve à des maladies qui ont 
déterminé la mort. » 

. Ces expériences peuvent être groupées en deux séries : dans les unes, 
en effet, on a agi sur toute la surface cutanée à la fois; dans les autres, 
sur des portions seulement de cette surface. Les effets pathologiques, ré- 
sultant de la suppression générale de la transpiration, sont les suivants : 
inflammations aiguës, compliquées, sarcopolyhémie, engorgement des 
veines caves et des cavités du cœur, altération couenneuse du sang. Comme 


(370 ) 
effets de la suppression graduée ou partielle de la transpiration cutanée, 
on voit survenir des phlegmasies subaiguës, des irritations chroniques , 


une formation de tubercules dans divers organes, une altération profonde 
de la nutrition. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Réclamation de M. Jarry, au sujet de l'emploi des 
engrenages dans les chemins de fer. 


(Renvoi aux commissaires chargés d'examiner le mémoire de M. Brunet.) 


« Dans la séance du 19 de ce mois, dit M. Jarry, l'Académie a recu 
communication d’une lettre de M. Brunet, qui a été renvoyée à une 
commission composée de MM. Poncelet, Coriolis et Séguier. 

» Cette lettre annonce une amélioration à apporter aux rails et aux 
locomotives des chémins de fer, au moyen de l’engrenage des moyeux des 
locomotives sur les rails, et dans le but de rendre le tracé des routes plus 
direct. 

» Quoique l’analogie de ce système avec celui pour lequel j'ai pris un 
brevet de perfectionnement, sous le n° 7561, le 25 janvier dernier, soit 
assez éloignée, comme ils reposent l’un et l’autre snr le principe de l’en- 
grenage, vous concévrez, M. le Président, combien je suis intéressé à 
constater la priorité du mien, et j'ose espérer que vous daignerez accueillir 
favorablement ma réclamation. 

» Pérmettéz-moi, en conséquence, M. le Président, d'exposer ici en quoi 
consiste mon système : 

» À l'origine des cliemins de fer desservis par des locomotives à vapeur, 
on craignait que ces dernières ne présentassent point assez d'adhésion 
pour progresser en remorquant un convoi d’un poids supérieur au leur; 
et, pour parér à cet inconvénient supposé, on établit une crémaillère 
placée entre les deux rails de la voie des waggons, et l’on adapta une roue 
supplémentaire à engrenage, aux locomotives. Ce genre de construction 
subsiste encore en Angleterre, sur la route de Middleton, dont les pentes 
ascendantes ont beaucoup d’analogie avec celles du chemin de Saint- 
Étienne au Rhône. Sur cette route, des locomotives du poids de 6,250 ki- 
logrammes, fourgon et approvisionnements compris, remorquent à Ja 
remotite 22,260 kilogrammes de charge utile. 

» Pérmettez-moi de faire remarquer, qu’à la descente, sur la route de 
Darlington , des machines du poids de 12,000 kilogrammes, ne remorquent 
en été que 35,000 kilogrammes de charge utile. 


(371) 

» Tci, Monsieur, l'avantage de charge utile remorquée, est tout en fa- 
veur du système à crémaillère; mais le supplément de dépenses qu'il 
entraîne, est loin d’être compensé par cette différence. Cette observation 
amena les expériences de Blackett, et postérieurement la suppression des 
crémaillères sur toutes les routes nouvelles. 

» Mon système réunit, à l'avantage de réduction du poids mort des 
locomotives, celui de ne pas augmenter les frais de premier établissement 
des rails, et de permettre un tracé plus direct, et la suppression des 
machines fixes des plans inclinés. 1l est simple, et consiste tout uniment 
à élargir le bourrelet des roues travaillantes des locomotives, de la quan- 
tité nécessaire pour y former un engrenage, dont le bourrelet des waggons 
ne puisse pas toucher les dents fixées au rail. 

» L’engrenage n’est pas du genre de ceux des pignons à dent; comme 
il S’agit du développement d’une courbe sur un plan droit, on conçoit que 
les dents peuvent être espacées en raison de la courbe de manière à ce que 
lune désengrène, au moment où la suivante commence à fonctionner. 
Ces dents sont fixées à la joue intérieure du rail, à des distances calculées 
en raison du développement des courbes décrites par les roues des locomo- 
tives ; leur dimension et leur face sont calculées de manière à résister à une 
pression beaucoup plus considérable que la puissance du moteur. Le pas 
de l’engrenage est proportionnel aux dimensions des dents, mais on doit 
calculer le diamètre des roues, de manière que la distance des dents cor- 
responde à une division exacte de la circonférenge des roues; à moins que 
l’on préfère un engrenage continu, qui laisse la faculté au pas de s'engager 
tantôt sur une dent, tantôt sur l’autre. Cependant une division fixe et 
exacte est préférable. 

» Il est inutile, monsieur le Président, que je m’appesantisse ici sur la 
facilité qui résulte de ce système d'augmenter la puissance des moteurs, 
et de réduire ainsi considérablement le nombre des machines et celui du 
personnel. On conçoit également que si les treuils des plans automateurs 
continuent d’être utiles à la descente, ils seront sans usage à la montée, 
et les frais de leur entretien diminueront d’autant. 

» Quoique je partage l'opinion de tous les ingénieurs qui regardent le 
profilé sensiblement de niveau, comme l’un des principes fondamentaux 
de l'établissement utile des chemins de fer, il est certain qu'il est des cas 
où il est impossible de ne pas admettre une inclinaison plus ou moins 
rapide, surtout lorsqu'il s’agit de traverser les rivières et les fleuves pres- 
‘que toujours plus ou moins encaissés dans leurs rives. Il n’est pas moins 

C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 45.) à 5x 


(372) 

exact qu'une seule pente de quelques millièmes de plus peut servir à abréger 
considérablement les distances, En ce cas on pourra calculer si les frais 
supérieurs de halage ne seront pas compensés par ceux de péage d’une 
digue plus longue, et si les dépenses d'établissement ne méritent pas d’être 
prises en considération. Enfin, dans certaines localités, les frais résultant 
des machines fixes exigées par les accidents de terrains, dans le système 
Blackett, rendent les chemins de fer en quelque sorte impraticables, tandis 
que mon système leur permet de s’introduire en tout lieu. 

» Ces considérations, monsieur le Président, me semblent dignes de 
fixer l'attention publique. » 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'incertitude qui subsiste dans la déter- 
mination géométrique du lieu de l'espace occupé par un point donné , 
ou essai sur les probabilités des erreurs de situation dun point; par 
M. A. BRavais. 


(Commissaires, MM. Poisson, Savary.) 


cmmmurGre. — Mémoire sur des moyens employés pour rendre la claudication 
moins douloureuse et la progression plus facile dans les raccourcisse - 
ments accidentels des membres inférieurs ; par M. Taomas FABIEN- 


(Adressé pour le Concours aux prix de médecine Montyon.) 


cmrrurere. — Mémoire sur la Staphyloraphie ; par M. Devirremur. 


(Commissaires , MM. Larrey, Breschet.) 


PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la voix humaine; par M. Barranp. 


Ce Mémoire , transmis par M. le Ministre de lInstruction publique, est 
destiné à être substitué à un autre sur le même sujet, que l’auteur avait 
précédemment envoyé. 


(Adressé pour le Concours aux prix Montyon.) 


GÉOLOGIE. — Extrait d'un Mémoire sur le temple de Sérapis, à Pouzzol. 
— Partie relative aux changements alternatifs du niveau de la mer et 


du sol, dont les traces se voient sur les débris de cet édifice ; par 
M. CaRISTIE. 


(Commissaires, MM. Arago, Al. Brongniart, Élie de Beaumont.) 


(373) 
MÉDECINE, — Atecherches sur la,scarlatine épidémique. 


M. Miquel , qui a envoyé précédemment pour le Concours aux prix de 
médecine Montyon, un Mémoire sur cé Sujet, indique, conformément à 
la décision prise par l’Académie pour les pièces destinées x ce concours, 
les parties de son travail qu'il regarde comme neuves ou comme devant 
fixer plus particulièrement l'attention des Commissaires. 


(Renvoi à la Commission Montyon.) 


CORRESPONDANCE. 


OPTIQUE. — Parhélies. 


M. Araco met sous les yeux de l’Académie diverses descriptions qu'il 
a reçues de l’apparition de parhélies dans la matinée du 13 mars dernier. 
L'une de ces descriptions est de M. l'abbé Zécart, professeur au séminaire 
de Laon; la seconde de M. À. Mallet , professeur à Saint-Quentin ; une 
troisième est signée de M. Tordeux de Cambrai; M. Mallet annonce qué 
ce phénomène a été aussi visible à Lille. 

Le parhélie du 13 mars ressemblait de tout point à céux dont on 
trouvera les figures détaillées dans les ouvrages d'optique et dans les rela- 
tions de divers voyageurs. IL serait donc superflu de le décrire ici; mais 
les météorologistes noteront comme un fait assez remarquable que lesrares 
circonstances amosphériques qu’exige la production de ce phénomène, 
se soient trouvées simultanément réunies dans une si grande étendue de 


pays: 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Vote sur deux formules donnant le volume de la va- 
peur saturée , en fonction de sa pression seulement ; par M. pe Pamsour. 


« Dans une noté précédemment soumise à lAcadémie (séance du 
22 janvier dernier), sur le moyen de tenir compte du changement de tem- 
pérature de la vapeur pendant son action dans les machines; j'ai indiqué 
sous la forme 

I 


n + gp? 


l'emploi d’une formule analogue à celle proposée par M. Navier, pour dé- 


terminer immédiatement la densité de la vapeur saturée , en fonction de 
51. 


( 374) 

sa pression seulement, sans être obligé de recourir aux températures. Je 
me suis contenté de citer ators la formule de M. Navier, qui donne en 
effet pour la densité de la vapeur, ou son volume comparé à celui de 
l’eau. dont, elle provient, des résultats fort approchés, pour toutes les 
hautes pressions. Cependant, comme cette formule laisse encore quelque 
chose à désirer, même pour les hautes pressions, et qu’elle cesse d’être 
exacte lorsqu'on veut en faire usage pour les basses pressions qui se 
présentent dans les machines à condensation, j'ai cru nécessaire de faire 
quelques recherches à cet égard. 

» Dans l’état actuel des choses à ce sujet, lorsqu'on veut connaître le 
volume occupé par un poids donné de vapeur, ainsi que cela est néces- 
saire pour le calcul des machines à vapeur, on se sert de la formule sui- 
vante, qui est déduite de la loi de Mariotte, combinée avec celle de 


M. Gay-Lussac, 
cer I F ohoaëôés . 
P 

m y exprime le volume cherché, rapporté à celui de l’eau de production, 
p la pression en kilogrammes par centimètre carré, et # la température 
en degrés du thermomètre centigrade. Cette formule s'applique à toute 
vapeur à la pression p et à la température £; mais comme, dans les va- 
peurs saturées, la pression est nécessairement liée à la température, on 
ne peut faire usage de cette formule qu’en connaissant où déterminant 
préalablement la température correspondante à une pression donnée. 

» La véritable loi mathématique , qui lie les pressions et les tempéra- 
turés dans les vapeurs saturées, n’est pas connue. Il résulte des belles 
expériences de MM. Arago et Dulong sur les pressions élevées, et de celles 
précédemment faites sur les basses pressions, que lorsqu'il s’agit de pres: 
sions inférieures à celle de l'atmosphère, il convient d'employer la formule 
proposée par Southern; que pour les pressions comprises entre 1 et 4 
atmosphères, il faut employer celle de Tredgold ; et que pour les pressions 
comprises entre 4 et 5o atmosphères, il est nécessaire de faire usage de 
la formule de MM. Dulong et Arago. Ces formules, non pas sous leur 
forme originale , mais rapportées aux, mesures habituelles dans la pratique 
des machines, c’est-à-dire en y exprimant la pression en kilogrammes par 
centimètre quarré, et la température en degrés du thermomètre centi- 
grade comptés à l'ordinaire, à partir de zéro, sont les suivantes : 


(37) 


5.13 : 
Formule de Southern, de o à 1 atmosphère... £== 145.360 /p — 0,0034542—46.278 
6_— 
Formule de Tredgold, de 1 à 4 atmosphères... 4—174V/p— 15, 
5 _ 
Formule deMM.Dulong et Arago, de 4 à 50 atmos. 1 — 138.883 p — 39.802. 


» L'ensemble de ces trois formules, que l’on fait succéder les unes aux 
autres, satisfait complétement à la formation de fables de correspondance 
entre les pressions et les températures, quand c’est le but qu'on se pro- 
pose. De même encore, quand il s’agit d’une recherche relative à la dé- 
tente de la vapeur dans une machine, et qu’on sait exactement dans quelles 
limites de pression cette détente s’exercera , on peut discerner immédiate- 
ment laquelle de ces trois formules est applicable au cas que l’on a à con- 
sidérer. En éliminant alors £ entre cette formule et celle qui donne le 
volume, on obtiendra définitivement l'équation propre à faire connaître le 
volume de la vapeur en fonction de sa pression; et c'est celle que l’on 
devra introduire dans les formules propres à donner les effets de la ma- 
chine. 

» Mais s’il s’agit, par exemple, du cas où la vapeur se formant sous la 
pression de 8 atmosphères, pourrait se détendre pendant son action dans 
la machine, soit jusqu’à une pression moindre que 1 atmosphère, soit à une 
pression comprise entre 1 et 4 atmosphères, soit enfin à une pression su- 
périeure à 4 atmosphères , alors on ne saura plus laquelle des trois for- 
mules doit servir à l'élimination, et il sera impossible d'arriver à une 
équation générale représentant, dans tous les cas, l'effet de la machine. 

» D'ailleurs, on doit remarquer que l’équation des températures conte- 
nant des exponentielles, le résultat de l'élimination sera nécessairement 
peu commode pour les applications. Et, après tout, ce résultat ne pro- 
viendra toujours que d’une formule empirique, car les formules de la 
température ne sont pas autre chose, comme celles que nous voulons leur 
substituer. Une relation directe et simple, qui donnerait immédiatement 
le volume de la vapeur saturée, en fonction de sa pression seulement, se- 
rait par conséquent essentiellement utile au caleul des machines à vapeur. 

» Ces considérations m’ayant engagé à m'occuper de cette question, 
j'ai trouvé deux formules qui en donnent la solution avec une approxi- 
mation qui me paraît suffisante; je m’empresse donc de les communiquer 
à l’Académie, tant à cause de leur usage dans la théorie de la machine à 
vapeur, que j'ai précédemment exposée, en y tenant compte du change- 
ment de température de la vapeur pendant son action dans la machine, 


(376) 
qu’à cause de l'utilité pratique de ces formules dans d’autres cas où l’on a 
besoin de connaître le volume de la vapeur. 

» Dans les machines à condensation, on sait que la pression de la vapeur, 
après condensation imparfaite dans le cylindre, ne descend jamais au-dessous 
de 0.28 kilogramme par centimètre carré (4 livres anglaises par pouce 
carré), et qu’en outre le frottement propre de la machine est d’environ 
0.14 kilogramme par centimètre carré. On voit donc que la résistance 
à surmonter par le piston n’est jamais moindre que 0.42 kilogramme 
par centimètre quarré, même sans compter la charge. En tenant compte 
de celle-ci, au-dessous de tous les cas possibles, on peut être assuré que 
la vapeur ne descend jamais, pendant son action utile dans le cylindre, à 
une pression moindre que 0.6 à o.7 kilogramme par centimètre carré. 
Par conséquent, une formule qui donne les volumes exacts jusqu’à cette 
limite inférieure, est tout ce dont on a besoin pour les calculs propres à 
ces machines. On verra dans un instant que la première des deux formules 
proposées remplit cette condition, au-delà de la limite indiquée. 

» La même formule pourrait encore être employée sans erreur no- 
table pour les machines sans condensation. Cependant, comme dans celles- 
ci la vapeur ne peut guère se dépenser à une pression £otale moindre 
que 2 atmospheres ou 2 kilogrammes par centimètre carré environ, à 
cause de la pression atmosphérique, du frottement de la machine et de là 
résistance de la charge, il est inutile de demander à la formule de donner 
les volumes exacts pour une pression moindre que 2 kilogrammes par 
centimètre quarré. Pour ce cas donc, on trouvera la seconde formule 
beaucoup plus exacte, et l'on pourra s’en servir de préférence. Enfin, 
toutes les fois que le changement de formules sera possible , on obtiendra 
une beaucoup plus grande exactitude en faisant usage successivement de 
la première formule jusqu'à 2 atmosphères, et de la seconde pour les 
pressions plus élevées. 

» Ces deux formules sont, en mesures francaises, 


10000 
0.4227 + 5.2897 p. 
Le 10000 

1.421 + 4.710p. 


Pour lesmachines à haute ou basse pression , avec condensation. m — 


Pour les machines sans condensation........,........,..., m 


» Du reste, on pourra juger du degré d’approximation qu’elles donnent 
par la table suivante, dans laquelle on trouvera, en regard les uns des 
autres, le résultat des formules ordinaires, c’est-à-dire compliquées de la 


( 377 ) 


recherche des températures, et celui des formules en fonction de la pres- 
sion seulement, que nous proposons de substituer aux premières. 


Table du volume de la vapeur saturée, sous différentes pressions, comparé au 
volume de l'eau qui la produite, d'après les formules adoptées et les formules 
proposées. 


PRESSION VOLUME VOLUME VOLUME VOLUME 
totale VOLUME calculé par|calculé par calculé par|calculé par 
caleulé par| la formule | la formule calculé par la formule | la formule 

proposée | proposée proposée | proposée 

les les 
kilogram. 

par formules | machines | machines par formules | machines | machines 
centimètre me à con- sans con- || centimètre Lu à con- sans con- 
carré. ordinaires.| densation. | densation. carré. ordinaires. | densation. | densation. 


LCL es 


15019 554 528 
831 490 463 
358 fo 4x3 

fo 00 372 

3329 366 339 

2810 339 317 

- 315 287 

294 267 

277 249 

267 

247 

234 

223 

213 


GÉozoGiE. — Considérations sur le Diluvium sous-pyrénéen. — Lettre de 
M. Larrer à M. Arago. 


« Javais l'intention de vous soumettre quelques considérations géo- 
gnostiques sur l’ensemble de nos formations ‘supra-crétacées adjacentes 
aux Pyrénées; mais j'ai réfléchi que mes observations personnelles n’é- 
taient pas encore assez généralisées pour servir de base à un travail qui 
méritàt quelque confiance; aussi me bornerai-je, dans ce moment, à de 
simples aperçus plus ou moins hypothétiques sur le diluvium sous-py- 
rénéen. 

» Le diluvium à, chez nous, plus d'importance, ce me semble, que ne 
lui en accordent les géologues qui s’en sont occupés. Il est facile, en con- 
sidérant la nature minéralogique des matériaux qui le composent, de re- 
connaître leur origine toute pyrénéenne; ils ne peuvent d’ailleurs avoir été 


( 378 ) 
transportés à la place qu'ils occupent aujourd'hui que par une grande 
inondation, une sorte de déluge local, qui, si l’on s’en rapporte à cer- 
taines indications géognostiques, aurait coïncidé avec le soulèvement du 
système ophitique au pied de la grande chaine des Pyrénées. 

» L’observateur placé, par exemple, sur le plateau de Lanemézan peut 
aisément suivre la direction et les effets de la débâcle diluvienne. De la 
pente septentrionale de ce plateau, divergent en éventail, plusieurs val- 
lées de creusement où coulent maintenant les principales rivières qui ar- 
rosent le département du Gers. Je dis vallées de creusement, parce que la 
structure géognostique des collines qui les bordent étant la même de 
chaque côté, les couches diverses dont elles se composent se rejoindraient 
évidemment au même niveau, s’il n’y avait eu rupture. Il est à remarquer 
que les collines de droite (est), en descendant les vallées, sont toujours 
coupées en escarpement ; tandis que celles de gauche (ouest) s'élèvent en 
pente douce; c’est sur celles-ci que s'étend le diluvium dont les galets re- 
montent les pentes jusqu’à une grande hauteur. Nul doute que nos vallées 
n'aient momentanément servi de lit aux courants diluviens qui les ont 
creusées , et la tendance constante de ces courants à escarper leur rive orien- 
tale, doit nécessairement s'expliquer par quelque grande loi physique qui 
aurait sans cesse attiré la masse des eaux de ce côté. 

» Les effets du déluge pyrénéen ne sont pas les mêmes dans toutes les 
directions. Sur la ligne du Gers (Auch) et de la Baïse (Mirande ), la vio- 
lence des courants a balayé les formations tertiaires meubles, et compléte- 
ment dénudé les calcaires ; il n’en a pas été de même dans la vallée de la 
Gimone ( Simorre) où l’on voit déjà les calcaires s’enfoncer sous des forma- 
tions plus récentes; ils disparaissent tout-à-fait sur les bords de la Save 
(Lombez), où les couches meubles tertiaires sont restées en place, cir- 
constance qui explique la fertilité comparative de cette vallée et des cô- 
teaux qui la dominent. En revanche, le diluvium a peu d'importance sur 
la Save; ses galets, à distance égale de leur point de départ, sont beau- 
coup moins volumineux que dans les vallées du Gers et de la Baise ; d’où 
l’on peut encore induire une moindre force dans les courants qui les ont 
transportés. 

» Dans les vallées qui descendent du grand plateau de Lanemézan, 
telles que celles du Gers, de la Baïse, de la Save et quelques autres où 
coulent les principales rivières qui traversent notre département, les ga- 
lets que charient ces rivières sont tout-à-fait semblables ( sauf le volume) 
à ceux qui recouvrent les hautes plaines et la pente des collines de l’ouest, 


( 379 ) 
Leur nature minéralogique indique qu'ils ont été détachés des montagnes 
qui forment le contrefort septentrional des Pyrénées, et l'on n’y trouve pas 
un seul caillou granitique. 

» Mais dans les vallées qui s'ouvrent au pied de la chaine centrale des 
Pyrénées (celles de l’'Adour, de la Garonne, du Gave, etc.), les galets 
granitiques dominent dans le lit des rivières aussi bien que dans la haute 
plaine, tandis que ceux qui recouvrent leurs côteaux proviennent fous 
de roches secondaires, 

» M. Dufrénoy, à qui l'on doit de si belles recherches géologiques sur 
le midi de la France, avait aussi remarqué cette différence minéralogique 
des galets de l'Adour et de la Garonne d’avec ceux des hauteurs; préoccupé 
de l’idée que les premiers, accumulés dans le fond des grandes vallées, 
constituaient le diluvium sous-pyrénéen, il a cru, à raison de l’origine 
différente de ceux qui s'étendent sur les pentes des collines, devoir les 
placer dans l'étage supérieur de nos terrains tertiaires. 

» C'est là, ce me semble, une erreur qui tient sans doute à ce que ce 
savant géologue n’a pu se livrer à un examen plus détaillé des lieux. En 
effet, si l'on admettait que les dépôts diluviens sont caractérisés chez 
nous par la présence, en proportion notable, de galets granitiques, la 
conséquence forcée serait que nos plaines du département du Gers au- 
raient échappé aux influences diluviennes, puisque l’on n’y trouve que des 
cailloux secondaires et pas un seul granitique. 

» Au demeurant, j'ai eu occasion d'étudier la position des galets gra- 
nitiques sur les bords de la Garonne et de l'Adour en-decà des Pyrénées’, 
linondation qui les a amenés là me paraît de beaucoup postérieure à notre 
déluge proprement dit; elle s’est trouvé limitée aux vallées qui s'ouvrent 
actuellement au pied des montagnes granitiques, et les courants qui ont 
porté ces galets bien au-dessus du niveau des plus grandes eaux actuelles, 
n'ont cependant pas débordé les hauteurs qui les encaissaient, Nos plaines 
du Gers ont été préservées de cette inondation post-diluvienne par l’inter- 
position du grand plateau de Lanemézan. Voilà qui explique, ce me sem- 
ble , pourquoi nous n’avons point de galets granitiques dans nos vallées 
du Gers, de la Baïse, de la Save, etc., et pourquoi au contraire ils abon- 
dent dans celles de l'Adour, du Gave, de la Garonne et autres qui sont 
dans le même cas. 

» Ainsi, contrairement à l'opinion de M. Dufrénoy, les amas caillou- 
teux distribués sur nos hauteurs et les marnes argileuses qui les accom- 
pagnent entreraient dans la consistance du diluvium sous-pyrénéen. 

C. R. 1838, 19r Semestre, (T. VI, N° 13.) 52 


( 380 ) 

» Maintenant, de ce que la totalité des galets diluviens provient exclu- 
sivement de roches secondaires , s’ensuit-il qu’à l’époque de notre déluge, 
les masses granitiques des Pyrénées centrales ne se montrassent nulle part 
au jour, et qu’elles fussent alors recouvertes d’un vaste manteau de cou- 
ches secondaires, comme pourraient le faire soupçonner les lambeaux de 
terrain de craie que l’on voit encore épars dans les Pyrénées, jusque sur 
la cime des montagnes les plus élevées (le mont Perdu). 

» Je ne pense pas que cela soit absolument vrai, et je peux citer 
(exemple unique, il est vrai), des cailloux granitiques dans un agrégat ter- 
tiaire, à Castelnau de Magnoas (Hautes-Pyrénées). 

» Au reste, c'est au pied de la grande chaîne que se sont déclarées les 
convulsions qui paraissent avoir occasioné ces phénomènes diluviens ; le 
sol secondaire y a été contourné et brisé dans tous les sens par l’évulsion 
des ophites. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que les matériaux 
transportés par les courants se composent uniquement de débris ameu- 
blis des couches soulevées. 

» Quant à l’origine des eaux diluviennes, doit-on avoir recours à l’hy- 
pothèse d’une fonte extraordinaire de neige, proposée également, je 
crois, par M. Élie de Beaumont, pour expliquer le déluge des Alpes? 

» Cette supposition me paraîtrait plus dans la vraisemblance que celle 
de la rupture de grands lacs pyrénéens, dont l'existence fort probléma- 
tique nous serait d’ailleurs attestée par quelques traces de leurs sédi- 
ments analogues aux dépôts lacustres de nos plaines qui remontent à la 
même époque. 

» On pourrait sans doute objecter que la supposition de neiges perpé- 
tuelles sur les Pyrénées tertiaires ne pourrait se concilier avec celle d’une 
température plus élevée que celle des temps actuels; mais, d’un autre 
côté, si l’on veut bien considérer l'étendue et la puissance des terrains 
formés aux dépens de ces montagnes, on est induit à en conclure que 
leur relief a dù être beaucoup plus considérable qu'il ne l’est aujourd’hui, 
et que leur cimes, maintenant dégradées, ont pu, dans ces temps géolo- 
giques , conserver des neiges perpétuelles, voire des glaciers, alors même 
que les plaines adjacentes eussent joui d’une température équatoriale. 

» En résumé, l'aspect général de nos contrées sous-pyrénéennes témoigne 
clairement que leur surface a été profondément modifiée par des cou- 
rants puissants; les Pyrénées paraissent avoir été le point de départ de 
ce cataclysme dont la date, d’après quelque données géognostiques, re- 
monterait à l’époque du soulèvement ophitique. 


( 38r ) 


» Ainsi, il y aurait eu déluge local ou , si l'on veut, partiel, et destruc- 
tion complète des espèces animales qui habitaient cette partie de nos con- 
tinents tertiaires. Quelque désastreuse , du reste, qu’ait pu être cette grande 
inondation, ses effets ne paraissent pas s’être étendus au-delà des pentes 
naturelles que le sol présentait à l'écoulement des eaux vers les bassins des 
mers actuelles. 

» Je terminerai, Messieurs, cette lettre déjà un peu longue, par une ob- 
servation qui n’est pas sans intérêt pour l’agriculture, et je saisirai volon- 
tiers cette occasion de montrer que les études géologiques peuvent avoir 
un côté profitable aux arts utiles. 

» Nous avons vu ci-dessus que, par suite de la tendance des courants 
diluviens à escarper leur rives orientales, les matériaux de transport se 
sont trouvés rejetés en entier sur les pentes des côteaux opposés. Il en 
est résulté une différence frappante dans la distribution actuelle des terres 
végétales au fond de nos vallées. 

» Prenant pour exemple la vallée où coule le Gers, nous remarquons 
que les attérissements de la rive droite sont formés aux dépens des collines 
tertiaires ; aussi l'élément calcaire s’y trouve-t-il en proportion convenable 
et quelquefois exagérée ; c’est le terre-fort de nos laboureurs. Dans lesterres 
situées sur la rive gauche où le diluvium joue un grand rôle, c’est l'argile 
qui domine; ces terres sont connues dans le pays sous le nom de Boul- 
beines. 

» L'argile des Boulbeines me paraît avoir été fournie par la décomposi- 
tion des schistes argileux qui durent accompagner les galets diluviens. Il 
est des localités où les Boulbeines sont tellement argileuses qu’il devient 
indispensable de les marner pour les mettre en culture. 

» Le marnage ,très utile dans le haut Gers, n’a presque plus d'efficacité aux 
environs d’Auch. Nos cultivateurs croient généralement que cela tient de la 
qualité de la marne employée comme amendement. C’est une erreur: nos 
marnes sont d'origine tertiaire ; leur composition est, à peu de chose près, 
la même dans le haut comme dans le bas Gers. La raison de cette diffé- 
rence est donc tout autre, et la voici : le marnage agissant comme Cor- 
rectif de l'excès d'argile, il n’est pas étonnant que son efficacité soit pro- 
gressive en remontant vers les Pyrénées; car (ceci se conçoit aisément) 
nos Boulbeines deviennent plus franches , c'est-à-dire, d'autant plus ar- 
gileuses, qu’elles se rapprochent davantage du point de départ des maté- 
riaux diluviens. Ainsi, les marnes des environs d’Auch, qui ne produisent 
presque pas d’effet sensible sur nos Boulbeines déja mélangées, feraient 

52.. 


(R382,) 
merveille, sept ou huit lieues plus haut, sur les Boulbeines franches de Cas- 
telnau de Magnoas. 

» IL y a, cependant une exception à signaler, à propos de la qualité des 
marnes. Il est reconnu, par les habitants de nos communes frontières du 
haut Gers, où le marnage est pratiqué de longue main et avec intelli- 
gence, que 10 charretées de marne de Gaussan ou de Monléon (Hautes- 
Pyrénées), agissent autant que 100 charretées de marne locale. Aussi, 
y a-t-il des cultivateurs qui aiment mieux faire 2 et 3 lieues pour se pro- 
curer de la marne de Monléon, que d'exploiter celle qui forme le sous- 
sol de leurs boulbeines. 

» Ici vient se placer une considération géologique : les marnières de 
Gaussan et de Monléon, si l’on s’en rapporte aux fossiles qu'elles contien- 
nent, seraient creusées dans une formation secondaire; bien qu’elles 
n'aient point l’apparence plus ‘calcaire que nos marnes tertiaires, leur 
aspect minéralogique est tout autre, et indique qu’elles ont été formées 
dans un milieu différent, probablement au fond des mers qui déposèrent 
nos terrains de craie. Peut-être tiennent-elles leur énergie comparative de 
cette différence d’origine? De là encore la question de savoir si elles 
n'agiraient pas autrement que comme amendement ? 

» Ona, dit-on, découvert des ossements de mammifères dans ces marnes 
secondaires , et le séminaire d’Auch possède une portion de mâchoire d’un 
pachyderme voisin du tapir, qui aurait été trouvé dans la grande marnière 
de Gaussan, pêle-méle avec des échinites et autres corps marins carac- 
téristiques de nos terrains de craie. Je me propose d'y faire moi-même 
exécuter des fouilles, afin de vérifier la réalité de cette annonce; et, si 
l'observation directe vient la confirmer, ce nouveau fait, joint à la dé- 
couverte déjà ancienne de restes de didelphes dans le sol jurassique de 
Sione-Field, ne laissera plus aucun doute sur l'existence des mammi- 
féres antérieurement à la période tertiaire. » 


MICROGRAPHIE. — Observations sur la configuration des zoospermes de la 


Salamandre aquatique (Triton palmipes); Extrait d'une leitre de 
M. Durarnin. 


« Spallanzani avait cru voir les zoospermes de la Salamandre formés 
d'une tête ovale et d’une longue queue garnie de cils vibratiles; mais depuis 
lors tous les micrographes, convaincus de l’imperfection des moyens d’ob- 
servation du célèbre physiologiste italien, avaient cru qu’il avait été dupe 
d'une illusion, jusqu'à ce que M. le professeur Valentin, reprenant cette 


( 383 ) 


idée, crut devoir attribuer à la queue des zoospermes de Salamandres 
une double rangée de cils vibratiles, de même qu'il en attribue aussi aux 
Navicules et aux Bacillaires. Les autres observateurs les représentèrent 
comme des filaments très longs, plus: ou moins renflés en avant et amincis 
en arrière. 

» Or, voici quelle est réellement la forme de ces zoospermes : en avant, 
se trouve une partie nue plus ou moins courbée en arc, longue de 
3 millimètre, épaisse de ;7, mill. et moitié plus mince à l’extrémité ; en 
arrière, cette partie s'articule avec un filament principal quatre fois plus 
long, et s’amincissant à partir du point d'attache où ila = mill., jusqu’à 
la pointe où il a moins de -? mill.; mais ce qu’il y a de remarquable, c’est 
l'existence d’un filament accessoire partant du point de jonction et formant 
autour du filament principal une hélice lâche dont le diamètre est de mil. ; 
de sorte que sa longueur, s’il était développé, serait presque d’un millimètre. 
Son épaisseur au grossissement de 325 diamètres, m'a paru égale à celle d’un 
brin de laine de + mill. vu à l'œil nu, ce qui permet de l’évaluer à 
900 mill. 

» Pendant que le filament principal ou la queue du z00sperme se courbe 
lentement de différentes manières, et se meut d’un mouvement ondulatoire, 
le filament accessoire s’agite avec une grande vitesse par des ondulations 
qui se propagent de la base vers la pointe; de sorte qu'avec un micros- 
cope médiocre on croit voir une rangée de cils de chaque côté, et présu- 
mablement c’est ainsi qu'a vu M. Valentin. 

» Mais avec un éclairage convenable, et surtout quand au bout de quel- 
ques heures le mouvement se ralentit ou même cesse tout-à-fait, on ne 


peut conserver le moindre doute sur la structure que j'annonce. » 


ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur la quantité d'azote contenue dans les 
Jourrages, et sur leurs équivalents ; par M. BoussiNGAuULT. 


Dans ce Mémoire, l’auteur donne, entre autres choses, les résultats des 
analyses qu'il a faites cette année de plusieurs substances qu’il avait exa- 
minées déjà l'an passé. Il a jugé ce soin nécessaire, attendu que les pro- 
portions d'azote dans {es mêmes matières alimentaires peuvent varier 
sensiblement suivant les circonstances climatériques. La variation paraît 
d'ailleurs avoir lieu à peu près de la même manière pour les différents 
produits d’une même année. Quant aux résultats obtenus dans des années 
différentes , si l'on veut les rendre comparables, il faut, avant tout, tenir 


(384) 
compte de la quantité d’eau contenue dans les fourrages; car cette quan- 
tité varie notablement suivant que la saison a été plus ou moins humide. 

M. Boussingault s’est aussi occupé de rechercher à quoi pouvaient te- 
nir des différences assez notables qu'il avait trouvées dans un assez petit 
nombre de cas, il est vrai, entre les équivalents théoriques, c’est-à-dire 
obtenus par le dosage de l'azote, et les équivalents théoriques auxquels il 
les avait comparés. Il a reconnu que pour ces derniers, les agronomes 
sont quelquefois si loin d’être d’accord, qu’entre deux résultats obtenus 
l'un et l'autre par voie d'expérience, il y a quelquefois beaucoup plus de 
distance que de l’un des deux au résultat calculé. Un des exemples qu'il 
cite à ce sujet est relatif au froment dont il avait trouvé que l'équivalent 
théorique devait être représenté par 49, nombre très différent de celui 
de 27 adopté par Block, auquel il l’avait d’abord comparé ; depuis il a 
reconnu que divers praticiens ont donné des nombres qui cadrent beau- 
coup mieux avec celui qui se déduit du dosage de l'azote. Ainsi Pabst 
donne pour l'équivalent de ces grains 40, Krantz 44, Meyer 46, et Petri, 
enfin, 52. 

Le riz, qui est considéré assez généralement comme plus nutritif que 
le froment, a offert à M. Boussingault un résultat tout opposé ; ainsi l’é- 
quivalent du froment étant représenté par 100, on trouve pour le riz 177; 
tandis que l’équivalent des poids est 67, celui des lentilles 57, et celui des 
haricots 56. 

Les pommes de terre que l’on conserve l'hiver dans le sable, et qu’on a 
préservées de la gelée au moyen d’une couche de fumier, perdent malgré 
ces précautions beaucoup de leurs propriétés nutritives. Du moins 
M. Boussingault y a reconnu beaucoup moins d'azote qu'à la fin de 
l'automne, et ce résultat est d'accord avec celui auquel Block est arrivé 
par un autre chemin. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Résumé des observations de physique faites à 
bord de l'Astrolabe, depuis le départ de Toulon jusqu'au 25 octobre 
1837; par M. DumouLin. 


(Adressé par M. le Ministre de la Marine. On ne pense pas avoir le droit 
de publier aujourd’hui les résultats de ces observations.) 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Courants marins. 


M. Rivaille Duhezeaux , maire de Saint-Martin (ile de Rhé), écrit que le 
2 mars On a trouvé, sur la côte sud de cette ile, une bouteille qui avait été 


(385) 


jetée à la mer dans le but de faire une expérience sur la direction et la vitesse 
des courants. Un billet, enfermé dans cette bouteille, apprenait qu’elle 
avait été jetée le 23 août 1837, du navire le Wellington, se rendant de 
Londres à Madras; le navire était alors par les 45° 10’ lat. N. et 12° 58’ long. O. 
de Greenwich. 

Comme la bouteille fut trouvée engagée dans des varechs au milieu des- 
quels elle pouvait avoir séjourné quelque temps, la date de son attérisse- 
ment reste incertaine. Cependant M. Rivaille est porté à croire qu’elle a dû 
être apportée par les fortes marées de la fin de février. 


M. Couxrer appelle l'attention de l'Académie sur un passage du voyage 


de M. Ker Porter en Perse, qui lui paraît être relatif à un cas de mirage 
nocturne. 


M. Marrer, remarquant que beaucoup des individus qui se noient dans 
la partie de la Seine qui traverse Paris, restent accrochés aux pointes 
dont est hérissée la surface inférieure des bateaux stationnés le long des 
rives, croit qu'on rendrait ces accidents beaucoup moins communs si, en 
tête du bateau le plus en amont de chaque file, on plaçait un filet à 
larges mailles, qui descendrait de la surface de l’eau jusqu’au fond. 


M. Romisow, dans une lettre adressée à M. Arago , annonce que le doc- 
teur TraïLz va lire à la Société royale d'Édimbourg, une note sur une encre 
qui, suivant lui, résiste au lavage et à l’action des réactifs chimiques. 


M: pe Paravey écrit, à l’occasion de deux chiens qui ontété rapportés de 
la Chine, et que possède en ce moment le Muséum : « Ces chiens, dit-il, 
se distinguent principalement de ceux de toutes les autres races domes- 
tiques, en ce qu'ils ont la queue droite tombante. Or, comme dans l’écri- 
ture chinoise la forme la plus antique de la clé chien figure un animal dont 
la queue est recourbée, il en faut conclure que cette écriture a été inven- 
tée non en Chine, mais dans un pays où les chiens ont, comme dans le 
nôtre, la queue recourbée vers le haut et tournante. C’est donc, dit l’au- 
teur, un nouvel argument à ajouter à ceux que j'ai déjà présentés pour 
prouver que les arts qu’on trouve en Chine n’y sont pas nés, mais y ont 
été apportés par des colonies persanes, assyriennes, phéniciennes. » 

L'auteur trouve une autre preuve de cette opinion dans la forme antique 
de la clé spéciale des monnaies, forme dans laquelle il croit reconnaitre 
celle des cauries, coquillages qui servent, comme on le sait, de moyen 


(386 ) 


d'échange parmi certains peuples d'Afrique et d'Asie, et qui ne se trou- 
vent pas sur les côtes de Chine. Ce n’est dont point en Chine, dit-il, 
qu'on a pu s'aviser de prendre la figure de ce coquillage pour le signe 
de la monnaie. 


M. Maruex présente sous le nom de nageoires à cintres mobiles, un ap- 
pareil dont il propose d’armer les mains des nageurs, dans le but de ren- 
dre leur progression dans l’eau plus rapide et moins fatigante. 

Pr06 P 


M. pe PamBour adresse un paquet cacheté portant pour suscription : 
Calcul des machines à vapeur. 
L'Académie en accepte Le dépôt. 


À quatre heures trois quarts , l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. À. 


(‘387 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, n° 12, 1" semestre 1838, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et ARAGo ; 
novembre 1837, in-8°. 

Considérations sur l'histoire et l'état présent de la Zoologie ; par M. Isi- 
vore Georrroy SainT-Hizaixe (Extrait de l'Encyclopédie Fe x1x° siècle) ; 
in-8°. 

Essai de Psychologie physiologique, ou explication des relations de l'âme 
avec le corps; par M. C. Cnanoet; Paris, 1858, in-8°. (M. acte est 
prié d’en rendre un compte verbal.) 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle , sous la direction de 
M. Gauzmer De Crausry ; tome 5, février 1838, n° 2. 

Précis analytique des travaux de l'Académie royale des Sciences , 
Belles-Lettres et Arts de Rouen pendant l'année 1837 ; Rouen, 1837, in-8°. 

Revue critique des Livres nouveaux, rédigée par M. Joër CxeRBuLIEZ ; 
6° année, n° 3, in-8°. 

Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; tome 22, 125* li- 
yraison , in-8°. 

Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département 
de la Charente ; tome 19, n° 6, novembre et décembre 1837, in-8?. 

Rapport fait à la Société royale et centrale d'Agriculture , par M. Bo- 
narous, sur un ouvrage de M. Bassr, intitulé : De la Muscardine, de ses 
principes, de sa marche ; moyens de la reconnaître , de la prévenir et de 
la détruire ; in-&. 

Cactearum aliquot novarum ac insuetarum in horto monvilliano cul- 
tarum accurata descriptio. Fasciculus primus; M. Lemarre; Paris, in-4°. 

- Nova acta physico-medica Academiæ Cesæsaræ Leopoldino-Carolinæ 
naturæ Curiosorum ; tome 18, partie 1°; Bonn, in-4°. 

First report. ... Premier Rapport sur la Géologie de l’état du Maine; 
par M. C. jackson, Augusta, 1837, in-8°, avec atlas in-4°. 

Coast Survey.... Lettre du Ministre des Finances, transmettant une 


copie du rapport du professeur Hasszer, sur la reconnaissance (Survey) 


C, R. 1838, 1°r Semestre, (T. VI, N° 13.) 53 


( 388 ) 
des côtes des États-Unis, et sur l'état actuel du travail relatif à la fabri- 
cation d'étalons pour les poids et mesures ; in-8e. 

Ueber den... Sur le Lamantin de l'Orénoque; par M. »e Humsozor (tra- 
duit de son Journal de voyage écrit en français), in-8°, avec planches. 

Reïse nach.... Voyage à l'Oural, à V Altaï et à la mer Caspienne , fait 
par ordre de S. M. l'Empereur de Russie; par MM. ve Huwsozvr, Enren- 
BERG et Rose, partie minéralogique et géognostique ; rédigée par M. Rose, 
tome 1°", in-8°, avec une carte de l'Oural sur toile, 

Bericht ueber, ... Analyse des Mémoires lus à [ Académie des Sciences 
de Berlin et destinés à la publication pendant le mois de janvier 1838, 
in-8. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 12, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°° 34—56, in-42. 

Echo du Monde savant ; 5t année, n° 319, in-4°. 

La Phrénologie, tome x, n° 35, in-4. 

L’'Expérience, Journal de Médecine ; tome 1, n°” 28e 294 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 2 AVRIL 41838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE APPEIQUÉE. — Vote sur un passage du Compte rendu de la 
dernière séance ; par M. Bior. 


« Dans le Mémoire de M. de Pambour, inséré au Compte rendu de la 
dernière séance, on lit ce qui suit : 


» La véritable loi mathématique qui lie les pressions aux températures 
dans les vapeurs saturées, n’est pas connue. » (Ici l’auteur entend par va- 
peurs saturées le maximum de vapeur qui peut subsister à chaque tempé- 
rature dans un espace limité.) Plus loin il ajoute que, selon les tempéra- 
tures, il faut calculer la tension par des formules empiriques diverses que 
l’on fait succéder l’une à l’autre; par exemple, de o à 1 atmosphere, celle 
de Southern; de 1 à 4 atmosphères, celle de Tredgold ; de 4 à o atmos- 
pheres, celle de MM. Dulong et Arago. 

». Comme l'autorité de ce savant ingénieur paraïîtrait naturellement dé- 
cisive aux physiciens et aux praliciens, je crois utile de rappeler qu’une 
formule générale des tensions de la vapeur, telle qu'il la désire, a été de- 
puis long-temps communiquée à l'Académie , et se trouve imprimée dans 

CR. 1838, 1r Semestre, (T. VI, N° 44.) 54 


( 390 ) 
les additions à la Connaissance des tems de 1839, page 19. J'en rapporte 
ici les éléments numériques. 

» Soit f; la tension maximum que la vapeur aqueuse peut soutenir à 
la température centésimale £, comptée sur le thermomètre d'air. Faites 
X—= 20° H{, Vous aurez 

log (f) = a — af — ae ; 
a, 4,, 4, %;,, &,, sont cinq constantes positives dont voici les valeurs 
toutes préparées pour le calcul, 


a = 5,96131 33025 9, loga, — 1,82340 688193, log a, — 0,74110 95183 7, 
log #, —— 0,01309 734295, loge; —— 0,00212 51058 3 ; 


,se trouve ainsi donnée en millimètres de mercure à o°. 

» Cette expression a été comparée numériquement à toutes les expé- 
riences de MM. Dulong et Arago; à celles de M. Taylor, qui les précèdent 
plus près de 100°; et, depuis 100° jusqu'à — 20°, à une nombreuse série 
d'observations inédites que M. Gay-Lussac m'a communiquées. Dans toute 
cette étendue elle reproduit les résultats observés avec des écarts acci- 
dentels très petits, tels qu’ils en comportent eux-mêmes. Cependant ses 
coefficients numériques n’ont exigé pour leur détermination que quatre 
tensions observées, deux au-dessus de 100°, deux au-dessous. 

» Une discussion minutieuse des résultats ainsi obtenus, semblerait in- 
diquer que, vers 0°, la tendance de l’eau à la solidification introduirait une 
modification aceidentelle, très petite à la vérité, mais pourtant sensible 
sur la tension de sa vapeur. Mais les observations employées, toutes 
excellentes qu’elles sont, n’ont peut-être pas encore l'extrême rigueur qui 
serait nécessaire pour établir un phénomène aussi délicat. Je n’en parle 
ici qu'à cause de l'influence qu’il pourrait exercer sur les résultats baro- 
métriques et sur les réfractions, dans les contrées polaires. » 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la vraie constitution de l'atmosphère ter- 
restre déduite de l'expérience, avec ses applications à la mesure des 
hauteurs par les observations barométriques , et au calcul des réfractions ; 
par M. Bror. 


« Depuis que la physique mathématique est devenue une science, c’est- 
à-dire depuis Newton, les problèmes que je viens d’énoncer ont excité les 
recherches des plus grands géomètres. Mais, en étudiant l’histoire de leurs 
tentatives, on voit que, pendant long-temps, le manque de données expé- 


C397°) 

rimentales les a rendues nécessairement indirectes; et, ce qui est plus 
digne de remarque, même après que ces données ont été recueillies, l’im- 
pulsion donnée aux esprits par les premiers travaux les a encore main- 
tenus sur cette direction. Lorsque Newton entreprit de calculer théori- 
quement les réfractions produites par l'atmosphère, il donna à celle-ci 
une constitution qui suppose implicitement la température constante à 
toutes les hauteurs ; et, comme les réfractions ainsi obtenues s’écartaient 
assez peu des observations imparfaites qu’on faisait alors, ce mode de 
coustitution fut pendant long-temps le seul employé par les géomètres, 
qui tâchaient seulement d’en approprier les constantes aux valeurs des 
réfractions déterminées astronomiquement. Enfin, un d’entre eux, qui 
réunissait au plus haut degré la juste appréciation des données physiques, 
avec l'art de les introduire dans le calcul, M. Laplace, fit un pas décisif 
vers une concordance plus précise, et surtout plus certaine. Ayant reconnu 
que la supposition d’une température constante, et celle d’une tempéra- 
ture décroissant arithmétiquement avec la hauteur, donnaient sur la ré- 
fraction horizontale des erreurs peu différentes mais de sens opposé, il 
attribua à l’atmosphère une constitution empirique mélée de ces deux-là, 
et tellement exprimée, qu’en l’introduisant dans l'élément différentiel de 
la réfraction, celui-ci püt être intégré approximativement. Alors, en pliant 
les constantes de cette loi aux données observables, il obtint les excel- 
lentes tables de réfractions que nous employons aujourd’hui en France. 
Plus tard, M. Ivory réalisa la même idée par une expression analytique 
beaucoup plus simple, dont il plia les constantes aux observations d’une 
manière encore plus explicite; et il en déduisit des tables que l’on put 
supposer encore supérieures à celles du géomètre français. Toutefois 
cette nouvelle loi ne pouvait, pas plus que la précédente, être admise 
comme une réalité physique, puisque l'accord de ses conséquences avec 
les réfractions observables ne fournit qu’une induction indirecte, qu'on 
obtiendrait par beaucoup d’autres expressions avec des limites d'erreurs 
également tolérables. Et enfin j'ai montré que cette induction cesse 
même totalement d'exister pour les régions supérieures de l'atmosphère, 
parce que les réfractions observables ici-bas sont sensiblement indépen- 
dantes du mode de superposition qu’on peut leur attribuer. La vraie 
constitution de l'atmosphère terrestre doit donc encore, après ces recher- 
ches, être considérée comme inconnue, ou tout au moins comme non dé- 
montrée. Et pourtant l'on verra dans un moment que les données néces- 
saires pour la définir étaient sous nos yeux. 


54. 


(392 ) 

» La mesure des hauteurs par les observations barométriques semble 
offrir une autre voie, indirecte encore, mais moins détournée, pour ré- 
soudre ce problème, puisque ce sont les colonnes aériennes elles-mêmes 
que l’on pèse immédiatement dans ces observations. Cependant, malgré 
beaucoup d'efforts on s’est peut-être moins approché ainsi du but qu'il 
fallait atteindre. Depuis la première idée de cette application, conçue par 
Pascal en 1648, après la célèbre expérience du Puy-de-Dôme, on voit, 
pendant plus d’un siècle, les physiciens, les astronomes et les mathéma- 
ticiens les plus habiles, s’efforcer de la réaliser. Mais, quoique les calculs 
de Halley et de Newton, fondés sur les lois de la compressibilité de l'air, 
découvertes par Boyle et Mariotte, n’eussent pas tardé à établir que la 
différence des hauteurs doit être proportionnelle à la différence des loga- 
rithmes des colonnes barométriques, cette règle, qui est sensiblement vraie 
pourune atmosphère de température constante et de composition uniforme, 
se trouvait sans cesse inexacte quand on l’appliquait à l'atmosphère véritable, 
où ces deux éléments varient, non-seulement avec la hauteur, mais encore 
selon les lieux et les saisons. Comme on ne connaissait pas alors les lois 
de dilatabilité des gaz, ni les conditions de leur mélange avec la vapeur 
aqueuse, ni le rapport de densité de cette vapeur à l'air sec, il était im- 
possible de déméler, ou même de soupçonner, les influences de tant de 
causes diverses, encore plus d’en calculer l'effet résultant et total sur le 
poids des colonnes aériennes. Un physicien patient , soigneux , laborieux, 
Deluc , entreprit d’atteindre ce but par pur empirisme, en discutant un 
grand nombre d'observations barométriques exactes, faites dans tous les 
états possibles de température et d'humidité de l'air, entre des points dont 
la différence de niveau était mesurée trigonométriquement. Et, par cette 
voie pénible, suivie avec autant de patience que de sagacité pendant cinq 
ans, il obtint vers 1760 , la règle long-temps célèbre qui a justement recu 
son nom. Enfin, l'impulsion active autant qu'éclairée, imprimée par 
M. Laplace aux progrès de la physique exacte, ayant amené la détermi- 
nation de toutes les données expérimentales nécessaires au calcul de l'é- 
quilibre des masses gazeuses, l’utilité de la méthode barométrique attira 
l'attention de cet hommeillustre ; et il ne jugea pas au-dessous de lui de la 
soustraire à l’empirisme presque complet où il avait fallu la borner jusque 
alors. Ce fut l’objet d’un chapitre de la Mécanique céleste. M. Laplace 
montra la marche exacte qu’il faut suivre pour établir théoriquement le 
rapport de longueurs des colonnes d’air et de mercure qui se font mutuel- 
lement équilibre dans une atmosphère de constitution donnée. Mais, 


( 395 ) 

comme l'expression analytique par laquelle il avait représenté cette cons- 
titution , était trop complexe pour qu’il lappliquât aisément à ce problème, 
il y suppléa, par une forme approximative, dans laquelle il faisait inter- 
venir, avec beaucoup d’adresse, les divers éléments physiques qui'influent 
accidentellement sur le poids total de la colonne d’air. Les physiciens 
s’empressèrent de fixer avec précision le coefficient numérique de la for- 
mule ainsi démontrée; ce qu'ils firent, soit en l’appliquant soigneusement 
à la mesure de hauteurs connues, soit en déterminant, par des expériences 
directes , les poids relatifs de l’air et du mercure. Les nombres donnés 
par ces deux méthodes s’étant trouvés en parfait accord, la formule baro- 
métrique de M. Laplace fut désormais la seule employée par les physiciens 
et les voyageurs , qui ont unanimement proclamé ses bons résultats. 

» Toutefois, on ne peut méconnaître qu’elle est encore établie, en par- 
tie, par son illustre auteur, sur un empirisme habile, plutôt que sur une 
théorie tout-à-fait rigoureuse. Cela ne se voit nulle part mieux que dans 
l'exposition si nette que M. Poisson en a donnée dans sa Mécanique. En 
effet, après avoir formé généralement l’équation différentielle de l’équi- 
libre pour une couche quelconque de la colonne d’air, on rend cette 
équation intégrable en supposant la température constante, ce qui con- 
duit à un décroissement des densités en progression géométrique. Mais 
ensuite on prend cette constante égale à la demi-somme des températures 
extrêmes de la colonne mesurée, ce qui suppose implicitement les tem- 
pératures décroissantes en progression arithmétique avec la hauteur, d’où 
résulterait un décroissement pareillement arithmétique, et non géomé- 
trique, des densités. On fait donc réellement, par-là, une sorte de mélange 
empirique des deux progressions , mélange en effet indiqué par les tables de 
réfraction qui satisfont le mieux aux observations astronomiques, mais qu'il 
faudrait au moins d’employer tel qu’il est admis dans ces tables. Ensuite, 
l'intégration de l’équation d’équilibre se fait réellement comme pour une at- 
mosphère exempte de vapeur aqueuse; et l’affaiblissement relatif de poids 
que l’existence possible de cette vapeur produit dans la colonne d'air, se 
corrige approximativement, mais sans évaluation précise, en augmentant 
un peu le coefficient de la dilatation propre aux substances aériformes. Il 
serait sans doute préférable que l'effet de cet élément fût exactement in- 
troduit dans le calcul avec toute l'éventualité de ses variations. 

» Un inconvénient grave de l'expression empirique ainsi formée, c’est 
de n'offrir én elle-même aucun indice par lequel on puisse apprécier, 
dans chaque cas, l'erreur ou la justesse de son application actuelle. De 


( 394) 
sorte qu’on ne peut compter sur elle que par induction, en vertu de l’ac- 
cord qu'on a trouvé entre ses résultats et le nivellement trigonométrique , 
lorsqu'on a pu ainsi l’éprouver. 

» Je me propose de montrer, dans ce qui va suivre, que la vraie consti- 
tution de l'atmosphère peut se déterminer par un mode d'expérience di- 
rect, dont il existe déja des exemples que j'emploierai à cet usage. Je 
ferai voir ensuite que, cette constitution étant ainsi établie, comme elle 
peut l'être par des expériences de ce genre suffisamment réitérées, on en 
déduit rigoureusement les données réelles, nécessaires au calcul des ré- 
fractions, ainsi que la formule barométrique exacte, avec tous les élé- 
ments variables qui entrent dans sa composition. 

» Pour justifier la première et la principale de ces assertions , il faut se 
rappeler d’abord que, dans l’état d'équilibre de l'atmosphère, seul cas que 
l'on puisse soumettre complétement au calcul, les éléments constitutifs des 
couches aériennes, qui sont la pression; la densité, la température, se trou- 
vent déjà liés mathématiquement entre eux et avec la hauteur, par deux 
équations, dont l’une exprime la condition d'équilibre, l’autre la condition 
de dilatabilité. De sorte qu’en supposant celle-ci donnée conformément à la 
nature physique du milieu atmosphérique, il suffit de trouver expérimen- 
talement, ou par théorie, une troisième relation générale entre les élé- 
ments des couches, pour avoir l’expression nécessaire et complète de cha- 
cun d’eux en fonction de la hauteur, sauf les difficultés que peuvent 
présenter les intégrations. M. Poisson a donné un exemple fictif de cette 
formation théorique d’une troisième équation dans le supplément à son 
ouvrage sur la chaleur. Mais on peut arriver au même but expérimentale- 
ment, par les ascensions aérostatiques faites à de grandes hauteurs, lorsque 
l’aéronaute a observé simultanément le baromètre, le thermomètre et 
l’hygromètre, dans un grand nombre des couches qu'il a successivement 
traversées, et dont il n’est nullement besoin de connaître l'élévation. 
Car, de ces données, on déduit pour chaque couche la densité et la pres- 
sion actuelles. Or, en supposant les stations assez nombreuses pour qu’on 
puisse construire le lieu géométrique simultané de ces deux éléments, 
si sa nature est telle qu'on puisse la reconnaître , ou seulement la re- 
présenter par une expression analytique équivalente aux observations , 
la constitution réelle du milieu se trouvera ainsi complétement dé- 
finie en fonction de la hauteur pour toute l'épaisseur traversée. Alors, 
d’après les caractères plus ou moins évidents de simplicité, de continuité, 
qui se trouveront empreints dans la nouvelle relation obtenue expérimen- 


( 395 ) 

talement, on pourra estimer jusqu’à quel point le principe de la diffusion 
des gaz rend sa prolongation ultérieure vraisemblable; et, dans tous les 
cas, on en tirera des limites d'évaluation pour l’état des couches supé- 
rieures. J'ai appliqué ce mode de discussion aux vingt-une stations où 
M. Gay-Lussac a observé à la fois le baromètre, le thermomètre et lhy- 
gromètre, dans son mémorable voyage aérostatique. Je regrette vivement 
de n'avoir pas pu ÿ joindre les observations analogues que nous avons 
faites ensemble dans une précédente ascension. Elles auraient été ici d’au- 
tant plus utiles que plusieurs d’entre elles s’appliquaient à des hauteurs 
moindres que celles où M. Gay-Lussac a commencé à observer. Malheu- 
reusement nous n'avons publié que nos hauteurs, calculées par la formule 
barométrique de M. Laplace, et je n'ai pas pu retrouver les documents origi- 
naux. Il faudra donc remplacer ces données, et sans doute aussi en com- 
pléter l’ensemble, par de nouvelles ascensions réitérées dans des circons- 
tances diverses, desaisons, de climats. Mais déjà les vingt-une observations 
de M. Gay-Lussac établissent des conditions générales, en partie conformes 
à ce que l’on soupçonnaït, en partie différentes ; et surtout elles confir- 
ment matériellement le résultat mécanique énoncé par M. Poisson sur l’état 
de l'air à la limite de l'atmosphère : savoir que, pour l'équilibre, cet air 
doit conserver alors une certaine densité jointe à une privation totale de 
ressort, dont la réanion maintienne la pression qu’il exerce et qui retient 
les couches inférieures, en même temps qu’elle empêche sa propre ex- 
pansion. Seulement, d’après certaines conditions physiques auxquelles cette 
densité finale doit satisfaire, je prouverai que sa valeur réelle est extréme- 
ment petite, et ne peut pas excéder 5 de la densité moyenne de l'air 
au niveau des mers. \ 

» (Ici M. Biot expose avec détail toutes les réductions numériques qu'il 
faut faire aux indications immédiates des instruments employés par M. Gay- 
Lussac, pour en tirer les valeurs exactes et comparables des pressions et 
des densités de l'air rapportées chacune à l’unité de leur espèce, qui sont 
la pression et la densité au point de départ. Puis il ajoute :) 

» Si lon construit avec ces valeurs le lieu géométrique des densités en 
prenant les pressions pour abscisses, on trouve qu’il forme une ligne con- 
cave vers l'axe des pressions ; mais avec cette circonstance remarquable 
que sa courbure, toujours extrémement faible, n’est sensible que dans les 
cinq stations les plus basses ; de sorte qu’à partir de ce terme les résultats 
des seize autres stations peuvent se construire exactement par une ligne 
droite. Le calcul confirme la précision de cette indication graphique ; car 


( 396 ) 

si, du point relatif à la plus haute station, on conçoit des cordes menées 
aux quinze points précédents, les inclinaisons calculées de ces cordes sur 
l'axe des pressions ne s’écartent que de quelques minutes autour de leur 
moyenne. La corde menée ainsi à la première station même, ne fait avec cette 
droite générale qu’un angle de 1° 25' ro"; ce qui montre combien la ligne 
entière est peu courbe dans cette première partie de son cours, qui s'élève 
pourtant depuis la surface de la terre jusqu’à la hauteur où la densité de 
l'air est réduite à la moitié de sa valeur à la surface du sol. 

» Ici les observations immédiates s'arrêtent : pour suivre plus loin læ 
courbe, il faut employer d’autres considérations. On peut d’abord pro- 
longer la droite des seize dernières observations qui en est au moins une 
tangenté. On trouve alors que, lorsque la pression devient nulle pour cette 
droite , elle laisse subsister une densité limite égale à 9 + centièmes de la 
densité à la surface du sol. Rien ne prouverait à priori qu’une telle hmite 
de densité fût impossible ; mais, en calculant la hauteur que ce lieu rectiligne 
supposé donnerait à l’atmosphère, on trouve qu'elle n’atteindrait pas 
23000", tandis qu'on sait qu’elle s'étend beaucoup plus loin. La droite 
dont il s’agit n'offre donc qu’une limite qui s'étend au-dessus du lieu véri- 
table des pressions et des densités. Or, on a une seconde limite de sens 
contraire, en menant une droite du dernier point observé à l’origine 
même des densités et des pressions; car la pression devenant nulle à 
la fin de l’atmosphere, la densité ne peut pas être alors négative. Alors on 
trouve que cette seconde droite ne forme qu’un angle de 6° 10’ ro", avec celle 
qui unit les seize dernières stations. Puisqu’elles comprennent entre elles 
deux tout le reste du lieu cherché, depuis la plus haute station jusqu'au 
terme de l'atmosphère, on voit que ce reste lui-même est nécessairement tres 
peu courbe comme l'était sa première partie relative aux couches plus 
basses; de sorte que dans toute cette étendue les approximations parabo- 
liques peuvent s’y appliquer. 

» Prenant donc une parabole quelconque du second degré, je l'assu- 
jétis à passer par le point de la droite des seize dernieres stations , où la 
densité est 0,5, et à toucher cette droite en ce même point. Puis, pour 
troisième condition, je demande que cette parabole, continuée jusqu’au 
terme où la pression est nulle, donne à l'atmosphère une hauteur totale, 
qui atteigne au moins 60000 mètres. Or, je trouve que toute densité 
finale qui excéderait 0,0001, donnerait cette hauteur plus faible : donc, 
puisque l'atmosphère s'étend au moins à 60000 mètres, la densité de l'air à 


sa limite extrême, ne peut pas surpasser 355 de sa densité à la surface 
du sol. 


( 397 ) 


» Ce résultat établi, je reviens à la première partie de la courbe, 
donnée immédiatement par les observations. Je détermine la parabole 
qui, liant les observations inférieures, se rejoint à la droite des seize 
dernières stations; d’où résulte un lieu mixte qui donne la représentation 
la plus précise de leur ensemble, et fournit par conséquent le moyen le 
plus exact de déterminer les hauteurs des couches qui y correspondent. 
Ces préparations faites, je passe aux applications des lois et des résultats 
ainsi obtenus. 

» J'examine d’abord les conséquences qui s’en déduisent sur le décrois- 
sement des températures dans l’atmosphère. Le lieu des densités et des 
pressions étant connu, détermine en effet ce décroissement pour toute 
la partie de l'atmosphère où l’air conserve certainement la compressibi- 
lité et la dilatabilité uniformes que nous lui trouvons ici-bas. Arrivant 
ainsi à la ligne droite qui unit les seize dernières observations de M. Gay- 
Lussac, je prouve qu’une telle droite, lorsqu'elle a lieu comme celle-là 
dans un air sensiblement sec, fait décroiître la température à mesure que 
la hauteur augmente, réciproquement à la densité de l'air; de sorte que 
ce décroissement s'accélère suivant ce rapport, d'autant plus que les cou- 
ches aériennes sont plus élevées. Il en a done été ainsi dans les seize 
dernières stations de M. Gay-Lussac , abstraction faite des écarts acciden- 
tels que les observations de température ont pu y présenter. 

» Or ceci conduit à une conséquence très importante pour l'état des 
températures dans les hautes régions de l'atmosphère. La droite qui unit 
les seize plus hautes stations de M. Gay-Lussac, ne finit sans doute pas 
précisément à la dernière; et l'on doit penser qu’elle continue encore 
d'exister, au moins jusqu’à quelque distance, au-dessus de cette station. 
Mais, d’une autre part, nous avons prouvé qu’elle ne peut pas se continuer 
ainsi jusqu’à la limite de atmosphère, parce que celle-ci se trouverait par- 
là beaucoup plus basse qu’elle ne l’est en réalité. Il faut donc nécessaire- 


, à Se 
ment, qu'à une certaine hauteur au-dessus de la couche où = 0,5, les 


Ê 
densités commencent à décroitre pour les mêmes pressions, plus rapide- 
ment qu’elles ne feraient sur la droite continuée; et cette nécessité nous 
donne l'alternative suivante. 

» Si les lois de compressibilité et de dilatabilité qui conviennent ici-bas à 
l'air atmosphérique sec subsistent encore à ces grandes hauteurs, 6ù cet air 
est en même temps très froid et très rare, il faut que quelque cause physique 
intervienne au-dessus de la couche où la densité est 0,5 pour y ralentir 

C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 14.) 55 


( 398 ) 
l’abaissement progressif des températures que les couches inférieures ma- 
nifestaient. Et l’on ne peut s'empêcher de songer qu’un tel effet pourrait 
être produit par l'affluence de l'air chaud qui, soulevé à l'équateur par la 
chaleur solaire, doit se déverser continuellement vers les pôles, et se mé- 
ler aux couches supérieures de l'atmosphère de nos climats. 

» Si, au contraire, on suppose que les lois de compressibilité et de di- 
latabilité se modifient peu à peu dans les grandes hauteurs, ceci nous 
montre dans quel sens doivent s’opérer ces modifications. Car, puisque 
les densités doivent alors s'affaiblir pour les mêmes pressions, plus qu’elles 
ne le font dans les couches moyennes où la densité approche de 0,5, il 
faudra en conclure que l'air atmosphérique sec, devenu en même temps 
très froid et très rare, se contracte moins par un refroidissement ultérieur 
qu'il ne le fait lorsqu'il est plus dense; conséquence qui, en effet, ne ré- 
pugne nullement avec la physique des gaz. 

» Cette alternative importante pour la connaissance de la constitution de 
notre atmosphère à de grandes hauteurs, pourra se décider par deux genres 
d'épreuves. D'abord, en mesurant expérimentalement la compressibilité et 
la dilatabilité de l’air très raréfié et très refroidi; puis, en renouvelant labelle 
ascension de M. Gay-Lussac dans d'autre climats que le nôtre, et dans 
d’autres saisons que celles où il s'est élevé. On verra tout à l'heure combien 
ces deux sortes d'expériences deviennent maintenant pressées, et j'ose 
dire indispensables pour compléter la théorie des réfractions. » 

( M. Biot termine son Mémoire en indiquant les applications physiques 
des résultats qu'il a obtenus. ) 

» Application à la mesure des hauteurs par le baromètre. — Pour que 
les observations barométriques aient toute l'utilité qu’on en peut attendre, 
il faut qu’elles puissent donner non-seulement la hauteur de la station où 
on les à faites, mais encore le décroissement véritable de la densité de 
l'air à diverses élévations et près de la surface terrestre; décroissement 
qui est nécessaire pour calculer les réfractions près de l'horizon. 

» Elles ne peuvent rendre ce service que si elles sont accompagnées des 
observations hygrométriques qui sont indispensables pour calculer exac- 
tement les densités. Je supposerai donc qu'il en est ainsi. 

» Alors, si l’on a un nombre d'observations pareilles du baromètre, du 
thermomètre, de l'hygromètre, faites simultanément dans une même co- 
lonne d'air, ou qui puissent être ramenées à cette condition de simulta- 
néité, comme je le dirai tout à l'heure, on calculera les paraboles succes- 
sives qui les unissent, comme je l'ai fait dans mon Mémoire; et l'on aura, 


( 309 ) 
par ces paraboles, non-seulemént les hauteurs exactes des stations, mais 
encore le décroissement des densités dans toutes les couches qu’elles em- 
brassent. 

» Si l’on n'avait ainsi qu’une seule station d'observations supérieures, 
outre celles qui sont nécessairement faites au point de départ, on ne 
pourrait plus calculer le décroissement des densités avec certitude. Mais 
on pourrait encore obtenir très approximativement la hauteur rela- 
tive de la station, en la plaçant dans une parabole qui, partant de la sta- 
tion inférieure, se terminerait à la limite de l’atmosphère avec une densité 
finale égale à o,o001 de la densité initiale , près de la surface du sol. 

» Les preuves de ces diverses assertions se déduisent naturellement des 
principes exposés dans mon Mémoire. Pour les confirmer ici par un exem- 
ple, je prends, comme station supérieure, la couche d’air où l’on a 


L = 0,5, c'est-à-dire que sa densité est la moitié de celle qui a lieu à la 
t 


surface du sol. Cela répond à très peu près à l’avant-dernière station de 
M. Gay-Lussac. Je calcule successivementsa hauteur, par les divers procédés 
que je viens d'indiquer, en me servant pour cela des formules rassemblées 
en tableau dans mon Mémoire. D'abord, pour l'obtenir de la manière la 
plus exacte, je commence par calculer sur la parabole initiale , la hauteur 
de la couche d’air où l’on a = = 0,65; je la trouve égale à 4427",91. Par- 


tant de là, je calcule la hauteur de la couche où la densité est 0,5, au des- 
sus du niveau de cette première station; ce que je fais, en les considérant 
toutes deux sur la ligne droite qui unit les seize stations les plus élevées. 
Je trouve cette différence de niveau égale à 2523",96; de sorte qu'en la- 
joutant à la hauteur précédente, j'obtiens pour hauteur totale 6951",87, 
au-dessus de l'Observatoire de ‘Paris. 

» Je calcule ensuite cette même hauteur totale, en une seule fois, par 
la parabole initiale seule, en la prolongeant fictivement depuis la surface 
du sol jusqu’à la couche où la densité est 0,5. Je trouve ainsi 6992",05, ré- 
sultat qui surpasse le premier seulement de 40",18. Ainsi cette parabole ini- 
tiale, déterminée par les seules stations les plus basses, exprimait déjà très 
approximativement l’état de l'air, depuis la surface du sol jusqu’à la couche 
dant il s’agit; quoique non pas, sans doute, si exactement que le lieu 
vrai formé par la succession de cette même parabole initiale et de la ligne 
droite qui unit les seize dernières stations. 


» Enfin, partant de la seule densité donnée = = 0,5, et de la pression 
1 


JD 


( 400 ) 
correspondante s = 0,4341724, je calcule la parabole qui, satisfaisant à 


ces conditions , s’étendrait depuis la surface du sol jusqu’à la limite ex- 
trême de l'atmosphère, en laissant à cette limite une densité finale 


2 — 0,000. Cette parabole, construite ainsi sans aucun emploi des obser- 
1 


vations intermédiaires, donne pour la hauteur de la couche désignée 
6909",10, résultat inférieur seulement de 42”,77. à la première évaluation 
qui est essentiellement la plus rigoureuse. 

» On pourra donc employer aussi ce dernier moyen pour trouver la 
hauteur relative des stations, lorsque l'on n'aura fait d'observations 
qu'aux deux extrémités de la colonne d'air qui les sépare. Alors, par la 
limitation des données employées, ce procédé représentera la méthode ba- 
rométrique ordinaire, dépouillée de l’empirisme sur lequel elle reposait. 
Mais il sera presque toujours facile de se placer dans la condition 
qui réunit des observations multiples, et qui permet des déductions plus 
complètes. Pour cela, lorsque l’observateur s’élèvera sur une montagne, 
il n'aura qu’à observer à la fois le baromètre, le thermomètre et l'hygro- 
mètre, en quelques points de sa route, et les mesurer de nouveau aux 
mêmes points en redescendant. Car si ses observations sont faites à peu 
d'heures de distance, leur moyenne différera peu des résultats qu’on aurait 
observés simultanément à toutes ces stations ; et en calculant la parabole 
unique , ou les paraboles successives qui les unissent, on en déduira les 
hauteurs relatives des stations, ainsi que le décroissement de la densité de 
l'air dans chacune d’elles, avec toute l'exactitude que ce genre d’observa- 
tions peut comporter. Du reste, je dois ajouter que les résultats ainsi ob- 
tenus, quoique naturellement préférables à ceux de la formule baromé- 
trique ordinaire, m'ont paru n'avoir avec eux que des différences fort 
petites, même pour la plus grande hauteur à laquelle M. Gay-Lussac s’est 
élevé. 

» Application au calcul des réfractions astronomiques. — Dans l'état 
actuel de Astronomie, on calcule les réfractions produites par l’atmo- 
sphère, en représentant la relation des pressions aux densités, par une 
parabole que l’on suppose rester invariablement la même dans toutes les 
saisons et dans tous les climats, lorsque les pressions et les densités sont 
rapportées chacune à l'unité de leur espèce, prise dans la couche d’air 
où l'observateur est placé. Cette supposition de permanence n’est fondée 
sur aucun fait, et n'offre aucune vraisemblance physique. 

» On suppose en outre, que dans cette parabole, la densité devient 


( 4o1 ) 
nulle en mème temps que la pression; ce qui est d’une impossibilité mé- 
canique évidente. 

» Ces deux genres d’inexactitude n’ont aucune influence sur les réfrac- 
tions observées ou calculées à moins de 74° du zénith, parce qu’elles 
s'obtiennent par des limites indépendantes du mode de superposition des 
couches gazeuses dont l'atmosphère est composée. Mais, à de plus grandes 
distances du zénith, la forme de la courbe qui lie les densités aux pres- 
sions, influe sur les réfractions opérées par l'atmosphère; et ces réfrac- 
tions, comme on les calcule aujourd’hui, ne peuvent être exactes, soit à 
cause de la connaissance imparfaite qu’on a de cette forme, soit à cause des 
variations qu’elle peut subir, selon les temps et les lieux: 

» Il est même à craindre que les observations astronomiques actuelle- 
ment faites dans cette ignorance , n’aient aucune utilité dans l'avenir, parce 
qu’elles ne sont pas accompagnées des indications physiques nécessaires 
pour calculer un jour les corrections que les tables de réfractions ac- 
tuelles doivent exiger. 

» Le seul moyen pour sortir de cette incertitude, c’est d'étudier cons- 
tamment le décroissement réel des densités des couches d’air, soit par de 
nombreuses observations du baromètre, du thermomètre et de l'hygro- 
mètre , faites simultanément sur le penchant des montagnes en divers 
points dune même eolonne aérienne, soit, comme je l'ai proposé 
l’année dernière, au moyen de ballons fixes portant à des élévations di- 
verses, et jusqu’à de grandes hauteurs, des instruments à index, qui don- 
neraient tous les éléments physiques qui caractérisent l’état de l'air. Si de 
semblables appareils étaient entretenus dans les grands observatoires 
d'Europe, on connaîtrait bientôt tous ces éléments ; et l’on en déduiraiït 
les réfractions exattes qui y correspondent, en se servant des méthodes 
que j'ai données dans la Connaissance des Tems de 1839. Peut-être alors 
arriverait-on à découvrir que les plus grandes variations des: paraboles 
aériennes, s'opérent dans les couches inférieures, naturellement les plus: 
troublées; et, qu’au-dessus de cette zone, elles acquièrent la constance qu’on 
leur suppose aujourd'hui dans toute l'étendue de l'atmosphère. S'il en était 
ainsi, l’on formerait des tables de réfractions à paraboles constantes pour 
les régions supérieures, comme nous le faisons aujourd’hui pour l’atmo- 
sphère entière; et l’on appliquerait aux couches inférieures les corrections 
variables que leur état nécessite; corrections qui seules peuvent faire con- 
naître la vraie valeur de la réfraction qui s’y produit, » 


( 402 ) 


M. Benramix DeresserTr met sous les yeux de l'Académie un nouvel 
appareil de chauffage portatif inventé par M. Joice, et dont il a déjà été 
fait mention dans la séance du 12 février. 

« Cet appareil, dit M. Delessert, se compose d’une urne en fer de 2 pieds 
et demi de hauteur sur 9 pouces de diamètre que l’on transporte facile- 
ment au moyen de deux anses. Cette urne contient un cylindre en tôle percé 
d’un trou à sa base, et muni à son sommet d’un registre circulaire. Dans ce 
cylindre se place le combustible qui est du charbon de bois grossièrement 
concassé et mêlé de carbonate de soude; il est préparé avec beaucoup de 
soin et de manière à empêcher toute émanation dangereuse, et cest en 
cela que consiste le principal mérite de l'invention. 

» Quand on veut se servir de cet appareil, on commence par allumer 
une petite quantité de ce charbon et on le verse dans le cylindre qu’on 
remplit ensuite avec ce même charbon. On régle la chaleur au moyen du 
registre circulaire, et l'on peut en obtenir plus ou moins à volonté. 

» La combustion ne donne ni odeur ni fumée; elle dure vingt-quatre 
heures sans ajouter de nouveau charbon; le résidu est une cendre blan- 
châtre. L'inventeur évalue la dépense 60 centimes pour vingt-quatre 
heures de chauffage. Un seul de ces appareils a maintenu la température 
d'une chambre moyenne à 19 degrés cent. » 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Système de voitures pour chemins 
de fer de toutes courbures , présenté par M. Arnoux. 


(Commissaires, MM. Arago, Dulong, Savary, Séguier, et Poncelet 
rapporteur.) 


« Les questions qui se rattachent à l'établissement des chemins de fer 
offrent, en ce moment, un si haut degré d'importance sous le point de 
vue économique et politique, que l'Académie ne pourra accueillir qu'avec 
infiniment d’intérêt et de bienveillance, toute tentative ayant pour objet le 
perfectionnement d’une industrie qui vient, pour ainsi dire, de naître 
chez nous, et qui réclame encore de si nombreuses améliorations. Mais, 
comme on ne saurait juger, à priori, de l'avenir de semblables perfec- 


( 403 ) 


tionnements à l’aide du secours seul de la théorie où même d'expériences 
établies sur une échelle plus ou moins étendue, puisque le temps est un 
élément indispensable du succès, elle nous permettra de ne nous pro- 
noncer qu'avec la réserve que commande l'importance de la matière. 

» On doit distinguer trois choses également essentielles dans tout éta- 
blissement de chemins de fer : la voie, les moyens de locomotion et ceux 
de transport ou les véhicules. 


» La voie est formée d’un terrassement à l'instar de celui de nos routes 
ordinaires, et de barres de fer, en saillie, nommées rails, placées à peu 
près bout à bout, et supportées, vers ces bouts, par des dés en pierre 
de taille, ou par des traversines en bois, contre lesquels elles sont so- 
lidement fixées au moyen de supports en fonte, nommés chairs. Tant 
qu'on ne sera point parvenu à donner à ce système une solidité, une 
stabilité comparables à celle des supports de nos bonnes machines, on 
ne doit pas s'attendre à des constructions durables et économiques sous 
le point de vue de l'entretien. Comment veut-on, en effet, que des 
terres fraichement remblayées et susceptibles par conséquent de tasse- 
ments irréguliers, que de faibles dés en pierre ou de simples traversines 
en bois, espacés de loin en loin (1), et qui laissent aux intervalles des 
rails toute liberté de fléchir et par conséquent de vibrer transversale- 
ment ou verticalement, comment veut-on, je le répète, que la stabilité 
d’un pareil assemblage ait quelque durée? Et dès-lors que peut devenir 
le système des véhicules soumis à tous les chocs et vibrations qui 
naissent de la flexibilité, des inégalités de résistance de la voie ? Le be- 
soin d’entrer promptement en jouissance et l'accroissement de la dépense 
première, ne sauraient être des obstacles absolus à la consolidation d’un 
système qui entraine, par lui-même, à de si grands sacrifices. La tendance 
des constructeurs à augmenter, de plus en plus, les dimensions des rails, 
des dés et des traversines, en est une preuve manifeste, et l’on peut pré- 
voir, d’après les faits de l'expérience, qu’elle n’est point prête encore à 
se modifier. 

» On à dit, il est vrai, que les rails seraient promptement ruinés sous 
l'influence des chocs et vibrations résultant de l'effet de leur contact 


(1) Au chemin de fer de Berlin à Postdam, dont la direction est confiée au savant 
rédacteur du Journal de Mathématiques allemand, M. Crelle, ces traversines en bois, 
ont été remplacées par d’autres en granit, et c’est une amélioration véritable, mais qui 
ne détruit nullement les inconvénients inhérents aux oscillations transversales des rails. 


( 404 ) 


avec des corps durs et inébranlables; mais les faits d'expérience cités à 
ce sujet, ne prouvent rien contre un système de rails et de supports ünis 
d'une manière invariable, par l'intermédiaire d’une matière élastique et 
compressible, avec des massifs continus, en bois ou en pierre de tale à 
l’aide d’épaulements et de boulons convenablement multipliés, et qu’on 
resserrerait de plus en plus à mesure qu'ils prendraient du jeu (1). Car 
nous ne voyons pas que les coussinets et les crapaudines de nos machines 
les plus puissantes et les plus soumises aux chocs, soient susceptibles 
d'entrer en vibration autrement que quand on laisse prendre aux écrous 
des vis de pression, un jeu qui permette aux parties en contact d'acquérir 
des vitesses finies et contraires, seules capables de compromettre la soli- 
dité du système. 

» Nous avons cru utile d'appeler l'attention sur cette influence du jeu 
et de la liberté de flexion ou de déplacements quelconques, laissés aux 
parties d’un système de cette espèce; influence contre laquelle, ce nous 
semble, on ne s’est pas assez mis en garde jusqu'à présent , malgré tous 
les inconvénients qui en résultent pour la locomotion des pesantes voi- 
tures qui parcourent les chemins de fer. Nous résumerons volontiers notre 
Opinion à ce sujet, en disant que tels qu'on les établit maintenant, on 
ne doit considérer la plupart de ces chemins, que comme des construc- 
tions provisoires, destinées, par la suite, à être remplacées par d’autres 
plus stables. 

» À l'égard des locomotives , on doit reconnaître que si, dans l'état 
actuel d'imperfection des rails, elles ont rendu déjà de si éminents ser- 
vices, elles seront capables d'en rendre de plus grands encore, par la 
suite, quand l'attention des constructeurs aura été suffisamment fixée sur 
cet objet. D'ailleurs, les intéressantes recherches expérimentales de M. de 
Pambour, et les résultats pratiques qu'il en a déduits, mettent, dès à 
présent, nos ingénieurs en mesure de calculer et de prévoir, à l'avance, 
le genre, la force du moteur qui conviennent à chaque cas; et ces résultats 
devront étre adoptés et maintenus jusqu’à ce que de nouveaux perfec- 
tionnements ou de nouveaux changements apportés à la constitution des 
machines, réclament de nouvelles et spéciales expériences. 
mm en lo a un ou a ve 

(1) M. Brunnel, correspondant de l’Académie des Sciences à Londres, vient, nous 
assure-t-on, de projeter l'établissement d’un nouveau chemin de fer d’après un système 


de canstruction analogue. Cette circonstance pourra, tout au moins, servir de justifi- 
cation aux opinions émises par le rapporteur. 


( 405 ) 

» J'arrive aux perfectionnements dont sont. susceptibles les véhicules 
eux-mêmes, perfectionnements auxquels a trait particulièrement le sys- 
téme imaginé par M. Arnoux , dont nous sommes chargés de rendre compte 
à l’Académie. 

» Dans le dispositif actuel, les voitures ou wagons sont supportés par 
quatre roues égales, à oreilles ou rebords saillants vers le dedans des 
rails; ces roues, tout en fer et en fonte, sont montées sur deux essieux 
parallèles, faisant corps avec chaque couple d’entre elles ; ainsi, les'es- 
sieux seuls tournent dans des coussinets invariablement fixés au train, 
tandis que, dans les voitures ordinaires, ce sont, au contraire, comme 
on sait, les roues qui tournent autour des fusées d’essieux, dont l'un est 
fixé solidement au train de derrière, tandis que l’autre peut tourner li- 
brement autour de la cheville ouvrière du train de devant. 

» Ce changement de dispositif est motivé, dit-on, sur ce que l’usé des 
boîtes ou des fusées du système ordinaire, amène bientôt un jeu inévi- 
table, qui donne au plan des roues la liberté d’osciller ou de prendre 
diverses inclinaisons capables de faire varier la largeur de leur voie propre; 
mais on conçoit que cet inconvénient peut être atténué à volonté par 
l'allongement, au dehors, du corps de fusées, favorisé par l'écuanteur 
des roues, et qu'il ne pourrait acquérir de gravité qu’autant que l'incli- 
naison devint assez forte pour permettre à la jante, qui offre une cer- 
taine largeur, d'échapper au rail qui, lui-même, en possède une très ap- 
préciable. 

» L'usage des voitures ordinaires, soumises à de si fortes charges et se- 
cousses, n'autorise nullement de telles craintes, et, d’ailleurs, ce désavan- 
tage des roues mobiles autour de leurs essieux, est bien compensé par le 
défaut qu'ont celles. à mouvements solidaires, de ne pouvoir tourner, dans 
les portions circulaires, sans que l’une des deux, au moins, je veux dire 
celle qui avoisine le centre de courbure, ne soit obligée de glisser en 
même temps qu’elle tourne, ce qui donne lieu à un frottement de première 
espèce dont la vitesse virtuelle et relative, quoique très faible, n’en 
mérite pas moins d’être prise en considération. 

» Ce sont, sans doute, ces motifs qui ont empêché M. Arnoux de s’ar- 
rêter aux objections précédentes dans l'adoption de son nouveau système, 
dont les roues mobiles sont d’ailleurs exécutées en bois et recouvertes de 
bandes de fer. La haute expérience qu'il a acquise dans tout ce qui con- 
cerne la construction des voitures publiques, serait, à cet égard, pour vos 
commissaires, une suffisante présomption de réussite, si rien, dans les 

C.R. 1838, 19° Semestre. (T.VI, N° 44.) 56 


( 406 ) 


questions de cette espèce, pouvait suppléer au criterium d’une application 
en grand, suffisamment prolongée. 

» Avant d'en venir à la description du dispositif qui distingue plus par- 
ticulièrement le système de M. Arnoux de tous ceux qui ont été proposés 
ou mis en usage jusqu’à ce jour, nous devons encore insister sur le mode 
par lequel les wagons ordinaires se transmettent le mouvement de proche 
en proche; car il peut être, contre ce nouveau système, la source d’une 
autre objection en apparence très grave. En effet, dans l’état actuel des 
choses, les wagons sont simplement liés entre eux par des chaînes ou des 
tiges, assez courtes, armées de ressorts, qui leur laissent la liberté de varier 
de distance entre certaines limites. Ce dispositif, dit-on encore, a pour 
objet de permettre au moteur de communiquer le mouvement et de vaincre 
les résistances au départ, et celle de l’inertie surtout, d’une manière suc- 
cessive ou l’une après l’autre, encore bien qu’elle soit incapable de 
vaincre, à ce premier instant, leurs influences réunies; en un mot, elle 
donne un plus grand champ d’activité à la puissance en lui permettant 
de développer, sur les premiers trains, une plus grande quantité d'action 
ou de force vive. 

» Quoique le motif fondé sur l'influence de l’inertie, lors du premier 
ébranlement, n'ait d'importance que sous le rapport de la durée plus ou 
moins grande de l’action motrice ; quoique les expériences de Coulomb, 
confirmées depuis par celles de M. Morin, tendent à prouver que le frot- 
tement des substances métalliques est le même à l'instant du départ qu'à 
l’état de mouvement, cependant on doit admettre que le système des wa- 
gons, par suite de la flexibilité et des inégalités de la voie, ou d’une cause 
d’adhérence accidentelle quelconque, peut, dans beaucoup de cas, offrir 
une résistance initiale supérieure à la résistance moyenne, même en y 
comprenant celle de l'air; et, sous ce point de vue, nous accordons vo- 
lontiers qu'il y ait de l’avantage à rendre les voitures indépendantes au 
moyen de chaînes de tirage; mais il résulte de l'adoption d’un pareil dis- - 
positif, des inconvénients si graves sous le rapport des chocs et des se- 
cousses éprouvées par les wagons à chaque accélération ou ralentissement 
de vitesse ; ces inconvénients sont si peu évités au moyen des tampons 
ou ressorts dont on arme leurs extrémités, enfin, il est si facile de suppléer, 
pour ce premier instant, à l'insuffisance d'action de la force motrice ou 
du glissement direct des roues de la locomotive sur les rails, que nous ne 
pensons pas qu’on puisse tirer de là une objection sérieuse contre l’adop- 
tion d’un système dans lequel les wagons seraient liés par des tiges rigides 


( 407 ) 


ou espèces de timons susceptibles seulement de se mouvoir autour de che- 
villes ouvrières fixées à leur arrière et à leur avant-trains, ainsi que le 
propose M. Arnoux, dans le dispositif qui nous occupe. Or l'emploi de 
semblables timons a non-seulement pour lui l'avantage d’un mode de liai- 
son plus parfait, mais il a, en outre, celui d’occasioner à la force de tirage, 
sur les parties courbes de la voie, une moindre obliquité que celle qui 
résulte du système le plus en usage, où les wagons agissent par les chaînes 
des angles opposés au centre de courbure de cette voie. 

» On sait que l’un des plus graves défauts des voitures à axes paral- 
lèles et invariables, c’est de donner lieu à un accroissement de résis- 
tance considérable dans les tournants, résistance qui, réunie à l’action 
de la force centrifuge sous de grandes vitesses, contribue, pour beau- 
coup, à augmenter le nombre des accidents ordinairement attribués à 
cette dernière cause seule. En effet, par suite de la tendance de chaque 
wagon à conserver la même direction de mouvement , et, par suite de 
lobliquité que prend forcément, dans un pareil système, le plan des 
roues par rapport aux éléments concaves du chemin en contact avec leurs 
rebords intérieurs, il en résulte, non-seulement que ces rebords produi- 
sent, contre le rail opposé au centre de courbure, un frottement d’au- 
tant plus considérable que les points où s'exerce la pression sont plus 
éloignés de l’axe de rotation sur l’essieu, mais qu’aussi celle de ces roues 
qui marche en avant de l’autre, a une tendance continuelle à pivoter au- 
tour du point qui lui sert d'appui sur le rail, qu’elle écharpe tout au 
moins, si elle ne parvient à le surmonter entièrement, aidée en cela par 
l’action de la force centrifuge, que contre-balance, en partie, celle du ti- 
rage et du frottement transversal des roues sur les rails. 

» Ces défauts, réunis à l'accroissement considérable des résistances qui 
proviennent des diverses causes déjà mentionnées, ont nécessité, en der- 
nier lieu, un tel agrandissement du rayon des parties courbes, que les 
difficultés dans le tracé des chemins de fer, et l'augmentation de dépense 
qui en résulte, peuvent être comparés à ceux qu’entraine avec elle, 
dans les pays montueux, la nécessité même de réduire la pente du 
profil à la limite de 0,005 par mètre, sous laquelle les trains peuvent 
se maintenir sensiblement en équilibre par la seule action des résis- 
tances. 

» Pour parer à ces inconvénients d’une gravité extrême, on a, jusqu’à 
présent , imaginé divers moyens sur lesquels nous croyons également utile 
de fixer un instant l'attention de l’Académie. 

56... 


(48) 

» D'abord on a imaginé d’abaisser, dans les parties courbes, le niveau 
supérieur du rail intérieur par rapport à celui du rail extérieur, afin de 
contre-balancer l’action de la force centrifuge par celle de la gravité; mais 
ce paillatif ne saurait convenir à toutes les vitesses, et nous avons vu que 
l’action dont il s’agit, n’est point, à beaucoup près, la cause unique , la 
cause efficiente des accidents et des résistances qui naissent de la cour- 
bure de la voie et du parallélisme des axes. 

» Ensuite, on a essayé de donner aux jantes des roues, une forme co- 
nique dont la pente, dirigée du dehors vers le dedans, devait, lors du 
parcours des lignes courbes, contraindre les roues opposées au centre , à 
rouler sur la plus grande des circonférences de la jante, et celles qui en 
sont les plus voisines, à rouler, au contraire, sur la plus petite de ces 
circonférences. Il est évident que cette différence de rayons des parties 
agissantes des roues, non-seulement produisait l'effet d’une véritable con- 
tre-pente dirigée du dehors vers le dedans du cercle parcouru, mais encore 
remédiait partiellement aux défauts déjà signalés des trains à essieux pa- 
rallèles et à roues égales. 

» En effet, tout système à essieux parallèles, et à couples de roues iné- 
gales, tend évidemment, par lui-même, à décrire un chemin circulaire 
d'autant plus petit que la différence de ces roues est elle-même plus con- 
sidérable; et l'on conçoit très bien que de semblables roues, montées 
sur des essieux qui convergeraient au centre commun des circonférences 
qu'elles tendent à décrire , rouleraient aussi librement sur leurs rails cir- 
culaires que le fait un cône posé simplement sur un plan de niveau, au- 
tour de son sommet ; mais il s’en faut de beaucoup que les choses se pas- 
sent ainsi dans le système qui vient d’être décrit, et les inconvénients, 
l'insuffisance de la conicité des jantes, pour les courbes à petits rayons, 
ne sauraient être mis en doute. 

» Pour suppléer à cette insuffisance , M. Eaignel, sans rien changer d’ail- 
leurs au système de construction déjà établi, et en partant du même prin- 
cipe dont il a mis la vérité à l'abri de toute contestation, M. Laignel, 
disons-nous, a imaginé un dispositif ingénieux qui permet, dans les tour- 
nants, d'agrandir momentanément le rayon du cercle de contact des 
roues extérieures au centre de courbure, en les faisant rouler sur le re- 
bord en saillie dont elles sont accompagnées; et ce simple changement lui 
a permis de faire parcourir aux voitures de son système des courbes qui 
n’ont pas plus de 30 à 35 mètres de rayon, avec des vitesses de 6 à 7 lieues 
à l'heure, quand les rails ne sont pas munis d’accotoires, et de 12 à 13 lieues. 


( 409 ) 


quand ils en sont munis (1).On ne saurait douter; d’après les essais qui 
en ont été faits partiellement, soit en petit, soit en grand, et d'après les 
éloges dont il a été l’objet de la part des commissaires de la Société d’En- 
couragement, qu'il ne puisse être substitué avantageusement au système 
actuellement en usage, tant sous le rapport de la diminution des jacci- 
dents, que sous celui de l’affaiblissement des résistances occasionées par 
la courbure des rails; mais on conçoit, d’un autre côté, que les voitures dont 
il se compose ne pourraient parcourir, à toutes vitesses, des cercles très dif- 
férents de ceux qui conviennent à leur mode particulier de construction, 
sans qu’il en résultât des inconvénients plus ou moins analogues à ceux 
de l’ancien système. Aussi M. Laignel, éclairé par l'expérience, a:t-il jugé 
à propos, en dernier lieu, de limiter à 5o” le rayon des parties circulaires 
de la voie qui, dans le cas des tracés par de grandes courbes, serait for- 
mée d’un nombre suffisant de portions droites raccordées par des arcs au 
rayon constant de 50”. Ce même rayon, d’après des expériences répétées 
en présence de MM. Arago, Coriolis et moi, a suffi, sous des vitesses va- 
riables , dont la moyenne a été d'environ 9”,26 par seconde, ‘ou 8 lieues 
et demie par heure, pour empêcher les roues d’un wagon marchant iso- 
lément, de manifester une tendance à s'échapper des rails. Nous ferons 
néanmoins remarquer, sans aucunement contester les avantages du système 
pour éviter le déraillement dans les parties courbes, que, même dans les 
hypothèses favorables dont il s’agit, les inconvénients provenant de l’ac- 
croissement de résistance due au parallélisme et à la fixité des axes des 
voitures ordinaires, ne sont point entièrement évités, et qu'ils tendent 
à croître plus ou moins rapidement avec l'intervalle de ces axes, ou es- 
sieux, avec la diminution du rayon des parties courbes et la vitesse du 
mouvement (2). 

» Ces motifs portent à croire que, nonobstant les perfectionnements 
dont on est déjà redevable à M. Laignel, la découverte d’un dispositif qui 
pourrait, entre certaines limites de vitesse, se plier à toutes les formes de 


EP RO PP OT EN EN ENT LIEN D 

(x) Forez l’extrait du Rapport fait, à ce sujet, par M. Théod. Olivier, à la Société 
d'Encouragement pour l'industrie nationale (35%° année du Bulletin, 1836, p. 296), 
rapport qui a été, de la part de l’auteur, l'objet d’un Mémoire étendu et publié à 
part, sur le calcul des résistances dans le système Laignel. 

(2) D’après le résultat des expériences faites en présence d’une Commission d’ingé- 
nieurs des, Ponts-et-Chaussées, et soumises au calcul par M. Maniel, la résistance du 
wagon de M. Laïgnel, qui n’est que - environ de la charge totale pour la partie rec- 
tiligne de la voie, s’élèverait à pour la partie courbe, ou, à très peu près, au décuple. 


(410) 


tracé, à toutes les inflexions et à tous les changements de courbure des 
routes ordinaires, serait susceptible d’être accueilli favorablement par les 
ingénieurs et constructeurs de chemins de fer. Or, tel est le but que s’est 
proposé M. Arnoux, dans le système qu'il a présenté à l’Académie. 

» Pour latteindre, il renonce entièrement au parallélisme et à la fixité 
des essieux à roues accouplées; il adopte, comme on l’a dit, le système des 
trains de voitures ordinaires, unis par une flèche à fourche ou à trois 
branches, et auxquels il conserve, de plus, la faculté de tourner sur des 
chevilles ouvrières fixées aux lisoirs supérieurs qui supportent la caisse 
par l'intermédiaire des ressorts. Mais, comme une indépendance aussi com- 
plète entre les mouvements de rotation propres des essieux, pourrait 
nuire à l’exactitude de la direction des roues sur les rails, qui n’est qu’im- 
parfaitement assurée par les rebords dont elles sont armées intérieure- 
ment, l’auteur a imaginé de rendre ces mouvements solidaires par le 
moyen de tringles en fer, qui se croisent sous la flèche et sont termi- 
nées par des bouts de chaines, dont une partie vient s'enrouler sur les 
contours extérieurs de deux anneaux circulaires ou couronnes directrices, 
en bois, de même rayon , montées sur les essieux, et qui se meuvent avec 
eux autour des chevilles ouvrières. Te système de deux cercles auxquels 
on menerait des tangentes intérieures communes, donnera une idée de ce 
dispositif très simple, si l’on suppose de plus, les extrémités des chaines 
solidement fixées sur chaque anneau, au moyen de brides et de boulons 
de tirage, et qu’on imagine, en même temps, ces anneaux surmontés 
d’autres couronnes ou sassoires concentriques, sous lesquelles elles glis- 
sent à frottement doux, et qui fassent corps avec la flèche, les lisoirs 
supérieurs et la caisse, à peu près comme on l’observe dans le dispositif 
de l’avant-train mobile des voitures suspendues. 

» Dans ce dernier dispositif, l'essieu de derrière étant fixé invariablement 
à la caisse et à la flèche, mobile seulement autour de la cheville ouvrière 
de l’avant-train, celui-ci ne peut faire tourner l’autre qu’en cheminant 
et forçant la roue de derrière, voisine du centre de rotation général, à 
pivoter sur elle-même autour de son point de contact avec le sol, circons- 
tance qui aurait des inconvénients pour les chemins de fer, mais qui n’a 
pas lieu dans le dispositif adopté par M. Arnoux, attendu que, par suite 
de l'égalité des couronnes directrices de l'arrière et de l’avant-trains, ce- 
lui-ci ne peut décrire un certain angle sans qu’aussitôt l'autre ne décrive, 
en sens contraire, un angle égal, qui oblige ainsi les roues attenantes à 
se mettre sur la direction du chemin circulaire auquel Fessieu de devant 


(4x1) 
est déjà rendu perpendiculaire , à l’aide de combinaisons dont nous allons 
essayer de donner une idée. 

» À l'égard de la voiture qui chemine en tête de toutes les autres, 
M. Arnoux n’a pas trouvé de meilleur moyen d’en diriger l’essieu d’avant- 
train, que l'emploi de quatre galets qui s'appuient contre les bandes inté- 
rieures des rails, et sont fixés aux angles d’un rectangle formé par des 
étriers en fer, faisant corps avec cet.essieu. 

» Un pareil dispositif aurait évidemment de graves inconvénients s’il 
devait s’appliquer à l’avant-train d'une voiture fortement chargée; car la 
pression faisant naître sur la sassoire ou les deux couronnes. frottantes 
de ce train, une résistance tres grande et dont le bras de levier ‘est très 
comparable à celui de la pression qui agit surles galets , ceux-ci se trouve- 
raient soumis à des efforts violents qui pourraient entrainer des ruptures 
dangereuses, et qui,,dans tous les cas, donneraient lieu à d'énormes 
frottements et à un prompt usé des axes. Mais on doit admettre; au con- 
traire , que ces inconvénients seraient à peu près annullés, si, comme le 
propose l’auteur, on avait soin de ne charger que très légèrement la pre- 
mière voiture. 

» Le procédé à l’aide duquel la direction est donnée successivement 
aux essieux de devant des autres wagons, se fonde sur un principe d’au- 
tant plus remarquable qu’étant lui-même très simple et à l'abri des re- 
proches dont il vient d’être parlé, il établit entre les trains voisins des 
voitures consécutives, un mode de liaison entièrement semblable à celui 
qui unit entre eux, les essieux d’une même voiture, sauf que la flèche 
est ici remplacée, comme on la-déjà dit, par une tringle, un timon libre 
de tourner autour des chevilles ouvrières, et que la couronne del’arrière- 
train de chaque voiture a un diamètre moitié de celui de lavant-train de 
la suivante , et forme corps, non plus avec l’essieu , mais avec la flèche, 
le lisoir, etc., auxquels il correspond et sert de sellette, tout en glissant 
circulairement sur le système inférieur, formé de cet essieu et de sa grande 
couronne. 

» Il résulte, en effet, de ce mode de liaison de deux trains consécutifs, 
mais appartenant à des voitures différentes, que quand le timon qui les 
unit est forcé de décrire un certain angle par rapport à la flèche ou à l’axe 
dela première voiture, l’essieu dela suivante est contraint de décrire, en sens 
contraire, un autre angle égal à sa moitié, ce qui ramène encore.cet essieu 
à la direction perpendiculaire au cercle des rails, comme cela paraîtra évi- 
dent si l’on admet , conformément à ce qui a lieu ici, que la distance entre 


(412) 
les chevilles ouvrières consécutives soit la même pour toutes les voitures 
du convoi (1). 

» Si l’on a bien saisi l’explication que nous venons de donner du dis- 
positif adopté par M. Arnoux, on verra que, lors du cheminement des 
voitures sur une direction rectiligne, tous les trains de roues conservent 
rigoureusement le parallélisme et la fixité qui distinguent le système ordi- 
naire, à cela près que les ondulations dans le séns transversal, et les à- 
coups résultant du défaut de liaison, y sont, pour ainsi dire, impossibles ; 
mais que, des l'instant où l’avant-train de la voiture qui marche en tête 
du convoi, entrera dans la portion circulaire du chemin, l’arrière-train 
de cette voiture et, par suite, les deux trains de la voiture suivante, com- 
menceront aussitôt à tourner en prenant ainsi progressivement une direc- 
tion de plus en plus oblique par rapport à la portion rectiligne de ce che- 
min ; de plus, ii est évident que la même chose arrivera successivement à 
tous les arrière-trains des voitures, à mesure que les avant-trains corres- 
pondants parviendront, à leur tour, au point de raccordement des deux 
parties de route. 

» L'obliquité dont il s’agit a une limite fort restreinte, qui dépend à la 
fois de la distance entre les trains consécutifs et du rayon du tournant ou 
du cercle de raccordement de la voie; mais elle n’en soulève pas moins 
contre le système de M. Arnoux, une objection que nous avons cru devoir 
signaler, et qui consiste en ce que, d’une part, cette obliquité engendre 
un léger frottement de glissement contre les rails, d’une autre, qu’elle 
donne lieu à une tendance des roues de l’arrière-train à les surmonter ; 
circonstance tout-à-fait analogue à celle qui se présente, pour le système 
ordinaire, dans les tournants, à cela près qu'ici l'obliquité, la déviation 
des roues se fait d’une manière progressive, et ne dure qu’un instant pour 
ainsi dire imperceptible; car sa période d’accroissement et de décroisse- 
ment se trouve accomplie, pour chaque voiture, aussitôt que l’arrière- 
train atteint, à son tour, la portion courbe du chemin; elle n’a jamais 
lieu que pour trois essieux consécutifs du convoi, et elle ne se reproduit, 
——————————_—] + — ——— 

(1), S'ilen était autrement, le rapport des rayons des couronnes directrices qui ap- 
partiennent à chaque timon, devrait changer, et être pris égal à celui de l’angle formé 
extérieurement par le timon et la flèche qui précèdent, ramenés sur le cercle moyen 
de la voie, à la moitié de l’angle au centre qui est soutendu par le même timon sur la 
Circonférence de cette voie; mais alors aussi les rayons des couronnes directrices devien- 
draient fonctions du rapport de la longueur de chaque timon ou de chaque flèche, au 
rayon du cercle parcouru. 


(413) 
en sens inverse, que quand les avant-trains quittent successivement la 
direction curviligne de ce chemin Pour rentrer dans une portion rectili- 
gne. Enfin, ces légères déviations , résultat nécessaire du changement 
brusque de courbure de la voie, peuvent être atténués, à volonté, au 
moyen d’un tracé convenable de celle-ci » et vos Commissaires ne les con- 
sidèrent point comme un motif de reproche sérieux. 

» On remarquera, au surplus, qu’une fois engagé dans la portion cir- 
culaire du chemin, quel qu’en soit le rayon, le convoi tend à conserver, 
par lui-même, cette fixité de liaison qu’on y observe pour les portions 
rectilignes, tandis que les roues ainsi contraintes à cheminer dans une 
direction tangentielle, n'éprouvent désormais, ni aucun frottement de 
glissement sur elles-mêmes, ni aucune tendance propre à surmonter les 
rails, la seule action de la force centrifuge se réduisant ici : 1° à une 
tendance à soulever, à faire tourner les voitures autour des points d'appui 
des roues extérieures; 2° à un effort horizontal qui tend à faire appuyer 
le rebord de ces mêmes roues contre le revers intérieur des rails. 

» Or, pour que les effets de la première tendance soient empé chés, 
et ils le sont déjà beaucoup par la solidarité des voitures du convoi , il 
suffit que la hauteur due à la vitesse de circulation, ne surpasse point 
le quart de la quatrième proportionnelle à la hauteur du centre de gra- 
vité de la charge au-dessous du point d'appui des roues, à la largeur 
moyenne et au rayon de courbure de la voie: et, pour que les effets de 
la seconde le soient également, et que par conséquent le frottement 
latéral du rebord des roues auquel elle donnerait lieu, devienne impossible, 
il suffit que cette même vitesse n’excède pas celle qui est due à une hau- 
teur mesurée par la moitié du rayon du cercle parcouru, multiplié par le 
coefficient numérique de ce frottement. D'ailleurs, de ces deux condi- 
tions, la première doit être impérieusement et surabondamment remplie 
dans tout système de véhicules, et la seconde pourra toujours l'être, 
sinon rigoureusement, du moins d’une manière très approximative, par 
un agrandissement convenable du rayon des courbes. Aussi, à part les 
inconvénients inévitables et fort peu graves qui peuvent tenir à l’obli - 
quité même de la direction du tirage, et que contre-balancent le frotte- 
ment transversal des roues et l’action de la force centrifuge, on n’aper- 
çoit, dans le nouveau système, aucune de ces causes d'accident et de 
résistances qui ont frappé tous les ingénieurs dans le mode actuel de 


conStruction des voitures qui circulent sur les parties courbes des chemins 
de fer. 


GR, 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 14.) 57 


(414) 


» Quant à la difficulté de mettre en mouvement ou d'arrêter un pareil 
système de voitures rendues solidaires, comme le propose M. Arnoux ; 
quant aux objections et aux inconvénients qui peuvent naître de la légère 
obliquité des roues, à l'entrée ou à la sortie des courbes; de la nécessité 
de diriger la première voiture à l'aide de galets; du défaut même de 
stabilité qu'on pourrait reprocher aux caisses, eu égard à la faible étendue 
des surfaces d'appui; enfin, du mode d'exécution des chaines et cou- 
ronnes directrices , ces inconvénients et ces objections, je le répète, ne 
sauraient, dans notre opinion, être considérés comme des obstacles tels 
qu’on dût renoncer à l’adoption du nouveau système dans l'établissement 
des chemins de fer. Et, si d’ailleurs il était permis de se laisser séduire par 
l’élégante simplicité d'un pareil moyen de solution, nous en dirions 
volontiers autant de la nécessité où se trouve l'inventeur, de consolider 
la flèche et les brancards courbes des voitures pesamment chargées, de 
son système, notamment des locomotives, par un troisième essieu fixé 
au milieu de l'intervalle des trains, et porté sur deux roues en saillie, à 
larges jantes avec ou sans rebords; mais les obstacles imprévus qu’un 
pareil dispositif peut amener, soit sous le rapport de la locomotion, soit 
sous celui de l'établissement des machines motrices elles-mêmes, nous 
imposent une complète réserve, à défaut de toute expérience directe et de 
toute exécution en grand, 

» L'Académie remarquera, en effet, que M. Arnoux n’a jusqu'ici pré- 
senté à ses commissaires, qu’un modèle de convoi et de chemin de fer à 
l'échelle du +, qui, du reste, leur a paru remplir, à différentes vitesses, 
toutes les conditions que requiert un pareil système, et que nous avons 
précédemment indiquées. Pour prévenir, de plus, les réclamations aux- 
quelles pourrait donner lieu l’apparente similitude de ce même système 
avec celui des voitures à essieux mobiles, d’abord inventées par sir Sydney 
Smith, et perfectionnées, en dernier lieu, par M. Dietz, nous croyons 
devoir ajouter que celles-ci, d’ailleurs principalement destinées au service 
des routes ordinaires, et encore bien qu’elles présentent des propriétés 
analogues sous le rapport de la facilité qu’elles ont de tourner, en convoi, 
sous les plus petits angles, se distinguent des précédentes par un mode 
de solution tout-à-fait différent, et qui consiste dans l’accouplement de 
tiges articulées, en fer, servant à unir les trois essieux des trains dont 
elles sont composées et dont l'intermédiaire présente seul de la fixité. 

» En résumé, vos commissaires sont d'avis que le dispositif de voitures 
proposé par M. Arnoux, mérite l'attention des ingénieurs chargés de l'é- 


(415) 


tablissement des chemins de fer, en ce que ses avantages pour prévenir les 
accidents et diminuer les résistances aux courbes de raccordement des 
routes à petits rayons , ne sauraient, en eux-mêmes, être mis en doute, 
et qu’il paraît devoir rendre des services réels à l'industrie, quand bien 
même on en restreindrait l'application aux légers wagons destinés au 
transport des voyageurs. En conséquence, nous avons l'honneur de vous 
proposer d’accorder à l’auteur l'approbation que vous ne refusez jamais 
aux inventions qui joignent à un but d'utilité réel, à des moyens neufs et 
ingénieux , des chances suffisantes de réussite. Nous émettons , en outre, 
le vœu que ses tentatives pour perfectionner le système de véhicules, ac- 
tuellement en usage sur les chemins de fer, puissent être soumises prochai- 
nement à un essai en grand, propre à en démontrer les avantages d’une 
manière plus complète encore et plus positive. » 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CMRURGIE. — Mémoire sur le traitement des luxations congénitales du 
Jémur; par M. Pravyaz. 


(Présenté pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation 
Montyon. } 


L'auteur résume, dans les termes suivants, le contenu de son Mé- 
moire : 

« 1°. En fhéorie, une analyse plus exacte des faits pathologiques re- 
cueillis par Palleta , et les données nouvelles que l’on doit à M. Simonin 
de Nancy et Ollivier d'Angers, ne permettent plus de rejeter, d’une 
manière absolue, la curabilité des luxations originelles du fémur. 

» 2°. En pratique, les observations publiées par M. Humbert n’éta- 
blissent point que l'amendement qu’il a obtenu, dans l'état des sujets 
affectés de claudication native, soit le résultat d’une véritable réduction. 
J'ai constaté et fait constater par d’habiles anatomistes, que cette amé- 
lioration, dont la nature était restée jusqu'ici inexpliquée , est due à la 
transformation que ce médecin à opérée, à son insu, d’une luxation en 
haut et en dehors, en celle qui est connue sous lé nom de Zuxation 
ischiatique. La tête du fémur, amenée dans un sinus assez Eee au- 

7e 


(46) 


dessous du muscle pyramidal, y rencontre des conditions favorables à la 
formation d’une pseudarthrose solide. 

» 3°. Cette transposition constitue une heureuse découverte, dont l’ap- 
plication pourra être dorénavant systématisée, et deviendra très utile 
dans les cas assez nombreux où la déformation des parties réciproques 
de l'articulation, ne permettrait pas d'espérer une coaptation satisfai- 
sante. 

» 4°. Si M. Humbert n’a pas atteint complétement le but qu'il se pro- 
posait, l'initiative hardie qu'il a prise dans le traitement des luxations 
anciennes, a ouvert la voie à d’autres tentatives, dont les détails sont 
consignés dans mon Mémoire; jy trace l’histoire de deux cas dans 
lesquels je suis parvenu, par une extension méthodique long-temps 
prolongée, et par une gymnastique spéciale, à ramener la tête du fémur 
dans la véritable cavité articulaire, et à rétablir progressivement l’exercice 
normal des fonctions locomotives. Le caractère essentiel qui différencie 
ces résultats de ceux que M. Humbert a obtenus, est la position symé- 
trique occupée de l’un et de l'autre côté du bassin par les têtes fémo- 
rales. » 

M. Pravaz présente un des jeunes sujets guéris par la méthode ex- 
posée dans son Mémoire; il fait remarquer que l'enfant paraissait tenir 
son infirmité d’une disposition héréditaire, car son aïeul, et l'un de ses 
oncles paternels, boitaient comme lui dès le premier âge. « Cette circons- 
tance, ajoute-t-il, me paraît venir à l'appui de l'étiologie que M. Breschet a 
donnée le premier des luxations congénitales du fémur.» 


cmrurGte. — ÎVote sur un cas de guérison de torticolis ancien obtenue au 
moyen de la section sous-cutanée d'une portion du tendon inférieur du 
muscle sterno-cléido-mastoïdien ; par M. L. FLEURY. 


(Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet.) 


« Les avantages de la ténotomie dans le traitement des pieds-bots 
étaient déjà, dit M. Fleury, complétement mis hors de doute, grace aux 
travaux de plusieurs chirurgiens français et étrangers, que personne en- 
core n’avait songé à une application non moins utile de cette opération; 
je veux dire à son application dans le traitement du torticolis déterminé 
par la contraction du muscle sterno-mastoïdien. 

.» Dans un cas de ce genre, Dupuytren préféra couper le muscle dans sa 


(417) 
portion charnue, selon le procédé décrit par Boyer, et cet exemple fut 
suivi plusieurs fois, bien que cette opération n’eût offert que des résultats 
peu avantageux. 

» En 1836, Stromeyer observa un torticolis déterminé par la contrac- 
tion des deux faisceaux du sterno-mastoïdien, et par celle de la portion 
claviculaire du trapèze; il divisa, par sa méthode Sous-Cutanée, les tendons 
d'insertion de ces trois faisceaux musculaires, et obtint une guérison 
parfaite. 

» Le sujet de l'observation que je soumets aujourd’hui à l'examen 
de l’Académie des Sciences, est une jeune fille, âgée de 19 ans, qui 
avait été atteinte, à la suite de violentes douleurs névralgiques de la face, 
d'une inclinaison très prononcée de la tête. 

» Voici quel était l'état de la malade le 11 mars dernier, jour fixé pour 
l'opération : 

» La tête est inclinée sur l'épaule droite, et la face tournée vers la gau- 
» che, de telle sorte que le lobule de l'oreille droite n'est éloigné de l’a- 
» cromion que de 16 centimètres, tandis qu'on en trouve 20 du côté op- 
» posé entre les mêmes points. Une ligne menée de la symphise du menton 
» parallèlement à la ligne médiane passe à 6 centimètres de celui-ci; le 
» Sterno-mastoidien droit n’a plus que 9 centimètres de longueur, le 
» gauche en offre 13 7. La portion sternale du muscle est tendue, dure, 
» forme une saillie considérable ; le plus léger contact exacerbe les dou- 
» leurs, qui sont violentes et continues. La malade ne peut faire exécuter 
» à la tête le plus léger mouvement. 

» Je pratiquai une incision de deux lignes environ au niveau de la fos- 
sette sus-sternale, je glissai un bistouri droit boutonné, très étroit, sous 
la peau, jusque sur le tendon Sternal, que j'incisai d’avant en arrière. 

» Immédiatement la tête se redressa, reprit toute sa mobilité, et les 
douleurs disparurent. Un appareil très simple fut appliqué Pour maintenir 
la tête fléchie sur l'épaule gauche. 


« La malade est aujourd’hui complétement guérie. » 


(418) 


caiRurGIE, — Sur une nouvelle méthode de traitement du torticolis ancien ; 
par M. Juzes Guérin. 


(Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet.) 


L'auteur dans la lettre d’envoi présente , comme résumé de son travail, 
les propositions suivantes : 

« 1°. Le muscle sterno-cléido-mastoïdien , considéré jusqu'ici comme un 
seul et même muscle, constitue deux muscles distincts : le sterno-mastoi- 
dien et le cléido-mastoïdien. Ces deux muscles ont des fonctions sépa- 
rées : le premier est surtout fléchisseur et rotateur de la tête, l’autre 
est un muscle essentiellement inspirateur; 

» 2. Dans le torticolis ancien, attribué jusqu'ici au raccourcissement 
total du sterno-cléido-mastoïdien, la portion sternale du muscle ou le 
sterno-mastoidien proprement dit, est généralement seule affectée. D'où 
il résulte que la section de ce muscle suffit pour faire disparaître la cause 
essentielle de la difformité; 

» 3°, La section du stérno-mastoidien doit être pratiquée à 6 lignes au- 
dessus de son insertion sternale et à l’aide d’une simple ponction sous- 
cutanée. Cette opération, qui peut être appliquée au cléido - mastoidien , 
quand il participe à la rétraction de son congénaire, ne cause aucune 
douleur, ne donne lieu à aucune effusion de sang, et peut être pratiquée 
en quelques secondes; 

» 4°. Dans le torticolis ancien, il existe, en sens inverse de l’inchinaison 
de la tête sur la colonne, une inclinaison de totalité de la colonne cervi- 
cale sur fa première vertèbre dorsale, inclinaison qui persiste après le trai- 
tement chirurgical, et réclame un traitement mécanique consécutif. Ce 
traitement consiste dans l’emploi d’un appareil orthopédique propre à 
opérer inclinaison et la rotation de la tête en sens inverse de l'inclinaison 
et de la rotation pathologiques, en même temps que l'extension de tous 
les muscles du cou; 

» 5°. La double inclinaison en sens inverse de la tête sur la colonne 
cervicale, et de la colonne cervicale sur la région dorsale, caractérisant le 
torticolis ancien, ne sont que l’exagération de mouvements articulaires 
normaux. Cette circonstance qui explique l'absence de déformation no- 
table des vertèbres comprises dans la difformité, la facilité et la rapidité 
du redressement du cou, établit la possibilité d'obtenir la guérison de 
ces difformités même à un âge avancé. » 


(49 ) 


MÉDECINE. — Tableau des différents dépôts de matières salines et de 
substances organisées qui se font dans les urines > Présentant les carac- 
téres propres à les distinguer entre eux , et à reconnaître leur nature : 
par M. A. Donxé. 


(Commissaires, MM. Dumas, Turpin , Breschet.) 


« Dans ce travail, dit l’auteur, je me suis proposé de déterminer, à 
l’aide du microscope et des agents chimiques, la nature de toutes les ma- 
tières qui se déposent dans ce fluide à l’état normal et dans les différentes 
affections, soit générales, soit locales et particulières des organes génitaux- 
urinaires. 

» J'ai tracé, dans le tableau que je mets sous les yeux de l’Académie, 
la description succincte de toutes ces matières, et indiqué les caractères 
essentiels propres à les reconnaître. Une figure exacte de chaque substance 
est jointe au tableau. » 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Meches de sauvetage pour les mineurs. — Note de 
MM. Arasson DE GRANDSAGNE et E. pe Bassano, 


( Présentée pour le concours Montyon, Arts insalubres. ) 


« Une des causes les plus fréquentes des accidents mortels qui accompa= 
gnent trop souvent l'exploitation des mines et surtout des houillères, c’est 
ce qu'on appelle vulgairement le mauvais air. Ce mélange, principale- 
ment composé d'acide carbonique et de gaz sulfureux, éteint les lampes 
dès qu'il entre pour un dixième environ dans le volume de l'air atmos- 
phérique. Les hommes, cependant, Peuvent ÿ rester encore quelques 
momenis 1mpunément, et les mineurs auraient toujours le temps de se 
sauver, :sils n'étaient pas privés de la lumière qui les guidait dans le Ja- 
byrinthe des galeries. Mais, une fois plongés dans les ténèbres, ils s'éga- 
rent et succombent bientôt asphyxiés. 

» Les auteurs pensent être Parvenus à porter remède à ces accidents 
par l'invention d’une espèce de Mêches de Sauveiage, qui, contenant du 


chlorate de potasse, porte en elle-même l'oxigène nécessaire à sa com- 
bustion et brûle dans l'acide carbonique. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Modèle et description d'un système d'enrayage 
auxiliaire au moyen d'un sabot mécanique; par M. Fusz. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.) 


(420) 
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Z'héorème pour calculer les racines incommensu- 
rables en une seule opération; par M. Cosre. 


(Commissaires , MM. Libri , Sturm.) 


mÉvecIvE. — De l'or dans le traitement des scrofules; par M. LEcraxo. 
1 partie : emploi de l'or dans les affections scrofuleuses des parties 
PAU ; 2% partie: emploi de l'or dans les affections scrofuleuses des os. 


(Adressé pour le concours aux prix de médecine et de chirurgie, fon- 
dation Montyon.) 


1 La té 
HISTOIRE NATURELLE. — JVote sur les caractères généraux des corps naturels 
minéraux , végétaux et animaux ; par M. Barsrer, d'Amiens. 


à (Commissaires, MM. Cordier, de Blainville, Ad. Brongniart.) 


MÉDECINE. — Mémoire sur l'emploi de la pommade de proto-iodure de 
mercure dans le psoriasis (lepra vulgaris); par M. Boxer. 


(Adressé pour le concours aux prix de médecine et de chirurgie, fon- 
dation Montyon.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'application aux arts industriels de 
l'appareil inventé pour les travailleurs qui ont à pénétrer dans des lieux 
infectés; par M. PauLIN. 


(Adressé pour le concours Montyon, arts insalubres.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — figure et description d'un nouveau Lit mécanique 
destiné aux malades et aux blessés; par M. Nicoze BEerTHELOT. 


(Adressé pour le concours au prix de Mécanique , fondation Montyon.) 
ÉLECTRO-CHIMIE. — JVote sur un Phénomène qui se présente quelquefois 


lorsque l'on grave sur fer au moyen de l'eau forte, et qui paraît dé- 
pendre d'une action électrique; par M. Lepace. 


(Commissaires, MM. Becquerel, Savary.) 


( 421) 


PALÉONTOLOGIE. — Dents fossiles de rhinocéros trouvées dans la commune 
d'Aillas (Gironde); par M. Bircaupet. 


Ces pièces et une Notice imprimée sur les ossements fossiles recueillis 
en 1833 et 1834 dans la même localité, sont renvoyées à l’examen de 
MM. F. Cuvier et Flourens. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Modèles de jambes artificielles pour divers cas 
d'amputation; par M. Marin. 


(Présentés pour le concours au prix de Mécanique, fondation Montyon.) 


CORRESPONDANCE. 


ÉLECTRO-CHIMIE. — Æxtrait dune lettre de M. C.-F. ScHornerin 
à M. Becquerel. 


« Dans ces derniers temps je me suis beaucoup occupé de l'action vol- 
taïque de plusieurs peroxides métalliques, notamment de ceux d'argent et 
de plomb; et de ces expériences j'ai obtenu des résultats qui ont peut-être 
quelque intérêt pour vous. Relativement au peroxide de plomb, il est bien 
connu que l'acide nitrique pur n’exerce pas la moindre action sur lui. Or, 
d’après la théorie chimique de la pile telle qu’elle a été établie par M. de- 
la Rive, le peroxide de plomb étant voltaiquement combiné avec du pla- 
tine, par exemple, et mis dans l'acide sus-mentionné, ne devrait pas produire 
un courant. Cependant mes expériences ont démontré, non-seulement que 
dans les circonstances citées il y a un courant qui va du platine au peroxide 
à travers le liquide, mais aussi que la dernière substance disparaît , et qu'il 
y à formation d’un nitrate. Des résultats semblables s’obtiennent lorsqu'on 
fait usage d’une dissolution de sulfate de cuivre au lieu de l'acide nitrique. 
La manière que je trouve la plus commode pour combiner voltaiquement 
les peroxides de plomb et d’argent avec le platine, consiste à plonger pen- 
dant quelques minutes ce métal comme pôle positif d’une pile (1), dans 
une dissolution d’acétate de plomb ou de nitrate d'argent. La décompo- 
sition du peroxide de plomb, à ce qu’il me parait, est due à celle de 

C. R. 1838, 1èr Semestre. (T. VI, N° 44.) 58 


(422) 

l'eau. Comme j'ai développé mes idées sur cette décomposition remarqua- 
ble en particulier, et sur l’action voltaique des peroxides en général, dans 
plusieurs Mémoires qui seront bientôt publiés par le Philosophical Maga- 
zine, la Bibliothèque universelle et les Annales de Poggendorff, je n’entre 
pas ici dans plus de détails; mais permettez-moi que je vous fasse encore 
quelques observations générales sur la matière en question. D'après mes 
expériences, le peroxide d'argent est, de tous les corps connus, le plus 
négatif ( pour parier le langage des voltaistes), car en le combinant d’une 
manière convenable avec le peroxide de plomb , substance que l’on a con- 
sidérée jusqu’à présent comme le corps le plus électro-négatif, et en met- 
tant ce couple dans l'acide nitrique, on obtient un courant continu qui va 
du peroxide de plomb à travers le liquide au peroxide d'argent; et lors- 
qu'on combine voltaiquement ces peroxides avec le platine ou le fer inac- 
tif, la substance dont le nom précède dans la liste donnée, est négative 
par rapport à celle dont le nom suit. Dans mes expériences j'ai employé 
un galvanomètre qui est pourvu de 2,000 circonvolutions de fil et d’un 
système d’aiguilles bien mobile; cet instrument a, par conséquent, une 
sensibilité extraordinaire, et accuse le plus faible courant. Pour concilier 
ces faits remarquables (qui parlent en faveur de l'hypothèse de Volta ) 
avec la théorie chimique, il faut admettre que la seule tendance de deux 
corps à s'unir l’un avec l’autre, suffit déjà pour troubler leur équilibre 
électrique, quoiqu'il n’y ait aucune action chimique entre eux. Quelle 
que soit, du reste, la cause qui produit les courants que j'ai observés dans 
mes expériences, il me paraît que le principe de M. de la Rive doit être 
modifié dans certains cas; car ce qui est maintenant mis hors de doute, 
c'est l'existence des courants qui ne sont pas précédés par des combi- 
naisons ou des décompositions chimiques. Dans votre traité si riche en 
données importantes et en vues originales, j'ai trouvé quelque part des 
observations sur le peroxide de manganèse, qui ont quelque rapport avec 
mes derniers travaux et avec ma manière d'envisager l’action voltaique des 
peroxides. 

» Quant à la cause qui produit l’état anormal du fer , permettez-moi de 
vous en dire quelques mots. Dans plusieurs Mémoires consignés dans les 
Annales de Poggendorff, et de même dans mon petit ouvrage, J'ai dé- 
montré que l'explication donnée par M. Faraday sur le phénomène en 


(1) J'ai fait connaître ce procédé dans les Annales de Physique et de Chimie. 
T, LXIIT, p. 180. (Note de M. Becquerel.) 


(423 ) 


question, est en contradiction directe, non-seulement avec nombre de faits, 
mais aussi avec le principe même sur lequel se base l'hypothèse du cé 

lèbre physicien anglais. Vous trouverez également quelques-unes des ob- 
jections que j'ai faites à l'explication dont il s’agit, dans le Philosophical 
Magazine, vol. X, p.172; et dans le même Mémoire il y a une note de 
M. Faraday, qui me semble indiquer que ce physicien a abandonné son 
hypothèse. Quant à moi, je ne hasarde pas encore d’énoncer aucune opi- 

nion positive sur la nature de la cause à laquelle sont dus les phénomènes 
de passivité. 11 n’est pas impossible qu'ils dépendent d’un certain équi 

libre instable des molécules du fer, équilibre qui est peut - être 
produit par un courant. Jusqu’à présent on explique l’isomérisme par l'hy- 
pothèse que le même nombre d’atomes de deux éléments peuvent entrer 
de plusieurs manières en combinaison chimique ; or, il me semble qu'on- 
pourrait admettre que les molécules d’une matière simple sont aussi ca- 
pables de s’agréger différemment dans différentes circonstances. En effet, 
nous savons très bien que le soufre, par exemple, ainsi que le sélénium 
et le phosphore, peuvent exister chacun dans des états bien différents l’un 
de l’autre, et il est en même temps bien’connu que l’état d’agrégation dans 
lequel se trouvent ces corps influe beaucoup sur leurs propriétés chimi- 
ques. La raison principale qui me fait penser que l'inactivité du fer pour- 
rait dépendre d’un arrangement particulier des molécules de ce métal, 
consiste dans le fait que l'état normal est détruit par un ébranlement vio- 
lent qu’on fait éprouver au fer inactif. 


» L'opinion énoncée par M. Nobili à l'égard de la nature chimique des 
couleurs qui sont produites sur des plaques de platine, de fer et d'acier, 
par le moyen d’un courant et d’une solution d’acétate de plomb, n’est 
pas fondée. J'ai démontré par des expériences décisives que ces couleurs 
sont dues à une mince couche de peroxide de plomb. Quelques résultats 
de mon travail sur ce sujet se trouvent consignés dans le petit Ouvrage 
que j'ai pris la liberté de vous envoyer l’autre jour. Le physicien italien 
ayant commis une erreur dans les cas cités, j'avoue que je doute beaucoup 
de la justesse des vues qu’il a émises sur la composition des apparences 
électro-chimiques en général. » 


58... 


(424 ) 


PHYSIQUE DU GLOBE. — {Vote sur un bouleversement de sol observé aux 
environs de Sassari; communiquée par M. Bowarous. 


« Dans la nuit du 2 février 1838, un phénomène remarquable a eu lieu 
dans le vallon nommé Baddi Partusu, non loin de la ville de Sassari, sur 
un terrain de 500 pas carrés de superficie. Quelques centaines d’oliviers 
et divers autres arbres ont été arrachés jusqu'aux racines, brisés et dis- 
persés à de très grandes distances. Sur le même terrain ont paru de nou- 
veaux rochers qui n’y existaient pas; les anciennes roches présentent des 
fentes larges et profondes; un énorme quartier de roc, de près de roo pieds 
de longueur, de 5o de largeur et d'épaisseur, a été déplacé; et tout le ter- 
rain paraît rehaussé et déchiré en tout sens. 

» Suivant les habitants du voisinage, le bouleversement a été accom- 
pagné d’un grand bruit. On n’a pu faire jusqu'ici que des conjectures sur 
les causes qui l'ont occasioné. » 


PHYS10LOGIE. — Sur les propriétés nutritives des. aliments empruntés au règne 
végétal. — Lettre de M. GannaL. 


A l’occasion d’un Mémoire présenté par M. Boussingault à la séance du 
26 mars dernier, Mémoire dans lequel l’auteur apporte de nouveaux faits 
à l'appui d’une proposition qu’il avait précédemment développée, savoir, 
que les substances employées comme fourrages sont d’autant plus nutri- 
tives qu’elles contiennent une plus grande proportion d’azote, M. Gannal 
écrit que:ses recherches sur l'alimentation l’ont conduit à une conclusion 
différente. 

« Une des conséquences: auxquelles je suis arrivé, dit-il, se trouve 
énoncée de la: manière suivante dans un travail déposé sous enveloppe 
cachetée, le:27 mars 1837 : 

« L’azote contenu dans certaines matières végétales n’est point assi- 
» milé. Ces substances sont alimentaires seulement en raison de la quan- 
» tité de fécule, de sucre, d'huile, de gomme et de mucilage qu’elles 
» renferment. » 

Il ajoute qu'il s’est assuré, au moyen d’expériences direetes, que « la 
quantité d’azote qu’une vache, par exemple, fournit journellement par le 
lait, l'urine et les déjections alvines, est dix fois plus considérable que 

celle qui se trouve dans les matières végétales qu’elle prend comme ali- 
ments dans l’espace de vingt-quatre heures, même en admettant pour 
ces dernières les nombres donnés par M. Boussingault. » 


(425 ) 

M. BoNNAFONT ; chirurgien en chef de l'hôpital militaire de Constantine, 

écrit qu'il a commencé à faire, dans cette ville, une suite d'observations 
météorologiques", et offre d'en transmettre les résultats à l'Académie. 


M. H. Roger adresse un paquet cacheté. 
L’A cadémie en accepte le dépôt. 


À 4 heures trois quarts, l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. 


(426) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences ; 
1% semestre 1838, n° 13, in-4°. 

Annales des Mines , 3° série, tome 12, 5° livraison, septembre et oc- 
tobre 1837, in-8°. 

Traité pratique des Maladies vénériennes; par M. Pa. Ricoro, un 
vol. in-8°, Paris, 1838. (Cet ouvrage est adressé pour le concours 
Montyon.) 

Recherches pratiques sur les maladies de l'oreille et sur le développement 
de l'ouïe et de la parole chez les Sourds-Muets , 1° partie : Maladies de 
l'oreille moyenne; par M. Derrau, 1 vol. in-8°, Paris, 1838. (Cet ou- 
vrage est adressé pour le concours Montyon.) 

Mémoire sur le Varicocèle et en particulier sur la cure radicale de cette 
affection; par M. Lanvouzy; Paris, 1838, in-8°. (Cet ouvrage est adressé 
pour le concours Montyon.) 

Rapport sur un Appareil dit Lit mécanique présenté à l’Académie 
royale de Médecine par M. Nico BerraeLor, in-8°. (Cet ouvrage est 
adressé pour le concours Montyon.) 

Nouveaux éléments de Médecine opératoire; par M. Béarn, 3 vol. in-8°, 
Paris, 1838. 

Histoire naturelle et Iconographie des Insectes coleoptères; par MM. De- 
LAPORTE €£ Gory, 16—18° livraison, in-8°. 

Essai sur la Gravelle et la Pierre; par M. Sécaras, 1°° partie , 2° édi- 
tion, in-8°. 

Histoire naturelle des Iles Canaries , 29° livraison, in-4°. 

Histoire de la Grippe à Lyon en 1837.— Rapport demandé par la 
Mairie de Lyon; rédigé par M. L. Gusrax, Lyon, 1837, in-8°. 

Académie royale de Bruxelles, Bulletin des séances des 10 février et 
3 mars 1838, in-8°. 

Bibliothèque universelle de Genève, nouvelle série, 3° année, n° 26, 
février 1838; in-8°. 

Fundamenta nova investigationis orbitæ veræ quam Luna perlustrat ; 
Auct. P,-A. Hansen, Gotha, 1838, in-8°. 


(427) 

Geology and.... Géologie et minéralogie considérées dans leurs rap= 
ports avec la théologie naturelle; par M. W. Bucxrann > 2 vol. in-8°; atlas 
in-4° des planches du même ouvrage. 

The magazine... Magasin d'Histoire naturelle (continuation de la 
publication de Lounox ), nouvelle série, vol 1, 1837, in-8°. 

The Zoology.... Zoologie du voyage du Bâtiment de L'État le Beagle 
exécuté sous le commandement du capitaine Fitzroy, pendant les années 
1852—1836. Mammifères fossiles; par M. Ricnarn Owex, Londres, 
1838, in-40. 

Phrenology.... La Phrénologie expliquée dans ses rapports avec les 
écritures ; par M. Joux Ware, Londres, 1838, in-8°. 

Proceedings... Procès-V’erbaux de la Société géologique de Londres, 
1" et 15 novembre 1837, in-8. 

Astronomiche.... Vouvelles astronomiques de M. Scaumacner ; n° 348, 
in-/°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 13, in-4. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°° 37—39, in-4°. 

L’Expérience , journal de Médecine , n° 30, in-8°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 321, in-4°. 

La Phrénologie, Journal, tome 1 , n° 36. 


( 428 ) 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 9 AVRIL 41838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES £T COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. — /Vouvelles observations sur la mesure de la 
température des tissus organiques du corps de l’homme et des 


animaux au moyen des effets thermo-électriques ; par MM. BECQUERFL 
et BRESCHFT. 


« Le Mémoire que nous présentons aujourd’hui à l’Académie est l'ex- 
posé succinct de la continuation des expériences que nous avons entre- 
prises soit à Paris, soit dans nos voyages aux Alpes et en Italie, pour dé- 
terminer d’une manière plus rigoureuse qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, la 
température des tissus en général et des organes intérieurs de l’homme et 
des animaux, à l’aide des effets thermo-électriques. 

» L'emploi que nous avons fait des aiguilles métalliques mixtes , d’un 
diamètre moindre qu'un millimètre pour déterminer la température des 
parties intérieures des corps organisés, exige des précautions délicates dont 
nous avons déjà fait connaître quelques-unes, et sans lesquelles il n’est pas 
possible d'obtenir des résultats sur l’exactitude desquels on puisse compter; 
aujourd’hui nous allons compléter ce que nous avons dit à cet égard. 

C.R, 1538, 1er Semestre. (T. VI, N° 13.) 59 


( 430 ) 

» Lorsqu'on plonge une barre de métal par l’une de ses extrémités dans 
une source de chaleur, qui n’est pas capable de réagir chimiquement sur 
ses parties constituantes, cette barre s'échauffe de proche en proche jus- 
qu’à une distance plus ou moins éloignée de la partie immergée, qui dé- 
pend de la nature du métal, des dimensions de la barre, de la tempéra- 
ture de la source et de celle de l’air ambiant. 

» Les diverses sections de la barre , à partir de Ja source de chaleur et 
jusqu’à une certaine distance, prennent donc des températures différentes, 
supérieures à celle de l’air ambiant; mais aussitôt que chacune d'elles a 
atteint la température qu’elle doit conserver, c’est-à-dire son état d’équi- 
libre, l'expérience prouve que pour des distances à la source qui croissent 
en progression arithmétique, les excès de température décroissent en pro- 
gression géométrique, toutes les fois que les excès de la température de la 
barre sur celle du milieu ambiant ne dépassent pas 20 à 30°. D'un autre 
côté, la propagation de la chaleur variant avec les dimensions de la barre, 
la perte de chaleur étant proportionnelle à l'aire des surfaces extérieures, 
et la quantité de chaleur qui traverse étant aussi proportionnelle à l'aire 
de la section; le décroissement de la température devra donc être d’au- 
tant plus considérable que le contour sera moindre. L'expérience prouve 
effectivement que dans deux barres de même métal, n’ayant pas la même 
section transversale, les distances du foyer aux points où la température 
est la même, sont entre elles comme les racines carrées des épaisseurs, ou 
comme les racines carrées de leurs rayons si les barres sont des cylindres. 
Il suit de ces diverses observations que plus les cylindres ou les aiguilles 
métalliques auront des diamètres petits, moins la source de chaleur se re- 
froidira quand sa température sera capable de varier par la présence de 
ces aiguilles; de là, la nécessité d'opérer avec des aiguilles qui ont moins 
d'un millimetre de diamètre. 

» Il résulte encore des observations précédentes , que lorsqu'on cherche 
à déterminer la température des parties intérieures de l’homme qui est 
d'environ 37°, il faut le placer dans un milieu dont la température soit 
d'au moins 18 ou 20°. Si cette condition ne suffit pas encore, il faut trou- 
ver par des expériences préalables, les effets dus au refroidissement pro- 
duit dans les muscles par la présence des aiguilles. C’est un point sur le- 
quel nous n’avons peut-être pas assez insisté dans nos précédents 
Mémoires. 

» Le procédé pour trouver la température intérieure du corps de 
l'homme consiste, comme onsait, à faire usage de deux aiguilles composées 


( 431 ) 

chacune de deux autres, l’une de cuivre, l’autre d'acier ; Soudées par un 
de leurs bouts. L’une des soudures est placée dans un/milieu dont la tem- 
pérature resté constante pendant la durée de l'expérience, tandis que 
l'autre est introduite dans la partie dont on veut mesurer la température. 
Ces deux aiguilles communiquent ensemble d’une part, par leur bout 
acier avec un fil d’acier de même nature, et de l’autre, par leur bout cui- 
vre avec les extrémités du fil d’un excellent multiplicateur thermo-élec- 
trique. 

» Lorsque les deux soudures ont la même température , l'aiguille ai- 
mantée n’est pas déviée; mais Pour peu qu'il y ait une différence entre les 
deux températures, ne füt-elle que de 0,1 de degré, il y a une déviation 
dont le sens et l'étendue sérvent à évaluer exactement cette différence, et 
par suite la température d'un des milieux quand celle de l’autre, qui est 
constante , est connue. 

» La source constante que nous avons l'habitude d'employer est four- 
nie par l'appareil de M. Sorel, que nous avons déjà décrit, ou par la bou- 
che d’une personne habituée à ce genre d’expérimentation. L'appareil Sorel 
conserve bien pendant quelques heures uné température qui ne varie que 
de quelques dixièmes de degré; mais la masse d’eau qui la donne est telle- 
ment considérable, que la soudure que l’on y plonge se met promptement 
en équilibre de témpérature avec elle » malgré les pertes qu’éprouvent les 
parties de l'aiguille situées en dehors, lesquelles sont promptement répa- 
rées. Dans ce cas, la température accuséé par la soudure est bien cellé du 
milieu dans lequel elle se trouve. Il n’en est pas de même de la tempéra- 
ture accusée par la seconde soudure qui se trouve dans un muscle à peu 
de distance de la peau, lequel muscle, én raison des tissus dont il se com- 
pose, de leur peu d’étendue et de leur mauvaise conductibilité, ne doit 
Pas être considéré comme une source de chaleur égale à l’autré: aussi 
trouve-t-on quand on opère dans un milieu dont la température est in- 
férieure à 18 ou 20 degrés, une différence en faveur de l'appareil, lors 
même que la température de ce dernier êst la même que celle du 
muscle. 

» En employant la bouche comme source de chaleur constante, on n’a 
Plus à craindre autant les différences que nous venons de signaler, parce 
que les deux sources ont de l'analogie entre elles, sous le rapport de leur 
constitution. 

» Nous sommes entrés dans quelqués détails sur les précautions à 
prendre quand on cherche à mesurer la température intérieure des corps 


59... 


(432) 
organisés, afin de mettre à même les personnes qui voudront se servir de 
notre procédé, d'éviter les causes d’erreur indiquées. 

» Nous allons maintenant exposer les expériences que nous avons faites 
pour montrer jusqu’à quel point la bouche peut remplacer l'appareil à 
température constante. 

» Chacune des soudures a été mise dans la bouche d’un jeune homme 
de 22 ans, entre le palais et la langue, qui exerçait une légère pression 
sur le fil métallique, afin d’éviter les variations résultant du passage de 
l'air aspiré. L’aiguille aimantée fut déviée de 1° ; en faveur de l’une des 
deux bouches. Les soudures ayant été changées de bouche, la déviation 
fut de 2° dans un autre sens, au lieu de 1 +. La différence de + degré, cor- 
respondante à -- de degré de température, provenait, très probablement, 
de ce que les soudures n'avaient pas été placées de la même maniere, 
dans les deux expériences; les effets n’ont pas varié pendant un quart 
d'heure. 

» On voit donc qu'avec certaines précautions, on peut se servir de la 
bouche comme source de température constante , quand on s’est habitué 
par des essais préalables à maintenir toujours la soudure dans la même 
position et à respirer par le nez, afin de ne pas introduire de l'air froid 
dans la bouche. 

». Une des soudures ayant été mise dans l'appareil Sorel, marquant 36°, 
l'autre dans la bouche d’un jeune homme, la déviation de l'aiguille ai- 
mantée fut de deux degrés , en faveur de la bouche, ce qui indiquait une 
température de 36°40’ au lieu de 369,50 accusée par le thermomètre; 
différence bien faible, due à des causes inaperçues. 

» On a laissé la soudure dans la bouche où elle se trouvait, et l’on a mis 
l'autre dans le muscle biceps du second jeune homme, la température de 
l’air étant de 14°, au-dessous par conséquent de celle qui est nécessaire 
pour le succès des expériences, on a eu une déviation de 4° en faveur de 
la bouche ; la température du biceps donnée par l'aiguille n’était donc 
que de 36°,20, au lieu de 36°,60 qui est la température moyenne que nous 
avons trouvée dans nos précédents mémoires. 

» La soudure qui se trouvait dans la bouche en a été retirée pour être 
placée dans l'appareil Sorel qui marquait 38°,50 au thermomètre centi- 
grade; la déviation de l'aiguille aimantée a été de 10° en faveur de l’ap- 
pareil : la bouche possédait donc une température de 36°,50, comme nous 
l'avons trouvé précédemment. Ainsi la bouche peut être employée avec 
avantage comme source de température constante. 


(435 ) 


» Nous avons été naturellement amenés à faire quelques expériences 
touchant l'influence des variations de la température ambiante sur la tem- 
pérature des muscles de l'homme. Cette question, qui occupe les physi- 
ciens et les physiologistes depuis quelques années, n’est pas encore com- 
plétement résolue, aussi les résultats que nous avons obtenus ne seront 
pas sans intérêt pour la science. 

» Il est constant que l’homme ainsi que les animaux à sang chaud, peu- 
vent vivre dans une atmosphère ayant une température qui diffère de Ja 
leur de près de 80°, puisque les habitants des régions polaires, couverts 
à la vérité de vêtements, se trouvent exposés une partie de l’année à Ja 
température de la congélation du mercure. Dès lors l'homme ainsi que 
les animaux à sang chaud, possèdent en eux la faculté d’augmenter dans 
un temps donné la chaleur qu'ils développent. Quant à la faculté qui leur 
est propre, pour résister à des températures assez élevées sans qu’il en 
résulte un désordre sensible dans l’économie animale, nous rappellerons 
les expériences de Banks, Blagden et Fordyce, qui sont restés exposés 
pendant quelques instants à une température de 125°, sans trouver de 
changement sensible dans leur température évaluée probablement d'apres 
celle de la bouche. 

» D'un autre côté, Berger et Delaroche s'étant exposés à une tempéra- 
ture de 49”, ont trouvé leur température augmentée de 4°; et Delaroche 
étant resté seul dans une étuve à 90°, pendant 16 minutes, a constaté que 
la sienne ne s'était accrue que de 5°. 

» Le capitaine Parry rapporte que dans les régions polaires où la tem- 
pérature est plus basse que celle de la congélation. du mercure, la tem- 
pérature de l’homme n’est pas sensiblement modifiée, Cette dernière ob- 
servation est contredite par M. John Davy et quelques autres qui ont 
trouvé que la température de l’homme s'accroît des pôles à l'équateur. 

» Sans chercher à entrer dans l'examen des résultats contradictoires 
que nous venons de rapporter, nous nous bornerons à exposer les expé- 
riences que nous avons faites sur le même sujet. 

» On a introduit dans le muscle biceps du bras droit de deux jeunes 
gens, chacune des soudures de deux aiguilles parfaitement semblables, la 
température de l'air ambiant était de 16°, l’aiguilleaimantée ne fut pas dé- 
viée d’une maniere appréciable ; les deux muscles avaient done.exactement 
Ja même température. Un des bras en expérience fut plongé successivement 
jusqu’à la saignée pendant un quart d'heure dans de l’eau à 10, à 8, à.6 
degrés, puis à o; l'expérience dura environ une heure, la déviation .de 


(434) 
l'aiguille aimantée ne fut que de deux degrés en faveur du muscle non 
immergé, ce qui indiquait un abaissement de température dans l’autre 
d'environ un cinquième de degré. 

» Le même bras ayant été plongé ensuite dans de l’eau à 42 degrés pen- 
dant 15 minutes, la température du muscle immergé ne fut augmentée 
que de + de degré. 

» Ces expériences ayant été répétées à diverses reprises, nous n’avons ja- 
mais trouvé que de très faibles différences dans la température des muscles. 

» Ces résultats ont été confirmés dans les expériences que nous avons 
faites aux bains d'eaux minérales de Louech , en Valais , il y a deux ans, et 
à Paris tout récemment , avec le secours de M. Séguin, élève externe de 
l'Hôtel-Dieu de Paris , qui a bien voulu se prêter à nos recherches avec un 
dévouement digne d’éloges. Nous ne nous sommes pas bornés à mettre les 
bras dans de l’eau , ayant une température élevée, nous y avons plongé le 
corps entier. Les eaux de Louech étaient à 49° centigrades. 

» La température de l'appareil Sorel marquait 35°, 50; l'une des sou- 
dures y fut placée tandis que l’autre fut introduite dans le muscle biceps de 
M. Séguin ; la déviation de l'aiguille aimantée fut de 12 degrés en faveur 
du muscle, ce qui indiquait une température de 36°,70. M. Séguin ayant 
été mis dans le bain à 49°, il y resta 20 minutes: la déviation de l’aiguille 
aimantée varia de 12 à 13, à 14°, suivant que l'aiguille était plus où moins 
rapprochée de l’eau. La température des muscles avait donc augmenté de 
+ à ? de degré. Au sortir du bain la déviation de l'aiguille aimantée revint 
à 12 degrés, comme elle était avant. Le pouls de M. Séguin battait 112 pul- 
sations par minute dans le bain. 

» On a obtenu le même résultat sur un jeune tyrolien, ouvrier charpen- 
tier, vigoureusement constitué. Nous n'avons pas voulu repéter les expé- 
riences à une température plus élevée; dans la crainte de compromettre la 
santé des personnes qui avaient bien voulu se prêter à nos recherches. 
Mais nous les avons recommencées à Paris à une température un peu in- 
férieure à 49°, avec l’aide de M. Séguin et de M. Costille , également élève ex- 
terne à l’'Hôtel-Dieu. Une des soudures a été mise dans la bouche de M. Cos- 
tille, dont la température était de 37°, 50, mesurée au thermomètre, l’autre 
dans le muscle biceps du bras droit de M. Séguin; la déviation de l'aiguille 
aimantée fut de 2° en faveur de la bouche, ce qui indiquait une tempé- 
rature de 37,10, pour le muscle. M. Séguin fut mis dans un bain à 
42°,50, et y resta pendant 20 minutes; la température du muscle ne 
changea pas, puisque la déviation de l'aiguille aimantée resta la même. 


(435 ) 

» Cette expérience ayant été répétée sur M. Costille, donna le méme 
résultat. Nous voyons par les faits qui viennent d’être rapportés que lors- 
que le corps de l’homme est en contact avec de l'eau dont la température 
varie de o à 49° pendant vingt minutes, la température des muscles n’é- 
prouve que de faibles variations; peut-être n’en serait-il pas de même si 
le contact était prolongé pendant long-temps, comme les expériences de 
M. John Davy et d’autres physiciens portent à le croire; mais il est im- 
possible de vérifier cette assertion, puisqu'il pourrait en résulter des dé- 
sordres graves dans l'économie générale : un bain de 49° rubéfiant déjà 
fortement la peau et portant le sang à la tête. 

» Nous pouvons conclure aussi des faits observés que les résultats ob- 
tenus par M. Delaroche , qui s'était placé dans une étuve ayant 49° de tem- 
pérature, sont dus en grande partie aux phénomènes de la respiration 
qui modifient la température de la bouche. 

» Nous rapporterons encore une expérience faite à Louech, et qui n’a 
pu être répétée à cause des difficultés qu'elle présentait. Cette fois c’est 
un chien qui fut mis en expérience; ses muscles indiquaient une tempé- 
rature de 38°,50; plongé dans un bain à 49°, l'aiguille ne touchant pas 
à l'eau, la température du muscle extenseur monta successivement de un 
demi-degré à 1°, 1° et demi et 2°, et cela dans l’espace de cinq minutes. 
Le chien entra dans une telle colère qu’on fut obligé de le retirer de l’eau ; 
peu de temps après la température de son muscle redevint ce qu’elle était 
d’abord. 

» La soudure fut introduite dans sa poitrine, on obtint également un 
accroissement de température de plusieurs degrés quelques instants après 
l'immersion dans le bain; cet accroissement avait principalement lieu 
lorsque l'animal était violemment agité. Nous ignorons jusqu’à quel point 
l’état d’exaspération où se trouvait l'animal influait sur les effets que nous 
avons observés. Nous rapporterons encore un résultat curieux qui n’a pas 
de rapport avec les précédents, mais qui intéressera les physiologistes. 

» Une des soudures fut placée dans le biceps d’un jeune homme, l’autre 
dans le muscle grand supinateur du bras gauche d’un homme de 45 ans. 
L’aiguille aimantée ne fut pas déviée sensiblement. On ouvrit la veine, et 
l'on n’observa aucun changement de température pendant et après la 
sortie du sang. La soudure avait été placée le plus près possible de la 
veine. On tirera de ce fait telle conclusion que l’on voudra; mais la seule 
qui nous paraisse naturelle, c'est qu'à priori on devait penser qu'il en se- 
rait ainsi, parce que le sang dont l'ouverture de la veine permettait la 


(436 ) 


sortie retournait au cœur, et qu'ayant déjà circulé dans les vaisseaux ca- 
pillaires, il est devenu étranger à la composition des tissus en revenant à 
l'organe central de la circulation par les branches et les troncs veineux. Il 
n'aurait donc pu produire un abaissement de température dans le corps 
animal que par son écoulement abondant au dehors, et en produisant 
l'affaiblissement du sujet. Il convenait donc de faire l'expérience d’une 
autre manière : c'est pourquoi ayant pris un chien de moyenne taille, qui 
avait mangé peu d'heures avant l'expérience, nous avons placé une des 
soudures dans les muscles de la partie antérieure de la cuisse, tandis que 
la soudure d’une autre aiguille se trouvait dans la bouche d’un expérimen- 
tateur.Une ligature avait d’abord été jetée autour de l'artère fémorale, immé- 
diatement au-dessous de sa sortie de l'abdomen. La suspension du cours 
du sang dans ce vaisseau n’a apporté aucun changement dans la tempé- 
rature du membre, et à plusieurs reprises on a exercé ou suspendu la com- 
pression sur le tronc artériel, sans pouvoir observer le moindre mouve- 
ment dans l'aiguille du multiplicateur. 

» Fallait-il en conclure que les modifications dans la température des 
tissus dépendent bien moins de la circulation sanguine que de l'influx 
nerveux, ou bien que le résultat de cette dernière expérience tient à ce 
que, en ne liant que l'artère fémorale, nous n'avions pas intercepté tout 
abord du sang dans les vaisseaux de la cuisse, les artères fessieres et is- 
chiatiques pouvant suppléer à l'artère fémorale ? 

» Pour avoir une solution positive de cette difficulté physiologique, 
nous avons embrassé par un double cordonnet de soie l'artère iliaque pri- 
nitive; puis en plaçant un doigt sur le vaisseau dans le point correspon- 
dant à l'anse de la ligature, nous avons pu, à volonté, empêcher ou per- 
mettre la circulation du sang artériel dans le membre. Alors l'aiguille a 
été engagée dans l'épaisseur des parties charnues de la cuisse, et au bout 
de dix-huit minutes, nous avons vu la température baisser d’un demi- 
degré environ. En permettant ensuite au sang de parcourir les vaisseaux 
artériels fémoraux, bientôt la température se rétablissait dans son état 
normal. Cette expérience répétée plusieurs fois nous a donné le même 
résultat; quoique l'effet observé soit assez faible, il démontre néanmoins 
que le sang artériel exerce une influence directe sur la température des 
tissus; ce n'est pas cependant au sang qui circule dans les troncs et les 
branches artériels qu’il faut attribuer cette influence, mais bien à celui 
qui parvient dans les réseaux capillaires. En effet, entre la suspension du 
cours du sang dans le membre et la diminution de température, il s'écou- 


(437) 


lait le plus communément de quinze à dix-huit minutes. Cependant le ré- 
tablissement de la température à son degré normal, lorsqu'on permettait 
au sang de parcourir les artères, était toujours plus rapide que la dimi- 
nution de température lorsque l’on comprimait le tronc vasculaire prin- 
cipal. 

» Voilà pour ce qui regarde l'influence de la circulation artérielle sur la 
température des tissus animaux; dans un autre Mémoire nous dirons ce 
que l'expérience nous a appris sur l'influence nerveuse, relativement à 
cette même température des tissus. 

» Les faits que nous venons de rapporter dans ce Mémoire, montrent 
de nouveau le parti que l’on peut tirer des effets thermo-électriques pour 
évaluer la température des parties intérieures de l’homme et des animaux, 
en prenant pour température constante, soit celle de l'appareil Sorel, soit 
celle de la bouche d’une personne exercée à ce genre d’expérimentation. » 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Observations de M. Gax-Lussac sur un nouveau 
procédé de chauffage importé d Angleterre. 


« On a beaucoup parlé de ce procédé comme d’une chose merveil- 
leuse ; avec 5o à 60 centimes de charbon convenablement préparé, on peut 
chauffer, dit-on, un immense appartement et y entretenir une température 
agréable pendant vingt-quatre heures. De plus, l'acide carbonique pro- 
duit par la combustion n’est pas versé dans l'appartement ; il est retenu 
par du carbonate de soude dont on imprègne le charbon, et l’asphyxie 
n’est plus à craindre avec ce nouveau mode de chauffage. Enfin on peut 
l’adopter avec toute confiance ; il a reçu l’assentiment des savants d’An- 
gleterre, et il a même été présenté à l’Académie des Sciences. 

» Ce procédé tant vanté m’a paru devoir mériter un examen. Je m'y suis 
livré, et, en en faisant connaître le résultat, il m’a semblé que je ser- 
virais les intérêts du public et ceux des importateurs, gens de trop bonne 
foi pour ne pas désirer d’être mieux éclairés qu'ils ne l'ont été sur les 
avantages et les inconvénients de leur procédé de chauffage. Je dirai plus, 
je crois accomplir un devoir. 

» Le combustible employé est un charbon très léger, imprégné, dit-on, 
de carbonate de soude pour retenir l’acide carbonique produit par sa 
combustion. J'en possède un échantillon et j'ai, en effet, reconnu qu’il 
contient du carbonate de soude, ou plutôt du carbonate de potasse; 


mais la quantité en est si minime que je suis convaincu qu'elle ne s'élève 


C. R. 1838, 197 Semestre. (T. V1, N° 15.) 60 


( 488 ) 


pas à un quart de millième du poids du charbon. Aussi brûle-t-il avec 
une grande facilité comme tous les charbons de bois très légers. 

» Il est, par conséquent, de toute évidence que ce charbon doit ré- 
pandre en brülant dans un appartement la même quantité d'acide car- 
bonique qu’un égal poids de tout autre charbon; qu'il vicie l'air de la 
même mamire et qu'il pourrait produire les mêmes accidents. Il n’est pas 
moins évident encore qu'il ne doit pas produire plus de chaleur que le 
charbon ordinaire, puisque sous le même poids il ne contient pas plus de 
matières combustibles. 

» Mais ayant assisté à une épreuve sur la combustion du nouveau char- 
bon, j'ai reconnu, avec d’autres assistants, que la combustion n’était ac- 
compagnée d'aucune odeur incommode, et j'ai pensé que la petite quantité 
de sel alcalin que je supposais qu'on y avait ajouté, pouvait être la cause 
de toute absence d’odeur. C’eût été là un perfectionnement réel apporté 
dans le chauffage domestique, une véritable découverte. Il était aisé de 
soumettre cette pensée à l'épreuve de l'expérience. 

» J'ai d’abord constaté que le charbon ordinaire était presque autant 
alcalin que le charbon employé dans le nouveau procédé. Mais pour rendre 
l'expérience plus concluante, j'ai humecté le charbon avec de l’eau légère- 
ment chargée de carbonate de soude, de telle sorte qu’il paraissait plus alca- 
lin que le charbon anglais; puis il a été desséché sur un poêle. Deux four- 
neaux alimentés, l'un avec ce charbon préparé , l’autre avec du charbon 
ordinaire, n’ont pas présenté de différence appréciable, quant à l’odeur. 
Diverses expériences semblables, en variant la proportion du carbonate de 
soude, ont donné le même résultat. 

» Convaincu alors que ce sel n’était pour rien dans la combustion du 
charbon, j'ai pensé que l’absence d’odeur, que j'ai cru remarquer dans la 
combustion du charbon anglais, tenait à sa nature propre, car on sait 
que, pour les braseros, il n’est pas indifférent d'employer toute espèce de 
charbon. Ayant reconnu que le charbon anglais était très léger et prove- 
nait certainement d'un bois blanc, j'ai fait carboniser des morceaux de 
planches de sapin qui me sont tombés sous la main. Le charbon obtenu 
était aussi fort léger, et il s’est trouvé très sensiblement plus alcalin que 
le charbon anglais. Brülé comparativement avec du charbon ordinaire, il 
a été moins incommode et m'a paru se comporter comme le charbon an- 
glais, mais sans pouvoir en faire une comparaison exacte, faute d’une 
provision suffisante de ce dernier. 

» Les importateurs du nouveau procédé de chauffage brûlent le charbon 


( 439 ) 


dans un appareil élégant dont il serait inutile de donner ici la descrip- 
tion. Il suffira de dire que C’est un véritable braséro, versant tous les 
produits de la combustion dans l’appartement où il est placé. C’est en 
cela que consiste la grande économie de combustible annoncée. On ne 
peut la contester, elle est bien connue; mais qu’on n'oublie pas qu’elle 
n'est obtenue qu’en viciant l'air de l'appartement et en compromettant 
peut-être la respiration, surtout chez des personnes inexpérimentées, qui 
s’abandonneraient à une trop aveugle sécurité. 

» Au reste nos observations n’ont pas pour but de faire proscrire le nou- 
veau système de chauffage, mais seulement de le faire mieux apprécier 
qu'il ne l'avait été et de le réduire à sa juste valeur. Elles nous condui- 
sent à penser; 1° que le combustible n’est qu'un charbon de bois léger 
bien préparé, ne renfermant d’autre sel alcalin que celui qui s’y trouve 
naturellement; 2° que ce combustible ne donne pas plus de chaleur que 
toute autre espèce de charbon de bois; 3° que le mode de chauffage em- 
ployé, qui consiste à verser tous les produits de la combustion dans l'ap- 
partement où elle s'opère, présente réellement de l’économie sur les autres 
procédés, mais que ce n’est qu’en viciant l'air et en compromettant la res- 
piration ; 4° qu’un poêle bien construit, alimenté par de l’air pris hors de 
l'appartement, peut utiliser les neuf-dixièmes environ de toute la chaleur 
produite par la combustion, sans vicier l'air, répandre la moindre odeur ni 
affecter la respiration, et que l’usage en est plus sûr et presque aussi éco- 
nomique. » 


Remarques de M. Taénarn à l'occasion de la communication 
précédente. 


__« J'ajouterai quelques mots seulement à ce que vient de dire M. Gay- 
Lussac. 

» 1l est probable que le charbon ne donnerait pas d’odeur, s’il avait été 
convenablement calciné. 

» Telle est en effet la braise, et même le charbon préparé en vases clos, 
lorsqu'il a été porté à une assez haute température. 

» L'appareil dont il est question peut être comparé, pour l'effet, à un 
brasero dont la combustion serait extrêmement lente ou à une de ces 
chaufferettes qui donnent de la chaleur pendant 12 à 15 heures. 

» On remplit la chaufferette de poussier de charbon; on lallume à la 
surface avec un peu de motte enflammée. La combustion s'opère peu à 
peu; on l’entretient en soulevant de temps à autre les couches inférieures 

60... 


( 440 ) 


avec une lame de fer; elle se continue ainsi depuis le matin jusqu’au soir 
à une heure très avancée. » 


200L0G1E. — {Votice sur trois nouveaux genres d'oiseaux de Madagascar ; 
par M. IsipoRE GEOFFROY SaiNT-HiLaïRE. 


(Extrait.) 


« Les trois oiseaux qui font le sujet de cette Notice, dit M. Isidore 
Geoffroy ,étaient compris dans une riche collection envoyée de Madagascar 
au Muséum d'histoire naturelle, par M. Bernier, officier de santé de la 
Marine, dont j'ai déjà eu plusieurs occasions de signaler le zèle éclairé 
pour l’histoire naturelle. Les trois genres que j'ai décrits, l’un en 1835, 
parmi les passereaux ténuirostres, sous le nom de Falculie (1), les autres, 
en 1837, parmi les mammifères carnassiers, sous Îles noms d’Éricule (2) 
et de Galidie (3), avaient été envoyés de Madagascar par M. Bernier, 
presque en même temps que par M. Goudot; et il a ainsi contribué à 
nous faire connaître ces trois types nouveaux d'organisation. 

» Les genres que je vais décrire paraissent plus rares encore que les 
précédents à Madagascar, au moins dans les localités jusqu’à ce jour vi- 
sitées par les Européens. Tous trois n’ont été envoyés que par M. Bernier, 
et ils étaient, dans la précieuse collection dont ils faisaient partie, les seuls 
dont le nom de pays ne füt pas indiqué, et presque les seuls aussi qui 
ne fussent représentés que par un individu. Je n’ai trouvé non plus dans 
les annales de la science, rien qui parût se rapporter à eux. Cette Notice 
ne saurait donc être aussi complète que je l’eusse désiré : telle qu’elle est 
néanmoins , elle suffira pour montrer la nouveauté des combinaisons de 
caracteres, offertes par les trois oiseaux dont la découverte est due à 
M. Bernier. J'ai lieu d'espérer que la connaissance de l’organisation in- 
terne et des mœurs, lorsqu'elle sera acquise à la science, n’infirmera pas 
les inductions que j'ai cru pouvoir tirer dès à présent de l’examen des 
parties extérieures. 

» Des trois genres dont la description va suivre, deux auxquels je 
donne le nom de PmiréprrTe, Philepitta,et d'OrniouE, Oriolia, appartien- 


(1) Voyez le Bulletin de la Société des Sciences naturelles, année 1835, page 115, et 
le Magasin de Zoologie, année 1836, première livraison. 

(2) Voyez les Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie, 2% semestre, 1837, 
page 374. 

(3) 1bid., page 5704 


(441) 


ment, comme l'indiquent leurs noms, au groupe déjà si immense des 
passereaux insectivores; ce seront deux anneaux de plus à intercaler dans 
cette longue chaîne dont toutes les portions sont déjà si étroitement con- 
tigués et si intimement unies. Le troisième genre tend à établir aussi a 
entre divers termes de la série ornithologique, des rapports de transi- 
tion; mais ces rapports sont plus éloignés.et beaucoup plus intéressants à 
constater. Ce ne sont plus de simples divisions d’une même famille, ce 
ne sont plus des genres voisins qu'ils lient entre eux, mais bien des fa- 
milles et même des ordres très distincts. On verra en effet par sa des- 
cription que ce troisième genre, analogue par ses pattes aux pigeons plus 
qu’à aucun autre groupe, par ses ailes, à la plupart des vrais gallinacés, 
ressemble en même temps, par la conformation très caractéristique de son 
bec et la disposition de ses narines, à un genre singulier de palmipèdes, 
les Héliornes ou Grébifoulques. De là le nom de Mésire, Mesites, que je 
propose pour ce nouveau genre, afin d’en rappeler les rapports mixtes et 
le rang intermédiaire entre plusieurs des groupes primaires de la classe 
des oiseaux. 

» Après ce préambule, dans lequel ii fait connaître le sujet de son tra- 
vail, M. Isidore Geoffroy décrit successivement avec détail les genres Phi- 
lépitte, Oriolie et Mésite, et discute leurs rapports d’affinité avec les 
groupes génériques auxquels.ils sont comparables à divers égards: Le tra- 
vail de M. Isidore Geoffroy. devant prochainement paraître en entier dans 
la quatrième livraison de ses Études zoologiques , nous ne suivrons pas 
ici l’auteur dans des détails, d’ailleurs difficilement intelligibles sans le 
secours de planches. Il nous suffira de faire connaître la place que 
M. Isidore Geoffroy assigne, dans la classification, à chacun des genres 
établis par lui, et de donner les caractéristiques, soit de ces genres, soit 
de leurs espèces. 


I. Genre PHILÉPITTE, PHILEPITTA. 


» L'auteur compare successivement ce genre aux Brèves ( Pitta), aux 
Martins, à divers sous-genres de Muscicapidés, et aux Philédons. Suivant 
M. Isidore Geoffroy, c’est près de ces derniers qu’il doit prendre rang, -et 
sa Caractéristique peut être donnée ainsi.: 

« Bec presque aussi long que le reste de la tête, triangulaire, un peu 
plus large que haut, à arète supérieure mousse, légèrement convexe, 
sans véritable échancrure mandibulaire. — Narines latérales, peu distantes 
de la base, linéaires, un peu obliques.— Tarses assez longs, couverts de 


( 442 ) 


très grands écussons. — Quatre doigts, tous, et spécialement le pouce, 
allongés, forts et armés de grands ongles comprimés, aigus, très recourbés. 
Parmi les trois doigts antérieurs, le médian, qui est le plus lang de tous, 
réuni à sa base à l’externe; l’interne, qui est le plus court de tous, libre 
dés sa base, — Queue assez courte, à douze pennes égales. — Ailes mé- 
diocres, subobtuses ou obtuses (x). 

» La seule espèce que l’on connaisse encore dans ce genre est, sans nul 
doute, l’un des passereaux les plus remarquables par ses caractères exté- 
rieurs, et les plus faciles à reconnaître spécifiquement ; l’auteur la nomme 
PHILÉPITTE VELOUTÉE, Philepitta sericea, et la définit ainsi : 

» Plumage velouté, d’un noir profond, sauf une petite tache jaune de 
chaque: côté au fouet de l'aile. — De chaque côté, une caroncule membra- 
neuse, insérée au-dessus de l'œil, et s'étendant en avant et: en arrière de 
lui. — Taille, 0,100. 


II. Genre ORIOLIE, orrozr4. 


» Quoique la physionomie des Oriolies diffère beaucoup de celle des 
Loriots, c'est très près de ceux-ci qu'ils se placent par tous leurs carac- 
tères génériques , comme on peut le reconnaître par la phrase caractéris- 
tique suivante: 

» Bec presque aussi long que le reste de la tête, droit, sauf l’extrème 
pointe qui s’infléchit légèrement, assez gros et aussi large que haut à la 
base , comprimé dans sa portion antérieure; une échancrure mandibu- 
laire ; plumes frontales entamées sur la ligne médiane par la base du bec. 
— Narines petites, irrégulièrement ovalaires, ouvertes sur les côtés du 
bec, à peu de distance de sa base, et aussi loin de la commissure des deux 
mandibules que de la partie supérieure du bec. — Tarses courts, écus- 
sonnés. — Quatre doigts, tous très développés, et armés d'ongles très 
comprimés, aigus, très recourbés, — Queue longue, composée de douze 
pennes terminées en pointe, les latérales un peu plus courtes que les in- 
termédiaires. — Ailes assez longues atteignant, le milieu de la queue, 
obtuses. 

». Une seule espèce est connue, l'OrtouE pe Bernier, Oriolia Bernieri, 
dont les caractères sont les suivants : 


(x) Aétat d'usure dans lequel se trouvent les 3° et 4° rémiges chez le seul individu 
commu, n’a pas permis de déterminer exactement si les ailes sont etablies sur le type 
subobtus ou sur le type obtus proprement dit. 


( 443 ) 


» Plumage roux avec des raies transversales noires sur le corps (1), uni- 
formément de couleur feuille-morte sur la queue et les ailes , sauf l’extré- 
mité des six premiers rémiges, qui est d’un gris noirâtre.— Taille, 0" ,180. 


YIE. Genre MÉSITÉ , wzsrres. 


» M. Isidore Geoffroy montre que ce genre très remarquable, a surtout 
de très grands rapports par ses ailes avec les Pénélopes et Parraquas, par 
son bec et ses narines avec les Héliornes, et par ses pieds avec les Pigeons, 
spécialement avecles Colombigallines. Cette alliance singulière de caractères, 
jusqu’à présent connus isolément dans des groupes fort éloignés les uns 
des autres, ne permet de rapporter le genre Mésite à aucune des familles 
jusqu’à présent établies, et, par conséquent, oblige de le considérer 
comme devant lui-même devenir le type d’une famille nouvelle, que 
l'auteur croit pouvoir placer parmi les Gallinacés passéripèdes, près 
des Pigeons. M. Isidore Geoffroy reconnaît d’ailleurs lui-même que ce 
classement a besoin d’être confirmé par l'examen du sternum , de l'épaule, 
du bassin, et surtout du canal alimentaire, l'étude même la plus appro- 
fondie des parties extérieures étant nécessairement insuffisante pour l’ap- 
préciation d’un genre aussi isolé dans la série ornithologique. 

» La caractéristique de ce genre est la suivante : 

» Bec presque aussi long que le reste de la tête, presque droit, com- 
primé ; mandibule supérieure sans aucune trace de crochet ni d’échancrure, 
à extrémité mousse; l’inférieure présentant en-dessous un angle au point de 
jonction de ses deux branches; de chaque côté de la mandibule supérieure, 
un espace membraneux commençant à peu de distance de la base du 
bec, et se prolongeant jusqu’au milieu de la longueur : au-dessous de la 
partie antérieure de cet espace, très près de la commissure du bec, 
et parallèlement à elle, une ouverture linéaire , qui est la narine. — Jambe 
emplumée dans la presque totalité de sa longueur , mais nue et écailleuse 


(1) Plusieurs oiseaux présentent , dans leur jeune âge , de semblables raïes transver- 
sales qui disparaissent ensuite en partie, et: quelquefois en totalité, à l’état adulte. 
En outre, d’après de nombreuses observations de M. Isidore Geoffroy, l'aile se mo- 
difie beaucoup dans les oiseaux selon leurs différents âges, beaucoup d’espèces, qui 
ont les ailes aiguës à l’état adulte (et peut-être toutes), les ayant d’abord obtuses. Si 
l’Oriolie envoyée par M. Bernier n’était pas entièrement adulte, et M. Isidore Geoffroy 
le soupçonne d’après quelques détails de la coloration de cet individu jusqu’à présent 


seul connu , il se pourrait qu’il y eût quelques modifications à apporter aux phrases 
caractéristiques données ci-dessus. 


( 444 ) 


sur une tres petite étendue, immédiatement au-dessus de l'articulation 
tibio-tarsienne. — Tarses médiocres, écussonnés. — Quatre doigts, non 
réunis à leur base pardes membranes interdigitales, mais seulement bordés 
près de leur origine ; doigt médian, plus long que les latéraux, et parmi 
ceux-ci, l'interne un peu plus long que l'externe : celui-ci uni au médian 
à sa base, mais sur une étendue extrémement petite ; pouce presque égal 
en longueur au doigt antérieur interne. — Ongles assez petits, comprimés, 
très peu recourbés. — Queue composée de douze pennes longues et très 
larges, parmi lesquelles les externes sont un peu plus courtes ; couvertures 
caudales très étendues. — Ailes courtes, dépassant à peine l'origine de la 
queue, surobtuses; première rémige extrèmement courte, seconde tres 
courte encore; 5°, 6°, 7° égales, les plus longues de toutes.—Plumage mol; 
pennes peu résistantes, à barbes peu serrées et peu adhérentes ; plumes 
du corps très longues, à tiges très grêles, également à barbes très peu 
adhérentes. 

» M. Isidore Geoffroy a donné à l'espèce type de ce genre remarquable, 
le nom de MésiTe variée, Mesites variegata. Ses caractères spécifiques 
sont les suivants : 

» Dessus de la tête et du corps, ailes et queue d’un roux feuille-morte; 
ventre roux avec des raies irrégulières, noires; plastron jaune-clair, 
avec des taches elliptiques, noires, transversalement placées ; gorge blanche. 
Sur les côtés de la tête et du col, une raie d’un jaune clair, passant im- 
médiatement au-dessus de l’œil; plus bas un espace nu, s'étendant en ar- 
rière et avant de l'œil; plus bas encore, une bande irrégulière jaune , et 
enfin une tache noire qui sépare celle-ci de la gorge. — Taille, 0”,297. 

» Il est très digne de remarque que la coloration si caractéristique de 
la tête chez la Mésite variée, offre la plus grande analogie avec la colora- 
tion de la même région chez ces Héliornes ou Grébifoulques dont la Mésite 
se rapproche tant aussi par les formes de son bec et la disposition de ses na- 
rines. La Mésite variée est, en particulier, très voisine, sous tous ces 
rapports, de l'Héliorne grivelé, ou Héliorne du Sénégal; et si la tête de 
ce genre nouveau eût été seule envoyée et seule soumise à l’examen des 
ornithologistes, il est assurément bien peu d’entre eux qui eussent hésité 
à attribuer à une espèce inconnue d'Héliorne. » 


(445 ) 


RAPPORTS. 


VOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur les résultats scientifiques du voyage 
de la Bonite autour du monde. 


PREMIÈRE PARTIE. — Zoologie. 


(M. de Blainville, rapporteur.) 


« L'Académie, dans sa séance du 2 novembre 1835, reçut une lettre de 
M. le Ministre de la Marine, dans laquelle, en lui annonçant qu’un bâtiment 
de l’État devait successivement visiter le Brésil, les îles Sandwich et plu- 
sieurs points des mers de l’Inde et de la Chine, il ajoutait que, quoique 
ce bâtiment ne füt pas destiné à remplir une mission scientifique, cepen- 
dant, si l’Académie jugeait utile de profiter de cette circonstance pour 
faire faire quelques recherches sur ces différents points, le commandant 
et l'état-major de la Bonite s’en occuperaient avec soin. 

» L'Académie s’empressa, comme elle le devait, d'accepter cette pro- 
position et nomma une Commission chargée de rédiger les Instructions qui 
devaient servir de base à leurs travaux, et indiquer le sujet de leurs re- 
cherches. De plus, elle pria M. le Ministre de joindre à l'état-major de 
la Bcnite, comme plus spécialement chargé des recherches d'histoire 
naturelle et surtout de phytologie, M. Gaudichaud, qui ne s'est pas 
borné à cela comme notre rapport va le montrer, et qui a souvent aidé 
les zoologistes d’une manière qui leur sera grandement profitable. 

» Les instructions en zoologie portaient essentiellement sur un assez 
grand nombre de lacunes importantes que nos collections, quelque ri- 
ches qu’elles soient, présentent encore dans la série animale, et sur plu- 
sieurs points intéressants de physiologie, comme 1° la température de 
l'homme et des animaux, dans des circonstancés convenablement appré- 
ciées; 2° la nature de l'air contenu dans la vessie natatoire des poissons; 
3° la phosphorescence de la mer. 

» En exposant assez longuement les principaux desirata de la science 
etde nos collections, nous étions loin de penser que dans un voyage qui 
devait être exécuté d’une manière aussi rapide, et dont la mission prin- 
cipale n’était pas de faire des recherches scientifiques, nos désirs, nos 
besoins , seraient pleinement satisfaits. L'Académie , dans ces sortes d’ins- 
tructions, ne s'adresse pas exclusivement à l'expédition seule à laquelle 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 15.) 6: 


( 446) 


elle les remet; elle à des prétentions plus élevées, et elle espere par là 
stimuler le zèle de tous les. amis. des sciences, nationaux ou étran- 
gers, qui par leur position peuvent satisfaire à quelques-uns des points 
signalés par elle. Aussi nous empressons-nous de déclarer: que: dans l’ex- 
pédition de la Bonite, nos espérances en zoologie ont été considérable- 
ment dépassées , et que les efforts de MM. Eydoux et Souleyet, plus spécia- 
lement chargés des recherches dans ce genre, aidés qu'ils étaient de ceux 
de M. Gaudichaud, ont été couronnés d’un succès d’autant plus inattendu, 
et qui paraîtra d'autant plus grand que l’on sera plus à même d’appré- 
cier les circonstances peu favorables où ils se sont trouvés. C’est au reste 
ce qu'il sera facile de démontrer par un coup d'œil historique de l’expé- 
dition (1) et par l’énumération succincte des principaux objets qu'ils ont 
rapportés, avec les dessins et les observations à l'appui que renferment 
leurs portefeuilles, et qui, faits par les observateurs eux-mêmes, ou par 
plusieurs officiers de l'état-major, sans prétentions d'artiste, respirent 
dans leur exécution un grand air de vérité. 

» En faisant l'observation que /a Bonite dans le cours de sa circum-na- 
vigation, qui a duré 63r jours, en a passé 480 à la mer et 151 seulement 
au mouillage, on devait tout naturellement s'attendre à ce que les récoltes 
en mammiferes et en oiseaux non-seulement ne seraient pas riches, mais 


(1) Eu voici l’itinéraire tel que M. Eydoux l’a remis à la Commission : 

La corvette de l’État, La Bonite, partie de Toulon le 6 février 1836, pour faire un 
voyage de circum-navigation, déposer des agents consulaires français au Chili, à la Ré- 
publique de l’Équateur et aux Philippines, a mouillé à Cadix le r4 février et en est 
repartie le 16. — Arrivée à Rio-Janeiro le 24 mars, elle a mis sous voiles le 4 avril. 
— Jété l’ancre à Monte-Video le 24 avril et partie le 7 courant.— En doublant le cap 
Horn , elle est descendue par les 58° 59° de latitude sud, s’est trouvée pendant six 
jours au milieu de bancs de glace, et cependant le thermomètre tenu à l'air libre et à 
l'ombre n’est jamais descendu au-dessous de 0°. — Arrivée à Valparaiso le 11 juin, 
elle y a séjourné jusqu’au 24. — Mouillée sur la rade de Cobija, depuis le 1°° juillet 
jusqu’au 3. — Sur celle du Callao, depuis le 11 juillet jusqu’au 21. — Sur celle de 
Payta, du 26 juillet au 1° août. — Sur celle de la Puna à l’embouchure de la rivière 
de Guayaquil, du 5 août au 123. — En se rendant aux îles Sandwich, passé près 
de l'archipel des Galapagos sans y toucher, jeté l’ancre: dans la baie de Kerakakoa 
(ile Hawaï des Sandwich) , le 1 octobre et partie le 6 du même mois, — Arrivée à 
Honolulu, résidence du roi des Sandwich, le 8 octobre et départ le 24 courant. — 
Dans Ja traversée, pour se rendre aux Philippines, passé entre les îles Mariannes sans s’y 
arrêter. — Arrivée à Manille le 7 décembre et départ le 21. — Mouillé à Macao le 
31 décembre et départ le 21 janvier 1837. — Resté au mouillage de Touranne (Co- 


(447) 


surtout qu’elles ne seraient pas importantes, et cependant il n’en est pas 
ainsi, et l’on peut dire que les naturalistes de l'expédition ont eu, per- 
mettez-moi cette expression, la main heureuse , en rapportant entre autres 
cinq mammifères , types de genres nouveaux que nous ne possédions pas, 
ou que nous ne possédions que d'une manière incomplète ét presque fà- 
cheuse, ayant en effet quelquefois le corps ou le squelette sans la peau. 

» Dans la famille des quadrumanes de l’ancien continent, nous note- 
rons plusieurs individus d’une grande et belle espèce de guenon que nous 
pensons être le Semnopithecus Nestor de Bennett. 

» Dans celle des Makis, nous avons remarqué deux ou trois individus 
en bon état de conservation d’une espèce de Galéopithèque, désignée de- 
puis long-temps, par M. Geoffroy Saint-Hilaire, comme une espèce dis- 
tincte sous le nom de G. Variegatus , regardée cependant comme une 
simple variété du G. ordinaire, par M. Teraminck, et qui, d’après quelques 
particularités du système dentaire, pourrait bien en être réellement dif- 
férente. 

» La distribution géographique de plusieurs espèces de l’ordre des Chéi- 
roptères ou Chauve-Souris, s’éclaircira par la certitude acquise que le Mo- 
lossus nasutus où Brasiliensis, le M. obscurus, se trouvent au Pérou, ainsi 
qu’une espèce de Yespertilio , proprement dit, de la division des Séro- 
tinoïdes, et voisine par conséquent du 7. Caroliniensis, qui existe dans 
une grande partie de l’Amérique. 


chinchine) , depuis le 25 janvier jusqu’au 4 février. — A celui de Syngapore (détroit 
de Malacca), du 1" février au 22. — A celui de Malacca, du 24 février au 26.—A celui 
de Pulo-Penang (ile du Prince de Galles), du 3 mas au 7 courant. — Mouillé dans 
le Gange à Diamond’s Harbour, à 10 lieues environ au-dessous de Calcutta , le 5 avril 
1837 et séjourné jusqu’au 27. — Arrivée à Pondichéry le 29 mai et départ le:2 juin. 
Mouillé à Saint-Denis (ile Bourbon) le 11 juilletet départ de 27..—Dans la traversée de 
Bourbon en France , les officiers ont fait une excursion de quelques heures sur l’île 
Sainte-Hélène, la corvette étant restée sous voiles. — Arrivée à. Brest le 6 nov. 1837. 

Le voyage de la Bonite a duré 21 mois complets, pendant lesquels elle est restée 
151 jours seulement au mouillage dans les 19 stations qu’elle a faites. Sur ces 151 jours 
de mouillage , on doit encore considérer comme perdus, pour les recherches scienti- 
fiques ; ceux de l’arrivée et du départ. 

Ge;bâtiment , dont l'équipage se composait de 150 hommes environ, n’a pas perdu 
un seul homme, et cependant 8 ou 10 malades au moins ont été journellement à 
l'hôpital du bord pendant toute la durée, de la campagne. Dans les deux derniers mois 
du voyage, le scorbut s’est déclaré à bord de la corvette. Plus de 60 matelots en ont 


élé atteints ; mais aucun n’y a succombe. 


Gr. 


( 448 ) 


» Dans l’ordre des carnassiers, nous aimons surtout à signaler aux 
zoologistes, une espèce de Viverra, si l'on se borne à la considéra- 
tion du système dentaire, et même un peu au système de coloration; 
ou de Mustela, si lon a égard à l'absence de poche au musc ou de dila- 
tation cloaciforme crypteuse à l'anus, en même temps que de cœcum; ani- 
mal dont on ne connaissait qu'une peau bourrée rapportée du Mexique 
par Deppe, publiée par M. Lichtenstein , sous le nom de Bassaris astuta, 
et dont M. Eydoux, par un rare bonheur, a pu se procurer aux îles 
Sandwich un individu vivant; aussi l’a-t-il rapporté entier et conservé 
dans alcool. 

» Un second carnassier que nous devrons encore aux naturalistes de 
la Bonite, et qui manquait à nos collections, est celui que M. Gray a, 
dans ces derniers temps, signalé sous le nom de Cynogale de Bennett. 
Par uue assez singulière circonstance nous en possédions le corps tout en- 
tier, et depuis fort long-temps (1826) dans nos collections, inais sans la 
peau ; en sorte que M. Gray, ayant d'abord décrit son Cynogale de Bennett 
d’une manière très abrégée et sans figure, nous avons cru devoir signaler 
le corps du nôtre, comme indiquant une coupe générique particulière. 
Déjà une description nouvelle donnée par M. Gray avait éclairei notre 
doute , et l'échantillon complet rapporté par M. Eydoux nous a montré 
dans ce curieux animal , une sorte de Loutre chez les Viverra, comme il y 
en a dans la famille des Mustela. 

» Enfin, un troisième carnassier, dont M. Jourdan, de Lyon, a entretenu 
l'Académie sous le nom d’Æémigale zébré, et que M. Gray avait déjà si- 
gnalé comme une espèce de Paradoxure, P. Derbyanus, se trouve aussi 
au nombre des objets recueillis par M. Eydoux. 

» Par suite de la collection rapportée par les naturalistes de /a Bonite , 
l'ordre des Rongeurs sera aussi enrichi, au Muséum, de deux animaux, 
types de genres qui nous manquaient, et dont, par la même singularité 
que nous venons de signaler pour le Cynogale et l’'Hémigale, nous possé- 
dions également les squelettes, sans savoir à quels animaux ils apparte- 
naient. 

» L'un est une très grosse espèce de Rat de terre signalée pour la pre- 
miére fois par Raffles, sous le nom de M. sumatranus, rapportée plus con- 
venablement aux Spalax , par M. G. Cuvier, et dont M. Gray a fait un 
genre sous le nom de Rhizomys, et M. Temminck sous celui de Vycto- 
cleptes Dekan, dans une de ses monographies. Nous n’en possédions qu’un 


(449 ) 
crâne : M. Eydoux nous en a apporté une suite d'individus composée de 
mâles, de femelles et de jeunes ; 

» L'autre est une curieuse espèce de Porc-Épic, voisine de celui de 
Malacca de Buffon, figuré par Seba, dont nos collections possédaient le 
squelette depuis 1826 seulement. La peau bourrée que nous à rapportée 
M. Eydoux, est très probablement dépourvue de sa queue; mais elle nous 
fait connaître la nature des piquants dont cette espèce singulière est cou- 
verte et qui, à peu près égaux partout, sont aplatis et canaliculés à leur 
face supérieure, ce qui les rapproche un peu de ceux des rats épineux : 
toutefois l’une et l’autre de ces espèces épineuses doivent être éloignées 
du genre Mus pour entrer dans celui des Hystrix. 

» Les autres espèces de mammifères recueillis par M. Eydoux dans 
l'Inde ou en Amérique, sont peut-être moins curieuses que les précédentes ; 
mais elles ne sont pas sans intérêt à cause des localités dont elles pro- 
viennent. Ainsi, nous trouvons venant de Manille, le Nycticée de Bourbon 
que M. Marion de Procé nous a aussi rapporté de cette localité, et le Sorex 
myosurus; le Viverra indica ; une espèce de Belette de Californie qui a 
quelque ressemblance avec le Mustela frenata de M. Lichtenstein, mais 
plus petite et avec la queue terminée de noir comme la nôtre, et le ventre 
jaune; etc. 

» M. Gaudichaud a lui-même recueilli entre autres mammifères : deux 
espèces d’écureuils, à Tourane, en Cochinchine, le S. flavimanus de 
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dont la patrie était incertaine, et le 
S.'bivittatus | qui est certainement de Malacca. 

» Parmi les mammifères récoltés en Amérique par M. Eydoux, et quine 
sont pas nouveaux, nous nous bornons à citer une espèce de Mouffette 
qui doit être sans doute celle que le P. Feuillée a décrite sous le nom de 
Chinche', puisqu'elle a été tuée par lui d’un coup de fusil aux mêmes 
lieux, c’est-à-dire à quelque distance de Monte -Video; des cochons 
d'Inde domestiques au Pérou, qui sont entièrement semblables aux 
nôtres; et un Felis de Valparaiso sans première fausse molaire supérieure, 
qui nous paraît être le F. pajeros. 

» Nous avons même à ajouter que M. Eydoux a aussi essayé, ce qui 
offre assez de difficultés, de rapporter des mammifères vivants; mais que 
sur 20 à 25 qu'il a pu se procurer , 6 seulement sont arrivés en bonne santé 
à la Ménagerie ; savoir : un Macaque à face noire, le Singe à queue de co- 
chon, une Civette de l'Inde ou Zibeth, deux Chiens de la Chine, que 
nous n’avions jamais possédés, et un Cerf de Java. 


( 450 ) 

» La classe des oiseaux n’aura pas moins profité aux récoltes zoologiques 
de la Bonite que celle des mammifères, et souvent même dans la direction 
des desiderata exprimés dans les Instructions de l’Académie; en sorte 
que, grace au zèle que M. Lherminier, correspondant du Muséum à la 
Guadeloupe, a mis de son côté à les remplir, on peut dire qu'aujourd'hui, 
sauf le Faisan-Lyre et l’Aptéryx, tous deux de l'Australie, et dontile der- 
nier est même déjà dans les mains habiles de M. Owen, l'Ornithologie 
possède à peu près tous les éléments nécessaires à l'établissement et à la 
démonstration de ses principes. 

» Nous devons en effet aux naturalistes de /a Bonite, et conservés dans 
l’esprit-de-vin : 

» 1°, Outre l'espèce ordinaire d'Héorotaire des îles Sandwich, Certhia ves- 
tiaria ( Blum.), ainsi nommée parce que ses plumes entrent dans les or- 
nements des vêtements de leurs habitants, une plus petite espèce à bec 
moins long, à plumage rougeâtre chez l'adulte, et vert jaunâtre dans 
le jeune âge; un petit nombre d'individus de cette espèce avaient déjà été 
rapportés par M. Botta ; 

» 2°, Le Psittacin des mêmes îles Sandwich, qui à tous les caractères 
anatomiques des véritables passereaux , c'est-à-dire une seule échancrure 
de chaque côté du bord postérieur du sternum, et deux petits coœcums 
à l'intestin ; 

» 3°. Le Phytotoma rara du Chili, qui, avec la même forme sternale, 
présente une singularité inattendue, pour un oiseau phytophage, dans 
l'intestin, presque sans aucune circonvolution, fort large , long seulement 
de cinq pouces et ayant cependant les deux petits cœcums des passereaux ; 

» 4°. Le Chionis alba, dont on ne possède encore que l'appareil sternal, 
et cela depuis le départ de la Bonite, et que nous avions noté dans les 
Instructions données par l’Académie, comme un de nos plus importants 
desiderata; si Messieurs les naturalistes de la Bonite n'ont pu nous 
rapporter qu’un seul de ces oiseaux, ce n’est pas tout-à-fait leur faute , en 
ayant abattu quatre à cinq; mais ces oiseaux étant tombés à la mer, on 
n'a pu les recueillir. 

» Parmi les oiseaux en peau qu'ils ont rapportés, et spécialement du 
Chili, du Pérou , des iles Sandwich, de la Cochinchine, de Manille et 
de Sumatra, en sorte qu'il sera possible de confirmer ou de rectifier 
quelques points de distribution géographique ou de patrie, nous nous 
bornerons à faire observer que la collection en parfait état de conser- 
vation se monte, d’après le catalogue dressé par M. Isidore Geoffroy Saint- 


(451) 
Hilaire lui-même, à plus de neuf cents individus appartenant x près de 
trois cents espèces, et qu’elle porte sur toute la série’ ornithologique , 
depuis les Perroquets jusqu'aux Manchots, et sur la plupart des genres 
établis dans ces derniers temps par les ornithologistes les plus récents. 

» Parmi les espèces communes dans nos pays, nous avons remarqué 
le Busard St.-Martin, la Buse des marais , la Cresserelle commune, l’Ef: 
fraye commune, venant de Pondichéry; le Pluvier doré trouvé auxîles Sand- 
wich; le Courlis-Corlieu du Chili ; le Tourne-Pierre commun; le Bihoreau; 
la Poule d’eau commune et la Sarcelle du Bengale ; ce qui montre de 
plus en plus que les limites de circonscription géographique sont bien 
loin d'être aussi resserrées pour les oiseaux, et surtout pour les oiseaux 
bons voiliers , que pour les mammifères. 

» Parmi les espèces intéressantes qui manquaient à nos collections , nous 
nous bornerons à signaler une magnifique espèce de Martin-Chasseur, un 
très bel individu de l'Eurylaime capuchon; le Psittacin ictérocéphale des 
iles Sandwich; une belle Pie du Pérou, Pica mystacalis de M. de Spare; 
une espèce de Merle du genre Brève, récemment figurée par M. Temminck; 
plusieurs beaux individus de l'Éperonnier, du Houppifère sans huppe, et 
d’Argus de l’ordre des Gallinacées. 

» Au nombre des espèces qui ont paru nouvelles à M. Isidore Geof- 
froy Saint-Hilaire, et qui viennent pour la plupart des îles Sandwich 
et du Pérou, il faut remarquer une espèce de Gobe-Mouche, de Tyran 
des Sandwich, de Brève de Malacca, de Gros-Bec du Pérou, de Mar- 
tin-Chasseur de ce dernier pays; de Colombe du Chili; de grande Poule 
d'eau du Pérou; de Céréopse des Sandwich. 

» La classe des reptiles sera enrichie d’un moins grand nombre de 
choses rares ou faisant défaut à la science et à nos collections, quoiqu’elle 
n'ait pas non plus été négligée. On pourra cependant remarquer dans les 
collections de la Bonite , plusieurs espèces nouvelles de lézards Ameiva, 
de Scinques, de Seps, c’est-à-dire des derniers genres du sous: ordre des 
Sauriens; dans celui des Ophidiens, nous avons vu, avec plaisir, que la 
nature hbire de l'expédition avait permis aux zoologistes de porter 
expressément leur attention sur les nombreux serpents d’eau venimeux 
ou non qui infestent les attérages des grandes îles et du continent 
Indien: Aussi ont-ils rapporté plusieurs espèces d’hydres qui paraissent 
nouvelles: 

» La classe des amphibiens gagnera aussi quelque chose aux récoltes 
de la Bonite, quoiqu'il commence réellement à être assez difficile d’ap- 


(452) 
porter des formes nouvelles dans nos collections, si riches dans cette 
partie. Cependant, laide - naturaliste de M. Duméril, M. Biberon, pense 
que le genre Rana de Linné sera augmenté de quelques espèces dans 
les sous-genres Cystignathe, Rainette et Crapaud. 

» Dans la classe des poissons, les espèces rapportées par M. Eydoux des 
mers de Chine, ou sont tout-à-fait nouvelles, ou viennent remplir une 
lacune d'autant plus fächeuse dans nos collections, que plusieurs ou un 
assez grand nombre avaient été établies par M. de Lacépède, d’après des 
peintures chinoises ou japonaises qui existent dans beaucoup de biblio- 
thèques. MM. Cuvier et Valenciennes les avaient sans doute confirmées 
pour la plupart, d’après les poissons eux-mêmes déposés dans le muséum 
de Berlin par M. de Langsdorff; mais il n’était pas sans importance d’en 
posséder des exemplaires dans les collections ichtyologiques de notre 
Muséum : ce sera une démonstration plus immédiate que les dessins chi- 
nois long-temps si méprisés, indiquent presque toujours des êtres réels 
et qui ne doivent pas être négligés. Au nombre de ces espèces, M. Valen- 
ciennes, que j'ai consulté à ce sujet, signale l'Oplichthys Langsdorfjii, le 
Sebastes Japonicus, le Pelor sinensis, le Synancea erosa , le Latitus si- 
nensis , le Pagrus filamentosus, la Cepola japonica , ete., ainsi que l'espèce 
singulière de raie nommée R. chinoise par M. de Lacépède, et qui 
n'existait dans aucune collection européenne. 

» Quant aux espèces que l’on peut regarder comme nouvelles, ou comme 
peu connues, et qui du moins ne se trouvent certainement pas dans nos 
collections, d'après M. Valenciennes, on peut citer des Priacanthes, des 
Uranoscopes, des Maigres, des Corbs, des Labres , des Pimélodes, une très 
belle espèce de Syngnathe, des Stomias, et un Squale de la division des 
Roussettes. 

» Somme totale, la collection de poissons est d'environ deux cents es- 
pèces représentées par quatre-cent-sept individus, et doit être regardée 
comme fort importante aussi bien pour la science que pour notre Musée. 

» Les diverses classes que les zoologistes admettent aujourd’hui dans le 
type des entomozoaires ou des animaux articulés, seront assez inégalement 
enrichies par la généreuse sollicitude des naturalistes de la Bonite , et l'iné- 
galité serait encore bien plus grande si, pour suppléer à la brièveté des re- 
lâches et des séjours à terre, ils n'avaient souvent eu recours au moyen le 
plus infaillible d'augmenter les récoltes, c’est-à-dire en achetant des col- 


lections déjà faites soit au Chili et au Pérou, soit en différents endroits 
de l'Inde, 


(458 ) 

» C’est ainsi surtout qu’ils ont augmenté notablement leurs récoltes d’en- 
tomologie proprement dite, qui sans cela auraient été nécessairement assez 
pauvres. 

» L'ordre des insectes Hexapodes Coléoptères est toujours celui qui pré- 
sente le plus grand nombre de choses nouvelles ou qui manquent à nos 
collections , et comme M. Audouin s’en est assuré, c’est toujours aussi le 
genre Carabus de Linné, qui prend la plus grande part à ces augmenta- 
tions. Aussi, outre une forme assez particulière pour déterminer une nou- 
velle coupe générique voisine des Harpales, on a pu remarquer une grande 
et belle espèce de Féronie de Madagascar, de Brachynus ou de Carabe à 
pétard de Manille, outre d’autres des genres Collyris, Catascope, etc. 

» La famille des Staphylins, que la brièveté de leurs élytres a fait nom- 
mer Brachélytres, s’enrichira aussi de quelques espèces nouvelles. 

» Celle des Charançons a présenté surtout une très belle espèce d’An- 
thribe , et celle des Capricornes en a aussi offert plusieurs, dont une Lamie 
remarquable. 

» Le genre si brillant des Chrysomèles et celui si nombreux des Cocci- 
nelles seront augmentés d’un certain nombre d’espèces nouvelles. 

» Pour les autres ordres , nous serons moins heureux que pour celui des 
Coléoptères; cependant une Blatte remarquable parmi les Orthopteres, 
plusieurs Hémiptères, quelques Hyménoptères du genre Ichneumon, et 
un Diptère du genre Asile, prouvent que les naturalistes de la 
Bonite ont eu égard aux instructions de l’Académie qui leur avait essen- 
tiellement recommandé de porter une attention toute particulière 
sur les insectes des derniers ordres, toujours si négligés par les voya- 
geurs. 

» La classe des Arachnides, qui est à peu près dans le même cas, n’a 
pas non plus été oubliée par MM. Gaudichaud et Eydoux, et parmi les 
trente ou quarante animaux de ce groupe qu'ils ont rapportés, ilen est 
plusieurs qui ont de l'intérêt, du moins pour nos collections. 

» La grande classe des Crustacés déjà si richement représentée au 
Muséum, trouvera cependant encore dans quatre à cinq cents individus 
récoltés par les naturalistes de la Bonite, non-seulement un assez grand 
nombre de bonnes espèces qui nous manquaient, d’après M. Audouin; 
comme le Podophthalmus wigil, Leucosia septemdentata, Ranina eden- 
tata y ete; mais aussi plusieurs espèces nouvelles et intéressantes des 
genres Cardisome, Macrophthalme, Cryptopodia, etc. 


» Mais c’est surtout sur les Entomostracés plus ou moins microscopiques 


C. R, 1838, 197 Semestre. (T, VI, N° 45.) 62 


(454 ) 
que l'attention de ces Messieurs a toujours été tendue, pendant tout 
le cours du voyage, comme le prouvent un très grand nombre d’objets 
conservés dans lesprit-de-vin, qui n’ont pu être encore examinés, mais 
dont l'intérêt a pu se prévoir d’après les dessins qu’ils ont en porte- 
feuille. 

» Les classes des Myriapodes, animaux terrestres, et même celles des 
Chétopodes et Apodes qui terminent le type des animaux articulés, 
n'ont pas échappé entièrement aux investigations des naturalistes de /a 
Bonite, et quoiqu’en très petit nombre plusieurs, et entre autres quelques 
espèces de Polydesmes (Polydesmus margaritiferus) de Manille, de Jules, 
de Térébelles, d’Amphynomes, enrichiront nos collections malheureuse- 
ment encore assez pauvres sous ce rapport. 

» Mais c’est principalement dans le type des Malacozoaires ou des ani: 
maux mollusques, et spécialement pour les espèces microscopiques que les 
collections et les dessins faits par Messieurs les Officiers de /4 Bonite 
sont véritablement nombreux et intéressants. 

» Malheureusement les Nautiles et les Spirules ne se sont pas encore 
présentés à leurs actives recherches, et nous avons toujours à en sou+ 
haiter l’acquisition; mais ils ont été plus heureux pour lOcythoé ou 
Poulpe parasite des coquilles d’Argonautes. En effet s'ils en ont trouvé 
dans une coquille, ils en ont également rencontré qui en étaient dé- 
pourvus, ce qui confirme l'observation de Rafinesque, lors de l’établisse- 
ment de son genre Ocythoé, et vient à l'appui de notre opinion sur le 
parasitisme de ces espèces de Poulpes. 

» Nous avons aussi remarqué plusieurs autres espèces de ce dernier 
genre, et de Calmars dont les appendices présentent des combinaisons 
et des proportions assez nouvelles. Reste à savoir si elles ne sont pas dé- 
pendantes de l’âge. | 

» Dans la classe des Céphalidiens, déjà si bien étudiés, ainsi que toutes 
celles du type des Malacozoaires, pendant la première cireum-navigation 
de l’'Astrolabe, nous avons surtout admiré le nombre extrêmement con- 
sidérable d’espèces encore inédites appartenant aux divisions génériques 
introduites dans les familles des Ptéropodes ou Hyales, sous les noms 
de Cléodore, de Criséis, Cuviérie, et dont l’observation si difficile sur 
les objets les mieux conservés dans l'alcool, n’a pas permis jusqu'ici de 
s'en faire une idée satisfaisante. Les nombreux dessins faits sur nature vi- 
vante, sous un fort grossissement, et souvent à la fois par MM. Gaudi- 
chaud, Eydoux et Souleyet, compléteront et éclairciront ce que nous 


(455 ) 


avaient appris MM. Lesueur, Rang, Botta, etc., sur ce sujet. Nous note- 
rons principalement la découverte d’une paire d'organes intérieurs dont 
la position et même la forme rappellent fort bien l’appareil auditif des 
Brachiocéphales. 

» Les doutes que l’on pourratt encore conserver sur la nature des longs 
filaments qui terminent le corps de certaines Firoles, seront compléte- 
ment levés. M. Gaudichaud s’est assuré que ce sont des filaments ovifères 
et par conséquent transitoires. 

» Mais c’est principalement, comme le leur recommandaient les Instruc- 
tions de l’Académie sur l’histoire de ces singuliers animaux, que l’on a 
désignés provisoirement sous le nom de Ptéropodes à nageoires ciliées 
(et sur lesquels M. Botta nous avait déjà rapporté d’intéressants ren- 
seignements), que les recherches des naturalistes de 4 Bonite ont eu 
le plus de succès; et les dessins nombreux qui accompagnent les objets 
eux-mêmes, mettront, il faut l’espérer, les zoologistes à même de s’assu- 
rer si ces petits animaux plus ou moins microscopiques et dont la coquille 
est souvent si bizarre, sont des animaux adultes ou ne sont que des degrés 
de développement d’autres animaux plus ou moins bien connus. 

» Un bel exemple de ces singulières transformations que les naturalistes 
sédentaires sur le bord de la mer ont commencé à explorer, depuis un 
assez petit nombre d’années, a justement été donné par les observateurs 
de la Bonite, à l'occasion de ces singuliers animaux nommés Lepas par 
Linné, subdivisés en Anatifes et Balanes par Bruguières. Ce que l’on sa- 
vait déjà de leur organisation forçait de considérer ces animaux comme 
un sous-type intermédiaire à ceux des Entomozoaires et des Malacozoai- 
res. Mais tandis qu’en Europe, en étudiant la marche de leur dévelop- 
pement, genre d'étude aujourd’hui si éminemment dans les besoins de la 
science, on était parvenu à démontrer que les Anatifes ne sont, pour ainsi 
dire, que des espèces d'Entomostracés qui se fixent à une certaine époque 
de leur vie, MM. Gaudichaud , Eydoux et Souleyet le trouvaient de leur côté 
aux attérrages du cap Horn, au milieu des circonstances les plus défavorables 
d’une campagne de circum-navigation. Les dessins et les objets recueillis 
permettront de donner la démonstration et la confirmation de ce fait 
curieux. 

» Parmi les nombreuses espèces du type des animaux mollusques nus 
ou à coquilles univalves et bivalves, et dont les zoologistes de 4 Bonite 
ne se sont pas bornés à recueillir les coquilles, comme on l'avait fait trop 
souvent jusque alors, nous pourrions encore trouver à citer plusieurs 

62... 


( 456 ) 
choses intéressantes, soit pour les progres de la science, soit pour les 
avantages de nos collections; mais nous craindrions d'abuser de l’atten- 
tion que l’Académie veut bien nous prêter. 

» Nous devons cependant signaler comme plus dignes de l'être, une 
grande Sipiole des mers de Chine, à peu près de la taille du Rossia 
palpebrosa de M. Owen, venant des mers arctiques; une espece d'Om- 
brelle des îles Sandwich, fort intéressante, au moins pour la localité, 
car elle paraît peu différer, même de celle de la Méditerranée; plu- 
sieurs individus du genre que M. Lesueur a nommé Atlas de Péron, 
et qui est surtout remarquable par la manière dont la tête et le pied 
rentrent dans le manteau alors globuleux; enfin une petite Bivalve, 
peut-être du genre Psammobie, qui marche un peu à la manière des 
chenilles arpenteuses. 

» L'étude des Actinozoaires ou animaux rayonnés et surtout leur récolte 
demandant un séjour plus ou moins prolongé dans des lieux où se trou- 
vent de nombreux récifs, puisque la plupart sont fixés au fond de la mer, 
cette partie de la zoologie n’a pu être traitée aussi favorablement que les 
autres. Nous avons cru cependant remarquer dans les dessins soumis à 
notre examen un certain nombre de formes assez insolites parmi les Mé- 
duses, qui se rencontrent en effet en pleine mer. Les Holothuries, les 
Pennatules des environs de Tourane, en Cochinchine, seront sans doute 
é galement intéressantes, ainsi queles différentes espèces d’Oursins et d’Acti- 
nes recueillies, d'autant plus que la plüpart de ces objets sont en bon état 
de conservation ; mais un examen plus approfondi est nécessaire pour 
pouvoir l’assurer. 

» Des troïs points de physiologie sur lesquels l'Académie avait plus spé- 
cialement appelé l'attention des naturalistes de /4 Bonite , deux seulement 
ont pu étre étudiés; savoir, la température de l’homme et des animaux, 
et la phosphorescence de la mer. Voici les résultats principaux que nous 
demandons à l'Académie la permission de rapporter d’après les notes mêmes 
qui nous ont été remises par MM. Eydoux et Souleyet : 


Sur la température de l'homme et des oiseaux. 


» Les observations de température humaine ont été faites sur dix hommes de l’e- 
quipage.de la Bonite, d'âge et de tempérament différeuts, mais tous soumis au même 
régime de vie et à peu près aux mêmes occupations. Huit de ces hommes étaient ma- 
telots sur, le pont ; deux seulement étaient affectés aux travaux de la cale. Commen- 
cées au mois d’ayril 1836, pendant le séjoux de la Bonite à Rio-Janeiro , elles ont été 
poursuivies tous les jours à la même heure (3 heures d’après midi) jusqu’à l’arrivée 


(457) 
en France, le 6 novembre 1837, et n’ont été interrompues que dans la plupart des: 
relâches et pendant les mauvais temps à la mer. Le nombre des observations par- 
ticulières s’élève à plus de 4,000. 

»-Il résulte de ces expériences qui ont été faites avec soin , et auxquelles l'exercice 
journalier des mêmes hommes a pu donner beaucoup de précision, que la tempe- 
rature humaine s’abaisse ou s'élève en même temps que la température extérieure. 

» D'abord elle s’abaisse assez lentement, Jorsqu’on passe des pays chauds dans 
les régions froides ; elle s’élève d’une manière plus rapide lorsqu'on quitte au contraire 
ces dernières régions pour repasser sous la zone torride. Au reste, ce double mouve- 
ment.est plus ou moins marqué suivant les individus. 

» La: température moyenne donnée, par les hommes observés au cap, Horn, 
par 59° de latitude sud, et par une température extérieure: de o° centigrade, ne 
présente qu’une différence approximative d’un degré avec la moyenne donnée par 
les mêmes hommes dans le Gange, près de Calcuta , par une température extérieure 
de + 40° centigrades, Une variation de 40° dans la température extérieure n’a donc 
donné lieu: qu’à une différence d’un degré, à peu près, dans la température des 
hommes observés. 

» Des expériences de température_ont été. faites encore sur plusieurs oiseaux péla- 
giens. du cap Horn et du cap de, Bonne-Espérance, ainsi que sur quelques requins ; 
nous ‘en donnons le résultat dans le tableau suivant : 


( 458 ) 


NOMS Leur TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE 
à ; LATITUDE. LONGITUDE. 
DES ANIMAUX. températ. de l’air. de l’eau, 
a ——— | — 
maxirm. minim, maxim,  inim, 
Requin. ........| 24° 
Pétrel damier. ... 
Chionis 
Grand Pétrel noir. 
Pétrel gris 


D EL CCI EST) 


idem. 
idem. 


Bla 


Requin. . 
Damier 8 32.25 sud : 
1 1 idem. 


4 L 
Grand Pétrel noir. 35.43 


34.30 
idem. 

34.19 
idem. 
idem. 
idem. 
idem. 
idem. 
idem. 
idem. 
idem. 


29.45 


Petit Albatros... 
Grand Albatros... 


birwinwls D 51e si= D 


plis 


Chez tous ces animaux le thermomètre a été introduit dans l’anus, pendant qu'ils 
étaient encore en vie. 


Phosphorescence de la mer. 


» Des recherches ont été faites sur la phosphorescence de l’eau de la mer, sur la 
cause et le mode de production de ce curieux phénomène. Plusieurs expériences faites 
sur l’eau phosphorescente au moyen des réactifs, de la filtration, de l’ébullition , l’ob- 
servation simple et à l’aide du microscope, nous ont conduits aux conclusions sui- 
vantes : 

» La propriété phosphorescente de l’eau de la mer n’est point inhérente à la na- 
ture de ce liquide, mais est due essentiellement à la présence d’êtres organisés. 

» Les animaux qui produisent la phosphorescence appartiennent à différentes classes. 
En première ligne, se trouvent les petites espèces de crustacés qui fourmillent dans les 
eaux de la mer, mais surtout une très petite espèce à deux valves, qui possède au plus 
haut degré cette propriété remarquable. (Toutes ces espèces ont été recueillies et con- 


(459) 

servées avec soin dans l’alcool.) Plusieurs mollusques, principalement les petits Cépha- 
lopodes pélagiens , les Biphores, etc. , ainsi que plusieurs zoophytes;dans lesquels il faut 
encore remarquer les Diphyes, les Méduses, etc., jouissent aussi de la propriété 
phosphorescente. Enfin, dans certains parages, l’on trouve à la surface de la mer de 
très petits corps jaunâtres qui sont encore extrêmement phosphorescents. Nous avans 
rencontré ces petits corps en très grande abondance à l’attérissage des îles Sandwich et 
dans notre traversée de cet archipel aux îles Mariannes; nous les avons retrouvés en si 
grande quantité à l'embouchure du détroit de Malacca, sur les côteside Pulo-Penang, 
que la surface de la mer, dans une grande étendue, paraissait couverte d’une pous- 
sière épaisse et jaunâtre. Ces petits corps phosphorescents ont. été examinés au micros- 
cope; mais, quoiqu'ils aient été soumis pendant long-temps à notre observation, nous 
n’avons jamais pu saisir en eux le moindre mouvement. Cependant, des expériences 
faites sur ces corpuscules au moyen de réactifs, nous portent à les considérer comme 
des corps organisés et vivants. Ces corps ont présenté quelques différences aux îles 
Sandwich et dans le détroit de Malacca. Les premiers étaient globuleux, transpa - 
rents, avec un point jaunâtre au centre; les seconds légèrement ovalaïres, avec une 
dépression au centre qui leur. donnait un aspect. réniforme,, étaient aussi entièrement 
jaunâûtres. 

» Dans tous les animaux. qui jouissent de la phosphorescence,. cette propriété nous 
a paru dépendre d’un principe particulier, d’une matière sécrétée probablement par ces 
animaux , mais qui présente des différences dans la manière dont elle est produite au 
dehors. 

» Les uns, Ics petits crustacés phosphoresceñts, peuvent émettre ce principe à l’ex- 
térieur dans certaines circonstances, surtout quand ils se trouvent irrités d’une ma- 
nière quelconque; ils lancent alors de véritables jets; des/fusées de matière phospho- 
rescente en assez grande quantité pour former autour d’eux une atmosphère lumineuse 
dans laquelle ils disparaissent. Nous avons pu recucillir une certaine quantité de cette 
matière sur les parois du vase qui renférmait un grand nombre de ces crustacés. 

» D’autres paraissent ne pas possédèr la faculté d’émettre ainsi cette matière au de- 
hors'et ne la développent en eux que dans certaines circonstances, dans la collision 
par exemple; dans les mouvements qu'ils exécutent ,: où quand des causes irritantes 
agissent sur eux. 

» Chez d’autres’, comme dans les Céphalopodes. et quelques Ptéropodes, ce: phéno- 
mène paraît s’exercer d’une manière presque passive. La matière phosphorescente ré- 
pandue dans leur nucléus:ou dans d’autres parties de leur corps, brille d’une manière 
constante et uniforme tant que l'animal jouit de la vie, et avec celle-ci s’éteint la lueur 
qu’ils répandäient. 

» Enfin, dans les corpuscules jaunâtres.-dont il a été question plus haut, la matière 
phosphorescente brille aussi d’une manière à peu près uniforme; mais si on les met 
encontact avec, un réactif quelconque, l’éclat qu’elle répand augmente d’abord pour 
s’éteindre ensuite insensiblement.. 4 

» La matière phosphorescente que nous ayons recueillie sur les parois du vase, 
était jaunâtre, légèrément visqueuse, et très soluble dans l’eau, qu’elle rendait lumi- 
neuse au moment où elle était projetée par l'animal. » 


( 460 ) 

» Nous ne pouvons donc mieux terminer notre rapport qu'en disant : 

» Les Instructions de l'Académie ont porté fruit au-delà de ce qu’on 
était en droit d’en attendre, vu la nature de l'expédition presque toujours 
sous voile, et dont les relâches ont été si courtes et si rares, et malgré les 
maladies journalières et le scorbut dont l’équipage, par la même raison 
sans doute, a été atteint pendant les derniers mois de la durée dela 
campagne, ce qui demandait de droit le premier temps de MM. les offi- 
ciers de santé. 

» Ces résultats ont porté principalement sur les animaux microscopi- 
ques des dernières classes, qui pullulent si abondamment dans toutes les 
mers, et dont l'étude encore si peu avancée va offrir aux zoologistes des 
problèmes dont la résolution ne sera pas sans de grandes difficultés. 

» Ils n’ont cépendant pas été sans importance pour les autres parties 
beaucoup plus avancées et bien faciles de la zoologie, et par un singulier 
bonheur, qui tient à l’heureuse, maïs très onéreuse idée de M. Eydoux, que, 
dans des relâches aussi courtes, il vaut mieux aller droit aux marchands, 
quand il yen a (et où n’y en a-til pas aujourd'hui), que de perdre son 
temps à courir la campagne, il est arrivé que d’un seul coup de filet, à 
force de sacrifices pécuniaires , quatre desiderata importants dans la 
classe des mammiferes, autant dans celle des oiseaux, etc. ,ont été satisfaits 
d'une manière véritablement admirable. 

» Les dessins auxquels MM. Fisquét, lieutenant de frégate , Chaptal, as- 
pirant de marine, petit-fils d’un homme dont le nom ne peut être effacé 
parmi nous, Lauvergne, commissaire de la marine, ont prêté habilement 
la main; les descriptions venant à l'appui des observations, lorsque les 
objets n’ont pu être convenablement conservés, constituent un porte- 
feuille de plus de deux cents figures et d’autant plus intéressant que la plus 
grande partie est le résultat d’une volonté persévérante de la part du’ jeune 
M. Souleyet qui savait à peine manier un crayon lorsqu'il s’est embarqué. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Rapport sur un mémoire de MM. PELLETIER et 
Pa. Wazrer, relatif aux produits pyrogénes de la résine. 


(Commissaires, MM. Thénard, Robiquet, Dumas rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, MM. Thénard, Robiquet et moi, de lui 
rendre compte des observations nouvelles et importantes que MM. Pelle- 
tier et Walter ont eu l’occasion de faire en poursuivant avec un zèle et 
une sagacité dignes d’éloge, l'étude des, produits pyrogénés de la résine. 


( 461) 

» Ils ont opéré sur les produits obtenus dans l’appareil imaginé et uti- 
lisé par M. Mathieu, pour la fabrication du gaz de résine. Cette substance 
y est soumise à la liquéfaction, puis introduite dans un tube incandescent 
où elle se décompose. Elle fournit du gaz propre à l’éclairage, un produit 
huileux qui a fait l’objét des recherches qui nous occupent, enfin un ré- 
sidu de charbon. 

» Du produit huileux brut, MM. Pelletier et Walter sont parvenus à 
extraire cinq carbures d'hydrogène parfaitement distincts et ils les ont étu- 
diés avec soin de manière à les définir et à les classer à leur rang parmi 
les espèces déjà si nombreuses de ce groupe. Pour l’un d’eux, leur tàche 
était facile, car ce n’est pas autre chose que la napthaline ou naphtalène ; 
mais les quatre autres qui étaient des corps nouveaux n’ont pu être isolés 
qu'avec difficulté. 

» La naphtalène extraite de ces produits pyrogénés de la résine était si 
bien cristallisée et si pure en apparence que votre rapporteur n’a pas dû 
négliger l’occasion de la faire servir à quelques expériences qui devaient 
d’ailleurs être mises à profit dans la discussion des observations de 
MM. Pelletier et Waiter. 

» En effet, ayant voulu prendre il y a quelques années la densité de la 
vapeur de la napthalène, l’un de nous se procura un bel échantillon de ce 
produit remarquable, et pour s'assurer de sa pureté, en fit une analyse 
élémentaire, qui donna les résultats suivants : 

» 0,400 de matière ont donné 1,370 acide carbonique ét 6,225 eau; ce 
qui représente 


Carbone........... 94,76 
Hydrogène......... 6,16 
100,92 


» Ces nombres, quoique fort rapprochés de ceux que donne la formule 
C#H' généralement admise, offraient un excès inusité de carbone. Il fit 
part de cette circonstance à un chimiste, M. Laurent, qui s’est occupé 
de la naphtalène pendant long-temps sous le point de vue théorique; il est 
à regretter qu’elle n’ait pas fixé son attention. 

» En effet, M. Liébig s’est assuré récemment qué la naphtalène donne à 
l'analyse les résultats suivants où l’on retrouve cet excès de carbone: 


Carbone....... 94,3... 94,2... 94,6 


Hydrogène. ... 62.207. 7 D,1 
100,5 100,3 100,7 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T.VL, N° 45.) 63 


(462 } 

» L'analyse de la naphtalène est donc décidément en désaccord avec la 
formule attribuée à cette substance. Ce fait a paru digne d’une sérieuse at- 
tention à votre rapporteur , et il a cru nécessaire d'entreprendre quelques 
expériences sur la naphtalène de la résine, pour la comparer à celle qu'on 
obtient du goudron de houille. 


I. 0,387 mat. cristall. dans l'alcool ont donné 1,318 d’acide carbon. et 0,220 d’eau. 


II. 0,458 id. es Mer: 8 Me 1,560 id. .0,261 id. 
III. 0,359 LE ar ATÉR OT HO Hovaio ot 1,223 id. «.. 0,203 id. 
IV. 0,442 id. refondue. ..... Potence etait ... 0,248 id. HU p1600 TA: 
V. 9,305 Le AUIF EE CAES T0 Éd on co} 0,169 id. eo f7uid, 


» D'où l’on tire les nombres suivants pour la naphtalène extraite des 
huiles pyrogénées de résine 


I. II. II. IV. V. 
Carbone...... 92... 942... 04:27.... 94,9... 94,9 
Hydrogène... 6,3.... 6,3.... 6,26.... 6,27. 0; 
100, 100,5 100,53 101,1 101,0 


» Ces résultats s'accordent trop bien avec ceux qui précèdent pour laisser 
le moindre doute sur l'erreur qui aurait été commise par MM. Faraday et 
Laurent, dans l'analyse de la naphtalène , si toutefois on ne remarquait un 
excès dans la somme de l'hydrogène et du carbone. Pour se convaincre de 
la constance de cet excès, votre rapporteur a fait quelques nouvelles ana- 
lyses de la naphtalène de la houille. 


0,433 ont donné 1,480 acide carbonique et 0,255 eau. 


0,300 id. 1,021 id. 0,172 id. 
0,458 id. 1,965 id. 0,259 id. 
» D'où l’on tire les nombres qui suivent : 
I. 11. II. 
Carbone..... 04300. 2 ee 94,55 
Hydrogène... 6,50..... GRR ES 6,20 
101,05 100,5 100,75 


» Dans quelques-unes de ces analyses, on a porté toute l'attention sur 
la détermination du carbone, ce qui a laissé s’'introduire dans celle de 
l'hydrogène des erreurs que l’on évite communément. Toutefois, comme 
l'hydrogène n’a jamais été plus bas que 6,2, il peut rester douteux que 
la formule de la naphtalène doive être remplacée par celle que propose 
M. Liébig, laquelle donne en effet, 


(463 ) 


Ci..... 1528,7.... 04,23 
5 (CDR A TES 93,6... 5,77 
1622,3 100,00 


» Il est facile de voir, au contraire, qu'une légère erreur dans le poids 
atomique du carbone, suffirait pour expliquer ces discordances entre le 
calcul et l’analyse directe ; un exemple va le faire comprendre sur-le-champ. 

» 0,387 de naphtalène ont donné 1,318 d’acide carbonique et 0,220 
d'eau, ce qui, d’après le poids atomique attribué au carbone, a dû re- 
présenter 94,2 de charbon pour 100 de matière. 

» Mais si l’on supposait que le poids atomique du carbone dût être 
réduit à 38,0 au lieu de 38,26, on trouverait que cette analyse se repré- 
sente de la manière suivante : 


Carbone...... 93,8 
Hydrogène... 6,2 


100,0 


Et si l’on calculait en centièmes la formule C#“H'f, d’après ce nouveau poids 
atomique, on aurait 


(PERS Re 1520,0..... 93,8 
HP MT00, 0e. 6,2 
1620,0 100,0 


» Dans cette hypothèse, l’ancienne formule de naphtalène demeurerait 
vraie, le poids atomique du carbone déduit de la densité de l'acide car- 
bonique et de celle du gaz oxigène, serait seul inexact. 

» Les chimistes se rappelleront que le poids atomique du carbone, 
admis il y a quelques années par M. Berzélius, était représenté par 795,33; 
d’après les résultats obtenus dans l’analyse des corps organiques, l’illustre 
chimiste suédois fut conduit à le modifier et à l’élever à 76,52. Plus tard 
une nouvelle modification l’a ramené à 76,43, nombre adopté par tous 
les chimistes, ou à peu près. 

» Il est impossible, d’après l’analyse de la naphtalène, que ce poids 
atomique soit exact, à moins de supposer une erreur sur celui de l’hy- 
drogène, qui dépasserait toutes les probabilités et de beaucoup, puis- 
qu’elle s’éléverait au sixième de ce poids environ. 

» D'ailleurs, tout indique qu’il n’y a pas d’erreur sur le poids atomique 
de l'hydrogène. IL faut donc que celui du carbone soit inexact; car 100 
de naphtalène donnent toujours 6,2 d'hydrogène et 94,9 de carbone ou 


94,2 au moins, ce qui fait un excès de -#— et même de ie 


( 464 ) 

» On tire de ces résultats la nécessité de réduire le poids atomique du 
carbone à 76,0 ou même à 75,9; ce dernier poids paraît le plus vrai- 
semblable. À 

» Quoi qu'il en soit de cette opinion, il est facile de comprendre que 
les analyses qu'on vient de rapporter devaient précéder l'examen du Mé- 
moire de MM. Pelletier et Walter. 

» RérisrerÈne. En effet , l’une des substances découvertes par ces deux 
chimistes consiste précisément en un corps auquel ils attribuent la méme 
composition qu'a la naphtalène. Mais comme ils n’ont pas refait l'analyse 
de la naphtalène elle-même, il en résulte que leurs analyses de la nouvelle 
matière s'accordent avec la formule de la naphtalène, maïs non avec son 
analyse telle qu’on vient de la donner plus haut. 

» Ainsi la métanaphtaline de MM. Pelletier et Walter n’est certainement 
pas isomérique avec la naphtalène. S'il en était ainsi, ils y auraient trouvé 
plus de carbone qu'ils n’en indiquent, ou bien leurs analyses seraient 
inexactes. Dans tous les cas de nouvelles analyses de la métanaphtaline 
étaient nécessaires ; votre rapporteur les a faites avec soin. Voici les 
résultats qu’elles lui ont fournis : 


I. “o,{11 matière donnent 1,383 acide carbonique et 0,263 eau; 
II. o,36r id. 1,223 id. 0,226 id. ; 
III. 0,374 id. 1,262 id. 0,236 id. ; 
VI, 0,369 id. 1,248 id. 0,237 id. ; 


d’où l’on tire les nombres très concordants qui suivent : 


il Il. III. IV 
Carbone ere BAIE UC M TE cer CEE 93,6 
Hydrogène. ....... EL à (HR dome T0 à 71 
‘100,2 100,6 100,3 100,7 


» Nous voyons reparaître ici ces excédants de poids que lon observe 
dans l'analyse de la naphtaline et de beaucoup de carbures d'hydrogene. 
Mais laissant de côté cette circonstance, nous remarquons d’abord que ces 
analyses ayant été faites dans les mêmes conditions que celles de la naphta- 
léne, il demeure évident que ces deux corps n’ont pas lamême composition. 


» S'agit-il de représenter l'analyse qui précède par une formule, on 
trouve que si l’on part du carbone comme exact en rejetant toute l’erreur 
sur l'hydrogène, ainsi qu'on l’a pratiqué jusqu'ici, cette analyse se traduit 
par 


( 465 ) 


Ci. ....... 2448,64 .:. 03,7 
Hs als 102390 : 111643 


2611,14 100,0 


» Mais comme il est impossible d'admettre de telles erreurs sur l’hy- 
drogène ‘il est probable que le rétisterène doit être représenté par C#H*, 
ou par une formule en relation simple avec celle-ci, qui résulterait de l’a- 
doption du poids atomique 38 admis plus haut pour le carbone. En partant 
de ce poids atomique, on trouverait en effet 


Expérience n°11, 


Calcul. recalculée. 

Cet. 10328-11403 
HE 700. 6-72. 12660 
2607,0 100,00 100,1 


» Il est une troisième substance que l’un de nous a fait connaitre il y 
a quelques années avec M. Laurent sous le nom de paranaphtalène, Son 
analyse s’accordait parfaitement en effet avec la formule de la naphtalène. 
Votre rapporteur a dû la soumettre à une nouvelle épreuve. En voici les 
résultats : 

» 0,300 de paranaphtalène ont donné 0,164 eau et 1,017 acide carboni- 
que, c’est-à-dire 


Carbone... ::1..,.:.1,. 93,80 
Hydrogène ........... 6,06 
99,86 


» Ce qui s'accorde exactement avec les anciennes analyses de ce corps, 
mais nullement avec les nouvelles de la naphtalène. Cependant, il serait 
difficile d'attribuer à la paranaphtalène une autre formule que celle qui a 
été admise jusqu'ici. Quelque impureté ou bien quelque difficulté de com- 
bustion pourrait suffire à expliquer la différence. 

» Ainsi, la naphtalène, la paranaphtalène peuvent être isomériques, mais 
la métanaphtaline diffère tout-à-fait de ces deux corps. Pour le prouver il 
suffit de la comparaison suivante : 


1000 parties de naphtalène donnent 3405 acide carbonique et 568 eau, 
1000 id. de paranaphtalène 4. 3390 id. 546 rd., 
1000 id. de métanaphtaline 2. 3387 id. 626 id. ; 


» On comprendra maintenant qu’on ait été conduit à changer le nom de 
la métanaphtaline et à donner à ce corps celui de rétisterène. 
» Le rétisterène est du reste une substance fort belle, et il est bien à sou- 


( 466 ) 
haiter qu’on le soumette à une étude approfondie en comparant ses réac- 
tions à celles de la naphtaline; c’est ce que les auteurs n’ont pas pu faire 
dans un premier travail. 

» Indépendamment du rétisterène, MM. Pelletier et Walter ont décou- 
vert trois carbures d'hydrogène liquides, dont ils ont donné l'analyse et la 
densité en vapeur. J'ai vérifié leurs analyses, qui sont fort exactes. 

» Réninapnène. Ce produit, tel que les auteurs nous l'ont remis , était 
déjà pur; cependant votre rapporteur l’a soumis pour plus de sûreté à une 
rectification sur l'acide phosphorique anhydre, après l'avoir fait bouillir 
avec du potassium. 

» 0,403 de matière ont donné 1,334 acide carbonique et 0,320 eau; ce 
qui représente, avec l’ancien poids atomique du carbone: 


Carbone..... 91,5 CEE TROT 20 el S 
Hydrogène... 8,8 M6. Rx 0000.11 8,5 
100,3 1171,28 100,0 


ou bien avec celui qu’on a admis plus haut: 


Carbone. .... 91,2 Coin menace 91,4 
Hydrogène... 8,8 HIÉbFdar oo oO eurcon ES 
100,0 1164 100,0 


» Dans les deux cas, la formule du rétinaphène demeure donc C*#H', 
ainsi que MM. Pelletier et Walter l'avaient établie, tant d’après l'analyse 
de cette substance que d’après la densité de sa vapeur qui est égale à 3,23. 

» Le rétinaphène est un liquide incolore, bouillant à r08°, inaltérable 
par le potassium et la potasse même à chaud, que l'acide sulfurique con- 
centré n’altère point à froid et qui est à peine attaqué par cet acide bouil- 
lant. 

» RérinyLÈne avec le liquide précédent; il s'en trouve un autre qui 
constitue un carbure d'hydrogène tout-à-fait distinct. Il est incolore , bout 
à 150° seulement, et possède une densité en vapeur qui s'élève à 4,242. 

» MM. Pelletier et Walter lui ont trouvé la composition suivante : 
C#6H°#— 4 vol. de sa vapeur. 

» J'ai vérifié cette composition par une analyse. 

0,427 de matière ont produit, 1,398 acide carbonique, et 0,378 eau. 

» Avec l’ancien poids atomique du carbone, cette analyse donnerait : 


Carbone..... 90,6 CPE TETE S 0-0 100210 
Hydrogène... 9,8 HP PET) OU ee. . 9,84 


100,4 1527,36 100,00 


( 467 ) 


avec celui qu’on à admis plus haut, on aurait: 


Carbone.... 90,17 Cr à 3486830 encre go,11 
Hydrogène.. 9,83 HÉPPPECE 150,0 ...... 9,89 
100,00 1518,0 100,00 


» En rapportant ces deux analyses, on n’entend nullement prouver 
qu'elles viennent à l'appui de la modification qui est proposée pour le poids 
atomique du carbone; on veut montrer seulement qu’elles coïncident avec 
celles de MM. Pelletier et Walter. Du reste, les deux liquides dont il s’agit 
sont des corps trop difficiles à purifier, pour qu’on puisse s’en servir dans 
une discussion aussi délicate. On en dira autant de l'analyse suivante. 

» RÉTINOLÈNE. — C’est une huile bouillant vers 238° c., douce au tou- 
cher, sans odeur ni saveur. Elle est isomérique avec la benzine, d’après 
MM. Pelletier et Walter, qui , en se fondant sur la densité de sa vapeur II, 
lui attribuent la formule C*H°*, qui produirait quatre volumes de vapeur. 
Mon analyse s’accorde avec la leur pour le charbon. 


I. o,3017 ont donné 0,224 d’eau et 1,108 d’acide carbonique : 
? 7 ,» q , 


IE. 0,378 id. 0,282 id. 1,263 id. 

d'où l’on tire, avec l’ancien poids atomique de carbone, 
Carbone... 92,38 CS...... 2448,64 ..... 92,45 
Hydrogène. 8,24 H#%, .... 200,00 ..... 7,55 
100,62 2668,64 100,00 


» Avec le poids atomique C = 38, on aurait 


Carbone... 92,0 C5. ..... 2432,00 ..... 92,40 
Hydrogène. 8,2 HS 020000. 7,60 
100,2 2632,00 100,00 


» L’exactitude de cette formule laisse quelque doute, quand on voit 
que l'hydrogène figure toujours en quantité bien plus forte dans les ré- 
sultats de l’expérience que dans ceux du calcul. On admettrait plus vo- 


lontiers 
CH 2432,00 ...... 91,96 
HN ee 212,000 eee 8,04 
2644,50 100,00 


» Du reste, il a paru nécessaire , avant de se prononcer à ce sujet, de 
soumettre la benzine elle-même à une analyse comparative. On a donc 
préparé de la benzine avec l’acide benzoïque et la chaux éteinte; on l'a 
rectifiée avec soin au bain-marie, sur le chlorure de calcium, à deux re- 


( 468 ) 
prises, et on l’a soumise à une analyse, qui a donné les résultats suivants : 
LL 
0,438 benzine ont donné 0,310 eau et 1,474 acide carbonique ; 


c’est-à-dire en centièmes, 


Carbone...... 92,95 
Hydrogène..,. 7,85 


100,80 


» La benzine renferme donc décidément moins d'hydrogène que le ré- 
tinole de MM. Pelletier et Walter. 

» D'ailleurs , on retrouve dans cette analyse, comme dans les autres, ces 
excès de poids déjà signalés, qui disparaîtraient avec le poids atomique du 
carbone ramené à 75,9; car on aurait alors 


Expér Caleul 
Carbone..... GO OPEL Cp il 
Hydrogène. -: 17,812:.0.. 7,6 
100,3 "1100 ,0 


résultats qui seraient d'accord. 


» Le travail de MM. Pelletier et Walter fait donc connaître quatre car- 
bures d'hydrogène nouveaux et bien définis. Celui qu’ils avaient regardé 
comme isomérique avec la naphtalène ne possède pas la même composi- 
thon que cette substance, mais c’est l'analyse de la naphtalène qui était 
inexacte et non la leur. Nous avons vérifié la composition de tous ces corps, 
et nous avons toujours vu nos résultats concorder avec ceux qu'ils avaient 
obtenus. 

» Ces corps étaient difficiles à reconnaître et à isoler les uns des autres. 
Les auteurs ont mis à profit l’analyse élémentaire et la densité des va- 
peurs de ces substances, pour se guider dans cette étude délicate, et ils 
ont montré par là qu'ils pouvaient manier au besoin toutes les ressources 
de la chimie organique. 

» En accordant de justes éloges à ce travail, votre Commission n’a fait 
que remplir un devoir; car il renferme beaucoup de faits bien observés ; 
car il fait connaître des faits nouveaux dont la place est marquée désor- 
mais dans la science ; car, enfin, les auteurs ne se sont pas contentés de 
vagues aperçus; mais ils ont poussé l'étude des corps qu'ils avaient dé- 
couverts aussi loin qu’ils ont pu. 

» Nous venons donc demander avec confiance à l'Académie qu’elle 
veuille bien décider que le mémoire de MM. Pelletier et Walter sera ad- 


(469 ) 


mis dans la collection des Savans étrangers, où sa place nous paraît may- 
quée d’une manière honorable. » 
Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


MÉMOIRES LUS. 


BOTANIQUE. — Mémoire sur la culture des Orchidées et sur huit nouvelles 
espèces de cette famille, avec des observations sur les caractères géné- 
riques de piusieurs genres ; par M. Muret, capitaine d'artillerie. 


( Commissaires, MM. de Mirbel, A. de Saint-Hilaire. ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CRIRURGIE. — Âlistoire de deux cas de torticolis ancien traités et guéris à 
l'aide de la section sous-cutanée du muscle sterno-cléido-mastoïdien; par 


M. J. Guérin. 
( Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet. ) 


« Nous extrayons de la lettre qui accompagne le Mémoire, le passage 
suivant relatif à la question de priorité. 

» M. Fleury attribue à M. Stromeyer, de Hanovre, l'honneur d’avoir le 
premier employé ce procédé chirurgical. Cette assertion me paraît man- 
quer doublement d’exactitude, en ce que Dupuytren avait, dès 1822, fait 
la section sous-cutanée des sterno et cléido-mastoïdiens, et en ce que mon 
procédé, différant sous plusieurs rapports de celui de M. Stromeyer, est plus 
simple encore que ce dernier. Quant à l'opération pratiquée par Dupuy- 
tren, on peut en lire l’histoire détaillée dans l’une des observations Jointes 
à ma lettre; et mon procédé diffère de celui de M. Stromeyer, en ce que 
ce chirurgien a traversé la peau de part en part, en laissant une double 
plaie de quatre lignes d'étendue environ de chaque côté, tandis que je ne 
fais qu’une simple ponction à la peau de une à deux lignes au plus. Je 
n'insiste pas sur d’autres différences relatives à la nature de l'affection 
dans laquelle M. Stromeyer et moi avons opéré. M. Stromeyer, ainsi qu'on 
le verra par l'observation annexée à ma lettre, a eu affaire à une affec- 
tion spasmodique intermittente des muscles qu'il a coupés; et j'ai eu à 
traiter deux difformités permanentes : l’une existant depuis 18 ans, l’autre 
existant depuis 21 ans.» 

» Quant à l'indication du traitement mécanique consécutif, elle avait été 


C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 45.) - 64 


(470 ) 


si mal remplie jusqu'ici, que, je ne crains pas de l’affirmer, on n'avait 
pas produit encore un seul cas de guérison complète du torticolis ancien.» 


CHIRURGIE. — Mémoire sur la section du sterno-cleido-mastoïdien dans le 
torticolis ancien ; par M. Bouvier; première partie. 


(Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet.) 


« La présentation antérieure de deux autres Mémoires sur le même 
sujet m'oblige, dit l’auteur, d'établir ma priorité par des dates précises. 

» 1°. Les faits principaux de mon Mémoire se trouvent dans une lettre 
que j'ai adressée à l’Académie royale de Médecine, le 26 mars dernier ; 

» 2°, J'ai communiqué à l’Académie de Médecine, le 16 août 1836, le 
fait d'anatomie pathologique qui m’a conduit à tenter la section isolée du 
faisceau sterno-mastoiïdien; 

» 3°. Enfin j'ai pratiqué, le 15 septembre 1836, la section sous-cutanée 
de la portion sternale du sterno-cléido-mastoïdien; or la première des 
opérations semblables relatées dans les deux Mémoires dont il s’agit, est 
du 2 décembre 1837. » 


cnrmunGre.— Mémoire sur la réduction des luxations congénitales du fémur; 
par M. Bouvier. 


(Commissaires, MM. Magendie, Savart, Breschet, Gambey.) (r). 


« L'auteur nie les guérisons qu'on dit avoir obtenues dans cette affec- 
tion, à l’aide des moyens mécaniques. 

» Il pose en principe que la réduction des luxations congénitales du fémur 
est impossible, parce que la capsule articulaire est trop inextensible pour 
laisser redéscendre la tête du fémur, et trop rétrécie pour lui livrer de 
nouveau passage. 

» IL assure avoir retrouvé tous les signes de luxation sur tous les sujets 
prétendus guéris qu'il a examinés jusqu’à ce jour. « Ce qui a pu, dit-il, 
faire croire à ces guérisons, g’est qu'une inclinaison du bassin, qui peut 
être le résultat passager des moyens de traitement employés, simule assez 
bien, tant qu'elle dure, les effets d’un allongement véritable du membre. 
Mais à cette époque même, ajoute-t-il, on peut constater la persistance de la 
luxation au moyen d’un signe que j'ai le premier signalé , savoir : la saillie 
de la tête du fémur derrière la cavité cotyloïide, dans la flexion de la cuisse.» 


(1) La même Commission avait été chargée de l’examen du Mémoire de M. Pravaz, 


présenté à la précédente séance. 


( 471) 


emirunGie. — Recherches sur l'introduction accidentelle de l'air dans les 
veines, et particulièrement sur celte question : « L'air en s'introduisant 
spontanément par une veine blessée pendant une opération chirurgi- 
cale, peut-il causer subitement la mort? » Par M. Amussar. 


(Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation 
Montyon.) 


L'auteur annonce avoir démontré, par des expériences directes, la pos- 
sibilité de l'introduction spontanée de l’air dans le cœur lorsqu'une veine 
est blessée assez près du centre circulatoire. Suivant lui, «les seules veines 
par lesquelles cette introduction peut avoir lieu dans l'état normal, sont 
celles où se fait le reflux du sang, c’est-à-dire les jugulaires, les sous-cla- 
vières et les axillaires. La région dans laquelle ce phénomène peut avoir 
lieu ne s'étend ainsi qu’à quelques pouces au-dessus et au-dessous des 
clavicules. 

» Il résulte de mes expériences , ajoute M. Amussat, que l’aspiration de 
l'air] par une veine blessée, dépend uniquement de l'acte de l'inspiration, 
et que l’action du cœur n’y est pour rien. Mes expériences prouvent ga- 
lement que cette aspiration est favorisée notablement par la soustraction 
d'une certaine quantité de sang et par laffaiblissement du sujet. » 


cHmurGie. — Mémoire sur des jambes artificielles pour divers cas d'ampu- 
tation; par M. MarTin. 
{Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie (1), fon- 
dation Montyon.) 


MÉDECINE. — Observations concernant la matière médicale et la thérapeu- 
tique; par M. J.-B. Morrarormn. (En italien.) 


(Commissaires , MM. Double, Larrey.) 


carRuRGIE. — Mémoire sur divers, instruments pour le traitement des mala- 
dies de l'oreille et sur leur mode d'application, suivi d'un Essai sur la 
perforation, avec perte de substance, de la membrane du tympan; par 
M. GarraL. 
(Adressé pour le concours aux prix .de Médecine et de Chirurgie, fonda- 
tion Montyon.) 


(r) Ainsi que les modèles de jambes artificielles présentés dans la précédente séance, 


par M. Martin, et qui ont été indiqués par erreur comme devant concourir pour le 
prix de Mécanique. | 
64... 


. 


(472) 
M. Trisauzr demande que l’Académie veuille bien charger une commis- 
sion d'examiner une nouvelle échelle à incendie qu'il a inventée. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.) 


CORRESPONDANCE. 


M. Bio, en présentant , au nom de l’auteur, M. le capitaine T. JERvis, 
directeur des travaux géodésiques dans l'Inde anglaise, un ouvrageintitulé : 
«An essay on the primitive universal standard...» ( voir au Bulletin bi- 
bliographique), annonce que ce livre contient des recherches sur les me- 
sures usitées dans l’Inde, et sur un rapport général qu’elles paraissent 
avoir entre elles, et avec les mesures usitées chez les peuples anciens. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'essence de menthe et sur un nouveau carbure 
d'hydrogène qui en dérive; par M. PH. WALTER. 


« On obtient de temps à autre dans le commerce l’essence de menthe 
cristallisée. Je l’ai privée d’humidité en exprimant les cristaux entre des dou- 
bles de papier joseph, et les distillant ensuite sur du chlorure de calcium 
en morceaux. 

» Ainsi obtenue, elle fond à 34° C. 

» Son point d’ébullition est placé à 213,5 C. 

» Je donne ici le résultat d’une seule analyse, les autres analyses s’ac- 
cordant avec celle-ci et avec celles de M. Dumas : 

0,3415 matière, 

o, 948 acide carbonique, 

o, 387 eau, 

ces nombres ramenés en centièmes donnent : 
77:10 carbone, 
12,58 hydrogène, 
10,32 oxigène. 
» La composition de ce corps, calculée d’après la formule C#*H#O*, donne 

CE 1530,40 7h 270 

H# = 250,00 — 12,62, 

0 = 200,00 = 10,71. 

» La densité de la vapeur trouvée par l'expérience est = 5,62. 

» La formule donne 5,455. La matière brunit légèrement, mais pas de 
manière à laisser le moindre doute sur l'exactitude du résultat obtenu. 

» J'ai admis, avec M. Dumas, que l'essence de menthe concrète devait 


(473) 
se rapprocher du camphre, et j'ai cherché le menthène par analogie avec le 
camphène obtenu par MM. Dumas et Péligot. 

» Je l'ai obtenu en ajoutant à l'essence de menthe cristallisée en fusion, 
de petites quantités d’acide phosphorique anhydre, jusqu’à ce que toute 
élévation de température ait cessé; j'ai distillé, et le produit obtenu redis- 
tillé encore une fois sur l’acide phosphorique anhydre m’a fourni un liquide 
transparent qui bout à 163° c., et que j'ai désigné sous le nom de menthène. 

» Plusieurs analyses ont présenté le même résultat. Voici les données 
d’une de ces analyses : 

0,312 matière, 
0,987 acide carbonique, 
0,361 eau, 
ou bien, en ramenant les résultats en centièmes, 
87,53 carbone, 
12,85 hydrogène, 
ce qui s'accorde avec la formule C#HS; en effet 
G# — 1530,40 = 87,18, 
H$=— 225,00 — 12,82. 

» La densité de la vapeur du menthène prise deux fois a donné sensi- 
blement le même résultat. La première 4,93, la seconde 4,94. La formule 
donne 4,835; mais ici, aussi, la matière brunit et s’altère légèrement, ce 
qui explique cette petite différence en excès de l'expérience sur le calcul. 

» Je continue mes expériences sur l'essence de menthe, et j'espère éta- 
blir par la suite si, comme le pense M. Dumas, elle doit être définitivement 
rangée dans la famille des camphres ou des alcools dont ces premiers résul- 
tats semblent la rapprocher, en effet. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les combinaisons ammoniacales. 
— Extrait d’une lettre de M. Rosert Kane à M. Dumas. 


« Vous savez que j'ai trouvé que le précipité blanc se représente par 
Hg Ch° + HgAz*Hf; qu'au moyen de l’eau chaude il donne 2Hg O0 + 
(Hg Ch*, Hg Az* H*) , et que d'autre part lammoniaque, en agissant sur 
le calomel, en retire la moitié du chlore pour donner naissance! à 
Hg* Ch* + Hg* Az°H. Il est évident que ces résultats m'ouvraient un 
champ nouveau que je me suis consacré à explorer. Les composés de l’'am- 
moniaque ont besoin d’être tous étudiés de nouveau, et l'on peut espérer 
que leur examen conduira à décider quelle est la vraie des deux théories 
de lammoniaque et de l'alcool. 


( 474 ) 


» Le turbith minéral est représenté par SO’, 3HgO. Quand on le met en 
contact avec l’ammoniaque , il donne une poudre blanche formée de 
HgO, SO* + Hg Az° Hf, IL est certain que le quatrième atome de mercure 
y est à l’état d’amide et nullement à l’état d’oxide. Avec le sulfate de l'oxide 
noir il se forme un composé analogue. 

» 1l:y a deux sous-nitrates de mercure à base d’oxide rouge ; le premier 
obtenu par un lavage à l'eau est d’un jaune-serin clair. Sa formule est 
H20, Az° 05, 3Hg0. Le second, qui se forme par l’ébullition avec de grandes 
quantités d’eau, est d’un rouge de brique; il est formé de Az* O° + 6HgO, 
Mitscherlich et Soubeiran étaient tous deux près de la vérité en ce qui con- 
cerne le sous-nitrate de mercure ammoniacal. Le précipité blanc donné 
par l’ammoniaque dans une dissolution de pernitrate de mercure, peut 
avoir trois formules différentes, suivant l'état de dilution, l’acidité et la 
température du liquide, et suivant qu’on emploie lammoniaque en excès 
ou non. 

» Le premier est ( Az Hf,H?+ Az? O5) + 3HgO. C'est le résultat obtenu 
par Georges Mitscherlich. Par l’ébullition, on a une poudre plus pesante 
qui renferme HgO, Az* Of + 2HgO + Hg Az°H'; et par un grand excès 
d'alcah, on obtient HgO,. Az?O$  AHgO + Hg Az° Hf. Les cristaux 
jaunes analysés par Georges Mitscherlich sont ( Az HO ) Az° Oÿ + 
(HgO, Az* Oÿ + 2Hg0 + HgAz° Hf), et j'ai obtenu un nouveau composé 
cristallisant en aiguilles qui sont décomposées par l’eau, lequel a pour for- 
mule 2(Az*H°O, Az° O5) + (HgO, Az*O$ + 2Hg O + Hg Az°H{). 

» Il n'existe qu'un protonitrate basique de mercure; il est d’un beau 
jaune et se compose de H*O, Az' 0°, 2Hg°0. Le mercure soluble d'Hahne- 
man est le composé ammoniacal correspondant Az° Hf, Az* Of, 2Hg*O. 

» Ainsi Az°Hf remplace l’oxigène, 

Az°H° = Az°Hf + H* remplace l’eau dans les sels basiques. 

» Les combinaisons cuivreuses offrent un type complétement différent, 
qui néanmoins embrasse les familles du nickel, du cobalt et du zinc. 

» Le sulfate de cuivre ammoniacal cristallisé est composé exactement 
comme l’établit Berzélius, c’est-à-dire SO$, CuO + 2A7°Hf, H°0. Mais sa for- 
mule rationnelle se représente par (Az*H*O) + SOS + O (Cu, Az*Hf); par 
la chaleur,il perd Az*HfO et laisse SO? +0 (Cu, Az*H°). 

» Le chloride de cuivre donne 


| Ch? Cu + 247 5 + H°0 — Az: H$O — (Cu Az’ H°) Ch’, 


par la chaleur, il abandonne Az: HO. 


(475) 

» Le nitrate de cuivre donne Az°05, CuO + 2Az*Hf, H°O ; mais par la 
chaleur il ne fournit rien d’intéressant. 

» Les sels de nickel et de cobalt ont tous la même formule. R'étant le 
métal, on aurait SO? + RO + 2Az°H$ + H20O et RCh° + 2A7*H$ + 2H°0 
Par la chaleur, ils perdent 2Az° H*O, et laissent soit SO*, RO soit Ch*R. 

» Mais dans les composés de zinc, nous avons un point de comparaison 
entre la potasse et l’ammoniaque, car par suite de la solubilité de l’oxide de 
zinc dans la potasse, nous pouvons obtenir AZ*H°, H0+S0%(ZnO+-A7*H°) 
et KO<+-So* (ZnO, H°O). J'ai formé les sous-sels de zinc et les sels doubles 
qu’ils produisentavec un excès de potasse ; j'attends de leur examen quelques 
éclaircissements importants. De Az* H°, H°0+4-S0* + (Zn O, Az*H°), on peut 
obtenir par la chaleur SO', Zn O, Az*H$. 

» Je n’ai pas encore terminé l'étude des composés d'argent. L'oxide 
d'argent peut-il remplacer la potasse? y a:t-il an alun d’argent ? J'espère ré- 
soudre bientôt ces deux points. L’amidure d'hydrogène. donne la clé de 
toutes les combinaisons fulminantes produites par lammoiiraque. Mais je 
crois que l’amidure d'hydrogène peut s’unir avec un oxide métallique sans 
décomposition, et que nous pouvons avoir CuO + Az°Hf, H°, tout comme 
nous avons Cu O, H°0. 

» Dans la série du platine, il y a 3PtO* +347 H°-+ 5H*O; et d'autre 
part, PtCh? + Pt, Az°H# + A H°O. Je crains que l’eau ne puisse pas être 
soustraite sans décomposition. Je regarde l’or fulminant préparé par l’oxide, 
comme étant formé de Au*O° + 2Az*H5, et celui qu'on obtient par le chlo- 
ride d’or, comme étant le même corps souillé de quelques traces de sel 
ammoniac. ) 

» Dans la série des combinaisons de platine correspondant au protoxide, 
il y a Pt Ch° + Az H°; les sels verts de Magnus; et Pt Ch° + Pt Az° H* 
+ 2H°0. Comme on peut séparer par la chaleur au moins une petite 
portion de ces atomes d’eau, nous pouvons avoir PtCh* + Pt, Az°H“; 
mais les composés correspondants de loxide supérieur peuvent être 
PtO* + (Ch°H*,H* Az*Hf). I serait curieux que la vieille formule du préci- 
pité blanc se trouvât vérifiée dans les composés du platine. Mais pourquoi 
un tel corps détonnerait-il? L'action de Ch? ou de O sur Az°H* ou sur 
Az* HS peut causer l'explosion, mais le corps PtO*(Ch*H* + Az: H, H*) ne 
serait pas détonnant. 

» Une théorie doit sortir de ces résultats, mais elle est encore à l’état 
d'embryon. En attendant, je ne saurais me prononcer sur les deux théo- 
ries des. éthers et de l’'ammoniaque. J'établirai cependant quelques prin- 
cipes qui, je l'espère, seront approuvés des chimistes. 


( 476 ) . 

» 1°, Az* HS est Az*H, H°, c’est-à-dire l’'amidure d'hydrogène. Ce n’est pas 
un alcali, et Ch*H* n’est pas un acide. Ils ressemblent aux composés mé- 
talliques; ils s'unissent comme les chlorures et les oxides des mêmes mé- 
taux s'unissent, et comme s'unissent Hg Ch? et Hg, Az*H#. Le sel ammoniac 
est donc un chloro-amidure d'hydrogène. 

» 2. Az*H$O remplace la potasse KO. D'autre part, Az*H*Ch* remplace 
le chlorure de potassium KCb* ; d’où l’on voit que Az*Hf est l'équivalent du 
potassium K. Mais Az°H#,H°,H° est un sous-amidnre correspondant à un 
sous-oxide, Au total, lammonium est un radical composé qui probablement 
peut être isolé, mais qui dans ce cas de l’état Az*H°, passerait à Az*H{+ Hf. 

» Ainsi les deux théories des éthers et de l’ammoniaque tombent dans 
une généralité ; mais nous devons mettre quelque réserve à nous appuyer 
sur des radicaux comme l’'ammonium. L’amide est un corps électro-négatif 
AzH#, qui, par l'addition de nouvelles quantités d'hydrogène, devient 
AZ HE c’est-à-dire de l'ammonium, corps qui possède les caractères positifs. 
Sommes-nous préparés à admettre le radical (Ch?,Az°H#,H°), ou mieux encore 
(Hg,Az*H4,Hg)? Si le sel ammoniac est du chlorure d’ammonium , qu'est-ce 
que le précipité blanc? Comment embrasser d’un coup d'œil les progrès 
de ces vues relatives à de tels radicaux composés, tant qu'on n’aura pas 
éclairci d’une manière certaine si le deutoxide d’un corps est un oxide de 
protoxide, et quelle est la vraie nature des sels’ basiques ? 

» Je me suis occupé en même temps de l'analyse des huiles essentielles ; 
j'ai analysé toutes les huiles de la famille des Labiées que j’ai pu réunir, et 
je les ai vu toutes dériver de l'huile de térébenthine, soit comme oxides , 
soit comme hydrates. Mon but était de résoudre cette question : existe-t-il 
quelque relation dans la composition des huiles des plantes de la même 
famille. 

» J'ai en grande partie développé la série de l'huile de térébenthine. Je 
regarde cette huile comme l'analogue du gaz oléfiant et le campbre arti- 
ficiel comme son éther chlorhydrique; l'étude de cette série peut jeter quel- 
que jour sur les points obscurs de la théorie. » 


NAVIGATION. — ÂVouveau bateau de sauvetage. — Note communiquée 
par M. Warpen. 


Ce bateau a été inventé et construit par M. Francis (Joseph) de New- 
York. Il a 28 pieds de long sur 3 et demi de large. Les planches qui le for- 
ment sont placées en recouvrement et solidement attachées par des clous 
de cuivre. Son bordage est double. Dans l'intérieur se trouvent quatorze 
tuyaux de 13 pieds de long qui s'étendent de la quille au tillac et renfer- 


(477) 


ment 52 pieds cubes de gaz hydrogène qui peuvent faire équilibre à un 
poids de 4000 livres, la barque étant remplie d’eau. Aux côtés de la bar- 
que sont attachés vingt cordages qui peuvent, avec elle, soutenir cent 
personnes en cas de nécessité. Au fond du bateau est un trou par où l’eau 
qui aurait pénétré dans l’intérieur s'échappe avec autant de rapidité que 
six hommes munis de pelles creuses pourraient la rejeter. 


M. Carzras écrit relativement à un moyen d'utiliser les pommes de terre 
gelées. 


M. Tagarié adresse un paquet cacheté, portant pour suscription: 
« Recherches physico-physiologiques. » 


M. Carrière adresse également un paquet cacheté, portant pour sus- 
cription : « Dessins et descriptions de deux instruments de chirurgie. » 
L'Académie accepte le dépôt des deux paquets. 


La séance est levée à 5 heures. FE. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, n° 14, 1° semestre 1838, in-4°. 

Atlas du Mineur et du Métallurgiste, ou Recueil de dessins lithogra- 
phiés relatifs à l'exploitation des mines et aux opérations métallurgiques 
exécutées par MM. les Élèves de l'École royale des Mines , sous la direc- 
tion du Conseil d'État; Paris, 1837, in-fol. 

Traité de Physiologie considérée comme science d'observation ; par 
M. C.-F. Burvacx, traduit de l'allemand par M. Jourdan, 2° et 3° vol. 
in-8°, 1838. 

Traité de l'Art graphique et la Mécanique appliqués à la musique ; par 
M. ErsenmenGER ; Paris, 1838, in-8°. 

De l’Albuminurie ou Hydropisie causée par maladie des reins ; par 
M. Mann Soror; Paris, 1838, in-8°. 

C.R, 1838, 1°7 Semestre. (T. VI, N° 45.) 65 


(478 ) 


Des effets pathologiques de quelques lésions de l'oreille moyenne sur les 
muscles de l'expression faciale , sur l'organe de la vue et sur l'encéphale ; 
par M. Dsreau jeune, 1838, in-8°. 

Séance publique de la Société d'Agriculture , Commerce , Sciences et 
Arts du département de la Marne ; année 1837, in-8°. 

Revue zoologique de la Société Cuviérienne, sous la direction de 
M. Guérin-MENEVILLE; mars 1838, in-68°. 

Société anatomique ; 13° année, n° 1, mars 1838, in-8°. 

Annales maritimes et coloniales; 23° année, 2° série, mars 1838, 
in-8°. 

Annales françaises et étrangères d'Anatomie et de Physiologie ; 
tome 2, n° 2, mars 1838, in-8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines , 
8° année, n° 87, mars 1838, in-8°. 

Bibliographie universelle, résumé périodique des publications nouvelles, 
sous la direction de M. Pasroni; janvier et février 1838, in-8°. 

An Essay on the primitive universal standard of weights and measures 
(Essai sur l'étalon universel primitif de poids et mesures); par le capitaine 
T. Jervis, membre du corps des Ingénieurs de Bombay; Calcutta, 1835. 

Del mal del segno.... De la Muscardine, maladie qui attaque les 
vers à soie, et sur les moyens d'en délivrer les magnaneries les plus in- 
Jectées ; par M. À. Bassr, 2° édition, Milan, 1837, in-8°. 

Memoria.... Supplément au Mémoire précédent ; par le méme, in-8°. 

Esperimenti.... Expériences concernant le Choléra-Morbus; par 
M. A. Carerro; Rome, 1838, in-8°. 

Bulletin de l Académie royale de Médecine ; tome 2, mars 1838, in-8°. 

Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4, 
5° année, avril 1838, in-8°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; avril 1838, in-8°. 

Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; 
5° année, mars 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 14, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 40—42, in-4°. 

Hygie , Gazette de Santé; 8° année, 4° série, 5 avril 1834, in-4°. 


COMPTE RENDU 
DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 46 AVRIL 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL, 


MÉMOIRES £T COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Addition au mémoire sur la constitution physique 
de l'atmosphère terrestre; par M. Bior. 


« En mé guidant Sur les faits que j'ai présentés à l’Académie dans son 
avant-dernièré séance; je suis parvenu à en démontrer la conséquence 
principale indépendamment des approximations paraboliques;, au moyen 
d'un théorème fondé sur les seules conditions d'équilibre des masses ga= 
zeuses, et dont voici l'énoncé. 

» Soit a, le raäyon de la couche aérienne:située à:la surface du sol; p, 
là pression qui s'y exerce, p, sa densité. Nommons 4/, P', P’, les éléments 
analogues pour une couche supérieure quelconque, mais définie de posi- 
tion. Concevons idéalement ; à partir de!cette seconde.couche, deux for- 
res d'atmosphères, dans lesquelles: la relation des: pressions aux densités 
soit exprimée généralement par les équations 

4] Pi gi Pi 
? ét J'étarit des fonctions de différente forme } mais toutes deux assujéties 
C. R. 1838, 1€ Semestre. (T.VI, N° 16.) 66 


( 480 ) 

aux conditions de la couche d’air d’où elles partent, c’est-à-dire à donner 
p= p quand p = p’. En faisant continuer ces deux lois, depuis la pression 
p', jusqu’à une autre pression moindre, que je désignerai par p”, chacune 
d'elles assignera généralement une valeur différente à la différence de ni- 
veau z, contenue entre ces deux pressions. Cela posé, si, dans tout cet in- 
tervalle , une des deux fonctions, ® par exemple, donne à p des valeurs tou- 
jours plus grandes qué l’autre, pour chaque pression p, comprise entre p' 
et p”, la différence de niveau z donnée par cette fonction @ sera moindre 
que la différence de niveau résultante de 4, entre les deux pressions dont 
il s’agit. 

» Ce théorème permet d’assigner à la densité finale de l'atmosphère une 
limite qui dépend uniquement de la hauteur totale qu’on lui attribue. Plus 
la dernière couche aérienne où l’on a observé la densité, la pression et 
la température, est élevée, plus la limite ainsi obtenue s'approche de la 
réalité. Et elle est absolument indépendante des relations inconnues qui 
peuvent exister entre les densités et les pressions dans les couches supé- 
rieures à celles où l'on a porté des instruments. Le calcul suppose seule- 
ment que la pression, la densité, et la température, doivent continuer de 
décroître simultanément à mesure qu’on s'élève; quelle que soit d’ailleurs 
la loi suivant laquelle ce décroissement s'opère au-dessus des couches dont 
l'état a été constaté expérimentalement. 

» En appliquant ceci aux observations de M. Gay-Lussac, je prouve que, 
dans notre atmosphère, cette limite mathématique de la densité finale est 
moindre que 0,0075 de la densité au niveau de la mer, lorsque l’on attri- 
bue aux dernières couches d'air une hauteur qui doit atteindre au moins 
62300" au-dessus de ce niveau. Car, lorsque leur densité est réduite à cette 
limite, la pression conserve encore une valeur qu’un décroissement ulté- 
rieur de la densité doit éteindre, pour donner à l'atmosphère la hauteur 
totale que je viens de lui attribuer. 

» Si l'on veut admettre que, dans le cas d’un équilibre stable, le lieu 
géométrique qui représente la relation des densités aux pressions, con- 
serve dans toute l'atmosphère le même sens de courbure que nous lui 
trouvons dans sa partie observable; condition qui paraît conforme à l’ab- 
sence de causes intérieures propres à intervertir ultérieurement cette cour- 
bure, on obtient par les observations de M. Gay-Lussac, une limite de la den- 
sité finale quinze fois moindre que la précédente, ou égale à0,0005.p,. Enfin, 
si la forme presque rectiligne de la partie observée, semble autoriser suf- 
fisamment sa continuation par une approximation parabolique, telle qu’on 


(481 ) 


lemploie avec succès dans les réfractions, on obtient une limite de la densité 
cinq fois plus petite encore, où égale à o,0007p,, comme je l'ai annoncé pré- 
cédemment. Mais la première de ces évaluations, quoique plus large que 
les deux dernières, a sur elles, l'avantage de reposer uniquement sur 
une seule condition , et la plus générale que l’on observe dans notre at- 
mosphère: à savoir, le décroissement simultané des pressions, des densités 
et des températures dans les couches d’air assez hautes pour échapper aux 
influences accidentelles de la surface du sol. 

» Les observations barométriques faites simultanément à la base et au 
sommet de montagnes élevées, telles que le Mont-Blanc, le Chimboraco, 
PHymalaïa , fourniraient des limites analogues à celles que donnent les as- 
censions aérostatiques. Mais il faudrait pour cela qu’elles fussent accom- 
pagnées de déterminations hygrométriques, et que leur liaison fût assurée 
par des observations intermédiaires entre les points extrêmes de chaque 
colonne d'air. C’est un soin qu’on ne saurait trop recommander aux physi- 
ciens voyageurs. » 


RAPPORTS. 


VOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur les résultats scientifiques de 
l'expédition de la Bonite. 


DEUXIÈME PARTIE. — Observations relatives à la Physique. 


(Commissaire , M. Arago.) 


« Les observations recueillies pendant le voyage de /4 Bonite, dont 
l’Académie m'a chargé de faire le dépouillement et l'examen, sont rela- 
tives à la météorologie, au magnétisme terrestre et à quelques points de 
la physique du globe. 

» Pendant toute la durée de là campagne, les élèves de quart ont noté, 
à chaque heure du jour et de la nuit, les hauteurs du baromètre et du sym- 
piésomètre; l’état du thermomètre à l'air libre et à l'ombre; la tempéra- 
ture de la mer, la direction du vent, et tous les phénomènes atmosphé- 
riques dignes de remarque. Lorsque les circonstances s’y sont prêtées, 
ces jeunes observateurs ont essayé d'apprécier en nombres l'intensité des 
pluies des tropiques , dont quelques navigateurs avaient peut-être fait une 
peinture exagérée, du moins quant aux pluies de la pleine mer, et ils 
en ont déterminé la température. 


» Les regitres de l'expédition renferment 16 observations faites avec 
66. 


( 482 ) 


le thermométrographe;, à diverses profondeurs au-dessous de la surface de 
la mer: Dans l'Océan atlantique, ces sondes thermométriques sont descen- 
dues jusqu’à 1660 brasses ; dans le grand Océan on a dù s’arréter à 1300. 
Dans les mers, de Chine et de l'Inde on n’a pas dépassé 700 et 890 
brasses. 

» Les déterminations de la température de quelques puits et de l’inté- 
rieur dela terre, obtenues à Rio-Janeiro, à V’alparaiso, à Honoloulou 
(iles Sandwich) et à Manille, seront pour la climatologie une précieuse 
acquisition: 

» Les navigateurs recevront aussi avec reconnaissance 126 dépressions 
de l’horizon de la mer, mesurées dans les conditions les plus favorables.et 
accompagnées de données météorologiques qui en augmentent beaucoup 
la valeur. 

» Les physiciens, enfin, discuteront avec intérêt les résultats de sept 
expériences que l’appareil imaginé par M. Biot a permis de faire sur la 
composition de l’eau de mer à de grandes profondeurs, et qui paraissent 
devoir conduire à des résultats imprévus. 

» Le magnétisme terrestre a été étudié avec le plus grand soin, pendant 
toutes les relâches de la Bonite, et presque toujours sous le triple rap- 
port de la déclinaison, de l'inclinaison et de l'intensité magnétique. Dans 
les journaux de l'expédition, on voit figurer tour à tour, par ordre de 
date, Paris, Toulon, Rio-Janeiro, Montevideo, V'alparaiso, Cobija, Callao, 
Payta, Puna, Karakakoa, Honoloulou, Manille, Macao, Touranne, Sin- 
gapore, Malacca, Pulo-Penang, Diamond's Harbour, Pondichéry, Saint- 
Denis de Bourbon et Brest. Le travail magnétique exécuté pendant la cir- 
cum-navigation de {a Bonite, sera donc également précieux par son étendue 
et par le nombre des stations; nous ajouterons même par son exactitude, 
quoiqu'on puisse remarquer çà et là, parmi les inclinaisons, quelques 
petites anomalies, qui disparaitront dans l’ensemble. 

» Nous venons de vous présenter, Messieurs, un simple catalogue des 
observations relatives à la physique du globe, que la Bonite a rapportées. 
Nous nous sommes abstenus, à dessein, de signaler aucune des consé- 
quences qui nous ont paru s’en déduire. Tout le monde, au surplus, au- 
rait reculé comme nous devant la pensée de priver nos jeunes compa- 
triotes du plaisir qu'ils trouveront à discuter eux-mêmes des matériaux si 
péniblement recueillis, à les féconder, à offrir, enfin , directement au pu- 
blic le fruit de leurs recherches. 

» Les noms qui se lisent le plus fréquemment en marge des observa- 


(483) 
tions météorologiques et magnétiques, dans les journaux de la Bonite, 
sont : en premiére ligne, celui de M. Darondeau, ingénieur hydrographe, 
qui a complétement répondu aux espérances de l’Académie ; en seconde 
ligne, le nom de M. Chevalier, enseigne de vaisseau, dont le zèle ne s’est 
pas démenti un instant; puis les noms de MM. les élèves embarqués , 
Pothuau, Du Martroy, Garrel, de Missiessy et Chaptal. Nous pensons 
que l'Académie devrait témoigner sa satisfaction à ces jeunes navigateurs, 
en faisant toutefois une mention spéciale de MM. Darondeau et Chevalier. 
Nous lui proposerons, en outre, de transmettre à M. le Ministre de la 
Marine le vœu, qu’elle ne manquera pas de former, que des observations 
si variées, si nombreuses, si importantes, soient publiées le plus prompte- 
ment possible, » 
Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


VOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur la Partie botanique du voyage de 
la Bonite; par M. DE Mine. 


« L'Académie n’avait pas trop présumé de la capacité et du zèle de 
M. Gaudichaud , lorsqu'à la fin de 1835, elle pria M. l'amiral Duperré , 
alors ministre de la marine, de vouloir bien permettre que ce savant s’em- 
barquât sur Z4 Bonite en qualité de naturaliste. Les résultats prouvent 
suffisamment qu'on ne pouvait faire un meilleur choix. 

» C'était le troisième voyage que M. Gaudichaud entreprenait dans des 
vues toutes scientifiques. Plusieurs des contrées qu’il allait visiter avaient 
déjà été explorées par lui; il ne se proposait pas seulement de compléter 
d'anciennes collections et d’en former de nouvelles, pour enrichir la science 
d'espèces inconnues; il voulait encore poursuivre, dans les lieux mêmes 
où il les avait commencés, ses importants travaux sur l’organographie 
et la physiologie végétales; sous ce double point de vue, il a dignement 
rempli la tâche qu'il s'était imposée. Il rapporte d'immenses collections de 
plant-s, de bois, de fruits, de graines, etc., et de nombreux dessins et 
notes où sont consignés les principaux résultats de ses observations et de 
ses expériences. 

» Aux herbiers qu’il a composés lui-même et qu'il connait à fond, il à 
joint des échantillons que lui, ont livrés à Bourbon M. Richard, directeur 
du jardin botanique de la colonie; à Lima, M. Adolphe Barrot; à Macao. 


les Pères des Missions étrangères; à Calcutta, le savant docteur Wallich ; à 


( 484 ) 
qui notre Muséum national d'Histoire naturelle est déjà redevable d’une 
multitude de plantes précieuses. Son dernier don, rapporté par la Bonite, 
ne s'élève pas à moins de six cents espèces très rares, dont les descrip- 
tions et les figures se trouvent dans le magnifique ouvrage que la Compa- 
gnie des Indes publie à ses frais. 

» En somme, la collection de plantes desséchées se compose de 3500 
espèces environ, et, si nous y joignons les 6 à 7000 espèces, fruits 
des deux précédents voyages de M. Gaudichaud, il s'ensuit que ce na- 
turaliste a déposé dans les galeries de botanique du Muséum plus de 
10,000 espèces sur lesquelles on n’en compte guère moins de 12 à 1400 
nouvelles ou si incomplétement étudiées qu’il est besoin de les décrire de 
nouveau. 

» M. Gaudichaud a particulièrement fixé son attention sur les faits qui, 
de l’avis de quelques phytologistes, semblaient en contradiction avec les 
théories qu’il a soumises à l'examen de l’Académie en 1835, et il lui a paru 
que presque tous ces faits venaient à l'appui de sa manière de voir. 1 per- 
siste donc à croire (nous copions textuellement un passage de ses notes ) 
que chaque Jeuille a son système ascendant, ligneux et cortical, et son 
système descendant diversement modifié selon les groupes. 

» La mission que nous remplissons ici n’est point et ne saurait être de 
porter un jugement sur les doctrines physiologiques de notre savant et 
ingénieux confrère; aussi, ne nous permettrons-nous qu'une simple ob- 
servation qui ne touche pas au fond des choses. La proposition très géné- 
rale au moyen de laquelle M. Gaudichaud se flatte d'expliquer la majeure 
partie des phénomènes de l’organographie et de la physiologie des végé- 
taux, pourrait être universellement admise sans qu'il y eüt motif suffisant 
pour conclure que tous les phytologistes sont d'accord avec lui; car rien 
n’est plus probable que des dissentiments se manifesteraient dès qu'il s’a- 
girait de l'interprétation et de l'application du principe. Entre des théories 
rivales, ce sont les faits dûment constatés qui décident, et souvent il ar- 
rive qu'ils survivent seuls. Peu de phytologistes en ont observé autant et 
si bien que M. Gaudichaud. 

« Nous avons examiné avec une vive curiosité les nombreux troncons 
de tiges ligneuses appartenant à des espèces monocotylées ou dicotylées. 
Dans le nombre figurent des Dracæna , des Pandanus, des Freycinetia 
et des Urania; des Cocos, des Areca, des Caryota et autres Palmiers de 
Manille, de la Chine, de la Cochinchine, de l'Inde et de Bourbon; des 
Cycas ainsi que des Fougères en arbre, telles que Cyathea, Pinonia , 


4 


( 485 ) 
Blechunus , Asplenium , Angiopteris des iles Sandwich, de Manille, de 
Bourbon, de Rio de Janeiro. 

» Notre surprise a été grande quand parmi tous ces morceaux de bois 
exotiques, nous avons vu six énormes tronçons d’une tige de l'espèce 
de Fougère appelée Cyathea arborea ; lesquels, ajustés bout à bout, don- 
nent environ 4o pieds de hauteur. Il est à remarquer que cet individu 
colossal n’était pas le plus élevé de ceux que M. Gaudichaud a observés à 
Bourbon. 

» Mais ce qui appelle surtout l'attention des phytologistes, c’est la ma- 
gnifique collection de formations ligneuses anomales. On avait cru jusqu’à 
ces derniers temps que les végétaux à tige vivace n’affectaient pas d’autres 
formes que celles que présentent, dans les Monocotylés, les Palmiers, les 
Pandanus, les Dracæna, les Ruscus , etc:; et, dans les Dicotylés, les 
Chènes, les Ormes, les Platanes, etc. De là était née la célèbre distinction 
des bois en filets et des bois à couches concentriques. Sans doute ces deux 
formes caractéristiques sont et demeureront les plus générales dans les 
végétaux ligneux; mais, depuis les découvertes de M. Gaudichaud, il n’est 
plus permis d'affirmer que la loi est si impérieuse que la Nature ne puisse 
jamais y déroger. Quand, dans les sciences d'observations, la tendance à 
généraliser s’élance au-delà du but, l'esprit de recherche, plus positif, 
s'applique à trouver des exceptions qui la fait rentrer dans de justes 
limites. C'est ainsi que les théories scientifiques deviennent la fidèle ex- 
pression de la Nature. 

» Personne n’a signalé un aussi grand nombre d'anomalies que M. Gau- 
dichaud. Toutefois, il se pourrait que vers l’époque où il fit ses premières 
observations, d’autres eussent pris une connaissance plus ou moins su- 
perficielle de faits analogues. Mais le mérite de la découverte lui appar- 
tient parce qu’il l’a fait connaître avant tout autre, et l’a illustrée par ses 
trois Voyages autour du monde, dont le second et le troisième furent 
entrepris principalement en vue de poursuivre le travail qu’il avait com- 
mencé dans le premier. 

» Dans son dernier voyage, qui livre tant de richesses à Pavide curiosité 
des naturalistes, il a constaté de nouveau l’exactitude d’un fait général 
dans les lianes brésiliennes de la famille des Bignoniacées : savoir, que Je 
corps ligneux de leur tige est composé de quatre lames rayonnant à angle 
droit du centre à la circonférence et se dessinant par conséquent sur Ja 
coupe transversale en croix grecque. Il a trouvé que les espèces de ce 
même groupe qui croissent sur les bords du Guayaquil, portent régulière- 


( 486 ) 
ment le nombre de leurs lames ligneuses de 4 à 8, de 8 à 16, et peutêtre 
encore à un chiffre plus élevé. 

» Ce type anomal n'appartient pas uniquement à l’Amérique du sud : 
le célèbre historien de la Flore des Moluques, Rumphf, qui florissait au 
xvu® siècle, l'a observé dans une Bignoniacée dont il donne la figure. 
M. Gaudichaud incline à croire que tous les Spathodea qui, dans cet ar- 
chipel, forment des lianes d’une longueur démesurée, portent ce même 
caractere. 

» Des espèces américaines des genres Paullinia, Serjania , Cardio- 
spermum, toutes plantes de la famille des Sapindacées, ont encore offert 
à notre voyageur de nombreux exemples de ces tiges, qui semblent être 
un composé de plusieurs tiges greffées ensemble. Dans toutes les contrées 
asiatiques qu'il à explorées, les Cardiospermum seuls lai ont représenté 
ce type. 

» La rapidité du voyage, les rares et courtes relâches, les fatigues in- 
séparables d’une telle expédition, la difficulté de disséquer et d'observer 
sur le plancher mobile du bord, n’ont pas empêché M. Gaudichaud de 
se livrer aux recherches les plus pénibles, et qui semblaient, par leur 
pature, ne pouvoir être poursuivies que dans le silence et le repos du 
cabinet. Partout où il a trouvé place pour asseoir tant bien que mal son 
microscope, il a fait, selon l'occurrence, de l'anatomie, soit animale, soit 
végétale. Il nous rapporte un travail microscopique sur l’organisation de 
plusieurs tiges anomales, et notamment sur celles des ÂVepenthes, dont 
il a recueilli cinq espèces très remarquables. Il a découvert dans certaines 
Orchidées un tissu composé d’utriculés allongées, raides, sinueusés, non 
déroulables, renfermant dans leur cavité un liquide onctueux de cou- 
leur d’ambre. Il à reconnu dans l’Ædansonia peltata Yexistence d’une 
sorte de vaisseaux rampant entre les couches ligneuses, et dont il ne 
pense pas qu'aucun phytologiste ait encore fait mention. Ces vaisseaux lui 
ont paru si extraordinaires, que, de prime abord, il les a pris pour les 
filets radiculaires de quelque plante parasite. L'énorme tronc de Boabab, 
que S. A. R. Monsieur le duc de Joinville fait transporter en ce momént 
du Sénégal en France, nous mettra peut-être à même de vérifier ce fait 
curieux: 

» La plupart des graines qui nous viennent d'outre-mer ne germent 
point. Nous avons donc rarement l’occasion d'observer certaines germina- 
tions exotiques qui, bien connues , éclaireraient à la fois la Physiologie vé- 
gétale et là Botanique. Pour obtenir cet avantage dans un voyage de cir- 


(487 ) 

Cum-navigatiôn, le-seul! moyen .est'de-semer des graines'à bord; c'est ce 
qu'a fait M.Gaüdichaüd. Durant les traversées, il-a tépié toutes lés phases 
de la gériination dans üne multitude d'espèces; ‘hous Windiquerons que 
les ‘éxeniplés ‘les ‘plus remarquables ‘: Lie :Dracæna draco :'sès graines 
avaient ‘été recueillies à ‘Cadix ; trois jeunes pieds-ont fait !le:tour du 
motide. Le Palier du Chili (Cocos Molinii) : trois pieds vivants sont éga- 
lemént’arrivés en bon état à Paris; c’est une précieuse racquisition pourile 
Järdin du Rôi:Le Cocos Nucifera, les -Araucaria brasiliensis et: chilensis. 
De nombreux Palmiers et: Pandanus: des jardins-de Calcüttai,\de:Pondi- 
Chérÿy, de Bourbon. Le Santalum album, le Crcas circinalis, le:Gyrocar- 
pus, le Tacca pinnatifida, ‘et une Lécythidée de Pülo-Pénang, -dont la 
germination est plus‘extraordinaire-encore que-célle-du-Lecythis ollaria, 
dont'nous dévons'la connaissance à M. Aubert Idu-Petit-Thouars. 

» Les fleurs, .lés fruits et autres parties des végétaux (conservés dans 
l'alcool forment une collection de 36 à 4o ‘bocaux. 

» Les fruits sécs ét les graines enveloppés dans des:feuilles d’étain re- 
couvertes de!cire ‘Pour ôter tout accès à l’airet à lhunidité, sont en très 
grand nombre. Parmi les dernières nous citerons 24 variétés de riz de 
montagne qui proviennent de Manille ét dont il est à propos de-teriter la 
culture en Algérie. L'administration du Jardin du Roï à déjarpris des ime- 
surés à cét'effet. Nous citérons aussi (les graines de légumes:de Chine et 
de la plupart des localités où‘/4 Bonite a touché. 

» l'ÿ'a en ‘outre ün grand notbre Id’écorcés textiles ; du #il: dubana- 
nier dit Æbaca, préparé! à Manille par M.'Gaudichaud lai-méme; tune col- 
léction'de 24 thés'de!la Chine, donnée par M. Bayton , savant naturaliste, 
essayeur de thé de la Compagnie anglaise à Canton; des produits médi- 
camentéux ; ‘dés résines et'des 80mmes. L'une de celles:ci, que l’on ob- 
tient d’une Cäpparidée’drborescente du'Pérou iomméeSapote , peut rem- 
placer avec avantage la 80Mme arabique. Aüprès de :cés substances nous 
trouvons le Gämbar, ‘iastiéatoire’que les Indiens, les Chinois, les Cochin- 
chinoïs et presque tousiles Peuplés de l'Océanie mélent à leur bétel. Cétte 
matière est extraite en grand des feuilles d’une Rubiacée à laquelle les ha- 
bitants de Sincapour et de Malacca donnent les noms de Gambar, Gambir 
ou Gambé, et qui paraît étre une espèce du genre Nauclea. M. Gaudichaud 
a recueilli tous les renseignements nécessaires sur la culture de ce végétal 
et sur la préparation de l'extrait qu'il fournit. 

» On conçoit ce que, durant de trop courtes relâches sur différents points 
du globe, la récolte de si Précieuses et si abondantes collections de plantes 

C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, No 16.) 67 


( 488 ) 


sèches, de plantes vivantes, de graines, de matières extraites des végé- 
taux, de bois dont quelques échantillons pèsent jusqu’à deux cents livres, 
de fruits parmi lesquels il s’en trouve plusieurs d’un volume énorme , a dû 
coûter d'efforts et de persévérance à M. Gaudichaud et à deux braves ma- 
rins qui l’ont accompagné constamment dans ses courses. aventureuses. 

» M. Gaudichaud s’est montré aussi infatigable à bord que durant les 
relâches. Les heures qu'il n'a pas consacrées à la botanique il les a don- 
nées à la zoologie. Les manuscrits, les dessins qu’il a mis sous nos yeux 
en font foi. Parmi ces derniers nous avons remarqué des aquarelles re- 
présentant des fleurs, des fruits, des germinations, des coupes de bois. 
Elles sont dues à l’habile pinceau de M. Fisquet, enseigne de vaisseau, 
et l’un des peintres d’histoire du voyage. Quand on passe en revue le vo- 
lumineux recueil d'excellents dessins de marines, de paysages, de monu- 
ments, de villes, etc., que ce jeune marin a exécutés, on se demande 
comment il a pu trouver du temps pour le service de l’histoire naturelle. 

» Nous ajouterons, pour en finir sur la botanique, que des instructions 
données par le Ministre de la Marine, dans l'intérêt de l’industrie fran- 
caise, sont devenues profitables à la science. Le commandant de la Bonite , 
M. le capitaine Vaillant, a rapporté, avec des œufs de vers à soie du Ben- 
gale en parfait état de conservation, des graines et des individus vivants 
de plusieurs espèces ou variétés de Müriers de l'Inde, et d’une espèce ou 
peut-être (si nous en jugeons par la forme des noyaux osseux, les uns 
sphériques, les autres oblongs et pointus aux, deux bouts), de deux es- 
pèces de Jujubiers dits de la Chine, dont les feuilles servent de nourriture 
à un bombyx qui diffère de celui qu’on élève en Europe, et donne une 
soie très forte propre à certains usages. 

» Les faits indiqués dans ce rapport prouvent, ce nous semble, que 
les résultats obtenus par M. Gaudichaud sont du plus haut intérêt non- 
seulement pour l'accroissement des collections matérielles du Muséum na- 
tional d'histoire naturelle, maïs aussi pour la botanique proprement dite, 
et, plus encore, pour l’organographie et la physiologie végétales. » 


( 489 ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


M. Fcourens dépose sur le bureau un mémoire de M. VArENTIN sur le 
développement comparé des tissus organiques chez les aniniaux et chez 
les végétaux, mémoire qui a obtenu le grand prix des'sciences physiques 
pour l’année 1835. 

L'auteur, sur invitation de l’Académie, a fait, tant dans le texte que 
dans les planches, les suppressions qu'on lui avait demandées pour ré- 
duire ce grand travail à des dimensions qui en permissent l'insertion dans 
le recueil des Savans étrangers. | 

Le mémoire, sous sa nouvelle forme , est renvoyé à l’examen de M. de 
Mirbel, qui s’assurera si l’auteur a bien saisi les intentions de la Commis- 
sion, relativement à la réduction demandée. 


BOTANIQUE. — Sur la fructification de la vanille obtenue au moyen de la 
Jécondation artificielle. — Note de M. Ca. Morren. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, de Jussieu.) 


« Des expériences répétées pendant deux ans m'ont convaincu que la 
culture de la vanille et la production de ses fruits sont possibles en Eu- 
rope. Les succès que j'ai obtenus dans la fécondation artificielle de cette 
plante intéressante n'étant dus qu’à l'application de principes déjà dé- 
montrés pour d’autres orchidées par MM. de Mirbel et Adolphe Brongniart, 
il est juste que j'en fasse part à l’Académie dont ces savants font 
partie, car C'est à eux que je dois la première idée de cette innovation; la 
fécondation du Brassia maculata faite dans les serres du Jardin du Roi ) 
à Paris, ne me laissa aucun doute sur la possibilité de mener à bien la fé- 
condation de la vanille. 

» J'ai l'honneur de transmettre aujourd’hui à l’Institut de France, un 
tronçon de la vanille qui depuis deux ans porte fruits, afin qu’on soit 
d'accord sur lespèce, et trois gousses (mot impropre) müres et fraîches. 
J'ai choisi une petite gousse pour indiquer le minimum de leur longueur : 
elle a 12 centimètres, la plus longue a 19 centimètres; mais j'ai des fruits 
non mürs encore, qui auront 2 décimétres'et au-delà. Leur diamètre or- 
dinaire est d’un centimétre! Les fruits que je présente à l’Académie ne sont 
pas passés à l'huile; je ne leur ai fait subir aucune préparation, afin que l'a- 
rome soit dans &a pureté native. L'une des gousses n’est mûre qu’à moitié, 

67. 


( 490 ) 


elle mürira d'elle-même. MM. les Commissaires pourront se convaincre, 
comme nous l'avons fait.ici, que,ces fruits,aromatisent les glaces, les 
crèmes, etc., exactement comme ceux d'Amérique. 

», J'ai prouvé, dans une notice insérée au 4° volume. des Bulletins de 
l'Académie royale des Sciences de Bruxelles , que l'espèce que nous, cul- 
tivons à Liége est la vanilla planifolia d'Andrew (Repository 538), intro- 
duite en Europe en 1800, par M. Charles Greville. On l'a confondue 
d'abord avec la vanilla aromatica de Swartz, introduite par Henry-Phi- 
lippe, Miller, en 1739. 

» M. Parmentier, d'Enghien , en Belgique, rapporta la première de ces 
espèces, qui fut communiquée d'abord, en 1812, au Jardin , botanique 
d'Anvers, où la plante a pris une extension si grande, qu'on a été obligé 
de lui enlever d'énormes branches, que j'aurais aujourd'hui utilisées; mais 
à cette époque on ne savait pas les faire fleurir. 5 

» Le pied d'Anvers fournit aux jardins de Paris, Bruxelles, Louvain, 
Gand et de Liége, les mdividus qu'on ÿ voitaujourd’hui; ilsviennent ainsi 
d’une souche commune, et si, comme l’a pensé M, Adolphe Brongniart, 
les vanilliers de Liége portent plus fréquemment fleurs et fruits, ce n’est 
pas parce qu'ils appartiennent à une variété florifere particulière, mais 
uniquement à cause de la culture assez singulière que je leur y, donne. Le 
pied d’Anvers fournit également l'échantillon que M: Marchal transporta 
avec. beaucoup de peine aux anciennes, colonies hollandaises, à.Java, où 
la plante a fleuri, mais,sans porter fruit; ce qui se. conçoit, la fécondation 
artificielle étant absolument nécessaire à. cette fin, si. desinsectes ne vien- 
nent au secours du végétal. Cette relation. historique prouve donc que, la 
plupart des, grands vanilliers, appartenant à, la vanille. planifolia, qui 
sont répandus en Europe, viennent d'une:même. souche, et,que. tous sont 
aptes à fleurir. 

» IL faut pour cela une culture appropriée. Mes. vanilliers, sont; placés 
dans. du coke, ou résidu de houille, brûlée : leurs racines plongent dans 
ce milieu; au-dessus du coke, on dépose quelques débris de bois,de, saule 
pourri; le, pied-mère,ne fait que traverser cette espèce. de.sol. Un des va- 
nilliers croît.le.long d’un dracæna fragrans, un second autour d'un tuteur 
mort, et, le troisième sur une longue,colonne de ,fer. Pas, une racine aé- 
rienne ne plonge. dans une, plante vivante quelconque. Le, vanillier n'est 
donc nullement parasite, mais c’est réellement une plante aérienne ; car le 
pied qui la lie. à la terre est sec, mort, recoquillé, et seulement quelques 
racines aériennes vont plonger dans la, houille brûlée dont j'ai parlé. J’es- 


( 4gr ) 

time la longueur de mon. plus, grand vanillier à près d’une centaine de 
pieds ; un,second n’a que 60, pieds, et il est, en ce moment, couvert d’une 
cinquantaine de.fruits..J;e,nombre de ceux-ci n'est pas en rapport, avec 
la, force, ni, la, longueur:de. la plante; car le petit vanillier a eu, prés de 
cent, fleurs, et le,grand,avait moins de fruits, quoique sa, végétation fût 
beaucoup plus forte. Il paraît, du reste, qu'après avoir porté fruit , il faut 
que la plante se repose; le/pied, qui l’année dernière nous avait donné Ja 
récolte, ne/porte,pas cette aunée ,,et je,ne crois,pas qu’il développera des 
fleurs: celles-ci se montrent, au mois de février, Les vanilliers de, Liége se 
couvraient, de fleurs depuis long-temps, parce qu'on arrétait, sans le sa- 
voir, touteila sève descendante,, forcée ainsi de se porter sur les bourgeons 
axillaires qui,se. développent bientôt.en rameaux floraux. En effet, faute 
de, place, on tordait la-plante sur elle-même, on la tourmentait, on,la-pin- 
çait, on. la, froissait. Sur, les plaies on applique, après avoir. écourté les 
branches, le fer chaud , et.l’on, remarque, que c’est toujours au; sommet 
des-branches ainsi tourmentées, que. les fleurs; apparaissent, 

» Ces. fleurs, dont l'odeur est légèrement spermatique, et par consé- 
quent.tout-à-fait différente de celle du fruit, ont, aveclenroyaire infère; de 
8 à 10 centimètres de longueur. Le, labellum est. soudé à la colonne jus- 
qu’au haut de celle-ci, dont l'opercule mobile est séparé de la surface stig- 
matique par un voile, pendant, ainsi au-devant de la partie femelle; il faut 
ou soulever ce voile charnu, ou.le couper pour que la. fécondation se fasse, 
quoique, si l’opercule est couvert d'une, gouttelette d’eau, de manière à 
ce que les masses pulvérulentes de pollen puissent se gonfler et leur 
boyaux franchir, les bords du voile en question, la fécondation naturelle 
peut avoir lieu. Vis-à-vis de l'appareil sexuel, il y a sur le labellum huit 
ou dix franges-qui-récueillent.ce pollenquand'il tombe, Quand un insecte, 
après être entré dans la fleur, sort du labellum, il soulève le voile et met 
à nu le stigmate qui dans ce cas peut recévoir le pollen conservé par les 
franges. C'est de .cette manière que l'union des sexes, doit se faire habi- 
tuellement., La colonne,a un tuyau creux, au, centre; j'ai cru d’abord. que 
les utricules cylindriques de.la colonne auraient.recu entre, eux, dans leurs 
méats; intercellulaires, les boyaux, polliniques; mais. ce. n’est nullement 
ainsi que les,choses se passent. Les grains de pollen envoient d'immenses 
boyaux, de cinq,ou de six centimètres.de, longueur à l'ovaire, tout le long 
des parois du. tuyau de la colonne, de. sorte que celui-ci est bien une es- 
pèce, de vagin, verni, de mucus et, conduisant une énorme quantité de ces 
pénis, dont,chacun, comme,je. m'en suis assuré, va trouver un ovule. J'ai 


( 492 ) 

suivi le développement de ceux-ci. Avant la fécondation ; il n’y a encore 
que des tubercules à peine saillants, mais géminés sur le placentaïre: Pen- 
dant la fécondation, ces tubercules, uniquement formés'de tissu cellulaire, 
subissént le commencement du mouvement de résupination. Cinq jours 
apres la fécondation , le tegmen commence à se montrer à la basé du tu- 
bercule qui devient le nucelle. Quinze jours (toujours après la féconda- 
tion du stigmate) le tegmen recouvre le nucelle presque jusqu’au bout; 
trois semaines après le test se forme à la base du tegmen. A quatre se: 
maines, la résupination est complète ; le tegmen et lé test ont une ouver- 
ture commune par où le nucelle est visible. Jusque là point d’imprégnation; 
mais un mois après que le stigmate a reçu l'influence du pollen, les boyaux 
polliniques vont chacun saisir le nucelle par leur bout et le vivifier. Enfin; 
ce n’est que six mois après la fécondation que le test devient brun, qu'il 
passe au noir pour ne plus changer. Un an, jour pour jour, s'écoule entre 
la fécondation de la fleur et la maturation du fruit. 

» Il n’y a sur les graines de vanille que deux enveloppes dont l’origine 
me paraît incontestablement due à des développements du funicule qui 
devient le nucelle à son sommet; les’ boyaux polliniques ont des granules 
en mouvemént , mais ils sont peu nombreux. 

» Il ne me reste aucun doute que la culture de la vanille ne soit désor- 
mais assurée à l’Europe; le meilleur des aromates s’obtiendra aussi facile- 
ment que l’ananas, le meilleur des fruits, et ce succes est dû tout entier à 
l'application des lois de la physiologie végétale. » 


MÉCANIQUE. — Z'héorie du ventilateur ; par M. Cousrs. 
! (Commissaires, MM. Cordier, Poncelet, Coriolis.) 
(Extrait par l’auteur.) 


« Il résulte dés études auxquelles je me suis livré, et des observations 
que j'ai recueillies sur l’aérage des mines, que les machines devraient être, 
dans certains cas, substituées aux foyers d’aérage , soit parce que l’on y 
trouverait une économie réelle d’argent , soit surtout parce que les foyers 
donnent lieu à de graves dangers dans les houillères, où il se dégage de 
l'hydrogène carboné, et qui, pour cela même, exigent une ventilation très 
active. Des machines à pistons mues par des machines à vapeur, ont ainsi 
remplacé, avée avantage, depuis 1830, sur plusieurs mines’ dé houille de la 
Belgique, les anciens foyers qui étaient insuffisants. L'observation directe 


( 493 ) 
mayant démontré que l'effet utile de ces appareils était une assez petite 
fraction du travail,moteur dépensé, j'ai été conduit à rechercher s’il ne se- 
rait pas possible d'obtenir, avec des machines plus simples et moins cou- 
teuses, de meilleurs résultats. 

» Parmi les machines connues, le ventilateur à force centrifuge a d’a- 
bord fixé mon attention, par la simplicité, de sa construction et de son ins- 
tallation ; l'absence de soupapes ou autres pièces analogues, l’uniformité de 
l'effet qu'il doit produire, puisque la seule partie mobile de l'appareil recoit 
un mouvement de rotation continu, Je n'ai trouvé dans les ouvrages que j'ai 
pu consulter, que fort peu de détails sur cette machine, dont l’usage est pour- 
tant aujourd’hui assez, commun, et devient plus fréquent de jour en jour. 
J'ai donc essayé d'établir la théorie, et les règles de construction du ventila- 
teur, sur les principes de la science des machines. 

». En premier lieu, je me suis proposé de construire un ventilateur aspi- 
rant , qui serait destiné simplement à déplacer de l’air, en Le faisant circuler 
dans une! conduite plus ou moins longue, mise en communication avec l’ou- 
verture centrale de l'appareil. Il est évident que, dans ce cas, l’air aspiré 
doit être rejeté dans l'atmosphère, avec la plus petite vitesse possible: l'on 
satisfera à cette condition, en courbant les ailes mobiles, suivant une sur- 
face cylindrique droite, dont la base soit tangente à la circonférence dé- 
crite par les extrémités des ailes, en. laissant le ventilateur entiérement 
ouvert, sur son contour, pour que l'air se dégage à la fois sur toute 
sa périphérie, et imprimant aux ailes un mouvement de rotation, dans 
un sens.tel, que, la vitesse absolue de l'air soit la différence de la 
vitesse des extrémités des ailes, et de la vitesse relative avec laquelle 
l'air. se dégage d’entre elles. Les espaces compris entre les ailes consécu- 
tives.et les disques latéraux, qui peuvent être fixes ou mobiles, ou encore 
l'un fixe et l'autre mobile, deviennent alors autant de canaux courbes 
qui reçoivent un mouvement, de rotation autour d’un axe fixe. L'air en- 
trant dans ces canaux; par les orifices les plus voisins de l'axe, y circule en 
allant vers la circonférence, où il s'échappe, Si le mouvement de rotation 
est uniforme, il s’établira, au bout de peu de temps, une vitesse de ré- 
gime, un mouvement permanent, c'est-à-dire que les vitesses et les pres- 
sions, en un point quelconque du canal mobile, ne varieront plus avec le 
temps. Or il est facile alors d'établir entre les vitesses relatives de l'air, à 
son entrée dans les canaux mobiles et à sa sortie de ces canaux, et les pres- 
sions constantes qui ont lieu sur le contour du ventilateur, à l'entrée de la 
conduite, et à l'entrée des canaux mobiles, des équations en nombre suffi- 


( 494 ) 


saut pour déterminer les quantités inconnués, lorsque lon se donne les 
dimensions de la conduite et du ventilateur, la vitesse angulaire de celui-ci, 
et Les pressions à l’entrée de la conduite et sur le contour du ventilateur. 
Mais c’est ordinairement le problème inverse que l'on aura à résoudre; c'est- 
à-dire, qu'étant données les dimensions d’une conduite et la masse d’air 
qu'on veut y faire circuler, dans l'unité de temps, il s’agira de déterminer la 
forme et la vitesse d’un ventilateur capable de l'effet désiré. C'est cette ques- 
tion que j'ai traitée. On voit qu’elle est indéterminée ; et que l’on estle maître 
de se donner plusieurs conditions que l’on choisit de manière à faciliter la 
construction de la machine, à économiser la dépense du travail moteur, et 
quelquefois à satisfaire à des circonstances locales particulières. La première 
condition que je me suis donnée, est que la force vive due à la vitesse abso- 
lue de l’air sortant, soit une fraction déterminée de l'effet utile de la ma- 
chine. (La vitesse de l'air sortant ne peut pas être nulle , lorsque l'air entre 
dans les canaux mobiles, avec une vitesse absolue dirigée dans le sens des 
rayons, comme je le suppose.) Cette cotidition suffit pour déterminer 
complétement la vitesse à donner à l'extrémité des ailes, la vitesse relative 
de l'air à sa sortie des canaux mobiles, et par conséquent la somme des 
aires des orifices d'écoulement, puisque la dépense d’air est donnée d'a- 
vance. La courbure des ailes à leur origine doit être telle, que l'air n’é- 
prouve aucun choc, à son entrée dans les canaux mobiles, ou, én d’autres 
tèrmes, qu'il n’éprouve à cette éntrée aucune variation brusque dewitesse. 
Sa vitesse absolue étant dans le sens du rayon, et perpendiculaire à celle 
de l'aile , il résulte de là que la section des ailes par un plan normal à l'axe, 
doit couper la circonférence intérieure sous un angle dont la tangente 
trigonométrique soit égale au rapport de la vitesse absolue de l'air en- 
trant , à la vitesse de l’origine dés ailes, Se‘donner cet angle, c’est-donc 
se donnér le rapport de ces vitesses. Si, de plus , on se donne le rapport 
de grandeur entre les rayons intérieur et extérieur dés ailes, ou ‘une 
relation entre lés vitesses relatives d’éntrée ét de’sortie, les éléments 
principaux de la forme du ventilateur seront déterminés, et lon 
pourra encore choisir à volonté la grandeur du rayon intérieur des ailes, 
ou de l'orifice circulaire par lequel l'air pénètre dans le ventilateur, et le 
nombre total des ailes. Chaque dimension résulte de ces données et peut 
être déterminée par un tracé graphique, ou des résolutions de triangles 
rectilignes. 

» Le ventilateur aspirant, construit d’après ces principes, est celui qu'il 
conviendra d'employer, quand on voudra déplacer de l'air, sans le lance 


( 495 ) 


dans une direction déterminée, comme dans là ventilation des lieux habités, 
des salles de spectacle, d'hôpital, des magnaneries, des mines, etc. 

» La théorie précédente m’a conduit à 1a théorie du ventilateur, émploÿé 
comme machine soufflante. 11 doit être établi de manière que l'air s'écoule 
à la fois par les extrémités de tous les canaux mobiles, formés par l'enserh- 
ble des ailes courbes, et que sa vitesse de sortie se conserve, sans autre 
diminution que celle provenant des frottements que l'on ne peut éviter, 
jusqu’à l'entrée du Porte-vent. Pour que ces conditions soient satisfaites, il 
faudra fermer le ventilateur sur son Pourtour, par uñe enveloppe cylin- 
drique, qui se joigne aux disques latéraux , entre lesquels ciréulént les 
ailes. Cetté enveloppe sera touchée par les ailes en un seul point, et s’é- 
cartera ensuite de la surface cylindrique engendrée par les extrémités dés 
ailes, de façon que l’espace compris entre ces deux surfaces ét les joués, 
forme un canal à section croissante, depuis le point dé contact où cêtte 
section ést nulle, jusqu'à ce qu'après une circonférence entière décrite au- 
tour du véntilateur, élle soit égalé à la séction du porte-vent, au point où 
il s’adapte à la caisse du ventilateur. Les ailes étant courbées, de manière à 
ce qu’elles soient tangentes à la surface cylindrique extérieure décrite par 
leurs extrémités, la vitesse absolue avéc laquelle l'air sera Projeté dans ce 


des canaux mobiles, là vitesse relative avec laquelle l'air se dégage de ces 
canaux, $a vitesse absolue qui est égale à là somme ou à la différence de 
la vitesse relative et de la vitesse des extrémités des ailes, et l'aire de la sec- 
tion antérieüre du porte-vent. On établit céé relations au moÿen d’équa- 
tions absolurmétit semblables à celles dont on fait usage, dans la théorie du 
ventilateur aspirant. Comme d’ailleurs la vitesse absolue, avec laquelle l'air 
sort, se conserve sans modification notable jusqu’à l’origine du porte- 
vent, les ailes peuvent être recourbées de maniére que cette vitesse abso- 
lue soit la somme de là vitesse rélative ét de la vitesse des ailes. 

» L'expérience ävait déja amené les ConStrücteurs à placer l’axe des ailes 
dü ventilateur excentriquement, Par rapport à Fenveloppe cylindrique à 
base circulaire qui ferme la cäisse surson Contour, de sorte que les ailes ne 
touchassént cette enveloppe qu’en un seul point. Il éni est de même dans la 
disposition qui m'est indiquée par là théorie : seulement la distance de l’en- 
veloppe cylindrique aux extrémités des ailes croit béaucoup plus, Jusqu’à 
devenir égale à la hauteur totale du Porte-vent, dans le sens perpendicu- 

CR 1838, 1° Semestre, (T. VI, N° 46.) 68 


( 496 ) 


laire à l'axe de la machine. J'évite ainsi l'effet des rétrécissements que l'air 
est obligé de traverser, dans le mode de construction ordinaire, en circu- 
lant dans l’espace contigu à l'enveloppe cylindrique, avec une vitesse tou- 
jours différente de la vitesse des ailes. J’évite aussi la projection de l'air, à 
la sortie des canaux mobiles, dans une direction presque perpendiculaire 
à l'axe du canal, dans lequel il est obligé de se mouvoir; et ces diverses 
circonstances donnent certainement lieu à une perte considérable de force 
vive. Si l’on construit, conformément aux principes posés dans le mémoire, 
les tarares des moulins à blé, des machines à vanner, etc., on aura le 
double avantage d'une économie vraisemblablement considérable de force 
motrice, et de pouvoir imprimer au courant d’air sortant une vitesse 
presque double de celle que l’on obtient, dans les machines actuelles, avec 
une même vitesse angulaire. 

» Une propriété remarquable des ventilateurs à force centrifuge , con- 
siste en ce que la quantité d’air qu’ils mettent en mouvement dans l'unité 
de temps, est sensiblement proportionnelle à la vitesse angulaire qu'on 
leur imprime, toutes choses demeurant d’ailleurs égales, et que les chan- 
gements de vitesse angulaire entre les limites des applications pratiques, 
ne donnent lieu à aucune nouvelle cause appréciable de perte de travail; 
ainsi ces machines fonctionnent à peu près aussi avantageusement sous dif- 
férentes vitesses, et tout en projetant des quantités d'air très différentes 
dans un même intervalle de temps; au contraire, le changement de gran- 
deur des orifices d'écoulement dans le ventilateur soufflant, entraîne un 
changement corrélatif dans la forme et les dimensions de la machine. » 


EMPRYOLOGIE. — Mémoire sur l'œuf du Kangourou, et en particulier sur la 
découverte de l’Allantoïde ; par M. RicHarp Owen. 


(Commission précédemment nommée pour un Mémoire de M. Coste sur 
le même sujet.) 


M. Owen annonce qu'il ne s’est déterminé à présenter ce Mémoire que 
parce qu'ayant appris que l'Académie a chargé une Commission de faire 
un rapport sur celui de M. Coste, il a cru devoir rectifier quelques faits 
qui y sont énoncés d’une manière inexacte. « On trouvera en outre dans 
cet écrit, dit M. Owen, quelques détails physiologiques qui lui donne- 
ront, je l'espère, plus d'intérêt que n’en ont généralement des discus- 
sions purement relatives à des droits individuels. » 


( 497 ) 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — JVote sur la circulation du Chara ; 
par M. A. Donxé. 


(Commissaires, MM. Dutrochet, Ad. Brongniart.) 


« Les excellentes observations de M. Amici, confirmées depuis par 
la plupart des micrographes qui se sont occupés de la circulation du 
chara, et, en particulier, par M. Slack, ne pouvaient laisser de doute sur 
l'influence que les séries de granules verts fixés régulièrement à la paroi 
interne des tubes du chara, paraissent exercer sur le mouvement du li- 
quide en circulation dans cette plante: la rapidité de cette circulation , sa 
régularité même sont subordonnées au nombre, au rapprochement et à 
l’ordre de ces espèces de chapelets de corpuscules immobiles; plus ils sont 
serrés, plus la circulation est active , et l’on sait que le mouvement cesse là 
où ils finissent. C’est là qu’existe la ligne de démarcation entre le courant 
ascendant et le courant descendant ; en outre, il suffit de déranger l'ordre 
des chapelets verts, pour troubler en même temps le cours du liquide ; 
on voit se former en ce point, si l’on peut dire ainsi, une espèce d'épan- 
chement du fluide circulant. Tous ces faits sont très positifs et connus de la 
plupart des observateurs ; on peut dire que c’est là que s'arrêtent, en ce 
moment , les notions exactes de la science à ce sujet. Beaucoup de théo- 
ries , plus ou moins ingénieuses, ont été imaginées, telles que celle de 
M. Amici, qui considère les granules verts comme les éléments d’une pile 
voltaique , ou celle de M. Raspail, qui explique le mouvement circulatoire 
par l’exhalation et l'aspiration des parois du tube de la plante ; la chaleur, 
l’évaporation , l'électricité, etc., ont été tour à tour invoquées, mais au- 
cune de ces théories n’a jusqu’à présent satisfait au problème, et la circu- 
lation dans l’intérieur des cellules des plantes est restée un des phéno- 
ménes les plus curieux et en même temps des plus inexpliqués de la 
physiologie végétale. 

» On jugera si j'ai été plus heureux que les observateurs qui m'ont 
précédé. 

» Au lieu de persister à chercher la cause de cette circulation dans les 
agents physiques, comme tout le monde l’a fait jusqu'ici, j'ai pensé qu'il 
y avait plus de chances de la trouver dans une disposition organique, et 
c'est de ce point de vue qu’il m’a été permis de pénétrer les faits suivants : 

» Après avoir soigneusement décortiqué un tube de chara hispida et 
l'avoir dépouillé du carbonate calcaire qui trouble sa transparence, je le 

68.. 


( 498 ) 
soumets sous le microscope à une compression méthodique et graduée , à 
l'aide du compresseur de Purkinje; cette pression ne tarde pas à détacher 
un grand nombre des granules décrits plus haut. On voit alors de petits 
chapelets formés de cinq, six granules, ou plus, se mettre en mouvement, 
se pelotonner, puis s'arrêter, s'ils ne sont point entrainés par le courant 
du fluide. | | 

» D’autres granules sont complétement détachés les uns des autres et 
libres de toute adhérence ; parmi ceux-ci, on ne tarde pas à en voir quel- 
ques-uns qui sont mus d’un mouvement de rotation plus ou moins rapide, 
tout-à-fait indépendant du mouvement de circulation générale : les uns 
tournent sur eux-mêmes sans changer de place, les autres sont entraînés 
par le courant en conservant leur mouvement spontané de rotation. 

» Ces petits corps sont donc doués par eux-mêmes d’une force propre 
à laquelle ils obéissent quand ils sont libres, mais qui réagit sur le liquide 
dans lequel ils sont plongés quand ils sont fixés. 

» Le mouvement de rotation dont je parle, est, comme je le dis, indé- 
pendant de celui du liquide en circulation ; il est, en effet, souvent d’une 
extrême rapidité en comparaison de celle du mouvement circulatoire, et 
il s'exécute dans les points où la circulation est la moins active, où même 
nulle. Il n’est pas rare, en outre, de voir deux granules placés l’un pres 
de l’autre et doués d’un mouvement inverse; mais l’expérience suivante 
vient démontrer ce fait d’une manière décisive. 

» En exprimant sur une lame de verre le suc d’un tube de chara ,, et 
soumettant cette goutte de liquide à l'inspection microscopique,, on la 
trouve composée non-seulement du fluide et des particules blancs qui 
étaient en circulation, mais d’une certaine quantité de granules verts que 
la pression a détachés des parois du tube, La plupart de ces granules sont 
peletonnés, et l’on n’y découvre aucun mouvement, non plus que dans 
les granules isolés, librement répandus à la surface du verre; mais il n’en 
est pas de même si l'on porte son attention sur les espèces de grosses 
gouttes huileuses où albumineuses que forme toujours le fluide intérieur 
du chara en s’épanchant. Il est rare que l’on ne trouve pas dans quelques- 
unes de ces gouttes, dont la transparence est malheureusement troublée 
par une foule de petites granulations, un ou plusieurs granulés verts 
doués di même mouvement spontané de rotation que j'ai signalé dans 
l'intérieur di tube lui-même ; ces granules étant là dans leur fluide pro- 
pre, ont conservé toutes leurs propriétés, tandis que les autres sont 
morts, sil mést permis de m'exprimer ainsi. 


( 499 ) 


». Il est impossible de né pas rémarquer la frappante analogie que ces 
faits établissent entré lés corpuscules rangés en séries régulières ét fixés 
à la paroï interne dé toutes les cellules végétales où lon a obsérvé la 
double circulation d'un fluide, et les organes vibratilés des animaux 
sur lesquels lattention à été particulièrement portée, dépuis le beau tra- 
vail de MM. Purkinje et Valentin. L’analogié est d’autant plus complete, 
que les organes vibratiles des membranes muqueuses se séparent eux- 
mêmes, ainsi-que je l'ai démontré ,. en particules où l’on voit le mouve- 
ment persister souvent plus de 24 heures. 

» On sent que j'ai dù m'empresser de rechercher s’il existait des cils 
Vibratiles à la surface des gränules doués du mouvement spontané que je 
vieus de décrire; mais jusqu'à présent tous mes efforts ont été vains, et 
j'ai inutilement employé un grossissément dé 560 diamètres ét lé meilleur 
éclairage; en variant l'expérience dé toutes les manières, il m'a été im- 
possible de m’assurer positivement de l’existerice d’un appareil ciliaire : 
J'ai bien cru voir une sorte d’auréolé brillinte autour des granules, miaïs 
je ne puis rien affirmer de plus à cet égard. 7 

» Je’ ne dois pas oublier de dire, en terminant, que tous les agents qui 
arrêtent la circulation däns le chara, anéantissent également lé mouvement 
de rotation dés granules: » 


cuimiE. — Sur de nouvelles combinaisons du chlore, du brôme et de l'iode. 
Lettre: de M. Mirror. 


(Commission précédemment nommée.) 


L'auteur, daris un mémoire présenté dansune dés séances précédentes, 
avait annoncé, comme résultats! d'expériencès dont il ne donnait pas les 
détails, l'existence de chloro-sels; de: bromo-sels et d’iodo-sels. « Lorsque je 
fis cette communication, dit-il, J'ignorais que M. H. Rose s’était occupé 
de recherches analogues. Ayant appris que les résultats de son travail 
avaient été publiés dans le dernier numéro dés Annales de Poggendorf, 
J'ai vu que l’action du chlore sur les sulfures métalliques a été en effet 
étudiée par ce chimiste et que ses analyses concordent avec les miennes ; 
d’ailleurs les considérations auxquelles il est arrivé diffèrent de celles 
que j'ai cru pouvoir établir. 

» Les combinaisons que M: H..Rose,a: obtenues,.ont.été envisagées par 
lui comme des combinaisons du chlorure de soufre avec les chlorures de 
zinc, de titane, d’arséenic et d’aritimoine ; mais ‘il repousse néanmoins l'i- 


( 500 ) 


dée qu’eiles puissent étre des chloro-sels, parce que, dit-il, ces combi- 
naisons du chlorure de soufre ont lieu toutes avec des chlorures métalli- 
ques, dont les oxides correspondants sont en fonction d’acides. De sorte 
qu'il admet simplement que les chlorures acides peuvent se combiner 
entre eux, absolument comme se combinent les chlorures basiques, ainsi 
qu'il résulte des travaux déjà anciens de Bonsdorff..... » 


cnrRuRGre. — Substitution de la dextrine à l’'amidon comme substance con- 
solidante pour les bandages inamovibles, dans le traitement des frac- 
tures; par M. VELPEAU. 


« La dextrine employée à cet usage doit, dit M. Velpeau, être délayée 
dans son poids d’eau; on ajoute ensuite quantité égale d’eau-de-vie, puis 
on trempe dans la solution les bandes déployées , que l’on roule ensuite 
en ayant soin de ne les serrer que médiocrement, et on les applique ainsi 
mouillées. L'alcool favorise la dessiccation du bandage et lui donne en 
outre quelques propriétés résolutives. Au bout d’un temps qui varie de 6 
à 24 heures, suivanÿ épaisseur des couches imbibées et la facilité qu'a l'air 
de circuler autour des parties, le bandage a pris la consistance ligneuse. » 

L'auteur demande que cette Note et celle qu'il avait précédemment 
adressée sur l'emploi du bandage amidonné dans le traitement des frac- 
tures des membres inférieurs, soient admises à concourir pour les prix 
de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon. 


(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, fondation 
Montyon.) 


ÉCONOMIE RURALE. — {Vote sur les cotons cultivés en 1837, à la ferme 
Rakhraya (Algérie) ; par M. AIMÉ. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, Silvestre.) 


A cette note sont joints des échantillons de coton, provenant des parties 
de la plantation dans lesquelles on avait semé la variété de l'espèce her- 
bacée dite Georgie court. Les espèces arborescentes ne portant fruit que 
la seconde année, on ne sait pas encore quelle sera la qualité de la ré- 
colte, qui d’ailleurs s'annonce bonne. 


ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur les pommes de terre gelées et sur les 
moyens de les utiliser ; par M. GrRaRDIN. 


(Commissaires, MM. Dumas, Dutrochet, Turpin.) 


( or ) 


PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la proportion des sexes dans les naissances des 
animaux vertébrés; par M. C.-F. BsLLINGERI. 


(Commissaires, MM. Duméril, F. Cuvier, Flourens.) 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Du sulfate de chaux artificiel; de son emploi dans la 
Jabrication du papier; de la préparation et de l'influence qu'elle exercera 
sur la salubrité et l'industrie ; par M. BarirzraT. 


(Adressé pour le Concours Montyon, arts insalubres.) 


M. Tirewois, capitaine du Génie, adresse quelques détails sur les par- 
hélies du 13 mars, qu'il a observées à Lafère. À la note est jointe une 
figure dessinée par M. Pages, professeur à l'École d’Artillerie, qui montre 
le phénomène à trois époques différentes, avec la distribution des cou- 
leurs. 


M. Frépéric Jacquemarr adresse aussi une figure du phénomene, tel 
Û TS: x \ h . 
qu’il l’a observé à Quessy, près Lafère, à 840" du matin. 


CORRESPONDANCE. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Extrait d’une lettre de M. Erman fils, à M. AraGo, 
sur la température de la terre en Sibérie. 


« J’ose me flatter que vous verrez avec quelque intérêt les passages de 
mon journal historique qui ont trait à la climatologie de l'Asie septen- 
trionale, et je me permets même à cet égard de diriger votre attention 
sur les pages 242 et suivantes de ce livre. 

» J'y ai résumé mes données sur le climat de la ville de Jakouzk. Le 
fond d’un puits, que M. Schergin, négociant de cette ville, y avait fait 
creuser alors jusqu’à 5o pieds anglais, dans l’espérance de trouver à la 
fin des couches dégelées et capables de fournir de l’eau, se maintenait , 
toutes les fois que j'en faisais l'expérience, à la température de —6° de 
l'éc helle de Réaumur. La température de la surface du:sol ne devait donc 
pas surpasser ce degré, quoique l'endroit où je l’observais ne soit que par 
62° 1° 29" de latitude. Ce résultat ne laissa pas de me paraître éminemment 
paradoxal; mais je l’ai constaté depuis par le calcul des observations sur 
la température de l'air, exécutées dans la même ville pendant plusieurs 


( 502 ) 


années consécutives avec des thermomètres que j'ai soigneusement com- 
parés aux miens. Voici quelques résultats de ces observations : 


Température de l'air dans la ville de Jakouzk, durant l'année 1827 (1). 


Moyenne des mois de: 6* du matin. 2h du soir. 9* du soir. 
Janvier KA 0S 15 20 — 28°,8 — 27°,9 — 284 
Février. restes — 34,0 — 30,4 — 32,8 
Mars Etes — 21,9 — 13,5 — 17,7 
Avwrileee eee — 10,6 — 0,7 — 6,6 
Mai. + 1,7 + 6,8 + 2,5 
Jun. . + 9,9 + 15,9 + 9,6 
Mulletiarrn 3 + 14,4 + 21,2 + 13,2 
Aout auch + 11,2 + 18,1 + 11,7 
Septembre ........ + 3,0 + 8,0 + 3,8 
Octobre... .....,.. — 9,2 — {4,8 — 8,3 
Novembre........ — 20,2 — 18,3 — 19,9 
Décembre......... — 33,3 — 31,9 — 32,9 


» Vous conclurez de ces observations, tout comme je l'ai fait dans le 
volume ci-joint , que La température moyenne à Jakouzk est parfaitement 
d'accord avec la température des couches supérieures que j'y avais observée, 
en portant mon thermomètre à 5o pieds anglais au-dessous de la surface. 
Or, cela étant, il s’ensuivait nécessairement qu’en creusant plus avant on 
n’atteindrait pas de couches dégelées, avant que l’accroissement de cha- 
leur dû au rapprochement du centre du globe ne fût monté à 6° de 
l'échelle de Réaumur. Les expériences que l’on a faites jusqu'ici dans les 
puits d'exploitation en Europe, et celles que j'ai faites dans les mines de 
l'Oural, portaient cet accroissement à 1° de Réaumur , pour 90 à 100 pieds 
de France. Je n’attendais donc le dégel pour Jakouzk qu’à une profondeur 
de 5oo à 600 pieds de France. (Relat. hist., tome If, page 251.) 

» Les observations que M. Schergin a faites depuis mon départ de Ja- 
kouzk, et pendant que l'on poussait le creusement jusqu'a 4oo pieds an- 


(x) Toutes ces températures sont mesurées en degrés du thermomètre de Réaumur. 
Elles se rapportent à un hiver tempéré, car, en 1828, le froid du mois de janvier était 
beaucoup plus rigoureux. On à observé : 


6% du mat. 2h du soir. gh soir. 


Janvier 1828...... — 38,3, — 35,7, — 37,0. 


Le mercure ne dégelait donc pas pendant trois mois de suite. Dans des années ordi- 
paires, il n’est solide que pendant deux mois. 


( 503 ) 


glais, confirment parfaitement ce que j'ai avancé sur la température 
moyenne de l'air et du sol à cet endroit, car on y a trouvé depuis, 


à 77 pieds anglais, température — 55 R. 
119 — 0; 
382 el 0,5; 


mais elles indiquent en même temps pour les couches qui composent le 
terrain de cette contrée, un accroissement de chaleur en raison de 1°R., 
environ par 60 pieds anglais, c’est-à- dire une augmentation beaucoup 
plus rapide que celle que l’on observe ailleurs. 

» On ne saurait, je crois, expliquer ce phénomène qu'en attribuant aux 
terrains de l’4sie septentrionale, plus de faculté conductrice pour la cha- 
leur, que n’en possèdent les parties du globe que nous habitons ; et ce ré- 
sultat serait d'autant plus frappant, qu'il vient en quelque sorte à l'appui 
d’une autre conséquence du même genre. En effet, les variations exces- 
sives de température que l’on ‘observe à Jakouzk et dans d’autres endroits 
de la Sibérie orientale, pendant le cours d’une année solaire, nous por- 
tent à admettre que la surface de la terre y est douée d’un pouvoir de 
rayonnement et d'absorption thermique, de beaucoup supérieure à celui 
de l'Europe. » 


PHYSIQUE DU GLOBE, — Sur un puits foré à Saint-André (département de 
l'Eure), à 263 mètres de profondeur, et sur la température constatée à >53 
mètres ; par M. WALFERDIN. 


« La commune de Saint-André (département de l'Eure) est presque 
entièrement privée d’eau ; quelques mares qui se forment dans l'argile 
plastique, à la surface du sol, et qui se dessèchent pendant l'été, et un 
seul puits ordinaire de 75 mètres de profondeur, ne suffisent point à ses 
besoins journaliers. Aussi a-t-elle été, dans ces derniers temps , une des 
premières à faire l'essai d’un forage artésien. Un trou de sonde a été 
pratiqué par les soins persévérants de M. Mulot à 263 mètres de pro- 
fondeur. 

» On a traversé, 


dans l'argile plastique. . . . 13,52 
dans la eraïe blanche. . : !, ‘10 ,46 
dans la craie marneuse. . . 29 ,24 
dans la glauconie:, |, , : 13,64 
et dans les sables verts. . . 84 ,36 

263,02 


CR. 1818, 16r Semestre. (T. VI, No 46.) 69 


( 504 ) 

» Mais, alors, les sables sont devenus mouvants, et la partie inférieure 
des tubes fréquemment dégorgée, s’est remplie elle-même de sables sur 
une hauteur de plusieurs mètres. 

» À une telle profondeur, l’ascension des sables est souvent l'indice de 
la présence, à peu de distance du point où l’on est parvenu, des nappes 
d’eau qui tendent à remonter; et il est vivement à regretter que les tra- 
vaux aient été alors suspendus. Comme on vient de le voir, la craie avait 
été entièrement traversée, et la question de la présence des eaux jaillis- 
santes dans les sables et argiles inférieurs à la craie, que tant de circons- 
tances diverses peuvent rendre incertaine, question si importante pour la 
théorie des puits artésiens en général, et surtout pour le forage de Gre- 
nelle, aujourd’hui poussé à plus de 400 mètres , était vraisemblablement 
sur le point d’être résolue dans celui de Saint-André au moment où les tra- 
vaux ont cessé. 

» Avant qu'ils ne fussent arrêtés, j'ai pu déterminer, avec tout le soin 
possible, la température à 253 mètres (778 pieds) sur 263 mètres de profon- 
deur, la cuillère dans laquelle les instruments ont été placés et une couche 
compacte de sables remplissant un espace de 10 mètres environ. 

» J'ai fait descendre, le 18 juin dernier, deux de mes thermomeètres à dé- 
versoir, enfermés chacun dans un tube de cristal soudé à la lampe à ses 
deux extrémités, où ils sont complétement à l'abri de la pression qui 
changerait notablement les résultats à cette profondeur. Après dix heures 
d'immersion , l’un d'eux a marqué 17°,96 c., et l’autre 17°,03 c. 

» Ainsi, en admettant que la température est constante à la profondeur 
à laquelle l'expérience a été faite, on peut conclure de ces deux nota- 
tions une température de 17°,65. 

» Mais, pour en déduire l’accroissement proportionnel de la température 
en raison de la profondeur, les données auxquelles on a le plus souvent re- 
cours ont manqué : la température moyenne du plateau de Saint-André n’est 
pas connue, et l’on ne trouve même dans un rayon de une à deux lieues, 
aucune source qui en puisse donner une indication approximative; mais j'ai 
pris pour point de départ la température du seul puits qui existe dans la 
commune, et j'ai trouvé, à la profondeur de 75 mètres (230 pieds), la 
température du puits Saint-André, situé à 13 mètres de distance du puits 
Mulot, de 12°,2 c. 

» Ainsi, 17,99 — 12°,2 — 5°,7d d'augmentation pour 178 mètres ou 
30 mètres 95 par degré centigrade. 

» J'avais fait descendre en même temps dans le trou de sonde deux ther- 


( 505 ) 


mométrographes enfermés chacun dans un tube en cuivre destiné à les 
garantir de la pression; et quoique les indications qu’ils ont données ne 
soient pas susceptibles d’être admises, il me paraît utile d’en signaler le 
résultat aux personnes qui se livrent à ce genre d'observations. 

» L'un des thermométrographes a indiqué 19,2 c., et l’autre 15°,8c. 

» Ainsi, le thermométrographe n° 1 a indiqué une différence en plus sur 

Ja température constatée par mes deux thermomètres à déversoir de 
1°,25, et le n° 2 une différence en moins de 2°,15. 

» Voici comment s'expliquent ces différences : quoique le tube qui con- 
tenait le thermométrographe n° r ait été fermé avec soin, une certaine 
quantité d’eau y avait pénétré, et l’on conçoit que la pression exercée sur 
la cuvette de l'instrument ait fait monter la colonne de mercure qui pousse 
Tindex, de re, 25 en plus. Le tube qui contenait le thermométrographe 
n° 2 n'avait point pris eau. L'instrument était par conséquent resté à 
l'abri de la pression, mais son index mobile s'était déplacé par suite des 
secousses que l'instrument reçoit nécessairement pendant qu’on le ramène 
à la surface du sol, et ces secousses l'ont fait descendre de 2°,15. 

» Ainsi, et pour deux causes différentes, chaque thermométrographe 
a donné une indication fausse l’une en plus et l’autre en moins. Je cite cet 
exemple pour faire voir avec quelle circonspection doivent être admises, 
pour en déduire la loi d’accroissement des températures souterraines, 
les observations obtenues à de grandes profondeurs, au moyen d’instru- 
ments à index, surtout lorsque ces observations n’ont pas été faites avec 
plusieurs instruments à la fois, et lorsqu'ils n’ont pas été complétement 
garantis des effets de pression. 


Résultat de diverses observations faites à de grandes profondeurs dans le bassin 
de Paris. 


» Dans l'expérience à laquelle M. Arago a bien voulu me faire con- 
courir pour la détermination de la température du puits de Grenelle, à 
4oo mètres de profondeur, on a trouvé 239,5 c. 

» Si, au lieu de déduire, comme on le fait ordinairement, de cette in- 
dication la température moyenne de la surface du sol, on recherche, 
comme l'a proposé M. Arago, à une certaine profondeur, un point de 
température constante, et si l'on prend, par exemple, à Paris, pour point 
de départ la température constante (119,7) des caves de l'Observatoire, à 


69., 


( 506 ) 


la profondeur de 28 mètres, on a pour un degré centigrade. ... 31",5(1). 

» Dans la seconde expérience que j'ai répétée plus tard, dans le même 
forage, j'ai trouvé, à la mêmé profondeur, 23°,75 c. ou, en partant de Ja 
température constante et de la profondeur des caves de l'Observatoire, par 
chaque degré 2e QUES Rp e0IS 08 TN (2) 

» J'avais précédemment constaté à la profondeur de nt mètres dans le 
puits foré de l'École Militaire, distant du puits de Grenelle de 600 mètres 
environ, et pratiqué comme Jui dans la craie, une température de 
16°,4 ©. (3). 

» En déduisant de cette notation la température constante et la profon- 
deur des caves de l'Observatoire, on a pour un degré..... 30,85. 

» Enfin, on vient de voir que la température du puits foré à Saint-André 
était, à 253 mètres, de 17°,95 c. qui, déduction faite de celle que j'ai 
constatée à 75 mèt, de profondeur, donne pour un degré centig.. 30",95. 

» Aïnsi , il résulte d'observations diverses faites de 173 à 400 mètres 
de profondeur que la proportion d’après laquelle la température croît 
avec la profondeur dans le terrain de craie , paraît être régulière dans le 
bassin de Paris. 

» Il serait important de constater maintenant par des expériences faites 
avec précision, si, dans la partie moyenne, et dans la partie inférieure 
des terrains secondaires, la température croît avec la profondeur dans 
la même progression, et c’est sur ce point que je me propose de diriger 
mes recherches. » 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Mesure de la température du fond d'un puits artésien 
a Rouen; par MM. GIRARDIN et PERSON. 


« L'expérience à été faité le 13 mars 1838, dans un puits artésien 
creusé à l’abattoir de Rouen, faubourg Saint-Sever, dans un terrain qui 
est de niveau avec les eaux moyennes de la Seine, et par conséquent 
d'environ 16 mètres plus bas que le zéro du pont de la Tournelle, à Paris. 
A la profondeur dé 183 mètres (564 pieds) où l’on était alors parvenu, on 
a trouvé une température de + 17,6 (thermomètre centigrade). Voici 
quelques détails sur l'opération : 

» On s’est servi d'un thermométrographe de Bunten qu'on avait com- 


(1) Compte rendu des séances de l'Académie des Séiences, 1°! semestre 1837, p. 783. 
(2) Idem, idem, idem , ps 977. 
(3) Idem, idem , 1°" sèmestre 1836, p. 514 


(507 ) 
paré entre + 15° et + 20°, avec un thermomètre de Collardeau, afin de 
bien déterminer la partie de l'index qui donnait la température. On avait 
aussi vérifié le thermomètre de Collardeau dont on avait trouvé le zéro 
remonté de 0°,3. 

» Le thermométrographe était dans son étui de verre qu’on avait lesté 
pour prévenir l'introduction de l'air. On avait mis l’étui dans un de ces 
tuyaux de fer qui servent à ramener le résidu de la trituration. Quelques 
anneaux de liége l’'empêchaient de toucher la paroi; il était en outre fixé 
par un fil de fer qui l’entourait de plusieurs spires, s’attachant d’une part 
à l'extrémité supérieure du tuyau et dé l’autre à un bois vissé à l’extré- 
mité inférieure. Le fil de fer empêchait l’étui de balloter et donnait le 
moyen dé le retirer. Le rétrécissement de l’orifice du tuyau n’avait pas 
permis d’ajuster les anneaux de liége à frottement, ce qui d’ailleurs eût 
pu rendre l'extraction de l’étui difficile, à cause du gonflement produit par 
l'eau qui pénétrait librement par des trous à la partie supérieure du tuyau. 

» La descente s’est faite le lundi 12 mars, à u eure de l'après-midi ; 
elle a duré une demi-heure , à cause de l’ajuste des tiges de la sonde. 
Il n’y a pas eu le moindre choc. On n'avait pas travaillé la veille; le matin 
on avait seulement remonté la sonde. Sous la tente, en revenant de la des- 
cente, la température était de +- 10°,4. 

» Le lendemain mardi, à six heures du matin, on a retiré la sonde, de 
sorte que le thermomètre est resté plus de seize heures au fond du puits, 
L’ascension , qui a duré trois heures et demie, n’a présenté aucun accident. 
On a eu occasion de remarquer la forte aimantation des barres. Il fallait 
un effort très notable pour en détacher une tige de fer. Mais cette aiman- 
tation ne pouvait avoir aucune influence sur la marche de l'index, dont le 
déplacement d'ailleurs était tellement difficile, même avec l’aimant an- 
nexé à l'instrument, qu'il fallait à la fois un choc et l’action de cet aimant 
pour l'obtenir. 

» Le thermomètre fut retiré en bon état; seulement l’eau avait pénétré 
dans son étui, de sorte que l’instrument avait subi une pression d’environ 
dix-huit atmosphères. Le puits était plein d’eau jusqu’à 4 mètres de l’ori- 
fice. » Cette pression, à laquelle l'instrument était soumis , devenait une 
cause d'erreur dont MM. Girardin et Person ont dû tenir compte. Nous ne 
donnerons pas ici leur méthode de réduction qui, jt être bien appré- 
ciée, aurait peut-être besoin de plus de détails qu’on n’en trouve dans 
leur note. Il nous suffira de dire que le chiffre qu'ils indiquent pour la 
température est le nombre corrigé. 


( 508 ) 


Note additionnelle sur deux formules propres à donner le volume de la 
vapeur SATURÉE, en fonction de la pression seulement; par M. or 


Pamsour. 


« Les formules que j'ai dernièrement communiquées à l’Académie pour 
calculer la densité de la vapeur saturée, en fonction de sa pression seule- 
ment, sans recourir aux températures, ayant donné lieu à une note consi- 
gnée dans le Compte rendu de l’avant-dernière séance, je crois utile d'a- 
jouter quelques mots à ma première communication. 

» Il résulte de la note dont il s’agit, qu’outre les formules de divers au- 
teurs, que j'ai citées comme servant à calculer la pression de la vapeur 
saturée, quand on connaît sa température ; une autre expression, non 
point partielle comme les précédentes, mais générale, c’est-à-dire conve- 
nant à tous les points de l'échelle des températures indistinctement, a été 
communiquée à l’Académie par M. Biot, dans la séance du 5 septembre 1836, 
et imprimée depuis dans les additions à la Connaissance des tems de 1839. 
Cette formule tres si effectivement, doit être éminemment utile dans 
un grand nombre de recherches , telles que celles dont s’est occupé l'il- 
lustre physicien qui l’a proposée, comme dans le calcul des réfractions 
astronomiques. Elle peut de même être employée avec succès pour résou- 
dre beaucoup de questions qui se présentent dans l'emploi de la vapeur 
comme force motrice, et pour construire une table des tensions de la va- 
peur, d’après la connaissance des températures. Elle possède alors l’avan- 
tage de substituer une relation unique, à la succession de trois relations 
partielles; et, sous ce rapport, elle ferait également disparaître l'une des 
difficultés que j'ai rencontrées dans l'emploi des formules successives : 
savoir, l'incertitude qui naît sur le choix à faire entre elles, quand les li- 
mites de la détente ou de l’action de la vapeur ne sont pas définies. Mais, 
malheureusement, elle n’offre pas la même facilité pour calculer les tem- 
pératures, lorsque ce sont les pressions qui sont connues, et sa forme 


logp=a—aatt— aa,0#, 


où la température £ entre en exponentielle, tandis qu'elle doit être élimi- 
née avec l'équation des volumes 
1 + 0.00364 t 

P » 
la rend impropre à remplir l'objet que je m'étais proposé dans ma dernière 
note. C'est pourquoi , les formules approximatives que j'ai indiquées, pour 


v= 1287 


( 509 ) 


calculer le volume de la vapeur saturée, en fonction de sa pression seule- 
ment, me paraissent toujours les plus propres à résoudre cette question, 
avec la simplicité convenable aux applications pratiques. 

» L'objet de la note de M. Biot n’était que de rappeler une formule, 
déjà publiée par lui, et qui cependant paraissait n'être pas assez généra- 
lement connue, et non d'indiquer qu’elle pût être employée dans le cas 
qui nous occupe. Mais comme on aurait pu croire que cette formule 
rendait les miennes inutiles, j’ai cru devoir transmettre ces courtes obser- 
vations. » 


Remarques de M. Bior sur la note de M. Pampour. 


« On pourrait, je crois, atteindre, dans beaucoup de cas, le but que 
M. Pambour indique, et offrir en même temps des éléments utiles aux 
physiciens et aux ingénieurs, si l’on commençait par calculer numérique- 
ment, sur la formule générale, les tensions exactes de la vapeur, de degré 
en degré centésimal, dans tout l'intervalle qu'elle embrasse. Alors, par la 
seule inspection d’une pareille table, on connaïtrait immédiatement la 
température qui répond à une pression donnée, ou réciproquement ; de 
même que, dans l'usage des tables logarithmiques, on trouve, avec une 
égale facilité, les nombres par les logarithmes ou les logarithmes par les 
nombres. Cette réciprocité suffirait aussi pour calculer soit le volume de 
la vapeur, soit toute autre de ses modifications, pour une pression ou une 
température données. Enfin, si quelque recherche spéciale exigeait qu’on 
laissät à l’un de ces deux éléments une certaine latitude d’indétermination 
analytique comprise entre des limites peu étendues, on formerait son ex- 
pression parabolique d’après la table même , en prenant pour données les 
valeurs des deux éléments, correspondantes à ces limites et au terme in- 
termédiaire ; car leur continuité permet toujours de lier ainsi des termes 
peu distants. Cette forme, très simple et très sûre, d'interpolation, me 
semblerait préférable dans de telles circonstances à l'emploi des formules 
partielles où l’un des éléments est affecté de radicaux , et les résultats ainsi 
obtenus, pourraient être rendus indéfiniment exacts par des approxima- 
tions ultérieures de même nature, si cela avait jamais quelque utilité. 

» Le calcul numérique de la table, et l'application de ses résultats aux 
indications du thermomètre à mercure, peuvent être facilités Par quelques 
dispositions et quelques données que j'ai depuis long-temps préparées, 
mais que je n’ai pas en ce moment à Paris. Je les insérerai dans un des 
prochains numéros du Compte rendu. » 


(5ro) 


ÉCONOMIE RURALE. — Sur les climats convenables a la culture du the. 
— Lettre de M. SranisLas JULIEN. 


« Il y a déjà long-temps que des agronomes distingués me pressent de 
publier, d'apres les auteurs chinois, un Traité étendu sur la culture du 
thé et ses diverses préparations. Ils paraissent croire qu’un tel ouvrage ne 
serait pas moins utile que le Résumé des Traités chinois sur la culture des 
müriers et l'éducation des vers à soie, que j'ai traduit et imprimé l'an 
passé par ordre du Gouvernement. 

» Mais, jusqu’à présent, nos agriculteurs n’ont guère cultivé le thé qu’en 
serre chaude; et beaucoup de personnes qui ignorent ce qui se pratique 
en Chine, dans des pays plus froids que le nôtre, osent à peine espérer 
que le thé puisse réussir même dans le midi de la France. 

» Je crois intéresser l’Académie des Sciences, en lui communiquant, à 
cette occasion, une lettre de M. l'abbé Voisin (l’un des directeurs actuels 
des Missions étrangères), qui a résidé pendant douze ans en Chine, dans 
la partie de la province du Ssé-Tchuen qui touche au Thibet. Dans cette 
contrée, toutes les espèces de thé se cultivent avec succès en plaine 
comme sur les montagnes, quoique le froid y soit d'ordinaire beaucoup 
plus intense que dans nos hivers les plus rigoureux, et que (suivant 
M. Voisin ) les neiges ne fondent jamais avant la fin d'avril. 

» Prochainement, le Gouvernement recevra des graines des principales 
espèces de thés, par les soins de M. Louis Hébert (élève de M. Camille 
Beauvais), que M. le Ministre du Commerce a envoyé en Chine, pour pro- 
curer à la France les meilleures espèces de vers à soie et de müriers. 

» Si le thé peut réussir dans quelques parties de la France, notre pays 
pourra s'enrichir d’une industrie nouvelle dont les avantages sont incalcu- 
lables. Il existe une Monographie du thé renfermant vingt-quatre traités 
chinois qui ont été composés depuis le vi siècle jusqu’à nos jours. On 
pourrait y puiser tous les renseignements nécessaires pour la culture de 
cette plante et ses différentes préparations. 

» Mais avant d'entreprendre cette traduction longue et difficile, j'ai be- 
soin d'attendre que la culture ait été éssayée en pleine terre, sur divers 
points de la France, et que d'heureux résultats aient pleinement confirmé 
les espérances que peut faire naître la lettre de M. l'abbé Voisin. » 


(br1) 


Lettre de M. l'abbé Vorsix à M. Stanislas Julien. 


« Vous m'avez demandé si l’arbre à thé croît dans les régions froides 
de la Chine, et si, par conséquent, il pourrait s’acclimater en France. Je 
vais répondre à votre première question en vous racontant ce que j'ai vu 
moi-même; je laisse à d’autres le soin de résoudre la seconde. 

» Dans l’année 1833, je fis un voyage à Mou-p'in, petite principauté 
située dans le pays des Si-fan( c’est-à-dire dans le Thibet), à l’ouest de la 
province du Ssé-Tchouen, par la latitude de Tchhing-tou, qui en est la ca- 
pitale. (Cette ville est à 30° 40° de latitude, et à 12° 18’ de longitude, en 
comptant d’après le méridien de Péking.) Sur les montagnes que j'eus à 
traverser pour me rendre à Mou-p'in, je fus tout étonné de trouver de 
beaux arbres à thé noir. Nous étions alors dans les premiers jours de mai 
et l’on ne faisait que commencer à semer le mais. 

» À mon point de départ de Tsong-Khin-Tchéou (même datitude ), 
dans la plaine, ville située à neuf lieues de Tchhin-tou (capitale de la 
province), l’on faisait la récolte de l'orge, du froment, etc., et sur ces 
hautes montagnes couvertes d’arbres à thé, la neige n'avait pas encore dis- 
ptru partout. Dans la nuit du 4 au 5 maï, elle tombait encore en abon- 
dance. 

» Je puis attester que, sur ces hautes montagnes, le froid «est beau- 
coup plus intense qu’à Paris, même: dans les hivers les plus rigoureux. 
J'ajouterai ce qui arriva à l'un de nos confrères qui, incommodé par les 
chaleurs de la plaine, fut envoyé à Mou-p'in pour achever de,se-perfec- 
tionner dans la langue chinoise. Pendant le peu.de temps qu’il.y passa, la 
rigueur du froid Jui fit perdre deux fois connaissance :en disant la messe ; 
de sorte qu’il fut obligé de quitter ce pays de fraîcheur après lequel il avait 
tant soupiré pour chercher un climat un peu plus doux. 

» L'hiver de 1832 à 1833 fut tellement rigoureux, même dans la plaine 
où je me trouvais, que l’eau desrizières et des étangs fut gelée à trois ou 
quatre pouces d'épaisseur. (Je suis obligé de m’exprimer ainsi, parce que 
je n’avais pas dethermomètre à ma disposition. ) 

» Dans le district de Khiong- Tchéou (à quinze ou seize lieues-de Ja ca- 
pitale mentionnée plus haut}, où l’on recueille des thés de toutes les qua- 
lités, le froid, fut.encore plus intense que dans le pays où je me trouvais 
à cette époque. Cependant, malgré la rigueur de la,saison, les habitants 
de cette contrée, n’ont. jamais manifesté, la plus légère inquiétude au Sujet 
de leurs arbres à thé. 

C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 46.) 70 


(5151) 


» J'ai traversé, du sud au nord-ouest, toute la province du Fo-Kïien 
( du 25° au 27° degré de latitude), ainsi que la province du Tché-Kiang 
(du 27° au 30° degré de latitude), qui fournissent une immense quantité 
d'excellents thés. Ces provinces, toutes montueuses, sont si froides en hiver 
que, même dans les parties les plus méridionales, on trouve souvent sur 
les routes des hommes morts de froid. » 


nyprOGRAPHIE. — Vote sur l'existence probable d'un volcan sous-marin 
situé par environ 0°20' de latitude sud, et 22° de longitude ouest ; 
par M. P. Daussy. 


« Dans sa séance du 5 mars dernier, l'Académie a recu de M. Ségur- 
Dupeyron, l'extrait de plusieurs documents relatifs à une éruption sous- 
marine qui a eu lieu en 1720, dans l'archipel des Açores. Déjà de semblables 
extraits se trouvent dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1722. 
J’avais donné moi-même, en 1830, dans les Annales maritimes, à la suite 
d’une traduction du routier des Açores de Tofiño, par M. Urvoy de Portz- 
ampare, une notice contenant toutes les pièces que nous possédons au Dépôt 
de la Marine, relativement à cet événement, ainsi que les vues de l’île nou- 
velle qui avait apparu à la suite de cette éruption : j'ai l'honneur d’offrir ici à 
l’Académie un exemplaire de cette traduction et de la notice qui donne, pour 
ainsi dire, l’histoire de ce volcan. J'avais été porté à faire ces recherches 
parce que Tofiño, dans ce routier, regarde le fait de cette éruption sous- 
marine comme une fable, et attribue à un des volcans des îles les pierres 
ponces qui, dit-il, surnageant à la surface de la mer, avaient donné lieu 
à l'opinion qu'une nouvelle île avait apparu dans ces parages. 

» Aujourd’hui on n’élève plus aucun doute sur l'exactitude de ce fait, et 
d'autres semblables sont venus récemment lever toute incertitude à cet 
égard. 

» Mais l'attention continuelle que je suis obligé de porter à tout ce 
qui peut intéresser la navigation, et les recherches que j'ai dû faire sur les 
vigies qui se trouvent indiquées en si grand nombre dans l'Océan atlan- 
tique, m'ont porté à faire une remarque qui peut, je pense, avoir quelque 
intérêt relativement à la physique du globe, et que j'ai l'honneur de sou- 
mettre au jugement de l’Académie. 

» On sait qu’on appelle vigies, des rochers où des bancs de sable à peu 
de distance de la surface de la mer, soit au-dessus, soit au-dessous, et 
dont l'isolement rendrait la rencontre funeste aux bâtiments qui vien- 
draient à les trouver sur leur route sans que rien les en eût avertis. Lés 


{ 513 ) 


cartes sont couvertes de ces indications, car il est bien difficile de ne pas 
signaler aux marins des dangers qui les intéressent à un si haut degré, lors- 
qu'ils sont annoncés par des hommes dont rien ne peut faire suspecter la 
bonne foi. Cependant le nombre des vigies dont l'existence a été constatée 
est bien petit; ‘on ne peut:guère compter comme étant dans cette caté- 
gorie, dans l’Océan atlantique , que les rochers de Penedo de San Pédro, 
auprés de la ligne, et le rocher Rockol, situé à environ 72 lieues au large 
des îles Hébrides. 

» Il ÿ a done lieu de croire que presque toutes celles qui sont marquées 
sur les cartes ne doivent leur existence qu'à des illusions qui auront fait 
prendre pour des rochers ou des bancs; des corps flottants tels que des 
bâtiments naufragés, des baleines mortes où des glaces. Il serait même 
certainement utile de les faire disparaître de dessus les cartes, comme en- 
travant la navigation; mais cela ne pourrait avoir lieu qu'après avoir fait 
de chacune d’elles une recherche spéciale , comme on l'a déjà fait pour 
plusieurs. 

» Cependant, si l’on doit reconnaître qu’un grand nombre de vigies 
n'ont d'autre origine que des illusions et que beaucoup de bâtiments ont 
passé sur les mêmes positions sans rien apercevoir, on ne peut pas:en 
conclure d’une manière absolue, de ce qu'on ne retrouve plus un danger 
signalé, qu'il n'a jamais existé : car on a plusieurs exemples de soulève- 
ments qui ont fait apparaître à la surface des eaux, des iles dont lexis- 
tence n'a été que momentanée et qui ont disparu ensuite : telles sont, 
‘île Julia, dans la Méditerranée, et celles qui surgirent dans les Acores en 
1720 et en 1811. 

» L'examen attentif de toutes les indications fournies par les navigateurs 
m'a porté à croire qu’un semblable phénomène aurait bien pu se pro- 
duire à quelques milles au sud de l'équateur et vers les vingtième ou 
vingt-deuxième degré de longitude occidentale; ou du moins, que les se- 
cousses éprouvées par différents bâtiments dans ces parages pourraient 
indiquer l'existence en cet endroit d’un volcan ébranlant de temps en temps 
le sol qui le contient. 

» On sait que, quand des tremblements de terre se font ressentir en 
mer, ils produisent sur les bâtiments un effet semblable à un choc contre 
des rochers ou contre le fond. Ainsi, dans celui qui eut lieu en 1835 sur 
la côte du Chili, et qui s’est étendu sur un espace de plus de 15° du nord au 
sud et de 10° de l'est à l’ouest, des bâtiments sous voiles ou à l'ancre 
ressentirent des secousses comme s'ils avaient passé en touchant sur des 


70. 


(514) 


rochers (1). Celui qui a eu lieu le 9 février dernier à Odessa, présenta la 
même circonstance (2). Il est donc probable que lorsqu'un bâtiment 
éprouve une secousse semblable dans un endroit où la profondeur ne per- 
met pas de croire qu'il ait touché, cela peut être attribué à l'effet d’une ac- 
tion de ce genre ; or voici les différentes remarques qui ont été faites aux 
environs du point signalé plus haut, et qui se trouve presque à moitié de 
distance entre la côte occidentale d'Afrique et la côte orientale de l'Amé- 
rique du sud dans les points où elles sont le plus rapprochées l’une de 
l’autre, c’est-à-dire entre le cap des Palmes et le cap Saint-Roque. 

» Le 17 octobre 1747, le vaisseau le Prince, capitaine Bobriant, en al- 
lant aux Indes, ressentit une ou deux secousses, comme sil eùt touché 
sur un haut fond : il était alors par 1° 35” de latitude sud, et 20° 10° de 
longitude ouest. 

» Le 5 février 17954, on ressentit sur le vaisseau a Silhouette, com- 
mandé par M. Pintaul , une secousse ou tremblement extraordinaire comme 
si le vaisseau avait touché sur un haut fond : il était alors à heures après 
midi; et, suivant la latitude qu’on avait observée le même jour, ce danger 
serait 20’ au sud de la ligne, et par 23° 10’ de longitude occidentale. 

» Le 13 avril 1758, la frégate la Fidele, capitaine Lehoux, étant aussi 
par 0° 20° de latitude sud et 23° 20° de longitude, ressentit de semblables 
secousses. 

» Le 3 maï 1761, le capitaine Bouvet, du navire le Vaillant ; vit une 
ile de sable par o° 23’ sud et 21° 30! ouest. 

» Le 3 octobre 1771, la frégate le Pacifique, capitaine Bonfils ; dans le 
trajet de la Côte-d'Or à Saint-Domingue , ressentit, à 8 heures du soir, une 
secousse: ou tremblement extraordinaire et pareil à celui qu'éprouve un 
vaisseau en échouant, ou, pour mieux dire, à celui que l’on ressent dans 
un vaisseau qu'on met à l’eau. On fit sur-le-champ carguer les voiles et 
sonder sans rencontrer le fond. On était alors par 42” de latitude sud, et 
on s’estimait par 22° 47 à l’ouest du méridien de Paris; la mer était très 
agitée. 

» Le 19 mai 1806, M. de Krusenstern, étant alors par 2°43° de latitude 
sud et 22° 5" de longitude ouest, aperçut à 12 ou 15 milles dans le nord- 
nord-ouest, une colonne de fumée qui, à deux reprises différentes, s'éleva 
très häut ; il pensa, ainsi que le docteur Horner, que ce pouvait. bien. être 
l'effet d'une éruption volcanique. 


(1) Journal de la Société royale de Géographie de Londres, t. VI, p. 320. 
(2) Journal des Débats du 27 février 1838. 


(515) 


.» Le 18 décembre:1816 , ile capitaine Proudfoot, du navire Le Triton, 
passa sur un écueil situé par 0° 23° sud et 20° 6” ouest. Ce danger paraissait 
avoir, environ:3 milles! d’étendue; de; l’est à l’ouest, et un: .mille, du nord 
auwsud:-0n trouva dessus 26 brasses d’eau; fond. de#sable, brun; aucun 
brisant n’était visible autour. 

» Le 12 avril, 1831, le navire l’Aiglei capitaine J. Taylor, étant par 
0° 22/ de latitude sud et 23° 27! de longitude ouest, ressentit à midi, par un 
beau tempset:la mer étant calme;:une-sécousse} exactement comme si le 
bâtiment,eût glissé sur un rocher : le gouvernail fut fortement agité et 
l’on entendit un bruit sourd-sous l’eau, 


» En novembre 1832, le navire la Seine, capitaine Le Marié, se trou- 
vant par 0°22' sud et 21° 15” ouest, et filant 4 à 5 nœuds, éprouva à 
11 heures du’soir une secousse tellement forte ,:qu'oncrut avoir touché 
sur un banc: S-Je9" 


» Le o févrièr 1835, la barque la Couronne, de Liverpool, après avoir 
traversé l'équateur, ‘en filant 6 nœuds avec uné  joliéfbrisé d'est-sud-est, 
toucha à 10 heures ? et racla le fond avec sa quille comme s elle eût passé 
sur un récif de corail. Aussitôt qu’on fut dégagé, un eanet fut mis à la 
mer et l’on sonda, sans trouver le fond, par 135 brasses; la position du lieu 
était : latitude, o° 57/ sud; longitude par des chronomètres et des distances 
lunaires, 25° 39° ouest. 


» Le journal du capitaine Jaÿer, commandant le Philantrope de Bor- 
deaux, m’a fourni encore les notes suivantes : 

« Le 28 janvier 1836, à 9 heures du soir, étant par 0°/40' sud et 22° 30 
» de longitude ouest, nous avons ressenti un tremblement de terre qui a 
fait trembler le navire pendant trois minutes, comme sil raclait sur un 
banc, au point que je crus le navire échoué. » 


ÿ 


3 


» Et plus loin : 

« Du 13 au 16 mars, beau temps, en vue d’un navire américain, le Saint- 
» Paul de Salem , allant à Manille : ce navire, que nous avions vu sous la 
» ligne, a éprouvé le même tremblement que nous avons! ressenti, à la 
» même heure, étant à 10 milles dans l’ouest de nous.» 

» Enfin, j'ai trouvé dans le numéro de novembre 1836, du journal de 
la Société asiatique du Bengale, l'extrait suivant des procès-verbaux de la 
Société de Calcutta : ) 

« M:T:-L: Huntley présente des cendres: volcaniques recueillies en mer 
» par le capitaine Fergusson, du navire Herry-Tanner. 


( 516 ) 

» Ces cendres étaient noires et avaient la consistance de cendres de 
» charbon de terre ou de ponce. 

» Le point où elles furent recueillies est par o°35” sud et 15° 50’ ouest 
» de Greenwich (18° 10° de Paris); la mer était dans une violente agi- 
» tation. 

» Dans un précédent voyage fait par le même commandant, et presque 
» à la même place (latitude 1°35/ sud et 20° 45' ouest de Greenwich), (23° 5° 
» de Paris), on eut à bord'une alarme très vive en entendant un très grand 
» bruit. Le capitaine et les officiers croyaient que le bâtiment avait touché 
» en raguant sur un rocher de corail, cependant on n’eut pas le fond 
» avec la sonde. » 

» Il me semble qu'on peut conclure de tous, ces faits, dont plusieurs 
se rapportent à très peu près à la même position, qu'il existe dans ces 
parages, c’est-à-dire vers 0° 20/ de latitude sud et 22° de longitude ouest, 
un foyer volcanique qui quelquefois lance au-dessus de la mer des cen- 
dres et de la fumé, et qui souvent produit des) mouvements semblables 
à ceux occasionés par les tremblements de terre. » 


cmiruRGIE. — Recherches sur les noyaux de diverses natures qui servent de 
bases aux calculs urineux. — Extrait d’une lettre de M. CrviALe. | 


Un tableau annexé à cette lettre contient 166 faits, d’où il résulte 
que le noyau des pierres, a été formé dans 32 cas par des aiguilles ou des 
épingles, dans 21 par des bougies ou des sondes, dans 14 par des morceaux 
de bois, dans 13 par des balles, dans 23 par des fragments d'os, des tiges 
de plantes, ou des tuyaux de pipe; dans 14 par des épis de blé ou des 
poils, dans 4 par des bourdonnets de charpie, quelquefois par des corps 
plus bizarres encore , des anneaux, des clous, des dents, des grains de blé, 
des haricots, des pois, des grains de raisin, des noyaux de prune, un 
caillou, un poinçon, un rat de cave, un étui plein d’aiguilles, un bout de 
tube de baromètre, des plumes, un cordon de soulier, un sifflet d'ivoire, 
méme une pomme d'api. 

» Sous le point de vue thérapeutique, dit M. Civiale, la présence de ces 
corps étrangers dans la vessie présente beaucoup d'intérêt. Dans 12 cas 
seulement sur les 166 dont le tableau fait mention, ces corps sont sortis 
d'eux-mêmes soit par l’urètre, soit par une voie artificielle. Cette particu- 
larité frappe d’autant plus, qu’étant la plupart du temps peu volumineux, 
on pourrait croire la vessie d'autant plus apte à s’en débarrasser que Pu- 
rètre venait de leur livrer passage. 


CS17) 

»Dans 64 cas il a fallu recourir à la taille, dont les difficultés ont pres- 
que toujours été en raison inverse du volume et surtout de la densité de 
lincrustation calculeuse. 

» On ne compte que 26 cas dans lesquels ces corps aient été extraits 
par l’urètre et sans recourir à l’instrument tranchant. La plupart de ces 
faits sont nouveaux, et ces résultats sont dus à emploi de la lithotritie. 
Sous ce rapport aussi, la nouvelle méthode à introduit d'importants chan- 
gements dans la pratique. Déjà j'ai fait connaître six cas dans lesquels j'ai 
pratiqué heureusement cétte opération; je puis aujourd’hui en ajouter 
deux autres. 

» Le premier à rapport à une bougie‘de cire qui avait été introduite 
dans l'urètre d’un homme pour combattre un écoulement blennorrha- 
gique, et qui, pendant le sommeil du malade, s’enfonca en entier dans la 
vessie. l 

» Au bout de deux mois et demi, cé malade fut admis dans le service 
des calculeux, présentant tous les symptômes de la pierre vésicale. 

» A la première tentative que je fis pour extraire la bougie qui s’était re- 
couverte, pendant son séjour dans la vessie, d’une incrustation peu con- 
sistante, je parvins bien à la saisir avec le litholabe; mais son volume ne lui 
permit pas de traverser l’urètre. Le résultat fut le même une seconde fois. 
Je pris alors le parti d’écraser cette bougie, de la pétrir avec un instru- 
ment plus gros et plus fort que celui dont je m'étais servi d’abord. A Ja 
suite d’une troisième séance, le malade rendit quelques parcelles d’incrus- 
tation calcaire, de cire et même de linge. L'opération suivante eut un effet 
analogue. Les douléurs qui s'étaient calmées d’abord augmentèrent, et 
l'extraction devint urgente; j'y procédai le 5 septembre 1837, etelle eut 
un plein succès. J'avais saisi la bougie par l'une de ses extrémités, avec 
une petite pince à crochets courts. Elle était pelotonnée et bosselée; la 
matière incrustante faisait corps avec la cire et le linge, et le tout formait 
une masse longue de trois pouces sur 5 lignes et demie de diamètre dans 
le point le plus gros. L’extraction, faite avec beaucoup de lenteur, ne fut 
douloureuse qu’au moment où la partie la plus’ épaisse traversa le milieu 
de la portion spongieuse. Cependant, au bout de peu de jours la santé était 
parfaitement rétablie. Deux explorations donnèrent la certitude qu'il ny 
avait plus rién dans la vessie. 

» Le second cas a quelque chose de plus étrange. 

» Un jeune homme de 20 ans s'était introduit dans l’urètre, un bout 
fermé de baromètre, long d'environ trois pouces, sur deux lignes trois 


( h18 ) 


quarts de diamètre, et à parois trés minces. Ce tube pénétra dans la vessie, 
où il séjourna plus.de 4 mois. Il produisit des accidents primitifs assez 
graves, qui se calmèrent par un séjour au lit de deux mois, qu'une autre 
maladie vint rendre nécessaire, mais qui reparaissant dès que le malade put 
faire de l'exercice, l'obligèrent bientôt à entrer à l'hôpital Necker. La 
connaissance de ce qui s'était passé ne permettant pas de se méprendre sur 
la nature du mal, je procédai immédiatement à l'extraction du corps 
étranger, qui fut saisi, à une première séance, Avec Une pince à trois 
branches; mais, comme il ne pouvait résister à la pression, il se brisa ; 
quelques fragments furent extraits dans la pince, et plusieurs ;sortirent 
d'eux-mêmes avec l'urine. D’autres parcelles furent encore retirées, quel- 
ques jours après, par le même procédé. Enfin, le 27 septembre 1837, le 
malade rendit avec l'urine ce qui restait du tube, dont les parois étaient 
couvertes d’une incrustation grise, tant à l’intérieur qu’à l'extérieur. Cette 
portion avait dix-sept lignes de longueur, et présentait le cul-de-sac intact; 
l'autre bout était coupé en biseau. Le malade n'éprouva aucun des acci- 
dents que devaient faire craindre le passage dans l'urètre de corps sitran- 
chants, et sa santé fut promptement rétablie. » 


_»avsiQue nu 6LorE.—Phosphorescence de la mer dans les climats froids. 


M. Rogerr adresse quelques détails sur dés observations qu'il a eu oc- 
casion de faire à ce sujet dans le cours de son voyage en Islande et au 
Groënland. Il est porté à croire que les causes de la phosphorescence de la 
mer dans les régions voisines du cercle polaire, sont différentes de celles 
qu’on assigne généralement à ce phénomène, quand on le considère dans 
les mers tropicales, Suivant lui, en effet, l’eau des mers du nord, lorsqu'elle 
se montre lumineuse, devrait cette propriété à des matières animales 
qu'elle tiendrait en dissolution, et non point à la présence de petits ani- 
maux vivants; il avoue d’ailleurs n'avoir pas eu l’occasion de faire les-ob- 
servations microscopiques qui eussent.été nécessaires pour confirmer 
pleinement l'opinion qu'il soutient. 


M. Guisow, qui avait adressé , à la. séance du 26-mars dernier, une Note 
sur un cas de sphacèle du scrotum et d’une partie des téguments de la 
verge, survenu chez un septuagénaire, écrit, quil a présenté le même 
jour, à l'examen de plusieurs des membres de la section de Médecine et 
de Chirurgie, le malade qui fait le sujet de cette observation, et qui. est 


(519) 


maintenant complétement guéri. Il regrette que cette circonstance n'ait pas 
été indiquée dans le Compte rendu de la séance. 


M. pe Tristan demande qu'il lui soit permis de reprendre un mémoire 
manuscrit qu’il avait présenté en 1836, et qui a pour titre : Marmonie des 
organes végétaux, étudiés principalement dans l'ensemble d’une méme 
plante. 

L'Académie, après avoir consulté la Commission qui a fait un rapport 
sur ce travail, décide que le manuscrit sera remis à l’auteur. 


M. BLampienon se plaint de ce qu'un Mémoire sur le choléra-morbus 
épidémique de Troyes, qu'il avait adressé en 1833 pour le concours au 
prix de Médecine, fondation Montyon, n'ait été mentionné dans aucun 
des rapports qui ont été faits depuis cette époque sur les pièces adressées 
pour ce concours. 

Il sera répondu à M. Blampignon que dans la partie des rapports qui 
est rendue publique, la Commission ne cite que les travaux qui lui ont 
paru mériter des prix, des encouragements, ou des mentions honorables. 


M. Levmerie écrit que dans un Mémoire sur les effets thérapeutiques 
de la chaleur, dont il n’a pu achever la lecture, il avait consigné des ob- 
servations relatives à des questions de luxations spontanées des fémurs, et 
de torticolis ancien, guéris au moyen de la chaleur appliquée suivant une 
méthode qui lui est propre. 


La séance est levée à 5 heures, À, 


C.R. 1838, 12° Semestre. (T. VI, N° 16.) 71 


( 520 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE: 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences; 1° semestre 1838, n° 15, in-/4°. 

Voyage dans l'Inde; par M. Victor Jacquemonr; 16°, 17° livraison, in-4°. 

Cours élémentaire de Mathématiques pures, suivi d'une exposition des 
principales branches de Mathématiques pures et appliquées; par M. A.-S. 
De Moxrrerrier ; tome 2, Paris, in-8°. 

De l’'Albuminurie ou Hydropisie causée par maladie des reins; par 
M. Marin Socon; Paris, 1838, in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le 
concours Montyon.) 

Mémoire sur le Choléra-Morbus épidemique de Troyes , en 1852; par 
M. Bramrienox , de Méry-sur-Seine, 1858, in-8°. 

Notice familière sur la Géologie du  Mont-d'Or Lyonnais; par 
M. Avexanpre Leymerte; Lyon, 1838, in-8°. 

Galerie ornithologique d'oiseaux d'Europe; parM. »'Ossieny; 37‘ livraison. 

Description nautique de l Archipel des fles Açores, publiée en espagnol; 
par M. Vicente. Torino, traduite en langue française par M. Urvoy De 
Portzampare; Paris, 1838, in-8°. 

Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Meaux. — Publications de 
mai 1856 à mai 1837, in-8°. 

Recherches physiologiques sur les Hydrophytes de la Belgique, 1° mé- 
moire : Histoire d'un genre nouveau de la tribu des Confervées nommé 
Aphanizomène; par M. Cu. Morren; Bruxelles, 1838, in-4°. 

Recherches sur le mouvement et l'anatomie du Stylidium graminifolium; 
par le même; in-4°. 

Les Femmes et les Fleurs ; 5° discours prononcé à la 15° exposition de 
fleurs de la Société royale d'Horticulture de Liège, le :1 mars 1838; par 
le même; in-8°. 

De la spécialité des cultures propres aux établissements horticoles de 
Liège; par le même; in-8°. 

Adrien Spiegel. — Extrait d'une histoire inédite de la Botanique belge; 
par le même, in-8°. 


((.52% 9 


Note sur le développement des tubercules Didymes; par le même ; in-8°. 

Astronomical.... Observations astronomiques Jaites à l'Observaicire 
royal de Greenwich, sous la direction de M. G. Biorrx. ArrY, astronome 
royal; Londres, 1837, in-4°. 

Appendix.... 4ppendice au précédent vol.; in-4?, 1837. 

Astronomical. . .. Observations astronomiques Jaites à l'Observatoire 
de Cambridge pendant l'année 1836; par le révérend James Cnarris; 
tome 9, Cambridge, 1837, in-4°. 

À Catalogue... Catalogue d'Étoiles circompolaires , déduites des ob- 
servations de M. Srepuex Groowsrince, réduites au 1° janvier 1810 ; 
publié par ordre de l’Amirauté, par les soins de M. Bioperr-Airy, 1858, in-4. 


Philosophical. ... Transactions philosophiques de la Société ro yale de 
Londres pour l'année 1837; 1° et 2° partie, in-4°. 
The royal Society.... Liste des membres de la Société royale au 


30 novembre 1837, in-4°. 

Transactions... Transactions de la Société philosophique de Cam- 
bridge ; vol. 6, 2° partie, in-4°. 

Transactions. ... Transactions de la Société géologique de Londres ; 
2° partie, 1° vol., in-4°, 

Observations. ... Observations sur la structure intime de quelques-unes 
des formes les plus élevées de Polypes, avec des vues sur un arrangement 
plus naturel de cette classe d'animaux (Extrait des Transactions philo- 
sophiques de 1837); par M. À. Farre ; Londres , in-4°. 

The nautical.…. Æ{manach nautique et É ‘phémérides astronomiques pour 
l'année 1859 (avec un appendice); Londres, 1838, in-8°. 

Report of... Rapport sur la sixième réunion de l Association britannique 
pour l'avarcement des Sciences, tenue à Bristol au mois d'août 1836 ; 
vol. 5, Londres, 1837, in-8°. 

The ninth.... Le neuvième Traité de la Jondation Bridgewater ; par 
M. C. Basmace; 2° édition, in-8°. 

The Magazine... Magasin des Sciences populaires , et Journal des Arts 
utiles; années 1836 et 1837, 2 volumes et numéro de février 1838, in-8°. 

On the elements... Sur les éléments de l'orbite de la Comète de 
Halley à son apparition en 1835—:1856; par M. W.-S. Srxarrorn (Ex- 
trait du Vautical Almanac), pour l’année 1839 in-8°. 

Abstracts..….. Table des Mémoires imprimés dans les Transactions phi- 
losophiques de la Société royale de Londres de 1830—1 837 inclusivement, 
in &. 


(15207) 


Proceedings... Proces-V'erbaux des séances de la Société royale de 
Londres; n® 28—51 (octobre 1836—8 février 1858), in-8°. 

Whewell's letter. ... Lettre de M. Wuewerr à l’Éditeur de la Revue 
d'Édimbourg , a l'occasion d'un article publié dans ce Recueil sur l'Histoire 
des Sciences inductives. 

Astronomische.... Nouvelles astronomiques de M. Scnumacner, n° 340, 
in-4°. 

Sugli.... Annotation anatomico-phrénologique sur les hémisphères cé- 
rébraux des Mammifères; par M. Beuuincerr; Turin, 1838, in-8?. 

Sulla.... Sur la résolution des équations identiques ; par M. Hevrx 
Crrurrr; Naples, 1837, in-4°. 

Gazette medicale de Paris ; tome 6, n° 15, in-/4°. 

Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°*45—45, in-4°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 325, in-4°. 

La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 1. 

L'Expérience , journal de Médecine , n°’ 32 et 35, in-8°. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 25 AVRIL 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Réclamation de M. Durrocer, relativement à la Note sur la circulation du 
Chara, présentée à l'Académie , dans sa dernière séance, par M. Donné. 


« Parmi les observations sur le chara que M. Donné a présentées à l’A- 
cadémie dans sa dernière séance (16 avril), se trouve celle du pelotonne- 
ment spontané des séries ou chapelets de globules verts du chara. Je crois 
devoir réclamer ici la priorité pour la découverte de ce fait. 

»:Dans l'extrait demon Mémoire sur la circulation du Chara , lu à 
PAcadémie dans sa séance du 4 décembre dernier, j'ai dit (p. 780 
du Compte rendu) que ce sont les séries de globules verts qui sont les 
agents des mouvements convulsifs observés souvent chez le chara soumis 
à l’action de certaines causes extérieures, et que ces séries de globules verts 
se courbent quelquefois en zigzag comme des fibres musculaires. J'ai donc 
annoncé ici le premier la tendance vitale que les séries de globules verts 
du chara ont à se mouvoir spontanémenten se courbant. Ici les séries de 
globules verts conservaient leur intégrité; elles n'étaient point rompues. 
Lorsqu'il'arrive que ces séries-de globules verts sont brisées, on voit quel- 
quefois ceux de leurs fragments courts qui nagent isolés dans le liquide 

C, R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 47.) 7e 


( 524 ) 

circulant s’agiter spontanément et se pelotonner, ainsi que l'a dit M. Donné. 
Or, j'avais également vu ce phénomène, et de plus deux autres qui ne 
se sont point présentés à M. Donné; je ne les ai point communiqués à 
l'Académie, lors de la lecture de l'extrait de mon Mémoire, parce que, 
croyant ne pas pouvoir me faire bien comprendre sans le secours de figures, 
jetréservais la publication de ces faits pour l’époque de la publication de 
ce Mémoire, qui est imprimé et qui ne tardera pas à paraître, accompagné 
de planches, dans les numéros de janvier et de février des Ænnales des 
Sciences naturelles (1. 1x, 2"° série). Je présente à l’Académie l'épreuve 
de la première des feuilles du numéro de janvier, laquelle contient, à la 
page 16, l'exposé des faits dontil est ici question. Cette épreuve, qui est 
la deuxième, m'a été envoyée de l'imprimerie le 16 avril, ainsi que le 
prouve le timbre dont elle est revètue; la première épreuve m'avait été 
envoyée le 24 mars, ainsi que le prouve l'attestation de l’imprimeur. Ces 
épreuves ont été revues par M. Guillemin, l'un des rédacteurs des 4n- 
nales des Sciences naturelles. Je puis ici invoquer son témoignage. Mon 
honorable collègue, M. Adolphe Brongniart, sait d’ailleurs que je lui avais 
remis mon Mémoire bien du temps auparavant pour être imprimé dans ces 
Annales. La priorité de mes observations étant ainsi établie, je vais les 
exposer ici très sommairement. 

» Jai vu, ainsi que vient de le voir M. Donné, le pelotonnement, ou 
plutôt le roulement en spirale d’un fragment détaché d’une série de glo- 
bules verts du chara. M. Donné n’a rien observé de subséquent à ce roule- 
nent spontané ; or, ici mes observations ont été plus loin : j'ai vu cette 
série de globules verts roulée en spirale, comme un ressort de, montre, se 
dérouler par un mouvement spontané et reprendre sa rectitude première. 
Je savais que cette série de globules verts avait été détachée de la partie 
affectée au courant descendant du liquide circulant. Or, par l'effet du ha- 
sard , elle se trouvait dans une position renversée par rapport à la posi- 
tion naturelle qu'elle occupait avant d’avoir été détachée: En-continuant 
de lobserver, je la vis se courber en anse-sur elle-même; portant son ex- 
trémité supérieure vers le bas, de manière qu'elle se trouva changée de 
position bout pour bout, reprenant ainsi sa direction naturelle ét primi- 
tive. Ces phénomènes sont rendus facilesacomprendre par les figures des 
planches annexées à mon Mémoire. 0 

» Ainsi, j'ai vu le premier que les séries ou chapelets de globules verts 
du chara sont susceptibles de mouvements: spontanés.et vitaux, mouve- 
ments alternatifs d'incurvation et de redressement, » 


( 525 ) 


M. Grorrroy Saint-HiraiRe fait hommage à l’Académie d’un ouvrage 
qu'il vient de publier, et qui a pour titre : Votions de Philosophie natu- 
relle, précédées d'une introduction dans laquelle Napoléon adolescent est 
approuvé d'avoir contesté aux découvertes de Newton un caractère absolu 
d'universalité. 


« M. Libri présente à l’Académie les deux premiers volumes de son 
Histoire des Sciences en Italie qui viennent de paraître (1). 

» Il indique brièvement, à cette occasion, le plan de cet ouvrage, dans 
lequel on s’est proposé, pour la première fois, de faire marcher de front 
l'histoire scientifique et l'histoire politique de l'Italie. 

» Dans le premier volume, M. Libri a tracé rapidement l’histoire des 
sciences chez les anciens. Il a analysé les travaux des Grecs et des Ro- 
mains, et il a montré ce que nous devons aux peuples orientaux : prin- 
cipalement aux Arabes, aux Hindous et aux Chinois. Ce volume renferme 
un grand nombre de documents inédits, parmi lesquels on doit remar- 
quer des extraits de différents ouvrages chinois, sur l’algèbre, sur les 
satellites de Jupiter, etc.; une lettre inédite de Burattini, qui prouve qu'il 
existait au moyen âge des espèces de télescopes à réflexion; un ancien 
calendrier, et différents traités d’algebre traduits au moyen âge en latin. 

» Le second volume commence à l'introduction de l'algèbre parmi les 
chrétiens. Cette science a été rapportée d'Orient, en 1202, par Léonard 
Fibonacci, de Pise. M. Libri publie dans ce volume l’algébre de Fibonacci, 
qui était restée toujours inédite. Il traite ensuite la question de l’intro- 
duction de la boussole et de la poudre en Europe : la création des uni- 
versités et leur organisation ; l’origine des académies; l’histoire des arts, 
du commerce et des manufactures, se trouvent esquissées rapidement dans 
ce volume, qui se termine à Laurent de Médicis, époque à laquelle M. Libri 
place la plus grande décadence des sciences et des mœurs en Italie. De 
nombreux documents inédits complètent ce second volume. L'un des plus 
remarquables est un petit Traité de magnétisme, dù à un savant français 
(Pierre Peregrinus), qu'on avait attribué à un prétendu Adsygerius, et qui 
renferme des faits intéressants. 

» M. Libri annonce à l’Académie, qu'après avoir dit, dans la première 
édition du premier volume de son ouvrage, que les Arabes avaient connu 
et traité les équations du troisième deuré, il est forcé maintenant d’avouer 


(1) L'analyse qui suit de cet ouvrage nous est remise par M. Libri. 


72. 


( 536 ) 


qu'ils ne les ont jamais résolues. M. Sédillot avait affirmé, dans le Journal 
asiatique, avoir trouvé la résolution de ces équations dans un ouvrage 
arabe, et comme M. Libri n’avait jamais pu consulter le manuscrit origi- 
nal, il avait répété cette assertion d’après M. Sédillot. Depuis lors, il a pu 
examiner ce manuscrit, et il doit annoncer à l’Académie qu'aucune vé- 
ritable équation du troisième degré n’est résolue dans cet ouvrage. L’au- 
teur arabe fait l’'énumération des équations cubiques, mais il ne résout 
que celles qu'on peut réduire immédiatement à des équations de degrés 
inférieurs, ou à des extractions de racines. Pour les autres, il se borne 
à les construire à l’aide de courbes, comme l'avaient déjà fait les Grecs. 
Ainsi l’ouvrage signalé par M. Sédillot (que par parenthèse il avait cru 
anonyme, mais qui a pour auteur Omar-ben-Ibrahim), ne contient absolu- 
ment rien de nouveau, et ne renferme nullement la solution de ces... .. 
équations, comme l'avait annoncé M. Sédillot. 

» M. Libri regrette beaucoup de n’avoir pas pu examiner aussi la ques- 
ton de la découverte de la variation, que M. Sédillot avait également attri- 
buée aux Arabes. 

» Mais le manuscrit où devrait se trouver cette découverte étant, depuis 
plus de deux ans, entre les mains de la personne qui l'avait annoncée, 
M. Libri est forcé de s'abstenir, pour ne pas s’exposer à se tromper encore 
comme il l’a fait lorsqu'il a parlé, d’après le même M. Sédillot, du ma- 
nuscrit d’algèbre dont il lui avait été impossible de prendre alors connais- 


sance. » 


M. Dureau DE La MaLcr fait hommage à l’Académie d’un exemplaire 
d’un ouvrage qu’il vient de faire paraître, et qui a pour titre : Peyssonnel 


et Desfontaines , Voyages dans les régences de Tunis. 


RAPPORTS. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — /nstructions pour l'expédition scientifique qui se 
rend dans le nord de l'Europe. 


Partie relative aux phénomènes de l'électricité, rédigée par M. BECQUEREL. 


« Les phénomènes électriques ont pris aujourd’hui une telle impor- 
tance, en raison de leurs relations avec un grand nombre de phénomènes 
naturels, qu'il faut les prendre en considération lorsqu'on étudie ces der- 


(527) 
niers ; aussi les voyageurs, quelles que soient les parties du globe qu'ils 
parcourent, doivent-ils essayer de reconnaître si tel ou tel phénomène qui 
se passe sous leurs yeux a, où non; une origine électrique, ou du moins 
si l'électricité intervient d’une manière quelconque dans sa production. 

» Nous allons indiquer plusieurs séries d'expériences à faire, non-seule- 
ment dans le nord de l'Europe, mais encore dans toute autre localité. 
Nous diviserons ces séries en trois catégories : la première sera relative à 
l'électricité de l'atmosphère; la deuxième ; à l'électricité en mouvement et 
à son usage, et la troisième à l'électricité agissant comme force chi- 
mique. 

Électricité atmosphérique. 

» L’atmosphère, dans les temps sereins, lorsque aucune causé pertur- 
batrice ne vient mélanger les diverses couches d’air situées à une certaine 
distance de la terre, est un vaste réservoir d'électricité positive dont l’in- 
tensité, qui est croissante depuis la surface de la terre jusqu’à une certaine 
hauteur non encore déterminée, est soumise à des variations qui donnent 
deux mazxima et deux minima toutesiles 54 heures. 

» Cet excès d'électricité, qui est assez faible peu avant le lever du soleil, 
augmente peu à peu avec le lever, puis rapidement, et arrive ordinaire- 
ment quelques heures après à son premier maximum. Cet excès diminue 
d’abord rapidement, ensuite lentement, et arrive à son minimum quelques 
heures avant le coucher du soleil. Il recommence à monter dés que le so- 
leil s'approche de l'horizon, et atteint peu d'heures après son second 
maximum , puis diminue jusqu’au lever du soleil. Il suit ensuite la marche 
indiquée précédemment. 

» Il résulte d'observations faites avec soin par Schubler, que l’intensité 
de électricité pour les deux maxima et les deux minima va en croissant, de- 
puis le mois de juiliet jusqu’au mois de janvier compris, de sorte que la plus 
grande intensité a lieu en hiver, et'la plus faible en été; aussi trouve-t:on, 
dans les mois d’hiver, que ; par les jours sereins , augmentation de l’élec- 
tricité est toujours en rapport avec l'accroissement du froid. Il serait 
intéressant de voir si l’on obtiendrait des résultats semblables dans les ré- 
gions polaires pendant les longues nuits d’hiver, durant lesquelles l’état de 
l'atmosphère éprouve peu de variation, afin de savoir jusqu’à quel point la 
chute de la rosée, la formation des vapeurs terrestres et l'électricité de 
la terre influent sur les phénomènes observés. 

» Quand le temps est couvert, l'électricité libre qui se trouve dans l'at- 
mosphère éprouve de grandes variations soit dans sa nature, soit dans son 


( 528 ) 


intensité. Pendant les-orages ; ou lorsqu'il pleut ou qu'il neige; l'électricité 
est tantôt positive, tantôt négative ;.et son intensité est alors bearcoup plus 
considérable que dans les temps sereins:.On n’a pu:établir jusqu'ici au- 
cune loi stir la nature.de l'électricité dans de:telles circonstances , seulement 
l'expérience a prouvé que dans le cours; d’une année il y a à peu près 
autant de jours négatifs que de jours positifs. Il sérait à désirer! qu'on se li- 
vrât à des expériences suivies, les jours où l’état de: l'atmosphère est trou- 
blé, pour voir si l’on ne pourrait pas trouver des rapports entre l’état 
électrique de l'atmosphère et les effets physiques qui se manifestent alors. 
Ces expériences peuvent être faites avec différents appareils dont on 
trouvera la description dans l'ouvrage de l'un de vos commissaires ( Traité 
de l'Électricité et du Magnétisme, t.xv, p. 79 à 85 et 107). 

» Plusieurs causes locales font varier, en général, l'intensité de l’électri- 
cité atmosphérique, même lorsque le ciel est serein. Cette électricité est 
généralement plus forte dans les lieux les plus élevés «et les plus isolés, 
nulle dans les maisons, sous les arbres, dans les rues, dans les cours , 
et en général dans les localités renfermées de toutes parts. Elle est cepen- 
dantsensible,dans les villes au milieu des grandes places, au bord des quais, 
et principalement sur les ponts, où elle est plus forte qu’en rase campagne. 

» Voilà ce qui se passe dans nos climats. On-doit vérifier s'il'en est de 
mème, comme on doit le présumer ; dans d’autres climats. 

» D'un autre côté, on sait que l’atmosphère.et la terre sont continuel- 
lement dans deux états électriques différents. Ces deux électricités doivent 
donc se recombiner continuellement dans les couches inférieures de l’at- 
mosphère par l'intermédiaire des corps qui se trouvent à la surface de la 
terre. En rase campagne, l'expérience prouve qu’on ne commence à trou- 
ver de l'électricité positive, dans les temps sereins, bien entendu, qu'à un 
mètre ou 1*,3 environ au-dessus du sol. La recomposition des deux 
électricités s'opère donc à cette hauteur quand aucune cause étran- 
gere ne vient troubler l’état de l'atmosphère, Au-delà l'électricité se 
répand dans l'air suivant une loi que nous ne connaissons pas, mais qui 
dépend de la mauvaise conductibilité de ses parties constituantes et de 
diverses causes sur lesquelles nous n'avons aucune idée. Cette loi variant 
à chaque instant, en raison des vapeurs qui s'élèvent du sol ou qui s’abais- 
sent sur la terre, il est difficile d'en trouver l'expression algébrique ; mais 
si l’on veut avoir des valeurs approchées de l'intensité électrique à mesure 
qu’on s'élève dans l'atmosphère , on peut employer le procédé dont nous 
nous sommes servis, M. Breschet et moi, au grand Saint-Bernard. Nousavons 


(529 ) 

étendu sur Ja terre un morceau: de taffetas gommé de 3 mètres de long sur 
> de large; Isur lequelcon a déroulé un fil de soie recouvert de clinquant, 
de 8o mètres de longueur. L’unides bouts de ce fil a été mis en communi- 
cation avecila tige d’un -électromètre à pailles;:au moyen d'un nœud cou- 
lant serrant légèrement la tige; l’autre bout aiété'attaché au fer de lance 
d’une:flèche, puis on a lancé celle-ci avec! un: arc: fortement tendu. La 
flèche, ‘en: s’élevant, a emporté le! fil qui, étant faiblement attaché à 1a 
tige, s’en estiséparé aussitôt qu'il ajété déroulé: Les pailles se sont écar- 
tées peu à peuà mesure que la flèche s'élevait ; ét l’écartement aïété bien- 
tôt tel, que les pailles sont-venués. frapper! fortement les parois de ‘Ja 
cloche. Le filétant séparé de la tige, l'appareil a conservé Pélectricité qi 
lui avait été communiquée; laquelle était positives Nous ne doutüns pas 
que par ce moyen on ne parvienmé à charger un :condensateur au point 
de donner -des-étincelles,;:même dans les temps: ordinaires. Onconcoit 
qu'avec ce procédé et des électromètres convenables, on pisse évaluer 
approximativement l'intensité de: l'électricité: LT ME à diverses 
hauteurs au-dessus:du:sol;:22421 55 21192 16 10951 

» Pour s'assurer que. l'électricité transmise à l'appareil "par J# flèche, 
n’est pas due à son frottement contre l'air, il suffit de tirer la flèche h- 
rizontalement ,-à trois pieds au-dessus du;sol, et de voir si lon‘6btient 
deseffets;! ordinairement on'n’en)aspas:11 basup ,1 » 91199 £ 9 

»Auliew d’une flèche; on peutseservir d’un:ballon- muni: des atcés- 
soires convenables, qu'on retient captif avec: une corde conductrice dont 
l'extrémité inférieure communique 'avec-un ‘électrométre; ce: mode d’ex- 
périmentation n’est pas aussi simpleique le précédent; ent ce qu’onn'a pas 
toujours à -sa, disposition les:moyens de se! procurer Idu gaz hydrogèné, 
etque les couvarñits Id’air: latéraux emportant le’ ballon, Ne FU de 
s'élever wverticalement::12; 1 ip 29118: b 25b4 I ais b ë 

»i Nous engageons les expéricrenissenve x se mettré en a contre ün 
effet observé-par MM: 1Gay-bussac et Biot dans] leur! voyage aérostaliqué, 
en cherchant; à serendre: compte dela distribution de'l’éléctricité” dans 
les régions-élevées de l’atmosplière, jaw moyen:d'un fil de métal de 56 nié: 
tres de long ,! terminé ‘inférieurement par runé boule dé métal, et attaché 
par l'autre bout à la nacelle; ils ont observé que;' bien: que le témips”fit 
trés serein; l'électricité était négative: Ce résultat était en opposition avec 
Je fait, bien avéré déjà à cette époque;lqué atmosphère possèdé toujours 
un «excès d'électricité positive}:lorsquerdeuciels est: sans nuages M: Biôt a 
donné une-explication de ce fait à laquelle nous Rs le8 voyageurs. 
( Traité de l Électricité et du Magnétismestoimopram)onstier 29 


(1850 )) 

» L'électricité qui est propre à la terre, peut être reconnue en employant 
le procédé de M. Peltier, dont on trouve la description dans le Traité de 
l'Électricité et du Magnétisme (t. xv, p. 107). Cette électricité donne lieu 
à des effets qui ont été observés d’abord par Tralles, puis confirmés par 
Volta et l'un de vos commissaires. 

» Tralles se trouvant un jour dans les Alpes, vis-à-vis d'une cascade, 
présenta son électromètre atmosphérique, non armé de la verge métallique, 
à la pluie très fine qui résultait de l’éparpillement de l’eau. Il obtint aussi- 
tot des signes très distincts d'électricité négative, même pendant destemps 
sereins; et lorsque l'électricité libre de l'atmosphère était positive. Des effets 
semblables ont été observés dans le voisinage de plusieurs cascades. 

» On.est porté à croire que l’eau, en tombant avec une grande vitesse 
sur des rochers, s'éparpille en globules vésiculaires qui emportent avec 
eux dans l'air l'électricité négative qu'ils ont enlevée à ces rochers, et par 
suite à la terre. Cette électricité ne saurait être attribuée à l’évaporation, 
attendu qu’elle est de nature contraire à celle que produit cette action. 
Nous recommandons aux voyageurs de répéter ces expériences près des 
casçades, et d'étudier les effets produits, afin d'arriver à:en donner une 
explication complete. 

» Dès l'instant que la terre possède une électricité qui est de signe con- 
traire à celle de l’air, quand celui-ci est serein , il s'ensuit que les nuages, 
qui sont toujours, plus ou moins électrisés, doivent éprouver divers genres 
d'action de la part des montagnes. Nous appelons particulièrement l’atten- 
tion dés voyageurs sur l’état ‘électrique des nuages parasites qui se ras- 
semblent autour des pics, lesquels nuages semblent exercer sur eux une 
attraction à laquelle laction:de l'électricité pourrait bien ne pas être étran- 
gère, comme le fait suivant tend'àle faire croire : M: Boussingault a ob- 
servé dans les Andes des nuages parasites qui étaient immenses en largeur, 
et venaient s'attacher à la partie supérieure, du cône de trachite; ils y 
adhéraient , et le vent,ne pouvait les en détacher; la foudre sillonnait cette 
masse de vapeurs, et de la grèlemélée despluie ne tardait pas. à inonder 
la base de la montagne. Rien ne s’opposait alors à ce que la grande quan- 
tité d'électricité. que possédaient les nuages qui ceignaient, les cimes de 
ces montagnes, n'exérçassent sur ces dernières une puissance attractive, 
tant que la décharge n’était pas effectuée. Des recherches à cet égard ne 
seraient pas sans intérêt pour la physique du globe. : 

» Lors de l'apparition des aurores boréales, il sera convenable de s’as- 
surer si l’état électrique de l'atmosphère, dans les temps sereins , n’éprouve 
pas des variations particulières: \E 


( 531 ) 


» Des tubes fulminaires. — Lorsque la foudre tombe’sur un point quel- 
conque de la surface de la'terre , elle suit toujours les corps meilleurs con- 
ducteurs pouratteindre des nappes d’eau. Les corps sont fondus, brûlés s’ils 
sont combustibles ou brisés, suivant leur naturé et l'énergie de la décharge ; 
mais si, pour'arriver à ces nappes d'eau à ‘une certaine distance au-déssous 
de la surface: de la’ terre, elle est obligée de traverser des masses de sable 
plus ow moins considérables ; il'se produit des tubes vitrifiés, appelés tbes 
Julminaires. Cet effet a lieu particulièrement dans les plaines sablon- 
neuses: dépourvues d'arbres et de maisons. Quand l’océasion se pré- 
sentera, il sera bon dettrecueillir tous les renseignements qui sont rela- 
tifs àce phénomène, et de’‘suivre autant que possible la direction de'ces 
tubes jusqu’à la nappe d’eau, afin de bien connaître toutes les circonstances 
de leur production. 

» Emploi des courants électriques pour la détermination de la tempéra- 
ture des parties intérieures du corps de l’homme, des animaux et des 
végétaux. — Jusqu'ici on s'est servi de thermometres ordinaires pour 
déterminer la température des parties intérieures du corps de l’homme 
et des animaux, mais leur emploi est très borné; car, si l'on fait une in- 
cision pour y introduire l'appareil ; on produit une désorganisation et, par 
suite, un trouble dans les fonctions vitales. Pour obviér à cet inconvé- 
nient, on Se. sert d’aiguilles composées chacune de deux autres, l’une 
de cuivre et l'autre d'acier, soudées par un de leurs bouts. Supposons 
que ces deux aiguilles soient mises en communication par leur côté cuivre 
avec les: deux extrémités du fil-d'un multiplicateur très sensible, ét de 
l'autre par leur bout acier avec un fil d’acier. Quand la température est 
la même-dans les’ deux soudures ‘iln’y a aucun maps thermo-électrique ; 
mais pour peu qu'il y'ait une différence de -+ de degré centig., il se 
manifeste aussitôt un courant en faveur de la’ soudure qui a la témpéra- 
ture la plus ‘élevée. 121: Ù 

» Supposons :maïnténant: qu'une des! ailes soit introduite’ dans un 
muscle par le procédé de l'acupuncture | la soudure se trouvant au mi- 
lieu, et que la soudure de la:seconde aiguille soit misé dans une source de 
chaleur:dont;la température test constante, la direction et l'intensité du 
courant serviront à faire connaître la différence de température qui existe 
entre les deuxsoudures ; et; par suite, la température du muscle. Les effets 
étant instantanés , il en résulte que ce procédé est éminemment propre 
à faire/conmaître les changements de température qui se manifestent dans 
les phénomènes physiologiques. 

C. R. 1838, 19° Semestre. (T. VI, N° 47.) 73 


( 532 ) 


» La source de température constante est fournie par l'appareil deM.Sorel, 
décrit dans le Traité de l'Électricité et du Magnétisme (1. 1v, p. 13), ou 
par la bouche d’une personne qui s’est habituée par des essais préalables à 
maintenir dans la même position une des soudures entre la bouche et le 
palais. On peut voir, dans le Mémoire qui a été communiqué dernie- 
rement à l’Académie par M. Breschet et par l’un de vos Commissaires , les 
précautions à prendre pour évaluer avec exactitude la température des par- 
ties intérieures de l’homme et des animaux. 

» On a avancé que la température de ces parties diminuait en allant 
des pôles à l'équateur. Nous engageons les physiciens qui se rendent 
dans le nord de l'Europe à varier les expériences, afin de s’assurer de 
ce fait. 

» Ils pourront aussi évaluer la température intérieure des arbres et des 
arbustes. Le même appareil leur servira également à déterminer la tem- 
pérature de la terre et les variations qu’elle éprouve jusqu’à une profon- 
deur qui est limitée par les sondes que l'expédition aura à sa. disposition 
pour perforer le terrain; nous leur conseillons aussi de se servir du gal- 
vanomètre et des réflecteurs de M. Melloni, pour s’assurer si l'aurore bo- 
réale rayonne vers la terre une chaleur appréciable, et d'employer l’appa- 
reil thermo-électrique toutes les fois qu’il s’agira d'apprécier des change- 
ments de température spontanés, attendu qu'il n'existe pas d'instruments 
aussi délicats pour apprécier de semblables effets. 

» Magnétisme polaire des montagnes et phénomènes électro-chimiques.— 
Depuis qu’on a appliqué les effets électro-chimiques à l'explication de plu- 
sieurs phénomènes géologiques, un champ vaste de recherches est ou- 
vert aux personnes qui veulent étudier les rapports qui existent entre-eux. 
Nous allons leur indiquer quelques questions à résoudre qui ne sont pas 
sans importance pour la physique du globe. 

» M. de Humboldt est le premier qui ait constaté le magnétisme polaire 
d’une montagne schisteuse et serpentineuse, dans le Heidelberg. 

» Ce qu'il y a de remarquable dans ce magnétisme, c’est la distribution 
et le parallélisme des axes. Les pôles homonymes occupent une même 
pente. M. Lichtemberg a énoncé la conjecture que ces axes pourraient 
bien être l’effet des tremblements de terre qui, dans les différents cata- 
clysmes de notre planète, ont agi long-temps dans une même di- 
rection. 

» M. de Humboldt a vu, en effet, une fois, l’inclinaison magnétique, en 
Amérique, changée à la suite d’un tremblement de terre. D’après cela, 


(535) 


rien ne s'oppose à ce que les axes magnétiques des montagnes qui possè- 
dent la polarité n’éprouvent également des changements par l'effet des 
tremblements de terre; il serait donc à désirer que l’on püt s'assurer si la 
direction de ces axes est constante, ou bien si elle change avec la direction 
du méridien magnétique de la contrée. 

» Les axes des montagnes magnétiques étant déterminés, il faudra exa- 
miner, toutes les fois que les roches qui les constituent sont en décomposi- 
tion , si les parties qui possèdent une même polarité sont dans le même 
état de décomposition, en tenant compte, bien entendu, de leur exposi- 
tion aux vents. Dans le cas où les parties qui ne possèdent pas la même po- 
larité présentent des différences, on notera ces différences et les produits 
formés, afin de remonter aux causes qui ont exercé sur eux une influence 
déterminante. Les mêmes observations doivent être faites à l'égard des 
montagnes de granite, de gneiss ou autres roches qui sont en décompo- 
sition, c’est-à-dire qu’on devra rechercher avec soin si toutes les parties 
des montagnes semblablement placées, par rapport au méridien magné- 
tique, se trouvent dans ie même état de décomposition. 

» Ces observations s'étendent également aux changements qui s’opèrent 
dans les anciennes galeries de mines. 

» Il existe encore une foule d'observations à faire sur la décomposition 
des roches dans lesquelles les forces électriques jouent un certain rôle, ou 
du moins les effets de contact, dont l'influence ne peut être mise en doute. 
Nous renvoyons à cet égard, au 5° volume du Traité de FÉlectricité et du 
Magnétisme , p. 185 et suivantes.» 

» De l'existence des courants électriques dans les filons. — On est porté 
à croire qu'il existe des courants électriques parcourant les veinules mé- 
talliques conductrices de l'électricité, qui établissent la communication 
entre la partie non oxidée du globe et les liquides venus de la surface par 
des interstices, et d’où résulte une réaction chimique énergique, comme 
les déjections volcaniques en sont une preuve évidente. Pendant cette ré- 
action, la partie non oxidée prend l'électricité positive, et la partie oxidée 
l'électricité négative. Ces électricités se recombinent par l’intermédiaire de 
tous les corps conducteurs qui se trouvent dans leur voisinage ; ces cou- 
rants électriques se ramifient probablement dans toutes les veinules mé- 
talliques. Jusqu'ici on n’a pu démontrer d’une manière exempte d’objec- 
tions, l’existence de ces courants, attendu qu’on n’a pas pris les moyens 
nécessaires pour se garantir des causes d'erreur. Voilà une nouvelle série 
de recherches de la plus haute importance, que nous recommandons aux 

73. 


( 534 ) 


voyageurs physiciens qui visiteront les travaux de mines. Nous renvoyons 
pour plus amples informations à cet égard, au Traité de l'É lectricité et 
du Magnétisme, tome v; page 165 et suiv. , 201, etc. 

» Les veinules métalliques qui probablement sont parcourues par des 
courants électriques , sont interrompues:en mille endroits par des: roches 
non conductrices de l'électricité, formant'autant de:solutions de continuité 
nécessaires pour que les courants réagissent chimiquement sur les parties 
constituantes des liquides ou des dissolutions qui mouillent et les vei- 
nules et les gangues. Il doit résulter de là une foule de décompositions et 
de combinaisons nouvelles ; dont la nature dépend de celle des principes 
qui sont en présence ; nous raisonnons ici bien entendu dans l'hypothèse 
où l'écorce de notre globe serait sillonnée dans tous les sens par des cou- 
rants électro-chimiques; dont l'existence, quoique non encore reconnue 
d’une manière incontestable par l'expérience, est néanmoins admise en 
théorie. 

» Les recherches que nous: recommandons à MM. les membres de l'ex- 
pédition scientifique dans le nord de l'Europe, sont assez délicates ; elles 
exigent l'habitude d'appareils d’une grande sensibilité, dont on ne con- 
nait bien l'usage, si l’on veut éviter toutes les causes d’erreur:, qu'après 
avoir expérimenté souvent. Aussi leur conseillons-nous de multiplier leurs 
expériences avant de commencer leurs travaux de recherches. » 


Insrruerions concernant la zoologie, rédigées par 
M. IsiporE GEOFFROY SAINT-HILAIRE. 


« Depuis 1732, époque du célèbre voyage de Linné en Laponie, la 
presqu'ile scandinave à été plusieurs fois explorée dans presque toutes ses 
parties par des zoologistes distingués, ou du moins par des collecteurs iris- 
truits. Malgré tout le zèle des naturalistes de la nouvelle Commission, et 
les circonstances favorables dans lesquelles ils vont se trouver placés par le 
concours bienveillant du gouvernement suédois, nous ne saurions donc 
espérer que la découverte d’un grand nombre d’objets nouveaux pour la 
science doive récompenser leurs efforts. Mais ni les sujets de recherches, 
ni les moyens d’être utiles à la zoologie, ne leur manqueront dans les 
diverses contrées qu'ils doivent successivement parcourir. 

» Dans la presqu'île scandinave, s’opére graduellement la transition de la 
faune de l'Europe témpérée et centrale, qui nousestsi bien connue, à cette 
faune des régions circum-polaires, sur laquelle au contraire nous ne pos- 
sédons que des documents si incomplets. Nulle part ailleurs, et c’est là ce 


(535) 


qui pour nous constitue le principal intérét de l'étude zoologique de la 
Scandinavie, cette transitionne peut étre observée et suivie avec autant de 
fruit pour la science. La Russie septentrionale, là seule contrée européenne 
qui, avec la Läponie ; ’étéhde au nord du cercle polaire arctique, pourra 
ässurément, par la suite mais ne peut encore donner lieu à des compa- 
raisons d’un égal intérêt pour la géographie zoologique: Cette possibilité 
ne sera réalisée que lorsque la faune de la Russie tempérée, aussi bien con- 
nue que celle de l’Europe centrale, pourra donner un terme parfaitement 
établi de comparaison pour la faune des régions arctiques de l’empire russe. 
» En se plaçant au point de vue que nous venons d'indiquer, les zoolo- 
gistes de l'expédition donneront à leurs recherches l'extension la plus 
grande et la plus profitable à la science. Ces recherches ainsi conçues, 
devront, en effet, se diriger vers un triple but, savoir : tendre à com- 
pléter sous plusieurs rapports l’histoire de nos espèces de l'Europe cen- 
trale, à rassembler des matériaux nombreux pour l’histoire souvent si im- 
parfaite, parfois à peine ébauchée des espèces arctiques ; enfin à recueillir 
tous les faits propres à jeter du jour sur la distribution géographique, et 
sur les rapports des unes et des autres dans la presqu'ile scandinave. 


S L. 


» De ces trois questions, posées ici dans toute leur généralité, mais que- 
nous allons successivement reprendre, et pour ainsi dire décomposer en 
leurs éléments principaux, la première n’est, à notre sens, ni la moins diffi- 
cile, ni la moins importante. À une époque encore peu éloignée de nous, 
il eût pu paraître singulier de voir recommander avec autant d'intérêt à 
des zoologistes allant visiter une contrée lointaine, d’y étudier avec soin 
les animaux de leur propre Pays; on eût cru alors perdre, dans la consta- 
tation des légères différences qu'ils y Peuvent présenter, des recherches 
pour lesquelles on ne voyait guère d'autre but utile que l’addition de 
quelques espèces de plus à la longue série des animaux déjà connus. Les 
progrès de la science ont heureusement modifié et modifient de plus en plus 
cette tendance des esprits, née d’une intelligence très incomplète de l’œu- 
vre admirable de Linné; et les variétés de localité, ces demi-espèces, selon 
une expression ailleurs employée par l’un de nous, ces sub-species, comme 
les appellent aussi les auteurs allemands, excitent maintenant, aussi bien 
que les groupes appelés espèces, l'intérêt de tous les zoologistes dis- 
tingués. 


(536) 


» Ce n'est ici le lieu ni d'exposer ni d'indiquer même les controverses 
scientifiques dont la difficile question des variétés de localité est devenue 
le texte : encore bien moins pouvons-nous examiner jusqu’à quel point il 
est permis d'espérer que ces petites et quelquefois presque insensibles 
différences, si long-temps négligées, deviennent un jour la clé des plus 
grandes et des plus tranchées. Mais il suffit que des questions graves et 
qui intéressent la philosophie elle-même de la science, aient été soulevées à 
l'égard des variétés de localité ; il suffit que de leur étude approfondie 
dépende la solution de difficultés qui, dans l’état présent, pèsent sur la 
zoologie, et tendent à en rendre la marche incertaine et vacillante; il suf- 
fit, en un mot, qu'il y ait doute , pour que nous devions demander aux z00- 
logistes de l'expédition des observations et des matériaux pour la collection 
desquels la Scandinavie offre d’ailleurs les conditions les plus favorables. 
Cette vaste presqu’ile, qui possède à la fois des plaines étendues et de gran- 
des chaines de montagnes, est assez voisine de nous pour que nos espèces 
s'y retrouvent presque toutes, mais en même temps aussi, assez distante 
et surtout assez différente par son climat, pour qu'elles y présentent déjà 
le plus souvent, des modifications très notables. Le petit nombre de faits 
qui nous sont déjà connus, permettent de prévoir à l'avance l'intérêt des 
résultats qui pourront être obtenus de la comparaison des faunes des deux 
pays, lorsqu'elle reposera sur des exemples suffisamment nombreux et 
choisis dans tous les degrés de l'échelle zoologique. 

» Des voyageurs qui traversent plus ou moins rapidement un pays, ou 
tout au plus, comme il entre dans les plans de la nouvelle Commission , 
qui séjournent quelques mois de suite dans la même localité, ne peuvent 
évidemment à eux seuls recueillir tous les matériaux nécessaires à la com- 
paraison que nous venons d'indiquer. Mais, outre ce qu’ils pourront faire 
par eux-mêmes, les membres de l'expédition ne pourront manquer de 
trouver en plusieurs lieux des secours extrêmement précieux. Il est pré- 
sentement en Suède, en Norwége, en Danemarck, un grand nombre de 
personnes qui cultivent, soit scientifiquement , soit comme simples ama- 
teurs, la zoologie tout entière ou quelqu’une de ses branches, et qui diri- 
gent ou se forment pour elles-mêmes des collections riches en produits du 
pays. Parmi les zoologistes suédois, M. Nilsson surtout , dont l’obligeance 
égale le savoir, pourra être très utile à la Commission, en raison des efforts 
qu'il ne cesse de faire depuis plusieurs années pour recueillir et complé- 
ter de plus en plus les matériaux nécessaires à sa Faune scandinave. 

» En engageant les zoologistes de l'expédition à recueillir tous les ob- 


( 537) 

jets qu’ils pourront se procurer pour une comparaison , d'autant plus frue- 
tueuse en effet qu’elle sera établie sur une base plus large, nous leur 
indiquerons toutefois quelques groupes zoologiques qui nous paraissent 
pouvoir offrir un intérêt plus grand sous ce point de vue. Tels sont les 
lépidoptères ; les mollusques terrestres; les mollusques et poissons 
lacustres et fluviatiles; les oiseaux de proie; les passereaux, et spécia- 
lement, parmi eux, les moineaux; les rongeurs, mais par dessus tous, 
le castor, dont les habitudes en Scandinavie doivent être constatées avec 
soin; et les carnassiers à fourrure, notamment ceux du genre Mustela. 
Ces derniers objets auront un double intérêt, leur comparaison pouvant 
être faite avec les martes, putois, et hermines de l'Amérique du nord 
aussi bien qu’avec les nôtres. 

» Il est presque inutile de faire remarquer que ces matériaux ne 
sauraient avoir toute leur utilité pour la science, si, à l'envoi de chaque 
animal, n’était jointe l'indication aussi exacte que possible de la situation 
géographique et de la disposition topographique de la localité dans la- 
quelle il a été pris. La saison où sa capture a été faite doit aussi être notée. 
Ces renseignements, toujours si utiles, deviennent indispensables lors- 
qu'on veut comparer des individus de même espèce, mais de localités 
diverses : car plus faibles sont les différences qu’il s’agit d'apprécier, et 
plus les données de la comparaison doivent être complètes et précises. 

».Les zoologistes de l'expédition pourront aussi concourir très utile- 
ment à compléter l'histoire des espèces européennes, en recueillant, par 
tous les moyens qui seront en leur pouvoir, des documents sur les migra- 
tions, soit des poissons et des oiseaux de mer sur les côtes, soit des oiseaux 
terrestres dans l’intérieur de la presqu'’ile scandinave, et surtout dans sa 
partie septentrionale, Plusieurs voyageurs, notamment Acerbi, d'apres 
Julin d’Uléaborg , et quelques-uns des zoologistes modernes, ont déja 
publié quelques renseignements à cet égard; mais une multitude d’autres 
restent à recueillir. Il serait à désirer que l’on püt posséder la liste aussi 
complète que possible, de toutes les espèces de passage; et, pour cha- 
cune de celles-ci, que l'on püût résoudre quatre questions que l’on peut 
ainsi résumer : 

» 1°. Ses migrations ont-elles lieu régulièrement tous les ans ? 

».2°. Quelle est l'époque de son arrivée? 

» 3°. Jusqu'où s’avance-t-elle vers le nord? 

» 4°. Quelle est l’époque de son départ? 

Si, comme il y a tout lieu de le penser, ces questions ne peuvent être 


Y 


( 538 ; 


résolues pour toutes les espèces, il sera du moins utile que les zoologistes 
de l'expédition s’attachent à en avoir la solution précise pour un certain 
nombre d’entre elles, prises comme exemples. Nous leur indiquons spé- 
cialement les Hirondelles et le Coucou; oiseau dont il sera en outre très 
utile d'étudier avec soin les mœurs, afin de voir s'il ne diffère pas, à cet 
égard, des coucous de l'Europe centrale, comme on l'assure, mais sans 
preuves suffisantes, des coucous du Japon. | 

»ÿ Pour les animaux qui n’émigrent pas, il sera d’un très grand intérêt, 
au moins quant à la partie septentrionale de la presqu’ile, de recueillir tous 
les faits propres à nous faire apprécier l'état dans lequel ils passent l'hiver. 
Nous ‘récommandons spécialement cette question, parmi les animaux supé- 
rieurs, à l'égard des rongeurs, des insectivores, des blaireaux et des ours 
eux-mêmes ; sur lesquels il sera si facile de se procurer de nouveaux ren- 
seignements dans la presqu'ile scandinave, qui n’en nourrit malheureuse - 
ment qu'un trop grand nombre. La même question se présente, et avec 
plus d'intérêt'encore , à l'égard du petit nombre de reptiles qui existent en 
Scandinavie, des poissons d’eau douce, et de tous les animaux des classes 
inférieures, soit aquatiques, soit terrestres. Enfin, on connaît les céle- 
bres , mais douteuses observations d’Olaüs Magnus, archevêque d'Upsal, 
d’après lesquelles nous devrions ajouter ici les hirondelles, où du moins 
l'une des lespèces de'ce genre, l’hirondelle de rivage. Les observations 
assez nombreuses qui, au dire de quelques auteurs, auraient confirmé 
ultérieurement celles que rapporte Olaüs, sont loin d’être des preuves 
suffisantes pour ‘un fait aussi paradoxal que le serait l'hibernation des 
hirondelles; mais elles ont fait naître des doutes dans quelques esprits 
éclairés , et dés lors-nous devons inviter les zoologistes de l’expédition à 
recueillir des renseignements à cet égard dans les divers points de la Scan- 
dinavie qu’ils visiteront successivement , et, pour ainsi dire, à y faire 
uve sorte d'enquête sur cette question. 

» La congélation d’une partie des liquides contenus dans des animaux 
privés plus ou'moins complétement de vie par la rigueur du froid, et la 
possibilité de les füre revivre, comme ils révivent naturellement au prin- 
temps, par la restitution graduelle et lente de la chaleur, sont des faits in- 
contestables, mais encore imparfaitement conuus. Lies expériences restées 
incomplètes, de l’un de nous, les démontrent de la manière la plus posi- 
tive, mais ne vont pas au-delà: Les membres de l'expédition se trouve- 
ront sans doute dans des circonstances très favorables pour étendre etcom- 
pléter: enfin la contiaissance de ces faits curieux. Il sera utile qu'ils les 


( 539 ) 

vérifient, non-seulement sur des animaux placés par eux dans des circons: 
tances propres à produire! la congélation ; mais, ce que votre rapporteur n'a 
jamais eu occasion dé faire, trouvés congelés dans les circonstances même 
où ils vivent naturellément. Nous recommandons spécialement aux'observa- 
teurs qui reprendront ce sujet, la constatation exacte, en premier lieu, 
de la position relative des ‘nombreux petits glaçons que l’on ‘trouve sous 
la péau;en second lieu, de l’état du sang contenu dans le cœur et dans les 
gros vaisseaux ; enfin, du degré d’insensibilité de l’animal. Toutes cés ‘6b- 
servations sont évidemment possibles sous le climat dé Paris, et rmêrne dans 
des partiés de l'Europe bien plus méridionales : mais elles seront'beaucoup 
plus faciles , ét en même temps plus complétés, en ce sens qu'ilsera ‘pos- 
sible d'en varier davantage les circonstances dans les régions froides ‘où 
plusieurs naturalistes vont être retenus l’hiver prochain par leur zèle‘pour 
la science. 

» Enfin, pour terminer ce qui concerne notre première question gé- 
nérale, les animaux domestiques, ordinairement si négligés par les voya- 
geurs , doivent fixer ; aussi bien que les animaux sauvages , l'attention des 
zoologistes de l'expédition. La connaissance des premiers nous importe, à 
d’autres égards peut-être , mais, sans nul doute, tout autant que celle des 
seconds. Il serait à désirer que l’on pût rapporter des échantillons de 
toutes les races de taille petite ou médiocre ; notamment des chiens:et des 
moutons. La possession du squelette est ici aussi essentielle que celle de 
la peau. Quant aux très grandes espèces, aux bœufs, par exemple, dont 
la préparation ou le transport offriraient de trop grandes difficultés, des 
dessins exacts faits sur les lieux et l'envoi des crânes et des cornes pourraient 
suffire, surtout si l’on y joignait l'indication exacte du nombres des verte- 
bres et des côtes. Dans tous lés cas, et à l'égard de toutes les races , il sera 
très intéressant de recueillir des documents sur l'utilité qu'on en retire, 
sur le genre d'éducation ‘et les soins qu'on‘leur donne, et surtout sur la 
durée de leur accroissement etsur l’âge auquel elles ont entièrement atteint 
l’état adulte et sont devenues aptes au travail soutenu et à la reproduction. 
Enfin les renseignements que l’on pourrait obtenir sur l’époque de Pim- 
portation et‘sur la patrie originaire de quelques-unes de ces races, formerait 
pour ceux qui précèdent, un tres utile complément. 


$ IL. 


». Nous’ serons plus brefs à l'égard des animaux qui composent-spéciale- 
ment la faune arctique; non, à beaucoup près, que les besoins de: la 
C.R. 1938, 167 Semestre. (T. VI, N° 47.) 74 


€ 640 ) 
sciencé soient ici moindrés,! mais parce. qu’ils sont. plus généralement 
sentis, et d’ailleurs beaucoup plus faciles à indiquer. 

», Un très grand nombre d'animaux des régions circum-polaires-ont été 
décrits ou mentionnés, et figurent dans les oise mais la plupart n’ont 
pas été examinés en. nature par les zoologistes du centre de l'Europe, et 
l’histoire. de ceux, même que l’on connaît le mieux, par exemple, du 
Renne; de l’Élan , de, Ours polaire, du Glouton, du Lemming, offre en- 
core de nombreuses lacunes. 

» Le Renne est de tous les animaux de la Laponie celui qui devait le plus 
fixer et qui a le plus fixé, en effet, l'attention des voyageurs : mais; par 
cela même, son histoire se trouve obscurcie par des doutes et des fables 
sans nombre. Il sera facile aux membres de l'expédition de lever les n$ et 
de détruire.les autres, en recueillant enfin tous les éléments d'une relation 
fidèle des mœurs de cet animal, et de toutes les circonstances qui le rendent 
siutile aux Lapons, si remarquable pour les zoologistes.. Les points qu'il 
nous parait surtout utile d’éclaircir, sont : les'effets que la castration pro- 
duit surlesmâles, notamment par rapport à leur bois, effets qui paraissent 
varier suivant l’époque et les circonstances dans lesquelles la castration. à 
été opérée; l’état, également variable à ce qu'il parait, des bois des fe- 
melles; enfin les différences de races qui peuvent exister dans l'espèce. Il 
sera utile de se procurer les peaux et les crâänes de faons de différents 
âges, ainsi qu'un mâle et une femelle de Renne sauvage, pris dans l’un 
des cantons où la race passe pour être le plus complétement exempte de 
mélange avec les Rennes domestiques. 

» Les faons de l’Élau sont plus rares encore dans les collections que ceux 
du Renne, et la possession du mâle adulte est elle-même à désirer; de même 
que des renseignements précis sur la plus grande taille à laquelle il parvient 
et sur les variétés de forme.et de grandeur de son bois. 

» Ge sont de même de jeunes individus que nous avons surtout à dé- 
sirer à l'égard de lOurs polaire. Leur comparaison avec les jeunes des 
autres éspèces ne peut manquer de donner lieu à quelques remarques in- 
téressantes. Tout ce que l'on rapporte de l'hibernation de cette redou- 
table-espèce, et de ses fureurs au printemps, séra très utilement soumis à 
une révision. 

» Il en est encore ainsi des détails en partie contradictoires que les voya- 
geurs nous ont transmis sur les habitudes du Glouton. Plusieurs des faits 
même les plus généralement admis à son égard, ne sont pas suffisamment 


A 


authentiques. Enfin, il serait aussi à désirer que: l'on pût se: procurer la 


(541) 
série des différentes variétés d'âge dece carnassier, ou,iu moins, un 
mâle et une femellé”adultes!et un! jeunerindividu. ) L 

» Les migrations du Lemming, leur irrégularité, tout ce que l'on rap- 
porte des circonstancés dans lesquelles elles s’opèrent, doivent de même, 
et avec plus de soin encore, devenir le sujet d’un nouvel examen. Plus 
tous ces faits offrent d'intérêt pour la science, ‘et plus il est'indispensable 
de les soumettre à un contrôle sévère: Nous recommandons ;spécialement 
à MM. les zoologistes de expédition de prendre de nouveaux .renseigne- 
ments sur la direction des migrations qui, d’après les auteurs. .les plus 
dignes de. confiance, auraient eu quelquefois lieu à l'approche de l'hiver, 
du sud au nord ; par exemple, en 1742, année dans laquelle l'hiver a été 
plus rigoureux dans des provinces plus méridionales. C’est d'après ces faits, 
comme on le sait, queles Lemmings passent pour jouir de la faculté, abso- 
lument incompréhensible pour nous, de pressentir les hivers rigoureux : 
instinct qui a été également attribué àlquelques autres rongeurs|et.à un 
grand nombre d'oiseaux voyageurs. 

» Parmi les mammifères, nous recommandons encore; et avec! d'autant 
plus d'intérêt qu'ici ce ne sont plus seulement des renseignements, sur les 
animaux, mais les animaux eux-mêmes qui-nous manquent ou que nous 
ete à peine: 

» 1°. Le Narval, dont les singulières:'et gigantesques défenses. sont si 
communes dans les collections, dont on. possède même quelques erânes 
fracturés, mais dont la peau, si ce n’est peut-être, dans une collection 
d'histoire! naturelle à Hambourg, .et.le squelette manquent dans tous, les 
musées de l'Europe. L'une ou l’autre est l’un des plus beaux objets que l’ex- 
pédition puisse rapporter. A leur défaut, la possession des viscères,de crânes 
bien conservés à une défense} de crânes, même fracturés, à deux défenses, 
serait d’un très grand intérêt pour la science. Le Narval paraît n’être pas 
rare dans la mer Glaciale, entre le Groënland ; le Spitzberg et le cap Nord, 
c'est-à-dire précisément dans la portion de l'Océan arctique que traversera 
l'expédition si elle se rend au Spitzberg; et il échoue parfois sur les côtes 
de ces diverses contrées. L'expédition ne négligera sans doute rien, pour 
se procurer un animal aussi précieux, et remplir enfin l’une des, plus re- 
grettables lacunes des musées européens. Si elle ne peut y parvenir, nous 
recommandons au moins à MM. les zoologistes de recueillir, principalement 
auprès des pêcheurs qu’ils trouveront au Spitzberg, les renseignements 
les plus étendus et les plus précis, sur:leés mœurs de ce cétacé, notam- 
ment sur les combats qu’il livrerait à la: baleine, sur son genre.de nour- 

74. 


( 542) 
titure, sur la taille des plus vieux mâles, sur celle des femelles et des 
jeunes, sur la longueurimaximum à laquelle-parviennent les défenses , 
sur leur état chez la femelle et le jeune, ‘sur le, degré de rareté des indi- 
vidus'à deux défenses , enfin sur les différentes dispositions de la, défense 
unique chez les individus ordinaires. 

5 2°, Les Baleines, Cachalots, et en: général tous les Cétacés des mers 
arctiques. Au défaut de la peau d’une baleine adulte ou sémi-adulte, celle 
d’un jeune sujet serait encore une acquisition très précieuse: La possession 
des divers viscères, des'organes génitaux, des organes des sens; des, par- 
ties caractéristiques du squelette, est également désirable. Si, par des 
circonstances que la rencontre d’un navire baleinier peut facilement réa- 
liser , les zoologistes de l'expédition trouvaient à se procurer, quelques 
parties déjà dépecées et informes d’un très grand cétacé, ils pourraient 
encore être utiles à la science en rapportant des échantillons convenable- 
ment choisis des plus gros nerfs et des vaisseaux principaux. Eufin, 
telle est même l’imperfection de nos connaissances sur tous ces gigantes- 
ques habitants des mers polaires ; que des dessins exacts et des mesures 
bien prises, constitueraient déjà une addition très importante aux docu- 
ments que possède la science actuelle, et dont les zoologistes de l’expé- 
dition trouveront un résumé clair et fidèle dans l'ouvrage récent de notre 
confrère M. F. Cuvier, sur les cétacés. 

» 3°. Le Morse, presque aussi rare que le Narval, et à peine plus connu. 
Quelques auteurs ont soupçonné l'existence de deux espèces, d’après la 
forme des défenses tantôt plus comprimées, tantôt plus rapprochées de la 
forme conique. Ce ne sont probablement que deux variétés; mais leur 
distinction nette n’en serait pas moins un service rendu à la mammalogie. 

» 4°. Enfin, les Phoques du nord, dont il serait à désirer que l'on pût 
se procurer une série, en raison des nombreuses variétés d'âge et de sexe 
que présentent la plupart des espèces; d’où l'extrême difficulté de la dé- 
termination de celles-ci. Ici encore M. Nilsson pourra prêter aux zoolo- 
gistes de l'expédition un concours très utile, ses recherches assidues sur 
les carnassiers amphibies l’ayant conduit à connaitre avec une; rare pré- 
cision les différentes espèces qui habitent les côtes de la presqu'ile scan- 
dinave. 

» Après ces grandes espèces de mammifères dont l'intérêt zoologique 
est au-dessus de tout autre, nôus ‘recommandons encore spécialement à 
MM. les zoologistes de l’expédition les ours terrestres du Nord, en raison 
des doutes que certains auteurs ont conçus sur l'unité spécifique des races 


(543 ) 
que Linné comprenait sous le nom d'Ursus arctos; les Lynx du Nord; Îes 
Chauve-Souris, et notamment le P/ecotus cornutus du J utland; les divers 
genres d’insectivores et de rongeurs, notamment le Polatouche d'Europe, 
les Écureuils et les Campagnols, parmi lesquels se trouveront sans doute 
des espèces nouvelles qu’il sera très intéressant de comparer à leurs ana- 
logues du nord de la Russie, si admirablement décrites par, Pallas; la 
Ghouette laponne dans ses différents âges, les espèces les, plus septen- 
trionales de Passereaux, et tous les Gallinacés ; les Serpents et Batraciens 
du Nord, parmi lesquels on a signalé des espèces qui seraient propres à 
la Scandinavie; enfin , les poissons des lacs et des rivières qui versent leurs 
eaux: dans l'Océan glacial et dans la mer Blanche. Dans les classes infé- 
rieures du règne animal, qui toutes offriront à l'expédition, dans leurs re- 
présentants les plus septentrionaux, des objets d’un très grand intérét, 
nous pouvons indiquer spécialement les Lithodes et autres crustacés des 
mers arctiques, les Mollusques terrestres et d’eau douce, et le petit 
nombre de Lépidoptères qui ornent l'été presque sans nuits de la Laponie, 
Enfin, il seraitrès utile de recueillir sur les petits animaux phosphores- 
cents des mers septentrionales que l'expédition doit traverser, des obser- 
vations qui viendront très utilement compléter celles qui ont été faites si 
souvent, et dans ces derniers temps encore, par les zoologistes de /4 
Bonite, dans des mers si différentes par leur situation géographique et 


leur température. 
S'TIL. 


» Nous ne saurions trop engager les zoologistes de l'expédition À fixer , 
aussi exactement qu'ils le pourront, la distribution géographique des di- 
verses, espèces, soit de la faune européenne, soit de la faune arctique , 
qu'ils pourront se procurer. En complétant, sous ce point de vue si im- 
portant, leurs, propres observations par des renseignements pris auprès 
des zoologistes, et aussi auprès des chasseurs du pays, ils arriveront à re- 
cueillir des documents très précieux pour la détermination des limites où 
cessent de se trouver nos espèces européennes, et où commencent à ap- 
paraître les espèces arcliques. Cette question , sans nul doute, n’est pas 
susceptible d’une solution simple et générale, la faune européenne ne se 
supprimant pas brusquement pour faire place à la faune arctique : ce sont 
des solutions partielles qu'il faut chercher; et celles-ci même, tant le su- 
jet est difficile, nous ne pouvons les espérer que pour un certain nombre 
d'exemples, quelque confiance que nous ayons dans le zèle des zoologistes 


(544 ) 

de l'expédition et dans l’obligeance que M. Nilsson et ses compatriotes 
mettront à les seconder. Mais les exemples que nous leur devrons, fussent- 
ils très peu nombreux, ne pourront manquer d'offrir un intérêt réel 
pour la science, surtout s'ils sont bien choisis, c’est-à-dire s’ils se rapportent 
à des espèces bien déterminées , et à l'égard desquelles il ne puisse rester 
d'incertitude. Nous pensons qu'un des moyens d'atteindre ce but, est de 
s'attacher particulièrement aux especés dont la connaissance n’est pas ren- 
fermée uniquement dans le cercle des personnes instruites en zoologie, 
mais sur lesquelles , au contraire, quelques circonstances de leur organisa- 
tion ou de leurs habitudes ont fixé l'attention générale. Par là le nombre 
de personnes que l’on pourra consulter avec fruit, deviendra beaucoup 
plus considérable. Pour des espèces de petite taille, peu remarquables 
par leurs caractères extérieurs et leurs mœurs, les zoologistes seuls pour- 
raient donner une réponse; les chasseurs, au contraire (et la chasse, 
comme chacun le sait, est l'occupation principale d’une portion considé- 
rable des habitants de la Scandinavie), pourront être sûrement et utile- 
ment consultés, lorsqu'il s'agira de déterminer, par exemple, jusqu'où 
s’avancent, au nord, le renard commun, le lièvre vulgaire et nos Mustela 
de France ; jusqu'où, au sud, l'isatis, le lièvre variable, la zibeline. Que 
les premiers succèdent immédiatement aux seconds, qu'ils en soient sé- 
parés par un intervalle plus ou moins grand, ou bien, enfin, qu'ils 
coexistent dans quelques lieux, et, pour ainsi dire, se rencontrent sur les 
limites de leur distribution géographique : le résultat, quel qu’il soit, des 
recherches que nous indiquons ici, devra être enregistré avec soin, et ne 
pourra manquer de conduire à des conséquences d’un très grand intérêt. 

» Enfin, nous inviterons encore les zoologistes de l’expédition, à re- 
chercher les analogies qui pourraient exister entre la faune des parties 
élevées des Alpes scandinaves et celle des régions basses, plus reculées 
vers le nord, que traverse la même ligne isotherme. Déjà de tels rapports 
ont été signalés par plusieurs auteurs pour diverses régions; entre au- 
tres, par M. Latreille, pour la Suède elle-même, comparée à nos Alpes 
et à nos Pyrénées; et ils sont de trop d'intérêt pour qu'on ne doive pas 
chercher, par de semblables observations en d'autres lieux, à les confir- 
mer et à les généraliser de plus en plus. » 


(545) 


Insraucrions. concernant la botanique, rédigées par 
: 8 
. M. ADOLPHE BRONGNIART. 


« La Suède, la Norwége et la Laponie ont été depuis long-temps explo- 
rées avec tant de soin sous le point de vue de la botanique, par les sa- 
vants suédois et danois les plus célèbres, depuis Linné jusqu'à MM. Wah- 
lenberg, Agardh, Fries, etc., qui, dans ces derniers temps, ont fait de la 
distinction des espèces et de leur distribution géographique une étude si ap- 
profondie, qu'il serait presque impossible à des voyageurs de rien ajouter 
à cet égard. 

» Mais la comparaison des plantes de ces contrées sibien étudiées par les 
botanistes du nord de l’Europe, avec celles des contrées plus méridionales 
de l'Europe auxquelles on applique les mêmes noms, serait d’an grand 
intérêt, soit pour déterminer les modifications que le climat peut apporter 
aux formes d’une même espèce, soit pour s'assurer si les plantes de France 
auxquelles on donne les noms que Linné a imposés aux espèces suédoises 
sont bien identiques avec elles; cette comparaison, en effet, devrait servir 
de base à tout travail de géographie botanique générale, et il faudrait que 
les matériaux pour un travail de ce genre pussent être réunis dans les 
collections publiques d’une ville centrale comme Paris. Il serait donc à dé- 
sirer qu’une collection bien complète des plantes de la Scandinavie, tant 
phanérogames que cryptogames, püt étre déposée dans notre Musée d'His- 
toire naturelle de Paris, où elle pourrait servir à tous les botanistes qui 
voudraient comparer nos espèces indigènes avec celles décrites par Linné 
et Wahlenberg, dans leurs Flores de Suède et de Laponie; mais ce n’est que 
par les botanistes mêmes de ces pays qu’on pourrait espérer de former des 
collections complètes de cette nature, la durée d’un voyage ne permettant 
évidemment d’en recueillir qu'une petite partie. 

» Malgré les données si précieuses pour la géographie botanique, que 
M: Wahlenberg a publiées sur la distribution des arbres et des plantes enr 
Suède et en Laponie, l'étude de la végétation des montagnes de la Norwége 
et de la Laponie pourrait encore fournir le sujet de quelques observations 
qui paraissent ne pas avoir été faites par ce savant botaniste. Ainsiila parfai- 
tement fixé les limites géographiques des espèces: les plus remarquables et 
surtout des grands arbres, et il a insisté ; le. premier, sur la différence singu- 
lière que présentent sous ce rapport les deux versants occidentaux etorien: 
taux, de la chaîne de montagnes qui traverse la Laponie dans toute sa lon- 
gueur; maisil ne paraît pas avoir eu les moyens de fixer avec précision la 


(546 ) 


hauteur absolue à laquelle parvient, à diverses latitudes et sur les deux ver- 
sants, la limite des principales espèces d'arbres tels que sapins, pins et 
bouleaux. Il serait donc important de profiter de l’aide que pourraient 
se donner les divers membres de la Commission pour fixer par de bonnes 
observations barométriques correspondantes, la hauteur de la limite des 
sapins , des pins, des bouleaux et du terme de la végétation herbacée à des 
latitudes plus ou moins septentrionales, soit sur la pente des montagnes 
du côté de l'Océan, soit du côté opposé. 

» L’élévation des montagnes, entre Roerstadt et Qvickjock, et entre 
Tromsoe et Enontekis, rendraient ces points particulièrement favorables 
pour ces détermination. 

» Si les membres de la Commission étendent leur voyage jusqu'au 
Spitzherg, les recherches botaniques acquerront un beaucoup, plus 
grand intérêt; non qu’on puisse espérer de trouver beaucoup de plantes 
nouvelles dans cette région glaciale, mais on possède à peine quelques 
indications sur la végétation de cette île, et il serait intéressant de :cons- 
tater quelles sont les espèces de l'extrémité boréale de l'Europe qui s'é- 
tendent encore plus près du pôle. 11 faudrait surtout déterminer si dans 
certaines localités favorablement exposées, le pin, le bouleau, ou le ge- 
nevrier, croissent encore, ne fut-ce que sous la forme d’arbuste, ou si, 
comme toutes les relations des voyageurs semblent l'indiquer, ces arbres 
manquent complétement sous cette latitude. 

» Il serait très essentiel de s'assurer si dans les tourbières ou dans les 
attérissements des rivières , il ne se trouve pas des troncs d'arbre, comme 
les membres de la même Commission l'ont constaté en Islande; et dans le 
cas où l’on en rencontrerait, il serait essentiel de rapporter les troncs les 
plus gros et les plus intacts pour bien déterminer leur nature; mais il 
faut bien éviter de confondre avec ces arbres, qui auraient nécessairement 
crû dans l'ile, ceux que les courants apportent fréquemment sur les ri- 
vages. Enfin, il faudrait rechercher si dans les tourbes on ne trouverait 
pas quelques graines , ou autres parties caractéristiques des végétaux qui 
vivaient -lors de leur formation, et les recueillir avec:soin pour tâcher 
d'apprécier par là les changements qui auraïent pu s’opérer dans la nature 
de la végétation, depuis que cette matière se forme à la surface du sol. 

» Il faudrait recueillir avec la plus grande attention, et dans des loca- 
lités aussi variées que possible , toutes les plantes qui croissent sur cette 
terre glaciale. Phipps'; dans son Voyage indique 17 plantes phanérogames 
recueillies par lui dans cette ile; plus anciennement, Frédéric Martens:, de 


( 547) 


Hambourg, avait figuré unedixaine de plantes qu'il y avait observées, parmi 
lesquelles quatre semblent différentes de celles énumérées par Phipps. Ainsi 
la végétation phanérogamique de cette île, telle qu'on la connaissait par 
ces voyageurs, ne se composait que de vingt-une espèces. 

» Dans ces derniers temps, Scoresby a ajouté à cette liste six espèces que 
les voyageurs précédents n’avaient pas observées, et qu’il a trouvées dans les 
parties les plus septentrionales de cette île, vers le 70° de latitude; enfin 
une petite collection faite dans cette contrée, et qui a été vue à Christiania 
par votre rapporteur, comprend encore quatre espèces qui ne sont pas 
indiquées dans ces catalogues, ce qui porte à trente-une espèces le nombre 
total des plantes phanérogames recueillies dans ce pays. Pour faciliter les 
recherches des membres de la Commission, nous croyons devoir en donner 
ici la liste. 

Liste des Plantes phanérogames trouvées au Spitzberg par divers 
voyageurs. 
GRAMINÉES. ......, Phippsia algida, R, Brown, Ch, Mely, (Phipps.) 
Agrostis algida, Soland., in Phipps yoy. 
Alopecurus alpinus, Smith. (Herb. Christ.) 
JUNÇÉES:. 4... Luzula hyperborea, R. Br., Ch. Melv. (Phipps —Scoresby ) 


SALICINÉES = Salix polaris, Wablenb. (Mart.—Ph.—Scor.) 
Salir herbacea, Phipps, voy. — Spreng., hist. 


r. k,, p, 106 
POLYGONÉES........ Polygonum viviparum, Linn. (Mart.—Phipps,) 
PERSONÉES, ..,,.... Pedicularis hirsuta, Linn. (Scor.—Herb. Christ ) 
ÉRICINÉES. ......... Andromeda tetragona, Linn. (Scoresby.) 
SAXIFRAGÉES....... Sazifraga oppositifolia, Linn. (Mart.—Ph.—Scor.) 


_ nivalis, Linn. (Mart.) 
var. Hyperborea, Deinboll. (Herb. Christ.) 
— stellaris, Linn. (Mart.) 
— herculus, Linn. (Herb. Christ.) 
—  cernua, Lien. (Phipps.—Scor.) 
_ bulbifera, Linn. (Herb. Christ.) 
_ rivularis, Linn. (Phipps.—Mart.) 
_ cæspitosa, Linn. (Phipps.) 
var. Groenlandica. (Scor.—Herb, Christ.) 
CRASSULACÉES. ..... Sedum annuum, Linn. (Phipps.) 
Bulliarda aquatica, de C. (Phipps.) 
ROSACÉES. ......... Sibbaldia procumbens, Linn. (Phipps.) 
Dryas octopetala, Linu. (Scor.—Herb. Christ.) 
CARYOPHYLLÉES.... Cerastium alpinum, Linn. (Mart.— Phipps.— Scor.) 
Silene acaulis, Linn. (Herb. Christ.) 
C. R. 1838, 19 Semestre. (T-VI, N° 47.) 75 


(548 ) 
CRUCIFÈRES........ Cochlearia danica, Linn. (Phipps.) 
—  groenlandica, Linn. (Mart.— Ph.— Scor.) 
Cardamine bellidifolia , Linn. (Scor.) 
Draba alpina, Linn. {Scor.) 


PAPAVÉRACÉES.. ..… Papaver nudicaule, Linn. 
var. Radicatum. (Scoresby.— Herb. Christ.) 


RENONCULACÉES.... Ranunculus (1) nivalis, Wabl. (Mart.— Phipps.) 
— sulphureus, Soland. (Mart.— Phipps.— Scor.) 
—  prgmœæus, Wabhl. (Mart.) 
—_ hyperboreus, Rottb. (Mart.) 
—  lapponicus, Linn. (Phipps.) 


» Si l'on considère que des familles encore fort nombreuses dans la 
flore de Laponie n’ont aucun représentant dans cette énumération , ou n’en 
ont qu'un ou deux; que, par exemple, ce catalogue ne comprend pas une 
seule Cypéracée, tandis qu’on en connaît soixante-une espèces en Laponie; 
qu'il n’y a que deux Graminées sur cinquante-deux que nourrit ce der- 
nier pays; qu'il n’ÿ a pas une seule Composée, tandis que la Laponie en 
présente quarante-quatre : on sera porté à croire que des recherches plus 
suivies que n’ont pu l'être celles des voyageurs précédents, doubleraient 
au moins le nombre des plantes phanérogames de cette flore, et permet- 
traient alors de comparer la végétation de la terre la plus voisine du pôle 
à laquelle on soit parvenu, avec celle des parties les plus arctiques de 
l'Amérique que les voyages de Parry, de Ross et de Francklin nous ont 
fait connaître, et qui sous une latitude moins élevée paraissent déjà pré- 
senter une flore presque aussi restreinte. 

» Il faudrait surtout porter une attention spéciale sur les familles des 
Graminées et des Cypéracées, qui paraissent avoir été presque entièrement 
négligées par les voyageurs précédents, et qui cependant jouent un rôle 
important dans cette végétation arctique, où elles représentent presque 
seules la grande classe des Monocotylédones. 

» L’exploration de cette île, sous le rapport de la Cryptogamie, n’aurait 
pas moins d'intérêt. On sait qu’en général le nombre de ces plantes, com- 
paré à celui des Phanérogames, s’accroït à mesure qu’on s'approche du 


(1) La distinction des espèces du genre Renoncule qui croissent au Spitzberg est 
encore environnée de beaucoup de doute, plusieurs d’entre elles étant fondées sur l’ins- 
pection des figures de Marteus, et les limites entre ces espèces étant très difficiles à déter- 
miner : c’est un genre qui mérite de fixer l’attention des voyageurs. 


( 549 ) 


pôle; mais on ne sait pas cependant jusqu’à quel point ces végétaux peu- 
vent supporter les climats de contrées aussi voisines du pôle. Le catalogue 
de Phipps ne contenait que seize Cryptogames terrestres ; ce nombre a 
déjà été augmenté notablement par Scoresby; les deux catalogues combi- 
nés de ces voyageurs le portent à environ trente-cinq; mais. il est bien 
probable que ce nombre est encore très inférieur à celui des espèces qui 
croissent au Spitzherg, si l’on en juge par le nombre si considérable de ces 
plantes , et surtout des Lichens, dans le nord de la Laponie. 

» Ainsi, l’on ne saurait trop recommander la recherche des Mousses, des 
Hépatiques , des Lichens et même des Champignons qui croissent à la sür- 
face du sol ou sur les rochers; pour les espèces qui croissent immédia- 
tement sur les rochers, on devra remarquer, si par la position des sur- 
faces sur lesquelles on les a trouvées, ces plantes doivent rester à nu 
pendant l'hiver, sans être protégées par la neige contre la rigueur de 
cette saison, et quelles sont les espèces qui croissent dans cette position. 

» Il serait important de recueillir également les Conferves et les Chara 
qui peuvent habiter les eaux douces de cette ile, et de s'assurer si les 
familles des Fougères, des Lycopodes et des Équisétacées, mont plus en 
effet aucun représentant sous ce climat glacial. 

» Il est enfin un dernier point de géographie botanique important à 
étudier durant ce voyage : ce sont les changements qu'éprouve la vé- 
gétation marine depuis le 60° degré de latitude environ, où elle est assez 
bien connue jusqu'au cap Nord, le long des côtes de Norwége et de 
Laponie, puis les différences qu’elle présente sur les rivages, si long-temps 
environnés de glace , du Spitzberg. 

» La nature des espèces qui croissent dans cette région, leur grandeur, 
leur plus ou moins d’abondance, sont autant de faits très importants à 
déterminer pour jeter quelque lumière sur la question trop peu étudiée 
de la distribution géographique des plantes marines. » 


Ænsrrucrions concernant la géologie, rédigées par M. ÉL1E DE BEAUMONT. 


« Si, dans une-expédition scientifique du genre de celle qui se prépare 
pour le nord de l'Europe, il ne s’agissait uniquement que de mieux faire 
connaître les contrées que l’expédition aura à parcourir, considérées seu- 
lement en elles-mêmes, les instructions demandées à l'Académie auraient 
pu, quant à la partie géologique, être fort laconiques. On aurait pu dire 
aux naturalistes de l’expédition : la Scandinavie a donné naissance à un 


7b.. 


( 550 ) 


grand nombre de minéralogistes et de géologues justement célèbres qui 
ont depuis long-temps commencé à la décrire; d'illustres voyageurs l'ont 
parcourtüe dans tous les sens et ont fait part au public des résultats de 
leurs obsérvations; lisez ces différents écrits, suivez les traces des maîtres 
de la science, et tächez de compléter leur ouvrage. 

» Mais en tenant un pareil langage, l'Académie, nous le croyons, ne 
remplirait pas toute sa mission, et ne rendrait même pas une justice en- 
tiére aux savants célebres dont les travaux ont fait de certains points de la 
presqu'’ile scandinave des localités classiques pour la géologie. Le premier 
pas de la géologie consiste sans doute à décrire exactément la forme et la 
composition du sol d'une contrée; mais le second consiste à comparer 
entre elles des contrées plus ou moins éloignées. Cette comparaison peut 
se préparer dans les livres, mais elle ne peut s'achever que par la vue 
des objets; et elle nécessite tout au moins la formation de collections de 
roches qu'on puisse mettre en contact et ên parallèle les unes avec les 
autres. Il pourrait être fort utile à la science qu’un géologue suédois, 
complétement familiarisé avec le grand attérissement diluvien de la Suède, 
vint en faire la comparaison avec les formes particulières que prennent les 
phénomènes diluviens dans la vallée de la Seine, aux environs de Paris. 
Ce sont des comparaisons de ce genre que nous devons chercher à provo- 
quer ou à préparer. Mieux un pays est connu de ses habitants, mieux 
il a été décrit par eux, et plus il peut offrir des termes de comparaisons 
utiles. 

» Sous ce rapport, peu de pays ont été mieux préparés que les parties 
méridionales de la Suède et de la Norwége; c’est un voyage de comparai- 
son qu'il s’agit d'y faire. Quant à la Laponie et surtout au Spitzhberg, il y 
a encore là ample matière pour un voyage de découvertes. 

» Ayant eu l'honneur d’être chargé de rédiger la partie géologique des 
instructions destinées à l'expédition qui va partir pour le nord de l'Eu- 
rope, je n'ai pas cru devoir me contenter des recherches que je pouvais 
faire dans les ouvrages publiés sur ces contrées. Malgré le soin que 
MM. les naturalistes de l'expédition ont bien voulu mettre à m'aider 
dans cette recherche, et la complaisance qu’a eue en particulier M. Eu- 
gène Robert, de me communiquer les notes qu'il a lui-même recueillies 
dans un grand nombre dé recueils, des points importants auraient peut- 
être pu nous échapper. Je me suis donc adressé à M. Léopold de Buch, 
qui lui-même, il y a près d’un tiers de siècle, a porté le flambeau de la 
science dans les contrées qu’il s’agit de soumettre à de nouvelles investi- 


( 551 ) 


gations, et dans chacun des paragraphes de cette instruction je mettrai 
en premiere ligne les indications de l’'illustre voyageur qui veut bien 
encore ici me servir de guide. 

» Parmi les roches les plus importantes à recueillir, M. de Buch cité 
les roches hypersthéniques qui donnent un caractère particulier à la grande 
chaine des Kiôlen , dans sa partie maritime. La syénite hypersthénique est 
une roche à très gros grains, et s'élève en chaînes peu étendues de plusieurs 
milliers de pieds de hauteur. C’est surtout aux environs de Bergen qu’elle 
se présente en formes colossales, et elle est en même temps d’un très 
facile accès. Le Samnangerford , à six ou huit lieues de Bergen, vers l’est, 
est séparé de cette ville par une chaine très escarpée des roches hyper- 
sthéniques qui s'étend jusqu’à Ous, droit au sud de Bergen. Une chaîne 
semblable a été découverte par M. Esmark, près de Tôns, sur le Glommenelv, 
aux environs de Rôraas, c’est-à-dire bien enfoncée dans l’intérieur du pays. 

» On retrouve ces roches hypersthéniques sur l’Alt-Eid, à 70° de latitude. 
Enfin, on les rencontre de nouveau au cap Nord même, mais non pas sur le 
Promontoire; il faut se donner la peine d’entrer dans l'intérieur de l'ile de 
Magerôe, où je les ai vues, dit M. de Buch à votre commissaire , surtout sur 
les hauteurs du Honigvoogeid. Tout le profil des couches, depuis Kielvig 
Jusqu'au cap Nord, est très curieux, et mériterait bien la peine d’être 
examiné avec une attention particulière. 

» Depuis quelque temps une compagnie anglaise exploite des mines 
de cuivre dans le Refsboten, près d’Alten, par 70° de latitude: je crois 
aussi, dit M. de Buch, dans une roche hypersthénique : elle est ici à grains 
très fins. 

» L'étude de ces roches hypersthéniques à grains très fins présenterait 
beaucoup d'intérêt. M. Gustave Rose, en décrivant les filons de syénite 
hypersthénique à grains très fins qui traversent le gite métallifère de 
Schlangenberg en Sibérie, a déjà fait remarquer combien il est difficile 
de les reconnaître. Lorsque leurs caractères échappent, on est dans l’ha- 
bitude de les confondre parmi les roches de trapp. Mais il est aujour- 
d'hui avéré, et ceci en est même un nouvel exemple, que la classe des 
trapps contient des roches dune composition très variée, quoique tou- 
jours également indiscernable. Il serait à désirer qu’on pt faire sortir 
les roches d’hypersthène à grains trés fins de cette espèce de chaos, et 
peut-être en trouverait-on des moyens en étudiant avec soin la série de 
dégradations par laquelle passe la syénite hypersthénique lorsque son 
grain diminue, De bonnes suites de ces passages seraient fort utiles, 


(5522) 


» Ce que je viens de recommander pour les roches hypersthéniques , je 
crois pouvoir le recommander en général pourtous les trapps de la Suède. 
Lorsque Cronstedt et Wallerius ont commencé à fixer l'attention sur ces 
roches, dont ils ont dérivé le nom du mot suédois treppa, qui veut dire 
escalier , ils n’ont pu les caractériser que par de simples apparences ex- 
térieures. Il est indubitable , ainsi que je viens de le rappeler, que ces 
apparences sont revêtues par beaucoup de roches de composition diffé- 
rente. Généralement cette composition est indiscernable ; mais en exami- 
nant avec soin les montagnes trappéennes, peut-être trouverait-on quel- 
ques parties dans lesquelles le grain deviendrait plus gros, et dans lesquelles 
on pourrait prendre des échantillons susceptibles d’être soumis au procédé 
d'analyse microscopique si heureusement mis en usage pour les roches 
volcaniques par M. Fleuriau de Bellevue, et surtout par M. Cordier. De- 
puis que les recherches modernes ont appris à ne voir dans l’amphibole, 
le pyroxène, et plus encore dans le feldspath que des groupes d’es- 
pèces, l'analyse minéralogique des trapps est devenue un vrai besoin pour 
la science. 

» Peut-être parmi les trapps de Suède existe-t-il de véritables basaltes. 
Divers auteurs en ont indiqué, soit au Kinnekulle, sur les bords du lac 
Wenern; soit dans les collines des environs de Svebesholm et de Hôr, en 
Scanie (1). Sont-ce bien de véritables basaltes comparables en tous points 
à ceux d'Auvergne? On aimerait à s’en assurer, en mettant en regard de 
bonnes suites de roches des deux pays. 

» Des roches d’euphotide ont aussi été plus d’une fois signalées en 
Norwége et en Laponie. Une partie de ces roches n'étaient certaine- 
ment que des syénites hypersthéniques dont l’hyperstène avait été 
pris pour du diallage ; mais n’existe-t-il pas de véritables euphotides en 
Norwége? Il serait important de s’en assurer. On a cité des serpentines 
en Norwége et en Suède (2). On connait l’affinité singulière de gisement 
des serpentines et des euphotides; une affinité du même genre existe- 
t-elle entre les syénites hypersténiques et certaines serpentines, et la sub- 
stance nommée serpentine est-elle la même dans les deux cas? Il serait 
important de s’en assurer. 


(r) Carte géognostique des parties moyennes et méridionales de la Suède ; par 
M. Hisinger. 

(2) Reise nach dem Hohen norden, von /’argas Bedemar. Frankfurt, 1810. 
Hisinger, Mineralogische geographie von Scheweden. Freyberg, 1819. 


(553) 


» Parmi les roches à examiner dans le nord sous le rapport de leur 
composition, je citerai encore une espèce de granite nommée Rapakivi, 
qui existe en divers points de la Finlande, et notamment , d’après Acerby , 
à deux milles au nord d’Uleaborg. Si l’on en trouve l’occasion , il sera bon 
d’en faire dés collections soignées sur lesquelles on puisse lever tous les 
doutes qui existent sur sa composition. 

» Les environs de Christiania présentent comme un vaste musée de 
roches aussi belles que variées, dont le gisement présente une foule de 
circonstances curieuses, et qui sont aussi propres que les basaltes et les 
trachytes de l'Auvergne, à être prises comme types dans la description 
des autres contrées. Il sera extrêmement utile d’en posséder de bonnes 
collections. Je citerai particulièrement les mélaphyres, les porphyres et 
surtout la syénite zirconienne, dont M. de Buch a signalé la superposition 
à un terrain sédimentaire. Un profil vers le Sennesio fait voir, écrit M. de 
Buch à votre commissaire, toute la succession de ces roches. Les carrières 
d’Aggers-Kirke poursuivent de gros filons de mélaphyre, et surtout de 
roches hypersthéniques. Les modifications sans fin et très remarquables 
des mélaphyres s’observent très bien en traversant le Krogskov, depuis 
Rärum, vers le Holsfiord. L’épidote s’y voit en filons, et surtout assez 
souvent tapissant l’intérieur des cristaux de labrador, que les cristaux 
d’épidote ont évidemment rongés pour se former et s’agrandir. Des géodes 
dans ce mélaphyre, contiennent du bitume. Le Krogskov doit fournir une 
ample récolte. 

» Les escarpements de Holmestrand font voir un passage du mélaphyre 
au basalte. Holmestrand doit arrêter la personne chargée des collections 
pendant plusieurs jours. 

» La siénite à zircons est la plus caractérisée aux environs de Laurvig, 
puis encore vers Stavern. Cette belle roche s'étend ici sur des lieues carrées 
entières ; il n’est donc guère nécessaire de désigner plus spécialement des 
lieux convenables pour la recueillir. 

» On la retrouve à Egersund, au sud de Bergen, où son étendue n’a pas 
été examinée, ce qui cependant en vaudrait bien la peine. Plus loin, vers 
le nord, il n’y en a plus. 

» Je ne me bornerai pas à recommander de rechercher toutes les va- 
riétés des roches que je viens de mentionner, et d’en recueillir des collec- 
tions complètes. Les circonstances remarquables du gisement de ces roches, 
la manière dont elles traversent souvent les roches adjacentes, dont elles 
les bouleversent, dont elles les recouvrent; les modifications de texture, et 


C 554 ) 


quelquefois même de composition, que ces dernières éprouvent pres du 
point de contact, doivent être étudiées en détail et représentées par de 
bonnes suites d’échantillons; elles méritent aussi d’être dessinées. 

» Nos deux confrères, MM. Alexandre et Adolphe Brongniart, dans le 
voyage qu'ils ont fait en Norwége et en Suède, dans l’année 1824, ont ob- 
servé, surtout aux environs de Christiania, de nombreuses masses de roches 
éruptives telles, par exemple, que des mélaphyres injectées au milieu de 
roches préexistantes. M. Adolphe Brongniart a fait, des gisements et des 
pénétrations mutuelles de ces roches, des dessins à la fois pittoresques et 
géologiques, que je crois pouvoir recommander à limitation de MM. les 
naturalistes et dessinateurs de l’expédition. 

» On sait de quelle importance sont devenus, pour la géologie, les 
filons de granite que Hutton découvrit dans le Glen-Tilt, en Écosse, S'é- 
levant à travers le calcaire superposé. La Norwége abonde en phénomènes 
de pénétration et d'injection non moins curieux. MM. Naumann et 
Keilhau en ont indiqué un grand nombre et en ont figuré plusieurs (1), 
mais toujours dans des dessins d'une petite échelle, qui sans doute don- 
nent une idée des lumières que la science peut puiser dans ces localités, 
mais qui ne sont pas toujours suffisants pour permettre de les comparer 
d'une manière sûre aux apparences du même genre qui existent dans 
d’autres contrées, par exemple, dans les Alpes et dans les Pyrénées. 

» Des dessins suffisamment développés dans lesquels ces localités clas- 
siques seraient fidèlement représentées avec une partie au moins de ce 
qu'elles ont de pittoresque, et dans lesquels l’enchevêtrement des roches 
serait représenté, comme l’a fait M. Adolphe Brongniart, par des cou- 
leurs convenablement appliquées, formeraient un atlas des plus inté- 
ressants pour la géologie. 

» Il est aujourd’hui prouvé que les mélaphyres, les porphyres, les syé- 
nites et même les granites, ainsi qu’une foule d’autres roches analogues, ont 
cristallisé par voie de refroidissement, Ces roches sont par conséquent des 
produits des laboratoires mystérieux que notre globe a renfermés dans 
tous les temps. Sous ce rapport, elles ont de la ressemblance avec les pro- 
ductions volcaniques de l'époque actuelle. Mais cetteressemblance d’origine 
ne va pas jusqu'à l'identité; elle laisse place à de nombreuses et importantes 
dissermblances. Le moment est venu pour la science de préciser ces dis- 


{1) Naumann, Beytrase zur Kenntniss Norwegen’s. Leipzig, 1824. 
Keïlhau , Darstellung der neb ergang’s-formation in Norvegen. Leipzig, 1826. 


(565 ) 


semblances, etce sera'en grande-partie dans un examen attentif, détaillé, 
minutieux même de phénomènes-de pénétration tels que ceux dont il vient 
d'être question, qu'on pourra trouxier la clé et la mesure de ces dissem- 
blances. 

». Les couches: de gneiss présentent tout le long des côtes des contor- 
sions et des mouvements très remarquables qui frappent extrêmement, 
parcé qu'on les voit exposés à la vue sur un long espace et tout-à-fait à nu, 
sans être cachés par des herbes ou des forêts. Un bon dessinateur, crité 
M. de Buch à votrecommissaire, remplirait un portefeuille très étendu de 
tous ces accidents, et il serait à désirer qu’on s’en occupât (1). 

» Les accidents de: la stratification, les contournements des couches, 
leurs brisures, les rapports de leur position avec celle des masses de roches 
éruptives, peuvent aussi être étudiés plus en grand, et cette étude peut 
soulever denouvelles questions. 

» Si l'on jette les yeux sur des cartes suffisamment détaillées de la 
Norwége et de la Suède, on reconnaît assez aisément que les principaux 
traits des montagnes de la côte orientale se coordonnent à deux directions 
différentes, dont là combinaison détermine toutes les formes de la côte. 

» La première de ces deux directions, qui s’apercoit surtout dans la 
disposition des îles de Loffoden:, dans celle des bras de mer et des lacs 
qui avoisinent Drontheim, et dans celle des monts Dovre-Field , entre 
Drontheim et Christiania, court entre le nord-est et l’est nord-est, en cou- 
pant le méridien de Christiania sous un angle d’un peu plus de 60°. Elle 
est elle-même coupée sous un angle très marqué par les chainons les plus 
étendus des Alpes scandinaves. Le plus considérable de ces chaînons, connu 
sous le nom de Kiolen, partant de l'extrémité nord-est du Dovre-Field, sé- 


(1) Le marbre statuaire blanc grenu: est ordinairement tourmenté comme le gneiss! : 
on le voit à Salthellen; près de Sulboeliord , au sud de Bergen, à 60° de latitude, sur 
l'ile de Wyck, près de laigrande ile Sartoroe, et à Hope-Holm , à unc lieue de Bergen, 
près de Tiosanger. 

On doit encore recommander la recherche des couches de dolomie dans Le schiste mi- 
cacé ; on y verra et trouvera , dit M. de Buch, beaucoup de minéraux encore inconnus de 
ces localités: des tourmalines vertes, des rubis, des cyanites, des apatites. Ces dolomies 
Se trourant à Cashess par 69° de latitude , elles y sont très étendues. Puis sur l'île de 
Sengen , aux enrirons de Kloïven où la trémolite est très belle; à Lenwig, ansud de 
Tromsôe; à 69° : de latitude, età Benoëjard, encore plus près de Tromsüé, avec stauro- 
tide en abondance ; enfiu, sur l’île de Tromsôe même. Ces couches forment une grande 
partie de ces montagnes, et se retrouvyeraient , suivant toute apparence, dans l’intérieur 
des polfes. 


CR, 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 47.) 76 


( 556 ) 
pare la Suède de la Norwége septentrionale; et après s'être partagé à son 
extrémité nord-nord-est, entre les différentes baies du Finmarck, il se 
termine à la mer Glaciale, sur le Sverholt, entre le Laxefiord et le Porsan- 
ger-Fiord , et par le Nord-Kyn, entre cette dernière baie et le Tannaford. 

» L'existence dans la Scandinavie de ces deux directions principales, m'a 
fait conjecturer qu'il doit s’y être opéré deux principales séries de disloca- 
tions. La première appartiendrait au grand système de dislocations dont sont 
affectés dans toute l’Europe les dépôts stratifiés les plus anciens; la se- 
conde, d'après la direction de la chaîne du Kiôlen, m’a paru devoir se rap- 
porter à l’époque du soulèvement des Alpes occidentales. Ces conjectures 
peuvent conduire à poser la question de savoir s'il n’y aurait pas eu dans 
le nord un premier soulèvement de granite très ancien, qui aurait donné 
naissance au premier système ; un dernier soulèvement de roches hyper- 
sthéniques, qui aurait donné naissance au Kiôlen , et si dans l'intervalle très 
long qui les aurait séparés n’auraient pas apparu les syénites zirco- 
niennes, les porphyres, les mélaphires, qui ne semblent se rattacher qu’à 
des accidents orographiques d’un ordre moins important. 

» En posant ces diverses questions, je n’ose croire qu’elles soient toutes 
destinées à recevoir une prompte solution, à cause du petit nombre des 
formations sédimentaires qui se montrent sur le sol de la Scandinavie; 
mais si l’on ne peut remplir toutes les lacunes de la science, relativement à 
ces phénomènes anciens, peut-être en sera-t-on dédommagé par les ob- 
servations que l'expédition pourra faire sur les phénomènes actuels qui 
attestent sous nos yeux, dans ce même pays, la mobilité de l'écorce ter- 
restre. Ces phénomènes, dont les traces s’observent sur les côtes , doivent 
étre particulièrement recommandés à une expédition, qui aura à sa dis- 
position un bâtiment de l’État. Je veux parler des variations de niveau que 
présentent beaucoup de parties des rivages de la Suède. 

» Tout le monde sait que certains points des côtes de cette contrée 
s'élèvent progressivement au-dessus du niveau de la mer qui les baigne. 
Je ne rappellerai pas ici les anciennes observations de Celsius et de Linné, 
les repères tracés sur les rochers de la mer Baltique et du Kattegat , les 
conséquences tirées par Playfair, les observations de M. de Buch, l’incré- 
dulité qui les a d’abord accueillies , les observations réitérées qui ont 
levé tous les doutes. M. Arago, dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes ; 
M. Lyell, dans les Transactions philosophiques , ont donné à cette classe 
de faits toute la célébrité qu’ils méritent si justement. 

» Mais ce qu'on ne sait pas aussi généralement, et cé qui rend le phé- 


(557) 


nomène plus curieux encore, c’est que non-seulement il n’a pas lieu sur 
toute la côte au même taux annuel; mais que certains points, au lieu 
d’une élévation progressive, éprouvent un abaissement graduel, tandis que 
d’autres sont dans un état stationnaire. 

» Les points qui présentent ces trois circonstances diverses, méritent 
également de fixer l'attention des observateurs ; les trois classes d’obser- 
vations se contrôlent mutuellement. Lorsqu'on voit que, sur une même 
côte, certains points s’immergent, tandis que d’autres restent station- 
naires et que d’autres s’émergent de plus en plus, on ne peut plus craindre 
aucune illusion dans les observations, et ces observations, en même temps 
qu’elles prouvent que l'écorce terrestre est mobile, prouvent aussi qu’elle 
st assez flexible pour que des points peu éloignés éprouvent des mou- 
vements en sens contraire. 

» Afin de mieux fixer les idées, je citerai ici quelques observations 
locales. 

» Le baron Hermelin, à qui l’on doit une description minéralogique et 
une carte de la Laponie, écrivait en 1804 (1): Entre Seivits et Mikkala, et 
entre ce dernier endroit et la ville de Torneo, se trouvent deux golfes 
dont la profondeur diminue d’année en année, et qui, depuis qu’on y a 
jeté des ponts de pierre il ÿ a quelques années, sont presque compléte- 
ment à sec. Les académiciens français arrivèrent à Torneo, en bateau, en 
1736, et, plus anciennement, de grands vaisseaux pouvaient arriver jus- 
qu’à la ville; mais aujourd’hui ils sont obligés de rester à l'extrémité mé- 
ridionale de Bjôrkôr, à cause du peu de profondeur de l’eau. 

» Ainsi, il paraît que le phénomène d'élévation progressive, si connu 
sur les côtes de Suède, depuis Calmar jusqu’à Gôfle, s'étend jusqu'à 
Torneo. Mais il n’a pas lieu en Scanie; la côte de Scanie, au contraire, 
s'enfonce par degrés. 

» En 1749, Linné avait mesuré la distance qui existait entre la mer et 
“un rocher voisin de Trelleborg; M. le professeur Nilsson a trouvé que 
cette distance est aujourd'hui de 100 pieds plus courte qu’elle ne l'était 
du temps de Linné. Dans un grand nombre de ports de la Scame , il 
existe des.rues qui sont au-dessous des hautes eaux de la Baltique; quel- 
ques-unes même sont au-dessous des eaux les plus basses. A Malmæ, la 
mer recouvre quelquefois une des rues de la ville, et l’on a reconnu, 
par des excavations, le sol d’une ancienne rue plus basse de 8 pieds. 


(1) Hermelins minerographie von lapplard und IVestbothnien, p. 138. 


76.. 


(558 ) 


A Trelleborg et à Skanœr, il est des rues plus basses de quelques pouces 
que le niveau des grandes marées, tandis qu'à Ystadt, une rue se tronve 
exactement au niveau de la mer. Évidemment on n'a pu ‘bâtir dans une 
telle position relative. 

» D'un autre côté, les côtes de Norwége paraissent être-immobiles ; du 
moins M. Eugène Robert, qui a déjà parcouru la Scandinavie l’année der- 
nière, rapporte que le sol des bords du golfe .de Christiania:paraitrait 
étre stationnaire depuis 200 ans, à en juger par un payé-de l’ancienne 
ville de Frédéricksvaern, brülée depuis'cette:époque , qui se trouve:en- 
core au niveau de la mer à l’endroit du port. 

» M. Everst, dans son voyage en Norwége (1), nous apprend que;la 
petite île de Munkholm, qui est un rocherisolé dans.le portide Drontheim, 
présente une preuve concluante que la terre, dans:cette région, est, restée 
stationnaire pendant les troïs derniers siècles. T'étendue: superficielle de 
cette île n'excède pas celle d’un petit village, et un nivellement officiel à 
constaté que son ‘point culminant! s'élève à 23 pieds au-dessus des hautes 
mers moyennes. Un monastère y arété fondé par Canut-lé;Grand, en 
fan 1698, et trente-trois ‘ans auparavant on s’en servait comme d’un.lieu 
d'exécution. D'après le‘taux moyen de l'élévation de la Suède, (environ 40 
pouces anglais par siècle), nous serions; obligés de-supposer que cette ile 
était à 3 pieds 8 pouces au-dessous-de la haute mer moyenne ; lorsqu'elle 
a été choisie pour devenir ke siége d'un monastère. 

» Il'serait extrêmement ‘intéressant de tracer un joursur la, carte, de 
la Scandinavie les limites respectives de la zone ascendante, de Ja zone 
descendante et de la zone stationnaire. Rienne doitêtre négligé de ce 
qui peut conduire à ce résultat si important pour:la physique terrestre 
et pour la géologie. 

» Certains faits géologiques attestent aussi que les rapports de:miveau 
entre la terre et la-mer ont varié dans plusieurs parties du mord de l'Eu- 
rope, à une époque géologique récente. Il:s’agit maintesant 1le dépôts 
coquilliers souvent argileux qui s’observent dans certaines parties de. la 
Suede et de la Norwége, à diverses hauteurs au-dessus: de laimer, dépôts 
qu'on peut comparer, quant à leur nature, aux Fahluns de; la- Touraine 
et au Crag du Suffolk, mais qui sont probablement plus modernes. 

» Tout le monde connaît les curieuses ‘observations-faites:enc2807 par 
M. de Bucb et vérifiées depuis par M: Brongniart.et«par/ M; Lyell, :sux 


QG) Lyell, principles of Ceology, tome IT, page 35. 


(559 ) 
le dépôt de. coquilles marines d'espèces actuellement vivantes, situé à 
Uddevalia en Suède, près des frontières de la Norwége, à 70 metres au- 
dessus de la mer. 

» Des dépôts, du même genre ont été observés dans les environs de 
Stockholm, ainsi,qu’à Orust.et sur les bords du lac Rogyarpen. 

» (Les environs de Christiania en.présentent également: M. le profes- 
seur, Keilhau. les, y,a observés jusqu'à 600. pieds au-dessus de la mer ; 
M: Eugène Robert, dans le voyage, qu'il:a déjà fait l’année dernière en 
Norwége-et'en.Suède, a aussi constaté différents faits du même genre. Il 
a remarqué, par exemple, entre Drammen et Christiania, sur le bord de 
la route, à Raunsborg, un calcaire noir fétide avec térébratules, rempli de 
coquilles, de la.saxicava rugosa , qui l'ont perforé à une époque où la mer 
atteignait ce,paintélevé de 500: pieds au-dessus de son niveau actuel. 

» Des: faits; de ce genre sont précieux, parce. qu'ils sont précis et ir- 
réfragables. On, peut, s'attendre à en trouver. du méme genre, dans toute 
l'étendue des côtes. de, la: Norwége. 

:»:Des.coquilles marines d'espèces actuellement vivantes ont été recueil- 
Jies en -desi points très avancés dans les-terres près. de Drontheim. D’après 
M. dei Buchiet-M..Strôm, des:dépôts de, cette nature..existent à une éléva- 

tionrde-plus-de 40e pieds;au-dessus de la mer, dans la, partie septentrio- 
nale de la Norwége. D’après M. de Buch, on voit ces couches coquillières 
sur l'ile de Luroe; sous, le;cercle-polaire même et à Tromsée, par 69° de 
latitude. 

»-On les retrouve.aussi au Spitzherg. D'après.M, le professeur Keïlhau , 
on‘trouve-dans le-Stans-Foreland (l’une des grandes iles dont.Ja réunion 
constituerle Spitzberg),; à! 9 milles, et, demide Ja mer et à 100 pieds au- 
-dessus derson niveau;un:banc d'argile alluviale renfermant des bivalves 
“et analogue à ceux deseôtes: de Norwége. 

» Sur desanille iles quibordent la côte sud du Spitzherg, on trouve à 
“uner hauteur [considérable des os de-baleine acccumulés. 

» D'après Pennant, la grève d’une ile basse:située à l'est du Spitzberg, 
presque à l’opposite de l’entrée du Waygat, serait forméed’une antique 
-concrétion:de sable , d'os de:baleine ,:de troncs d'arbres ou de-bois iflotté. 

»1Gependant ces:dépôts coquilliers ; si répandus sur les côtes du nord 
de Europe, ne s'y montrent pas invariablement, 

») D'après les données que M; le: professeur Nilsson a fournies à M. Lyell, 
-ebiquecce dernier a-consignées dans sondiscours à la Sogiété géologique 
de Eondres, en février 1837, auine:trouve pas:dans la -Scanie de-plages de 


( 560 ) 


coquilles analogues à celles dont il vient d’être question; on sait aussi que 
ce phénomène manque presque complétement dans la partie moyenne de 
l'Europe, ou ne s’y observe qu’à une très faible hauteur. 

» Les faits géologiques que je viens de rappeler ont souvent été rappro- 
chés du phénomène actuel de l'élévation graduelle de certaines parties de la 
Suède; mais rien ne prouve que la mise à sec des hautes plages coquilléres 
soit le résultat d’un phénomène lent et graduel; leur apparence générale 
semblerait, peut-être , plus en harmonie avec l’idée d’un phénomène subit. 
Ce point sera, au reste, pour l'expédition, un sujet de recherches inté- 
ressant. 

» Mais ce qui paraît déja certain, c'est que les sphères d'activité des denx 
phénomènes (le changement de niveau actuel et le changement ancien), sont 
trés différentes l’une de l’autre. M.de Buch, qui a toujours regardé les deux 
phénomènes comme très différents, a montré d’une manière péremptoire 
que le phénomène d’élévation de la Suède est étranger aux parties de 
la Norwége que recouvrent les couches coquillières dont il s’agit. On voit 
m'écrit-il, à Luroe, des pierres runiques placées sur ces couches à une élé- 
vation si peu considérable au-dessus de la mer, qu’il n’y aurait pas encore 
eu de fond pour placer ces pierres qui remontent à une haute antiquité, si la 
règle, pour la Suède, de quatre pieds d’élévation par siècle, était appli- 
cable à la Norwége. 

» À peine votre commissaire a-t-il besoin d'ajouter que tous les faits de 
ce genre et toutes les remarques relatives à cette question que l'expédition 
pourrait recueillir, seraient pour la science des acquisitions précieuses. 

» En outre, il serait important de posséder de bonnes collections de ces 
coquilles fossiles récentes répandues en tant de points de la surface de la 
Suede, de la Norwége, de la Laponie et du Spitzhberg, et en même temps 
des collections des coquilles qui vivent actuellement dans les mers les plus 
voisines, afin de pouvoir apprécier complétement le degré de ressemblance 
que présentent les unes et les autres, et les changements plus ou moins 
sensibles qui peuvent avoir eu lieu dans les mers, depuis que leur fossila- 
tion a eu lieu. 

» Une certaine anse du Spitzberg, nommée Baie des Coquilles, pour- 
rait peut-être fournir en coquilles fossiles ou vivantes, des objets utiles 
pour cette comparaison. 

» Il serait aussi très intéressant de trouver dans ces dépôts des osse- 
ments de quadrupèdes ou de cétacés qui n’y ont pas encore été signalés, 
excepté au Spitzberg ; lacune d'autant plus singulière, que les mers des 


( 561) 


contrées boréales inhabitées fourmillent d’un si grand nombre de baleines, 
de phoques, d'ours blancs et autres grands animaux , et que la Suède, la 
Norwége et la Laponie présentent un grand nombre de rennes, de loups, 
d'ours, de gloutons et autres quadrupèdes dont les ossements s’enseve- 
lissent certainement, de nos jours, dans les dépôts littoraux. 

» Parmi les dépôts modernes qui doivent être recommandés aux natura- 
listes de expédition, on ne doit pas oublier cette farine fossile composée 
principalement de carapaces siliceuses d’infusoires, souvent analogues à 
des espèces vivantes, que les Lapons ont quelquefois mélée à leurs aliments. 
On en a trouvé près d'Umea , à Degerford et en Finlande. Il serait inté- 
ressant de bien connaître le gisement de ce dépôt siliceux d’origine orga- 
nique, et de posséder des collections de toutes ses variétés et de tout ce 
qui l'accompagne. 

» La plupart des formations sédimentaires reconnues par les géologues dans 
le centre et le midi de l'Europe manquent dans la Scandinavie. 11 y a lieu 
de penser que pendant une grande partie des périodes tertiaires. et secon- 
daires, ce pays faisait partie d'une grande île ou d’une terre continentale ; 
les petits lambeaux de terrains secondaires qu’on y observe n’en sont que 
plus intéressants pour la géologie. Je citerai particulièrement, à cet égard, 
le lambeau de terrain jurassique que M. Hisinger, dans son excellente carte 
géologique de la Suède méridionale, figure dans le midi de l'ile de Gott- 
land. C’est un des points les plus septentrionaux où l’on ait réussi, quant à 
présent, à constater la présence de cette formation. M. Hisinger, dans son 
ouvrage intitulé Læthea suecica , cite, comme provenant de l’île de Gott- 
land, des fossiles qui ne permettent pas de douter qu’on n’y rencontre le 
lias, par exemple, la gryphæa arcuata , la lima gigantea et des vertèbres 
d’ichtiosaurus. | serait intéressant de posséder une collection des fossiles de 
ce dépôt, pour les comparer avec ceux enfouis à la même époque dans des 
climats plus méridionaux. 

» Je recommanderai aussi à MM. les naturalistes de l'expédition , le gîte 
de combustibles fossiles qui se trouve dans l'ile de Bornhom, et qu'on est 
porté à rapporter, comme celui de Brora, en Écosse, au terrain jurassique. 
Une suite des fossiles animaux et végétaux dont ce combustible est peut- 
être accompagné, présenterait de l'intérêt. 

» Mais , si les périodes tertiaire et secondaire ne sont représentées dans la 
Péninsule scandinave que par des lambeaux d’une petite épaisseur, on en est 
en quelque sorte dédommagé par le grand développement qu'y présentent 
les dépôts plus anciens qu’on appelle de transition. Les dépôts de cette 


( 562 ) 


période y couvrent des provinces entières, et s'y montrent lé plus son- 
vent en couches presque horizontales, aussi faciles à observer que les 
terrains jurassiques dé là France et de l'Angléterré. Ces terrains sort 
remplis de fossilés aussi nombreux que bien conservés! Îl sérait intéres- 
sant de posséder des originaux des figures remarquables, publiées par 
M. Hisinger dans sa Zæthea suecica. 1 le serait peütétre plus encore 
de posséder les fossiles des terrains de transition dé la Norwége. Jus- 
qu'ici on n’a pas encore publié de description spéciale dé ces derniers, 
pas même de ceux que renferment le schisté ét le calcaire de Chris- 
tiania. À Christianià même, me dit M. de Buch, en remontant l’Aggers- 
El, vers Aggërs-Kirke , on trouve beaucoup d’orthocères dans ce calcaire. 
La mine d’alun d'Opslo se sert de globules, d’ellipsoides calcaires dans le 
schiste, qui renferment chacun une pétrification ; mais la plus grande 
quantité de ces corps organisés sé trouve dans Præstegieldt (paroisse) 
dEger, entré Christiania et Kongsberg. Les endroits les plus connus 
sous ce rapport sont les métairies de Raae, de Soulhong et Saasen sur 
lès bords oécidentanx du lac de Fiskrenr, où lés'orthocères et les trilobites 
sont entassés par millions. Il serait à désirer qu'on remplit quelques 
caisses de ces productions : on aurait le loisir de les examiner à Paris. 

» Je n'ai Jimais enténdu dire, ajoute M. de Buch, qu’on ait trouvé dés 
corps organisés dans les schistes de Hedmärkeri ou du Hadelaneb ; il sérait 
d'autant plus intéressant d'y en découviir mêmé de faibles tracés. 

» Ces collections serviront à établir les relations qui existent sans doute 
entre les divers étages des térräins de transition de la presqu'île $candi- 
nave et ceux du pays de Galles que MM. Murchison et Sedgvick viennent 
dé diviser en deux grands systèmes, le système silurien et le $yrstèrie 
cambrien. 

» Maïs si les motifs que je viens de méntionner rendent désiräbles de 
bonnes collections de fossiles des parties méridionalés de la preésqu’ile 
Scandinäve , un intérêt plus grand encoré s'attache à ceux qu'on poufrait 
recueillir dans lès latitudes élevées que l'éxpédition doit parcourir. Des 
formations sédiméntaires qu'ün peut supposer analogues à celles du midi 
dé la Suèdé, couvrent en partie lé terrain compris entre Torneo et le Cap 
Nord ; la vallée de la rivière dé Tôfnéo, près de cette ville, ‘ét celle de 
l'Alten, près d’Altengaard , Sont ouvettes dans cés formations : mais ce 
qui surtout péut fairé présager des! découvertes du plus grand intérêt, 
c’est qu'ine partie du Spitzberg ét dés îles qui lavoisinent sont esral 
de terrains Stratifrés d'üné apparence aësez analogté. !  !" À 


[ 563 ) 


» A cette occasion, je rappellerai en peu de mots les détails que nous 
ont donnés, sur la constitution géologique du Spitzherg, plusieurs 
voyageurs instruits , tels que Pennant, lord Malgrave, et surtout le capi- 
taine Scoresby et M. le professeur Keilhau , de Christiania. 

» La partie occidentale du Spitzherg a pour noyau une chaîne de mon- 
tagnes élancées qui s'élèvent du sein des flots et des glaces à une hauteur 
considérable. Leurs , formes dentelées, auxquelles est dû sans doute 
le nom même de Spitzherg , annonce une crête de roches cristallines, ana- 
logue à celles des Alpes suisses et scandinaves. Leur aspect massif rap- 
pelle quelquefois le granite; ailleurs, elles sont stratifiées, maïs en cou- 
ches très inclinées ; elles commencent à la pointe méridionale par 76° 
de latitude. Ici ce sont des micaschistes et des quarzites en couches ver- 
ticales courant du N.-E au S.-O. Ces roches forment le pays montueux qui 
environne le korn Sound et le bell Sound, et elles se continuent encore 
plus au nord. Le horn Sound doit son nom à une montagne pointue for- 
mée de ces mêmes roches. Cette montagne, la plus haute de celles mesu- 
rées par le capitaine Scoresby en 1815, a, d’après lui, 4395 pieds an- 
glais (1339 mètres) de hauteur. 

» Des dépôts stratifiés plus modernes existent aussi dans ces parages , 
et ils paraitraient; comme dans la Suède méridionale, reposer en stratifi- 
cation discordante sur les anciennes roches cristallines. Le capitaine Sco- 
resby en cite un exemple curieux. On voit, dit-il, au fond de la baie du 
Roi (King's bay ), un très régulier et magnifique ouvrage de la nature : 
il se compose de trois piliers rocheux, d’une forme régulière , connus sous 
le nom des Trois Couronnes: Is reposent sur la crête d’autres monta- 
gnes. Chacun d’eux commence par une table ou couche horizontale de 
rocher; sur celle-ci:son:en voit une autre d’une forme et d’une hauteur 
pareilles , mais d’une aire moins étendue. Ceci se continue par une troi- 
sième, une quatrième couche,;et ainsi de suite, chacun des strates sui- 
vants étant plus petit que celui sur lequel il repose, jusqu’à ce que le 
tout forme une pyramide en gradins, aussi régulière que si elle avait été 
faite par l’art.  : | 

» Le capitaine Scoresby cite de beau marbre dans cette même baie du 
Roi, et le nom de Kalk bay, donné à une des anses de la côte, peut faire pré- 
sumer qu'il y existe des couches calcaires. Des calcaires, des grès et même 
des gypses , ont été indiqués au pied des montagnes, dans les baies ou 
fiords qui découpent la côte, et dans les îles qui la bordent. On y a trouvé 
aussi dés dépôts charbonneux d’une médiocre qualité, qui s'étendent 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T. V1, N° 47.) 7 


( 564 ) 


jusqu’à 79° de latitude, et que l’on peut atteindre très facilement. En 1826, 
on a exporté 60 tonnes de combustible fossile du Es Sund , situé sous le 
78° degré. On a donné à ce combustible le nom de cannel-coal, qui 
semble indiquer que son aspect rappelle celui d’un des combustibles du 
terrain houiller. 

» Les diverses localités que je viens de citer sont situées sur la côte 
occidentale, qui est la plus souvent visitée, mais qui, suivant toute appa- 
rence, n'est pas la plus riche en dépôts sédimentaires, car elle est formée 
en partie par la chaine des roches cristallines dont j'ai parlé d’abord, 
tandis qu’en ayançant vers l’est, le pays s’abaisse et devient plus plat. 

» La partie S.-E. du Spitzberg est formée par une grande île détachée 
nommée Stans-Foreland. D'après M. le professeur Keïlhau, la côte occi- 
dentale de cette île présente, entre 77° et 78° de latitude, une roche 
trappéenne granulaire, surmontée par des assises alternatives de grès fin, 
de marne schisteuse arénacée, de calcaire siliceux compacte et de trapp. 
Ce mème terrain paraît s'étendre jusqu’à 80° de latitude, et il domine 
probablement dans la plus grande partie du Spitzberg oriental. 

» D'après les observations du même savant, le Cherry, ou ile aux 
Ours , située entre la côte de la Laponie et le Spitzhberg, est formée en 
entier de grès secondaire et de calcaire coquillier horizontal. Ce grès con- 
tent un lit charbonneux de 2 à 4 pieds d'épaisseur. 

» D'après le capitaine Scoresby, on a trouvé dans cette même île, du 
minerai de plomb en filons à la surface du sol , des échantillons d’argent 
vatif, et du charbon de bonne qualité. 

» Il serait très intéressant d’avoir une bonne collection de la formation 
qui compose cette île, et qui peut-être n’est qu’un anneau intermédiaire 
qui lie la formation sédimentaire du Stans-Foreland à celle des environs 
d’Alten, en Laponie. 

» Combien ne serait-il pas curieux de trouver des madrépores dans les 
calcaires de l'ile Cherry et du Spitzberg; de trouver des troncs d’équise- 
tacés et de fougères arborescentes dans le toit ou le mur des couches de 
combustibles de ces pays glacés. Les découvertes faites à l’le Melville et 
de Ingloolick, par l'expédition du capitaine Parry, rendent cette décou- 
verte probable sans diminuer l'intérêt qui s’y attacherait. Prouver par des 
faits nombreux que des récifs de madrépores ont pu exister jadis à dix ou 
quinze degrés du pôle, que des fougères arborescentes ont pu vivre et se 
propager sur un horizon d’où le soleil est absent plusieurs mois de l'an- 
aée, serait le complément et en quelque sorte la clé de la voûte d’une 


(565 ) 


des classes lès plus intéressantes des faits géologiques , d’une de celles qui 
prouvent le mieux que depuis l’origine des choses la surface de notre 
globe a éprouvé d'immenses changements. 

» Dans un ordre d'idées moins élevé, certains dépôts de bois qui sui- 
vant quelques indications se trouveraient sur les côtes du Spitzherg, pré- 
senteraient aussi de l'intérêt; peut-être fourniraient-ils la preuve que le 
Gulf-stream, qui amène si souvent les productions du Mexique sur les 
côtes des îles Britanniques, de la Norwége, de lIslande, et même de la 
Sibérie, les jette aussi sur celles du Spitzherg. Comme motif de re- 
cherches à cet égard, je citerai le nom même de la baie au bois, qui 
s'ouvre au milieu des anfractuosités de la côte septentrionale du Spitzberg, 
entre 79 et 80° latitude boréale, dans une contrée où croissent à peine 
quelques plantes annuelles d’un pied de hauteur. 

» Peut-être aussi trouvera-t-on au Spitzberg le surturbrand ou lignite 
de l'Islande. 

» Ces deux phénomenes et surtout le premier n’ont du reste rien de 
commun avec les polypiers et les plantes tropicales dont le gisement annon- 
cerait, comme je l'ai dit tout à l'heure, qu'elles ont crü dans le pays même. 

» Parmi les phénomènes géologiques que présente le nord de l’Europe, 
un des plus grands, des plus curieux, des plus importants pour les ques- 
tions générales que la géologie se pose à elle-même et dont elle cherche 
souvent long-temps la véritable solution, est le phénomène connu sous 
le nom de diluvium scandinave. On sait que depuis les côtes du Northum- 
berland jusqu'aux environs de Moskou, les plaines de l'Angleterre, des 
Pays-Bas, du Danemark, du nord de l'Allemagne, de la Pologne et de la 
Russie sont couvertes d’un nombre immense de blocs souvent d’une gros- 
seur prodigieuse de roches diverses, dont les analogues n'existent qu'au- 
dela de la mer Baltique, et qui doivent avoir été transportés depuis les 
montagnes du Nord jusqu’à leur gîte actuel, par des causes dont la déter- 
mination précise est un des plus beaux problèmes de la géologie. 

» Tous les blocs, tous les graviers, tous les sables mis en mouvement par 
cette cause problématique ne sont pas arrivés au terme que je viens d’indi- 
quer. La Suède en est couverte, et les traces que le phénomène y a laissées 
ont été depuis long-temps l’objet de beaucoup d'observations que notre 
confrère M. Brongniart a lui-même en partie vérifiées et qu'il a résumées 
dans un Mémoire lu à la Société Philomatique, le 12 avril 1828 (1). Depuis 


(1) Voyez Annales des Sciences naturelles , t. XIV, p. 5. 
res 


( 566 ) 


lors les observations ont continué; M. Sefstroem s’en est particulièrement 
occupé dans ces derniers temps, et les aperçus auxquels il a été conduit 
se trouvent consignés dans une lettre de M. Berzélius à M. Dumont 
d'Urville, insérée dans le Compte rendu de nos séances au mois d'août 
dernier (1). 

» Des traces de ce phénomène existent aussi en Norwége, et M. Eugène 
Robert, dans le voyage qu'il a fait l'été dernier, en a lui-même reconnu 
les traces dans le voisinage de Christiania. Toutefois on connaît jusqu'ici 
beaucoup moins de traces du phénomène diluvien en Norwége et en 
Laponie qu'en Suède même. 1] sera important de s'assurer si les maté- 
riaux de transport y forment aussi de ces longues traînées en forme de 
digues dirigées du N.-N.-E. au S.-S-O., désignées en suédois sous le nom 
d'ôse ou de sundosar , et s'ils s'étendent toujours sur la surface des fahluns 
ou argile coquillière dont j'ai parlé précédemment. 

» Une des plus curieuses circonstances qui se rapportent au phénomène 
dont nous parlons, sont les sillons polis tracés sur la surface des ro- 
chers que Saussure , en parlant des grandes débâcles dont il reconnaissait les 
traces dans les Alpes, a désignés comme les ornières dues au passage des 
blocs transportés, et sur lesquels les observations faites récemment par 
M. Agassiz, aux environs de Neufchâtel, ont contribué à fixer de nou- 
veau l'attention {2). Un savant francais bien connu de l’Académie, M. le 
comte Charles de Lasteyrie, ancien compagnon de voyage de Dolomieu, en 
voyageant lui-même en Suède au commencement de ce siècle, y reconnut de 
pareils sillons, et quelque temps après, l’un des plus illustres géologues de 
l’école écossaise, sir James Hall, en signala d’analogues sur les collines dites 
Corstorphine hills, à une demi-lieue à l’ouest d'Édimbourg. MM. Buckland 
et Sedgwick, en ont aussi reconnu dans d’autres parties de la Grande- 
Bretagne; M. Brongniart, dans son voyage en Suède, a vérifié avec 
M. Berzélius la réalité de ces apparences. 

» Nous avons vu, dit-il dans le mémoire déjà cité (3), notre célèbre et 
savant compagnon de voyage M. Berzélius, ne vouloir admettre l’existence 
constante de ces sillons, que quand, frappé de leur abondance et de leur 


(1) Comptes rendus, t. V, p. 341, séance du 28 août 1837. 

(2) Lettre de M. Agassiz à l’Académie des Sciences. Compte rendu, 1. NV, pag. 506. 
(Séance du 2 octobre 1837.) 

(3) Ad. Brongniart. Notice sur les blocs de roches des terrains de transport en Suède. 
(Annales des Sciences naturelles, 1. XIV, p. 19.) 


( 567 ) 


netteté vers la descente d'Hogdal, il ne put se refuser à l'évidence d'un 
phénomène aussi remarquable: sut | 

. » Depuis lors, ce phénomène n’a, pas cessé d’être étudié ; l'Académie à 
déjà pu en juger par la lettre déjà citée de M. Berzélius à à M. Dumont d'Ur- 
ville; et je rapporterai, en outre, à cette occasion, l'extrait suivant d'une 
lettre que M. Berzélius a bien veut me faire l’honneur de m ‘adresser à moi- 
même, le 8 novembre dernier, par l'entremise de M: Eugène Robert. 

« Je joins à cette lettre, dit M. Berzélius, une pierre tirée de la surface 
» des montagnes nee d ‘Élfdalen en Dalekarlie » qui porte des mar- 
» ques d’une révolution géologique dont mon, compatriote M.Sefstrôem, a 
» étudié les vestiges sur nos montagnes, et qui. me paraît, mériter l'atten- 
» tion des Lédtèjagés Vous ayez sans doute pris, connaissance d’une lettre 
» qu’à la demande de M. Sefstrôem, j'ai adressée à M. Dumont d’Urville , et 
» que M. Arago m'a fait l'honneur de lire à l'Académie. des Sciences; j'en 
» ai même vu un extrait dans un journal français. Dans cette supposition, 
» Je ne parlerai pas à présent des idées de M. Sefstrôem. 

» Quant à l'échantillon ci-joint, il était destiné à accompagner la lettre à 
» M. Dumont d’Urville, chose impossible vu que la lettre parte par la 
» poste aux lettres. Vous y remarquerez qu'il paraît être passé à l’émeri, à 
» direction rectiligne constante. Toutes nos montagnes ont le côté nord- 
» est ainsi usé avec des raies parallèles, rectilignes dans- la direction du 
» nord-est au sud-ouest, lesquelles, sur le granite, sont souvent beau- 
» coup plus profondes et larges que sur cette pierre plus résistante. Le 
» côté sud-ouest, au contraire, conserve encore les angulosités produites 
» lors de leur soulèvement. 

» M. Sefstroem explique ce phénomène par une courant d’eau et de 
» de pierres roulantes dont ce courant à laissé, au moins chez nous, des 
» restes énormes de pierres roulées. Le mémoire de M. Sefstroem, présenté 
» à l’Académie (de Stockholm) il y a déjà deux ans, va paraître incessam- 
» ment et sera probablement reproduit dans les Annales de Poggendorff. 
» Les gravures, un peu difficiles à exécuter, qui l’accompagnent, ont été la 
» cause du retard de sa publication. » 

». J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie le fragment de 
porphyre poli d’Elfdalen, mentionné dans la lettre de M. Berzélius, et 
jy joins, comme terme de comparaison, un fragment de calcaire ju- 
rassique également poli, détaché d’une surface polie très étendue, que 
M. Agassiz m'a fait observer au mois de juillet dernier, à Landeron, près 
du lac de Neufchätel. 


( 568 ) 


» I me paraîtrait désirable que MM. leS naturalistes de l'expédition 
rapportassent des échantillons aussi grands que possible de ceS roches 
polies de la Suède, car on en prend uné idée beaucoup plus juste sur de 
grands échantillons. Ayant à leur disposition un bâtiment de l'État, ils au- 
ront à cet égard des facilités qui peut-êtré né se reproduiront pas d'ici à 
long-temps. El 

» Beaucoup de géologues ont pensé que des glaces agissant comme ra- 
déaux , où de telle où telle autre manièté', ont joué un rôle important dans 
le transport des blocs erratiqués. L'expédition devant visiter le Spitzberg , 
où se présentent de magnifiques glaciers, aura peut-être l'occasion de faire 
à cet égard d’utiles observations. 

» Les montagnes du Spitzberg sont couvertes de neiges éternelles dans 
une grande partie de leur étendue , et de vastes glaciers en descendent 
un grand nombre jusqu’à la mer. 

» Les vallées de ce pays, dit lord Mulgrave, comblées d’une glace éter- 
nelle, sont totalement inaccessibles, et ne se distinguent que par les in- 
tervalles qu’elles déterminent entre les cimes des montagnes, ou bien par 
les glacièrs qui marquent les endroits où elles viennent se terminer à la 
mer. 

» Une des choses les plus remarquables que l'on puisse voir au Spitz- 
berg, dit le capitaine Scoresby, sont les montagnes de glace (Æis berg). 

» La situation la plus favorable pour la formation de montagnes de gla ce 
se trouve là où une crête court parallèlement à la côte; et c’est précisé- 
ment une situation pareille qui, un peu au nord de l'ile Charles , a favorisé 
l'accumulation de ces prodigieux amas de glaces, connus sous le nom des 
sept montagnes de glace. Chacune de ces masses occupe une vallée pro- 
fonde, qui s’'avancé du côté de la mer, et est formée par des montagnes 
d'environ 2000 pieds de hauteur , et terminée dans l'intérieur de Pile par 
la grande chaîne dont la hauteur atteint 3000 à 3500 pieds, et qui suit 
la direction du littoral. Ces montagnes de glace sont absolument de la 
nature et de l'apparence des glaciers de la Suisse. 

» Chacune des sept montagnes de glace, dit encore le capitaine Sco- 
resby, a à péu près un mille dé diamètre et peut-être 200 pieds de haut 
du côté du rivage de la mer; mais quelques-unes de celles qui se trouvent 
vers le sud sont de beaucoup plus grandes. La plus grande que j'aie vue 
est située un peu vérs le nord de Horn-Sund; elle occupe 11 milles de 
longueur sur la côte de la mer. 

» Le front des Æis berg, dit lord Mulgrave , a la couleur de l'émeraude, 


( 569 ) 

Des, cataractes de neige fondue Sespnécipitent -du sommet en différents 
endroits, et de noires montagnes pyramidales rayÿées dé:blanc', bordent les 
côtes et s'élèvent roc sur roc et/éime sur cime ; aussi loin: que. l'œil peut 
atteindre dans le fond de la Perspective. Parfois, d'immenses fragments 
de glace se: brisent |ét.tombent dans l’eaujcavec'!le fracas le plus terrible : 
une pièce d’une de! ces masses! d’un-yert brillant, étant ainsi tombée, et 
s'étant /assise.sur un fondde 24 brasses,; elle s'élevait encore de 50 pieds 
au-dessus de, l’ean..De pareils glaciers sont fréquents dans toutes les ré- 
gions arctiques, et c’est à leur écroulement que sont dues, ces montagnes 
de glace solide qui hérissent:les mers de.ces Pärages, 

» Ges (glaciers, analogues à ceux des Alpes; devant être, comme eux, 
couverts de quartiers.de rocher! éboulés..des montagnes adjacentes, :on 
conçoit que.les îles. de: glace qui s’en détachent doivent quelquefois char- 
rier ces blocs de rocher sur'la surface de l'Océan , et donner lieu à des 
phénomènes de transport: dont l'observation Pourrait fournir. des termes 
de comparaison intéressants Pour une partie de la théorie du phénomène 
des blogs erratiques. 

» Mais indépendamment de. ces phénomènes journaliers ; on peut. aussi 
se demander si quelque grande éruption volcanique; survenue pres du pôle 
n'aurait pas pu mettre.en mouvement lés-glaces polaires chargées de quar- 
tiers de rocher, et produire ainsi tout. d'un Coup, une grande .émission 
de blocs erratiques. La possibilité physique de phénomènes, de ce genre 
doit faire attacher une importance particulière:à toutes les roches d'origine 
éruptive observées dans la zoné glaciale. Le Spitzberg n’en est pas ‘exempt. 
J'ai déjà cité les roches tfappéennes observées par M, le professeur Keilhau 
dans le Stansforeland > il,en existe aussi-en d’autres points. jee, 

». A l'est du Spitzberg, dit Penmant ; se trouve une autre ile très basse, 
presque à l'opposite de l'entrée du Waÿgat. Elle. est remarquable, ajoute- 
t-il, pour n’être qu’une portion de la chaîne de basalte qui se montre .en 
mille -endroits dans, l'hémisphère Septentrional; Cest, ajoute:t-il encore, 
une espèce :de' marbre, du grain le.plus fin; d'un noir foncé et lustré 
comme l'acier,poli, jamais.ne-reposant en couches dans. la terre, mais 
élevé débout.en colonnes: à angles. réguliers, composées, de nombre de 
portions placées l'une sur l’autre avec tantide. justesse, qu’on les dirait 
formées par|la main d'unobabile architecte. Jei lés -colonnes sont de 18 
à 30 pouces, de diamètre, la; Plupart hexagones et, formant un superbe 
pavé ou parquet de.marbre: 2 ;: :,, [Ov se swaolens 916761 ot 

» L:y:al:;sûivant toùte ‘apparence, des:trapps dw desbasaltes; et; d’a- 


(570 ) 
près quelques indications du’capitaine Scoresby, on ponrrait encore être 
tenté de se deriander si l'ile Moffenet l'ile Basse situées au nord du Spitz- 
berg , à plus de 80° de latitude, ne seraient pas formées de matières vol- 
caniques. el 7119996194 ), DO 9 

» Mais tous cés foyers d'éruption paraissent aujourd’huiéteints, et c'est 
dans l'ile de: Jean Mayen, située pary1° de latitude: boréale qu’on! peut 
observer le volcan le plus voisin du'pôle. Nous sera-t-il permis d’expri- 
mer le vœu que lexpédition mu cette ile remarquable dans le 
cercle de ses travaux. 

» D'après le capitaine Scoresby; l'ile de Jean Mayen est très allongée du 
S.-O. au N.-E. Sa longueur est de dix lieues; elle s’élargit à son extré- 
mité N:-E., qui présente la forme d'un losange dont chaque côté a envi- 
ron trois lieues. Cet espace: forme la base de la: montagne remarquable 
nommée le Beerenberg (montagne aux! ours). La partie S:0.:de Pile ést 
jointe à la partie N.-0. parun ithsme étroit, et est: elle-même très allongée, 
et sa largeur varie d’un à cinq milles. 

» L'objet qui frappe surtout les yeux quand on approche de l’île est le 
pic élancé du Beerenberg, qui s'élève àune hauteur de 6870 pieds anglais 
(2094 mètres) au-dessus de la mer: Il semble posé sur une base qui elle- 
même est montagneuse et s'élève à une ‘hauteur moyenne de 1500 pieds 
(457 mètres), mais qui n’est pas sans échañcrures: | 

» A la partie la plus étroite de l'ile se trouve la baie ou bois (Æout-Bay). 
Cette dénomination lui a été donnée à cause de la grande quantité de mor- 
ceaux de bois pourri qu’on y trouve. Ces bois ,' soit flottés’, soit fossilles, 
donneront lieu aux mêmes questions qu'au Spitzberg (voir plus haut). 

» Cette baie est, sur le côté oriental de File, précisément en face de la! 
grande baie anglaise, On y trouve de petités montagnes qu’on peut fran- 
chir facilement et passer ainsi de l’une à l’autre baie, de la côte occiden- 
tale à la côte orientale. 

» Le capitaine Scoresby, ayant mis pied à terre dans ces parages, re- 
marqua des indices d’éruptions volcaniques. On voyait, dit-il, à chaque 
pas des fragments de lave; il cite aussi des rochers de trapp et de ba- 
salte celluleuxlavec cristaux de pyroxène, des cendres; dés scories, des laves 
vassiculaires, des argiles brülées! 9272 out ie si CLS IUE 

» Une colline haute de 1500 pieds (457 mètres), sur laquelle il monta, 
lui présenta un‘beau cratère circulairerde 5 à 600 pieds de profondeur. 

» Un autre cratère analogue se voyait au S.-O:1du premier. 

» L'aspect de toute la contrée annonçait l'action ‘des feux souterrains. 


(Er ) 

» À quelque distance de là, près de grandes fissures qui çà et là se 
montraient dans le rocher, on voyait d'immenses accumulations de laves 
qui semblaient avoir été jetées de ces fissures. 

» À la fin d'août 1818, dit encore le capitaine Scoresby, nous, vimes 
avec surprise, près du mont Esk, des jets considérables de fumée, qui 
sortalent de la terre à des intervalles de. 3 à 4 minutes. Cette fumée. était 
projetée avec une grande vélocité, et s'élevait jusqu'à 4000 pieds (1219°). 

» Cette éruption et les traces d’éruptions anciennes remarquées par le 
capitaine Scoresby, pourraient bien, comme celles qui ont lieu quelque - 
fois à peu de distance de la mer, près de Naples ou de Catane, n'être que 
des éruptions latérales d’un volcan principal, qui serait, suivant toute 
apparence, le Beeremberg lui-même. 

» Cest ce qu'on pourrait constater par un examen attentif de la struc- 
ture de l'ile entière, et particulièrement de sa partie septentrionale. 

» Il est vraisemblable que les neiges.et les glaciers, qui ne sont pas 
moins remarquables dans l’île de Jean Mayen qu’au Spitzberg, ne per- 
mettent pas de monter sur cette montagne, mais peut-être pourra-t-on 
explorer celles qui se groupent autour de sa base, et pénétrer dans les 
crevasses qu’elles présentent. Il sera tout au moins possible de dessiner 
sous divers aspects ce pic remarquable, dont Ja structure n’est peut-être 
pas sans quelques rapports avec celle du pic de Ténériffe. Il serait fort 
intéressant aussi de recueillir des collections des productions volcaniques 
que renferme l'ile, et des autres roches qui peuvent s’y montrer. 

» L'intérêt qui s’attacherait à ces recherches pourrait être d'autant plus 
grand que l'ile de Jean Mayen se trouve dans le prolongement de la bande 
volcanique qui traverse l'Islande, et qui a déjà été l’objet des explorations 
de plusieurs, des naturalistes de la présente expédition. 

» L'exploration de l'ile de Jean Mayen terminerait d’une manière) bril- 
Jante le périple de l'Océan Atlantique boréal ; poursuivi avec tant de per: 
sévérance par MM, Gaymard et Robert.» 


C.R. 1838, 18 Semestre. (T. VI, N° 47.) 78 


( 572 ) 
MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 


MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur une explosion survenue dans une ma- 
chine ‘à vapeur à basse pression; suivi de quelques considérations 
sur les rondelles fusibles ; par M: Lxvartois, ingénieur en chef des 
mines. 01! 


— Bapport fait à M. le Directeur des Ponts-et-Chaussées sur ce 
Mémoire, par la Commission des Machines à vapeur. 


Ces deux pièces sont: transmises |par M: le Ministre Des TRAVAUX PU- 
BLICS , DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE, comme documents pour servir 
æux travaux de la Commission chargée par l’Académie de faire un rapport 
sur la’question des rondelles fusibles ; et'en général sur les moyens pro- 
pres à prévenir l'explosion des machines à vapeur. 


200L0G1E. — Mémoire sur les Crisies , les Hornères et plusieurs autres Po- 
lypes. vivants ou fossiles, dont l'organisation est analogue à celle des 
Tubulipores:; par M. Mnxe Enwarps. 


( Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Flourens.) 


L'auteur résume dans les termes suivants les principaux résultats de 
son travail: 

«... D’après les observations rapportées dans ce Mémoire, on voit que 
le mode d'organisation que j'ai fait connaître chez les Tubulipores se re- 
trouve chez un grand nombre d’autres Polypes qui, à raison de laspect 
général du Polypier,; sembleraient devoir ‘appartenir à des types tout-à- 
fait distincts et qui, en effet, ont'été jusqu'ici éloignés dé ces zoophytes 
par tous les naturalistes, et dispersés dans dés familles où même ‘dans 
des sous-classes différentes. Ainsi Lamarck, quia formé des T'ubulipores 
un genre particulier, en a éloigné les Hornères , les Crisies , etc., pour 
réunir les premiers aux Rétépores et les seconds aux Cellaires.Cuvier a suivi 
une marche à peu près semblable; et dans le système de Lamouroux , les 
Tubulipores prennent place dans l’ordre des Celléporées , les Crisies 
dans l'ordre des Cellariées, et les Bérénices dans l’ordre des Flustrées, 
tandis que les Æornères et les Zdmonées se trouvent reléguées dans l’ordre 
des Milleporées , qui fait partie d’une classe différente; enfin M. de Blain- 
ville, dont la méthode est en général bien plus naturelle que toutes 


(578) 

les classifications dont je viens de parler, range les Tubulipores et les 
Hornères dans deux familles différentes de sa sous-classe des Polypiaires 
Pierreux , et place les Bérénices'et les Crisies dans deux familles séparées 
d’une autre sous-classe. Cependant, si l’on considère anatomiquement 
un polype du genre Crisie, on y retrouve, à des nuances près, la 
même structure que chez les Tubulipores ; et'tous les caractères essentiels 
tirés de la conformation individuelle des Idmonées ; des Hornères, des 
Bérénices , etc., se rencontrent également soit chez les Tubulipores , 
soit chez les Crisies. | 

» Or, une classification naturelle n’est autre éhose qu’un résumé des 
modifications plus où moins importantes observées dans le mode de 
structure des animaux, et une sorte de représentation des degrés divers 
de ressemblance et de dissemblance que ces êtres offrent entre eux. Par 
conséquent , il me semble de toute évidence que les différents genres que 
nous avons trouvés si analogues sous le rapport de la structnre anato- 
mique, ne doivent plus étre dispersés comme par le passé , et doivent être 
réunis dans une seule et même famille dont le type nous est fourni par 
les Tubulipores. 

» Ce groupe se distingue nettement de la famille des Eschariens par 
l'absence de l'appareil Operculaire, si remarquable chez ces derniers , et 
par plusieurs autres caractères dont l'énumération trouvera mieux sa 
place ailleurs ; il est également bien séparé de la famille des l’ésicula- 
riens, et Semble établir le passage de l'une à l’autre. Du reste, les 7Tubu- 
lipores, les Bérénices, les Mésentéripores, les Tdmonées, les Hornères, les 
Crisies, les Crisidies ét les Alectos, ne sont pas les seuls Polypes tuni- 
ciens qui doivent ÿ être rangés ; il est probable que les Diastopores, les 
Spiropores, les Phéruses, etc., ÿ appartiennent aussi, ‘et qu'il faudra y 
placer également les Frondipores, les Fasciculaïres, etc., opinion que je 
me propose de discuter dans un autre mémoire. 

» Quant aux différences de quelque importance que présentent entre eux 
les divers Tubuliporiens, dont nous venons de nous occuper, elles 
dépendent essentiellement ‘de la manière dont naissent les bourgeons 
reproducteurs, et dont les jeunes polypes se soudent entre eux, cir- 
constances d’où dépend le mode de groupement de divers individus réunis 
dan$ un polypier commun; aussi est-ce ce mode de groupement qui four- 
nit d'ordinaire les meilleurs caractères pour l'établissement des divisions 
génériques: 

» Ainsi, lorsque la série d'individus provenant d’une suite de généra- 
78... 


4 


( 574 ) 


tions ne se soude pas avec les séries voisines, et que tous les individus dont 
elle se compose sont dirigés dans le même sens, il en résulte des Crisidies 
ou des Alectos, suivant que ces séries sont rampantes et encroûtantes , 
comme chez ces derniers, ou bien dressées, et maintenues dans une posi- 
tion verticale à l’aide de fibrilles radicellaires, comme chez les premiers. 

» Lorsque les divers individus d’une même lignée restent également 
distincis de ceux appartenant à des séries collatérales, mais naissent ados- 
sés les uns aux autres, et se dirigent par conséquent alternativement en 
sens opposé, ces Polypes présentent les caractères distinctifs des Crisies. 

» Lorsque ces séries collatérales, au lieu de rester isolées, se soudent 
entre elles, ét qu'un même individu ne donne que rarement naissance par 
bourgeons à deux jeunes, ces Polypes sont groupés en faisceaux allongés 
et constituent les Pustulopores, les Hornères et les Zdmonées, suivant que 
les divers individus ainsi agrégés sont disposés circulairement dans tous 
les sens, ou bien tournés tous du même côté, et alors disposés 1rrégu- 
lièrement, ou par demi-rangées transversales alternes. 

» Enfin, les Tubuliporiens, dont les lignées se dichotomisent tres fré- 
quemment et se soudent entre elles dans tous leurs points de contact, 
constituent des expansions lamelleuses et se subdivisent en Mésentéri- 
pores, en Bérénices et en Tubulipores, suivant que ces expansions sont 
composées d'individus adossés sur deux plans opposés, comme chez les 
Mésentéripores, ou bien d'individus dirigés dans le même sens et s'ou- 
vrant sur une même surface du Polypier, soit qu’ils restent soudés entre 
eux jusque auprès de l'ouverture de leur cellule tégumentaire,comme chez 
les Bérénices; soit qu'ils deviennent libres dans une étendue considé- 
rable, et hérissent ainsi de tubes isolés la surface du Polypier, comme 
chez les Tubulipores. » 

Ce Mémoire est accompagné d’un atlas de 19 planches. 


M. PAyen adresse une note additionnelle à son Mémoire sur l'état de la 
fécule dans les pommes de terre gelées et sur les moyens de l'utiliser. 
(Commissaires, MM. Dumas, Dutrochet, Turpin.) 
M. Tmgauzr adresse une figure de sa nouvelle échelle à incendies, et 


demande que cet appareil soit admis à concourir pour le prix Montyon 
concernant les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. 


(Renvoi à la Commission chargée de l'examen des pièces adressées pour 
ce Concours.) 


(575 ) 


CORRESPONDANCE. 


M. ze MinisTRE DU COMMERCE , DE L'AGRICULTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS 
adresse une collection des réglements sanitaires qui régissent actuelle- 
ment ou qui ont régi à diverses époques les lazarets de France; pièces 
qui lui avaient été demandées pour là Commissiôn des prix de Médecine 
et Chirurgie, fondation Montyon. 


M. LE DirECrEUR pes DOUANES adresse un exemplaire dela première partie 
du Tableau décennal du commerce de la France avec ses colonies et les 
puissances étrangères (1827 — 1836), et annonce l'envoi prochain de la 
deuxième partie de cet ouvrage, qui est publié par l'administration des 
Douanes. 


PHys1oLOGre.—Sur l'importance de l’hydro-chlorate de soude dans le régime 
alimentaire. —Lettre de M. BarBier, d'Amiens. 


L'auteur, à Foccasion des instructions que l'Académie prépare en ce mo- 
ment pour divers voyages, demande que l’on comprenne dans le nom- 
bre des questions proposées, celle qui a rapport à l’usage du sel marin 
dans le régime alimentaire des différentes nations. « [| me paraît intéressant, 
dit-il, de rechércher s’il existe entre les peuples de divers climats, des dif- 
férences notables, par rapport à la quantité de sel qu’ils prennent, et si 
l’on peut attribuér à l’usage inégal de cette substance , des variations dans 
la complexion de ces peuples, dans leurs habitudes, dans leur longévité , 
dans la nature de léurs. maladies. 

« J'ai désiré consaître, ajoute M. Barbier, quelle était la quantité de sel 
que consommait par jour un homme dans notre pays; j'ai trouvé qu'elle 
variait de trois gros à une /once. » 


M. Juxon dépose un paquet cacheté relatif à des modifications apportées 
à ses appareils pneumatiques. 


A: 5’ heures moins un quart l'Académie se forine en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. 


( 576 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, 1°" semestre 1838, n° 16, in-4°. 

Notions de Philosophie naturelle, précédées d'une introduction dans lu- 
quelle Napoléon adolescent est approuvé d'avoir contesté aux découvertes 
de Newton un caractère absolu d'universalité; par M. Grorrroy Sainr- 
Hicume; 1 vol. in-8°. 

Histoire des Sciences mathématiques en Italie depuis la renaissance des 
lettres jusqu’à la fin du 17° siècle; par M. Lisnr; 1° et 2° vol. in-8°. 

Peyssonnel et Desfontaines. — Leurs Voyages dans les régences de 
Tunis et d'Alger; publiés par M. Doreau De La Marre; 2 vol. in-8°. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 8, novembre 1837, in-8°. 

Tableau décennal du commerce de la France avec ses Colonies et les 
puissances étrangères; publié par l'administration des Douanes; 1827 
—1836, 1° partie, in-fol. 

Guide pittoresque du voyageur en France par une Société de gens de 
lettres; Paris, 6 vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de 
Statistique.) 

Voyage en Islande et au Groënland ; 9° livraison in-fol. 

Voyage en Islande et au Groënland exécuté pendant les années 1836 
et 1837 sur la corvette la Recherche, commandée par M. TRÉHOUART ; pu- 
blié par ordre du Roi, sous la direction de M. Paur Garmarn.— Histoire 
du voyage; par M. GarmarD; tome 1*, 1"° partie, in-8°. 

Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. A. D'Ormeny, 33° livrai- 
son in-4°. 

Traité de Physiologie comparée de l'homme et des animaux; par 
M. A. Ducis; tome 1°, Montpellier, in-8. 

Traité complet d’Arithmétique théorique des négociants; par MM. Wanr- 
EL et J. GARNIER; Paris, 1838, in-8°. 

Fragments des poèmes de M.-T. Cicéron, traduction nouvelle; par 
M. Azasson DE GRANDSAGNE; in-8°. 


Notice sur un aveugle, sourd et muet; par M. HenrY ; Perpignan, 1838, 
in-8°. 


(577) 

Recueil de la Société Polytechnique ; mars 1838, in-8°. 

Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de 
Saint-Étienne; 14° année , 6° livraison de 1837, in-8°. 

Actes de la Société linnéenne de Bordeaux; iome 9, 6° livraison, et 
tome 10, 1° livraison, in-8°. 

Proposition faite à la Société libre d'émulation de Rouen, dans sa 
séance du 1* décembre 1837, concernant la réformation de la loi du 
7 germival, an xr1, sur la fabrication et la vérification des monnaies ; par 
M. Jouannin, in-8°. 

On the treatment... Sur le traitement de la Cataracte , sans opération , 
à l'Hôpital royal ophthalmique de Moorfields, sous les auspices de 
M. Tyrrer, chirurgien et de MM. Macuurno et DarrymPze, chirurgiens 
adjoints; par M. L.-F. Gonprer; Londres, in-8°. 

The magazine.... Magasin d'Histoire naturelle; nouvelle série, n° 16, 
avril 1838, in-8°. 

The quaterly.... Journal trimestriel d'Agriculture, Mémoires couronnés 
et Transactions de la Société d'Agriculture d'Écosse. (The Highland and 
agricultural Society of Scotland); n° 38, septembre 1837, in-8°. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 7° année, 
tome 14, 7° et 8° livraison in-8°. 

Répertoire de Chimie scientifique et Industrielle ; tome 3, n° 3, mars 
1838, in-8°. 

Revue critique des livres nouveaux ; rédigée par M. Joez Caersuiez ; 
6° année, n° 4, in-8°. 

Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; 24° année, n° 4, 
in-8°. 

Bulletin de la Société royale de Médecine; tome 2, n° 13. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 16, in-4°. 

Gazette des Hpitaux ; tome 12, n° 46 — 48, in-4°. 

Echo du Monde savant ; 5° année, n° 16. 

La Phrénologie, 2° année, n° 2, in-4°. 

L'Expérience, Journal de Médecine , n° 34, in-8°. 


CT en 
IVations de Philoephia nauthevi) 
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DETL éf, 


Hdiinéos à 


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COMPTE RENDÜ 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 50 AVRIL 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. —Sur la constitution comparée de l'atmosphère, sous 
le parallèle de Paris et à l'équateur ; par M. Bior. 


« Dans les dernières communications que j'ai eu l’honneur de faire à l’A- 
cadémie, j'ai dit combien il serait à désirer que l’on eût des séries d’obser- 
vations barométriques simultanées, assez complètes ; et faites dans des co- 
lonnes d’air assez hautes, pour qu’on püt en déduire la relation générale 
des pressions aux densités, comme je l'ai fait d’après les observations re- 
cueillies par M. Gay-Lussac, dans son voyage aérostatique. Je me suis apercu 
depuis, qu'avec un peu d'artifice , on pouvait se servir pour ce but,des ob- 
servations que M. de Humboldt a faites sous l'équateur, quoique lui-même 
w’ait pas cherché à leur donner tous les caractères qué je viens de rappe- 
ler. Ce ne sera pas la première fois que ce célèbre voyageur aura recueilli des 
documents dont il ne pouvait prévoir l'utilité fature , et qui ont étonné, par 
leur exactitude, ceux qui les ont employés. 

» Dans le mois de juin:1802, M. de Humboldt-fit neuf stations baromé- 
triques aux environs du Chimboraco, et finit par porter ses instruments 
presque jusqu’au sommet de cette montagne, qu’on croyait alors la plis 

C, R. 1838, 19r Semestre. (T. VI, N° 48.) 79 


( 580 ) 


élevée du globe. Quoique ces observations fussent nécessairement succes- 
sives, néanmoins la constance singulière et toute spéciale du climat dans 
cette saison, dans toute année même, permettait de rapporter immédia- 
tement chacune d’elles au niveau de la mer Pacifique qui baigne cette par- 
tie des côtes du continent américain. Il suffisait, pour cela, de noter 
l'heure du jour où la hauteur barométrique était observée. Car, d’après le 
témoignage de M. de Humboldt, confirmé par tous les navigateurs qui ont 
parcouru cette région, l'atmosphère y est soumise à des influences si cons- 
tamment réglées, que le baromètre y éprouve seulement une petite oscilla- 
tion diurne rigoureusement périodique, dont M. de Humboldt avait dé- 
terminé la marche:et l'étendue avec un tel soin, qu'il pouvait, et qu'on 
peut, d’après lui, assigner la longueur actuelle de la colonne barométrique, 
l'heure du jour étant donnée. Cette régularité du baromètre est, comme on 
le pense bien, accompagnée d’une température de l'air presque constante, 
que M. de Humboldt évalue à 25°,3 cent. pour le mois de juin où il obser- 
vait; et M. le capitaine Duperrey l’a trouvée à peine plus haute, même au 
temps de l’équinoxe, dans ces parages. On voit donc que si l’on admettait 
ces conditions de constance et de périodicité comme rigoureusement inva- 
riables, on pourrait réellement, en ce point de la terre, employer les ob- 
servations barométriques d’un même mois ou de la même année, comme si 
elles étaient faites simultanément, pourvu que l’on appliquât au baromètre 
supérieur une petite correction qui le reportät à une heure commune, en 
maintenant le rapport des pressions effectivement observé. Mais, du moins, 
ce mode de réduction peut être employé en toute assurance, si les obser- 
vations ont été faites dans la même saison de l’année, à des jours peu dis- 
tants, et à peu près à la même heure du jour. J'ai donc choisi parmi les neuf 
observations de M. de Humboldt celles, au nombre de cinq, qui offraient 
cette presque identité d'heure entre elles, et avec celle qui avait été faite 
au sommet du Chimboraço; puis, en appliquant à chacune la petite réduc- 
tion horaire que:je viens d'expliquer, je les ai transformées en observations 
exactement contemporaines. 

» Mais'elles n'étaient pas accompagnées d'indications hygrométriques, 
dont alors on pouvait tout au plus présuméer l'utilité sans avoir les moyens 
d'en calculer l'influence. Quelque faible que celle-ci dût être, j'y ai eu 
égard, sinon avec une complète rigueur, du moins avec un degré d'approxi- 
mation qui doit être très près de Ja réalité, Considérant que, dans cette 
région du globe, la chaleur solaire soulève constamment les couches infé- 
rieures de l'air, et, leur imprime un mouvement d’'ascension, j'ai songé 


( 58r ) 


qu'un tel mouvement devait ôter le principal obstacle à la diffusion de 
da vapeur aqueuse dans ces couches; lorsqu'elles reposent sur la mer. Ty 
ai donc supposé toute la vapeur qui pouvait y exister à la température 
de 25°,3 que M. de Humboldt avait admise. Puis, comme la proportion 
de cette vapeur diminue toujours à mesure qu'on s'élève, de manière 
à devenir très faible à de grandes hauteurs, ce que M. de Humboldt à par- 
ticulièrement constaté pour là zone d'air où il observait, j'ai donné à 
son décroissement la même loi qui résultait ici des observations de 
M. Gay-Lussac, laquelle rend la vapeur insensible, et la fait, pour ainsi dire, 
expirer dans les couches où la densité est environ 9,45, et la pression 0,38 
de leurs valeurs initiales. Au moyen de cette correction, toujours très pe- 
tite, j'ai rendu à chaque observation barométrique de M. de Humboldt, 
les indications hygrométriques qui la complétaient. Alors rien ne m’a plus 
manqué pour calculer les densités et les pressions dans les: cinq stations 
élevées, en prenant pour unité les éléments analogues et contemporains 
qui existaient au niveau de la mer Pacifique; ce qui m’a déterminé réelle- 
ment ces quantités pour six points, espacés entre eux dans une colonne 
d'air ayant 5988= de hauteur. 

» J'ai d’abord construit graphiquement ces résultats, avec la même 
échelle, sur la même feuille, que j'avais employée pour les observations de 
M. Gay-Lussac, et je mets ce tracé sous les yeux de l’Académie. Sa seule 
inspection fait voir que les points donnés par les cinq stations élevées de 
M. de Humboldt, y sont exactement en ligne droite comme l'étaient les 
seize points relatifs aux plus hautes stations de M. Gay-Lussac. Seulement, 
Jusque vers la densité 0,5, la droite équatoriale est:plus rapprochée de l'axe 
des pressions, ce qui donne dés densités moindres à pression égale; en ou- 
tre, elle fait avec cet axe un plus petit angle, ce qui indique jun décrois- 
sement des températures plus rapide dans les couches d’air où elle s'étend. 
Enfin , elle ne peut se rejoindre à la couche inférieure que par une courbe 
convexe vers l'axe des pressions , ce qui indique, pour cette première zone 
d'air, un décroissement des températures beaucoup plus lent que dans la 
portion élevée, et qu’à Paris même. fi H 

» Cette reproduction d’une relation rectiligne dans des régions si dis- 
tantes, méritait qu'on la confirmât par le calcul. Je l'ai fait ici comme 
pour les observations de M. Gay-Lussac; et, non-seulement la forme rec- 
tiligne du: lieu s’est trouvée véritable, mais elle a offert une précision telle, 
que le seul écart sensible, qui porte sur la troisième station élevée, suppose 
seulement un écart de 0"*,8 dans la pression, que M. de Humboldt ne 


19% 


( 582 ) 


note qu’en dixièmés de ligne. Encore n’oserais-je pas KL que cela ne 
vint pas de quelque petite erreur arithmétique que ÿ laurais faite dans mes 
calculs, malgré le soin que jy'ai mis! 

» Jl paraît donc ainsi bien probable que cette configuration rectiligne du 
lieu formé par les densités et les pressions,à une certaine hauteur;est un fait 
inhérent au mode de superposition des couches atmosphériques et consé- 
quemment général! Si les observationsultérieures confnment cette relation, 
il en résultera une grande facilité pour le calcuk exact des réfractions astro- 
nomiques. Car, pour toute la partie rectiligne du lieu, on les obtiendra ri- 
goureusement; et quand elle cessera d’être applicable; leur trajectoires lu- 
mineuses seront devenues assez obliques sur la verticale pour qu’on puisse 
obtenir le reste de la réfraction par des limites, comme je l'ai fait dans Ia 
Connaissance des tems de: 1839: Il n’y aura donc réellement que les cou- 
ches inférieures, jusqu’à la hauteur d'environ 2000", dont Fétat accidentel 
aura besoin d’être habituellement étudié et fixé par des'imstruments. 

» Le voyage de M. de Humboldt n'offre pas, entre ses cinq stations 
élevées et la mer Pacifique, d'observation intermédiaire suffisamment 
rapprochée et contemporaine, pour qu’on puisse lemployer au raecorde- 
ment: de ces stations avec la couche inférieure! située: au niveau de cette 
rer. Il se peut ; vu: la condition calorifique différente de la terre ét des 
eaux , que ce raccordement soit brusque. Mais si Pon veut le supposer 
continw, cerquin’est:pas non plus invraisemblable, la lenteur du décroisse: 
ment total des températures se décompose et se résout pour ainsi dire én 
deux marches contraires; les températurés croissant d'abord depuis la mer 
jusqu'à 830" de: hauteur d’une très petite quantité égalé en tout à 
1,6 centésimal, puis! décroissant ensuite dé: manière à rejoindre le: dé- 
croisement rectiligne à la plus basse des cinq stations, où il est de 1° centé- 
simäl pour 188" de hauteur; après quoi il:s’accélère proportionnellement 
à la densité des couches aériennes, tant que la forme rectiligne continue 
de subsister. Cette inversion initiale dans la marche des températures: n'a 
rién qué de très naturel, si l’on considère que, d’après les observations 
de M. de Humboldt, confirmées par le capitaine Duperrey, la partie! oc- 
cidentale dés côtes de l'Amérique, dont il! s'agit ici, est constamment 
_ par ün courant d’éau froide venant de l'Océan austral, lequel rend 

la-surface de la mer toujours un peu plus: froide que air qui repose: sur 
elle. Toutefois jé ne veux présenter. cé! mode que: comme un résultat: et 
un exemple de raccordement possihlé, lequel pourra avoir son appli- 
cation réelle et certaine. dans dlaûtres cas âñalogues, oùles couches 


( 583 ) 


aériennes inférieures reposeront sur un: sol plus froid que ne l’est leur 
température propre à quelqué hauteur. 

» Au reste, de quelque manière qüe l’on veuille raccorder les stations 
élevées avec la! mer, dansi les observations de M. de Humboldt, la forme 
nécessairement presque rectiligne du lieu qui les unit, fera que les hau- 
teurs, calculées seront toujours à très peu pres les. mêmes dans toutes ces 
suppositions; et cela peut bien se voir par ce seul fait que celles que j'ob- 
tiens ainsi, par exemple, diffèrent très peu de celles auxquelles conduit la 
formule barométrique de M. Laplace, quoique la seule configuration du 
lieu observé suffise pour faire voir qu’elle doit donner ici les hauteurs un 
peu trop faibles. Or, pouvant ainsi compter sur ces hauteurs, leur com- 
paräison avec celles de Paris à densité égale, conduit à un résultat phy- 
siq ue assez important , par lequel je terminerai cet extrait. 

» Après avoir fixé les densités et les pressions dans les cinq couches 
d’air observées par M. de Humboldt, après en avoir déduit leurs hauteurs 
au-dessus du niveau de fa mer Pacifique, j'ai cherché d’abord, par le calcul, 
quelle était à Paris la hauteur de la couche qui, dans les observations 
de M. Gayÿ-Lussac, avait une densité physiquement égale à celle de la 
couche inférieure dans les observations de M. de Humboldt. J'ai trouvé 
cette hauteur de 94”,7 au-dessous de l'Observatoire de Paris, ce qui tient 
surtout au petit excès de température qui existait ici dans la couche 
inférieure, lorsque M. Gay-Lussac fit son ascension. 

» J'ai caleulé ‘ensuite de la même manière quelle était ici la hauteur: 
des couches d’air qui avaient alors la même densité que les cinq couches 
équatoriales fixées par les observations de M. de Humboldt. J'ai déterminé 
aussi les pressions qui s’yexerçaient. Tout celam'était facile d’après larelation 
eixpérimentale qui hait.les pressions aux densités. J'ai même établi la com- 
paraison. pour une station fictive, plus haute que la dernière de M. de Hum- 
boldt,, et dans laquelle la densité aurait été réduite à 0,4 de sa densité 
initiale. J'ai réduit toutes les pressions calculées pour l'expérience de Paris, 
à. ce qu'elles auraient été, si l’on avait pris pour unité la pression mesurée 
par la. hauteur, barométrique observée au niveau. de la mer Pacifique, ce 
que j'ai faitren ayant égard. à la variation de la gravité entre Paris et l’équa- 
teur. J'ai eu ainsi les intervalles. de: hauteur compris entre les couches 
d’égale densité dans les deux lieux. d'observation. En.outre, les différences 
des pressions. successives dans chaque série, m'ont. donné aussi les poids 
respectifs de.ces intervalles; poids, que. Fon: pourrait exprimer en milli- 
metres de mercure: à o°,.en!les:multipliant tous par le nombre 758,523... 


(584) 
qui exprime le nombre de ces millimètres composant la pression baromé- 
trique inférieure, dans les observations de M. de Humboldt. 
» Gette espèce de sondage de l'Océan aérien, dans des parages aussi 
divers, m’a donné les résultats contenus dans le tableau qui suit. 


Éléments des couches atmosphériques d'égale densité, dans les observations de 
M. de Humboldt à l'équateur et de M. Gay-Lussac à Paris. 


A L'ÉQUATEUR. SOUS LE PARALLÈLE DE PARIS. 


DENSITÉ, | PRESSION, | HAUT. Fous CA 44 BASE NE HAUTE Poids de là 
NUMÉROS cle ET here EE DENSITÉ , ee UTEUR | col. aérienne 
jal es] la colonne celle e è compté depui 
qui a lieu Pair n mètres pté depuis 
de la couche dans au- aëénennc;- || de la couche la couche 
inférieure [la couche |. dessus LS équatoriale L couche inférieure, 
4 inférieure [du niveau] {Puis inférieure | qtatonare de qui a une 
de étant 1 : la couche étant 1: inférieure l'Ob densité égale 
$ inférieure étant 1: ae lMtlsftensite 
M. de Humboldt = de ER où la toire équatoriale 
pr Ps Pacifique-| densité est de Paris. 


Pr 


d'ordre des stations au-dessus 


étant 1: de 


mms | nee | nes | comen | 


m m. 
La mer Pacifique.|r1 ,0000000 |1,0000000 0,00/0,000000 ||r,00000000| 1,0176705 |— 94,72|0,0000000 


N° 201....[0,77127465|0,7576283|2439,64|0,2423719|0,77127465|0,7457338 |+2611,30|0,2719367 
- |o,96306148|0,545754|2552,96|0,2522458|0 ,76306148|0,5360093 | 2722,65|0,2815612 
.[o,73:03836|0,7183400|2020,23|0,2816600|0,73:03836|0,7059102 | 3075,25|0,3r17602 
.|o,71284,60|0,6885468|3274,100,3114532l0,71284969|0,6780916 | 3412,50|0,3305789 
-lo,55181192|0,495439615.,85, r210,5045624|0,55181192|0, 4987876 | 5914,4510,5188829 

0,40000000|0,3135362|9407,53|0,6864638|0, 400000 |0,332833r | 9010, 19|0,6848374 


» La comparaison de ces nombres fait voir qu’en partant de la couche 
de densité égale à celle qui reposait sur la mer Pacifique, les intervalles 
d'égale densité sont d’abord plus grands et d’un poids plus considérable 
à Paris qu’à l'équateur. Depuis 2440 mètres de hauteur à l'équateur, jus- 
que vers 3000 mètres, la différence totale, soit d'épaisseur, soit de poids, est 
à peu près constante; et, dans son maximum, qui a lieu vers 3000 mètres; 
elle est, pour la hauteur, environ 250 métres, pour le poids à peu près 
22% 83 de mercure à 0°, animés par la gravité équatoriale: Au-dessus de 
3000 mètres, c'est dans la colonne équatoriale que les intervalles successifs 
d'égale densité deviennent comparativement plus épais et plus lourds; et 
quand la densité y est réduite à 0,4, la hauteur où cette densité existe sur 
passe de 300 mètres la couche de même densité sur notre parallèle. De sorte 
que, si un tel état de choses avait lieu simultanément, sur un même méri- 


(585) 


dien , dans une atmosphère momentanément en équilibre, cet équilibre de-- 
vrait serompre par la distribution inégale des couches d’égale densité; les 
inférieures tendant à tomber lentement du pôle vers l'équateur, les supé- 
rieures de l'équateur vers le pôle. Quelque conformité que ce résultat pré- 
sente avec l'existence des deux courants inférieurs et supérieurs qui ont 
réellement lieu dans notre atmosphère, suivant ces deux sens, et qui pro- 
duisent les vents alisés, je suis très loin d’en vouloir tirer une manifestation 
certaine de ce grand phénomène météorologique, les temps et les cir- 
constances des observations comparées ne permettant pas d’en tirer avec 
sûreté cette déduction. Je ne le présente que comme un exemple des con- 
séquences physiques auxquelles ce genre de discussion pourra conduire 
lorsqu'on aura l’occasion de l'appliquer à des observations barométriques 
complètes, faites simultanément à des latitudes différentes, sous les 
mêmes méridiens, et dans des colonnes aériennes d’une grande longueur. 
Si l’on avait de telles observations dont l’exactitude fût certaine, il con- 
viendrait, en les comparant, d’avoir égard à la force centrifuge dont je 
nai pas tenu compte ici. Mais cela serait facile; car d'aprés les lois qui 
la régissent, son introduction dans l'équation de l'équilibre des couches, 
n’ajoute aucune difficulté nouvelle aux intégrations. Mais auparavant il 
faudra enfin connaître la différence qui existe en chaque lieu entre la 
température apparente de l'air telle que le thermomètre l'indique, et la 
température vraie de ce fluide que le thermomètre n’accuse que mêlée 
avec les effets du rayonnement des corps qui l’environnent. Heureuse- 
ment un de nos confrères, M. Pouillet, s’occupe de cette recherche, 
et son travail pourra bientôt nous fournir l'importante notion qui nous 
reste à désirer. ». 


À l’occasion de cette lecture de M. Biot, M. ArAGo donne une connais- 
sance anticipée d’un paragraphe des Instructions qu'il a rédigées pour le 
voyage de M. Gaimard, et dans lequel il est question de températures 
croissant avec la hauteur, observées en plein jour. 


ARCHÉOLOGIE. — Sur une fouille faite dans le terrain primitif de l'ile 
de Santorin; par M. Boryx DE SAINT-VINCENT. 


« Entre les objets rares de diverse sorte que j'observai dans mon ex- 
cursion des Cyclades, lors du voyage de la Commission scientifique de 
Morée, il en est plusieurs qui, pour ne pas être tout-à-fait du domaine. 


(586 ) 


des sciences physiques, méritent néanmoins, par les points de contact 
qu'ils ont avec elles, l'attention de l’Académie. Tels sont les tombeaux et 
les vases contenus dans ces asiles des morts, que je découvris à Santorin, 
ile de lArchipel, dont la volcanisation avait jusqu'ici fait la seule célé- 
brité. Les antiquaires semblaient l'avoir dédaignée, et cependant non 
moins qu'aucune autre, elle renferme des vestiges des plus vieux temps. 
On pourrait même dire que ses entrailles, qui n’avaient jamais été inter- 
rogées , recèlent d’irréfragables témoignages de ce qu’étaient les arts vers 
la fin des temps dits héroïques. 

» Tournefort, voyageur non moins exact qu'érudit, y entendit parler 
de ruines au commencement du siècle dernier. « Mais, dit-il, par la ma- 
» ladresse de mes guides , qui n’eurent pas l'esprit de m'y conduire, je ne 
» les vis point. » Plus heureux que notre illustre compatriote, parce que, 
ne me fiant point à des guides, je cherchais moi-même dans toutes les 
directions, je trouvai ces vénérables débris, je pus les examiner et les dé- 
crire dans ma Relation de la Grèce à l'usage des gens du monde (1). 

» Entre ces ruines jusque alors ignorées, je signalerai un petit temple, 
ou plutôt une chapelle du paganisme, presque cubique, construite avec 
la plus extrême simplicité, en gros morceaux à peu près carrés de beau 
marbre blanc, venu probablement de Paros, et située isolément dans la 
plaine méridionale de l'île, au milieu de champs de coton, où sa teinte 
blanchätre empêche de la reconnaître quand on en est à quelque distance. 
Le monument a tout au plus six mêtres sur toutes ses faces, avec une 
seule porte latérale, et sa toiture plate est formée de longues dalles. 

» Les restes d’une cité d'Éleusis méritent aussi une mention particu- 
lière. On les voit sur une montagne prolongée en cap escarpé vers l’orient , 
et qu'unit au Saint -Hélie, sommet culminant de l’île, un col en arète 
tranchante contre les flancs rapides duquel on doit cheminer pour se 
rendre de l’une à l’autre. Des murs cyclopéens, une esplanade dont la vue 
s'étend sur la mer, des bases de tours, des emplacements de temples et 
des maisons renversées s’y distinguent, outre une multitude de citernes 
enfoncées et demeurées pour jamais à sec. Tout le pays est recouvert d’une 
couche immense de pierre ponce réduite en fragments souvent fort petits 
et agglutinés, qui composent son sol cultivable. Il n’y existe point d'autre 
terre, et c'est dans cette substance ameublie que croissent d'excellents 


(1) 2 volumes in-8°, avec un Atlas petit in-folio, chez Pitois et Levrault, Paris et 
Strasbourg, 1837 et 1838. 


(587 ) 

vignobles, unique source des richesses de: Santorin, Au-dessus de cette 
couche, d’un aspect plâtreux , blanchâtre et stérile, et pourtant d’une 
certaine fertilité, dont la puissance varie, de dix à cinquaute mètres, sont, 
du côté abrupte qui se courbe en figure de. croissant , d'autres couches, de 
matières également volcaniques , superposées, très yariées par leur nature 
ou leur teinte, et dans lesquelles Ja lave passe par.tous les états, depuis 
ceux d’ébsidienne, de basalte compacte ou poreux , et de trachites très 
durs jusqu’à ceux de tuffos fragiles, peu liés dans leurs grains, et d'argile 
diversement colorée; car c’est ici que se peuvent observer les diverses 
transmutations des roches d'origine ignée , transmutations qui jouent un 
grand rôle dans la nature, dont on n'a pas assez tiré-parti dans les sys- 
tèmes de géologie qu’on s’est trop hâté d'établir, et que j'ai signalées il y a 
déjà bien des années dans mon voyage aux quatre îles des mers d'Afrique, 
sans qu’on en ait guère tenu compte: 

» Le rempart naturel que ces couches variées par Jeur nature et par leur 
épaisseur, forme autour de la vaste baie, où se reconnaît la moitié d’un vaste 
cratère d'affaissement, présente dans sa nenaçante courbe l'aspect le plus 
bizarre; on pourrait même dire le plus infernal : le rouge souvent tres vif, 
s’y mélant crûment au noir le plus funèbre, ou bien à d’autres teintes non 
moins tranchées, sans que la moindre verdure y récrée jamais l'œil du voya- 
geur. Les Kaiménis, soupiraux volcaniques, soulevés dans l’intérieur du vaste 
cirque, y sont non moins lugubres , et contrastant par leur coulenr fuligi- 
veuse avec l’azur du ciel et de la mer, complètent la singularité du tableau. 
Ayant examiné soigneusement tous ces lieux dans leurs brisures, depuis 
le niveau de la mer, où s’amarrait mon brick, jusqu’a.leur surface, alors 
couverte de pampres et de délicieux raisins, en ayant recueilli les. subs- 
tances constitutives dans toute leur épaisseur, mise à jour par tant de com- 
motions volcaniques, je m'étais accoutumé à l’idée que l'ile était de fond 
en comble un produit d’éruptions successives, et. qu’elle était entière- 
ment sortie par l'effet de nombreux vomissements, des profondeurs du 
globe à l’état coulant ou dé cendre, Je fus donc très surpris, lorsque ayant 
atteint le sommet de Saint-Hélie, où Tournefort fut également étonné de 
trouver ce qu'il appelle ün marbre bâtard, lorsque , dis-je, je reconnus 
que:da masse de la montagne, dont les pentes sont aussi revêtues par la 
couche meuble, était formée de ce calcaire moréotique qu’on rencontre en 
tant d’autreslieux du pourtour dela Méditerranée. Ce calcaire compacte et 
grisâtre a-été mis à nu par l’action dés torrents de pluie qui tombent 
dans la mauvaise saison. Je reconnus ensuite qu'il se montrait sous les «lé: 


C.R. 1838, 165 Semestre. (T. VI, N° 48.) 80 


( 588 ) 


combres de la ville antique, dont les citernes y furent creusées. Je l'ai re- 
trouvé enfin, perçant à travers cértaines pentes du côté oriental de l'ile 
où saille un immense bloc, contre lequel est bâtie une léproserie au 
pourtour de laquelle la vigne est cultivée sur la couche arable de forma- 
tion supérieure , conséquemmént moins ancienne. Il m'importait de véri- 
fier si ce même calcaire que je revoyais partout où l'inclinaison donnait à 
l'eau du ciel la facilité de raviner ét d’entrainer le terrain, était la base du 
pays. Je choisis donc aux racines du col, dont il a été parlé plus haut, un 
point où la terre éboulée facilitât mes recherches. En un de ces points où 
là pente était telle qu'après la première sape des masses immenses se déta- 
chaient aisément comme des avalariches; je vis bientôt, entraînés par un 
glissement tumultueux, de nombreux débris de poterie avec des frag- 
ments de vases et de pierres sépulcrales. Ce fut donc au-dessous du revé- 
tement mouvant, dans le sol de formation antérieure même que je décou- 
vris presque de prime abord , des tombeaux à peu pres semblables à ceux 
dont se criblent Égyne et la grande Délos. Plusieurs étaient éfondrés etrem- 
plis de ponce presque en poussière; deux étaient intacts; le couvercle en 
avait seulement été un peu déplacé, comme par glissement, et une sorte de 
lapillo y ayant pénétré, formait comme un tuffo par l'épaisseur duquel 
leur capacité était plus ou moins remplie; deux vases y étaient empâtés en 
partie et parfaitement conservés. Cette trouvaille ayant fait quelque bruit au 
port de Phira, lorsque jy revins, le gouverneur, M. Avérino , homme instruit, 
qui m'avait accompagné dans mes promenades, apprit, que peu de mois 
auparavant, un habitant de Ghonia, village situé au pied de la montagne, 
ayant remarqué sur ses péntes ün espace aplati vers la base du col qui en 
he la cime à celle d'Éleusis , imagina d'y planter quelques ceps. Ses travaux 
ayant occasioné un éboulément dans le genre des miens; il mit également 
à nu quelques points de la vieille roche avec des tombeaux vierges, ren- 
fermant, à ce qu’on assurait, des trésors et des beaux vases parfaitement 
imtacts. Je ne répondrais pas que les trésors aient jamais existé, mais ils 
se fussent certainement réalisés au prix que l'explorateur demandait de 
ses poteries, s’il eût rencontré des acquéreurs. M'étant rendu avec M. Avé- 
rino chez un notable du lieu, dépositaire des objets dont la découverte 
antérieure à la mienne était venue à nos oreilles, je pus les y contempler 
et reconnaître qu'il s'y trouvait des choses fort,curieuses , mais d’origine 
et d'époque bien différentes. Dès que j'eus refusé de les acheter, parce qu’il 
ne m'avait point été alloué de fonds pour ce genre de dépenses, il y eut 
de grands pourparlers, dont le résultat fut qu'on me prierait de recevoir à 


( 589 ) 


mon bord le résultat des fouilles pour.le porter à M. le président, Capo 
d'Istria, auquel je l’ai remis effectivement, et qui la, déposé dans le 
musée d'Égynes, où l’on doit le voir encore, à moins que S. M.;le roi de 
Bavière n’en ait fait l'acquisition lorsqu’elle fut dernièrement rendre visite 
à son fils sur le trône. de Grèce. 

» Trois tombeaux vus par moi, et sept ou huit, dit-on, par le vigne- 
ron qui le premier fouilla à la base du, col peu de temps auparavant, 
étaient en tout semblables. Il est à craindre qu’ils ne soient.pas demeurés 
à découvert, parce que les éboulements du sol supérieur très mobile s’y 
seront multipliés, surtout si la cupidité a poussé quelques habitants 
à continuer des fouilles dont, en Grèce, on attend toujours des richesses 
enfouies. Peut-être, à l'heure qu'il est, n’existe-t-il plus, à Santorin, un 
sépulcre entre le mont Saint-Hélie et celui d’Éleusis, qui n’ait été violé, et 
dont le pourtour ne soit parsemé, des tessons de tout ce qu’on ne sera 
point parvenu à en retirer/intact. Quoi qu'il en soit, ces tombeaux, longs 
de deux mètres environ, larges d’un, tant soit peu plus profonds et creu- 
sés comme .de simples auges dans le calcaire compacte, sont enduits avec 
du stuc grossier d’un rouge foncé, qui conserve toute sa fraicheur partout 
où des amas de poussière volcanique blanchätre ne l'ont pas corrodé en 
l’encroûtant.. Des dalles plates, tirées sans, doute de la roche même où les 
sépulcres furent pratiqués, et qui furent évidemment d’une seule pièce, 
épaisses d’un à deux décimètres, les fermaient et en, faisaient toute la 
saillie extérieure. Ces dalles , parfois demeurées en place quoique fendues, 
mais généralement brisées et culbutées par quartiers dans la fosse même, 
n'auront pu résister au poids de la couche volcanique qui les dut tout à 
coup surcharger de, son, énormité lors de la grande éruption qui boule- 
versa l'ile. Aucune de ces couvertures, n’a offert d'inscriptions ni de carac- 
tères quelconques, d’après lesquels on ,püt statuer quoi que ce soit sur 
leur âge, et connaitre quels purent être ceux dont les_cadayres en de- 
vaient être protégés. | 

» Il ne faut pas confondre les tombeaux dont il, est As et qui 
étaient placés, à la distance d’une de leur largeur environ, à:côté les uns 
des autres, dans le sol: primitif, -et selon. l’inclinaison de celui-ci, avec 
d’autres sépulcres incomparablement plus modernes que l’on trouve au- 
dessus dans le tufot de ponce, et qui ressemblant à ceux, du reste de la 
Grèce, continrent les réstes des citoyens d'Éleusis. Ceux-ci ont été de- 
puis long-temps fouillés, culbutés ,, comblés, refouillés et ruinés, sans 
qu'on n’y puisse reconnaître que des fragments de vases pareils pour la 

80.. 


( 690 ) 
substañce, les teintes, et ce qu’on peut réconnaitre de leur forme, à ce 
qu’on retrouve à Égine, ainsi qu’en tant d’autres endroits de la Grèce 
et de l'Italie. 

» Du côté où je suppose qu'étaient tournés les pieds des cadavres dans 
les tombeaux de première antiquité, on pratiquait une sorte de niche dans 
laquelle se plaçaïent de grands vases. C’est du moins à cette place que nous 
en avons trouvé deux dans le meilleur état de conservation avec les dé: 
bris de ceux qui furent brisés par la chute des morceaux des pierres de re- 
couvrement lors de l'invasion des laves supérieures. D’autres vases moins 
considérables avaiént aussi été déposés sur les côtés , et la plupart, demeu- 
rant exactement empâtés dans le tuffo qu'ont formé la poussière volcani- 
que ét les fragments de ponce dans la éapacité des tombes; ne peuvent 
que très difhcilément être extraits de leur espècé de gangrie, sans être bri- 
sés. Les osséments semblent s'être assimilés dans celle-ci et en font si bien 
partie, que leur apparence étant à peu près 14 même 6n n’en distingue 
présqué plus rien; l'analyse seule en pourräit faire reconnaître l'existence 
au milieu de la substance qui les enserre ; et dans laquelle nous trouvämes 
cependant des dents assez bien conservées. 

» Comme il existe des tombeaux de deux sortes sur la montagne, les 
supérieurs creusés dans la ponce par les citoyens de l'antique Éleüsis, et 
les inférieurs dans une roche antérieure par des hommes inconnus, les 
fouilles qu'on y fit ont produit des vases de nature très différente. Dans 
les moins anciens, on à rétrouvé les mêmes formes et la même matière 
qu'à Égyne, c'est-à-dire unñé grande analogie avec les produits étrusques 
et de la terre de Nola: Parmi les richessés de ce genré qui me fürént confiées 
pour êtré remises à M. lé Président, jé‘visentré autrés un vase de Ta plus par- 
faite beauté et de la meilleure Conservation. C'était une sorte d’aiguiere de 
quinze pouces environ dé hauteur et de huit dé diamètre dans la partie la 
plus renflée de so pourtour, avec un col aminci, dont l'ofifice était une 
tête d’aigle ou de griffon du meilleur goût; une anse gracieusement con: 
tournée y était ajustée $an$ trop de saïllie et la légèreté du tout était re- 
marquable. Sa couleur était celle de l’hématite, ou pierre sanguine, avec des 
traits «en écailles ou d’autres ornements et un petit sujet dessiné en noir 
lisant ét poli. Un carnassier à pelage moucheté du genre Æelis y était 
représenté dévorant un ruminant à bois rameux. Je crus reconnaître dans 
ces deux animaux un lynx et uncerf; or, comme le lynx et le cerf'sont des 
mammifères de la Grèce, le sujet était évidemment grec. 

» Il n’en est pas de même pour les vases trouvés dans les sépuleres ini- 


( Sor ) 

férieurs et les plus anciens. Îci les formes, les proportions, les ornements 
et la matière sont totalement différents. Les amateurs qui usurpent trop 
souvent le titre d’antiquaires, en achetant à tout prix des collections de 
vases étrusques qu'ils n’estiment qu'autant que le pourtour s’en charge 
davantage de figurines rouges ou noires, et qui s’exfasient devant les 
conceptions plus bizarres que correctes des potiers de la vieille 
Italie, ne feront probablement pas grand cas de nos vases ultra-antiques , 
qu’on me passe cette expression; ils n’y admireront point ces deux ou 
trois couleurs mattes qu'ils regardent comme des conditions de beauté, ni 
de ces personnages singulièrement groupés, où jusqu’à des contre-sens 
anatomiques leur semblent être des perfections de dessin; mais le vrai 
savant doit y trouver de profonds sujets de méditation et y reconnaître, 
dans la pauvreté même du décor jointe à l'élégance mâle des formes, la 
main d'un peuple antérieur à la civilisation étrusque, et chez lequel les 
arts marchaïent dans là voie du perfectionnement, quand une grande 
révolution physique vint tout engloutir, jusqu'aux artistes. 

» En effet, Santorin était une île considérable, fertile, verdoyante, 
riche en sources, l’une des plus heureuses de Archipel, et qui s’appelait 
Kalliste ( la plus bellé ), vers la fin des temps héroïques; C'est-à-dire de 
quinze à seizé cents avant l’ère moderne, lorsque les Phéniciens, commen- 
cant à explorer les terres qualifiées successivement par eux d’Hespérie 
( pays du soir ou du couchant ), vinrent communiquer aux Pélages de Ja 
Grèce 

INT NTÉ ......... Cet art ingénieux 

5 De peindre la parole et de parler aux yeux. » 


» Cadmus s’ÿ arrêta d’abord, et la trouvant digne d’être colonisée y laissa 
quelques-uns de ses Phéniciens sous l'autorité de Membliarès, l’un de ses 
parents. L'île était déserte avant l’arrivée de Cadmus, puisque la tradition 
ne porte point que celui-ci y ait rencontré d’indigènes; les hommes qu'il 
ÿ laissa durent s’ÿ multiplier et vivre heureux en cultivant les arts qui 
florissaient déjà dans Tyr, lieu de leur berceau, et cet état de choses 
dura probablement jusqu’à l’époque des commotions volcaniques dont 
leur nouvelle patrie fut le théâtre, Ces secousses qui brisèrent Kalliste 
et les affaissements qui en firent disparaître la plus grande partie dans 
l’abime des mers, durent probablement lui donner cette forme de crois- 
sant qu'elle conserve encore, ils eurent donc lieu après l’âge de Mem- 
bliarès. La première révolution physique de ces lieux ne serait-elle pas 


(592) 

contemporaine ou de très peu postérieure à ce déluge de Deucalion, qu'on 
pourrait regarder comme la conséquence de quelque grand soulèvement 
ou boursoufflement volcanique et sous-marin de la région entière ? Quoi 
qu'il en soit, le pays désolé, dépouillé par le feu de ses fontaines et de ses 
ombrages dut, comme Herculanum et Pompeie, être brusquement recou- 
vert d’un terrain nouveau; ce nouveau terrain est celui que nous recon- 
naissons dans la couche supérieure de ponce et de trachites en petits 
fragments d’une île, probablement demeurée comme anonyme par la 
perte de sa beauté, jusqu’à l’époque où Théras, aussi parent de Cadmus, 
vint après quelques cent ans, lui donner son nom en les repeuplant avec 
des Spartiates et des Myniens fugitifs que leurs femmes avaient sauvés des 
prisons de Lacédémone. 

» Ce ne peut donc être qu'entre l’époque de la première venue des 
Phéniciens, commandés par le fils d’Agénor, et la seconde colonisation, 
conduite par Théras, avant là grande éruption qui bouleversa Kalliste, 
c'est-à-dire vers l’an 1540 avant J.-C., que se creusaient les tombeaux que 
nous avons trouvés à Santorin, dans son premier calcaire, Les vases qu’on 
rencontre dans de tels sépulcres sont donc antérieurs au temps où la 
Grèce connut le tour du potier et eut des artistes qui en faisaient un si 
élégant usage. Aussi ces vases portent-ils un caractère bien différent de 
celui qu'on voit aux poteries du reste de la Grèce et de l'Italie; pareils 
les uns aux autres par la composition, les formes, la teinte et la misère 
d'ornements, leur matière est dure et grenue, un peu sonore; on la di- 
rait être une sorte de grès à leur couleur et au toucher; notre confrère, 
M. Brongniart, auquel je les ai montrés, a remarqué qu’on aiguiserait une 
lame de couteau en la frottant contre leur surface. La forme en est simple, 
mais noble et gracieuse; le plus considérable a 2 pieds 5 pouces de hau- 
teur, et 1 pied 9 pouces de diamètre vers son milieu, où il se renfle. 
Quatre anses, disposées par paire de chaque côté, devaient en rendre 
le maniement assez commode. Un second vase, qui n’a que deux anses, 
une de chaque côté, est de la même forme, c’est-à-dire semblable à une 
belle urne dont l’orifice s’évaserait ; sa hauteur est de 2 pieds, sur 15 
pouces de diametre. L'un et l’autre, que nous trouvâmes à peu près rem- 
plis de poussière volcanique, paraissaient avoir été déposés vides dans 
leur tombeau respectif. Ils sont bien grands pour n’avoir contenu que les 
cendres d’un individu; minces pour qu’on les püt, avec sécurité, remplir 
d'un liquide quelconque. Probablement, on y déposait du grain pour la 
provision du mort; ce qui tiendrait à des croyances bien anciennes, com- 


(593 ) 

inunés à l'Égypte primitive, et antérieures à celles de la Grèce historique. 
Leur couleur ést' la teinte naturelle de la terre dont ils sont formés; des 
bandes parallèles, d'un brun chocolat, sont le fond des ornements géné- 
raux. On voit que ces bandes annulaires ont été faites sur le tour même. 
A la gorge, outre les cercles bruns, l'artiste esquissa quelques figures 
particulières ; telles qu’un Méandre incomplet; de petits ronds unis l’un 
à l’autre par une ligne oblique, un zigzag inscrit entre deux des grands 
cercles d’en haut, des triangles, et surtout des oiseaux de la famille des 
Grues, et approchant pour la forme de celle de Numidie mis en regard. 
Ces mêmes oiseaux se retrouvent avec ce que je crois être la figure d’un 
bouclier, sur lé vase de moins grande taille. Il est remarquable que dans 
ces deux belles pièces, et dans toutes celles du même genre que j'ai ob- 
servées à Santorin , l'artiste, sans doute IE ’épargner de la peine, n’a 
rien dessiné sur l’un des côtés, celui qui n'était pas censé devoir être vu, 
parce qu'il était tourné du. côté de la niche dont il a été parlé plus haut, 
et qu'on rencontre à l’une des extrémités du sépulcre. Une sorte de 
monogramme, qui fat peut-être celui du fabricant, et qu’on voit également 
sur nos vases, pourrait-il éclairer nos savants confrères de l’Académie 
des Inscriptions, sur leur origine et leur âge. Je n’entends point m'en 
occuper ; de pareilles recherches sortent de mes travaux habituels, pour 
rentrer dans le domaine de l'antiquaire véritable. Je me bornérai simple- 
ment à répéter, de les tombeaux où se trouvent ces vases, sont évidem- 
ment antérieurs à la révolution volcanique par laquelle tout le pays fut 
bouleversé de fond en comble. et recouvert de l'énorme couche de ponce 
qui partout y dérobe la vue du sol primitif; ce fait donne, à la poterie 
de Santorin, une importance historique supérieure à celle des pièces du 
même genre dont se remplissent la plupart des Musées, où l’on semble 
attacher plus de prix à ce qui fut en tout temps compositions de fantaisie, 
comparables tout au plus aux gravures du Journal des Modes de l’é- 
poque actuelle, qu’à des choses dont l'étude pourrait éclaircir des points 
obscurs de diverses origines et de ce qu'étaient les arts quand l’Asie, 
l'Afrique et l’Europe se mirent en contact à travers la mer Égée. » 

M. Bory met sous les yeux de l’Académie les dessins au trait des deux 
vases décrits dans son Mémoire. 


Après la lecture de ce Mémoire, M. DurEAU DE LA MazLe fait remarquer 
que les vases en question, autant qu’on en peut juger par les dessins 
qui les représentent, ne ressemblent en rien aux vases phéniciens que 


( 594 ) 


l’on possède dans les Musées archéologiques, et dont l’origine ne saurait 
être douteuse. Les vases de Santorin ont au contraire, dans leur forme 
générale et dans les ornements qui les décorent, tous les caractères qui les 
décorent. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — /Vote sur une collection de rapports officiels de 
M. Hubert , relatifs aux navires à vapeur; par M. Cu. Dupin. 


« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie une collection de sept rapports sur 
les bâtiments à vapeur de la marine militaire; ils sont dus à notre savant 
correspondant pour la section de mécanique, M. Hubert, directeur des 
constructions navales à Rochefort. 

» M. Hubert a le premier, en France, résolu le problème de la cons- 
truction des navires à vapeur réunissant à la fois la structure solide qui 
convient à des bâtiments de l’État et la supériorité de marche qui constitue 
l'un des principaux avantages de cette espèce de navires. 

» Le premier essai fut le Sphinx, construit à Rochefort en 1828 et 
1829. Ce bâtiment était muni d’un mécanisme à vapeur ayant la force 
de 160 chevaux , lequel sortait des ateliers de M. Faucett de Liverpool. 

» Depuis, nous avons fondé le bel établissement d’Indret, où nous 
avons fini par exécuter, avec des ouvriers français, des machines aussi 
parfaites que celles des Anglais. 

» L'État possède aujourd’hui quatorze navires à vapeur de 160 chevaux, 
y compris ceux qui font le service des ports orientaux de la Méditerranée. 

» Dès 1830, éclairé par l'expérience du Sphinx , M. Hubert proposa des 
améliorations essentielles à la construction projetée de navires devant avoir 
un moteur de cette force. A la même époque, il présentait aussi les plans 
et les calculs d’un navire à vapeur de 200 chevaux; cette dernière propo- 
sition n'eut pas de suite. 

» Les Anglais avançant par degrés rapides dans l'agrandissement de leurs 
navires à vapeur, le Ministre de la Marine, en 1835, donna l’ordre à 
M. Hubert de présenter les calculs et les plans d’un bâtiment mû par une 
force de 220 chevaux. Trois navires de l’État sont en construction d’après 
ces plans. 

» Ici nous ferons remarquer la marche essentiellement différente des 
progrès de la navigation par la vapeur chez les Français et chez les 
Anglais. 

» En France, la marine militaire devance toujours la marine du com- 
merce par la grandeur de ses essais. Ainsi, jusqu’en 1835, un seul navire 


( 595 ) 
du commerce avait une force qui s’élevat à r40 chevaux, ‘quand les neuf 
dixièmes des navires à vapeur de l’État avaient la force de 160 chevaux : dès 
que l'industrie particulière approche de la limite‘ atteinte par les travaux de 
la force navale, celle-ci fait un nouveau pas et tierce sa force motrice. 

» En Angleterre, au contraïre, tandis que les navires de l'État n’ont 
pas encore dépassé la force de 250 chevaux, le commerce en fait cons- 
truire à Liverpool, à Bristol, à Londres dont la force, fixée à 380 che- 
vaux, tend à s’accroître chaque jour, et, selon nous, au-delà des justes 
proportions entre lle tonnage et la puissance motrice, pour parcourir de 
très grands espaces. 

» La formule donnée par Euler pour calculer la résistance relative et la 
force motrice des vaisseaux, montre que cet accroissement simultané de 
la grandeur des navires et des forces motrices permet d'atteindre une plus 
grande vitesse avec une force qui met en mouvement un poids propor- 
tionnellement plus considérable. 

» J'ai pensé qu'on verrait avec intérêt quelques rapprochements que 
j'ai faits pour rendre ce résultat sensible, au sujet des deux premières 
classes de navires à vapeur de la marine française. 


NAVIRES A VAPEUR FRANCAIS, 2° CLASSE, 1" CLASSE. 

Force motrice évaluée en chevaux......,.,. 160 chev. 220 chev. 
Tonnage total du navire......... ........ 777 tonn. 257kil. 1334 tonn. 149 kil. 
Portion du tonnage total par cheval moteur. 4 858 6 064 
Vitesse maxima par ‘un temps calme et dans : 

un milieu sans courant... ..........1... 1onœuds 10 neuds 4 
Poids normal duchargementquechaquenavire 

doit recevoir,sous forme decombustible... 100 tonn. 30otonn. 
Combustible par force de cheval. .......,.,.  625kil. 1350 kil. 


» Ainsi le navire de 220 chevaux aura ce qu'il faut de combustible pour 
naviguer pendant un temps plus que double du navire de 160 chevaux. 

» Afin de suffire à de très longs trajets, les navires de 220 chevaux ont 
leurs roues à aubes établies de manière à pouvoir agir encore efficacement 
malgré l’immersion qu’exigera la surcharge de 118 tonneaux de houille: 
surcharge qu’on réservera pour les longues navigations (1). 

» On pourra donc partir avec 1854 kilogrammes de combustible par force 


de cheval. Cette quantité de combustible représenterait, avec un vent 


ET EE CORRE PE 
(1) Les navires de 160 chevaux reçoivent une surcharge de 8o tonneaux. 


C. R. 1838, 1€T Semestre. (T.VI, N° 48.) 81 


( 596 ) 


calme et un milieu sans courant, un espace parcouru de 7030624 mètres, 
c'est-à-dire un espace égal aux Z de la distance du pôle à l'équateur, 
ou 1758 lieues de 4000 mètres parcourues en 4or heures --, ou 16 
jours Z. 

» Une telle rapidité suffirait à la rigueur pour aller, dans un temps calme, 
de France aux États-Unis; mais on est encore ici loin du terme qu'on 
doit atteindre pour être certain d'arriver malgré les temps les plus 
contraires. 

» Ainsi, le navire anglais, le Syrius, quoique mùû par une force de 400 
chevaux, vient de mettre six jours pour parcourir les 240 premières lieues 
de son trajet, de Liverpool à New-York : à ce compte, il lui faudrait trente 
jours de mauvais temps pour parcourir 1200 lieues. 

» L’insuffisance de la seule force de la vapeur pour accomplir dans tous 
les cas d'immenses trajets, a fait penser à rendre plus efficace la combi- 
naison des forces de la vapeur et du vent. Tel est l’objet d’un rapport de 
M. Hubert (octobre 1837), pour qu’un de ses bateaux à vapeur de 220 che- 
vaux, le Caméléon , puisse à volonté naviguer au moyen des voiles seu- 
lement. 

» Un officier de vaisseau fort ingénieux, M. Bechameil, s’est pareille- 
ment occupé de résoudre ce problème par des dispositions qui lui sont 
propres, et pour lequel il a fait récemment des travaux d'étude et des ex- 
périences dans la grande usine de la Chaussade, appartenant à la marine 
royale. 

» En m'adressant les diverses pièces officielles dont je viens de donner 
une idée , et qu'il me prie de déposer dans les archives de l’Académie, 
M. Hubert ajoute : « Je regrette que ee travail ne soit pas complet, et vous 
aurez à juger si je dois y donner suite en y ajoutant les plans des navires, 
les détails de la charpente et des installations , les plans de voilure, etc. » 

» Il me semble qu’en remerciant notre habile correspondant, pour les 
communications qu'il vient de nous adresser, nous devons lui faire con- 
naître que l’Académie ne pourra que recevoir avec reconnaissance les pré- 
cieux matériaux qui compléteront le présent que j'ai l'honneur de déposer 
aujourd’hui sur le bureau. » 


( 597 ) 


RAPPORTS. 


YOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur l'expédition de la Bonite: par 
M. DE FREYCINET. 


(Hydrographie, navigation et histoire du voyage.) 


« D’après les sections du rapport sur le voyage de la Bonite, qui déjà 
ont été lues dans cette enceinte, l'Académie aura pu juger de l’empres- 
sement de MM. les observateurs, pour tout ce qui tient à l’histoire natu- 
relle, à la physique du globe, au magnétisme et à la météorologie; mais 
il a été facile de prévoir que celles des observations qui exigeaient un 
long séjour au mouillage ont été beaucoup moins favorisées : tels sont en 
particulier les travaux qui se rattachent à la levée des cartes et plans 
bydrographiques. 

» Levée des cartes. — M. Darondeau, élève de cette école célèbre que 
dirige avec tant d'éclat celui que les étrangers eux-mêmes appellent /e père 
de l'hydrographie européenne , avait certainement toute l'instruction né- 
cessaire pour procéder d’une manière brillante à l'exploration des côtes 
visitées par l'expédition ; toutefois, nous le disons avec peine, la courte 
durée des relâches et les circonstances de la navigation ont mal servi son 
zèle; aussi cet habile ingénieur n’a-t-il pu satisfaire à l’ardent désir qu'il 
avait d'enrichir l'expédition, qu’en s’occupant des observations de phy- 
sique. À peine, en effet, aperçoit-on parmi les matériaux qui ont été soumis 
à notre examen, quatre plans particuliers, dont le plus considérable est 
celui de la baie de Karakakoa , Sur l’une des îles Sandwich; les autres sont 
un plan du mouillage de Puna, dans la rivière de Guayaquil; un plan du 
mouillage de Cobija, au Pérou; un dernier enfin d’une partie de la rivière 
Hoogly, dans l'Inde, en face de Chandernagor. Il faut ajouter à ce 
succinct catalogue, quelques sondes additionnelles portées, sur le plan 
du port d'Honoloulou, levé pendant la campagne de /’Uranie. Ces tra- 
vaux ont été exécutés par les meilleures méthodes, et font vivement re- 
gretter que les talents de M. Darondeau n'aient pu s'exercer sur une plus 
grande échelle. Les membres de l'état-major qui l'ont aidé dans ses opéra- 
tions, sont MM. Chevalier et Touchard, enseignes, et MM. Garrel et 
Chaptal, élèves de marine. 

» Nous devons joindre à la liste qui précède, un certain nombre de cartes 
et plans dont quelques-uns sont peu répandus en Europe, et qu’on a eu 


81. 


( 598 ) 
l'attention de se procurer ; aucun d’eux n’est inédit et tous sont dus à des 
explorateurs espagnols ou anglats. 

» Astronomie nautique. — M. Touchard, enseigne de vaisseau, parti- 
culièrement chargé des montres marines et des observations d'astronomie 
nautique, s’est acquitté de ce devoir avec un talent et une précision re- 
marquables. Cet habile officier a surtout donné une attention particu- 
lière à la répartition de l’erreur des montres, reconnue après une longue 
traversée. En rendant compte des observations qu'il a faites pendant le 
cours de la campagne, tant à terre qu’à bord du vaisseau, il se livre à 
des recherches intéressantes sur la meilleure méthode à suivre pour ré- 
partir cette erreur finale sur les points intermédiaires. Déjà plusieurs na- 
vigateurs s'étaient occupés de cet objet, les uns en supposant que la va- 
riation de 14 marche moyenne du chronomètre a été uniforme pendant 
la traversée, et les autres qu’elle a été uniformément accélérée. M. Tou- 
chard discute de nouveau la question sous ce double rapport; et apres 
avoir fait ressortir les inconvénients et les avantages de chacune de ces 
hypothèses, il donne la préférence à la dernière. Devant ici me borner à 
des aperçus généraux, je ne suivrai point l'auteur dans les conséquences 
utiles qui résultent de son analyse; et je m'y résigne avec d'autant moins 
de peine, que je connais son intention d'en faire plus tard l’objet d'un 
mémoire spécial. 

» Le même officier donne ensuite deux tableaux : l’un des variations 
diurnes des chronomètres, telles qu’elles ont été trouvées à chacune des 
stations de la corvette; l'autre du petit nombre de positrons géographi- 
ques, déterminées par ses soins, dans le cours de la campagne. Les longi- 
tudés y sont comptées de deux manières : 1° du méridien de la dernière 
stition, et 2° du méridien de Paris. 

» Les registres d'observations, et ceux où les calculs ont été écrits, sont 
tenus avec beaucoup d'ordre, et l’on est satisfait de voir la parfaite con- 
cordance des résultats, surtout dans les observations faites à terre. 

» Histoire du voyage. — Ta collection considérable de paysages, de 
vues de marine, dessins de costumes, etc., qui nous a été communiquée , 
laisse peu à désirer tant pour le nombre et la variété des sujets, que pour 
le charme des points de vue et la perfection du travail. Toutes ces ri- 
chesses, dues à l’activité et au talent de MM. Fisquet, enseigne de vais- 
seau , et Lauvergne, agent comptable, ne peuvent manquer de répandre 
un grand agrément sur l’atlas pittoresque qui accompagnera sans doute 
la relation du voyage, et l’on peut croire, par aperçu, que 150 dessins’, 


( 599 ) 


dont‘un grand nombre sont coloriés, pourront entrer dans cette publi- 
cation. 

» Conformément aux recommandations de l'Académie, quelques docu- 
ments phüiologiques ont'été rapportés et mis sous les yeux de la Com- 
mission; ils consistent: 1° en un Nouveau-Testament en langue des iles 
Sandwich, imprimé sur ces îles mêmes, par les missionnaires protestants 
établis à Wahou; 2° un Vocabulaire sandwichien et anglais; 3° cinq pe- 
tits volumes sandwichiens, relatifs à l'éducation des enfants et à l'étude de 
la religion; 4° un alphabet de la langue des Birmans ; 5° enfin un Caté- 
chisme, suivi de dialogues, en langue bengali. 

» Si l’on fait attention aux difficultés et aux exigences de la campagne, 
si lon se rappelle que, malgré tantide travaux inusités, les officiers qui 
s’y sont livrés concouraïent , avee leurs camarades; à toutes les parties du 
service , il sera difficile de ne pas reconnaître en eux autant de savoir que 
de dévouement, et de ne pas faire des vœux pour qu’une aussi généreuse 
et noble conduite recoive da Gouvernement une digne récompense. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Frémy, relatif aux 
modifications que la chaleur fait éprouver à l'acide tartrique et à l'acide 
paratartrique. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze, Dumas, rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, MM. Robiquet, Pelouze et moi, de lui 
rendre compte d’un mémoire de M. Frémy, qui a pour objet l'examen des 
modifications que les acides tartrique et paratartrique éprouvent lorsqu'ils 
sont soumis à une chaleur assez forte, quoique incapable de les convertir 
en produits pyrogénés proprement dits. M. Braconnot avait remarqué que 
l'acide tartrique soumis à la fusion change de propriété; M. Frémy a voulu 
approfondir ce fait, en trouver la cause, et il est parvenu à des résul- 
tats pleins d'intérêt, juste récompense du long travail auquel il s'était 
dévoué. 

» La nature des acides oxigénés peut s’expliquer:par deux théories, qui, 
probablement, sont toutes les deux vraies, mais qui probablement aussi 
ne s’appliquéront chacune qu’à un certain nombre de ces corps. L'une de 
ces théories, ‘celle qui est admise d’un ‘avis presque unanime, consiste à 
les regarder comme des corps distincts, de véritables acides oxigénés, qui 
s'unissent à l’eau ou aux bases pour former des sels. L'autre ne tient au- 
cun compte de ces acides quand ils sont anhydres ; elle considere ces 


( 600 ) 


acides, quand ils sont hydratés, comme des hydracides, et elle regarde 
leurs sels comme des corps analogues aux chlorures. 

» Ces deux théories se trouvent aux prises de la manière la plus étroite 
en ce qui concerne la nature de l'acide tartrique, car l'une d'elles, celle 
qui considère l’acide tartrique comme un oxacide, est incompatible avec 
l'analyse de l’émétique anhydre, et si, d’après la composition de ce corps, 
on veut regarder l'acide tartrique comme un hydracide, on éprouve quel- 
que difficulté au premier abord à se rendre compte des résultats observés 
par M. Frémy. Ceux-ci sont en effet bien plus faciles à expliquer, en re- 
gardant l’acide tartrique comme un oxacide. 

» Jetons un coup d'œil sur ces résultats. 

» M. Frémy a découvert le corps qui, dans les idées généralement ad- 
mises, doit porter le nom d'acide tartrique anhydre. 

» Il l'obtient avec la plus grande facilité, car il suffit d'exposer l'acide 
tartrique à l’action de la chaleur dans une capsule. L’acide fond, perd de 
l'eau, finit par se boursouffler, et laisse une masse spongieuse qui consiste 
en grande partie en acide tartrique anhydre, assez peu soluble dans l'eau 
pour qu'on puisse le séparer à l’aide de ce dissolvant des parties d'acide 
tartrique incomplétement privées d’eau. 

» 0,467 d'acide tartrique anhydre préparé par M. Frémy, sous les yeux 
de votre rapporteur, ont donné à l'analyse 0,626 d’acide carbonique, et 
0,139 d’eau; d’où l'on tire 


Caleul. Exp. 

Garbone: ete SO EST NS OS 37,0 
Hydrogène... Map 0. OT 3,3 
OXBENES. ee OO. ae M0 2 ia aete ee OO 
831 100,0 100,0 


» Ainsi, le corps décrit par M. Frémy, sous le nom d'acide tartri- 
que anhydre, possède bien les propriétés et la: composition qu'il lui 
assigne. 

» On sait qu'outre l’acide tartrique, il existe un autre acide qu'on a 
successivement appelé racémique et paratartrique, et qui possède en effet, 
dans ses sels, la composition exacte de l'acide tartrique. Dans toutes les 
réactions destructives, l'acide tartrique et l'acide racémique, se comportent 
de la même maniere, en sorte que jusqu'ici rien ne peut nous éclairer sur 
les différences qui peuvent exister entre les deux, relativement à leur for- 
mule rationnelle. 

» M. Frémy a dü soumettre l'acide paratartrique au même traitement 


( Got ) 
que lui avait fourni l'acide tattrique anhydre. On pouvait espérer que dans 
cette occasion, il se manifesterait quelque différence entre ces deux 
corps. 

» Il n’en a rien été. L’acide paratartrique s’est comporté comme l'acide 
tartrique, et a produit un corps analogue qu’il faut désigner sous le nom 
d'acide paratartrique anhydre. Cette circonstance a paru tellement digne 
d'attention à votre rapporteur, qu'il a cru nécessaire de multiplier les véri- 
fications, en ce qui concerne Ja composition de l'acide paratartrique an 


hydre. 


FE 0,317 ont donné o,oy2 eau et 0,425 acide carbonique ; 
IL. 0,500 id. 0,150 id. 0670 acide carbonique; 
NL. :0,332 id, 0,447 acide carbonique; 


ce qui produirait en centièmes 
IL. IL. 111. 
Carbone, 37,0 .... 37,0.... 37,2 
Hydrogène, #3,2.... 3,3.... » 
Oxigène, 59,8... 59,7 ....» 


100,0 100,0 » 


» Ces trois analyses, parfaitement d’accord avec celles de M. Frémy, ne 
peuvent laisser le moindre doute sur l'existence d’un acide paratrique 
anhydre exactement composé comme l'acide tartrique anhydre  lui- 
même. 

» A côté de ces deux faits remarquables par eux-mêmes et surtout en 
raison des deux acides qui les ont fournis, M. Frémy en fait connaitre 
deux autres qui, par leur nouveauté, ont fixé, très vivement l'attention 
des chimistes qui travaillent au développement de la chimie organique. 

» En effet, ce n’est pas de l'acide tartrique anhydre qui se produit immé- 
diatement quand on vient à fondre l’acide tartrique., Avant de passer à 
cet état, l'acide tartrique ordinaire donne naissance à deux produits inter: 
médiaires d’un haut intérêt pour la théorie. Le premier c’est l'acide tar- 
tralique , le second l'acide tartrélique de M. Frémy. 

» L’acide tartralique se représente, par de l'acide tartrique qui, au: lieu 
de saturer deux atomes de base, n’en saturait plus que ; atomes. 

» L’acide tartrélique se représente à son tour par de l'acide tartrique 
qui ue saturerait plus qu’un seul atome de base. 

» De telle sorte qu’en partant de la formule la plus vraisemblable pour 
l'acide tartrique 

CS H5 0,2 H°0 ou C Hi: 0", 


( 6p2 ) 


on voit que les trois produits dont il s’agit se représenteraient.de la ma- 
nière suivante dans leurs sels de plomb respectifs: 


C'5H8O'°, 2PbO.... Tartrate, 
C5HSO'®, SPbO.... Tartralate, 
CSHSO'°, PbO.... Tartrélate. 


» Ainsi, M. Frémy s’est assuré qu'à mesure que l'acide tartrique perd 
de l'eau, il donne successivement naissance à.des corps quise combinent 
avec des quantités moindres de base, et qui prennent à l’état de sel des 
quantités de base équivalentes aux proportions d’eau qu’ils avaient con- 
servées. 

» Ces modifications rappellent celles qui ont été assignées, avec tant de 
raison, par M. Graham, comme les causes des variations que l'acide phos- 
phorique et les phosphates éprouvent par l’action de la chaleur. 

» L'auteur s’est convaincu que les acides tartralique et tartrélique re- 
viennent facilement à l’état d'acide tartrique. 

» Votre rapporteur a vérifié l'analyse du tartralate de plomb. Le sel 
soumis aux essais renfermait du tartrélate, ce qui s’évite difficilement ; 
mais il a donné, du reste, pour l’analyse de l’açide anhydre, des résul- 
tats conformes à ceux de M. Frémy. 

» Il résulte done, du travail de M. Frémy, que l'acide tartrique peut 
perdre de l’eau, en passant par des modifications analogues à celles de 
l'acide phosphorique, jusqu'à ce qu'il arrive à l’état d'acide tartrique 
anhydre. L’acide paratartrique est dans le même cas. 

» Nous aurions désiré que les deux acides anhydres dont il s'agit, eus- 
sent été soumis à l’action du brôme où du chlore; que des essais de ce 
genre eussent été tentés égaälemént sur les acides tartrique et paratartri- 
que hydratés; c'est ce que M. Frémy pourra faire plus tard. 

» M. Frémy a donc introduit, dans l'étude des acides organiques , un 
point de vue neuf, et qui lui appartient en entier. Il semble, au premier 
abord, avoir tranché la question touchant leur nature, Tone décou- 
vrant l'acide tartrique anhydre, il paraît avoir mis hors de doute la for- 
mule réelle de cet acide à l’état hydraté ; mais avec un peu d'attention, 
on voit que ces nouveaux résultats Sexpliquent aisément, quand on con- 
sidere l'acide tartrique comme un hydracide. 

» En effet, à mesure que l'acide tartrique perd de l’eau, il donne 
naissance à des produits dont la capacité de saturation diminue toujours, 
jusqu’à ce qu’elle devienne nulle; car l'acide tartrique anhydre n’est plus 


( 603 ) 


un acide, et entre ce produit et l'acide tartrélique il se forme encore 
d’autres substances douées d’une capacité de saturation moindre que celle 
de l'acide tartrélique lui-même et dont l'étude mérite toute l'attention de 
l’auteur. 

» On peut donc considérer l'acide tartrique et les nouveaux acides de 
M. Frémy, comme autant d'hydracides distincts. 

», Quant à l'acide tartrique anhydre, ce serait un produit de décompo- 
sition, mais non pas un acide par lui-même. 

» Quoi qu’il en soit de ces vues théoriques, nécessaires à présenter 
pour prouver que les recherches de M. Frémy ne détruisent en rien les 
résultats donnés par l'analyse de l’émétique, il est clair que le travail de 
M. Frémy mérite toute l'approbation de l'Académie, par la nouveauté des 
faits, leur importance, leur exactitude, et l'excellent esprit dans lequel ils 
ont été discutés. 

» Nous avons donc l'honneur de proposer à l'Académie, de décider 
que le Mémoire de M. Frémy sera imprimé dans le recueil des Savans 
étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


Rapport sur un mémoire concernant les courants périodiques et les marées 
de la Manche; par M. Moxxxr , ingénieur hydrographe de la Marine. 


(Commissaires, MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Poncelet rapporteur.) 


« Une analyse de ce travail a déjà été publiée dans le Compte rendu de 
la séance du 12 mars dernier; nous pourrons donc nous dispenser en 
partie de la reproduire ici, et borner ce rapport à quelques observations. 

» Les courants à la surface de la mer sont loin souvent de s’arrêter 
pour revenir sur eux-mêmes aux heures où la marée cesse de monter ou 
de descendre : ce fait indiqué plusieurs fois, n’est point un fait excep- 
tionnel, il a, au contraire, une grande généralité; cependant il est resté 
peu connu. L’un de nous, M. Beautemps-Beaupré, l’a bien signalé pour 
la mer de Flandre, il y a déjà long-temps; le capitaine White en a bien 
fait une mention spéciale. Beaucoup d’observateurs n’en ont pas tenu 
compte, et c’est avec toute raison, à notre avis, que M. Whewell, dans son 
Mémoire de 1833, attribue à la confusion qui aura fréquemment eu lieu 
entré les heures de reversement du courant et les heures de pleine ou de 
basse mer, les grandes différences que présentent les diverses évaluations 
données, pour un même lieu, de ce que l’on nomme l'heure de l’établisse- 
ment. On’ne saurait trop appeler sur ce point l'attention des navigateurs. 

C. R. 1838, 1°r Semestre, (T. VI, N° 48.) 82 


( 604 ) 


» M. Monnier a donc rendu un service important en réunissant sur 
une carte qui accompagne son Mémoire, les résultats de ses propres ob- 
servations hydrographiques pour toute l'étendue de la Manche, et en les 
complétant, autant que possible, par quelques indications des observa- 
teurs anglais. 

» La carte de M. Monnier présenté en chaque point et pour l'époque 
des syzygies , les heures différentes du réversement de la marée et du re- 
versement du courant. La différence des deux époques, dans une grande 
partie du canal, s'élève jusqu'à trois heures, c'est-à-dire à la moitié du 
temps que la mer emploie à s'élever ou à descendre. Le flot continue de 
courir jusqu'à la demi-marée, jusqu’à l’époque où la mer s’est abaissée de 
la moitié de son abaissement total. 

» Ce n’est pas toujours dans une seule et même direction que le courant 
s’avance et revient, pendant la durée de chaque période de r2 heures. Sou- 
vent il s’infléchit et passe graduellement par toutes les directions d’une 
droite qui accomplirait en un demi-jour une révolution entière. 

» Ce phénomène, M. Whewell en a cité déjà un exemple, relativement 
aux îles Scilly; M. Monnier l'avait aussi déjà observé dans les parages de 
Cherbourg, il le retrouve en un grand nombre de points de la Manche; 
il l'indique sur la carte en courbant les flèches dont la direction, lors- 
qu’elle est rectiligne, représente la direction principale des courants de flot 
et de jusant. Enfin, résumant ses observations, M. Monnier arrive à ce 
résultat général que la révolution graduelle des courants, dans la période 
du demi-jour, s’effectue en sens contraire, pour des heures correspon- 
dantes, sur les côtes opposées de France et d'Angleterre. 

» Toutes ces variations, M. Monnier les rapporte, comme l'a fait 
M. Whewell, à la rencontre de deux marées partielles qui se propagent 
dans un canal ouvert en y pénétrant à peu près simultanément par ses 
deux extrémités. C’est ce qui a lieu dans la Manche; on le voit par les heures 
de l'établissement; lune des marées arrive du sud, et principalement le 
long des côtes de France; l’autre, presque aux mêmes heures, vient du 
nord en suivant la côte d'Écosse. 

» Ce n’est pas seulement à la surface de la mer qu'il importe d'étudier 
les courants périodiques; à une certaine profondeur, leur direction paraît 
être quelquefois différente : le reversement semble ne pas s’y opérer aux 
mèmes heures qu’à la surface. Ainsi, quelquefois, un bâtiment qui aurait un 
fort tirant d’eau et une légère chaloupe, abandonnés au courant, pourraient 
aux heures voisines du reversement, se trouver entrainés dans des direc- 


( 605 ) 


tions opposées. M. Lebeau, conducteur des travaux maritimes à Lorient, 
a obtenu des indications de ce fait à l'aide d’une sorte de girouette sous- 
marine. L’un de nous a eu communication d’un fait semblable observé par 
un officier de marine, dont tous ceux qui l'ont connu appréciaient le zèle 
et les talents, par l'infortuné M. de Blosseville. M. Monnier rapporte des 
exemples qu'il a constatés lui-même de ces mouvements contraires du: 
Courant à la surface et à quelque profondeur. 

» Sans que nous ayons besoin d'entrer dans de plus grands détails, l'A. 
cadémie verra par combien de laborieuses observations M. Monnier à pu 
obtenir l’ensemble des résultats qu'il offre aux physiciens et aux naviga- 
teurs. La publication de son travail sera un véritable service rendu aux 
sciences, et l'Académie, en engageant l’auteur à continuer ses recherches, 
nous semble devoir appeler de ses vœux cette publication. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, — Rapport sur un mémoire de M. Doxxé, relatif à 


» 


certains phénomènes de mouvement observés chez le Chara hispida. 


(Commissaires, MM. Adolphe Brongniart, Dutrochet rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, M. Adolphe Broneniart et moi, de lui 


fait ses observations, en s’aidant du secours du compresseur de Purkinje. 
Nous avons répété avec M. Donné, les observations annoncées par lui, et 


rétablir ensuite. Une PressiGn nouvelle et plus forte produit de nouveau 
les mêmes effets. Ces premiers phénomènes, observés par vos Commis- 


ment troublée; beaucoup de globules verts Composant les séries ou cha- 
pelets se désagrègent, et devenant isolés se mêlent aux globules que charrie 
le liquide circulant. Ces globules verts devenus isolés sont faciles à distin- 


82. 


( 606 ) 


guer des globules circulants à leur couleur verte; les globules circulants 
n'ont point cette couleur. Or, nous avons vu plusieurs de ces globules 
verts, désagrégés et devenus libres dans le liquide que contient le tube 
central du chara, se mouvoir spontanément en tournant sur eux-mêmes , 
ainsi que l’a annoncé M. Donné. Nous nous sommes assurés que ce mou- 
vement de rotation ne leur était point imprimé par le liquide circulant, car 
nous l'avons observé le globule vert étant placé dans un endroit où il n’y 
avait point de courant circulatoire, et cela parce que les séries de globules 
verts avaient été détruites dans cet endroit par l’effet de la compression. 
Alors le globule vert tournait sur lui-même, presque sans changer de place. 
Quelquefois ces globules verts, animés d’un mouvement de rotation, sont 
entrainés , dans cet état, par le courant circulatoire. 

» M. Donné nous a donné une preuve irréfragable de la spontanéité du 
mouvement de rotation des globules verts du chara par l'expérience sui- 
vante. Ayant ouvert un tube central de chara, il en a exprimé avec force 
le liquide intérieur sur une lame de verre. Cette action comprimante a né- 
cessairement détaché et isolé quelques-uns des globules verts appartenant 
aux séries ou chapelets, et ils sont sortis du tube mélés au liquide ex- 
primé. Ce dernier étant soumis au microscope , nous avons vu que ceux de 
ces globules verts qui étaient contenus dans la partie la plus aqueuse du 
liquide étaient sans mouvement; mais il n’en était pas de même de ceux 
de ces globules qui se trouvaient au milieu de grosses gouttes d’un liquide 
plus épais et granuleux. Ces globules présentaient un mouvement continuel 
de rotation sur eux-mêmes, et ici la spontanéité de ce mouvement n'était 
pas douteuse. Il est donc hors de doute que les globules verts sériés du 
chara sont animés par une force qui leur est propre ou qui émane d’eux ; 
force au moyen de laquelle ils agissent sur le liquide qui les environne. Si 
ces globules sont fixés, ils impriment du mouvement au liquide environ- 
nant; s'ils sont libres et flottants, le mouvement qu'ils tendent à imprimer 
au liquide environnant réagit sur eux-mêmes et les fait tourner dans un 
sens déterminé et qui paraît ne point varier. 

» Il nous restait à voir des fragments de séries ou de chapelets de glo- 
bules verts se mouvoir spontanément et se pelotonner ainsi que l’a dit 
M. Donné, et ainsi que l'avait vu avant lui l’un de vos Commissaires. Mais, 
dans ces observations, il faut être servi par le hasard, car on ne peut être 
sûr de les reproduire à volonté. Or, pendant deux heures que vos deux 
Commissaires sont restés associés pour ces observations , ils n’ont pu par- 
venir à être témoins du fait dont il s’agit. Votre Commissaire rapporteur, 


( 607 ) 

resté seul pendant une troisième heure employée à suivre, par lui-même , 
ce genre de recherches, est enfin parvenu au résultat qu'il cherchait, eten 
même temps, il a vu un autre phénomène qui ne s'était point présenté à 
M. Donné, et qui confirme pleinement les assertions de cet observateur 
relativement à l'existence de la force au moyen de laquelle les globules 
verts agissent sur le liquide qui les environne. Un fragment de chapelet 
composé de cinq globules verts s’était courbé assez profondément pour 
rapprocher ses deux extrémités l’une de l’autre, en sorte qu’il formait un 
cercle complet. Ce cercle, placé, par hasard, dans un endroit où la circula- 
tion n'existait pas, tournait sur lui-même, comme une roue en mouve- 
ment, mais presque sans changer de place, et son mouvement de rotation 
était toujours dans le même sens. Ce mouvement de rotation, bien évidem- 
ment spontané, prouve que la série ou chapelet de globules verts ployé en 
cercle, communiquait au liquide environnant une impulsion dirigée sui- 
vant la circonférence de ce cercle et dans un sens déterminé, impulsion 
qui, réagissant sur ce petit cercle en raison de-sa mobilité, le faisait tour- 
ner sur Jui-même, par un mécanisme analogue à.celui qui fait tourner un 
soleil d'artifice, ou qui fait tourner une turbine, 

» Ce fait a eu pour témoin un physicien distingué, bien connu de 
l'Académie, M. Peltier. Des faits pareils, que le hasard seul peut offrir, 
ont besoin d’être appuyés par des témoignages: Il reste donc bien dé- 
montré que les globules verts sériés du chara exercent une action impul- 
sive sur le liquide qui les environne. Lorsque ces globules verts sont 
isolés, l’action, impulsive qu'ils exercent sur le liquide environnant les fait 
tourner sur eux-mêmes, ainsi que l’a découvert M. Donné; lorsque ces 
mêmes globules verts sont réunis en série ou chapelet, et que ce chapelet 
mobile est courbé en cercle, l'impulsion exercée sur le liquide environnant 
est dirigée dans un sens déterminé suivant la circonférence du cercle, c’est- 
àa-dire suivant la longueur’ du chapelet, et ce chapelet circulaire et mo- 
bile tourne sur lui-même; enfin, dans l’état naturel , les globules verts 
étant réunis en séries ou chapelets fixés à l’intérieur du tube central du 
chara, leur action impulsive s'exerce sur le liquide environnant suivant 
la longueur:et selon la direction plus ou moins: spiralée de ces séries ou 
chapelets de globules verts. Comme ces chapelets sont fixés, c’est le li- 
quide seul qui se meut. Ainsi se trouve démontré définitivement un phéno- 
mène de la plus haute importance en physiologie végétale, celui de l'im- 
pulsion que les globules verts et fort probablement de même tous les 
autres globules ou très petites cellules des végétaux exercent sur les li- 


( 608 } 


quides intérieurs avec lesquels ils se trouvent en contact. Il reste actuel: 
lement à déterminer quelle’est la cause et quel est le mécanisme de cette 
impulsion. Mi 

» On connaît le beau travail de MM. Purkinje et Valentin sur le mou- 
vement vibratoire qui existe à la surface de certaines membranes mu- 
queuses de la plupart des animaux et quelquefois à la surface de leur 
peau. Ce mouvement vibratoire, qui a son siége dans des cils microsco- 
piques , imprime un mouvement de progression aux liquides environnants. 
Les auteurs que nous venons de citer ont été tentés de rapporter à la même 
cause le mouvement du liquide circulant chez le chara (1); mais l’obser- 
vation n’a point confirmé leurs soupçons à cet égard : ils n’ont pu parve- 
nir à voir des.cils vibrants chez le chara, ni chez les autres végétaux dans 
lesquels: il existe une circulation cellulaire. Ne pouvant ainsi reconnaître 
l'identité de la cause de ce mouvement chez les animaux et chez les 
plantes, les auteurs se sont bornés à admettre, par présomption, l’ana- 
logie de cette cause. C’est cette analogie qu’admet M. Donné : cette ana- 
logie, dit-il, est d'autant plus complète que les organes vibratiles des 
membranes muqueuses se séparent eux-mêmes , ainsi que je l'ai démontré, 
en particules où l'on voit le mouvement persister souvent plus de vingt- 
quatre heures. Noûs ferons observer ici qu'avant M. Donné, MM. Purkinje 
et Valentin (2) avaient vu que les particules détachées des parties vibrantes 
soit par lart, soit par la nature elle-méme (natura ipsa), se meuvent et 
nagent au moyen de la vibration de leurs cils, affectent les divers mouve- 
ments que l’on voit chez les animalcules infusoires. Or, de ce que dans les 
parties vibrantes des animaux et dans les chapelets de globules verts du 
chara, des particules détachées et isolées se meuvent spontanément, peut- 
on en conclure, avec M. Donné, qu'il y a de l’analogie dans la cause de 
leur mouvement? L'absence complète de cils vibratiles chez les globules 
verts sériés du chara, absence annoncée par MM. Purkinje et Valentin et 
constatée par M. Donné, ne doit-elle pas porter à penser que la cause du 
mouvement spontané des globules verts isolés n’est pas la même que celle 
du mouvement spontané des particules munies de cils vibratiles qui sont 
détachées des parties vibrantes des animaux ? MM. Purkinjetet Valentin (3) 


(1) De Phenomeno generali.et fundamentali motûs vibratorti continui in membranis 
tum externis tum internis animalium plurimorum , K 3 ét ir. 

(2) Ouvrage cité, 33. 

(3) Idèm, K 00. 


(609 ) 
ont vu que les substances qui agissent puissamment sur le système nerveux 
des animaux, telles que l’opium et l'acide hydro-cyanique, n’ont pas la 
moindre influence sur le mouvement vibratoire des cils de leurs mem- 
branés ; or, votre commissaire rapporteur a expérimenté que ces mêmes 
substances agissent très énergiquement pour suspendre ou abolir le mou- 
vement circulatoire du chara; on voit donc que l’analogie de la cause de ces 
mouvements n’est pas encore bien établie. Il y a encore beaucoup à faire 
sur ce point fort important de la physiologie animale et végétale. M. Donné, 
par la découverte qu'il a faite de la rotation spontanée des globules verts 
du chara lorsqu'ils sont isolés de leurs séries, a bien mérité de la science. 
Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de donner son approba- 
tion aux recherches de cet observateur zélé, et de l’engager à es conti- 


nuer, » 


A la suite de ce rapport, M. Anozpxe Bronenrarr communique les pas- 
sages suivarits d’une lettre qu'il vient de recevoir de M. Dowxé: 

« En collant à la surface d’un compresseur un petit fil de verre, de 
manière à étrangler en un point le tube de chara soumis à l’ébservation, 
non-séulèment je parviens à détacher, par une! compression graduée, un 
bien plus grand nombre de granules pariétaux , qu’en me bôrnant à com- 
primer la plante entre les deux surfaces planes, ainsi que je l'ai fait devant 
vous; mais j'intérromps la continuité de beaucoup de séries de granules 
verts que l’on voit alors flotter librement dans le liquide ambiant par l’une 
de leurs extrémités. Ces chapelets se mettent aussitôt à s’agiter en tous sens, 
à se replier sur eux-mêmes, se recourber, s’enrouler, puis se dérouler et 
se replier dans un sens inverse, enfin à se contourner de mille manières, 
à peu près comme le font deux moitiés d’un ver coupé par le milieu du 
corps; ces contorsions durent souvent fort long-temps sur un chara frais 
et vigoureux. 

» Il se produit ensuite des.changements très remarquables dans l’ordre 
et dans la forme des globules, pariétaux au moment où la circulation vient 
à être abolie par une cause quelconque. Dans: l’état normal, les granules 
verts sont rangés, comme on voit, en séries régulières contre la paroi in- 
terne des tubes de chara; ces granules sont à peu près elliptiques et pres- 
que en contact les uns avec les autres par leurs extrémités allongées: ils 
semblent se tenir par une substance intermédiaire que l’on n’aperçoit pas 
nettement. Deux changements notables dans l’ordre et dans l'aspect de ces 
particules coïncident constamment et d’une manière instantanée, non pas 


( 610 ) 


avec la suspension, mais avec l’arrêt définitif de la circulation; aussitôt 
que par un moyen ou agent quelconque on anéantit le mouvement circu- 
latoire, les granules verts éprouvent dans toute l'étendue du tube un re- 
trait sur eux-mêmes, une sorte de contraction, de manière qu'ils devien- 
nent à peu près sphériques d’elliptiques qu'ils étaient, et se séparent ainsi 
les uns des autres par une distance appréciable; ce mouvementest si prompt 
qu'il semblerait un ressort que l’on détend. 

» En même temps le bord de chaque granule, de vague et mal défini 
qu'il était, se prononce et devient presque noir; des inégalités se dessi- 
nent dans ces petits corps, comme si leur substance se plissait par l'espèce 
de contraction qu’elle subit. 

» J'ai fait de nouveaux efforts pour découvrir une action directe de la 
part des granules verts sur le liquide en circulation; en d’autres termes, 
pour apercevoir des organes de mouvement sur ces petits corps auxquels 
il est difficile maintenant de refuser une influence immédiate sur la circu- 
lation du chara; toutes mes expériences et mes tentatives n’ont réussi qu’à 
bien constater un point : c’est que les particules suspendues dans le liquide 
en circulation ne passent pas indifféremment auprès des granules verts, 
c'est-à-dire qu’elles éprouvent toujours une petite déviation dans leur 
cours, de manière à décrire de légères sinuosités en rapport avec la circon- 
férence des granules. En un mot, on ne les voit jamais arriver au contact 
immédiat de ces granules; mais elles suivent à une certaine distance le 
contour de l’auréole existante autour de chaque granule. » 


Rapport sur un Mémoire de M. CasrérA, relatif aux moyens de sauver les 
naufragés. 


(Commissaires, MM. Becquerel, Poncelet et de Freycinet, rapporteur.) 


« Un de ces hommes que l'amour du bien consume, et qui, depuis 
longues années , sacrifie son temps, sa fortune et sa vie, à porter des se- 
cours à une classe nombreuse de ses compatriotes, celle des marins nau- 
fragés, vient encore de prendre la plume et d’adresser à l’Académie un 
nouveau Mémoire sur les moyens de sauvetage qui peuvent être employés 
avec le plus de succès. C’est de cet ouvrage, de M. Castéra, dont 
MM. Becquerel, Poncelet et moi, nous sommes chargés de rendre 
compte. 

» Dans un préambule plein d’un touchant intérêt, M: Castéra peint 
avec le feu d’un homme qui sait sentir, tout ce que la profession de ma- 


(-6rr ) 


rin à de pénible et de meurtrier. Peut-être plus d’un'auditèur ignore-t-il 
qu'il en périt annuellement de 10 à 15 mille sur les rivages européens ; 
que les mers du Jutland én engloutirent 20 mille il ÿ à peu d'hivers, et 
que la ville de Dunkérque en a perdu récemment 360 en quelques 
Jours. i 

» Après cet exposé, l’auteur passe en revue les moyens de sûreté qui 
peuvent être opposés aux accidents de mer. {1 parle des embarcations in- 
submersibles , destinées à se rendre du rivage à bord des navires, pour y 
recueillir les naufragés. Il n’y a pas encore 5o ans, dit-il, que partout, 
l'assistance accordée à ces malheureux, se bornait à tendre du rivage une 
main courageuse à celui qui se débattait contre la mort, ou à offrir, sur 
le sol, un abri hospitalier à l’infortuné qui n'avait pas été englouti par les 
flots. Les bateaux insubmersibles furent enfin imaginés par Grethead , et 
construits la première fois en 1790; le succès de l'invention dépassa les 
espérances du vulgaire, et l’auteur n’eût-il conservé la vie qu'aux 300 
personnes que, dans ses premières années d’épreuve, il sauva sur un seul 
point des côtes britanniques, il méritait bien, assurément, les honneurs et 
les richesses que le Parlement lui décerna. 

» Bientôt cette embarcation se multiplia le long des rivages où elle avait 
pris naissance, sans toutefois en franchir l'enceinte; et l’on voyait avec 
douleur périr, d'un côté de la Manche, ceux qu’on eût pu sauver de 
l'autre. 

» En 1800, un bateau de ce genre fut embarqué dans l'expédition du 
capitaine Baudin , aux Terres-Australes; mais, pendant long-temps, ce cas 
isolé n’eut point d'imitateurs; et lorsqu’en 1826, M. Castéra lut son premier 
mémoire sur cette matière, on ne comptait encore aucune de ces embar- 
cations en France; sept ans plus tard, il y en avait une à Cherbourg; 
depuis lors on en a construit dans beaucoup de localités. 

.» Mais ce moyen de sauvetage ne peut appartenir qu'au port où il a été 
établi; et l'on sent, d’ailleurs, qu’il serait impossible d’en garnir à la fois 
toutes les côtes; de quantité sera ainsi toujours bornée par leur prix et 
leur spécialité. Il fallait donc chercher les moyens de procéder du vaisseau 
à da côte, et d'établir dans le premier sens, des méthodes plus économiques 
et d’un emploi plus facile. C’est sur ce double eue que porte la suite du 
mémoire de M. Castéra. 

“5 Le plus Simple de ces moyens, et en même temps le moins coûteux, 

consiste à rendre toute espece de bateau, insubmersible, par l'addition de 

barils vides et fermés placés à ses extrémités, et occupant une capacité 
C.R. 1838, 19° Semestre. (TL. VI, N° 48.) 83 


( 612 ) 


suffisante pour tenir l’embarcation à fleur d’eau, lors même, que la vague 
en envabhirait le reste. Ce procédé aurait d’ailleurs la propriété d’être à la 
fois utile sur un navire comme dans le port; car les marins qu'on vou- 
drait aller chercher à bord du vaisseau en perdition ,pourraient eux-mêmes 
tenter de se rendre sur le rivage, s’ils n’avaient à craindre de se voir sub- 
mergés pendant l’opération. 

» Viennent ensuite les moyens de faire des trajets sur mer, sans, l’inter- 
médiaire d'aucune embarcation. On connaît le procédé ingénieux du.capi- 
taine Manby, qui, à l’aide d’un projectile, est parvenu à lancer de la côte, 
sur le vaisseau, une corde pouvant servir de trajectile aux naufragés. La 
difficulté de franchir un espace dangereux pendant la tourmente, a suggéré 
à M. Castéra l’idée d'employer des bateaux à vapeur à cet usage; il pense 
cependant, qu’on trouverait dans les formes et les combinaisons de la ton- 
nellerie, les moyens de faire des machines de sauvetage plus économiques 
et plus à portée du besoin. L'auteur décrit plusieurs dispositions de ce 
genre, qu'il a imaginées, et dont il a exécuté lui-même les modèles avec in- 
telligence; ces idées méritent, toutefois, d’être éprouvées par l'expérience , 
qui, dans des questions aussi graves, doit toujours être consultée en dernier 
ressort. 

» M. Castéra rend également compte de divers systèmes de bateaux-ra- 
deaux , et d'appareils de sûreté dont il est l’auteur, et dont il conseille de 
placer les éléments à bord des navires. Je crois que si ces machines étaient le 
long du vaisseau à l'instant d’un péril prochain, l'équipage pourrait en 
profiter avec grand avantage; mais la routine des marins ne s’opposera-t- 
elle pas long-temps à l’embarquement, toujours plus ou moins encombrant, 
des pièces qui doivent entrer dans la composition de ces machines? Et, 
d’ailleurs, n’existe-t-il pas encore un motif qui empécherait les capitaines 
d'adopter de tels expédients? On sait qu’en cas de danger, c’est le salut du 
navire qui est l’objet exclusif dont il faut s'occuper, et non pas le salut 
particulier de chaque homme. Ne serait-il pas à craindre, en effet, qu’à 
l'instant du péril, les matelots cherchassent à monter les pièces d’un ap- 
pareil sauveur, plutôt que de travailler à la conservation du vaisseau ; 
sans doute ce n’est pas sans motifs que la loi punit de mort tout capitaine 
d'un bâtiment de guerre qui, en cas de désastre, n’abandonne pas son na- 
vire le dernier. Ce sont de pareilles considérations qui, depuis long-temps, 
ont fait abandonner l'usage des scaphandres, qu'il paraïîtrait si simple, 
d’ailleurs, et si utile d'utiliser à bord. L'un de nous a été tres partisan 
jadis de ces appareils, et même il en a fait embarquer sur des nayires qu’il 


(613 ) 


commandait; cependant, une plus 1 longue expérienec les _ 4 fait aban: 
donne. 

» Nous ne suivrons pas M. Castéra dans la déséription des dix-neuf ap- 
pareils qu il propose; plusieurs nous ont paru ingénieux, et} il peut arriver 
des cas où il serait bon d'en faire usage, sur dés navirés marchands et des 
bateaux de pêché. Mais ‘encore une fois, c’est à l'expérience à prononcer 
sur le mérite définitif, ét sur le plus ou moins de coñvenañce dé telles in- 
ventions; et l’on ne Saurdit assurément faire des essais sur un sujet plus 
digne, 

» Malheureusement 14 ficheuse posrtidfi dé fortune et de ‘santé de 
l'auteur ne lui permét pas de se livrer à des ‘expériences qui ne pour- 
räient être faites que dans un port de Le ét dont les premières seraiènt 
toujours trés dispendieuses. 

» En résuñié, nous pénsons que l'Académie doit remercier M. Castéra de 
la dernière communication quil vient de lui faire, et surtout le louer de 
son infatigable ‘et honorable insistance à se rendre utile à une classe nom- 
breuse d'infortunés. » 

Les conclusions de’ce rapport sont adoptées. 


! ! MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 
20010618. =—|Swrdl'acärus de la gale du cheval ; observations faites à L'École 
vétérinaire de Toulouse; par M.:Bonxes (1), présentées par M. Huzard. 


(Commissaires, MM. Huzard, Audouin et Duméril.) 


Faite plusieurs fois l’occasion d'observer ce parasite. à l'œil nu, ainsi 
qu'avec le secours ‘d’un excellent microscope achromatique et à divers 
grossissements ; ib abonde dans'les parties furfuracées qui se détachent de 
certains chevarx galeux:1Je dis certains; parce qu’on: me le trouve pastou- 
Jours-sur les’sujets atteints dercetté maladie , lors même qu'ils n’ont subi 
aûcûn traitement; Je |crois que: l1 même Meur arété: faite éd les: in- 
dividus de notre espèce. je193 ,£ eser1c 

lw1Les poils: extrémiemient longs qui sont RIRE cu des pattes de cet 
insecte; Cénxsûrtout qui Sont! fixés aux! membres postérieurs; paraissent 
Sr ER rss ro gag RTE trainer _. là ces | 


22 di ol yes 


(1) M. Bonnes, secrétaire de ]a, RASE ,: s'occupe avec FAT de zèle et de succès 
d’ ahssrratons Apicrofegpiques appliquées à la Fpologie et. à l'étude de la médecine 
vétérinaire, 


83.. 


(614) 
» La marche de l’acarus est semblable pour la vitesse à celle de la mite 
du fromage; j'en excepte pourtant la mite vagabonde qui accomplit ses 
mouvements avec une grande rapidité. 

» Dès qu'une certaine quantité d’açarus ont été emprisonnés entre 
deux plaques, il se forme, de suite de nombreux accouplements; mais 
malgré cela, si l’on ne faisait périr par un moyen quelconque cette petite 
société ainsi casernée, la faim, toujours impérieuse , deviendrait une cause 
inévitable de destruction; quelques débris répandus çà et là, témoigne- 
raient dansles vingt-quatre heures qu’une bataille a dù se livrer. Cet accident, 
aussi toujours inévitable parmi les mites du fromage, n’offre pas la seule 
analogie qu’il soit possible de remarquer entre les deux espèces. Comme il 
est moins facile de se procurer l’insecte de la gale que celui du fromage, 
il conviendrait d'observer les habitudes de ce dernier avec le plus grand 
soin; cela fournirait beaucoup d'indications qui se rapporteraient au 
premier. 

»: Aussitôt que, je suis parvenu, par certains procédés assez délicats, à 
renfermer plusieurs acarus entre les plaques, je les fais, périr à l’aide 
d’une lentille de verre que je place à la distance convenable pour obtenir 
une chaleur modérée; j'évite par ce moyen la déformation de l’animal qui, 
dans le cas contraire, pourrait se racornir au point de n'être plus con- 
naissable. Comme on ne peut faire un habit qui soit propre à renfermer 
toutes les tailles, voici l'effet que produit le rapprochement des plaques : 
les plus gros acares sont écrasés, au moins en partie; les plus petits, en sé- 
chant, ont leurs extrémités plus ou moins recourbées verticalement aux 
plaques ; enfin ceux qui sont de moyenne grosseur, conservent un peu 
mieux leur forme; leur pose naturelle. C'est dans ces trois états qu'on 
pourra les observer; mais ils perdent beaucoup à être vus à Pétat de ca- 
davres. Les huit ventouses termmales dont. chacun, de. ces petits: êtres est 
pourvu, sont fortement rétrécies par la dessiccation; ces organes, qu’il est 
si cuiieux de voir fonctionner, peuvent néanmoins être conservés avec la 
formé qu'ils prénnent dans leur plus grand Re :1l suffit de 
quelques précautions prises à temps. 3 

» Lorsque je pourrai me procurer de nouveaux acarus;: il. me sera facile 
de les étaler beaucoup mieux ,1et je ne manquerai, pas de recueillir beau- 
coup de faits sur leurs hiabitudes et'leur propagation, ainsi que sur celle 
du-sarcopte-qu’on pose trouver sur le chien; ce sarcopte présente des 
différences assez marquées avec’celui: du’ cheval. 01958 2ONNO AI 

» Des acarus que j'avais déposés entre deux plaques trop éspacées, 


(Gi8) 
s'étant pelotonnés, j'essayai l'immersion dans un liquide, pour voir si, 
comme certains débris de feuilles s sèches, ils reprendraient la figure plane ; 
mais je n’ai pas réussir. Leurs CECI E LS étaient devenus flasques et sans 
ressort ; je n'avais qu’ un point noir très informe. 
» Ceux qué j'ai déposés dans mes plaques rn ‘ont paru plus intéressants 


à voir à la lumière diffuse. » 
: } 


cminurGIE. — Sur la nature et de guérison pa put ven par M. Duvar. 
$:partie. 


(Adreësé pour le concours MSG , Médécine ét Chirurgie.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — ÆEssaiisur les bateaux à vapeur, mémoire portant 
pour cpigraple : « La phgorte et la Presque doivent se prêter un mu- 
tuel appui: » LE 


(Adressé pour. le concours au prix concernant là navigation par la vapeur.) 


EMBRYOGÉNIE. — Recherches sur le développement des Limaces et autres 
mollusques gastéropodes; suivies de considérations générales sur les phé- 
nomènes dynamiques de la Zoogénie; par M. L. LAURENT. 


(Renvoi à la Commission nommée pour un précédent travail de l'auteur 
sur le même sujet.) 


cie APPLIQUÉE.— M. Leroy demande en son nom et celui de M. Drevon, 
que l’Académie se fasse rendre compte des résultats obtenus au moyen du 
procédé qu’ils emploient pour convertir la fonte én fer et en acier. 

Aïcette. lettre sont joints quelques échantillons de Ja fonte sur laquelle 
MM. Drevon et Leroy se proposent d'agir. 

(Commissaires, MM. Chevreul, Berthier.) 

MÉCANIQUE, APPLIQUÉE, —, MM. Montgolfier et Dubouchet demandent que 
l’Académie charge une commission d'examiner un nouveau mode de cons- 
tuction qu'ils ont imaginé, et au moyen duquel ils pensentiqu'on rendra 
les édifices, plus légers, sans, leur, ôter rien de leur solidité, et en méme 
temps moins,exposés aux chances d'incendie. 


Hieoqeib 911 (Commissaires, MM. Poncelét, Coriolis.) 
M. sie adresse, pour: le concours au prix de Mécanique, fondation 


Montyon, une sphère céleste, destinée à servir, dans l'enseignement élé- 
mentaire; à, la démopstration du système de Copernic. 


( 616) 
CORRESPONDANCE. 


M. ce MinISTRE LE L'INSTRUCTION PUBLIQUE écrit relativement a la 
marche à suivre pour que les communications qu'a aurait à lui faire l'Aca- 
démie ne soient exposées à aucun retard, 

ù 3 ? 1041N 

M. Le Ministre pu COMMERCE, DE'L'AGRICULTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS, 
demande si l’Académie a reçu un paquet cacheté adressé par M. Midy, et 
concernant les machines à vapeur. 


Ce paquet n’est point parvenu à l'Académie. 


M. pe Humpocot, en transmettant le premier volume de l’ouvage de 
M. le professeur Ratzeburg , sur les insectes nuisibles aux forêts (voir au 
Bulletin bibliographique), annonce que cet ouvrage, publié aux frais du 
gouvernement prussien ; sous les auspices de M: Eadenberg, ministre se- 
crétaire d'État au département des Foréts;.est distribué gratis dans tous 
les États prussiens, aux inspecteurs et sou$-inépecteurs,des, forêts: « L'Aca - 
démie, dit M. de Humboldt, verra, je pense, avec intérêt, parmi les plan- 
ches qui accompagnent ce Traité, cellé qui représente les différents genres 
d'érosion qui caractérisent chacun des insectes destructeurs. » 

M. Duméril est chargé de faire un rapport verbal sur cet ouvrage... 


! 


PHYSIQUE DU MONDE. — Résultat de l'examen des eaux! de mer recueillies 
pendant le voyage de la Bonite, avec es té sg PA M: Bior. 
— Note de M. DARONDEAU 


« Les échantillons d’eau de mer recueillie avec l'appareil de M. Biot, 
et rapportés en France pour être soumis à' Vanalyse, étatent'au' HbHBre 
de cinq. Deux avaient tété pris dans le’ golfe du Bengale, non loin des 
bouches du Gangé ; les trois autres provenäient de l'Océan” Pacifique, de 
l'Océan Indien et de l'Océan Atlantique’ iñéridiénal."4ls étaïént énférmés 
dans des flacons bouchés à l'éméri,'dont'ils fie remplissent Süuêré lque 
les deux tiers, parce que les flacons que l’on ayait-mis,à notre disposition 
étaient d'une capacité plus grande que celle du récipient de l'appareil. 
Cinq échantillons, provenant de-la/ surface dé ‘la! mer, avaient été 're- 
cueillis dans les mêmes parages ; ils’étaient , comme les autrés , énférmés 
dans des flacons à l'émeri dont ils remplissaïent la capacité. Un de ces fla- 


(617) 
çons;-celui-qui-contenait-l’eau-prise-à-la-surface-de la mer dans l'Océan 
Atlantique méridional , a été brisé dans le trajet de Brest à Paris. 
| » Toutes les eaux prises, à la’ surface étaient parfaitement limpides ; 
celles au cofitraire , recueillies à une certaine profondeur, tenaient en 
suspension des matières floconneuses blanchâtres, en quantité plus ou 
moins (considérable. | 
_» Toutes les expériences relatives à l'examen de ces eaux , Ontiété faites 
dans le-laboratoire du Collége de France, sous les yeux et'avec l’assis- 
tance de M. Frémy, à Pobligeance duquel je dois de pouvoir présenter 
ces résultats à l’Académie. 
| » Ona déterminé la densité de ces eaux en pesant un flacon à l’émeri 
successivement vide, plein d’eau distillée et plein d’eau de mer, et Compa- 
rant les poids de deux volumes. égaux d’eau distillée et d’eau. de mer; ces 
pesées ont été faites à des températures qui ont varié de 7°,5à 10° cen- 
tigrades. 

» On a déterminé la quantité de gaz tenue en dissolution dans l'eau, 
en chauffant jusqu’à ébullition un ballon d’une capacité connue et plein 
de cette eau : le gaz dégagé dans cette opération a été recueilli sur le mer- 
cure ; la proportion d'acide carbonique qu'il renfermait à été dosée au 
moyen de la potasse, ‘et l'oxigène au moyen du phosphore. 

» Enfin, pour avoir la quantité de matières salines, on a suivi le pro- 
cédé indiqué par M. Gay-Lussac, dans 1e TV* volume des Annales de 
Physique et de Chimie, qui consisté à faire évaporer à siccité un poids 
connu d’eau de mer, dans ün ballon‘dont' le poids est connu et que l’on 
incliné à 45°, pour qu'il n'y ait pas projection de matiéres au-dehors. Le 
poids du résidu , chauffé au rouge-brun, donne la quantité de matières 
salines , moins l'acide chlorhyÿdrique provenant de’ [à décomposition du 
chlorure de magnésium par la éhaleür; mais on en tient compte en dé- 
terminant la quantité de mägnésié contenue dans le résidu, et rempla- 
cant dans cette magnésié l’oxigène par son équivalent de chlore. 

» Cest en opérant ainsi qu’on est'arrivé aux résultats indiqués dans le 
tabléäü suivant : a M V ARE D LT 


(618) 


: : : uantités| 
ÉPOQUES 1 ROFONDEURS Résidus|Qu de gaz COMPOSITION 
auxquelles l'eau DENSIT: | salins |. PT D de-r00 parties du gaz 
E auxquelles Te Para partie pe 
a été prise, LATITUD. | LONGITUD. à 80 pour la Te nn A 
l'eau températ. 

et 109 cent.|100parts es SE à Acide 
de Oxigène.| Azote. 

pression. 


et lieux 


d'ou elle provient. a été prise. 


d'eau. carbon. 


30 août 1856. 
Océan Pacifique.| 11° 8°N. 198°50/ 0. 
19 mars 1837. 


* | ) 
Surface. ...|1,02594 [3,429 | 2 6,16 |83,33 10,58 
79 brasses. | 1,02902 [3,528 | 2, 10,09 |71,05 |18,06 
LSnrface fs. 1,02545 |3,218 5,53 180,50 [13,97 
200 brasses.|1,02663 |3,497 ,04 3,29 138,56 [58,15 
Surface. .….|1,02611 |3,358 |1x 6,34 |80,34 |13,32 
rc d 1,02586 [3,484 | 2 5,72 [64,15 |30,13 


Golfe du Bengale. 11.43 N.| 87.18 E: { 


10 mai 1857. 

Golfe du Bengale.| 18. o N.| 85.32 E. 
51 juill. 4857. 

Océan Indien....| 24: 5 S.| 52. 0 E: 
24 août 1837. 


Océan Atlantique 


méridional....| 30.40 S.| 11.47 Era. 1,02708 3,575 | 4519 (67,07 |28,82 


Surface. ...|1,02577 [3,669 | x, 9,84.[77,70 |12,46 
450 brasses .|1,02739 [3,518 | 2 9,85 [55,23 154,92 


» » 


(*) Dans cette observation , il doit y avoir, de l'incertitude sur la quantité d'acide carbonique, 
parce qu’on ne l’a pas dosée immédiatement. 


» Les nombres inscrits dans ce tableau montrent que généralement la 
densité de l’eau prise à la surface est moindre que celle de l’eau prise à 
une certaine profondeur; dans un cas;seulement, de l’eau prise à 300 brasses 
dans le golfe du Bengale, a eu une densité plus faible que celle de l’eau 
prise à la surface, et la différence est de 5. 

» Si l'on considere la proportion d des résidus provenant de la dessicçation, 
on voit, comme dans le cas précédent, que aspéralement l'eau de mer a 
un degré de salure plus considérable au fond qu’à la surface; dans un cas, 
cependant , le degré de salure. est moindre, Toutefois, ces résultats sem- 
blent n’être pas inadmissibles; car il y a une grande différence entre les 
températures de l’eau de la surface et de celle qui. se trouve à 800 ou {vo 
brasses : l'équilibre aurait donc toujours lieu. dr 

» Pour ce qui est de la quantité d’air tenu en dissolution dans l’eau, le 
tableau montre que l’eau prise à la surface renferme dans tous les cas une 
proportion d’air moindre que celle PRIEE à une certaine profondeur ,et que 
la différence peut s'élever jusqu'à + du volume de l’eau. 

» Enfin, la colonne qui indique la composition du gaz provenant de cha- 
que échantillon d'eau , montre que le gaz provenant d’une eau prise à une 
grande profondeur, contient beaucoup plus d'acide carbonique que celui 
qui provient de l’eau prise à la surface. Cet acide carbonique existe-t-il 


( 619 ) 

tout formé dans l’eau, ou bien provient-il de la décomposition des ma- 
tières floconneuses qui se trouvaient dans tous les flacons d’eaux prises à 
une grande profondeur ? C’est ce que des analyses faites sur les lieux pour- 
ront seules apprendre, Toujours est-il qu'on sera amené, au moyen de 
l'appareil imaginé par M. Biot, à confirmer peut-être un de ces deux faits 
également remarquables : 1° que l’eau de la mer, à une certaine profon- 
deur, tient en dissolution une quantité d'acide carbonique beaucoup plus 
grande que l'eau prise à la surface; ou bien, 2° qu’à cette profondeur, 
l'eau renferme des animalcules transparents, ou, tout au moins, une ma- 
tière organique transparente qui n’existe pas à la surface, et qui avec le 
temps se décompose, et prend à l'air, tenu en dissolution dans l’eau, de 
loxigene pour former de l'acide carbonique. 

» Dans cette dernière hypothèse, la proportion d’oxigène contenu dans 
l'air provenant du fond, serait plus considérable que celle de l'air prove- 
nant de la surface; car pour le premier cas, l’oxigène libre et l’'oxigène 
de l’acide carbonique forment avec l’azote qui y est contenu, un air beau- 
coup plus oxigéné que l'air atmosphérique; tandis que dans le second cas 
(celui de l’eau prise à la surface), loxigène libre et l’oxigène de lacide car- 
bonique forment avec l'azote qui y est contenu, un air dont la composition 
differe très peu de celle de l'air atmosphérique. 


Expériences faites à bord de la Bonite. 


» Dans une expérience faite le 12 septembre 1836, dans l'océan Paci- 
fique, par 16° 53° de latitude nord et 118° 13’ de longitude ouest, de l’eau 
prise à 380 brasses renfermait 1,62 de gaz pour 100 p. d’eau; on n’a pas 
pu analyser ce gaz. Dans cette même expérience, la vessie contenait 
90,66 centimètres cubes d'air, lequel volume ramené à 0° de température 
et 760" de pression, donne, en ayant égard à la capacité de l'appareil, 
6,48 parties d’air pour 100 parties d’eau prise à 380 brasses. 

» — Le 21 novembre 1836, dans Île canal, entre les îles Mariannes et 
les iles Philippines , par 18° 22’ de latitude nord et 132° 13’ de longitude 
est , l'appareil a été envoyé à 300 brasses : l’eau provenant de cette pro- 
fondeur contenait 2,20 d'air pour 100 parties d’eau; l’eau prise à la surface 
dans le même endroit, en contenait 2,27; la vessie ne renfermait qu'une 
très petite quantité d'air. 

» — Enfin, le 29 novembre, dans la mer de Chine, en vue de l’île Lucon, 
par 18° o’ de latitude nord et 117° 30’ de longitude est, l'instrument ayant 
été envoyé à la profondeur de 300 brasses, la vessie contenait 55 centi- 

CR 1538, 1°r Semestre, (T. VI, N° 48.) 84 


( 620 ) 


mètres cubes d'air, ce qui à o° et 760 du baromètre fait 3,89 pour 100 de 
l'eau prise à cette profondeur, » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouveaux produits extraits de la salicine ; 
par M. Prrra. 


« M. Dumas présente à l’Académie des produits récemment obtenus 
dans son laboratoire et sous ses yeux, par M. Piria, jeune chimiste napo- 
litain. Ces produits donneront lieu plus tard à la lecture d'un mémoire 
développé. 

» Je regrette vivement, dit M. Dumas, que les usages de l’Académie 
ne permettent pas à M. Piria de présenter lui-même les observations que 
je vais avoir l'honneur de lui soumettre en son nom, Mais limportance 
des faits qu'il a observés justifiera le désir qu'il éprouve de leur donner 
une prompte publicité. 

» M. Piria, qui s’est occupé de l’étude de la salicine avec le plus grand 
soin, ayant soumis cette substance à l’action de l'acide sulfurique et du 
chrômate de potasse, en a obtenu, outre l'acide formique qui se produit 
en pareil cas, un produit nouveau, huileux, tout-à-fait comparable à une 
huile essentielle, et trop abondant d’ailleurs pour qu’on puisse le regarder 
comme une matière accidentelle. 

» Cette huile, soumise à l’analyse, présente exactement la même com- 
position que l'acide benzoïque hydraté. Elle offre la même densité que ce 
corps à l’état de vapeur. 

» Jusqué-là ce n’est qu'un cas d’isomérie comme on en observe tant 
en chimie organique. 

» Cette isomérie se poursuit plus loin, car si l’on forme une combinai- 
son de l'huile nouvelle avec l’oxide de cuivre, on trouve qu’elle se repré- 
sente dans ce cas par la même formule que l’acide benzoïque anhydre qui 
Te rencontre dans les seis. 

» Mais vient-on à soumettre l'huile en question à l'action du chlore, 
on obtient une production d’acide chlorhydrique et en même temps for- 
mation d’un produit cristallisé en belles lamelles incolores. 

» Le brôme se comporte de la même maniere. Dans les deux cas, il y 
a perte de deux atomes d'hydrogène et remplacement par deux atomes de 
chlore ou de brôme. 


» On à donc ainsi 
C#H':01 buile, 
C:H'°0 Ch® composé chlore, 
C‘#H'°04#Br? composé brôme. 


( 621 ) 


» Ces résultats rappellent si clairement ceux que MM. Liébig et Vôhler 
ont obtenus en agissant sur l'huile d'amandes amères, que l’on se trouve 
conduit à les représenter d’une manière analogue. 

» Dés-lors l'huile nouvelle devient 

C:#H!20f salicyle, radical hypothétique, 
C#H'°0'H° hydrure de salicyle — huile, 
C*#H'°0{Ch° chlorure de salicyle, 
C#H°0!Br° brômure de salicyle. 


» Ce qui confirme pleinement ce point de vue, c’est que l’hydrure de 
salicyle se combine avec la baryte, et forme d’abord un composé qui se 
représente par 

C#H'20f, BaO, H°0; 
desséché dans un courant d'air sec à 160°, ce corps perd non-seule- 
ment l'atome d’eau qu'il renferme, maïs aussi un atome d’eau de plus, 
laissant ainsi un véritable salicylure de barium 


C#H'°04, Ba. 


» L’hydrure de salicyle se combiné de même avec la potasse; il pro- 
duit ainsi un sel qui cristallise en belles et grandes lames d’un jaune d’or. 
L'analyse de ce produit s'accorde avec celle du précédent. 

» Il s’unit également à lammoniaque, etc. | 

» Si l’on traite à froid le chlorure de salicyle par la potasse, les deux 
corps se combinent et forment un véritable sel soluble, dont les acides 
précipitent le chlorure intact. 

» L'ensemble des faits observés par M. Piria se représente par une 
supposition tellement simple, qu’elle me semble digne de quelque at- 
tention. 

» J'ai regardé le benzoïle comme un corps susceptible d’être représenté 
par un carbure d'hydrogène oxidé 


C8 He + O2. 
» Ce carbure d'hydrogène, en s’unissant à 2 atomes d’oxigène, fourni- 
rait donc un radical, le-benzoiïle. 
» Ce serait ce même carbure d'hydrogène, qui en s’unissant à quatre 
atomes d'oxigène, produirait un nouveau radical, le salicyle 
CH + Of 
»'Il'est difficile de n'être pas tenté de comparer le radical C** H'°, à 
l'azote lui-même ,.et l’on aurait alors les séries suivantes : 


84. 


( 622 ) 


RERO PS SE 0 CITES 

Ar 0er LC 0H 00, 
VAE EEE COMMON s LOU O LE Ex 0 
IRC tomate elriis OCU LA 
AO EEE EEE » 


» Voici, du reste, les résultats des analyses de M. Piria : 
Hydrure de salicyle. 


» Deux analyses de cette substance ont fourni les nombres suivants : 


I. 0,445 hydrure de salicyle, 


0 100 EAU Reef He NH 100; 
1,117 acide carbonique...  C — 69,4. 
IT. 06,474 bydrure de salicyle, 
DP209MEAU-------r-- El: 007 
1,185 acide carbonique... C — 69,11. 


» Par le calcul on obtiendrait les mêmes nombres : 


C....1071,2...09,3 
He C0 TH:0... 420 


» Voici les données relatives à la densité de la vapeur de cette substance : 


Excès de poids du ballon plein de vapeur, sur le 


ballon plein d’air......................... Of,421 
Capacité du ballon, c. cub....,.............. 11202 
T empérature de la vapeur. ......:........... «001230 
Baromètre... ....... te oeerete snels-fieele . 0,764 
Température atmosphérique. ............. SOUPE GLS) 
Air resté dans le ballon.......,..... momie iO;e 
Densité de la vapeur................ Fbnodadanon sie 


» On aurait par le calcul les nombres suivants : 


7 volume vap. carbone...... S=—N27,0912 
3 volumes hydrogène......... — 0,2064 
1 volume oxigène.........°.. — 11026 


Densité calculée.............. = 4,2602 


» Cette densité s'accorde, comme on voit, avec celle que M. Mitscher- 
ich et moi-même nous avons trouvée pour l’acide benzoïque. 


( 623 ) 


Salicylure de cuivre anhydre. 


» On a fait l’analyse d’un salicylure basique de cuivre pour avoir un 
résultat net relativement à la composition élémentaire du salicyle, et l'on 
a trouvé les nombres suivants : 

0,827 salicyle combiné au cuivre. 


HAE OMC booba Otoddoobra H=—=#4,5 
0,877 acide carbonique......... C — 74,2 


» En calculant la composition du salicyle, on aurait : 


C8... 1071,2.....74 317 
Ho HD 624.0... 4,3 
04..... 400,0 


Salicylure de barium. 


» Ce sel s'obtient facilement neutre et anhydre, et il mérite la préfé- 
rence pour fixer le poids atomique du salicyle. 
1,237 sel desséché à la température ordinaire dans le vide, ont éprouvé 
o,110 de perte, après avoir été desséché dans un courant d’air sec à 160°. 
Cette perte répond à 8,8 p.100, ou à 2 atomes. ‘ 
0,522 sel desséché à la 1empérature ordinaire dans le vide, a donne 
0,292 sulfate de baryte, 
» Par le calcul, on aurait dans ces deux cas: 
C#,. r071,2 


Hi° 62,4 

Expér Où. 300,0 
Baryte..... 26,7 ....... BO.. 956,9 36,6 
Eau..... 8,8 ....... 2H°0. 224,9 8,6 

2615,4 


» On a essayé l'analyse élémentaire de ce même salicylure de barium , 
et l’on a, comme dans tous les cas analogues, eu moins de carbone qu 7 
n’en faudrait. 


0,595 sel desséché à 190° dans un courant d’air sec, 
0,934 acide carbonique. 


Expér. Calcul. 
= 43,4 .....,. C..,., 1071,2 44,8 
H°°..... 62,4 


: 04... 7 400,0 
Ba... 856,9 


2390,5 


( 624 ) 


Chlorure de salicyle. 
» Ce produit a été analysé avec soin, et a donné les résultats suivants : 


I. 0,645 chlorure de salicyle, 
0,591 chlorure d'argent. 


IT. 0,456 chlorure de salicyle, 
0,133 eau, 
0,892 acide carbonique. 


» D'où l’on tire les nombres suivants : 


Carbone..." dhirs.r. ts Gi: Mogr,2 54,2 

Hydrogène... 3,2 2, 24% OP E 62540158; 
(CESSE 400,0 

Ghlore-.1.1..: LONERRE CN Che 442,6 22,4 


Bromure de salicyle: 
» On en à fait plusieurs analyses : 


I. 0,582 bromure de salicyle, 
0,539 bromure d'argent. 


Il. 0,400 bromure de salicyle, 


0,089 éau, 
0,608 acide carbonique. 


» D'où l’on tire les nombres suivants : 


(CS °C: PR Cr #40 2 #26 

He MOT eee Hors Pet Go; 4 21 
Or 400,0 

Br 86-680 ee Br 162. 978,3 38,9 
2511,9 


» M. Piria continue ses expériences; elles vont avoir pour objet de 
mettre hors de doute la juste proportion dhydrogèné que renferment 
ses produits, car c’est le seul élément sur lequel il pourrait y avoir quel- 
que correction à craindre. En admettant que ces analyses soient confir- 
mées par de nouvelles épreuves, reste à trouver le moyen de passer du 
benzoïle au salicyle, et réciproquement. Ce sera nécessairement là l'objet 
de nombreuses tentatives de la part de ce jeune chimiste. » 


( 625 ) 


ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Sur l'étincelle obtenue de la torpille. 


M. Marreuca, dans une lettre adressée à M. Dulong, donne quelques 
détails relativement à la question de priorité agitée entre lui et M. Linari. 

« Je n’ai jamais donné à entendre, dit-il, que j'aie observé le premier 
l'étincelle; M. Linari l’a obtenue 15 jours avant moi, et cela est dit assez 
clairement dans un Mémoire présenté par nous deux à l’Académie, 
en 1836; mais ce que j'ai revendiqué comme m’appartenant, c'est l’idée 
d'appliquer à la torpille l'appareil d’extra-courant de Faraday. Si dans une 
lettre que l’on a citée comme tendant à prouver le contraire, je Jui de- 
mande des détails sur l'appareil qu’il a employé, ce n’est pas que je ne 
susse fort bien quel était cet appareil, dont j'avais moi-même conseillé l’em- 
ploi, mais seulement, qu'ayant à décrire les expériences , je voulais pou- 
voir dire combien de mètres de longueur avait le fil dont il s'était servi. » 


ÉCONOMIE RURALE. — Culture du thé en France. — Extrait d’une lettre de 
M. Guirrory, président de la Société industrielle d'Angers. 


« L'importance qui s'attache à l'introduction de la culture du thé en 
France, me fait un devoir d'indiquer à l’Académie des Sciences, des essais 
qui ont été faits à ce sujet. D’après le désir manifesté par le Conseil d’ad- 
ministration de la Société royale d’Horticulture de Paris, dans sa séance 
du 1°" février 1837, la Société industrielle d'Angers lui donna une note sur 
la culture du thé en pleine terre ; note résultant de l’expérience pratique 
d’un de ses membres, M. 4. Leroy, horticulteur à Angers. 

» L'Académie des Sciences, en consultant cette communication, insérée 
dans le Bulletin de la Société industrielle d'Angers , page 69 de la hui- 
tième année (1837), y verra que M. Leroy possédait alors, depuis 5 à 
6 ans, plusieurs jeunes thés verts (£hea viridis), thé bou (£hea bohea), 
livrés à la plein terre, exposés au couchant et plantés en terre de 
bruyère, parmi de fort beaux camélias variés à fleurs doubles, qui 
avaient plus de 8 à 10 pieds d’élévation, et qui, depuis 10 à 15 ans, ont 
résisté à nos hivers sans aucun abri. » 


MÉTÉOROLOGIE. — M. Roerr adresse quelques détails sur un nuage qu'il 
a observé le 25 de ce mois, entre six et sept heures du soir, nuage qui se 
montrait du côté du nord où il resta long-temps immobile, et qui semblait 
attirer vers lui d’autres nuages plus légers. 


( 626 ) 


La méme lettre contient quelques réflexions sur l'opportunité qu'il y 
aurait à munir d'un paratonnerre l’obélisque de Luxor, la foudre ayant 
souvent frappé dans ce quartier de Paris, des objets élevés. 


Un des membres fait remarquer que si l'on surmontait ce monolithe 
d’un pyramidion en bronze, comme on en avait eu d’abord l'idée, il serait 
plus exposé encore à être foudroyé. 

Cette assertion donne lieu à une discussion à laquelle plusieurs me mbres 
prennent part. 


M. nr Paravey adresse de nouvelles remarques sur les conséquences qui 
peuvent, suivant lui, se déduire de la composition de certains caractères de 
l'écriture chinoise, relativement aux connaissances scientifiques du peuple 
chez lequel cette écriture a été inventée. 


M. Drsprerz demande que le tome 2° du Cours de Mathématiques ; de 
M. de Montferrier, présenté à la précédente séance, soit renvoyé, ainsi que 
l'a été le premier, à l'examen d’un commissaire chargé d’en faire l'objet 
d'un rapport verbal. 

M. le secrétaire perpétuel rappelle, à cette occasion , la décision prise 
par l’Académie relativement aux rapports verbaux qui ne pourront plus 
avoir pour objet des ouvrages écrits en français et publiés en France. 


La séance est levée à cinq heures. A. 


( G27 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a:recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences; 1° semestre 1838, n° 17, in-4°. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 8, novembre 1857, in-8°. 

Annales de.la. Société d'Horticulture de Paris ; tome 22, 126 livraisons 
in-68°. 

Anatomie pathologique du corps humain ; par M. Crovensmer; 29° li- 
vraison in-fol. sait ARE 

Traité élémentaire de Physique générale et médicale ; par M. PurzerAs ; 
2 vol. in-8°. pe 

Voyage en Islande et au Groënland (Physique); par M. Loris; 
1" partie, in-8. a 

Lettre sur le voyage ordonné par le Roi en Scandinavie , .en Laponie 
et au Spitzberg, adressée à M. le baron Berzeuus; par M. Gamaño; 
avril 1838, .in-8°. : fi 

Clinique des Maladies des enfants nouveau-nés ; par M. Varrerx;. Paris, 
1838, in-8°. 1 ak pe ui LL 2 PTE 

Relation de l'expédition de Constantine; par M. le docteur Baunens 
(Extrait de la Revue de Paris des 1* et 8 avril 1838), in-8. pds 

Dictionnaire des Études médicales pratiques ; tome 1‘; lettre A—AP, 
in-8°. 

Leçons de Mécanique appliquée, faites par interim en 18357—1858 à 
l'École des Ponis-et-Chaussées; par M. ve Sanr-Venanr; 17 feuilles li- 
thographiées, in-fol. 

Mémoire sur le traitement de la Rétention d'urine ; par M. Penir; 
Paris, 1811, in-8. - sr 

Mémoire sur la Rétention d'urine ; par le même; Paris, 18:18, in-8°. 

Revue médicale, française et étrangère, Journal des progrès de la Méde- 
cine hippocratique ; par le même ; in-8°. 

(Ces trois ouvrages sont adressés pour le concours au prix de Méde- 
et de Chirurgie fondation Montyon). 

Mémoires de la Société royale des Sciences, Lettres et Arts de Nancy, 
année 1836; Nancy, 1837, in-8°. 
1C.R, 1838, 197 Semestre. (T. VI, No 18.) 


85 


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( 628 ) 


Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Seine-et-Oise ; année 
1835, in-8°. 

Bulletin de la Société industrielle de l'arrondissement de Saint-Etienne; 
15° année, 2: livraison de 1838, in-8°. 

Bibliothèque universelle de Genève ; nouvelle série, mars 1838, in-8'. 

Manuel de Cosmographie; par M. Dranr; Hagueneau, in-8°. 

Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis sive enumeratio con- 
tracta ordinum , generum, specierumque plantarum usque cognitarum , 
juxta methodi naturalis normas digesta; par M. A.-P. ne CaAnDorr; 
7° partie, section 1"°, 1838, in-8°. 

The fourth.... 4° Rapport annuel de la Société royale Polytechnique 
de Cornouailles; 1836, Falmouth, in-8°. 

Indication of.... /ndication de quelques formes appartenant à la fa- 
mille des Parianées (Ornith.) ; par M. H. Honcsox , demi-feuille in-8°. 

Die forst insecten.... Les Insectes des foréts , ou figures et descriptions 
des Insectes connus comme nuisibles ou utiles dans les forêts de la Prusse 
et des États voisins; par M. Rarzerourc, professeur à l’École royale fo- 
restière de Prusse ; Berlin, 1837, in-4°. 

Astronomische.... ÂVouvelles Astronomiques de M. Scnumacxer; 
n° 350, in-4°. 

Bericht uber.... Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences 
de Berlin et destinés à la publication ; mois de février 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 17, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 49—51, in-4°. 

L'Expérience , Journal de Médecine ; tome 1, n° 25. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE . DU LUNDI 7 MAI 41838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


» 


caimie. — Lettre de M. Berzéuius à M. PrLOUzE. 


« La chimie nous a fourni bien des matières d'entretien depuis ma der- 
nière lettre. Vous me permettrez d’en profiter dans celle-ci. La proclama- 
tion scientifique du 23 octobre de l’année passée, publiée par MM. Liebig 
et Dumas, m’a causé une vive satisfaction. Les idées théoriques qu’elle dé- 
veloppe d’une manière si claire, si précise et si élégante, m'ont fait d’au- 
tant plus de plaisir, qu’elles sont entièrement conformes à ma manière de 
voir. Je regrette qu'il s’y soit glissé une légère erreur de rédaction, en ce 
que M. Dumas y dit avoir depuis dix ans travaillé dans l'esprit de cette 
théorie, lorsque toutes les, personnes qui ont suivi les annales de la 
science, ont pu admirer la sagacité avec laquelle il a tâché, justement 
pendant ces dix dernières années, d’en combattre plusieurs points prin- 
cipaux., Envore dans la séance de l’Académie du 3 avril de l’année passée, 
iltâcha de nous rendre probable que le camphre devait être considéré 
comme une combinaison de carbure, d'hydrogène avec de l’eau, tout 
aussi, bien que l'alcool. Malgré cela je lui sais gré, de tout mon cœur, 

C. R. 1838, 127 Semestre. (T. VI, N° 19.) 86 


(630 ) 


d'employer dorénavant ses talents pour développer et éclairer des vues 
théoriques, que je considère comme plus saines, et par lesquelles la science 
gagnera infiniment plus. 

» Je remarque cependant, non sans regret, que le premier travail com- 
mun de l'illustre compagnie chnnique est tout de suite rétrograde, et 
dérogeant aux principes si bien établis dans le programme du 23 octobre. 
Je veux parler de l’explication donnée de la déperdition d’eau que su- 
bissent quelques sels à acides organiques à une température élevée, et la- 
quelle ces sels peuvent reprendre. C’est précisément la même explication 
que vous avez donnée de la perte de l’eau dans les citrates, en me com- 
muniquant dans votre avant- dernière lettre quelques résultats de vos re- 
cherches sur l’acide citrique. Vous me pardonnerez bien si je vous avoue 
franchement que je ne saurais point l’admettre. Voici sur quoi je me 
fonde : lorsque nous voulons déterminer le poids d’un atome organique, 
nous tàchons de le combiner, atome pour atome, avec une substance inor- 
ganique d’un poids atomique connu. C’est notre fil conducteur universel. 
Si l'atome de l'acide citrique , d’après votre supposition, était en effet com- 
posé de C'H"°0"", il se combinerait à coup sûr avec un atome de potasse, 
de soude, etc. Mais l'expérience prouve qu'il en faut non moins de trois 
atomes pour le neutraliser. Qu'est-ce que cela prouve, sinon qu’une sup- 
position qui rend l'atome citrique aussi lourd, et qui, en même temps, fait 
une exception aux règles générales , doit être rejetée? Si nous laissons de 
côté notre fil conducteur, toutes les fois que nous ne voyons point d'avance 
où 1] nous mène, nous nous égarerons assurément. Comment expliquerez- 
vous, dans l'hypothèse précitée, la composition du citrate éthylique 
(éther citrique)? Ne faudrait-il pas y admettre trois atomes d’oxide éthy- 
lique avec un atome d’eau ? Vous savez, cepeñdant, que l’eau ne fait jamais 
partie des combinaisons éthyliques neutres. 

» Quant à l'explication que donnent MM. Dumas et Liebig, du même 
phénomène chez quelques autres sels, et nommément chez le tartrate an- 
timonio - potassique, elle est, selon moi, encore moins admissible. L’acide 
tartrique serait composé d'hydrogène et d'un corps halogène composé qui, 
au lieu de se combiner avec deux atomes, c’est-à-dire un équivalent chi- 
mique d'hydrogène, n'en demande pas moins de quatre équivalents, et 
qui, pour donner un sel neutre avec du potassium, demande, non pas 
quatre atomes de ce métal, mais bien deux atomes de potassium et deux 
équivalents d'hydrogène. Où est cette simplicité de vues, cette con- 
formité aux lois qui président aux combinaisons inorganiques, sur les- 


( 631 ) 


quelles s'appuie avec si grande raison le programme du 23 octobre? Je 
crains ; en vérité, que l’auteur de cette hypothèse n’ait été que trop nou- 
vellement converti aux vues simples du programme, pour être bien garanti 
contre des rechutes dans ses anciennes opinions. 

» Ce phénomène appartient à un nouvel ordre, qu'il faut peut-être plus 
long-temps étudier, pour en avoir une explication satisfaisante; mais cela 
ne nous empêchera pas de rejeter celles qui sont mauvaises. Lorsque la 
véritable vient, nous la connaissons tous, et nous n’en disputons plus. 
Tout en avouant que jé ne puis pas expliquer ce phénomène d’une ma- 
nière qui me satisfasse entièrement, je vous invite, cependant, à faire avec 
moi une excursion pour chercher la véritable explication, au risque 
qu'elle nous échappe. Nous prendrons pour point de départ une ex- 
cellente recherche, que vous avez faite en commun avec M. Jules Gay- 
Lussac, celle de la composition de l'acide lactique. 

» Vous avez constaté : 

» 1°. Que l'acide lactique hydraté est — CSH'°0f; 

» 2°. Que Pacide des lactates est — CfH'°0; 

» 3°. Que l'acide hydraté exposé à la distillation se décompose en deux 
atomes d’eau et en un corps sublimé = CfH3Of, 

» Vous en avez conclu que le corps sublimé est le véritable acide lac- 
tique, et que les lactates peuvent retenir, même à la température de 
+ 245°, un atome d’eau. Tireriez-vous la méme conclusion aujourd’hui ? Je 
crois que non; puisqu'elle serait en contradiction avec la force ordinaire de 
l’affinité de l’eau. Il n’y a que les plus puissantes bases, les alcalis fixes, la 
baryte et la strontiane, qui la retiennent à cette température; les sels 
neutres la laissent échapper à des températures moitié moins élevées. Le 
véritable acide lactique est donc C‘H'°O5 ou plutôt 2C3H5 + 50. L’acide 
hydraté contient donc, comme les acides hydratés en général, un atome 
d’eau, échangeable contre un atome de base. Vous pouvez fort facilement 
mettre cette question hors de toute incertitude, en produisant et analysant 
’éther lactique ou le lactate de méthyiène. 

» Mais qu'est-ce donc que le corps sublimé? Vous avez vous-même 
constaté qu'il n'est point un acide, qu'il ne se dissout point dans l'eau, 
pourvu qu'il n’en ait pas d'avance subi un changement, mais qu'il se 
dissout dans l'alcool, et reparaît non altéré par la cristallisation. C’est 
done un oxide organique indifférent, comme bien d’autres, composé de 
C'Hf + 20. Vous retrouvez ce même radical dans l'acide mucique et dans 
son isomére l'acide saccharique (l'acide malique artificiel, oxalhydrique de 


86. 


(632 ) 


Guérin). Ces acides sont composés ; comme vous lé savez, de 2C*H{ + 50, 
tout comme l'acide oxymanganique l’est de 2Mn + 90; il est donc à ces 
acides dans le même rapport que l’hyperoxide manganique. à l'acide oxy- 


4 


manganique, tout comme, d’un autre côté, le benzoïle est à l’acide ben- 


zoïque :: Mn: Mn. 

» Vous avez découvert que cet hyperoxide organique a la curieuse pro- 
priété de se changer par un contact prolongé de l’eau, surtout à l’aide de 
la chaleur, en acide lactique hydraté, en s’unissant avec deux atomes 
d’eau, dont vous avez pu chasser l’un par une base quelconque , mais dont 
il a retenu l’autre. Deux atomes d'hydrogène et un atome d’oxigène se 
sont donc combinés avec lui, non comme de l’eau, mais comme une addi- 
tion d’atomes élémentaires. Il en est résulté un autre radical et un acide 
puissant de ce radical. Voilà des conséquences auxquelles vous auriez été 
d’abord conduit vous-même, si vous n’eussiez pas alors évalué trop haut 
la force de l’affinité de l’eau pour des sels neutres. Voilà donc l'exemple 
d'une substance qui, par l'influence de l’eau , sans intervention d’une force 
médiatrice, se change en une autre, en s’appropriant les éléments de l’eau. 
Nous en possédons, comme vous le savez, d’autres exemples en grand 
nombre : par exemple, les sels ammoniacaux qui se changent en sels am- 
moniques ; le gaz oléfiant combiné avec l'acide sulfurique anhydre, qui se 
change en oxide éthylique où en un corps isomère à ce dernier; l’oxide 
éthylique qui se change en alcool; l'acide cyanique qui se change en acide 
cyanurique, l’amidon en sucre de raisin , l'oxide carbonique (dans le chlo- 
ral) qui, avec l'eau d’une base hydratée, se change en acide formique, etc. 
Mais parmi ces exemples, il n'y a aucun cas où toute influence étrangère 
soit écartée au même degré que dans le premier. 

» Nous savons qu’il y a de nombreuses substances qui, à une tempéra- 
ture élevée, sans se détruire entièrement, laissent dégager de l'hydrogène 
et de l’oxigène en proportions propres à produire de l’eau; nous avons 
vu tout-à-l’heure, qu'il y en a d’autres en bien moins grand nombre, qui 
jouissent de la propriété de se recombiner avec l'hydrogène et l’oxigene 
perdus, lorsqu'elles viennent en contact avec de l'eau. Pourquoi donc 
chercher l'explication de ces phénomènes dans des hypothèses étranges, 
mal conformes aux lois qui dirigent les combinaisons chimiques? Un 
tartrate neutre et anhydre perd à + 190° un atome d’eau; il a cessé 
d'être un tartrate, il est devenu un autre sel (R — Radical) — Rap C#H:0{; 
qui se dissout peut-être sans changement dans un dissolvant anhydre, mais 
qui, en y ajoutant de l’eau, reproduit le tartrate en s’appropriant les élé- 


(633) 


ments de l’eau: Un citrate chauffé à 190° perd de l’eau et se change én 


un sel double de 2RC#H#0* + RC#H°O5. L’eau change l'acide du dernier 
terme en acide citrique et le tout redevient un citrate. T’acide citrique 
exposé à une chaleur modérée devient brun, extractiforme ; prend ün 
goût amer, et dépose, en se refroïdissant, des grains cristallins d’un acide 
que M. Dablstrom a analysé, et qui est, en effet, C#H*O”, isomère à vos 
acides pyromaliques. Cet acide n’a pas été assez bien étudié pour que je 
puisse vous dire s’il y a des circonstances où il se change en acide citrique ; 
mais la chose est très probable. Il est évident que son étude particulière 
pourrait mettre l'explication donnée ci-dessus, hors de toute incertitude. 

» Si vous n’approüvez point ces vues, du moins vous m'avouerez qu'elles 
ne dépassent point les bornes d’une grande probabilité. 

» Puisque nous sommes une fois sur le terrain théorique, vous me 
permettrez de: vous entretenir de quelques autres points de la théorie de 
la composition organique. 


» La théorie des substitutions établie par M. Dumas, dans tél; 
par exemple, le chlore peut échanger l'hydrogène, en se mettant, à 
nombre égal d’atomes, à sa place, m'a paru d’une influence nuisible aux 
progrès de la science : elle jette un faux jour sur les objets, et empêche: 
d’en distinguer les véritables formes. Je regrette que notre ami commun, 
M. Malaguti , s’en soit laissé préoccuper dans ses belles recherches sur 
l'action réciproque du chlore et de différentes espèces d’éther, dont vous 
m'avez fait part dans une de vos lettres. J’ai-ensuite eu l’occasion de lire 
un extrait de ses mémoires dans le journal intitulé l’/nstitut. Il a produit 
par l’action du chlore sur l’éther ordinaire une combinaison fort intéres- 
sante, et dont il a fait, conformément à la théorie des substitutions, un 
éther, dans lequel 4 atomes de chlore remplacent 4 atomes d'hydrogène. 
Un élément aussi éminemment électro-négatif que le chlore, ne saurait 
jamais entrer dans un radical organique : cette idée est contraire aux 
premiers principes de la chimie ; sa nature électro-négative et ses affinités 
puissantes feront qu’il ne pourra s'ÿ trouver que comme élément d’une 
combinaison qui lui soit particulière. Dans l'éther chloroxicarbonique de 
M. Dumas, il est contenu sous la forme d’oxichlorure de carbone , et cet 
éther est composé d’un atome d'éther carbonique et dé 2 atomes d’oxichlo- 
rure de carbone; mais cette forme n’est pas la seule sous laquelle i! se trouve 
dans des combinaisons éthérées. Nous en connaissons encore d’autres , 
par ‘exemple, l’hyperchloride formique, ou le chloroforme de M. Düimas: 
Je vais vous rendre probable qu'il peut y entrer encore comme chlo: 


( 634 ) 


ride carbonique, CCE ; vous vous rappelez que ce chloride est tellement 
congénère aux éthers, qu'il serait impossible de l'en distinguer, excepté 
par l'analyse, sion le rencontrait sans connaître ce qu'il est. Si ce corps 
éthéré se combine avec les éthers, comme fait l’oxichlorure de carbone, ce 
qui est d’une grande probabilité, l'explication des combinaisons décou- 
vertes par M. Malaguti devient d’une simplicité étonnante. L'éther re- 
présenté par C#H°CI*O, se change alors en 


1 atome d'oxide méthylique — 2C + 6H +O 
2 atomes de chloride carbonique — 2C + 4CI. 


£C + 6H +10 + 4CI. 


[! 


1 atome du corps éthéré 


En traitant les éthers benzoïque, camphorique et ‘œnanthique par du 
chiore, il a produit des benzoate, camphorate et œnanthate méthyli- 
ques, combinés chacun avee 2 atomes de chloride carbonique. — En 
traitant l’éther pyromucique par du chlore, la théorie des substitutions 
a été en défaut, en ce que le chlore y est entré sans rien substituer. L’in- 
téressante combinaison qui en résulta aurait dü avoir été examinée d’un 
peu plus près, surtout quant à la nature du précipité caillebotté, que 
les alcalis y produisent. Cependant, le résultat de l'analyse s'accorde par- 
faitement avec la composition suivante : 


1 atome d’acide pyrurique 
1 atome d’oxide éthylique 
4 atomes de chloride carbonique 


6C + 6H + 50 

4G + 10H + O 

4C + 80 
14C + 16H + 60 + 8CI. 


HI 


1 atome de l’éther composé 


] 


C'est là le nombre d’atomes que M. Malaguti lui-même a calculé, d'après 
son analyse. Ici, comme dans la précédente, l’oxide organique et le chlo- 
ride carbonique contiennent le même nombre d’'atomes de carbone, 

» L'ammoniaque décompose cet éther, avec dégagement de gaz (azote), 
en produisant du chlorydrate d’ammoniaque et en précipitant du carbone ; 
c'est ce qui doit arriver lorsque l'ammoniaque s'empare du chlore du 
chloride carbonique. (L’oxichlorure de carbone aurait produit du carbo- 
nate d'ammoniac.) En le traitant par l'hydrate de potasse, l’oxide éthy- 
lique reproduit de l'alcool, et la potasse se combine avec un acide qui 
n’est plus l'acide pyro-mucique , et dont le sel potassique bouilli avec un 
excès de l’hydrate, se décompose et brunit : c'est là le caractère bien 
marqué du pyrurate potassique. La production de cet éther composé s’ex- 
plique d’une manière fort simple. L’acide pyro-mucique , auquel je revien- 


(635 ) 


drai encore une fois, est 10C + 6H + 50. Le chlore se combine avec 
4 atomes de carbone et le convertit en acide pyruvique; il en résulte de 
l'héter pyromucique, qui reste combiné avec le chloride carbonique pro- 
duit. Ces vues si simples, et probablement fondées, se seraient offertes 
à M. Malaguti, s'il n'avait pas été préoccupé par la fatale théorie des 
substitutions. Je vous prie de soumettre ces idées au jugement de 
M. Malaguti. 

» Mais voici encore quelques autres exemples de l'influence de la théorie 
des substitutions : M. Laurent, dont je révère le rare talent pour les re- 
cherches, mais qui par sa manière compliquée et bizarre de les juger en di- 
minue beaucoup la valeur, nous en fournira un exemple des plus saillants. 
M: Laurent fit passer du chlore dans de l’acétate méthylique, et en retira un 
liquide éthéré, dont la composition était CHS OC; vous y reconnaissez 
tout de suite le radical formique partagé entre du chlore et de l'oxigène, 
un'oxichlorure de formyle. M. Laurent l'appelle chloryle, et le considère 
comme composé de C*H*CHO% + C{H° CI + H:0. Nous y reviendrons. 

» Le chloryle traité par l’hydrate de potasse, donne naissance à -une 
autre combinaison; dont M. Laurent trouva la composition C: H*CJ». Qui 
ne verrait là tout de suite le chlorure formique, composé de 1 atome 
de formyle et de 2 atomes, ou un équivalent, de chlore? M. Laurent en 
fait un radical organique, et l'appelle radical chloromithyglase. 

» L'existence de ce chlorure donne tout de suite la clé de la composition 
du chloral, qui contient 


1 atome de chlorure formique — 20 + °H + 2CI 
2 atome d'oxichlorure de carbone — 2C + 4CI + 20 
1 atome de chloral = 4C + 2H + 6C1 + 20. 


» L'hydrate de potasse, en se combinant avec l’oxide carbonique, 
donne du formiate potassique, et dégage le formyle combiné avec les 6 at. 
de chlore, sous formé d’hyperchloride formique ou chloroforme. 

» Le chloryle de M. Laurent paraît être composé de 


1 at. d’hyperchlofide formique — 2C + 2H + 6C1. 
2 at. d’acide formieux anhydre — 4C + 4H + 40 


1 at. d’oxichlorure de formyle — 6C + 6H + 6€. + 40. 


L’hydrate de potasse le résout en » at. de chlorure de potassium, 2 at. de 
formiate de potasse et 1 at. de chlorure formique. 


(636 ) 


» En traitant la liqueur des Hollandais par du chloré, M. Laurent en a 
retiré un liquide composé de C*H{C/, qu'il considère comme composé de 
C#H2 CIS + H* CP, et qu'il appelle hydrochlorate de chloréthérise. Écrivez 
C?H* + 4 Cl, et vous aurez le chlorure de formyle, correspondant à l'a- 
cide formieux ou l’hyperchlorure formique. M. Laurent nous a donc en- 
richi de deux nouveaux chlorures de formyle, sans s'en apercevoir. 
M. Laurent remarqua que lorsqu'il traita lhyperchlorure par de l'hydrate 
potassique sec, il,s’en dégagea une substance volatile, douée d’une! odeur 
aussi pénétrante que celle du gaz ammoniac. Lorsqu'on , décompose 
2 at. de l'hyperchlorure formique avec de l'hydrate potassique, il en ré- 
sulte 4 at. de chlorure de potassium, 1 at. de formiate de potasse, et 1 at. 
C*H°+0, ou oxide formique. Si, comme cela est très vraisemblable, cet 
oxide peut, comme Poxide acétique, s'approprier les éléments d’un atome 
de l’eau , pour produire un aldéhyde formique composé de CH O°, ana- 
logue à l’aldéhyde,acétique, c’est M. Laurent qui, le premier, l’a pro- 
duit. Il a exprimé combien il a été surpris par l'odeur irritante de cette 
substance. Croyez-vous que tous ces rapports auraient échappé à la saga- 
cité de M. Laurent, si la malheureuse théorie des substitutions ne les avait 
pas dérobés à sa vue ? Je suis persuadé que non. — Dans mes rapports 
annuels à l’Académie des Sciences de Stockholm, j'ai cité une foule 
d'exemples pareils. 

» Je vous prie de soumettre au jugement de votre ami M. Frémy les 
observations suivantes relatives à ses belles recherches sur les acides gras, 
que l'acide sulfurique sépare de la glycérine dans l'huile d'olive. Vous 
savez qu'il y a découvert non moins de cinq acides gras nouveaux, dont 
deux liquides et trois cristallisés. Son hypothèse que les trois derniers 
acides se dérivent de l'acide margarique, en ce qu'un de ces acides lui est 
isomère et les deux autres produits par l'addition des éléments d’un et de 
deux atomes d’eau, est très ingénieuse; mais elle ne s'accorde pas aussi 
bien qu’on aurait pu le souhaiter avec les résultats analytiques. Et en- 
core des formules telles que C% H%, C5 H%, C* H”', portent déjà dans le 
nombre impair des atomes de l'hydrogène un motif de douter de leur en- 
tière exactitude. Les nombres impairs,quoiqu'ils existent lorsque le nombre 
des atomesélémentaires est très limité et que l'équivalent du radical qui en 
résulte est composé de 2 atomes, comme, par exemple, dans les acides 
lactique et mucique; ces nombres impairs, dis-je, ne doivent jamais être 
admis lorsque le nombre d'atomes élémentaires est grand, parce que, 
comme vous le savez , l'équivalent chimique de l'hydrogène est de 2 atomes. 


(657) 

» On parait avoir admis une conjecture de moi que les acides marga- 
‘rique et stéarique puissent être des différents degrés d’acidification du 
même radical. Cette conjecture peut être vraie, ‘sans cependant qu'on ait 
une connaissance précise du nombre des atomes d'hydrogène dans cé ra- 
dical. L'analyse de l'acide margarique par M. Chevreul, la seule que je 
connaisse de cet acide, donnerait pour la composition du radical tout au 
plus C*5H5%£, Vous m’objecterez peut-être que.les nombreuses analyses que 
vous avez faites! en commun:avec M. Liebig du bistéarate glicérique, 
prouvent bien que l'acide stéarique est 12 C5 HS + 50. Mais non, ces 
analyses prouvent, si vous le voulez, que le radical stéarique est C# H5 
eu même C%H”°; car le calcul d’après CH donne 12,18 p. c. d’hydro- 
gène, et les analyses varient de 12,25 à 12,37. Il est donc évident que 
nous ne sommes point encore arrivés à un résultat clair. Les analyses des 
éthers margarique et stéarique ou des Margarate ou stéarate de methylène 
nous mettraient sans doute hors de l'incertitude. — Or, si l'acide mar- 
garique n’a pas la composition que nous lui assignons, l'ingénieuse hypo- 
thèse de M. Frémy n'explique rien. Il y a encore la question suivante à 
résoudre. Quel est l'acide primitif de l'huile? Est-ce celui que l'acide sul- 
furique dégage en s’emparant de la slycérine ou celui dont l’alcali s’em- 
pare en mettant la glycérine en liberté ? 

» Les résultats analytiques de M. Frémy, de ses trois acides gras cristal- 
lisés, s'accordent admirablement avec l'idée que ces trois acides sont des 
degrés successifs d’oxidation du même radical, CH, En voici l'expo- 


sition : 
ACIDE MÉTAMARGARIQUE ACIDE HYDRO-MARG. HYDRATÉ ACIDE HYDRO-MARGARITIQUE 
trouvé. at. calculé. trouvé. at. calculé. trouvé. at. calculé. 
Carbone..... 78,6 35 78,407 73,82 35 73,808 73,701 35 74,065 
Hydrogène... 12,9 7o 12,801 12,46 92 12,30 12, 20 79 12,092 
Oxigène..... 8,5 3 8,702 13,72 5 12,797 14, 07 5 13,843 


» En jetant les yeux sur les nombres calculés d’après l'hypothèse de 
M. Frémy (Annales de Ch. et de Phys., LXV, 113), vous verrez qu'ils s’é- 
cartent beaucoup plus des résultats trouvés. Ces acides Peuvent donc réel- 
lement être composés de C%5 H7 avec 3, 4 et 5 at. d’oxigéne. — Les deux 
acides métaoléique et hydroléique sont isomères, comme le prouve le ré- 
sultat identique de leur distillation. Dans l'analyse de l'acide métaoléique il y 
a un excés de 6,9, d’un p. 100 d'hydrogène, qui n’est probablement qu'une 
erreur de rédaction, car comme erreur d'observation elle serait excessive. 

» Le nombre constant de 35C dans les radicaux des acides gras mérite 

C, LE. 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 49.) 87 


(638 ) 


bien de l'attention. Je crois qu'il serait très utile à la science de comparer 
les radicaux des oxides organiques entre eux, pour en avoir des séries où 
le nombre de carbone soit constant, Nous devons, en vérité, un tel essai 
à M. Laurent, et quoiqu'il l'ait enveloppé de subsitutions bizarres et com- 
pliquées, la bonne idée y est toujours. Pour les acides gras nous avons 
la série suivante ; 


Radical métaoléique et hydroléique = 35C+64H 
Radical élaidique et oléique (analyses de M. Jaurent) = 35 C + 66 H 
Radical margarique «et stéarique = 35 C4 x H 
Radical hydromargaritique, etc. = 35C+70H 


» Vous voyez de quel intérêt un tel rapprochement pourra devenir, 
mais aussi combien il sera nécessaire dorénavant de bien préciser l’hydro- 
gène dans les analyses. 

» Voici une autre série de radicaux; mais, pour la commencer, il faut 
dire quelques mots sur l'éther pyromucique, analysé par M. Malaguti. 
Il a trouvé le poids spécifique de son gaz 4,859. Cela nous fournit un 
moyen de calculer la composition de l'acide, par rapport au nombre d’a- 
tomes de radical qu'il contient. Cet acide doit contenir 


10 vol. de carbone gazéiforme — 8,/280 
6 vol. de gaz hydrogène — 0,4124 


5 vol. de gaz oxigène 5,5112 
Condensés à deux volumes d'acide pyromucique — 14,3516, cela donnerait le 
poids spécifique de son gaz = 7,17958. Or 
1 volume de gaz pyromucique = 7,1758 
1 volume de gaz éthylique — 2,5809 
Sans condensation, produisant 2 vol. -d’éther 
pyromucique = 957567 


dont la moitié — 4,87835 est le poids spécifique de l’éther pyromu- 
cique. Ce résultat se rapproche du résultat de l'expérience beau- 
coup plus que la plupart des pesées de corps gazéiformes ne le font 
ordinairement, et nous autorise à considérer le poids spécifique du gaz 
pyromucique comme bien fondé. Or, il s'ensuit que ce gaz est composé 
d'un volume de radical et de 2 4 vol. d’oxigène condensés en un seul vo- 
lume, d’où nous pouvons conclure que cet acide est composé de 2 at. de 
radical sur 5 atomes d’oxigène, tout comme, par exemple , l'acide nitrique. 

» Dans les Annales de Poggendorff , novembre 1837, p. 434, vous 


trouvez une suite de calculs de cette espèce, tirée de mon rapport an- 


(639 ) 


nuel , présénté à l’Académie de Stockholm , le 31 mars 1837. Je serais bien 
äise que cette note fut publiée en France, parce que les résultats qui en 
découlent sont d'un grand intérêt. 

- » L’acide pyromucique étant donc 2 CH + 50 , nous pouvons donner 
la série Suivante de radicaux contenant 5C, saVoir : 


Les radicaux pyromucique et pyroméconique, — 5C + 3H 


Le radical pyrocitrique. . . . . . . . . , = 50 + 4H 
+ pyrotartrique.. + 4 © . 0, 40 = 60 + 6H 
— phocénique. . ARLES EI = 5C + 5H 
— de lacidé camphorique.. . . . : = 5C + 8H 
—1de l’acide valérianique., : . . , . . . . = 5C + 9H. 


» Si je n’abuse pas dé votre patience, je ne finirai point encore ma 
lettre, quoiqu’elle soit déjà assez longue. — Je voudrais fixer votre at- 
téntion sur une forme de combinaison organique que la nature paraît se 
plaire à multiplier par dés corps isomérés extrêmement nombreux : c'est 
celle du sucre de canne. 

» Nous le considérons généralement comme composé de C'*H*0"°. Ces 
nôtnbres sont trop hauts pour représenter un seul oxide à base organi- 
que, ce qui à conduit plusieurs chimistes à le considérer comme composé 
dé plusieurs oxides réunis, par exemple, comme un bicarbonate éthylique. 
Cette hypothèse serait vraie, si l'hydrate de potasse le convertissait en 
alcool et en acide carbonique. Le sucre se combmée, comme vous le sa- 
véz , avéc les basés, par exemple, les alcalis, les térres alcalines, oxide de 
plomb; et ces combinaisons sont composées d’un atome de la base com- 
binée avec C‘H®O$. La véritable composition du sucre paraît donc être 
cèlle-ci, 2CH5 + 50; il est donc un oxide organique, et son atome n’a 
que la moitié du poids que nous avons supposé d’abord. Or, non-seule- 
ment l'acide lactique lui est isomère, mais comme le prouvent les belles 
expériénces de M. Payen sur la composition et la capacité de saturation 
de l’amidon et de la déxtrine, ces deux subtances lui sont isoméres. 
Par parenthèse, j'ajoutérai qu'un chimiste très exercé a répété les 
expériences dé M. Payen, qu’il a trouvées exactes, excepté quant à 
la dépérdition d’eät que devrait subir lamylaté plombique à + 190°, 
et qu'il auraït la faculté de reprendre; jamais il n’en a pu extraire une 
trace d’eau qu’à là température où la distillation sèche commence , et où 
d’autres produits accompagnent l’eau. Je ne le nomme pas, parce que 
Jignore s'il le permettrait ; il publiera probablement lui-même ses expé- 
riences. M. Mulder, à Rotterdam, vient de trouver que la gomme arabique, 

87. 


( 640 ) 
la gomme adragant, l'inuline, l’amidon de la mousse d'Islande, le 
salep, les mucilages de guimauve, des semences de coings, la pectine 
et l'acide pectique, sont tous composés de la même manière, et sont 
isoméres avec sucre de canne. Plus nous pénétrons dans les secrets de la 
composition organique, plus nous la trouvons d’une simplicité éton- 
nante. 

» Dans ma derniere lettre, je vous ai rendu compte de quelques expé- 
riences sur les acides sulfo-naphtaliques, qui alors n'étaient point encore 
terminées. Je vous en communiquerai quelques détails nouveaux. J'ai vu 
avec bien du plaisir que M. Regnault est tombé sur la même idée que 
moi, par rapport à l’état de l’acide sulfurique dans cette combinaison. Ce 
chimiste brille autant par ses recherches, que par la clarté de ses vues, 
en jugeant leurs résultats. L’explication qu'il a donnée de la forma- 
tion de l'acide hypo-sulfurique est ingénieuse, elle m’entraina d’abord. 
Les analyses concordantes de MM. Faraday, Liebig et Wôhler, me pa- 
rurent rendre une analyse de la partie combustible dans le sel barytique 
superflue. Les idées émises par M. Regnault m’engagèrent à l’entre- 
prendre. En employant environ un gramme de sel de baryte à la combus- 
tion , il était facile d’avoir l'hydrogène avec la précision requise, car le 
résultat calculé d’après C*H'#, présupposé par M. Regnault, et d’après 
C#H!5, qui est le résultat de MM. Faraday, Wébhler et Liebig, donnerait 
prés de trois centigrammes de différence dans le poids de l’eau produite. 
Or, une telle perte ou, un tel excès surpasse toute possibilité, lorsqu'on 
sèche la masse. à brüler à 100°, alternativement dans l'air sec et dans 
le vide. J'ai toujours eu le rapport du carbone à l'hydrogène :; 20C : 16H. 
En calculant les expériences de M. Regnault, on y trouve le rapport de 
200 : 15H. Cette perte est facilement explicable si M. Regnault s’est servi 
d’un bouchon bien privé d’eau pour joindre le tube de combustion 
avec le récipient de l’eau, car la surface du bouchon dans l’intérieur du 
tube, constamment en contact avec une atmosphère surchargée d'humidité, 
s’en charge de nouveau et la retient. Cette méthode doit être évitée lors- 
que le nombre des atomes d'hydrogène est grand, car l'erreur de l’ob- 
servation peut surpasser le poids d’un ou même de plusieurs atomes d’eau. 
J'ai ensuite découvert une substance dont la composition rend la question 
principale de cette recherche, c’est-à-dire l'état de l'acide sulfurique, dif- 
ficile à résoudre. 

» Cette substance se produit conjointement avec les acides sulfo-naph- 
taliques, lorsqu'on traite la naphtaline tant par l'acide sulfurique hy- 


( 641 
draté, que par lacide anhydre. Elle se combine alors avec l'excès de la 
naphtaline, dont on la sépare par la distillation avec de l’eau ; elle est so- 
lide, cristallisable, fusible bien au-dessous de + 00°, non volatile sans 
destruction, soluble dans l'alcool et dans l’éther, neutre. Elle est com- 
posée de C*H'5 + SO*. L’acide sulfo-naphtalique peut être une combi- 
naison d’un atome de cette substance et d’un atome d’acide sulfurique, 


fout aussi bien que C*H'f +S. Il est impossible de décider la question. 

» Lorsqu'on traite la naphtaline par l'acide sulfurique anhydre, il se 
produit encore une autre substance analogue, peu soluble dans l'alcool et 
dans léther, et qui n’est point fusible à 100°; ces deux substances ont une 
propriété qui mérite bien attention des chimistes , c’est que l'acide nitro- 
muriatique, qui ne les décompose que difficilement, ne fait que changer 
lentement la composition de la substance organique, sans acidifier le 
soufre. Après trois jours de digestion bouillante, le tout s’est trouvé dissous. 
L'eau y produisit un précipité, mais dans le liquide filtré il n’y avait pas 
de trace d'acide sulfurique. La substance moins fusible, mélée avec du 
nitrate de baryte, subit la distillation sèche, avant de détonner avec le 
nitrate, ce qui arrive encore, quoiqu’en moindre degré, avec un mé- 
linge de chlorate potassique et de soude. J'ai pu déterminer qu’elle con- 
tient du soufre, mais non pas en quelle proportion. A juger d’après la 
perte par l’analyse avec l’oxide de cuivre, elle doit être composée de 
C*H°4 + SO*; elle serait donc un sulfc-benzide à deux atomes de benzide: 
Elle ressemble tellement à l'hydrate de benzoïle de M. Laurent , tant par 
ses propriétés que par les produits de la distillation sèche, que je voudrais 
bien engager M. Laurent à chercher du soufre dans cette combinaison 
quil a produite également par l'influence de l'acide sulfurique anbydre, 
mais sur l’huile d'amandes améres. 

» Lorsqu'on prépare l'acide sulfo-naphtalique par l'acide sulfurique 
anhydre, et qu'on le sature ensuite par du carbonate barytique, il se pro- 
duit très peu de sulfate de baryte, mais il est rose. 1l contient un sé] 
barytique d’un acide sulfo-naphtalique nouveau, coloré par une substance 
résineuse, mais électro-négative. J'ai appelé cet acide ac. sulfo-glutinique, 
parce qu’il se présente sous la forme d’une masse poisseuse, et que ses 
sels, à base d’alcalis avec une petite quantité d’eau, sont aussi poisseux. 
L’acide est incristallisable, d’un goût acidule et amer, très soluble dans 
Feau, d’où l’acide muriatique le précipite sous forme de flocons blancs, 
qui se réunissent au fond en une masse glutineuse comme de la térében: 


( 642 ) 

thine ; il se dissout dans l'alcool et un peu dans l'éther. Ses sels de plomb 
et de baryte sont peu solubles! dans l’eau froide, un peu plus dans l’eau 
bouillante ; ils sont fusibles au-dessous de + 100°. Le sulfo-glutinate po- 
tassique, traité à une température convenable avec de l’hydrate potas- 
sique, donne beaucoup de sulfate potassique. Cet acide se trouve aussi 
dans les eaux-mères après la cristallisation des autres sulfo-naphtalates , 
quoique dans une très petite quantité, Je n’en ai jamais eu assez pour 
l’analyser. 

» Les combinaisons d’un carbure d'hydrogène avec le soufre et l’oxi- 
gène, dont la sulfo-benzyde de Mitscherlich est le premier exemple connu, 
m'ont engagé à faire une révision des corps gras, qui contiennent du soufre, 
du phosphore et du nitrogène, et dont nous avons des analyses par 
M. Couérbe. En présupposant une combinaison de phosphore analogue 
à celle du soufre, et en prenant la nitro-benzyde de Mitscherlith pour mo- 
déle de calcul de la combinaison azotée , j'ai été conduit à des combinaisons 
si simples et si concordantes avec les résultats numériques de M. Couérbe, 
que ce chimiste distingué en sera probablement tout aussi étonné que 
moi. J'ai publié ces calculs dans mon mémoire sur les acides sulfo-naphta- 
liques; il serait un peu trop long d’en donner les détails ici. 

» Pour donner suite à mes recherches sur les couleurs automnales des 
feuilles, j'ai entrepris un examen de Ja chlorophylle. Si l'on en excepte la 
couleur et la solubilité dans l'alcool et dans l’éther, cette substance n’a 
aucun des caractères qu’on lui a assignés, 

» C'est une matière colorante végétale , dont les feuilles contiennent 
tout aussi peu que nos toiles teintes de matière colorante, Infusible à 
200°, où elle commence à se décomposer; insoluble dans l'eau, mé- 
diocrement soluble dans l'alcool et dans l’éther. Elle se dissout dans 
l'acide sulfurique concentré et dans l’acide muriatique également con- 
centré ; l'eau l'en précipite. L'acide muriatiqueé peut être évaporé sans 
détruire la chlorophylle. Elle donne des combinaisons définies avec les 
bases, teint la laine alunée, ét montre des signes non équivoques de ré- 
duction et de réoxidation. Au reste, elle est très altérable à l’air et à la 
lumiere. — Les expériences donnent la chlorophylle en trois modifica- 
tions bien distinctes. 

» 1°. Chlorophylle des feuilles fraîches ; qui se distingue des autres par 
la belle couleur verte de ses combinaisons avec les alcalis et les bases 
non colorées en général. L’acide acétique la précipite en flocons trans- 
lucides d’un vert d’émeraude, qui se dissolvent avec une belle couleur 


C6) 
verte dans l'alcool et dans l’éther. Si on les sèche, ils deviennent 
presque noirs et leur dissolution est alors d’un vert bleuätre. La dissolution 
muriatique est précipitée par de l’eau. 

» 2°. Chlorophylle des feuilles séchées. Elle se dissout par les alcalis 
avec une couleur vert sale des feuilles long-temps séchées. Les dissolu-" 
tions dans l'alcool et l'éther sont plus bleues, et tirant sur le pourpre, que 
verdâtres. Bien saturées , elles sont presque bleues; en les étendant jusqu’à 
faire presque ‘disparaître leur couleur, le vert sale revient. T’acide muria- 
tique la dissout, avec une superbe couleur d’émeraude ; Peau ne l'en pré- 
cipite pas. Pour l'en séparer je me suis servi du marbre, qui, à mesure 
que l'acide se sature, en sépare la chlorophylle. — Lorsqu'on traite de 
feuilles sèches par de l'acide muriatique de t,14, elles donnent une solu- 
tion d’un beau vert, de laquelle l'eau précipite la chlorophylle; mais 
lorsque l'eau acide a passé, le précipité se redissout dans l’eau avec laquelle 
on le lave; la dissolution contient alors cette même modification de la 
chlorophylle. 

» 3°, Une modification particulière, qui paraît se trouver dans des es- 
pèces de feuilles dont la couleur est plus foncée, comme cela a lieu avec 
les feuilles du Pyrus area, dont je me suis servi, pour ces expériences. 
Elle est soluble avec la précédente dans de l'acide muriatique de 1.19; 
l'eau les précipite ensemble; l'acide muriatique de 1.14 dissout la précé- 
dente et laisse celle-ci sous forme d’une masse noire poisseuse. Desséchée, 
elle est noire et cassante ; elle redevient poisseuse par l'humidité de l'air. 
Elle est insoluble dans l’eau, soluble dans l'alcool et l’éther, avec une 
belle couleur vert foncé. L’acide sulfurique la dissout avec une couleur 
d’un brun verdâtre, l’eau la précipite inaltérée. Les alcalis la dissolvent 
avec cette même couleur. Pour vous donner une idéé de la différence de 
ces trois modifications, j’ajouterai que la première se dissout dans l'acide 
acétique bouillant avec une couleur vert-pomme, et se précipite avec 
cette couleur par le refroidissernent ; la seconde s’y dissout avec une cou- 
leur bleue d’indigo et se précipite avec une couleur vert foncé presque 
noire; la troisième enfin s’y dissout avec une couleur brun verdâtre et se 
précipite de même. Au reste, dans leur manière de se comporter avec les 
réactifs chimiques, elles s’imitent l’une lautre, comme le font, par 
exemple, les acides tanniques tirés de différentes espèces de végétaux. 

» Je regrette beaucoup que dans le grand volume de selution éthérée 
que j'avais préparé pendant l'été dernier et que j'ai analysé cet hiver, la 
quantité de chlorophylle de chacune de ces modifications se soit trouvée si 


( 644 ) 
limitée, qu'elle n'a point suffi pour des analyses par la combustion. Je suis 
persuadé que toutes les feuilles d’un grand arbre ne contiennent pas 
10 grammes de chlorophylle, tant la nature a économisé cette substance 
colorante. 

» Les diverses nuances de vert chez les feuilles de différentes espèces 
sont produites non-seulement par les différents états de la chlorophylle , 
mais aussi par la xanthophylle, dont elles contiennent une quantité consi- 
dérable. J'ai cru que cette dernière se produit de la chlorophylle par l’in- 
fluence de la lumiere, et que les feuilles deviennent jaunes, lorsque la 
sécrétion de la chlorophylle cesse. Mais la chlorophylle isolée, dissoute 
dans l'alcool, exposée aux rayons solaires jusqu'à devenir jaune, ne m'a 
point fourni de xanthophylle; je n'en ai retiré qu'une substance jaune, 
soluble dans l’eau , et de la chlorophylle encore inaltérée. 

» Si vous croyez que les communications que je viens de vous donner 
dans cette lettre puissent être de quelque intérêt pour nos confrères 
de l'Académie des Sciences, vous m’obligerez beaucoup en en faisant 
part à l’Académie, dont je suis fier d’être honoré du titre d’associé. » 


Note de M. Perou. 


« Dans la première partie de la lettre que je viens d’avoir l'honneur de 
lire à l'Académie, M. Berzélius cite, en la combattant, une opinion que je 
lui ai depuis long-temps soumise, sur la constitution de l'acide citrique. 

» Je demande la permission d'entrer à cet égard dans quelques détails. 

» Quand on soumet à une température de + 180 à 200° les citrates 
neutres de soude et de baryte, ils perdent un tiers d’atome d’eau qui 
est nécessairement de l’eau de constitution pour les chimistes qui admet- 
tent que l'atome d'acide citrique anhydre a pour formule C*H#Of. 

» Ce résultat, annoncé par M. Berzélius, excita l'attention générale; 
chacun en chercha l'interprétation, mais personne ne s’occupa de la 
trouver par la voie de l’expérience ; et pendant long-temps on ne connut 
que les deux exemples de déshydratation que je viens de rapporter. 

» Les faits manquaient donc de généralité ; leur isolement même, sans 
diminuer leur importance, leur prêtait un caractère d’anomalie. 

» Cette anomalie disparut par l'observation que je fis, que les citrates 
de chaux , de strontiane , de potasse, de manganèse, etc., se comportaient 
comme ceux de soude et de baryte. 


» Je pensai dès-lors que cette déshydratation devait être considérée 


(645) 
comme. générale pour. les citrates, et que si quelques-uns d’entre eux, 
comme ceux de cuivre ,de,plomb.et d'argent , semblaient, faire exception, 
cette circonstance tenait. à.ce qu'ils: étaient brulés, par leur propre base 
ayant la limite de température, à laquelle, la, perte. d’eau..pouyait s’effec- 
tuer. Je considérai l’eau éliminée comme de l’eau,de.cristallisation, 

» C’est cette opinion que j'ai soumise à M. Berzélius.; dans le,but seul 
de faire disparaître toute fraction d’atome., je lui représentai-la formule 
de l'acide citrique anhydre par C'’H'°0! = 3,C#H{0#— ; H°0. 

.».Je communiquai également à M.Dumas lui-même le fait de la déshy- 
dratation d’un grand. nombre de citrates et la, croyance où. j'étais que 
l'eau perdue par ces sels n’était autre chose que. de l’eau de cristallisation 
dont la constitution de l'acide, citrique n’était pas affectée, 

_.» Ces faits et la conséquence que j'en ai, déduite,se trouvent rappor- 
tés, sans que mon nom. soit cité, dans une note que M. Dumas a lue à 
l’Académie des Sciences quelques mois après l'entretien dont je, parle. 

» 11 me suffira, je l'espère, d’invoquer ses souvenirs pour qu'il s'em- 
presse de réparer ce qui ne peut être de sa part qu'un oubli, et pour 
faire droit à ma juste réclamation. » 


Observations sur les communications précédentes ; par M. Dumas. 


«C'est par. une précaution oratoire parfaitement iputile que. M::Pelouze 
vient de parler avec doute des souvenirs que la conversation qu’il rap- 
pelle ont pu laisser dans mon.esprit, et de mon adhésion à la réclamation 
qu’il adresse à l’Académie. 

» M. Pelouze sait, depuis long-temps;.queje:suis prêt; pour mon compte , 
et comme ayant rédigé la note qui a été publiée en mon nom et en celui 

-de M. Liebig, à expliquer avec simplicité et netteté ma position à son 
égard; elle n’a rien qui puisse m’embarrasser. 

» M. .Pelouze m'a communiqué, en effet; les résultats de; quelques-ex- 
périences sur les citrates qui lui auraient prouvé: qu'ils: perdent:de; leaw 
tantôt par tiers d'atome, tantôt par demi-atome. 1] m’a cité en partieulier le 
citrate de zinc comme, étant dans,ce dernier cas.|Ces, résultats sont tbien 
loin d’avoir la netteté de ceux. que M. Pelouze ;vient -d’énoncer: Aussi 
M. Pelouze ne m'a:t:l point dit. qu’il,eût | imaginé,aucune explication de 
ces faits qui n’en, étaient pas susceptibles. 

», Je, me suis empressé de faire connaître;à M. Pelouze que je terminais 
des analyses de citrates qui avaient pour objet de vérifier une formule qui 
Jn’avait, semblé convenir à l’acide citrique, mais qui ne s’accordait pas avec 

C. R. 1838, 197 Semestre. (T.VI, N° 19.) 88 


( 646 ) 
ses propres expériences. Je n’ai pas fait une seule analyse de ce genre, de- 
puis cette conversation, qui avait lieu pendant le séjour de M. Liebig à 
Paris. Elles devenaient inutiles par les analyses du citrate d’argent que 
M. Liebig m’envoya peu de temps après son retour en Allemagne, et qui 
s'accordaient avec les miennes. 

» Ainsi, M. Liebig et moi, nous n'avons eu qu’une chose en vue, c’est 
de nous assurer que la formule C**H'°0" représentait bien la composition 
des citrates anhydres. Si en rédigeant la note que j'ai publiée sous nos 
deux noms, je n’ai pas cité M. Pelouze, c’est que ses expériences étaient 
en contradiction avec les nôtres, et que son analyse du citrate de zinc ne 
pouvait se concilier avec nos résultats. 

» J'ai laissé à M. Pelouze le soin d’éclaircir ce point, mais ne pouvant 
combattre ses expériences ni m'en étayer, je n’en ai point parlé, tout prêt 
à convenir qu'il avait fait des analyses de citrates en même temps ou 
même avant l’époque à laquelle j'ai soumis la formule que nous en avons 
donnée, à des vérifications qui m'ont semblé suffisantes. » 


Réponse de M. PrLouzr. 


« M. PELouze assure que ce fut, non pas immédiatement, mais long- 
temps après qu'il eut communiqué à M. Dumas le fait de la déshydratation 
des citrates, que M. Dumas lui apprit qu'il soccupait de son côté d'un 
travail sur le même sujet: 

» Il a dit, en effet, à M. Dumas que le citrate de zinc seul perdait un 
demi-atome d’eau, mais M. Dumas savait parfaitement que les ‘expé- 
riences de M. Pelouze n'étaient pas terminées. » 


Réplique de M. Duuas. 


« La mémoire de M. Pelouze le sert mal: c'est au moment méme ét non 
long-temps après que j'ai fait connaître à M. Pelouze ces expériences 
dont je m’occupais pour établir la formulé de l'acide citrique. Je laffirme 
positivement: 

» Du reste, la seule chose intéressante dans ce petit débat, ce serait de 
savoir si le citrate de zinc perd un tiers ou un demi-atome d’eau, et M. Pe- 
louze doit comprendre que s’il s’est trompé sur ce point, comme il en 
convient, il n’a pu être conduit à la même formule que nous pour l'acide 
citrique; aussi M. Pelouze m’a-t-il parlé d'analyses de citrates, mais nou 
de la. formule de l'acide citrique. | 

» Mais c'est assez, c'est trop même à ce sujet; de tels détails sont'sans 


(647) 
intérêt. pour l'Académie et ils perdent toute importance à côté des ques- 
tions soulevées par la lettre de M. Berzélius dont M. Pelouze. vient de 
donner lecture. 

» Il y a dans cette lettre des expressions dont je ne veux pas pour le 
moment discuter la convenance, des formules nouvelles que je n’ai pu 
saisir à la lecture, des attaques contre mes théories et enfin quelques faits 
nouveaux. 

» L'Académie remarquera qu'il n’y a pas une seule de mes expériences 
qui soit contestée par M. Berzélius. Je crois qu’il sera facile de prouver 
qu’il se trompe pour l’eau que perd l’amylate de plomb; je laisse ce soin à 
M. Payen. Je persiste, en ce qui me concerne, à dire que mon analyse du 
dextrinate de plomb est exacte. Les idées de M. Berzélius sur ce corps, 
comme sur les sucres, vont être l’objet d’une discussion toute naturelle, 
à l’occasion du rapport dont je suis chargé sur le mémoire de M. Péligot 
Je ne manquerai pas de m'y livrer. 

» Quant à ces nouvelles formules que propose M. Berzélius, il est 
clair pour tout le monde qu’il est toujours facile, au bout de quelques 
années, de coordonner des recherches qui se sont présentées d’une ma- 
nière détachée, et qu’on a beau jeu à redresser en apparence les idées 
qu'un expérimentateur émettait il y a cinq ou six ans, quand on est 
éclairé par de nouvelles expériences dont il a souvent lui-même enrichi 
la science. C’est un rôle facile à jouer, mais celui qui le joue ne doit 
jamais oublier les égards qui sont dus à ceux dont le travail lui a fourni 
les matériaux sur lesquels il fonde ses théories. 

» Je termine par une remarque relative à la loi des substitutions. 
M. Berzélius en fait une critique amère qui n’a qu'un seul défaut, c’est 
de porter sur un point qui ne me concerne en rien. J'ai dit qu’en général 
un corps hydrogéné qui perd de l'hydrogène sous l'influence du chlore , 
rend par chaque atome d'hydrogène enlevé un atome de chlore, et ainsi 
des autres corps analogues. 

» Je maintiens ce que j'ai ve. l'expérience universelle est là pour 
montrer que j'ai dit une chose Deer vraie. 

» Mais je n'ai jamais dit que le nouveau corps formé par substitution , 
eñt le même radical, la même formule rationnelle que: le premier.-J’ai dit 
tout le contraire en cent occasions. M. Berzélius me prête là une opinion 
qui, n’est pas la mienne ; que celui qui voudra la revendiquer pour lui la 
soutienne : elle ne me concerne pas. 


» La note de M. Berzélius, quand j j'aurai pu la lire, deviendra du reste, 
88.. 


(648) 


de ma part, l'objet d'une réponse qui ne se fera pas attendre, et dans 
laquelle’ j’essaierai de limiter le débat aux questions de théorie générale, 
et d'en écarter toutes les personnalités qui pourraient l'envenimer. » 


«M. Ligrr communique un extrait d’une lettre de New-Yorck, dans la- 
quelle on lui annonce la mort de M. Bowditch. Cet habile géomètre, qui 
s'était formé tout seul et qui avait si brillamment réparé le défaut d'édn- 
cation première , est mort à Boston, le 15 mars dernier. On sait qu'il avait 
traduit en anglais la Mécanique céleste de Laplace, en y joignant d'utiles 
et savants commentaires. Trois volumes de ce grand ouvrage ont paru; le 
quatrième était presque entièrement imprimé lorsque la mort a enlevé 
M. Bowditch à la science: mais rien n’était prêt pour la publication du 
cinquième. M. Libri croit que l’Académie s’associera à ses regrets pour la 
perte d’on savant qui a élevé un si beau monument à la gloire de Laplace.» 


RAPPORTS. 
vovace screnrrriQue. — Rapport sur les résultats du voyage de la Bonite 
autour du monde. — Minéralogie et Géologie. 


(Rapporteur, M. Cordier.) 


« Le soin de former des collections géologiques et minéralogiques pen- 
dant les relâches de /a Bonite, a été confié à M. CHevaLERr, enseigne de 
vaisseau!, qui a su s’en acquitter avec succès , malgré le peu de temps que 
lui laissaient d’autres services et quoiqu'il n!y fût pas préparé; car ce n’est 
qu'après le départ de l’expédition qu'il a eu connaissance du surcroit de 
travail qui était imposé à son activité éclairée et à son dévouement. 

» Les collections consistent en plus de 1300 échantillons, dont 1 roo sont 
catalogués et accompagnés de notices propmes à faire connaître exactement 
les circonstances de gisement. Les autres échantillons sont des roches, ou 
des minéraux métalliques qui ont été donnés à M. Chevalier par diffé- 
rentes personnes avec lesquelles il a été en rapport, soit en Amérique, 
soit dans les Indes-Orientales. 

» La constitution des deux premiers points de relâche, Rio-Janeiro et 
Montévidéo, est bien connue; mais il s'agissait d'augmenter et de com- 
pléter les matériaux que nous en possédons : c'est ce qui a été fait au 
moyen de 8o échantillons et de croquis indiquant la manière dont les 


(649 ) 
roches préhiotéislel qui’ont'été recueillies S'insérént'lesunes dans les 
autres. { 

» Surla côte occidentale de l'Amérique du Sud; les rechérches ont porté 
Sur'cinq-points, dont les’ deux extrémes, Valparaïso et Guayaquil, sont 
distants d'environ: 760 lieues. 

» Les ‘environs de Valparaiso 6nt fourni utié! belle suité: des ‘éléments 
qui composent le terrain dioritique stratiforme que nous y connaissions 
déjà; mais, en outre, la libéralité de‘M. Burotté, consul français , et de 
M. Lamartine, a procuré un bon-nômbre d'échantillons deminerais de 
cuivre et d'argent provenant dé l'intérieur du Chili ét du Pérou. 

» À Cobija, seul port que la république de Bolivie possédé sur Océin 
Pacifique , le terrain complexe qui forme la! charpénte du pays, à fourni 
des pegmatites, des diorites, des syénites, des serpéntines et des waäckés, . 
roches que nous ÿ connaissions déjà en’ partie, ét dont il paraît que les 
circonstances locales ne permettent pas de déterminer les rapports. C'est sur 
la tranche de ces roches, à une hauteur de 6 à 10 mètres au-dessus du ni- 
veau delamer, quese trouve ce bancsi curieux deterrain alluvial, ayant jus- 
qu’à 600 mètres de largeur; qui contient de nombreuses coquilles marines, 
en général bien conservées , et qu’on a dit semblables à cellés qui vivent 
maintenant sur lès rivages adjicéths. Lés échantillons que M.’ Chevalier 
avait recueillis de ce terrain ont, malheureusement, été perdus; en sorte 
que nous ne pouvons encore cette fois déterminer l’âge géologique de ce 
dépôt, et répondre à la question de savoir à quélle époque il faut rap- 
-porter le relèvement de cette portion du sol de l'Amérique méridionale. 

» D’après les observations de M. Chevalier, ce phénomènese serait étendu 
à une grande distance , car sur l’île de San-Lorenzo près de Lima, c’est-à-dire 
à 275 lieues au nordde Cobija, cet officier a reconnu l'existence d’un dépôt 
coquillier tout-à-fait analogue au précédent; mais icice n’est plus la hauteur 
de 10 mêtres, mais celle de 30 mètres que le dépôt a atteinte au-dessus du 
niveau de la mer. Les échantillons ont été également perdus, au grand 
regret de M. Chevalier. Du reste, la constitution du sol fondamental de 
l'ile de San-Lorenzo, de la baie de Callao, et des environs de Lima, est 
représentée dans les collections rapportées, par une bellé suité dé roches 
de’ transition, sans débris fossiles , laquelle, au moyen des détails qui l’ac- 
compagnent, complète les notions que nous possédions déjà sur cette 
contrée. 

» Une suite analogue représente le térraïn de transition qui constitue le 
sol fondamental des environs de Payta, point qui est situé, comme on le 


( 650 ) 


sait, à 200 lieues au nord,de Lima, On remarque également dans ces ro- 
ches une absence complète de débris de corps organiques ; mais cette ab- 
sence est ici bien compensée par l'immense quantité de débris de ce genre 
que renferme le conglomérat calcaire celluleux, qui s'étend au loin.et 
horizontalement sur la tranche des couches de transition, Ce système cal- 
caire, qui est peu épais, peu élevé au-dessus de la mer, et qui paraît ap- 
partenir aux dernières époques de la période palæothérienne ou tertiaire, 
nous était déjà connu par de nombreux échantillons rapportés. par M. le 
capitaine Duperrey et par M. Lesson. Les échantillons nombreux re- 
cueillis par M. Chevalier donneront de nouveaux et utiles renseignements 
sur sa composition et sur celle des lits de grès, d'argile, de marne et de 
gypse, qui lui sont subordonnés sur beaucoup de points. : 

» Enfin, à Guayaquil, M. Chevalier a eu la preuve que le remarquable 
terrain calcaire de Payta se retrouvait à plus de 75 lieues vers le nord, aux 
environs de la pointe Sainte-Hélène; car on tire de cette dernière localité 
des filtres en grès coquilliers absolument semblables à ceux qu’on exploite 
à Payta pour le même usage. Il faut, vraisemblablement, rapporter au 
même terrain les roches de grès quartzeux polygénique, d'argile et de 
marne contenant quelquefois des rognons de silex, qui ont été recueillies, 
soit à Guayaquil, soit à l'ile de Puna qui est à l'entrée du golfe. 

» Les collections recueillies à Hawaï et Oaou , les deux îles principales 
de l'archipel des Sandwich, ne contiennent que les matériaux déjà connus 
de ces îles, c’est-à-dire des laves péridotiques et pyroxéniques de différents 
âges et des calcaires madréporiques ; mais on trouve parmi les échantillons 
des variétés intéressantes. Telle est l’obsidienne (ou verre volcanique) en 
filaments capillaires isolés , que le volcan de Pélé rejette de temps à autre 
au lieu de cendres, et à laquelle les habitants du pays donnent le nom 
de cheveux de Pélé. M. Chevalier a eu occasion de voir sur plusieurs 
points, le calcaire madréporique recouvert par des layes assez anciennes, 
ce qui est digne de remarque. Il a eu soin de rapporter, ainsi que cela 
avait été recommandé par les instructions de l’Académie, des échantillons 
des madrépores que vivent actuellement près des rivages. La comparaison 
des madrépores vivants avec ceux des roches calcaires, fera connaître s’il 
y a des différences notables dans les espèces, ce qui paraît probable, du 
moins au premier aperçu. 

» Aux îles Philippines, la baie de Marivels, qui est à l’entrée du golfe 
de Manille, a fourni une suite curieuse de produits basaltiques en partie 
décomposés et qui paraissent appartenir à la période palæothérienne ou 


( 651 ) 


tertiaire. Il en est de même des laves pyroxéniques et quelquefois felds- 
pathiques qui ont été recueillies par MM. Gaudichaud et Eydoux, dans 
une excursion faite de Manille à la Laguna, qui en est à dix lieues au N-E. 
Dans la méme contrée on trouve, -en outre, des pierres calcaires com- 
pactes secondaires et quelques porphyres syénitiques: à 

» Le vaste terrain granitique, superficiellement décomposé, qui cons- 
titue les environs de Macao et l’île de Hiang-Chang, qui fait partie du 
même archipel, a fourni une intéressante suite de roches HE lesquelles 
sé trouvent des roches subordonnées remarquables , telle qu'ane syénite 
violette semblable à celle des Vosges ou de Corse , et des masses en filons 
telles que du basanite amygdalaire et du fluorure de chaux. Des blocs 
granitiques arrondis et souvent incrustés d’hydrate de fer manganésé, 
sont parsemés partout à Ja surface du sol et paraissent, le produit de la 
décomposition, séculaire de la roche fondamentale. Le volume de ces blocs 
dépasse quelquefois 200 mètres cubes; on les trouve parfois groupés 
et laissant des vides entre eux. La célèbre grotte du Camoëns, à Macao, 
est due à un de ces groupements. Quelques échantillons recueillis par 
M. Fisquet attestent que ce terrain s'étend jusqu'aux environs de Canton, 
et qu'en outre on trouve à peu de distance de là des couches DÉS 
diennes. 

» Un des caractères de ces roches granitiques consiste en_ce.qu’elles 

empâtent assez fréquemment des fragments de gneiss surmicacé, Cet acci- 
dent, si important pour la théorie de la formation des terrains graniti- 
ques, est, d'aprés M. Chevalier, beaucoup, plüs commun à la baie de 
Touranne, sur la côte de Cochinchine, et à l’île de l'Observatoire, qui est 
voisine de cette baie. Ici le terrain granitique est en partie, recouvert par 
des assises de grès quartzeux, vraisemblablement peu anciens, dont le 
ciment est ferrugineux , et qui contiennent fréquemment des galets de 
quartz. RE ANS 

» La presqu'ile Malaie a été, visitée. sur trois points, savoir,: 1°: à Sin- 
gapore, dont les environs ont fourni des psammites friables. de différents 
grains, à ciment plus ou moins. ferrugineux; des argiles rouges ou grises, 
et des, couches subordonnées ou des, amas d’hydrate de fer compacte ou 
cellulaire. Ce système paraît peu ancien. 2°. À Malacea, où le système pré- 
ne est tellement surchargé d’hydrate de fer, qu'il en résulte;un des 
gites les plus remarquables et les plus sondes de ce genre,de mi- 
nerai qui existent à la surface du globe.,3°. Enfin, à l'ile de Pulo-Pénang, 
où tout est composé de granite avec quelques .. accidentelles en 


( 652) 


filons, telles que des pegmatites avec tourmaline et du fer oligiste 
écailleux. 

» Mais en outre, à Malacca , M. Chevalier a pu se procurer quelques- 
uns des principaux matériaux qui se trouvent dans l'intérieur de la pres- 
qu'ile Malaie, du granite ordinaire, de l’ytabirite, du calcaire de transi- 
tion à polypiers, et sept variétés du minerai d’étain si célèbre qu'on y 
exploite de temps immémorial, Il résulte de l'examen de ces diverses va- 
riétés que les gîtes en extraction ne sont rien autre chose que des amas 
de sables quartzeux stannifères superficiels, analogues à ceux que nous 
connaissons en Bohème, en Angleterre et dans l'Amérique du Sud, mais 
beaucoup plus étendus ou beaucoup plus riches. 

» Les environs de Calcutta n’ont fourni qu'un petit nombre d’échan- 
tillons qui représentent cette singulière couche argileuse imprégnée de 
sous-carbonate de soude, qu’on exploite de tout temps, à peu de distance 
de Chandernagor , pour les usages domestiques ; mais la libéralité de 
MM. David, Prinsep et Cracrost, a procuré à M. Chevalier un bon nombre 
de roches ou de minéraux ordinaires venant de diverses parties des Indes, 
et une belle suite de terrain phylladien et calcaire, de transition, qui 
constitue en grande partie l'île de Diemen , à la Nonvelle-Hollande. Cette 
suite est surtout remarquable par la quantité et la variété des coquilles de 
spirifère qu’elle renferme. 

» À Pondichéry, l’excursion faite à Trinvincarré a fourni de nombreux 
échantillons des grès quartzeux, des métaxites friables, et des bois fos- 
siles siliceux, que nous y connaissons depuis long-temps; mais elle a 
produit de plus de beaux échantillons d'une lumachelle arénifere, tout-à- 
fait remarquable par la nature des fossiles qu’elle renferme. Ce sont en 
effet des catilus, des inocérames, des huîtres plissées, des natices, des 
bélemnites ét des débris d’hamites ou de scaphites. Ainsi, un terrain 
tout-à-fait analogue à ceux qui appartiennent à la période crayeuse dans 
nos contrées , existe dans les environs de Pondichéry. 

» Enfin, dans les relâches "à l'ile de Bourbon et à l’île de Sainte-Hélène, 
diverses variétés des roches volcaniques que nous y connaissons, ont été 
recueillies. On trouve parmi ces roches quelques produits nouveaux, savoir: 
de l’arragonite blanche eu très grands cristaux, et des lignites enveloppés 
de tufa. 

» Mdépendamment de tous les produits dont il vient d’être fait men- 
tion, M. Chevalier n’a pas négligé de recueillir les vases marines de pres- 
que tous les mouillages où la Bonite à stationné, et M. Gaudichaud a 


(653) 


augmenté les collections d’environ 120 échantillons de roches ou de mi- 
néraux qui lui ont été donnés, ou qu'il a récoltés lui-même sur différents 
points. r 

» Il résulte de tout ce qui précède que les recherches de M. Chevalier 
ont un véritable mérite, et que la science et le Muséum d'Histoire natu- 
relle profiteront notablement des collections minéralogiques et géologi- 
ques qu'il a rapportées. Les additions que MM. Gaudichaud, Eydoux et 
Fisquet ont faites à ces collections, ajoutent à l'intérêt qu’elles pré- 
sentent. » : 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination de trois de ses 
membres qui, conformément aux dispositions du décret du 25 août 1804, 
devront faire partie de la Commission chargée de l'examen des pièces de 
concours de MM. les élèves des Ponts-et-Chaussées. 

MM. Poncelet, Dupin, Élie de Beaumont réunissent la majorité des suf- 
frages. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


PALÉONTOLOGIE. — Mémoire sur des ossements fossiles de mamrmiferes et 
d'oiseaux trouvés dans la caverne de Brengues (Lot); par M. T. Purt; 
pour faire suite à un Mémoire précédent sur des débris fossiles de 
renne provenant de la même localité. 


(Commissaires, MM. de Blainville, F. Cuvier.) 


« Des fouilles nouvelles dans la caverne de Brengues m'ont fait dé- 
couvrir, dit M. Puel, de nombreux débris appartenant aux espèces que 
Cuvier avait, dès 1820, signalées pour cette localité (rhinocéros, cheval, 
bœuf, renne); mais de plus j’y ai trouvé des ossements de plusieurs rou- 
geurs (lièvre , campagnol, etc.), une espèce de cerf que je regarde comme 
loutà-fait identique avec le cerf du Canada, et deux espèces d'oiseaux 
(pie et perdrix), dont la première n’avait pas encore été signalée, du moins 
en France, dans les cavernes à ossements. J'ajouterai encore que plusieurs 
os de solipèdes m'ont paru devoir êtrerapportés à l’equus asinus ou âne. Enfin 
parmi les débris du genre bœuf, plusieurs os appartiennent très certaine- 
ment à l’Aurochs. Cuvier, qui n’avait eu en sa possession qu’un seul os 
de bœuf provenant de Brengues ( un humérus), avait vu cependant : 

C.R. 1833, 17 Semestre, (T. VI, N° 49.) 89 


( 654 ) 
« que très probablement cet os devait se rapporter à l'espèce dont le cräne 
» est large et bombé, c’est-à-dire à l'Aurochs fossile. » 

» Les restes de rhinocéros sont en très petit nombre; je n'ai recueilli 
que six fragments bien caractérisés qui tous ont appartenu à un individu 
jeune. 

» La plupart des animaux que j'ai signalés dans la caverne de Brengues 
appartiennent à des espèces dont les analogues vivent encore dans la 
contrée : tels sont le cheval, l'âne et particulièrement le lièvre, la pie, la 
perdrix. Comme, d’un autre côté, plusieurs de ces os sont d’une parfaite 
conservation et d’une blancheur vraiment remarquable (ceux de pie, par 
exemple), on pourrait être tenté d’y voir des débris des temps modernes. 
Je pense donc qu'il n’est pas inutile de faire observer que j'ai débarrassé 
les os dont il s’agit des matières terreuses et calcaires qui les enveloppaient : 
du reste quelques-uns d’entre eux présentent des traces évidentes de ces 
incrustations. » 


cHiRURGIE. — Mémoire sur un déplacement complet de l'articulation tibio- 
fémorale droite, après une déviation de nutrition dans les surfaces os- 
seuses qui la constituent ; par M. A. Tarerry. 


( Commissaires , MM. Larrey, Breschet. ) 


cmrRuRGIE. — Réflexions à l'occasion d'une lettre de M. JT. Guérin sur 
quelques points relatifs à l’histoire du traitement du torticolis ancien 
par la section du sterno-mastoidien ; par M. Bouvier. 


(Commission nommée pour les divers mémoires relatifs au traitement 
du torticolis ancien par la section sous-cutanée des tendons du sterno- 
cléido-mastoidien.) 

cHiRurGE, — Appareils destinés à augmenter ou à diminuer, selon les cas, 
la pression atmosphérique sur une portion plus ou moins grande de la 
surface du corps humain. Modifications apportées à quelques-uns de ces 
appareils. Observation de diverses affections graves dans lesquelles l'ap- 
plication de grandes ventouses a été suivie de guérison ; Mémoire de 
M. Juwon. 

( Commission précédemment nommée. ) 


MÉTÉOROLOGIE. — Tableaux des observations météorologiques faites à Flacq 
(ile Maurice); par M. DessarDins (mars, avril, mai 1837 ), 


(Renvoi à la Commission précédemment nommée. ; 


( 655 ÿ. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Supplément à un Mémoire sur la résolution 
des équations numériques; par M. Cotrs. 


( Commissaires, MM. Täbri, Sturm.) 


mÉDecine. — Note sur une nouvelle méthode de traitement pour les fièvres 
intermittentes rebelles; par M. Bouvize. 


: (Adressée par M. le Ministre du Commerce et des Travaux publics pour 
le concours aux prix Montyon, médecine et chirurgie.) 


M. Laurenr adresse les planches qui doivent être jointes au Mémoire 
qu'il a présenté dans la séance précédente, sur le developpement de la 
limace , etc. 


(Renvoi à la Commission précédemment nommée.) 


M. ANTOINE-ALEXANDRE présente une note relative à un perfectionne- 
ment qu'il croit qu’on pourrait introduire dans l’art du teinturier. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze.) 


M. Srein adresse une nouvelle copie d’un Mémoire ayant pour titre : 
Réflexions physiques sur la loi du mouvement de la lumière , de la Terre, 
de la Lune et des eaux dans le flux et reflux de la Mer. 

La Commission à laquelle le Mémoire a été renvoyé lors de la première 
présentation, sera invitée à hâter son rapport. 


CORRESPONDANCE. 


PALÉONTOLOGIE. — Ossements fossiles du Gers ; extrait d'une lettre 
de M. Larrer à M. Flourens. 


« Je viens encore vous prier d'annoncer à l’Académie un nouvel envoi 
d’ossements fossiles, le plus considérable peut-être que j'aie adressé au 
Muséum. Dans l’une des trois caisses dont il se compose, se trouvent des 
restes d'animaux de divers genres, entre autres quelques morceaux d’un 
nouveau grand carnassier plus voisin du chien, ce me semble, que celui 
déjà désigné par le nom d’#mphicyon. 

» La partie importante de cet envoi consiste dans deux grandes caisses 

89.. 


( 656 ) 


du poids de sept quintaux environ, lesquelles renferment une bonne 
moitié au moins du squelette d’un Mastodonte à dents étroites. » 

Suit une énumération de ces différentes pièces que M. Lartet considère 
comme ayant indubitablement appartenu au même individu. 

« Ces pièces, reprend-il, sont en général d’une conservation rare, eu 
égard à l’état dans lequel se trouvent d'ordinaire les restes des grands ani- 
maux. Les côtes sont presque toutes fragmentées, mais il sera possible 
d'en rejoindre les morceaux. 

» La demi-mâchoire inférieure est tronquée par le bout, et l’on y re- 
connaît distinctement l’alvéole d’une forte incisive, dont on retrouve un 
fragment avec les autres pièces. J'ai déjà envoyé au Muséum plusieurs de 
ces incisives inférieures de mastodonte; elles se distinguent des supé- 
rieures par leur forme plus comprimée et par l'absence totale d’émail. En 
revanche , elles sont revêtues d’une couche d'ivoire d'une texture diffé- 
rente de celui qui forme le noyau de la dent. 

» L'existence, incontestable maintenant, d’incisives chez le mastodonte 
à dents étroites (M. angustidens, Cuv., l’ancien animal de Simorre) ne 
'accorderait pas avec quelques observations très précises de G. Cuvier. Il 
restera donc à décider si ces faits contradictoires excluent l'identité spé- 
cifique , ou bien si l’anomalie signalée ne rentrerait pas dans le cas d’une 
distinction purement sexuelle. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau carbure d'hydrogène obtenu de l'huile 
de pommes de terre. — Lettre de M. Canours à M. Dumas. 


« Je viens de reprendre mon travail sur l'huile de pommes de terre, 
ainsi que vous m'y aviez vivement engagé. J'avais admis, d’après la densité 
de vapeur de l'huile et la composition qui résulte de laction de l'acide 
sulfurique sur elle, qu’elle se comportait comme un véritable alcool. Afin 
de vérifier cette hypothèse, il fallait en isoler l'hydrogène carboné : c’est ce 
dont je viens de m'occuper. En traitant l’huile par l'acide phosphorique 
anhydre et lui faisant subir plusieurs distillations sur cet acide, j'obtiens 
un liquide huileux, léger, d’une odeur aromatique, bouillant vers 160°, et 
possédant des propriétés toutes différentes de l'huile qui lui donne nais- 
sance. J'ai fait de ce produit trois analyses qui m'ont donné : 


0£,450 ont fourni  Eau.... 0,562 Acide carbonique..:. 1,394 
0,400 ont fourni Eau.... 0,499 Acide carbonique.... 1,245 
0,250 ont fourni Eau.... 0,309 Acide carbonique.... 0,777 


= 


Ce qui donne : 


‘8 11. IN 

(Care 85,90 ..... 86 . 86 
HER 14,05 .. TASSE TA 
99,95 100 100 


Ce qui conduit à la formule CH. 

» C’est donc un véritable carbure d'hydrogène ayant même composition 
que le méthylène et le gaz oléfiant, et ne différant de ceux-ci que par l’état 
de condensation de ses éléments. Il était nécessaire de déterminer la.den- 
sité de vapeur de ce produit, et j'ai obtenu d’une expérience faite dans 
votre laboratoire les résultats suivants : 


Excès de poids du ballon......... 08,508 
Température de la vapeur........ 200° 
Volume du ballon:..... Dobdeon at 196°% 
Baromètre .......... ÉDRUEe 14. 00,700 
Température de Jair............ 18° 


Ce qui donne pour la densité cherchée 5,06. 

» La densité calculée, en supposant que C*H*° représente 2 volumes 
de vapeur, serait 4,904. Il existe donc ici une anomalie que ne présentent 
ni le méthylèhe ni le gaz oléfiant. Je vous prie de vouloir bien m'éclairer 
à ce sujet, » 


Note de M. Dumas à la lettre précédente. 


« Ordinairement les carbures d'hydrogène sont plus volatils que les al- 
cools qui les fournissent ; mais ordinairement aussi, un équivalent de cha- 
cun de ces carbures d'hydrogène fournit quatre volumes de vapeur. On 
avait déjà, cependant, une exception dans le carbure qui s’extrait de l’es- 
prit pyro-acétique; celui-ci est bien moins volatil que l’esprit pyro-acétique 
lui-même. M. Cahours vient de rencontrer un nouvel exemple de ce genre, 
mais il me semble qu'il a fait plus, c’est-à-dire qu’il a découvert l’explica- 
tion de ce fait remarquable. 

» M. Cahours vient de trouver, en effet, que tandis que l'huile de 
pommes de terre qui est un alcool se divise par quatre, son carbure d'hy- 
drogène se divise par deux seulement; en sorte qu'ici, le carbure d’hydro- 
gène est deux fois plus dense que dans les alcools ordinaires. Si l’on se 
demande maintenant pourquoi le carbure d'hydrogène nouveau ne se di- 
vise que par deux au lieu de se diviser par quatre, la seule réponse qui 
puisse être faite, c’est que dans le nouveau carbure d’hydrogene, le car- 


( 688 } 


bone entrerait en atomes impairs dans chaque volume de vapeur. Il en se- 
rait de même dans le cas du carbure d'hydrogène extrait de l'esprit pyro- 
acétique. 


; à < ÿ 4 10 F20 20 H°° 
» Ainsi, au lieu d’avoir n — CH; on à = C'°H'°. D'un autre 
Qu ; : : CHE 
côté le carbure provenant de l'esprit pyro-acétique donnerait ni == OST, 


ë I C'2 HS ; : 
tandis qu'on a probablement T3. Je prends la liberté de recommander 


ce point de vue à M. Kane. 

» Voila une nouvelle preuve , et une preuve remarquable, du danger de 
généraliser les lois qui en semblent le plus susceptibles, et surtout du dan- 
ger qu'il y aurait à se contenter de déduire des densités de vapeur non 
déterminées de celles de leurs combinaisons en se guidant par de simples 
analogies. » 


GéoGrAPgrE, — M. DEnaix, en adressant une nouvelle livraison de son 
Nouveau Cours de Géographie générale (Atlas physique, politique et histo- 
rique de la France), rappelle qu'il y a déjà onze ans que ses premiers essais 
de géographie méthodique et comparative ont été présentés à l’Académie. 
« L'accueil bienveillant que j'en recus alors, dit M. Denaix, m'encouragea 
à poursuivre l’entreprise ardue de refaire l'enseignement de la science 
sur des bases nouvelles, bases que je trouvais indiquées d’ailleurs dans 
la savante introduction à la géographie physique de M. Lacroix. 

» Parvenu aujourd'hui à la neuvième livraison de mes publications, 
je n’ai presque rien encore fait paraître comme texte explicatif de ma 
méthode. Mes éléments de géographie générale sont néanmoins entière- 
ment rédigés; mais, en raison des relations qui doivent exister entre 
cette première partie et les suivantes, je ne me hâte pas de mettre sous 


presse....» 


MÉTÉOROLOGIE. — M. Korrrsky adresse des réflexions relatives à la com- 
munication faite dans la séance précédente par M. Arago, sur certames 
observations dans lesquelles la £empérature de l'air, en plein jour, a été 
trouvée croissante avec la hauteur. 


M. Jules Guérin adresse un paquet cachete. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


A quatre heures trois quarts l’Académie se forme eu comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. F; 


( 65% } 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE: 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences, 1°* semestre 1858, n° 18, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et AraGo; 
tome 66, décembre 1837, in-8°. 

Annales de la Société Entomologique ; tome 6; 4° semestre, 1837, 
in-8°. 

Portrait de M. Arago, gravé par M. Srxoemers, d’après le tableau de 
M. Schefjer. 

Atlas Physique, Politique et Statistique de la France , formant les 10°, 
11 et 12° livraisons du nouveau Cours de Géographie générale; par 
M. Denuix. 

Histoire naturelle des Iles Canaries; par MM. Wess et BERTHELOT : 
30° livraison in-4. 

Voyage dans l'Amérique méridionale; par M. »'Ormenx, 32° livraison, 
in-4°. 

De l'Ibérie ou Essai critique sur l'origine des premieres populations de 
l'Espagne; par M. Grasuin; Paris, 1838, in-8°. 

Histoire philosophique des Sciences et de la Civilisation; par M.J. Morann; 
Paris, 1838, in-8. 

Des générations spontanées, de l'Ovologie et de l'Embryologie ; par 
M. Gxiaup DE Caux; Paris, 1838, in-8°. 

Suite des observations relatives à l'efficacité des eaux thermales de Vichy 
contre la pierre et contre la goutte; par M. Cu. Perir; Paris, 1858, in-8°. 

Histoire abrégée de quelques affections qui peuvent occasioner la mort 
subite ; par M. F.-L. Picuaro; brochure in-8°. 

Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département 
de la Marne. — Résumé des Rapports faits à la Société dans les Séances 
des 9 septembre, 7 novembre 1837 et 1°* février 1838, in-8°. 

Notice historique sur le T employé à la construction des hautes che- 
minées d'usine; par M. Toroeux, pharmacien; Cambray, in-8°. 

Lettre de M. le chevalier de Paravey sur les collections chinoises et 
japonaises se trouvant à La Haye et à Leyde; demi-feuille in-8°. 


( 660 ) 


Revue zoologique, par la Société Cuviérienne, association universelle ; 
par M. Guérin Mennevicce ; avril 1838, in-8°. 

The civil engincer. ... Journal des Ingénieurs civils et des Architectes ; 
feuilles N, O et P, in-4°. 

Reise nach dem.... Voyage à l'Oural, à l’'Altaï et à la mer Cas- 


pienne , fait par ordre de S. M. l'Empereur de Russie, en 1829; par 


MM. Avexanore De Humsornr, Gusrave Rose et ExRENBERG ; partie géo- 
gnostique rédigée par M. G. Rose; tome 1 avec une carte fondée sur les 
observations astronomiques de MM. Wiscuxewze, Humsornr et Enrwar; 
Berlin, 1837, in-4°. 

Elementi di...Æléments de Mathématiques adoptés par la Commission 
d'instruction publique pour les Écoles de Sicile ; par M. A. Casano; 
Palerme, 1832 —1835, 3 vol. in-8°. 

Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; tome 4, 
n° 5, mai 1838, in-8°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; 5° année, n° 7, 
avril 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 18, in-4°. 

Gazette des H6pitaux ; tome 12, n° 52 — 54, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 331. 

La Phrénologie, 2° année, n° 3, in-4°. 

L'Expérience, Journal de Médecine , n° 36—37, in-8°. 

L'Armée, Journal militaire , n° 45. 


( 661 ) 


cl ‘9 + ‘siou np souualoyy Gtz +|c'or+ L'9 +lçitegl L<6 +|Go‘ cl l See 1g‘1çL cl +log‘zçl | 
0ç‘€ ‘‘'109)| ofne ic up ouuaÂo Lie + g‘o1+ 9‘9 + Ye ‘LL c‘ot + 19 ‘ol &‘6 + og ‘ol CCE oo tLyl (a 
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O'N'N tte amo8ennlrég +]ltc + op +l9ç'içL Si +]go'6pL 9°9 +|89 ‘gpl ie +/c0'LYL| 67 
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eee ee écjaoanonléch LL 6 À e‘ç + lol ‘oct 8‘8 +|18‘ocl g'ë +|Liticl 8°e +lo1‘içl] Le 
NT eee puoanonlo £ +letcr+| g‘or+|çl‘6ÿL ÿ‘qi+|cofLyl g‘ci+|90 ‘gpl Y'oi1+|pc‘gÿl| oc 
ON TRS °° teexno8ennlott +6 Pr + g‘oi—|ÿo‘obl 9° Vr-+|Yo ‘ol o‘ci+|06 ‘ol 6e +|66'LYEL cz 
ass" "em ‘yranoploth +lgtuitl Go HIS one 18 +9 yyL ÿ'6 +igc pl a +189 "EL ÿe 
SEE ER ANte + 9‘11+ CU +loc'chpl 1‘o1+|98 ‘zh 69e HlrotchL g‘9 +|ga‘zbl £c 
"M0p 3 gs". *-xnoxode yo —|£gçr+| &‘9 +|gc‘oÿl Lait gl'Lol g‘or+|pÿ<ocl 16 +l19‘oÿl| ve 
‘O ‘nee xeanoplo to —|c‘o ce c'e ae Yi 6‘L + 19‘oPL & (9 aE c9‘6L gr Je go‘ocL IG 
IN] "te t-pranonloto |ytl + c'e +ILLGYL Lg +lel‘orl ÿ‘G +loc‘6ÿL 1‘ HIYL'GEL| oz 
Of" "end atoanonhtr +lg‘o +1  |cte +lap'obt po +]86‘LyL 1ÿ +]e6 eÿL ziç +|7ÿ'6ÿL| 67 
‘ON 0/' "°°" """"o8œu ‘yoanonfc to + 9° + Lt1 +)69ocL p'e +|eç‘6ye 0x +IçL‘oyL RE AU j 
ON ‘O|""" "2%u ep pou psoroetr +9 + y +lre 6L 19 +|cr6yL 6°} +log‘gÿl o'g +|6p‘gÿl| Li 
ON" "UsP18 woanonlete +66 + c'ÿ +Iyh GEL 1h +Ig6trct G‘L +loctzcL g‘L +log‘zçl| or 
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C.R, 1838, 1er Semestre. (T. VI, No 18.) 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 413 MAI 4838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


emtmie OPTIQUE. — Sur l'emploi de la lumière polarisée pour manifester 
les différences des combinaisons isomériques; par M. Bio. 


« La savante lettre que M. Berzélius vient d'adresser à l’Académie, an- 
nonçant l’extension du caractère de l’isomérie à un grand nombre de 
produits organiques, j'ai cru pouvoir saisir utilement cette occasion de 
proposer aux chimistes l'emploi des procédés optiques, comme propres à 
les’aider souvent dans l'étude de ces corps, en leur fournissant des indices 
sensibles pour caractériser leur constitution moléculaire actuelle, soit à 
l'état d'isolement, soit dans les combinaisons où ils les engagent; sans 
avoir à craindre, dans ces deux circonstances, aucune chance de dé- 
composition, résultante du procédé employé. 

» Les corps appelés isoméres, offrent un des cas les plus singuliers de 
la mécanique chimique. Contenant les mêmes principes pondérables, 
unis dans les mêmes proportions, ils offrent cependant des affections, 
ou du moins certaines affections chimiques , dissemblables , qui obligent 
À les considérer comme des systèmes moléculaires distincts. Ces deux ré- 


C. R. 1838, 197 Semestre, (T. VI, N° 20.) 91 


( 664) 

sultats, en apparence contraires, se concilient aisément, si lon imagine 
que, dans les corps dont il s’agit, les groupes complexes, qui exercent 
l'action chimique sans se désunir, contiennent des nombres différents 
d’atomes semblables , formés par l'union de leurs principes élémentaires; 
ou bien que ces atomes, en nombre égal, y sont arrangés entre eux dif- 
féremment #oui, enfin, que: ces’ deux genres’ de! dissemblance ont lieu à 
la fois. L'idée que l’on s’est formée ainsi du phénomène de l’isomérie, en 
est même l'expression nécessaire , si les principes pondérables seuls cons- 
tituent les corps. Elle est du moins la première et la plus simple que 
l'on ait dû admettre, jusqu’à ce que son insuffisance fût prouvée. 

» Le choix entre les diverses possibilités que je viens d'indiquer, se 
fait en comparant les proportions pondérables de chaque corps qui s’u- 
nissent à d’autres corps pour former des combinaisons de même ordre ; 
mais il n’est pas toujours également facile de contraindre ces rapports à 
se manifester. 

» Par exemple, les huiles essentielles de citron et de térébenthine, 
amenées par des rectifications successives à un état de composition per- 
manent, ont été reconnues par plusieurs chimistes très habiles comme 
exactement isoméres: Ils y ont alors trouvé pour éléments uniques l’hy- 
drogene et le carbone, unis dans la proportion commune de 23 parties en 
poids du premier contre 177 du second. Mais en les combinant toutes 
deux avec un troisième corps, l'acide hydro-chlorique, il se manifeste entre 
elles une différence profonde. Chacune se sépare d’abord en deux por- 
tions, encore isoméres, qui, s’unissant à l'acide, donnent deux produits, 
l’un liquide, peu étudié jusqu’à ce jour, l’autre solide que lon a exacte- 
ment analysé. Or, dans celui-ci, on trouve un poids inégal des deux es- 
sences, pour l’unité d'acide; le rapport est comme 1 à 2. De là on conclut 
que le groupe moléculaire qui constitue l’essence de térébenthine et qui 
s’unit à l'acide, contient en atomes complexes, formés d'hydrogène et de car- 
bone, un nombre double de celui qui constitue l’essence de citron. Toute- 
fois cette conclusion ne vaut que pour la portion qui donne le produit so- 
lide , puis qu’on l’a seule analysée. D'autant qu’en décomposant ce produit, 
on n'y retrouve plus l'essence méme dont il est extrait, mais seulement un 
liquide encore isomérique avec elle, et qui en diffère par plusieurs caractères 
physiques extérieurs. Du reste on ne connaît pas d’autre combinaison fixe 
où l’on puisse engager les deux essences; et ainsi ce sont là à peu près les 
seuls indices chimiques que lon ait sur la diversité de leur constitution 
moléculaire. Maintenant voici ceux qu’y ajoute l'emploi de la lumière pola- 


( 665 ) 

risée. D'abord, en faisant traverser chacune des deux essences par un 
rayon de cette lumière, on voit tout de suite que leurs groupes molécu- 
laires sont constitués différemment; car elles agissent en sens contraire 
sur le rayon, chacune dans le même sens que son hydro-chlorate. En 
outre, l’intensité atomique de l’action, pour être amenée à l'égalité, 
exige encore à fort peu près ce rapport pondéral de 1 à 2, qu'on avait 
trouvé dans la combinaison chimique solide, comme.M. Dumas l’a re- 
marqué lorsque j'ai présenté ces expériences de comparaison à l'Académie. 
Enfin, le liquide qu’on retire de cette combinaison, quand on la dé- 
compose , peut être étudié de même. Cest ce que j'ai eu l'occasion de 
faire pour celui que donne l'essence de térébenthine , d’abord sur un 
échantillon que M. Dumas m'avait remis, puis sur d’autres d’une  dia- 
phanéité parfaite, que M. Oppermann avait bien voulu m'adresser, 
après les avoir préparés lui-même avec les plus grands soins. On y 
reconnaît alors une dissemblance intime avec l'essence primitive, comme 
annonçait la différence des caractères extérieurs; ce qui d’ailleurs ne 
contrarie en rien leur isomérie (r). Les notions ainsi obtenues direc- 
tement sur la constitution des groupes moléculaires, tant des deux es- 
sences, que des produits combinés qu'on en dérive, ne peuvent-ils pas 
être de quelque secours à la Chimie, dans ce cas où elle en a si peu? ne 
füt-ce que pour fixer des limites expérimentales à ses interprétations. 

» l'utilité d’une semblable épreuve est encore plus évidente lorsqu'on 
ne connaît aucun corps, qui forme, avec les substances isomères, des com- 
binaisons de même ordre où leurs groupes propres entrent en diverses 
proportions. Tel est le cas des acides tartrique et paratartrique. L'analyse 


(1) Le liquide que M. Dumas m'avait remis, et dont il avait lui-même constaté 
l’isomérie avec l’essence de térébenthine, m’a offert un pouvoir rotatoire de même sens 
qu’elle, mais sept fois moindre en intensité. Le rapport exact était 7,062. L’essence à 
laquelle je le comparais était la même que M. Dumas avait employée pour le produire, 
ct dont il avait bien voulu aussi me remettre une certaine quantité. Les deux échan- 
tillons du produit analogue, que j’ai reçus de M. Oppermann, sont d’une diaphanéité 
parfaite. Ils ont été séparés de toute trace d’acide par une dernière distillation, où le 
liquide était amené en vapeur sur du potassium soigneusement préparé. Leur constitu- 
tion physique est’ dissemblable. L’un d’eux se prend tout entier ea très beaux cris- 
taux parfaitement définis, lorsque la température descend à 10° au-dessus de zéro, 
comme M. Oppermann l'avait observé; l’autre, dans les mêmes circonstances, ne 
doune que partiellement de semblables cristaux, et le reste demeure fluide. Ces pro- 
duits se trouvant ainsi suffisamment distingués de l'essence par les caractères précédents, 
je les ai conservés intacts pour les employer comparativement avec la combinaison li- 


OT. 


( 666 ) 


chimique leur trouve une composition identique. Les expériences jusqu'ici 
connues paraissent établir que, dans toutes leurs combinaisons de même 
ordre, avec d’autres substances, chacun d’eux porte exactement les mêmes 
proportions. Leur correspondance se conservé jusque dans la série des 
modifications qu’ils parcourent, quand on agit sur eux de la même ma- 
nière pour les détruire. Néanmoins leur mode différent de cristallisation, 
surtout leur solubilité inégale quand ils sont désagrégés, inégalité qui se 
communique à plusieurs de leurs sels, suffit pour prouver indubitablement 
que leur constitution moléculaire est différente; et ce sont là, je crois, les 
seuls caractères de dissemblance par lesquels la Chimie les distingue. Mais 
dissolvez-les dans l’eau pour les désagréger , et faites passer un rayon de 
lumière polarisée à travers leurs solutions; la diverse constitution dé leurs 
particules deviendra aussitôt visible. Car l'acide tartrique agira sur cette 
lumière par un pouvoir moléculaire sensible, mesurable, qu’il portera 
dans tous les tartrates; tandis que, dans les mêmes circonstances, aucune 
action appréciable de ce genre ne se montrera avec l'acide paratartrique, 
ni avec ses sels. 

» La même méthode, je dirais volontiers le même réactif, manifeste im- 
médiatement la diverse constitution d’un grand nombre d’autres subs- 
tances isomères. M. Berzélius reconnaît aujourd’hui pour isomères le sucre 
de cannes, la gomme arabique, l’inuline, la fécule , la dextrine. Je n’ai 
point à discuter cette opinion de l'illustre chimiste. Il se peut que les ana- 
logies de la science qu'il cultive lui dictent ces rapprochements. S'ils se 
multiplient, et s'ils sont reconnus nécessaires, il deviendra de plus en plus 
probable que les seuls principes pondérables ne constituent pas les corps, 


quide et avec le produit qu’on en retire, si je parvenais à m'en procurer. Quant au 
produit solide, appelé le camphre artificiel, j’ai publié depuis long-temps les observa- 
tions que j'avais eu occasion d’en faire. Le pouvoir rotatoire primitif de l’essence s’y 
conserve, pour le sens qui est aussi dirigé vers la gauche, et même, autant que j’ai pu 
le voir, pour l'intensité. Je n’ai pu observer l’hydro-chlorate d’essence de citron que 
sur une très petite quantité que M. Dumas m'avait remise. Il na paru agir aussi dans 
le sens de l’essence, c’est-à-dire vers la droite ; mais il faudrait pouvoir répéter l’ob- 
servation sur une quantité un peu plus notable , pour constater complétement le fait, 
et mesurer l'intensité de l’action. 

Les analyses que j'ai rappelées ici sont tirées, 1° des recherches de M. Thénard, 
Mémoires d'Arcueil, tome Il, et Traité de Chimie, 6° édition, tome IV ; 2° de 
la thèse publiée par M. Dumas et de son Traité de Chimie , tome V ; 3° enfin de 
l'excellent Mémoire composé par MM. Blanchet et Sell, Annales de Pharmacie, t. NT, 
et Journal de Pharmacie , n° IV, 20° année. 


( 667) 

ou du moins ne déterminent pas complétement leurs propriétés, ce qui 
n'a rien qüe de très possible: Quoi qu'il en soit, les substances qui 
viennent d’être nommées montrent à l'instant des diversités d’affections 
moléculaires aussi variées que profondes quand on les étudie par la lu- 
mière polarisée. Le sucre de cannes, et la fécule désagrégée, dévient les 
plans de polarisation dans un même sens, vers la droite. Mais leur action 
est tres inégale en intensité; et elle estmodifiée d’une manière toute diverse 
quand on expose ces deux substances à des agents chimiques; qui les altérent 
progressivement, et les transforment dans d’autres produits. La gomme ara- 
bique et l’inuline, dissoutes dans l’eau, agissent sur le rayon polarisé, en 
sens contraire des précédentes. Elles dévient ses plans de polarisation vers la 
gauche; et les réactifs chimiques modifient aussi cet effet tout différem- 
ment(1).La plupart de ces réactions peuvent être rendues à volonté lentes 
ou soudaines. On peut suivre leur progrès pendant des années entières, 
sous les influences combinées du temps et des diverses températures, ou 
les voir s’accomplir en un moment. Les produits formés ont aussi, généra- 
lement, des pouvoirs rotatoires propres qui sont dissemblables. Le progrès 
de leur formation l'est aussi ; et lorsqu'il se termine définitivement par une 
transformation en matières sucrées, comme cela a lieu pour les quatre subs- 
tances que je viens de comparer, ces sucres se montrent moléculairement 
distincts dans leurs actions rotatoires. Toutcela ne peut-il pas être de quel- 
que secours à la chimie pour étudier des substances qui lui semblent iden- 
tiques dans leur composition , et que , parfois, elle peut difficilement ame- 
ner à manifester des affections atomiques d’une dissemblance certaine? 


(x) Lors des premières recherches que nous avons faites, M. Persoz et moi, sur la 
dextrine, nous nous assurâmes que l’inuline dissoute dans l’eau exerçait la rotation en 
sens contraire de cette substance, c’est-à-dire vers la gauche. Je viens de vérifier de 
nouveau ce fait. J’ai constaté de plus que l'acide sulfurique étendu ne change point le 
sens de rotation de l’inuline, même quand on chauffe le mélange jusqu’à le faire bouil- 
lir pendant plusieurs minutes, comme M. Frémy l’a vu avec moi. Le contraire arrive 
pour la gomme arabique dans les mêmes circonstances, comme nous l’avons prouvé, 
M. Persoz et moi, dans le travail que je viens de rappeler. La rotation primitive de la 
gomme qui s’exerce aussi vers la gauche, comme celle de l’inuline, s’affaiblit peu à peu 
sous l'influence de l’acide, avec abandon d’une matière précipitée; et elle passe enfin 
à droite, où elle se fixe quand le produit liquide est transformé en sucre. Cette inversion 
wayant pas lieu pour l’inuline, le sucre qu’elle donne par sa transformation, comme 
les chimistes l’ont reconnu, doitavoir la rotation de même sens qu’elle ; ce qui le rend, 
sous ce rapport, analogue à celui que produit le sucre de cannes interverti par les acides 
étendus. 


( 668 ) 


» Que l’on me permette de citer l’amidon comme exemple: M. Berzélius 
reconnaît que les analyses faites par M. Payen, sur cette substance et sur 
la dextrine ,sontexactes. Les commissaires nommés par l'Académie peur les 
examiner, en ont porté le même jugement. Or, qu'ont prouvé ces analyses? 
C’est que, lorsque la fécule, qui est primitivement un globule organisé 
de dimension sensible, a été suffisamment désagrégée pour que ses 
groupes moléculaires puissent entrer en combinaison chimique avec 
d'autres substances, quel que soit le degré de cette atténuation , et la nature 
des principes chimiques ou des procédés mécaniques employés pour lo- 
pérer, les groupes moléculaires ainsi obtenus offrent toujours la même 
composition élémentaire et la même capacité de combinaison; de sorte 
que leur formule atomique ou rationnelle, comme on l’appelle, est aussi 
la même. Mais voilà précisément ce qu'annonçait l'identité de sens et d’é- 
nergie de leur action sur la lumière polarisée, dans les divers états dont il 
s'agit; et M. Payen s’est plu à reconnaître que c’est la constante identité 
‘de ces indices moléculaires qui a guidé et soutenu sa persévérance dans 
les recherches délicates qui l’on conduit à ses conclusions (x). 

» J'oserai dire que les mêmes indices devancent aujourd’hui les résultats 
de la chimie, en manifestant des dissemblances d’actions moléculaires dans 
des circonstances d’isomérie auxquelles elle n’a pas encore appliqué ses 
procédés d'investigation. Il n’y a rien de plus rigoureusement isomérique, 
qu'une solution aqueuse d'acide tartrique, amenée temporairement à des 
températures de quelques degrés différentes, dans des vases clos. Mais la 
lumière polarisée montre que les affections moléculaires de ces solutions 
varient progressivement avec le degré du thermomètre, et reviennent au 
méme état primitif quand la température est revenue au même degré. 
Peut-on croire que ces variations n'en occasionneraient pas de correspon- 
dantes dans les propriétés chimiques des groupes, si l'on avait des réac- 
tifs assez délicats pour les apprécier ? 

» Enfin, aux exemples multipliés que l’on pourrait donner de ces appli- 
cations, je me bornerai à ajouter que le même mode d'observation peut 


(1) M. Berzélius cite le salep comme isomère à l’amidon. Cela est très naturel, puisque 
le salep est aussi une fécule; car les analyses faites par M. Payen sur des fécules très di- 
verses lui ont toujours donné la même composition identiquement. Et moi-même j'a 
vais déjà antérieurement constaté cette identité, par les procédés optiques pour les 
fécules de panais et de pomme de terre ; lorsque la première était séparée par de nom- 
breux lavages, du sucre de cannes auquel on la trouve ordinairement associée dans la 
racine du panais. 


( 669 ) 


souvent servir pour apprécier, et rendre en quelque sorte oculairement 
sensibles, les modifications temporaires d'état que certaines substances 
subissent, quand elles se com binent avec d’autres douées du pouvoir rota- 
toire: C’est ce que M. Péligot, par exemple, pourra aisément constater 
sur les combinaisons solubles qu’il a formées avec les différentes especes 
de sucres, s’il veut leur appliquer les méthodes que je viens d'indiquer. 
Et elles ne seraient pas moins propres à compléter les caractères des 
transformations progressives que M. Frémy a opérées dans l'acide tartrique 
par la chaleur; ce que je puis inférer en toute assurance, des: occasions 
que ces deux jeunes et habiles chimistes m'ont données d'observer quel- 
ques-uns de leurs produits. En général, lorsqu'on entre un peu profon- 
dément dans l’étude intime des corps, on ne tarde pas à reconnaître qu'il 
faut les soumettre aux épreuves les plus variées pour deviner les mystères 
de leur constitution; et, plus la nature des procédés qu’on peut leur ap- 
pliquer est différente, plus les caractères qu'ils nous révelent sont précieux 
à combiner , à cause de l’éloignement des conditions mécaniques que nous 
pouvons alors rattacher ensemble. Aurait-on pu croire, il y a quelques 
années, que les impressions produites sur les liquides en mouvement, par 
les vibrations d’un instrument de musique , seraient l'indice le plus immé- 
diatément propre à mettre en évidence le mode physique par lequel 
s'opère leur écoulement ! » 


M. Duuas commence la lecture d’un Mémoire en réponse à la lettre de 
M. Berzélius; ce Mémoire paraîtra dans un prochain numéro. 


Remarques de M. Dumas à l’occasion du Compte rendu de la précédente 
séance. 


« Dans les épreuves du Compte rendu qui m'ont été transmises, j'avais 
trouvé la phrase suivante : « il (M. Pelouze) convient d’avoir dit à M. Du- 
».mas que le citrate de zinc perdait un demi-atome d’eau par la chaleur : 
» mais il ajoute que ses expériences n'étaient pas terminées, et que, dans 
» tous les cas, une rectification lui eût paru préférable au silence complet 
» que M. Dumas a gardé dans cette circonstance. » 

» Cette phrase se trouve remplacée par celle-ci : 

« 11 (M. Pelouze) a dit, en effet, à M. Dumas que le citrate de zinc seul 
» perdait un demi-atome d’eau, mais M. Dumas savait parfaitement que 
» les expériences de M. Pelouze n'étaient pas terminées. » 


( 670 ) 

» La premiere rendait très bien les paroles prononcées par M. Pelouze ; 
la seconde exprime des faits que je n’aurais pas admis ; je demande que 
ma réclamation soit insérée dans le prochain Compte rendu, tout en m'é- 
tonnant que les souvenirs de M. Pelouze le servent si mal qu'il ait pu y 
trouver à deux jours de distance deux phrases aussi différentes. » 


Réponse de M. Prcouzr. 


«Jai une observation semblable à faire sur la Note que M. Dumas a 
insérée dans le Compte rendu. Il est fait mention dans cette Note de 
M. Liebig dont le nom n'avait point été prononcé devant l'Académie. 


C'est cette circonstance qui m'a déterminé à revenir encore aujourd’hui 
sur ce débat. » 


Remarques de M. Pecouze à l'occasion du Compte rendu de la séance 
précédente. 


« L'Académie a entendu la réclamation que j'ai adressée lundi dernier à 
M. Dumas; elle a pu remarquer avec quel esprit de modération ma note 
était rédigée. J’espérais n’avoir plus à revenir sur ce sujet, je me trompais. 
Loin de se rappeler les circonstances si précises pourtant de la communi- 
cation que je lui avais faite, M. Dumas paraît avoir tout oublié, les dates, 
les faits, leurs conséquences. Je me trouve dès-lors dans l'indispensable 
nécessité de produire des pièces et des témoignages. 

» Ce fut à l'issue d’une séance de l'Académie, dans les premiers jours du 
mois de septembre dernier, que je fis a M. Dumas la communication sur 
laquelle ma réclamation tout entière est fondée. Je lui dis en toutes lettres, 
que j'avais enlevé un tiers d’atome d’eau à un grand nombre de citrates, 
et que je regardais cette eau comme de l’eau de cristallisation. 

» Lors du séjour de M. Liebig à Paris, dans le courant du mois d’octo- 
bre, je parlai encore de mes expériences à M. Dumas, et c’est alors seule- 
ment que je lui dis que le citrate de zinc, différent de tous les autres citra- 
tes, perdait un demi-atome d’eau par la chaleur. A la suite de cette seconde 
commumication , M. Dumas me dit qu'il s’occupait de son côté des citrates. 
Ce ne fut donc pas au moment méme de ma première communication, 
mais cinq semaines après, qu'il me fit cette réponse. Au reste ; la mémoire 
de M. Dumas le sert si mal, que tout, jusqu'aux moindres circonstances 
dont il a parlé, est inexact. Cette seconde conversation n’eut pas lieu chez 
M. Robiquet, elle ne fut point interrompue, M. Dumas ne courut point 


.( 671 ) 
après moi ; comme il l'a dit, pour établir des droits que je ne Le pas 
lui supposer l'intention de En valoir. 

» M: Dumas lut,le:i8-décembre, à l’'Académiela note qui lui est com- 
mune avec M: Liebig. Je n’assistais pas à la séance, j'étais malade et rétenu 
au lit Le samedi suivant , mon étonnement fut extrême en lisant le Compte 
rendu; \et'y voyant mes expériences téxtuellement rapportées sous les 
noms dé MM. Dumas et Liebig. J'écrivis aussitôt à ce dernier pour lui 
exprimer la peine que j'éprouvais de voir son nom à la tête d’un Mémoire 
donit j'avais à me plaindre, et lui faire part de la résolution que j'avais 
prise d'adresser immédiatement une réclamation à l’Académie. 

» M. Liebig me répondit, le 6 janvier, ce’ qui suit (je prie l’Académie 
de remarquer que ces paroles sont du collaborateur de M. Dumas) : 

« Relativement à là réclamation que vous entendez faire pour vos ci- 
»'ttrates ; j'ai écrit à M. Dumas;:et l'ai prié de vous restituer publiquement 
» Ce qui vous appartient. » 

» Quelques jours après, M. Dumas vint me trouver pendant une séance 
de l'Académie, il me conduisit à la bibliothèque, et là, me dit que 
M. Liebig était mécontent que j'eusse été oublié dans léur note commune. 
Il m'exprima lui-même ses regrets de ne m’avoir pas cité. Il ne songea pas 
alors à expliquer son silence en m’opposant l'analyse du citrate dé zinc. 
Sans doute, il comprenait qu’une seule exception à la règle générale , une 
seule anomalie, que jé ne pouvais manquer de voir disparaître en conti- 
nuant mon travail, ne suffisait pas pour altérer la netteté des résultats, 
au point de m'’enlever la propriété de mes expériences. 

» M. Dumas ajouta qu'il publieraït une seconde note sur les citrates 
aussitôt que M. Berzélius aurait terminé l'analyse du citrate d’argent que 
M. Liebig l'avait prié de répéter, et que si je voulais bien attendre jusqu’à 
cette époque, toute satisfaction me serait donnée! 

» Jy consentis : on peut voir maintenant si j’eus tort ou raison. 

» Je fis part à M. Liebig de mon entretien avec M. Dumas. 

» Il me répondit, en date du 20 janvier, ce qui suit : 

«Je n’entends rien à la réponse que M. Dumas vous à faite: Qu’a à faire 
> la réponse de M: Berzélius avec la justice qu’il devait vous rendre. Je Vai 
»'prié de m'envoyer sa/note pour voir enfin clair à ce qu’il dit relative- 
»'ment ‘aux citratés, mais il ne l’a pas encore fait.» 

» Quatre mois se ‘sont écoulés depuis que! M. Liebig m'a écrit ces 
lignes. M. Bérzélius n’a pas repris , que je sâche, l'analyse du citrate d'ar- 
gent. Jé ne pouvais attendre plus long-temps une rectification à laquelle 

C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 20.) 92 


(672) 

J'avais tant de droits. J'ai réclamé : M. Dumas m'a répondu qu'il y avait de 
l’'ambiguité dans mes conclusions. J'affirme, moi, qu'il les a reproduites 
textuellement dans sa note, et qu’elles y sont très claires et très explicites. 
J'affirme, également, que j'en ai fait part dans les mémes termes à 
MM. Thénard, Gay-Lussac, Dulong et Chevreul. L'époque à laquelle j'ai 
communiqué mes expériences à MM. Thénard, Gay-Lussac et Dulong est 
ancienne : je ne pourrais la préciser. Quant à M. Chevreul, ce fut dans le 
mois de juin ou dans le mois de juillet que je lui appris que j'étais parvenu 
à enlever + d'atome d’eau à beaucoup de citrates. Tout en admettant 
l'exactitude de mes expériences, M. Chevreul rejeta mes explications. Il 
croyait, comme M. Berzélius, que la nature des citrates était changée, et 
qu'ils étaient convertis en de nouvelles matières. 

» Je m'en serais tenu à ma réclamation de lundi dernier, malgré le man- 
que singulier de mémoire auquel M. Dumas a été sujet dans cette circons- 
tance, si j'avais trouvé dans l’article du Compte rendu relatif à cette dis- 
cussion, l'analyse fidèle de ce que notre confrère me fit l'honneur de me 
répondre devant l’Académie ; mais M. Dumas a voulu mettre ses dénégations 
sous l'égide de son collaborateur M. Liebig, quoique dans notre débat de- 
vant l’Académie le nom de M. Liebig n’ait pas été prononcé. 

» C’est là ce qui m’a mis dans l'obligation de montrer ce que pensait de 
mes droits, de la convenance et de la justice de ma réclamation, le chimiste 
habile dont on voudrait aujourd’hui me faire un adversaire. 

» M. Dumas appelle un petit débat , la discussion soulevée devant l’Aca- 
démie par ma réclamation. 

» C’est assez, c’est trop méme à ce sujet, dit-il, encore, en terminant sa 
note. 

» 11 m'a semblé, quant à moi, que lorsqu'il s’agit, moins d’une question 
d’amour-propre que d’un fait qui touche à ma probité littéraire, rien n’est 
de trop; que quelques lignes ou quelques paroles ne sont pas de trop. » 


Réplique de M. Dumas. 


« La nouvelle Note qui vient d’être lue m'oblige à quelques développe- 
ments. Je persiste à dire que la conversation dont il s’agit eut lieu chez 
M. Robiquet; qu'il y fut question d’analyses et point de la formule de 
l'acide citrique, et que dans les analyses citées, il y en avait de contradic- 
toires. Cependant, dès que j'ai connu la réclamation de M. Pelouze, je 
lui ai offert d'imprimer la note qu'il rédigerait à ce sujet, dans le mémoire 
développé que nous devions publier et qui devait paraitre lorsque l’ana- 


(673) 
lyse du citrate d'argent aurait été vérifiée par M. Berzélius à qui M. Liebig 
en avait écrit. 

» Ainsi, je n’ai pas parlé des expériences de M. Pelouze parce qu’elles 
étaient en partie en contradiction avec les nôtres; mais dès qu’il m’a té- 
moigné le désir de voir ses résultats rapportés dans notre travail, j'y ai 
accédé avec franchise et sans réserve. Je ne m'explique donc pas la forme 
sous laquelle cette réclamation s’est présentée ici, puisque j'acceptais la 
note de M. Pelouze sans restriction, et que l’époque de sa publication 
était prévue. » 


Z00LOGIE. — /libernation des hirondelles. — ŒExtrait d’une lettre de 
M. DurrocerT à M. IsiDORE GEOFFROY. 


« Je vois dans les Instructions concernant la zoologie, que vous avez 
rédigées pour l'expédition scientifique qui se rend dans le nord de l’Eu- 
rope, que vous invitez les naturalistes de l'expédition à prendre des 
renseignements à l'égard de la prétendue hibernation des hirondelles. 
Je puis vous citer, à cet égard, un fait dont j'ai été témoin. Au milieu de 
hiver, deux hirondelles ont été trouvées engourdies dans un enfoncement 
qui existait dans une muraille et dans l’intérieur d’un bâtiment. Entre les 
mains de ceux qui les avaient prises, elles ne tardèrent pas à se réchauffer 
et elles s’envolèrent. Je fus témoin de ces faits. Peut-être ces hirondelles, 
entrées par hasard dans le bâtiment, n'avaient pas pu en sortir; peut-être, 
appartenant à une couvée tardive, étaient-elles trop jeunes et trop faibles 
pour entreprendre ou pour continuer le long voyage de la migration. 
Quoi qu'il en soit, ce fait prouve que les hirondelles sont susceptibles 
d'hibernation, bien qu’elles n’hibernent pas ordinairement. » 


M. Durrocner adresse en même temps un paquet cacheté, pour 
prendre date relativement à des observations sur lesquelles il doit faire, 
à son retour, une communication à l’Académie. 


RAPPORTS. 


.+ M. Araco continue la lecture des instructions demandées pour l'expédi- 
tion d'Afrique et pour le voyage dans le nord de l’Europe (partie relative 
à la physique du globe et à la météorologie). Cette lecture ne peut être 
achevée. 


92.. 


( 674 ) 


NOMINATIONS. 


MM. Magendie et Serres sont chargés de rendre compte à l'Académie 
d’un Mémoire sur la Staphyloraphié, par M. Devillemur , lès’ deux com- 
missaires primitivement désignés, sie Larrey et Breschet, ayant cru de- 
voir sé récuser. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


céoroc1e. — Mémoire sur les terrains secondaires inférieurs du département 
du Rhône; par M. A. LEYMERIE. 


(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, de Bonnard.) 


(Extrait par l’auteur.) 


« Dans le département du Rhône, entre les terrains anciens ( primor- 
diaux et de transition) et le calcaire à gryphées, il existe deux systèmes 
de couches qui forment la partie inférieure des terrains secondaires. 

» Le plus inférieur de ces systèmes est représenté par des grès quart- 
zeux et quartzo-feldspathiques à ciment ealcaire, dans lesquels j'ai re- 
connu des couches subordonnées de marnes et de calcaires magnésiens. 
Ces grès sont assez connus des géologues sous le nom de grès de Chessy, 
à cause des minerais célèbres de cuivre carbonaté qu'ils renferment; ce- 
pendant ils n’ont jamais été décrits spécialement et leur place est loin 
d'être fixée. Il était donc important d’en faire une étude toute particulière 
et de chercher à les déterminer: c’est ce que j'ai fait dans une partie de 
ce mémoire, et, malgré l'absence des fossiles, en me servant de carac- 
téres dont chacun isolé n'aurait pas une grande valeur, mais qui tirent 
une assez grande force de leur réunion et de leur accord; je crois être 
parvenu à la détermination dont il s'agit, et c’est aux marnes trisées que 
je rapporte ce terrain; peut-être même appartient-il à la partie supérieure 
de cette partie du Lias, ainsi que M. Élie de Beaumont en avait eu 
l'idée. 

» Le second système est un terrain calcaire très distinct, d’une part, 
des grès précédents: sur lesquels it repose, et, d'autre part, du calcaire 
a gryphées qui le-recouvre, et dont il est séparé par une assise de cal- 
caire quartzifère et de macigno; en sorte que ce terrain, qui ne présente 


(675 ) 
pas de grains de quartz, est compris entre deux groupes de couches arés 
nacées quartzeuses, et se trouve ainsi très bien limité: 

». Personne; que je sache, ne s'était occupé de ce système que j'ai 
nommé choin-bdtard, d'après les carriers de ce pays; on l'avait toujours 
confondu :avec-le calcaire à gryphées dont il! diffêre essentiellement. J'ai 
cru qu’il serait utile de le faire connaître, et j'en donne, dans mon mé. 
moire, une description trés détaillée. Comparant ensuite ce choin-bâtard 
aux couches qui occupent la même position en différents points de la 
France, en Bourgogne; par exemple, en Normandie, en Franche- Comté, 
J'ai cherché à donner une idée générale.de l'ensemble des Caractères que 
ces couches présentent. Je termine mon travail, par quelques, considéra- 
ons qui tendent à faire voir : qu’il existe , au moins. en France » entre les 
marnes, irisées et le calcaire à gryphées proprement dit, un système de 
couches composé de calcaires, de grès (macignos en général), et, de 7nar- 
nes, très, variable d'un point à un autre, soit dans le-sens. horizontal, soit 
dans le, sens vertical, ce qui suffirait pour le faire distinguer du calcaire à 
gryphées. le plus constant, peut-être, de tous les horizons géologiques, 
dont il diffère d’ailleurs par l’ensemble des fossiles et par d’autres carac- 
tères de moindre valeur; d’où il semble résulter qu'il conviendrait peut- 
être que les géologues fixassent sur ce point leur attention d’une manière 
plus, positive qu'ils ne l'ont fait jusqu’à ce jour, et qu'une place particu- 
lière, que les besoins de la science semblent réclamer, füt donnée au ter- 
rain dont il s’agit, ce qui n'empécherait pas de le considérer toujours 
comme une dépendance du lLias. 

» Parmi les faits d'un ordre moins élevé, auxquels m'ont conduit mes 
recherches, je citerai la présence dans.le, terrain dont il vient d’être ques- 
tion. et:dans toutes les.contrées oùil a été décrit avec quelque détail, d’un 
assez grand nombre d'échinides appartenant aux genres, Diadema.et Ci- 
dlaris. Le! département. du, Rhône m'a fourni. trois espèces nouvelles que 
M. Agassiz a rapportées au genre Diadema (Gray); la Bourgogne, en a of- 
fert une quatrième également nouvelle, et appartenant encore au même 
genre. Enfin, l’on a cité depuis long-temps. des Cidaris.dans le calcaire de 
Valognes, fossiles qu’un nouvel examen ferait peut-être rentrer aussi dans 
le nouveau genre que nous. venons. de nommer... Les échinides (Cidaris et 
Diadema), peuvent donc étre considérés comme des fossiles habituels du 
terrain dont il s’agit. Ce fait me paraît mériter d'autant plus de fixer l'at- 
tention de l’Académie , que l’on avait cru jusqu’à présent les oursins ex- 
trêmement rares dans les lias où ils s'arrêtent d’ailleurs, car on n’en con- 


( 676 ) 
nait pas:de bien constatés au-dessous de ce niveau. Et en effet, apres s'être 
montrés assez communs dans certaines couches de l'étage inférieur de 
loolite, ils disparaissent, pour ainsi dire, dans le calcaire à gryphées. Leur 
réapparition dans le terrain immédiatement inférieur pourra servir à le 
caractériser et contribuera peut-être à le tirer des ténèbres dans lesquels 
il est resté plongé jusqu’à ce jour. » 


MICROGRAPHIE. — Observations sur les éponges; par M. F. DurarDiN, 
(Commissaires, MM. Turpin , Audouin.) 


« Je viens de répéter cette année sur les spongilles ou éponges d’eau 
douce des observations que j'avais déjà faites plusieurs fois depuis trois 
ans sur les éponges marines et d’eau douce, mais qu’en raison de leur 
importance j'ai cru devoir vérifier par tous les moyens possibles et avec 
des instruments de plus en plus perfectionnés. 

» Ces observations doivent fixer désormais d’une manière incontestable 
la place des éponges dans la classification, et prouver que ces êtres am- 
bigus promenés jusqu'ici du règne végétal au règne animal, sont réelle- 
ment des groupements d'animaux , de parties vivantes analogues aux 
amibes et protées de Müller. S'il n’y a point dans les éponges l’indi- 
vidualité propre aux animaux des classes supérieures, on y voit bien po- 
sitivement au moins la contractilité et l’extensibilité alternatives qui carac- 
térisent tous les animaux. 

» En effet, si d'une éponge vivante on détache une parcelle pour la sou- 
mettre au microscope entre des plaques de verre, on voit la substance vi- 
vante se grouper en masses arrondies irrégulièrement, renfermant des 
granules verts ou diversement colorés suivant l’espèce qu’on observe. Ces 
masses irrégulières semblent d’abord immobiles , mais en se servant d’un 
éclairage convenable on voit sur les bords des expansions arrondies, dia- 
phanes qui changent de forme à chaque instant ; souvent aussi des parties 
isolées par le déchirement de la masse et largés de un à deux centièmes 
de millimètre, se meuvent lentement dans le liquide en rampant sur le 
verre au moyen de leurs expansions mobiles et diaphanes comme de vé- 
ritables amibes. Ces parties isolées on les prendrait pour de simples glo- 
bules verts remplis de granules, si l’on ne faisait apparaître les bords des 
expansions par un effet de réfraction. 

» Tels sont les faits que j'ai observés dans la spongia panicea et dans 
la cliona celata sur les côtes de la Manche, et dans les spongilles de l'Orne 
et des environs de Paris, depuis l’année 1835. » 


( 677 ) 


MÉDECINE. — Mémoire sur l'ophtalmologie ; par M.TrRAvERSAT. 
(Adressé pour le concours au prix Montyon, Médecine et Chirurgie.) 
PHYSIQUE Du GLo8e. — Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées ; 
par M. Foxrax. 

(Commissaires , MM. Richard, Pelouze.) 


BOTANIQUE. — Mémoire sur les végétaux indigoferes, deuxième édition; 
par M. JaUME SainT-Hrraire. 


( Commissaires, MM. Thénard, d’Arcet, Robiquet. ) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur une balance pneumatique ; par 
M. Bertuor, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. 


(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Gambey.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un appareil destiné à préserver de 
l'inspiration de poussières nuisibles, les ouvriers employés au polissage 
des canons de fusil; par M. Perir. 


(Adressé pour le concours au prix Montyon, concernant les moyens de 
rendre un art ou un métier moins insalubre. ) 


STATISTIQUE. — Supplément à un mémoire sur la Statistique générale de 
l'arrondissement de Narbonne, par M. Py; formant la 15° partie de ce 
travail. 


(Adressé comme les parties précédentes pour le concours au prix de 
Statistique. ) 


CHIRURGIE. — Mémoire sur un sac chirurgical propre au service des armées 
de terre et de mer; par M. ACKERMAN. 


(Commissaires, MM. Larrey, Roux.) 


M. Paray annonce avoir trouvé pour la préparation du charbon destiné 
au chauffage des appartements, une méthode au moyen de laquelle on 
ferait disparaître, en grande partie, les inconvénients qui résultent de 
l'emploi des diverses sortes de braseros jusqu'ici employés; il demande 
que son procédé soit soumis à l'examen d’une commission. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Thénard.) 


( 678 ) 
MM. Muursacuer freres demandent que l’Académie se fasse faire un 
rapport sur un nouveau système de ressorts de voitures qu'ils ont in- 


ventés: 
(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier, Gambey.) 


CORRESPONDANCE. 


M.le Ministre DES TRAVAUX PUBLICS, DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE, 
invite l’Académie à désigner\ trois de.ses membres pour faire partie:de: la 
Commission chargée de l'examen des pièces de concours de MM. les élèves 
des Ponts-et-Chaussées. 


(Voyez pour les noms des commissaires désignés, le Compte rendu de la 
précédente-séance.) 


MATHÉMATIQUES. — De la connaissance qu'ont eue les anciens d'une numé- 
ration décimale écrite qui fait usage de neuf chiffres, prenant des valeurs 
de position. — Lettre de M, Cases. 


« Dans mon ouvrage intitulé : Aperçu historique sur l'origine et le 
développement des méthodes en Géométrie , que j'ai eu l'honneur d'adresser 
à l’Académie en octobre dernier, j'ai traité la question de système de nu- 
mération, souvent. agitée depuis deux siècles, et à laquelle avait donné 
lieu le passage qui termine le premier livre de la Géométrie de Boëce. Un 
examen approfondi du texte, qui avait toujours paru inintelligible, m'a 
conduit à ce double résultat : 

» 1°. Que la Table de Pythagore, Mensa Pythagorica, dont parle 
Boëce, et que les modernes, dit-il, ont, appelée. “bacus, m'est pas la 1a- 
ble de multiplication , comme on l’a supposé jusqu'ici; mais bien un tableau 
particulier, préparé pour la pratique de l’arithmétique dans le nouveau 
système de nuimératiôn ; 

» 2°. Que ce système repose sur ces trois principes, qui sont aussi le 
fondement du nôtre-actuel, savoir : la progression décuple dans les diffé- 
rents ordres d'unités ; l'usage de neuf chiffres, et la valeur de position de 
ces chiffres. 

» Mais qu'il ne fait pas usage du zéro ; parce qu'ai moyen de colonnes 
tracées sur lé tableau , ét qui marquaient les différents ordres d'unités 
décuples , on laissait la place vide, là où nous mettons un zéro. 

» De sorte que, à cette seule différence pres, le systeme exposé par 
Boëce, il y a treizesièeles., est absolument semblable au nôtre actuel. 


( 679 ) 

» Je n'ignorais pas le sentiment d’incrédulité que rencontrerait, dans le 
premier moment, cette solution imprévue d’une question historique long- 
temps controversée , et toujours couverte d’obscurité; parce que je savais 
que c’est une opinion admise généralement, que ni les Grecs , ni les Latins 
n’ont connu le principe de la valeur de position des chiffres. Aussi, il a 
fallu que je fusse dominé par une profonde conviction pour me décider à 
insérer cette explication du passage de Boèce dans mon ouvrage; d'autant 
plus que je savais qu’elle n’obtenait pas l’assentiment d’un célèbre géo- 
mètre, dont la vaste érudition était pour moi une autorité décisive en 
toute autre circonstarice, et dont j'aurais été heureux de partager la ma- 
nière de voir en celle-ci. 

» L'ouvrage de ce savant, en effet, qui vient de paraître, exprime , à ce 
sujet, une opinion raisonnée, contraire à la mienne. 

» Cette opinion, déjà d’un grand poids, quant à la question controver- 
sée, pourrait influer sur le jugement que l’on porterait sur les autres parties 
et sur l’ensemble de mon ouvrage, où j'ai essayé de traiter à fond diverses 
autres questions, si je ne m’empressais d'annoncer que j'aurai l'honneur 
de communiquer prochainement à l’Académie un nouveau travail sur le 
passage de Boëce, et de prier les personnes qui prennent intérêt à cette 
question d'histoire scientifique, de suspendre leur jugement jusqu'à ce 
moment, 


» Je prouverai qu'il est tres vrai que le système de numération , reposant 
sur l'usage de neuf chiffres et leur valeur de position en progression dé- 
cuple, que j'ai cru trouver dans Boëce, est bien celui qui répond à la tra- 
duction littérale de ce texte qui paraissait si obscur, et qui deviendra clair 
et intelligible. 


» Je prouverai aussi que c’est ce même système, comme je l'ai annoncé 
dans mon Aperçu historique , qui a été exposé par Gerbert dans son fa- 
meux traité De Numerorum divisione, adressé à Constantin; et que c’est à 
tort que tous les écrivains, depuis six siècles, et en dernier lieu l'illustre 
Colebrooke lui-même, ont attribué une origine arabe à cette pièce qui 
dérive, en réalité, ou de ce passage même de Boèce, ou, certainement, 
de la même source que lui. 

» Je ne pourrai pas donner une démonstration aussi formelle de la 
vérité de l’assertion de Boëce, qui attribue une origine grecque, très an- 
cienne, à ce système de numération, en disant que c’est Pythagore lui- 
même qui l'a enseigné; mais je crois, cependant, pouvoir apporter quel- 

C. R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 20.) 93 


( 680 ) 


ques documents anciens, tels que des passages de Martianus Capella, de 
saint Augustin, et d’autres, qui militent en faveur de cette assertion. 

» Ce sont là les trois propositions que j'ai développées dans mon 4perçu 
historique , et dont je donnerai de nouvelles preuves, incontestables quant 
aux deux premières , dans le nouveau travail que j'ai l'honneur d'annoncer 
à l’Académie. 

» De sorte qu’on peut dire des Latins, avec certitude, et des Grecs, 
avec une très grande probabilité , qu’ils ont connu la numération décimale 
écrite, qui fait usage de neuf chiffres prenant des valeurs de position. 

» Permettez-moi d'ajouter, M. le Président, que je maintiens aussi 
l'exactitude d’un autre résultat nouveau, consigné dans mon Aperçu his- 
torique , au sujet des ouvrages mathématiques des Indous, savoir : que la 
partie géométrique de Brahmegupta, loin de présenter des éléments de 
géométrie, comme on l’a pensé, roule presque entièrement sur une seule 
théorie particulière, celle du quadrilatère inscrit au cercle ; et que l’auteur 
y résout la question suivante qui n’y avait point été remarquée : Construire 
un quadrilatère inscriptible au cercle, dont les côtes, les diagonales, les 
perpendiculaires , la surface ainsi que le diamètre du cercle, soient ex- 
primés en nombres rationnels. 

» Cette question, précédée, dans l'ouvrage de Brahmegupta, de toutes 
les propositions sur lesquelles repose sa solution, telles que celle qui ex- 
prime l'aire du quadrilatère inscrit, en fonction de ses quatre côtés, an- 
nonce une grande culture des sciences chez les Indiens, à une époque 
reculée. Car on ne doit la regarder que comme un fragment échappé aux 
injures du temps. Sous ce rapport, l'ouvrage de Brahmegupta est un 
document très important pour l'histoire. » 


PHYSIQUE Mépicace. — Vote sur l'application de l'électricité au tétanos ; 
par M..C. Marreucor. 


« Tout physicien qui a fait quelques expériences sur le passage du cou- 
rant électrique dans les membres d’une grenouille, a dû voir souvent l’a- 
nimal pris d’une espèce de contraction tétanique. Il suffit pour détermi- 
ner cette contraction de préparer rapidement la grenouille , de lui enlever 
tout d’un coup la peau, d’enfiler sa moelle épinière, lorsqu'elle est encore 
très vivace, ou bien de renouveler le passage du courant électrique dans 
ses muscles un grand nombre de fois, en laissant le moindre intervalie 
possible de temps entre les passages. 

» Depuis Folta, nous savons aussi que le passage continué, et toujours 


( 68: ) 


dans le même sens, du courant électrique dans les muscles de la grenouille 
cesse de produire des contractions. C’est en partant de ce principe que 
j'ai pu réussir à faire disparaître la convulsion tétanique développée dans 
les grenouilles par les causes susdites. 

» Ayant pu, de cette manière, réaliser sur la grenouille la méthode pro- 
posée par M. Voili, pour l'application de l’électricité au tétanos, jai 
cherché quelles devaient être, pour rendre cette application plus utile, 
et la direction du courant, et la manière de l’introduire. D'après un cer- 
tain nombre d'essais faits, toujours sur les grenouilles, il m’a semblé 
qu'on devait faire en sorte que la première introduction du courant dé- 
terminât, dans l'animal, la moindre contraction possible; et j'ai vu aussi 
que les grenouilles tétanisées se rétablissent plutôt sous l'influence du 
courant inverse. Il y a encore un soin qu'il ne faut pas oublier dans cette 
application , surtout lorsque le courant électrique est produit par un 
grand nombre de couples, c’est d'établir la circulation du courant d’une 
manière lente, et presque inaperçue pour l'animal : on y réussit en tou- 
chant la peau et les muscles par des morceaux de toile avec lesquels on 
termine les conducteurs métalliques de la pile. On mouille petit à petit 
ces morceaux de toile avec de l’eau d’abord distillée, et ensuite avec de 
l’eau de plus en plus conductrice, et salée. 

» De même, on doit remplacer la première pile par une seconde, la 
première étant fatiguée, de façon à ce que l'introduction du courant ne 
détermine pas de contractions. 

» Après ces recherches, j'ai toujours attendu avec impatience le cas fa- 
vorable d’appliquer le courant électrique à quelque malheureux pris de 
tétanos. 

» Le docteur Farina, habile médecin de Ravenne, appelé auprès d’un 
malade atteint de tétanos, a bien voulu se prêter dernièrement à cette ap- 
plication; je dois lui en savoir d’autant plus gré, qu'obligé de rester au lit 
depuis vingt jours par la fracture d’une jambe, je n'ai pu moi-même faire 
cette application. Malheureusement, la cause du tétanos était, dans ce cas, 
la présence, depuis une dixaine de jours, d’un grand nombre de grains de 
plomb dans les muscles, les tendons, etc., d’une jambe, par suite 
d'un coup de fusil. C’est là, suivant moi, le cas le plus défavorable, le 
séjour de ces corps étrangers étant une cause toujours présente, propre 
à déterminer dans les nerfs cet état d’oscillation permanente qui me sem- 
ble constituer le tétanos. Cependant deux jours avant la mort, et lorsque 
la maladie était déjà développée au plus haut point, on crut pouvoir 


93.. 


( 682 ) 


essayer l'emploi de l'électricité. La pile dont on fit usage était de 25, 
30, 35 couples, à colonne, large de huit centimètres, et chargée 
avec de l’eau salée, et légèrement acidulée. Le courant marchait de l’ex- 
trémité de la moelle épinière au cou ; son passage était continué pendant 
une demi-heure, en renouvelant une fois la pile dans cet intervalle. Le 
courant était introduit de la manière indiquée plus haut, c’est-à-dire, en 
humectant les extrémités en toile des arcs conducteurs appliqués sur la 
peau avec de l'eau d’abord très peu conductrice. L'application du courant 
fut répétée six fois dans les deux jours, et chaque fois, aussitôt que le 
courant était établi, on voyait, à la surprise d’un très grand nombre de 
médecins présents à cette application, le malade se tranquilliser, sa bou- 
che s'ouvrir, tous les muscles se détendre, la peau s’humecter, la circu- 
lation reprendre son cours naturel. 

» L'influence bienfaisante de la circulation était telle, que le malade de- 
mandait constamment à y être soumis, et une fois satisfait, il remerciait 
avec effusion le médecin. 

» Malheureusement, ces améliorations n'étaient pas de longue durée ; il 
paraît qu’on ne pouvait pas les soutenir même en renouvelant la pile. J'ai 
beaucoup regretté de ne pouvoir pas diriger moi-même l'application ; 
mais telle a été l’impression produite par cet essai, que je puis bien 
compter sur le zèle et l’empressement de tous les médecins éclairés de la 
ville, toutes les fois que des cas semblables se présenteront. 

» Le docteur Farina publie, dans ce moment-ci , l’histoire complète de 
cette maladie, et les résultats de l’autopsie cadavérique. » 


Réponse de M. Sérirxor à la note insérée par M. Lisri dans le Compte 
rendu de la séance de l'Académie des Sciences du 23 avril 1838. 


« M. Sédillot a pu voir dans la note de M. Libri, une insinuation qui 
tendrait à faire croire que lui (M. Sédillot) garderait les manuscrits de la 
Bibliothèque du Roi , et ne permettrait à personne de les consulter; ja- 
mais M. Libri n’a fait demander à M. Sédillot les manuscrits qui lui étaient 
confiés. MM. les Conservateurs de la Bibliothèque sont prêts à affirmer 
que M. Sédillot n’a jamais refusé de rendre ceux qui lui étaient réclamés, 
et M. Libri est, certes, trop au courant de ce qui se passe à la Biblio- 
thèque, pour supposer qu’on puisse conserver indéfiniment des manus- 
crits que le public a besoin de consulter. Ce serait attaquer MM. les 
Conservateurs eux-mêmes, qui ne laissent, jamais un manuscrit dans les 


( 683 ) 


mains de la personne qui s’en occupe qu’autant qu'aucune autre ne le de- 
mande; et puisque M. Libria pris la peine de feuilleter le registre particu- 
lier-où l’on inscrit les manuscrits prêtés, afin d'imprimer dans son livre 
(pag: 300 et 303) les dates exactes des emprunts, il aurait bien pu, ce 
semble, exprimer à l’un de MM: les Conservateurs, le désir de consulter 
un-de ceux que M. Sédillot avait entre les mains ; et le faire redemander, 
ce qui n’aurait souffert aucune difficulté. 

» M: Libri arrive ensuite à la notice que M. Sédillot a publiée du ma- 
nuscrit arabe n° 1104, dans lequel il ‘existe un ‘fragment d’un traité 
d’Algèbre qui montre que les Arabes ont connu et traité les équations 
du 3% degré; « il est forcé d’avouer (Compte rendu de la séance du 
» ,23 avril 1838) qu'ils ne les ont pas résolues. M. Sedillot avait affirmé , 
» dans le Journal Asiatique ; avoir trouvé la résolution de ces équations, 
» dans un ouvrage arabe; l'ouvrage signalé ‘par M. Sédillot (que par pa- 
» renthèse M. Sédillot a cru anonyme, et qui a pour auteur Omar Ben 
». Ibrahim }, ne contient absolument rien de neuf, et ne renferme nulle- 
». ment la solution de ces….équations, comme l'avait annoncé M. Sédillot. » 

». Ges assertions tendraïent à faire douter de l'exactitude de l'analyse 
que M. Sédillot a donnée du manuscrit n° 1 104 de la Bibliothèque Royale, et 
cependant aucune incertitude n’est possible; M. Sédillot maintient pour vrai 
tout ce qu'il a avancé; pourquoi M. Libri souligne-t-il /a solution de 
ces. «équations ; pourquoi passe-t-il le: mot géométrique? Pourquoi ne 
cite-t-il pas textuellement le Journal asiatique, mai 1834, où on lit 
que les solutions géométriques de ces équations exigent l'emploi des sections 
coniques , et que l'auteur ne-se propose de les résoudre que géometrique- 
ment. 

» Le texte arabe est positif: Er NOUS N’AVONS PU TROUVER LA cHosr (/a 
cosa) QUE PAR DES MOYENS GÉOMÉTRIQUES (ms. n° 1104, Ê° 29, lig. 4; 
M. Sédillot n’a pas exprimé, autre chose:(soit dans le Journal asiatique , 
loc. cit. , soit dans les Notices des manuscrits publiées par l'Académie des 
Inscriptions ;et Belles-Lettres); c’est un. fait nouveau qu'il était inté- 
ressant de signaler. M. Libri s’est d’ailleurs chargé lui-même de la ré- 
ponse de M. Sédillot,.en reconnaissant dans son. livre (page 300), que le 
fragment analysé par M. Sédillot ne contient pas, comme on l'avait déjà 
dit, de nom d'auteur; il annonce ensuite qu’il a trouvé un autre 7raité 
d'algèbre composé: par Omar al Kheyamy ; de>Nisapour, qu'il croit le 
même qu'Omar Ben Ibrahim, et qui lui paraît être l’auteur du fragment 
publié par M. Sédillot; qu'il n’y a point vu la résolution des équations du 


GE) 

troisième degré, et enfin qu’il donnera une édition de ce Traité, des que 
ses occupations le lui permettront. Mais il n’en réste pas moins bien cons- 
taté que le fragment dont M. Sédillot a fait l'analyse ne contient réelle- 
ment pas de nom d'auteur, que M. Sédillot a fidèlement reproduit tout 
ce que ce fragment renfermait; et comme M. Sédillot n'a pas à s’expli- 
quer sur un nouveau manuscrit qu'il ne connaît pas, et qui est depuis 
très long-temps entre les mains de M. Libri, il attendra /es preuves que 
celui-ci doit fournir à l'appui de ses assertions sur les Grecs et sur les Arabes, 
pour qu’elles puissent être appréciées par des juges compétents et en 
connaissance de cause. 

» En dernier lieu, M. Libri parlant du manuscrit d’Aboul Wefä, dont 
M. de Sacy a chargé M. Sédillot de faire la notice, exprime le regret de 
n'avoir pu examiner la question de la découverte de la variation que 
M. Sédillot a attribuée aux Arabes: « Il serait, dit-il, d'autant plus utile 
» qu'on püt consulter le manuscrit et l’étudier, qu’il se trouve porté 
» comme une traduction de l’{/mageste de Ptolémée dans le catalogue 
» imprimé des manuscrits de la Bibliothèque du roi, et non pas comme 
» Almageste d'Aboul Wefà, à qui on l'a attribué dans le Journal asia- 
» tique.» Et il ajoute : « il est prudent de suspendre tout jugement sur 
» la découverte de la variation, jusqu’à ce que d’autres personnes en 
» aient constaté l'existence. » Il est vraiment fâcheux que M. Libri 
cherche ainsi ses autorités dans les catalogues imprimés des manuscrits; 
il se serait, assurément , évité la peine de réimprimer dans son livre une 
erreur de catalogue, s'il eùt voulu consulter ses souvenirs (voy. les 
Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, 14et28 mars 1836); 
il doit savoir que le manuscrit d’Aboul Wefà a été examiné par M. de 
Sacy et par M. Reinaud; qu'il n’y a aucun doute à élever sur son authen- 
ticité; qu'il porte le titre d'Acwmaceste D'Arou’z Wera Monammen BEN 
Monammen Ar Bouzprant (Journal asiatique ; mai 1836), et que la 
question de la découverte de la variation a été complétement résolue 
en faveur de l’astronome arabe, non-seulement par nos plus célebres 
orientalistes, mais encore par tous les savants qui ont suivi la discus- 
sion. D'un autre côté, M. Libri regrette de n'avoir pu consulter et 
étudier le manuscrit. M. Sédillot à répondu , au commencement de 
cette note, à cette réclamation ; il n’ajoutera qu'un mot : c’est que 
M. Libri aurait fort bien pu étudier le passage arabe dont il s'agit 
dans le Mémoire même de M. Sédillot , qui renferme texte et trar 
duction. » 


( 685 ) 
» Aureste, M. Sédillot s’en réfère entièrement à l'avis de MM. les com- 


missaires nommés par l’Académie des Sciences pour l'examen de ses der- 
niers Mémoires. » 


Après cette communication , M. Libri prend la parole et présente 
brievement quelques observations qu’il términe en disant : qu'ayant traité 
ces questions avec tous les développements nécessaires dans les deux pre- 
miers volumes de son ouvrage, il ne croit pas devoir abuser des moments 
de l’Académie pour reprendre ici cette discussion. 


ÉCONOMIE RURALE-—Destruction de la pyrale de la vigne au moyen de la 
cueillette des feuilles sur lesquelles ont été déposés des œufs. 


M. Sawain écrit de Mâcon relativement à cette pratique, qu'il annonce 
avoir recommandée antérieurement à M. Audouin. Il adresse , à l'appui de 
sa réclamation de priorité, un numéro du Journal de Saône-et-Loire, dans 
lequel il expose (en date du 12 juillet 1837) ses idées à ce sujet. 

Nous extrayons de ce journal les paragraphes suivants, dans lesquels 
l'auteur discute l'efficacité des divers moyens de destruction auxquels on 
peut imaginer de recourir. 

« Maintenant que nous avons examiné les caractères essentiels de la vie 
de cet insecte dans les quatre états , il nous sera facile de déterminer les 
» époques où il pourra être attaqué avec avantage. 

» Et d’abord ce ne sera pas dans la première période de son existence 
» comme chenille, parce qu’alors il est trop multiplié et trop ténu; ce né 
» sera pas non plus pendant qu'il est blotti entre la deuxième et la troisième 
» enveloppe corticale du bois de la vigne, car il est ainsi protégé par un 
» double rempart que l'on ne peut traverser sans péril pour la vigne même, 
» et sansle secours d'appareils ou de procédés incommodes, compliqués et 
» onéreux. Enfin ce ne sera pas quand il voltige dans les airs, quand il les 
» parcourt dans tous les sens; ses évolutions rapides, irrégulières, le mettent 
» à l'abri des poursuites dont il serait l’objet, soit par des feux allumés 
» sur un grand nombre de points, soit par tout autre procédé également 
» coûteux. 


D 


ÿ 


x 


» Il nous reste donc à voir si ce n’est pas exclusivement à l’état de 


» chrysalide, puis à l’état d'œuf, qu’il faut entreprendre de le combattre 
» et de l’exterminer. 


» Nous avons dit que, dans le premier de ces deux états, il est comme 


( 686 ) 


» emmailloté dans les feuilles; que ces feuilles sont roulées, desséchées et 
» roussätres: On les distingue facilement des autres; on peut donc aisément 
» les détacher des branches, puis les brüler ; et ce travail, qui ne réclame 
» n1intelligence ni force, sera exécuté même par les enfants, les femmes et 
» jes vieillards. 

» Nous avons dit aussi que; dans le second de ces états , les feuilles peu 
» nombreuses où: sont exposés les œufs se reconnaissent à leurs plaques 
» d'un blanc imitant le plâtre pulvérisé : on pent donc encore facilement 
» les détacher et les brüler. 

» La première cueillette de feuilles, si elle était complétement exécutée, 
» dispenserait de la seconde, qui n’en est que le complément et le con- 
» trôle. » 


M. Dumas fait remarquer que M. Sambin ne propose l’enlévement des 
œufs que comme un moyen auxiliaire, pendant que M. Audouin place ce 
moyen en première ligne. « De plus, dit M. Dumas, la teinte blanche assignée 
par l’auteur de l'article aux plaques formées par les amas d'œufs de pyrale, 
est un caractère qui se montre seulement apres l’éclosion des larves, de 
sorte que si l'on n’enlevait les feuilles qu'au moment où elles offrent ces 
taches imitant le plâtre pulvérisé, dont parle M. Sambin, on ferait une opé- 
ration complétement inutile. M. Audouin, lorsqu'il sera de retour, aura 
sans doute d’autres remarques à faire relativement à cette réclamation. » 


M. pe Hazceere écrit relativement aux facilités qu’il y aurait, suivant lui, 
pour pénétrer jusqu’à Tombouctou, en s’acheminant par la Nubie et le 
Darfour. M. de Hallberg s'offre pour faire ce voyage en supposant que 
l'Académie veuille en faire les frais qu'il évalue à trente mille francs. 


M. Paori prie l'Académie de hâter le rapport qui doit étre fait sur un 
Mémoire qu'il a adressé, et qui a pour titre : Recherches sur le mouvement 


moléculaire des solides. 


M. Leymerite demande qu’on lui remette différents Mémoires qu’il avait 
présentés touchant les épidémies et la vaccine, Mémoires sur lesquels il 
n’a pas encore été fait de rapport. 


MM. Cozer et CorrrREAU adressent un paquet cacheté qu'ils annoncent 
être relatif à un nouveau mode de transport pour les voyageurs. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


La séance est levée à 5 heures. A. 


( 687 ) 


Errata. (Séance du 7 mai.) 


Page 634, ligne 20, pyrurique,  /isez pyruvique 
Ibid., 35, pyrurate, lisez pyruvate 
635, 16, + ŒH°'CE, Zisez CH°Cl° 
639, 5, 2C‘H5+ 5o, lisez 2C°H° + 50 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 1838, 1° semestre, n° 10, in-4°. 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences ; Tables du 2° semestre 1837, in-4°. 

Recherches nouvelles pour servir à l'histoire des Sciences mathématiques 
chez les Orientaux ; par M. Sénirior ; in-4°. 

Mémoire sur l'équilibre d'un corps solide suspendu à un cordon flexible; 
par M. Pacani; in-4°. 

Note sur l'équation A°—C; par le même; in-4°. 

Leçons d'Analyse mathématique, faites à l'École Polytechnique en 

1837 et 1838; par M. Dunamer ; 2 vol. in-4° autographiés, 

ÆEssui sur l'application de la Chimie à l'étude physiologique du sang de 
l’homme ; par M. Denis; 1838, in-8°. (Adressé pour le concours Montyon.) 

Annales maritimes et coloniales ; avril 1838, in-82. 

De trois Lois à faire sur les travaux publics; par M. Vase, in-8°. 

De l'éducation des vers à soie dans les environs de Paris; :par 
M. ArexanDre; in-8°. 

Compte rendu par M. Alexandre, du Rapport sur L 
à soie par M. Bournon; in-8°. 

Rapport à la Société de Médecine de Lyon sur l'ouvrage de MM. Terme 
et MowrrALcow, intitulé : Histoire statistique et morale des enfants trouves; 
par M. Cu. Perrin; Lyon, in-8°. 

Observations sur la gamme mineure; par Soyer Waiiremer; Nancy, 
1837, in-0°. 

Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du départe- 
ment de la Charente ; tome 20 , janvier et février 1838, in-8°. 

Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Limoges; 
tome 16, n° 2, in-8°. 

Bulletin de la Société Géologique de France; iome 9, 10—14, in-8°. 

C.R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 20.) 94 


’éducation des vers 


( 688 ) 


Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 2, n° 14, in-8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ; 
8° annce, avril 1838, in-8°. 

Note sur les petits lacs des Terrains basaltiques de l'Auvergne ; par 
M. Lecoo ; in-8°, Clermont-Ferrand. 

The Édimburgh.... Mouveau Journal philosophique d'Édimbourg ; 
janvier — avril 1838, in-8°. 

The Annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie 
avril et mai 1838 , in-8°. 

The Journal. . . . Journal de la Societé royale géographique de Londres; 
vol. 8; 1"° partie. 

Proceedings.... Procès-l’erbaux des séances de la Société royale de 
Londres ; n° 52, 15 février 1838—5 avril 1838, in-8°. 

Proceedings.... Procès-Verbaux des séances de la Société royale 
d'Irlande ; n° 7—10, 15 novembre 1837—26 mars 1838, in-8°. 

Proceedings. ... Procès-Verbaux des séances de la Société géologique 
de Londres; n° 54 et 55, 17 janvier—16 février 1838, in-8°. 

The Athenœeum, Journal; mars et avril 1838; in-8°. 

Elementi di anatomia.... Éléments d'Anatomie physiologique appli- 
quée aux Beaux-Arts; par M. F. Berninotri, professeur d’Anatomie à 
l'Académie Albertine des Beaux-Arts; 1° vol. grand in-8° avec atlas in-fol.; 
Turin, 1837. 

Iconografia.... /conographie de la Faune italienne; par M. Cx. L. 
Boxararte, prince de Musignano ; 22° cahier in-fol. 

Observaciones..…. Observations faites à l'Observatoire de San Fernando 
dans l'année 1835, publiées conformément aux ordres de S. M. par, Don 
Josepn Sancuez CerqQuero, directeur dudit établissement; San Fernando, 
1836 , in-fol. 

Journal de Mathématiques pures et appliquées ; avril et mai 1858, in-4°. 

Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; 24° année, mai 1838. 

Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n° 10. ; 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 55—57, in-4°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales; mai 1838, in-8°. 

La Phrénologie, Journal, 2° année n° 4. 

L'Expérience., journal de Médecine , n° 38, in-8°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 333, in-4°. 

Programme de la Société d'Agriculture, du Commerce ; Sciences et 
Arts de la ville de Calais; in-8°. 


> (ne 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 21 MAI 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Réponse de M. Dumas à la lettre de M. Brrzéius. 


« L'Académie a compris que la lettre de M. Berzélius lue à la séance 
du 7 de ce mois par un de nos confrères, exigerait de ma part une ré- 
ponse précise. Je viens remplir ce devoir. 
=» Et d’abord que me reproche M. Berzélius? Sont-ce des erreurs graves 
d'analyse? S'il en est ainsi, je suis prêt à confesser mes torts, encore bien 
que dans les recherches continuelles dont je m'occupe , quelques erreurs 
d'analyse fussent excusables. Mais non, M. Berzélius ne me reproche rien 
de pareil; je suis heureux de le constater. 

» Ce sont donc des erreurs de raisonnement qui me valent les reproches 
un peu durs que M. Berzélius adresse à mes idées. À cet égard, je déclare 
qu’encore bien qu'il soit toujours fàcheux d’avoir commis une erreur de 
raisonnement, cette erreur est tellement atténuée par les circonstances 
qui la font presque toujours commettre, dans les sciences d'observation, 
qu’il est trés fréquent de s’y voir exposé. On est tout étonné, quand on 

C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N°21.) 95 


( 690 ) 
est éclairé par quelques faits de plus, de voir comment on raisonnait, 
lorsqu'on en était privé. 

» Mais, admettons que j'aie commis de véritables erreurs de raisonne- 
ment, ne pourrais-je pas me consoler quelque peu en parcourant les ou- 
vrages de notre maître à tous, de M. Berzélius, et voyant que si partout 
on y trouve la preuve que les questions ont été étudiées avec le plus grand 
soin et par des expériences pleines d’exactitude, quelques erreurs de rai- 
sonnement peuvent néanmoins fort bien s’y glisser. 

» Je prendrai mes exemples dans quelques questions de chimie phy- 
siologique relatives aux phénomènes des sécrétions. M. Berzélius, en effet, 
considérant l’ensemble de ses expériences, paraît conduit à s’en former 
l'image suivante : Pour lui, le sang est un liquide circulant dans des vais- 
seaux qui le portent aux organes sécréteurs, véritables laboratoires où à 
chaque instant une portion du sang se détruit et se transforme en pro- 
duits nouveaux que l'organe sécréteur recueille dans des canaux particu- 
liers. Ainsi l'urine est un liquide bien plus complexe que le sang d’où elle 
provient; le rein est un organe oxidant, car on trouve dans l'urine des 
sulfates, des phosphates en abondance, tandis que dans les matériaux du 
sang on ne rencontre que du soufre et du phosphore. 

» Telle n’est point ma manière de voir sur ces matières. Il y a long- 
temps que je regarde le sang comme un fluide extréèmement compliqué, 
dont les organes sécréteurs se bornent à séparer divers ingrédients. Cette 
opinion est partagée, je le sais, par plus d’un de nos confrères. Depuis 
long-temps elle a pris place d’ailleurs, au rang des vérités scientifiques, en 
ce qui concerne le rein , grace à l'expérience que nous avons exécutée, 
M. Prévost et moi, dans le but d'établir la vraie théorie des sécrétions. 

» En effet, à une époque où je m’occupais avec la plus vive ardeur de 
physiologie animale, guidé par l'expérience et l'esprit élevé du docteur 
Prévost, nous faisions, de la théorie des sécrétions, l’objet de nos médita- 
tions les plus assidues. Cette question se reproduisait sans cesse entre nous: 
L’organe sécréteur est-il un simple agent d'élimination? Est-il au contraire 
chargé de fabriquer les produits qu'il fournit ? 

» Les expériences intéressantes de M. Richerand sur l’extirpation des 
reins furent un trait de lumière pour nous; les animaux privés de leurs 
reins ponvaient vivre. Dés-lors, l’urée devait se retrouver dans leur sang , 
si le rein n’était qu’un organe d'élimination; elle devait y manquer comme 
à l'ordinaire, si le rein était chargé de la fabriquer. 

» L'expérience faite, l’urée se retrouva dans le sang des animaux né- 


( 697 ) 
phrotomisés. Dès ce jour, il me fut démontré que le rein et probablement 
tous les organes sécréteurs n'étaient que des appareils d'élimination agis- 
sant sur un liquide, le sang, qui devait offrir dès-lors une complication 
singulière dans sa composition ; présomption que la suite des recherches 
est venue confirmer de toutes parts. 

» Or, dans la dernière édition de sa chimie, M. Berzélius rapporte 
l'analyse qu’il a faite d’un rein, bien débarrassé d'urine, mais renfermant 
encore le sang des vaisseaux capillaires, et il nous apprend qu'il a vaine- 
ment cherché à ÿ démontrer la présence de lurée. « Je m'attendais à y 
» trouver ce principe, dit-il, d'autant plus que Prévost et Dumas ont 
» cherché à prouver qu'il ne se produit pas dans les reins, et que ces 
» organes sont seulement la voie par laquelle il s’échappe du corps. » 

» Ainsi, M. Berzélius paraît disposé à repousser nos résultats parce qu'il 
n’a pas trouvé d’urée dans le sang des reins, comme si dans notre opi- 
nion ce fait avait rien d’étrange. Si nous avions cru que le sang contenait 
assez durée pour qu'on püt la reconnaître à l'analyse quand ce liquide ar- 
rive dans le rein, nous aurions tout simplement recueilli du sang provenant 
de l'artère rénale, et nous l’aurions examiné. Mais non, nous savions fort 
bien que le sang des chiens sur lesquels nous opérions ne pouvait pas 
renfermer 5555 d'urée, tandis que nos moyens d'analyse nous permettaient 
à peine d’en reconnaître 33. 

» Mais si je ne m'’abuse, le raisonnement de M. Berzélius n’est pas en- 
tiérement juste et son analyse est ce qu’elle devait être dans notre opi- 
nion et non pas dans la sienne; car, pour nous, le sang des capillaires 
du rein loin d’être riche en urée, doit en contenir comme le sang ordi- 
naire et même moitié moins (1), c'est-à-dire des quantités inappréciables. 
Pour M. Berzélius, au contraire, le sang des reins devrait être ce sang déjà 
modifié, élaboré par un organe qui le métamorphose en urée, qui oxide 
son soufre et son phosphore, et qui par suite en convertit les matériaux 
en ceux de l'urine elle-même. Ainsi, dans son opinion, et non dans la 
nôtre, on aurait dù trouver de l’urée dans l'analyse du rein. 

» Cette différence qui existe entre ma manière de raisonner, en ce qui 
concerne la théorie des sécrétions, et celle de l’illustre chimiste suédois, je 
la retrouve tout entière dans l'appréciation des méthodes d'analyses ap- 


TT TT TT TT ET CET ref Ve. == ee USE Ie UE 


(1) Si le rein ne fabrique pas l’urée, le sang des capillaires veineux de cet organe 
doit en contenir moins que la masse, et le sang des capillaires artériels des quantités 
iasensibles. c 


95. 


( 692 ) 
plicables aux fluides animaux. Il est évident, pour moi, que M. Berzélius 
n’accorde pas assez d'importance à leur étude microscopique, et je suis 
convaincu qu'il en résulte de grandes différences dans notre manière de 
juger les faits. 

» Peut-être les études physiologiques par lesquelles j'ai été condait à 
m'occuper de chimie organique, ont-elles exercé une grande influence sur 
mes opinions. Je suis loin de le nier, et cette circonstance peut me con- 
duire à des idées fort éloignées de celles que M. Berzélius adopte. Mais si 
je me trompe, je serai le premier à le confesser , quand l'expérience 
m'aura éclairé. 

» Examinons, pour le moment, les reproches que M. Berzélius m'a- 
dresse. 11 y a long-temps que je professe sur la nature des corps qu’on ap- 
pelle neutres, comme les sucres, les gommes, l’amidon, une opinion qui 
est bien connue des personnes qui suivent mes cours. 

» Je crois que les corps qui ne sont pas volatils renferment un grand 
nombre d’atomes d’oxigène, et se rapprochent par là des corps organisés 
les plus simples que nous connaissions. 

» Dans mon opinion, la fibrine, le ligneux sont des matières organisées 
dont le poids atomique serait très considérable, et qui par suite, renfer- 
ment un grand nombre d’atomes d’oxigène. 

» L’amidon, la dextrine, les sucres, les gommes sont des corps qui s’en 
rapprochent beaucoup et qui doivent posséder aussi un poids atomique 
considérable et un grand nombre d’atomes d’oxigène. 

» Comme les acides citrique , tartrique, tannique , etc., se rapprochent, 
par leur destructibilité au feu, des matières qui précèdent, je crois qu’elles 
doivent s’en rapprocher aussi par leur constitution. 

» De ces premiers aperçus en découlent d’autres fort inutiles à dévelop- 
per, si ceux-ci sont inexacts, mais de nature à jeter quelque lumière sur 
les phénomènes de la nutrition et sur la transition entre la chimie des corps 
organiques et celles des corps organisés, si ces premiers aperçus sont justes. 

» Avant de soumettre ces opinions au public, je devais les soumettre 
d'abord aux épreuves de l'expérience. J'ai donc suivi avec la plus scrupu- 
leuse attention les recherches de M. Payen sur l’amidon et la dextrine, 
celles de M. Péligot sur les sucres, et j'ai trouvé dans leurs résultats une 
entiere confirmation de mes vues. 

» J'ai fait, moi-même, une analyse de l’orcine, où j'ai cru saisir un fil 
conducteur d’une nouvelle espèce, et j'ai déduit de cette analyse la for- 
mule de l’acide citrique; voici comment : 


(693 ) 

» L’orcine, en se combinant avec l’eau, avec l’oxide de plomb , prend 
5 atomes d’eau, 5 atomes d’oxide de plomb. S'il fallait adopter le point de 
vue de M. Berzélius, on dirait qu'il n'entre dans ces composés qu'un seul 
atome d’oxide de plomb, et par suite on essaierait de réduire le poids ato- 
mique de l’orcine au cinquième de celui que j'ai adopté. Mais cela est im- 
possible, les atomes élémentaires de l’orcine ne peuvent pas se diviser par 5. 

» Cette circonstance me fit faire beaucoup d'analyses et me fit beau- 
coup réfléchir. IL était clair que si les atomes élémentaires de l’orcine 
eussent été divisibles par 5, qu’on n’eût pas été dirigé par la densité de la 
vapeur de ce corps, on aurait adopté pour le représenter un poids ato- 
mique trop faible et inexact à coup sür. 

» Ce cas s'était offert sans doute déjà, il pouvait dé nouveau s'offrir ; 
il devenait nécessaire d’y avoir égard, et d’y avoir égard surtout pour les 
corps non volatils et très oxigénés qui, dans mon opinion, devaient 
avoir un poids atomique considérable. 

» L’acide citrique, considéré par M. Berzélius comme un acide à poids 
atomique très léger, ne pouvait se concilier avec mes idées, puisqu'il 
n’est pas volatil et qu’il est tres oxigéné. Je fus donc conduit à essayer 
de lui construire une formule, et celle que je tirai des expériences ano- 
males de M. Berzélius, se trouva confirmée d’une manière qui me parut 
nouvelle et décisive, par les analyses des sels qu’on avait regardés comme 
les plus rebelles, tel est le citrate d’argent préparé à froid. 

» Mais tandis que je me livrais à ces recherches et aux réflexions qui 
en, découlent en ce qui concerne la constitution des corps organisés, 
M. Liebig arrivait par une autre voie précisément au même résultat. 

» Je lui laisse le soin d’exposer et de défendre ses propres vues sur ce 
sujet, vues élevées et fécondes, auxquelles je m'associe pleinement; il 
ne peut me convenir d'engager M. Liebig dans une discussion à laquelle 
il pourrait désirer demeurer étranger. 

» Mais sans exposer les idées primitives de M. Liebig, je puis me per- 
mettre de citer la phrase suivante d’une lettre que j'ai reçue de lui de- 
püis que la lettre de M. Berzélius est parvenue à l’Académie, et qui ren- 
ferme la plus ample confirmation des opinions que M. Berzélius attaque. 

« Mes recherches sur les acides organiques, dit M. Liebig, m'ont con- 
» duit à des expériences sur les acides tannique et gallique. Le premier 
» neutralise, comme l'acide phosphorique , 3 atomes de base, l'acide gal- 
» lique 2 atomes. En faisant bouillir du tannin quelques instants avec l'a- 
» cide sulfurique ou avec la potasse caustique, il est changé en acide gal- 


( 694 ) 


» lique. L’acide tannique sec est égal à C''HO". J'ai trouvé un sel de 
» plomb qui est C'#H'°03 + 3PbO. L’acide gallique sec est C’HfO5; son 
» sel de plomb C'H*0$ Æ 2PbO. Ces analyses et quelques autres m'ont 
» conduit à diviser les acides en trois classes très distinctes. 

» Un atome d’un acide de la première classe neutralise 3 atomes de 
» base: un atome de la deuxième 2 atomes de base; un atome de la troi- 
» sième 1 seul atome. 

» Les acides bibasiques forment des sels appelés acides, mais qui ne le 
» sont réellement pas. Un sel acide renferme 2 atomes d'acide, et, saturé avec 
» une seconde base, il se partage en deux sels distincts, qui cristallisent 
» séparément. Le bisulfate et le bioxalate de potasse, saturés par de la 
» soude, forment du sulfate et de loxalate de soude et de potasse, qui se 
» séparent par cristallisation. Mais le fulminate acide d'argent, le tartrate 
» acide de potasse, saturés par une autre base, forment des sels doubles , 
» même avec les bases non isomorphes. Mais ce ne sont pas des sels 
» doubles, l'acide tartrique demande deux atomes de base dans le sel 
» acide; l’une d’elles est de l’eau, qui peut être remplacée par de la po- 
» tasse, par de la soude ou par de l’ammoniaque. 

» L'existence du gallate de plomb, dont je vous ai donné la formule, 
» prouve d'une manière évidente l'existence de cette classe de corps. 
» Calculé pour un atome de plomb, l'acide gallique ne renfermerait qu'un 
» demi-équivalent d'hydrogène. » 

» Ainsi, de même que l’orcine exige absolument 5 atomes de base, 
parce que ses atomes élémentaires ne sont pas divisibles par 5; de 
même l'acide citrique exige 3 atomes de base, sous peine d’avoir des frac- 
tions d’atomes élémentaires dans l'acide citrique sec; de même, enfin, l'a- 
cide gallique exige qu'on lui donne 2 atomes de base , à moins d'admettre 
un demi-équivalent d'hydrogène dans ce corps. 

» Le fil conducteur de M. Berzélius se brise donc entre nos mains, des 
que nous essayons de l'appliquer à des combinaisons organiques un peu 
complexes, tout comme en chimie minérale à l’occasion des phosphates 
et des arséniates. 

» En chimie organique, ce fil nous a guidétant qu’il a été question d’acides 
volatils analogues aux acides minéraux ; mais dès qu'on a voulu s’en servir 
pour l'étude des composés chez lesquels on trouve une physionomie plus 
décidément organique, des lois nouvelles sont devenues nécessaires, et 
une fois trouvées, ces lois ont mis d'accord les vues de la physiologie et 
celles de la chimie elle-même. 


(695 ) 

» En effet, M. Berzélius veut qu’en général l'oxigenie des acides soit un 
multiple par un nombre entier de l’oxigène des bases. 

» Or, il est certain qu’en admettant dans les orcinates le rapportde 5 : 3, 
et dans les citrates celui de 3 : 11, on admet des lois de composition bien 
différentes. 

». J'avoue que cette circonstance ne m'arrête pas, et que pour moi, les 
vrais rapports à considérer, sont ceux qui ont lieu entre la molécule de 
Jacide et celle de la base. Il est peu probable que les éléments même doi- 
vent conserver de certaines relations dans la formation des sels. Le hasard 
a fait quelques cas de ce genre, et l’on a peut-être fait les autres, en 
donnant des poids atomiques aux acides qui fussent précisément conve- 
nables pour les faire rentrer dans la loi admise. 

» Passons à la théorie des substitutions qui joue une trop grand rôle 
dans la lettre de M. Berzélius, pour que je puisse laisser sans réponse les 
accusations graves dont elle y est l'objet. 

» Rappelons d’abord ce que c’est que la théorie des substitutions : elle 
prend son origine dans des expériences que j'ai faites, touchant l’action 
du chlore sur l'alcool; mais en les publiant, je n’ai pas manqué de rap- 
peler, toutefois , que M. Gay-Lussac avait déjà fait relativement à l’action 
du chlore sur la cire, une remarque analogue à celle à laquelle je me 
trouvais conduit. Encore bien que ce fait n'eut jamais été publié par 
M. Gay-Lussac, qu'il l’eût seulement énoncé dans ses cours, dès que je me 
trouvais d'accord avec mon illustre confrère, je devais reproduire ses ob- 
servations , et j'ai eu soin de le faire. 

» Ce que j'ai appelé phénomène de substitution, c’est celui qui se passe 
quand on soumet ainsi à l’action du chlore une substance hydrogénée quel- 
conque. J’ai cru voir qu'a mesure que sous l'influence de ce gaz elle perd 
de l'hydrogène, qui se convertit en acide hyÿdro-chlorique, elle gagne des 
quantités équivalentes de chlore. Ainsi pour un atome d'hydrogène qui 
s’en va, il se fixe un atome de chlore. 

» J'ai ajouté, toutefois, que si l'hydrogène existait dans le corps à l’état 
d’eau, les choses se passeraient autrement. Il me semblait résulter. en effet, 
de mes expériences, que dans ce cas, le chlore enlevait lhydrogène de 
l'eau, sans le remplacer. 

» Examinons d'abord les- objections faites contré ces deux propositions. 

M. Berzélius m’attribue à ce sujet une opinion précisément contraire à 
celle que j'ai toujours émise, savoir, que dans ces occasions le chlore 
prendrait la place de lhydrogène sans changer la nature du corps. Je 


( 696 ) 
n'ai jamais rien dit de pareil, et l’on ne saurait certainement le déduire 
des opinions que j'ai émises sur cet ordre de faits. 

» Partant de là, M. Berzélius témoigne tout son regret de voir M. Ma- 
laguti se guider par de telles vues, et il développe de nouvelles idées au 
sujet des expériences dont s'occupe encore cet habile chimiste. Je laisse 
à ce dernier le soin d'établir si la théorie des substitutions lui a été utile 
ou nuisible. 

» Mais je crains que M. Berzélius ne se soit trop hâté de donner la 
théorie des faits nouveaux que M. Malaguti étudie; l'exemple suivant 
pourra justifier cette opinion. 

» En effet, de même que M. Berzélius donne une théorie tres simple, 
et qui lui semble très probable, des expériences de M. Malaguti, de même 
il en donne une non moins simple et non moins riche en développe- 
ments des expériences de M. Laurent, relativement à action du chlore 
sur l’acétate méthylique. Je savais que M. Malaguti avait étudié ce sujet; 
je lui ai demandé de vouloir bien me confier le résultat de ses expé- 
riences : voici ce qu'il m'a répondu : 

« Sans vouloir contester les résultats de M. Laurent, il faut que j'avoue 
» que dans mes expériences je n’ai rien obtenu qui leur ressemble. » 

» Je me borne ici à cette phrase, et je joins en note la lettre de 
M. Malaguti elle-même, où se trouvent les détails de ses expériences (1). 

» Les déductions tirées des expériences de M. Laurent par M. Berzélius 


—_—_—_—_—— 


(1) Acétate de méthylène et de chlore. — Sans vouloir contester les résultats de 
M. Laurent, il faut que j’avoue que, dans mes expériences, je n’ai rien obtenu qui 
leur ressemble. 

D'abord, mon acétate chloruré se dissolyait énergiquement dans l'alcool de potasse, 
et ne laissait rien précipiter par l’eau. Distillé, eten fractionnant les produits, j'ai cons- 
tamment trouvé que la matière distillée s’enrichissait de plus en plus en chlore; mais 
je n’ai jamais pu en trouver, soit dans les produits, soit dans le résidu, au-delà de 48 
pour cent. 

Mon acétate chloruré n’a pas un point fixe et constant d’ébullition ; il n’y a pas de 
doute qu'il se décompose, et son point d’ébullition s'élève à mesure que la distillation 
est poussée, et finit par se convertir en une matière très acide, noire poisseuse. 

Quelle que soit l’époque de la distillation, il y a toujours et constamment dégage- 
ment considérable d’acide hydro-chlorique. 

L’acétate chloruré est attaqué par les alcalis d’abord, et même par l’eau, mais très 
lentement. Le produit de la décomposition est de l’acide acétique et de l'acide formi- 
que. Cela a été bien vérifié au moïns six rois. 

J'ai remarqué quelquefois qu’en jetant la matière brute dans l'eau, il y avait un 


( 697 ) 


tombent d’elles-mèmes. Pour le moment, je me borne et je dois me bor- 
ner à dire que, dans sa lettre, M. Berzélius a dénaturé ma pensée, et 
que pour montrer le tort que ma théorie a fait à M. Malaguti ou à 
M. Laurent, il faudrait autre chose que des formules établies sur des 
expériences non terminées de M. Malaguti ou sur des expériences 
inexactes de M. Laurent. 

» Relativement à l’action du chlore sur les carbures d'hydrogène ou les 
corps analogues ; il me semble donc généralement reconnu que les substi- 
tutions’ qui s’y observent sont d'accord avec la règle que j'ai énoncée. 


» En est-il dé même pour le cas où j'avais supposé que le corps ren- 
fermait de l’eau ? 


EL: 1 Le LL : Le RER 4 EP Ta à 1 Reel EU 
petit dégagement d’un gaz non absorbable par la potasse, et qui m’a semblé de l’oxide 
de carbone (ce que je ne pourrais pas affirmer avec certitude). 

Les phénomènes qui accompagnent l’action du chlore sur l’acétate de méthylène 
sont : élévation de température, absorption de chlore, dégagement d’acide hydro 
chlorique, et d’une matière très volatile et très piquante, augmentation de densité et 
de point d’ébullition. 

Je produirai les analyses telles:que je les ai trouvées dans mon cahier : 


I. II. IL. IV. 
G:.:. 26,48 26,08 25,95 26,20 
Hh.1093%13 3,00 3,11 3,21 
CL... :48,02 75809 : 47,75 48,00 


En adoptant cette formule C5 H°0O° + C*H:CIl4 0, on aurait 


Carbone. ........ . 25,58 
Hydrogène. ... .. 2,78 
Chlore. .:.:..1..1 49,33 


La grande difficulté que j’ai rencontrée à purifier mon acétate chloruré, la nature des 
produits de sa décomposition par l’eau ou les alcalis, les résultats obtenus:en étudiant 
Vaction du chlore sur l’éther sulfurique, enfin les analyses qui ne sont pas très éloignées 
du résultat calculé, m’ont déterminé à y trouver une identité entre l’action du chlore 
sur l’éther sulfurique, et l’action du même agent sur le méthylène. 

Au reste, mon travail n’est pas terminé ; je reprendrai ces expériences, et je me flatte 
d’arriver à un résultat bien net. 

Il est inutile de vous rappeler que le benzoate de méthylène se convertit par le chlore 
en chlorure de benzoïle ; que loxalate sé convertit en ün corps décon:posable par l’eau 
en oxide de carbone, acide hydro-chlorique ét acide oxalique’; que le sulfate de mé- 
thylènese/convertit en acide sulfarique hydraté et différents chlorures de carbone vo- 
Luls, etc. ! ., 


CR 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 24.) 96 


(698 ) 

» Quand j'ai parlé pour la première fois des phénomènes de substitu- 
tion, J'étudiais l’action du chlore sur l'alcool. On sait que dans l’une des 
théories par lesquelles la nature de l'alcool s'explique , on admet que ce li- 
quide renferme deux atomes d’eau, c'est-à-dire quatre atomes d'hydrogène 
à l'état d'eau-et huit atomes d'hydrogène à d'état d'hydrogène carboné: 
c’est la théorie donnée depuis long-temps par M. Gay-Lussac. 

» Je, trouvais {que ;par l'action. du chlore sur l'alcool, quatre atomes 
d'hydrogène, disparaissaient sans remplacement , ce qui produit l’aldehyde, 
découverte plus tard par M. liebig. En continuant l’action du chlore, Pal- 
dehyde perd six atomes d'hydrogène et en gagne six de chlore, 

C'H°O? + Chf — CŒHO* + ChH4 
CSHs0O? + Ch‘? — CFH°0:Chf + Ch5Hf, 

» Cette réaction me parut propre à démontrer que dans l'alcool il y'avait 
deux états de l'hydrogène ; que les quatre atomes disparus sans remplace- 
ment pouvaient bien appartenir en effet à de l'eau, auquel cas on aurait 
été conduit à conclure que dans les corps qui renferment de l’eau le 
chlore enlève l'hydrogène sans se substituer à sa place. 

» Depuis cette époque, de nouvelles expériences ont été faites; voyons 
ce qu’elles nous apprennent, 

» M. Kane, dans un Mémoire du plus haut intérêt sur l'esprit pyro- 
acétique, qu'il considère comme un alcool, vient d'étudier l'action du 
chlore sur cette substance. Ses analyses, qui sont du reste sensiblement 
d'accord avec celles que M. Liebig et moi-même nous avions faites du com- 
posé dont il s’agit, le conduisent à le représenter de la manière suivante: 


C2 H®0° — Hi + Chi = Ce HSO: Chi. 
» Si l’on représente cette formule par 
C“HS5O° Ch? + H°Ch°, 
et qu'on mette le corps en contact avec deux atomes de potasse, on aura 
C H5 0° Ch® + H°Ch° 
OK OK 
(C:H505 + H:0) + 2K Ch: 
» Ce composé C'* HO + H*0 a été obtenu, en effet, par M. Kane, 
qui l'appelle acide pteléique, en traitant par la potasse le produit de 
l’action du chlore sur l'esprit pyro-acétique. 


» Ainsi, le résultat brut des expériences de M. Kane est en opposition 
avec la règle que j'avais posée; mais si, procédant à la manière de M. Ber- 


( 699 ) 
zélius, je fais subir une légère modification ä sa formule, modification qui 
s'accorde du reste avec les réactions, je l’y fais parfaitement rentrer: 

» D'un autre, côté, M. Cahours vient de traiter l'huile de pommes de 
terre par Le chlore. On:sait.que ce jeune chimiste a trouvé que: cette huile 
appartient au groupe des alcools. En la soumettant à l’action du chlore, 
il en a obtenu un composé dans lequel il y a du chlore et où quatre vo- 
lumes d'hydrogène disparaissent aussi sans remplacement. 

» Ne nous pressons donc pas trop de conclure sur ce point, et loin de 
moi du reste la pensée de trouver là rien de concluant maintenant pour la 
théorie des éthers. 

» La théorie des substitutions exprime donc une simple relation entre 
l'hydrogène qui s’en va et le. chlore qui entre: Cette relation,se trouve de 
volume à volume dans le plus grand nombre de cas. En l'énoncant, je 
crois avoir.rendu un service réel à la science. En effet, avant qu'elle eût 
été signalée, il n'existait peut-être pas une seule analyse exacte d’un pro- 
duit formé par l’action du chlore sur une substance organique. Depuis 
qu'elle a fixé l’attention des chimistes sur ce genre de réactions, les faits 
se sont multipliés, les analyses ont reçu une précision dont on a compris 
l'importance; et j'aurais cru que, par cela seul qu’elle avait fait naître 
presque tous les faits sur lesquels M. Berzélius, raisonne, elle. aurait mé- 
rité. quelque indulgence de sa part. 

» Si l'application de la théorie des substitutions au cas où le corps 
renferme, de l’eau, conserve encore quelque indécision , il faut, je crois, 
l'attribuer tout simplement au manque de faits. Il y a si peu de corps où 
lon soit certain de la présence de l’eau toute formée, et il y a si peu 
d'expériences faites dans cette direction. 

», Mais si, l’on me faisait dire que l'hydrogène, enlevé est toujours rem- 
placé par le corps électro-négatif, on m’attribuerait une opinion que mes 
recherches; sur l’indigo démentent;. car l'hydrogène perdu, par l’indigo 
blanc n’est pas remplacé pan de l’oxigène, quand celui-ci se convertit en 
indigo, bleu, comme je l'ai publié il y a long-temps. 

» Si l’on me fait dire que l'hydrogène est remplacé par du. chlore, qui 
joue le méme rôle que lui, on, m'attribue une opinion contre laquelle. je 
proteste, hautement, car elle est en contradiction avec tout ce, que j'ai 
écrit sur ces matières. 

» Que. les chimistes examinent les limites où doivent se renfermer ces 
substitutions, mais.qu'ils ne les repoussent pas de-la science. Le moment 
n'est pas éloigné peut-être où elles deviendront. d’un grand, secours pour 


96.. 


( 700 ) 

faire un pas de plus dans l'étude de l’action des corps. Un exemple peut 
le faire comprendre. 

» J'ai trouvé que l'acide indigotique qui a pour formule C*#H#Az:0s, 
se convertit en acide carbazotique, en vertu de la réaction suivante : 

C#HSA70: — C#Hf + Az!Of — CH4Az60",. 

» Ainsi le corps primitif perd C‘Hf et gagne Az{Of. 

» M. Piria, en examinant l’action de l'acide nitrique sur l’hydrure de 
salicyle, vient de trouver de son côté un nouvel acide qui a pour formule 
C*HSA7z8 0" et qui se produit en vertu de la réaction suivante : 


C:8 H'o Of — C{H4 HE Az$ Of — C4 HS O!° Az8. 


» Ainsi, en perdant CfHf, la matière gagne Az° Of. Ne serait-il pas 
heureux pour la science que des relations de ce genre, si elles se repré- 
sentent souvent, eussent été remarquées plus tôt. Elles auraient donné à 
l'étude des produits azotés, résultant de l’action de l'acide nitrique sur les 
matières organiques, un intérêt théorique , qui, seul, est capable de faire 
surmonter la fatigue attachée à leur étude. 

» Livrons ces idées de substitutions à elles-mêmes, laissons-leur le 
temps de se vérifier, de se modifier s’il le faut, mais ne repoussons pas 
une régle empirique, car ce n’est pas autre chose, qui, loin d’avoir embar- 
rassé la marche de la science, lui a procuré, depuis quelques années, une 
foule d'analyses exactes auxquelles personnes ne songeait. 

» J'arrive enfin à la partie de la lettre de M. Berzélius qui est relative 
à la manière de représenter les corps qu'on appelle neutres, c'est-à-dire 
les sucres, l’amidon, la dextrine, etc. La différence qui existe entre sa 
manière de voir et celle que j'ai adoptée au sujet de ces corps, est de 
nature à être vérifiée par l'expérience; par conséquent, on peut en par- 
ler ici. 

» J'ai déjà dit, plus haut, quelles sont les raisons qui m'ont conduit à 
admettre dans les corps décomposables au feu, un poids atomique élévé et 
un grand nombre d’'atomes d’oxigène. Cette vue se trouve confirmée 
pleinement par les nouvelles recherches de M. Liebig; elle s'accorde aussi 
avec les expériences de M. Payen sur l’amidon ou la dextrine, et celles 
de M. Péligot sur les sucres et les gommes; enfin celles de M. Régnault 
sur l'acide pectique. 

» Remarquons, en passant, que les analyses des corps neutres dont il 
s'agit, et que M. Berzélius adopte, ont été exécutées par un chimiste, 
M. Mulder, qui a déjà commis quelques erreurs si graves, qu’on ne peut 


(7or) 
lui accorder une confiance bien grande. Aussi, n'est-on pas étonné de 
voir que dans l'analyse de l'acide pectique, qu'il regarde comme isomé- 
rique avec le sucre, M. Mulder à commis une erreur d'environ 2 pour 100 
sur l'hydrogène. 

» D'après M. Berzélius, l’'amylate, et, par conséquent, le dextrinate de 
plomb; doivent conserver la formule Ci{ H°0%, tant qu'ils n’ont pas subi 
de décomposition. J'ai trouvé que le dextrinate de plomb perd un atome 
d’eau. M. Payen a vu la même chose pour l'amylate de plomb; ce qui ra- 
mène la formule de l’amidon et celle: de la dextrine à C*#H'#Os. M. Payen, 
pour répondre à la lettre de M. Berzélius ; vient de vérifier ses expériences 
par de nouvelles épreuves, qui s'accordent exactement avec les anciennes. 

» D’après M. Berzélius; le saccharate de plomb renferme C:4H O:°,2PbO; 
d’après M. Péligot, il contiendrait C:4 H'#O5,2PbO, où plutôt C#H%O'E 4PbO. 
Ainsi, tandis que M. Berzélius dédouble son ancienne formule du sucre, 
M. Péligot se trouve conduit à la doubler, et tandis que M. Berzélius 
persiste à donner C*#H+*0°%, comme étant le sucre anhydre , les expé- 
riences de M. Péligot conduisent à retrancher un atome d’eau de cette 
formule. 

» J'ai vérifié, ces jours derniers, la composition du saccharate de plomb, 
et Je suis retombé exactement sur les nombres trouvés par M. Péligot. 

» J'ajoute que M. Péligot à trouvé que la gomme arabique donne un 
gommate de plomb qui diffère exactement -de la même maniere du gom- 
mate de plomb anciennement analysé par M. Bérzélius. 

» Ainsi, la formule C## H'# O* convient à l’amidon, àla dextrine, au 
sucre de cannes et à la gomme arabique : ces corps sont isomériques ; mais 
leur composition diffère par un atome d’eau de celle qu'admet M. Ber- 
zélius. De plus, comme ils renferment un nombre impair d’atomes d’oxi- 
gène, le dédoublement de leur formule, que M. Berzélius propose, ne 
peut pas s'exécuter. Tout porte à penser, au contraire, qu’il faudra plutôt 
doubler celle-ci , au moins pour le:sucre. 

» Ces faits nous ramènent vers le point de départ de la lettre de 
M. Berzélius , et jettent, comme on voit, de grands doutes sur la solidité 
des conclusions auxquelles il'est:conduit en ce qui concerne les acides 
décomposables au feu, dont il représente les formules d’une maniere qui 
ne s'accorde pas plus avec les nouvelles expériences dont ils ont été 
l’objet, qu'avec les idées auxquelles on est conduit par l'analyse de l'amy- 
late, du dextrinate, du saccharate et du gommate de plomb. ! 

» En un mot, si j'essaie de ramener le contenu de la lettre de M. Ber- 


({ 702) 

élus à une-expression générale, je: vois qu'i-faut. mettre de. côté la 
théorie des: substitutious!, C’est une regle empirique; tant qu'elle, sera 
d'accord avec l'expérience il: faudra: y'avoir égard : si quelqu'un a. voulu 
lui donner une extension qui n’était pas dans ma pensée, cela: ne, peut 
me regarder. Il reste donc, comme fait fondamental en discussion: de sa- 
voir s'il faut admettre l'existence d’acides:organiques eapables de prendre 
plusieurs atomes de, base dans:leurs sels neutres, ou s’il faut renoncer 
aux formules de ce genre: ; 

» Jusqu'ici l'expérience :sémble nous conduire à admettre que les 
acides organiques non volatils:ou beaucoup d’autres corps faisant fonc- 
tion d'acides, prennent plusieurs atomes de base dans leurs sels neutres. 
Or, cest là ‘une affaire d'expérience, et pas autre chose à mes) yeux. 

» Que M. Berzéhus, démontre. par des faits la possibilité d'expliquer la 
constitution du citrate d'argent, celle de Fémétique anhydre, celle du 
gallate de plomb, autrement qu’en admettant l'existence, de sels neutres à 
plusieurs atomes de base? Que M: Berzélius aille plus loin, et qu’il veuille 
bien nous dire pourquoi il ne saurait exister d’hydracides tels que ceux 
que nous avons admis ? Avec des faits, nous serions bientôt d'accord ; 
avec de simples assertions, rien ne saurait se terminer. 

» Je regrette vivement qu'une discussion de-ce: genre, ait été entamée 
devant l’Académie, d’une, manière, qui en a fait perdre de vue la-nature ; 
mais, je dois le répéter, il nel s’agit nullement ici d'opinions, de théories, 
il s’agit d'analyses et des formules qui en découlent immédiatement. Que 
ces formules s'accordent ou, non avec des opinions préconcues, cela n’a 
pas grande, importance; nous devons écarter:tout ce qui tient aux vues 
de l'esprit pour nous en teniraux faits. 

» 1l est un point de la lettre de M: Berzélius sur lequel l'Académie ap- 
préciera ma réserve. Mais devant une Académie qui renferme MM. Thé- 
nardi, Gay-Eussac, Chevreul-et:M: Berzélius, lui-même, les créateurs dela 
chimie organique, l’illustre chimiste suédois aurait pu, je le-pense, indi- 
quer quelque chose. d'élevé à tenter dans l'intérétde la science; mais je 
laisse à la :sollicitude de nos maitres le soin.de le découvrir, prêt à se- 


conder leurs efforts avec un, dévouement | complet aux intérêts de la 
vérité, » 


(703 ) 


so 29 DD HOTTE 5 0! 
200L0GrE. =" #iberriation des Hirendelles. = Note communiquée 
par M: LarRevi 91000 B sr 


M. Larrey,e, s’étant.pas| trouvé, à la dernière séance de l'Académie au 
moment où..il ya été, lu,une note .de M Dutrochet:; rélative à l'hiber- 
aation.des hirondelles. rappelle, \dans celle-ci, uñe,ob$ervation à ce sujet, 
qu'il a consignée dans l’histoire de ses campagnes et reproduite dans:sà 
notice sur le choléra-morbus indien, observé dans le midi de la France 
en 1835. Ci 2 5247 12192 

«IL raconte dans sa Campagne d'Italie (tome It), que,, passant à! la 
fin de l'hiver..de 1792 dans la' vallée, de, Maurienne, pour reyénir;sen 
France, il avait découvert dans une grotte, profonde d'une, montagne, 
nommée l’Airondellière (parce qu’elle est couverte d’hirondelles à l'entrée 
des hivers), une grande quantité de ces oiseaux suspendus comme un 
essaim d’abeilles dans l'un dés coins dé Ja voûte de cette grotte. Et de ce 
fait M. Larrey avait conclu que, loin d’émigrer ou de passer les. mers 
comme on l'avait cru jusque alors, les ‘hirondelles ; du moins celles de 
nos climats, hibernaient dans les antres ou. les anfractuosités profondes 
des montagnes des Alpes et dés Pyrénées.» 


2.8 4111 il 
= 


« M. Isipore Grorrroy fait remarquer qu'en communiquant à l’Aca- 
démie l'observation deNf. Hutrôchét ; 1e RPM ne présentée comme 
unique dans la science, mais, au contraire comme venané établir par,une 
preuve nouvelle et authentique, un fait ‘dont la réalité, malgré. un grand 
nombre de témoignages, est encore généralement contestée ou regardée 
comme douteuse par les ornithologistes. C’est en raison de ces doutes que 
M. Isidore Geoffroy, bien qu'il connüt depuis long-temps le passage que 
vient de rappeler M. Earréy, 4 eru'devoir, danses instructions que l’Aca- 
démie l’a chargé de rédiger, appeler de nouveau l'attention des observa- 
teurs sur la question de l'hibernätiôn ‘des’hirondélles , et qu'apres avoir lu 
avec beaucoup d'inténét pour son propre-comptesmune lettre écrite par 
M. Dutrochet, en réponse à cette demande, il a jugé utile de la livrer à 
la publicité. »  : À PROD ERPR: 288 IF A UN, 
M. Tüxpin comménce la lécture d'in Mémoire inbitulé ? | 


115144 


poire; sur la formation des  concrétions lignéuses dé la dernière , celle des 


(704 ) 
noyaux et du bois, comparées aux concrétions calcaires qui se trouvent 
sous le manteau des Arions et à l'ossification des animaux en général. 
La lecture de ce Mémoire sera continuüée dans la prochaine séance. 


M. GrorFRoY SainrHrLARE fait hommage à l'Académie d’un exemplaire 
de l'ouvrage qu'il vient de publier, sous le titre de Fragments biogra- 
phiques ; prébdiie d'Études sur . vie, si id et les doctrines de 
Bufjon. ty 3 293 i6G j ) it} ) 1 il i 


RAPPORTS. 


M. Araco continue la lecture des Instructions pour l'expédition scien- 
tifique dans l'Algérie et pour le voyage dans le nord de l’Europe ( partie 
relative à la physique du globe et à la météorologie ). 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination d’une commis- 
sion, chargée de décerner la médaille de Lalande pour l'année 1838. 

MM. Arago, Bouvard, Mathieu, Savary, Damoiseau , réunissent la 
majorité des suffrages. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 
ENromoLoGie. — Vote sur un coléoptère du midi de la France, décrit sous 
le nom de Scarabæus phosphoreus; sur un insecte qui attaque la luzerne, 


et qu'on nomme Négril dans quelques-uns de nos départements, etc.; 
par M. VALLOT. 


(Commissaires, MM. Duméril, Audouin.) 


GéomÉTRIE. — Nouvelle théorie des parallèles; par M. Bazaiwe. 
(Commissaires, MM. Lacroix, Sturm.) 
MÉDECINE. — Essai critique contre les adversaires de la contagion par 
infection, dans le cas de la peste; par M. Lerèvre. — Adressé 


d'Alexandrie, en Égypte, en date du 30 janvier 1838, et transmis par 
M. le Ministre des Affaires étrangères. 


(Commissaires, MM. Serres, Double.) 


( 705 ) 


MÉDECINE, — État nosologique des Cyclades dans l'année 1834, par 
M. Bouros. 


(Commissaires, MM. Magendie, Double.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machine cboueuse, machine destinée an 
nettoiement des routes; par M. J. CHarpor. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.) 


M. RousseL DE VAUzÈME présente, figurées en cire, les principaux organes 
internes d'un fœtus de baleine. Toutes les pièces ont été moulées sur na- 
ture. L'auteur annonce que l'examen anatomique de ce fœtus lui a fourni 
le sujet d'un mémoire qu’il soumettra à l'examen de la commission qui 
sera désignée. 


(Commissaires , MM. Magendie, de Blainville, Breschet. ) 


CORRESPONDANCE. 


puysiQue. — Sur la polarisation de la chaleur. — Lettre de M. Forprs 
à M. Arago. 


« Je vous serai obligé de faire part à l'Académie des Sciences des princi- 
paux résultats auxquels je suis arrivé récemment dans mes recherches sur 
la chaleur, et que j'ai communiqués à la Société royale d'Édimboure. 

» T. Le seul point important sur lequel nous continuons à différer, 
M. Melloni et moi, est relatif à l’inégale polarisabilité de la chaleur pro- 
venant de différentes sources ; lui ne trouvant point de différence à cet 
égard, et moi affirmant que la chaleur provenant d’une source dont la 
température.est peu élevée est moins polarisée que celle qui est accom- 
pagnée de lumière : cette proposition est exacte, je la maintiens. J'ai ré- 
pété mes expériences avec les précautions nécessaires pour éviter complé- 
tement les causes d'erreur dont M. Melloni croyait mes résultats affectés. 
Ceux que j'ai obtenus ainsi m'ont présenté, en les comparant avec les siens, 
des différences encore plus marquées. 

» Je ne.me suis pas contenté de cette confirmation, je suis parvenu à 
mettre en évidence les vraies causes de ce désaccord entre les résultats de 

C. R. 1838, 127 Semestre. (T. VI, N° 24.) 97 


( 706 ) 


M. Melloni et les miens, en prouvant que, d’après la construction des piles 
de mica qu'il emploie, lesquelles ont dix fois et peut-être vingt fois l’épais- 
seur de celles dont je me sers, la chaleur, dans l’acte de la polarisation, 
acquiert, par sa transmission à travers cette épaisseur de mica, un carac- 
tère uniforme ou normal qui fait que la différence des sources devient une 
chose à peu pres indifférente. C’est seulement en employant des piles 
d’une épaisseur très petite, eu égard au nombre de plaques, comme celles 
que je suis parvenu à construire, que l'on peut mettre en évidence les dif- 
férences caractéristiques des chaleurs provenant de différentes sources. 

» II. Au moyen de trois séries d'expériences sur la chaleur de 
différentes sources dépolarisée par linterposition de cinq épaisseurs 


: tete ie AOL 
de mica, j'ai déterminé la valeur de la fraction Togun de la formule 


de dépolarisation de Fresnel. On la trouve presque exactement la même 
pour la chaleur fournie par une lampe d’Argant, par le platine incandescent 
et par le cuivre échauffé obscur. Cette valeur diffère beaucoup de celle que 
l’on a pour la lumière, et il faut ou que o — e soit beaucoup plus petit, 
ou À (la longueur d’une ondulation ) beaucoup plus grand que pour 
le cas de la lumière. Cette dernière supposition, au reste, est rendue peu 
probable par les résultats dont nous allons parler. 

» IIL. J'ai déterminé l'indice de réfraction moyenne d’un grand nombre 
de sortes de chaleur, en observant l'angle critique de la réflexion totale 
dans des prismes de verre. Les principales conclusions auxquelles je suis 
arrivé sont les suivantes : 


» 1°. La réfrangibilité des différentes espèces de chaleur sur lesquelles 
j'ai expérimenté (onze modifications en tout) est moindre que celle des 
rayons lumineux. 

» 2°, La réfrangibilité moyenne de chaleurs provenant directement de 
différentes sources, lumineuses ou non, est à peu près la même, la cha- 
leur obscure étant quelque peu moins réfrangible. 

» 3. L'interposition des écrans de diverses natures que j'ai essayés 
( dans le nombres sont ceux de mica et de verre noir) élèvent l’indice de 
réfraction de la chaleur. 

» 4°. Le principe de ma méthode entraine la possibilité de la déter- 
mination de la dispersion. Je n’ai pas pu encore faire l'expérience avec 
toute la précision convenable, mais je crois que la dispersion est beau- 
coup plus grande pour la chaleur lumineuse que pour la chaleur obscure, 

» Tels sont les principaux résultats auxquels je suis arrivé et que je 


(707 ) 
considére comme ayant une grande importance pour la théorie de [a 
chaleur. J'espère pouvoir vous envoyer promptement le Mémoire où les 
preuves sont exposées avec tous les détails nécessaires. » 


CONGRÈS SCIENTIFIQUE. — Réunion de l'Association britannique pour l'avan- 
cement des sciences. 


M. YATss, secrétaire de la Société, écrit que la prochaine réunion aura 
lieu dans la ville de Newcastle-sur-Tyne, et durera depuis le 20 août 
jusqu’au samedi 26 inclusivement. 

« Le conseil de l’association, dit M. Yates, serait heureux d'apprendre 
que quelques-uns des savants français se proposent d'assister à cette 


réunion. » 
CHIRURGIE. — Æxpériences sur l’oblitération des veines. 


M. Davar prie l’Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet 
cacheté dont il a fait le dépôt le 24 janvier 1831. 

Le paquet est ouvert et contient deux notes : l'une concernant des re- 
cherches commencées sur l'introduction de corps étrangers dans la cavité 
des veines et des artères, mais sans aucun détail sur le procédé opératoire 
ni sur les résultats; l’autre sur l'oblitération des veines, au moyen d’une 
aiguille qui traverse le vaisseau de part en part en deux points de sa 
continuité. 


M. Dusreuiz annonce la mort de M. Ducis, professeur à la Faculté 
de Médecine de Montpellier, et correspondant de l’Académie pour la 
section d'anatomie et de zoologie. 


M. pr Grécory adresse quelques détails relatifs à des expériences qu'il 
a faites au mois de septembre 1837, sur les eaux thermales d'Aix, en 
Savoie. 


M. Korirsxy adresse quelques réflexions sur les nuages parasites. 
À 5 heures moins un quart l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. F. 


97. 


( 708 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 1° semestre 1858, n° 20, in-4°. 

Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1837, 1 vol. in-4°. 

Notice sur l'Épidémie du Choléra-Morbus indien qui a régné dans les 
ports méridionaux de la Méditerranée et dans toute la Provence, pendant 
les mois de juillet ef d'août 1835; par M. le baron Laney ; in-8°. 

Fragments biographiques, précédés d'Études sur la vie, les ouvrages et 
les doctrines de Buffon; par M. Grorrrox Sanr-Hiraire; 1858, in-8°. 

Notice sur les Mines d'asphalte , bitume et lignites de Lobsann (Bas- 
Rhin); par M. le vicomte Héricanr De Tuury; in-8°. 

Opuscule sur la cause et la contagion de la Peste; janvier 1837; par le 
docteur Lerëvre ; Alexandrie, in-8°, 

De M. le docteur Burarp et de la Peste; août 1837, par le même ; in-8°. 

Essai critique contre les adversaires de la contagion par infection ap- 
pliquée à la peste ; par le même ; in-8?. 

Teletatodydaxie ou Télégraphie électrique; par M. Huserr ; Rey, in-8°. 

Supplément au Mémoire sur les Musaraignes ; par M. Doveroy; in-4°. 

Tableau des ordres, des familles et des genres de Mammifères ; par le 
même ; in-4”. 

Mémoires sur les coquilles fossiles lithophages des terrains secondaires 
du Calvados; par M. Euvss Desconccuawrs ; Caen, in-/°. 

Canal de Provence.—Examen du projet Bazin adressé à M. le conseil- 
ler d'État, Directeur-général des Ponts-et-Chaussées et des Mines; par 
M. le comte pe Vrizeneuve et M. Gexparme DE BEvorTE ; Marseille, in-4°. 

Voyage en Islande et au Groënland sous la direction de M. Gaimarn.— 
Géologie et Minéralogie; par M. Evcèwe Rorerr ; Atlas in-8°, 1838. 

Des Éléments, de leurs effets dans l'univers , etc., nouvelle édition par 
M. Prurr; 1838, in-8°. 

Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; tome 122, avril 
1838, in-8°. 


( 709 ) 

Mémoires de la Société d Agriculture, Sciences , Arts et Belles-Lettres 
du département de l'Aube; n° 62—64, 2°, 3° et 4° trimestre 1837, in-8°. 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle; n° 4, avril 1838, in-8. 

Cours complet d'Agriculture; tome 16, in-8, et 16 livraisons de plan- 
ches in-8°. 

Recueil de la Société Polytechnique sous la direction de M. 0e Mozion ; 
avril 1838, in-80. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 7° année, 
15—530 mai 1838, in-8°. 

Bibliographie universelle; 3° livraison, mars 1838, in-8e. 

Vers à Soie.— Tableau synoptique publié sous les auspices du Ministre 
du Commerce et de l'Agriculture; par M. Bruner ve LacranGe. (Tableau.) 

Bryologia Europæa seu genera muscorum Europæorum monographicèe 
illustrata; par MM. Bruca et W.-P, Sonimrer, livraisons 2—/ ; Stuttgardt, 
1838, in-4°. 

Memorie della.... Mémoires de Mathématiques et de Physique de la 
Société Italienne des Sciences résidante à Modène ; tome 21. Partie Phy- 
sique ; Modène, 1837, in-4°. 

Journal des Sciences physiques, chimiques et Arts agricoles et industriels 
de France; par M. Jura ne FoNTENELLE ; avril 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 20 , in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 58—60, in-4°. 

L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 335, in-4°. 

La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 5. 

L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n° 39—40, in-8. 

Dictionnaire classique des Sciences naturelles ; par M. Davrrz. 
(Prospectus.). 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 28 MAI 4838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL, 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur la différence qu'offrent les tissus 
cellulaires de la Pomme et de la Poire; sur la formation des concré- 
tions ligneuses de la dernière, celle des noyaux et du bois, comparées 
aux concrétions calcaires qui se trouvent sous le manteau des Arions (1), 
et à l'ossification des animaux en général; par M. Turrin. 


PREMIÈRE PARTIE. 


« Tout en étant frappé des nombreuses ressemblances et de l’intime 
parenté qui lient si étroitement le Pommier et le Poirier, chacun de nous 
cependant les distingue aussi nettement que s'ils appartenaient à des 
familles végétales très éloignées. 


(a) Le genre Arion, formé par de Férussac avec quelques Limaces, comprend les 
espèces suivantes : Arion Empyricorum, A. albus, A. subfuscus, 4. melanocephalus , 
A. fuscaius, et 4. hortensis. 


C. R. 1838, 1°r Semestre, (T.VI, N° 29.) 98 


(712) 

» Tout le monde sait voir que le Poirier, comparé au Pommier, est 
plus mâle, plus vigoureux; que sa taille est plus grande, sa forme pyra- 
midale et altière; que ses feuilles, plus longuement pétiolées, sont en 
même temps plus lisses, plus coriaces, peu sujettes à être mangées par 
les insectes, et presque toujours ployées en gouttières, et à peine den- 
ticulées en leurs bords; que ses fleurs, qui précèdent celles des Pom- 
miers d’une quinzaine de jours, sont blanches (1), portées sur de longs 
pédoncules, et rassemblées en bouquets plus lâches ou moins serrés que 
ceux des Pommiers; que ces fleurs ont des étamines plus étalées et des 
styles lisses, libres ou isolés jusqu’au fond de la cavité de la fleur; que 
les fruits, qui succèdent à ces fleurs, ont une queue longue qui ne s’im- 
plante point dans une cavité, mais qui semble s’épaissir graduellement 
sous la forme allongée de la poire, forme si connue que dans mille au- 
tres cas nous appelons pyriforme , comme moyen de comparaison. Cette 
forme si caractéristique de la poire offre quelques exceptions; on en 
voit de globuleuses (2) et une variété dont je parlerai tout-à-l’heure, qui, 
étant isolée de son arbre, a absolument la forme et tout l'aspect d’une 
pomme. 

» Les racines du Poirier, soumises à la même puissance d’extension 
que les rameaux du système aérien, ont aussi une grande étendue per- 
pendiculaire; elles s’enfoncent profondément et exigent, par ce besoin, 
une épaisseur de terre bien plus considérable que les racines du Pom- 
mier, beaucoup plus étalées. 

» Le bois du Poirier, quoique ayant les plus grands rapports avec celui 
du Pommier, est plus serré, plus solide, a le grain plus fin, et doit être 
préféré pour la durée et les travaux qui demandent un grand fini dans leurs 
détails. 

» Le Pommier, qui semble être la femelle du Poirier, a une taille moins 
élevée; son port est plus humble, sa forme abaissée est arrondie en 
demi-sphère, et ses rameaux ont une tendance à s’incliner; sa feuille, 
portée sur un pétiole court, est velue, plus étoffée, plus dentée, mais 
aussi plus tendre et plus souvent dévorée par les insectes. 

» Les fleurs, rassemblées en bouquets serrés, sont grandes, et leurs 
pétales étalés sont presque toujours teints en partie d'un rose très vif; 


(1) Sauf un très petit nombre de variétés, dont le bord des pétales est teint d’un peu 


de rose. 
(2) Exemple, l’Orange rouge et quelques autres. 


(758) 


leurs étamines, au lieu d’être ouvertes et lisses comme celles des Poiriers, 
sont velues et rapprochées en faisceau , de maniere à embrasser et à ca- 
cher les styles qui, contrairement à ceux des Poiriers , sont velus et soudés 
dans leur partie inférieure (x). 

» Les fruits, le plus souvent arrondis où pommiformes, mais aussi 
quelquefois allongés, ou d’autres fois déprimés ou aplatis sur leur axe, 
se distinguent de ceux du Poirier par une queue plus courte implantée 
dans une cavité, et par un œil terminal souvent entouré de cinq bosse- 
lettes plus ou moins proéminentes (2). 

» Les racines du Pommier, de même que le système aérien s'élève peu 
et s'étale beaucoup, restent pour la plupart près de la superficie du sol ; 
aussi le Pommier peut-il vivre dans une terre peu profonde, et là où le 
Poirier, dont les longues racines ont besoin de s'étendre verticalement ; 
périt en peu d’années. De la direction naturelle des racines de ces deux 
espèces d’arbres fruitiers , il en résulte que le Poirier se fixe solidement 
‘au sol, tandis que l’on voit souvent les Pommiers être défacinés et ren- 
versés sur la terre par le vent. Le bois de ceux-ci, moins solide et sur- 
tout moins élastique que le bois du Poirier, fait que ces arbres se déchi- 
rent souvent lorsqu'ils sont exposés aux coups de vent (3). 

» J'ai dit plus haut que je parlerais d’une variété de Poire dont tout 
l'aspect est celui d’une Pomme. Étant allé en Normandie pendant les 
années 1806 et 1807, pour y étudier parmi les Pommes à cidre et les 
Poires à poiré, celles qui par leur beauté et leur bonne qualité, pou- 
vaient être admises dans nos jardins, sur nos tables, et faire partie du 


r 7 — 


(1) Ge caractère des cinq styles libres dans toute leur longueur chez les fleurs des 
Poiriers , et soudés par leur partie inférieure chez celles des Pommiers, est en rapport 
ayec la différence d’énergie vitale qui a lieu entre ces deux sortes d’arbres. 

La désoudure des parties de la fleur, chez les végétaux, est toujours un signe ou un 
acte de plus grande vigueur. C’est ainsi que j’ai observé que toutes les corolles ordi- 
nairement monopétales du Cobæa scandens étaient devenues polypétales sur un 
individu qui végétait outre mesure. ( J’oyez ce que j'ai dit de ce cas de végétation, 
dans mon Æsquisse d'Organographie végétale, placée en tête du grand Ætlas des 
OEuvres d'Histoire naturelle de Goethe, 1837, page 70.) 

(2) Dans l’Api étoilé, dont la forme est pentagone, chacune des cinq saillies du fruit, 
en s’élevant autour de l’œil, y produisent autant de bosselettes très prononcées. (Pour. 
et Ture., Arbr. fruit., t. V, pl. 6.) 

(3) Le tronc d’une espèce de Pommier à cidre, cultivé dans les environs d’Alençon, 
se tord constamment et invariablement dans le même sens, de la même manière que 
cela se voit chez les vieux troncs de Grenadiers qui ornent nos jardins publics. 


98.. 


( 714) 


Traité des Arbres fruitiers dont nous nous occupions alors, M. Poiteau et 
moi, je rencontrai une Poire qui avait entierement la forme d’une Pomme. 
Une seule chose pouvait la démasquer et la faire reconnaitre : c'était son 
poids, qui, par une exception de plus, se trouvait être plus grand encore 
que dans les Poires ordinaires. Cette Poire pommiforme ressemblait, à 
s’y méprendre, à une Pomme de reinette grise. Jen rapportai quelques 
individus à Paris, que je présentai à la Société Philomatique. M. Dupetit- 
Thouars, qui assistait à cette séance, crut d'abord, comme tout le monde, 
que c'étaient des Pommes, et il ne fut détrompé que lorsque je lui en mis 
une dans la main, et qu'il en sentit le poids, fort différent de celui d'une 
Pomme. 

» L'arbre qui produisait constamment ces Poires pommiformes avait 
aussi un aspect qui l’éloignait des Poiriers et le rapprochait des Pom- 
miers; son port était plus étalé, ses rameaux plus divergents , ses feuilles 
velues et plus dentées. Je n’ai point vu les fleurs. 

» La différence de poids qu'offrent les Pommes et les Poires est en° 
core un caractère qui les distingue, assez nettement. On sait que, gé- 
néralement, les Poires tombent au fond de l’eau , tandis que les Pommes 
nagent. Ce qui rend la Poire plus pesante, c'est, d'abord, la présence 
des nombreuses concrétions pierreuses qu’elle renferme; c’est ensuite un 
nombre plus considérable de vésicules dans la composition de son tissu 
cellulaire ou de sa chair; c'est encore à une plus grande quantité d’eau 
et, par conséquent, moins d'air dans ses vésicules. 

» Ce qui rend, au contraire , la Pomme plus légère, c’est l'absence 
totale de concrétions pierreuses, ce sont des vésicules plus grandes, pour 
lors moins nombreuses, moins multipliées, et enfin contenant moins d’eau 
et plus d’air. De là cette autre différence entre la densité de la chair de 
ces deux sortes de fruits. La Pomme, plus sèche, plus spongieuse, n'est 
jimais fondante comme le sont certaines variétés de Poires. 

» À l'exemple de ces inimitiés, d'autant plus grandes qu’elles ont lieu 
entre plus proches parents, le Pommier et le Poirier s'unissent peu ou 
point par la greffe (1). 


(1) Tous les essais de greffe tentés entre ces deux espèces d’arbres, n’ont jamais eu 
qu’une très faible réussite et d’une assez courte durée. La greffe, mal collée sur le 
sujet, y a toujours langui et y a toujours péri avant d’être en état de fleurir et de 
fructifier. 

Il existe cependant, en ce moment, un exemple de cette greffe qui date de six ans, 


(719 ) 

» En admettant les fécondations vagabondes chez les végétaux, cette 
antipathie se montre encore bien plus prononcée dans le refus opiniätre 
que manifestent ces deux espèces d’arbres à se féconder mutuellement, 
de manière à produire des mulets ou des hybrides, qui consisteraient en 
Pommes-poires ou en Poires-pommes. C’est ce que l’on ne voit jamais 
malgré l’habitation commune dans laquelle vivent pêle-mêle les Poiriers et 
les Pommiers, et la facilité qu’ils auraient à se livrer à ces sortes d’écarts 
ou de libertinage. 

» Les monstruosités qui se présentent chez les fruits des Poiriers et 
ceux des Pommiers, offrent encore une différence extrêmement remar- 
quable, que j'ai déjà fait connaître ailleurs et où j’en dis la cause (a). 

» La monstruosité des Poires consiste toujours dans une proliférie, c’est- 
à-dire dans le développement successif de plusieurs Poires les unes au- 
dessus des autres, tandis que celle des Pommes n’a lieu que par des fruits 
plus ou moins greffés côte à côte (2). 

» Beaucoup d’autres caractères, soit distinctifs, soit d’analogies, éloignent 
ou rapprochent les Poiriers des Pogmiers. 

» Si la feuille du Poirier est plus coriace, si elle est moins dévorée par 
les insectes que celle du Pommier, elle a aussi ses ennemis particuliers. 
L’Æcidium cancellatum (3), si remarquable dans sa structure, qui nait 


et qui, sans être bien vigoureuse, produit des fruits. La greffe, dirigée en quenouille, 
est un Poirier de Doyenné enté très bas, et à quelques pouces au-dessous du sol, 
sur un Pommier doucin ; quelques drageons partant du sujet attestent sa nature. La 
quenouille a produit quelques beaux fruits. 

Ge cas extraordinaire, qui a dû son existence jusqu’à ce jour à ce que l’union des 
deux espèces est très près du collet du sujet, se trouve à Saint-Denis, dans les pépinières 
de M. Henri Cordonnier , où il a été examiné avec tout le scrupule qu’exigeait un sem- 


blable fait. (Ann. d'Hort., tome XXI, page 184.) 
{1) Esquisse d'Organographie végétale, Atlas des OEuvres d'Histoire naturelle de 


Goethe, page 68. 

(2)Je ne connais qu’une exception, c’est celle qu’offre constamment la Pomme-Fipue 
(Malus apetala), dans la singulière structure de laquelle se trouvent trois fruits emboîtés 
à la manière des tubes d’une longue-vue fermée. ( Voyez la description détaillée que 
j'ai donnée des organes de la fleur et de ceux de cette singulière Pomme, dans mon 
Esquisse d Organographie végétale, Allas des OEuvres d'Histoire naturelle de Goethe, 
page 68.) 

(3) Ræstelia cancellata, Reb. De même que pendant long-temps on à attribué au 
voisinage de l’Épine-Vinette la cause, l’origine et le développement de la rouille des 
blés (Uredo rubigo-vera), soit par une sorte d'ensemencement des vésicules polliniques 


( 716) 


et s'élève sur la face intérieure, vit à ses dépens en laissant au-dessous 
une tache orangée; le Cladosporium fumago, autre végétal parasite et 
microscopique , qui apparaît à la face extérieure de la feuille sous la forme 
d'un grand nombre de taches noires ou fuligineuses. Cette production, qui 
attaque plus particulièrement les feuilles du Poirier Doyenné, s'établit et 
tache, en même temps, la surface des fruits, ce qui les déprécie beaucoup 
sans que cela nuise cependant à leur bonne qualité. On ne peut s'empêcher 
ici de remarquer que la face extérieure des feuilles, la seule qui sert de 
territoire à ces petits végétaux , correspond exactement avec celle des 
feuilles du verticille quinaire qui s'offre à la surface du fruit. 

» Les Tigres, petits insectes ailés, mouchetés de gris, de brun et de 
violet, en se fixant sur la feuille des Poiriers, surtout du Bon-Chrétien 
d'hiver en espalier, en sucent le parenchyme, laffament, lui donnent 


des fleurs du Berberis, soit par une dégénérescence de l ÆÆcidium qui attaque fréquem- 
ment les feuilles de cet arbuste, M. Eudes Deslongchamps, dans ces mêmes idées de 
voisinage et d’inoculation , a fait connaître ghelques observations qui tendraient à faire 
croire que le pollen abondant d’un fort pied de Sabine (Juniperus sabina), planté près 
d’un grand nombre de Poiriers, leur communiquait lÆÆcidium cancellatum, et que 
ce parasite devenait plus rare à mesure que les Poiriers étaient plus éloignés de la Sabine. 
De cette même source d'infection, suivant M. Eudes Deslongchamps, c’est-à-dire des 
mêmes germes, seraient encore résultées d’autres forines et par conséquent d’autres ve- 
gétaux, comme par exemple l’Uredo pinguis, D.C., sur les feuilles de plusieurs variétés 
de Rosiers, plus encore une autre production à la face inférieure des feuilles de vigne, 
qui est l’Erineum witis, sorte de petit Bédéguard dû à la surexcitation, par place, des 
poils normaux qui deviennent monstrueux. 

Toutes ces productions, qui ne sont que des dégénérescences des organes élémen- 
taires des tissus propres des feuilles ou des tiges dans lesquelles et sur lesquelles on les 
voit se développer, dégénérescences dues à des causes d’excitation, sont toujours favo- 
risées par les abris, l'humidité et la diminution de l’air et de la lumière. Il me paraît 
donc tout simple qu'après le pied de Genévrier abattu, les feuilles des Poiriers et autres 
plantes voisines se soient trouvées saines et dégagées de toutes ces excroissances tissu 
laires montrueuses. 

Dans une campagne près de Paris, que j'ai habitée pendant quelques années, la terre 
y est forte, compacte, froide et retient l’eau. Je n’ÿ ai jamais aperçu qu'un seul pied 
d’Épine-Vinette, et cependant les blés y sont couverts de rouille. Mon jardin, bourre 
d’arbres fruitiers qui se gènaient mutuellement, en entretenant parmi eux une grande 
humidité et en se privant réciproquement de l'air et de la lumière, ne contenait aucune 
espèce d’arbres verts, et pourtant les feuilles des Poiriers étaient couvertes d’Æcidiim 
cancellatum , et les feuilles de mes raisins blancs étaient toutes attaquées en-dessous 
soit par V’Erineum vitis, soit par le 7'orula dissiliens, Duby. 


(717) 
l'aspect d’un bronzé sale, ce qui finit par épuiser l'arbre et le faire 
périr. 

» On sait que le Gui (1), la seule plante parasite appendiculée de notre 
pays, germe et végète en rayonnant dans tous les sens sur les branches 
du Pommier. On sait aussi que plus les Pommiers sont vieux, faibles ou 
malades, plus ils sont infestés de ce parasite incommode qui, en se mul- 
tipliant de plus en plus, les affame et finit par les tuer. Ce que l’on sait 
moins, c'est que les Poiriers n’en montrent jamais, tandis que d’autres 
arbres de genres et de familles très éloignés, tels que des Épines (2), 
des Acacias (3), des Peupliers blancs de Hollande (4), des Chênes, etc., 
en sont quelquefois couverts. D’où peu venir cette antipathie du Gui pour 
le Poirier? Vient-elle d’une qualité de sève qui ne convient pas au para- 
site, ce qui parait le plus probable, ou le Poirier, plus vigoureux que le 
Pommier, repousse-t-il le Gui, ce qui est moins probable, car les vieux 
Poiriers languissants finiraient par en recevoir. 

» Je terminerai enfin ces nombreuses différences , entre deux arbres qui 
d’ailleurs offrent tant de ressemblances , par celle qui existe dans la qua- 
lité particulière de leur sève, ce qui fait que les Pommiers peuvent être 
mortellement infectés du Puceron lanigère (5) lorsque les Poiriers en sont 
toujours exempts. Je rappellerai aussi que, quant à la saveur des fruits, 
l'acidité appartient plutôt aux pommes qu'aux poires (6). 

» Deux arbres tout-à-la-fois si caractérisés et si semblables (7) devaient 
tenir les auteurs systématiques divisés et dans une fluctuation d'opinion 
relativement à la formation, bien peu importante, d’un ou de deux genres. 
Aussi at-on vu Tournefort, Jussieu, Lamarck, Duhamel, Desfontaines et 
de Candolle admettre la validité des genres Pyrus et Malus, tandis 


—————— "TT TT 

(1) Fiscum album, Linn. 

(2) Mespilus oxyacantha, Gærtn.. 

(3) Robinia pseudo-acacia, Linn. 

(4) Populus alba. 

(5) Myzoxylon du Pommier. 

(6) L’acidité des Poires, susceptibles de développer cette saveur, est-elle diminuée 
ou entièrement absorbée par les concrétions pierreuses, comme le pensait Grew ? 

.(7) Un petit caractère qui rapproche encore les Pommiers des Poiriers, consiste dans 
la couleur rouge dont se teint la chair des Passe-Pommes, des Calvilles rouges et des 
Poires désignées sous le nom de Sanguine d'Italie, avec cette légère différence que c’est 
près de la peau chez les Pommes et près des loges chez les Poires, que la couleur rouge 
est la plus in!ense, 


(718) 


que Linnée, Willdenow, Persoon, de Candolle (1) et Lindley , mus par 
d’autres sentiments, ne reconnaissent que le seul genre Pyrus. 

» On doit s'étonner que ceux des auteurs qui avaient intérêt à distinguer 
et à caractériser les genres Pyrus et Malus, qui devaient les étudier avec 
soin sous le rapport de toutes leurs différences, s’en soient tenus seulement 
à la soudure dela partie inférieure des cinq styles, à leur villosité (2), à la 
forme sphéroïde du fruit, et à sa queue implantée dans une cavité, carac- 
teres qui, vu leur peu d'importance organique, s’effacent quelquefois com- 
plétement , et qu’ils aient négligé celui, très constant , de la présence ou 
de l'absence absolue des concrétions pierreuses qui, comme on va le voir, 
en détermine un autre des plus curieux et des plus inattendus. 

» M. de Mirbel, dans son savant rapportsur un manuscrit de M. deTris- 
tan (3), dit : « Les éléments organiques sont, à peu de chose près, sem- 
» blables dans la plupart des espèces monocotylédonées ou dicotydonées, » 
Je fus frappé de la justesse et de la profondeur de cette assertion, car il est 
très vrai que de l’analogie plus ou moins grande qui existe entre les formes 
et les divers arrangements des organes élémentaires, dont sont formées les 
masses tissulaires végétales , dépendent les formes si variées de tous les or- 
ganes extérieurs des plantes; formes qui ne sont que les effets obligés 
d’une cause plus profonde qui se trouve dans la nature, l’ordre ou la com- 
binaison des vésicules et des tubes des tissus. Mais aussi cela me fit sou- 
venir, en même temps, d'une grande et très remarquable exception à cette 
règle générale. 

» On a vu combien sont grands les rapports de ressemblances qui 
existent entre le fruit de la Poire et celui de la Pomme. On devait croire 
que des structures aussi semblables et des formes aussi rapprochées, de- 
vaient être subordonnées, ou le résultat d'organes élémentaires pareils et 
combinés de la même manière. 

» Eh bien! il en est tout autrement, jamais dissemblance ne fut plus 
grande. 


(1) L’illustre professeur de Genève n’admet plus le genre Malus que comme une sec- 
tion du genre Pyrus. 

(2) Les styles n’étant que le prolongement de la nervure médiane des feuilles ova- 
riennes , ceux des fleurs des Pommiers, dont les feuilles sont velues , doivent conserver 
ce même caractère de villosité, tandis que ceux des fleurs des Poiriers, dont les feuilles 
sont lisses, doivent également être dépourvus de poils. 

(3) Harmonie des organes végétaux étudiés principalement dans l’ensemble d'une 
même plante , Comptes rendus, séance du 29 janvier 1838, pag. 135—136. 


(719) 

» Le tissu cellulaire de la Pomme, celui qui en forme la chair ou la partie 
mangeable, comme tous les tissus cellulaires végétaux, se compose d’une 
grande quantité de vésicules distinctes, simplement agglomérées, vivant 
et végétant chacune pour son compte, de grandeur variable dans la même 
Pomme, et d'autant plus grandes en général, que ces fruits sont plus 
gros et plus légers. Ces vésicules, incolores et transparentes, s’alte- 
rent d'autant plus dans leur sphéricité naturelle et primitive qu’elles ont 
manqué de l’espace nécessaire à leur développement individuel. Dans leur 
intérieur se trouve une globuline également incolore, ou en d’autres 
termes, une nouvelle génération de jeunes vésicules variables en diamètre 
et qui, quelquefois, en continuant de végéter et de croître dans le sein 
de la vésicule maternelle, finit par remplir toute la cavité de celle-ci. 
La nouvelle génération, quoique prenant un grand accroissement, reste 
stérile; elle ne montre jamais une troisième génération dans l’intérieur 
de ses vésicules, comme on l’observe parfois dans des tissus cellulaires 
plus énergiques ou moins épuisés que celui de la Pomme, dans lequel 
toute force végétative arrivée à son dernier terme est évanouie. 

» Toutes ces vésicules , insipides par elles-mêmes, comme autant d’outres 
particulières, contiennent une eau plus ou moins abondante, et dans la- 
quelle réside la saveur acide, sucrée ou amère, qui se fait sentir dans 
chaque variété de Pommes. La grandeur moyenne de ces vésicules est 


d'environ & de mill. 


» Comme on le voit, le tissu cellulaire de la chair des Pommes est en- 
tièrement semblable à celui de tous les autres végétaux et particulière- 
ment à ceux qui sont lâches et aqueux, et dans Jesquels les vésicules, 
jouissant de l’espace, se sont peu gênées mutuellement. On n’y rencontre 
jamais ni cristaux, ni concrétions pierreuses. È 

» Le tissu cellulaire de la Poire offre, contre toute attente, une consti- 
tution aussi élégante qu’elle est extraordinaire, et probablement très rare 
dans le règne végétal. 

» Si l’on étudie ce tissu naissant dans un ovaire ou même dans une très 
jeune Poire, on le trouve formé de très petites vésicules contiguës et déjà 
remplies de nombreux globulins. Ce jeune tissu est entièrement comparable 
à celui, également naissant , qu’on appelle Cambium. Peu de temps après, 
lorsque la Poire a atteint environ la grosseur d’une petite noix, on com- 
mence à s’apercevoir que cà et là il se forme de petits noyaux qui se mul- 
tiplient, grossissent un peu, deviennent plus opaques et s’endurcissent, 

C. R. 1838, 1r Semestre, (T, VI, N° 22,) 99 


( 720 ) 

Ce sont ces petits noyaux qui, assez régulièrement répartis dans tout le tissu 
cellulaire de la chair des Poires, sont désignés sous le nom de roche ou 
de pierre. Toutes les poires en sont plus ou moins pourvues, et les par- 
ties qui en contiennent le plus sont celles qui touchent immédiatement 
l'épiderme, et celles plus centrales qui avoisinent l'axe ligneux (1) du 
fruit, depuis l'insertion de la queue jusque près de l'œil formé par les 
rudiments séchés de la fleur. Là elles sont plus grosses et plus nombreuses 
que sous l'épiderme, et elles semblent, par leur assemblage et leur répé- 
tition, une sorte d'enveloppe ou de noyau osseux autour des cinq loges 
ou des cinq carpelles cartilagineuses du fruit. 

» Les Poires les plus avantageuses à étudier sous le double rapport de 
la formation des concrétions pierreuses et de la singulière disposition des 
vésicules du tissu cellulaire, sont celles de Saint-Germain et d'Angleterre, 
parce que leurs pierres sont grosses, leur tissu plus lâche et plus aqueux, 
ce qui rend plus facile l'isolement des parties pour être plus commodé- 
ment soumises au microscope. 


Analyse microscopique. 


» J'ai dit, il y a un instant, que le tissu cellulaire d’un ovaire ou d’une 
très petite Poire était régulier; c'est-à-dire qu’il se composait, comme tous 
les tissus cellulaires végétaux, de vésicules agglomérées, plus ou moins 
remplies d’une jeune globuline, et qu'il n’offrait encore aucune trace de 
concrétions pierreuses. C’est donc en continuant de se développer que les 
pierres apparaissent successivement, et que le tissu cellulaire subit, en 
même temps, la plus curieuse des métamorphoses. 

» Si l’on porte sous le microscope armé du grossissement de 250 fois 
environ de petites tranches de tissu cellulaire prises dans une Poire mûre, 
soit de Saint-Germain, soit d'Angleterre, ou de toute autre espèce, on 
ne pourra s'empêcher d'admirer l’élégante disposition de ce tissu. On verra 
d'abord que les pierres qui paraissent simples à l'œil nu, sont assez gran- 
dement espacées et qu’elles se composent d’un nombre très variable de 
corps cristalloïdes, agglomérés en sphéroïdes plus ou moins réguliers, opa- 
ques ou semi-transparents, marqués au centre d’une sorte d’ombilic 
punctiforme ou discoïde, d’où rayonnent un grand nombre de petites 
rides qui se multiplient à mesure qu’elles s'étendent vers la circonférence. 


(r) Prolongement du faisceau fibreux de la queue dans le fruit, qui s’ouvre ensuite 
et enveloppe les cinq carpelles cartilagineux. 


(721) 


Ces corps ou ces petites pierres particulières, toujours anguleuses, tou- 
jours aplaties, sont quelquefois intimement soudées, de manière à pa- 
raître comme si elles étaient munies de plusieurs ombilics, et leur agglo- 
mération sphéroïde rappelle parfaitement celle des véritables cristaux qui 
se forment dans les vésicules des tissus cellulaires des Cactées et des Rhi- 
zomes, des Rhubarbes. 

» Autour de ces sphéroïdes, composés de petites pierres agrégées, 
rayonnent dans tous les sens un grand nombre de vésicules allongées en 
massue, tubuleuses, le plus souvent simples; mais aussi quelquefois comme 
articulées ou comme formées du plusieurs vésicules développées à la suite 
les unes des autres. Ces vésicules tubuleuses et rayonnantes, variables en 
forme et en longueur, s'étendent autant que l’espace produit entre chaque 
agglomération pierreuse le permet, et jusqu’à la rencontre mutuelle des 
rayonnances voisines où il se fait opposition. Transparentes, molles et in- 
colores, elles contiennent l’eau de la Poire et vers leur extrémité des gra- 
nules fins, ou une globuline avortée. Semblables aux utricules succulents 
des Oranges et de toutes les vésicules des tissus cellulaires aqueux, ce sont 
elles qui forment ce que l’on appelle la chair ou le parenchyme dans ces 
sortes de modifications. 

» D’après ce qui vient d’être dit, on voit que la chair de toutes les 
Poires est une masse formée par agglomération et par développements 
partiels, d’un nombre considérable de sphéroïdes rayonnants, lesquels, 
vus au microscope , simulent admirablement autant de fleurs radiées, dont 
le centre ou le disque, plus coloré , serait formé par les pierres agglomé- 
rées, et les fleurons de la circonférence par les vésicules aqueuses et al- 
longées. Rien ne ressemblerait plus à des Marguerites, que ces sphéroïdes 
rayonnants , si les vésicules divergentes, au lieu de partir de tous les points 
du pourtour du noyau central, n’émanaient seulement que latéralement, 
comme je les ai figurées dans l'intention d’être plus clair. 

» Dans les Poires à chair cassante, comme celle du Messire-Jean, par 
exemple, les rochers ou les agglomérations de petites pierres sont infini- 
ment plus nombreux que dans les Poires à chair fondante; de là des vé- 
sicules rayonnantes moins allongées , et de là, par conséquent, le caractère 
cassant de ces tissus et celui plus élastique des tissus fondants. 

» Lorsqu'on enlève l'épiderme d’une Poire mûre de Messire-Jean , on voit 
immédiatement au-dessous une couche mince qui se compose d’une infinité 
de petits globules fauves ou roussâtres qui semblent comme un sable fin ré- 
pandu avec assez d'ordre à la surface de la chair. Chacun de ces globules, 


( 722 ) 
vu au microscope, est un petit rocher formé de pierres roussâtres, semi- 
transparentes et entouré, comme ceux que j'ai déjà décrits, de vésicules 
incolores, rayonnantes, simples ou composées de deux articles. C’est à ka 
couleur roussätre des rochers et à leur très grand nombre qu’est due cette 
même couleur qu'offrent à l'extérieur les Poires de Messire-Jean, dont 
l'épiderme par lui-même est transparent et sans couleur. 

» Sous l’épiderme d’une de ces Poires j'ai trouvé, une fois, un assez 
grand nombre d’Acarus dont le corps ovoïde, muni de pinces ramassées en 
museau et de quatre soies postérieures, n’offrait, chose remarquable, 
que quatre pattes articulées et terminées par un seul ongle légèrement 
arqué, jeunes individus qui attendaient leur mue pour prendre leurs huit 
pattes. 

» À mesure que l’on pénétrait dans la chair de ces Poires, les rochers 
à vésicules rayonnantes devenaient plus gros, plus composés, mais aussi 
plus rares ou plus espacés, et les fleurs radiées, par conséquent , plus 
grandes. Vers le centre et dans le voisinage des loges ils étaient plus nom- 
breux et formaient, comme je l'ai déjà dit, une sorte de capsule pier- 
reuse. 

» Ayant poussé mes recherches microscopiques sur la disposition ou 
l'arrangement des vésicules des tissus cellulaires de quelques fruits ana- 
logues à ceux de la Poire, tels que le Coing et la Nèfle, j'ai trouvé que 
toute-la masse charnue ou pulpeuse de ces deux sortes de fruits était ab- 
solument, comme dans les Poires, composée de sphéroïdes florifères for- 
més également d’un centre pierreux et de vésicules rayonnantes; mais 
offrant, dans leurs parties composantes, des modifications de forme dont je 
vais parler. 

» Malgré les analogies qui existent entre la Poire, le Coing et la Nefle, 
ces trois fruits présentent des différences extrêmement remarquables. Les 
Poires résultent d’une inflorescence disposée en bouquet, de manière à ce 
que chaque fleur et par suite chaque fruit est latéral, tandis que les 
Coings et les Nèfles, toujours solitaires, terminent un scion (1). Dans ces 
trois sortes de fruits charnus, le centre est également occupé par cinq 
loges ou carpelles qui correspondent avec le même nombre de styles; mais 
ces loges ou carpelles, cartilagineuses dans la Poire et le Coing, sont os- 


(1) La Poire, née à l’aisselle d’une feuille rudimentaire, provient d’un bourgeon la- 
téral et axillaire, tandis que le Coing et la Nèfle résultent d’un bourgeon terminal. 


( 723 ) 

seuses dans la Nefle, et contiennent dans leur intérieur un nombre de 
graines très variable suivant les espèces. Dans celles de la Poire et de la 
Nèfle elles sont originairement au nombre de deux, situées l’une au-des- 
sus de l’autre, tandis que dans le Coing, comme dans les Citrons, chaque 
loge contient de douze à quarante graines superposées et enduites d’une 
prétendue matière mucilagineuse qui, vue au microscope, est parfaite- 
ment organisée, et consiste en des sortes de poils ou de papilles cunéifor- 
mes, d'une transparence égale à celle de l'écume d’eau et qui, enfin, 
émanent par extension de la face extérieure (1) de la feuille ovulaire, de- 
venue brune et cartilagineuse dans la maturité de la graine (2). 

» Dans le Coing, comme dans la Poire, toute la masse charnue est for- 
mée, par contiguité, d’une innombrable quantité de sphéroïdes florifères 
qui ne différent de ceux des Poires que : 1° par les roches particulières 


ee ——_—_—— —…——— — .— ———_—_—_.—_…—… 


(1) Cette face est la même que celles qu’offrent à l’extérieur du fruit les cinq feuilles 
verticillées et soudées, et celle extérieure des feuilles caulinaires, toutes également cou- 
vertes de poils ou comme drapées. 

Les pepins de Pommes et de Poires onctueux au toucher doivent ce caractère au déve- 
loppement à leur surface, d’un grand nombre de papilles ou de poils rudimentaires ana- 
logues à ceux, beaucoup plus longs, qui recouvrent les graines de Coing. 

Un assez grand nombre de graines paraissant unies à leur surface semblent se gonfler, 
blanchir et être comme enveloppées d’une couche plus ou moins épaisse de mucus dès 
qu’on les humecte. 

M. Poiteau, dans sa Monographie du genre Hyptis, est le premier qui a signalé ce 
mode de développement sur les graines de quelques espèces de ce genre. Mais ne l’ayant 
observé qu’à l'œil nu , il n’a pu voir que ce mucus consistait en des poils rayonnants au- 
tour du spermoderme de la graine. 

M. Eudes Deslonchamps ayant fait la même remarque sur plusieurs espèces de graines 
de la famille des Labiées , et s'étant servi du microscope, a vu que le prétendu mucilage 
développé par l'humidité, était dû à la présence de poils nombreux et divergents. Par la 
sécheresse, tous ces poils se contractent ou se recoquillent et semblent disparaître à 
la surface des graines, où cependant ils ne sont que couchés ; mais dès l'instant qu’on les 
mouille, très hygrométriques de leur nature, ils se gonflent et se redressent comme une 
chevelure autour de la graine dont l’enveloppe est véritablement pileuse comme celle du 
coton et de beaucoup d’autres. Il est plus que probable que les graines des Labiées dont 
les feuilles sont lisses, sont en même temps dépourvues de poils ou de ce faux mucus. 

Le mucilage abondant que produit la graine de lin n’offre point au microscope d’orga- 
nisation appréciable , c’est un chaos composé de granules très ténus , doués d’un mouve- 
ment de grouillement; c’est une matière organique sans organisation qui, dans ce cas, 


mérite le nom de mucilage. 
(a) Tégument ou Spermoderme des auteurs classiques. 


(724) 
des rochers, qui sont plus transparentes, marquées d’un ombilic discoïde 
ouvert, ponctué, et bordées d’un épais bourrelet ridé en travers. 

» 2°, Par des vésicules tubuleuses et rayonnantes, plus grandes et plus 
souvent composées de deux articles. 

» Dans la Nefle, il y a cette différence que les roches des rochers sont 
plus grandes, leur disque bien plus ouvert et semé de points opaques d’où 
rayonnent des lignes noires, qu’elles sont souvent colorées en jaunâtre; 
qu’autour des rochers rayonnent des vésicules plus solides, larges, courtes , 
de formes tres variables, quelquefois bizarres, assez souvent composées de 
deux articles et remplies d’une globuline pulvisculaire très abondante, 
parmi laquelle se trouvent quelques grains sphériques assez gros. Une autre 
différence tres remarquable, dont nous expliquerons la cause tout à l'heure, 
consiste dans ce que, contrairement aux Poires et aux Coings, on ne 
trouve point de pierres ou de rochers dans le voisinages des loges osseuses 
des Nèfles. 

» Après avoir observé les tissus cellulaires de la Pomme, de la Poire, du 
Coing et de la Nefle, on se demande: 

» Comment se forment les grains osseux ou les pierres répandues dans la 
chair des Poires, des Coings et des Néfles ? Pourquoi les Pommes, si ana- 
logues aux Poires, en manquent-elles toujours absolument? Pourquoi sont- 
elles isolées et espacées dans le tissu ? Pourquoi se trouvent-elles en plus 
grande quantité sous l’épiderme, dans la direction de l’axe central, et au- 
tour des loges dans les Poires et les Coings ? Quelle peut être la nature de 
la matière concrétée dont elles sont en partie constituées ? Sont-elles orga- 
nisées ou ne sont-elles que des agglomérations de matiere organique, con- 
glomérée à la manière des concrétions urinaires ou des rognons siliceux ? 
Cette même matière ne s’accumule-t-elle pas sous d’autres formes et en 
d’autres lieux des tissus végétaux? A quoi peut-on attribuer la disposition 
rayonnante et florifere des vésicules allongées autour de chaque agglomé- 
ration pierreuse, qui devient pour elles une sorte de point d'appui ou de 
centre commun? 

» On a vu au commencement de ce Mémoire, que dans l'ovaire et dans 
les très jeunes Poires, les vésicules, comme dans tous les tissus cellulaires 
naissants , sont semblables, sphéroïdes, remplies de globulins et en simple 
contiguité. Ce n’est que plus tard que certaines de ces vésicules, groupées 
plusieurs ensemble en nombre très variable , s’engorgent et se remplissent 
peu à peu d’une matière indigeste qui s’y dépose moléculairement et con- 
fusément, qui leur donne leur opacité, leur dureté, leur couleur, et à la- 


( 725 ) 
quelle je propose de donner le nom de Sclérogène (1), comme étant la 
cause qui produit, par incrustation , l’endurcissement des tissus. 

» Mais d’où peut provenir ce changement qui consiste dans un ombilic 
punctiforme ou élargi en un disque quelquefois fort grand et dans les 
petites stries ou rides qui rayonnent autour de cet ombilic? Il est très 
probable que la vésicule organisée ne change point par elle-même, et que 
le nouvel aspect qu’elle prend est dû au mode suivant lequel la Sclérogène 
s'arrange à mesure qu'elle se dépose aux parois intérieures de la vésicule. 
Quant à ce que de semblables inscrustations n’ont jamais lieu dans les vé- 
sicules du tissu cellulaire de la Pomme, j'en ignore complétement la cause; 
et quant à leur isolement et à leur espacement, par petits groupes, parmi 
un grand nombre d’autres vésicules, ayant toutes les mêmes droits à l'in- 
crustation ; je n’en sais pas davantage. 

» La Sclérogène dissoute et ambiante dans le milieu où se trouve plongé 
le Poirier, étant absorbée pas ses tissus, on conçoit facilement comment 
étant amenée et charriée par les vaisseaux réunis de la queue de la Poire, 
SE CE PE EE PS PU PP TP OA TTOT 

(1) Je donne cette dénomination collective à toutes les matières étrangères à l’orga- 
nisme, matières d’abord en suspension dans l’eau séreuse, puis déposée et concrétée aux 
parois intérieures des organes creux et élémentaires des tissus. Les substances tinctoriales 
qui occasionent la coloration des bois de teintures, le Cachou noir, avec sa prodigieuse 
quantité de Raphides ou d’aiguilles cristallines; le Tannin , etc., quoique pouvant avoir 
des caractères chimiques différents, viennent , comme matière indigeste et comme so— 
lidifiant les tissus, se ranger, comme espèces, sous la dénomination générique de Sclé- 
rogène. 

Je n’ai pu conserver celle de matière ligneuse employée en chimie, parce que sous 
cette dénomination très collective se trouve compris non-seulement la Sclérogène inso- 
luble, aussi étrangère aux tissus vivants que le sont les concrétions urinaires à la 
vessie, mais encore les fibres , les tubes, les vésicules et leurs grains de fécule. 

* Dans les masses tissulaires végétales , il y a deux choses fort distinctes : 

1°. Les divers organes élémentaires jouissant, chacun, des attributs de la vie orga- 
nique : la naissance, l'absorption, l'assimilation, l'accroissement , la reproduction et la 
mort. 

Cette partie, la plus considérable, peut, étant dégagée de tout ce qui lui est étranger, 
servir indistinctement à la nourriture des animaux, parce qu'elle ne possède que des 
qualités nutritives. C’est elle qui, bouleversée dans ses différents organes sous l’action 
de l’analyse chimique , prend le nom de Zigneux. 

2°. L'eau et les divers produits chimiques qui se forment par sécrétion ou par dépôt 
dans tous les organes creux des tissus, qui s’y déposent et s’y concrètent, soit à l’état 
diffus, soit à l’état cristallin. Matières dans lesquelles seules se trouvent l’odeur, la sa= 
veur, la couleur et les qualités délétères des végétaux. 


( 726 ) 


elle se répand à l'aide de ces conducteurs autour de l'axe central et des 
loges, et comment, allant se déposer dañs les vésicules les plus voisines, 
elle y forme les plus grosses et les plus nombreuses concrétions pier- 
reuses. ; 

» La cause qui occasione la formation de celles tres nombreuses aussi, 
mais toujours plus petites que celles du centre, et qui, situées sous l’é- 
piderme, constituent une sorte d’enveloppe pierreuse, est la même au 
fond. Elle diffère de la première en ce que la Sclérogène, au lieu de lui 
arriver par les vaisseaux de la queue, est immédiatement absorbée et ac- 
cumulée de suite dans les vésicules les plus extérieures de la masse tissu- 
laire de la Poire. Cela explique ensuite comment, entre les concrétions du 
centre et celles sous-épidermiques, il s’en forme moins; et comment, 
par cette raison, cette partie intermédiaire de la Poire est préférable au 
goût et d’une digestion plus facile. 

» Chacun des corps agglomérés en sphéroïde, pierreux, est composé 
de trois choses fort distinctes : 1° de la vésicule maternelle devenue une 
sorte de géode; 2° de la globuline ou grains de fécule, engendrés par la 
vésicule ; 3° de la Sclérogène absorbée, inassimilable, et simplement accu- 
mulée dans l'intérieur de la vésicule, de manière à la bourrer et à lui 
donner la solidité qu’on retrouve, par exemple, dans les graines dures et 
osseuses du Raisin et de la Groseille. Il y a donc ici à distinguer deux par- 
ties bien caractérisées dans les trois composants dont je viens de parler : 
1° la vésicule maternelle et la globuline ou fécule, qui jouissent de lor- 
ganisation et de tous les attributs de la vie organique; 2° la Sclérogène 
sans organisation déposée dans la vésicule pêle-méle avec la globuline 
organisée. 

» Après l'analyse de chacune de ces vésicules ossifiées et de leur assem- 
blage en un corps sphéroide, on devine aisément comment les pierres 
des Poires ont en même temps la double propriété d’être compressibles et 
élastiques, par la présence des vésicules, et cassantes par celle de la Sclé- 
rogène accumulée et concrétée. 

» Si maintenant on étudie, toujours par le voir-venir, la formation os- 
seuse des noyaux, et la cause de l’endurcissement, de la solidité et de la 
coloration des bois, on verra que c’est toujours la même matière qui, ab- 
sorbée, s'incruste ou se dépose plus ou moins aux surfaces intérieures 
d'organes qui, par eux-mêmes; sont, toujours flexibles, faibles et sans 
couleur. 

» Les fruits à noyaux, tels que ceux de la Prune, de la Pêche, de 


(727 ) 

l’Abricot, etc., observés à l’état d’ovaires où de très jeunes fruits, étant 
formés, comme on le sait, d’une feuille pliée et soudée par ses bords 
n'offrent rien encore qu'un tissu vivant, mou et herbacé. Cette feuille 
ovarienne, comme toutes les feuilles, est seulement composée de deux 
faces épidermiques , entre lesquelles sont les vésicules du tissu cellulaire, 
remplies de leur globuline, le plus ordinairement verte, et le tissu fi- 
breux ou vasculaire qui vit et s'étend parmi les vésicules. Rien encore ne 
s'est ossifié; mais à mesure que le fruit se développe, à mesure que le 
tissu cellulaire s'accroît, comme dans les Poires, la Sclérogène arrive 
par voie d'absorption, et va se déposer successivement et confusément 
dans l’intérieur des vésicules les plus voisines de l’épiderme intérieur, ou 
de ce que l’on nomme la membrane endocarpique du péricarpe. Là la 
matière arrivant et remplissant successivement un plus grand nombre 
de vésicules, la couche s’épaissit dans de certaines limites, et forme 
cette enveloppe plus ou moins colorée, dure et cassante dans tous les 
sens, que l’on appelle noix ou noyau, et qui, toujours; fait partie or- 
ganique du péricarpe, puisque, comme on vient de le voir, elle n’est due 
qu’à l’ossification , par engorgement de matière accumulée, d’un nombre 
variable de ses vésicules (r). La Sclérogène, qui sert par dépôt ou par 
incrustation à solidifier en bois la partie intérieure de certains péri- 
carpes, présente quelques modifications , soit dans le mode de son dépôt, 
soit dans son degré de dureté, soit dans la couleur qu’elle est susceptible 
de prendre en vieillissant. 

» Dans certaines Prunes, dites sans noyau, la Sclérogène n’arrivant que 
peu ou point, l’ossification du tissu cellulaire voisin de la loge n’a point 


—_—_— 1 


(1) Si on laisse tremper dans l’eau pendant quelques jours un noyau d’Amande, et 
qu’on en soumette ensuité quelques fraginents au microscope, on voit qu'il est en- 
tièremént formé de vésicules irrégulières, sewi-transparentes ; simplement contiguës, 
plus ou moins remplies de Selérogène, et, comme celles du Going et de la Nëfle, mon- 
trant un disque grand, ponctué et limité par un bord épaissi. 

Si l’on concasse finement un morceau de noix de Coco, et qu’on fasse bouillir ces 
fragments dans de l’acide nitrique, la couleur noire disparaît ou est affaiblie en 
un blanc jaunâtre. Portés ensuite sous le microscope , ils n’offrent plus que des vé- 
sicules isolées de formes et de grandeurs très variables, souvent fusiformes ou triangu- 
laires en forme de chapeau; semi-transparentes , ellés sont ossifiées ou pleinés de 
Sclérogène, et leur surface, comme ponctuée, offre un grand uombre de petites 
stries ou rides, qui partent d’un centre ombilical punctiforme ou allongé en ligne, sui- 
vant la forme de la vésicule. 


C. R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 2.) noe 


( 728 ) 


lieu, ou elle se fait inégalement et par place, comme dans les pierres 
isolées des Poires. C’est la cuillère incomplète du fondeur, par défaut de 
matière. La même chose se passe dans la Nefle sans noyaux; mais ici la 
même cause d'appauvrissement de matière, qui empèche lossification, 
amène aussi, probablement, l’oblitération des carpelles et l'avortement 
complet des graines (r). 

» En parlant des roches qui se trouvent dans le tissu cellulaire ou 
dans la chair des Nèfles, j'ai fait remarquer que, contrairement aux 
Poires et aux Coings, il ne s’en formait point d’isolées ou sous forme de 
gravier dans le voisinage des loges. Cette différence vient de ce que la 
Sclérogène, au lieu de s'arrêter à distance des loges et de ne s'accumuler, 
comme dans les Poires, que dans de petits groupes de vésicules séparés 
les uns des autres, s'empare, comme dans les fruits à noyaux, de toutes 
les vésicules du tissu cellulaire les plus voisines de la paroi intérieure 
des cinq loges, et y constitue, par cette incrustation intérieure et par- 
tielle des vésicules, ce que l’on appelle les cinq osselets de ce fruit. La 
même explication s'applique à tous les fruits à noyaux, dont la chair, 
comme on le sait, n'offre jamais de pierres isolées. 


DEUXIÈME PARTIE. 


» Ce n’est pas sans dessein qu’en parlant, dans la première partie de ce 
Mémoire, de la formation ou plutôt de l’ossification des noyaux, j'ai qua- 
lifié cette enveloppe de cassante indistinctement dans tous les sens. Cela 
doit être en effet le caractère d’un corps produit par dépôt et sans inter- 
ruption d’un grand nombre de molécules confusément entassées les unes 
sur les autres, et remplissant complétement des vésicules nombreuses et 
en simple contiguité. 

» Sans cette matière ossifiante, sans la Sclérogene, le bois qui, dans sa 
jeunesse , n'est composé que d'organes élémentaires mous, flexibles, blancs 
et diaphanes ; n'aurait aucune couleur, aucune dureté et serait fort peu 
durable. Les arbres ne pouvant se soutenir fléchiraient sous leur propre 
poids. Tous ramperaient sur le sol. Mais à mesure qu'ils augmentent en 
tissus nouveaux, les anciens, les plus intérieurs , se remplissent ou s’en- 


—————— _ _—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_————— 


(1) Sexualiste, je dirais que l'avortement de cinq carpelles osseux et des dix graines 
provient de ce que les fleurs de cette variété n’ont que des étamines ou des mâles, et 
qu’elles manquent de styles terminés par des glandules stigmatiques, ou, en termes 
plus rationnels , de cordons pistillaires et de vulves ou vagins. 


(729 ) 
duisent intérieurement de Sclérogène , laquelle, comme dans les vésicules 
du tissu cellulaire.des Poires, du Coing et de la Nèfle pour la formation des 
pierres ou bien pour celle plus continue des noyaux, les durcit tout en 
leur laissant cependant une partie de leur élasticité naturelle ;élasticité 
due seulement aux organes contenants et non à la matière contenue qui, 
Par sa nature, est très cassante. 

» Ta couleur propre de la Sclérogène étant la cause de celles que pren- 
nent en vieillissant les différents bois, dont les organes creux et constitutifs 
des masses tissulaires n’ont jamais de couleur par eux-mêmes, toutes ces 
teintes devaient également se montrer dans le bois ou l’ossification des 
noyaux. Aussi en voit-on de blanchätres, de jaunâtres, de rougeâtres, de 
brun-marron et d’un noir d’ébène comme dans la noix de Coco et de 
divers autres Palmiers. 

» M: Dutrochet, dans ses études sur les organes élémentaires des végé- 
taux (1), a reconnu que la solidité des bois était bien moins due à la mul- 
tiplicité des fibres tubuleuses qu’à la substance qu’elles contiennent et à 
laquelle elles doivent leur coloration. Des fragments de bois d'Ébène cuits 
dans l'acide nitrique et examinés au microscope n'offrirent plus à l’auteur 
que des tubes dissociés , d’un blanc nacré, c’est-à-dire vides ou dépouillés, 
par l'acide , de leur substance noire et solidifiante (2). 

» Le beau poli, la dureté, le poids, la coloration et le cassant ou Le 
peu d’élasticité que présente la Sclérogène dans tous les petits ouvrages 
que l’on exécute avec des noyaux et des noix de Coco (3), tissus dans 
lesquels elle abonde, prouvent que plus le tissu du bois en contient, plus 
aussi il est dur, pesant, cassant ou peu élastique, plus il est coloré et 
susceptible de recevoir un plus beau poli. La Sclérogène, comme on le 
voit, est aux tissus végétaux ce qu'est le phosphate calcaire aux tissus des 
animaux. Dans l’un et l’autre de ces tissus ces deux matières de nature 
différente, s'accumulent, se concrètent et solidifient les tissus , Sans jamais 


RE 

@) Mém.;,tom. 1, p.122—123. 

(2) M. Dutôchee, pour.distinguer, l’ancien bois qui ne vit plus, du nouveau qui 
peut-être vit encore , c’est-à-dire du bois de cœur et de l'aubier, a proposé Je nom de 
Duramen pour le premier devenu dur et coloré par incrustation de la Sclérogène. 

(3) A l’article Bézoard du Dict. de l'Acad., on trouve Bézoard végétal avec cette 
définition : « Concrétion pierreuse que l’on trouve dans les cocos. » Comme cela ne peut 
être que de la noix dure etosseuse donton a voulu parler, pourquoi prendre son exem- 
plie dans un fruit étranger , lorsque le noyau de la Pêche ou della Prune offre la même 
partie? Le Bézoard végétal et.sa définition me paraissent deux choses de toute nullité. 

100. 


( 730 ) 
s'y assimiler, mais seulement à la manière des matières dont on se sert dans 
les injections : aussi se sert-on, avec toute raison, dans ces deux sortes 
d’injections ou d’incrustations tissulaires, des mots ossifié et ossification. 

» Un autre caractère qui est commun à ces deux matières inassimilables 
et par conséquent étrangères aux tissus organiques, se fait encore remar- 
quer dans leur mode d’accumulation ou d’ossification. 

» Dans les jeunes tissus végétaux et animaux, lorsqu'ils sont suscep- 
tibles de durée et de se remplir de matiere, l’incrustation pariétale et par 
dépôt commence par des points ou des centres particuliers, d’où ensuite 
elle s'étend en rayonnant plus ou moins dans des limites et sous des 
formes déterminées : c’est ce qu’on voit, soit chez les animaux vertébrés, 
lorsque toutes les parties de leur squelette vivant, mou et organisé se 
remplissent comme accidentellement de phosphate calcaire, et qu'il devient, 
par ce moyen, dur et osseux ; soit chez les végétaux appendiculés, lorsque 
leurs tissus vivants, mous, diaphanes et sans couleur, s’engorgent de Sclé- 
rogéne, partiellement sous forme de gravier comme dans les Poires ou 
plus complétement dans l’ossification des noyaux et des noix, ou plus com- 
plétement encore dans les tiges, à mesure qu’elles se convertissent en bois 
dur et coloré. 

» Ces points ou ces centres de départ ont toujours lieu par lincrus- 
tation pariétale d’une première vésicule ou de tout autre organe élémen- 
taire creux, faisant partie de la masse tissulaire. Dans les végétaux , dont 
généralement les tissus sont plus rigides que ceux des animaux, rien n’est 
plus facile que de suivre les progrès successifs de l’ossification. On voit 
clairement, en prenant une suite d'états différents, que le travail de cet 
endurcissement a commencé par l’encroütement pariétal, et souvent par 
couches d’une vésicule, puis ensuite de contre-en-contre dans les voi- 
sines, et cela, comme je viens de le dire, dans des formes et des éten- 
dues toujours déterminées. On peut se demander ici : D'où vient cet arrét 
dans le travail de l’incrustation successive des vésicules? Pourquoi toutes 
les vésicules du tissu cellulaire de la Poire ne s’incrustent-elles pas éga- 
lement, de manière à ne plus offrir qu'une masse aussi dure que le 
noyau ? Pourquoi l’incrustation des nombreuses vésicules qui forment la 
partie organisé» des noyaux, s’arrête-t-elle brusquement et nettement pres 
de la pulpe composée de vésicules molles et succulentes , restées inacces- 
sibles à la Sclérogène solidifiante? Pourquoi, enfin, cette matière s’accu- 
mule-t-elle en plus grande abondance dans certains bois plutôt que dans 
certains autres ? 


(731) 


» On ne peut pas plus répondre à ces questions qu’à celles de sa- 
yoir pourquoi, dans certains organes creux, soit végétaux, soit animaux, 
il se forme constamment des cristaux invariables dans leurs diverses 
formes, comme dans leurs éléments chimiques, tandis que dans beaucoup 
d’autres espèces, il ne s’en trouve jamais. 

» Les concrétions pierreuses de la chair des Poires étaient trop sen- 
‘sibles ou trop apercevables , elles dépréciaient trop ces excellents fruits, 
pour n'avoir pas, dans tous les temps, fixé l'attention de tout le monde, 
et particulièrement celle des physiologistes et des chimistes. 

» Grew, dans son Anatomie des Plantes, nomme, très ingénieusement , 
la Carrière, Yensemble des pierres éparses qui se trouvent, comme 
semées ou nichées, dans la chair des Poires : il remarque que ces pierres 
sont étrangères à l’organisation; qu’elles ne sont que des amas composés 
de petits nœuds pierreux, d’autant plus durs et d’autant plus nombreux 
qu'ils sont plus voisins de l’œil de la Poire, et qu’en cet endroit les pierres 
sont tellement serrées qu’elles semblent, par cette contiguité, n’en former 
qu'une seule aussi dure qu’un noyau de Prune. Il pense que l’origine de la 
carrière, ou des diverses pierres dont elle se compose, est due à des sucs 
coagulés et endurcis, tel que cela se passe dans la formation des concré- 
uons urinaires, quoique de nature chimique différente. 

» En parlant des noyaux, Grew dit positivement que la partie exté- 
rieure de ces enveloppes osseuses est formée de parties qui se précipitent 
et se coagulent, comme dans les Poires; mais avec cette différence que 
dans les noyaux, la matière, au lieu de s'y agglomérer en un grand nombre 
de petites pierres isolées, forme un noyau continu et d’une seule pièce. 11 
compare, toujours trés ingénieusement , les formations graveleuses des 
Poires et celles continues des noyaux à ce qui se passe dans l'urine relati- 
vement au gravier d’une part, et aux pierres de l’autre. 

» Il fait encore cette remarque très juste que, soit entre les petites 
pierres des Poires, soit dans l'épaisseur du précipité concret des noyaux, 
il se trouve un mélange de parenchyme. Mais ce célèbre anatomiste igno- 
rait complétement la formation des pierres des Poires et celle des noyaux 
par lincrustation particulière, intérieure et pariétale de chaque vésicuie; 
il croyait que la Sclérogène se précipitait et se concrétait en congloméra- 
tions libres. 

» Cet article est illustré d’une planche (tab. 67) dans laquelle la fig. 4 
représente une portion très grandie de la coupe horizontale d’une Poire. 
C'est une figure de convention, géométrique, plutôt explicative que vraie, 


( 732) 


dans laquelle l’auteur a seulement cherché, à l'aide de signes arbitraires, 
à établir la disposition générale du gisement des pierres par de petits 
groupes de cercles, et la direction rayonnante des vésicules allongées du 
tissu cellulaire parenchymateux par des séries moniliformes composées 
d'une suite croissante d'autres petits cercles, structure tout-à-fait contraire 
à la vérité. 5 

» Leeuwenhoek, dans son Anatomie microscopique sur la structure de 
la Poire (1), ne fait aucune mention des concrétions pierreuses, ni de la 
disposition rayonnante des vésicules tubuleuses du tissu cellulaire, où s’il 
en parle, c'est d’une manière si obscure, qu’il ne m'a pas été possible d’y 
reconnaître ces deux caractères. 

» Dans la mauvaise planche annexée à cet article, on ne trouve qu'un 
pepin, un embryon, une coupe verticale et très grandie de l'embryon, et 
un bout de trachée. 

» Duhamel, dans son £xamen anatomique de la Poire (2), parle lon- 
guement des concrétions lapidiformes des Poires, auxquelles il donne les 
dénominations de corps aciniformes (3), de roches, d’enveloppes ou de 
capsules pierreuses , de canal ou de gaïîne pierreuse. Sous le rapport de la 
distribution et de la formation de ces corps , Duhamel n’en dit pas plus 
que Grew, son devancier. Mais il commet une erreur lorsqu'il considère 
chaque pierre comme un peloton de vaisseaux très fins ou comme une 
glande provenant de la partie terminale des autres vaisseaux. Cette erreur 
prouve que le microscope dont se servait cet illustre auteur était très 
faible, puisqu'il n’a pas pu lui faire voir la vésicule organisée qui enve- 
loppe ou contient la Sclérogène ou la matière concrétée de chaque pierre, 
et que les rides rayonnantes des vésicules devenues lapidiformes, mal ob- 
servées, ont pu lui sembler des fibres pelotonnées. Si l'on consulte les 
figures originales relatives aux concrétions des Poires, figures exécutées 
sous la direction de Duhamel, on aura la preuve la plus complète du peu 
de connaissance que cet observateur avait sur la formation et la véritable 
structure des concrétions, ainsi que sur la disposition et la forme des vé- 
sicules rayonnantes composant le parenchyme. On verra, par les figures 227 
et 231 de la pl. VIT, qui se rapportent le plus aux détails de ces deux com- 
posants, et dont je montre, parmi mes dessins, un calque exact, que la 


(1) Épist. Phys. tome IV, pages 170-182. 
(2) Physique des Arbres, page 22. 
(3) D’après Ruysch. 


( 733 ) 


première est de toute nullité et que la seconde pourrait être facilement 
prise pour une portion de tige aplatie d’un Opuntia, armée de ses ai- 
guillons disposés en faisceau étalé, ou pour un fragment de feuille recou- 


vert de poils étoilés. 
Analyse chimique. 


» Sous le titre d'Éxamen des concrétions vulgairement nommées pierres, 
qu'on rencontre dans les Poires (1), Macquart et Vauquelin, dans l'inten- 
tion d’être utiles à la chimie et de détruire en même temps une erreur po- 
pulaire, consistant à croire que les concrétions des Poires étant de même 
nature que celles urinaires, pouvaient occasioner la formation des pier- 
res dans la vessie, ont donné conjointement, sur les concrétions pier- 
reuses des Poires, une très bonne analyse chimique précédée de ce qu'on 
savait alors sur la partie physique et physiologique de ces concrétions. 

» Dans cette analyse on remarque les caractères suivants qui, tous, 
confirment mes observations sur la formation et la véritable structure 
des concrétions pierreuses des Poires, dans lesquelles , comme je l'ai déjà 
dit, se trouvent trois parties bien distinctes, savoir : une vésicule de tissu 
cellulaire, la globuline ou fécule contenue dans la vésicule, et la Scléro- 
gène ou matiere indigeste confusément accumulée et mélangée avec les 
grains de fécule. 

» De tels corps devaient en effet, sous l’action destructive de l’expé- 
rience chimique, montrer : 1° qu’ils brülent au feu en exhalant une odeur 
de pain grillé, puisque le pain n’est composé que des deux principales 
parties des concrétions des Poires, de la. vésicule maternelle et de la fé- 

cule ; 2° que soumis à une forte ébullition, ils se dissolvent; c’est ce qui 
arrive à tous les tissus cellulaires végétaux et à leur fécule, chaque fois 
qu’on leur fait subir la même épreuve. Quant à la matière indigeste, ainsi 
qu’on le sait pour celle qui solidifie les tissus flexibles du bois, elle doit 
également se dissoudre sous la même action. 3° Qu'ils sont ductiles, élas- 
tiques et difficiles à pulvériser. 

» Ces corps, en raison de leur structure, ont tout-à-la-fois le caractère 
de l’élasticité et du cassant ;. ils sont élastiques par la vésicule organisée 
et: enveloppante, et cassants par la matière indigeste et inorganisée qui 
encroûte ou remplit la vésicule. C'est ce qui arriverait à une vessie rem- 


(1) La Médecine éclairée par les sciences physiques, etc. ; par Fourcroy, tome I, 
page 232. 


(734) 
plie de résine ou de toute autre matière cassante. 4° Qu'ils sont formés 
d'ane matière ligneuse semblable à celle des tissus du bois de l'arbre, 
confusément cristallisée et dans laquelle se trouve mélangée une petite 
quantité de fécule amylacée. 

» Ce dernier composant, qui s’isole sous l’action de l’expérience chi- 
mique, prouve combien il est utile, en chimie organique, de connaître 
préalablement l'organisation microscopique des corps que l’on se propose 
d'étudier par voie de division. 

» Si l’on se rappelle que j'ai dit que toutes les vésicules du tissu cellu- 
laire d’une très jeune Poire sont encore vierges sous le rapport de l’incrus- 
tation , et que toutes contiennent maternellement leurs nombreux globu- 
lins de fécule, il paraîtra tout simple qu’on retrouve dans la vésicule 
incrustée les grains de fécule qui n’ont pu disparaître , maïs seulement 
enveloppés ou empâtés dans la matière indigeste à mesure qu’elle s’est 
introduite par absorption dans la vésicule. 

» J'ai dit dans ce Mémoire que je croyais que la formation des concré- 
tions pierreuses par incrustation de la cavité des vésicules du tissu cellu- 
laire des fruits devait être une chose rare dans le règne végétal. Un nou- 
vel exemple vient de s'ajouter au petit nombre de ceux que je connaissais. 
M. Décaisne, déjà bien connu de l’Académie par les excellents travaux 
qu'il a publiés, m'a communiqué, tout récemment, des dessins qui repré- 
sentent des vésicules inicrustées qu’il a obsérvées dans le tissu cellulaire du 
péricarpe du Lardisabala biternata , et qui, en même temps, offrent, 
comme dans celles des Poires , le caractère remarquable d’une sorte d'om- 
bilic central d’où partent, en rayonnant, un grandnombre de petites stries. 

» Comme on l’a vu, la formation et la solidification des concrétions 
isolées dans le tissu cellulaire pulpeux des Poires , des Coings et de la Nèfle, 
celles continues des noyaux, des noix et du bois durci, ont lieu par ab- 
sorption, par dépôt ou incrustation de la Sclérogène indigeste , inassimi- 
lable, qui, peu à peu, remplit partiellement plus ou moins, les organes 
creux et élémentaires des tissus flexibles, toujours diaphanes et sans cou- 
leur, de la mème manière que s’encroûtent quelquefois la paroï intérieure 
des conduites d’eau, lorsqu'elles sont en fonte. 

» Des concrétions partielles et isolées comme celles de la chair des 
Poires, mais d’une matière d’une nature différente, se forment de la même 
manière dans les vésicules du tissu cellulaire de certains animaux. Là aussi, 
chaque vésicule devient un centre d’attraction et s’ossifie pour son compte 
en se remplissant successivement de carbonate calcaire. 


(735) 

» Lorsque je poursuivais mes recherches relatives à la belle cristallisa- 
tion des rhomboèëdres, que j'avais découverts dans l’intérieur des œufs des 
Hélices, je fus naturellement conduit à examiner des coquilles à leur dé- 
but et les coquilles rudimentaires et internes qui se trouvent sous la partie 
moyenne et gauche du manteau ou du bouclier des Limaces et autres 
mollusques dépourvus de coquilles extérieures. 

» Dans les véritables Limaces , je vis que la coquille rudimentaire, pour 
se former, n’avait eu qu’un centre d’action. Il y avait unité dans son ac- 
croissement , et sa matière élémentaire était amorphe et confuse, quoique 
disposée par couches. On n’y découvrait aucune cristallisation. 

» Mais il n’en fut pas de même lorsque ensuite j’examinai ce qui, par 
position relative ; devait être la même partie dans les Arions. Là c'était 
une petite masse ovoïde, molle, blanche, friable, et comme crétacée. 
Soumise au microscope, après avoir été étalée dans une goutte d’eau en- 
tre deux lames de verre, ce qui, pour l’œil nu, paraissait un corps unique 
dans sa formation , était au contraire une agglomération composée d’un 
grand nombre de corps cristalloïdes parfaitement isolés les uns des autres. 
Ces corps ou ces cristaux imparfaits sont très variables dans leurs formes 
et leurs grandeurs. Blancs et semi-transparents, ils paraissent assez légers, 
car on les voit souvent rouler dans l’eau dans laquelle on les observe; 
plusieurs sont groupés et soudés par deux, trois, quatre, et même en plus 
grand nombre. Beaucoup sont allongés, semicylindriques, arrondis ou an- 
guleux aux extrémités; d’autres, comme aplatis, plus symétriques, mon- 
trent six pans assez bien caractérisés. La surface de tous, comme dans les 
concrétions des Poires, offre un centre ombilical punctiforme ou ouvert en 
disque d’où rayonnent un grand nombre de stries fines et interrompues. 
Malgré cette grande variabilité de formes, qu'il est plus facile de figurer 
que de décrire, malgré les angles arrondis ou émoussés de ces corps, on 
voit que dans l’arrangement des molécules composantes, il y a eu une in- 
tention cristalline non équivoque. Ces corps cristalloides, dont la grandeur 
varie depuis + jusqu’à = de mill., soumis à l’action de l'acide acétique 
se dissolvent promptement et ne laissent plus à leur place qu'une enve- 
loppe membraneuse, plus ou moins chiffonnée ou plissée, restée inso- 
luble et dans laquelle on aperçoit quelques-uns des globules de l’organisa- 
tion qui s’y trouvaient avant le dépôt calcaire. 

» La grande analogie qu'offrent les concrétions calcaires et cristalloïdes 
agglomérées en sphéroïde dans la chair du bouclier des Limaces, dési- 
gnées sous le nom générique d’Arion, avec les concrétions ligneuses des 

C. R. 1838, 19r Semestre. (T. VI, N° 22.) 207 


( 736 ) 
Poires, ou mieux avec les vésicules ossifiées et dissociées de la noix de 
Coco, me porte à.croire que, comme dans la formation de celles-ci, les 
concrétions partielles du sphéroïde des Arions ont eu pour géode une vé- 
sicule du tissu cellulaire du manteau, et que ce sont ces mêmes vésicules 
organisées qui, inattaquables par les acides , restent intactes après la dis- 
solution complète du carbonate calcaire qu’elles renfermaient. 

» Ces formations multiples et calcaires, qui n’ont jamais été observées (r), 
me paraissent autant d'osselets particuliers, comparables chacun à ceux 
uniques, mais plus volumineux, des Sèches, lequel présente une enve- 
loppe unique et organisée qui, sur le dos de l’osselet, montre un grand 
nombre de stries progressives, granuleuses, en rapport avec la disposition 
des couches sous-jacentes et très analogues avec celles de chacun des petits 
osselets microscopiques des Arions, qui, eux-mêmes très probablement, 
sont, aussi formés intérieurement de couches superposées. d’accrois- 
sement. 

» Entre ces deux sortes d’ossifications, il y a, ce qui me semble d’une 
grande importance en organisation, pluralité de centre d'action et, de 
corps, chez l’osselet composé des Arions, et unité d'action et de Corps 
dans l'osselet des Limaces et dans celui des Sèches. 

» L'osselet de la Sèche, très petit et microscopique à son début, se forme, 
comme l'un de ceux des Arions, dans l’intérieur d’une vésicule organisée, 
susceptible de s’accroitre à mesure que la partie calcaire intérieure et la- 
melleuse s'étend unilatéralement du sommet, qui en a été le point de 
départ, jusque vers la partie inférieure et tranchante où le travail régu- 
lier de l'ossification s’est terminé. 

» La grande ressemblance qui existe entre les osselets calcaires et isolés 
des Arions et les vésicules remplies de Sclérogène qui forment, par con- 
tiguité, la noix de Coco (2), prouve que chaque osselet de la massse cré- 


(1) Tous les zoologistes qui se sont occupés de l'anatomie des Limaces et des Arions, 
ayant porté toute leur attention sur les différents organes de ces mollusques, et la 
plupart ne s’étant point servis de microscopes dans leurs dissections , les corps cristal- 
loïdes des Arions leur sont restés inconnus; car ce n’est pas connaître que de dire seu- 
lement, en parlant des Limaces en général : « Dans l’épaisseur de la partie moyenne 
» et gauche du manteau est logée, tantôt une plaque calcaire, dure; formée de cou- 
» ches comme les coquilles ordinaires , tantôt au moins un amas de particules créta- 
» cées et friables. » Cuvier, 4nn. Mus., tome VII, 1806, pag. 140—14/4. 

(2) Les formes irrégulières, polymorphes, la grandeur variable et le granulé des vé- 
sicules de la noix de Coco, dissociées par la cuisson dans l'acide nitrique, et remplies de 
Sclérogène, leur donnent l’aspect d’un amas de Parameæcies. 


(787 ) 
tacée des Arions a eu pour moule une vésicule organisée du tissu cellulaire 


de J’animal. 
CONCLUSIONS. 


» Des recherches contenues dans ce Mémoire il résulte à 

» 1°. Que le tissu cellulaire parenchymateux de la Poire, du Coing et 
de la Nèfle, si caractérisé par la préserice des concrétions pierreuses ou 
des noyaux ligneux isolés et par la disposition rayonnante des vésicules 
tubuliformes, diffère entièrement de celui de la Pomme, toujours dé- 
pourvu de concrétions, et dont les vésicules sphéroïdes sont simplement 
agglomérées. 

» 2°. Que les concrétions pierreuses de la chair de la Poire, du Coing et 
de la Nèfle sont formées d’un nombre variable de vésicules contiguës in- 
crustées intérieurement par la Sclérogène, matière indigeste qui les ossifie 
en les rendant dures et Cassantes. 

» 3°. Que la formation, la dureté et le Cassant dans tous les sens des 
noix et des noyaux, ne diffère de celle des concrétions partielles des Poires 
qu'en ce que dans les fruits à noyaux toutes les vésicules du tissu cellulaire 
les plus rapprochées de la cavité du jeune fruit, se remplissent également 
et uniformément de Sclérogène. C’est une ossification continuée ou sans 
interruption. 

» 4°. Que les organes creux et élémentaires, mous, flexibles et herbacés 
des jeunes tiges ne s’endurcissent et ne deviennent bois qu’en s’encroûtant 
intérieurement de la même matière, ! 

» 5°. Que la dureté, la compacité.et le cassant des bois sont principalement 
dus à l'introduction et au dépôt d’une plus ou moins grande quantité de 
Sclérogène. 

» 6°. Que les organes élémentaires des tissus organiques, toujours inco- 
lores, diaphanes , inodores > insipides et innocents par eux-mêmes, doivent 
leurs couleurs, leur opacité , leurs odeurs, leurs saveurs et leurs qualités 
bonnes ou mauvaises aux matières étrangères suspendues dans l’eau, tou- 
Jours pure par elle-même , ou concrétées, par évaporation, dans les 
divers creux ou espaces des masses tissulaires. C’est ainsi que, comme or- 
ganes plus nouvellement nés, les fécules qui n’ont encore absorbé que la 
matière qui s’est assimilée à leur Organisation, sont éminemment nutri- 
tives, qu’elles Manquent tout-à-la-fois d’odeur et de saveur et de qualités 
malfaisantes, quel que soit le végétal dont elles ont été éxtraites > pourvu 
que dans quelques cas on leur fasse subir des lavages. 

101. 


(758) 

» 7°. Que la Sclérogène est une matière aussi étrangère à l’organisation 
tissulaire des végétaux que celle des concrétions urinaires, celle du car- 
bonate, du phosphate de chaux, etc., le sont aux tissus des animaux. 

» 8. Que le dépôt de toutes ces matières étrangères à l'organisme, soit 
à l’état confus, soit à l’état cristallisé, a toujours lieu partiellement sous 
l'abri protecteur, le plus souvent d’une vésicule, et quelquefois d’un tube, 
comme dans le bois des végétaux. 

» g°. Que toute espèce d’ossification, soit végétale, soit animale, est 
identique en ce qu’elle provient toujours de l'introduction d’une matière 
hétérogène aux tissus, matière qui leur nuit en les inscrustant , mais aussi 
qui sert à l’ensemble de plusieurs espèces de végétaux et d'animaux, en les 
solidifiant et en leur donnant une sorte de charpente, sans laquelle ils se- 
raient tous forcés de ramper. 

» 10°. Qu’enfin rien ne me paraît plus propre à démontrer la marche 
que suit l’ossification des os en général, par dépôt de phosphate de chaux 
dans chaque cellule ou vésicule du tissu encore gélatineux du squelette, que 
l’ossification en noyau ou en noix de la partie interne du tissu cellulaire 
d’une Pêche, d’un Abricot ou du Coco, dont les vésicules, partiellement 
incrustées de Sclérogène, peuvent être dissociées et parfaitement isolées les 
unes des autres par la cuisson dans l’acide nitrique. 

» À cette démonstration j'en ajouterai une autre plus convaincante encore 
en ce qu'elle a lieu dans un tissu cellulaire animal. Rien de plus ressem- 
blant aux points d’ossification naissante des os ou à ces ossifications ad- 
ventives qui se montrent parfois dans les parties molles, que le corps 
ovalaire et crétacé formé sous le manteau des Arions. Ce corps, composé, 
comme on l’a vu, d’une agglomération de vésicules incrustées de carbo- 
nate de chaux, explique merveilleusement le travail de l’ossification par 
l'incrustation partielle de chacune des cellules composant, par aggloméra- 


tion, le tissu gélatineux et vivant du squelette avant son obstruction 
calcaire. » 


z00L0G1E. — Recherches sur l'ancienneté des Mammifères insectivores à la 
surface de la terre ; précédées de l’histoire de la science à ce sujet, des 


principes de leur classification et de leur, distribution géographique 
actuelle; par M. DE BLAINVILLE. 


(Extrait. ) 


« Les animaux qui constituent le groupe des Mammiféres insectivores 
sont dans le cas des Chéiroptères ou chauve-souris, c’est-à-dire qu’offrant 


(739 ). 
un assez bon nombre de singularités d'organisation et de mœurs, ils n’ont 
pu échapper, et souvent malgré leur petitesse, aux observations des na- 
turalistes, depuis les temps les plus reculés jusqu’aux nôtres, et d'autant 
plus que les trois espèces types habitant toutes les parties de l’Europe, ont 
dû se présenter d’abord à l'examen des observateurs. 

On trouve, en éffet, les taupes, les mMusaraignes et les hérissons déjà 
signalés dans quelques-unes de leurs particularités par Aristoté, Pline et 
leurs abréviateurs ou commentateurs. Et cette année même les musa- 
raignes seules viennent de donner lieu à un grand travail de la part de 
M. Nathusius. 

» D'après celui auquel M. de Blainville vient de se livrer » €t dont cet 
article est extrait, on peut, dans l’état actuel de nos connaissances au sujet 
des Mammifères insectivores, donner les résultats suivants : 


» À, comme résultats historiques : 


» Les anciens naturalistes connaissant à peine les trois types européens 
de cet ordre de Mammifères, ne se sont nullement occupés de leurs rap- 
ports naturels, pas plus que de leur place dans la série. 

» Gesner est le premier qui les ait passablement définis, au moins les 
deux genres Talpa et Sorex. 

» Ray est le premier qui, sentant leurs rapports naturels, les ait rappro- 
chés tous les trois convenablement, dans un système mammalogique. 

» Daubenton, qui a également admis ce rapprochement, a commencé à 
distinguer les espèces, du moins dans le genre Musaraigne ; mais seulement 
par la considération de la taille et de la couleur, comme l'ont fait tous les 
zoologistes qui se sont occupés de ce sujet avant Wagler. 

» Storr et Pallas ont parfaitement senti les rapports naturels des Insec- 
tivores entre eux et avec les autres Mammiféres, ce que le Premier a mon- 
tré dans son prodrome d’une méthode naturelle des Mammifères. 

» Link a formé le premier un ordre distinct avec ces trois genres 
d'animaux. 

? Lacépède surtout, et à son imitation G. Cuvier et Illiger, prenant en 
considération rigoureuse le système dentaire, les ont Partagés en plu- 
sieurs sections génériques. 

» Raffles, Smith et Brandt y ajoutent les nouvelles. formes, beaucoup 
plus distinctes, fournies par l'Afrique, l’Inde et l'Amérique. 

» Wagler, appliquant aux musaraignes proprement dites le même prin- 
cipe de divisions génériques qui avait été employé par Lacépède, pour les 


(740 ) 
trois genres Linnéens, a introduit les bases de la distinction et de la 


distribution des espèces , ce qui a été adopté par MM. Duvernoy et Nathu- 
sius. 


» B, comme résultats de classification : 


» 1° Les Mammifères insectivores doivent constituer un ordre distinct; 

» 2° Sa place est intermédiaire à celui des Chéiroptères ou chauve- 
souris, et à celui des Édentés. s 

» 3°. La disposition, la distribution des espèces doit être des plus ano- 
males pour fouir et vivre dans la terre, qui doivent commencer, aux plus 
normales et aux moins souterraines , c’est-à-dire des Talpa, en passantaux 
Sorex et en finissant par les Erinaceus, dont le système dentaire devient 
normal, comme chez les Carnassiers, 

» 4°. La distinction des espèces repose essentiellement sur le système 
dentaire qui, pour chacune d'elles, présente une particularité tranchée 
dans le nombre, la forme ou les proportions. 


Le tableau suivant rendra facile à comprendre la classification des Mammifères 
insectivores , telle que nous proposons de l’établir. 


A. Chrysochloris. Talpa aurea, etc. ! 
B. Talpa....... Talpa vulgaris, T. cæca, T. Moogura. 
G. Tare4.t. «À 0: Sculops:. dur virginiana ou Talpa-sorex pensylvani- 
cus (Lesson), etc. 

D. Condylurus... Talpa cristata. 

Sorex moschatus. 

Sorex pyrenaïcus (G. Galemys, Wagl. 

Mygalina, 1s. Geoff.). 

Sorex paradoxus ( G. Solenodon, Brandt). 

(a). Espèces qui ont 5 dents intermédiaires. 

1. Sorex vulgaris (Linn., Nathusius), Syn. 
S. tetragonurus, Herm. E. Geof. 
S. constrictus et S. lineatus,E. Geoff. 
S. concinnus, rhinolophus, mela- 
nodon , Wagler. 

|2. Sorex pygmœus. 

J 3. Sorex Forsteri; synon : $. Parvus, Say , 
S. personatus, Is. Geoff. 

4. Sorex brevicaudatus ou 4. talpoïdes , 
Grapper. 

(b). Espèces qui ont # dents intermé diaires, 
* les dents colorées. 


BST: -.1 


G. SorEx 


( 


C. Macroscelis .. 


741 ) 


5.:Sorex fodiens (Pallas, Nathusius), ou 
© S. Daubentonii, Erxleben; $. ca- 
rinatus, et constrictus , Hermann ; 
8: rernifer , Ê.\Geoff. S. fluviatilis, 
Beschtein; S.!amphibius , natans, 
stagnalis, Brehm ; S. musculus et 
psilurus, Wagler, S. nigripes , 
Melchior ; S. Hermanni , Duv. ou 
S. remifer, variété à dents rouges, 
I. Geoff. 
. Sorex palustris, Richards. 
ésp. douteuse , S? surinamensi: , Schreb. 
* Les dents non colorées. 
7. Sorex etruscus (Savi). 
8. Sorex myosurus (Pallas), ou S. murinus, 
Linn. S. avellanorum, indicus et 
- capensis, Et. Geoff. S. cærulescens, 
Raffles; S. giganteus, Sonnerati, 
Serpentarius , Ts. Geoff. 

- Sorex gracilis (Bv.). Espèce nouvelle du 
Cap, grande comme le S. etruscus, 
mais à queue comprimée, 

c). Espèces qui n’ont que À dents intermé- 
diaires. 

10. Sorex varius (Smuts), probablement le 
S. Herpestes, Duvernoy. 

ur. Sorex araneus (Schreber) , ou S. Leuco- 
don Hermann, S. pachyurus,Kust., 
S. inodorus , Savi , S. fimbriatus , 
moschatus , major, rufus, polio- 
gaster, Wagler. 

12. Sorex flavescens (Is. Geoff.), ou S. cin- 
namomeus , Lichtenstein ; S. via- 
rius , Sorex géganteus momifé; S. 
religiosus ? Is. Geoff., S. crassicau- 
dus et Suncus sacer, Hemprich et 


Ehrenberg. 
13? Sorex capensoides, Smith; S. cyaneus, 
Duvernoy. : 


Macr. typus (Smith), 2 Macr. Rozeti (Duver- 
.n0ÿ); 3 Macr. Jaculus ou Rhinomys 
Jaculus (Lichtenstein). 


(742) 


1 GI. ferrugineus, 2 G1. Javanicus ou Tu- 
païa peguana, Less. 
E. Échino-Sorex. 1°. Viverra Gymnura (Raflles). 
A. Erinaceus.... E. Europœus, E. Auritus, etc. 
* Incis. 2 T'endrac ou Ericulus : Erinaceus 
G. ErrNAcEUS. (2) spinosus ou setosus, le Tendrac de Buff. 
B. Tanrecus..….. ji Incis. £ ou 2, T'anrec : Erinaceus, se- 


Creer h Glisorex.... { 


mispinosus ou variegatus , Erinac. 
ecaudatus. 


» C, comme résultats de répartition géographique : 


» 1. Les trois genres principaux sont essentiellement de l’Ancien- 
Monde. 

» 2. Tous les trois sont européens. 

» 3. Un seul est de toutes les parties de la terre, la Sud-Amérique et la 
Nouvelle- Hollande exceptées : c'est le genre Sorezx. 

» 4. Les Taupes proprement dites sont exclusivement de l’ancien con- 
tinent ou tout au plus des parties septentrionales du nouveau, et c’est à 
peine si elles dépassent en Asie et en Afrique, le littoral de la Méditer- 
ranée. Cependant il en existe au Japon. 

» 5. La Sud-Afrique seule offre les taupes dorées. 

» 6. La Nord-Amérique les taupes musaraignes. 

» 7. Les musaraignes proprement dites sont de toutes les parties de 
l'ancien continent, et même du nord du nouveau. 

» Les quatre sections de ce genre se trouvent réunies en Europe seulement. 

» L’Asie seule possède les musaraignes-écureuils et les musaraignes- 
hérissons. 

» L'Afrique seule a offert les musaraignes gerboises ou macroscélides. 

» 8. Les hérissons sont exclusivement de l’ancien continent. 

» 9. Les tenrecs sont exclusivement au contraire de Madagascar. 


» D, comme résultat de l'ancienneté à la surface du globe : 


» 1. Les trois types européens sont de la plus haute antiquité his- 
torique. 


(1) On conçoit que les Macroscélides et les Glisorez puissent être considérés à cause des différences que 
présentent quelques-uns de leurs caractères, et aussi leurs habitudes, comme formant chacun un genre 
distinct. 

(2) Je ne connais encore que de nom l’espèce de Madagascar, qui sert de type au genre Échinops de 
M. Martin. 

On conçoit que le Gymnure ait pu être aussi rapporté par quelques personnes aux Erinaceus ; ila em 
même temps des rapports avec eux et les Sorez, mais nous ne l’avons pas eu en nature. 


(743) 


» L’un d'eux est conservé à l’état de momie, et l’espèce que nous con- 
naissons à cet état ne diffère pas d’une espèce actuellement vivante en 
Afrique et même en Égypte, aux environs de Suez. 

» 2. Tous les trois genres se trouvent à l’état fossile : 

» À, Dans les brèches osseuses du littoral de la Méditerranée. 

» B, Dans le sol des cavernes d'Allemagne, d'Angleterre, de Belgique et 
de France. 

» C, Dans un terrain tertiaire moyen des montagnes sous-pyrénéennes. 

» D, Dans un terrain d’eau douce d'Auvergne. 

» Les cinq ou six espèces qui ont été reconnues jusqu'ici comme fos- 
siles, une taupe, trois espèces de musaraignes et un hérisson, ne différent 
pas spécifiquement de celles qui existent actuellement à l’état vivant. 

» Elles se trouvent péle-mêle avec des restes d'animaux qui ne vivent plus 
dans nos contrées, et d’autres qui y vivent encore. 

» D'où il faut conclure, comme nous l'avons fait à l'égard des singes et 
des chauve-souris, que, depuis deux ou trois mille ans, d’après les ren- 
seignements historiques, et depuis un temps inapprécié et probablement 
inappréciable, d’après les renseignements géologiques, c’est-à-dire depuis 
l'époque de la formation du diluvium et des terrains tertiaires moyens, 
les circonstances et milieux propres à entretenir la vie animale à la surface 
de notre globe, n’ont pas changé. 

» Observation. Dans ce mémoire sur les Mammifères insectivores il n’a 
dù être question que de ceux. qui appartiennent à la sous-classe des Mo- 
nodelphes. Je ne parlerai donc du fossile de Stonesfield, que l’on a regardé 
assez généralement jusqu'ici comme un insectivore Didelphe, sans raisons 
bien concluantes peut-être, que lorsque je serai arrivé à cette partie de mon 
travail; je me bornerai à copier la note que je remis peu de temps après 
son retour d'Angleterre à M. Brochant de Villiers, qui m'avait consulté sur 
une mâchoire d’un animal de Stonesfield, rapportée par lui de cette localité : 
« demi-mâchoire inférieure gauche, vue à la face interne, provenant d'un 
petit animal de la famille des Sauriens. On pourrait aussi concevoir que cet 
os aurait appartenu à un poisson de la famille des Labres, et que ce serait 
un os incisif; mais la première détermination est infiniment plus probable. 

» Ce qui paraît certain, c’est que cette pièce ne peut provenir d'un Mam- 
mifère didelphe, ou non, comme on aurait pu le croire un moment à la 
première inspection. » 

« M. Ëuie pe Beauonr fait observer qu'une petite mâchoire rapportée 
de Stonesfield par M. Brochant de Villiers, M. Dufrénoy et par lui-même, 

C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 99.) 102 


(744) 
appartient en effet à un Saurien , mais que cela n'empêche pas que des 
ossements de mammifère n’aient été trouvés à Stonesfeld. M. Cuvier et 
M. Agassiz ont reconnu comme M. de Blainville que la mâchoire rap- 
portée à Paris appartient à un Saurien, mais lorsque M. Elie de Beaumont 
la montra à M. Cuvier, cet illustre anatomiste, en lui faisant voir pourquoi 
elle ne pouvait ètre rapportée à un mammifere, lui montra aussi en quoi 
elle différait des mâchoires du petit mammifère trouvé dans le même gise- 
ment (Didelphis Bucklandi}; dont existence dans cette partie de la série 
oolitique, ne conserve rien de douteux. » 


«M. Bory De Sainr-VincenT présente à l'Académie le canevas de la trian- 
gulation faite pendant la reconnaissance du général Négrier, sur Stora, et 
dans les tribus de Saguenia et des Actas, par M. le capitaine Boblaye. Ce 
travail rattache Constantine et plusieurs points de l’intérieur des terres 
aux rivages de la mer. De retour le 10 de ce mois , d’une expédition mili- 
taire où la science a tant gagné, M. Boblaye, qui annonçait pour le pro- 
chain courrier le complément de son travail, devait partir le 12 pour 
Ghelma, afin de continuer ses opérations géodésiques. «Si je parviens, dit- 
» il, dans sa lettre du 11 adressée à M. le lieutenant-général Pelet, 
» comme j'en ai presque la certitude, à faire la station de la montagne 
» Serdy-el-Aouda, Constantine se trouvera aussi liée à Bone par plusieurs 
» points. Les reconnaissances topographiques de nos routes dans la pro- 
» vince ont été faites par M. le capitaine Tourville, et il me semble que 
» vous aurez lieu d’en ètre satisfait. » M. Bory présente ensuite une re- 
connaissance du capitaine Martin Pré, qui rectifie quelques parties de la 
carte de la province d'Oran, gravée au Dépôt de la Guerre, et montre ainsi 
de quelle manière on ne cesse, dans cet établissement, de perfectionner 
ce qui s’y publie avec tant de célérité par les soins de son infatigable 
directeur: » 

M. Durrocuer adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le 
dépôt. 

RAPPORTS. 
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Conclusion générale du rapport sur les résultats 
scientifiques de l'expédition de la Bonite; lue par M. DE BLaïnviee. 

( Foyez pour les différentes parties de ce Rapport, nos Comptes rendus 

précédents , pages 445, 481, 597 et 649.) 


« La Commission conclut : 


(745) 

»1°. À ce que l'Académie adresse des remerciments à M. leMinistre de 
la Marine pour avoir bien voulu lui offrir cette occasion de faire faire les 
récherches qu’elle jugerait convenable dans le voyage de la Bonite. 

» 29, Qu'elle accorde son approbation et ses félicitations à MM. les na- 
turalistes de a Bonite , ainsi qu'à ceux de MM: les officiers de l'état-major 
et à M. l'ingénieur hydrographe, qui ont bien voulu prendre part aux 
travaux scientifiques et pour avoir fait autant pour la science et nos col- 
lections en aussi peu de temps et dans des circonstances peu favorables 
à cause de la nature du voyage. 

» 3°. Enfin, à ce que l’Académie exprime au Ministre le désir que ies prin- 
cipaux fruits de l'expédition de la Bonite soient immédiatement acquis 
pour la science, et qu’à cet effet, en ce qui concerne l’histoire naturelle, 
ils soient publiés le plus tôt possible, et d’une manière convenable, par 
MM. les officiers de santé eux-mêmes, sous la direction de M. Gaudiÿhaud, 
leur collègue, à qui son âge, son expérience et les travaux importants 
qui l'ont placé parmi nous, ont donné une position scientifique élevée. 

» Quant aux observations de magnétisme et de physique générale, la 
Commission ne croit pas avoir à en parler ici, parce qu’elle ne doute pas 
que M. le Ministre ne confie leur publication à un ingénieur dépendant de 
son département, qui, par la nature de ses travaux, réside une grande 
partie de l’année à Paris. Nous voulons parler de M. Darondeau, qui 
pendant l'expédition, s’est acquitté de ses fonctions d’une manière si 
distinguée. » 


Ces conclusions sont adoptées. 


MÉMOIRES LUS. 


NAVIGATION.— Mémoire sur la théorie générale de la manœuvre des vaisseaux 
et autres points qui sy rattachent; par M: LETOURNEUR. 


(Commissaires, MM. Dupin, de Freycinet, Poncelet.) 


Ce mémoire a pour objet des expériences faites récemment par M. Le- 
tourneur, dans son voyage aux Antilles, sur la frégate {4 Terpsichore. 

Le principal résultat de ces expériences, relativement à la marche des 
navires, est ainsi exprimé par l’auteur : « Il y a de l'avantage, sous le rap- 
port de la célérité, comme sous beaucoup d’autres, à faire deux routes 
grand largue plutôt qu'une vent arrière constante. 

» De toutes les allures possibles, celle qui fatigue le plus la coque 

102.. 


( 746) 


du bâtiment, la mâture et les gréements, est sans contredit celle vent 
arriere; c'est également celle qui contrarie le plus toute espèce d’exer- 
cices et à laquelle on gouverne le plus mal; c’est encore celle qui fatigue 
le plus les passagers, les malades. Enfin elle est d’une monotonie ex- 
trême, et, quand on se trouve dans les parages des vents alisés, elle tend à 
taire perdre à l'équipage cette habitude salutaire d’action que l’on doit tou- 
jours chercher à entretenir parmi les marins. Contre tous ces inconvénients 
il n'y aurait à mettre en balance que l'avantage de la célérité, s’il était réel, 
comme on le croyait autrefois; mais les expériences qui font l’objet de ce 
mémoire, montrent que sous ce rapport même, la marche vent arrière n’a 
que du désavantage. » 


ARTILLERIE. — ÀÆusil koptipteur, inventé par M. HEURTELOUP. 
(Commissaires, MM. Arago, Dupin, Rogniat, Séguier. ) 


M. Heurteloup présente un fusil de guerre construit sur le même prin- 
cipe que celui qu'il avait soumis, en 1835, au jugement de l’Académie, 
mais dont il a modifié le mécanisme en divers points importants. 

Le fusil koptipteur, c’est le nom par lequel M. Heurteloup désigne 
cette arme, s'amorce au moyen d'un tube de métal aplati et rempli de 
poudre fulminante, tube qui peut être divisé par morceaux au moyen 
d’une lame tranchante sans qu’il en résulte de détonnation. 

La détente en partant fait jouer une pièce qui agit d’abord comme 
couteau pour détacher la partie qui doit prendre feu, puis comme mar- 
teau pour l’écraser ; le mouvement par lequel on arme le chien fait avan- 
cer le cylindre d'une quantité égale à celle qui a été employée pour le 
coup précédent et l'amène sur la lumière. Cependant on peut à volonté 
faire jouer le chien sans que l’amorce avance; il suffit pour cela de tenir 
le fusil horizontalement , mais avec la sous-garde dirigée en haut. C’est là 
une propriété que ne présentait pas l’ancien modèle. 

Une autre modification importante consiste dans la disposition de la 
batterie, qui se compose d’un petit nombre de pièces assez simples de 
forme pour qu’on puisse aisément les obtenir toujours identiques : il en 
résulte qu'une pièce venant à se détériorer peut être remplacée sur-le- 
champ, sans qu'il y ait besoin de faire aucun rajustage. 

« Le tube-amorce fournit à 35 coups de suite, et il ne faut que très 
peu de temps pour le remplacer lorsqu'il est épuisé. Cependant, dit 
M. Heurteloup, il se pourrait qu’à ce moment le soldat se trouvât serré 


(747) 


de trop près, pour faire la substitution; aussi ai-je dü songer à lui mé- 
nager une ressource, un dernier coup pour assurer sa retraite. Quand 
donc son fusil venant à rater au 36° coup, l’avertira que le tube-amorce 
est épuisé, il suffira qu’il arme de nouveau le chien pour faire arriver sur 
la lumière une dernière amorce que je nomme amorce de miséricorde. 

» Le fusil koptipteur, poursuit M. Heurteloup, est comme on le voit un 
fusil à magasin; mais il est exempt de l'inconvénient qui a fait renoncer 
jusqu’à présent aux armes de cette sorte, je veux dire à la chance que le 
feu ne se communique d’une amorce à toutes les autres et ne cause ainsi 
une explosion dangereuse. Lors même que la déflagration de la partie dé- 
tachée du tube-amorce mettrait le feu au reste, cette dernière partie brü- 
lerait lentement et sans détonnation.» Pour prouver cette dernière asser- 
tion, l’auteur allume à la flamme d’une bougie le tube qui lui a déjà fourni 
plusieurs amorces, et la combustion s’en fait sans produire d’explosion. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur les oscillations de l’eau dans les 
tuyaux de conduite; par M. ne Cauicny. — Additions à la quatrième 
partie de ce Mémoire. 


(M. Coriolis est adjoint à la @ommission précédemment nommée.) 


cmrrurG1E. — ÎVote additionnelle à un Mémoire sur le traitement curatif 
des varices par l'oblitération des veines ; par M. Davar. 


Dans cette note l’auteur présente des documents qui ont pour objet 
d'établir ses droits à la priorité d'invention relativement à la méthode de 
traitement exposée dans son précédent Mémoire. 


(Commission des prix de médecine et de chirurgie, fondation Montyon.) 


CORRESPONDANCE. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Réponse de M. Lresie à M. BERZÉLIUS. 


« Si l’on veut se borner aux questions de fait, rien de plus aisé que de 
réfuter l’attaque de M. Berzélius. C’est par là que je vais commencer en 
ce qui me concerne. Avant que l'analyse du citrate d’argent eût été exécu- 
tée, la formule que M. Pelouze réclame et que M. Berzélius critique, 
n’eüt été qu’une pure hypothèse. Pendant mon séjour à Paris, M. Dumas 
ayant déterminé le carbone et l'hydrogène de ce sel avec le plus grand 


( 748 ) 


soin, et moi-même en ayant déterminé l'argent d’une manière très pré- 
cise, la question relative à la composition des citrates, des méconates , 
des cyanurates, etc., me parut tranchée. È 

» Eneffet, M. Berzélius , qui vient attaquer les formules déduites de cette 
analyse, qui s'élève à ce sujet contre notre théorie des hydracides, a-t-il 
bien réfléchi à cette difficulté? Comment croire qu’en mélant à froid de 
l'acide citrique et du nitrate d'argent, il se fasse une métamorphose telle 
que le tiers de l'acide se change en un autre ayant la même composition 
que l'acide fumarique ou équisétique, et que les deux autres tiers gar- 
dent la composition des citrates? C’est cette analyse qui a tout décidé 
quant à l’acide citrique. 

» Mais voici autre chose. L’acide méconique a pour formule C*H*O"*. 
Pour chaque atome de base qui s’y combine un atome d’eau est éliminé; 
trois atomes d'oxide d'argent éliminent trois atomes d’eau. Quelle méta- 
morphose M. Berzélius suppose:t-il dans ce sel? Il contient C*#H*0''+3Ag0; 
il se prépare à la température ordinaire; il possède cette composition sans 
avoir été exposé à l’action de la chaleur, 

» Le même raisonnèment s'applique à l'acide métaméconique, cyanu- 
rique , gallique, tannique, etc., etc. 

» Ainsi donc, la méthode ordinaire epgployée pour déterminer le poids 
atomique d’un acide, se trouve en défaut ici. Cette règle nous a caché 
pendant bien long-temps les anomalies de l'acide phosphorique ; elle a été 
cause de ces anomalies. Nous ne pouvions y rien comprendre, parce que 
cette règle obscurcissait nos yeux. En abandonnant cette règle pour l’a- 
cide phosphorique et l'acide arsénique, nous voyons tout à coup clair ; 
en nous dégageant d'elle pour une certaine classe d'acides organiques 

.qui se comportent exactement comme l'acide phosphorique , nous verrons 
clair aussi. Nous sommes forcés de l'abandonner parce qu’elle nous mène 
à l'absurde. 

» Voyons un peu, d’un autre côté, quel singulier rôle joue l’eau dans 
ces combinaisons. Est-ce bien de l'eau que nous chassons à l’aide des 
oxides métalliques, de l’eau qui serait contenue comme telle dans les 
composés d’où elle sort ? Qui est-ce qui a prouvé cela? Nous l'avons admis, 
c'est vrai; mais où est la preuve de l'existence réelle de l’eau dans les 
acides méconique, cyanurique, etc.? Cette preuve, nous ne l’avons pas, 
si l’on veut parler sans préjugés de tout ceci. 

» Qu’y a-t-il donc dans ces phénomènes ? Il faut en convenir, rien de 
clair, sinon le remplacement d’un équivalent d'hydrogène par un équi- 


( 749 ) 


valent de métal. Voilà le seul fait clair, patent ; le seul que nous puissions 
prouver. 

» N'’est-il pas singulier, si l’eau est contenue comme telle dans ces acides, 
que l'oxide d'argent, un oxide facilement réductible, puisse remplacer son 
équivalent d’eau , lequel ne pourrait être éliminé par la potasse, qui est 
une base si énergique. 

» N’est-il pas encore plus singulier que les tartrates doubles contenant 
deux atomes de base renfermant chacune un seul atome d’oxigene, puis- 
sent être chauffés au point de se décomposer sans abandonner de l'eau, 
tandis que si l’on remplace l’un de ces oxides par un autre qui contienne 
trois atomes d’oxigène, comme l’oxide d’antimoine, le sel devient tout 
à coup capable de perdre deux atomes d’eau de plus. L’acide tartrique 
perd deux atomes d’eau par l'intervention de bases contenant deux équi- 
valents d’oxigène; il perd quatre atomes d’eau, si les bases qui s’y unissent 
contiennent quatre atomes d’oxigène. C’est sans doute là un phénomenc 
bien surprenant, un phénomène inexplicable d’après la théorie admise. 
C'est là ce que nous avons tenté d’expliquer. 

» Sans connaitre la marche de nos expériences , sans attendre le déve- 
loppement de nos idées, M. Berzélius vient tout à coup poser une barrière 
devant nous; il nous défend de passer outre. Faut-il nous arrêter pour 
cela? Non, sans doute. 

» Qui peut nier que parmi les questions à résoudre en chimie organi- 
que, l’une des plus importantes soit d'expliquer comment il se fait que les 
matières les plus diverses puissent entrer dans le radical, sans augmenter 
ou diminuer sa capacité de saturation ; comment l'indigo, l’acide benzoi- 
que, l’hydrure de benzoïle peuvent entrer dans le radical de l'acide sulfu- 
rique ou de l'acide hyposulfurique, comment l'hydrure de benzoile peut 
entrer dans le radical formique, sans que la capacité de saturation de ces 
acides change. 

» N’est-il pas évident que la composition du radical n’influe en rien dans 
la faculté de saturer les bases? 

» D’un autre côté, on dit, en parlant la langue de la théorie admise, 
que si l’on vient à changer la quantité d’eau, la capacité de saturation de 
l'acide est altérée, qu’elle dépend complétement de cette eau; que pour 
les acides méconique , tartrique, phosphorique, cette capacité de satura- 
tion dépend de l’eau que l’on chasse et rien de plus. 

» On sait d’ailleurs que cette capacité de saturation primitive ne revient 
pas à l'acide pyro-phosphorique que l’on dissout dans l’eau; que ce n’est 


(750) 


pas même au bout de deux mois de contact avec l'eau, qu'on lui retrouve 
la faculté de saturer trois atomes de bases, comme avant la calcination. 
» Cette eau n’est donc pas de l’eau, puisqu'elle ne rentre pas de suite 
en combinaison; puisqu'il faut supposer qu'elle joue le rôle de base, et 
qu’en contact avec un acide qui en est très avide, qui est dissous dans 
cette eau-même, il lui faut des mois entiers de contact pour s’y combiner. 
» En disant que la capacité de saturation des acides dépend d’un état 
particulier de combinaison du radical avec l'hydrogène , nous expliquons 
toutes ces anomalies. Cette théorie répand une clarté non équivoque sur 
toutes les combinaisons des corps non acides avec les oxides métalliques, 
et M. Berzélius reconnaitra plus tard qu'il s’est trop hâté de la condamner.» 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition de l Amylate de plomb. — Lettre 
de M. Payen à M. Dumas. 


« Les nouvelles expériences anoncées par M. Berzélius dans sa lettre 
du 7 de ce mois, m'ont conduit à exécuter de nouvelles analyses que je 
vais rapporter. 


Employé Amylate de plomb 1,025 0 ,988 


Oxide 0:61 0,630 
Obtenu Carbone 0,17 0,178 


Eau 0,198 07180 


centièmes de la 
matière organique 


Hydrogène 5,83 
Oxigène 46,8r 46,68 46,69 


Équivalents en (Carbone 47,34 | 47,4 8 
Le Es | 28 fé 


100,00 100,00 100,00 


»La matière employée dans la première analyse avait été préparée avec 
de la fécule pure traitée par 100 fois son poids d’eau bouillante, puis 
combinée intégralement avec loxide de plomb sans rien séparer préala- 
blement par le filtre. 

» Les trois analyses suivantes furent faites sur deux autres amylates pré- 
parés tous deux avec une solution d’amidon filtrée. 


(75K ) 

» La température de la dessiccation pour la première expérience fut 
soutenue à 135° pendant 3 heures dans le vide sec; pour les essais sui- 
vants on a porté la température à + 170°; enfin la première et la troisième 
analyse ont été faites par M. Schmershall et moi, la: deuxième par 
M. Schmershall seul et la quatrième par moi seul. 

» La formule C*# H'# O9 donnerait les nombres suivants qui s’accor- 
dent bien avec la moyenne et chacune des analyses ci-dessus : ils offrent 
une nouvelle confirmation des résultats consignés dans mon dernier Mé- 
moire. 


Calculé. Trouvé. 
C#4.... 9182 47,52 47,23 
H'8... 1123 ou 4,83 5,85 
09 .... 900 46,65 46,9r 


ÉCONOMIE RURALE. — M. DuREAU DE La Mazze, dans une lettre adressée 
à M. de Blainville, donne des détails sur les ravages que causent depuis 
plusieurs années, dans certains cantons du département de l'Orne et 
des départements voisins , les larves de hanneton, désignées vulgairement 
sous les noms de turc et de ver blanc. Il exprime le désir de voir les 
entomologistes s’occuper de la recherche des moyens propres à arréter 
les progrès de ce fléau qui cause à l’agriculture des dommages considé- 
rables et qui souvent ne peuvent être réparés de long-temps. Les plantes 
annuelles, en effet , ne sont pas les seules qui aient à souffrir, mais des 
pépinières, des vergers même de 30 à 4o ans sont détruits en deux ou 
trois mois. 


M. DE PARAvEY adresse une lettre relative à la question soulevée entre 
MM. Chasles et Libri relativement à l'ancienneté de la numération écrite dans 
laquelle on fait usage de neuf caractères ayant une valeur propre et une 
valeur de position. Il annonce avoir donné en 1826, dans son Essai sur 
l'origine unique des chiffres et des lettres de tous les peuples, la preuve que 
le zéro et notre arithmétique de position ont été connus de tout temps dans 
l’Assyrie et dérivent de l'usage de la machine à compter, nommée 4bacus 
par les latins, machine encore en usage en Russie, en Chine, et au Japon, 
où elle est nommée Soen pan. 

M. de Paravey joint à sa lettre un trait lithographié offrant, d’après une 
gravure chinoise du Musée de La Haye, la représentation d’un Miao-tsé, 
c'est-à-dire d’un habitant des montagnes du sud-ouest de la Chine. 


C R. 1838, 197 Semestre, (T. VI, N° 29.) 103 


( 752 ) 


M. Koricsky adresse une seconde lettre relative aux zuages parasites. 
Il prie, en même temps, l'Académie de hâter le rapport qui doit être fait 
sur deux Mémoires qu'il a présentés, et qui ont pour titre : /nfluence du 
soleil et de la lune sur les phénomènes atmosphériques. 


M. Cawwer annonce qu'il obtient de la fleur d'iris une encre d'un très 
beau noir et très facile à préparer ; il offre de faire connaître le mode de 


4 


préparation. 


A quatre heures trois. quarts Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. 
F. 


Errata. (Séance du 13 mai.) 


Page 675, ligne 24, une dépendance du lias, lisez du {rias, 
704 ligne 14, l'année 1838, lisez l’année 1837. 
308, ligne 18, Hubert; Rey, lisez Hubert-Recy. 


(73) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences, n° 21, 1° semestre 1838, in-/°. 

Recherches microscopiques sur l’organisation et la vitabilité des globules 
du lait, sur leur germination, leur développement et leur transformation 
en un végétal rameux et articulé; par M. Turn; in-8°. (Extrait des 
Annales des Sciences naturelles.) 

Annales des Sciences naturelles ; tome 9, janvier 1838, in-8°. 

L'art de vérifier les Dates depuis 1770 jusqu'à nos jours, publié par 
M. le Marquis de Fortia; tome 16, in-8°. (Antilles), partie rédigée 
par M. Warpen. 

L'art d'observer en Géologie; par M. De La Bècue; traduit de l’angjais 
par M. »e Correcxo; Paris, 1838, in-8°. 

Nouvelles considérations sur les affections nerveuses de l'organe de la 
vue; par M. Bessières ; Paris, 1838, in-8°. 

Rapport sur les jardins et pépinières des environs de Lyon; par 
M. Héror; Lyon, 1838, in-8°, présenté par M. Huzarp. 

Traité des maladies des Femmes et de l'hygiène spéciale de leur sexe; 
par M. Coromsar pe L'Isère; 2 vol. in-8°: Paris, 1838. 

Sur les Zoospermes des Mammifères et sur ceux du Cochon d'Inde en 
particulier ; par M. Dusarnin; in-8°. 

Voyage en Islande et au Groënland sous la direction de M. Garmarn.— 
Géologie et Minéralogie; par M. Evcèxe Rogenr, atlas, 2° livraison in-8°. 

Cartes géographiques des environs de Quimper; par M. A. Rrviëre. 

L'industrie sucrière et ses progrès en 1838; par M. Éo. Sroté; Paris, 
1858, in-8°. à 

Traité d'Histoire naturelle; par MM. Manrin Samnr-ANce et Guérin ; 
35° livraison in-8°. 

Tenue des livres.— Cours complet et nouveau système de tenue des livres 
de commerce en partie double; par M. Sainr-Craune; Paris, 1838, in-8°. 

Revue critique des livres nouveaux ; par M. Cuersuriez; 6° année, 
n° 5, in-8°. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 2, n° 15 et 16, in-8. 

109: 


(754 ) 

Compendium de Médecine pratique, etc., par MM. »e 14 Berce et Mos- 
nNereT; tome 2, COE—CON, 7° livraison in-8°. 

Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève ; 
tome 8, 1° partie, 1838, in-4°. 

Bibliothèque universelle de Genève ; avril 1838, in-8°. 

Flora cestrica, an attempt.... Essai d'une énumération et d'une des- 
cription des plantes à fleurs et des plantes filicoïdes du comté de Chester, 
dans l'état de Pensylvanie, avec une courte indication de leur propriété 
et de leurs usages dans la Médecine, l'Économie rurale , l'Économie domes- 
tique et les Arts; par M. W. Danunerow; West-Chester, 1837, in-8°. 

Transactions. ... Transactions de la Société philosophique américaine; 
Philadelphie, vol. 2°, in-8°. (Duronceau, sur l'écriture chinoise, etc.) 1838. 

Catalogue of....Catalogue de Plantes croissant naturellement ou na- 
turalisées dans le voisinage de Newberg (Nouvelle-Caroline)};, New-York, 
1837, in-8°. 

Transactions.... Transactions de la Société d'Agriculture et d'Horti- 
culture de l'Inde. — Rapport sur la condition physique de l'arbre à thé 
d'Assam par rapport à la structure géologique, au sol et au climat; par 
M. Mac Crerrann; Calcutta, 1837, in-8°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales pratiques et de Phar- 
macologie; 5° année, mai 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° ar, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 61—63, in-4°. 

Écho du Monde savant, 5° année, n° 337. 

L'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie ; tome 1, n° 41. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 4 JUIN 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE ’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Memoire sur les déviations de la boussole, 
produites par le fer des vaisseaux ; par M. Poisson. 


« La force magnétique de la terre varie d’un lieu à un autre en direc- 
tion et en intensité; elle dépend de la distribution des deux'fluides ma- 
gnétiques dans la masse du globe, qui ne nous est pas connue. Cetteforce 
et sa direction en un point donné, ne peuvent donc être déterminées 
que par l'expérience. Ce: sont les observations qui montrent, en effet, 
qu'en tous les points de l'hémisphère boréal, le pôle austral de l'aiguille 
aimantée s’abaisse au-dessous du plan horizontal mené par son point 
de suspension, et que ce même pôle s'élève au-dessus de ce plan dans 
l'hémisphère austral. Toutefois, la courbe qui sépare ces deux hémis- 
phères magnétiques , est une ligne à double courbure qui s'écarte nüta- 
blement de l'équateur terrestre. A mesure que l’on s'éloigne; d'un eôtéou 
de l’autre , de cette courbe où l’inclinaison est nulle, l'expérience a aussi 
fait voir que cet angle et l'intensité magnétique du globe augmentent 

C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, Nô 23.) 104 


(756) 

suivant des lois que l’on ne connaît pas encore. Quant à la déclinaison, 
non-seulement elle varie sur chaque méridien et d’un méridien à un 
autre, mais en un point donné, l'observation nous a appris qu’elle change 
lentement, et que le pôle austral de aiguille passe même de l’est à l’ouest, 
ou réciproquement. À Paris, par exemple, la déclinaison qui avait lieu 
à l’est avant 1663, est devenue nulle dans cette année, a lieu maintenant 
à l’ouest, et paraît avoir atteint son maximum, d'environ 22 degrés et demi, 
vers 1820. L’aiguille horizontale éprouve aussi de petites variations diurnes ; 
nous ne connaissons aucunement les causes de ces oscillations , ni celles 
des déplacements annuels, qui, vraisemblablement, affectent aussi la force 
magnétique du globe et l'inclinaison en chaque lieu. 

» La déclinaison n’éprouvant que de petites variations dans la journée, 
et son changement d’un lieu à un autre, séparés par une petite distance, 
étant aussi fort petit, 1l s'ensuit qu'abstraction faite de l’action du fer 
d’un vaisseau sur la boussole, l’aiguille demeurera sensiblement parallèle 
à elle-même pendant quelques jours, quels que soient les changements 
de direction du navire dans cet intervalle de temps. Si donc, à une 
époque quelconque, on a déterminé par l'observation du soleil ou autre- 
ment, l’azimut de la boussole, c’est-à-dire, l'angle qu’elle fait avec le mé- 
ridien; cet azimut ne changeant pas durant plusieurs jours, l'observation 
de l'angle de la boussole et de l’axe qui va de la poupe, où elle est placée, 
à la proue du navire, fera connaître immédiatement l’azimut de cette 
droite, ou de la section principale de ce vaisseau; d'où l’on conclura ensuite 
la direction suivant laquelle il est poussé par le vent. Mais les masses de 
fer que contient un vaisseau s’aimantent par l'action de la terre; elles 
agissent dans cet état sur la boussole, et la font dévier de sa direction 
naturelle. Or, cette déviation change de grandeur et de sens avec la di- 
rection du navire; par conséquent, l'observation de l'angle que fait sa 
section principale avec la direction apparente de l'aiguille, ne pourra plus 
sérvir à déterminer exactement l’azimut de cette section. Pour fixer les 
idées, supposons que l'axe qui va de la poupe à la proue était d’abord 
perpendiculaire au plan du méridien magnétique vrai, et dirigé à l’ouest ; 
que dans cette position, la déviation de l’aiguille s'élevait à 20 degrés, et 
avait aussi lieu à l’ouest de sa direction naturelle; que ce même axe soit 
venu à tourner de 180°, ou de l’ouest à l'est; et que par l'effet du chan- 
gement de direction du vaisseau , la déviation ait aussi passé de l’ouest à 
l'est, et soit toujours de 20 degrés. 1l est évident qu'un observateur qui 
ne connaîtrait pas l'action du fer, et qui croirait, en conséquence, que 


C 757 ) 


l'aiguille est restée parallèle à elle-même, devrait juger que la rotation du 
vaisseau a été seulement de 180° — 40°, ou de 140°; en sorte qu'il se trom- 
perait de 40° sur la seconde direction du navire, en supposant qu'il eût 
déterminé exactement, par les procédés ordinaires , azimut de la section 
principale dans sa première direction. L'action du fer des vaisseaux a 
donné lieu quelquefois, dans les hautes latitudes, à des déviations de plus 
de 20 degrés, soit à l’ouest, soit à l'est, qui ont pu produire, consé- 
quemment, des erreurs de plus de 40° dans les changements de direc- 
tions d’un navire, conclus de l'observation de la boussole. 

» Cependant, la connaissance de ces déviations ne remonte pas à une 
époque fort ancienne. Wales , astronome du voyage de Cook, paraît être 
le premier qui les ait remarquées. Dans le voyage de d’Entrecasteaux, 
notre confrère, M. Beautemps-Beaupré, en a aussi observées, et il a jus- 
tement signalé les erreurs qu’elles peuvent occasioner dans les relève- 
ments des côtes, faits à bord des vaisseaux, au moyen de la boussole. 
Flinders a reconnu qu’elles augmentent, pour un même bâtiment, avec 
l'inclinaison magnétique; relativement aux directions du navire, il a cher- 
ché à lier entre eux les résultats des nombreuses observations de Wales, 
au moyen de formules empiriques qui se sont trouvées démenties par les 
observations postérieures. Enfin, dans ces derniers temps, on s’est beau- 
coup occupé de cet important phénomène; et dans les voyages de décou- 
verte au pôle nord, les officiers de la marine anglaise ont observé les 
grandes déviations que je viens de citer. 

» Les erreurs, dangereuses pour la navigation, qu’elles peuvent pro- 
duire, étant bien constatées, M. Barlow a proposé un moyen très ingé- 
nieux de les éviter, ou de les amoindrir, qui a été effectivement employé 
avec succès dans la marine. Ce moyen consiste à placer dans le voisinage 
de la boussole, une plaque de fer doux qui s’aimante, comme les autres 
masses de fer du vaisseau, par l'influence du globe , et qui, à raison de sa 
proximité de l'instrument, peut balancer leur action et ramener l'aiguille 
a sadirection naturelle Par des essais, on détermine la position qu’on doit 
donner à la plaque pour qu’elle détruise cette action ,autantqu'il est possi- 
ble, dans toutes les directions du bâtiment autour de la boussole. S'il existe 
une telle position pour laquelle cette destruction ait lieu rigoureusement 
au point de départ du navire, qu'on l'ait trouvée, qu’on y ait fixé la 
plaque, et que la distribution des masses de fer ne change pas pendant 
le voyage, il est aisé de s'assurer que la résultante de leurs actions et 
l'action de la plaque, se détruiront encore, d’une manière complète, en 


104.. 


( 758 ) 


tout autre point où la force magnétique du globe aura changé en grandeur 
et en direction. Mais si les déviations de l'aiguille n'ont été qu'imparfaite- 
ment détruites, au lieu pour lequel la position de la plaque aura été fixée, 
il est à craindre qu’elles ne deviennent plus sensibles, et ne reparaissent en 
d’autres lieux. C’est en effet, ce que l'expérience à fait voir : les déviations 
ayant été réduites, au moyen de la plaque, à quelques minutes, au départ 
de l'Angleterre, elles se sont retrouvées de quelques degrés à de hautes 
latitudes, dans des circonstances, il est vrai, où elles auraient été encore 
bien plus grandes, et de 20 à 30 degrés, sans le secours de cet ins- 
trument. 

», M.,Barlow à aussi proposé un autre moyen d'employer ce même ins- 
trument : on transporte la boussole à terre, et l’on détermine par des es- 
sais, s’il est possible, des distances du centre de la plaque, soit au point de 
suspension de l'aiguille, soit au-dessus ou au-dessous du plan horizontal 
mené par ce point, qui soient telles que la déviation de laiguille ait le 
même sens.et la même grandeur, pour chaque azimut dela plaque, que la 
déviation qui a lieu à bord du vaisseau, pour le même azimut de sa section 
principale , en vertu des masses de fer qu'il contient. Cela fait, on place 
le centre de la plaque dans le plan de cette section, aux distances de la 
boussole , qui viennent d’être déterminées: l’auteur suppose ensuite que 
les actions de ce morceau de fer et du système des autres masses s’ajou- 
tent sans se modifier mutuellement; en sorte que les déviations de la 
boussole soient doublées dans tous les azimuts, par l’addition de la plaque. 
Par conséquent, en un lieu quelconque du globe, si l’on observe succes- 
sivement les angles que fait la direction apparente de la boussole avec la 
section principale du navire, sous l'influence de la plaque ainsi placée, 
et lorsque la plaque est assez éloignée de l'aiguille, pour que cette in- 
fluence soit sensiblement nulle, il est évident que l'excès du premier 
angle sur le second sera la déviation due aux masses de fer du vaisseau, 
et qu’en retranchant cet excès, du second angle, on aura l'angle compris 
entre, la section principale et le méridien magnétique; ce qui fera con- 
naître la déclinaison vraie, lorsque l’azimut de cette section aura été dé- 
terminé par les procédés ordinaires, Mais l'hypothèse de l’auteur ne peut 
étre rigoureusement exacte; car le fer du vaisseau ,en:même temps qu'il 
agit sur la boussole, influe aussi sur l’état magnétique de la plaque; et 
alors l'action, de ce corps sur la boussole n’est plus la même, à bord du 
naviresqu'elle était à terre, en dehors de l'influence du fer de ce bâtiment. 
De cette différence, ilipeut résulter des erreurs dans le calcul. de la dévia- 


‘(759 ) 
tion et de la déclinaison, qui ne soient point insensibles à de hautes 
latitudes. 

» Maintenant, je me propose, dans ce mémoire, de déterminer directe- 
ment l'inclinaison et la déclinaison vraies en un lieu quelconque du globe, 
d’après les observations de la boussole, faites à bord d’un vaisseau et sous 
l'influence du fer qu'il contient. Ce fer étant aimanté par la force magné- 
tique de la terre, il est évident que son action sur l'aiguille sera propor- 
tionnelle à cette force. De plus, les composantes de cette action, rela- 
tives à trois axes rectangulaires, qui passent constamment par les mêmes 
points du navire, ou sont fixés dans son intérieur, ont pour expressions, 
des fonctions linéaires, par rapport aux composantes de l’action du globe, 
suivant ces mêmes axes. C’est sur ce principe unique, résultant de la 
théorie du magnétisme, que mon analyse est fondée. 

» La force magnétique du globe est alors facteur commun à tous les 
termes de l’équation d'équilibre de la boussole, et en disparait consé- 
quemment. Les inconnues qui restent dans cette équation sont l’incli- 
naison et l’angle que fait, à chaque instant, le méridien magnétique avec 
la section principale du navire. Elle renferme, en outre, l'angle compris 
entre la direction apparente de l’aiguille et cette section, que l’on observe 
immédiatement, quel que soit l’azimut de cette même section, et qu 
fournit les données du calcul dans chaque lieu où le vaisseau se trouve. 
Elle contient, en outre, sous forme linéaire, cinq quantités dépendantes 
de la totalité et de la distribution du fer que le vaisseau renferme, dont 
les valeurs pourront toujours se déterminer au lieu de départ du vaisseau, 
où l’on aura mesuré à terre l’inclinaison ét la déclinaison vraies: à cet ef- 
fet, on fera, à bord du bâtiment, et pour des azimuts différents de sa 
section principale, un grand nombre d'observations de l'angle variable 
avec ces azimuts; il en résultera un pareil nombre d’équations de con- 
dition, desquelles on déduira les valeurs des cinq constantes, par la 
méthode des moindres carrés. Cela étant, en un autre lieu quelconque où 
le vaisseau se sera transporté, il suffira, pour deux directions de la section 
principale, comprenant un angle connu, d'observer les’ arigles qu’elle fait 
avec la direction apparente de la boussole; et l'équation d'équilibre, ap- 
pliquée successivement à ces deux données, fera connaîtré les valeurs des 
deux inconnues qu’elle contient. Toutefois, le calcul numérique de ces 
valeurs pourrait être assez compliqué pour nuire à l'usage de la mé- 
thode, si lon conservait à la! question toute sa généralité. Mais dans les 
vaisseaux , les masses de fer sont généralement distribuées’ d’une manière 


(760 ) 

symétrique ou à très peu près, de part et d'autre de la section princi- 
pale; or, cette circonstance rend nulles trois des cinq constantes; et, 
par suite, les expressions des deux inconnues prennent une forme très 
simple, et seront très faciles à réduire en nombres. On connaîtra donc, 
en chaque point de la course du vaisseau, l’inclinaison et la déclinaison 
vraies, après, cependant, qu'on aura déterminé, par les méthodes astro- 
nomiques , les azimuts de la section principale, qui répondent aux deux 
observations, ou l’un de ces angles et la quantité angulaire dont le 
vaisseau aura tourné, d’une observation à l’autre. 

» Les masses de fer d’un vaisseau sont aussi situées , en grande partie, 
au-dessous du plan horizontal mené par le point de suspension de la 
boussole. Il est facile d’en conclure que si, pour fixer les idées, l'axe qui 
va de la poupe à la proue est d’abord compris dans le méridien magné- 
tique et dirigé vers le nord, et qu'on fasse tourner le navire horizon- 
talement, ces masses aimantées par l'influence du globe, tendront, 
dans notre hémisphère, à entrainer le pôle austral de l'aiguille dans le 
sens du mouvement de la section principale, et à repousser le pôle boréal 
dans le sens opposé. Or, le calcul montre que pendant cette rotation du 
vaisseau indéfiniment prolongée, il pourra arriver deux cas distincts : 
dans l’un, le plus ordinaire, le pôle austral suivra d’abord la section prin- 
cipale jusqu’à une certaine limite; puis il rétrogradera vers le méridien ma- 
gnétique, le dépassera, y reviendra de nouveau, et ses positions d’équi- 
libre relatives à tous les azimuts de cette section, oscilleront de part et 
d'autre du méridien; dans le second cas, ce pôle suivra la section princi- 
pale pendant la première demi-révolution, la précédera pendant la seconde, 
et passera en même temps que ce plan dans celui du méridien. Ainsi, 
dans ce second cas, il y aura des directions du vaisseau où l'action des 
masses de fer l’emportera sur celle du globe, et produira même un re- 
tournement complet des deux pôles de la boussole. Le calcul montre éga- 
lement que pour chaque vaisseau , le déplacement révolutif de l'aiguille 
aura toujours lieu, quelle que soit la distribution des masses de fer, en 
s'éloignant convenablement de l'équateur; mais jusqu'à présent les navi- 
gateurs ne se sont pas encore assez approchés du pôle, pour que cet effet 
ait pu être observé. Il y a aussi un cas singulier qui se rencontrerait diffi- 
cilement dans la pratique, où les masses de fer seraient tellement disposées 
dans le navire, qu’en tous les lieux de la terre, l'aiguille demeurerait cons- 
tamment dans le plan de la section principale. 

» Non-seulement, dans le cas du déplacement révolutif de la boussole, 


(761) : 
sa déviation n’a pas de maximum, mais dans l’autre cas, où il en existe un, 
ilne répond pas, comme on pourrait le croire, àla direction de la section 
principale du navire perpendiculaire au méridien magnétique, et peut 
quelquefois s’en écarter beaucoup. Toutefois, la déviation correspondante 
à cette direction jouit d’une propriété trés digne de remarque. En deux 
points quelconque du globe, aussi éloignés l'un de l'autre que l’on voudra, 
les tangentes de cette déviation sont entre elles comme les tangentes des 
inclinaisons magnétiques. Ce théorème est indépendant de la distribution 
des masses de fer du navire; il suppose seulement qu’elle soit symétrique 
des deux côtés de la section principale, et qu’elle ne change pas dans le 
trajet du point à l’autre de la terre. Pour le vérifier, j'ai pris des obser- 
vations faites dans les voyages au pôle nord que j'ai cités plus haut. 

» Dans celui du capitaine Ross, en 1818, on a trouvé à bord de l'Zsa- 
belle ; pour la déviation dont il s'agit, observée à Lerwich (ile Schetland), 
4° 34! à l'est du méridien magnétique, quand la section principale du na- 
vire était aussi dirigée vers l’est, et 5° 11” à l’ouest, lorsque cette section 
était tournée vers l’ouest. La différence de 37° qui existe entre ces deux 
déviations pent être attribuée, en partie à un petit défaut de symétrie dans 
la distribution des masses de fer, et en partie aux erreurs inévitables des 
observations. En même temps, l'inclinaison à Lerwich était de 74°2/. 
En un point de la baie de Baffin, où l’inclinaison s'élevait à 85° 50’, les 
déviations que nous considérons ont été 17° 30’ à l’est et 18° à l’ouest. 
Or, si l’on prend leur moyenne 17°45° pour la déviation, en ce lieu de 
la terre, correspondante à la direction perpendiculaire au méridien ma- 
gnétique , la proportion des tangentes donne 4° 46 pour cette déviation 
à Lerwich; valeur comprise entre les deux déviations mesurées en cet 
autre lieu, et qui ne diffère de leur moyenne 4° 52° 30", que de 630”. 
Réciproquement , en prenant cette moyenne et la précédente pour les 
déviations à Lerwich et à la baie de Baffin, et partant de l’inclinaison 
35° 50’, observée dans le second lieu, cette même proportion donne 74° 41! 
pour l’inclinaison à Lerwich ; ce quin’excède que de 19/, l’inclinaison 74° 22° 
directement mesurée. 

» À bord de /’Hécla ; dans le voyage du capitaine Parry, en 1818 et1819, 
on a trouvé à North-Fleet (près de Londres), 4° 41! à l’est, pour la dé- 
viation, lorsque la section principale était dirigée vers l’est du méridien 
magnétique. Celle qui avait lieu, lorsque cette section était tournée vers 
l'ouest ; n’a pas été observée. L’inclinaison était de 70° 30’. En un point de 
la baie de Baffin, différent de celui de observation du capitaine Ross, 


: ( 762 ) 

et où l'inclinaison était de 84° 15’, cette déviation, aussi vers l’est, s’est trou- 
vée de 15°5'. Or, d’après ces deux inclinaisons et cette.dernière déviation, 
la proportion des tangentes donne 4° 23! pour la déviation à North-Fleet, 
ou seulement 18/ de moins que la déviation observée. Réciproquement, 
en prenant les déviations observées 4° 41" et.15° 5, et y joignant l'incli- 
naison 70° 30/ qui répond à la première, on trouve, par cette même 
proportion, 83° 52! pour l’inclinaison à la baie de Baffin, c’est-à-dire 23" 
de moins que celle qui a été directement observée. On jugera sans doute 
remarquable qu’au moyen de variations de la boussole observées à bord 
d’un même vaisseau, en deux lieux de la terre aussi éloignés lun de l’autre, 
et de linclinaison mesurée en l’un de ces deux points, on puisse calculer, 
à moins d’un demi-degré près, l’inclinaison relative à l’autre. 

» Dans les diverses applications que j'ai pu faire des formules de ce Mé- 
moire aux observations, le sens des déviations observées a. toujours été 
celui que la théorie indiquait. En grandeur absolue, les différences entre 
le calcul et l'expérience ont aussi été peu considérables, mais non pas aussi 
petites, cependant, que dans les exemples que je viens de citer. Il y a lieu 
de croire qu’elles diminueraient encore, et pourraient être attribuées en- 
tièrement aux erreurs des observations, sur un vaisseau préparé d'avance, 
de maniere que la distribution des masses de fer approchät autant qu'il 
est possible de la symétrie, de part et d'autre de la section principale. Mais 
des à présent, l'accord du calcul et de l'observation est bien suffisant 
pour ne laisser aucun doute sur l'exactitude de la théorie et de ses appli- 
cations à la pratique. 

» Puisque le problème présente deux inconnues à déterminer , linchi- 
naison et la déclinaison vraies, il y faut employer deux données de lob- 
servation; celles qu’exigent les formules de ce Mémoire que j'ai citées 
jusqu'ici, sont les angles de la section principale du vaisseau et de la 
direction apparente de la boussole , avant et après que l’on à fait tourner 
cette section d’un angle connu; mais on peut éviter cette manœuvre au 
moyen d’autres formules que l'on trouvera également dans mon Mémoire, 
et dont l'application sera, je crois, plus immédiate, et par conséquent plus 
commode dans la pratique. Pour cela , je, suppose que, sans changer la 
symétrie des masses de fer, on y ajoute un morceau de ce métal, assez 
rapproché de la boussole, pour en changer notablement la direction, et 
qui pourra être, par exemple, la plaque de M. Barlow, mais sans qu’elle 
soit assujétie à faire disparaître ou à doubler les déviations de l'aiguille. 
Par l'effet de cette addition, les deux constantes contenues dans l'équation 


( 765 ) 

d'équilibre prendront des valeurs différentes de celles qu'elles avaient 
auparavant, que l’on déterminera comme celles-ci au départ du navire, et 
qui dépendront dela position qu’on aura donnée à la plaque. Cela posé, 
lorsque le vaisseau sera parvenu en un point quelconque du globe, on ob- 
servera, sans rien changer à sa direction , et sans connaître même l'azimut 
de sa section principale, les angles différents que fait cette section avec la 
direction apparente de la boussole, soit quand la plaque agit sur l’ai- 
guille, soit lorsqu'elle en est assez éloignée pour ne plus exercer une action 
sensible; puis, au moyen de ces deux données de l'observation, on calcu- 
lera facilement l'inclinaison et l'angle que fait la direction vraie de la 
boussole avec la section principale, en sorte qu'il ne restera plus qu'à 
orienter le bâtiment par les moyens ordinaires, pour connaître la déclinai- 
son vraie au lieu de l'observation. 

» Quoique les déviations de la boussole produites par le ferdes vaisseaux 
soient l’objet spécial de ce Mémoire, j'ai cependant réuni, dans un pre- 
mier paragraphe, les formules connues qui se rapportent aux directions et 
aux oscillations de l'aiguille horizontale et de l'aiguille d’inclinaison. J'ai 
aussi rappelé, dans ce même paragraphe, le procédé que j'avais indiqué, 
autrefois, pour comparer les intensités de la force magnétique du globe, 
en deux lieux différents et à des époques éloignées l’une de l'autre, au 
moyen de deux aiguilles aimantées et librement suspendues, soumises à 
leur action mutuelle et à celle de la terre, et qui peuvent n'être pas les 
mêmes à ces deux époques. M. Gauss a fait plus que de l'indiquer, il a mis 
en pratique un procédé analogue à celui-là, dans lequel cet illustre géo- 
mètre a substitué la mesure des directions des aiguilles, à l'observation de 
leursoscillations que j'avais proposée. En prenantimplicitement pour unité 
de force, l’action attractive ou répulsive des fluides magnétiques, sous 
l'unité de masse et à l’unité de distance ; en choisissant, en outre, le mil- 
limètre, la seconde sexagésimale, la masse dont le poids est un milli- 
gramme, pour unités de longueur , de temps, de quantité de matiere, 
M. Gauss a trouvé 4,8085 pour le nombre qui exprimait à Gottingue et au 
milieu de 1832, la force magnétique du globe. Pour que l'on en püt con- 
clure le rapport de cette force à la gravité, il faudrait que, sous des masses 
égales et à la même distance, le rapport de la puissance magnétique à 
l'attraction newtonnienne nous fût connu. D'après l'observation de la 
pesanteur à la surface de la terre, la longueur de son rayon, sa densité 
moyenne déterminée par Cavendish, nous pouvons facilement connaître 
la mesure de cette attraction, c’est-à-dire la vitesse que l'attraction d’une 

CR, 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 25.) 105 


( 764 ) 
masse homogène, sphérique et prise pour unité, imprimerait en une unité 
de temps à un point matériel, d’une nature quelconque ainsi que la 
masse attirante, et situé à l'unité de distance du centre de ce corps. Mais 
quant à la mesure absolue du pouvoir magnétique, je ne vois aucun 
moyen de la mesurer, ni même de savoir, à la rigueur, si cette puissance 
varie avec le temps : au lieu du nombre 4,8085, déterminé à Gottingue, 
si l’on en trouvait un autre dans le même point du globe , mais à une 
époque très éloignée de la nôtre, nous ne pourrions pas, en effet, décider 
si ce changèment proviendrait de ce que la force magnétique de la Terre 
aurait varié dans l'intervalle, par quelque cause locale ou générale, 
ou bien de ce que la puissance attractive ou répulsive, inhérente aux 
particules du fluide magnétique, serait devenue plus grande ou plus 
petite. Nous savons seulement que cette puissance est immensément 
plus grande que l'attraction newtonnienne, faute de pouvoir apprécier 
le rapport de l’une de ces forces à l’autre, nous ne pouvons pas non 
plus connaître quelle serait la vitesse que l’action magnétique du globe 
imprimerait au fluide magnétique qui viendrait à se détacher d’une 
aiguille aimantée. En faisant une supposition convenable sur le rap- 
port de la puissance magnétique à lattraction universelle, on peut 
rendre cette vitesse, dans le sens vertical, égal à celle de la lumiere, 
et même beaucoup plus grande; ce qui montre comment une certaine 
action d’un corps, sur des particules d’une extrême ténuité situées à sa 
surface, peut les lancer dans l’espace avec une immense vitesse, comme on 
le suppose, à l'égard du fluide lumineux, dans la théorie de l'émission. 
Dans les suppositions particulières que j'ai prises pour exemples de calcul, 
le poids du fluide libre, contenu dans l’une des aiguilles dont M. Gauss 
s'est servi, aurait une grandeur assignable , égale à une très petite fraction 
de milligramme, et le poids du fluide à l'état neutre, qu’elle renfermait 
également, demeurerait tout-à-fait inconnu. Mais il faut observer, à cette 
occasion, que dans la théorie du magnétisme, l'hypothèse que les deux 
fluides soient impondérables n’est pas essentielle, attendu que ces subs- 
tances ne sortent jamais des corps de la plus petite dimension, et que 
les déplacements intérieurs qu’elles éprouvent dans l'acte de l’aimantation , 
sont regardés comme insensibles. Cette supposition est nécessaire à l'égard 
du calorique et des deux fluides électriques, parce que le poids des corps 
n’augmente ni ne diminue jamais d’une manière appréciable , quelque 
grandes que soient les quantités de chaleur et d'électricité qu’on y intro- 
duise. Elle l’est également par rapport au fluide lumineux, qui se meut, dans 


(765 ) 
la théorie de l'émission , avec une excessive vitesse, et qui n'exerce, cepen- 
dant, aucune percussion d’un effet appréciable, sur les corps qu'il vient 
frapper en si grande abondance; ce qui exige que les masses, et par 
conséquent les poids de ses particules, soient insensibles, relativement 
aux masses et aux poids des molécules, dont sont composées les ma- 
tières pondérables. 

» Je joins à cet extrait les principales formules qui sont contenues dans 
le Mémoire. 

» Soient 8 et \ l'inclinaison et la déclinaison vraies, & l'azimut de l'axe 
qui va de la poupe à la proue, z l'angle que fait la direction apparente 
de la boussole avec cet axe, a et b deux constantes déterminées au dé- 
part du vaisseau, et qui dépendent de la distribution des masses de fer, 
que l’on suppose symétrique de part et d’autre de la section principale ; 
on aura 

cos (L — a)sinz + atang sinz — bsin(Ÿ — «) cosz. 


L'azimut © changeant et devenant &/, soit z' ce que deviendra l'angle 7, 
on aura de même 
cos(£ — «’) sinz + atangôsinz — Dsin (Y — 2')cos 7’. 
Par l'élimination de a tang 6, entre ces deux équations, et en faisant 
 =0u +20, d— 0 —0, = +4, 
on obtient cette formule, 


Me sin(z + z') 


7 bsin(z — 7)coto, — 2sinzsinz 


, 


dont l’usage est facile à comprendre pour déterminer la déclinaison. L'une 
des deux équations précédentes fera ensuite connaitre l’inclinaison. Dans 
le cas de w,— 180°, on aura en particulier 


2 sinzsins 


tang (L — «) —= CS a 


» La déviation de la boussole, ou l’angle compris entre sa direction ap- 
parente sous l'influence du fer, et sa direction naturelle, sera la différence 
2— 1]. En la désignant par &, quand la section principale du navire est 
perpendiculaire au méridien magnétique, ou quand on a d—w= 90°, 
on aura 

atang 8sinz — bcos x. 
105. 


( 766 ) 


En un autre lieu, où les angles 8 et æ deviendront 6’ et @æ', on aura 
également, pour le même vaisseau, 


atang #"sinæ, — Vcosz,; 
d'où l’on conclut 
tang 0° tang 0. 
Pb 


ce qui renferme la proportion des tangentes énoncée dans l'extrait pré- 
cédent. 

» Soient encore æ, 6, €, ce que deviennent les deux constantes & et b, 
et l'angle £, après l'addition d’une plaque de fer près de la boussole. La 
première des équations précédentes se changera en celle-ci : 


cos (Ÿ — w)sin € + æ tang 8 sin 6 — 6sin (Ÿ — «) cosé; 
et de ces deux équations, on déduit 


(a — G)sinz sin & 


Ang — 0) = ©  —°  —  —© — ; 


formule qui pourra remplacer l'expression de tang 4,, pour le calcul de 
la déclinaison. » 


PHILOSOPHIE NATURELLE. — De la loi d'attraction de soi pour soi: et nou- 
veaux efforts de l'inventeur pour en présenter le principe comme une 
annexe étendant les vues de la gravitation universelle de Newton; 
par M. GEroFFROY SAINT-HILAIRE. 


(Extrait. ) 


« Remarquons préliminairement qu'il est admis comme une principale 
regle des associations académiques de n'attribuer à chacun que sa part de 
sociétaire dans les recherches tentées par &Qus en philosophie scientifique. 
Sur ce pied, entré comme zoologiste dans les rangs, il arriva que, tant 
que je fus fidèle à l'essence de ma première position, c’est-à-dire que je fus 
attentif à ne point m'écarter des prescriptions du Maitre, notre chef d'é- 
cole, qui avait borné ses visées à des travaux de description et de classi- 
fication, je fus approuve et reconnu par lui et ses amis, comme un utile 
travailleur au profit commun. 

» Mais quoi! vieillir dans ce service comme je l'ai fait, avoir passé qua- 
rante-cinq aus de ma vie sous l’action d’études incessantes et suivies dans la 
même voie, et n’arriver jamais à se laisser préoccuper par quelques divaga- 


( 767 ) 


tions , était-ce praticable ? Non, non. Dominé au contraire par un instinct 
philosophique, et entrainé vers la synthèse des choses, j'en vins à re- 
cueillir avec une prédilection, qui charmait mes travaux, quelques vues 
générales que l’étude des faits apportait à mon esprit. Avec le temps, 
je parus en beaucoup d’occasions rompre avec l’école systématique lin- 
néenne, croyant à un savoir progressif, à remettre mieux en honneur 
dans ces derniers temps : j'en fus repris en 1830 par de vives attaques, 
auxquelles je répondis vivement à mon tour. 

» Ceci se range aujourd'hui dans le passé, surtout depuis que Goethe, 
vaste génie et naturaliste synthétique, eut pris en main le jugement de nos 
débats. Le livre d'histoire naturelle qui contient les jugements de ce poète 
philosophe, vient de paraître cette année par les soins de M. Ch. Martins. 
Ces débats terminés et ce procès jugé, d’autres soins m’occupèrent. J'ima- 
ginai d’examiner le principe d'attraction qui était dans la science, pour en 
chercher une application possible dans les recherches touchant l'essence 
des corps organisés. Je désirai me rendre compte, si et comment ce serait 
à découvrir. 

» Ce fut, en tout temps, une vérité de sentiment, qui avait fait ad- 
mettre cet axiome : Natura semper sibi consona, d’où l’on avait conclu que 
la matière jouissait de vives actions ; se montrait douée d'activité propre. 
Ainsi, ce devint d’un enseignement général et pratique que l'ordre dans 
la nature répondait nécessairement et avec un empire absolu aux décrets 
de Dieu, au titre et comme développant le caractère d’un don d’es- 
sence propre aux racines des choses. Ce fait général, âme universelle pour 
celles-ci, aperçu d’abord théologiquement, et depuis deux siècles com- 
pris et introduit comme une révélation appliquée dans les sciences astro- 
nomiques, fut enfin formulé sous le nom d'attraction. 

» Newton en vint à étudier ce qu'il ne’croyait praticable que pour les 
corps isolés, mobiles et cheminant dans les espaces célestes : il chercha 
l'idéal de leurs relations; il le trouva dans des éléments communs, appar- 
tenant à la nature distincte des corps planétaires; et finalement il fut 
frappé, en son livre de l’'Optique publié en 1704, où il résume ses magni- 
fiques travaux; il fut frappé des rapports de l’uniformité des masses du 
système planétaire , avec des considérations analogues à {a surface de la 
terre. C’est alors qu'abandonnant son âme aux sentiments d’une vive admi- 
ration , il comprit qu'une même raison d'affinité et de structure était aussi 
à considérer dans l'essence des êtres organisés ; il pensa que les corps 
isolés, les animaux, ont une vie à part comme les planètes; qu'ils entrent 


( 768 ) 


réciproquement dans un même plan d’arrangement ; que pareillement les 
uns à l'égard des autres ils sont faits et gagnent un but respectivement 
identique, et qu'ils sont ainsi mus par quelque chose de semblablement 
animé. 

» Ce principe attraction qui est reconnu comme une sorte d’incorpo- 
ration d'essence chez les corps célestes, pourquoi n’en serait-il point de 
méme à l'égard des particules minimes de la matière? pense ce philosophe. 
Ce n’est qu'une conjecture d’abord : plus tard, ce devint plus explicite. 
A l'attraction faudra-t-il attribuer tous les cas phénoménaux concernant 
la vie et les mouvements de toute chose, dans des corps organisés nota- 
blement? Ce fut facile à concevoir, et d'autant mieux qu’on n’avait devers 
soi aucune justification pour l’établir comme zoologiste, et qu'on ne se 
laissait encore guider par aucunes inductions analogiques. 

» Ainsi s'expliqua Maupertuis, vers 1750, lequel entrainé par un ins- 
tinct de généralisation et de vues unitaires, alla, comme un de ces philoso- 
phes de l'antiquité, voyager en terre étrangère pour se former aux études 
de la vie phénoménale de l’Univers. Maupertuis se rendit à la source 
des grandes idées, au sujet de l'attraction, pour s’empreindre des vérités 
probables, ainsi qu'il les pressentait. Mais trop pénétré à priori des théories 
conçues par son esprit, il y prit confiance sans examen ultérieur et zoolo- 
gique, car il n'était nullement naturaliste pour en entreprendre de justi- 
fiées par l'étude des faits. 

» Voltaire, hostile à sa personne, plaisanta sur la précipitation des juge- 
ments du philosophe, surtout de cet étrange procédé de transporter de 
plein saut des vues d'astronomie à des formules de physique et de phy- 
siologie. 

» Mais ce n’est point de la même façon que j'ai songé à rentrer dans la 
route justement délaissée par les successeurs directs de Maupertuis ; j'ai em- 
ployé une grande partie de mes dernières années à rechercher & posteriori 
la solution de ces hauts problèmes : et si j'ai été heurté et poussé dans les 
débats de 1830 par mon illustre adversaire, certes ce ne fut pas toujours 
par lui avec succès. En preuve, je puis dire; que je reprenne une idée qui 
m'avait échappé en traitant de mon principe de l'unité de composition. Ainsi 
je lis dans Condorcet, citant dans un rapport pour honorer les travaux 
d'anatomie comparée de Vicq d’Azir, cette phrase : « Ce fut la pensée de 
» ce maître, que la nature avait imprimé, chez tous les êtres un caractère 
» de constance dans les types, comme dans la variation de leurs modifica- 
» tions : c'est le même plan, qu’elle sait modifier à l'infini, etc. » 


( 769 } 


» Ce que j'ai donc tenté au sujet de tant de vues zoologiques, que je 
tiens maintenant pour entrées dans la pensée publique, je viens de renou- 
veler le même système de recherches, en ce qui concerne des vues 
de physique céleste. Comment? J'ai un livre publié vers le 15 février 
dernier : Notions de philosophie naturelle (M. Pizcor, libraire - éditeur). 
Je ne répéterai point ici ce que je viens d'y placer. Mais, craignant de 
n'avoir point été assez explicite et lucide J'ai retourné les questions dans 
d’autres rédactions , sous le titre de Fragments biographiques. C’est l'ob- 
jet d’un second ouvrage terminé vers la fin d'avril ; ouvrage qu’on trouve 
aussi chez le même éditeur. 

» Ce que j'ai cru faire de plus victorieux pour ma position sans cesse 
militante, ce fut d’opposer Par un travail profondément médité l'école de 
Buffon à celle de notre dernier maître et grand zoologiste. Buffon avait 
été délaissé par les savants voués aux détails de descriptions et de classifi- 
cations , et quelquefois violemment attaqué par eux. J'ai cherché à rendre 
à la vie de ce philosophe synthétique, tous ses droits à l'admiration des 
penseurs du xix° siècle. 

» Tout est aujourd’hui entrainé dans une voie de généralisation : tout 
se synthétise et se concoit de même dans des vues unitaires, Or, voilà 
ce qu'avait déjà fait Buffon. Expliquer ce grand homme me paraît le plus 
grand besoin de ia science de notre Âge; aussi ayant eu plusieurs. bio- 
graphies à produire concernant nos derniers naturalistes , je me suis en 
particulier étendu dans celui de mes fragments biographiques, sur le 
morceau que j'ai établi sous ce titre : Études sur la vie, les ouvrages 
et les doctrines de Buffon. 

» Ceci remplira-t-il mon but? C'était d'appeler présentement par des 
détails curieux l'attention des Penseurs sur ma formule : Attraction de soi 
Pour soi , laquelle contient peut-être le dernier mot sur la création , une 
explication de cette pensée de Pline : Rerum naturæ opus et rerum ipsa 
natura. Je m'en flatte : je ne me suis rien proposé au-delà par la produc- 
tion de mon ouvrage et par cette nouvelle note concernant mes derniers 
travaux. » 


CHIMIE. — Remarques de M. PeLouze à l'occasion d'une lettre de M. Lrerrc, 
lue à la séance précédente. 


« Dans le compte rendu de la dernière séance à laquelle je n’ai pas as- 
sité, il y a une lettre de M. Liebig, dans laquelle ce chimiste me prête, sur 


( 770 ) 
la formule de l'acide citrique, une réclamation que je n'ai pas faite, que je 
n'ai jamais eu l'intention de faire. 

» J'ai dit, et c'est le seul point sur lequel a porté ma réclamation , que 
j'étais parvenu à enlever à beaucoup de citrates un tiers d’atome d’eau que 
je regardais comme de l’eau de cristallisation. 

» Pour terminer définitivement un débat sur lequel aucun motif, quel 
qu'il fût, n'aurait pu me ramener le premier, il me reste une chose à faire, 
c'est de prouver que long-temps avant l’époque assignée par M. Dumas 
lui-même à ses recherches sur l'acide citrique, par conséquent long-temps 
avant l’arrivée de M. Liebig à Paris, je m’occupais des citrates, et que j'é- 
tais parvenu aux résultats dont je viens de parler. A cet égard, j’invoque Île 
témoignage de mes honorables confrères, MM. Thénard, Dulong, Chevreul, 
et celui de mon honorable maître, M. Gay-Lussac.» 


Gtonésie. — Supplément à une nouvelle détermination de la distance 
méridienne de Montjouy à Formentera, etc.; par M. Puissant. 


« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est un sup- 
plément à celui qui a pour objet une nouvelle détermination de la dis- 
tance méridienne de Montjouy à Formentera, et que j'ai lu dans la séance 
du 2 mai 1836. L'analyse trigonométrique dont je fais usage dans ce se- 
cond mémoire, donne lieu à des artifices de calcul qui simplifient singu- 
lièrement les formules de M. Legendre applicables aux triangles sphéroi- 
diques, et qui ramènent mieux qu'on ne l'a fait jusqu'à présent leur 
résolution complète à celle des triangles sphériques de même espèce. Cet 
avantage résulte principalement de ce que le calcul des coordonnées des 
sommets d’un triangle sphéroïdique est rendu tout-à-fait indépendant des 
latitudes réduites de ces mêmes points; latitudes qui ont duù être intro- 
duites dans les deux équations différentielles de la ligne de plus courte 
distance pour en faciliter l'intégration par les séries, mais qui, en définitive, 
nuisent à la promptitude des évaluations numériques. Sous ce rapport, 
mon nouvel écrit est aussi une extension de la note insérée à la page 739 
du tome III du Compte rendu de nos séances. 

» Je suis intimement persuadé que si mes honorables confrères, 
MM. Arago et Biot, examinent un jour, ainsi qu'ils l'ont fait espérer, le point 
de théorie dont je viens de m'occuper derechef, et qui se rattache essen- 
tiellement à leur belle opération géodésique, leur analyse et leurs calculs 
confirmeront pleinement mes résultats. » 


C771) 

ANTHROPOLOGIE. — Remarques sur la constitution physique des Arabes, 
qu'on peut considérer comme la race primitive de l'espèce humaine: ou 
comme son prototype; avec l'intention de les faire servir aux recherchés 
qu'une commission scientifique est chargée. d'aller faire dans nos posses- 
sions d'Afrique; par M. LaARREY. 


« Pendant notre expédition en Égypte, à la fin du xvir* siècle, j'a- 
vais porté une attention spéciale à étudier l’état physique des habitants de 
cette contrée et plus particulièrement celui des Arabes. J'avais à cet ‘effet 
soumis à des recherches anatomiques très suivies un assez grand nombre 
de cadavres des individus des deux sexes et de tout âge de cette nation, 
que nous étions, dans l’usage de traiter dans des salles particulières des 
hôpitaux de l'armée. J'avais aussi préparé des squelettes et uniasséz grand 
nombre de.têtes qui furent déposées avec beaucoup d’autres objets d'His- 
toire naturelle dans ma maison du Caire, où la peste s'étant introduite 
pendant mon absence à Alexandrie, l’ordre d’en brûler tout le mobilier 
fut intimé au gardien de cetie maison par la commission. sanitaire cen- 
trale de l'Égypte, et ma collection fut perdue. Cependant j'ai été assez 
heureux pour avoir retracé dans mon journal et dans ma relation chirur- 
gicale de l’armée d'Orient, les principaux traits du physique et le carac- 
tere de ces Arabes (1). 

» Aujourd’hui j'ajouterai à cette esquisse le résultat de. nouvelles re- 
cherches que j'ai faites et fait faire par plusieurs de mes collaborateurs (2), 
soit en Égypte, soit en Afrique; elles portent spécialement sur les formes 
extérieures des individus de cette nation, sur la structure ou la densité de 
leurs os,.sur la conformation des organes de la vie intérieure, de ceux de 
la vie de, relation etisur leurs facultés instinctives. 

» Ce peuple, sans doute l’un des plus anciens de la terre, a été produit 
par cette contrée immense qui sépare d’une part la mer Rouge du golfe 
Persique, et. de l’autre la Méditerranée de la mer d’Asie. Le climat doux 
et salubre de cette contrée présente de légères modifications, qu'on doit 
attribuer aux différences des terrains ou à:la nature du sol de chacune de 
ses principales régions : les productions en sont connues ; cependantl’homme 


(1) Foyezuma Relation. chirurgicale de l’armée d'Orient. 
(2) M: le docteur: Guyon, ‘chirurgien.en chef des hôpitaux: militaires en Afrique, m’a 
surtout fourni à ce sujet de précieux matériaux. 


CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 25.) 106 


(772 ) 
et les animaux ont une physiononnie et un caractère tout particuliers, qui 
les distinguent en général de ceux que produisent les autres régions de la 
terre. 

» L'étude physique de la première classe (des Arabes) a été l’objet prin- 
cipal de mes recherches, ainsi que je l’ai indiqué dans ma campagne d'É- 
gypte; on peut distinguer cette espèce d'homme en trois races diffé- 
rentes : 

» 1°. Celle des Arabes orientaux venant des bords de la mer Rouge ou 
de l'Arabie proprement dite ; 

» 2°. Celle des Arabes occidentaux ou africains originaires de la Mauri- 
tanie ou des côtes d’Afrique ; 

» 3°. Enfin, celle des Arabes-Bédouins ou Scénites, errants sur les li- 
sieres des déserts. 

» Les individus de la premiere race, qui se sont répandus et perpétués 
dans la classe des fellahs (laboureurs) et artisans de toute l'Égypte et des 
contrées fertiles de l'Afrique, sont d’une taille un peu au-dessus de la 
moyenne; ils sont robustes et bien faits, leur peau est hàälée ou brune , et 
élastique ; ils ont le visage ovale, de couleur cuivrée; leur front est large ; 
élevé, le sourcil noir détaché, l'œil de la méme couleur, vif et enfoncé; 
le nez est droit, de moyenne grandeur; la bouche bien taillée, les dents 
sont bien plantées, belles et blanches comme l'ivoire; l'oreille, d’une belle 
forme et de grandeur normale, est légèrement recourbée en avant : son 
trou auditif est parfaitement parallele avec la commissure externe ou 
temporale des paupières, comme chez les individus de tous les peu- 
ples (1). 

» On observe chez leurs femmes quelques différences avantageuses; on 
admire surtout les contours gracieux de leurs membres, les proportions 
régulières de leurs mains et de leurs pieds, la fierté de leur attitude et de 
leur démarche, etc. 

» La deuxième race d’Arabes ne diffère point essentiellement, pour ses 
formes physiques, de la première, et il y a une parfaite analogie de carac- 
tère entre les individus de ces deux races. 

» Les Bédouins, ou Arabes bergers, sont généralement divisés par tribus 


(1) L’exactitude de ces rapports a été parfaitement suivie par l’habile pinceau de Gi- 
rodet, dans la tête du cheik arabe que je présente à l’Académie. D'ailleurs le pavillon 
de l’oreille peut varier à l'infini par sa forine et sa grandeur, non-seulement chez les 
différents peuples, mais aussi chez les individus de chaque espèce. 


(773 ) 


éparses sur les lisières des terres fertiles, à l'entrée ou sur les bords des 
déserts; ils habitent sous des tentes qu’ils transportent d’un lieu à un 
autre selon les besoins; ils ont aussi le plus grand rapport avec les autres 
Arabes; cependant leurs yeux sont plus étincelants; les traits de leur vi- 
sage généralement moins prononcés, leur taille est moins élevée que chez 
les Arabes civilisés; ils sont aussi plus agiles, et, quoique maigres, ils sont 
trés robustes, ils ont l’esprit vif, le caractère fier et indépendant; ils sont 
méfiants, dissimulés, errants, mais braves et intrépides; l’hospitalité est 
sacrée chez eux; ils sont surtout d’une grande adresse, d’une profonde et 
rare intelligence; ils passent pour d'excellents cavaliers, et l’on vante avec 
raison leur dextérité à manier la lance et la javeline. Au reste, ils sont 
très aptes à l'exercice de tous les arts et métiers. 

» Les mœurs et les coutumes sont à peu près les mêmes chez tous; ils 
élèvent des troupeaux de moutons, de chameaux, et des chevaux d'une 
espèce très recherchée; tous parlent la langue arabe et suivent la même 
religion. Tous vivent à peu près de la même manière; ils se nourrissent 
principalement de laitage, d’œufs et de végétaux; ils mangent rarement 
et très peu de viande, et en général ils sont très sobres; ils supportent fa- 
cilement tous les genres de privations. Tous se rasent la tête et laissent 
croître la barbe. 

» Les femmes laissent grandir leur chevelure qu’elles colorent souvent, 
ainsi que leurs sourcils, avec une teinture brune plus ou moins foncée, 
qui n’est nullement nuisible aux cheveux ; elles les nourrit au contraire et 
leur imprime une belle couleur noire; elles se teignent aussi, avec une 
liqueur d’un jaune doré faite avec le henné, le pourtour des pieds et des 
mains jusqu’au bout des doists. On protége ces mêmes régions et le vi- 
sage des jeunes personnes, un peu riches, de l’action désorganisatrice de 
la variole (lorsqu'on n’a pu Jes en préserver par l’inoculation) au moyen 
de feuilles d'or qu’on applique à l'invasion de la maladie sur toutes ces 
parties (1); cet usage paraît avoir été commun aux Égyptiens comme aux 
Arabes proprement dits. 

» Tous les individus des deux sexes portent un turban d’étoffe plus ou 
moins riche, selon la fortune de chacun; ce turban leur ceint la tête cir- 
culairement au-dessus des oreilles qui sont légèrement renversées vers les 


G) M. Larrey présente un pied de momie où l’on voit les traces de ce genre de 
dorure. 


106. 


(774) 

tempes, ce qui donne au crâne de ces individus une forme presque sphéri- 
que et détermine une grande élévation à, la voüte de cette boite os- 
seuse (1). Cette forme particulière des oreilles et cette élévation du crâne 
ont sans doute fait dire à notre très honorable confrère M. Dureau de la 
Malle que les trous auditifs étaient placés plus bas dans la tête des Arabes 
que dans celle des individus des autres nations; mais nous nous sommes 
convaincus. par l'examen comparatif des os temporaux dans lesquels ces 
ouvertures sont pratiquées , que leur situation respective est absolument la 
même dans les têtes des individus de tous les autres peuples. 

» Le génie propre de ces hommes les a portés à fournir les premiers 
rois pasteurs de l'Égypte , les premiers astronomes, des philosophes pro- 
fonds et de grands médecins; on connaît d’ailleurs leurs travaux et leurs 
conquêtes. 

». La perfectibilité que nous avons reconnue dans tous les organes de 
la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, an- 
nonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfectibilité 
physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d’ailleurs, à celle, 
par exemple, des peuples du nord de la terre. 

» En Égypte, nous avons remarqué que les jeunes individus arabes de 
l'un et de l'autre sexe, imitaient avec une facilité étonnante tous les tra- 
vaux de nos artistes et de nos ouvriers; ils apprenaient également les lan- 
gues avec une rapidité remarquable. a; 

» IL est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière 
et simple de cette race d'hommes qui a pris naissance dans cette riche 
et fertile contrée, aient contribué à leur donner cette perfectibilité d’or- 
ganes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce 
à part. 

» Indépendamment de cette élévation de la voüte du crâne et de sa 
forme presque sphérique, la surface des mâchoires a une grande étendue 
et se trouve dans une ligne droite ou perpendiculaire; les orbites plus 
évasés qu’on ne l’observe en général sur les cränes des Européens sont 


(1) Cette expansion excentrique ou ce développement du travail de l’ossification qui 
se fait du centre, à Ha circanférence justifie les principes que j'ai établis dans les mé- 
moires que j’ai eu l'honneur de lire à l’Académie sur les plaies de tête et l’ostéogénie de 
la boîte du crâne. On se convaincra de cette vérité physiologique par l'examen de Ja 
pièce que je présente. ( ’oyez pour les détails relatifs à l'observation du sujet de cette 
sète, la Clinique chirurgicale, tome IV, page 36 et suivantes ) 


(775 ) 

un peu moins inclinés ‘en arrière ; les arcades alvéolaires sont peu pronon- 
cées et garnies de ‘dents très blanches et régulières; iles dents canines 
surtout sont ‘peu ‘saillantes, ce :qui confirme l’assertion ‘émise par les 
voyageurs qui ont été à même d'observer le régime des Arabes, portant 
que ce peuple mange peu et rarement de la viande. Nous nous sommes éga- 
lement convaincu que les os de la’ tête des individus de cette nation sont 
plus minces et m'ont paru plus denses | en leur supposant les mêmes ‘di- 
mensions que chez les autres peuples. Je regrette beaucoup de n'avoir pu 
déterminer la pesanteur spécifique de ces os, mais les expériences qu’on peut 
faire pour obtenir ce résultat sans offrir une certitude réelle sont trop dif- 
ficiles ; mais la transparence ‘que ’présentent les 65 de cette boîte osseuse 
prouve déjà cette densité particulière. Je pense d’ailleurs qu’il séra aisé aux 
anatomistes d'apprécier par un ‘examen ‘attentif les différences que nous 
venons d'indiquer. 7 

» Cette perfectibilité physique des os ‘de Hi tête, s’observe également 
dans les autres parties du squelette. En effet, j'ai remarqué comparative- 
ment que les os des membres des Arabes sont plus denses, d’un tissu 
plus compact sans cesser d’être élastique ; les éminences qui donnent in- 
sertion aux cordes ou bandelettes fibreuses des puissances motrices sont 
très prononcées ; ce qui donne à ces puissances autant de points d'appui 
très solides et une grande précision aux mouvements. Nous avons reconnu 
encore : } 

» 1°. Que les circonvolutions du cerveau, dont la masse est proportion- 
née à la capacité du crâne, sont plus multipliées, les sillons qui les sépa- 
rent plus profonds et les substances qui forment cet organe plus denses 
ou plus fermes que chez les autres races (1). 

» 2°. Le système nerveux qui part de la moelle allongée et de la moelle 
épinière nous a paru être composé de nerfs plus denses que chez les 
peuples européens en général. 

» 3°. Le cœur et le système vasculaire artériel présentent une régularité 
et un développement parfaits. 

» 4°. Les sens des Arabes sont exquis et d’une perfectibilité remar- 
quable; la vue chezeux s'étend fort loin; ils entendent à de très grandes 


(1x) Ces phénomènes ont été observés dans le cerveau du célèbre poète lord 


Byron; nous avons rendu compte de sa nécropsie dans le 5%° volume de notre Clinique 
chirurgicale. 


(776) 


distances, et ils perçoivent les odeurs les plus subtiles : cette perfection se 
fait remarquer aussi dans tous les organes de la vie intérieure. 

» Le système musculaire ou locomoteur est fortement prononcé et se 
dessine sensiblement sous la peau ; ses fibres sont d’un rouge foncé, fermes 
et tres élastiques, ce qui explique la force et l’agilité de ce peuple. On est 
loin de trouver cette perfectibilité physique chez les nations mélangées 
d'une partie de l'Asie, de l'Amérique, et surtout chez celles septentrionales 
de l'Europe. D’après cela, je me persuade que le berceau du genre hu- 
main se trouve dans le pays que nous avons désigné : on arriverait sans 
doute à cette conclusion positive, si l’on pouvait mesurer la pesanteur 
spécifique des os des vrais Arabes; cette pesanteur serait assurément re- 
connue plus grande, toutes choses égales d’ailleurs, que chez les individus 
des autres nations qui ne possèdent pas sans doute au même degré de 
perfection les autres propriétés normales, ce qui me porte enfin à croire 
que l’Arabe est l'homme primitif. 

» J'ai trouvé chez les Espagnols, les Basques et les Catalans , une grande 
analogie dans les qualités physiques et instinctives avec les Arabes des- 
quels sans doute la plupart des habitants de l'Espagne et de nos monta- 
gnes pyrénéennes sont descendus; je pourrais y ajouter les habitants de la 
Corse et ceux de plusieurs autres iles de la Méditerranée. Les peuples ou 
les individus des autres contrées de la terre dont les formes de la tête et la 
structure des organes s’approchent le plus de l’état physique des vrais 
Arabes ont nécessairement une perfectibilité proportionnée dans leurs 
fonctions sensitives et dans leurs facultés intellectuelles. 

» Nous nous arrêtons aujourd’hui à ces idées générales, qui sont le ré- 
sultat de mes recherches et des observations comparatives que j'ai été 
dans le cas de faire chez plusieurs nations des quatre parties du monde ; 
je me persuade qu’elles pourront être de quelque utilité à la Commission 
scientifique chargée d'aller explorer l’Algérie et l’ancien royaume de 
Syphax; peut-être aussi pourront-elles servir à établir des règles d’hygiène 
propres à conserver et à propager les qualités physiques et instinctives 
de cette race d'hommes primitifs. » 

M. Larrey présente à l’Académie une tête de corse et les deux têtes 
dont il à parlé, celles d’un arabe et d’un enfant de Paris âgé de 12 ans, et 
une tête de nègre. Ces têtes sont destinées au Muséum d'histoire naturelle. 


(37) 


mÉrÉOROLOGIE. — Vote sur des grèlons en pyramides sphériques ; par 
M. BEUDANT. 


« Dans les premiers jours du mois de mai, à 5 heures du soir, pendant 
que j'étais à la campagne près de Saint-Cyr, il y eut une chute de grêle. 

» Pendant deux ou trois minutes il tomba des grelons globuleux , peu 
nombreux, de huit à neuf lignes de diamètre, très lisses, et formés de 
couches concentriques, qui se distinguaient par des alternatives de trans- 
parence et d’opacité. 

» Un coup de tonnerre éclata , et presque aussitôt le nombre des grèlons 
devint beaucoup plus considérable; mais ils n'étaient plus globuleux, ils 
présentaient tous des pyramides quadrangulaires dont la base était une 
portion de sphère. La hauteur de ces pyramides était de quatre lignes à 
quatre lignes et demie; c'était donc le rayon des globules qui étaient 
tombés en premier lieu. Ces pyramides étaient en outre formées de 
couches curvilignes parallèles à la base, alternativement transparentes 
et opaques, de la même épaisseur que les couches concentriques des 
grelons globuleux. 

» Il paraît donc évident que les grelons pyramidaux qui tomberent en 
dernier lieu, étaient des fragments des premiers grèlons globuleux, qui se 
seront éclatés du centre à la circonférence, par une cause qu'il faut cher- 
cher. Cette observation vient à l'appui de celles qui ont été faites par 
M. Élie de Beaumont, et pourra être utile un jour pour la théorie de la 
grêle qui est encore si peu claire. 

» Quelques idées théoriques me conduisant à soupçonner une cause 
possible de la rupture des globules ; j'engagerai les personnes qui se 
trouveront dans la position convenable, à placer les grèlons globuleux 
dans le vide, pour voir s’il n’arriverait pas alors qu'ils éclatassent. » 


RAPPORTS. 


ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur un nouveau procédé pour la conservation 
des grains, proposé par M. le général DEmARÇAY. 
(Commissaires, MM. de Mirbel, Dulong, Séguier, Gay-Lussac rapporteur.) 


« L'Académie, dans sa séance du 19 février dernier, nous a chargés, 
MM. Mirbel, Dulong, Séguier et moi (1), d'examiner le procédé de 
M. Demarçay, et de lui en donner notre opinion. Nous venons aujour- 
d'hui terminer auprès d’elle la mission qu’elle nous avait confiée. 


(1) M. Gay-Lussac. 


C7) 

» Il. y a peu de temps, l'Académie: a entendu le rapport d’une autre 
commission sur un procédé de M. Vallery,, ayant le même objet, et lui a 
donné son approbation. Ce rapport , en' nous interdisant les mêmes dé- 
tails, nous permettra d’abréger beaucoup notre tâche, quoique, d’ail- 
leurs , les deux procédés soient très différents. 

» M. Demarçay entend par conservation du grain, ‘et particulièrement 
du blé, la conservation de toutes les qualités qui lui donnent de la va- 
leur et lui assurent la préférence sur les marchés, ou au moins la concur- 
rence avec les blés semblables les plus sains. 

» Suivant M. Demarçay, le blé parfaitement conservé doit avoir une 
écorce lisse et unie, cette couleur vive que l’on remarque dans le blé nou- 
veau ; il doit être surtout bien sec, bien coulant à la main pour se mieux 
tasser et avoir ainsi le plus grand poids à mesure et à qualité égales. A la 
mouture, le son doit se détacher en écailles sans trop se briser; la fa- 
rine est alors plus blanche et plus belle. 

» Mais dans les greniers ordinaires, ceux surtout, placés au-dessus. du 
rez-de-chaussée , le blé perd en vieillissant de ses qualités et conséquem- 
ment de sa valeur commerciale. À 12 ou 15 mois, il commence déjà à 
prendre une couleur d’un gris un peu terne. Après deux ans , cette cou- 
leur augmente d'intensité; le grain paraît plus rétréci, et son écorce com- 
mence déjà à se rider. À la troisième année, tous ces défauts sont fort 
accrus ; il paraît, en outre, couvert d’une poussière grise, qui commence 
dès la deuxième année, qui ne fait que s’accroître et dont ne le délivrent 
pas les nombreux mouvements et pelletages qu'il faut lui faire, éprouver 
pour l'empêcher d'être mangé par les charançons. Ainsi altéré, par le 
temps., le blé donne à la mouture, une, moins, belle farine;, l'écorce ne 
s’'enleve plus en larges écailles, comme dans le blé nouveau, elle. est. au 
contraire tranchée et réduite en petites parcelles, qui ne peuvent être 
séparées de la fleur. 

» Ces divers défauts, que le temps amène dans le blé, M. Demarçay les 
attribue au mouvement intestin, à peu près continuel,.que le grain 
éprouve par les variations atmosphériques de froid et de chaud, d’hu- 
midité et de sécheresse. Les éviter, où au moins les resserrer dans des 
limites très étroites, serait donc une circonstance très favorable de con- 
servation, 

» Ces observations sun lasconservation des céréales nous paraissent pleines 
de justesse, Il est certain. que! l'humidité en gonflant le 'grain:; la: chaleur 
en favorisant l'action réciproque de ses éléments, puis des alternatives 


( 779 ) 


contraires de sécheresse et de froid, usent en lui sa faculté germina- 
tive et doivent finir par altérer même ses propriétés nutritives. 

» Mais les blés conservés dans des greniers exposés aux vicissitudes at- 
mosphériques sont destinés encore à un autre bien grave inconvénient. 
Dans la saison chaude, le charançon ne tarde pas à s’y loger, et finirait 
par y produire les plus grands ravages s’il n’y était harcelé par de fré- 
quents pelletages qui le troublent dans ses habitudes et sà reproduction. 
Six semaines environ suffisent pour les diverses phases d’une nouvelle 
génération, Une fois logé dans le grain, il peut y pulluler à une tempé- 
rature de l’air qui ne serait pas assez élevée pour l’éclosion de ses œufs ; 
il se réunit.en groupes au-dessous de la surface du grain, et là, la chaleur 
qu’il développe, concentrée et ajoutée à celle de l'air, devient suffisante 
à sa reproduction. On pourrait donc, en maintenant le grain à une tem- 
pérature assez basse, non-seulement rendre stériles les œufs du charancon, 
mais encore restreindre considérablement sa multiplication, si même on 
ne l’arrêtait pas complétement, dans le cas où déjà il aurait pris pleine 
possession du grain. 

» Enfin ‘une dernière condition, mais bien connue, de la conservation 
du grain, c'est l'interdiction de tout accès à l'humidité dans le grain , au 
risque d’une prompte et profonde altération. 

» Telles sont les conditions auxquelles M. Demarcay a cherché à satis- 
faire pour obtenir une complète conservation du grain, et que, à notre 
avis, on n'avait pas encore aussi bien appréciées; empêcher l'humidité 
d’en approcher; le préserver des rapines du charançon, et le maintenir 
à l'abri desrvicissitudes météorologiques. 

» Une ancienne glacière, située dans sa propriété, a paru à M. Demarçay 
pouvoir réaliser ces diverses conditions. Elle a en effet assez de profon- 
deur pour que sa température soit peu affectée*les variations de la tem- 
pérature extérieure, et se maintienne à un abaissement peu favorable à 
lincubation des, œufs du charançon. De plus, avec de légères modifica- 
tions, elle pouvait être amenée à un état de dessiccation convenable à la 
conservation du grain. 

» Il a fait établir dans la olacière une caisse en bois, isolée seulement 
de ses parois de l’épaisseur des poutrelles verticales sur lesquelles sont 
clouées les planches qui entrent dans sa construction. Le fond de la caisse 
est un peu plus. distant (de! celui de la glacière. Cette disposition à un 
double objet, d'isoler les parois de:la caisse en bois de celles de la gla- 
cière naturellement chargées de quelque humidité, et de permettre à l'air 

C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 25) 107 


( 780 ) 


un libre mouvement dans l’espace qui les sépare. La glacière est couverte 
d'un toit conique en chaume, imité de celui des glacières américaines, 
auquel M. Demarçay attribue une grande puissance de dessiccation. Il con- 
poit que les vapeurs humides, qui peuvent s'élever du fond et des murs 
de la glacière, montent avec la plus grande facilité jusqu’à la couverture 
en paille dans laquelle elles pénètrent d'autant plus aisément que cette 
couverture est exposée aux courants d'air et à l’action du soleil. La 
caisse en bois étant remplie de blé, à environ un mètre de son bord, on 
place au-dessus du blé deux ou trois couvertures ou diaphragmes en 
planches non jointes, superposées à un tiers de mètre de distance, pour 
s'opposer au mouvement de l'air intérieur, et, par suite, à l’échauffement 
de ce même air. 

» Telle est la disposition du silo proposé par M. Demarçay. Il se dis- 
tingue essentiellement des autres silos tentés ou en usage jusqu’à ce jour 
par sa cage en bois et par sa couverture en chaume. Une expérience de 
douze années a donné constamment les résultats les plus satisfaisants. Le 
mème blé est resté jusqu’à trois années consécutives dans le silo sans offrir 
la moindre apparence d’altération; et, chose remarquable, du blé mouillé 
par une pluie assez forte au moment du mesurage sur l'aire où il avait été 
battu, et mis immédiatement dans le silo, a été trouvé trois semaines après 
parfaitement sec et aussi coulant que de la graine de lin. Dans une autre 
circonstance, du blé retiré du silo en février et porté dans un grenier au 
premier étage, sous la tuile, a acquis en deux mois assez d'humidité pour 
peser 2 kilogrammes de moins par hectolitre qu'au moment de la sortie 
du silo. Il s'était gonflé, et coulait avec plus de peine; l'hectolitre devait 
conséquemment contenir moins de grain. 

» Voilà les faits : leur exactitude est incontestable, et dans les circons- 
tances semblables ils se reproduiraient les mêmes. Mais les principes in- 
voqués pour l’assèchement de la glacière ne paraissent pas assez évidents 
de leur nature pour qu'on puisse affirmer que l'application en serait en 
tout lieu également süre. Aussi est-il à désirer que le procédé de 
M. Demarçay fixe l'attention des sociétés d'agriculture et qu'il soit mis 
à exécution dans des localités très différentes. La conservation des grains 
est de la dernière importance, et les encouragements de l'administration 
ne pourraient lui manquer. 

» L'Académie, toujours empressée d'accueillir les choses utiles, ne sau- 
rait non plus refuser son intérêt à un procédé qui se recommande par 
sa simplicité, par des dispositions nouvelles et par une expérience heu- 


( 781 ) 


reuse de douze années. Nous avons l’honneur de lui proposer de le dé- 
clarer digne de son approbation. » 
Ces conclusions sont adoptées. 


ARTILLERIE. — Rapport sur le fusil à koptipteur de M. Heurterour. 
(Commissaires, MM. Arago, Ch. Dupin, Séguier, Rogniat rapporteur.) 


« M. Heurteloup, sur le fusil duquel l’Académie nous a chargés de 
faire un rapport, MM. Arago, Séguier, Ch. Dupin et moi, s’est atta- 
ché surtout à résoudre le problème de mettre le feu aux poudres de la 
charge avec autant de sureté que de promptitude. Ce problème important 
n'a pas été résolu jusqu'à présent d’une manière satisfaisante pour les 
armes à feu de guerre. À l'invention grossière du mousquet à mèche suc- 
céda le fusil à rouet, qui, lui-même, fut bientôt remplacé par le fusil à 
silex dont Louis XIV arma toute l'infanterie française en 1703. C’est le fusil 
dont se servent encore toutes les troupes de l’Europe, malgré ses imper- 
fections. Vous connaissez, Messieurs, le jeu de sa platine : une pierre à 
silex frappe obliquement une batterie d'acier et en détache de légères 
parcelles, qui, embrasées à la chaleur du choc qui les produit, retombent 
en étincelles sur la poudre du bassinet à laquelle elles doivent mettre le 
feu ; mais divers accidents causent des ratés, qui deviennent très fréquents 
dans les mauvais temps. Tantôt le vent, dérangeant la direction des étin- 
celles dans leur chute, les détourne du bassinet; tantôt la poudre de l’a- 
morce, atteinte par l'humidité d’un temps pluvieux et brumeux, ou ne 
prend. pas le feu de l’étincelle, ou fait long feu. Quelquefois le silex 
émoussé et encrassé ne détache aucune étincelle de Ja batterie ; quelque- 
fois aussi, la lumière, obstruée par la crasse, ne laisse pas pénétrer le feu 
de l’amorce jusqu'aux poudres de la charge. Sans doute que le soldat 
peut prévenir en grande partie ces deux derniers accidents en changeant ou 
en aiguisant la pierre de fusil, et en désobstruant la lumière avec son 
épinglette; mais ces soins minutieux lui échappent souvent au milieu de 
la chaleur et des émotions du combat. 

» On reproche aussi au fusil à silex d'exiger trop de temps pour amorcer, 
environ cinq,ou six secondes sur les quinze à vingt que demande la charge 
complète. 

». L'Académie comprendra aisément combien il est essentiel que le ba- 
taillon d'infanterie charge promptement , et que toutes les armes partent. 
I] est essentiel qu'il charge vite, non pas pour tirer beaucoup, ce qui, 

107. 


(782 ) 


dans la plupart des circonstances, ne produirait qu'un vain bruit, et ne 
ferait que consommer des munitions en pure perte; mais pour rester le 
moins long-temps possible désarmé contre la cavalerie. Car, si le lancier 
au galop arrive sur le fantassin avant que celui-ci n'ait rechargé, son fusil, 
quoique muni de sa baïonnette, étant une pique trop courte, il est atteint 
sans pouvoir atteindre, et la lance triomphe facilement de la baïonnette. 
C'est par l'effet meurtrier d’une grêle de balles que le bataillon d’infgnterie 
repousse lescadron de lanciers, et non pas en se fraisant de baïonnettes 
sans portée suffisante. 

» Il est également essentiel que les ratés soient fort rares ; car chacun di- 
minue l'intensité et par conséquent l'effet meurtrier de cette grêle de balles; 
et enfin, comme cela est arrivé souvent dans les mauvais temps, au milieu 
de la boue des bivouacs, les ratés peuvent devenir tellement nombreux, que 
les balles soient trop rares pour repousser la cavalerie. Alors les fantassins 
s'inquiètent , s'éffrayent, se désunissent ; les cavaliers , dont l'audace s’ac- 
croit en raison inverse du danger, chargent à fond, pénètrent au milieu 
des rangs des bataillons et les taillentsen pièces. Aussi les militaires atta- 
chent-ils la plus grande importance à posséder des fusils dont la charge 
soit très prompte et qui soient à peu près exempts de ratés. 

» Toutefois, on n’apercevait rien de préférable à la platine à silex jus- 
qu'au moment où la découverte des poudres fulminantes vint offrir un 
agent nouveau pour mettre le feu à la charge. On conjectura aussitôt que 
le feu rapide et subtil, comme l'éclair, qui jaillit des fulminates sous le 
choc d’un marteau, devait présenter de grands avantages pour enflammer 
la charge du fusil; et bientôt la capsule fut inventée avec la platine à 
piston. Ce procédé à paru satisfaisant pour le fusil de chasse; mais des 
objections sérieuses l'ont fait écarter jusqu’à présent des armes à feu de 
guerre. Pour coiffer de la capsule le sommet de la chéminée, il faut du 
sang-froid et une certaine adresse ; or, les émotions variées du champ de 
bataille, ne laissent pas au soldat assez de calmé et de tranquillité pour qu'il 
ait la main sûre. Dans son agitation nerveuse il commettrait bien des mala- 
dresses, bien des méprises, et larme resterait souvent sans amorce; 
d’ailleurs ; il faudrait au moins autant de temps pour ajuster la capsule 
que pour verser la poudre dans le bassinet, et la durée de la charge ne se- 
rait point abrégée. On a cherché vainement un mécanisme simple, facile 
et solide qui püt remplacer les doigts du soldat pour djuster là capsule; 
bien dés essais ont été faits, mais rien de satisfaisant n'a été découvert 
jusqu’à présent. Les puissances de l'Europe attendént qu’on leur indique 


(783) 


un procédé sûr, facile et prompt de piacer l’'amorce fulminante, pour ar- 
mer leurs troupes du fusil à piston à la place du défectueux fusil à silex. 

» M. Heurteloup' croit'avoir trouvé ce procédé : il rejette la capsule; au 
lieu de cette enveloppe, il prend un petit tube d’un millimètre de dia- 
mètre , formé d’un métal mou qu'il aplatit au laminoir après l'avoir rempli 
de poudre fulminante. Il loge ce tube dans un petit canal pratiqué dans 
le bois du fusil, de manière qu’en armant le chien de la platine qu'il 
nomme un koptipteur | on imprime un mouvement de rotation à une petite 
roue dentée sur laquelle repose le tube qui y est comprimé par un res- 
sort, en sorte que le mouvement de rotation de la roue donne un mouve- 
ment de translation au tube dont le bout va se placer au-dessus de la 
cheminée lorsque le fusil est armé. 

» Le koptipteur est formé à sa partie supérieure d’urie lame tranchante 
de deux millimètres de saillie, et à sa partie inférieure d’an marteau qui 
lui estuni ; le koptipteur part et se rabat comme le chien de la platine à 
silex. Dans ce mouvement sa lame commence par couper un petit tronçon 
du tube qu’il rencontre au-dessus de la cheminée où le marteau frappe 
presque aussitôt ce tronçon d’un coup raide qui en fait jaillir une flamme 
subtile, dont quelques rayons pénètrent par la lumière de la cheminée 
jusqu'aux poudres de la charge. En réarmant ensuite le ‘koptipteur, on 
imprime de nouveau un mouvement progressif au petit tube d’amorce, 
dont l'extrémité est ramenée comme auparavant «u-dessus dela cheminée : 
en sorte que le simple mouvement d’armér le fusil suffit pour amorcer, 
ettoutest terminé en moins d'une seconde. 

» Nous ferons remarquer que l’idée de renfermer de la poudre d’amorce 
fulminante dans un tube, dont l'extrémité serait frappée par un instru- 
ment à double effet, de manière à en couper un tronçon et à le frapper sur 
la cheminée, est déjà connue depuis long-temps. En effet, on trouve, 
page182 du tome XIVIdes Brévets d'invention, la déscription suivante 
d'un brevet accordé à M. Lebœuf de Valdahon, le 21 septembre 1827 : 

« Un tube de paille de cinq , six ou sept pouces de longueur, rempli de 
» poudre fulminante , fournit quinze à vingt amorces, etc. 

» Cette petite cartouche d'amorcés $'introduit dans un canal pratiqué 
»idans le bois: du ‘fusil, ‘sous la main gauche; et au moyen d'un petit re- 
»poussoir auquel-ellé est assujétie} ét'qu'on fait glisser, le bout de la 
» petite cartouche se présenté vis-à-vis la lumière’, et s’en éloigne de méme. 
» Un ressort ; placé sous l’écusson dû pôntet, (fait seul l'office du chien et 
» de toutes les parties qui le font mouvoir; cé ressort porte en avant une 


( 784) 
» petite lame pour couper la partie de la cartouche d’amorce qui se pré- 
» sente vis-à-vis de la lumière ; il est en autre muni d’un piston pour frap- 
» per l'amorce : la lame empèche, après qu’elle a coupé, la communica- 
» tion de l’amorce avec le reste de la cartouche. » 

» Mais si l'idée première de cet appareil d’amorce n'appartient pas à 
M. Heurteloup, il a du moins le mérite incontestable de l'avoir appliquée 
beaucoup plus heureusement au fusil de guerre ; entre son fusil et le frêle 
fusil Valdahon , il ya toute la distance qui sépare une machine capable de 
rendre des services d’une autre machine qui ne peut en rendre aucun. 
D'ailleurs, l'idée si importante pour abréger la durée de la charge, d’entrai- 
ner le bout du tube d'amorce sur la cheminée par le simple mouvement 
d'armer le fusil, paraît bien appartenir à M. Heurteloup; du moins on 
n'en trouve aucune trace dans le brevet cité plus haut. 

» Nous ne décrirons point toutes les pièces, au nombre de vingt-deux, y 
compris les vis, qui composent la platine du koptipteur. Il nous suffira de 
faire remarquer que le jeu certain et facile de toutes les parties de la ma- 

_chine est un garant qu’elles remplissent bien leurs fonctions. Elles répon- 
dent à tous les besoins : ainsi le koptipteur n’est point dur à la détente; on 
l'arme sans effort, et dans ce mouvement il entraîne la rotation uniforme 
de la roue motrice du tube d’amorce; on le place aisément à son point 
d'arrêt, et lorsqu'on l'arme de nouveau, ce mouvement n’entraïne pas une 
nouvelle progression du tube d’amorce. Si l’on arme le koptipteur en tour- 
nant sa platine sens dessus dessous , on évite par cette disposition d’entrai- 
ner le tube d’amorce, ce qui donne la certitude que le coup ne peut pas 
partir. 

» Toutes les parties de cet appareil présentent-elles la solidité conve- 
nable pour garantir leur durée? C’est une question à laquelle un long 
usage dans les mains des soldats, au milieu des accidents des marches et 
de la boue des bivouacs, par les plus mauvais temps, peut seul répondre; 
et nous n'avons eu pour en juger que quelques heures d'expériences par 
un beau temps. Deux pièces seulement paraissent fatiguer beaucoup, et 
doivent être remplacées, suivant l’auteur, après un nombre de coups qui 
varie de 1200 à 1800 : c’est le marteau et la cheminée. Le marteau du 
koptipteur est formé d’une tête de vis qu'on remplace avec la plus grande 
facilité, et qui est d’un prix insignifiant, La cheminée est vissée au canon, 
près de la culasse; lorsqu'elle est fatiguée, et que la lumière commence à 
s'évaser, rien de plus aisé que d’en visser, une autre à la place. Chaque 
soldat peut avoir ces petites pièces de rechange. 


( 785 ) 


» L'auteur adapte et fixe sa platine au canon, et nullement sur le bois 
du fusil, ce qui est un avantage sous le double rapport de la solidité et 
de la durée. Le bois de fusil ne fait que la recouvrir, et en quelque sorte 
l’habiller : rien ne saille à l'extérieur, à l'exception de la gâchette et du 
koptipteur. La platine est ainsi garantie de tout choc destructeur, et elle 
se trouve aussi préservée de l'humidité. Sa position au-dessous de l’arme 
est une garantie de plus contre la pluie; l’eau ne peut pénétrer que par 
le trou dans lequel joue le koptipteur ; mais on remarquera que pour lui 
fermer cette entrée unique, il suffit d'un bouchon ou d’un petit cou- 
vercle. 

»’ Démonter et remonter le fusil avec facilité, en isolant et ensuite en 
réunissant de nouveau les diverses pièces qui le composent, pour décrasser 
l'intérieur de la platine, laver le canon, nettoyer le bois, et remplacer 
des pièces altérées, n’est pas sans importance : le fusil de M. Heurteloup 
nous paraît encore bien entendu sous ce rapport. 

» Le tube mis en service fournit successivement 35 tronçons d’amorce, 
et par conséquent il suffit au tir de 35 coups : le soldat en porte plusieurs 
autres dans un étui métallique; dès qu’il est prévenu par un raté que celui 
qui était en service vient de finir, un facile mécanisme lui permet de le 
remplacer par un autre avec autant de promptitude qu'on change une 
pierre du fusil à silex, Et toutefois, si l'ennemi le presse tellement qu'il 
n'ait pas le temps d'ajuster un nouveau tube, l’auteur lui réserve dans un 
bout de tube une dernière amorce, qu’il nomme l’amorce de miséricorde. 

» Après avoir examiné l’arme en détail, la Commission s’est appliquée 
à la voir fonctionner dans des circonstances variées. L'auteur a tiré avec 
son fusil une trentaine de cartouches à balles, puis autant de coups à 
poudre libre; enfin, il a brülé une très grande quantité d’amorces. Tou- 
jours le simple mouvement d’armer le fusil a ramené le bout du tube au- 
dessus de la cheminée d’une manière fort exacte , et l’on n’a éprouvé aucun 
raté. La percussion s’opérant au-dessous de larme, nous nous sommes 
assurés que les troncons du tube métallique, qui contenaient l’amorce, 
tombent à terre par le trou laissé dans le bois pour le jeu du koptipteur, 
de manière à ce qu’on n'ait pas à craindre que ces scories aillent gêner et 
engorger la platine. Nous nous sommes assurés aussi que la lumière ne 
s’obstrue point, soit parce que la crasse se trouve repoussée en dehors par 
la force expansive de la poudre de la charge, soit parce que le tronçon 
d'amorce est frappé à côté et non pas au-dessus de la lumière. 

» Quoique dans toutes les expériences qui ont eu lieu sous nos yeux, 


( 786 ) 

le feu de l'amorce ne se soit:pas communiqué à la portion restante du tube, 
cependant comme cet accident pourrait arriver, soit par suite de quelque 
dérangement intérieur, soit par l’imperfection d’une arme, nous avons 
voulu nous assurer du degré de gravité qu'il aurait : pour cela nous avons 
allumé un tube par un bout; il y a eu déflagration successive sans la plus 
légère détonnation ; ce qui paraît devoir rassurer sur les suites de l’inflam- 
mation d’un ou de plusieurs de ces tubes, soit dans l'arme, soit dans l'étui 
du soldat , soit dans les caissons de transport. 

» Pour éprouver les amorces sous le rapport de l'humidité, nous avons 
jeté de l’eau dans l'intérieur par le trou du koptipteur. Le bout du tube 
d’amorce ayant été baigné par l’eau, le premier coup a raté , mais il a suffi 
de réarmer le fusil pour faire partir le second coup ainsi que les autres. 
Nous avons ensuite plongé un tube dans l’eau durant quelques secondes, 
et nous l'avons aussitôt mis en service dans le fusil; aucune amorce n’a 
raté. Toutefois, si un tube d’amorce se saturait d'humidité par une cause 
quelconque, il est vraisemblable qu’on éprouverait bien des ratés; mais le 
soldat pourrait facilement y porter remède en substituant à un tube hu- 
mide un tube sec pris dans son étui. 

» Sans doute que si les tubes d’amorce, aplatis au lamimoir, n'étaient 
point fabriqués et vérifiés avec soin, quelques parties pourraient rester 
vides de poudre , ce qui produirait des ratés lorque la portion vide se trou- 
verait sous le koptipteur, Toutefois, cet accident, dû à une mauvaise fa- 
brication, serait bientôt réparé en armant de nouveau le koptipteur. Tel 
est l'avantage de cette arme , qu’un raté y est bien rare; et qu'arrivàt-il 
par défaut de précautions, une seconde suffit pour y remédier, sans cesser 
même de tenir le fusil en joue; à peine si l'on a le temps de s'en aper- 
cevoir. 

» Le feu de l’amorce s'échappe en dessous par le trou du koptipteur en 
un jet de flamme un peu incliné en avant, de manière à ne pas incommo- 
der le tireur: cela ne suffit pas sans doute ; il est nécessaire de plus que le 
soldat qui combat encadré dans des rangs serrés , ne nuise point à ses vois 
sins. Il est évident d’après la direction du jet de l’amorce, qu'il ne peut 
incommoder ses voisins de droite et de gauche; mais nous sommes loin 
d’être aussi rassurés pour son chef de file. Nous ayons objecté à l’auteur 
que dans les mouvements irréguliers du combat, il pourrait arriver que 
le jet de flamme de lamorce se dirigeät sur la giberne d’un des soldats qui 
le précèdent, au moment où ce soldat y puise des, cartouches, et sur la 
cartouche même qu'il y a puisée, et y communiquât le feu. Il a tâché de 


(787 ) 

repousser l’objection, en nous faisant voir que le jet du feu de l'amorce 
ne se prolongeait pas au-delà de quelques centimètres; et, en effet, en 
dirigeant ce jet produit par la combustion successive de plusieurs amorces, 
en présence du rapporteur de la Commission , sur de la poudre ordinaire , 
éparse sur une table, elle ne s’est enflammée que lorsqu'elle n’a plus été 
qu'à sept à huit centimètres de l’orifice du jet. Cependant, cette expérience 
incomplète ne nous a pas rassurés entièrement; et il ne nous parait pas 
impossible que le jet, prolongé par l'expansion de la poudre de la charge, 
et à la faveur d’une lumière évasée, ne s’étende bien au-delà de huit à dix 
centimètres , et ne produise des accidents graves. M. Heurteloup est con- 
venu avec nous qu'il serait prudent de changer la giberne de place, et de 
la mettre par devant, en lui donnant la forme d’une demi-ceinture, ainsi 
que cela est d'usage dans l'infanterie légère de quelques nations. S'il veut 
bien s'occuper lui-même de rechercher ces changements de forme et de 
position de la giberne, il fera disparaitre l’objection la plus sérieuse qu'on 
puisse faire à l'adoption de son fusil; et il sera conduit naturellement à 
tâcher de résoudre un problème de mécanique et d'hygiène beaucoup trop 
négligé jusqu’à présent, savoir : la juste répartition de la charge du soldat 
sous les rapports de la force et de la santé, et sous celui de la facilité des 
mouvements. 

» La Commission, en rendant compte à l’Académie des expériences en- 
tièrement satisfaisantes qui ont eu lieu sous ses yeux, par un beau temps, 
durant quelques heures, avec une arme bien soignée, n’en conclura pas 
que le Gouvernement devrait se hâtér d’armer toute l’armée du fusil à kop- 
tipteur. Elle n’ignore pas qu'il est prudent de lui faire subir bien d’autres 
épreuves pour en constater la durée, la solidité et les avantages dans tou- 
tes les circonstances de la guerre, avant de se résoudre aux sacrifices pé- 
cuniaires et à la grave responsabilité qu'entrainerait un changement d’arme. 

» Elle en conclura seulement que cette arme présente assez de proba- 
bilité de succès pour qu'il soit désirable que l’essai en soit fait en grand. 
Si, comme elle le pense, des épreuves répétées entre les mains des soldats, 
n’y signalent aucun vice capital et irrémédiable, quelques imperfections de 
détail faciles à corriger, comparées aux avantages qu’elle parait présenter, 
ne peuvent empêcher qu’on ne la regarde comme un bon fusil de guerre: 

» Nous croyons que le fusil à koptipteur mérite de fixer, dès à présent, 
l'attention de l'Académie, et que son auteur est digne d'obtenir ses en- 
couragements. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 

C.R. 1838, 1°T Semestre. (T.VI, N° 95.) 108 


( 788 ) 


PRIX DE MÉCANIQUE. — M. Coriolis fait, au nom de la commission char- 
gée de décerner le prix, le rapport sur les pièces adressées au concours. 
Ce rapport sera imprimé dans le Compte rendu de la séance annuelle. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — /nstructions pour le voyage dans le nord de 
l'Europe. 


Le départ de l'expédition étant tres prochain , et M. Arago n'ayant pu 
assister à la séance pour achever la lecture des instructions relatives à la 
météorologie , on vote sur les parties qui ont été lues dans les séances des 
30 avril, 13 maiet 21 mai. 

L'ensemble des instructions, approuvé par l'Académie, sera transmis 
à M. le Ministre de la Marine. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


Note sur l'application du système métrique à la filature et au tissage en 
PP 5 
général; par M. Bresson. 


(Commissaires, MM. Costaz, Séguier.) 


« Depuis l'ordonnance royale de 1819, dit M. Bresson, le numérotage 
des cotons filés est métrique; le numéro d'un fil, qui indique son degré 
de finesse, indique en même temps combien il faut d’écheveaux de mille 
mètres, pour peser un demi-kilogramme. Pourquoi le numérotage des 
fils de laine; de lin, de chanvre, de soie, ne se fait:1l pas sur le même 
principe ? 

» Dans plusieurs localités , les fils de laine cardée , ont pour numéro, le 
nombre d’écheveaux de 1256 aunes, qui pèsent une livre, marc. 

» Les fils de laine peignée se numérotent sur le même principe, mais 
les écheveaux ne sont que de 615 aunes seulement. 

» Le degré de finesse des fils de lin, s’indique par le poids de ce qu'on 
nomme un quart; ce quart est une longueur fixe de 3200 aunes. Il.est fa- 
cile de comprendre que plus le fil est fin, et moins le quart pèse ; ce 
mode est done inverse de celui employé dans le numérotage du coton et 
de la lame. 

» À Lyon et ailleurs, le degré de finesse de la soie est indiqué par le 
poids d’un écheveau de 400 aunes, poids qui s’'énonce en grains et deniers, 
de la livre de Montpellier. Cette livre est égale à 414 grammes à. 

» Le défaut d’uniformité que nous venons de signaler est une entrave 


( 789 ) 
aux transactions commerciales qui se font entre des départements éloignés, 
parce qu’il donne lieu à des mal-entendus, et même favorise des fraudes. 
On ferait disparaitre cet inconvénient en convenant de prendre pour le 
numéro de toute espèce de fil, comme on l’a fait pour le coton, le nombre 
exprimant combien de mille mêtres du fil sont contenus dans un éche- 
veau pesant un demi-kilogramme. 

» Une réforme analogue, poursuit l’auteur, devrait être faite dans le 
commerce et la fabrication des tissus unis; ainsi la qualité d’un tissu pour- 
rait être indiquée par un double nombre, composé du numéro du fil em- 
ployé et du nombre de fils de chaine qui se trouve dans un centimètre 
de long ; un calicot 30-26 serait un calicot fait avec du coton n° 30, et tel 
que le nombre de fils dans un centimètre füt de 26. » 


ANTHROPOLOGIE. — Mémoire sur un nouvel instrument propre à mesurer les 
dimensions de la Tête; par M. ANTELME. 


(Commissaires , MM. Serres , Breschet.) 


L'auteur annonce qu’au moyen de cet instrument, qu’il désigne sous le 
nom de céphalomètre, on obtient avec facilité et précision la mesure de 
l'angle facial, celle des diamètres du crâne, et enfin les diverses dimen- 
sions que peuvent avoir besoin de connaître les physiologistes qui s’occu- 
pent de l'étude des caractères physiques des races humaines. 


cnrRuRGIE. — JVote sur les avantages du mastic gypso-amylacé dans la 
confection des bandages inamovibles employés pour le traitement des 
fractures ; par M. LararGue, de Saint-Emilion. 


(Commissaires, MM. Larrey, Roux.) 
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'emploi de la vapeur perdue des 


machines à haute pression pour remplacer en partie le combustible ; 
par M. Loyer. 


(Comraissaires, MM. Arago, Savary, Séguier.) 


CORRESPONDANCE. 


M: ve Carieny demande qu'un Mémoire sur les oscillations de l'eau 
dans les tuyaux de conduite, dont il a présenté il y a pres d’une année la 
première partie, soit admis à concourir pour le prix de mécanique. 

108.. 


( 790 ) 
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés portant les sus- | 
criptions suivantes : 
Description d'un nouveau mode d'emploi de l'air chaud comme moteur ; 
par M. Brrsson. 
Note relative au remorquage des bateaux sur les rivières et les canaux ; 
par M. Dumery. 
Indication d'une substance végétale avec laquelle l'auteur espère faire 
du papier propre à remplacer le papier de Chine; par M. Parras, médecin 
de l’armée d'Afrique. 


La séance est levée à 5 heures. LÉ 


( 791 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


* Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des 
Sciences ; 1° semestre 1838, n° 22. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 8, décembre 1837, in-8°. 

Mémoires de la Société royale d'Agriculture et des Arts du départe- 
ment de Seine-et-Oise ; publiés dans la 37° année, in-8°. 

Bulletin de la Société industrielle de Saint-Étienne; 16° année, 5° li- 
vraison de 1858, in-8°. 

Projet de voyage à Madagascar, pour y continuer des travaux d'His- 
toire naturelle, de Philologie et de Topographie médicale; par M. Ac- 
KERMAN; Paris, 1838, in-8°. 

Instruction sur le canonnage à bord; par M. le lieutenant-colonel 
Préaux; 1837, in-8?. 

Bulletin des Sciences physiques et naturelles en Néerlande ; rédigé par 
MM. Miquez, Murver et Wencresacu ; année 1838, Leyde, in-4°. 

Icones anatomicæ equi; par MM. Gersex et Vormar; Berne, 1837, 
in-folio. (Renvoyé à M. Flourens pour un rapport verbal.) 

Guy’s Hospital... Compte rendu de l'hôpital de Guy ; avril 1858. 

New treatment.... ÎVouveau traitement pour certains cas d'Enkylose; 
par M. Barrow ; Philadelphie; brochure in-8°. 

Astronomische.... Vouvelles astronomiques de M. Scrumacxer ; 
n® 551—352, in-/°. 

Prüfung.... Examen de la doctrine de la pesanteur de l'air, d'après 
une nouvelle théorie sur la vaporisation et la précipitation dans l'atmos- 
phere ; par M. F. Kice ; Mayence, 1837, in-8°. 

Das Weltsystem.... Le Système du monde ou l'origine et les mouve- 
ments du Soleil, des planètes, de la Lune et des comètes ; par le même; 
1836, in-8°. 

Bericht über.... {nalyse des Mémoires lus à l’Académie des Sciences 
de Berlin et destinés à la publication; mars 1858, in-8°. 

Due Memorie.... Deux Mémoires géologiques sur les terrains de la 
Toscane ; par M. le docteur Savi; Pise, 1838, in-8°. 

Revue géologique de la Société Cuviérienne , n° 5, mai 1838, in-8°. 


( 792 ) 


Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; 24° année, n° 6, 
juin 1858, in-8°. 


Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n° 22. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n°° 64—66, in-4°. 
L'Écho du Monde savant , 5° année, n° 339, in-4°. 
La Phrénologie, Journal, 2° année n° 6. 
L'Expérience , journal de Médecine , n° 42, in-8. 
L'Éducateur ; janvier et février 1838. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 41 JUIN 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


ÉCONOMIE RURALE. — Sur un procédé pour la conservation des grains, 
proposé dans le xvn* siècle. 


« M. Lrgri (qui ne s'était pas trouvé présent à la derniére séance, 
lorsque M. Gay-Lussac à lu son rapport sur le procédé pour la conser- 
vation des grains, proposé par M. le général Demarcay) présente quelques 
observations d’où il résulte que les conditions auxquelles, suivant M. De- 
marçay, il faut satisfaire pour obtenir une complète conservation du grain, 
avaient été signalées dès le xvn° siècle, par un des plus illustres disciples 
de Galilée. En effet, dans ses Opuscules philosophiques ( publiés à Bologne 
en 1669) le père Castelli avait considéré l'humidité et les variations de la 
température, comme étant les causes principales de l’altération des grains. 
Pour empêcher cette altération, il avait recherché quels sont les corps 
qui transmettent plus difficilement la chaleur et l'humidité; et il avait 
reconnu, par expérience, que des caisses fermées hermétiquement et 

C.R. 1838, 197 Semestre. {L. VI, N° 24.) 109 


( 796 ) 


revêtues extérieurement de liége, garantissent pendant longtemps les 
grains de toute altération. Ce procédé, qui, sauf le toit en chaume, a 
beaucoup d’analogie avec celui du général Demarçay, semble devoir mé- 
riter d’être signalé. Toutes les circonstances physiques qui influent sur 
l'altération des grains, ont été appréciées par Castelli avec une grande 
justesse. Au reste, ces Opuscules, trop peu connus, renferment d’au- 
tres observations intéressantes. Outre la description et l'explication d’un 
grand nombre d'illusions d'optique, on y trouve des expériences fort 
remarquables sur la chaleur rayonnante. Dans un de ces Opuscules , daté 
de 1638, Castelli signale l’influence de la couleur des surfaces sur l’émis- 
sion et sur l'absorption de la chaleur rayonnante, et il établit les diffé- 
rents effets produits par les rayons calorifiques lumineux, et par les 
rayons calorifiques obscurs. On voit, par cet ouvrage rempli de faits 
curieux et d'observations ingénieuses, qu'il y a deux siècles que l'on avait 
posé, en Italie, les bases de la théorie de la chaleur rayonnante. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Quelques réflexions sur les deux dernières explo- 
sions des chaudières des bateaux à vapeur survenues à Nantes et à 
Cincinnati; par M. Séeurer. 


« À défaut des procès-verbaux authentiques, si l’on accepte les faits 
rapportés avec les circonstances dont les environnent la commune renom- 
mée , on est frappé de l’identité des deux explosions sur lesquelles nous 
voulons aujourd'hui appeler votre attention. Dans les deux cas précités, 
c'est après la suspension du jeu des machines, au moment même où l’on 
donnait issue à la vapeur, que le désastre est arrivé. 

» À Nantes, l'essai d’un bateau venait d’être terminé, le bateau était 
déja amarré au quai. Le mécanicien portait la main au robinet de dé- 
charge, lorsqu’à l'instant même une explosion épouvantable se fait en- 
tendre , la chaudière déchirée laisse échapper des torrents de vapeur, une 
partie du pont du bateau est violemment enlevée et lancée au loin avec 
des fragments de la chaudiere. 

» Si l’on veut discuter avec soin ce qui a dû se passer en une telle oc- 
curence, on reconnaîtra facilement qu’au milieu des préoccupations d’un 
essai il a pu arriver que l'alimentation de la chaudière ait été négligée, 
que les fonctions si peu certaines des appareils alimentaires aient été sus- 
pendues sans que l’on s’en füt aperçu, que le niveau ainsi abaissé ait per- 


(797 ) 
mis aux parois de la chaudière d'acquérir une sur-élévation de tempéra- 
ture alors surtout que l'arrêt de la machine produisant une augmentation 
de pression intérieure, diminuait où même supprimait la globulation du 
liquide et le ramenait à un moindre volume. 

» On comprend alors comment la dépression résultant de l’ouverture 
du robinet de décharge suffit pour déterminer l'explosion; le liquide 
échauffé à l'instant d’une dépression se convertit tumultueusement en 
vapeur; les globules ainsi formés au milieu du liquide se développent 
d'autant plus que la pression devient moindre; ils augmentent la masse 
et la projettent sur les surfaces incandescentes. 

» La même explication coïncide singulièrement avec le récit détaillé des 
circonstances de l'explosion de Cincinnati. Le bateau à vapeur s’arrêtait 
le long d’un quai pour recevoir à son bord des voyageurs, et c'est 
au moment où il est remis en marche qu'arriva le déplorable événe- 
ment. 

» Le journal américain, en rappelant cette douloureuse catastrophe qui 
a coûté la vie à 175 personnes, semble l’attribuer à l'amour-propre du 
mécanicien qui, pour obtenir un départ brillant, aurait accumulé à des- 
sein la vapeur pendant la station. Pour démontrer l’inadmissibilité de cette 
explication, il suffit de remarquer que l'explosion par excès de tension ne 
pouvait prendre place au moment même où la tension diminuait; c'est 
alors que la machine était remise en marche que l'explosion s’est accom- 
plie. Une explosion de cette nature serait plus vraisemblable pendant la 
station alors que la vapeur s’accumulant par degrés la résistance de la 
paroi devenait insuffisante pour la contenir. 

» Une explosion qui arrive au contraire au moment où une chaudière 
est soulagée n’a pu avoir pour cause un excès de pression. Il faut lui en 
trouver un autre : l’expérience ne l'indique que trop. 

» Comme nous l’avons dit pour l'explosion de Nantes: d’abord un abais- 
sement du niveau rendu plus sensible par la suspension de la globulation 
qui a lieu surtout au moment où la chaudiere fournit à la machine, et qui 
diminue à mesure que la pression augmente; ensuite un sur-échauffement 
des parois laissées sans eau exposées à l’action du foyer ; une élévation 
tumuilteuse, enfin, par la dépression résultant de l'ouverture d’une issue. 
La succession de ces trois circonstances, leur funeste concours, voila, 
suivant nous, la vraie, simple et naturelle explication du désastreux phé- 
nomène. 

» La construction des chaudières à basse pression adoptées pour la plu- 

109.. 


(798 ) 

part des bateaux doit rendre plus fréquentes et plus faciles les explosions 
par la cause que nous signalons. Ces appareils de vaporisation formés de 
grandes caisses à parois planes contiennent de nombreuses galeries en forme 
de parallélogrammes allongés à parois planes pouvant acquérir une aug- 
mentation notable de capacité lorsque leurs parois passent du plan au 
convexe par l'augmentation de la pression; en appliquant le calcul à de 
telles chaudières on se rend compte de l’augmentation de leur capacité par 
le passage de leurs parois planes à l'état convexe. On voit aussi combien 
il faut peu d'augmentation de pression pour produire un abaissement de 
niveau par cette cause qui n'arrive jamais seule, puisqu'elle est nécessai- 
rement accompagnée de la diminution des globules répandus dans toute 
la masse du liquide pendant tout le temps que la communication entre la 
chaudière et la machine reste interrompue. 

» L'augmentation du volume de l’eau par la globulation tumultueuse ré- 
sultant de la dépression produite par l'ouverture d’une issue, la diminution 
de capacité par le retour des paroïs à leur état plane, sont deux circons- 
tances malheureusement toujours unies et concomitantes pour préparer 
le désastre accompli par une production instantanée de vapeur sur des pa- 
rois sur-échauffées. 

» Cette explication si sensible pour les chaudières carrées à parois planes 
s'applique encore aux chaudières cylindriques à bouilleurs. Dans celles-ci 
cependant les choses se passent différemment : l'augmentation de capacité 
des enveloppes joue un faible rôle; Pabaissement instantané du liquide au 
moment où l’on suspend la sortie de la vapeur, sa sur-élévation à l'ins- 
tant où on lui donne une nouvelle issue, est la suite de ce qui se passe 
dans le bouilleur, en ces deux circonstances; essayons de le faire com- 
prendre. Des expériences nombreuses nous ont prouvé que le bouilleur 
d’une chaudière qui fournit de la vapeur à une machine est loin d'être 
complétement rempli de liquide. Les communications beaucoup trop étroites 
et souvent si mal placées entre les bouilleurs et le corps de chaudière ne 
permettent pas à la vapeur d’en sortir à mesure qu’elle est générée; de là 
il résulte que le bouilleur qui est la partie de l'appareil à vapeur la plus 
échauffée est aussi celle où il s’opére le plus de globulations ; l'eau chaude 
n'a pas le temps d’en sortir pour être remplacée par de l'eau froide. La 
différence de pesanteur spécifique résultant de la température n'est pas 
suffisante pour vaincre rapidement les obstacles formés par des communi- 
cations mal combinées. Par son séjour prolongé dans le bouilleur , l'eau ac- 
quiert une quantité de calorique plus que suffisante pour passer à l’état 


( 799 ) 

de vapeur sous la pression générale de la chaudière. Pour rendre notre 
pensée en un mot, les bouilleurs peuvent, suivant nous, être considérés 
comme de petites chaudières qui vaporisent sous une pression un peu plus 
élevée que le corps de chaudière principal et qui déversent sans cesse dans 
celui-ci leur vapeur. Cette différence d'équilibre de pression entre le bouil- 
leur et le corps principal se maintient tant que la vapeur est fournie à la 
machine ou jetée au dehors; l'équilibre ne s'établit que lorsque la dépense 
cesse. 

» Dans le premier cas le bouilleur renferme de l'eau et beaucoup de va- 
peur; il est rempli d’une espece de mousse. Dans le second cas la pression 
devient uniforme, constante; c’est de l’eau seule qu’il contient. On voit 
ainsi comment le niveau de l’eau du corps principal de chaudière pourra 
varier d'une grande partie de la capacité des bouilleurs, et l’on comprend 
que, s'il en est ainsi, le niveau devra s’abaisser lorsqu'on arrêtera le ser- 
vice pour s'élever tumultueusement lorsqu'on le reprendra; l'expérience 
confirme ces explications. En admettant donc la possibilité du sur-échauf- 
fement des parois pendant l’abaissement, l'explosion au moment du sur- 
élèvement qui accompagne toujours la mise en jeu sera clairement ex- 
pliquée. ‘ 

» Que conclure de cette discussion toute spéciale et qui peut-être vous 
a déjà paru beaucoup trop longue? C’est timidement, Messieurs, que nous 
oserons ici émettre notre pensée, puisqu'elle sera peut-être en désaccord 
avec des idées généralement recues. Notre profonde conviction nous en 
fait cependant un devoir, les nombreuses expériences auxquellés nous nous 
livrons depuis plusieurs années nous y encouragent; et puisque la statis- 
que des explosions si chérement établie au prix de la vie de tant de per- 
sonnes victimes des ruptures des chaudieres à basse pression, ruptures plus 
fréquentes que les autres, coïncide avec notre manière d'envisager cette 
grave question , nous n’hésiterons pas à annoncer que nous regardons les 
chaudières à basses pressions comme les plus dangereuses. Nous croyons 
que toute issue assez brusquement donnée à la vapeur pour opérer une 
sensible dépression dans la chaudière est une des causes les plus communes 
des accidents. Nous regardons enfin l’abaissement de niveau maintenu dans 
la plupart des appareils d’une manière si incertaine comme la cause pres- 
que unique des explosions. La manière dont les soupapes sont générale- 
ment construites ne nous permet pas de voir une cause de danger dans une 
progressive augmentation de pression qui ne peut résulter que de leur sur- 
charge volontaire et non de l'incertitude de leurs fonctions. Cette manière 


( 800 ) 


d'envisager la nature et la cause des désastres que nous attribuons à une 
production instantanée de vapeur, occasionée par une dépression après un 
abaissement de niveau, nous rend peu partisan des rondelles fusibles, et 
malgré l'opposition que cette opinion pourra rencontrer, qu'il nous soit 
permis d’éveiller l'attention sur un moyen dans lequel on a placé, suivant 
nous, une fausse sécurité. 

» Que les rondelles fusibles soient un excellent moyen pour limiter la 
pression, qui oserait le contester? Mais les soupapes de sûreté légalement 
chargées, ont-elles donc besoin d’auxiliaires pour remplir cet important 
office. Il vaut mieux, dira-t-on, deux précautions qu’une. Aucun fait 
volontaire ne peut empêcher la rondelle de fondre; elle viendra au secours 
des soupapes imprudemment surchargées. Disons de suite que celui qui a 
intérêt à surcharger les soupapes, sait bien retarder la fusion de la ron- 
delle; des gouttes d’eau incidentes sur la rondelle, sont le corollaire des 
additions de poids sur les leviers des soupapes : nous raisonnons, Mes- 
sieurs, non d’après de pures suppositions, mais d’après ce que nous avons 
eu l'occasion de voir malheureusement plus d’une fois; d’après les nom- 
breuses observations du même genre, que plusieurs praticiens habiles 
ont été à même de faire, et qu’ils ont bien voulu me communiquer. 

» Et, puisque j'en trouve ici l’occasion , qu’il me soit permis de remer- 
cier publiquement M. Roche, pour les utiles renseignements que sa longue 
pratique, comme directeur des ateliers d’Indret, l’a mis à même de me 
fournir. Mais , diront les partisans des rondelles , ce n’est pas là leur seul 
avantage. La rondelle signale encore, par sa fusion, qui peut arriver sans 
pression, par la seule élévation de la température de la vapeur non sa- 
turée, l’abaissement du niveau et le sur-échauffement des parois. Recon- 
naissons que c'est à la nécessité de soutenir les rondelles au moment de 
leur amollissement, par des grilles à mailles étroites , et à l’exiguité des 
issues qu'elles laissent à la vapeur, que nous avons dû de ne pas payer, 
par une explosion immédiate, la funeste indication qu'elles viennent de 
fournir bien tardivement. 

» Les explications dans lesquelles nous sommes entrés, ont fait, nous 
lespérons, comprendre l’immense danger d’une globulation tumultueuse, 
occasionée par la dépression produite par l’ouverture d’une large issue à 
la vapeur, au moment du sur-échauffement des parois après un abaisse- 
ment de niveau. 

» Pour oser ainsi blâämer l'emploi des rondelles fusibles, avons-nous 
donc un moyen infaillible pour les remplacer? Notre projet n'est pas, 


( 801 ) 


aujourd’hui, Messieurs, dans une note qui nous est toute personnelle, de 
vous faire connaître le résultat du consciencieux examen auquel se livre 
en ce moment une Commission prise dans votre sein. 

» Nous voulons seulement vous faire remarquer que le moyen le plus 
efficace de combattre les explosions, serait, après avoir tout fait pour les 
prévenir ou les retarder, de les annihiler. Rendre l'explosion sans danger 
grave, la dépouiller de ces désastres épouvantables qui l’accompagnent 
presque toujours, tel est le but vers lequel nous dirigeons, depuis long- 
temps, nos constants efforts ,wyers lequel de nombreuses difficultés nous 
ont forcé de marcher à pas lents, mais que notre persévérance nous ai- 
dera à atteindre. 

» Nous avons donc l'honneur de faire passer aujourd’hui sous vos yeux, 
le plan d’un appareil à vapeur, de la force de 20 chevaux, que nous ve- 
nons de construire, que nous essayons en ce moment, et que nous vous 
demanderons la permission de décrire dans l'une de vos prochaines 
séances. » 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations sur la cause qui produit la fonte hâtive 
de la neige autour des plantes ; par M. Mezroni. 


« On trouve, dans un des derniers cahiers des Annales des Sciences du 
royaume Lombard-V'énitien , une longue série d’observations sur la fonte 
plus ou moins prompte que la neige éprouve à la campagne, selon sa 
position, soit autour des arbres et des buissons, soit dans les champs 
découverts au-dessous des brins de paille, des fenilles sèches et autres 
corps qu'on pose immédiatement dessus, ou que l’on maintient sus- 
pendus à une certaine distance. L'auteur de ces observations, qui est 
M. Ambroise Fusinieri, prétend que plusieurs d’entre elles sont tout- 
à-fait opposées aux conséquences qui résulteraient de l'existence du 
rayonnement calorifique tel que le conçoivent les physiciens (1). Cette 
opinion serait peut-être soutenable si l’on n'avait aucun égard aux résul- 
tats de mes expériences sur les différentes espèces de chaleurs; mais, eu 
les adoptant, les objections soulevées par M. Fusinieri tombent d’elles- 
mêmes, et l'explication des phénomènes observés ne devient qu'une pure 


(1) Annali delle scienze del regno Lombardo-Veneto , opera periodica di alcuni 
collaboratori. Gen. et feb. 1838, pag. 38. 


( 802 ) 


application des propriétés actuellement connues de la chaleur rayon- 
nante. 

» Voyons d'abord les observations et les raisonnements de l’auteur. 
Pour leur donner plus de force je vais en ôter tout ce qui est étranger à 
l'objet qui nous occupe, et les présenter dans l'ordre qui me semble le 
plus naturel. 

» En examinant attentivement ce qui se passe autour des plantes, dans 
la saison rigoureuse, on ne tarde pas à s’apercevoir que la neige placée 
près des troncs d'arbres et des touffes de buissons se fond plus vite qu'à 
une certaine distance, de manière que tout autour de ces corps il se 
forme bientôt dans la couche de neige qui couvre le terrain, des excava- 
tions plus ou moins évasées supérieurement, et plus ou moins profondes. 
Cet effet, dans les circonstances favorables, se prononce très fortement : 
M. Fusinieri cite entre autres l'hiver de l’année 1830 où la terre, dans la 
Lombardie, était entièrement à découvert autour des arbres et des 
arbustes, tandis qu’il y avait encore deux pieds et demi de neige au mi- 
lieu des champs. 

» Il est facile de prouver que la cause qui détermine cette fusion hâtive 
n’est point une chaleur qui serait propre aux plantes à l'état vivant, car 
on observe le même phénomène autour des perches et des bâtons plantés 
dans le sol. 

» La neige se fond aussi par l’action des branches et de rameaux supé- 
rieurs. En effet, tout le terrain qui se trouve immédiatement au-dessous 
des arbres et des buissons, ainsi qu'un peu de l’espace adjacent, est dé- 
blayé avant les autres parties de la campagne. 

» Pour démontrer que c’est bien à l’action calorifique des branches, et 
pas à une moindre quantité de neige qu'il faut attribuer le découvrement 
plus prompt du sol au-dessous des plantes, on suspend à une certaine 
hauteur des branches sèches, ou récemment coupées, au milieu d'une 
plaine couverte de neige, et l’on voit que même dans ce cas, où Ja couche 
est bien certainement partout d’égaie épaisseur, les choses se passent en- 
core de la même manière, c'est-à-dire qu'au-dessous de ces corps il se 
forme bientôt, à la surface de la neige, des creux qui se dilatent graduel- 
lement en largeur et en profondeur, et parviendraient même jusqu'au 
sol si l'on prolongeait suffisamment l’expérience. 

» À circonstances égales l’action des plantes est d'autant plus grande 
que les tiges et les branches sont plus nombreuses et plus minces : elle 
commence d’abord au midi, s'étend ensuite progressivement au coucher 


( 803 ) 


et au levant, et passe enfin jusqu'aux portions latérales de neige situées 
vers le nord de l'arbre. On en déduit que la cause principale du phéno- 
mène provient de la chaleur solaire communiquée directement aux 
troncs et aux branches des arbres, et rayonnée ensuite sur la neige en- 
vironnante. 

» Mais ici vient la grande objection de M. Fusinieri. Comment est-il pos- 
sible qu’un corps échauffé sous l'influence d’un rayonnement calœifique 
produise plus d'effet que les rayons directs? la chaleur envoyée par les 
plantes ne peut être que fort inférieure en énergie à la chaleur solaire. 
Or, si les choses se passaient comme on le conçoit ordinairement, il arri- 
verait tout juste le contraire de ce qui a lieu ; de manière que dans les 
endroits découverts o4 ne tombent jamais les ombres projetées par les ar- 
bres et les buissons ; la neige disparaîtrait pis promptement.que dans 
les lieux ombragés par les plantes, et l'on n’aurait pas lescandale scienti- 
fique de voir l'effet plus grand là où la cause est moindre. L’explication 
de ces faits par la théorie ordinaire dn calorique rayonnant, dit M. Fu- 
sinieri , ne peut donc être admise. 

» Je conviens que la fonte de la neige sous l’action d’un rayonnement 
calorifique doit croître proportionnellement à l'énergie des rayons inci- 
dents : je conviens aussi que la chaleur directe du soleil doit surpasser de 
beaucoup en intensité la chaleur qui émane des branches et. des troncs 
d'arbres échauffés sous. son influence. Mais pour soutenir que, dans les 
phénomènes observés , l'effet est pour ainsi dire en raison inverse de la 
cause, il faudrait d’abord prouver que la neige absorbe également les rayons 
solaires directs, et ceux qui lui sont envoyés par les corps échauffés des 
plantes. Autrement, si ces derniers rayons élaient beaucoup plus absor- 
bés que les premiers , il n’y aurait aucune contradiction, et Paction moin- 
dre des rayons plus intenses serait une conséquence naturelle de leur 
moindre absorption. léerreur de M. Fusinieri provient de ce qu'il admet 
ncore avec Leslie.et Rumford Ja constance des pouvoirs absorbants des 
corps pour toutes sortes,de chaleurs rayonnantes , tandis que nos! expé- 
riences ont montré que ces pouvoirs! subissent dé grands changements 
lorsqu'on fait varier la qualité des rayons calorifiques: 

» Pour reproduire un fait analogne à celui qui nous occupe, j'ai débar- 
rassé ma pile thermo-électrique, du noir de fumée qui la couvre ordimai- 
rement : ensuite, je J'ai peinte en blanc avec du carbonate de plomb; et 
après l'avoir munie de ses petits tubes, j'ai fermé un côté, et j'ai fait tom- 
ber sur l’autrele rayonnement d’une-lampe concentré par une lentille. Le 


C. R. 1838, i°T Semestre. (T.VI, N° 24.) 110 


( 804 ) 
galvanometre, mis en communication avec la pile, marquait alors une 
déviation constante de 15°. Ayant intérposé sur le passage des rayons, et 
tout pres de la pile, une feuille de papier épais teint en gris foncé, le gai- 
vanomètre augmenta bientôtsa déviation, et apres quelques minutesil finit 
par s'arrêter à 33°,5. 

» Voici donc un corps chauffésous l’action d’un rayonnement calorifique, 
qui produit un: effet deux à trois fois plus fort que: les rayons directs de 
la source (1): Mais, d’après ce que nous avons dittantôt, on concoit avec 
la plus grande facilité comment les choses se passent. 

» Divisons en 100 parties égales la chaleur rayonnante qui arrive direc- 
tement sur la pile thermo-électrique, et supposons que 10 de ces parties 
soient absorbées, le reste renvoyé par réflection. Si la feuille interposée de 
papier, apres s'être échauffée elle-même sous l’action dela source, parvient 
à lancer sur la pile 25 parties seulement de chaleur, et que, sur ces 25 par- 
ties il'y en ait 5 seules de réfléchies et 20 d’absorbées , il est tout clair que 
la chaleur envoyée par le papier, quoique plus faible des £ que la chaleur 
directe de la source, échauffera cependant deux fois autant le côté actif de 
la pile, et produira par conséquent une action deux fois plus intense. 

» Mais la neige a-t-elle réellement , comme le carbonate de plomb, la pro- 
priété d’absorber en proportions différentes les diverses espèces de cha- 
leur 'rayonnante® Les expériences suivantes vont nous le dire (2). 

» Dans unetjournée d'hiver, où la température était de 2°,5 au-dessous 
de zéro, le ciel nuageux ; l'air tranquille, et le sol couvert de neige ré- 


) 


(1) De ce que l’on se sert ici de la flamme il ne faudrait pas en conclure que le fait 
exige la présence,de la lumière ; car,.en transmettant les rayons calorifiques par un verre 
noir complétement opaque avant de les employer, opération qui Jes dégage bien certai- 
nement de toute lumière concomitante, finterposition du papier donne encore une 
augmentation considérable dans la déviation du galvanoinètre. En effet, ce rayonnement 
obscur, qui produisait directement 10 à 11° de déviation, en donnait 18 à 19 lorsqu’i 
était absorbé par la feuille de papiér gris sombreet lancé-ensuite sura pile blanchie. 

Cette expérience ;:que Jerépète-avec la plus grande facilité devant les personnes qui 
désirent la voir, suffit pour rénverser de fond.en.cowble les théories au moyen desquel- 
les on chercherait à rendre compte du phénomène actuel et des actions analogues par 
une transformation de lumière en chaleur. 

(2) Ces expériences sur la neige sont extraites d’un travail assez étendu que j’ai com- 
mencé dépuis long-temps sur les pouvoirs absorbant et éinissif des corps En général , et 
quine se: trouve pas encote términé : je lés publie ainsi détachées ‘parce qu’elles me 
semblent:répondrepatfaitentent à la question soulevée par: M: Fusinieri: 


( 805 ) 

cente, jé plaçai sur l’unedes croisées de mon appartement la pile ther- 
mo-électrique noircie comme à l'ordinaire. J’approchai d’un côté une 
lampe d’Argant, et de l’autre une plaque recourbée de cuivre chauffée pos- 
térieurement à 460 environ par la lampe alcoolique. Chacune des faces 
de la pile regardait ainsi une des deux sources rayonnantes, de manière 
qué lés deux actions calorifiques tendaient à se compenser : je rapprochai 
la Source la plus faible jusqu’à ce que l'index du galvanomètre correspon- 
dant se tint au zéro de la division. 

» Je pris ensuite un petit tube de cuivre ayant les mêmes dimensions 
que l’enveloppe de la pilé, et muni comme elle d’une tige destinée à l'in- 
troduire dans le même soutien. Ce tube, ouvert par les deux bouts, por- 
tait à sa partie intériéüre un diaphragme perpendiculaire à l’axe qui le 
divisait en deux chambres égales, dans chacune desquelles j'introduisis 
de la neige bien pure jusqu’à une hauteur correspondante à la moitié en- 
viron dela longueur du faisceau thermo-électrique. 

» J'ôtai du soutien, la pilé placée comme nous venons de le dire entre la 
lampe d’Argant et la plaque échauffée, et j'y substituai mon tube garni. 
Alors chacune des deux portions de neïge intérieure se trouvait soumise à 
l’action d’une source : les deux rayonnements calorifiques, à l'endroit où 
ils venaient frapper les couches neigeuses correspondantes, étaient d’in- 
tensité égale. Cependant , la neige contenue dans la cavité tournée vers le 
cuivre chauffé à 400° se fondit beaucoup plus vite que celle qui se trou- 
vait dans la cavité opposée. Je chargeai de nouveau l'appareil de neige, et 
je le replaçai sur le pied de la pile, en ayant soin de tourner vers la lampe 
la cavité qui regardait tantôt la plaque échauffée : la fusion s’effectua en- 
coré beaucoup plus rapidement du côté de la dernière source; il en fut de 
même toutes les foïs'que je voulus’ répéter l’expérience. La moyenne du 
temps qu'il fallait pour la disparition de la neige était d'environ néuf mi- 
nutes et demie du côté de la lampe, et de quatre minutes du côté de 
cuivre à 400° de température. 

» Cette expérience prouve avec la dernière évidénce, que les rayons ca- 
lorifiques de diverses provenances sont différemment absorbés par la 
neige comme par le carbonate de plomb. En voici deux autres du même 
genre qui n’exigent poïnt l'emploi du'thermo mültiplicateur, et qui repro- 
duisent des faits tantôt ideritiques et!tantôt diamétralement opposés à ceux 
indiqués par M. Fusinieri : e 

» Ayant rempli-par-dessus-les-bords un vase ne de neige fine et 
récemment tombée, j'en ôtai le superflu au moyen d’une règle dé bois, 

110. 


( 806 ) 


de manière à produire sur la neige un plan bien uni : je disposai ensuite 
ce plan verticalement, et j'y fis tomber les rayons d’une lampe d’Ar- 
gant, après avoir suspendu au-devant de la partie centrale, et tont 
prés de la surface de la neige, un petit disque de carton très mince dont 
les deux faces étaient bien couvertes de noir de fumée. Les rayons de la 
lampe dardaient alors en partie sur le disque et en partie sur la neige. 
La surface plane ne tarda pas à se creuser au-dessous du disque : après 
un quart d'heure, cette cavité avait déjà 3 à 4 lignes de profondeur vers 
le centre. 

» Je remis l'appareil dans les circonstances primitives en substituant seu- 
lement à la flamme de la lampe le cuivre à 400°. Les phénomènes s’effec- 
tuérent alors en sens inverse, c’est-à-dire que la corrosion de la neige fut 
plus abondante là où dardaient les rayons directs que dans la partie située 
contre le disque, de manière qu’au centre il se forma bientôt une protu- 
bérance au lieu d’une excavation. Une certaine énergie dans la chaleur 
incidente ne suffit donc pas pour produire un plus grande action sur la 
partie de la surface abritée par le disque ; il faut aussi cette qualité parti- 
culière du rayonnement calorifique analogue à la chaleur solaire, qui est 
ordinairement accompagnée comme elle du rayonnement lumineux, mais 
qui ne l'exige pas nécessairement (1). 

» Si l'on a bien compris le raisonnement que nous avons exposé à propos 
de l'expérience du papier gris interposé devant la pile thermo-électrique 
peinte en blanc, l'explication de ces différences de fusion n’offrira aucune 
difficulté. 

» Dans le premier cas, le carton échauffé lance vers le vase des rayons 
beaucoup plus absorbables que les rayons directs de la source : il s'ensuit 
que la quantité de neige fondue est plus grande là où se projette l'ombre 
du disque qu'ailleurs, malgré la moindre quantité de chaleur qui peut y 
parvenir. Dans le second cas, où la source et le carton échauffé sous son 
influence donnent des rayons presque absorbables , le disque ne peut que 
diminuer par son interposition l’effet du rayonnement direct, et rendre la 
fusion moins forte à l'endroit abrité. 

» Concluons de tout cela que la fonte hâtive de la neige autour des 
plantes, au lieu de se trouver en opposition avec les théories actuelles, de 
la chaleur rayonnante, ainsi que le prétend M. Fusinieri, n’en est, au 
contraire, qu’une conséquence fort simple. 


(1). Voyez la note (2). 


En à 


( 807 ) 

» Il y avait peut-être quelques éclaircissements à ajouter à ce que nous 
venons de dire pour rendre raison des petits détails de ce phénomene; 
détails qui s'expliquent tous parfaitement en partant du fait principal et 
de quelques circonstances accessoires. 

» Si l’on demandait, par exemple, pourquoi, outre la force des rayons 
solaires , la température élevée de l'air contribue à accélérer la fusion dif- 
férentielle de la neige autour des arbres et des corps solides en général 
qui s'élèvent au milieu des champs, on en trouverait facilement le motif 
dans l'empêchement que ces corps apportent au rayonnement propre des 
couches de neige vers les espaces célestes; ce qui les maintient tout près de 
la température de fusion, pendant que les couches placées aux endroits 
découverts s’abaissent de plusieurs degrés au-dessous du zéro en vertu du 
rayonnement nocturne, et sont, par conséquent, beaucoup moins dis- 
posées à devenir liquides sous l’action du milieu ambiant. 

» On expliquerait avec la même facilité pourquoi l'influence des plantes 
se fait encore sentir lorsque le ciel est entièrement couvert de nuages et 
la température de l'air inférieure à zéro; car la chaleur diffuse du soleil 
possède absolument les mêmes propriétés de transmission et d'absorption 
que la chaleur directe, et doit produire, en conséquence, des effets tota- 
lement semblables, à l'intensité près. 

» Considérant l'action d'un rayonnement calorifique long-temps pro- 
longé sur une série de corps doués du même pouvoir absorbant, on ver- 
rait que ceux qui possèdent une masse moindre doivent s’échauffer plus 
promptement et arriver plus tôt que les autres à ce degré de chaleur que 
comportent l’état des couches superficielles , la force des rayons incidents, 
la pression et la température de l'air; et en réfléchissant que l'influence de 
la chaleur solaire, directe ou diffuse, dure pendant toute la journée , on 
y trouverait la cause des fusions plus ou moins grandes produites autour 
des tiges de différentes grosseurs qui ; loin d’être proportionnelles aux 
masses, ainsi que cela devrait avoir lieu si l'on portait ces corps à la même 
température avant de les implanter dans la neige, suivent, entre certaines 
limites, la raison inverse des diamètres, 

» Mais nous rentrerions alors dans le développement de théories con- 
nues depuis long-temps, et le but de cette communication était de sou- 
mettre au jugement de l’Académie une application particulière d’un des 
principes généraux introduits récemment dans la science de la chaleur. » 


( 808 ) 


M. Serres adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Ovolo- 
gie humaine. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


RAPPORTS. 


Rapport sur un Mémoire de M. Cnasres. 
(Commissaires, MM. Libri, Poinsot rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, M. Libri et moi, de lui rendre compte d’un 
Mémoire qui lui a été présenté par M. Chasles, et qui a pour titre : So- 
lution synthétique du problème de l'attraction aes ellipsoïdes, dans le cas 
général d'un ellipsoide hétérogène, et d'un point extérieur : c'est, comme 
on le voit, une solution par la géométrie de cette seconde partie difficile 
du problème qu’on n’avait encore résolue jusqu'ici que par l’analyse. 

» Ce Mémoire remarquable de M. Chasles nous offre un nouvel exemple 
de l'élégance et de la clarté que la Géométrie peut répandre sur les ques- 
tions les plus obscures et les plus difficiles. Cette belle méthode géomé- 
trique des Anciens, qu'on appelle vulgairement, quoique fort improprement , 
la Synthèse, a plus d’une fois devancé la méthode algébrique qu’on appelle 
aujourd'hui l'Analyse. C'est ce qu’on a vu surtout par les ouvrages immortels 
de Newton, et par un travail admirable que l'on doit à Maclaurin sur la 
question même qui nous occupe : chef-d'œuvre de géométrie que Lagrange 
compare à tout ce que Archimede nous a laissé de plus beau et de plus 
ingénieux. Que si, dans ce problème célèbre, l'analyse, à son tour, ma- 
miée si habilement par Lagrange, Laplace, Legendre et les meilleurs ana- 
lystes de notre temps, a repris enfin l'avantage, et n’a plus, comme on 
dit, laissé rien à désirer , on ne pourra plus néanmoins apporter cet exemple 
comme une preuve de la supériorité de l'analyse sur la méthode des An- 
ciens. Car M. Chasles nous fait voir aujourd’hui que par cette méthode, 
qui n'est qu'une suite lumineuse de raisonnements conduits par la syn- 
these, on pouvait également parvenir, et d’une manière plus facile, à une 
solution aussi complète du problème. La question n’était done point, 
comme on avait pu le croire, au-dessus des forces de la synthèse. Les: 
dernieres difficultés, il est vrai, n’en avaient été vaincues que par la seule 
analyse; mais il nous semble que ce succès même ne prouvait pas bien ici 
la supériorité de l'instrument; car il fallait d'abord remarquer que, de- 


( 809 ) 


puis Newton et Maclaurin, la synthèse avait été négligée et comme aban- 
donnée , tandis que l'analyse, exclusivement cultivée, avait recu de jour 
en jour de nouveaux perfectionnements; ce qui donnait une explication 
toute naturelle des avantages alternatifs qu’avaient présentés ces deux 
méthodes. 

» Quoi qu'il en soit, il est certain qu'on ne doit négliger ni l'une ni 
l’autre : elles sont au fond presque toujours unies dans nos ouvrages, et 
forment ensemble comme l'instrument le plus complet de l'esprit humain. 
Car notre esprit ne marche guère qu’à l’aide des signes ou des images ; et, 
quand il cherche à pénétrer pour la première fois dans les questions 
difficiles , il n’a pas trop de ces deux moyens, et de cette force particu- 
lière qu’il ne tire souvent que de leur concours. C’est ce que tout le monde 
peut sentir, et ce qu’on peut reconnaître dans le Mémoire même de 
M. Chasles, dont il faut que nous donnions maintenant une idée plus 
précise. 

»-Nous n'avons pas besoin de rappeler ici l'histoire si connue des tra- 
vaux successifs des géomètres sur la théorie de l'attraction des sphéroïdes ; 
elle se trouve dans la plupart des auteurs qui ont écrit sur cette matiere, 
et M. Chasles lui-même , au commencement de son Mémoire , l’a retracée 
en détail et avec quelques remarques nouvelles qui lui appartiennent. Il 
nous suffit d'indiquer en peu de mots ce que la synthèse avait déjà fait, 
et ce qu’elle avait encore à faire pour la solution du problème. 

» La question, comme on le sait, est très simple. Il s’agit de trouver, 
dans cette loi de Newton, qui fait l'attraction proportionnelle à la masse et 
réciproque au carré de la distance , quelle est la force attractive qu’un el- 
lipsoïde homogène exerce sur un point quelconque donné dans l’espace ; 
soit que ce point attiré tombe dans l’intérieur, soit qu'il tombe au dehors 
de l’ellipsoïde : ce qui présente ratumallement deux cas généraux que l’on 
trouve être fort distincts. 

». Or, si nous considérons le premier cas, c’est-à-dire celui où le point 
attiré est en dedans de l’ellipsoïde ou à sa surface, nous voyons d’abord 
qu’il se trouvait complétement résolu par les premiers théorèmes de Ma- 
claurin, en y joignant l’extension que d’Alembert leur avait donnée par la 
même méthode géométrique. 

», Quant à l'attraction de l’ellipsoide sur un point extérieur, on sait que 
le même Maclaurin à imaginé un théorème très ingénieux, qui, s'il eût 
été généralisé, pouvait ramener ce second.cas au premier, et achever ainsi 
la solution synthétique du problème. 


( 810 ) 


» Ce beau théorème, pris dans toute sa généralité, consiste en ce que 
les attractions que deux ellipsoïdes homogènes, décrits des mêmes foyers, 
exercent sur un même point situé au dehors de leurs surfaces, sont diri- 
gées suivant la méme droite, et simplement proportionnelles aux masses des 
deux ellipsoïdes. On voit comment cette proposition ramène le cas d’un 
point extérieur à celui d’un point situé à la surface. Car, en imaginant que 
l’ellipsoide proposé, conservant toujours la même masse, se dilate, pour 
ainsi dire, en un autre ellipsoïde homogène, de mêmes foyers , jusqu’à ce 
que sa surface vienne à passer par le point donné, l'attraction restera toujours 
la même, et l’on aura le cas d’un autre ellipsoïde donné qui attire un point 
posé à sa surface. 

» Mais ce théorème, dont Laplace et Legendre, par deux analyses diffé- 
rentes, ont les premiers reconnu toute la généralité, Maclaurin ne l'avait 
démontré, par la géométrie, que dans le cas particulier où le point exté- 
rieur est situé sur le prolongement de l’un des axes principaux de l’ellip- 
soïde. Il restait donc à la synthèse à le démontrer d'une manière générale; et 
c'est à quoi M. Chasies est parvenu dans le second paragraphe de son Mé- 
moire, après avoir établi, dans le premier, plusieurs belles propriétés des 
surfaces du second ordre sur lesquelles il a fondé sa démonstration. 

» La marche de l’auteur est fort naturelle. Car si l’on suppose vrai ce 
théorème de Maclaurin pour deux ellipsoïides homogènes de mêmes foyers, 
on voit tout de suite qu’il le serait également pour deux autres ellipsoïdes 
concentriques, situés de même, et respectivement semblables aux deux 
proposés, pourvu que chacun d’eux fût une même fraction de l’ellipsoide 
auquel il appartient, parce que alors ces deux noyaux ou ellipsoïdes 
intérieurs avaient aussi entre eux les mêmes foyers. Et de là, il est aisé 
de voir, par la simple composition des forces, que le même théorème 
aurait encore lieu pour les deux couches ellipsoïdales ou ellipsoïdes creux 
dont chacun est la différence de l'ellipsoïde entier au noyau semblable 
que l’on y considère. Et, réciproquement, il est bien manifeste que si le 
théorème était démontré pour deux telles couches d’une épaisseur quel- 
conque, il le serait sur-le-champ pour les deux ellipsoïdes. 

» C’est pourquoi M. Chasles ne considère d’abord que deux couches el- 
lipsoïdales infiniment minces, dont les surfaces externes ont les mêmes 
foyers; et il démontre, comme on va le voir, que ces deux couches attirent 
un méme point extérieur suivant une même direction et avec des forces 
proportionnelles à leurs masses : de sorte que, si les épaisseurs infiniment 
petites de ces couches, estimées suivant leurs axes de même nom, sont 


( 811) 
prises dans le rapport même de ces axes, les masses des deux couches, et, 
par conséquent, les deux forces sont entre elles comme les ellipsoïdes 
entiers ; et de là, par une composition successive, on passe naturellement 
au théorème de Maclaurin. 

» La démonstration de l’auteur consiste à comparer, une à une, les at- 
tractions exercées par deux éléments de volume pris sur les deux couches 
infiniment minces dont il s’agit, ou plutôt à comparer les composantes de 
ces forces estimées suivant les directions de trois axes ‘fixes rectangulaires 
entre eux; à choisir ensuite, pour ce système d’axes, une telle position, et à 
établir entre les deux éléments dont on compare les forces, une telle cor- 
respondance sur les deux couches, que le rapport des composantes sui- 
vant un même axe soit toujours le même quelle que soit la situation ab- 
solue de ces deux éléments attractifs correspondants. Il en résulte que le 
même rapport s'étend aux attractions des deux couches entières, et l’on 
trouve ainsi que ces attractions (relatives à un même axe), sont entre 
elles comme les masses de ces deux couches. Or, comme il y a ici trois 
axes rectangles qui permettent les mêmes comparaisons, ét qui conduisent 
au même rapport, on en conclut enfin que les deux attractions résultantes 
tombent dans une même droite, et sont proportionnelles aux masses des 
deux couches homofocales que lon considère. 

» Voilà, autant qu'on peut la donner sans le secours des figures et du 
calcul , l’idée de cette démonstration ingénieuse découverte par M. Chasles, 
et qu’il a complétement développée dans son Mémoire. Elle résidait dans 
la considération des trois surfaces différentes du second ordre qu’on peut 
décrire des mêmes foyers, et faire passer par un même point donné : les 
trois normales menées en ce point à ces trois surfaces sont rectangulaires 
entre elles, et c’est à ces droites qu’on rapporte les attractions élémen- 
taires des deux couches proposées ; on les compare ensuite une à une, de 
maniere à trouver leur rapport constant, et à obtenir ainsi celui des at- 
tractions totales, sans avoir besoin d’aucune intégration; c'était la vraie 
difficulté que la synthèse avait à vaincre pour parvenir à la démonstration 
générale da théorème de Maclaurin. 

» Mais l’auteur ne se borne point à cette démonstration, d’où l’on pour- 
rait, comme on l'a dit, conclure tout le reste. Afin d’élever ici sa méthode 
au niveau des derniers résultats de l'analyse, il cherche encore à obtenir 
d’une manière directe l'attraction absolue d’une couche ellipsoïdale infini- 
ment mince sur un point extérieur : il en tire aisément l'attraction d’une 
couche quelconque d'une épaisseur finie, et, par conséquent, celle de 

C. R, 1838, 1°r Semestre, (T. VI, N° 24.) . 111 


( 812 } 


l'ellipsoide entier, qu’on peut voir en effet comme une couche dont la 
surface interne se réduit à un point. Il parvient donc ainsi aux formules 
de quadrature qui expriment l'attraction sur un point extérieur, sans se 
servir des formules relatives aux points intérieurs, ni du célèbre théorème 
de M. Ivory qui avait su ramener si ingénieusement ces intégrales les unes 
aux autres. 

» Il fait voir, de plus, que sa solution s'applique naturellement à l'elip- 
soide hétérogène, ou , pour parler avec plus de précision, à un ellipsoide 
composé de couches semblables de différentes densités, de manière que 
la densité, uniforme pour chaque couche, varie de l’une à l’autre comme 
une fonction quelconque de sa distance au centre, distance qu’on suppose 
ici comptée le long d’un même axe, ou d’un même diamètre quelconque 
donné de l’ellipsoïde. On voit par là à quelle espèce de quadrature se ra- 
mène l'attraction de l’ellipsoide selon qu’on fait telle ou telle hypothèse 
sur la loi de densité. Quand l’ellipsoïde est homogène, l'intégrale dépend 
essentiellement des fonctions elliptiques; si l’on suppose la densité en rai- 
son inverse de la distance au centre, elle ne dépend plus que des ares de 
cercle ou des logarithmes. On peut faire d’autres suppositions qui ren- 
dront les formules intégrables en termes finis. 

» Ainsi, tout ce qu'on avait obtenu jusqu'ici sur cette matière, se 
trouve maintenant démontré par de simples considérations de géométrie 
et peut faire l’intéressant objet d’un enseignement lumineux et presque 
élémentaire. 

» M. Chasles, ancien élève de l’École Polytechnique, était déjà bien 
connu de l'Académie par d’excellents mémoires, et par un ouvrage impor- 
tant qu'il a récemment publié sur l'Origine et le développement des mé- 
thodes en géométrie. Son nouveau mémoire lui donne de nouveaux titres 
à l'estime des géometres. Il aura répandu beaucoup de lumière sur une 
question très difficile, qui n’intéresse pas moins la physique générale que 
la mécanique des corps célestes; question qui, d’ailleurs, étant considérée 
en elle-même et sous un point de vue purement mathématique, ne paraît 
pas encore épuisée , et peut servir aux progrès ultérieurs de l'analyse et 
de la géométrie. 

» Nous pensons donc que ce travail de M. Chasies, dont nous n'avons 
pu rendre ici qu'un compte rapide, est digne d’être approuvé par lAca- 
démie et inséré dans le Recueil des Savans étrangers.» 


M. DE Proxy commence la lecture d’un rapport sur un ouvrage de 


( 813 ) 


M. Bu, ayant pour titre : Principes de mélodie et d'harmonie. Cette 
lecture sera continuée dans la prochaine séance. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


GéoLoGie. — Parallèle entre les différents produits volcaniques des environs 
de Naples, et rapport entre leur composition et les phénomènes qui les 
ont produits; par M. DuFRÉNOY. 


(Commissaires, MM. Berthier, Élie de Beaumont. ) 


« Dans le Mémoire que j'ai publié sur les terrains volcaniques des envi- 
rons de Naples, et que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie dans sa 
séance du 16 novembre 1837, j'ai montré que les deux montagnes dont se 
compose le groupe du Vésuve (la Somma et le Vésuve) doivent leur relief 
actuel à des phénomènes d’un ordre différent. 

» Quelques essais m’avaient permis d'annoncer que la nature des roches 
qui composent les escarpements de la Somma et les coulées du Vésuve 
confirmaient la différence que les observations géologiques établissent 
entre ces deux montagnes volcaniques. 

» Cette concordance de la chimie et de la géologie m’ayant paru re- 
marquable, j'ai analysé comparativement les laves de la Somma et celles du 
Vésuve, et afin d’avoir une idée complète de la composition de ce volcan, 
j'ai examiné les produits pris dans des conditions diverses, qui représen- 
tent par leur ensemble les différentes transformations que subit la masse 
fondue qui s'écoule à chaque éruption. 

» Ces analyses nous montrent qu'il existe des différences essentielles 
entre les laves dé la Somma et celles du Vésuve, différences telles qu'il 
est impossible de supposer que les laves du Vésuve qui sont plus mo- 
dernes ont été produites aux dépens de celles de la Somma qui préexis- 
taient; il en résulte que les foyers qui les ont élaborées ne sauraient avoir 
été identiquement les mêmes. 

» En effet, les laves de la Somma sont presque inattaquables dans les 
acides, tandis que celles du Vésuve sont solubles en grande partie dans 
ces réactifs, environ dans la proportion de 4 : 1. 

» Les premières contiennent une très forte proportion de potasse, tan- 
dis que dans les secondes, la soude domine fortement. 

» La différence de composition se reproduit même dans les minéraux 

111. 


( 814) 
communs aux deux roches; ainsi l'on a vu que le pyroxène de la Somma 
est une augite, c'est-à-dire un pyroxène à base de fer, tandis que celui du 
Vésuve rentre dans les variétés calcaires telles que la sahlite. 

» Le partage que l’action des acides produit dans les laves du Vésuve, 
permet de reconnaître qu’elles se composent, outre des cristaux de py- 
roxène, de deux minéraux essentiellement différents : l’un, soluble dans les 
acides, contient de 9 à 10 p. cent de soude, et 2,5 à 3 p. cent de potasse; 
le second, inattaquable par les acides, renferme ces alcalis en pro- 
portions à peu près égales de 6 à 7 pour cent de chaque. Les autres élé- 
ments qui entrent dans ces deux minéraux, quoique les mêmes, sont éga- 
lement dans des proportions trop éloignées pour que l’on n'en tire pas la 
méme conclusion. Ainsi, le premier contient 20 pour cent d’alumine et 5 
de chaux, tandis que dans le second, ces deux substances entrent dans les 
proportions de 11 à 12. Enfin, le second est un peu plus saturé de silice 
que le premier: il en contient 54 au lieu de 50; dans l’un et l’autre, la pro- 
portion de cette substance est beaucoup plus faible que dans le feldspath ou 
dans l’albite, qui en contiennent 64 pour cent pour le feldspath, et 67 
pour l’albite. Cette faible proportion de silice explique l'absence du quartz 
dans les laves du Vésuve et de l’Etna, et l’on peut dire, en général, dans 
les roches volcaniques; elle confirme ce que j'ai annoncé dans mon Mé- 
moire sur les cendres de la Guadeloupe, que si le feldspath ou l’albite 
existent quelque part dans les produits volcaniques, ces substances n'y 
jouent qu’un bien faible rôle. 

» Les proportions des éléments dont se composent les deux minéraux 
qui constituent les laves du Vésuve sont assez constants pour qu'on puisse 
affirmer leur existence ; mais ces proportions ne sont pas assez identiques 
pour rechercher les formules qui représentent leur composition, et par 
conséquent, on ne peut désigner ces substances par un nom particulier. Il 
se pourrait même que chacune des parties, dans lesquelles l'acide muria- 
tique partage les laves contint plusieurs minéraux; ainsi, je crois qu'il existe 
quelques lamelles de labrador qui se confondent avec le minéral domi- 
nant sodifère : on en distingue de petits cristaux dans les fentes qui divisent 
les laves de la Scala et du Granatello en assises distinctes, et il est probable 
qu'en examinant les laves sur les lieux mêmes, on parviendra à en obte- 
nir des cristaux assez gros pour en faire l'analyse séparément. 

» Les laves du Vésuve ne contiennent pas d’eau; M. Lowe (1) a également 
un Eesmmaoll-ogiurals abpss oi suhagnens paf ame Les 


(1) Annales de Poggendorf , tome XXXVIIL. 


( 815 ) 


annoncé qu'il n’en existait pas dans les laves de l’Etna, tandis que les 
basaltes en renferment toujours de 3 à 4 pour cent. Cette différence re- 
marquable est peut-être en rapport avec le mode de fluidité de ces roches : 
car les laves se solidifient seulement au moment où les fumerolles s’étei- 
gnent, c'est-à-dire lorsque les dernières parties d’eau tenues en dissolution 
dans les laves viennent à s'échapper. 

» L'étendue des nappes basaltiques nous apprend que cette roche a été 
tres fluide ; l’eau qu’elles contenaient ne s’est peut-être pas dégagée à l'état 
de fumerolles comme pour les laves; on pourrait, jusqu’à un certain 
point, le conclure de la présence des nombreuses zéolithes que l’on trouve 
répandues dans cette roche , et de l'absence de scories dans beaucoup de 
terrains volcaniques, notamment dans ceux de l'Allemagne. 

» La prédominance que j'ai signalée plus haut, de la soude sur Ja po- 
tasse, comme caractéristique des laves du Vésuve, n’est pas un fait nou- 
veau; seulement il est passé inaperçu. M. Berthier a publié, en 1827, une 
analyse d’une pouzzolane de Naples de laquelle il résulte que la soude 
est à la potasse dans le rapport de 41 : 14. Il est également remarquable 
que cette pouzzolane soit soluble dans les acides et que le rapport de la 
silice à l’alumine 44 : 15 est très rapproché de celui que j'indique comme 
caractéristique du minéral soluble. 

» Les analyses que j'ai rapportées du tuf ponceux, d’après M. Berthier, 
montrent que ces tufs sont peu différents les uns des autres, et qu’on doit 
les regarder comme ayant une origine commune; cependant ceux de 
Pompeï contiennent, relativement à la soude, un peu plus de potasse que 
les tufs du Pausilippe et d’Ischia. Cette circonstance est du reste naturelle, 
car l'éruption qui a enseveli Herculanum et Pompeï a entrainé des roches 
de la Somma qui sont essentiellement potassées. Un fait intéressant que 
présente en outre ce dernier tu, c’est de contenir Jusqu'à 9 pour cent de 
carbonate de chaux, substance entièrement inconnue dans les volcans , et 
qui est au contraire constamment produite par les infiltrations; la pré- 
sence du carbonate de chaux confirme l'opinion que si l’enfouissement 
d'Hercutanum et de Pompeï a été produit par une alluvion du tuf for- 
mant les contreforts de la Somma, les eaux ont joué un grand rôle dans 
le remplissage des édifices de ces deux villes, opération qui doit avoir été 
lente et successive. L’abondance de l'acide carbonique qui s'échappe cons- 
tamment des fissures dont le sol volcanique est criblé, a peut-être donné 
aux eaux superficielles la propriété de dissoudre de la chaux et de la dé- 
poser sous forme de carbonate dans le tuf de Pompeiï et d’Herculanum. 


( 316 ) 


» L'analyse des tufs ponceux nous apprend en outre qu'il existe entre 
eux et les laves de la Somma et du Vésuve une différence de composition 
aussi essentielle qu'entre ces roches elles-mêmes. 

» L'examen chimique des produits volcaniques des environs de Naples 
confirme donc les résultats des observations géologiques, et nous montre 
que la Somma, le tuf ponceux et le Vésuve appartiennent à trois ordres 
différents de phénomènes volcaniques. » 


PHYSIQUE. — Évaluation comparative des électricités statique et dynamique ; 
par M. PELTIrr. 


« J'ai souvent insisté sur la nécessité de distinguer les phénomenes élec- 
triques en deux ordres, l’un renfermant les phénomènes d'électricité sta- 
tique ou en repos, l’autre renfermant ceux d'électricité dynamique ou eu 
mouvement; les faits qui se rattachent à l’un de ces ordres n’ont aucune 
analogie avec les faits de l’autre ordre; jamais le même rayon électrique 
ne produit au même instant les phénomènes qui appartiennent aux deux; 
ils peuvent se succéder, mais ils ne peuvent pas être co-existants. Dans le 
Mémoire que j'ai présenté à l'Académie le 9 janvier de l’année dernière, 
j'ai mis en regard les effets de ces deux ordres de phénomènes, afin que de 
ce rapprochement leur opposition complète en ressortit mieux. Dans le but 
que je poursuis depuis si long-temps, celui de démontrer quelles sont les 
causes immédiates de ces deux ordres de phénomenes et quelle est la cause 
médiate qui les renferme et les produit, j'ai dù chercher à mesurer ce que 
donne d'effet dynamique l'écoulement d'une unité statique ; ce que donne 
d'effet statique une unité dynamique arrêtée dans une partie de son cir- 
cuit; enfin ce qu'une unité électro-motrice, produisant lun ou l’autre de 
ces deux ordres de phénomènes, peut donner d'unités dynamiques ou 
d'unités statiques, afin de connaître par ce moyen le rapport de leurs ef- 
fets, selon qu’on les ramène à leur unité commune , l'unité électro- 
motrice, ou qu'on les transforme de l’une en l’autre, en donnant écoule- 
ment à une quantité statique, ou en arrétant la propagation d'une quantité 
dynamique. 

» On a déjà essayé la solution d’une partie de ces questions, non pas 
dans le point de vue général sous lequel je l’envisage, mais par quelques 
applications. Ainsi Wollaston a décomposé l’eau par de l'électricité statique 
à laquelle il rendait l'écoulement possible, puis M. Colladon a fait dévier 
l'aiguille aimantée par le même moyen; M. Faraday est celui qui a cherché 


( 817) 


à s'approcher le plus d'une appréciation mesurée de la transformation de 
l'électricité statique en dynamique; enfin M. Pouillet à évalué la quantité 
dynamique nécessaire à la décomposition d’un gramme d’eau. La lecture 
de mes résultats prouvera que le point de vue qui m'a guidé diffère essen- 
tiellement de celui de ces auteurs, qu'il est plus général, plus applicable 
aux causes elles-mêmes, et que ses résultats offrent des mesures compa- 
rables. 

» J'ai pris pour unité électro-motrice , oxidation dans l’eau de Seine d'un 
milligramme de zinc. 

» Pour unité électro-statique un degré de l’électromètre délicat et me- 
suré, dont la description se trouve dans le tome LXIT, p. 422, des Annales 
de Chimie et de Physique. 

» Pour unité dynamique , un degré d’un multiplicateur de 3000 tours, 
aiguille à la Nobili de 5 centimètres de long et faisant une oscillation et 
demie par minute; et enfin la seconde pour unité de temps. 

» Comme le détail des expériences serait trop long, je dois ne mention- 
ner que les principaux faits et les résultats qui en ressortent. 

» J'ai pris un fil de zinc pesant 76 milligrammes que j'ai entouré de 
cuivre pour en former un couple à la Wollaston; je l’ai plongé dans de 
l'eau commune où il est resté 94 heures; le courant a été mesuré avec un 
multiplicateur de 108 tours à déviations proportionnelles aux forces : la 
moyenne des déviations a été une constante de 68. Chaque degré de ce 
multiplicateur équivaut à 26° du multiplicateur de 3000 tours dont le pre- 
mier degré me sert d'unité dynamique; Varc de 26° de cet instrument 
est équivalent à une force de 28°,8, laquelle multipliée par les 68° du 
premier multiplicateur donne pour déviation moyenne 1958°,4 au multi- 
plicateur type pendant 94 heures. Après l’expérience le fil de zinc pesait 66 
miligrammes ; ainsi 10 mill. de zinc en s’oxidant ont donné un courant 
constant de 1958°,4 pendant 94 heures, ou , en réduisant à l'unité de poids, 
ce courant a duré 9 heures 24 minutes ou 3384 secondes. En ramenant 
ce résultat aux unités dynamiques et de temps, on trouve qu'un milli- 
gramme de zinc donne par son oxidation un courant constant de 1° qui du- 
rerait 2 ans 37 jours 57’ 36". En divisant Pour connaître la fraction du mil- 
ligramme de zinc qu'il a fallu oxider pour obtenir cette unité de courant 
pendant une seconde, on trouve oi 000000051. 

» Connaïssant le produit dynamique d’un milligramme de zinc soumis 
à une action chimique, j'ai dù chercher à connaître son produit statique. 
Pour y parvenir, j'ai fait Passer par le multiplicateur l'électricité nécessaire 


(818) 
à la charge statique de deux grands carreaux armés de feuilles d’étain sur 
chaque côté, qui ont chacune 2866 cent. carrés; c'est au moyen de piles 
plongeant dans l’eau commune que je les ai chargés: 


les 2 carreaux réunis, 20° statiques équivalant à 41° d ipli o° 
Avec 200 couples { > q quivalant à 41° de force, le multiplicateur 1 


I carreau 200 ge 5° 

2 carreaux F 0,5 50 
Avec 100 couples 9 1e : 

1 carreau id. id, 29,5 


Après trois heures d'immersion : 


2 carreaux 150,5 0 ,5 69,3 
Avec 200 couples { ’ 250,5 ; 
id. id) 30, 
2 carreaux 50 50 30,1 
Avec 100 couples 7 
id. 5o 10,6 


» Ainsi, pendant que le courant indique qu’une quantité double est passée 
pour aller produire un effet statique, cet effet est quadruple, c'est-à-dire 
qu'il est comme le carré des effets dynamiques ; résultat curieux, qui 
vient aussi s'opposer à l'identité des causes qu’on voudrait admettre entre 
ces deux ordres de phénomènes. J'ai retrouvé la même loi en faisant 
passer par le multiplicateur l'électricité appelée par influence, sur un 
globe de 33 centimètres de diamètre, résultat qui s'oppose à regarder 
cette électricité comme une simple polarité, comme le pense M. Faraday. 

» Après ce résultat, j'ai dû ramener à mon unité statique toute l'élec- 
tricité contenue dans un carreau, dont la tension étant 25,5, avait de- 
mandé un courant de 3°, et J'ai trouvé que la charge de ce carreau 
consistait en une quantité électrique telle, qu'étant estimée en unités de 
l'électromètre, elle en contenait 6362 1°. En ramenant à l'unité de courant 
les 3° dynamiques , il faut, d’après ce qui précède, diviser le produit sta- 
tique par le carré de 3 ou 9, ce qui donne 7060?. Ainsi, la quantité élec- 
trique qui donne par sa propagation un degré dynamique, étant reçue 
et coercée, donne un effet statique de 7069 unités. Comme l'unité dyna- 
mique n’a besoin que de l’oxidation de oi: 0000000151 de zinc, il ne 
faudra, pour une unité statique, que 0"",000000000002. 

» Il faut donc ajouter au tableau du Mémoire du 9 janvier 1837, les 
deux paragraphes suivants : 


Électricité statique. Électricité dynamique. 


Si l’on arrête et coerce sur des surfaces | Si l’on mesure le courant que produit 
des quantités d'électricité, dont la propa- | l'écoulement de diverses quantités stati- 
gation produisait un effet dynamique me- | ques coercées sur des surfaces , on trouve 
suré, on trouve que les effets statiques de | que ces courants sontentre eux comme les 
ces quantités sont entre eux comme les | racines carrées des quantités staliques, 
carrés de leurs effets dynamiques. 


( 8:19 ) 


GÉOLOGIE. — Sur les terrains tertiaires du nord-ouest de lItalie; par 
M. pe CorrEeno, ancien capitaine d'artillerie. 


(Commissaires, MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont.) 


« Les recherches paléontologiques ont déterminé depuis quelques an- 
nées la division des terrains postérieurs à la craie en trois étages carac- 
térisés chacun par des groupes différents de fossiles, et la géologie de 
superposition a confirmé sur plusieurs points de l’Europe les distinctions 
fondées sur les caractères paléontologiques. 

» Deux de ces étages paraissent exister seuls dans le sud-est de la France; 
car il est difficile d'admettre comme tertiaires les calcaires à nummulites 
des Alpes lorsqu'on a étudié sur place les relations de gisement des cou- 
ches qui renferment ces fossiles. Mais outre ces calcaires, il existe au pied 
des Alpes deux étages tertiaires bien distincts qui s'étendent depuis la 
Suisse jusqu’à la Méditerranée. M. Elie de Beaumont a montré dans ses 
Recherches sur les révolutions du globe (1), combien les caractères géo- 
logiques et paléontologiques de ces deux terrains s’accordaient pour les faire 
rapporter à deux formations entierement distinctes l’une de l’autre. 

» Les mêmes terrains se retrouvent sur le revers italien des Alpes, mais 
avec des caractères un peu différents de ceux qu’ils présentent dans le sud- 
est de la France. Ainsi, au lieu des dépôts lacustres de la Bresse et du 
Dauphiné, l'étage tertiaire supérieur est représenté en Piémont et le long 
des Apennins par des marnes bleues et des sables calcaires dont les fos- 
siles marins ont été décrits par Brocchi dans sa Conchyliologie fossile su- 
bapennine. Les travaux de M. le professeur Bonelli amenèrent , il ÿ a dix 
ans, une division paléontologique des couches tertiaires d'Italie. Cette 
distinction , adoptée d’abord par MM. Lyell et Deshayes , est admise au- 
jourd’hui par la plupart des géologues ; mais personne ne s’est occupé en- 
core de mettre en rapport la différence de fossiles que présentent les deux 
formations tertiaires du nord-ouest de l'Italie avec les caractères purement 
géologiques de ces formations. Cependant les interruptions entre les divers 
dépôts tertiaires sont tout aussi marquées sur le revers méridional des 
Alpes qu'elles le sont dans le sud-est de la France : on peut s’en convain- 
cre sur les collines de Superga , sur les pentes des Apennins et au pied des 
Alpes. 


(1) Annales des Sciences naturelles , tom, XVIII et XIX. 
C.R, 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 24.) 112 


( 820 ) 


» À Superga, les couches de la formation de la mollasse (2° étage ter- 
tiaire), se relèvent autour de petites protubérances crétacées; et elles sont 
recouvertes en stratification discordante par les marnes bleues de l'étage 
tertiaire supérieur. La distinction géologique est tout aussi évidente au 
pied des Apennins, dans la vallée de la Bormida où la mollasse est forte- 
ment redressée, tandis que les marnes bleues sont presque horizontales ; 
la même discordance se voit encore dans les environs de Tortone. 

» Au pied des Alpes, les terrains tertiaires sont réduits à des lambeaux 
séparés par les grandes vallées de la Doire, de la Sesia, du Tessin, etc. 
A l’est du Tessin, les couches tertiaires paraissent, d’après leurs fossiles , 
appartenir à l'étage supérieur, tandis que les dernières pentes des Alpes 
sont formées à Como et à Lecco par des couches qui font partie de la for- 
mation de la mollasse. Il résulte de cette disposition qu’on ne peut point 
constater au pied des Alpes le même genre de discordance qu'a Superga 
et au pied des Apennins : mais il est tout aussi évident que le relief du 
sol et la forme du bassin des mers avaient changé entre le dépôt des deux 
terrains , car les couches, appartenant aux deux étages tertiaires , reposent 
indifféremment sur les terrains secondaires. L'époque de cet événement 
géologique se trouve, par ce seul fait, être la même que celle de la révo- 
lution du globe qui a donné naissance à la partie occidentale de la chaîne 
occidentale des Alpes. 

» Un second événement dumême genre a eu lieu à la fin du dépôt des mar- 
nes bleues et des sables calcaires qui les accompagnent. En effet, les cou- 
ches de cette dernière formation sont aujourd’hui plus ou moins fortement 
redressées à V’errua, à Plaisance, à San Colombano, à Maggiora, etc.; 
partout elles s’enfoncent brusquement sous les terrains meubles qui re- 
couvrent le sol de la grande vallée du P6; partout leur direction est sen- 
siblement parallèle à la grande chaîne des Alpes (est-15 à 20° nord). Le 
mouvement qui a redressé les marnes subapennines est donc antérieur au 
dépôt des terrains meubles de la plaine de Lombardie; et puisque ce 
mouvement est postérieur au dépôt des marnes subapennines, il se trouve 
nécessairement contemporain du soulèvement de la partie orientale des 
Alpes (entre le Saint-Gothard et l'Autriche). 

» J'ai dit que ce mouvement était antérieur au dépôt des terrains meu- 
bles de la plaine de Lombardie; c’est qu’en effet le transport de ces ter- 
rains est le résultat du mouvement même qui a redressé les marnes su- 
bapennines. Les eaux diluviennes qui débouchèrent de toutes les grandes 
vallées des Alpes, lors de la dernière dislocation de cette chaine, démo- 


( 821 ) 


lirent en grande partie les couches tertiaires du nord-ouest de l'Italie, et 
les masquèrent ailleurs de manière à ne laisser apercevoir aujourd'hui 
que des lambeaux isolés de ces couches. La masse de l’eau diluvienne dut 
changer brusquement de direction à la rencontre des Apennins; sa force 
de transport en fut tellement diminuée qu’une grande partie des détritus 
que cette eau tenait en suspension mécanique dut tomber au fond, et 
recouvrir de quelques pouces d’une vase grossière la surface des caillous 
arrivés en même temps par les grandes vallées. Si les Apennins n’avaient 
pas existé lors de cette débâcle, les caillous se seraient arrêtés seuls à 
l’ouverture des grandes vallées alpines; les détritus moins volumineux 
auraient continué vers la Méditerranée, et aujourd’hui les plaines fertiles 
du Piémont et de la Lombardie ne seraient peut-être qu’une mer de 
caillous comparable à la plaine de la craie, » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Réflexions sur les causes des explosions des ma- 
chines à vapeur; par M. Darzu, membre de la commission de sur- 
veillance des bateaux à vapeur de la Marne. 


(Renvoi à la commission des rondelles fusibles.) 


PHYSIQUE DU GLORE. — 7 raité de Météorologie; par M. Denis, 1° partie. 


(Commissaires, MM. Arago, Savary.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Essai sur des machines mues par l'air chaud 
joint à la vapeur; par M. Fixrpr. 


(Commissaires, MM. Dulong, Poncelet.) 
NAVIGATION. — Sur le tir à bord des navires avec des canons sans 
bragues ; par M. LETOURNEUR, capitaine de vaisseau. 
(Commissaires, MM. Dupin, de Freycinet, Rogniat.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mécanisme à l'aide duquel on peut retourner sur 
le porte-objet du microscope, des corps de petite dimension qu'on veut 
examiner successivement sous plusieurs aspects; par M. Manpz. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, Turpin.) 
112, 


( 822) 


NAVIGATION INTÉRIEURE, — Æssai sur la navigation intérieure en Angle- 
terre , accompagné dun tableau de la navigation intérieure du conti- 
nent de l'Europe. 


(Adressé pour le concours au prix de Statistique. ) 


Au mémoire est joint un billet cacheté contenant le nom de l’auteur. 


STATISTIQUE, — Statistique raisonnée du paupérisme , etc. ; par M. Boyer. 
(Adressé pour le concours de Statistique.) 


ÉCONOMIE RURALE. — De Vemploi de la vapeur d'eau pour l'épuration des 
huiles de graines, et spécialement des huiles de colza et de lin; par 
M. DE GATIGNY. 


(Commissaires, MM. Robiquet , Pelouze.) 


MÉTÉOROLOGIE. — Résumé des observations météorologiques faites à la 
Basse-Terre (Guadeloupe), pendant une période de dix ans, de 1828 
à 1837 inclusivement ; par M. Dupuy. 


— Tableau des observations météorologiques faites à Cherbourg pen- 
dant l’année 1837 ; par M. LAMARCHE, capitaine de vaisseau. 


— Tableau des observations météorologiques faites à Constantinople, 
au collége des Lazaristes, pendant l'année 1835. 


M. Arago fera connaître, s'il y a lieu, dans une des prochaines séances, 
les principaux résultats qui se déduisent de ces observations. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Figure et description d'un nouveau moteur ; par 
M. GAUTIER. 
(Commissaires, MM. Gambey, Séguier.) 


M. Boirror adresse une nouvelle copie d’un Traité d'arithmétique qu'il 
avait présenté en 1829, et sur lequel il n’a pas été fait de rapport, par 
suite du décès d’un des commissaires chargés de l’examiner, feu M. Le- 
gendre. 

(Commissaires, MM. Lacroix, Sturm.) 

M. Divize pe CHaBrior adresse une seconde copie d’un Mémoire sur la 
Navigation de l'Allier, la première ne s'étant pas retrouvée parmi les 
papiers de MM. Navier et Girard, qui avaient été chargés d'en rendre 
compte à l’Académie. 


(Commissaires, MM. Dupin, Coriolis.) 


( 83) 


CORRESPONDANCE. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Lettre de M. Luezic à M. le Président. 


« Je crois rendre hommage à la dignité de l’Académie en lui adressant 
directement et sans intermédiaire les observations et rectifications que je 
dois faire aux communications qui se sont faites en mon nom, dans des 
discussions élevées sur la découverte de la constitution de l'acide citrique. 
Le récit exact des faits va satisfaire à toutes les prétentions et éclairer 
cette affaire embrouillée, d’une lumière non équivoque. Je dois déclarer 
d'avance que je n’entends nullement, par la démarche que je fais dans ce 
moment-ci, discuter une question de priorité; ce serait une question trop 
petite à mes yeux. 

» M. Berzélius découvrit, il y a quatre ans, que les citrates de baryte et 
de soude, exposés à une température de 150 à 200°, perdent 3 d'atome 
d’eau de plus que ne comportait la constitution de l'acide. 

» Ce fait remarquable, établi par un chimiste dont l'exactitude et l’ha- 
bileté n’ont jamais été surpassées, excita l'attention de tous les chimistes. Un 
grand nombre d’eux s’occupa dès ce moment de recherches pour trouver 
une explication de cette anomalie. D'où venait-elle, cette eau? L’acide ci- 
trique, jusqu'ici regardé comme anhydre dans ces sels, contenait-il de 
l’eau toute formée, ou était-elle produite par l’action de la chaleur à cette 
haute température sur les éléments de l'acide? Voici les questions à ré- 
soudre. Si Les citrates avaient perdu 1 at. d’eau au lieu d’un tiers d’atome, 
il n’y aurait pas eu de difficultés, c'était alors de l’eau de cristallisation. 
Mais pour admettre de l’eau toute formée dans le citrate de soude séché 
à 100, il fallait multiplier par trois l'atome de ce sel, pour faire rentrer 
le phénomène dans les lois admises, pour faire d’une fraction un nombre 
rond. On était par-là conduit à admettre dans les citrates un acide d’une 
espèce tout-à-fait nouvelle, un acide dont 1 atome saturait 3 atomes de 
base, qui formait des sels dans lesquels l’oxigène de la base était à l’oxi- 
gène de l'acide dans le rapport de 3 : 11. Ce rapport était en opposition 
avec l'expérience; il était une anomalie encore plus grande que la perte 
d'un tiers d’atome d’eau qu'éprouvait un sel dont l'acide contenait de 
loxigène et de l'hydrogène, c’est-à-dire les éléments de l’eau. Aucun 
chimiste ne pouvait appuyer, ne pouvait soutenir cette hypothèse; il 
n'en existait aucune analogie dans les combinaisons organiques. Aussi 


( 824 ) 
aucun chimiste ne se hasarda à se prononcer publiquement pour cette 
hypothèse. 

» Nous connaissions au contraire une foule de phénomènes qui par- 
laient tous en faveur de l’autre hypothèse , d’après laquelle, l’eau expulsée 
au-delà de l’eau de cristallisation, par une élévation de température au- 
dessus de 100°, que cette eau avait été formée des éléments de l'acide par 
l'influence de la chaleur. On savait, par exemple, par les belles expé- 
riences de M. Pelouze sur l’acide malique, que cet acide se décompose 
à 150° en eau, en deux autres acides isoméres, en acide fumarique ou 
équisetique, qui ne différent tous deux de l'acide malique qu’en ce qu'ils 
contiennent un atome d’eau de moins. Le malate pouvait donc être repré- 
senté par la même formule qu’un fumarate plus r at. d’eau. 

» On savait en outre, par les expériences du même chimiste, qui confir- 
maient celles que j'avais faites moi-même sur l’acide malique, que cet acide 
possédait absolument le même poids atomique, la même composition que 
l'acide citrique tel qu’il a été établi par M. Berzélius. 

» Il était donc tout naturel de penser que la perte d’eau qu’éprouvaient 
les citrates de soude et de baryte à 200°, provenait de la même cause qui 
fit transformer l'acide malique en acide fumarique; qu’elle provenait donc 
de l’action bien connue de la chaleur, que cette eau était donc formée 
aux dépens des éléments de l'acide citrique. Voilà l'explication à laquelle 
s'arrête le célèbre chimiste suédois : elle était appuyée par un raisonne- 
ment logique et clair; de nombreuses analogies lui donnaient un carac- 
tère de vérité tout-à-fait convaincante. 

» M. Pelouze avait trouvé que non-seulement le citrate de soude et de 
baryte, mais une foule d’autres citrates subissaient par l'influence de la 
chaleur la même perte d’eau; M. Dumas trouva plus tard, en octobre 1837, 
que le citrate d'argent séché à 130° dans le vide, avait la même composi- 
tion que le citrate de soude à 150°. Il avait donc établi, pour sa propre 
instruction, car ses expériences n’ont pas été publiées, que le vide 
aidé par une température de 130°, produisait pour ce sel le même chan- 
gement qu'une température plus élevée produirait dans le sel de soude à 
la pression ordinaire. Il n’y avait dans cette expérience rien de surpre- 
nant; l'effet du vide équivaut pour les matières volatiles, à une élevation 
de température : c'était un effet bien connu. La solution du problème 
était-elle trouvée à cette époque? Avait-on décidé et prouvé par des expé- 
riences positives que l’eau expulsée des citrates était de l’eau de cristalli- 
sation ? Nous allons le voir tout à l'heure. 


( 825 ) 

» Je commençai en novembre 1837, un travail sur la constitution des 
acides organiques, et je fus guidé dans mes recherches par une théorie, 
émise pour les acides iodique et chlorique, par Davy; M. Dulong y avait 
depuis long-temps attiré l'attention des chimistes par des réflexions pro- 
fondes sur la constitution des oxalates. D’après cette théorie, pour chaque 
atome d’oxigène renfermé dans une base qui se combine à un acide , deux 
atomes d'hydrogène devraient étre éliminés sous forme de l'eau, ou, ce qui 
est la même chose, chaque équivalent de métal entrant dans la composi- 
tion d'un acide hydrogéné, doit remplacer dans la nouvelle combinaison , 
un équivalent d'hydrogène. 

» Je devais donc examiner, pour appliquer la loi qui découlait de cette 
théorie, cette classe d'acides dont on savait qu’elle possédait la pro- 
priété de se combiner en plusieurs proportions avec des oxides métalliques, 
ou, ce qui est la même chose, dans la composition desquels entrait 
un ou deux atomes de métal. C'était donc la classe d'acides qui forme 
des bi-sels et des sels dits basiques. Les acides cyanurique, tartrique, mé- 
conique, appartenaient à cette classe. Il ne fallait qu'un travail de quinze 
jours pour trouver qu’on avait ignoré jusque là la vraie composition des 
cyanurates, tartrates et méconates; je trouvai que les acides cyanurique et 
méconique forment trois séries de sels, à 1, à 2, à 3 atomes de base. 
Pour chaque atome de base se combinant à l'acide, un atome d’eau était 
expulsé et remplacé par l'équivalent de l’oxide métallique. Il en découlait 
les faits remarquables que l'acide cyanurique dans de certains sels perdait 
tout son hydrogène; que pour les quatre atomes d’oxigène dont les bases 
entrent dans la composition de l'émétique, quatre atomes d’eau pouvaient 
en être expulsés, sans que le sel éprouvât d'autre décomposition. 

» Voilà donc, pour ces trois acides, la théorie de Davy coïncidant avec 
l'expérience; j'étais obligé pour éviter des fractions d’atomes, et pour con- 
former les faits avec la loi des proportions et la théorie atomique, à doubler 
le poids de l'atome de l'acide cyanurique et méconique. 

» On me demandera avec raison, quel rapport avaient donc ces re- 
cherches avec la question des citrates? On se convaincra bientôt que le 
rapport était des plus intimes. 

» Je communiquai le 16 novembre les expériences que j'ai mentionnées, 
et les conclusions importantes pour la chimie organique qui en décou- 
laient, à M. Dumas; comme j'avais devant moi un champ immense et 
fécond à exploiter, je l'invitai à y joindre ses talents, et de vouloir achever 
ce travail en commun avec moi. L'Académie voudra juger si cette invita- 


( 36) 


tion peut venir d’un homme jaloux d’un avantage personnel, ou le met- 
tant plus haut que le profit que la science pouvait tirer des efforts réunis 
de deux chimistes. En recevant la lettre que j'écrivis à M. Dumas, avait-il 
trouvé à cette époque la solution de la question des citrates ? I/Académie 
en jugera par la réponse qu’il me fit à cette lettre; elle est datée du 24 no- 
vembre : 

« Je vais droit au fait, votre plan de travail est accepté sans hésitation : 
» c'est un champ magnifique à exploiter. Ce que j'ai fait sur l'acide ci- 
» trique va très bien avec ce que vous avez vu sur l’émétique. Faites moi 
» le plaisir d'étudier le citrate de baryte, en le chauffant fortement, mais 
» sans l’altérer. Je crois qu'il décidera la question. Je n'ai pas mes notes, 
» ici, Chez moi , sans quoi je vous donnerais des nombres : il perd plus d'eau 
» que Berzélius n’en a fait perdre. » 

» Ainsi, pas de doute, le 24 novembre, M. Dumas attendait la solution 
du problème des citrates, du citrate de baryte. Il n'avait donc pas trouvé 
d'autre chose que le fait d’une perte d’eau encore plus considérable que 
celle trouvée par M. Berzélius. Il se trouva encore plus tard, que cette dé- 
couverte reposait sur une erreur. En répondant à cette lettre le même jour 
où je la recevais, je lui disais que je n’avais pas besoin d'examiner le citrate 
de baryte pour expliquer l’anomalie des citrates, que j'avais trouvé la so- 
lution de ce problème. Voici de quelle manière j'y fus conduit, 

» J'avais trouvé dans mes expériences qu'il était impossible de combi- 
ner les acides cyanurique et méconique à 3 atomes de potasse, de soude, ainsi 
à 3 atomes de bases très difficiles à réduire; que ces acides ne formaient de 
sel'à 3 atomes de base, qu'avec l’oxide d’argent, le plus réductible de tous. 
Nouvelle anomalie. La potasse est une base plus forte que l’oxide d'argent, 
nous l’avions admis. Cette anomalie disparaissait d’après la théorie de 
Davy; c'en était une conséquence toute naturelle. En admettant, en effet, 
que l’eau remplacée par les oxides n’était pas contenue dans les acides 
comme eau toute formée, mais comme hydrogène, il fallait bien que les 
oxides basiques les plus réductibles éliminassent cet hydrogène de préfé- 
rence à tout autre oxide. L’oxide d'argent devait donc être placé à la tête de 
tous les autres. 

» Je ne veux point Giscuter devant l'illustre corps de l’Académie l’ad- 
missibilité ou la non-admissibilité de cette théorie, je l’ai fait dans un mé- 
moire particulier qui simprime dans ce moment-ci dans les 4nnales de 
Chimie; mais je dois lui soumettre la marche de mes idées et de mes expé- 
riences, J'avais trouvé que dans le méconate d’argent le rapport de 


( 827 ) 


loxigène de la base à Poxigène de l'acide était précisément et exactement 
le même que celui dans les citrates, dans la supposition que le tiers d’a- 
tome d’eau expulsé au-dessus de 100° füt de l’eau toute formée : c'était le 
rapport de 3 : r1. 

» Il fallait donc nécessairement conclure, si l’acide citrique appartenait 
à la méme classe d'acides que l'acide cyanurique et méconique, que cet 
acide devait former, dans ce cas, avec l’oxide d'argent un sel anhydre, 
ayant, sans être exposé à l’action de la chaleur, la même composition que 
les autres citrates à base plus difficile à réduire, ont à une température éle- 
vée. Cette supposition se confirma par l'expérience. Il se trouva que le ci- 
trate d'argent préparé et séché à la température de 100°, puis le même sel 
séché à la température ordinaire, possédait une composition analogue aux 
citrates de soude et de baryte exposés à 190°— 200°. Voilà donc une expé- 
rience positive, une preuve évidente que la chaleur ne fit pas former de 
l'eau aux dépens des éléments de l'acide citrique, en exposant un citrate à 
une élévation de température , que cette anomalie était indépendante de la 
température. La question d’où venait cette eau était donc résolue. 

» Je fis part de mes expériences et de mon raisonnement à M. Dumas 
(j'ai l'honneur de le faire remarquer à l'Académie), le même jour où il m'in- 
vita à décider la question des citrates, par l'examen du citrate de baryte. 
C’est de ce moment que ce célèbre chimiste fut déterminé à adopter le 
point de vue qui m'avait conduit dans mes recherches. À ma demande, il 
donna connaissance à l’Académie de mes expériences dans notre nom 
commun, dans la Note lue le 18 décembre; M. Dumas y joignit les résultats 
qu’il avait obtenus par l'examen d’un grand nombre d’autres citrates; ce 
sont les seules des siennes qui s’y trouvent. Voilà un incident que je ne 
pouvais prévoir, qui s'éleva relativement aux expériences de M. Dumas, sur 
les citrates cités dans cette Note. Un membre de l’Académie auquel je suis 
lié par une amitié étroite et sincère, et dont le caractère de probité est re- 
connu par tous ses collègues et par tous ceux qui savent l’apprécier, ré- 
clama de la part de M. Dumas les mêmes expériences sur les citrates 
comme sa propriété; il demanda mon intercession auprès de M. Dumas 
pour lui faire restituer ce qui lui appartenait. Il s'agissait d’analyses, de faits, 
de formules communiqués ; à 100 lieues de distance du centre des débats, 
il était impossible de séparer ce qui appartenait à l’un ou à l’autre. Je sui- 
vais donc l'impulsion de l'amitié en appuyant auprès de M. Dumas la de- 
mande de M. Pelouze, et en faisant tous les efforts qui étaient en ma dispo- 
sition, pour faire réparer loubli, sans doute involontaire, dont on 

C, R. 1818, 16° Semestre. (T. VI, N° 24.) 113 


(828) 


accusait M. Dumas. Ces expériences n'avaient aucun rapport à mon travail, 
ou comme je dois dire, à notre travail commun; elles ne décidaient aucune 
question , n’éclairaient aucun point obscur; il me paraissait tout-à-fait in- 
différent de faire mention d’une seule ou d’ignorer toutes, à l'exception de 
l'analyse du citrate d'argent que M. Pelouze n'avait pas faite, et qu’il ne ré- 
clamait pas. M. Pelouze produisit à l'Académie mes lettres qui l’informaient 
de mes démarches auprès de M. Dumas, et qui prouvent jusqu’à l’évi- 
dence que je m'étais intéressé vivement et loyalement pour lui faire resti- 
tuer ce qu'il réclamait comme sa propriété. 

» Dans les séances du 7 et du 14 mai, M. Pelouze venait de prononcer une 
réclamation formelle et publique de toutes les communications qu'il avait 
faites à M. Dumas, des faits ou formules ou expériences qu'avait fait entrer 
M. Dumas dans la note du 18 décembre, et qui n’étaient pas la propriété 
de M. Dumas, qui n'étaient pas notre propriété. 

»Je dois maintenant me prononcer aussi formellement sur la justice, sur 
la justesse de cette réclamation. Elle embrassait deux points principaux : 

» 1°. M. Pelouze réclamait-il des expériences, des faits qu’il avait trouvés 
avant M. Dumas? des formules, des analyses? Cette réclamation était 
juste; M. Dumas l'avait reconnu, il fallait la satisfaire sans délai. 

» 2°. M. Pelouze réclamait-il encore, comme sa propriété, une opinion 
qu'il s'était formée individuellement, c'était celle de regarder le tiers 
d’atome d’eau dans les citrates, ete., comme de l’eau toute formée, comme 
de l’eau de cristallisation. 

» Cette manière d'envisager la constitution de l'acide citrique ne repo- 
sait sur aucun fait positif trouvé par M. Pelouze, elle n’était aucunement 
une conclusion tirée d'expériences, car elle pouvait être faite sans con- 
naître les siennes ; elle pouvait être imaginée sans connaître d’autres expé- 
riences que celles de M. Berzélius. Une réclamation d’une opinion indivi- 
duelle ne pouvait avoir lieu devant l’Académie; telle qu’elle était donc 
présentée, elle me paraissait et me paraît encore s'adresser à la décou- 
verte de la constitution de l'acide citrique. M. Pelouze doit, en homme 
d'honneur, se prononcer devant l’Académie même s’il réclame la décou- 
verte de la constitution de l'acide citrique! Je la lui ai contestée, je la lui 
contesterai non comme question de priorité, mais comme hommage à la 
vérité; je la lui conteste avec la conviction intime que les expériences de 
M. Pelouze ne pouvaient conduire à la solution du problème; c'était 
l'examen des cyanurates, des méconates, l'existence enfin de corps ana- 
logues qui l'ont décidée. Je suis pleinement persuadé que l'Académie par- 
tagera cette conviction. 


——_———— ne 


( 829) 

» J'avais employé tous les moyens pour empêcher M. Pelouze de faire 
une réclamation; à mes yeux, une réclamation pour des expériences, cela 
n’en valait pas la peine; je pensais que c'était au-dessous de la position 
scientifique de M. Pelouze; une réclamation de la découverte de la vraie 
constitution de l’acide citrique n’était pas soutenable de la part de M. Pe- 
louze. Il en a pensé autrement. » 


Remarques de M. Pecouze à l'occasion de la lettre de M. Liebig. 


«Il y a dans la lettre de M. Liebig, plusieurs observations sur l’opportu- 
nité et l'importance de ma juste réclamation contre M. Dumas : elles 
expriment sincèrement l'opinion personnelle de M. Liebig. Sans la par- 
tager je n'ai pas à m'occuper de la combattre. 

» M. Liebig avait pensé que je m’attribuais la découverte de la formule 
de l'acide citrique : telle n’a jamais été mon intention, et je l’ai dit très 
expressément dans ma dernière note. J'ai réclamé des expériences de 
déshyüratation, et une conséquence que j'en avais déduite. À cet égard 
M. Liebig s’était laissé induire en erreur. Aujourd’hui, mieux informé, il 
admet avec tout le monde la justice de ma réclamation; cela ne pouvait 
manquer d’arriver, car mes analyses lui étaient connues depuis long-temps. 
J'ai déjà dit qu’elles l’étaient également de plusieurs de mes honorables 
confrères. J'ai eu l'honneur de déposer sur le bureau une lettre de l’un 
d'eux, M. Thénard, qui atteste l'exactitude de ce que j’avance. » 


On donne lecture de cette lettre dans laquelle M. Thénard déclare que 
M. Pelouze lui avait communiqué , avant le mois d'octobre dernier , ses 
expériences sur la déshydratation des citrates. 


M. Cuevreur déclare de son côté que M. Pelouze Ini avait fait part, bien 
avant le mois d'octobre, des résultats auxquels il était arrivé relativement 
aux citrates. 


Remarques de M. Dumas à l’occasion des communications précédentes. 


« La note que l’Académie vient d'entendre et les explications données 
par M. Pelouze me laissent peu de chose à ajouter. 

» J’avais cru que lors de sa premiére réclamation, quand il parlait des 
faits et de leurs conséquences, c’est à la formule de l'acide citrique que 
M. Pelouze faisait allusion, et c’est dans ce sens que je lui ai toujours 
répondu. 

» La formule de l'acide citrique pouvait s'établir en montrant que tous les 


113. 


( 830 }) 


citrates offrent la méme composition, et c’est dans ce sens que j'avais di- 
rigé mes expériences en m'attachant aux sels caractéristiques, comme le 
citrate d'argent, que tout chimiste aurait naturellement choisi de préfé- 
rence pour une analyse décisive. F 

» M. Liebig a pensé qu’une seule analyse suffisait pour trancher la ques- 
tion, celle du même citrate d'argent desséché à froid. Cette vue lui appar- 
tient tout entière. Je préparais mon citrate d'argent à froid pour éviter 
toute altération de la part de l’eau sur l’acide citrique, puis je le dessé- 
chais dans le vide à 130°. M. Liebig a desséché le sien dans le vide à 
froid. Son analyse prouve donc que, dès sa formation, le citrate d'argent 
possède la composition que je lui avais trouvée et sans qu'on ait besoin 
de lui faire perdre d’eau. » 


ASTRONOMEE. — Vote de M. Madler, professeur à l'Université de Berlin , 
sur la forme d'une certaine région de la Lune. 


«Le 2 mai dernier j'examinai une partie de la Lune, à l’aide de 
la grande lunette de l'Observatoire royal de Berlin, et j'obtins l’esquisse 
ci-jointe, représentant la contrée voisine de la tache Schroeter, très 
près du centre de la partie visible (la position sélénographique du 
centre de cette région étant 6° 36° lat. bor. et 7° 27’ long. austr.). Cette 
partie est une des plus difficiles pour l'observateur, vu le grand nombre 
et l'extrême petitesse des chaînes et collines qui la couvrent. Mon atten- 
tion fut principalement dirigée sur une partie où se trouvent deux petites 
chaînes d’une direction presque méridionale, liées entre elles par cinq 
montagnes transversales. M. Gruithuysen avait annoncé, en 1824, qu'il y 
avait observé plusieurs digues et une fortification artificielle qu'il attri- 
buait aux sélénites. Ni M. Lohrmann, ni M. Beer, ni moi, ne fümes assez 
heureux pour trouver ces forts détachés; mais l'on pouvait attribuer le 
peu de succès aux instruments dont nous nous étions servis, instruments 
bien inférieurs au nouveau réfracteur de 13 pieds, permettant une am- 
plification de 5 à Goo fois avec une parfaite netteté des images. Un instru- 
ment si puissant me semblait propre à dissiper les doutes. 

» Les chaines ci-dessus mentionnées , forment des vallées fermées et tres 
égales en forme et en grandeur, surtout quand l'ombre de la chaîne oc- 
cidentale les couvre à moitié et cache ainsi les petites sinuosités irrégu- 
lières formées par le contour du pied des montagnes; mais je n’y trouve 
aucune analogie avec une ‘œuvre artificielle, et cette contrée n’est pas 


( 831 ) 
la seule où les rangées ou rainures se montrent parallèles entre elles. 
Comparez, par exemple, les alentours de Jules-César, d’Aristote, d Ukert 
et de Capella, où ces formations se montrent facilement à cause de leurs 
grandes dimensions. 

» Le centreide cette contrée est le point le plus élévé. Nos mesures lui 
donnent 390 toises de hauteur au-dessus du pied oriental de la montagne. 
Quant aux autres points, aucun d'eux ne semble atteindre plus de 150 
toises , et la plupart reste au-dessous de 100 toises. Les très petits, rangés 
au nord de la montagne centrale, qui n'étaient visibles qu'avec la plus 
grande difficulté, n’ont probablement que 15 à 20 toises.» 


GEODÉSIE ET PHYSIQUE DU GLOBE. — Extraits de plusieurs lettres de M. Pent- 
land à M. Arago, datées de la Paz (république de Bolivia). 

« J'ai refait la mesure de l’Z/limani en me plaçant dans une station plus 

favorable que celle où je m'étais établi en 1827. La hauteur totale, d’après 


un calcul provisoire, s’est trouvée être de. . . . . . .... 7275 mètres. 


» La hauteur de mes bases au-dessus du niveau de la mer était de 
dures BTE « . 3997 mètres. 

» J'ai déterminé barométriquement la limite inférieure des neiges per- 
pétuelles sur les flancs occidentaux et méridionaux des Cordillières de ce 


pays. Voici les résultats de quatre mesures : 


4823 mètres. 
4736 
4782 
4775: 

» En 1827, j'avais trouvé cétte limité bien plus élevée sur les flancs N. E. 
des montagnes. » 

M. Pentland, que M. Arago avait prié d'examiner s’il serait possible de 
mesurer un arc du méridien sur le plateau si élevé où se trouve le lac de 
Titicaca , répond qu'il a parcouru une plaine dans laquelle la mesure 
d'une base de 5 lieues ne présenterait aucune difficulté; que la triangula- 
tion serait aussi très aisée à faire; qu’elle pourraït embrasser l’espace com- 
pris entre 14° 4 et 19°; de latitude sud, à une hauteur moyenne de 3750 
mètres ; que le général Santa-Cruz, président de la république Bolivienne, 
a accueilli avec empressement les ouvertures de M. Arago, mais que l’état 
politique du pays est en ce moment très peu favorable. 


( 832) 


mAGNÉTISME. — Sur une construction perfectionnée des aiguilles et des 
barreaux magnétiques ; par M. Wirriam Scoresy. 


Cette Note est le complément du Mémoire dont nous avons déjà 
rendu compte dans le n° du 12 mars, page 310. Au lieu de se servir, 
comme dans ses premières expériences, de lames d’acier faiblement trem- 
pées, M. Scoresby les emploie aujourd'hui trempées de tout leur dur. 
Cette substitution permet d’accroitre la force du système presque indéfi- 
niment. Avec 72 de ces nouvelles lames superposées, M. Scoresby est 
arrivé à une force triple de celle qu'il avait pu obtenir à l'aide des an- 
ciennes combinaisons. Ce barreau, composé de 72 lames dont chacune 
avait 15 pouces anglais de long, 1 pouce ? de large, et pesait 1075 grains, 
soutenait, par son attraction, une clé en fer du poids de 129 grains, à 
travers une planche de Æ de pouce d'épaisseur; une clé de 975 grains, à 
la distance de # de pouce ; un fil du poids de 19 grains, plié sous la 
forme d’un V, à la distance de 1 pouce #. V’ingt-quatre petites sphères 
en fer, pesant de 18 à 75 grains, et formant dans leur ensemble une 
longueur de 7 pouces Z, placées successivement sous l’aimant artificiel 
de M. Scoresby, y restèrent suspendues comme les grains d’un chapelet. 

Il est permis d'espérer que la découverte de M. Scoresby contribuera 
au perfectionnement des instruments magnétiques. 


MÉTÉOROLOGIE. — Chute de pluie par un ciel serein. 


M. Warrmanx écrit à M. Arago que le 31 mai dernier, à 7 heures 2 mi- 
nutes du soir, ilesttombé à Genève une pluie qui a duré six minutes, le ciel 
étant parfaitement clair au zénith et aucun nuage ne s’apercevant dans le 
voisinage de cette région. Cette pluie, dont la température était tiède, tom- 
bait verticalement en gouttes d'abord assez grosses et assez serrées, mais 
qui devinrent de plus en plus fines jusqu’à la fin. Un thermomètre centi- 
grade placé au-dessus du sol, marquait dans ce moment +18°,15. La jour- 
née avait présenté de fréquentes alternatives de pluie et de soleil. 


PHYSIOLOGIE. — Expériences sur la Torpille. 


M. Marreuccr, dans une lettre adressée à M. Dulong, annonce que de 
nouvelles expériences qu'il vient de faire sur la torpille confirment pleine- 


(83) 


ment les résultats auxquels il était déjà arrivé relativement à l’inégale puis- 
sance des diverses parties du cerveau pour produire des commotions; ainsi, 
les hémisphères cérébraux peuvent être touchés, blessés et même enlevés 
sans qu’il se produise de décharge; on en obtient, mais seulement lorsque 
l'animal est très vivace, des couches optiques situées entre les hémisphères 
cérébraux et le cervelet. Quant au quatrième lobe, on ne peut le toucher 
sans qu'il donne la décharge, et l'effet se produit encore quelque temps 
après la mort de l'animal; ce lobe enlevé, toute décharge cesse. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — 7remblement de terre du Chili. 


M. Gay, dans une lettre adressée à M. Arago, donne des détails sur 
plusieurs effets du tremblement de terre qui s’est fait sentir au Chili, le 7 
novembre dernier. « Le fait le plus remarquable, dit-il, et qui semblerait 
prouver que le mouvement a eu lieu dans une direction verticale, c'est 
qu’un grand mât enfoncé de plus de 10 mètres dans la terrasse du fort de 
San-Carlos et assujéti par trois morceaux de fer, a été si bien enlevé que 
la terre des environs n’a laissé aucune espèce de mächure; le trou est 
resté tout-à-fait rond et d’une régularité presque parfaite. » 

Perturbations de l'aiguille aimantée. — Dans la même lettre, M. Gay 
annonce que la boussole de variations diurnes a offert de grandes irrégu- 
larités dans sa marche, le 17 et le 18 novembre 1835, à Valdivia aussi bien 
qu’à Paris. La perturbation dans la marche de l'aiguille observée en France, 
coincidait avec l'apparition d’une aurore boréale; y a-t-il eu de même 
coïncidence pour le Chili entre les perturbations observées et l'apparition 
d’une aurore australe? C’est ce que l’état du ciel, dans le lieu où se trou- 
vait M. Gay, n’a pas permis de constater. 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Æmploi de la gélatine comme aliment. 


Le ConseiL D'ADMINISTRATION du Dépôt de mendicité de la ville de Lyon, 
en adressant à l’Académi* un exemplaire du procès-verbal de la dernière 
assemblée des souscripteurs électeurs, appelle l'attention sur le passage 
suivant, relatif à un appareil pour la préparation de la gélatine alimentaire 
monté dans l'établissement, avec l’aide et les conseils de M. d’Arcet. 

« L'appareil, est-il dit dans ce passage, est aujourd’hui en pleine activité. 


(834 


Quels en seront les résultats financiers? nous ne pouvons les prévoir et 
vous les faire connaître encore; au temps seul il appartient de nous fixer 
à cet égard. Ce qui, dès à présent , est certain, c’est que le régime alimen- 
taire des pauvres se trouve notablement amélioré par l’animalisation de la 
soupe qui forme leur principale nourriture. » 


M. Beur rappelle qu'il n’a pas encore été fait de rapport sur un Mémoire 
concernant l'emploi du zinc dans les couvertures, adressé par lui en juil- 
jet et novembre 1832. 


A 5 heures moins un quart l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. A. 


Erratum. (Séance du 11 juin 1838.) 


Page 766, ligne 13, au lieu de æ—G, lisez à — à 


( 835 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des 
Sciences ; 1° semestre 1838, n° 23. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco; 
tomes 67; janvier 1838, in-8°. 

Description des Machines et procédés consignes dans les brevets d'in- 
vention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée; 
tome 32, in-4°. 

Treizième Supplément du catalogue des spécifications des brevets d'in- 
vention , de perfectionnement ct d'importation ; année 1837, in-8°. 

Annales maritimes et coloniales; par MM. Busor et Porrré; 23° année, 
2° série, mai 1838, in-8°. 

Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »’Orsieny; 34° livraison 
in-/°. 

Essai sur l'analyse physique des Langues; par M. Ackenmanv; Paris, 
1838, in-8°. 

Notice sur lOxalide de Deppe; par M. Henox; Lyon, 1838, in-8°. 

Dépôt de Mendicité de la ville de Lyon. Assemblée de MM. les Sous- 
cripteurs électeurs pour le renouvellement partiel des Membres du Conseil 
d'administration ; 19 avril 1838, in-4°. 

Esquisse d’un voyage dans la Russie méridionale et la Crimée; par 
M. Déminorr; in-8°. 

Essai sur la Statistique générale de la Belgique; par M. Heuscuuwe ; 
1 vol. in-12. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique.) 

Proceedings.... Proces-Verbaux de la Société royale de Londres; 
n° 52, du 15 février au 5 avril 1838; in-8e. 

Proceedings.... Procès-Verbaux de la Société royale d'Irlande; 
n° 11, O et 25 avril 1838, in-8°, avec une liste des Membres de la 
Société au mois d'avril 1838. 

The quarterly Review; n° 122, avril 1838, in-8°, Londres. 

The Athenœum; mai 1838, in-4°. 


C. R, 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 24.) 114 


( 836 ) 


Skizze.... Esquisse sur Alger considéré sous le point de vue médical; 
par M. ScuonserG; Copenhague, 1837, in-8° (Cet ouvrage est adressé 
pour le concours Montyon.) 

Memorie... Mémoires de Physique expérimentale du professeur 
Marian, écrits depuis 1856 ; première année (1837), premier fascicule ; 
Modène, 1838, in-8°. 


Rendicolto.... Compte rendu clinique pour les années académiques 


1835—1836 et 1836—1837; par M. le professeur Sacero; Turin, 1838, 
in-$°. 
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ; 
mai 1838, in-8°. 
Journal de Chimie medicale ; juin 1838, in-8°. 
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juin 1838, in-8°. 
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 23, in-4°. 
Gasette des Hôpitaux ; tome 12, n°* 68 — 69, in-4°. 
Écho du Monde savant ; 5° année , n° 341. 
L’'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie, n° 43—44, in-8°. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 18 JUIN 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


MÉCANIQUE. — Remarques de M. Potssow, à l’occasion d'un rapport lu à la 
séance précédente sur un Mémoire relatif à l'attraction des ellipsoïdes. 


« Par des considérations géométriques, fondées sur les propriétés connues 
de l'ellipse, Maclaurin a déterminé, le premier, l'attraction d’un ellipsoide 
homogène sur un point de sa masse ou de sa surface , et étendu cette 
détermination aux points extérieurs situés sur le prolongement de l'un 
des axes de figure. En appliquant, aussi le premier, l'analyse à cette ques- 
tion (1), Lagrange en a déduit les résultats obtenus par Maclaurin, et n’est 
pas allé plus loin: Dans un ouvrage sur le mouvement des planètes, pu- 
blié en 1784, aux frais du président de Saron, Laplace a étendu la règle 
de Maclaurin pour les points extérieurs , aux points situés en dehors des 
axes de figure, et il en est résulté ce théorème : les attractions exercées 
sur un même point extérieur par deux ellipsoïdes homogènes, qui ont les 


(1) Mémoires de l’ Académie de Berlin, anvées 1773 et 1775. 
C. R. 1838, 17 Semestre. |T. VI, N° 95.) 119 


(838) 


mêmes foyers, sont éntre elles comme les masses de ces deux corps et 
dirigées suivant la même droite; mais la démonstration qu’il en a donnée, 
et qu'il a ensuite transportée dans le II° livre de la Mécanique céleste, est 
extrémement compliquée. M. Yvori, en 1812, a démontré trèssimplement 
cette proposition, ou plutôt il l’a déduite d’un autre théorème, qui lui ap- 
päntient ; sur Aa comparaison dès attractions exercées au dehors, à des 
attractions exercées au dedans. Ce beau théorème ne laisse rien à désirer, 
lorsque Fon se propose de réduire ces attractions les unes aux autres ; 
mais sous le rapport du calcul intégral, la question reste tout entière, rela- 
tivement aux attractions extérieures. Les composantes de l'attraction d’un 
corps homogène, de forme quelconque, se réduisent immédiatement à des 
intégrales doubles, dépendantes de là forme du corps et de la position du 
point attiré; pour un ellipsoide à trois axes inégaux, ces formules se 
réduisent ensuite , dans le cas d’un point intérieur, à des intégrales simples 
que l’on peut calculer au moyen des fonctions elliptiques; mais dans le 
cas des points extérieurs, elles présentent de bien plus grandes difficul- 
tés; et faute de pouvoir les réduire directement à des intégrales simples , 
on s’est borné pendant long-temps à tâcher de ramener le second cas au 
premier. Dans les Mémoires de l’ancienne Académie des Sciences pour 
l'année 1788, Legendre s’est proposé de surmonter et non pas d’éluder la 
difficulté de calcul intégral relative à.ce second cas; mais l'analyse dont il 
a fait usage pour y parvenir était vraiment inextricable: il a bientôt re- 
connu lui-même qu’elle ne pouvait pas le conduire au but qu'il voulait 
atteindre (x), si ce n’est dans le cas particulier et plus facile à traiter, où le 
point attiré est compris dans le plan de l’une des sections principales de 
l'elipsoide; et pour le cas général , il s’est contenté de donner une dé- 
monstration du théorème de Laplace, encore plus compliquée que celle de 
l'auteur. 

» Lies choses en étaient là, lorsque je me suis occupé de ce problème, à 
la fin de 1833 (2). J'eus alors l’idée de partager l’ellipsoïde en couches 
infiniment minces , concentriques el semblables; c’est ce qu'on n'avait 
point fait encore, et ce qui me conduisit à la solution complète de la ques- 
tion. J'abandonne mon analyse au jugement des géomètres ; mais, Je ne 
crains, pas de le dire, soit qu'on ait-recours à des méthodes analytiques, 
ou à des procédés géométriques, comme on voudra les appeler, on ne 


A ——_—_—_—_—]_—_—_—_—————————_———————" —_—_———————————————— 


(1) Page 480. 
(2) Mémoires de l'Académie des Sciences, tome XIH: 


( 839) 


parviendra jamais qu'au moyen de cette décomposition, à réduire à des in- 
tégrales simples, les intégrales doubles que l'on a à considérer dans ce pro- 
blème. En effet , les composantes de l'attraction de chaque couche sur un 
point extérieur, s'exprimant sous forme finie} ainsi que je l’ai trouvé, 
celles de l'attraction de l’ellipsoïde ont pour ‘expressions des intégrales 
simples, soit quand l’ellipsoïde est homogène, soit quand sa densité varie 
d’une couche à une autre, suivant-une loi donnée. 

» Peut-être qu’en rendant compte d’un Mémoire dont l'auteur a effective- 
ment suivi cette marche qui pouvait seule le conduire au résultat (1), au- 
rait-on pu mentionner le titre de l’ouvrage où le principe essentiel de la 
décomposition de l’ellipsoïde én couches concentriques et semblables, 
avait été employé pour la premiére fois, et où le problème se trouvait, 
aussi pour la première fois, complétement résolu. Si j'eusse assisté à la 
lecture du rapport, sans m’opposer aux conclusions , j'aurais adressé cette 
observation à MM. les Commissaires (2), en me réservant de la dévelop- 
per dans une note, comme je le fais aujourd’hui; et je leur aurais aussi 
rappelé que M. Steiner, dès qu’il eut connaissance du théorème sur l'at- 
traction d’une couche elliptique, auquel j'étais parvenu, a donné, dans 
le journal de M. Crelle (3), une démonstration géométrique de la partie 
relative à la direction de la force, suivant l'axe du cône tangent à la couche 
et ayant son sommet au point attiré. 

» Si quelqu'un se fût avisé de différentier les expressions que Laplace 
a donné le premier, des composantes de l'attraction d’un ellipsoide sur 
un point extérieur, en faisant varier les trois axes suivant un même rap- 
port, il aurait vu que les intégrales disparaissent dans le résultat, et que 
les composantes de l'attraction d’une couche elliptique s’expriment sous 
forme finie. Cette remarque, que je n’ai faite qu'après coup, aurait mis sur 
la voie de la solution directe du problème, en montrant que pour réduire 
les intégrales doubles à des intégrales simples, il suffisait de déterminer à 
priori, en grandeur et en direction, par des considérations géométriques 
ou par l'analyse, l'attraction sur un point extérieur d’une couche infini- 
ment mince, comprise entre deux surfaces elliptiques semblables. Par là, 
on aurait aussi reconnu la possibilité d’étendre ces intégrales simples au 
cas de l'ellipsoide hétérogène; extension dont on verra des exemples cu- 


(1) Compie rendu de la dernière séance. 
(2) L'usage de l'Académie est de n’adopter que les conclusions des rapports. 
(3) Tome XII, page 241. 

210 


( 84o ) 
rieux, fondés sur les formules de mon Mémoire, dans la Connaissance 
des Tems pour l'année 1837, qui a paru en 1835. 

» Je termine en faisant remarquer linexactitude de la phrase du rap- 
port, où il est dit que l’auteur du Mémoire démontre que deux couches 
ellipsoïdales dont les surfaces externes ont les mêmes foyers, attirent um 
même point extérieur, suivant une même direction et avec des forces pro- 
portionnelles à leurs masses. Cela ne suffit pas : encore bien que ces cou- 
ches soient infiniment minces, leurs surfaces internes influent néanmoins 
sur la direction et le rapport de leurs forces attractives. » 


La lecture de cette Note donne lieu à quelques observations de 
M. Poinsot. 


M. Poisson répond; la discussion se termine par quelques nouvelles re- 
marques de M. Poinsot. 


PHYSIQUE marmémaTIQuE.— Sur les hauteurs relatives des signaux terrestres, 


conclues de leurs distances zénithales réciproques ; par M. Bior. 


« Dans les grandes opérations géodésiques, les hauteurs relatives des 
signaux se concluent de leurs distances zénithales réciproques, observées, 
ou censées observées, par couples, au même instant. L’angle compris au 
centre de la sphère osculatrice , entre les verticales des deux stations, étant 
connu, l'observation simultanée donne immédiatement la somme des deux 
réfractions partielles qui affectent ces distances. Mais, comme cela ne dé- 
termine pas la valeur isolée de chaque réfraction, on suppose celles-ci 
égales entre elles. En corrigeant, d’après cette hypothèse, Les distances zé- 
nithales apparentes, on obtient les trois angles du triangle vertical formé 
au centre de la sphère osculatrice; d’où l’on déduit la différence des dis- 
tances de ce centre à chaque signal, qui est la différence de niveau cher- 
chée. 

» L'égalité supposée des deux réfractions ne peut pas être vraie en géné- 
ral. 11 doit même arriver bien rarement qu’elle existe et qu’elle soit exacte. 
L'erreur a pu paraître de peu d'importance quand on ne voulait que ré- 
duire à un niveau commun des réseaux de triangles, étendus sur la surface 
terrestre, dans des plans toujours trés peu inclinés à chaque horizon. 
Mais on ne peut plus la négliger, ou du moins il faut pouvoir s’en rendre 


( 841 ) 


compte, quand on veut déduire de ces opérations la vraie hauteur relative 
de deux points situés aux extrémités de la chaîne; par exemple, celle de 
l'Océan et de la Méditerranée en traversant la France; celle de la mer 
Caspienne et. de la mer Noire en franchissant le Caucase; celle de l'Océan 
atlantique et du Pacifique à travers l’isthme de Panama. Ces détermina- 
tions qui, de notre temps, ont acquis un si grand intérêt par les consé- 
quences géologiques qui s’y rattachent, exigent maintenant des géomètres 
l'appréciation précise d’un élément qui y concourt, et qui n’a été jusqu'ici 
qu'hypothétiquement évalué. 

»Or, pour cela, on ne peut pas s’aider de quelque forme particulière de 
constitution atmosphérique , que l’on supposerait plus ou moins conforme 
aux réalités. Les trajectoires lumineuses, sur lesquelles on observe, sont ici 
toujours comprises dans les couches inférieures de l'atmosphère, où la dis- 
tribution des pressions, des températures, et de la vapeur aqueuse, éprouve 
le plus de variations. La question, si elle est résoluble, ne peut donc 
l'être que par les considérations les plus générales. C’est ce qui n’a pas 
échappé à l’auteur de la Mécanique céleste, comme on le voit à la fin du 
chapitre 2 de son X° livre, où il entreprend de calculer les réfractions des 
signaux terrestres. Car, après avoir essayé le décroissement des densités en 
progression arithmétique, et supposé, pour ce cas, les réfractions partielles 
égales entre elles, afin d'atteindre les plus petites hauteurs apparentes, il 
abandonne ces hypothèses trop restreintes , lorsque les hauteurs devien- 
nent un peu plus considérables; et il développe alors l'équation différen- 
tielle de la trajectoire lumineuse, sans rien supposer sur la constitution des 
couches aériennes, en admettant seulement la centralité de la force qui 
sollicite l'élément lumineux, et bornant le développement aux limites de 
hauteurs nécessaires pour la convergence des séries. Après quoi il emploie 
ce développement général pour calculer approximativement la hauteur re- 
lative des signaux, en fonction d’une seule distance zénithale apparente et 
de l’angle au centre compris entre les deux extrémités de l'arc; ce qui 
exige que l’on y connaisse aussi le rapport des pressions. Mais si, au lieu de 
recourir à l'équation différentielle , il eût considéré seulement la condition 
plus générale encore, qui exprime le caractère central de la force en quan- 
tités finies, il aurait vu aisément qu’elle suffit dans tous les cas, et qu'il n’y 
a aucune intégration à faire lorsque les deux distances zénithales récipro- 
ques sont données par des observations faites simultanément. C’est même 
ce qui lui est arrivé quand il a voulu déterminer la dépression de l’hori- 
zon de la mer, l’une des distances zénithales se trouvant alors donnée par 


(842) 
la condition de tangence; ce qui, pour ce cas, l’a dispensé aussi de toute 
intégration. 

» Quelle que soit la constitution actuelle des couches d’air qui séparent 
deux signaux terrestres, pourvu qu'elle soit la même sur tous les rayons 
de la sphere osculatrice en cette partie de la Terre, l'observation simulta- 
née des distances zénithales réciproques, jointe aux indications du ther- 
mometre et du baromètre dans les deux stations , suffit pour calculer 
rigoureusement leur différence de hauteur, en partie du rayon mené de l’une 
d'elles au centre. Inversement, si le rapport des rayons est donné, ainsi que 
les conditions météorologiques extrêmes, une seule distance zénithale 
étant observée, l’autre s'en déduit. 


» Ces relations ont lieu en termes finis, et ne renferment pas l'angle com- 
pris au centre de la sphère entre les verticales des deux stations. Si cet 
angle est connu, avec les données précédentes, on peut, outre la diffé- 
rence de hauteur des signaux, déterminer la somme et la différence des 
réfractions partielles qui s’y produisent; conséquemment connaître cha- 
cune de ces réfractions. 


» Il n’est pas même nécessaire que les couches d’égal pouvoir réfringent 
soient actuellement en équilibre. Elles peuvent avoir un mouvement de 
translation horizontal, ou plutôt concentrique à la sphère osculatrice. 
Pourvu que la vitesse de ce mouvement soit infiniment petite comparati- 
vement à celle de la lumière, condition toujours remplie dans le trans- 
port de l'air par les vents, le théorème ci-dessus énoncé aura encore lieu. 
Il n’est assujéti qu'a la centralité de la force, condition générale de la 
théorie des réfractions. 

» La démonstration en est tres simple; et les formules auxquelles :1l 
conduit sont aussi faciles, ou même plus faciles, à calculer numériquement 
que les formules ordinaires , fondées sur l'hypothèse de l'égalité des deux 
réfractions qui ont lieu à chaque signal. 

» Considérons deux points M’, M" situés sur une même trajectoire lumi- 
neuse. Supposons M’ dans une couche dont la densité soit p', le pouvoir 
réfringent #’, et r' la distance au centre de la sphère osculatrice à la Terre 
dans cette région. Appelons v’ l'angle que 7’ forme avec la tangente de la 
trajectoire en M’. Ce sera la distance zénithale apparente de M" observée 
en M’, et que nous nommerons Z’, ou bien ce sera son supplément. Em- 
ployons pour M" des dénominations analogues affectées de deux accents. 
Cela posé : 


( 843 ) 


» La vitesse de la lumière en M! sera V/1+4#'p!, cette vitesse dans le 
vide étant r. Si, du centre de la sphère, qu’on suppose être aussi celui des 
couches aériennes, on mène une perpendiculaire sur la tangente de la 
trajectoire. en M', la longueur de cette perpendiculaire sera 7’ sinw'. Les 
quantités analogues pour M” seront Vi4 K'p",r'sins”. Or, dans tout 
mouvement soumis à une force centrale, les vitesses en deux points quel- 
conques de la trajectoire sont réciproques aux perpendiculaires menées 
du centre des forces sur les tangentes. Cette condition générale donnera 
donc ici: 

r'sinv WTE ARE — rsnw Vi+A4Kr. 
En outre, si l’on suppose, par exemple, M" plus élevé que M’, on aura 
v'=Z, et: v"—180°— Z#, 
Consequemment, dans tous les cas, 
r'sinZ"Vr+4ke = r'sinZ Vri+4kr. (1) 
La 

» Les pouvoirs réfringents actuels kp°,k"fp”, se concluent des observa- 

tions météorologiques faites dans les deux stations. Si, en outre, Z'et Z" 
à r' | à k É 
sont observés, le rapport 7 sera défini par cette relation, et l’on en dé- 


duira la différence r'—r' en fonction de r’ ou de r”. Ce sera la différence de 
niveau -cherchée. Inversement : si cette différence est donnée avec les cir- 
constances météorologiques, et une seule des distances zénithales, on 
trouvera l’autre. Il ne s’agit plus que d’opérer ces déductions, de manière 
que les calculs numériques puissent se faire avec facilité. 

» Cherchant d’abord la différence de niveau, je prends pour inconnue 


: TT, k if 
la fonction Fri et, la représentant par x, j'ai 


Mr : 1+x 
—— = zx d'où r"=7r be 
HT (1— x) 


Ceci substitué dans (1), donne 
__ sin Z Vi+4Ær —sin Zik 
sin Z V1 +4 Ke — sinZ" Vi +4 ke 
Je fais maintenant 


es sinZ'—sinZ __tang:(Z"—2)  , VILA Er — Vi Ke 
U sinZ—sinZ  tang 5 (242) it ke + Vita re 


( 844 ) 
ce qui revient à 
- 2 k'p—a k°p" 
Tirant, de la première, sin Z' en sin Z', puis substituant dans x; il 
vient 


@ 


/ 
@ — 4 
TE $ 


7 
1 — où 


On va voir que w et w' seront toujours des quantités individuellement 
tres petites et très faciles à calculer. 

» D'abord, quant à &, pour y mettre ces conditions en évidence, j'in- 
troduis les hauteurs apparentes réciproques, qui seront toujours trés pe- 
tites, et que je nomme à’ et &”. C'est-à-dire que je fais généralement 


Z'= go — 5; Z'— 90° — à”; 


chacun des angles ?, à” sera positif, quand l’objet auquel il s'applique 
sera vu au-dessus du plan horizontal de l'observateur. Il deviendra, au 
contraire, négatif quand il y aura dépression. Cette transformation intro- 
duite dans & donne 


Te : pe 5 
œ — tang ä (à — à!) tang = ( + cr); 


Ce qui vérifie déjà ce que j'en ai annoncé. 

» Quant à !, on voit, par son expression même, qu'il est tres petit de l’ordre 
des pouvoirs réfringents. Jusqu'ici, j'ai désigné ces pouvoirs par des lettres 
différentes, comme je l'ai fait dans mon Mémoire sur les Réfractions , pour 
montrer que la même marche et les mêmes formules s’appliqueraient en- 
core à un milieu où le pouvoir réfringent varierait sur chaque rayon d’une 
manière quelconque, indépendamment de la densité. Cela n’a pas lieu 
ainsi dans l'atmosphère terrestre, parce que le mélange de gaz permanents 
et de vapeur aqueuse qui la constitue, ne varie de composition que par la 
quantité de cetie vapeur qu'il renferme ; et qu'en outre, sous une même 
pression , et pour une même température, le mélange humide réfracte tou- 
jours sensiblement comme l'air sec. On peut donc, dans l'expression de 
&', faire k' et 4" égaux entre eux, et leur substituer le pouvoir réfringent 4 
de l'air sec, en prenant pour p’ et £” les densités qu’aurait ce même air sec, 
sous les conditions barométriques et thermométriques des deux stations, 
quelle que puisse être d’ailleurs la proportion de la vapeur aqueuse dans 
chacune d'elles. Avec ces modifications on aura 


( 845) 
= 2k (pe — 6") SOS oise 
KE: + 2k (PF + p") ze VIH ARE HP) 166 ep" 


@ 


» D’après les expériences que nous avons faites autrefois, M. Arago et 
moi, si l’on prend pour unité de densité celle de l'air atmosphérique sec, 
à la température de la glace fondante , et sous la pression d’une colonne 
de mercure de 0",76 à cette même température, dans un lieu où la gra- 
vité soit g,, tandis qu’elle est G à l'Observatoire de Paris » ON aura pour ce 


lieu de la Terre 


4k = 0,000588768. &. 


Alors, dans ce même lieu, à la température £, sous la pression d’une co- 
lonne de mercure À réduite à o°, et animée de la gravité g,, la densité p de 
l'air sec sera 

k 


FER 0®,76 (1 +. 0,00375) 


Il faudra donc l’évaluer ainsi dans les deux Stations, d'après les valeurs de 
t et de } qu'on y aura observées; puis, en multipliant par 4, on aura les 
valeurs des pouvoirs réfringents kp', kp"” qui entrent dans w. 
» Par exemple, si l'on se borne à tenir compte de ces pouvoirs, jusques 
et y compris leurs secondes puissances, on aura simplement 
; k(e —") 
, ÉEUE 


1H 2H) 


Ceci suffit pour faire voir avec quelle facilité &/ peut être calculé numéri- 
quement dans tous les degrés d'approximation. Joignant donc sa valeur 
numérique actuelle à l'expression de © en ?’ et à”, on aura 


x) ÿ ss a'—tangi(—;) tang (à + :") 
( UE. lang (£ —?#) tang L( +7)’ 
de sorte que x sera également facile à déterminer. 
: de. AS , UT : 
» Maintenant, cette quantité étant égale à F7 0n en tirera l’une ou 


l'autre de ces expressions 


Z £ 
— r = or, 5 MN Elo te, 
1— x 1+ x 


lesquelles se calculeront également avec la plus grande facilité: On em- 
C. R. 1838, 127 Semestre, (T. VI, N° 25.) 116 


( 846 ) 
ploiera la première quand on connaîtra r'; la seconde quand on connaîtra 
r. Mais, dans les opérations réelles , r" — r' est toujours une si petite 
fraction de ces deux quantités, que l’on peut toujours les remplacer dans 
les seconds membres des équations précédentes par le rayon moyen de la 
Terre, dont la valeur en mètres est 6366198. 

» Je viens maintenant au cas, où , connaissant r —r' en r' ou 7",avec une 
des distances zénithales apparentes Z' ou Z", on veut déduire l’autre de l’équa- 
tion (1). Pour faire ce calcul exactement, et avec facilité , si Z', par exem- 
ple, est la distance zénithale connue, il faudra chercher un angle auxiliaire 
V'tel qu'on ait 


on le trouvera facilement par sa cotangente, car on a: 


: A sa € r"2 2 r'2 r"2 (4k"e" ES 4ke) 
CHA = 7 + 7 RETE CT TTNEN 


Chacun des termes du second membre est très facile à calculer, à cause de 
la petitesse des pouvoirs réfringents, et de la différence de niveau 7” — r". 
L'angle V' étant connu, l’équation (1) donnera 
ne 
cot’°Z" — ns + cot‘Z’, 

expression dont les deux termes sont pareillement trés petits et facilement 
calculables. Cette transformation est la même que j'ai employée, et appli- 
quée au calcul numérique, dans la Connaissance des Tems de 1839, 
page 78 de mon Mémoire sur les Réfractions. 

» En nous limitant à la constitution réelle de l'air atmosphérique, Æ" et k 
deviennent tous deux égaux au pouvoir réfringent k de cet air supposé 
sec, pourvu que l’on calcule, comme ci-dessus, les densités p' et p” dans 
la même supposition. Si l'on introduit de plus, au lieu de Z' et Z', les 
hauteurs apparentes 7’, à”, les expressions précédentes deviendront : 


PL Fr — ‘4 r"2 4K(e" Es e) 


: cot’V' ss 
tang’ 2 — Tor + tangé. 


Si, dans ces équations, l’on suppose #’ nul, à” sera la dépression de l'ho- 
rizon de la mer, et l’on retombe, pour ce cas, sur la même expression 
que M. Laplace, a trouvée, livre X, page 281. 


(847) 


» Examinons enfin ce que pourra ajouter à ces résultats la connaissance 
de l’angle au centre compris entre les verticales des deux stations, angle que 
je désignerai par V. Si l’on désigne par d”, d”, lesréfractions partielles qui 
affectent la vision à chacun des signaux, et que l’on nomme comme nous l’a- 
vons fait i’,i", les hauteurs apparentes réciproques, en laissant toute 
liberté à leurs signes propres, on aura d’abord cette relation connue 


NM LE LV. (2) 


» Ce n’est encore que la somme des deux réfractions partielles. Pour 
les séparer, je considère le triangle vrai formé par r' et r” avec la corde 
rectiligne qui les joint. Les distances zénithales vraies de cette corde se- 
ront Z'+ d’, Z'+ 4"; et comme elles sont les suppléments des angles 
opposés , dans le triangle, aux côtés r", r’, on aura 


(3) r'sin(Z" + d"') = r'sin(Z + d"), 


Je traite cette équation comme j'ai traité (1); c’est-à-dire que je fais éga- 
lement 
M —r 
r + 7" 
substituant, et mettant au lieu des distances zénithales Z’, Z", leurs valeurs 
générales 90° — ’, 90° — i”, il vient 


= ZT; 


x = tangi (à — à + 2 — d').tang!(i + — à — à), 
ou, en se servant de l’équation (2), 
(ZX) æ—=— tangiV. tangi(é — 2 + à — à"), 


» Voilà tout ce que donne l'observation des distances zénithales récipro- 
ques, jointe à la connaissance de l'angle au centre V, quand on n’y fait 
pas concourir les observations du baromètre et du thermomètre dans les 
deux stations. Cette expression de x contient inévitablement la différence 
d" — J" des deux réfractions, que l’on y suppose ordinairement nulle, 
par une hypothèse inutile et inexacte. Ici nous pouvons facilement ap- 
précier cette différence; car l’inconnue auxiliaire x étant identiquement 
la même que nous avons déjà employée plus haut, il n’y a qu’à égaler ses 
deux expressions entre elles, et en déduire tang1(Jd”— J") qui sera ainsi 
donné linéairement. 

» Pour faciliter cette déduction, je fais 


Nov TO 00), OL EU hay: 


( 848) 
sur quoi il faut remarquer que, lorsqu'il n’y a pas de réfraction, 
CV + i + à) ou vi, est nul en vertu de l'équation (2); de sorte que 
cet l'angle est de l’ordre de la réfraction comme &'. Cela posé, en sépa- 
rant autant que possible les quantités de cet ordre, et celles qui sont in- 
dépendantes de la réfraction, je trouve 
: tang v 7 
tang tano’d it A 2 (0 
L ang(v + 2) tang/à + o'tang (1 —tang i tang v) cos" à tangi ( ) 
& (1 + tang’d tangi tang v) 
1 — laugi tang É 


= tang d tang (v + 1) + 


» On aura donc ainsi la différence, exacte et complète, des deux 
réfractions, laquelle est exprimée ici par d'—4J", lorsque les quan- 
tités qui entrent dans cette équation seront observées. Par-là on poürra 
évaluer l'erreur que lon commettait en supposant cette différence nulle. 
Par exemple, la somme des deux réfractions pourrait se trouver nulle 
dans l'équation (2), ce qui rendrait + à nul, sans que pour cela d'—J" 
fût nul; car, pour qu'il le fût, il faudrait que © se trouvât aussi nul dans 
le cas particulier dont il s’agit. Au reste, cette détermination semble ne 
devoir plus être que de pure curiosité, puisqu'on ne cherche ordinaire- 
ment les réfractions que pour obtenir les différences de niveau, que l’on 
calculera plus aisément et plus directement par l'équation (1) sans em- 
ployer l'angle au centre. » 


vuysique. — Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pouvoirs ‘rayon- 
nants et absorbants de l'atmosphère, et sur la température de l'espace ; 
par M. Pourczert. 


La lecture de ce Mémoire n'ayant pas été achevée dans cette séance, 
et devant se continuer dans la suivante, l'analyse du tout sera donnée 
dans notre prochain Compte rendu. 


M. Bory De Saint-VincenT fait hommage à l’Académie, en son nom et 
de la part de son collaborateur, M. Chaubard, d’un volume in-folio, inti- 
tulé Nouvelle Flore du Péloponese et des Cyclades. H présente, à cette 
occasion, les considérations suivantes sur la géographie botanique des ré- 
gions orientales de l'Europe, ainsi que du bassin méditerranéen. 

«Le premier catalogue des végétaux de la Hellade, compris dans notre 
grand ouvrage de la Commission scientifique de Morée, ayant attiré sur les 


( 849 ) 

productions végétales de cette contrée l'attention de beaucoup de bota- 
nistes , la plupart des voyageurs qui visitèrent après nous quelques parties 
de la Grèce, se sont empressés de nous faire part de leurs découvertes ; 
et par le résultat de leurs herborisations, le nombre des plantes recueillies 
sur le sol que nous avions visité s’est élevé de r,550, où nous l’avions porté 
à 1,821. Il s’en trouve encore dans ce nombre de nouvelles que nous avons 
dû faire connaître et figurer. 

» Mon compatriote, M. Chaubard, ayant bien voulu une seconde fois 
joindre ses efforts aux miens pour la composition de la Ælore nouvelle d'un 
pays mieux exploré, S. M. le roi de la Grèce a manifestéle désir de voir son 
nom placé en tête de l'ouvrage, nous nous sommes empressés de lui en 
adresser hommage. 

» Il résulte de l'examen de la présente Flore qu’en éliminant du cata- 
logue des plantes qu'on y trouve, les Anabaina monticulosa , Oscillaria 
Adansonü , Oscillaria urbica, Nematoplata arcuata, Diatoma bidulfia- 
num , Diatoma obliquum et Achnantes Vexilum, productions ambigués 
appartenant au règne intermédiaire dont je proposai l'établissement sous 
le nom de Psicropraire; il résulte, dis-je, que 1,620 espèces appartenant 
à 99 familles sur 1,821, en tout réparties dans 118, sont phanérogames. En 
supprimant de ce nombre les végétaux qui ne sont pas évidemment indi- 
gènes, les hespéridées, les méliacées, les cactées, les sésamée, et les pal- 
miers disparaissent; ce qui réduit à 94 les familles à sexe évident dans le 
Péloponése, les Cyclades et l’Attique; et comme dans la famille des cucur- 
bitacées le nombre des espèces propres au sol n’est que de deux, il se trouve 
11 familles composées de deux plantes seulement, et 15 qu’une seule re- 
présente sur la terre classique : dans leur ordre de richesse, trois passent 
100, savoir: celle des légumineuses, qui est la plus forte et qui en com- 
prend 183, puis celle des synanthérées ou composées, où nous en avons 
compté 175; enfin celle des graminées, au nombre de 1 17. Dans une série 
décroissante on trouve les labiées portées à 90, les crucifères à 80, 
les cariophyllées à 65, etles ombellifères à 67. Sept famillesseulement comp- 
tent ensuite 40 ou un peu plus de 30 espèces, savoir : les renonculacées au 
nombre de 4», les scrophulariées de 40, les asphodélées de 39, les cypé- 
racées et les borraginées également de 38 » les orchidées de 37, et les rosa- 
cées de 35. 

»On voit par cet apercu que les cryptogames et les agames, qui ne vont 
qu’à 20r, sont à peu près au reste de notre Ælore comme un à neuf. Les 
monocotylédones s'élèvent à 3017 > ‘et les dicotylédones plus nombreux, 


( 850 ) 


comme ils le sont partout ailleurs, à 1,319. Parmi les légumineuses sont les 
genres les plus forts en espèces : le seul Trifolium en comprend 28, puis 
V'icia 18, Medicago 17, Lathyrus 15, Lotus 13, Astragalus 12, et Ononis 
11. Les euphorbes sont au nombre de 21, les silènes de 22, les géraniers 
et les renoncules chacune de 19, etc. 63 genres parmi les acotylédones, 
23 chez les monocotylédones, et 151 entre les dicotylédones n’en comp- 
tent qu’une. 

» La flore grecque offre donc le plus grand rapport quant à sa compo- 
sition avec les flores de l'Italie méridionale et de la Bétique. Comme dans 
celles-ci, il s'y mêle aux végétaux de notre Europe plusieurs plantes afri- 
caines, ou, mieux, barbaresques et lybiques ; il y en existe en outre quel- 
ques asiatiques. Mais ce mélange de la végétation des trois parties conti- 
guës de l’ancien continent, ne donne pas au pays cette physionomie 
particulière que le voyageur botaniste pourrait se flatter d’y rencontrer. 
Lorsqu'on a visité l'Espagne orientale et nos régions occitaniques ou pro- 
vençales , on se fait une idée fort exacte de l’aspect du sol de l'Orient et 
de sa verdure disséminée, verdure glauque ou noirâtre, qui ne rafraichit 
guére la campagne, si ce n’est dans un petit nombre de vallons favorisés, 
et dans quelques gorges des hautes montagnes où des bouquets de bois, 
qu'on ne saurait que rarement décorer du titre de forêt, ont échappé à 
l'imprévoyante et destructive coignée. L'usage où sont les agriculteurs et les 
bergers surtout, de brüler les maquis, pensant fertiliser la terre au moyen 
des cendres produites par l'incendie des arbustes et des buissons, est cause 
de cette stérile nudité qui va toujours croissant, et qui ne tarderait pas 
à réduire ces malheureux pays à l’ardente condition des déserts de l'Afrique, 
de l'Arabie et de la Perse, si l'administration nouvelle, favorisant l’agri- 
culture intelligente et bien entendue, n’y portait un prompt remède. 

» On remarquera encore que dans notre Flore, les espèces marines 
sont proportionnellement peu nombreuses. En général, les eaux de la 
Méditerranée sont loin d’être aussi riches en productions naturelles que 
celles d'un même développement des côtes océanes, et à mesure que s’é- 
loignant du détroit de Gibraltar on s’enfonce dans cette étendue liquide qui 
sépare l’Europe de l'Afrique, la pauvreté de cette étendue se manifeste de 
plus en plus; aussi beaucoup d’hydrophytes, de polypiers et autres animaux 
des ordres inférieurs qu’on trouve encore sur les bords occidentaux d'I- 
talie et sur ceux d'Afrique, jusqu’à la hauteur que l'on pourrait appeler 
l'étranglement punique, formé par le cap où fut Carthage et l'extrémité des 
Calabres , ne se revoient plus sur les rivages ioniens. La mer Egée est en- 


( 851 ) 


core moins peuplée, et nous avons été frappés de la stérilité aquatique des 
îles de l’Archipel. Nous possédons dans nos collections un peu plus d’une 
centaine d’hydrophytes et de polypiers flexibles de la Méditerranée occi- 
dentale. Bertholoni, après une étude approfondie de lAdriatique, mer 
qu’on peut avec son prolongement péloponésiaque considérer comme la 
Méditerranée centrale, n’y mentionne qu’une trentaine de polypiers et 
une quarantaine d’hydrophytes, un peu plus de soixante en tout. M. Nac- 
cari (Flora veneta), après de longues recherches, étend ce nombre en y 
comprenant les espèces des lagunes et d’eau douce, à près de cent en sus. 
Nous n’en avons énuméré que quatre-vingt et quelques dans notre Flore, 
dont le quart tout au plus se retrouve aux Cyclades, où la disette des 
productions marines nous a paru si remarquable. Les côtes d'Égypte, de 
la Syrie et le Pont-Euxin , à en juger par les catalogues de MM. Delisle et 
Durville, présentent un plus grand dénüment encore, et les espèces 
considérables par leur taille, ont à peu près disparu dans les mers qu'ex- 
plorèrent ces messieurs. 

» Les méditerranées seraient-elles aux océans ou hautes mers ce que 
sont aux plaines de notre terre ces montagnes où la végétation va s’'apau- 
vrissant en proportions et en nombre d’espèces, à mesure que partant de 
leur base on se rapproche de leur sommet où toute existence organique 
disparaît au-dessus d’une certaine élévation? L'absence des marées notables 
est peut-être la principale cause de ce moindre nombre de productions 
de l’onde amère dans notre Méditerranée; entre les hydrophytes et les 
polypiers des océans divers où le flux et le reflux se font puissamment 
ressentir, beaucoup veulent être alternativement baignés ou exondés, et 
ne se plaisent qu'entre les limites des hautes et des basses eaux : ce sont 
précisément ceux-là qui manquent au pourtour de la Grèce, où qui ne 
sont que pauvrement représentés par très peu d'espèces cachées à une 
certaine profondeur. 

» Après la misère de la botanique des eaux sur les côtes péloponésia- 
ques, on sera frappé de celle de la cryptogamie du pays, où les plus hautes 
montagnes même ne présentent pas ce luxe de végétation du dernier or- 
dre qui couvre les Alpes des autres climats. Cinquante-neuf lichens, seize 
hépatiques, vingt-trois mousses, vingt-deux fougères, ou plantes de fa- 
milles ordinairement confondues avec ces élégants végétaux, en tout, seu- 
lement, cent-vingt espèces composent cette partie de notre flore, qui n’a 
été augmentée que de six, parce que nous l’avions soigneusemens étudiée, 
et nous doutons qu’on en porte jamais le nombre à deux cents, y ajoutât- 


( 852 ) 

on les champignons dont nous n’avons mentionné que deux, soit parce 
que nous n'avons pas visité les lieux où l’on en doit trouver pendant les 
époques de l’année où ils s’y peuvent développer, soit parce qu'il n’y en à 
effectivement que très peu, soit enfin qu’il n’y en ait que de trop fugaces 
pour qu'on püt les saisir dans la rapidité d’une investigation telle que 
celle que nous fümes à portée de faire. La raison de ce dénüment tient à 
la sécheresse du climat. Sous ce même parallèle, partout où la disposition 
des lieux appelle l'humidité atmosphérique, le reste de la terre dans les 
iles équinoxiales surtout, et comme je le démontrai il y a près de trente- 
six ans, se couvre d’une multitude d’agames et de eryptogames, qui n’ont 
méme pas d’analogues dans le nord, où l’on répète néanmoins par habi- 
tude, que les cryptogames prédominent, et quimanquent entièrement dans 
tout le levant; les contrées riveraines de la Méditerranée, partageant 
cette privation, sont non moins dépourvues de plantes réputées imparfaites 
que leurs eaux le sont d'hydrophytes et de polypiers. » 


M. Enwarps, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, 


fait hommage de deux dissertations ayant pour sujet l'alimentation et les 
aliments. 


De ce travail, dit M. Edwards, il résulte : 

«1°. Qu'on ne doit pas chercher dans un aliment en particulier une nu- 
trition complete, mais dans l’ensemble des aliments qui constituent le 
régime. 

»2°, Qu'il faut que dans ce régime se trouvent tous les aliments qui en- 
trent dans la composition de notre corps. 

»3°. Qu'il faut que ces aliments soient combinés dans ce régime sous les 
rapports physiques et chimiques, de façon à convenir au système nerveux 
et aux autres organes pour être assimilés. » 


(853) 


RAPPORTS. 


ACOUSTIQUE. — Extrait du rapport sur un ouvrage de M. le baron Birin 
ayant pour titre : Principes dé Mélodie et d’'Harmonie. 


(Commissaires, MM. Savary, de Prony, rapporteur.) 


« M. le baron Blein 4 publié en 1833 un ouvrage ayant pour titre: 
Principes de Mélodie et d' Harmonie, dont il a fait hommage à l’Aca- 
démie, en témoignant le désir qu'il en fût rendu un compte verbal. 

» Depuis cette époque, il a fait une nouvelle rédaction de son Traité 
et en a adressé le manuscrit à l’Académie qui a chargé une Commission 
de lui en faire un rapport. 

» La Commission distinguant, dans ce Traité, la partie physico-mathé- 
matique, dans laquelle M. le baron Blein établit les bases de son système 
musical, et celle qui concerne spécialement la composition musicale, 
s’est déclarée incompétente pour le jugement de cette seconde partie, 
dont elle à demandé le renvoi à:la section de musique de l’Académie des 
Beaux-Arts qui aura aussi à prononcer sur divers changements , proposés 
par l’auteur, à la notation ét à la nomenclature musicale, à l'accord des 
instruments à son fixe, etc. 

» Un premier objet, bien important, de l'examen de la partie physico- 
mathématique est le mode de comparaison et de mesure des intervalles 
musicaux ; un intervalle musical est donné, par le rapport des nombres 
synchrones de vibrations produisant les sons entre lesquels cet intervalle 
existe, rapport qui est désigné par le nom de rapport constituant de l'in- 
tervalle; or une erreur commune à tous les auteurs français qui ont écrit 
sur la musique, depuis et y compris Rameau, est d’avoir employé, pour 
comparer et mesurer les intervalles musicaux les valeurs immédiates des 
rapports constituants au lieu des logarithmes de ces rapports; de là des 
résultats de calcul insignifiants et même absurdes, dont la Commission 
cite un exemple remarquable (1). 

» Il s’est cependant écoulé près d’un siècle depuis que le grand géome- 
Peine nn ose NUS US QUE) puits 

(1) Il faut citer comme cas d'exception, la démonstration donnée par Suremain de 
Missery, dans sa Théorie acoustico- musicale, publiée en 17093, de la proportionnalité 
des intervalles musicaux aux logarithnies de leurs rapports constituants, propriété 
dont il n’a pas tiré parti pour la mesure des intervalles. 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° Q3.) 117 


( 854 ) 
tre Euler a publié un ouvrage ayant pour titre : T'entamen novæ theoria 
musicæ (Pétersbourg, 1739) dans lequel il emploie, pour comparer et 
mesurer les intervalles musicaux un système de logarithmes dont la base 
est 2; trente-cinq ans après le géomètre Lambert fit paraître, dans les 
Recueils de l’Académie de Berlin, un Mémoire sur le tempérament en 
musique où les intervalles musicaux sont comparés et mesurés par l’em- 


ploi d’un système de logarithmes dont la base est V2; ces systèmes de 
logarithmes, désignés par le nom de logarithmes acoustiques, ont été 
adoptés par les deux géomètres susnommés, parce que entre autres pro- 
priétés ils ont celles de donner l’énonciation immédiate des valeurs des 
intervalles musicaux, les unités d’intervalles étant l’octave, pour le sys- 
tème d’Euler, et le — d'octave, ou chrome moyen, pour celui de Lambert ; 
les logarithmes vulgaires sont bien loin d'offrir de pareils avantages, car 
en les considérant comme acoustiques il faudrait prendre, pour unité, 
l'intervalle dont le rapport constituant est et dont la valeur est de 3 
2, Ce qui est inadmissible (1). 


octaves 25 » 

» M. le baron Blein, dans la première édition de son Traité, n’a fait 
aucun usage des logarithmes et ne les a même pas mentionnés; il a voulu 
suppléer cette lacune dans sa nouvelle rédaction, mais, malheureusement, 
au lieu de suivre l'exemple remarquable qu'Euler et Lambert lui avaient 
donné, en employant les systèmes logarithmiques spécialement adaptés 
aux calculs musicaux, il leur a substitué les logarithmes vulgaires, Une 
communication qu'il a faite à la Commission, postérieurement à l'envoi de 
son manuscrit à l'Académie, semblerait annoncer l'intention de faire à son 
mode logarithmique des améliorations fort désirables. 

» L'exposition de la génération harmonique commence par la génération 
de l'accord parfait majeur que M. le baron Blein déduit de la triple ré- 
sonnance d’une corde sonore qui fait entendre, avec le son principal, 
l'octave de la quinte et la double octave de la tierce, ou, en terme équi- 
valent, la 12€ et la 17° aiguës du son générateur. 

» Rameau avait déduit l'accord parfait mineur des phénomenes observés 
sur trois cordes sonores, l’une montée au ton du générateur wt, et les 


(1) L'emploi des logarithimes acoustiques pour les calculs musicaux, n’exige que des 
tables d’une très petite étendue; M. de Prony a placé deux de ces tables à la suite de 
son {nstruclion élémentaire sur la mesure des intervalles musicaux, qui n’occupent 
chacune qu'une page in-4°, et sont beaucoup plus que suffisantes pour les calculs que 
comporte leur destination. 


(855) 


deux autres respectivement à la 12° et à la 17° graves de ce générateur: 
si l’on fait résonner la corde wt, les deux autres frémissent sans résonner et 
leurs ondulations les divisent, savoir: celle qui est montée à la 12° en trois 
parties séparées par deux points de repos, et celle qui est montée à la 17° en 
cinq parties séparées par quatre points de repos. On a aussi déduit l'accord 
parfait mineur de l'accord parfait majeur en rendant la tierce de ce der- 
nier génératrice de la quinte par son abaissement d’un demi-ton. M. le 
baron Blein trouve les trois sons de l'accord parfait mineur dans la triple 
résonnance d’un cylindre de fer, suspendu verticalement, et qui, frappé, 
donne pour générateur l’u£ fondamental , faisant entendre, comme harmo- 
niques, le fa, 12° grave et le lab, 17° grave, d’où il conclut l'accord par- 
fait mineur fa , lab, ut. 

» Pour obtenir d’autres sons admissibles dans l’échelle tant diatonique 
que chromatique, il a recours à la résonnance de trois plateaux de cristal, 
frappés en différents points, l’un circulaire, l’autre carré, et le troisième 
triangulaire; les combinaisons des sons ainsi obtenus, par les divers 
moyens que nous venons d'indiquer, et la considération des consonnances 
lui servent ensuite pour compléter son échelle chromatique. Il donne 
quelques notions sur la composition de l'échelle qu’on appelle enharmo- 
nique qui n’est pas employée dans les compositions musicales, et insistant 
sur la préférence qu’il voudrait qu’on accordât à son échelle chromatique 
sur celle du tempérament égal, il a formé un tableau de comparaison 
des deux échelles dans lequel les différences entre les intervalles corres- 
pondants sont exprimées en logarithmes vulgaires; la commission a inséré 
dans son rapport , une traduction de ce tableau en logarithmes acoustiques 
qui rend manifeste la supériorité de ces derniers logarithmes sur les pre- 
miers pour l’énonciation et la comparaison des intervalles; ainsi, en pre- 
nant pour toniques les notes successives de l'échelle chromatique de 
M. le baron Blein, et faisant le calcul en chromes , on découvre à vue, dix 
altérations de tierces ou de sixtes qui surpassent # de chromes; les plus 
grandes altérations dans l'échelle du tempérament égal ne sont pasde # de 
chromes. j 

» Des phénomènes sonores qui appartiennent spécialement à la théorie 
physico-mathématique de la musique, et dont les premières observations 
ont été faites par Tartini et Romieu, sont ceux des résonnances graves 
qui se font entendre lorsque deux cordes sonores, voisines l’une de l’au- 
tre, sont mises en vibration. Tartini n’avait conclu de ses expériences 
que l’existence d’un troisième son résultant de la simultanéité de deux 


_ 117.. 


(856) 


résonnances ; M. le baron Blein dit avoir.constaté par des expériences ré- 
pétées et complètes , que deux sons étant donnés, dont les nombres syn- 
chrones de vibrations sont m et m + n, il en résulte constamment deux 
résonnances graves dont les nombres de vibrations synchrones sont m 
etm—n. 

» Il explique ces phénomènes par la ‘coïncidence ou concurrence pério- 
dique des vibrations des corps sonores ; Lagrange avait donné de pareilles 
explications dans les Mémoires de l’Académie de Turin , et M. Paul Coq- 
heré s’est ensuite occupé, avec succès, des mêmes recherches. 

» M. le baron Blein a placé, à la fin de son Traité, une note qu'il avait 
communiquée à l’Académie en 1837, relative à l’analogie qu'il croit exister 
entre les phénomènes sonores et lumineux. La commission s’est bornée à 
la citation de cette note, qui n’est relativement à la théorie musicale, 
qu'un objet de pure curiosité. Le rapport contient une très courte indi- 
cation des matières traitées dans l’ouvrage de M. le baron Blein, qui ont 
un rapport immédiat avec la composition musicale, et qui seront exa- 
minées, en parfaite connaissance de cause, par la section musicale de 
l’Académie des Beaux-Arts. 

» En définitive, la commission pense que le Traité de Mélodie et d'Har- 
monie de M. le baron Blein doit être distingué de tous les traités de même 
genre qui ont été publiés par des auteurs français, et sera favorablement 
accueilli par les personnes qui s'occupent de théorie acoustico-musicale 
surtout si l’auteur y fait les améliorations indiquées dans le rapport. 

» La commission conclut au renvoi de son rapport, et de l'ouvrage, à 
l’Académie des Beaux-Arts. » 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la résistance des constructions 
hydrauliques ; par M. VÈne. — Extrait. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.) 


« En comparant les épaisseurs employées dans les constructions hydrau- 
liques avec les formules d'équilibre, j'ai trouvé des coefficients qui diffé- 
raient trés peu du nombre 1,79, employé pour la poussée des terres. Ce 


( 857) 


résultat inattendu conduisait donc à l'alternative de reconnaître | ou une 
exagération dans les valeurs usuelles qu'emploient les constructeurs, ou 
une inexactitude dans les formules d'équilibre ; et c'étaient là des diff. 
cultés qu'il n’était :pas aisé de lever. 

» Après des tentatives infructueuses, le hasard est venu m'éclairer et 
me montrer que les formules ordinaires ont besoin d’un terme nouveau 
pour devenir complétement exactes. Voici: quelle est la circonstance for- 
tuite dont nous parlons et la théorie qu’elle nous a suggérée : 

» En 1827 j'habitais une ile. des Antilles où ‘existent: deux citernes 
construites en briques anglaises : le 19 juin de cette année survint une 
grande pluie d'orage à la suite de laquelle je m’apercus que des gouttes 
d’eau exsudaient lentement à travers les murs d’une des citernes. 

» Voulant connaitre la cause de ces filtrations ; je pénétrai dans l'inté- 
rieur de ce bâtiment, et je vis qu'on avait bouché l'ouverture destinée à 
l'évacuation du trop-plein,, ce qui avait porté le niveau de l’eau à une sur- 
élévation de 1",10. Il me vint alors dans l’idée que sous des pressions éle- 
vées les murs peuvent être pénétrés par l’eau et qu’étant imbibés de ce 
liquide, ils éprouvent l’action d’une force ascensionnelle qui tend à af- 
faiblir leur résistance et dont jusqu’à ce jour on n’a tenu aucun compte. 

» Je ne dis pas que la pénétration de l’eau ait toujours lieu, j'affirme 
seulement qu’elle a lieu quelquefois : or il suffit qu'elle puisse exister 
dans certaines circonstances pour qu'il soit prudent, je dirai même 
pour qu'il soit nécessaire que les murs, lorsqu'on les construit}, aient 
assez d'épaisseur pour résister à cette épreuve. Afin d'exprimer claire- 
ment mes idées à ce sujet, imaginons pour un moment un mur parfaite- 
ment imperméable, mais supposons que sur ses fondations, il soit fait 
une entaille horizontale du côté de l’eau, semblable à un trait de scie, 
pénétrant dans le vif du mur : l’eau s’introduira dans cette entaille, et 
donnera lieu à deux forces nouvelles, l’une ascensionnelle tendant à sou- 
lever la face supérieure de l’entaille, et coopérant par conséquent au 
renversement du mur autour de l'arète extérieure ; l’autre, dirigée 
en sens opposé, n'ayant à cause de cette direction d'autre effet que 
de comprimer les fondations. Ainsi l'équilibre ne sera complet qu’au- 
tant qu'on ajoutera aux formules ordinaires le terme qui résulte de la force 
ascensionnelle dont nous parlons, force qui se mesure, comme on sait , 
en multipliant la hauteur de l’eau par la superficie de la coupure. 

» Remettons maintenant les choses dans leur état naturel et considérons 
un mur sans coupure : dans ce cas, la question consistera à étendre aux 


(858) 


filtrations ordinaires l'appréciation de la force ascensionnelle, ét voici 
comment je l'ai résolue : 

» J'ai remarqué d’abord que dans cette recherche il ne s’agit pas d’obte- 
nir une expression mathématiquement exacte de la force ascensionnelle, 
dont la nature est d’être variable suivant l’espèce et la qualité des matériaux. 

» J'ai cru, au contraire, qu'il suffit de trouver une force maximum, 
laquelle répond à l'emploi des matériaux les plus poreux et les plus per- 
méables à l'eau : c’est en effet une force de cette espèce dont j'ai calculé 
la valeur, et une fois trouvée, je l'ai introduite dans les formules géné- 
rales d'équilibre, en ayant soin de l’augmenter proportionnellement à 
l'épaisseur des murs. 

» Les fonctions officielles dont j'ai été investi au Sénégal m'ont mis à 
méme de calculer cette force pour les briques fabriquées dans ce pays 
qui sont à coup sûr les plus poreuses dont les constructeurs puissent 
faire usage, car dans douze expériences consécutives, ces briques, dont 
le volume est de x litre 213 millièmes de litre, ont absorbé 305 gram- 
mes d’eau formant un cube de 0"**,306 sous la température de 24 degrés 
centigrades, qui est celle de l’eau au moment des expériences. 

» De là je tirai cette conséquence, que les pores des briques avaient 
un volume de 0*,306 et que leur rapport avec le volume de la brique était 
égal à 5 + 5, ce qui prouve que les pores forment environ le quart du 
volume total : par conséquent si x désigne l'épaisseur d’un mur construit 
en briques de cette espèce, À sa hauteur, et & le poids d’un mètre cube 
d'eau, la force ascensionnelle que produit une tranche située à la hauteur 
des fondations, sera exprimée par 


#zxh 
3.96 


et le moment de cette force, relativement à l’arète extérieure, par 

. 22 h 

72 3.06 

» À l’aide de ces expressions j'ai été conduit à la formule d'équilibre 
k 
TZ ————, 

V5 244 
laquelle remplace la formule ordinaire 
k 


v6 


T= 


( 859 ) 


» Voilà le résultat remarquable auquel je suis arrivé : pour le faire 
fructifier, ou plutôt pour le rendre applicable aux constructions usuelles, 
J'ai suivi la route déjà tracée par M. Français, à l'égard de la poussée des 
terres, c'est-à-dire que j'ai multiplié le moment total des forces par un 
coefficient À, et ce coefficient, je l'ai calculé de maniere que mes murs 
aient la même stabilité que ceux de la grande citerne construite à Cons- 
tantinople, dans le quartier du Fanal, près de la mosquée du sultan 
Selim, construction qui, dans son espèce, est la plus vaste dont nous 
ayons connaissance; et de la sorte j'ai obtenu 1 +5 pour la valeur de 
ce coefficient, lequel m'a conduit à l'équation pratique 


B: (0.598) + BT (0.30) — }° (0.20) + T:(0.50), 
dans laquelle B et T sont les épaisseurs du mur, à la base et au sommet, 


et de laquelle j'ai tiré des tables usuelles, dont je livre l'appréciation aux 


constructeurs éclairés. 
» Ces tables s'appliquent aussi aux constructions hydrauliques surmon- 


tées d’une voûte, mais dans ce cas il faut faire usage de la formule 
B— VB +p, 


dans laquelle B représente l'épaisseur tirée de nos tables, et p l'épaisseur 
des pieds-droits d’une voûte ordinaire de même diamètre et de même 


épaisseur. 


Nos 
des 
briques. 


{ 860 ) 


1. Table relative à la porosité des briques du Sénégal. 


DIMENSIONS 
des 
briques. 


(2) 


CUBE 
des 


briques. 


(3) 


POIDS 
des 
briques 
sèches, 


PESANTEUR 


spécifiq. 


POIDS 
des 
briques 
imbibées 
d’eau. 


(6) 


k. 
2,275 


2,105 


2,425 


1,885 


2,150 


2,315 


2,240 


2,330 


OESERVATIONS. 


On à choisi les briques les plus 
poreuses, qu’on a placées dans un 
baquet plein d’eau, où on les a 
laissées séjourner pendant 8h. 

A leur sortie de l’eau , elles ont 
été pesées, et ont donné les ré- 
sultats portés dans la 6° colonne. 


( 861 ) 


IT. T'able indiquant l'épaisseur des murs verticaux qui ont 
à soutenir une charge d'eau connue. 


ÉPAISSEURS CUBE 


HAUTEUR D'EAU de la maçonnerie 
correspondantes 


exprimée en mètres. Lune 
des murs. 1 mètre de longueur. 


m. 

0,24 0,120 
0,49 0,490 
0,74 1,110 
0,98 1,960 
1,23 3,075 
1,47 4,410 
1,72 6,020 
7,840 

9,945 

12,250 

14,850 

17,640 

20,735 

24,010 

27,600 

31,360 

35,445 

39,690 

44,270 

49,000 

54,075 

59,290 

64,860 

70,560 

76,625 

82,810 

89,370 

96,040 

103,095 


110,250 


CHIMIE APPLIQUÉE. — {Vote sur l'application de la lumière Drummond à l'é- 
clairage public et privé ; par M. Gawpin. 


(Commissaires, MM. Arago, Berthier, Becquerel.) 


« J'ai adressé à l’Académie, en 1836, un paquet cacheté afin de me 
conserver la priorité de quelques résultats et de divers projets relatifs à 
C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, No 25.) 118 


( 862 ) 


l'application de la lumière Drummond à l'éclairage public et privé, en at- 
tendant que mon travail fût terminé. 

» Ce paquet, dont je demande aujourd’hui l'ouverture, contient ainsi 
qu’on le verra , le plan d'un chalumeau à gaz séparés, et jy indique la 
magnésie et l'iridium, comme pouvant remplacer avec avantage la chaux , 
en les préparant et les disposant d'une certaine manière. Aujourd'hui, je 
n'ai conservé de tout ce plan que quelques principes et je n’emploie gé- 
néralement que l’oxigène, l’esprit-de-vin et la chaux; mais avec une prépa- 
ration et une disposition telles, que j'en obtiens le maximum de lumière 
possible. 

» La chaux, telle que je emploie est, je crois, à l’état de cristaux, car 
on voit briller à sa surface des facettes innombrables, et elle ne se délite 
pas à l'air bien que préparée seulement au rouge-cerise. Les acides la dis- 
solvent sans développement de gaz, mais avec un grand dégagement de 
chaleur. , 

» Une conséquence importante de cette maniere de préparer la chaux , 
est que l’on en peut faire des creusets et des tubes aussi minces qu’une co- 
quille d'œuf, et aussi réfractaires que l’iridium pur. Ils se moulent avec la 
dernière précision et n’éprouvent pas la moindre gerçure au point de fusion 
de l’alumine; leur dureté est d’ailleurs très grande, ce qui permettra un 
jour d’y fondre le platine et ses alliages avec le palladium , le rhodium , l'i- 
ridium, etc. 

» Je trouve que le platine, allié à une portion très notable d’iridium 
(5 environ) et fondu, est très malléable, brillant à la coupe, et non terne 
comme le platine pur; susceptible, en outre, de se durcir à la trempe, ce 
qui mene de suite à faire des miroirs métalliques inoxidables, en plaquant 
le cuivre avec un alliage. 

» Pour l'éclairage en question, il s'en faut bien que je nr'astreigne à l’u- 
sage de l’esprit-de-vin; jemploie, au contraire, avec certains avantages, 
tous les autres liquides combustibles, et le plus commun d'entre eux, 
l'essence de térébenthine, est le plus précieux de tous. 

» L’essence de térébenthine, alimentée d'air, ne fume pas du tout 
et passe à la flamme bleue si on lui donne trop d'air; avec l'air con- 
venable, elle donne une flamme bien plus blanche que celle d’une lampe 
Carcel, et qui coûte, à lumière égale, deux fois moins que la chandelle, 
en établissant l'essence à 50 cent. la livre. Avec l’oxigene, c'est tout autre 
chose ; on obtient une flamme d’un blanc éblouissant qui éclaire cent 
cinquante fois autant que le gaz; et, chose bien singulière, il est difficile 


(186) 


de l'empêcher de fumer. Tous les liquides, dont la flamme fume à l'air, se 
trouvent dans le même cas, mais ils sont plus chers. 

» La chaux, telle que je la prépare, est transparente, à ce point du 
moins qu'elle éclaire en raison de son épaisseur. C'était là une ques- 
tion décisive pour les grands phares; elle se trouve donc résolue à 
leur avantage. J'ai imaginé divers procédés pour obtenir avec le gaz oxi- 
gène une flamme éblouissante, que j'appelle une flamme sidérale; mais 
ces moyens ne sont bien praticables qu’en grand; aussi me suis-je bien 
réjoui de pouvoir obtenir ce genre de flamme partout avec l'essence de 
térébenthine. 

» Je crois aussi qu'il sera facile d’augmenter de beaucoup leffet éclairant 
d’une dépense donnée de gaz ordinaire, en lui appliquant mon procédé. 
Il est possible que cela double ou triple la lumière avec l'avantage d’une 
combustion plus parfaite, et qu’on y substitue le gaz hydrogène tiré de 
l'eau ou du zinc, qui serait le plus agréable de tous, puisque sa combus- 
tion ne donnerait que de l’eau. Enfin, je puis le dire aujourd’hui avec 
assurance , nous sommes arrivés à un moment où tous les genres d’éclai- 
rage vont éprouver forcément une modification fondamentale : car une 
quantité donnée de lumière obtenue avec l’oxigene, est, à n’en pas douter, 
bien moins chère que par le gaz, surtout en employant pour l'extraction 
de l’oxigène les procédés que je connais. A l’aide de mes combinaisons, cet 
éclairage est devenu tout-à-fait sans danger; et comme il faut cent fois 
moins d’oxigène que de gaz d'éclairage pour produire la même lumière, il 
en résulte qu’elle est bien plus portative. Le gaz oxigene, on le sait, 
n’a ni odeur ni émanation sulfureuse ; la flamme d’éther ou d’esprit-de-vin 
qu'il alimente, non plus; enfin cet éclairage est bien plus sain puisque l'oxi- 
gène qu'il dépense n’est pas pris à l'air ambiant. » 


méDecine. — Vote sur l'emploi de la poudre de noix vomique torréfiée dans 
le traitement de l'épilepsie ; par M. LecraND. 


(Commissaires, MM. Magendie, Serres. ) 
L'auteur a continué les expériences faites à ce sujet, depuis plus de 
douze ans, par M. Chrétien de Montpellier, et il indique les résultats des 


unes et des autres, en même temps qu'il fait connaître le mode d’admi- 
nistration du médicament. 


118. 


" (864) 
ÉcowomrE powesrique. — Mémoire sur le chauffage de l'intérieur des 
appartements , etc.; par M. SusLEAU. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dulong.) 


mécanique arrciquée. — Sur les causes probables de l'explosion des 
machines à vapeur; par M. Scuweicu. 


(Commission des rondelles fusibles.) 


M. Rozs prie l’Académie de vouloir bien lui désigner des commissaires 
à l'examen desquels il puisse soumettre le procédé qu'il emploie pour 
l'extraction du principe odorant des fleurs et des plantes aromatiques. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze.) 


M. Deny DE Curis demande qu’un ouvrage sur la confection des mortiers, 
dont il a fait hommage l’an passé à l’Académie, soit admis à concourir pour 
un des prix de la fondation Montyon. 


CORRESPONDANCE. 


NAVIGATION. — /nstallation des navires pour la navigation au vent et à la 
vapeur. 


M. BecHAMEIL, officier supérieur de la marine, écrit relativement à une 
communication faite à l’Académie dans sa séance du 30 avril dernier, par 
M. Ch. Dupin. 

Le passage sur lequel porte la réclamation est le suivant : 

« T’insuffisance de la vapeur pour accomplir dans tous les cas d’im- 
» menses trajets, a fait penser à rendre plus efficace la combinaison des 
» forces de la vapeur et du vent. Tel est l’objet d’un rapport de M. Hubert 
» (octobre 1837), pour qu’un de ses bateaux à vapeur de 220 chevaux, 
» le Caméléon, puisse, à volonté, naviguer au moyen: des voiles seu- 


» lement. » 

» Un officier de vaisseau, fort ingénieux, M. Bechameil, s’est pareïlle- 
» ment occupé de résoudre ce problème par des dispositions qui lui sont 
» propres, et pour lesquelles il a fait des travaux d'étude et des expé- 


( 865 ) 
» riences dans la grande usine de la Chaussade, appartenant à la Marine 
» royale. » 

« On pourrait croire, d’après ce passage, dit l’auteur de la lettre, que 
M. Hubert a eu le premier l’idée d'appliquer à des bateaux la double navi. 
gation du vent et de la vapeur, et que moi (Bechameil), je n'aurais fait 
que le suivre, en employant toutefois des moyens différents. Cependant, 
ajoute-t-il, c’est précisément le contraire, ainsi qu’on le verra par les 
pieces officielles que j'adresserai sous peu à l'Académie. En attendant, on 
trouvera dans le journal que je joins à ma lettre, des dates dont une 
au moins pourra être immédiatement confirmée par le témoignage de 
M. Arago, à qui j'eus l'honneur de présenter les dessins d'exécution , 
pendant mon séjour à Paris, au mois de mai 1837, et qui parut partager 
mes espérances de succès. » 


M. Araco déclare qu'il a eu en effet, à l'époque indiquée par M. Becha- 
meil, connaissance du nouveau projet de système de mâture dont tous les 
détails étaient dès lors arrêtés, et qui semblait promettre une complete 
solution du problème. « J'ai appris depuis, dit M. Arago, que l’appa- 
reil, exécuté en grand à Guérigny, manœuvrait avec une grande facilité, 
toutes les pièces de la mâture pouvant être remises en place pour la navi- 
gation à la voile dans l'espace de trente-cinq à quarante minutes. » 


CHIMIE. — Observations sur la fabrication des chlorates , des hypochlorites, 
des chlorites employés dans les arts, et sur la composition réelle des 
hypochlorites et des chlorites et des acides oxigénés du chlore: action 
du chlore sur les acides alcalins ; par M. Mackewsir. 


« On sait que lorsqu'on fait passer dans une solution de potasse un 
courant de chlore gazeux, on obtient une liqueur décolorante qui paraît 
n'être qu’un mélange à atomes égaux de chlorure de potassium et d’hypo- 
chlorite de potasse. Mais si dans cette dissolution alcaline on fait passer 
du chlore et de l’oxigène à la fois, ces deux gaz se combinent et forment 
de l'acide hypochloreux qui, s’unissant à la totalité de la potasse, produit 
ainsi de l’hypochlorite pur. C'est ce qu’annonce avoir fait M. Mackensie , 
qui présente cet hypochlorite comme jouissant d’un pouvoir décolorant 
double de celui que l’on retrouverait dans le mélange de chlorure et 
d'hypochlorite obtenu avec le chlore pur. 

» On sait encore que les hypochlorites se décomposent par la chaleur 
avec production de chiorates et de chlorures. Suivant M. Mackensie, ces 


( 866 ) 
hypochlorites peuvent aussi, absorber de l’oxigène à une température 
voisine de l’ébullition, et produire ainsi des quantités de chlorates bien 
plus grandes que celles qui se seraient produites si la décomposition s'était 
effectuée sans absorption de ce gaz. 
» L'oxigène peut, du reste, d’après M. Mackensie, être remplacé dans ces 
deux cas, par l'air atmosphérique, ce qui permettrait d'améliorer la fabri- 


cation en grand des chlorates et des composés décolorants du chlore 
employés dans le blanchiment. » 


M. pr Paravey adresse deux extraits, tirés l’un du Voyage de M. Waldeck, 
dans le Yucatan , et relatif à l'apparition d’un bolide, dans la soirée du 
12 décembre 1833, l’autre du Voyage en Morée, de M. Pouqueville, 


se rapportant à un! autre phénomène du même genre, observé le 
10 germinal an vin. 


M. Bouvarr adresse un paquet cacheté portant pour suscription : 
Dromométre ou nouveau loch à l'usage de la marine. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


La séance est levée à cinq heures. 


Erratum. (Séance du 11 juin 1838.) 


Le titre du Mémoire de M. Letourneur a été imprimé d’une manière inexacte. 
Page 821, au lieu de Sur Le tir à bord des navires, avec des canoïs sans bragues, lisez 


Sur le tir des canons marins à brague fixe, et sur quelques autres questions d'artillerie 
navale. 


( 867 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences, n° 24, 1“ semestre 1838, in-/°. 

Nouvelle Flore du Péloponèse et des Cyclades; par MM. Borx pe 
Sarnr-Vincenr et Cnausarp; 1 vol. in-folio, 1838. 

Alimentation ou l'action des aliments sur l’économie animale; par 
M. Eowaros, membre de l'Institut (Extrait de l'Encyclopédie du xix° 
siècle), in-8°. 

Mémoire sur la congélation des Pommes de terre; par M. Payen; in-8°. 

Nouveaux Éléments de Minéralogie ou Manuel du Minéralogiste voya- 
geur; par M. Brarp, 3° édition par M. Guuxesor ; Paris, 1838, in-8°. 

La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la Théologie 
"naturelle ; par M. Bucxrann, traduit de l'anglais par M. Doyëre: 2 vol. 
in-6°. 

Quelques Inscriptions de la province de Constantine , recueillies par 
M. le docteur Guxox; Alger, 1838, in-folio. 

Recherches sur l’hymenium des Champignons; par M. Leveinré ; in-8°. 

Mémoire pour servir à la Statistique du département du Cher; par 
M. Fasre; in-8°. 

Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Paris. Rapports et comptes 
rendus des opérations de la Caisse d'Épargne de Paris pendant l'année 1837: 
in-8°. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 17, 15 juin 
1838, in-8°. 

Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département 
de la Charente; tome 20, n° 2, mars et avril 1838, in-8°. 

The Theory.... Théorie du Calcul différentiel et intégral déduite 
synthétiquement dun principe original; par M. Jonx Forges; 1 vol. in-8”. 

Researches.... Recherches sur la Chaleur; par M. James Fonses; 
3° série. (Extrait des Transactions de la Société royale d'Édimbou 
in-4°. 

The nautical.... Magasin nautique et chronique navale; juin 1858, 
in-8°. 


DE 


( 868 ) 


The Annals.... Æ{nnales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ; 
juin 1838, in-8°. 

The London.... Magasin Philosophique de Londres et d Édimbourg ; 
juin 1838, in-8°. 

Astronomische.…. Nouvelles astronomiques de M. Scnumacner ; n° 355, 
354, in-4°. 

Del calcino.... De la Muscardine; par M. Icxace Lomenr; Mémoire: 
1 à 6, Milan, 1535 et 1836, in-8°. 

Journal des Connaissances Médicales pratiques et de Pharmacologie ; 
5° année, juin 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 24, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 67, 70, 71, 72, in-4°. 

La Phrénologie, 2° année, n° 7, in-8°. 

L'Expérience, Journal de Médecine, n° 43, in-8°. 

Écho du Monde savant, b° année, n° 343. 

L'Éducateur, Journal; mars et avril 1838, in-8°. 


D > CR — 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 25 JUIN 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


MÉCANIQUE, — ÎVote de M. Pouxsor sur les Remarques qu'on trouve au 
commencement du Compte rendu de la séance précédente. 


« On a déjà fait une réponse verbale à toutes ces remarques, mais 
comme l’auteur les a imprimées et un peu augmentées , il peut être utile 
d’en relever par écrit les principales inexactitudes. 

» Et d'abord, en ce qui regarde la solution analytique directe et com- 
plète du problème de l'attraction des ellipsoïdes homogènes, il faut bien 
remarquer que M. Legendre est le premier qui y soit arrivé. Il est par- 
venu aux formules de quadrature qui expriment les composantes de l’at- 
traction d'un ellipsoïide sur un point quelconque extérieur : et de ces 
formules, par quelques transformations très simples, on peut tirer tout 
ce qui a été trouvé depuis sur cette matière, comme M. Chasles Va fait 
voir dans le dernier numéro du Journal de l'École Polytechnique. 

» M. Legendre, il est vrai, n’est parvenu à ses formules que par des 
calculs très longs et très compliqués ; mais il y est parvenu directement, je 

C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 26.) 119 


(870) 

veux dire sans employer le théorème de Maclaurin (1): c’est ce que 
M. Chasles à reconnu dans la partie historique de son Mémoire, et ce 
dont nous pourrions même donner une preuve évidente pour tout le 
monde; car M. Legendre a tiré de ses formules une démonstration du théo- 
rème de Maclaurin, et il est évident que si ces formules avaient supposé 
le théorème , M. Legendre serait tombé dans le cercle vicieux. C’est ce que 
l'auteur des Remarques pourra examiner. 

» C’est donc à M. Legendre qu'on doit la première solution analytique 
directe du problème : solution, il est vrai, qui n’est obtenue que par des 
calculs tres laborieux , mais où l’auteur a su vaincre des difficultés de calcul 
intégral qui avaient arrêté Lagrange lui-même. 

» Depuis on a cherché à simplifier cette solution, et M. Ivory y est 
parvenu de la manière la plus heureuse, en ramenant tout d’un coup la 
formule cherchée relative aux points extérieurs, à la formule connue re- 
lative aux points intérieurs. Il nous semble que si, dans le cours de son 
travail, M. Legendre avait eu l’idée du théorème de M. Ivory, il aurait 
abandonné ses longs calculs, et présenté cette nouvelle solution comme la 
meilleure, puisqu'elle était infiniment plus simple. C’est donc, suivant 
nous, à M. Ivory qu'on doit la premiere et la plus grande simplification 
qui ait été faite à la solution analytique du problème; solution qu’on 
n’appellera peut-être pas directe, mais qui a été aussitôt adoptée par tous 
les auteurs dans leurs ouvrages de mécanique. 

» Depuis on s'est proposé de nouveau de surmonter directement la 
difficulté de calcul intégral que présente le cas des points extérieurs, sans 
se servir ni du théorème de M. Ivory, qui faisait tomber tout d’un coup 
cette difficulté, ni des formules connues relatives aux points intérieurs. 
On voit que la chose était possible, puisque M. Legendre y était parvenu : 
mais la difficulté était d'y parvenir d’une manière plus simple, et c’est ce 
qu’on pouvait naturellement espérer des progrès de l'Analyse. Et en effet, 
en sy prenant d'une autre manière, afin de ne pas retomber dans les 
longs calculs de M. Legendre, l’auteur à qui je réponds est arrivé aux 
formules de l'attraction sur un point extérieur. Sa solution analytique 
est plus facile et plus simple que celle de M. Legendre, mais elle est 


(x) Maclaurin n’avait démontré qu’un cas particulier du théorème qui porte son 
nom. On sait que Legendre a démontré ce théorème dans tous les cas pour deux ellip- 
soïdes de révolution, et qu’ensuite Laplace en a trouvé la démonstration complète 
pour le cas de deux ellipsoïdes à trois axes inégaux. 


(871) 

encore très laborieuse, et ne pourrait remplacer avec avantage dans l’en- 
seignement la solution qui vient du théorème de M. Ivory. On a dit, à ce 
sujet, que ce théorème n'avait fait qu’éluder une difficulté. Ce mot d’élu- 
der ne nous paraît pas très exact. Ce n’est point éluder une difficulté 
que de la'‘réduire à une autre que l’on sait résoudre. C’est au fond la 
détruire, et de la manière même qui fait le plus d'honneur à l'esprit, 
puisque c’est la faire tomber par la considération ingénieuse de quelque 
rapport simple qu’on découvre dans la nature même de la question : voilà 
ce qu'a fait M. Ivory, et c’est, je crois, la vraie raison qui a rendu son 
théorème si célèbre. : 

» Quoi qu'il en soit, toutes ces solutions analytiques, directes ou indi- 
rectes, sont moins faciles que la solution géométrique dont nous avons 
rendu compte, et qui n’est en quelque sorte qu’une continuation du beau 
travail de Maclaurin. 

» Mais, pour en venir à ce point particulier qui paraît avoir motivé les 
Remarques de l’auteur, savoir : l'omission que les Commissaires avaient 
faite de son nom dans leur Rapport, au sujet du mode de décomposition 
de l’ellipsoïde en couches infiniment minces, il nous suffira de faire ob- 
server : d’abord, que nous ne sommes point entrés dans le détail historique 
des travaux des analystes sur ce problème célèbre; et en second lieu, que si 
nous avions dù citer un auteur au sujet de cette considération des couches, 
ce n’est pas le nom de M. Poisson qui se serait présenté le premier; car 
dans une thèse soutenue, il y a vingt ans, pour le doctorat, par M. Rodrigues, 
cette même décomposition a été employée, pour le cas même des points 
extérieurs , dans la démonstration du théorème de Maclaurin. On sait d’ail- 
leurs que la considération d’une couche pouvait s'offrir naturellement par 
les formules relatives à l’ellipsoide homogène, comme l’auteur lui-même 
en convient dans sa Note, et comme M. Chasles l'avait déjà remarqué dans 
le cahier de l’École Polytechnique que j'ai cité plus haut. Nous pourrions 
ajouter que M. de Pontécoulant , dans le tome II de sa Théorie analy- 
tique du Système du Monde, avait déjà présenté cette considération comme 
pouvant être employée pour le calcul de l'attraction d’un ellipsoïde hété- 
rogène, mais sans donner suite à cette première vue. 

»: Voilà les raisons toutes naturelles: de lomission dont il s’agit; outre 
que le Rapporteur n’aurait jamais songé à regarder cette considération des 
couches ( qui appartient à tout le monde) comme un principe qu'on püt 
réclamer. bu09 

» Quant à l'inexactitude que lon a cru voir dans une certaine phrase 


11G.. 


(872) 

de notre Rapport, nous devons avouer que nous n'avons pu rien com- 
prendre à ce que l’auteur a voulu dire; car après une lecture attentive 
de notre phrase unie à celles qui la précèdent et à celles qui la suivent, il 
nous a été impossible d’y trouver rien à changer. Il serait peu surprenant 
que nous eussions passé quelques mots et oublié de mettre quelques points 
sur quelques À; mais les points mêmes s’y trouvent. Maintenant l’auteur 
pourra juger si ce n’est pas soi-même tomber dans une erreur étrange que 
de trouver de l’inexactitude où il n’y en a pas. » 


PALÉONTOLOGIE. — Aecherches sur les LxpinopEenpron et sur les affinités de 
ces arbres fossiles, précédées d'un examen des principaux caractères 
des Lycopodiacées ; par M: Anorpne BRONGNIART. 


(Extrait.) 


« Déjà, en 1822, j'avais signalé les rapports qui me paraissaient exister 
entre ces grands végétaux (que je désignais alors sous le nom de Sagena- 
ria) et les Lycopodiacées , et je me fondais principalement sur le mode de 
ramification dichotome des tiges et sur le mode d'insertion des feuilles. 
L'étude plus approfondie des Lycopodiacées vivantes et l'examen d’un 
plus grand nombre d'échantillons de Lepidodendron me paraissent con- 
firmer complétement cette analogie, et l’on verra que la structure in- 
térieure des tiges de ces arbres fossiles et la nature de leurs organes re- 
producteurs fournissent encore de nouvelles preuves à l'appui de cette 
opinion. 

» C’est qu’en effet la forme extérieure des tiges, sur laquelle seule je n'é- 
tais d'abord fondé, est dans ce cas un caractère très important et lié à une 
structure anatomique et à un mode de végétation tout-à-fait particulier. 
Dans les végétaux phanérogames, les tiges se ramifient presque toujours 
par le développement d’un bourgeon latéral formé à l’aisselle d'une feuille. 
Il ya donc primitivement un axe principal ou tige primordiale qui donne 
naissance à des rameaux latéraux et secondaires, et ceux-ci eux-mêmes 
peuvent produire des rameaux du troisième ordre, et ainsi de suite; ce 
mode de production des branches, ou cette origine de la ramification des 
tiges, ne subit presque pas d'exception dans les phanérogames , soit mo- 
nocotylédones, soit dicotylédones, en y comprenant les Conifères et les Cy- 
cadées; ce n’est que dans des cas très rares que le bourgeon se partage 
pour ainsi dire en deux bourgeons secondaires égaux de manière à pro- 
duire une dichotomie réelle; quelques Cactus et quelques Zamia parais- 


(87) 

sent cependant se ramifer ainsi (1) : dans les autres cas, au contraire, 
les tiges dichotomes des plantes phanérogames ne doivent cette apparence 
qu’à une modification peu importante du développement de leurs rameaux 
axillaires; ainsi, tantôt la tige principale avorte après avoir donné nais- 
sance à deux rameaux latéraux et axillaires, égaux et du même ordre, soit 
alternes, soit opposés; tantôt un rameau secondaire prenant un dévelop- 
pement égal à celui de la tige principale qui l'a produit, cette tige parait 
se bifurquer. 

» Dans tous les cas la dichotomie est due à des rameaux secondaires qui 
proviennent de bourgeons axillaires nés latéralement sur la tige principale; 
la forme dichotomique de la tige n’est donc qu'un caractère accidentel 
produit par une modification secondaire dans le développement des bour- 
geons. Mais il y a un groupe tout entier de végétaux dans lequel la rami- 
fication de la tige par dichotomie est au contraire le cas normal, les autres 
modifications qu’elle peut présenter n'étant qu'apparentes et résultant 
seulement d’une altération secondaire de la dichotomie. 

» Ces végétaux composent la majeure partie de la classe des Crypto- 
games vasculaires; ce sont les Fougères, les Lycopodiacées et même les 
Marsiléacées. Dans toutes ces plantes, jamais les feuilles ne présentent de 
bourgeon axillaire; il n’y a pas, par conséquent, de développement de 
rameaux latéraux. La ramification des tiges, lorsqu’elle a lieu , ne s'opère 
que par leur bifurcation terminale, c’est-à-dire par la division du bourgeon 
terminal en deux bourgeons juxta-posés et formés simultanément. 

» C’est ainsi que se ramifient les rhizomes des Fougères, c’est ainsi que 
je présumais que se diviseraient les tiges des Fougères en arbres, si l’on 
en trouvait de rameuses, présomption qu'est venue confirmer la découverte 
faite par M. Perrotet, dans les montagnes de l'Inde, de Fougères en arbres 
à tiges bifurquées. Enfin c’est ainsi que se ramifient constamment les tiges 
des Lycopodiacées, quelle que soit la forme qu’elles semblent prendre par 
suite de leur accroissement postérieur. En effet, il arrive souvent que ces 
deux bourgeons terminaux formés simultanément, au lieu de s’accroître 
également prennent un développement très différent; l’un , plus vigoureux, 
semble continuer la tige; l’autre, plus faible, semble ne constituer qu’un 


(1) Le même ordre de subdivision des tiges se présente, mais avec une grande irrépu- 
larité , dans les tiges monstrueuses dites fasciées dans lesquelles cependant il y a, indé- 
pendamment de la tige principale ramifiée par division du bourgeon terminal, produc- 
tion de rameaux latéraux et secondaires naissant de l’aisselle des feuilles, 


( 874 ) 


rameau latéralet secondaire; mais cependant leur formation a été simultanée 
et terminale, et l'examen même de la position relative des feuilles et des 
rameaux prouve qu'aucun d'eux n’est axillaire. Ainsi, dans les Lycopo- 
diacées du genre Stachygynandrum, où les feuilles opposées forment 
quatre séries longitudinales, les rameaux distiques ne correspondent pas 
à deux de ces rangées de feuilles, mais à leurs intervalles; disposition qui 
distingue immédiatement les rameaux de ces Lycopodiacées de ceux des 
Thuya parmi les conifères auxquels ils ressemblent souvent beaucoup au 
premier aspect, car dans les Thuya les rameaux latéraux naissent toujours 
de l’aisselle d’une feuille, et ces rameaux distiques sont par conséquent 
placés dans le plan de deux rangées de feuilles. 

» Toute personne qui examinera avec attention l’origine des ramifica- 
tions des Lycopodiacées, des Fougères ou des Marsiléacées, reconnaïitra 
donc qu'il n’y a jamais de bourgeons axillaires dans ces plantes; mais il 
en résulte comme une conséquence presque obligée, que la fructification 
elle-même ne saurait être axillaire, mais doit être épiphylle; c’est un fait 
généralement reconnu pour les Fougères, et un examen attentif de l’in- 
sertion des capsules des Lycopodiacées et des conceptacles des Marsiléa- 
cées, montre que dans un très grand nombre d’entre elles ces organes sont 
fixés, non à l’aisselle de la feuille, mais sur la feuille elle-même, et porte 
à penser que dans les cas où ils paraissent axillaires ils sont simplement 
insérés à la base de la feuille, très près de son insertion. 

» Enfin cette absence de bourgeons axillaires qui déjà entraine le mode 
de ramification terminal des tiges de ces plantes, et l'insertion des fructi- 
fications sur les feuilles, pourrait être considéré comme la cause du carac- 
tère le plus important de la structure intérieure de leurs tiges, qui con- 
siste dans l'absence de toute formation de nouveaux tissus dans ces tiges, 
quelle que soit la vieillesse à laquelle elles atteignent. Ainsi la base d’une 
tige de Fougère arborescente de 10 mètres d’élévation ne renferme pas un 
faisceau vasculaire de plus qu’au moment où cette partie inférieure s’est 
formée, et les faisceaux qui la constituent n’ont pris aucun accroissement 
par addition de nouveaux vaisseaux ou de nouvelles fibres. 

» Ce caractère, qui se retrouve également dans les Lycopodes les plus 
grands que nous connaissions , distingue tout ce groupe de végétaux des 
plantes phanérogames dans lesquelles les parties ligneuses et vasculaires 
de la tige augmentent continuellement à mesure que cette tige vieillit, 
soit par addition de nouveaux faisceaux fibro-vasculaires, soit par accrois- 
sement de ceux qui existaient primitivement. 


(875 ) 

» Le groupe des Cryptogames vasculaires comprenant les Fougères, les 
Lycopodiacées et les Marsiléacées, a donc pour caractères physiologiques 
et anatomiques essentiels : 

» 1°. L'absence de bourgeons axillaires et la division de Ia tige par dicho- 
tomie terminale; 

» 2°, L'absence d’accroissement en diamètre et de tout changement d'or- 
ganisation dans la tige, quel que soit son äge. 

» À ces deux caractères s’en ajoute un troisième qui me paraît moins im- 
portant, parce qu'il offre dans d’autres classes du règne végétal des varia- 
tions qui peuvent faire présumer qu’il en présentera aussi dans ces végé- 
taux : c’est la disposition et la composition des faisceaux vasculaires. 

» Dans les plantes phanérogames, chacun des faisceaux qui constituent 
la tige est généralement formé de fibres ligneuses, de fibres du liber et 
de vaisseaux de diverses natures qui sont interposés entre ces fibres et en- 
tremélés avec elles. 

» Dans les plantes qui nous occupent, les faisceaux vasculaires ne sont 
formés que de vaisseaux d’une nature spéciale, mais uniforme (1), sans 
mélange de véritables fibres ligneuses. 

» Dans les Fougères , ces faisceaux, entièrement vasculaires, sont placés 
en cercle vers la circonférence, et entourés chacun d’un étui d’une sorte 
de tissu ligneux très résistant; dans les Lycopodes, ils sont réunis dans 
le centre de la tige, et la partie fibreuse, qui, par sa solidité, pourrait 
être comparée au bois, forme, lorsqu'elle existe, une couche plus exté- 
rieure et tout-à-fait distincte. 

» Dans toutes ces plantes, ces faisceaux, assez volumineux, sont entière- 
ment composés de vaisseaux rayés ou plutôt de fibres fendues transversa- 
lement, sorte de tissu qui paraît exister essentiellement dans ce groupe du 
règne végétal, mais qui a de grands rapports avec les fibres poreuses 
des Conifères et des Cycadées. 

» Dans quelques Lycopodiacées (Psilotum et Tmesipteris), le système 
vasculaire, au lieu de former plusieurs faisceaux groupés vers le centre de 
la tige, n’en forme qu’un seul qui constitue un cylindre continu, renfer- 
mant dans son intérieur une masse de tissu cellulaire d’une nature spé- 


(1) Les parties que je désigne ici sous le nom de vaisseaux sont pour ainsi dire inter- 
médiaires entre les vrais vaisseaux lymphatiques continus des plantes phanérogames 
et les fibres ligneuses ; mais comme elles jouent le rôle physiologique des vaisseaux , 
je leur en donnerai le nom quoiqu’elles ne forment pas des tubes continus. 


( 876 ) 
ciale, et donnant naissance extérieurement aux faisceaux qui vont se por- 
ter dans les feuilles. 

» Enfin l’origine des racines et leur disposition par rapport aux tiges n’est 
pas un des points de l’organisation des Lycopodiacées les moins curieux, 
et c'est un des plus importants à noter pour établir leurs relations avec 
certains fossiles. Toutes ces plantes ne sont fixées au sol, et n’y puisent leur 
nourriture qu’au moyen de racines adventives qui naissent de la tige de di- 
verses manières ; dans les espèces à tiges rampantes, ce sont des racines 
assez considérables qui, tirant leur origine de l’axe vasculaire de ces tiges, 
sortent, de distance en distance, perpendiculairement à leur direction. Dans 
les espèces dont la tige dichotome n’est fixée que par sa base sur le sol ou 
sur le tronc des arbres, des racines fort nombreuses semblent naître de l’ex- 
trémité inférieure de cette tige, et former une sorte de racine fasciculée 
comme celle de beaucoup de plantes monocotylédones; mais si l’on cherche 
à déterminer l’origine de chacune de ces racines, on voit qu’elles prennent 
naissance sur l'axe vasculaire de la tige à diverses hauteurs, et quelquefois à 
une grande distance de sa base; puis elles rampent au milieu du tissu cellu- 
laire qui sépare l'axe vasculaire central de la partie externe et plus dense, de- 
puis leur origine jusqu’à la base de la tige où elles traversent cette zone ex- 
térieure pour paraître au dehors. Il en résulte que si l'on coupe une tige de 
Lycopode à tige non rampante et régulièrement dichotome près de sa 
base, on trouve en dehors du cylindre vasculaire central une infinité d’au- 
tres petits faisceaux vasculaires appartenant aux racines. Mais ces fais- 
ceaux vasculaires des racines ne sont pas immédiatement placés dans le 
tissu cellulaire extérieur de la tige comme ceux qui se portent dans les 
feuilles; ils ont chacun une sorte d’écorce propre formée par un étui de 
üssu fibreux ou de tissu cellulaire allongé très dense et très résistant. Cette 
disposition se voit parfaitement sur les parties inférieures des tiges des 
Lycopodium phlegmaria , gnidioides , verticillatum, etc. 

» L'exposé sommaire que nous venons de donner de la structure des 
Lycopodiacées, structure que j'ai fait connaître avec plus de détail, dans 
mon /Listoire des végétaux fossiles , suffira pour nous permettre d’appré- 
cier les rapports qui existent entre cette famille et les Lepidodendron, et 
les relations moins intimes, mais encore très nombreuses qui l'unissent 
à plusieurs autres groupes de végétaux de la même époque. 

» Quant à la forme extérieure de leurs tiges, les Lepidodendron ont en 
plus grand tous les caractères des Lycopodiacées et particulièrement des 
Lycopodes de la section des Selago. Leur tige est régulièrement dichotome 


( 877 ) 

par bifurcation successive, sans qu’on aperçoive jamais aucune trace de ra- 
meaux axillaires et latéraux, caractère qui, ainsi que je le faisais remar- 
quer précédemment, ne s’observe constamment et normalement que sur 
les Fougères et les Lycopodiacées. Cette tige n’a pas dû présenter d’accrois- 
sement en diamètre après la chute des feuilles; car les bases, même les 
plus volumineuses de ces arbres, offrent encore des cicatrices d’insertions 
aussi nettes que les jeunes rameaux. Le nombre considérable des feuilles 
qui couvrent les tiges principales et leurs rameaux, leur existence simul- 
tanée et leur persistance sur une grande partie de la tige, leur disposition 
et leur mode d'insertion, enfin, leur forme allongée et entière, l'absence 
de nervures latérales et secondaires; tous ces caractères sont communs 
aux Lycopodes et aux Lepidodendron, qui ne différent les uns des autres 
que par leurs dimensions. 

» Ainsi, l’on peut dire que la forme dichotome et l'absence d’accroisse- 
ment en diamètre des tiges malgré leur ramification , sont des caractères 
qui placent, sans aucun doute, les Lepidodendron dans ce groupe des 
Cryptogames vasculaires qui comprend les Fougères, les Marsiléacées et 
les Lycopodiacées , et la forme de leurs feuilles les fait ressembler entière- 
ment aux Lycopodes. 

» À ces caractères extérieurs s'ajoutent maintenant ceux que fournit la 
structure intérieure qu'on a pu observer sur un rameau de Lepidodendron, 
trouvé dans les mines de houille du nord de l'Angleterre , et qui a été dé- 
signé sous le nom de ZLepidodendron Harcourti, par M. Witham, qui l’a dé- 
crit et figuré le premier; depuis lors, MM. Lindley et Hutton en ont fait 
le sujet de nouvelles recherches, et j'ai été assez heureux pour en exami- 
ner une tranche parfaitement préparée que M. Hutton a bien voulu donner 
au Muséum d'Histoire naturelle. Sauf les différences qui dépendent de la taille 
de cette tige, taille bien plus considérable que celle d'aucune Lycopodiacée 
vivante; sa structure intérieure offre l’analogie la plus complète, non pas avec 
la majorité de nos Lycopodiacées actuelles, mais avec quelques plantes de 
cette famille, avec le Psilotum triquetrum en particulier. 

» Ainsi, dans ces deux plantes, il y a au centre de la tige un cylindre de 
tissu cellulaire composé d’utricules allongées, assez petites, et à parois plus 
épaisses, entouré d’une zone étroite et continue de vaisseaux rayés d’un ca- 
libre assez grand, qui fournit extérieurement les faisceaux qui se distri- 
buent aux feuilles et qui traversent, pour se porter dans ces organes, le 
tissu cellulaire extérieur, tissu très lâche et très délicat près de l’axe vas- 
culaire, beaucoup plus dense et plus résistant, près de la surface de la tige. 

C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 26.) 120 


( 878) 

» Je n’entrerai pas ici dans plus de détails sur l’organisation de ces deux 
plantes vivantes et fossiles, organisation que j'ai fait connaître plus com- 
plétement dans la dernière livraison de mon Histoire des végétaux fossiles; 
mais il résulte évidemment de la comparaison de la structure du Lepido- 
dendron Harcourtii avec celle du Psilotum, que cette plante fossile qui, 
au premier coup d'œil, semblait s'éloigner notablement par son organisa- 
tion interne des Lycopodiacées ordinaires , se rattacherait plus intimement 
à cette famille par son analogie avec ce genre que personne n'a hésité à 
placer parmi les Lycopodiacées. 

» Les Lepidodendron auraient donc, quant à leurs organes de végéta- 
tion, les formes extérieures des Lycopodes, et particulièrement des Lyco- 
podes de la section des Selago, et la structure intérieure des tiges des 
Psilotum, si toutefois on peut appliquer à ce genre tout entier, ce que 
nous a montré le Lepidodendron Harcourtü ; enfin ils différeraient de toutes 
les Lycopodiacées vivantes par leur taille, au moins 30 à 4o fois plus con- 
sidérable. 

» Mais jusqu’à présent nous ne nous sommes fondés dans cette discus- 
sion des rapports des Lepidodendron avec les Lycopodiacées que sur la 
comparaison de leurs organes de végétation, tiges et feuilles. Or, il existe 
dans les mêmes terrains des épis de fructifications que j'avais déjà rap- 
portés, par de simples présomptions , aux Lepidodendron , mais qu’on ne 
saurait plus hésiter actuellement à reconnaître pour les fruits de ces ar- 
bres. En effet, ces épis ou ces sortes de cônes que j'ai désignés sous le 
nom de Zepidostrobus, qui d'abord n'avaient été trouvés qu'isolément , 
ont été depuis retrouvés fixés à l’extrémité de rameaux de véritables 
Lepidodendron. Ces Lepidostrobus sont des épis cylindriques , plus 
ou moins allongés, quelquefois bifurqués, composés d’écailles insérées 
presque perpendiculairement sur l'axe de l'épi. Chacune de ces écailles 
présente une sorte de pédicelle élargi à son extrémité en forme de tête 
de clou rhomboïdale et se prolongeant ensuite au-delà de cette partie 
dilatée, en un appendice foliacé plus ou moins allongé; mais leur carac- 
tère le plus remarquable, c’est que ces écailles, qui ne portent exté- 
rieurement aucun organe reproducteur, paraissent offrir dans leur par- 
tie dilatée une cavité bien distincte, renfermant une masse grenue fixée 
sur un des points de la paroi intérieure de cette cavité. 

» Cette structure rappelle d’abord celle bien connue des fruits des 
Araucaria parmi les Conifères ; mais la cavité des écailles et le corps 
qui y est renfermé n'ont nullement la forme ovoïde ou cylindroiïde des 


( 879 ) 


graines de toutes les Conifères ; elle est au contraire tout-à-fait com- 
parable à la forme de certaines capsules de Lycopodes, et surtout à 
celle des Zycopodium cernuum , curvatum , etc. Enfin, dans ces mêmes 
espèces, les capsules, portées à l'extrémité du pédicelle d’une écaille 
rhomboïdale, sont presque entièrement enveloppées par des expansions 
membraneuses du pédicelle de ces écailles; de sorte qu’on conçoit fa- 
cilement qu'une modification légère dans l’organisation suffirait pour 
produire dans ces plantes ce qu’on observe dans les épis des Lepido- 
dendron. 

» Ces épis nous paraissent donc avoir beaucoup plus d’analogie, soit 
par leur forme générale, soit par la structure de leurs écailles, avec les 
épis beaucoup plus petits, il est vrai, de certains Lycopodes, qu'avec les 
cônes d'aucune des Conifères que nous connaissons. Ce caractère vient ainsi 
s'ajouter à ceux fournis par la forme des tiges et des feuilles, et par la 
structure interne de ces tiges, et rend si évidente l’analogie des Lepido- 
dendron et des Lycopodiacées, qu’il me paraît impossible d’hésiter à ranger 
ces plantes fossiles dans cette même famille des Lycopodiacées, parmi les- 
quelles elle devait seulement former un genre bien distinct : 

» 1°. Par les capsules incluses dans les cavités des écailles des épis de 
fructification ; 

» 2°. Par la structure interne des tiges; 

» 3°. Par sa grandeur. 

» Mais les Lepidodendron ne sont pas les seuls végétaux fossiles qui 
aient des rapports avec nos Lycopodiacées. On doit, je pense, rapporter 
à cette même famille, peut-être même à des espèces particulières de ce 
genre, des portions de tiges fort remarquables dont la forme extérieure 
nous est inconnue jusqu’à ce jour, mais dont la structure interne sou- 
vent bien conservée peut nous éclairer sur leurs relations, soit avec les 
végétaux actuellement existants, soit avec les autres végétaux du même 
terrain. L'examen de ces bois fossiles désignés sous les noms de Psaro- 
lithes, d'Astérolithes , d'Helmintholithes et enfin dans ces derniers temps 
sous celui de Psaronius, fera le sujet d’un Mémoire particulier que je 
présenterai sous peu à l’Académie. » 


120.. 


( 880 ) 


aNAroutE comparée. — ÂVote sur l'ostéologie des Oiseaux-Mouches , 
envoyée de Liége, par M. Georrrov SAINT-HiLaTkE. 


« Au milieu des inévitables dérangements de chaque jour durant un 
voyage, je n'ai pu poursuivre le développement des pensées de la fin de 
ma vie : idées nouvelles et avancées que j'ai recueillies dans mon nouvel 
opuscule , Notions de Philosophie naturelle. Jai dü, conséquemment, 
me rabattre à des considérations de détail, et consacrer les studieux loisirs 
du voyageur à visiter les musées et le personnel des universités sur ma 
route, en ce qui concerne l’histoire naturelle. C’est une contemplation d’un 
haut intérêt que celle du mouvement des esprits sous ce rapport, dans la 
savante Allemagne. 

» J'en désire rendre compte dans une série de fragments; et pour pre- 
mier début, avant d’avoir pénétré dans cette contrée célebre, je vais 
traiter d’une remarque ostéologique qui m'a d’abord préoccupé. 

» Il existe dans la direction et à moyenne portée du canon de la cita- 
delle d'Anvers, un assez riche cabinet particulier de zoologie. Un amateur 
très instruit, M. Jacques Kets, l'a créé avec une intelligence réellement 
admirable; et dans ce cabinet, se trouve le squelette d’un oiseau-mouche 
qui est une vraie miniature, une merveille de difficultés vaincues. L’au- 
teur, un ami de M. Kets, s'était formé à l’art d'appeler à son secours, pour 
établir de semblables préparations, la voracité des fourmis, qu'il lui fallait 
contenir, suivre attentivement et sans cesse maîtriser. Ainsi ce squelette 
fut fait dans la manière dite des squelettes naturels, sans perte des liga- 
ments essentiels, et avec un bonheur admirable, en tout ce qui touche le 
maintien à distance respective de toutes ses parties. Plusieurs répétitions 
de cette curieuse industrie ont passé en Hollande. 

» On avait cru ne produire qu’un squelette difficile à établir; ce devint 
une œuvre révélatrice des rapports naturels du plus petit de nos oiseaux 
et de toute cette famille des colibris et oiseaux-mouches, appelée Tro- 
chilus. 

» Une iconographie en a été donnée dernièrement , mais ce fut unique- 
ment pour en faire connaître les magnifiques couleurs et pour en distri- 
buer les espèces dans une classification fondée sur l'étude de leur système 
tégumentaire ; et étendue à beaucoup de subdivisions. 

» Il y a plus à apprendre par le résultat de notre ingénieux préparateur. 
Chacun sait que les animaux vertébrés se révèlent comme conditions spé- 
ciales de leur essence, par ces deux existences d'ensemble : leur système 


( 881) 


osseux, que l’on a si justement appelé leur charpente fondamentale, 
et leur système tégumentaire, qui se subdivise en détails nombreux et sa- 
vamment significatifs. L'histoire zoologique des Trochilus n'avait donné 
que les caractères de leur extérieur; le squelette nous donne à beaucoup 
d'égards les indices de leur économie intérieure , et principalement, d'une 
facon certaine, tous les détails de leur appareil musculaire. 

» Ge qui pouvait être conclu à priori, c’est d’abord la justification de 
leurs rapports unitaires d'organisation. Ce qui est vrai en ce point de 
tous les vertébrés, l'est bien plus encore quant à la classe des oiseaux : 
car il n’y a, pour ainsi dire, qu'une seule espèce d'oiseau , tant est portée 
loin chez tous la similitude d'organisation. Toutefois, toute la périphérie 
de l’animal se composant de soies épidermiques, ou des plumes qui sont 
variées à l'infini, les zoologistes ont prise à cet égard pour étudier les 
mille et mille variétés de ce type si persévérant dans son unité primordiale. 

» Je vais dire ce qui m’a impressionné à la vue du squelette de la col- 
lection d'Anvers; mais on doit l’attendre ainsi de la position mobile d’un 
voyageur; je vais dire d’une manière succincte, comment, pour faire du 
fond unitaire ornithologique un être sui generis à ramener au genre 
Trochilus, 1 a suffi de remanier quelques systèmes particuliers, et de les 
combiner et harmoniser réciproquement à un degré en plus ou en moins 
d'un état moyen, cela par une sorte d'emprunt à faire à deux systèmes, 
ailleurs isolément et démesurément accrus. Le genre Pic est, en effet, 
sorti des conditions normales, comme volume, quant aux appartenances 
de l'appareil lingual , à l'os hyoïde et à tons les phénomènes qui en ressor- 
tissent. Il en est de même du genre Frégate, relativement aux moyens 
puissants du vol : ici est, en effet, un accroissement considérable de 
l'appareil sternal et spécialement des dimensions du bréchet. 

» Or ces deux systèmes qui n’ont ensemble que des relations indirectes, 
et qui existent dans une indépendance marquée, viennent dans les 7ro- 
chilus à réunir l'amplitude de leur conformation, et produisent de la sorte 
un ensemble propre et spécial, caractéristique d’une nouvelle famille. De 
cette assertion il ne faudrait pas cependant conclure que pour réaliser 
chacune de ces particularités, le grand architecte et l’ordonnateur sublime 
de l’arrangement des choses ait dû donner chaque fois une toute semblable 
copie d’un plan déjà adopté ailleurs : la répétition n'existe que dans la 
structure unitaire, si bien que quelque chose de spécial se trahit toujours 
par des modifications nombreuses, attestant ainsi l'immense puissance et 
la variété infinie de la nature. 


( 882 ) 


» Nous allons à ces faits comme l’observation nous les a communiqués. 


1°. Unité de plan et rnodifications dans les détails de l'appareil hyoïdien. 


» Pour comprendre cet ordre de faits, il faut se reporter aux idées que 
j'ai placées dans la science touchant l’état classique des oiseaux. L’hyoïde, 
cercle osseux, couché transversalement entre la langue et la trachée- 
artère, est reproduit le même comme dénombrement, forme, usages 
et connexions des pièces. Une partie centrale, basihyal, fournit une tête 
plus ou moins prolongée pour porter la langue, un glossohyal, et une 
queue pour soutenir le larynx et la trachée-artère. La différence classique 
des oiseaux à l'égard des mammifères apparaît aux cornes hyoïdiennes 
faites chacune des deux osselets filiformes, lapohyal et le cératohyal. 
Un autre osselet (séylhyal) fait chez les mammiferes partie de cette 
chaine ; et comme ce dernier osselet est formé par un démembrement 
du maxillaire inférieur, ce concours de pièces devient une chaine con- 
tinue d’une branche à l’autre de ce même maxillaire. La langue en avant 
et la trachée-artère en arrière sont supportées solidement. 

» C’est ainsi chez les mammifères; mais cet ordre est interverti chez les 
oiseaux par l'avortement du stylhyal ; en sorte que les cornes hyoïdiennes, 
au lieu de s’écarter et de tendre vers les branches du maxillaire inférieur, 
se rapprochent inférieurement, et, sans se conjoindre tout-à-fait, suivent 
le même sort, et restent engagées dans un tissu cellulaire abondant, qui 
prend l'état d’une gaine. Or ces cornes de l'hyoïde, formées, comme nous 
l'avons remarqué tout-à-lheure, de apohyal et du cératohyal, sont le 
point de variation d’un oiseau à l’autre. Chez les pics, ces cornes, deve- 
nues filiformes, s’allongent au point que, dans le cas où la langue oc- 
cupe sa position stationnaire dans le bec, ces cornes refluent derrière le 
crâne, l'entourent là et reviennent dessus aboutir sur les lames ethmoi- 
dales. Et tout au contraire, elles se déroulent derrière le crâne et dans le 
mécanisme, elles font sortir tout en dehors de son étui, ou le bec, la langue 
entière. C'est cette disposition qui existe semblablement chez les oiseaux - 
mouches; mais chez ceux-ci il y a cela de spécial qu’au lieu d'un glosso- 
hyal, ou os de la langue en particulier, il n'est que deux facettes sur l’os- 
selet en arrière ou sur le basihyal, lesquelles facettes, rudiments de deux 
glossohyaux, portent les longs filets au nombre de deux, dans lesquels 
consiste la langue bifide de l’oiseau-mouche. 


(883) 


2°. Unilé de planet modifications analogues dans les détails de l'appareil stcrnal chez 
les Oiseaux-Mouches, et les grands voiliers , les F. régates. 


» C’est l’un des plus remarquables caractères ornithologiques que l’am- 
plitude du sternum, et surtout du bréchet. Or, c’est cela même qui est 
porté, aussi bien chez les Trochilus que chez les Frégates, aux plus grandes 
exagérations comme dimension. J'ai remarqué dans le sujet de cet article, 
un bréchet d’une grandeur correspondant à celle du grand diamètre du 
coffre pectoral, et néanmoins, les annexes sternales avaient une étendue 
au moins proportionnelle. Les côtes sternales sortant de ces pièces 
étaient plutôt soyeuses que simplement filiformes, et dans cet état de 
finesse, elles trouvaient fort bien à s’articuler avec les côtes vertébrales, 
lesquelles, au contraire, étaient plates, larges et très résistantes. 11 suit 
des relations de ces os allongés, qu'il y a, pour couvrir une surface aussi 
considérable, une masse musculaire relativement du plus grand volume 
possible; car il faut, pour l'harmonie et la solidité de ce mécanisme , que le 
petit pectoral nes’en tienne point à recouvrirdes côtes d'apparence soyeuse, 
mais qu'il fournisse de plus des lanières allant prendre appui sur les côtes 
veriébrales. Il y a, dans cet accord d’une grandeur extraordinaire du 
sternum chez les Trochilus et chez les Frégates, cette modification spéci- 
fique que le bréchet des premiers est proportionnellement plus court, mais 
en revanche, beaucoup plus saïllant verticalement. 

» Dans ces deux arrangements sont des dispositions équivalentes pour le 
sur-développement des moyens musculaires, et conséquemment pour 
l'augmentation considérable , l'amplitude et de la puissance du vol. 

» Pour diminuer le poids relatif du sternum , Sans rien Ôter à sa force de 
résistance, les pourtours offrent une épaisseur en manière de bour- 
relet. 

» Ainsi se justifie, dans ces exemples, et l’unitarité des divers appareils 
conformément aux subdivisions classiques, et ces modifications infinies 
qui montrent les ressources de la nature pour la variété; ainsi toujours 
l'application de cette vue de Leibnitz : l'unité dans la variété. Pourquoi ? 
C'est que ce n’était point une opinion vague et ambitieuse sur les choses, 
mais la pensée de Dieu surprise et expliquée à l'humanité par ce grand 


philosophe. » 


( 384 ) 


z00L061E. — JVotice sur les rongeurs épineux désignés par les auteurs 
sous les noms d'Echimys, Loncheres, Heteromys et Nelomys; par 
M. Isinore GFrOFFROY SAINT-HILAIRE. 


(Extrait.) 


« Bien que les Échimys, si remarquables par la nature éminemment ca- 
ractéristique de leurs téguments , aient dû fixer dès long-temps l'attention 
des auteurs, ét que le nombre très restreint des éspèces connues dans ce 
groupe semble devoir rendre leur détermination exempte de graves diffi- 
cuiltés, ilest peu de genres dont la révision soit devenue plus nécessaire 
dans l’état présent de la science. M. Isidore Geoffroy à profité pour l’en- 
treprendre de l'avantage de pouvoir comparer aux types mêmes des es- 
pèces rapportées du Musée de Lisbonne par son père, un assez grand 
nombre de matériaux nouveaux; les uns acquis depuis quelques années 
par le Musée de Paris, d’autres récemment parvenus en France par les 
soins de M. Parageau; d’autres, enfin, confiés à l'examen de M. Isidore 
Geoffroy, par la direction du Musée de Genève. C'est l'envoi de ces der- 
niers ét la prière obligeante qu'on lui à faite de se charger de leur déter- 
iination et de leur publication, qui a engagé l’auteur dans le long et 
aride travail dont il consigne ici les principaux résultats. 

» Dans une première partie de son Mémoire, M. Isidore Geoffroy 
donne un exposé historique des travaux faits sur les rongeurs épineux dont 
il s'occupe, depuis Allamand et Buffon jusqu’en 1838. C’est M. Geoffroy 
Saint-Hilaire père, comme le reconnaissent tous les auteurs, qui est le 
fondatetir du genre Echimys. La formation de ce nom, la séparation en un 
groupe distinct d'un cértain nombre de rongeurs épineux d'Amérique , 
jusque alors ballottés entre les génres Rat, Loir et Porc-Epic, la distinction 
de la plupart des espèces, lui sont en effet dues; mais son travail est 
resté inédit. Ses déterminations et ses noms ne sont entrés dans la science 
que par les publications de MM. George et Frédéric Cuvier, et de M. Des- 
marést. La plupart des auteurs ont ignoré cette circonstance, et de là le 
vague et souvent l'incertitude des indications synonymiques qu'ils ont 
données à l'égard soit du genre Échimys lui-même, soit de ses diverses 
espèces. 

» L'auteur passe ensuite en revue toutes les espèces vraies ou nomi- 
nales ajoutées, principalement par M. Lichtenstein, aux sept d'abord ad- 
mises par M. Geoffroy pere, et qui toutes doivent être conservées. Le 
nombre total des espèces de ce groupe s’éléverait présentement à quinze, 


( 885 j 


selon les auteurs, non comprises deux nouvelles espèces qui seront plus 
bas mentionnées. Mais sur ce nombre, il se trouve une espèce qui est 
tout-à-fait à éliminer comme formant double emploi, deux autres qui 
restent douteuses, et deux autres qui sont bien réellement distinctes, mais 
n'ont été rapportées que par erreur au groupe des Échimys. 

» Dans la troisième partie de son travail, qui est de beaucoup la plus 
étendue, l’auteur s’occupe de la classification des rongeurs préalablement 
déterminés par lui sous le point de vue spécifique. Parvenu à rassembler 
de divers côtés jusqu’à treize crânes appartenant à dix espèces différentes, 
M. Isidore Geoffroy réfute d’abord l’assertion de M. Lichtenstein qui affirme 
que les Rats épineux ou Échimys des auteurs (une seule espèce exceptée, le 
Loncheres paleacea d'Illiger) n’ont que douze molaires semblables à celles 
des rats : assertion qui le conduit à supprimer le genre Échimys, et à en 
réunir toutes les espèces aux rats proprement dits. M. Isidore Geoffroy montre 
que le savant zoologiste de Berlin a été induit en erreur par l’examen de la 
dentition du Mus cahirinus de M. Geoffroy pére, qui, en effet, n'a que 
douze molaires, mais qui jamais n’a été rapporté par les auteurs francais 
au groupe des Échimys; groupe dont toutes les espèces ont bien quatre 
molires de chaque côté et à chaque mâchoire. 

» Bien éloigné des vues de M. Lichtenstein, M. Jourdan, professeur à 
la Faculté des Sciences de Lyon, a, au contraire, proposé dans un Mé- 
moire présenté à l’Académie en octobre 1837 (1), non-seulement de con- 
tinuer à séparer les Échimys des Rats, mais même d'établir, à côté des 
Échimys, un second genre qu’il a appelé Nélomys, et que caractériseraient 
les proportions très différentes de ses tarses, la forme assez distincte deses 
oreilles, enfin , l’état de la queue, qui serait velue dans les Nélomys, nue 
et écailleuse dans les vrais Échimys. Dans le rapport qu’il a faitrécemment, 
en son nom et au nom de M. Duméril {2), sur le mémoire de M. Jourdan , 
M: Frédéric Cuvier a montré que le genre Velomys, bien que devant être 
vraisemblablement confirmé par les observations ultérieures, ne pouvait 
être considéré dès lors comme établi sur des bases suffisamment solides, 
l'auteur n’ayant pu comparer d’une manière générale le système dentaire 
des Nélomys à celui des vrais Échimys, ni faire entre les deux genres le 
partage de leurs espèces. Grâce à la position plus favorable dans laquelle 
il s’est trouvé placé, grâce aussi à l’obligeance qu’on a mise de toute part à 
ee nn à, 


(x) Voyez les Comptes rendus, second semestre de 1837, p. 522. 
(2) Voyez le premier cahier des Comptes rendus de cette année, pages 4 et 5. 


C. R. 1838, 1°7 Semestre. (T. VI, N° 26.) 121 


( 886 ) 

lui éommuniquer de nouveaux matériaux, M. Isidore Geoffroy a pu résou- 
dre enfin ces doutes, et réconnaître qu'il est en effet, parmiles rongeurs 
épineux ordinairement compris parmi les Échimys; deux systèmes den- 
taités, uni plus compliqué (non quant au nombre qui est toujours de 
quatre, mais quant à la forme des molaires:) appartenant aux Nélomys 
dé M. Jourdan; Faatré plus simple aux vrais Échimys; que les! caractères 
que M. Jourdan à tirés des proportions des pieds, sont exacts, et assez 
pronônéés même pour que lon puisse dire que les Échimys sont, sous 
ce rapport, aux! Nélomys ce que les gerbilles sont aux rats; que la forme 
dés oreilles; ai contraire, et surtout l’état velu où écailleux de la queue, 
ne peuvent fournir aucun caractère générique; enfin ; que le partage des 
espèces entre les detix genres , doit être fait ainsi qu'il suit : 


A. Espèces du genre ÉCHIMYS. 


» 1°. Æchimys setosus , Geoffroy Saint-Hilaire. 

» 2°. Echimys cayennensis, Geoff. S.-H. 

» 3°. Échimys spinosus, Geoff. S.-H. ( Echimys roux de M. George 
Cuvier.) “ 

» 4°. Echimys hispidus , Geoff. S.-H. 

» 5°. À cés quatre espèces doit être jointe une cinquième, entierement 
nouvelle, qui existe dans les Musées de Paris et de Geneve, et qui vient 
de la petite ile Decs, sur la côte du Brésil, près de Bahia. M. Isidore 
Geoffroy la nomme et la caractérisé ainsi : 

» Echimys albispinus (Échimys à épines blanches ).— Queue écailleuse 
avec quelques poils courts, bruns à la face supérieure, blanchâtres à l’in- 
férieure. — Dessüs du corps d'un brun rougeätre, un peu plus clair sur les 
flancs ; dessous du corps ét la plus grande partie des pattes, d’un blanc 
pur.—Des piqüants aplatis, lancéolés, très forts, très nombreux ; peu mé: 
langés de poils, ét répandus jusque sur la croupe et les cuisses; ceux 
des parties latérales à extrémités blanches. — Taille 0",185; longueur de 
la queue, 6,150. 

» 6°. Enfin, l’auteur indiqüe, mais avec beaucoupde doute, comme sixieme 
espèce l'Echymis myosuros ( Loncheres myosuros, mus leptosoma et mus 
cinnamomeus Lichténstein; Loncheres longicaudatus, Rengger), à l'é- 
gard de laquelle aucun caractere, nettement distinctif, n’est exprimé par 
les descriptions et les figures des deux 20ologistes allemands qui l'ont fait 
connaître. 


(887) ) 


B,. Espèces du genre NÉLOMYS, 


j'ai ne cristatus ( Lérot. à queue dorce nn Allamand ; 
ra: cristatus, Geoffroy Saint-Hilaire. 

» 2°. Nelomys paleaceus (Loncheres paleacca;, gran D on 

» 3. Nelomys Blainvilli, Jourdan. 

» 4% Nelomys didelphoïides (Echimys Ab hate Geofi: S.-H). 

‘».&.Nelomys armatus; espèce que M: Lichtenstein a fait: connaître, 
et qu'il a appelée Mus hispidus ; parcé qu ‘il avait cru reconnaître en elle 
l'Echimys hispidus de M: Geoffroy pere. 

» 6°. Aces cinq'espèces ; dont la dernièrem’est pas suffisamment authen- 
tique, M.Isidore pq en ajoute une nouvelle ; ainsi nommée et carac- 
térisée/|: ! ; 155 99 
» FR semivillosus (Nélomys der véla); — Queue écailleuse (sauf la 
base), mais avecides poils nombreux de couleur fauve. Corps d'un brun 
roussâtre tiqueté de jaune, avec le dessous: plus: clair. — Des piquants 
médiocrement forts sur le corps; d’autres ‘plus ! faibles, mais encore très 
raides et très aplatis sur la tête. — Taïlle, 0,195; longueur de la queue, 
0,105. 

» Trois individus de cette derniere espèce viennent d'être envoyés de 
Carthagène (Nouvelle:Grenade), par M. Pavageau} ancien consul en cette 
ville. J'en dois la communication à MM. de Blainville:et Roulin. 

» Chacun des deux genres Échimys et Nélomys se :trouve donc com- 
posé de quatre espèces: anciennement: conmues! et bien: distinctes , d’une 
autre nouvelle, bien distinete aussi, et:énfin d’une sixième déjà figurant 
depuis plusieurs années dans les cätalogues, mais dont d'authenticité laisse 
plus ou moins à désirer. 11 die ) 

» Quatre autres! rongeurs ont été deg ke divers Lomé au groupe 
des Échimys, savoir: HET feèuor 2usld 1) 

» À. Le Mus anomalus de Thomson ; érigé | mais avec doute; :en genre 
sous le nom d’Æeteromys ; par M: Demiarése ICE rongeuroffrirait en effet 
des caractères éminemment distinctifs, si l’on pouvait accorder toute con- 
fiance à la description de Thomson-Cette description iest malheureusement 
très vague dans presque toutesises parties ,/eb ne/fixe: ba même avec/exac- 
titudée le nombré‘des molaires, 14 10049 645 lient ,2 | 

»'B. Le Lemmus nilotious de M: Bechoyybres M. shléré Ps s'est 

assuré que le système dentaire de cette espèce n’est ni celui des Campa: 
gnols, ni surtout celui des Échimys, mais bien celui des Rats. 
121. 


( 888 ) 

» C. Le Mus cahirinus de M. Geoffroy père, que quelques auteurs ap- 
pellent Échimys d'Égypte. Ce rongeur très remarquable est en effet assez 
voisin des Échimys par ses téguments, mais en même temps aussi des Rats 
par ses dents, et il doit former, d’après M. Isidore Geoffroy, un genre à 
part que l'on pourra nommer Acomys. 

» Enfin l’'Echimys dactylinus, Geoff.-S.-H. Ce rongeur, quoiqu'il ne 
soit pas même épineux, a été placé jusqu’à présent parmi les Échimys : 
mais les nombreux caractères distinctifs que présentent ses dents, ses 
pattes, sa queue ne permettent de le laisser ni parmi les Échimys ni parmi 
les Nélomys, dont il différe assurément beaucoup plus que ces deux 
genres ne diffèrent entre eux. M. Isidore Geoffroy propose, en consé- 
quence, d'établir pour lui, sous le nom de Dacryromys, un genre nou- 
veau dont les caractères, exposés avec détail dans le Mémoire, peuvent 
être ainsi résumés : 

» Corps couvert, non de piquants, mais de poils,et terminé par une lon- 
gue queue : celle-ci nue et écailleuse , sauf sa base qui est velue. — Pattes 
courtes : les antérieures tétradactyles, avec les deux doigts intermédiaires 
extrêmement longs, et armés, aussi bien que les latéraux, d'ongles courts 
et convexes. Les postérieures pentadactyles; les trois doigts intermédiaires 
à ongles médiocrement comprimés et allongés ; les deux externes qui sont 
courts, à ongles courts et convexes. — À chaque mâchoire, quatre mo- 
laires , divisées transversalement par un sillon en deux portions subdivi- 
sées par une échancrure : les deux rangées des molaires supérieures assez 
rapprochées en arrière, presque contiguës en avant. ù 

» L'unique espèce connue dans ce genre est l'Echimys dactylinus , 
Geoff.-S.-H, Dactylomys typus de M. Isidore Geoffroy, qui résume ainsi 
ses caractères spécifiques. — Corps couvert de poils assez doux, variés 
de roux-mordoré, de noir et de fauve; une petite huppe de poils un peu 
raide, d’un blanc roussätre sur la tête. — Taille d’environ 0",350; queue 
plus longue que le corps et la tête. 

» Cette espèce, qui habite l'Amérique méridionale, probablement le 
Brésil, est jusqu’à présent restée d’une extrême rareté. L’individu que 
M. Geoffroy Saint-Hilaire père a rapporté en 1808 de son voyage en Por- 
tugal, et qui.est-conservé depuis cette époque dans le Musée d'Histoire 
naturelle de Paris, paraît être encore aujourd’hui le seul connu. Il sera 
figuré dans l'une des planches accompagnant le Mémoire de M. Isidore 


Geoffroy. » 


( 889 ) 


paysique. — Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pouvoirs rayon- 
nants et absorbants de l'atmosphère, et sur la température de l'espace ; 


par M. Pouirrer. 
L'auteur continue la lecture de son Mémoire ; cette lecture sera ache- 
vée dans la prochaine séance. 


RAPPORTS. 


Rapport sur un nouvel envoi d'ossements fossiles des environs d’ Auch ; par 
M. LaRTET. 


(Rapporteur, M. de Blainville.) 


« Depuis le dernier rapport que j'ai eu l’honneur de faire à l’Académie 
sur le résultat des fouilles entreprises aux environs d’Auch par M. Lartet, 
recherches à la dépense desquelles l'Académie a bien voulu contribuer, 
cet investigateur zélé n’est pas resté inactif; et même, dans le but d’élar- 
gir et de perfectionner son mode d'exploration, il a acheté le droit de 
faire des fouilles pendant un certain nombre d’années dans une circons- 
cription assez étendue. Aussi, depuis ce temps, plusieurs caisses de fossiles 
ont été envoyées par lui au Muséum d'Histoire naturelle. Comme je n’en ai 
pas encore entretenu l’Académie, je lui demande Ja permission de le faire 
aujourd’hui, d'autant plus que le grand nombre d'échantillons qu'il a re- 
cueillis, aussi bien d’une espèce de cerf à bois bifurqué et pédonculé que 
d’un ruminant dont les dents molaires complémentaires se trouvent co- 
existantes avec les dents à remplacer dites de lait, ont conduit M. Lartet 
à reproduire une opinion déjà émise par lui l'année dernière, que dans 
cette espèce ancienne de cerf les bois ne tombaient pas, et que le mou- 
vement de la dentition de certains ruminants fossiles à Sansan n'avait pas 
lieu , comme sur ceux de nos jours. 

» Quelque heureux que soient l’ensemble des circonstances et l'aspect 
sous lequel s’est présenté le singulier dépôt de Sansan, aux environs d’Auch, 
où les débris des animaux de toute classe, terrestres et aquatiques, se 
trouvent à la fois accumulés d’une manière aussi prodigieuse, où les plus 
gros, comme les plus petits; sont pour ainsi dire représentés dans cette 
espèce de vaste cimetière par quelques-uns de leurs ossements et quel- 
quefois par leur squelette presque entier, entrainés qu’ils furent par les 
avalanches et les chutes d’eau, versant et labourant les étages ou les plaines 


(998 ) 
supérieures dans quelque grand lac ou dépression du terrain, il ne fallait 
cependant pas s'attendre que chaque jour, à chaque coup de pioche, on dé- 
couvrirait quelque chose d’absolument nouveau, quelqu’une de ces formes 
plus ou moins insolites qui viennent admirablement remplir les lacunes 
actuelles de la série zoologique, ainsi que nous en avons rencontré dans 
les premiers envois de M. Lartet. Mais, comme pour la restauration du 
squelette des animaux de cet ancien monde et de tout autre squelette, il ne 
suffit pas d’une où deux pièces même des plus caractéristiques, car plus on 
en possède et plus on peut espérer d'arriver à connaître leurs rapports aussi 
bien avec les différentes espèces de genres déjà connus qu'avec celles de 
genres entièrement inconnus, nous sommes fort loin de penser que les der- 
niers envois de M. Lartet n'aient pas été d’une grande utilité à la paléontologie, 
quoiqu'ils ne renferment, à ce qu'il nous a semblé, aucun indice de forme 
animale nouvelle. En effet, en augmentant, comme il l’a fait, le nombre des 
ossements du Singe de l’ancienne Europe, de la grande espèce de carnassiers 
intermédiaire aux Coatis et aux Chiens, de l'énorme représentant de l'O- 
ryctérope et du Pangolin dans nos climats, du Dinotherium dont les mem- 
bres nous sont encore probablement inconnus, de ceRhinocéros sans corne, 
de ce Cerf à bois longuement pédonculé comme les Muntjacs de l'Inde, de 
cette Antilope européenne, si petite, qu’elle ne peut être comparée qu’à quel- 
que antilope pygmée, on voit que c'était fournir à la science les éléments 
souvent nécessaires pour convertir des doutes, des spéculations souvent 
plus brillantes et plus hardies que réelles en quelque chose de vrai; car 
pour nous, qui avons entrepris de scruter les questions paléontologiques 
avec maturité’et sans idée préconçue, nous sommes assez loin de croire 
qu'un seul os, qu’une seule facette articulaire d’un os puisse suffire pour 
reconstruire le squelette d’un animal inconnu , et par suite faire deviner 
ses mœurs et ses habitudes. F’expérience est là malheureusement trop sou- 
vent devant nos yeux pour nous montrer les erreurs, les vacillations aux- 
quelles ces prétentions ont conduit ceux même des paléontologistes 
qui étaient le mieux placés pour résoudre les problèmes ostéologiques. 
Les heureuses rencontres faites par M. Lartet nous en offrent même un 
exemple célébredans une phalange unguéale, fissuréeprofondément comme 
cela a lieu chez les Pangolins, ainsi que Daubenton l'a fait remarquer le 
premier depuis long-temps, et que les uns, à cause de cela, ontrapportée à 
une espèce gigantesque de ce genre, que d’autres ont regardée comme pro- 
venant du Dinotherium, exemple fâächeux Jui-même d’un jugement sans 
suffisante connaissance des pièces, et qui certainement appartiennent à 


(&gr ) 
une forme animale distincte et voisine de lOryctérope ou du fourmilier du 
Cap; puisque cet animal était pourvu de. dents. 

» Nous avons un trop grand nombre d'exemples semblables où des 
prévisions, quoique en apparence rigoureusement établies sur des faits. 
ont été démenties par de nouveaux faits, Pour ne pas accepter avec le 
plus grand intérêt la possibilité de confirmer où de rectifier les déduc- 
tions tirées de l’examen d’un petit nombre d'éléments, par celui d’un 
grand nombre d’ossements différant d'âge et de grandeur. Nous. y voyons 
les moyens de confirmer les espèces fossiles, et par suite’ leur différen- 
tièlle avec celles qui existent aujourd’hui à la surface de Ja terre, soit dans 
nos contrées, soit dans des régions plus ou moins éloignées. Les paléon- 
tologistes consciencieux, et qui connaissant la difficulté du sujet, veulent 
fournir à la géologie étiologique , nécessairement plus ou moins conjec- 
turale, des éléments 1n peu positifs, voient donc avec avec le plus grand 
plaisir le nombre considérable des matériaux recueillis dans une même 
localité, et dès lors les doubles, les triples et les quadruples ont un in- 
térêt réel, et plus grand qu'on ne serait porté à le penser au premier 
abord. Nous trouvons même dans les dernières collections faites par 
M. Tartet un exemple à l'appui de cette utilité et de cette manière de 
voir. N'ayant pendant long-temps, et au milieu d’un nombre considérable 
d'échantillons de grandeurs différentes , jamais rencontré de bois détachés 
d’une espèce de cerf rappelant le Muntjack par le long pédoncule qui 
porte la perche, également fort simple; il avait proposé d'admettre que 
dans cette ancienne espèce les bois ne tombaient pas; sans penser sans 
doute que pour que cette hypothèse püt avoir lieu il aurait fallu que ces 
bois fussent restés constamment couverts de peau, ce qui était en con- 
tradiction avec l’état de leur pointe, souvent usée, preuve que l'animal 
s’en était servi, comme le font nos cerfs aujourd’hui. Mais ses nouvelles 
et persévérantes recherches lui ont enfin procuré un de ces bois détaché 
de son pédoncule, et dés lors l’hypothèse est tombée avec lui. Espérons 
qu'il obtiendra lé même résultat à l'égard d’une autre espèce de cerf à 
bois simple ou à daguet, bois qu'il n’a pas encore rencontré détaché, 
mais qui certainement devait tomber si c'était un bois. 

» Nous pensons qu’il obtiendra le méme résultat pour les mâchoires 
de ces ruminants qui lui ont offert la simultanéité d'existence des trois 
dernières arrière- molaires de complément, et des trois antérieures tem- 
poraires ou de lait. En effet, on voit que ce n'est pour ainsi dire qu'un 
accident de temps qui a fourni cette coexistence d'une partie dentaire 


( 892 ) 

persistante avec une autre passagère. Un peu avant ou un peu apres, les 
dents antérieures n’existeront plus et seront remplacées , et un peu avant 
les postérieures n’existaient pas, comme nous en avons des exemples 
dans nos collections de mammifères récents. Dans les espèces fossiles, à 
Sansan , il semble seulement que la durée de cet état transitoire était 
peut-être un peu plus longue que dans les espèces jusqu'ici observées 
à l’état récent. 

» D'après le peu de détails dans lesquels nous venons d’entrer, nous 
espérons que l’Académie trouvera, comme nous, une nouvelle preuve des 
grands services que la localité des environs d’Auch exploitée convenable- 
ment etavec persévérance, doit rendre à la paléontologie, c'est-à-dire à cette 
partie de la science des corps organisés qui étudie l’histoire de leur exis- 
tence et leur disparition à la surface de la terre. En effet, aucun lieu 
n’a encore été rencontré dans lequel on puisse supposer, avec quelque 
raison, qu’une grande partie des êtres coexistants à une époque aussi re- 
culée , ont laissé des traces ou des preuves de leur existence, et sans qu'on 
puisse y supposer des mélanges d'animaux de différentes époques, comme 
cela a lieu pour les brèches osseuses, le diluvium et le sol des cavernes. 
Dans cette manière de voir, nous ne craindrions donc pas de demander à 
l'Académie de nouveaux encouragements en faveur des travaux de M. Lar- 
tet, s’il lui était possible, avec des secours pour ainsi dire éventuels, de les 
continuer avec la suite nécessaire pour donner à ses recherches la combi- 
naison raisonnée qui doit les rendre plus fructueuses. Dans cette circons- 
tance, nous craindrions même d’être taxés d'indiscrétion. Qu'il nous soit 
cependant permis d'émettre le vœu que, par une mesure convenable sous 
tous les rapports, une certaine somme annuelle sera assurée pendant 
cinq à six ans à M. Lartet, afin que son exploration puisse être calculée de 
la manière qu'il jugera plus convenable pour atteindre le but. En atten- 
dant, nous conclurons à ce que l'Académie lui adresse de nouveaux re- 
merciments pour le zèle éclairé qu’il met à poursuivre ses recherches, et 
qui est pleinement démontré par ses nouveaux envois. » 

Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. 


( 893 ) 
MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MÉGANIQUE aPrLiQuEE. — ÎVote sur le Ventilateur à force centrifuge ; par 
M. Coneess. 


(Commission précédemment nommée.) 


Dans cette note l’auteur expose les résultats de quelques expériences 
faites avec l'appareil dont il avait fait connaître la construction et déve- 
loppé la théorie dans un précédent mémoire. 

«Mes essais, dit-il, donnent la mesure précise de la quantité de 
travail nécessaire pour déplacer un volume d’air donné dans des circons- 
tances analogues à celle de la ventilation forcée des lieux habités, des 
serres, des magnaneries, des ateliers de séchage, etc., et font voir qu’on 
peut, avec une fort petite dépense de force, déplacer des volumes d’air 
considérables. 

» Les dimensions principales du ventilateur aspirant sur lequel les ex- 
périences ont été faites, sont les suivantes : le diamètre de l’ouverture 
centrale par laquelle l’air est aspiré, est de o",Co; le plus grand diamètre 
de l'appareil, de 1",20; les ailes courbes, au nombre de 12, tracées con- 
formément à la théorie développée dans mon mémoire, ont 0",15 de hau- 
teur à leur origine, et 0”,224 à l'extrémité la plus éloignée de l'axe. Un 
tuyau cylindrique de 0",5o de long a été adapté à l'ouverture centrale, 
et c’est dans ce tuyau, en divers points d’une mème section transversale, 
que j'ai placé l’anémomètre, au moyen duquel j'ai mesuré les vitesses du 
courant d’air attiré par le jeu de la machine. (Voyez pour la description 
de cet anémomeètre la 1° livraison des Annales des Mines pour 1838.) 

» Le mouvement a d’abord été imprimé au ventilateur par le moyen 
d'un fort tourne-broche à poids. Voici le tableau des résultats obtenus de 
cette manière : 

POIDS CHUTE NOMBRE VITESSE VOLUME TRAVAIL | 


A é > TRAVAIL TRAVAIL 
dupoids | de tours | Æ9YEnne d'air dépensé en 


de 2 ar) lon re AMEN, EAU 


moteur d'homme 


en ventilateur, l'air aspiré, dans tombant de appliqué 
3 minutes, par ?| en mètres, | 1 minute, de cheval- à la 
noute par en x mètre 

3 seconde. |mèt. cubes. |par seconde. 

nn | | | | 


en 


kilog. | en mètres. vapeur. |manivelle. 


96,81 3,1212 | 52,95 | 4,964 | 0,064 | 0,794 
4,72 | 84,40 47,15, | 3,67: 0,049 | 0,612 


1,945 | 37 1,1444 | 19,41 1,308 |o,o17 | 0,218 


C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 26.) 122 


( 894 ) 

» On voit par ce tableau, 1° que l'on peut déplacer plus de 19 mètres 
cubes d’air par minute, avec une dépense de force qui est un peu plus 
du cinquième de la force d’un homme agissant sur une manivelle (j'ad- 
mets, d’après M. Navier, que l'homme appliqué à la manivelle fournit un 
travail de 6 kilogrammes, élevés à 1 mètre, dans une seconde). 

» 2°, Les volumes d’air débités dans les trois expériences sont entre eux 
comme les nombres 1 : 2,43 : 2,73. Les nombre de tours du ventilateur 
correspondants sont respectivement comme les nombres 1 : 2,39 21202, 
et les quantités de travail moteur dépensé comme les nombres 1 : 2,81 : 3,64. 
Ainsi les volumes d’air déplacés demeurent à peu près proportionnels aux 
nombres correspondants de révolutions du ventilateur dans l'unité de 
temps ; toutefois, les volumes croissent un peu plus rapidement que la vi- 
tesse du ventilateur, ce qui tient, sans aucun doute, au jeu qu'il faut 
laisser entre les bords des ailes mobiles et la face intérieure du disque 
fixe, devant lequel elles circulent. Quant au travail dépensé, il croît 
beaucoup plus rapidement que le volume d'air, mais beaucoup moins ra- 
pidement que le carré de ce volume. Les expériences sont trop peu 
nombreuses pour m'avoir permis de tenter de déterminer la loi de cet ac- 
croissement. 

» Le peu de force nécessaire pour faire tourner le ventilateur me sug- 
géra l’idée d’essayer de le mouvoir par le moyen d’un chien marchant 
dans une roue. Je me procurai donc, chez un cloutier, une roue dont le 
diamètre intérieur était de 1”,55. Sur l’axe je fis monter 3 poulies de 
différents diamètres, le plus grand ayant 0",65 et le plus petit o",31. Le 
mouvement de la roue était transmis au ventilateur à l’aide d’une corde 
sans fin, passant sur l’une des poulies montées sur l’axe de la roue, et 
sur une autre poulie fixée sur l'arbre du ventilateur, qui avait 0",25 de 
diametre. 

» Le chien qui a été mis à ma disposition était un jeune boule-dogue 
bien dressé à ce genre de travail et du poids de 19 kilogrammes. La 
corde sans fin fut jetée d’abord sur la poulie de 0°,65 de diamètre. Le 
chien marchant dans la roue fit tourner le ventilateur pendant une heure 
un quart ou une heure et demie de suite. Le nombre de tours du venti- 
lateur compté directement varia pendant ce temps depuis 91 tours par 
minute jusqu'a 67. Le nombre moyen de tours par minute, conclu 
d'observations faites pendant 19 minutes, également réparties dans la 
durée totale de l'expérience, fut de 81. La vitesse moyenne de l'air 
correspondante ; conclue des observations anémométriques, fut de 2",6889 
par seconde , et le volume d’air déplacé s’éleva en conséquence à 


( 895 ) 

45" %:,609 par minute. Ces nombres, comparés à ceux donnés précé- 
demment, font voir que le volume d'air déplacé croît toujours un peu 
plus rapidement que la vitesse imprimée au ventilateur (1); que le travail 
moteur du chien a été très peu inférieur à 3°67 tombant de 1 mètre 
par seconde, ou aux Æ& de la force d’un homme appliqué à la mani- 
velle. De la dimension de la roue et du nombre de tours de cette roue, 
qui était de 30,67 par minute, on conclut que le chien a dû parcourir 
149°,34 par minute ou 8960 mètres par heure. 

» Cet essai terminé, je plaçai la corde sans fin sur la poulie de 0",32 
de diamètre. Le chien placé dans la roue continua à faire tourner le 
ventilateur pendant plus d’un quart d'heure, de manière à lui faire faire 
moyennement 38 tours par minute. La vitesse moyenne de l'air, dans le 
cylindre aboutissant à l'ouverture centrale , fut de 1",2277 par seconde, 
et le volume d’air aspiré de 20" ‘826 par minute. La vitesse du ventilateur, 
comparée au volume d’air déplacé, est encore d’accord avec les premières 
expériences. On voit aussi que le chien ne marcha pas plus vite, bien que 
la résistance qu'il avait à surmonter fût moins de la moitié de celle des 
premiers essais, ce qui doit venir de ce qu'il avait pris d’abord la plus 
grande vitesse qu'il püt prendre, et peut-être aussi de ce qu'il était fatigué. 
Au surplus, après les deux expériences dont la durée totale a exigé un 
travail effectif du chien d’au moins une heure et demie, l'animal ne pa- 
raissait pas harassé. Je crois néanmoins qu’il n'aurait pu soutenir un tra- 
vail semblable pendant quatre heures consécutives, ce qui est la durée 
du travail journalier qu'il fait chez son maître. 

» Lorsqu'un ventilateur aspirant des dimensions de celui qui a servi aux 
essais précédents devra être mü par un homme appliqué à la manivelle, il 
conviendra que la transmission du mouvement soit disposée de manière à 
obtenir de 3 à 4 tours au plus du ventilateur pour chaque tour de manivelle. 

» Si l’on emploie une femme ou un enfant de 14 ou 15 ans, le ventilateur 
devra faire de 2 à 3 tours pour chaque tour de la manivelle. 

» Enfin si le moteur était un chien, il faudrait que la roue ayant de 1,50 
à 1”,55 de diamètre, le ventilateur fit 2 tours environ pour un tour de la 
roue. » 


(1) Je dois faire remarquer que l’essai fait en employant un chien comme moteur, 
a été fait avec un ventilateur différent du premier, mais construit sur les mêmes dimen- 
sions, ce qui n’a pu empêcher quelque différence provenant de l’exécution. 


122, 


( 896 ) 


PaysioLoGiE. — Recherches sur les effets des variations dans la pression 
atmosphérique à la surface du corps. 


M. Émire TagAarté demande l'ouverture d'un Mémoire cacheté qu'il a dé- 
posé dans la séance du 9 avril dernier, sous le titre de Recherches 
physico-phy siologiques. 

« Mon Mémoire, dit l’auteur, renferme les principaux résultats de longues 
tentatives auxquelles je me suis livré, dans le but de créer, au profit de 
l'hygiène et de la thérapeutique , un ensemble de moyens usuels, propres à 
modifier utilement la pression que l'atmosphère exerce sur le corps humain. 

» Les influences physiologiques qui dérivent des modifications que 
lon peut faire subir à la pression de l'atmosphère, se sont présentées à 
moi sous divers points de vue, selon qu’elles touchent au degré d'intensité 
ou à l’état d'équilibre de cette pression ; et, dans ce dernier aspect, une 
distinction même est à faire suivant que l'équilibre est rompu seulement 
sur une partie plus ou moins grande des surfaces du corps, ou sur la to- 
talité des surfaces externes mises en opposition avec des surfaces internes. 

» De là jai pu tirer six procédés différents dont la pression de l'air 
forme l'unique base, et dont l'utilité variée peut répondre à des indica- 
tions hygiéniques et thérapeutiques nombreuses. 

Ces procédés comprennent : 

» 1°. La condensation générale de l'air sur toute l’économie ; 

» 2°, La condensation locale sur les membres ; 

» 3. La raréfaction locale sur les membres; 

» 4°. La condensation et la raréfaction alternatives et locales, ou on- 


c2 


dulation sur les membres; 

» 5°. La raréfaction sur toute l'habitude du corps sauf la tête ; 

» 6°. Le jeu des condensations et des raréfactions alternatives sur toute 
l'habitude du corps sauf la bouche, d’où résulte une respiration artifi- 
cielle et complète contre lasphyxie. » 

M. Tabarié annonce que ses recherches remontent à une époque déjà 
très reculée , et ont été déjà de sa part l’objet de deux précédentes notes 
cachetées dont il déposa la première, dès l’année 1832, comme pierre 
d'attente, mais dont il ne demande pas l'ouverture en ce moment. Il 
ajoute, qu’elles n’ont, avec ce qui a été publié depuis sur ce sujet, au- 
cune conformité dans les moyens, dans le principe, dans le but, et 
moins encore dans la plupart des résultats. 

« ……. De nombreuses expériences, dit-il, me permettent d'établir, avec 


(4897 ) 

une confiance pleine. et entière, que la condensation dell'är;telle-du moins 
que je suis,parvenu, à. la,rendré. usuelle est douée: d’une vertu fortifiante 
et sédative, si certaine.qu’on peut l'opposer.tonjoursiavec avantage à tous 
les accidents; inflammatoires ou fébriles, dont on lui,a fait, bien x tort, une 
sorte d’attribut, Elle dissipe, n-effet, -avec-tune | grande: puissance;-toute 
ardeur intérieure du thorax , toute chaleur insolite-des) organes que cette 
cavité recèle ; elle diminue la fréquence des mouvements circulatoires, elle 
en précise le rhythme; elle calme l’exacetbationencéphaliqueletisé montre 
éminemment propre, à combattre le délire :et l'ivresse; nullement: à les 
exciter, ainsiqu'on l'a dit... lose fi pese 

» Parmi les observations que j'ai reproduites, quarante-neuf exemplesise 
rencontrent.touchant les maladiés des organes delarespiration ; etacenom- 
bre correspond un/nombre égal de guérisons on d'améliorations remarqua- 
bles, qui m’autorisent à considérer lacondensation del’aircomme susceptible 
de devenir le spécifique de ces redoutables affections: La circulation recoit à 
son tour une modification, du mémeordre qui la ramène également à son état 
normal. J'ai rapporté deux cents exemples d'observations, faites-avécun soin 
scrupuleux, sur les battements du pouls-dans des états pathologiques; et 
l’on ne verra pas sans intérêt que la condensation de l'air abaisse générale- 
ment le rhythme actuel de la cirenlation, et, dans certains cas, opère, à 
l'heure même, une réduction durable de 10, de 15 , de 20 pulsations par 
minute. » 


M. Tabarié dit avoir employé avec succès la condensation générale de 
l'air dans des cas nombreux et très variés, tels que l’aphonie , l’hystérie, 
la céphalalgie, l’hémiplégie, les fièvres intermittentes, etc. 


Le, paquet indiqué, ouvert séance tenante, renferme un travail ayant 
pour titre : « Mémoire sur un système de bains d'air généraux ou lo- 
caux, applicables. à l'hygiène et à la thérapeutique et fondés sur les mo- 
difications que Von-peut faire subir à la: pression de ’atmosphère. 


MM: Dulong et Magendie sont chargés d'en reridre compte à l’Académie 
CHiRURGIE. — Mémoire sur les calculs de cystine ; par M. Civrare. 
(Commissaires, MM. Théuard., Dumas, Breschet.) 


L'auteur, dans ce Mémoirë, fait connaître quatré cas de calculs de cystine 
qui se sont présentés chez, des malades confiés à ses, soins, 1L.est conduit 
par là à l'examen des opinions, communément reçues relativement. à Ja 


( 898 ) 


nature de la maladié, aux régions des’ organes urinaires! ôù peuvent se 
former les  concrétions ; etc.; et il s'attache à prouver que ces opinions 
sont à certains égardsten désaccord, non-seulement avec les observations 
nouvelles qu'il présente, mais encore avec'celles, d'ailleurs très peunom- 
breuses, que possédait déjà la science. Suivant l’auteur, en discutant ces 
dernières observations, ‘qui seraient seulement au nombre de quinze, il 
est possible d'établir : 

«1°. Que la cystine est un produit de la sécrétion des reins, de sorte que 
ce nom de cystine est aussi impropre que celui d’oxide cystique qu'il a 
remplacé, puisqu'il semble consacrer une erreur en physiologie comme 
l’autre exprimait une-erreur en: chimie. 

» 2°. Que la cystine peut exister dans l'urine en quantité variable, pen- 
dant long-temps ; et d’une manière continue ou avec des interruptions. 

» $. Qu'elle peut alterner avec les autres principes de lurine et s'associer 
aveceuxodans la formation des calculs où dans l’état liquide, mais que 
l'urée et l'acide urique sont les substances auxquelles on la trouve le plus 
rarement associée. 

» L'histoire des calculs de cystine, remarque M. Civiale, présente une 
particularité qui frappe; c'est qu’une même famille en présente souvent 
plusieurs cas. Les malades dont parle Marcet étaient frères ; celui que Proust 
a observé avait un frère jumeau également calculeux, et plusieurs indices 
portent à croire que la nature de la concrétion, chez ce dernier, était la 
même que chez l’autre. J'ai appris qu'aux environs de Meaux, deux ma- 
lades de la même famille ont eu une pierre de cystine; et quatre malades, 
enfin, que j'ai traités, étaient frères. Ces faits ne suffisent pas sans doute 
pour établir une loi que des observations postérieures tendraient peut- 
étre à renverser; mais on ne doit pas moins en tenir compte, car il paraît 
assez extraordinaire que; sur dix-neuf cas connus de calculs de cystine,il 
y en ait dix quisse soient présentés dans quatre familles, et que dans trois 
cas au moins les malades aient été frères. D'ailleurs, les neuf faits qui 
demeurent isolés sont précisément ceux pour lesquels on ne possède au- 
cuns renseignements relatifs aux malades. » 


BOTANIQUE. — Mémoire sur un nouveau genre de la famille des légumi- 
neuses (le genre Farnesia); par M. G. GasPARRINI. 


(Commissaires, MM. de Jussieu, Richard. ) 


Le 


Ce nouveau genre a pour type l’Acacia farnesiana, espèce dans laquelle 
l'auteur annonce avoir reconnu plusieurs caractères qui ne permettent 


( 899 ) 
plüs de la conserver dansile groupe auquel on la rattachait Jusqu'ici et 
qui la rapprochent au contraire des Ingas: La plante borterait désormais 
le nom spécifique de Farnesia-odora. Ce serait jusqu’à présent la seule 
dans le nouveau genre. M 


PHYSIQUE. — Polarisation de la lumière. 


M. C. Cnevazier présente un appareil destiné à servir, dans les cours 
publics, à l'exposition des phénomènes de polarisation. 


(Commissaires , MM: Savart, Savary, Pouillet. ) 


M. Loncrx présente un Cadran solaire à équation. 


(Commissaires, MM. Bouvard > Damoiseau. ) 


M. AvserciEr soumet au jugement de l’Académie un Mémoire ayant 
pour titre : Plan d'un ouvrage. sur l'OEnologie. 


M. Gautier adresse uné réclamation de Priorité relativement à une 
communication de M. Chaslés, sur là numération écrite des anciens. 
M: Gaütier n’a connu cette communication que par l'extrait incomplet 
qu’en a donné une feuille quotidienne, et semble n’avoir pas une idée 
bien nette dé ce que M. Chasles considère comme neuf dans l’opinion 
qu’il a émise. 

(Commissaires | MM. Lacroix , Poinsot. ) 


M. Ratre adresse quelques observations relatives à l’Electricité mani- 
Jestée par les copeaux qu’enlève le rabot , lorsque le bois sur lequel agit 
l'instrument tranchant est bien sec et que la température: est un peu 
élevée. 

(Commissaires, MM, Becquerel, Savary. ) 


CORRESPONDANCE. 


M. LE MINISTRE DE LA JUSTICE FT Dxs Cuites invité l'Académie à Jui 
faire savoir si elle persiste toujours dans l'opinion qu’elle a émise relati- 
vement au métal dont il conviendrait de faire choix Pour la couverture 


de la cathédrale de Chartres. s 
La lettre de M. le Ministre est renvoyée à une | Commission composée 


des mêmes membres qui avaient été chargés précédemment d'examiner 
cette question. 


( 090) 


M. ze MinisTkE DE L'INSTRICTION PUBLIQUE transmet une notice impri- 
mée par ordre,du gouvernement valaqué, sur lesieffets du tremblement de 
terre ressenti à Bucharest , le 11 janvier 1838. 

Une autre lettre de M. le Ministre de l’Instruction publique rappelle 
qu'il n’a pas été fait de rapport sur un Mémoire de météorologie qui avait 
été, l'an dernier, transmis par M. le Ministre de l'Intérieur, et dont l’au- 
teur est M. Korilsky, réfugié polonais. 


céocrarmie. — Sur l'aspect, des, campagnes dans quelques parties de 


l'Algérie. — Extrait d’une ie de M. pes AYE à 1. AU de 
Saint-Vincent. 155 D SU \ 


PE Jairecherché la cause del’absence totale des arbres et des arbustes 
sur tout le versant méridiônal de la premiere chaine, depuis le nord de 
Misah jusqu’au Raz-el-Akba, et jusqu’au grand Désert méridional, et je 
crois qu’elle dépend plus de la volonté des Arabes nomades que, des in- 
fluences du climat et de la disposition des lieux. , La contrée littorale..est 
très montueuse, les mouvements du sol y sont fort prononcés , et la terre 
n'y est fertile que dans les vallées. La zone intérieure est au contraire 
formée d'immenses plaines ou plateaux ondulés surmontés de, massifs ro: 
cheux, qui dans d’autres périodes géologiques appartenaient à des chaînes 
maintenant rompues. Les nomades n’ont besoin que. de deux poteaux pour 
soutenir leur tente, et pour combustible que de quelques tiges de char- 
dons. Le bois leur nuit en ce qu'il occupe la place de pâturages et sert 
de retraite! aux bêtes féroces dont lé nombre à diminué ‘en raison de la 
diminution des: arbres. Les Arabes donc couperent les arbres partout et 
brûlerent les broussailles à mesure qu'ils dépossédaient les Kabyles; quant 
à ceux-ci, agriculteurs non moins que pasteurs , ils n’ont pas eu le même in- 
térêt à couper les forêts qu'ils ont laissées subsister sur les hauteurs ou il 
aurait été au contraire pénible delles abattre; Hs,ont dans les fonds planté 
quelques arbres fruitiers, clos de haies vives ou sèches certains domaines, 
etont moins altéré!la bhyéténdnné primitive du pays. Ceux des Kabyles 
qui sous lenom de Chaouïa ; ‘divisés en tribus diverses (des Hennecha, des 
Aractas, des Segmia ; etc. ), ont consérvé Ia vie nomade dans les riches 
plaines qui s'étendent de Tunis au sud de Cohstantine , font aussi, au- 
tant qu'ils lepeuvent; disparaître les'arbres et jusqu'aux moindres brous- 


sailles. Ces Kabyles nomades, pour le dire érf'passant, parlent un autre 
dialecte que les Kabyles du nord. 


( gor ) 

» Ce qui prouve que les bois viendraient dans cette région tout aussi 
bien que dans celle du nord; c’est que: partout où il y à üune habitation 
stable, marabout, mosquée ou maison de campagne, près de Constantine 
on voit des palmiers, müriers , citronniers et figuiers réunis dans les mêmes 
vergers aux abricotiers, cerisiers , noyers, et sur le bord des eaux de m:- 
gnifiques peupliers trembles; et plusieurs variétés d’ormeaux, etc. Dans 
une petite vallée profonde et fraiche des montagnes de Tchataba, à trois 
lieues sud de Constantine, j'ai trouvé des arbres magnifiques, notamment 
d'immenses peupliers et ormes entourant la demeure d’un marabout: et 
le saint hermitage eût été réputé situé dans une position délicieuse ménie 
dans les plus beaux cantons de la France. Les flancs de la vallée étaient 
couverts de superbes chênes verts; mais de pareilles exceptions sont bien 
rares, et du sommet du Mansourak on nevoit dans un immense horizon 
qu'un seul arbre bien connu comme une singularité à droite de la route 
de Milak. 

» Vous aurez été sans doute surpris en apprenant que les palmiers ac- 
quierent une grande croissance aux environs de Constantine, où l’on m'a 
assuré que leurs fruits arrivaient à la plus complète maturité. Cependant 
Constantine est à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, et les mon- 
tagnes voisines atteignent à 1200. Les températures des sources et citernes 
indiquent 15 à 16° pour moyenne. J'ai fait à l'égard de la croissance si 
belle de ces palmiers une observation qui explique le phénomène. Ces 
beaux arbres, qui mürissent , ne croissent que près des sources thermales 
tres nombreuses aux environs de Constantine et dont la température ne 
varie que de 27 à 29° centigrades, quelques-unes formant des ruisseaux 
tiedes; ainsi le lieu que je regarde comme la station romaine ad palmas , 
est encore ombragé de magnifiques palmiers dont le pied est presque bai- 
gné dans les eaux tièdes de l’Æin-el-Hammah. 

» J'ai trouvé notre chêne Rowre mêlé au chéne vert dans la forêt qui 
couvre le sommet du Mahouna à 1150 mètres. Le chêne-liége ne s'élève 
pas à une si haute région. Aucun de ces arbres n’atteint à cinq pieds de 
circonférence : ils sont dépourvus de lichens. Il est impossible de voir, 
même d'imaginer de plus belles prairies naturelles que celles où nous avons 
campé durant les douze jours de notre excursion chez les 4ractas. Nos 
chevaux en avaient jusqu’au ventre; nulle part on ne leur voyait les jambes. 
Après les nombreuses graminées qui les forment, ce sont les légumineuses 
qui y dominent. J'y ai distingué au moins trois Luzernes, plusieurs Hedy- 
sarum , entre lesquels celui qu'on cultive dans nos jardins pour la beauté 

CR. 1938, 18r Semestre. (L. VI, N° 26.) 123 


( go2 ) 

de ses fleurs (probablement le Coronarium); beaucoup d'astragales et de 
trèfles , deux viscia, et ce que je prends pour deux espèces de fèves. Il y 
a aussi plusieurs ombellifères, notamment une carotte sauvage. Souvent 
le tout est mêlé; d’autres fois certaines espèces se réunissent et se grou- 
pent à part par grandes places, et alors leur floraison colore très bizar- 
rement Ja campagne par tapis verts, rouges, blanchâtres ou jaunes. Quand 
ce sont les carottes qui dominent on les reconnaît de loin à des nappes d’un 
vert très pâle qui indiquent en outre un sol profond et frais. Ailleurs les cru- 
cifères dorent exactement les pentes sèches des côteaux. Des mauves et un 
joli lizeron teignent en bleu ou en violet päle le fond des vallons, surtout 
aux lieux 1où lés Arabes ont naguère campé ; mais de toutes ces plantes, 
celle qui produit le plus brillant effet est le samfoin quand il croît sociale- 
ment : on dirait des plaques du plus beau carmin étendues sur la campagne. 
Tel est, du moins au printemps, l’aspect de cette contrée que la plupart des 
écrivains se plaisent à nous peindre comme couverte de sables mouvants. 
Vienuent ensuite les chardons, qu’on pourrait nommer la manne du pauvre 
Arabe; ils en mangent non-seulement l’artichaut, mais, comme nous l’a- 
vons vu faire aux pauvres Grecs, les jeunes tiges dépouillées de leur écorce 
amère. Ce sont à certaine époque les plantes les plus répandues et qui 
pourraient même servir à caractériser la région botanique. Entre le grand 
nombre d'espèces ou variétés que j'y ai vues, j'en ai mangé, souvent avec 
grand plaisir , plusieurs dont quelques-unes enrichiront certainement 
quelque, jour notre horticulture:,». 


MÉCANIQUE. — /Vouvelle solution du problème de l'attraction d'un ellipsoïde 
hétérogène sur un point extérieur; par M. Cnasrss. 


« Dans mon précédent Mémoire, dont l'Académie, dans sa séance du 
11 Juin, a ordonné l'insertion dans le Recueildes Savans étrangers, j'ai fait 
un exposé historique des travaux des géomètres qui se sont occupés de 
cette question. Je ne reviendrai point ici,sur cet objet. Je me propose seu- 
lement de présenter une nouvelle solution différente de la première, qui 
n'exige pas comme celle-ci la connaissance de plusieurs propriétés nou- 
velles des surfaces du second degré. Dans ce nouveau travail, je ne com- 
parerai plus de molécule à molécule les attractions des deux ellipsoïdes 
de Maclaurin, je les comparerai tout d’abord de couche à couche. 


» 4. La seule proposition de géométrie dont j'aurai à faire usage est la 
suivante : 


( 903 ) 

Quand: deux ellipsoïdes ont leurs sections principales décrites des 
mêmes foyers, si sur le premier on prend arbitrairement deux points S, m, 
et sur le second, les deux points corrEsPoNDANTS S', m'; les deux droites 
Sm', S'm seront égales. 

» j'appelle points correspondants, comme M. Ivory, deux points situés 
sur les deux ellipsoïdes, qui ont leurs coordonnées, dans le sens de chaque 
axe, proportionnelles aux diamètres des deux ellipsoïdes, parallèles à cet 
axe. 

» La démonstration géométrique de ce théorème est facile; je l’ai donnée 
dans une Note (1) où je me proposais de démontrer par de simples con- 
sidérations de géométrie le beau théorème de M. Ivory, que j'envisageais 
sous un énoncé plus général que celui que lui a donné cet illustre géo- 
mètre. Je ne reproduirai pas cette démonstration. Je n’ai pas besoin non 
plus de montrer que la proposition en question se vérifie aussi par un cal- 
cul très simple. 

» 2. Concevons deux surfaces du second degré A, B, semblables entre 
elles, semblablement placées et concentriques; soient 4, b, c les trois 
demi-diamètres principaux de la première, et na, nb, nc ceux de la se- 
conde : les équations de ces deux surfaces seront 


atptaTe 


A 


» Concevons que à chaque point m de l’espace, dont x, y, z sont les 
coordonnées, corresponde un point =” qui ait pour coordonnées x’, y’, 7’, 
et qu’on ait les trois relations 
Ris. se ca 
2 TG he Te b 


a!, b', c’ étant trois coefficients constants. 
» Aux deux surfaces proposées correspondront deux autres surfaces 
A', B! qui sont deux ellipsoïdes semblables entre eux, et semblablement 
placés, et dont le; rapport de deux diamètres homologues est 7 comme 
dans.les deux, premiers ellipsoïdes., ,,,:., 
» 3. Ces deux surfaces jouissent de bete propriété que : une partie 
quelconque du volume compris entre EE , est à la partie correspondante du 


(1) Approuvée par FAsadenie dans sa séance du 2 février 1835, sur le rapport de 
MM. Lacroix et Poisson. - 


123. 


( 904 ) 


volume compris entre les deux premières ; dans le rapport constant 


» En effet, l'élément de volume en un point (x, y,z) du premier 
corps a pour expression dx dy dz, et l'élément de volume correspondant 
dans le second corps est dx’ dy’ dz'. Or, les expressions de x’, y", z' en fonc- 
tion de x, y, z donnent 

’ 


a'b'c' 


dx’ dy' dz 


. dx dy dz; 


abc 
ce qui démontre la proposition énoncée. 


» 4. Supposons qu'on ait entre les trois coefficients indéterminés «&’,b',c' 
et les trois premiers &, b, c les deux relations 


Dan fa 
db = a? — bp, 


2 LS Xe 
Œ— = a — c°; 


les deux surfaces A , A’ auront leurs sections principales décrites des mêmes 
foyers, et il en sera de même des deux autres surfaces B, B/. 

» ©. Supposons que les deux premières surfaces À, B soient infiniment 
rapprochées l’une de l’autre; ce qui aura lieu si » est de la forme (1 —6), 
< étant un infiniment petit; ces deux surfaces envelopperont une couche 
ellipsoïdale infiniment mince C, dont A sera la surface externe et B la 
surface interne. Les deux autres surfaces A”, B' formeront pareillement une 
couche ellipsoïdale infiniment mince C’, dont A’ sera la surface externe et 
B’ la surface interne. 

» Remarquons de suite que. les épaisseurs des deux couches, suivant un 
méme axe central, sont entre elles comme les demi-diamètres de leurs sur- 
faces externes , dirigés suivant cet axe. Car soient a, a' ces demi-diamèé- 


tres, ceux des surfaces internes seront & — da, & — da'; et l'on a, par 


? 
— da da 


| - de 
hypothèse, * = EE (2), ou = ee Donc, etc. 


» Soient S, S’ deux points fixes pris sur les deux surfaces externes A, A° 
et correspondants entre eux; soient deux autres points de ces surfaces, 
m, m', aussi correspondants entre eux ; et soient dp, dv’ les éléments de vo- 
lume des deux couches en ces points 5», m'; on ‘aura; comme nous ve- 
nons de le démontrer (3), | 

dé" abc 


dy — abc" 


» Or, par la proposition (4) on a mS’ = m'S; donc 


( 905 ) 
dv , dv abc r. 


mS ‘ mS — abc’ 
£ : dv d'. ñ 
et, étendant les expressions =, —- à toutes les molécules des deux cou- 
ms’? ms 
ches, on aura 


dv dy’ abc 


HE C nsc) 


» Cette équation exprime une propriété des deux couches que nous 
considérons; et cette propriété suffit seule pour résoudre toute la question 
de l'attraction des ellipsoides. 


» 6. En effet, on sait que les coefficients différentiels de la fonction 
dv 4 d ; xd cu u 
2 5 Pris par rapport aux coordonnées x, y, z du point m, sont, avec 


des signes contraires, les composantes de l'attraction que la couche C 
exerce sur le point S’. Or, ce point est dans l’intérieur de la surface in- 
terne B de la couche; conséquemment, d’après un théorème bien connu . 


« & : : dv 
il n’éprouve aucune action de la part de la couche ; l’expression Z st CSL 


donc constante, quelle que soit la position du point S/ dans l’intérieur de 
la surface interne de la couche C. Donc, d’après l’équation ci-dessus, 


la fonction = 7 a une valeur constante, quelle que soit la position du 
my> 


point S sur la surface externe de la couche C:: 

» D'où l’on conclut ce théorème : 

» Si lon a une couche infiniment mince, comprise entre deux surfaces 
ellipsoidales concentriques, semblables et semblablement placées , la somme 
des molécules de cette couche, divisées par leurs distances respectives à un 
point pris au dehors de sa surface externe, est constante pour toutes les 
positions de ce point sur un ellipsoïde ayant ses sections principales décrites 
des mêmes foyers que celles de la surface externe de la couche. 


» La valeur de cette somme est 


COR UC dv 


m'S ” abc ms" 
aa UV OU (© 
abc ' - 
(*) Le rapport ze St le même que celui des volumes des deux couches; car celui- 


dx a! 


i pee t nous ayons vu (5) que l’on a — — 
est 77 7 et nous avons vu ($) q + ie 


( 906 ) 
» 7. Concevons une autre couche C” comprise entre deux surfaces sem- 
/ LR À 
blables et semblablement placées A", B", telles que la première A" ait ses 
sections principales décrites des mêmes foyers que celles de la surface 
externe À de la couche C, et qu'il en soit de même entre B’et B; soient 
S' et m" les points qui sur cette couche correspondent aux points S, m 
de la couche C; on aura 
dv" AE a'b"c" L dv 
m'S abc ms"? 
a", b',c" étant les demi-diamètres principaux de la surface A”. 
» Or, les deux points S$’, S” étant dans l’intérieur de la surface interne 
de la couche C, on a, d’après ce que nous avons dit (6), 


ss Car es : dv 
MS 0 19" © 
» Les deux équations ci-dessus donnent donc 
d, LA 
ne se 
mS _ ab'e 
sodel oh 14%b'c'| 
pAEEE 
m'S 


» Ce qui exprime ce théorème : 

» Quand on a deux couches ellipsoïdales infiniment minces, comprises 
chacune entre deux surfaces semblables et semblablement placées, et 
dont les surfaces externes sont décrites des mêmes foyers , ainsi que les sur- 
faces internes ; si l'on fait la somme des molécules de chaque couche , 
divisées par leurs distances respectives à un, point fixe extérieur aux 
deux couches, ces deux sommes seront entre elles comme les volumes des 
deux couches. 

» 8. Ce théorème et le précédent ; qui sont des propriétés géométriques 
des couches ellipsoïdalés infiniment minces; sont susceptibles d’autres ex- 
pressions qui seront des propriétés des attractions que: ces couches exer- 
cent sur des points extérieurs, et qui conduisent facilement au théorème 
de Maclaurin et à l'expression de l'attraction d’un ellipsoïde hétérogene. 

» g. En effet, nous avons vu par le théorème (6), que l'expression 


dv’ le . 
>> _ a une valeur constante pour toutes les positions du point S sur la sur- 
m 


face À; cela prouve, comme on sait, que cette surface est normale à la 
direction de l'attraction que la couche C' exerce sur le point S; on a 


donc ce théorème : 
» L'attraction qu'une couche infiniment mince comprise entre deux ellip- 


(907) 
soides semblables, semblablement placés et concentriques, exerce sur ur 
point extérieur, est dirigée suivant la normale à l'ellipsoïde mené par ce 
point de manière que ses sections principales aient les mêmes Joyers que 
celles de la surface externe de la couche (*). 

» 10. Ce théorème fait connaître les surfaces de niveau relatives à 
l'attraction de la couche. Il a une application immédiate -à la théorie de 
l'électricité et à la théorie de la chaleur en mouvement dans une enve- 
loppe solide homogène terminée par deux surfaces du second degré dé- 
crites des mêmes foyers, et soumises à des sources constantes de chaleur 
et de froid. Ce que jai fait voir dans deux Mémoires imprimés dans le 
XXV° cahier du Journal de l'École Polytechnique. 

» Il résulte, en particulier, de ce théorème que la surfacë externe de 
la couche est elle-même une surface de niveau , c'est-à-dire que l’attrac- 
tion que la couche exerce sur un point situé sur sa surface externe est 
dirigée suivant la normale à cette surface. 

» Â1. L'équation du n° 7 donne 


dy ds” 
me ms. £ m'S sur d'b'c' 
FT Lou . dx = a"b"c" e 


» L’axe des x a une direction quelconque; cette équation prouve donc 
que : 

» Deux couches ellipsoïdales infiniment minces dont les surfaces ex- 
ternes ont les mêmes foyers, ainsi que leurs surfaces internes, exercent 
sur un même point extérieur des attractions dont les composantes , esti- 
mées suivant une même droite quelconque , sont entre elles comme les vo- 
lumes des deux couches. 

» 12. 1l résulte de là que : Les attractions effectives des deux couches 
sur un même point extérieur, ont la même direction et sont entre elles 
comme les volumes des deux couches. 


(*) M. Poisson, dans son Mémoire de 1833 (Mémoires de l'Académie des Sciences , 
t. XIIT), a obtenu une autre expression de la direction de l'attraction de la couche, 
qu’il a trouvée coïucidante avec l’axe principal du cône circonscrit à la couche , ayant 
son sommet au point attiré. L'identité du résultat que je viens d’obtenir par une autre 
voie, avec celui de l’illustre analyste, s'aperçoit au moyen d’un théorème que j'ai 
démontré depuis long-temps , et qui fait partie des nombreuses propriétés des sur- 
faces du second degré décrites des mêmes foyers, que j’ai données dans mon Apercu 
historique sur l’origine et le développement des méthodes en géométrie. (Voir p. 392: 
art 32.) 


(908 ) 

» De ce théorème on passe sans difficulté au cas de deux couches d'é- 
paisseur finie, comme je l'ai fait dans mon premier Mémoire ; et ensuite 
au cas de deux ellipsoïdes; ce qui exprime le théorème de Maclaurin. 

» A3. Il nous reste à déterminer l'attraction d’une couche sur un point 
extérieur. Nous connaissons par le théorème (9) la direction de cette at- 
traction. Quant à son intensité, sa détermination se ramène, d’après le 
théoreme (44), à celle de l'attraction d’une autre couche dont la surface 
externe passerait par le point attiré. 

» Je prends pour l'élément de volume de la couche la partie comprise 
dans un petit cône ayant son sommet au point attiré S. Soit Sm une arète 
de ce cône, et mm’ sa partie interceptée entre les deux parois de la cou- 
che, soit & l'élément superficiel que le cône intercepte sur une sphere 


ayant son centre en S et son rayon égal à l'unité; r.Sm sera l'élément su- 
perficiel intercepté sur la surface externe de la couche par le petit cône; 


et le produit de &,Sm multiplié par l'élément rectiligne mm" sera le volume 
dy; ainsi l'on a dy = mm. Sm.s. L'attraction exercée par cet élément de 


d , Ve 
volume est donc p =, = p mm’. 0; p étant la densité de la couche sup- 
m 


posée homogène. 


/4 
/ 


» Menons par le centre O de la couche la droite SO qui rencontre la sur- 
face externe aux points d, D; et soit Ou le demi-diamètre de cette surface 
parallèle à la droite Sm; on aura, par une propriété connue des sections 


coniques, 


ou bien, en appelant G le point milieu de la corde mn, 


TR Te A 
œ 0) 0D 


( 909 ) 
» Si l'on applique cette relation à la surface intérieure de la couche, qui 
est semblable à! la-surface externe et, semblablement placée, le point G 
restera le même, suivant une propriété connue des sections coniques; le 


Ox 
rapport 55, restera aussi constant ; et il n’y aura de variables, dans l’équa- 


tion, que les deux lignes Gm, OD; on a donc, en la différentiant, 


Gm.d.Gm —-%.0D.d.0D. 
OD 
—0 
rh 4 d:0D 
» La différentielle de Gm est le segment mm’ ; on a donc mm’ — = "D 


» Or, les deux surfaces de la couche étant semblables, le rapport == 0D 


est constant, quelle que soit la direction du demi-diamétre OD ; on a donc 


d.OD _ da, : alé asc pl 0 
="; a, étant le demi-diamètre principal de la surface externe de 


OD a, 


5 Ox d 
la couche. Donc, mm’ — Ow da: 2 ——;ou mn= 72. Où. = . Et l'attraction exer- 
Gm° a, Sm 

cée par le volume d devient 
da, Où 
ap 
a, Sm 


» Supposons maintenant que le point S soit infiniment voisin de la sur- 
face externe de la couche; menons la normale SAA' à cette surface et le 
derni-diamètre Oz qui lui est parallèle; on aura 


—)2 


OU D GG sn 
SmSn. SAJSA? ‘, Sm «(A SA” 


» Or, on a dans le petit triangle SA'n rectangle en A’, SA’ = Sn. cos nSA’ 

— 4 — 3 

= Sn.cos 8. Donc # — _%_. L'attraction de l'élément de devient 
Sm  SAcosô' 

donc 

1 da, Ox Rs 
É a, ‘ SA ‘cos6” 
Et la composante de cette attraction suivant la normale SA est 


à da; Où 

- "SE 
» La composante de l'attraction totale de la couche, qui sera son attrac- 
tion effective, d’après le théorème (9), est donc la somme des valeurs que 


124 


C.R. 1838, re" Semestre. (T. VI, N° 26.) 


(gro ) 

prend cette expression pour tousiles éléments de volume de la couche: Or, 
il n’y a de variable, dans cette expression, que 9; il fautidonc prendre la 
somme dés éléments de surface de la sphère. Cette somme doit être éten- 
due à la demi-sphère déterminée par le plan tangent en S, à la surface ex- 
terne de la couche; et l’on doublera le résultat, parce que, outre l’élément 
de volume situé en m, à l'extrémité du rayon Sm, il ÿ en a un second 
en », contigu au point S , et dont Fattraction est la même que celle du 
premier. Il fant donc Re la surface entière de la sphère, qui est 47. 
Ainsi, l'attraction exercée par la couche sur le point, est 

da; Oz ni 
odios sl sl 


2 


(07 
» On pent remplacer le rapport constant <C par! une expression plus 


simple. Pour cela, que dans amenés 


ur 
Sm  SA.cos0 


on suppose que la droite Sm passe par le centre de la couche; il 
viendra 


2 


Od Oz. à 4 OS.cos OSA O7 
ST PRE TL eee 2 NES 


» Par le centre O menons un plan perpendiculaire à là normale SA , et 
la rencontrant en P;. on aura dans le triangle rectangle SOP, 


DE 


SP — OS$.cos OSA. Donc Le = } SP; et l'attraction de la couche sur un 


point à sa surface, devient 


da sp, 


grp— 


» 14. Maintenant supposons cr ait une seconde couche infiniment 
mince , comprise, comme la première, entre deux surfaces semblables et 
sem blablement placées, et ayant, respectivement, les mêmes foyers que 
les deux surfaces externe et interne de la,premiere couche,-comme dans 
le théorème (7), et supposons cette seconde couche intérieure à la pre- 
mière, pour que le point S soit en dehors. L’attraction exercée par cette 
seconde couche sur le point S aura la même direction que l'attraction 
exercée par la première; ét ces attractions seront entré elles comme les 
deux produits abc, abc, ; a,b,c, étant les trois demi-diamètres princi- 


(otr ) 


paux de la nouvelle couche. L’attraction exercée par cette couche est donc 


°da ;: be 
tn 0 
= )j 1 ! ; D 4.1 d F di : 5 £ 
Mais on a, comme nous l'avons dit (5), . — — il vient ‘donc 
da abc ';, 
A — |, == ., SP: 
LUE abc, ë 


» Telle ‘est l'expression qu'uné éouéhe éllipsoïdale ‘infiniment ’mince 
comprise entre deux surfaces semblables concentriques et sembläblement 
placées, exerce Sur un point éktérieur l'a,6}c sont les demi-diämètres 
principaux de la surface éxterné dé Ja couche, et &,;b; ce, les démi-diame 
tres principaux d’un ellipsoïde auxiliaire mené par le point attiré et ayant 
les mêmes foyers que la surface externe de la couche. 

» 15. Maintenant, pour calculer lattraction d’un ellipsoïde, je le re- 
garderai comme composé de couches infiniment minces, comprises cha- 
cune entre deux surfaces semblables. Jé prendrai les composantes, paral- 
lèles à trois axes fixes, de l'attraction exercée sur le point S par l’une de 
ces couches; et les intégrales des expressions de ces composantes seront 
les Composantes dé l'attraction tôtale de Fellipsoïde. 

‘5 Prenofis pour les trois axés fixes les axes principaux de l’ellipsoide 
proposé, qui seront ceux aussi de chacune des couches élémentaires. 
Soient x, y, z les coordonnées du point attiré S, rapportées à ces trois 
axes. L’attraction exercée sur ce point Par une couche dont a, b, c sont les 
trois demi-diamétres de la surface externe » est l'expression ci-dessus. Cette 
attraction est dirigée suivant la normale en S à l'ellipsoide auxiliaire dont 
&, b,, €, sont les demi-diamètres. Pour avoir ses composantes paralléles 
aux trois axes coordonnés, il suffit donc de connaître les angles que cette 
normale fait avec ces axes, Or, le Plan tangent à l’ellipsoide auxiliaire, au 
point S, rencontre l'axe, des x à une, distance du, centre qui.est égale 


« a; - | J'ai . y 1 t € 7 
a La perpendiculairé APAISSEE du centre sur ce pla tangent est égale 
à la ligne SP; on a donc, en appelant e l’anglé que cette perpendiculaire 
fait avec l’axe des Fa 


a ER SP:z 
SP— 7 cose; d’où cose = 


FD 
I 


Par conséquent , la composante de l'attraction de la couche sur le point S, 
parallèle à l’axe des x, est 


124., 


(912) 


abc SP 
a ee FUN 


PANEE 


Et la composante de l'attraction de l’ellipsoïde sera l'intégrale de cette 
expression, prise depuis a = o jusqu'à a — le demi-axe majeur de l'ellip- 
soïde proposé. 

» Or, il faut observer qu'il n’y a que a de variable indépendante dans 
cette expression; car les autres quantités d, c,a,,b,, c, et SP dépendent 
de la valeur de a; il faut donc exprimer toutes ces variables en fonction 
d’une seule. 

» Soient À, B, C les trois demi-diamètres principaux de l’ellipsoide pro- 


posé; la surface externe de la couche qu’on considère étant semblable à cet 
ellipsoide , on a 
B 


b—a:; 


C—= a £ 
= a. 
» L’ellipsoïde auxiliaire passe par le point S dont les coordonnées sont 
æ,7, 3; on a donc l'équation de condition 
ca 2 s 
ai Sen 
» Or, cet ellipsoide a ses sections Si décrites des mêmes 
foyers que celles de la surface externe de la couche; on a donc les deux 


relations 


b—a = — «, ci — ai = c° —à, 
ou 
2 2 B° 2 2 C° 
Bæa+a(s—i), a=a+a(t—:) 
Et la condition ci-dessus devient ' 
2 2 2 
re 


% a + æ x) a? + a (1) 
Cette équation établit la relation qui a lieu en à, et a. 
» Enfin, la ligne SP est égale à la perpendiculaire abaissée du centre 
sur le plan tangent à l’ellipsoïde auxiliaire, mené par le point S; on à 
donc, comme on sait, 


ou 


sx 


DE re) 


(913) 
Ainsi nous connaissons les six relations qui ont lieu entre les sept varia- 
bles a, b, c,a, b,, c;, SP. 
» Pour exprimer toutes ces variables en fonction d’une seule, nous fe- 


a . . . A . “ 
rons —=u. La relation ci-dessus entre à, et a devient, par l'élimination 
Le 
a 
de = 7 


EM ddr ane Gad 
Li B: Li CE ; 
SE mi) e+(e ) 
» Différentiant par rapport à # et à a, et mettant le rapport 


—= à la place de l'expression qui lui est égale, on a 
SP 


» D'après cela, l'expression de la composante de l'attraction de la 
couche élémentaire devient 


b 
ATP x. = du, 


ou, en mettant à la place de 6,0, b,, c,, leurs valeurs données ci-dessus, 
4ae x BC D Mens os Me de, 
VA + u° (B°— A°) V/A°—+u(C?—A:) 

C’est cette expression qu’il faut intégrer pour avoir la composante de l'at- 


traction de l’ellipsoïde. Les limites de l’intégrale doivent répondre aux 
a 


valeurs 4 =0,a= A; or, ona u —=—, elles seront donc x = o et 


a 


A, étant le demi-axe majeur de l’ellipsoïde décrit des mêmes 


__À 
U= TT) 
foyers que l’ellipsoïde attirant et mené par le point attiré. Ce demi-axe A, 
sera déterminé par l’équation 
be dns nus AUDI 
AE TA + BAS AT CA) 


» Ainsi, la composante de l'attraction de lellipsoide supposé homogène, 
parallèle à l’axe des x, est 
u°du 


A 
re x BC À —— ee À 
RC PE ae Ven 


» La valeur de À,, d’où dépend la limite de l'intégrale, sera la plus 


( 914 ) 


grande racine de l'équation'ci-dessus, parce que les deux autres racines 
seront les demi-axes majeurs des deux hyperboloïdes, à une et à deux 
nappes, quipassent par le point attiré et qui sont décrits des mêmes 
foyers que l’ellipsoïde mené par ce, point, et que l’on sait, par des consi- 
dérations de géométrie, que ces deux demi-axes sont plus petits que celui 
de l’ellipsoide. 

» On aura des expressions semblables à la précédente pour les compo- 
santes de l'attraction de l’ellipsoïde, parallèles aux axes de y et des z:je 
les omets ici pour abréger. 

» 16. Je passe au cas de l'ellipsoide hétérogène, en supposant, que 
chacune de ses couches élémentaires soit de mème densité dans toute 
son étendue, et que cette densité soit une fonction du demi-axe majeur 
de la couche divisé par le demi-axe majeur de l’ellipsoïde ; de sorte qu’on 


a 2 ï F x | : = 
aura p = F (). Or, l'équation ci-dessus, d’où dépend la valeur particulière 
de w correspondante! à la, couche, donne l'expression suivante du rap- 


a . 
port + en fonction de u, 


2 AFS PPT LUE 
Fr = A2-Lu(B— A*) Az 72 (C2—A°) 
on aura donc 


= rs + peer l} 


Et la composante de l'attraction de! l’elipsoïde,,! parallèle à l'axe des æ, 
sera 


A 

À; je 
FAR 8 E ju MHRREEE TO Are à Le ne 
k ô VAL (Bi À) VA ut (C— A:), 


» Si l'on suppose la densité de chaque couche en raison inverse du 
a , = , st Ê . 
rapport +, hypothèse que plusieurs géomêètres-ont faite au sujet de la 


masse de la Terre, cette intégrale s’obtiendra en termes finis. 1l en sera 
de même pour diverses autres suppositions sur la forme de la fonction F. 

» 47. On voit que l'intégrale ne contenant le coefficient A, que dans la 
limite supérieure, et non dans la partie à intégrer, on aura immédiate- 
ment et sous uné mémé forme, la formule relative à l'attraction d’une 
couche d'une épaisseur finie, comprise entre deux ellipsoides. semblables 


(915) 


et Semblablement placés: Cette formule sera 


Ê. sn à 2 1 
re. [rester 
a VA (BA) VAT u° (CA) 

A, et a, sont les demi-axes majeurs des deux ellipsoïdes menés par le point 
attiré , dont le premier a les mêmes foyers que la surface. externe de la 
couche, et dont le deuxième a les mêmes foyers que sa surface interne, 
dont a est le demi-axe majeur. 

» Pour donner à cette formule la forme sous laquelle on présente or- 
dinairement l'attraction d’un ellipsoïide homogène, où le coefficient A, 


: Déc en-#2 A fie 
entre dans l'expression à intégrer, on fera u — à et il viendra 
u 


I 2 2 2 z 
po L'Svpongrr suoh En Te L 
a ABC, nn A? PNEU ra A+ (CA) | dv 
À She VAT + v°(B:— A°), W.A% + v2(C:— À:) ù 


» Dans mon premier Mémoire, je suis entré dans d’autres détails qu'il 
est inutile de reproduire ici, la question de l'attraction d’un ellipsoide hé- 
térogène sur un point extérieur se trouvant résolue complétement. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les produits pyrogénés du succin. 


MM. PerzeTiER et WALTER font connaître quelques-uns des résultats 
auxquels ils sont parvenus dans un-travail dont ils se proposent de sou- 
mettre prochainement l’ensemble au jugement de l'Académie. 

« Au nombre des substances que nous avons obtenues et dont nous 
avons fait l'analyse, il en est une, disent les auteurs, qui nous a paru 
digne de remarque. C’est une substance blanche cristalline à peine soluble 
dans lalcool et l’éther, susceptible de prendre une couleur bleue très in- 
tense par l'acide sulfurique. 

» Voici les données de l’analyse que nous en avons faite : 


Matière..:......... 0%,94 
Acide carbonique.... 0 ,83 
Eau else 0 ,122 


» Si l’on calcule cette analyse d’après le poids atomique attribué jusqu'ici 
au carbone, on trouve pour sa composition 
Carbone. .......... 95,69 
Hydrogène. ........ 5,64 


101,13 


(916) 


» On voit ici qu'on a dans l'analyse une surcharge de 1,13 p. 100. Mais 
en prenant le poids atomique proposé par M. Dumas, C = 38, poids que 
M. Dumas est porté à considérer comme encore un peu élevé, nous 


avons 
Garbone! 2.77 1N.%. + 95,20 


Hydrogène, ....,., 5,60 


d'ou nous tirous la formule : 


CH —=/Carbone." ...... 94,9 
Hydrogène...... 15,1 
100,0 


» Cette substance a donc la même composition que l’Idrialène et peut 
ètre représentée par la même formule; elle en présente d’ailleurs toutes 
les propriétés. Nous aurions donc retrouvé l’Idrialène de M. Dumas, cette 
substance si rare qui ne s’est jamais présentée que dans un minerai dont 
le gîte est perdu, et qu’on ne rencontre que dans un petit nombre de 
collections minéralogiques. Tontefois, avant de nous prononcer sur l’en- 
tière identité de l’Idrialène de M. Dumas avec la matière que nous avons 
trouvée dans le succin, et que nous nommerions succistérène si elle n’était 
qu'isomérique avec celle-ci, nous attendrons que nous ayons pu com- 
parer expérimentalement ces deux substances, si, comme nous l’espérons, 
un échantillon d’Idrialène nous est remis. » 


Extrait d'une lettre de M. Gay à M. Élie de Beaumont. 


« Mes recherches géologiques se continuent toujours avec le même zele 
et la même persévérance. Après avoir visité les provinces de Valdivia, Illapel, 
Chiloë, Coquimbo, etc., je suis venu habiter la petite ville de Los-Andes, 
pour être plus près des Cordilières et pouvoir parcourir ces montagnes 
sous tous les points de vue. Plusieurs fois je les ai traversées, et toujours 
je me suis convaincu que le trachyte, du moins dans le Chili, était loin 
d'avoir donné naissance à ces immenses montagnes. Cette roche est en 
effet toujours peu abondante, rare aux parties latérales des Cordilières ; 
elle ne se trouve reléguée qu’au centre où elle couronne quelques pics ou 
quelques sommités; en méditant attentivement sur la part qu'ont prise 
ces roches sur la forme de cette vaste chaîne, je me vois forcé de leur 
faire jouer un rôle tout-à-fait secondaire; je trouve que leur apparition 
n’a fait que modifier ce que les Eurites, les Diorites, Phonolites associées 
à la Siénite, avaient déjà depuis long-temps formé. Dans cette suppost- 


(917) 

tion, je me fonde sur ce que l’ossature de ces montagnes est presque en 
totalité composée de ces dernières roches. Partout on les rencontre avec 
“une profusion étonnante, alternant le plus souvent ensemble et avec des 
breches des terrains intermédiaires, et souvent aussi avec différentes ec- 
pèces de Siénite, ce qui donne lieu alors à ce terrain que M. Beudant a 
appelé terrain de Siénite et de Grunstein porphyrique. Quant à l’âge de ce 
terrain, ou, ce qui revient au même, à l’époque du soulèvement de ces 
montagnes, rien, jusqu’à présent, n’a pu me faire résoudre d’une maniere 
bien évidente cet intéressant problème. Malgré les nombreuses recherches 
que j'ai eu l’occasion de faire dans le seul but de rencontrer quelques 
preuves zoologiques ou pétrologiques de l’époque moderne du souleve- 
ment des Cordilières , il m'a été impossible de rien trouver de bien satis- 
faisant à cet égard. Tous les terrains coquilliers que j'ai eu occasion d’ob- 
server, appartiennent à ceux que les géologues appelaient, il n’y a pas 
long-temps, terrains intermédiaires et secondaires ; ce sont toujours des 
Gryphites, des Térébratules, des Ammonites et autres coquilles aujourd'hui 
perdues, qu'on y rencontre. C’est ainsi que dans les Cordilières d’Elqui 
et à une hauteur absolue de 4317 mètres, j'ai pu étudier un terrain ju- 
rassique, parfaitement caractérisé, avec ses oolithes, ses ammonites, téré- 
bratules, etc..., etc, etc. Il était presque horizontal, superposé à une 
brèche intermédiaire et recouvert par le grunstein porphyrique, lequel 
était lui-même recouvert par le trachyte. Près de Rivadavia un autre ter- 
‘rain calcaire plus moderne, composé principalement de pectens et d’hui- 
tres, est recouvert par un quarzite et ensuite par un grès, et est encore 
subordonné au grunstein porphyrique. Sa hauteur, au-dessus de la mer, 
n’est guère que de 929 mètres. 

» Dans les Cordilières d’Illapel, j'ai observé un autre calcaire rempli 
seulement de petits oursins dont les plus grands n’atteignent guère la 
grosseur d’une noix ; il est recouvert toujours par les grunsteins porphy- 
riques. Enfin, près le volcan de San-José (Cordilières de Santiago), je viens 
d'examiner un quatrième terrain coquillier, composé presque entièrement 
de Gryphites, de quelques Ammonites et de Dicérates : ici les couches 
sont tout-à-fait verticales, ou du moins très légerement inclinées du nord- 
nord-est au sud-sud-ouest, reposant d’un côté sur une diorite granitoide 
qu’il semble recouvrir, et de l’autre sur un quarzite qui, sur.certains points, 
paraïîtrait comme carié; je n’ai pas encore calculé sa hauteur, mais je puis 
vous annoncer qu'elle atteint presque celle de la neige perpétuelle. Si des 
Cordilières nous passons à la côte, nous trouvons alors presque à chaque 


C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 26.) 125 


(918 ) 


pas des terrains tertiaires, dont quelques-uns ont une grande analogie avec 
ceux du Vicentin. Ainsi sur la côte ouest de Chiloë, il existe un de ces 
terrains qui, lors de sa formation, a été singulièrement modifié par 
des éruptions volcaniques. Les laves se trouvent en effet au milieu de 
ce terrain , renfermant souvent des moules de coquilles, lesquelles exis- 
tent même lorsque ces laves ont pris la forme globulaire. en ai adressé 
plusieurs au Muséum d'histoire naturelle, à Topocalma, toujours sur la 
côte du Chili ; j'ai retrouvé ce terrain, et dans plusieurs autres endroits ; 
mais à Coquimbo, le terrain tertiaire est un peu différent et se lie plus 
particulièrement au soulèvement de cette côte, soulèvement que je ne 
crois pas avoir été brusque, mais bien insensible et tout-à-fait continu ; 
dans une de mes prochaines lettres j'aurai le plaisir de vous donner les 
preuves de ce fait. » 


Remarques de M. Éuie De BEaumowr à l’occasion de la lettre de M. Gay. 


« Indépendamment de l'intérêt que les recherches de M. Gay pourront 
acquérir en fixant complétement l'époque géologique des soulèvements de 
différentes dates et de différentes espèces qui ont agité et qui agitent en- 
core le sol du Chili, elles en offrent aussi beaucoup par leur rapproche- 
ment avec d’autres observations que M. Gay ne connaissait probablement 
pas au moment où il écrivait. M. Léopold de Buch, dans la revue de tous 
les volcans connus qu'il a jointe à l'édition française de son ouvrage sur 
les îles Canaries, dit, page 471, que M. Meyen en montant sur le volcan 
de Maypo, voisin de Valparaiso, y a rencontré des couches immenses 
presque verticales, de pierre calcaire, qui contiennent une quantité pro- 
digieuse de pétrifications, et qui s'élèvent au-delà de la limite des neiges 
perpétuelles. M. de Buch a examiné ces pétrifications, et il paraît résulter 
de leur nature que ces couches présentent à la fois des rapports avec le 
calcaire du Jura et la craie. La même analogie se déduit, dit M. de Buch, 
des pétrifications que M. Pentland à rapportées du pont de l’Inca, au pied 
du passage de Mendoza. 


» M. Léopold de Buch m'écrivait en outre de Berlin , en date du 13 mars 
1838 : « M. Degenhardt, natif de Clausthal, directeur des mines de Mar- 
» mato (Colombie), est arrivé ici avec une collection de belles pétrifica- 
» tions En combinant ce qu'il nous apprend avec ce que nous savons 
) da Pérou, par M. de Humboldt , nous avons des matériaux pour porter un 
» jugement approximatif sur les formations des Andes, depuis le golfe du 


(919) 

» Mexique jusqu’à Lima. Or, tout ce que nous avons ici sous les yeux rap- 
» pelle la craie, et l’on perd de plus en plus l'idée du Jura. M. Degenhardt 
» nous rapporte des Baculites des plus décidées, des Exogyres, semblables 
» à celles d’Aix-la-Chapelle, des Trigonies analogues à l’Ælæformis, des 
» Arches. Il n’y a que le Prerocera Oceani qui rappelle les étages supé- 
» rieurs du Jura, et peut-être encore l'Zsocardia excentrica. N'est:il pas 
» surprenant, ajoute M. de Buch, que ce Jura ne veuille se présenter 
» nulle part en Amérique? Il est bien décidé, maintenant, qu’il manqué 
» dans l'Amérique du nord, du moins depuis la mer Atlantique jusqu’aux 
» Rocky-Mountains ; il est sûr qu’il n’y a pas de Jura dans le Brésil, de- 
» puis les côtes jusqu'aux Andes. Qui sé serait imaginé que cette forma- 
» tion füt si rare? » 

» On voit par-là que si M. Gay a réellement reconnu au Chili le terrain 
Jurassique, sans mélange de caractères étrangers, il a constaté un fait 
nouveau pour le continent américain; mais les circonstances citées dans 
sa lettre, permettraient aussi de supposer qu’il a seulement reconnu ce 
grand système de couches où les caractères crétacés se rapprochent des 
caractères jurassiques dont M. de Buch parle dans les différents passages 
précités, et ce dernier fait offrirait lui-même beaucoup d'intérêt. 

» Quant à la position circonscrite des trachytes, observée par M. Gay, 
elle est conforme à ce que MM. de Humboldt et Boussingault ont vu dans 
la Nouvelle-Grenade et le Pérou. Tous ces faits tendent à confirmer les 
ressemblances de structure que M. de Humboldt a signalées dans la vaste 
chaîne des Andes, depuis le détroit de Magellan jusqu’à l'ithsme de 
Panama. » 


PHYSIQUE. — Sur les effets obtenus de barreaux magnétiques d'une certaine 
construction. Extrait d'une lettre de M. Scorxssy à M. Arago. 


«Depuis ma dernière communication (voir n° du r1 juin, p. 832) j'ai 
construit un barreau composé de 196 lames d'acier trempées de tout leur 
dur, et long de 15 pouces. Son énergie est six fois plus grande que celle 
des barreaux que j'avais formés avec des lames d'acier trempées à la ma- 
nière ordinaire pour ces sortes ‘appareils. Avec ce barreau j'ai aimanté, 
par influence, à la distance de r1 pouces, un clou de fer doux poli pesant 
500 grains, de manière à ce que ce clou püt à son tour en supporter 
un autre du poids de 389 grains. Ce même barreau peut soutenir, à tra- 
vers une plaque de marbre de 7 de pouces d'épaisseur, un clou pesant 194 
grains. » 


12h. 


( g20 ) 


ASrRONOMIE. — Ætoiles multiples ; par M. Mancer , professeur à l'Université 
de Berlin. 


La note adressée par M. Madler à M. Arago, a pour objet ces systèmes 
d'étoiles rapprochées les unes des autres ,animées les unes par rapport aux 
autres de mouvements relatifs, qu’on désigne sous le nom d’étoiles doubles 
ou multiples. En partant de ce point que, dans notre système solaire, le 
faible écartement des orbites planétaires de part et d’autre d’un même plan 
doit certainement son origine à une cause commune, M. Madler s’est de- 
mandé s’il n’existerait pas quelque chose de semblable, quant aux orbites 
des étoiles; si quelque cause générale n’aurait pas eu pour effet de les rap- 
procher du parallélisme, en donnant aux mouvements relatifs, par rapport 
à chaque centre, une même direction. Si cette idée est vraie, placés 
comme nous le sommes dans l'intérieur de la nébuleuse qui comprend 
toutes les étoiles que nous apercevons, les mouvements circulatoires des 
systèmes binaires ou multiples nous sembleront tous avoir lieu, pour une 
moitié du ciel dans un sens, pour la moitié opposée, dans le sens con- 
traire. La zone qui séparera les deux hémisphères célestes offrant chacun 
des mouvements en apparence inverses, devra ne présenter que des or- 
bites très allongées, dont les plans passeront presque par la Terre, par 
l'œil de l'observateur, déterminant ainsi le plan commun auquel toutes 
les autres orbites devront être à peu près parallèles. Cette zone, l’auteur 
la désigne sous le nom de zone équatoriale : les points du ciel distants de 
90° de cet équateur en seront les pôles. 

Si la cause que M. Madler cherche à faire ressortir existe réellement, 
mais que d’autres influences la modifient, des moyennes pourront seules 
la mettre en évidence. A cet égard, et pour multiplier le nombre des 
données, M. Madler fait observer qu'il ne s’agit ici que de sens de mou- 
vement; qu'il n’est, par conséquent, nullement nécessaire de connaître les 
éléments des orbites. La discussion peut ainsi comprendre un nombre de 
systèmes binaires, qui varie de cinquante à soixante, suivant que l’on ad- 
met ou que l’on rejette quelques cas douteux. 

Voici maintenant les principaux résultats : les orbites très elliptiques, 
au nombre de neuf, indiquent d’abord à M. Madler la zone équatoriale ; de 
partet d'autre, les mouvements, du moins le plus grand nombre, doivent 
être dirigés en sens contraire. Eh bien ! sur un nombre total de 51 groupes. 
34 confirment cette supposition, 17 lui sont défavorables. 


(2x ) 

Le pôle boréal de l'équateur stellaire serait situé par 73° d’ascension 
droite et 52° de déclinaison boréale. 

M. Madler remarque, en terminant, que la direction probable du dé- 
placement de notre Soleil, d’après un travail récent de M. Argelander, 
s’écarterait peu de sa zone équatoriale, et serait ainsi à peu près parallèle 
à la direction moyenne des plans dans lesquels circuleraient toutes les 
étoiles. 


MÉTÉOROLOGIE, — Sur les moyens de déterminer la position des étoiles 
Jilantes; par M. Cuarces-Louis pe Lirrrow. 


(Extrait d’une lettre de l’auteur à M. 4rago.) 


«........ Mes observations ont été faites avec un instrument fait 
exprès pour ce but-là. C’est un théodolite de bois, pourvu d’une règle 
toute simple au lieu de lunette; le zéro de la division horizontale est situé 
dans le méridien, De cette manière, l’on obtient immédiatement l’azimuth 
et la hauteur d’un point observé. On n’a jusqu’à présent jamais employé 
d'instruments pour l'observation des étoiles filantes; leurs positions ont 
été toujours déterminées au moyen d’alignements dirigés sur les étoiles 
fixes qui se trouvaient près d'elles. Peut-être a-t-on jugé impossible d’ob- 
server d'une autre manière des phénomènes d’une si courte apparition. La 
possibilité sera tout-à-fait établie par les expériences dont nous allons 
communiquer les résultats. L’œil retient assez long-temps l'impression 
qu'il vient de recevoir d'une étoile filante, pour qu’on puisse diriger 
aussitôt l'instrument aux points où elle a paru et au point où elle s’est 
éteinte. L'observation est exacte dans la limite de peu de degrés; elle 
est très commode et ne dure que quelques moments; enfin, est-elle éga- 
lement praticable au clair de la lune et dans un ciel presque couvert 
de nuages, circonstances qui, avec la méthode des alignements, empé- 
cheraient presque toute observation. Un autre avantage qui nous semble 
de quelque importance, c’est que de cette manière l'observation est à la 
portée de qui que ce soit, tandis qu'auparavant il fallait un astronome 
qui connût presque toutes les étoiles fixes jusqu'à la quatrième grandeur 
au moins. Il nous paraît hors de doute que l’on atteindra ainsi beaucoup 
plus promptement, le but désiré de mieux connaître ces phénomènes, Si 
l'on veut faire l'observation complète, on ne pourra pas se dispenser de 
trois observateurs dont chacun surveillera un tiers du ciel, et d’une qua- 
irième personne, qui sera chargée de noter les divisions, afin que celui 


(922 ) 
qui a observé le phénomene ne perde pas la mémoire de la position re- 
marquée, à force de détourner les yeux. Enfin il sera bon de se pourvoir 
de deux instruments pour le cas d’apparitions très fréquentes. » 


oPTIQUE. — Flint-glass de M. Guixano. 


M. Arago met sous les yeux de l’Académie, de belles masses de flint-glass 
provenant d’une fonte pendant laquelle lui et M. Dumas ont été témoins 
des procédés dont M. Guinand fait usage pour éviter les stries. M. Guinand 
a divulgué, sans réserve aucune , tout ce que sa longue expérience lui a 
appris, et a autorisé, en cas de mort, M. Dumas à le publier. M. Guinand 
serait même disposé à mettre dès ce moment les verriers en possession 
de ses méthodes, si on lui accordait la plus modeste pension viagère. 
M. Arago espère que l'offre de l'habile artiste sera acceptée par le Gouver- 
nement : la science et une industrie encore très imparfaite, y sont égale- 
ment intéressées. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Température des couches terrestres croissant avec 
la profondeur. 


MM. Creer et Wurras adressent des observations de température à di- 
verses profondeurs, faites avec le thermomètre à déversement, dans un 
puits foré de Cessingen, près de Luxembourg. Il résulterait de ces obser- 
vations un accroissement moyen de un degré centigrade par 13,2. « Ce 
résultat, si peu en rapport avec ceux que l’on a généralement obtenus, 
nous fait craindre, disent les auteurs, qu’il n’y ait eu dans nos expériences 
quelques causes d'erreur que nous n’ayons pas encore aperçue, et nous 
nous proposons de les répéter avec un physicien bien connu de lAcadé- 
mie, M. Welter, dont l’arrivée dans ce pays doit être très prochaine. » 


M. Gzais-Bizoin demande au nom de son beau-frère, M. d’Abaddie , qui 
voyage en ce moment en Abyssinie, que l'Académie veuille bien confier 
à cet observateur les instruments qu’elle avait déjà mis à sa disposition 
pendant son voyage au Brésil, afin qu'il puisse poursuivre ses recherches, 
soit dans ce pays même où il séjournera deux ans, soit dans l'ile de 
Soccotora où il doit se rendre avant de revenir en France, et qui parait 
être une station intéressante pour les observations relatives au magnétisme 
terrestre. 

La lettre de M. Glais-Bizoin sera renvoyée à la Commission adminis- 
trative. 


(923) 


M. Worws, en adressant pour le concours au prix de médecine et de 
chirurgie, fondation Montyon, son ouvrage sur l'hygiène et le traitement 
des maladies dans l'Algérie (voir au Bulletin Bibliographique), indique , 
conformément à la disposition prise par l'Académie pour les pièces des- 
tinées à ce concours, les parties de son travail qui lui semblent devoir ap- 
peler particulièrement l'attention de la Commission. 


La séance est levée à 5 heures. A. 


Errata, (Séance du 18 juin.) 


Page 843, deuxième formule en remontant, au dénominateur, + 4 ke — sin Z', lisez 


+ 4 KP + sin Z'’ 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 1° semestre 1858, n° 25, in-4°. 

Annales des Sciences naturelles; tome 9, février 1838, in-8°, 

Premier et deuxième Rapport sur la Théorie du Puits artésien de 
M. Vioicer; par M. le vicomte Hénicarr 0e Taury; in-4°. 

Rapport sur le desséchement et la mise en culture des Terres et Ma- 
rais de la vallée de l Authion (Maine-et-Loire); par le même; in-8. 

Second Mémoire sur la Bibliothèque royale, sur l'emplacement où elle 
pourrait étre construite et sur la meilleure disposition à donner aux grandes 
bibliothèques publiques , avec une planche ; par M. Deresserr; 1838, in-4°. 

Mémoires sur l'attraction des Ellipsoïdes; par M. Cnasxs, in-4°, 

Mémoire sur l'attraction d'une couche ellipsoïdale infiniment mince ; par 
le même; in-4°. e 

Notices statistiques sur les colonies Jrançaises , imprimées par ordre de 
M. le Ministre de la Marine, M. le vice-amiral DE Rosauez; 2 vol. in-8°, 

Sept années en Chine, nouvelles observations sur cet empire; par M. P. 
Bovet, traduit du russe par M. le prince Em. Gaurzan; Paris, 1838, in-S°. 

Exposé des conditions d'Hygiène et de traitement propres à prévenir les 
maladies et à diminuer la mortalité dans l'armée en Afrique et spéciale- 
ment dans la prosincede Constantine ; par M. Wonws; Paris, 1838, in-8°, 
(Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) 


( 924 ) 

Recherches sur la destruction de l'Alucite ou teigne des grains; par 
M. Herr, de Metz; Paris, 1838, in-8°. 

Galerie ornithologique des Oiseaux d'Europe; par M. D'Onsienyx; 58° 
livraison in-4°. 

Études géologiques faites aux environs de Quimper, etc. ; par M. Rivière; 
Paris, 1838, in-8°. 

Nouvelles Recherches physiologiques sur les éléments de la parole qui 
composent la langue française, etc.; par M. Derrav; in-8°. 

Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine- 
et-Loire; n° 2 et 3, 0° année, in-8°. 

Revue critique des livres nouveaux; par M. Caersuuiez; juin 1838, 
in-8°. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; feuilles 21 
—24, in-8°. 

Address to.... Discours prononcé à la séance annuelle de la Societé 
royale géographique de Londres, le 21 mai 1858, par son président M. W. 
HamicTon ; in-68°. 

The journal... Journal de la Société royale géographique de Londres ; 
vol. 9, partie 2°, in-8°. 

Versuche über.... Recherches sur la densité moyenne de la Terre; par 
M. Reicm; Freiberg, in-8°. 

Das Verhalten.... De l'affinité du fer pour l'oxigène; Essai pour l'a- 
grandissement des connaissances électro-chimiques; par M. Sonônsers; 
Casel, in-8°. 

Geognostiche.... Æxcursion géognostique; par M. B. Corra; Dresde, 
in-8°. 

Needhamia expulsoria sepiæ officinalis , décrite et dessinée par M. Ci- 
Rus, avec quelques remarques sur les êtres épiorganiques; in-4°. 

Auffindung.... Recherches sur les germes des œufs qui se trouvent 
dans les ovaires des très jeunes filles ; par le mème; in-8. 

Reclamo.... Réclamation de priorité relativement à la forme la plus 
favorable à donner aux versoirs de charrue; par M. C. Rnozri; un quart 
de feuille im-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 25 , in-4°. 

Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°73—75, in-4°. 

La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 8. 

L’Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n° 46, in-8°. 


COMPTES RENDUS 
DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES 


TABLES ALPHABÉTIQUES. 


JANVIER —JUIN 


Anvssinie, — M. Glais-Bizoin demande que 
l'Académie veuille bien confier à M. d’A- 
baddie, son beau-frère, qui voyage main- 
tenant en Abyssinie, les instruments 
qu’elle avait déjà mis à sa disposition pen- 
dant son voyage au Brésil.............. 

Acacia. — M. Gasparrini propose de séparer 
du groupe des Acacias l’A. farnesiana, 
qui deviendrait le type du genre Farnesia 
et porterait désormais le nom spécifique 
de F. odora........ TÉTODE CN 

Acarus. — Observations sur l’Acarus de la 
gale du cheval; par M. Bonnes... ...... 

AceropoN.—N om proposé par M.Jourdan,pour 
un nouveau genre que forme l’auteur et 
qui appartient à la famille des Roussettes. 

AcÉTaATEs. — Rapport sur un Mémoire de 
M, Payen, concernant les acétates et le 
protoxide de plomb. .... cnamane)ts ble des 

ACIDE CITRIQUE. — Sur la constitution de l’a- 
cide citrique; Note de M. Pelouze....., 

— Remarques de M. Dumas à l’occasion de la 
Note de M. Pelouze........... start aé 

— Continuation de la discussion sur ce sujet. 

ACIDE HIPPURIQUE. — Sur la formule ration- 
nelle de cet acide ; Note de M. Pelouze. 

ACIDE PARATARTRIQUE. — Rapport sur un Mé- 
moire de M. Fremy, concernant les mo- 
difications que la chaleur fait éprouver 
à l'acide paie et à l’acide paratar- 
trique.. enrsenesrénesneneesese .. 

ACIDE FARTRIQUE. — Propriétés optiques des 
combinaisons ternaires formées par l'a- 
cide tartrique, les tèrres et l’eau; fin du 
Mémoire de M. Biot sur plusieurs points 
de mécanique chimique......,..,...... 


C. R. 1838, 1°7 Semestre. (T. VI.) 


Pages. 


922 


ot 


99 


153 


1838. 


— Recherches sur les modifications que la 
chaleur fait éprouver aux acides tartrique 
et paratartrique ; par M. Fremy. ( Rap- 
port sur ce Mémoire)............ ce... 

ACIDE URIQUE. — Sur les produits de sa dé- 
composition par Vacide nitrique; par 
MM. Liebig et Wohler...... AA NS : 

AGATEs. — La couleur rouge que présentent 
certaines agates est due à des protococcus 
kermesinus enveloppés dans la pâte trans- 
Incide et incolore de ces pierres; Me- 
moire de M. Turpin, sur des globules de 
lait observés à l’état pathologique Fr cu 

AGRICULTURE (Insectes nuisibles à l). Voir au 
mot Insectes. 

AIMANTATION d’une aiguille de fer doux placée 

très près des nerfs au moment où une 

contraction musculaire est déterminée 
chez un animal par l’irritation de la 

moelle'épinière ; Lettre de M. de la Rive à 

M. Becquerel, sur une expérience de 

MPrevost. 22.0 . - 

— Recherches sur l'introduction PTE 

telle de Vair dans les veines, par M.Amussat. 

CHAUD. — M. Bresson adresse un paquet 

cacheté portant pour suscription : Descrip- 

tion d’un nouveau mode d'emploi de l’air 
chaud comme moteur. (Séance du 4 juin). 

— Essai sur les machines mues par l’air chaud 
joint à la vapeur ; par M. Filippi.…..... .! 

ALCALIS ORGANIQUES. — Nouvelles recherches 
sur la composition des alcalis organiques ; 
par M. Regnault... 

-— De l’action qu’exerce le chlore sur les bases 
salifiables organiques; par M. Pelletier. 

Aicooc. — De l’action exercée par le chlo- 


126 


Ar. 


Am 


Pages 


6 


599 


278 


255 


236 


241 


rure de zinc sur Palcool, et des produits 
qui en résultent; par M. Masson. .… 
ALcérte. — De l'opportunité d'y introduire 
les cultures tropicales et en particulier 
celle du coton; Mémoire de M. Pelouse 
père , adressé par M.le Ministre de la 
guerre. ........... . 24 del 
Instructions pour la commission chargée 
par M. le Ministre de la Guerre de l'ex- 
ploration scientifique de l'Algérie; parties 
relatives à Ja zoologie, à la botanique et à 
la géologie, lues à la séance du 19 mars. 
— Parties de ces mêmes instructions relatives 
à la géographie, à la médecine, à l’Aydro- 
graphie et à la navigation, aux arts et à 
l'industrie; lues à la séance du 26 mars. 
M. Bory de Saint-Vincent présente une 
triangulation faite par M. Boblaye dans 
l'expédition du général Négrier sur Sora 
et unereconnaissance faite par M. Martin- 
pré dans la province d'Oran........ .. 
Sur l'aspect des campagnes dans quelques 
parties de l'Algérie ; lettre de M. Puillon- 
Boblaye à M. Bory de Saint-Vincent... 
Aumenrs. — Sur les propriétés nutritives des 
substances végétales employées comme ali- 
ments; Lettre de M. Gannal........... 
— M. Edwards fait hommage à l’Académie 
de deux dissertations sur l’alimentation 
et: les aliments ... . « . ........s.... 
Azuer. — Sur la navigation de cette rivière 
et de ses affluents; par M. Devëze de Cha- 
briol. L'auteur prie l’Académie de hâter 
le rapport qui doit être fait sur son Mé- 
MOÏITE. +... : 
Azumwe.— Propriétés optiques des combinai- 
sons ternaires formées par l'acide 1ar- 
trique, les terres et l’eau; Mémoire de 
M. Biot sur plusieurs points de mécani- 
que chimique.......................,. 
AwmonrAcaLes (Comsiaisons).—Recherches sur 
ces sortes de produits; Lettre de M. R. 
Kane à M. Dumas... 40e +» semeineiiele e 
AMYLATE DE PLOMB. — Recherches de M. Payen 
sur ce sujet. . 24.24 ».e18 mi s'd ojofaieieinBrolelelele) ele 0 
AnaromiQues (Descriprions).—Mémoire sur un 
moyen simple d'apprécier le volume et la 
pesanteur spécifique des organes après la 
mort; par Woillez 5.8 aus ee 4e «à 
Ancre. — Examen du conglomérat formé au- 
tour d’une ancre en fer forgé trouvée au 
Jond de la Seine; par M. Becquerel, ..... 


PAPE LCLEECE LEE 


AxIMALGULES de couleur verte contenus dans 
les eaux tranquilles; leur présence exerce 
une influence marquée sur la quantité et 
la qualité des gaz que ces eaux peuvent 
dissoudre; Mémoire de M, Morren..... 

ANIMALCULES MICROSCOPIQUES considérés comme 


( 926) 


Pages. 


198 


138 


344 


366 


852 


276 


cause efficiente du cancer; Note de 
MM. Bauperthuy et Adet de Roseville. … . 

— Considéres comme cause de la putréfuction ; 
par les mêmes auteurs.......,..,....... 

ANIMALCULES SPERMATIQUES. — Voyez Zoosper- 
mes. 

ANranopoLoGie. — Le deuxième épiderme est 
le siége de la coloration qui forme l’aréole 
du mamelon chez la femme; Mémoire do 
M. Flourens, sur la comparaison anato- 
mique de la membrane cutanée et de la 
membrane muqueuse (are 1e 

— Remarques sur la constitution physique 
des Arabes comme race primitive de les- 
pèce humaine, ou comme son prototype; 
Pan NE PAR eee ee 

— Mémoire sur un instrument propre à me- 
surer les dimensions de la téte; par M. An- 
tenE Aa eee 


ANTIQUITÉS. — Vases provenant de tombeaux 
creusés dans le terrain primitif de l’ile de 
Santorin, et attribués par M. Bory de 
Saint-Vincent à une colonie phénicienne 
établie très anciennement dans cette île. 

— M. Dureau de la Malle conteste l'origine 
phénicienne de ces vases.............. 

APPAREIL-PAULIN pour permettre de pénétrer 
dans les lieux infectés. — Note sur l’ap- 
plication de cet appareil aux arts indus- 
triels ; par M. Paulin... at t 

APPAREILS DE SURETÉ. — Rapport sur un ap- 
pareil manométrique à cadran et à vanne 
de décharge, applicable aux chaudières à 


vapeur; présenté par MM. Testu et Le- 
terrier 


— Mémoire sur divers moyens de sûreté con- 
tre les explosions des machines à vapeur ; 
Par M MRA ET OPEN RCE DEAN 
— La Société industrielle de Mulhouse exprime 
le désir de voir les moyens qu’aura indi- 
qués la Commission des rondelles fusibles 
comme le plus propres à prévenir les ex- 
plosions des machines à vapeur, essayés 
dans plusieurs grands établissements in- 
dustriels avant qu'une ordonnance en 
rende l'emploi obligatoire............. 
— Sur la véritable cause des explosions des 
chaudières à vapeur, et sur les moyens 
propres à les prévenir; par M. Desma- 
TENTE RTS ss... 
— Note sur un appareil de sûreté destiné à 
empêcher l'explosion des machines à va- 
peur ; par Mi Loyer... se ue 
— M. le Ministre du Commerce transmet un 
Mémoire de M. Zevallois sur un cas 
d’explosion d’une machine à vapeur, suivi 
de considérations sur les rondelles fusi- 
bles, et un rapport sur ce Mémoire fait par 


Pages. 


Gr 


205 


30: 


la Commission des machines à vapeur 
près le conseil des ponts-et-chaussées.. 

Araves, — Note sur la constitution physique 
des Arabes considérés comme race primi- 
tive de l’espèce humaine ou comme son 
prototype; par M. Larrey........,,.,.. 

ARITEMÉTIQUE. — M. Boillot adresse une nou- 
velle copie d’un traité d’Arithmétique sur 
lequel il n’a pas encore été fait de rap- 
LADA HS OST LUE RENTE EN ETS IS PRE CEE OT PERTE AR ARTE 

ARTÈRES. — Propositions relatives à certains 
phénomènes résultant de l’état de pléthore 
des artères; par M: Beau. ,.,........ 

ARTILLERIE. — Mémoire sur le tir des canons 
maris à brague fire, et sur quelques 
autres questious d'artillerie navale; par 
MLetourneun 0 su MN UNE) 

— Voir aussi au mot Fusil. 

ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L’AVANCEMENT DES 
SCIENCES, — M. Yates, secrétaire de l’asso- 
ciation, annonce que la prochaine réunion 
aura lieu à Newcastle-sur-Tyne , le 20 
aoûtiprochainaue2doermtt 65 toi 

ATMOSPBÈRE TERRESTRE. — Les plantes em- 
pruntent-elles de l'azote à l'atmosphère ? 
Recherches chimiques de M. Boussingault 
sur la végétation.....,,.,..,.. 

— Rapport sur ce travail. ..,...... 

— Sur la vraie constitution physique de V'at- 
mosphère terrestre, déduite de lexpé- 
rience; avec les applications à la mesure 
des hauteurs par les observations baromé- 
triques , et au calcul des actions ; par 
MARIO TE RENÉ 228 OUR 343, 300 et 

— Sur la constitution comparée de l’atmos- 
phère sous le parallèle de Paris et à équa- 
teurs pal tBro 02e, ar ae ee Lo 

— Mémoire sur la chaleur solaire, sur les 
Pouvoirs rayonnants et absorbants de V’at- 


BALANCE PNEUMATIQUE. — Description et figure 
de cet appareil; par M. Berthot..….....: 
Bazene.—M. Roussel, de Vauzème , présente, 
moulés en cire, les principaux organes 
internes d’un fœtus de baleine....,.... 
Baxpaces. — Notes sur l’emploi du Bandage 
£Ypso-amy lacé dans le traitement des  frac- 
tures des membres inférieurs ; par M. La- 
J'argue Enr. sous 066$ 147 et 

— Surla substitution de la dextrine à amidon 
dans ces bandages ; par M. Velpeau. :. 
BaromërRe. — Sur les moyens d'obtenir pour 
la mesure des hauteurs par les observa- 
tions du baromètre, une table sans coefli- 
cients empiriques, et fondée sur la con- 


( 927) 


Pages. 


821 


En] 
© 
SJ 


102 
129 


Le] 
Le] 
[a] 


789 


600 


mosphère, sur la température de l'espace ; 
par MSP our llEt. NE 818 et 

ATMOSPHÉRIQUE (PRESSION). —Voir au mot Pres- 
sion. 

AtrACrYuSs. — Observations sur les effets dé- 
létères de VAtractylis gummifera ; par 
ME Bouros se mer INR Een Dent ens 

ATTRACTION DE SOI POUR s01. — Mémoire de 
M Geoffroy Saint-Hilaire, ayant pour 
titre : De la loi d'attraction dz soi pour 
soi et nouveaux efforts de l'inventeur 
Pour en présenter le principe comme un 
annexe étendant les vues de la gravitation 


universelle de Newton:.,....:......... 
ATTRACTION des ellipsoïdes. — Voir à ce der- 
nier mot. 


AURORES BOREALES, — Observations de ce phé- 
nemène faites en Suède et en Norwége; 
PAR MEMROPErE AR ANNE 6h Dr oo 
Azote. — Recherches chimiques sur la végé- 
tation, entreprises dans le but d’exami- 
ner si les plantes prennent de l’azote à 
Vatmosphère ; Mémoire de M. Boussin- 
gaulle see tot tés 
— Rapport sur ce travail... .:...,....... 
— Recherches sur la distribution des substan- 
ces azotées dans les organes des végétaux ; 
par M. Payen, (Rapport sur ce travail). 
— Mémoire sur quelques azotures nouveaux 
et sur l’état de l’azote dans plusieurs com- 
binaisons; par M. Millon,............ 
— Recherches sur la quantité d'azote conte- 
nue dans les fourrages et sur leurs équi- 
valents; par M. Boussingault.. ........., 
— Sur le rôle de l’azote dans les substances vé- 
gétales employées comme aliments ; Lettre 
deMAGannal. 408. NE 
AzOTUREs. — Voir à Azote. 


naissance de lavraie constitution de l’at- 
mosphère terrestre ; Mémoire de M. Biot 
sur Ja constitution de cette atmosphère 
déduite de l'expérience. ... 343, 390 et 
— Détermination barométrique de la li- 
mite inférieure des neiges perpétuelles dans 
les Andes du haut Pérou; Lettre de 
M. Pentland à M. Arago........,...... 
BArO-THERMOMÈTRE, instrument destiné à 
donner à la fois la mesure de la tempéra- 
ture et de la pression atmosphérique ; 
présenté par M. Bodeur.....,.......... 
Barrace employé pour maintenir pendant les 
temps de grande gelée, une portion de 
rivière libre de glacons et propre à la na- 


126.. 


Pages 


766 


50 


102 
129 


131 


353 


353 


479 


831 


339 


Re - 


vigation; Note de M. de la Haye....... 
Bases SALIFIABLES ORGANIQUES. — De l'action 
qu’exerce le chlore sur ces bases ; Mémoire 
de M. Pelletier. ..... Arai LR AC ae 
Bateaux. — Note de M. Warden sur un nou- 
veau bateau de sauvetage construit aux 
États-Unis... 
— Rapport sur divers appareils de sauvetage 
pour les naufragés proposés par M. Cas- 
ARTE A sea uuiéaele ae cote 06 : 
— M. Duméry adresse un paquet bete) ee 
tant pour suscription : Remorquage des 
bateaux sur les canaux et rivières (séance 
du 4 juin).......... na Se RES 
Bateaux À vapeur. — M. Dupin lit une Note 
sur une collection de rapports officiels de 
M. Hubert, concernant les navires à va- 
PEER AT ue Dradduds à te *È 
— À l'occasion de cette Note, M. Bechameil 
adresse une réclamation de priorité con- 
cernant un nouveau système d'installation 
des navires à vapeur qui les rend propres 
à naviguer, au moyen des voiles seulement, 


quand le vent est favorable, ............ 
— Témoignage de M. Arago à l'appui FA la 
réclamation de M. Béchaineil....... PECE 


— Essai sur les bateaux à vapeur; Mémoire 
adressé pour le concours aux prix concer- 
nant Ja navigation à la vapeur ; le nom de 
l’auteur est sous pli cacheté.. 

Bice. — De la nature de la bile; par M. De- 
MATCAY eus us . 

Bouines, — M. de us rappelle deux re 
servations de bolides, qui se trouvent, 
une dans le Voyagede M. Waldeck, dans 
le Yucatan; l’autre dans le Voyage de 
M. Pouqueville, en Morée.......... 


Caprays soLAIREs. —M. Longin présente un ca- 
dran à équation......... oem sum 
CaLcoL DES PROBABILITÉS.—Sur l'incertitude qui 
existe dans la détermination du lieu de 
l'espace occupé par un point dônné ; par 
M. Bras. MR! SE bcar.co 
Cazcurs vrixaRes. — Recherches sur les noyaux 
de diverses natures qui servent de bases 
aux calculs urinaires ; par M. Civiale., 
— Mémoire sur les caleuls de Cystine, par le 
même,..... OM o De Et PET 


Caxaz de l'isthme de Darien. — Communica 
tion de M. Warden, sur l'état où en sont 
les travaux de ce canal. 


Caweer. — Note sur les animalcules microsco- 
piques considérés comme cause efliciente 


( 928 ) 


Pages. 
65 


241 


456 


Gro 


790 


594 


615 


199 


866 


599 


372 


516 


897 


18 


BorTaniQuE. — Instructions pour la Commis- 
sion chargée de l’exploration seientifique 
de l'Algérie ; partie relative à la botani- 
que, lue à la séance du 19 mars........ 

— Rapport verbal de M. de Mirbel sur la se- 
conde partie de la botanique du Voyage 
de M. Bélanger aux Indes Orientales... 

— Rapport sur les résultats scientifiques du 
Voyage de circum-navigation de la Bonite ; 
partie botanique; rapporteur M, de Mirbel. 

— Instructions demandées par M. le Ministre 
de la Marine pour l'expédition scientifique 
qui se rend dans le nord de l'Europe ; par- 
tie relative à la botanique, rédigée par 
M. Ad. Brongriart......... dus de: dabtépie 

Bornyris. — Recherches relatives à ce crypto- 
game; par MM. 


Lomeni etes: store mods ne 
Audouin. 
Montagne... Sa st id & 
(Rapport de M. pra mA sur in divise Ps 
relatifs à la maladie des vers à soie, 
connue sous le nom de muscardine)... 
BouLEvERSEMENT pu soL dans les environs de 
Sassari; Note de M. Bonafous....., ème 
Boussoze. — Sur les déviations de la boussole 
produite par le er des vaisseaux; Mémoire 
deM.' Poissons; ation. He 
Browe. — Sur de nouvelles combinaisons du 
chlore, du brome et de Jiode ; par 
Ms Millon ae: Sven: de a6s sLGG Et 
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. — Pages 20,54, 68, 
123, 150, 182, 211, 246, 279, 305, 341, 
359, 387, 426, 477, 520,576, 629, G59, 
687, 708, 953, 591, 835, 867, 923. 


du cancer; par MM. Adet de Roseville et 
Bauperthuy Péterothss tetes Rime en 
Caxninarures, — M; Raffeneau Delille se met 
sur les rangs pour Ja place vacante dans la 
section d’'Économie rurales... 
M. Leclerc-Thouin se présente comme can- 
didat pour la même place.,........., 
M. Dupuy se présente également comme 
candidat pour la place vacante ; 
Ainsi que M. Loiseleur Deslongchamps ;.. . 
M. Huerne de Pommeuse ; 
EtM. RS AD Ad ab ares t 
La Section d'Économie: rurale présente la 
liste suivante de candidats pour la place 
vacante, par suite du décès de M. Tessier : 
MM. de Gasparin, Leclere-Thouin, Vil- 
morin, Audouin, Huerne de Pommeuse, 


Pages. 


499 


66 


Boussingault , Payen, Soulange-Bodin , 
Loiseleur-Deslongchamps.............- 
Cawoxs. — Sur le tir des canons marins à 
Wrague fire, etsur quelques questions d’ar- 
tillerie navale ; par M. Letourneur........ 
Carso-viares. — Recherches sur les carbo-vi- 
nates, les carbo-méthylates et la véritable 
constitution du sucre de cannes; par 
MM. Dumas et E. Péligot.............. 
Carso-mÉérayzates. — Voir à carbo-vinates. 
CARBURES D'HYDROGÈNE. — De la décomposi- 
tion de la résine pour la fabrication d’un 
gaz d'éclairage. Rapport sur un Mémoire 
de MM. Pelletier et Walter relatif à ces 
produites et rams te »e 
— Sur un nouveau carbure “hydrogène ob- 
tenu de l'essence de menthe; par M. Walter. 
— Sur un nouveau carbure d'hydrogène ob- 
tenu de l’huile de pomme de terre; par 
M)Cahouns it Ma ee Os 
— Remarques de M. Dumas à l'occasion de 
la lettre de M. Cahours. .............. 
CaurerPées, — Sur l’organisation et le mode 
de reproduction &es Caulerpées, et, en 
particulier, du Caulerpa Webbiana; par 
À M. Montagne. (Rapport sur ce Mémoire). 
Cauries. — Sur les conséquences qu’on peut 
déduire de la figure de ce coquillage qui 
se trouve dans la forme antique du signe 
spécial de la monnaie dans l’écriture chi- 
: noise ; Lettre de M. de Paravey.....,,.. 
CAvITE nuccALE.—Dans toute l’étendue de cette 
cavité, chez les mammifères, on trouve, 
entre l’épiderme et le derme, le corps mu- 
queux qui s’avance jusqu'aux points où 
commence la peau externe, et qui est le 
siège de la coloration, quand cette’ cavité 
est partiellement ou complétement colo- 
rée ; Mémoires de M. Flourens sur la struc- 
ture comparée de la membrane cutanée et 
de la membrane muqueuse. ...........,. 
Cexpres vorcAniQues. — Voir au mot Volcan. 
Cuareur (TuéortE DE 14). — Observations de 
M. Liouville sur un Mémoire de M. Libri 
relatif à la théorie de la chaleur........ 
— Remarques de M. Libri à l’occasion de la 
Note de M. Liouville.. A AT 
— M. Biot, un des commissaires chargés de 
examen du Mémoire de M. Liouville , de- 
mande à ètre dispensé d’en faire partie et 
expose les motifs qui le portent à croire 
que l’Académie dans ces sortes de débats 
devrait s’abstenir de porter un jugément. 


Cuavecr (Poranisarion DE LA). — Lettre de 
M::Forbes à M. Arago. :.............. 
CHageër ANIMALE. — Nouvelles observations 


sur lamesure de la température des tissus 
organiques chez l’romme’ct les animaux, 


( 929 ) 


Pages 


149 


821 


217 


460 


472 


656 


657 


269 


385 


262 


Le] 
[=] 
Cu 


au moyen des effets thermo-électriques 
par MM. Becquerel et Breschet.…........ 
— Observations sur la température de l’homme 
et des oiseaux, faites, pendant le voyage 
de la Bonite, par MM. Ey doux et Souleyet. 
CuaLEur RAYONNANTE.— Sur quelques proprie- 
tés de la chaleur rayonpante considérée 
comme cause dé la!fonte hâtive des neiges 
autour des plantes; par M. Melloni... 
Cuazeur sozare, — Mémoire.sur la.chaleur 
solaire, sur les,pouvoirsrayonnantset ab- 
sorbants de l'atmosphère, et sur la 1em- 
pérature. de l'espace; par M.Pouillet. 88et 
Cuara. — Notesisur la circulation du  Chara; 
par M. Donné....s...ssaus 14gmnet 
— Réclamation dei M. Dutrochet, à l’occasion 
de: cette Note, ......4,...s....snsss. 
— Rapport.sur lesrecherches de M. Danné, re- 
latives à la circulation du chara....:.... 
Cuarançons. — Appareil de M. Vallery, pour 
préserver le grain des ravages de ces in- 
sectes. (Rapport sur cet appareil). .:.... 
— Nouveau système de greniers destinés à pre- 
server les grains des charançons euautres 
insectes nuisibles; par M. Demarcay.... 
Coarson. — De l’action de la vapeur d'eau sur 
les charbons incandescents; par M. Long- 
champ ......s.s.s.ssssse sers. 
— Objections contre les ‘conséquences que 
M. Longchamp déduit des résultats de ses 
expériences; par M. Gay-Lussac, et par 
d’autres membres de l’Académie. ....... 
— Décomposition de l’eau et de matières car- 
burantes, à laide äe la chaleur, pour la 
fabrication du gaz d'éclairage; par M: Se/- 
ligue... dieser. 
— Lettre de M. Lonchamp en réponse aux ob- 
jections présentées contre les conse- 
quences qu'il déduit de ses expériences 
relatives à l’action de la vapeur d’eau sur 
les charbons incandescents....... ac 


CnaurrAce. — Communication de M. B. De- 
lessert, relative à un nouveau mode de 
chauffage inventé en Angleterre......... 

— M. Delessert met sous les yeux de l’Acadé- 
mie l'appareil employé pour ce mode de 
chauffage... ...........,.......... 

— Observations Ch MM. Gay-Lussac et Thé- 
nard à ce sujet. .......... PAM EC 

— M. Pitay annonce avoir trouvé, pour la pré- 
paration du charbon, un procédé qui dimi- 
nue notablement les inconvénients que 
présente ce combustible quand on l'em- 
ploie, dans les différentes sortes de bra- 
seros, au chauffage des appartements... 

— Mémoire sur le chauffage de l’intérieur des 
appartements ; par M. Susleau..,....... 

— Voir aussi au mot Combustible. 


t 


429 


156 


o01 


207 


Cuauve-Souris. — Mémoire anatomique et 
zoologique sur la chauve-souris commune 

( vespertilio murinus), et spécialement sur 

la première et la seconde dentition de ce 
chéiroptère ; par M. Rousseau. .....,.... 
Cuesiss DE FER. — M. Laignel annonce des ex- 
périences qu’il doit faire avec son système 

de courbes au rayon de 50 mètres, et des 
rails sans bordure..,.:. ......., 90 et 

_—— Demande que l’on hâte le rapport qui doit 
être fait sur son nouveau système de cour- 
bes?.4e 
Système de voitures pour chemins de fer de 
toute courbure ; par M. Arnoux...,..... 
Rapport sur cette invention............. 
Rapport sur divers mémoires de M. de 
Pambowr, ayant pour objet la détermina- 
tion des résistances que présentent, sur les 
chemins de fer, les machines locomo- 
tives, ete... 
— Mémoire sur les chemins de fer; 
M. Brunet.....,.. 

— Réclamation ( à l’occasion du précédent 
Mémoire) touchant l’emploi de l’engre- 
nage dans les chemins de fer; par M. 


par 


JOrTP se ete le éyclsjale 
Cuevaz. — Observations sur l’acarus de la 
gale du cheval; par M. Bonnes. ......... 
Cuiexs. — Sur la configuration de la queue 
chez une race de chiens de la Chine, et 
celle qu’indique l’ancienne forme de la elé 
chien dans l’écriture chinoise ; déduction 
qui se tirent de cette comparaison relati- 
vement à l’origine étrangère des arts et des 
sciences de la Chine ; Lettre de M. de Pa- 
J'AVEY us. 
Cuwie.—Lettre de M. Berzélius à M. Pelouze, 
sur divers points de Chimie théorique... 

— Réflexions à l’occasion de cette lettre; par 
M. Duras... ot ste en dertt 0475 MOOE 
Réponse de M. Liebig à la lottre de M. Ber- 
ZÉlIUS;. éuste ee aietele 

— Remarques de M. Pelouze à l’occasion de 
la lettre de M. Liebig..….........ese 

— Lettre de M. Liebig sur les diverses recher- 
ches relatives à la déshydratation des ci- 
trates et à la constitution de l'acide citri- 

QUE eee Care 

— Remarques de M. Pelouse à l’occasion de 
cette Jettre. .....: 

— Lettre de M. Thénard, relative aux travaux 
de M. Pelouze sur les citrates...,...... 

— Déclaration de M. Chevreul relativement à 
ces mêmes traVaux............ 

— Remarques de M. Dumas sur ce sujet... 
Cuiie OpriQuE.— Phénomènes de polarisation 
circulaire présentés par des solutions 
aqueuses de tartrates de glucine et d'alu- 


( 930 ) 


Pages, 


225 


358 


829 
Ibid. 


Ibid. 
829 


mine ; Mémoire de M. Biot, sur plusieurs 
points de Mécanique chimique. .......... 

Cuiques (Acrions). — Mémoire sur la néces- 
sité de distinguer, dans les actions chimi- 
ques, les phénomènes de déplacement de 
ceux d’altération; par M. Persoz........ 

Cuzorares. — Observations sur la fabrication 
des chlorates, des hypochlorites, des chlo- 
rites employés dans les arts, et sur la 
composition réelle des hypochlorites, des 
chlorites et des acides oxigénés du chlore; 
par M. Mackensie., ..,.......:. 

Curore. — De l’action que le chlore exerce sur 
les bases organiques salifiables ; par M. P2l- 
letier. . 4 


— Sur de nouvelles combinaisons du chlore, 
du brome et de liode ; par M. Millon..… 
CucoroPxzze. — Nouvelles recherches de 
M. Bercélius, sur les principes colorants 
des feuilles; Lettro à M. Pelouze.....…. 
Curorures. — De l’action exercée par le cAlo- 
rure de zinc sur Palcool, et des produits 
qui en résultent ; par M. Masson... 
Cuortra. — M. Blampignon demande un rap- 
port sur un Mémoire concernant le cho- 
léra épidémique de Troyes en 1833, Mé- 
moire qu'il avait adressé pour un con- 
cours, et dont il n’a pas été fait mention 
dans le rapport de la Commission... ... 


CicatrisATION. — Nouvelles réflexions sur la 
manière dont la nature procède à l’ocelu- 
sion ou à la cicatrisation des plaies de la 
tète avec perte de substance aux os du 
cräne ; par M. Larrer... 1 et 

Crrrares. — Note de M. Pelouze | concernant 
la déshydratation des citrates, sous l’in- 
fluence de la chaleur. ...,,,..:,4,, 42 

— Remarques de M. Dumas à l'occasion de la 
Note de M. Pelouze. . ... je GES 

— Continuation de la discussion sur ce sujet. 

— Lettre de M. Liebig sur ses propres recher- 
ches, celles de M. Dumas et celles . de 
M. Pelouze, concernant la déshydratation 
des citrates... ….. EE 

— Remarques de M. Pelouse, à l’occasion de 
cette lettre........ 36 #5 

— Lettre de M, Thénard, et déclaration de 
M. Chevreul, relativement à l’époque des 
travaux de M. Pelouzse sur les citrates, .., 

— Remarques de M. Dumas à ce sujet... 


CzaunicaroN. — Mémoire sur des moyens em- 
ployés pour rendre la claudication moins 
douloureuse et la progression plus facile 
dans les raccourcissements accidentels 
des membres inférieurs; par. M. Thomas 
Fobjénsar no memala-eb racer huit 

Cuwars,— Sur le climat. de, la Sibérie; obser- 


Pages. 


198 


519 


829 


Ibid. 
Ibid. 


vations de température du sol ; par 
M. Erman.. 

— Sur le climat de plusieurs des provinces 
chinoises où l’on cultive le thé; Lettres de 
MM. Stanislas Julien et Voisin... 510 et 

Counusrisze.-— Mémoire sur l'emploi de la va- 
peur perdue dans les machines à haute 
pression, pour remplacer en partie le com- 
bustible; par M. Loyér................ 

Cowmerce. — M. le Directeur des Douanes 
adresse un exemplaire de la première par- 
tie du Tableau décennal du commerce de la 
France, avec ses colonies et les puissances 
étrangères (années 1827—1836)......... 

ComMiSSION ADMINISTRATIVE. — M. Poinsot est 
nommé membre de la Commission ad- 
ministrative pour l’année 1838 ......... 

Commissions Des Prix.— MM. Arago, Bouvard, 
Mathieu, Savary, Damoïseau sont nommés 
membres de 11 Commission chargée de dé- 
cerner Ja médaille de Lalande.......,... 

Commissions MODIFIÉES par l’adjonction ou le 
remplacement d’un ou dé plusieurs mem- 
bres : 

— M. Gambey est adjoint à une commission 
chargée d'examiner des dents artificielles 
présentées par M. Fonzi.. ....,........ 

— M. Coriolis remplace M. Séguier dans la 
Commission chargée de faire un rapport 
sur les voitures articulées de M. Dietz.. .. 

— M. Richard est un des Commissaires char- 
gés de l'examen du Mémoire de M. Bou- 
ros, sur V’Atractylis gummifera, quoique 
son nom ne se trouve pas dans le Compte 
rendu, page 30, avec celui des deux au- 
tres Commissaires. ........ oonËto 

— MM. Magendie et Serres remplacent MM. 
Larrey et Breschet , dans la Commission 
chargée d’examiner un Mémoire de 
M. Devillemur , sur la staphyloraphie. . 

Commissions SPÉCIALES. — Sur la demande de 
M. le Ministre de la Marine, une Com- 
mission composée de MM. Arago, Flou- 
rens, Becquerel, Isid. Geoffroy-St-Hilaire, 
Ad. Brongniart et Elie de Beaumont , est 
chargée de rédiger des instructions pour 
un voyage scientifique en Norwése, au 
Spitsberg, etc... .... CDoNTADC CEE 

— La Commission nommée sur la demande 
de M. le Ministre de la Guerre, à l’effet 
de rédiger des instructions pour une explo- 
ration scientifique de l'Algérie, est invitée à 
bâter. son rapport. M IN .26e Abu 

— Commission chargée de l’examen/des pièces 
de concours de MM. les Élèves des Ponts- 
et-Chaussées ; MM. Poncelet, Dupin, Élie 
de Beaumont sont désignés pour.en faire 
PARHEETS MRMERNN coule M RO ME rise 


( 93r ) 


Pages. 


Sor 


52 


299 


358 


206 


281 


653 


Pages. 
CoxcécaTiox. — Phénomènes produits par la ; 
congélation dans les pommes de terre 
et sur les moyens d'utiliser ces tuber- 
culés quand ils ont été gelés; Note de 
M: Payen....:................. 275 et 554 
— Rapport sur ce Mémoire....,,..,..,,.,. 341 


— Sur les moyens d'utiliser lès pommes de” 
terre qui ont subi la congélation; Lettre 
de Me Ca llias REC eau Ie bee 

— Lettre de M. Girardin sur le même sujet... 

Cowsrrucrions (Archit.). — Lettre de MM. Mont- 
golfier et Dubouchette, sur un nouveau sys- 
tème de constructions .......... 2-4 9Pocta 

CONSTRUCTIONS HYDRAULIQUES. — Mémoire sur la 
résistance de ces ‘constructions 5 par 
M: Vène..... DOME LT 

CoonDONNÉES  CURVILIGNES. 
M. Lamé...... COURS 

Corps wuqueux.—Chez l'homme, il commence 
aux lèvres, s’étend aux paroïs de la cavité 
buccale, à l’æsophage et finit à lestomae ; 
chez les ruminants, il commence au mufle 
et revêt les trois premiers estomacs; chez 
le cheval, il s'étend jusqu’à l'estomac dont 
il revêt la partie œsophagienne; partout il 
est recouvert par l’épiderme, et il recouvre 
le derme sur lequel il se moule exacte- 
ment; Mémoire de M. Flourens sur la 
structure comparée des membranes mu- 
queuses et des membranes cutanées... ..... 

Corox.—De la culture du coton en Amérique, 
et principalement aux Antilles, et de l’op- 
portunité d'établir cette culture, ainsi que 
les cultures tropicales, en général, dans 
nos possessions de l'Algérie ; Mémoire de 
M. Pelouse père, adressé par M. le Mi- 
nistrerde" laGuerre: Je sous mel. 

— Rapport sur ce Mémoire. ..,..,....,.... 

— Remarques de M. Dureau de la Malle, à 
l’occasion de ce rapport.......,........ 

— Note sur les cotons cultivés en 1837, à Ja 
ferme Rahraya (Algérie) ; par M. Aimé. 

Couraxrs marins. — Mémoire sur les courants 
périodiques occasionés par les marées dans 
la Manche et la partie méridionale de Ja 
mer du Nord ; par M. Monnier... 

— Rapport sur ce Mémoire... !. CUITE TO. 

— Lettre sur les résultats d’une expérience re- 
lative à la direction et à la vitesse des cou- 
rants marins; par M. Rivaille..,.,....... 

Couverture de la Cathédrale de Chartres, — 
M. le Ministre de la Justice et des Cultes, 
iuvite l’Académie à lui faire savoir si elle 
persiste toujours dans l'opinion qu’elle a 
émise relativement au métal dont il con- 
viendrait de faire choix pour la couver- 
turendeicettetéghiaestt2. 4 tir. 

Crimes commis en france et dans le royaume 


Mémoire de 


262 


809 


uni de la Grande-Bretagne et de: l'Irlande. 
— Rapport pour chaque pays entre le 
nombre de la population moyenne et le 
nombre de crimes: Note de M. Moreau de 
JORRÉPAR MES ne Mere .. 160 et 
Cnisies. — Mémoires sur les Crisies, les Hor- 
nères et plusieurs autres polypes , Yivants 
ou fossiles, dont l’organisation est analo- 
gue à celle des tubulipores; par M. Milne 


Désoisemexr.— M. Leymerie annonce que dans 
divers mémeires présentés à l’Académie 
et sur lesquels il n'a pas été fait de rap- 
ports , il a traité des e/fets du déboisement 
considérés sous le rapport hygiénique, :…. . 

Déccuririon, — Lettre de M. Maissiat, relative 
au rôle qu’il croit pouvoir attribuer à la 
pression atmosphérique dans l’aete de la dé- 
glutitionrosedess rends. date anse 

Denrs ARTIFICIELLES. — M. Gambey est adjoint 
à une Commission chargée d’examiner 
des dents artificielles présentées par 
MirFonsis is 6 cata ss 

Dreuue.— Dans la peau de l’homme blanc, le 
derme est toujours blanc; le siége de la co- 
loration qui forme l’aréole du mamelon, 
est, comme le siége dela coloration du häle, 
dans le second épiderme ; au pourtour des 
lèvres, le deuxième épiderme cessant, il est 
remplacé par le corps muqueux qui tapisse 
toute la cavité buccale et l'œsophage jus- 
qu'à son entrée dans l'estomac, et est 
dans toutes ces parties, interposé entre l’é- 
piderme externe et le derme sur lequel il 


— De l’action des charbons incandescents 
sur Ja vapeur d’eau; Note de M. Long- 


Eat. 


champ .. : 
— Objections présentées par M. Gay-Lussac 
contre les conséquences déduites par 
M. Longchamp des résultats de ses ex- 
périences. :.. 
— Surla décomposition de Veau et de matières 
carburantes au moyen de la chaleur, pour 
la fabrication du gaz d'éclairage; Lettre 
de M. Selligue. ....:...... 
Eau ne mer. — Résultat de l'examen des 
eaux de mer recueillies pendant le voyage 
de la Bonite; par M. Darondeau. . .... .. 
Eav (Oscillation del)). — Voir à Oscillations. 
Eaux MiNÉRALES. — M. Silvestre fait un rap- 
port verbal sur un ouvrage de M. Despine, 


(952) 


Pages. 


18) 


209 


52 


180 


207 


616 


Edyyards ue vpeluorie oi doses 
CxanocÈnE. — Recherches sur les produits de 
la décomposition du eyanogène dans l’eau; 
par MM. Pelouse et Richardson... 
Cycuanes. — Mémoire sur l’état nosologique 
des Cyclades pendant l’année 1834; par 
M. Bouros.. 
Cysnine.—Mémoire sur les calculs de Cystine ; 
par Métenale eine derom saison see) 


se moule exactement ; Recherches de 
M. flourens sur la structure comparée de 
la membrane muqueuse et de la membrane 
cutanées Ja 0145 -hise 
DexTRINE. —Sur la substitution de la dextrine 
à l’amidon , comme substance eonsoli- 
dante, dans le bandage inamovible em- 
ployé pour le traitement des fractures ; 
par! M. Melpeauss ste sens nie vajepies mme 
Diagère. — Nouvelles recherches sur la nature 
et le traitement de cette maladie; par 
M Boauchardat. 2. eme tetes ts 
DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE 
publié sous la direction de M. Guérin- 
Menneville. (Rapport verbal sur cet ou- 
NAGER se den Sr de Sn NAS HS 
Dizvyicu. — Considérations sur le diluvium 
sous-pyrénéen; Lettre de M. Lartet à 
M. Aragos 5. inmels ee re 
DysseNTEME. — Lettre relative à un Mémoire 
sur le traitement de la dyssenterie par 
l'albumine, présenté au concours par 
M. Mondière.... 


intitulé : Manuel de l’étranger aux eaux 
d'Aix'en Sayoie...,., uses sens 

— Recherches sur léseaux minérales des Pr- 
rénées, par M. Fontan. 1... 4e seus: she 

— Expériences sur les eaux thermales d’Air 
en Savoie ; par M. Grégory.....,. 
Eaux rranquizes. — Recherches relativés à 
l'influence qu'exerce la présence des ani- 
malcules de couleur verte contenus dans 

les eaux tranquilles sur 14 qualité et la 
quantité des gaz que ces eaux peuvent dis- 
soudre ; par. M. Morren. .....4...u.:.. 
CHELLE À INCENDIE inventée par M: Thibault 
— L'auteur demande que cet appareil soit ad- 
mis à concourir pour Je prix Montyon, 
(Arts et métiers insalubres). ........... 
cHimys. — Notice sur les rongeurs épineux 


Pages. 
552 


187 


262 


500 


337 


256 
472 


574 


désignés par les auteurs sous les noms d’E:- 
chimys , Loncheres, Heteromys et Nelo- 

._ mys; par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. 
Eczairace. — Note sur l'application de la 
lumière Drummond à Véclairage public et 

.. privé; par M. Gaudin.............. 
Eczuses. — Mémoire sur un nouveau sys- 
tème d’éeluses à flotteur et à colonne oscil- 
lante ; par M. de Caligny............... 

— M. de Caligny envoie, comme pièce à l’ap- 
pui du précédent Mémoire, la copie d’un 

. Mémoire de Vaubansur le Sas de Bousingue. 
ÉCOLE nes ponts ET cHAussées. — MM. Pon- 
celet, Dupin, Élie de Baumont sont dé- 
signés pour faire partie de la Commission 
chargée d’examiner les pièces de concours 

. de MM. les élèves des ponts et chaussées. 
Esecrioxs. — M. Chevreul est élu vice-prési- 
dent de l'Académie pour l’année 1838... 

— M. Poinsot est élu membre de la commis- 
sion administrative pour l’année 1838... 

— M. Littrow est élu membre correspondant de 
l'Académie, pour la Section d’Astrono- 
LUCE dues dosbinrls PODECO 

— M. Audouin est élu membre de l'Académie, 
section d’Économie rurale. ..…... AE 

— Ordonnance royale confirmant cette nomi- 
NATIONS Ne a à à Het él males soie DOS ss. 
Écecrrieuré, — Note de M. Sellier sur divers 
phénomènes électriques et notamment sur 

les sons engendrés à laide de lélectri- 


7 933 ) 


Pages. 


884 


653 


n 


42 


86 
161 


206 


citét.AaMR aa eue states. .…. 48 et276 


— Note sur un télégraphe électrique qui doit 
être établi entre Londres et Liverpool; 
par M. Wheatstone ; Lettre de M. le doc- 
teur Buckland.....,.......... RCRACE 

— Expérience de M. Matteucei surles courants 
thermo-électriques ; (Lettre de M. De la 
Rive à M. Becquerel).......,:......32 ce 

— Instructions demandées par M. le Ministre 
de la Marine, pour d'expédition qui se 
rend dans le nord de l'Europe; partie rela- 
tive aux phénomènes d'électricité ; rédigée 
par MaiBecquenel Xe. M es ques pero) simints 

— Lettres de M. Matteucci relative à la ques- 
tionde priorité qui a étésoulevée entre lui 
et M. Santi Linari, relativement à la mé- 
thode d’expérimentation au moyen de la- 
quelle on obtient l’étincelle de la tor- 
pillelfelaans.rs +... 242 et 

— Nouvelles expériences sur les commotions 
électriques obtenues de la torpille; parle 
même fit s sense sis 

— Note sur l’application de l'électricité au 
tetanos; par M. Matteucci..... 

— Evaluation comparative des électricités sta: 
tique et dynamique; par M. Peltier,.... 

— Note sur l'électricité manifestée par les 


C. R. 1838, 1°r Semestre. (T. VL.) 


526 


625 


832 
* 680 


816 


MÉBEcquerel laine elaeetete OR 5e 
ÉLECTRO-CHIME —Développements relatifs aux 
copeau qu’enlève le rabot ; par M. Ratte.…. 
— Sur certaines circonstances qui s’opposent 
à l’oxidation du fer; Lettre de M. Schœn- 
bein à M. Becquerel..., , +... En dan gb 3 
— Note sur un phénomène observé pendant 
l'opération de la grayure sur fer à l’eau 
Jorte, phénomène qui paraît dépendre 
d’une action électrique; par M. Lepage. 
— De l’action voltaïque des peroxides métal- 
liques|; Lettre de M. Schænbein à M. Bec- 
querel.... De at ee ei 
Ecupsoïnes, — Solution synthétique du pro- 
blème de Vattraction des ellipsoïdes, 
dans le cas général d’un. ellipsoïde hété- 
rogène. et dun point extérieur; par 
M. Chasles. (Rapport sur ce Mémoire). . 
— Remarques de M. Poisson à l’occasion de 


ce Rapport........ APN INC ONEN, Ron 
— Réponse de M. Poinsot aux remarques de 
M; Poisson-s rm 1040 et 


— Nouvelle solution du problème de l’attrac- 
tion d’un ellipsoïde hétérogène sur un 
point extérieur...........,..... eee e 

ÆEwporsonnemenr. — Note sur six cas d'empoi- 
sonnement observés chez des enfants qui 
avaient mâché des racines d’Atractylis 
gummifera; par M. Bouros.......... 

EmsrxocéniE. — Recherches sur le développe- 
ment des Limaces et autres mollusques 
gastéropodes; suivies. de considérations 
générales sur les phénomènes dynami- 
ques de la zongénie; par M. Laurent... 

Euervozocie. — Recherches sur la structure 
des membranes de Ÿæœuf des mammifères ; 
par MM. Breschet et Gluge.... 

— Remarques sur nne communication de 
M. Coste, relative à l'œuf du Kangourou ; 
par M. Owen... 

— Mémoire sur lovologie du Kangourou, en 
réponse aux remarques précédentes ; par 
ME COS TE eee ee fs raies bts 

— Mémoire sur l’œuf du Kangourou, et en 
particulier sur la découverte de son 
allantoïde ; par M. Owen.,...... 48 

Encre obtenue de la fleur d’Iris, par M. Cannet. 

Encres DE sureTÉ. — Modification proposée 
à la formule donnée par la Commission 
des encres et papiers de süreté ; Note de 
M. Lanet-Limencey........... bé à 

— M. Robisson annonce à M. Arago un travail 
de M. Traill sur une encre de sûreté qui 
résisterait au lavage et à l’action des réac- 
tifs chimiques........ 

Exravace des voitures. — Modèle et descrip- 
tion d’un sabot mécanique destiné à ser- 


127 


sonrnnnntennsee sus 


snnnsnnpensonsnssee 


Pages, 
décompositions chimiques simples; par.. 


Y25 


899 


297 


420 


902 


615 


165 


339 


385 


vir de moyen auxiliaire d’enrayage ; par 
M Fuss...... Sue Abe nat jeu 
EnromoLocie. — Rapport verbal sur le second 
volume de l’ouvrage de M. Lacordüire, 
, intitulé : Introduction à l'Entomologie. . . 
Épinerme. — C’est dans le deuxième épiderme 
qu'est le siége de cette coloration qui 
forme autour du mamelon de la femme ce 
cercle plus où moins brunâtre que l'on 
nomme son aréole; au point où cesse ce 
second épiderme de la peau, au pourtour 
des lèvres, commence le corps muqueux 
qui le remplace, et s'appliquant comme 
lui immédiatement sur le derme qu'il sé- 
pare de l’épiderme externe, revèt Ja cavité 
buccale et l’æsophage jusqu’à son entrée 
dans l’estomac; Mémoire de M. Flourens 
sur le structure comparée de la membrane 
, muqueuse et de la membrane cutanée. ... 
ÉPiLEPsiE. — Sur l'emploi de la poudre de 
noix vomique torréfiée contre cette mala- 
.. die; par M. Legrand. ......... cAatrats 
EPoxces. — Surla nature animale des éponges 
, de meret d’eau douce; par M. Dujardin. 
Equations. — Note sur l'équation A—C; par 
M PORN ee 0 20 ee anne eee 
— Théorème pour calculer en une seule opé- 
ration les racines incommensurablés; par 


( 934 ) 


Pages- 


419 


349 


262 


863 
676 


18 


MOD EE need ca .... 420 et 655 


Espace. — Recherches sur la température de 
l’espace ; Mémoire de M. Pouillet, sur la 
chaleur solaire, ete.......,,..... 848 et 

— Sur l'incertitude qui subsiste dans la déter- 


FARINE MINÉRALE , matière pulvérulente, de 
nature siliceuse, et cependant considérée 
dans plusieurs parties du Nord comme 
douée de propriétés alimentaires; Lettre 
de M. Retzius à M. Flourens....... .... 

FarNesia, nouveau genre que M. Gasparini 
propose d'établir aux dépens du genre 
Acacia, et qui aurait pour type l'A. Far- 
nesiana, lequel porterait désormais le 
nom spécifique de Farnesia odora......… 

Fecospyr (Gisement singulier de).—M. Lagnens 
adresse plusieurs échantillons de roches 
comme pièces à l'appui d’un Mémoire qu’il 
avait précédemment adressé, ........ Fe 

Fer. — Sur certaines circonstances qui s’op- 
posent à l’oxidation du fer; par M. Schæn- 
LCR TORRE EE PÉREERT = DORE 7 ENS 

— Note sur un phénomène qui s’observe dans 
l’action de l'acide nitrique sur le fer et qui 
paraît dépendre d’une action électrique ; 
par M. Lepage... 


839 


356 


168 


272) 


mination du lieu de l’espace occupé par 
un point donné; par M. Bravais........ 
Essence ne mevrne. — Sur l'essence de menthe 
et sur un noweau carbure d'hydrogène qui 
en dérive ; Note de M. Walter. ..... 
Esromacs: — Le corps muqueux qui revêt la 
langue, les parois de la cavité buccale 
et l’œsophage, s'arrête chez l’homme à 
l'entrée de l'estomac; chez le cheval il 
revêt la portion œsophagiennedeee viscère; 
dans les ruminants, il tapisse les trois 
premiers estomacs ; Mémoire de M, Flou- 
rens sur la stracture comparée de la mem- 
brane cutanée et de la membrane muqueuse. 
Érivcezce ÉtecrmiQue obtenue de la torpille. 
Voir aux mots Torpille et Electricité. 
Érorres. — Note sur Papplicati on du système 
métrique à une nomenclature uniforme 
exprimant pour les fils et pour les tissus 
de toute nature le degré de finesse; par 
M: Brefon hui MO UE GTIARE On 
Éroixes FItANTES. — Sur la quantité moyenne 
d'étoiles filantes observables, dans les 
nuits ordinaires , sur toute la surface du 
globe dans l’espace de 24 heures ; Note de 
M. Herrick de New-Haven, communiquée 
par M. Arago......:, 
— Sur les moyens de déterminer la position 
des étoiles filantes; Lettre de M. Littrow 
, à M. Arago... e 
Éroies mucripzes. — Sur la direction des or- 
bites de ces systèmes d'étoiles ; Lettre de 
M. Madler à M. Arago......... 


…… 


— Sur les déviations de La boussole produites 
par le fer des vaisseaux; Mémoire de 
M."PBiSson. 548 A8 Fee. DOTE 

Fipnine. — Mémoire sur la fibrine , sur ses va- 
riétés et sa formation , sur la cowenne in- 
Jlammatoire, ete.; par M. Letellier..... 

— Communication de M. Magendie, relative 
aux effets qui se produisent quand on di- 
minue les proportions de la fibrine dans 
le sang ou qu'on le rend incoagulable au 
moyen de réactifs chimiques ; l’auteur as- 
simile ces effets aux lésions locales ob- 
servéesi dans les fièvres graves, maladies 
dont un des caractères est aussi le défaut 
de plasticité du sang. ........ 

— M. Serres soutient que la défibrination du 
sang observable dans les fièvres graves ne 
survient qu'après le développement des 
lésions locales en question et ne peut 
par conséquent en être considéré comme 
la cause.....,...1, CRC PEPECERE 


Pages. 


372 


452 


262 


755 


49 


55 


Fiëvres GRAvESs. — Les lésions locales des in- 
cestins qu’on observe dans ces fièvres pa- 
raissent , suivant M. Magendie, dépendre 
du défaut de plasticité du sang......... 

— Suivant M. Serres, le défaut de HA TA 
du sang ne s’obserye que postérieurement 
à ces Jésions dont il ne peut par consé- 
quent être considéré comme la cause, ... 

Fiëvres iNTERMITTENTES. — Note sur une nou- 
velle méthode de traitement pour les fiè- 
vres intermittentes rebelles ; par M. Bou- 
ville; transmise par M. le Ministre du 
Commerce et des Travaux publics...,.... 

Fis. — Note sur l'application du système mé- 
trique à une nomenclature destinée à indi- 
quer le degré de finesse des fils et des tissus 
de toute nature ; par M. Bresson. ...... 

Funr-crass. — Communication de MM. Arago 
et Dumas, relativement au flint-glass de 
MGuinandeit sus Mon ba sue e 

Fiores. — M Bory de Saint-Vincent, en pré- 
sentant une nouvelle édition de la Flore du 
Péloponnèse et des Cyelades, ouvrage qui 
lui est commun avec M. Chaubard, expose 
quelques considérations sur la géographie 
botanique de lorient de l’Europe et da 
bassin méditerranéen........ D'OCEE PEL 

Fiure soumise par M. Bæœhm au jugement de 
l'Académie ; M. Camus écrit que cet ins- 
trument a été laissé entre ses mains par 
l'auteur, pour être remis aux Commis- 
saires désignés lorsqu'ils seront prêts à 
l'examiner............ COOL C EEE 

Fois. — Comparaison entre le tissu cellulaire 
du parenchyme de cet organe et celui de 
divers tissus cellulaires végétaux, particu- 
lièrement des tissus naïissants désignés 
communément sous le nom de cambium ; 
Mémoire de M. Turpin.......... 257 et 

Fonte DE rer. — MM. Leroyet Drevon prient 
l'Académie de se faire faire un rapport sur 
un procédé au moyen duquel ils conver- 
tissent la fonte en er malléable et en acier. 

ForèT SsOUS-MARINE. — M. Lemaout annonce 
l’arrivée de divers objets relatifs à la dé- 
couverte qu’il avait faite l’année précé- 
dente d’une forêtsous-marine sur un point 
des côtes de Bretagne. .,...,........... 

Fossires (Ixrusomes).— Dépouilles siliceuses 
de Bacillariées formant la substance qu'on 
désigne sous le nom de farine fossile dans 
plusieurs parties du nord où on la sup- 
pose. douée de propriétés alimentaires; 
Lettre de M. Retzius à M. Flourens...….. 

Fossires (Ossemenrs). — Mémoire sur le Renne 


( 935 ) 


Pages. 


55 


55 


655 


788 


922 


848 


52 


261 


615 


18 


356 


Jossile de la caverne de Brengues; par 
NE Pelé ete PC . 
— Observations sur les ruminants fossiles des 
terrains sous-pyrénéens; par M. Lartet.. 
— Lettre à M. Flourens sur plusieurs nou- 
veaux débris fossiles découverts à Sansan 
et notamment sur une deuxième mâchoire 
fossile de singe ; par le mème...... 
— Dents fossiles de rhinocéros provenant de 
la commune d’Aillas (Gironde); adres- 
sées par M. Billaudel..... bésoubt aps 
— Mémoire sur des ossements fossiles de 
mammifères et d'oiseaux provenant de la 
caverne de Brengues; par M. Puel...... 
— Sur des ossements fossiles de Mastodonies à 
dents étroites, et d’un nouveau carnassier 
voisin du chien ; Lettre de M. Lartet..... 
— Rapport sur un nouvel envoi fait par M. Lar- 
tet, d’ossements fossiles des environs 
d'A - hn- n T--e ALCPÉCE 
Fossies (VEGETAuUx ). — Recherches snr les Le- 
pidodendron et sur les affinités de ces ar- 
bres fossiles, etc.; par M. Ad. Brongniart. 
Fouvre. — M. Robert appelle lattention sur 
la fréquence de la foudre dans les envi- 
rons de la place de la Concorde et sur la 
nécessité d'assurer contre de pareils acci- 
dents l’uobélisque élevé au milieu de la 


Fourraces. — Recherches sur la quantité d’a- 
zote contenue dans les fourages, et sur 
leurs équivalents ; par M. Boussingauk. .… 

Fracruees, — M. Lafargue propose une modi- 
fication à la méthode de traitement par le 
bandage amidonné , employée pour les frac- 


Pages. 


Ibid. 


421 


653 


655 


889 


6°6 


tures des membres inférieurs. ....... G6 et 789 


— Note sur un cas de fracture complète de la 
jambe, traitée au moyen du bandage gr pso- 
amylacé ; par M. Lafargue........... - 

— Sur la substitution de la dextrine à re 
don dans les Landages inamovibles; Lettre 
de M. Velpeau..., su... .sspeses 

France (La) comparée au royaume-uni de la 

Grande-Bretagne et de l'Irlande relative- 
ment aux résultats fournis par la statis- 
tique judiciaire dans les deux pays ; Note 
deM. Moreau de Jonnès............ 

Fusiz rOPTiPTEUR. — M. Heurteloup présente 
à l’Académie un nouveau modèle de son 
fusil koptipteur.........,........... E 

— Rapport sur ce fusil; par M. Rogniat. …... 

Fusus (Fabrication des). — Maladies résultant 
pour les ouvriers employés au polissage des 
canons de fusil de l'aspiration des pous- 
sières ; appareil pour prévenir la diffusion 
de ces poussières , proposé par M. Petit... 


127. 


500 


160 et1°9 


746 
CEE 


653 


Gace. —Observations sur l’acarus de la gale 
du cheval; par M. Bonnes..... 
Gaz. — De l'influence qu’exerce la présence 
des animalcules de couleur verte qu'on 
observe dans les eaux tranquilles, sur la 
quantité et la qualité des gaz que ces eaux 
peuvent dissoudre ; par M. Morren...... 
Gaz D’ÉCLAIRAGE. — Expériences concernant 
l’action de l’eau en vapeur sur les char- 
bons incandescents, conduisant à un nou- 
veau procédé de fabrication pour un gaz 
d'éclairage ; Note de M. Longchamp... 

— Décomposition de l’eau et de matières car- 
burantes, à l’aide de la chaleur, pour la 
fabrication du gaz d'éclairage; par M. Sel- 
ligue... ss. se ae té a de Sr Sécu 

GéLarine. — Les membres du Bureau de bien- 
aisance de la ville de Lille adressent de 
nouveaux documents relatifs à l’emploi 
qu’ils ont fait de la gélatine des os ao 
l'alimentation des indigents. ...... 

— M.Gannal prie l’Académie de bâter le à ne 
port qui doit être fait sur les propriétés 
alimentaires de Ja gélatine......... HAE 

— Le conseil d'administration dû dépôt de 
mendicité de la ville de Lyon appelle lat. 
tention de l’Académie sur un passage du 
procès-verbal de la dernière séance des 
souscripteurs , passage relatif à un appa- 
reil pour la préparation de la gélatine ali- 
mentaire , monté dans cet établissement. 

Géniras (Arpareir). — Recherches sur le dé- 
veloppement et la signification de l’appa- 
reil génital externe; par M. Coste... 

— Notice sur une guérison obtenue dans un 
cas de sphacèle du serotum et d'une partie 
de la peau de la verge, survenu par suite 
d’une rupture de l’urètre; par M. Guillon. 

Gexou (Luxation du). — Voir au mot tee 
tions. 

GéÉopEste. — Supplément à une nouvelle dé- 
termination de la distance méridienne de 
Montjouy à Formentera; par M. Puissant. 

— Sur la facilité qu'offrirait le plateau élevé 
où se trouve le lac de Titicaca, pour la 
mesure d’une longue base, si l’on voulait 
obtenir une nouvelle mesure d’un degré 
du méridien près de l'équateur ; Lettre de 
M. Pentland à M. Arago............. 26 

GÉonEstMÈTRE. — Instrument d’arpentage pré- 
senté par M. Dericquehem. — Rapport 
sur cet instrument none smnsoorerehse 

Géocrarme. — Lettre de M. Dei en adres- 
sant une nouvelle livraison de son cours 
de géographie générale... ....,,..,..,.. 


( 936 ) 


Pages 


613 


276 


178 


207 


209 


30$ 


833 


355 


368 


770 


831 


Gr 


658 


GéocrAPuiE nOTANIQUE. — Considérations sur 
la Géographie botanique de lorient de 
l'Europe et du bassin méditerranéen ; par 
M. Bory de Saint-Vincent... ............. 

GéocrAPHIE Z00L061QuE. — Sur la distribu- 
tion géographique des oiseaux passereaux 
dans PAmérique méridionale; par M.d’Or- 
bignr. ( Rapport sur ce Mémoire )........ 

Géozocre. — Etudes sur la constitution géo- 
gnostique des Pyrénées ; par M. Coquand. 

— Notice sur l’âge géologique du gypse d'Air; 
par le même. HÉTOCE 

— Instructions pour la Commission Épée 
par M. le Ministre de la guerre de Pex- 
ploration scientifique de l'Algérie; partie 
relative à la géologie 

— Mémoire géologique sur la masse de mon- 
tagnes qui sépare la Loire du Rhône et de 
la Saône ; par M. Rozet... 

— Considérations sur le diluvium sous-pyré- 
néen; Lettre de M. Lartet............. 

— Instructions demandées par M. le Ministre 
de la marine pour l'expédition scientifique 
qui se rend dans le nord de l'Europe; 
partie relative à la géologie, rédigée par 
M. Élie de Beaumont.................. 

— Rapport sur les résultats scientifiques du 
Voyage de la Bonite, en ce qui concerne 
la géologie et la minéralogie; par M. Cor- 
dier..… 

— Mémoire sur les terrains secondaires infé- 
ricurs du département du Rhône; par 
M. Leymerie. ...... 

— Sur les terrains tertiaires du nord-ouest 2 
l'Italie; par M. de Collegno......... x 

— Sur quelques terrains du Chili; Lettre de 
M. Gay à M. Elie de Beaumont SCA 

— Remarques de M. Élie de Beaumont à V'oc- 
casion de cette lettre.............. ASE 

Voir aussi aux mots Volcans et OR 
(Produits). 

Gzace. — Sur la glace qui se forme au fond 
des rivières; par M. Maille.........,.... 

Gzaçoxs. — Note sur un moyen de conserver, 
à l’aide d’un barrage, une portion de ri- 
vière libre de glaçons et propre à la navi- 
gation pendant les grandes gelées; par 


NON DEGRÉ rec semaine HG 
— M. Delahaye demande un rapport sur l’ef- 
ficacité de ce procédé...,.............. 


GLoves TERRESTRES. — Nouveaux globes cons- 
truits par M. Dien, et dans lesquels une 
sphère creuse de métal remplace la splière 
de carton communément employée. .... 

GLOBULES SANGUINS. — Les globules rouges, qui 


Pages; 


918 


236 


65 


121 


ne paraissent dans le globule sanguin que 
par la couleur qu’ils lui communiquent, 
deviennent sensibles et même mesurables 
après qu’ils n’en font plus partie, quand 
ils restent plongés dans un liquide nutri- 
tif qui leur permet de vivre et de grandir ; 
Mémoire de M. Turpin sur des globules 
de lait observés à l’état pathologique... 

— Les globules blancs du sang, signalés par 
M. Donné, ne sont, suivant M. Turpin, 
que des globules normaux éteints dans 
leur vie organique; (même Mémoire)... 

— Voir aussi au mot Sang. 

Givane. — Propriétés optiques des combinai- 
sons tertiaires formées par l'acide tartri- 
que, les terres et l’eau; Mémoire de M. Biot 
sur plusieurs points de mécanique chi- 
MIqUE......... PESTE mA 

Gras. — Appareil pour les De ver de l’at- 
taque des insectes, de l’échauffement, etc., 
inventé par M. Vallery. ( Rapport sur 
cet appareil). ........ss.sss 


HaxneTon. — Sur les ravages que cause dans 
le département de l’Orne la larve du han- 
neton (ver blanc); Lettre de M. Dureau de 
la Malle... 2... 

Harmonie des organes végétaux étudiés princi- 
palement dans l’ensemble d’une même 
plante; par M. de Tristan. (Rapport 
sur cet ouvrage). . 

Hanmonie. — Nouveaux principes de Mélodie 
et d'Harmonie ; par M. le baron Blein... 

— Rapport verbal sur cet ouvrage. .... 

Haureurs.— Calcul des hauteurs, au moyen 
des observations barométriques, fondé sur 
la connaissance de la vraie constitution 
physique de l'atmosphère terrestre; Mé- 
moire de M. Biot sur la vraie constitu- 
tion de cette atmosphère déduite de l’ex- 
périence: 21... sde 

— Hauteur de l’Illimani, montagne du Haut- 
Pérou ; Lettre de M. Pentiand à M. Arago. 

— Limite inférieure des neiges perpétuelles 
dans les Cordillières de ce pays...... Id. 

— Sur les hauteurs relatives des signaux 
terrestres conclues de leurs distances zéni- 
thales réciproques; par M. Biot........ 

HETÉrOPE , nom proposé par M. Jourdan 
pour un genre qui serait intermédiaire 
entre les Kangourous et les Potoroos. .... 

Himernarion. — Note sur un cas d’hibernation 
observé chez deux hirondelles ; par M. Du- 
FrOCHET RER St - 5e sas 

— Note sur l’hibernation d’un grand nombre 


(937) 


Pages. 


250 


259 


153 


27) 


133 


49 


812 et 853 


398 
831 


ibid, 


840 


673 


— M. Dubourg adresse une réclamation de 
priorité relativement à l'invention d’un 
appareil destiné aux mêmes usages et 
fondé sur les mêmes principes 

— Nouveau système de greniers pour mettre 
les grains à l’abri des attaques des cha- 


rançons; par M. Demarcay............ 
— Rapport sur ce procédé; par M. Gay- 
LDsS AC Ne. tie - sde aerio{oe cases de 


— Un procédé qui paraît avoir beaucoup de 
rapportavec celui-là avait été proposé,dans 
le 17€ siècle, par le P. Castelli; Note de 
M. Libris... Mn ar ensesetes Fo sen ne 

Gnanve-BrerAGxe (LA) comparée à la France, 
relativement aux résultats fournis par la 
statistique judiciaire dans les deux pays; 
Note de M. Moreau de Jonnès..... 160 et 

Grèze. — Note sur des grélons en (brie 


sphériques; par M. Beudant........... . 
Gxrse. — Notice sur l’âge ss du gypse 
d'Aix; par M. Coquand............. 2 


d'hirondelles dans une caverne de la vallée 
de Maurienne ; par M. Larrey.......... 
— Réflexions de M. Isidore Geoffroy-Saint- 
Hilaire à V'occasion de cette communica- 


Hmonpezces. — Voir V'artiele dent 

Histoire narurezre. — Traduction des œuvres 
d'histoire naturelle de Goethe, par M. Mar- 
tins ; Rapport verbal sur cette traduction 
(partie zoologique et anatomique)... 

— Note sur les caractères généraux des corps 
naturels, minéraux, végétaux et animaux ; 
par M. Barbier... 

Horcoces. — Mémoire sur un nouveau sys- 
tème de sonnerie pour les horloges; par 
M. Castil-Blage.. 

— Mémoire sur un autre système de sonnerie 
musicale pour les horloges; par M. Soullier. 

Hornères. — Mémoires sur les crisies, les hor- 
nères et plusieurs autres polypes, vivants 
ou fossiles, dont l’organisation est ana- 
logue à celle des tubulipores; par M. Milne 
Edwards 

Huizes.— De l'emploi de la vapeur din pour 
lépuration des huiles de graines; par 
M. de Gatignr.… 

Huies ESSENTIELLES. — M. Rolls demande 
que l’Académie se fasse rendre compte 
des modifications qu'il a apportées au 
procédé d’extraction pour les huiles essen- 
tielles des fleurs et des plantes aroma- 
tiques ..... nee er Ne» 


66 


320 


420 


864 


HYDKO-CHLORATE DE SOUDE. — Voyez à Sel ma- 
rins 
Hypno-ÉLecTriQuEs (APPAREILS). — Développe- 


[zzimaxt. — Nouvelle mesure de la hauteur 
de cette montagne, par M. Pentland; 
Lettre à M. Arago. :....1,:.. 1... 

{xCENDIES. — Procédé pour préserver de l’in- 
cendie le cintre des théâtres; par 
MOT Rer EE ee 

— Note sur un moyen propre à diminuer Ja 
fréquence des incendies; par M. Letellier. 

— M. Thibault demande que l'Académie se 
fasse rendre compte d’une échelle à incen- 
dies qu’il a imaginée...........,...... 

— M. Thibault demande que cette échelle à 
incendies soit admise à concourir pour le 
prix Montyon (Arts et Métiers insalubres). 

IxicorEres (VEGETAUx).—Mémoire deM.Jaume 
Saint-Hilaire, sur les indigofères asiati- 
QUES Er Peer Lt 

INFLAMMATION. — M. Serre d'Uzes adresse pour 
le concours au prix de Médecine Montyon 
un Mémoire imprimé et un manuscrit 
sur le traitement abortif de l’inflammation 
au moyen du mercure...,..........,.. 


— Expériences démontrant l'influence de lal- 
tération du sang dans la production de 
l’inflammation et des autres lésions lo- 
cales ; par M. Fourcault..,..,.......... 

— Expériences démontrant l'influence de la 
suppression de la transpiration cutanée 
dans la production de l’inflammuation et 
des autres lésions locales ; par le méme. 

Insectes nuisibles à l’agriculture. — Sommaire 
des observations recueillies à ce sujet par 
MEANS TAN ANA ERT are 

— M. de Humboldt adresse Vouvrage de 


JAMBES ARTIFICIELLES pour divers cas d’ampu- 
tation ; présentées par M. Martin. 421 et 
JurassiQue (Terrain). — M. Gay paraît avoir 


Kancourou. Remarques sur une communica- 
tion de M. Coste relativé à œuf du Kan- 
gourou ; Lettre de M, Owen à M. Arago. 

— Sur l’ovologie du Kangourou ; Mémoïré de 
M. Coste en réponse à la lettre de 


Pages: 
ments relatifs aux décompositions chi- 
miques obtenues à l’aide de ces appareils; 
par M. Becquerel..,../.. 1... 125 


M. Ratseburg sur les insectes nuisibles aux 
JOLI nn talent mue ses eue NU EN O TG 


831 — Sur les dommages causés à l’agriculture par 


le ver blanc dans le département de POrne; 
Lettre de M. Dureau de la Malle........ "51 


49 Insecrivores (MawmirÈres). — Recherches sur 


166 


42 


574 


677 


l'ancienneté des mammifères insectivores 
à la surface de la terre; précédées de l’his- 
toire de la science à ce sujet, des principes 
de leur classification, et de leur distribution 
géographique actuelle; par M. de Blain- 
PURE a ionegie re tneenaiectesesebes eee oO 


Ixsrrucrions demandées à l’Académie pour di- 


vers voyages et expéditions scientifiques. 
— Voirau mot Voyages. 


Instruments de chirurgie. — Mémoire sur di- 


vers instruments pour le traitement des 
maladies de l'oreille et sur leur mode d’ap- 
plication, etc.; par M. Gairal.......... fx 


Instruments. — Rapport sur un instrument 


d’arpentage, le Géodésimètre, présenté par 
M Dericquehem. sel user 61 


— Description etfigure d’un nouvel instrument 


d’arpentage ; par M. Dumont. ........... 339 


Ion. — Sur de nouvelles combinaisons du 


chlore, du brome et de l’iode; par M. Millon. 499 


146 Lopures. __ Mémoire sur l'emploi du proto-io- 


dure de mercure dans le traitement du 
psoriasis ; par M. Boinet................ 420 


Isowérie. — Sur l'emploi de la lumière polari- 


sée pour manifester les différences des 
combinaisons isomériques ; par M. Biot.. 663 


1stume DE PANAMA. — Travaux pour le canal 


qui doit unir l’océan Pacifique à l’Atlan- 
tique ; Communication de M. Warden... 150 


reconnu l'existence au Chili de cette for- 
mation que l’on croyait manquer dans le 
Nouveau-Monde. ................:.... 919 


M Owen Ts RE EME 27 HO 165 


— Mémoire sur Pœuyfdu Kangourou, et par- 


ticuliérement sur la découverte de l’Allan- 


toïde ; par M. Owen... 46 


Lair. — Analyse microscopique faite sur des 
globules de lait à l'état pathologique ; par 
MS TUE PR RTE. ane 

— Rectification à un passage de ce Mémoire ; 
PAL TE MEME anne eee eee een SU 

LANGUE. — A la langue, comme sur toutes les 
parois de la cavité buccale et de l’œso- 
phage chez l’homme; à toutes ces par- 
ties et à la partie æsophagienne de l’esto- 
mac chez le cheval; aux mêmes parties, au 
mufle et dans les trois premiers estomacs 
chez les ruminants ; le derme est recou- 
vert par le corps muqueux qui se moule 
exactement sur toutes ses saillies. Mé- 
moire de M. Flourens sur la structure 
comparée de la membrane cutanée et de la 
membrane muqueuse......,...,.......... 

Lazarers. — M. le Ministre du Commerce 
adresse la collection des réglements et or- 
donnances de police sanitaire qui régissent 
ou ont régi les lazarets de France... 

Lepiponenpron. — Recherches sur ces arbres 
fossiles et sur leurs affinités avec les Zrco- 
Podiacées vivantes ; par M. Ad, Brongniart. 

LèPRrE. — Voir à Psoriasis. 

Limaces. — Recherches sur le développement 
des limaces et autres mollusques gastéro- 
podes ; par M. Laurent.........,. 615et 

LiruocraPrie, — Description et figure d’une 
presse lithographique à encrage et mouil- 
lage mécaniques; par M. Villeroi..…..…. 


LarBorrinie, — Nouvel instrument pouvant 
agir par pression et par percussion si- 


MacmiNe ÉBOUEUSE destinée au nétoyement des 
routes ; présentée par M. Chardot....... 
Macmines à vapeur, — Mémoire sur le caleul 
des effets des machines à vapeur, conte- 
nant des équations générales de l’écoule- 
ment permanent ou périodique des 
fluides, etc. ; par M. Barré de Saint-Ve- 
TANÉ. ss essss see. 45 et 
— Note sur la théorie de la machine à vapeur; 
en tenant compte du changement de tem- 
pérature de la vapeur pendant son action 
dans la machine; par M. de Pambour.. 65 et 
— Rapport sur divers Mémoires de M. de Pam- 
bour, ayant pour chjet la détermination 
des résistances que présentent les machi- 
nes locomotives sur les chemins de fer, et 
le calcul de l'effet des machines à vapeur 


262 


575 


872 


655 


201 


113 


multanément ou successivement ; par 
M. Leroy HÉROS: danses Jade non: 
Lits MÉCANIQUES. — Figures et description 
d’un lit mécanique à l’usage des malades 
et des blessés ; par M. Nicole Berthelot... 
Loc. —M. Bouvart adresse un Paquet cacheté 
portant pour suscription : « Dromomètre 
Ou nouveau loch à l’usage de la marine » 
(séance du 18 juin)... CODOLOE EC PL Tee 
Lumière (POLARISATION DE LA ).— Voir au mot 
Polarisation. 
LuNE. — Sur la configuration d’une certaine 
région de la lune ; Lettre de M. Madler.. 
Luxarioxs. — Mémoire sur le traitement des 
luxations congénitales du Jémur ; par 
M. Pravaz..…. 215 
— Mémoire sur la réduction des luxations con- 
génitales du fémur; par M. Bouvier... 
— M. Leymerie annonce que dans un Mémoire 
dont il n’a pu achever la lecture, il citait 
des cas de guérisons de luxation spontanée 
du fémur et de torticolis anciens obtenues 
au moyen de la chaleur seulement . see 
— Mémoire sur un déplacement complet de 
l'articulation tibio - fémorale , après une 
déviation de nutrition dans les surfaces 
osseuses qui Ja constituent; par M. 4. 
Thierres ANS 


citer diet osialierseas 


LYCOPODIACÉES. — Examen des principaux ca- 
ractères de ces plantes pour servir à éta- 
blir les affinités qu'ont avec elles les 
grands végétaux fossiles connus sous le 
nom de Lepidodendron > par M. Ad. Bron- 
BAIE En le EN NNOULE 


en BÉnÉra leurre ere dater a tnt 
— Note sur une formule donnant le volume de 
la vapeur saturée en fonction de sa pres- 
sion seulement; par M. de Pambour.. 
— Remarques de M. Biot à l’occasion de cette 
Note DOPCPECEEE CE EPP EEE 
— Appareil de sûreté Pour les chaudières à 
Yapeur, présenté par MM. Z'estu et Le- 
terrier. (Rapport sur cet appareil)... ,.. 
— Moyens de sûreté contre les explosions des 
machines à vapeur ; par M. Rabaïoye..…., 
— La Société industrielle de Mulhouse désire 
que les moyens qui seront indiqués par 
la Commission des rondelles fusibles comme 
les plus propres à prévenir l'explosion des 
Chaudières à vapeur, soient éprouvés dans 
divers établissements où l’on fait usage 


Pages: 


519 


/ 


225 


de ces machines, avant qu’une ordonnance 
en rende l'emploi obligatoire.......... 
— Sur la véritable cause des explosions des 
chaudières à vapeur, et sur les moyens 
propres à les prévenir; par M. Demaretz. 
— Note sur un appareil de sûreté destiné à 
empècher l'explosion des machines à va- 
peurswpar M: Loyeri. ee ee en 
— Mémoire anonyme sur les moyens de pré- 
senir les explosions des machines à va- 


PEUT ERA. PSE NO MO 


— Mémoire de M. Levallois sur une explosion 
survenue dans une machine à vapeur à 
basse pression; et rapport fait sur ce 
Mémoire à M. le Directeur général des 
Ponts-et-Chaussées.. .7............... 

— Mémoire sur l'emploi de la vapeur perdue 
dans les machines à haute pression 
pour remplacer en partie le combustible ; 
par MP Dore ee een male sente n ee 

— Réflexions sur les deux dernières explosions 
des chaudières de bateaux à vapeur surve- 
nues à Nantes et à Cincinnati; par M. Sé- 
QUIET ee nes enoennee rennes tes ottes 

— Réflexions sur les causes des explosions des 
machines à vapeur ; par M. Darlu....... 

— Sur les causes probables de lexplosion de 
ces machines; par M. Schweich...:.... 

Macxériques / BarReAux). — Sur les moyens 
d'augmenter leur puissance; Lettre de 
M. Scoresby à M. Arago..... 310, 832 et 


MacérisMe pe ROTATION. — Note sur les causes 
de ce genre de phénomènes ; par M. Hal- 
ARE eee panne nelen ee sante Las 

MAGNÉTISME TERRESTRE. — Sur les déviations 
de la boussole produites par le /er des 
vaisseaux; Mémoire de M. Poisson. ..... 

— Sur une perturbation de l'aiguille aiman- 
tée observée le méme jour au Chili et à 

Paris; Lettre de M. Gay à M. Arago... 

Mamerox. — La coloration qui entoure le ma- 
melon chez la femme et forme ce cerele 
qu’on désigne sous le nom d’aréole, a 
son siége dans le second épiderme : Recher- 
ches sur la structure comparée des mrem- 
branes. muqueuses et des membranes cuta- 
nées ; par M.wFlourens...,. 1... 

MaviwÈnes. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Jourdan concernant quelques mammi- 
féresmouyeauxi. 06e RO, Po 

Mawmirenes (Œufs des).—Voir à Embriologie. 

NManvres. — Gisement considérable de marbre 
blanc statuaire découvert dans les monta- 
gues des Chérokées; Communication de 
M Warden yes TEE RE 

Mansupraux. — Remarques sur une commu- 
nicntion de M. Coste relative à l'œuf 


( 940 ) 


Pages. 


161 


20) 


833 


180 


Pages 
du Kangourou; Lettre de M. Owen à 

M'VATAgO eee enasmeaememecmecenes Ut 
Masronoxre.—Sur la découverte d’un portion 
considérable du squelette d’un mastodonte 

à dents étroites; Lettre de M. Lartet.... 655 


MATIÈRE MEDICALE. — Observations concernant 
la matière médicale et la thérapeutique ; 
par MMOr FAT OEL carats ene sise cas TL 

Mècnes DE SAUVETAGE pour guider les mineurs 
dans les cas d’invasion de certains mé- 
langes gazeux qui ne permettent plus aux 
chandelles de brûler ; par MM. Ajasson de 
Grandsagne et E. de Bassano............ 419 

Méoecixe PRATIQUE. — Rapport sur un ouvrage 
de MM. de La Berge et Monneret, ayant 
pour titre ; Compendium de médecine pra- 
LIGUE Le noms msn masse sieste 104 

MéLonE. — Nouveaux principes de mélodie et 
d'harmonie ; par M. le baron Blein....... 49 

— Rapport verbal sur cet ouvrage...... 812 et 853 

Mercure.—Mémoires sur le traitement abortif 
de l'inflammation au moyen du mercure; 
par M.Serre d'Uzès..,........,........ 107 

— Mémoire sur l'emploi de la pommade de 
proto-iodure de mercure dans le traite- 
ment du Psoriasis ; par M. Bonet....... {20 

— Dans des expériences relatives aux cou- 
rants thermo - électriques , faites par 
MM. de La Rive et Matteucci, on n’a pu 
obtenir ces courants avec le mercure. .... 27% 

— Surle moyen d'obtenir du mercure des cou- 
rants thermo-électriques ; Lettre de M. Pel- 
ten AR I ES ER RIRES GS 

Mésire. — Nouveau genre établi pour un oi- 
seau de Madagascar ; par M. Isidore Geof- 

Joy Saint-Hilaire... ms et mo 

Mesures. — M. Biot présente des recherches 
de M. Jervis sur un étalon primitif de tous 
les poids et mesures. ..,............, 472 

MéréoroLociE. — Première partie d’un Traité 
de Météorologie; par M. Denis......,... Bot 

— M. Le Ministre de l'Instruction publique rap- 
pelle qu’il n’a pas encore été fait de rap- 
port sur un mémoire de Météorologie de 
M. Korn IS TO AUS re 90 

MéréoroLoGiquES (OBsERvATIONS) faites à l'Ob- 
servatoire de Paris, 22, 184, 308, 428, 
66r, 793. 

— Tableau des observations météorologiques 
faites à l’École d’artillerie et du génie de 
Metz ; adressé par M. Schuster.......... 51 

— Observations faites au fort Vancouver; sur la 
rivière Columbia (côte occidentale de l’A- 
mérique du Nord); par M. Mac-Loughlin. Ibid. 

— Résultats déduits de ces observations , par 
M. Arago, relativement au climat de la 
côte occidentale de l'Amérique du Nord, 


comparé à celui d’autres côtes, à latitude 
égale. ssse se eee ee ne a nele se e 
— M. Bonnafont annonce avoir commencé, à 
Constantine , une série d'observations mé- 
téorologiques qu’il se propose de conti- 
nuer..... cac 
— Tableaux des observations météorologi- 
ques faites à Flacq (ile Maurice), pen- 
dant les mois de mars, avril, mai 1837; 
par M. Desjardins. ................... 
— Résumé des observations météréologiques 
faites pendant une période de 10 ans 
(1828-37) à la Basse-Terre (Guadeloupe); 
par M. Dupuy.......... SA dpatase 
— Tableau des observations météorologiques 
faites à Cherbourg, pendant l’année 1837; 
par Mi Bamarche sys. 209 2. 100008. 8 
— Faites à Constantinople, au collége des La- 
zaristes, pendant l’année 1835........ 
MérRique (SystÈmE). — Note sur l’application 
du système métrique à la mesure du degré 
de finesse des fils et des tissus ; par M. Bres- 
son... tOOUC AUDE 
Microwëèrre dont les fils sont rendus lumineux 
au moyen de l'électricité; présenté par 
M. Cappocci qui se proposed’en faire usage 
pour l’observation des comètes très faibles; 
remarque de M. Arago à ce sujet....... 
Microscope. — Appareil pour retourner sur le 
porte-objet du microscope , des corps de 
petitesdimensions; présenté par M. Mandl 
Minace. — M. Coulier appelle l’attention sur 
un passage de la relation du voyage de 
Ker-Porier en Perse, lequel lui parait 
relatif à un cas de mirage nocturne... 
MoxomanE suicipe. — M. Cazauvieilh demande 


NAGEOIRES A CINTRES MOBILES. — M. Mathey 
présente sous ce nom un appareil dont il 
propose d’armer les mains des nageurs, 
dans le but de rendre leur progression dans 
l’eau plus rapide et moins fatigante..., 

Naïssaxces. — Mémoire sur la proportion des 
sexes dans les naissances des animaux ver- 
tébrés ; par M. Bellingeri. . . 

Navicariox.— Mémoire sur la théorie générale 
de la manœuvre des vaisseaux et autres 
points qui s’y rattachent; par M. Letour- 
EUR C'Ae EE 


— Essai sur les bateaux à vapeur ; Mémoire 
adressé pour le concours au prix concer- 
nant la navigation par la vapeur........ 

— Mémoire sur les déviations de la boussole, 
dues à l’action du fer des vaisseaux ; par 
METP OI ee es nee c'es Cle UV CT 


C. R. 1838, 1°T Semestre. (T. VI.) 


(9 


Pages. 


120 


425 


654 


- 822 


822 


Ibid. 


= 


N 


1) 


et obtient l'autorisation àe retirer un Mé- 
moire sur la monomanie homicide des ha- 
bitant$ des campagnes , mémoire présenté 
pour-un précédent concours et non admis 
à cause d'un défaut de forme........... 
Morners. — M. Denys de Curis demande qu'un 
ouvrage sur la confection des mortiers 
qu'il a adressé l’an passé à l’Académie 
soit admis à concourir pour un des prix 
de la fondation Montyon............... 
Moreurs. — Figure et description d’un nou- 
veau moteur; par M. Gautier.......... 
Mouvement. — Réflexions physiques sur Île 
mouvement de la lumière, de la Terre, de 
la Lune et des eaux dans le flux etlereflux 
de la mer; par M. Stein.....,......... 
Movuvemenr PERPÉTUEL. — Note de M. Frey- 
Muqueuses (MemprAnes). — Recherches anato- 
miques sur les structures comparées dela 
membrane cutanée et de la membrane mu- 
queuse, par M: Flourens...... 
Murier. — Note sur la culture du mürier et 
sur l’éducation des vers à soie en Touraine ; 
par M. Buin.......................... 
— Deuxième Mémoire sur le mûrier des Phi- 
lippines ; par M. d'Hombres-Firmas...... 
— Note sur la fabrication du papier avec l’é- 
corce du mürier; par MM. Gérard et de 
Predapals esse nement cut 
Muscarpine. — Rapport sur divers travaux en- 
trepris au sujet de la maladie des vers à 
soie, connue sous le nom de muscardine. 
Musique ( TuéormE DE LA). — Nouveaux prin- 
cipes de mélodie et d'harmonie; par 
MsBlein ns as ere doute 


— Réclamation de priorité concernant un sys- 
1ème d'installation des navires à vapeur, 
qui les rend propres à naviguer à la voile 
seulement , quand le vent est favorable ; 
par M. Béchameil..:.............4:.... 

— M. Arago confirme l'exactitude d’une des 
assertions de M. Béchameil relativement 
à la date de ses travaux................ 

Navicarion NTÉRIEURE. — M. Devèse de Cha- 
briol prie l’Académie de hâter le rapport 
sur un Mémoire qu'il a précédemment 
adressé concernant la navigation de l’AI- 
lier et de ses affluents..,....... 

— L'auteur envoie une nouvelle copie de son 
Mémoire... 5 -L 

— M. Duméry adresse un paquet cacheté por- 
tant pour suscription : Note relative au 
remorquage des bateaux sur les canaux et 


128 


Pages 


121 


49 


864 


865 


49 


822 


les rivières. (Séance du 4 juin.)......... 
— Essai sur la navigation intérieure en Angle- 
terre, et tableau de la navigation ‘inté- 
rieure du continent de l'Europe......... 
NEcrir. — Note sur l’insecte qu'on désigne vul- 
gairement sous ce nom, dans quelques 
parties de la France; par M. Vallot.... 
Newe. —Observations sur la cause qui produit 
la fonte hätive des neiges autour des plan- 
tes; par M. Melloni.......... coc SET 
Neices PERPÉTUELLES. — Détermination baro- 
métrique de la limite inférieure des neiges 
dans les Andes du Haut-Pérou; Lettre de 
M. Pentland à M. Arago.............. ô 
NeLowvs, nom proposé par M. Jourdan pour 
un genre qui serait formé aux dépens du 
genre Échimys.. 


— M. Isidore Geoffrar-S aint-Hilaire trouve 
dans la considération du système dentaire 
de ces animaux, une confirmation de Ja 
légitimité de ce démembrement, que 
M. Jourdan n’avait appuyée que sur des 
caractères extérieurs, dont quelques-uns 


OsiEcTiFs ACHROMATIQUES présentés par M. Cau- 
CRE. serein OO TON nee 7050 E 
OEozoc1e.—M. Auberger présente un mémoire 
intitulé: Plan d’un ouvrage sur l’œnologie. 
OEsornace. — Le corps muqueur qui revèt la 
langue et la cavité buccale, et qui est le 
siége des colorations qu’on y remarque 
dans certains cas, s'étend, chez l’homme, 
jusqu'à l'extrémité inférieure de l’æso- 
phage; se prolonge, chez le cheval, jusque 
dans la partie supérieure de l'estomac; et 
dans les ruminants ne cesse qu’à l’entrée 
du quatrième ‘estomac. :( Mémoire! de 
M. Flourens sur la structure! comparée de 
la membrane cutanée et de la membrane 
MUQUEUSE), sms rene dés enete das 
OFxr. — Recherches sur la structure des 
membranes de l'œuf des mammifères; par 
MM. Breschet et Gluge..... no D 
— Remarques sur une communication “2 
M. Coste, relative à l'œuf du kangourou ; 
Lettre de M. Owen à M. Arago........ = 
— Mémoire sur l'ovologie du kangourou; en 
réponse à la lettre dé M. Owen; par 
M. Coste.... 
— Mémoire sur l'œuf du kangourou, et en par- 
ticulier sur la découverte de son allan- 
toïde; par M. Owen. :....... PAL 
Oiseaux. — Distribution Dééréphique des oi- 
séaux passeréaux dans l'Amérique méridio- 


( 942 


Pages 


790 


822 


899 


262 


même n'étaient pas constants. (Notice sur 
les rongeurs épineux , etc.)......... ... 
Nérinées.— Notice sur la Nérinée gigantesque ; 
par M. D’Hombres-Firmas, ............. 
Norx vowique, — Sur l'emploi de la poudre de 
noix vomique torréfiée dans le traitement 
de l’épilepsie ; par M. Legrand... ........ 
Novés. — Sur une cause qui concourt à aug- 
menter le nombre des noyés à Paris , et 
sur un moyen de faire disparaître cette 
cause; par M. Mallet.......,.. seen 
Nuaces, — Lettre de M. Robert, sur un nuage 
remarquable observé à Paris le 25 avril. 
— Lettre de M. Korilskr, sur les nuages para- 
sites. ss... 707 et 
NumEratioN, — Sur la connaissance qu'ont eue 
les Anciens d’une numération décimale 
écrite qui fait usage de neuf chiffres pre- 
nant des valeurs de position; par M. Chas- 
leciidotique 5 du sjtfateee se me/etelrde)a eee 
— Lettre de M. de Paravey à l’occasion de la 
lettre précédente... ass 
— M. Gautier réclame la priorité relative- 
ment à la question traitée par M. Chasles. 


nale; par M. d A — Rapport sur 
csMémoire.. e 


— Notice sur trois nouveaux genres d'oiseaux 
de Madagascar; les genres Philepitte, 
Oriolie et Mesite ; par M. Isid, Geoffroy - 
Saint-Hilaire... 

Oiseaux-Moucues.—Note sur leur EP RRE 
par M. Geoffroy-Saint-Hilaire....., ati 

OPnTALMOLOGIE. — Mémoire de M. Traversat. 

Or. — De l’action des préparations d'or sur 

e économie, et plus spécialement sur 
les organes de La digestion et de la nutri- 
tion; par M. Legrand... ... san eue gras 


— De l’emploi de l'or dans le traitement des 
scrofules; par M. Legrand.............. 


Oncnibées. — Mémoire sur la culture des or- 
chidées, et sur huit nouvelles espèces de 
cette famille, avec des observations sur les 
caractères génériques de plusieurs genres; 
par Ma Mutels.es Mn dater 

Oreire (Maladies de l'). — Mémoire sur di- 
vers instruments pour le traitement de ces 
maladies, suivi d’un essai sur la perfora- 
tion avec perte de substance, de la mem- 
brane du tympan; par M. Gairal........ 

Oncaniques (Dépris) DANS DES ROCHES CRISTAL= 
LINES STRATIFIÉES, — Observés dans des 
schistes maclifères de la Bretagne; par 
M: Puillon Boblaye............. 


Pages. 


863 


385 


G25 


19 


469 


168 


( 943 ) 


Pages. 
— Dons des calcaires saccharoïdes des Pyré- * 
nées; par M. Coquand................. 334 
ORGANOGRAPHIE VÉGETALE. — Rapport sur un 
travail de M. de Tristan, intitulé : Harmo- 
nie des organes végétaux étudiés principa- 
lement dans l’ensemble d’une même 
plantess:/2. Pet ME demeure 133 
OrGue.— Nouveau tableau pour les propor- 
tions des tubes dans cet instrument; par 
M. Cabillet. ..... DA ARENETEE SUN 118 
Onioute.— Nouveau genre créé pour un oiseau 
de Madagascar ; par M. Isid. Geoffroy-St.- 
Hier! EU: UC Re) bubh0o .. 44o 
Os nv cRANE.— Nouvelles réflexions sur la ma- 
nière dont la nature procède à l’occlusion 
ou à la cicatrisation des plaies de la tête, 
avec perte de substance aux os du crâne; 
par M. Larrey....... Mie onentat “23 
OsciLLATIONS de l'eau dans les tuyaux de con- 


Parier. — Note sur la fabrication du papier 
avec l'écorce du mürier ; par MM. Gérard 
et de Prédaval......... rondes 145 
— M. Pallas adresse un paquet cacheté por- 
tant pour suscription : Indication d’une 
substance végétale avec laquelle l’auteur 
espère obtenir un papier propre à rempla- 
cœær le papier de Chine. (Séance du 4juin). 590 
Paquers cAcuETÉS adreseés par MM. 


— Godain. Séance du 2janvier............. 920 
— Séguin. (Séance du 8 janvier). ....... A 03 
— Leroy d'Étiolles. TOUS COMORORRRE ... Ibid, 
— Legrand. LE ce octo ce ce N ibid. 
— Morel. (Séance du 15 janvier)..... ch ir 66 
— Mandl. id. pagione 0 67 


— Duméry.— Appareils de sûreté pour les 
machines à vapeur. (Séance du 22 janvier). 122 
— Duméry.— Addition au précédent envoi.— 


(Séance du 29 janvier)... .. parer ee nn 149 
— Dubourg. — Navigation intérieure. (Séance 
du 12 février)..... Sérorote ann 2e 100 


— Souchier d'Aller. (Séance du 12 février). 210 
— Et 19 février 
— Beau. id. 

— Longet. — Recherches anatomiques et phy- 
siologiques sur les nerfs trijumaux et fa- 
cial, et sur le système nerveux ganglion- 
naire. (Séance du 5 mars).... Feb: 

— Junod. (Séance du 12 mars).............. 341 

— Destaing. — Pompe à feu. (Séance du r2 
MAS reel EHbobkSsrobanados de Lait o 

— De Pambour.—Calcul des machines à va- 
peur. (Séance du 26 mars) ............. 386 

— Robert. (Séance du 2 avril)....... done 425 

— Tabarié.— Recherches physico-physiologi- 


Pages. 
duite. — Supplément à la quatrième par- 
tie d’un Mémoire de M. de Caligny sur ce 
EP OPUS OOo EL MATOS ECUAP OPEN] 
— L'auteur demande que ce travail soit admis 
à concourir pour le prix de Mécamique... 539 
OssemeNTs FOssiLEs. — Voir au mot Fossiles. 
Osréocénie. — Note sur le développement cen- 
tripète du système osseux, et ses applica- 


tious à la pathologie; par M. Serres... .. 24 
— Explications données par M. Larrer, au su- 

jet de la Note précédente.............. 82 
OvoLoce. — Voir aux mots OŒufet Embryo- 

logie. 


Oxiparion. — Sur certaines circonstances qui 
s'opposent à l’oxidation du fer ; Lettre de 
M. Schænbein à M. Becquerel......... 10257 
— Note sur certains cas dans lesquels le Jr, 
sous l’action de l’acide nitrique, résiste à 
l’oxidation; par M. Lepage ............ 420 


ques. (Séance du g avril).............. 477 
— Charrière. — Dessin et description de deux 
instruments de chirurgie. (même séance). Ibid. 
— Junod.— Modifications apportées à ses ap- 
pareils pneumatiques. (Séance du 23 avril). 575 
Jules Guérin. (Séance du 4 mai).......... 6558 
— Dutrochet. (Séance du 14 mai)........... 673 
— Collet et Cottereau. — Nouveau mode de 
transport pour les voyageurs (Séance 


dr) RM RE EG) 686 
Dutrochet. (Séance du 23 mai)........... 074 
Bresson. (Emploi de l’air chaud comme mo- 

teur). (Séance du 4 juin).............. 2 790 


— Duméry.—Remorquage des bateaux sur les 
rivières et les canaux (même séance)... 

— Pallas.— Sur une substance végétale pour 
la fabrication d’un papier destiné à rem- 


Ibid. 


placer les papiers de Chine. (Même 

RON NME TPE Rs Dr IbiA, 
— Serres. — Ovologie humaine. (Séance du 

DUT Pr) RTE UP CAE 2er e24 008 
— Bouvart.—Nouveau loch à l’usage de la ma- 

rine. (Séance du 18 juin)............... 866 


ParazsÈLes (NOuvELLE THÉORIE DE<).— Mémoire 

de Mi Baztine. us cet amomcracessee- st 704 
Parnéuies. — M. Arago donne, d’après des 

lettres qui lui ont été adressées par 

MM. Lécart, Mallet ét Tordeux, quel- 

ques détails sur des parhélies observées 

dans la matinée du 13 mars à Laon, Saint- 

Quentin, Lille et Cambrai............. 373 
— Observation du phénomène à Lafère, par 

M. Tiremois; et à Quessr, près Lafère, 

par M. Jacquemart...........s....sss DOI 


128. 


( 944) 


Pages, 
Paupérisme. — Statistique raisonnée du pau- 
périsme; par M. Boyer................. 822 
Peau. — Recherches anatomiques sur les 
structures comparées de la membrane cu- 
tanée et de la membrane muqueuse; par 
262 


M. Flourens.:..,..........:......... 
PEROXIDES MÉTALLIQUES considérés sous les rap- 
ports électro - chimiques ; Lettre de 
M. Schœnbein à M. Becquerel.......... 
Pesre. — Recherches et expériences sur cette 
maladie et sur les moyens de s’en garantir; 
par M. Bullard...,.................. 
_ Essai critique contre les adversaires de la 
contagion par infection dans le cas de la 
peste; par M. Lefêvre................. 
Parnéerire ; nouveau genre créé pour, un oi- 
seau de Madagascar; par M. Isid. Geof- 
Jror Saint-Hilaire. ................... 
PuospmoresceNCE de La mer. —Sur la phos- 
phorescence de la mer aux environs de 
Montpellier ; Note de M. Dunal......... 
— Observations relatives à la phosphores- 
cence de la mer, faites dans le cours du 
voyage de la Bonite; Note de MM. Eydoux 
et Souleyet....................serses. 
_ Sur la phosphorescence de la mer dans les 
pars.froids ; Lettre de M. Robert........ 
PnoromèTRE présenté par M. Capocci qui se 
propose d’en faire usage pour une détermi- 
nation des grandeurs relatives des étoiles. 
Parisiques. — Sur une formation de vaisseaux 
sanguins dépendant de l'appareil respira- 
toirechezles phtisiques; par M. N. Guillot. 
PnystoociEe. — Mémoire de MM. Sarrus et 
Rameaux sur les applications des sciences 
accessoires à la physiologie. ............. 
Puysique (INSTRUMENTS DE). — Baro-thermo- 
mètre, instrument destiné à donner à la 
fois la mesure de la pression atmosphé- 
rique et celle de la température ; présenté 
par M/Bodeur. .s 2e seems se 
Puysique (Osservarions DE). — Résumé des ob- 
servations de physique faites à bord de 
l’Astrolabe , depuis le départ de Toulon, 
jusqu'au 25 octobre 1837; par M. Du- 
MOULIN 1e «ns aleeie- cieleialepia=qete se amas ss 
— Rapport sur les résultats scientifiques du 
voyage de circumnavigation de la Bonite 
(partie concernant la physique) ; rappor- 
teur, M. Arago...................... 
— Instructions pour le voyage au nord, et 
l'expédition en Afrique (partie concer- 
nant la physique du globe et la météoro- 
logie) ; commissaire , M. Arago... 585 et 
Piep-por. — Sur la nature et la guérison du 
pied-bot; Mémoire de M. Duval, pre- 
mière partie. .....s..s.emessensestes 
PLairs DE La vÈrx. — Nouvelles réflexions 


440 


83 


16 


338 


673 


G15 


Pages’ 
sur la manière dont la nature procède à 
l’occlusion ou à la cicatrisation des plaies 
de la tète avec perte de substance aux os ; 
par:M. Larreps.s. sons. deu der 1 et23 

PLéruorEe des artères. — Propositions rela- 
tives à certains phénomènes résultant de 
cette pléthore ; par M.Beau ..... .... 66 

PLour.—Rapport sur un mémoire de M. Payen, 
concernant les acétates et le protoxide de 
plomb... Messe sien else lente ele 

— Recherches sur la composition de l’amy- 
late. de plomb; par M. Payen........... 750 

Piuie. — Chute de pluie observée à Genève 
par un temps serein; Lettre de M. Wart- 
mann à M. Arago..:................. 632 

Poire. — Sur la différence qu’offrent les tissus 
cellulaires de la pomme et de la poire; 
sur la formation des concrétions ligneuses 
de la dernière, ete. ; par MN. Turpin. 703 ety11 

POLARISATION DE LA LUMIÈRE. — M. Chevalier 
présente un appareil destiné à servir dans 
les cours publics à l'exposition des phéno- 
mènes de polarisation................. 89) 

POLARISATION CIRCULAIRE. — Phénomènes pré- 
sentés par des combinaisons ternaires 
formées d’acide tartrique, d'alumine, ou 
de glucine et d’eau ; Mémoire de M. Biot 
sur plusieurs points de mécanique chi- 
MIQUE. ..s.s.sesssssrmeemsneseeeeses 

— Sur l'emploi de la lumière polarisee pour 
manifester les différences des combinai- 
sons isomériques; par M. Biot........... 663 

PozarisATION de la chaleur.— Lettre de M. For- 

Bes à M: Arago. ch oo sel mn sersleins ele 9 700 

Porvres. — Mémoire sur le genre Tubulipore ; 
par M. Milne Edwards. ............... 162 

— Mémoire sur les crisies, les hornères et plu- 
sieurs autres polypés, vivants ou fossiles 
dont l’organisation est analogue à celle des 
tubulipores ; par M. Milne Edwards... 57 

Poume.— Sur la différence qu'offrent les tis- 
sus cellulaires de la pomme et de la poire, 
etc. ; par M. Turpin.............. 703 et tt 

Pommes pe TERRE.—Phénomènes observés dans 
Ja congélation des pommes de terre; par 

MP @yen ee eee seconde CUITE 

— Rapport sur ce Mémoire................ 344 

— Lettre de M. Callias sur un moyen d’utili- 
ser les pommes de terre gelées... ... ne. 477 

— Mémoire sur le mème sujet; par M. Gi- 
TArdin . nes esusesese hotes ese sisiele eat 0 

PonTs-ET-CHAUSSÉES (Écoze nes). — Voir à 
Ecole. 

Poussières INsPIRÉES par les ouvriers employés 
au polissage des canons de fusil; appareil 
destiné à prévenir les fâcheux effets que 
ces poussières exercent sur les poumons. 677 

PREsenTATIONS. — La section d’Astronomie pré- 


153 


w 


sente une liste de candidats pour une 
place de correspondant vacante dans son 
SOLDE sep mes ne sinem cie elteslaerr sise mel le 

— La Section d'Économie rurale présénte une 
liste de candidats pour la place vacante 
dans son sein par suite du décès de 
M. Tessier. 
Présipexce. — M. Becquerel, vice-président 
pendant l’année 1837, passe aux fonctions 

de président. — M. Chevreul est nommé 
vice-président. .......,.... 
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. — Recherches sur les 
effets résultant des variations dans la 
pression atmosphérique à la surface du 
corps; par M. Tabaié,........ ....... 
ProJecriLEs. — Sur le mouvement des projec- 
tiles dans l'air , en ayant égard à leur ro- 
tation et à l’influence du mouvement 
diurne de la terre; par M. Poisson (2m 
partie). de a el lelsote ee ='e(siela e =ale ='e = 
PROTOCOCCuS KERMESINUS. — Analogie, sous le 
rapport de la couleur et de la structure or- 
ganiqueentre les globules sanguins des ani- 
maux, et les globules rouges végétaux nom- 
més protococeus kermesinus (Mémoire 

de M. Turpin sur des globules de lait ob- 
servés à l’état pathologique. .,......... 


Races HUMAINES. — M. Flourens annonce qu’il 
vient de recevoir de M. Guyon, chirurgien 
en chef à l’armée d’Afrique, des pièces et 
documents pour servir à l’histoire phy- 
sique des races qui habitent l'Algérie... 

Racines. — Note sur la structure des racines 
chez certains végétaux dicotylédonés ; par 
M. Decaisne......... 

RACINES ALGÉBRIQUES. —Voir à Équation. 

RAPPORTS VERBAUX. — À l’occasion d’une Let- 
tre de M. Despretz, demandant que l’A- 
cadémie se fasse rendre compte du 
deuxième volume du cours de mathéma- 
tiques de M. de Montferrier , M. le secré- 
taire perpétuel rappelle la décision prise 
par l’Académie, qu’il ne sera plus fait 
de rapports verbaux sur les ouvrages 
écrits en français et publiés en France. 

RÉFRACTION ATMOSPHÉRIQUE. — Note de M. Biot 
relative à une assertion émise dans la 
septième réunion de l’Association britan- 
nique pour J’avancement des sciences, 
relativement à une prétendue nécessité 
où l’on serait de rectifier la méthode du 
calcul de la réfraction astronomique telle 
que l’a présentée M. Biot si l’on admet- 
tait les idées de M. Poisson sur la consti- 


( 945 ) 


Pages. 


67 


281 


254 


268 


335 


626 


— C’est à des protococcus enfermés dans la 
pâte translucide de certaines agates qu'est 
due la couleur ronge que présentent ces 
concrétions siliceuses ; (mème Mémoire.) 

Psoriasis. — Mémoire sur l'emploi du proto- 
iodure de mercure dans le traitement du 
Psoriasis, par M. Boinet......... bre 

Puits FOrRES — Observations de la tempéra- 
ture du fond d’un puits foré à Saint-An- 
dré (Eure) ; par M. Walferdins......... 

— Observations de mème nature pour un 
puits foré à Rouen ; par MM. Girardin et 
Person... 

Pyraze. — Note sur une question de priorité 
relative à un mode de destruction pro- 
posé pour la pyrale de la vigne; par 
M. Sambin...,.. 

— Remarques de M. Dumas à l’occasion de la 
lettre de M. Sambin..................: 

PYRÉNÉES — Études sur la constitution géognos- 
tique des Pyrénées ; par M. Coquand. .... 

Pyrocenés (Proourrs). — Recherches sur les 
produits pyrogénés de la résine; par 
MM. Pelletier et Walter.............. 

— Recherches sur les produits pyrogénés du 
succin; par les mêmes................. 


tution des hautes régions de l'atmosphère. 
— Application au calcul des réfractions de la 
connaissance de la vraie constitution phr- 
sique de l’atmosphère terrestre ; Mémoire 
de M. Biot sur la constitution de cette at- 


Page. 


mosphère , déduite de l'expérience. . 343 et 390 


— Sur les hauteurs relatives des signaux ter- 
restres conclues de leurs distances zéni- 
thales réciproques ; causes d’inexactitude 
résultant de l'inégalité de réfraction 
dans les deux observations simultanées ; 
Mémoire de M. Biot..............,... 

Renxe. — Mémoire sur le Renne fossile; par 
M Puel tr 

Résine.— Rapport sur un Mémoire de MM. Pel- 
letier et Walter relatif aux produits prro- 


génés de larésine...................... 
ResisrAncE des constructions hydrauliques. — 
Mémoire de M. Vène sur ce sujet....... 


Ressonrs DE vorrure de l'invention de MM. 
Mühlbacher frères... 
RÉTRÉCISSEMENTS ORGANIQUES. — Mémoire sur 
le traitement des rétrécissements orga- 
niques; par M. Beniqué................ 
Renocéros.—Dents fossiles de rhinocéros dé- 
couvertes dans la commune d’Aillas (Gi- 
ronde); présentées par M. Lillaudel, ..…. 


Rocnes D'ORIGINE IGNÉE. — Sur les modifica- 
tions qu’elles impriment aux roches de sé- 
diment dans le voisinage des points où 
elles les traversent; Lettre de M. Puillon- 
Boblaye... nes te deseeesessonte soso 

_— Réclamation de priorité de M. Rivière à 
l’occasion de cette lettre.........,..... 

— Remarques de M. Élie de Beaumont à l’oc- 
casion de cette réclamation... 

Ronceuns ÉPINEUX. — Voir au mot Échimys. 

Rorarion (Mouvewenr DE). — Sur le mouve- 
ment des projectiles dans l'air, en ayant 
égard à leur rotation et à l'influence du 


SasoT MÉCANIQUE. — Appareil auxiliaire pour 
Venrayage des voitures; présenté par 
M USE esta ie nie siss dela smeeals ets e 
Sac cuirurGICAL proposé par M. Ackerman. . 
SazAmaNDREs. — Sur un squelette fossile de sa- 
lamandre, de trois pieds de longueur , et 
sur une salamandre gigantesque du Japon 
conservée vivante au musée de Leyde; 
Lettre de M. de Paravey............... 
— Observations sur la configuration des z00s- 
permes de la salamandre aquatique ; par 
M. Dujardin...................s...... 
Saucne. — Sur la composition de la salicine 
et sur quelques-unes de ses réactions; 
Notede M-MPirigs = 142.60... cer 
_— Sur de nouveaux produits obtenus de la 
Salicine; par M. Piria.,.............., 
Saxc. — Sur la constitution microscopique du 
sang; Mémoire de M. A. Donné..,..... 
— Nouvelles recherches sur le sang humain. 
De la fibrine et de ses Variétés; par M. Le- 
tellier. see ses emtess ne 
— Le défaut de plasticité du sang, dù à la 
soustraction d’une portion de la fibrine ou 
à la modification de cette substance au 
moyen de réactifs chimiques, donne lieu, 
d’après les expériences de M, Magendie, à 
des lésions locales de même nature que cel- 
les qui s’observent dans les fièvres graves, 
— M. Serres soutient que la défibrination du 
sang qui s’observe dans les fièvres graves 
ne survient qu'après le développement 
des lésions locales des intestins dont clle 
ne peut, par conséquent, être considérée 
comme la cause. ...... 4e ses 
— Expériences démontrant l'influence de l’al- 
tération du, sang dans la production de 
l’inflammation et des autres lésions loca- 
les; par M. Fourcault....,.........,.. 


Sanrorix, — Sur une fouille faite dans le ter- 


( 946 ) 


Pages. 


168 


209 


209 


419 
677 


620 


56 


mouvement diurne de la terre; par M. Pois- 
son (deuxième partie)........... ... 
Ruwmxanrs. — Le corps muqueux que Malpighi 
a reconnu dans la langue du bœuf et qui y 
forme, non un réseau, mais une membrane 
centinue , recouvre cet organe chez tous 
les mammifères, s’ètend sur les parois de 
la cavité buccale jusqu'aux lèvres , tapisse 
l’œsophage, et, chez les ruminants tapisse 
les trois premiers estomacs; Mémoire de 
M. Flourens sur la structure comparée de 
la membrane muqueuse et de la mem- 
brane cutanée. ............s.ssessrne 


rain primitif de l’ile de Santorin ; Note 
de M. Bory de Saint-Vincent,........... 
Savverace (Appareils de). — M. Valiat 
adresse des documents ayant pour objet 
de prouver qu’on a fait des applications 
utiles de son appareil de sauvetage pour 
les mineurs blessés. ,............,....., 
Sauverace (Bateaux de). — Voir à Bateaux. 
Sauverace ( Mèches de). — Voir à Mèches. 
Scarasæus puospgoræus. Note de M. Vallot 
sur un insecte du midi de la France qu’on 
a désigné sous CE DOM.........s.s..... 
ScarLaTine. — M. Miquel indique ce qu'il con- 
sidère comme neuf dansun Mémoire sur 
la scarlatine épidémique qu’il a précédem- 
ment adressé pour le concours aux prixde 
médecine Montyon...,:......4....... 
Sciences (Histoire des).— M. Libri, en pré- 
sentant à l’Académie les deux premiers 
volumes de son « Histoire des sciences 
mathématiques en Italie », fait connaître 
le plan qu’il a suivi dans cet ouvrage... 
Scnoruzes. — De l’emploi de l'or dans le trai- 
tement des serofules ; par M. Legrand... 
Secrioxs DE L'ACADEMIE. — La section d'Astro- 
nomie présente une liste de candidatspour 
une place de Correspondant Vacante dans 
SON S@ÏN... ss smonesesonserssnessens 
— La section d'Économie rurale propose, par 
l'organe de M. Huzard, de déclarer qu'il 
y a lieu denommer à la place vacante dans 
son sein par suite du décès de M. Tessier. 
— Présente une liste de candidats pour la 
place vacante..., ess ssosesvesseuer 
SEL MARIN. — Sur l'importance de cette subs- 
tance dans le régime alimentaire ; Lettre 
de M..Barbier. ....... suesssosenvmes se 
SEraris (TEMPLE DE). — Sur les traces qu’of- 
frent les ruines de cet édifice, de change- 
ments de niveau survenus à différentes 
reprises entre le rivage de Pouzzol et la 


Pages 


281 


262 


585 


704 


373 


525 


( 947 ) 


d Pages, Pages. 
mer qui le baigne; par M. Caristie...... 372 STATISTIQUE. — Rapport du nombre des crimes 
SEXES. — Mémoire sur la proportion. des à celui de la population moyenne, en 
sexes dans les naissances des animaux ver- France. et dans le royaume-uni de la 
tébrés ; par M. Bellingeri..…........,.... 5or Grande-Bretagne et de l'Irlande; Note de 
SERIE. — Sur la température de la terre en M. Moreau de Jonnès.............. 160 et 189 
Sibérie; par M. Erman................ SOI — M. Moreau de Jonnès fait hommage à l’Aca- 
SIGNAUX TERRESTRES, — Sur les hauteurs rela- démie du deuxième volume de la Statis- 
tives des signaux terrestres conclues de tique de la Grande-Bretagne et de l'Ir- 
leurs distances génithales réciproques; par landé: 543038 LD Iee CODE OU PES itAete 
M. Biot....... tesetseersennesese.ses. 840 | — Rapport verbal sur un ouvrage de M. d’An- 
Sixces rossices. — Lettre de M. Flourens sur geville, ayant pour titre : De la Scatis- 
divers ossements fossiles et notamment tique francaise considérée sous quelques- 
sur une seconde mächoire de singe prove- uns de sés rapports physiques et moraux ; 
nant de Sansan ; par M. Lartet......... 359 par M. Héricart de Thury........ FPT) 
Soceiz. — Mémoire sur la chaleur solaire, — Mémoire sur la statistique médico-topogra- 
sur les pouvoirs rayonnarnts et absorbants phique de la ville de. Narbonne ÿ par 
de l’atmosphère, et sur la température de MP LME SE nes se... 301 et 677 
lespace ; par M. Pouillet....... 88 et 889 | — M. Mercier demande à reprendre des ta- 
SONDAGE EN MER. — Appareil pour sonder à de bleaux et mémoires qu’il avait présentés 
grandes profondeurs; par M. Laignel.... 16 à un des précédents concours pour le prix 
SONNERIE. — Mémoire sur un nouveau sys- de Statistique DE TORTUE Te las Palo ta) ste te nya) ele 340 
tème de sonnerie pour. les horloges; par — M: Le directeur des douanes adresse un exem- 
M. Castil-Blaze........ 118 plaire de la première partie du tableau 
— Mémoire sur un autre système de sonnerie décennal du commerce: de la France avec 
musicale pour les horloges ;;par M. Soul- ses colonies et les puissances etrangères 
ass y (années 1827-1836). .........:..0 TL 
Lettre — Statistique raisonnée du paupérisme ; par 
48 et 276 MPBO7 ER RE NN enisen are de Al 822 
Sourre. — Formation d’un perchlorure de sou- Suecin.— Recherches sur les produits pyrogé- 
fre cristallisé ; Note de M. Millon. 207 nés du succin ; par MM. Peltier et Walter. g15 
SPHÈRE CÉLESTE.—M. Maréchal réclame contre Sucres. — Recherches sur la véritable constitu- 
une partie du rapport qui a été fait sur tion du sucre de cannes, etc. ÿ par 
une modification proposée par lui daris la MM. Dumas et Péligot........... m tes 40 217 
disposition des sphères armillaires...... 5a | — Recherches sur la nature et les propriétés 
— Sphère céleste destinée à l’enseignement élé- chimiques des sucres; par M. Péligot..... 232 
mentaire ; présentée par M. Drant...... 615 — Sur le sucre de diabète; par M. Bouchardat. 337 
SpoNGtLES.— Voir au mot Éponges. SULFATE DE CHAUx.— Du sulfate de chaux artifi- 
STAPHILORAPHIE. — Mémoires sur cette opéra- ciel, de son emploi dans la fabrication 
tion ; par M. de Villemur....... ete. 372 du papier, etc.; par M. Batilliat....... 5o1 
T 
TarciontA. — Des organes mâles du genre Tar- nes chez l’homme et les animaux > aù 
gionia découverts sur une espèce nouvelle moyen des effets thermo-électriques ; par 
du Chili; par M. Montagne... ..... 02 197 MM. Bécquerel et Breschet............. 42) 
TaniF DES B0IS en grume, présenté par M. Lom- — Observations sur la température de l’homme 
Cr parostaomtuienc dB o au AUTOS et de quelques animaux faites pendant le 
Tenwnrure. — Note sur un perfectionnement voyage de circumnavigation de la Bonite ; 
qui semble pouvoir être introduit dans par MM. Eydoux et Souleyet.,..,...... 456 
V’Art du Teinturier ; par M. Antoine — Sur la température de la terre en Sibérie ; 
Alexandre. Un OP RE MON (655 ParM Ermam. int ss ads.  5üx 
TELÉGRAPHE ÉLECTRIQUE. — Note sur un appa- — Mesure de la température d’un puits foré à 
reil de ce genre qui doit être établi entre Saint-André (Eure); par M. Walferdin.... 503 
Londres et Liverpool , par M. Wheatstone ; — Observations de même nature pour un 
Lettre de M. le docteur Buckland....... 51 puits foré à Rouen; par MM. Girardin et 
TEMPÉRATURE. — Nouvelles observations sur là Persons ie MN tele sosesess 506 


mesure de \à température interne des orga- 


— M: Arago lit un paragraphe dé ses instruc- 


tions pour le voyage dans le nord de l’Eu- 
rope, où il est question de températures 
croissant avec La hauteur , observées en 
PICNIOUP eee ele es -lemmei- re eee 
— Lettre de M. Korilski, à l’occasion de cette 
communication..................s... 
— Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pou- 
voirs rayonnants et absorbants de l’at- 
mosphère et sur la température de l'es- 
pace; par M. Pouillet................. 
— Observations de température à diverses 
profondeurs dans un puits foré à Cessingen, 
près de Luxembourg; par MM. Ciber et 
Wurnthsie.-ssretiese OU 0 CON NE 
TéRRAINS DE SÉDIMENT. — Sur les modifications 
qu’ils éprouvent au voisinage des roches 
ignées qui les traversent; Lettre de 
M. Puillon-Boblaye.. 
— Remarques à l’occasion de cette attres par 
M. Rivière... esse Veleeraei tt — 
— Calcaire contenant encore, après l’action du 
feu qui l’a transformé en marbre statuaire, 
des débris reconnaissables de corps orga- 
nisés ; Note de M. Coquand. ... 
— Mémoire sur les terrains secondaires infé- 
rieurs du département du Æhône; par 
M. Leymerie.,... ss... etilatere 
— Sur les terrains tertiaires du nord-ouest de 
l'Italie; par M. de Collegno...... 
Terre (Mouvement diurne de la). — Sur le 
mouvement des projectiles dans l'air, en 
ayant égard à leur rotation et à l'influence 
du mouvement diurne de la Terre; par 
M. Poisson; deuxième partie....... 
Terres. — Propriétés optiques des combinai- 
sons ternaires formées par l'acide tartri- 
que, les terres (alumine et glucine) et 
Veau ; Mémoire de M. Biot, sur plusieurs 
points de mécanique chimique...... ee 
lernesrres (Coucues ). —Sur la température 
de la terre en Sibérie ; par M. Erman... 
— Sur la température du fond d'un puits arié- 
sien à Saint-André (Eure); par M. Walfer- 
din... 
— Observations de même nature pour un 
puits artésien de Rouen; par MM. Girardin 


et Person... Queen DO DSi 0 
TERTIAIRES (Leave). — Voyez Tera de sé- 
diment, 


Téraos. — Note sur l'application de l’électri- 
cité au tétanos ; par M. Matteucci. ….... 
Tère. — Mémoire sur le céphalomètre, nouvel 
instrument propre à mesurer les dimen- 
sions de la tête ; par M. Antelme..,....... 
Tuë.—Lettres de MM. Stanislas Julien et Voisin, 
sur la possibilité de cultiver Le thé en Eu- 
rope, etsur le climat de quelques provinces 
chinoises où cètte culture prospère. 510 et 


(948) 


Pages. 


585 


658 


848 


922 


168 


281 


153 


5ot 


503 


506 


680 


— Sur des essais de culture du thé en pleine 
terre, qui se continuent avec succès de- 
puis plusieurs années à Angers ; Lettre de 
MAGGllorr. eme ee. alertes 

Tuéorique (Cmwe).— Lettre de M. Berzélius à 
M. Pelouze, sur divers points de chimie 
TRÉOIQUERT EN MN RETIRE ROUEN Out 

— Réflexions à l’occasion de cette lettre; par 
M° Dumas 50" 646, 669 et 

— Lettre de M. Liebig, en réponse à la lettre 
de M. Berzélius................ 

THerMO-ÉLECTRIQUES ( PnÉNOMÈNES ). — Expé- 
riences de M. Matteucci, sur les courants 
thermo-électriques; Lettre de M. de la 
Rive à M. Becquerel...........44..4 

— Courants thermo-électriques produits par 
le mercure; Lettre de M. Peltier à 
M. Becquerel. . 

— Nouvelles mtons sur la mesure de la 
température des tissus organiques du corps 
de l’homme et des animaux au moyen des 
effets thermo-électriques; par MM. Bec- 
quereliet Breschet., 110 Une CEE 

Tin des canons marins à bragues fires, etc. 
Mémoire de M. Letourneur... ,......., 

Tissus. — Voir à Étoffes. 

Towsoucrou. — M. de Halberg offre d’entre- 
prendre aux frais de l’Académie, un 
voyage ayant pour but de pénétrer à Tom- 
bouctou par la Nubie..... 

Torocrarme. — M. Bory de St-Vincent pré- 
sente une triangulation faite par M. Puil- 
lon-Boblaye , dans l'expédition du général 
Négrier sur Stora, et une reconnaissance 
du capitaine Martin-Pré, dans une partie 
de la province d’Oran...,........... 22 

Tormze.— Copie d’une lettre de M. Matteucci 
à M. Santi-Linari, pour servir de docu- 
ment dans la question de priorité élevée 
entre ces deux physiciens, relativement à 
l’étincelle tirée de la torpille...,....... 

— Lettre de M. Matteucci à M. no ; Sur 
le même sujet........... Dar sanoboe tt 

— Nouvelles expériences sur les ere iné- 
gaux des différentes parties du cerveau de 
la torpille, pour donner des commotions 
électriques; Lettre de M. Matteucci à 
M. Dulong....…. = 

Tonnicous. — Note sur un cas de guérison de 
torticolis ancien, obtenue au moyen de la 
section d’un des tendons inférieurs du 
muscle sterno-cléido -mastoïdien; par 
M. Fleury... MAbOUe ls dede ô 

— Sur une ET méthode de traitement du 
torticolis ancien; par M. J. Guérin. ..... 

— Histoire de deux cas de torticolis ancien 
traités et guéris à l’aide de la section du 


Pages. 


625 


303 


429 
S2r 


Le] 
ES 
TN 


832 


416 


4h18 


muscle sterno-cléido-mastoidien ; par M. J. 
Guérin... 
— Mémoiresur la section du sterno-cléido-mas- 
toïdien dans le torticolis ancien; par 
M. Bouvier... ..." 
— M. Leymerie écrit qu'il a obtenu, au 
moyen de la chaleuniseulement, la guérison 
de torticolis anciens. 
— Réflexions à l’occasion Fous lettre de M. 1. 
Guérin, sur quelques points relatifs à 
l'histoire du traitement du torticolis an- 
cién, par la section du sterno- RASE On 
Mémoire de M. Bouvier. .......,....... 
Tourmières. — Sur un moyen de rendre pro- 
pres à la culture , les marais tourbeux de 
la Suède et dela APS etc.; Lettre de 
M. Robert.. 


PICOOOOOOOOOAOOOOET EE 


TRANSPIRATION :QUTANÉE. — Expériences TN 


montrant l'influence de la suppression de 
la transpiration cutanée dans la produc- 
tion de l’inflammation et des autres lésions 
locales; par M. Fourçault.......,..... 
TREMBLEMENTS DE TERRE.—Sur un tremblement 
de-terre-qui a ‘bouleversé la ville d’Aca- 
pulco ; Communication de M. Warden. 
— Lettre de l'amiral Roussin, sur le tremble- 
ment de terre du 23! janvier, observé à Cons- 
tantinople. . 
— Tremblement de terre ressenti à la Marti- 


Urgnus. — Existence d’un tissu élastique ana- 
logue à celui des ligaments jaunes des ver- 
tèbres, découvert dans l’utérus de 1r va- 
che ; par MM. Breschet et Gluge.... 

Unine. — Faits nouveaux pour servir à P 
toire de l’orine; par MM. Cap et Henry... 

— Tableau des différents dépôts de matières 
salines et de substances organisées qui se 


Vaccine. — M. James prie l’Académie de hâter 
le rapport qui doit être fait sur des plan- 
ches coloriées qu’il a présentées, et où fi- 
gurent en regard les pustulés du vrai et 
du Jaux vaccin.. 

— M.Fiarddemande qu’il soit fait un rapport 
spécial sur différents travaux relatifs à la 
vaccine qu’il avait précédemment pré- 
sentés au concours pour les prix de Méde- 
decine et de Chirurgie...... oo 

Vaisseaux. — Voir au mot Navigation et au 
mot Bateaux. 


C.R. 1838, 127 Semestre. (T.VL.) 


( 949 ) 


Pages. 


5o 


369 


180 


81 


336 


304 


nique le 30 novembre 1837; Communi- 
cation de M. Moreau de Jonnès......... 

— Détails sur le tremblement de terre ressenti 
en novembre 1837, au Chili ; Lettre de 

A CAN ANRT AT A PO AE Eee nee Ne in 

— Notice sur le tremblement de terre ressenti 
à Bucharest, le 11 janvier 1838....,..... 
Tripocr. — Suivant M. de Paraver, les anciens 
Hébreux auraïent eu connaissance du fait 
annoncé depuis peu par M. Ehrenberg, 
que certains tripolis sont presque entière- 
ment formés de dépouilles d'animaux in- 
Jusoires ........ 

| Tunuupores. — Mémoire sur ce genre de Po- 
lpes ; par M. Milne Edwards. ..... A 

— Mémoire sur les Hornères, les Crisies et 
plusieurs autres polypes , vivants ou fos- 
siles dont l’organisation est analogue à 
celle des tubulipores; par M. Milne 
Edwards... anSgiodro den aan Ati 
TuRBINES. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Morin, concernant des expériences sur 

les turbines de M. Fourneyron.... 

— Remarques concernant quelques passages 
de ce rapport; par M. Francis... 


| — Expériences faites par M. Dieu, sur une 


turbine établie à Lépine (Seine-et-Oise), 
par M. Fourneyrun............... Does 
— Modèle et description d’une nouvelle tur- 
bine; par M. Passot....... è 


forment dans les urines, etc.; par M. Donné. 
Urineux (Ancès). — Notice sur une guérison 
obtenue dans un cas de rupture de Vu- 
rètre qui avait amené une formation d’ab- 
cès urineux suivie de sphacèle du scrotum 
et d’unepartie de la peau de la verge, etc. ; 
par M. Guillon....... 368 et 


Vaisseaux sANGUINS formés , chez les phtisiques, 
pour nourrir les parties malades du pou- 
mon dans lesquelles ne pénètrent plus les 
ramifications de l'artère pulmonaire; 
Note de M. N. Guillot.…. 

Vanizce. — Sur la fructification de la PER 
obtenue au moyen de la fécondation arti- 
Jicielle; par M. C. Morren.. TRE 

Vapeur D'EAU. — Suivant M. 1e 2 
vapeur d’eau ne serait point AU) 
comme le pensent les chimistes, en pas- 
sant sur des charbons incandescents. ... 


129 


Pages 


302 


833 


920 


180 


162 


518 


178 


-- Objections présentées contre les consé- 
quences que M. Longchamp déduit de ces 
EXDÉTIENOCS ae ET EEE ee ee eee 

— Décomposition de la vapeur d’eau et de 
certaines matières carburantes , au moyen 
de la chaleur, pour la fabrication d’un 
gaz d'éclairage ; Mémoire de M. Sclligue. 

— Réponse de M. Longchamp aux objections 

présentées contre les conséquences qu’il 
déduit de ses expériences relatives à l’ac- 
tion de la vapeur d’eau sur des charbons 
incandescents...,.......... mistelaiastele te aies 
Mémoire sur l’emploi de la vapeur perdue 
dans les machines à haute pression, pour 
remplacer en partie le combustible... 

Note sur deux formules donnant le volume 

de la vapeur saturée, en fonction de sa 
pression seulement ; par M: de P ambour. 

Remarques de M. Biot, à l’occasion de 

cette Nate..." LRO ADN 

Note additionnelle de M. de Pambour à sa 

précédente Note..........,.. : 

Nouvelles Remarques de M. Biot........ 

— Essai sur les machines mues par l'air chaud 
joint à la vapeur ; par M. Filippi....... 

— Del’emploi de la vapeur d’eau pour l’épu- 
ration des huiles de graines ; par M. de 
Gates re, 

Varices. — Note additionnelle à un Mé- 
moire de M. Davat sur le traitement cura- 


tif des varices par l’oblitération des vei- 
P 2) 


NES sonores CREER EEEEES … 

VEGETATION. — Voir à Végétaux. 

Vécéraux. — Recherches chimiques sur la 
végétation, entreprises dans le but d’exa- 
miner si les plantes prennent de l'a- 
zote à l'atmosphère ; Mémoire de M. Bous- 
singault.......... pus noie ve ne cannes e 

Harmonie des ‘organes végétaux prinei- 
palement étudiés dans l'ensemble d’une 
même plante; par M. de Tristan. ( Rap- 
port sur cet ouvrage )................. 

M. Tristan demande et est autorisé à re- 
prendre son Mémoire........ ........, 

Sur les propriétés nutritives des aliments 
empruntés au règne végétal; Lettre de 
M Gannale nt ao ao é 

Sur l'aspect des campagnes dans audates 
parties de l'Algérie; Lettre de M. Puillon- 
Boblaye à M. Bory de Saint-Vincent...., 

Veinss.— Recherches sur l'introduction acci- 
dentelle de l'air dans les veines et sur les 
fâcheux effets qui en peuvent résulter dans 
certaines opérations chirurgicales; par 
M. Amussat.. 

Un paquet mt I Ci 24 janvier 1837 
par M. Davat, est ouvert conformément à 
la demande de l’auteur, et contient l’indi- 


( 950 ) 


Pagis. 


207 


739 


353 


508 
509 


821 


102 


424 


900 


cation d'expériences relatives à l’oblitéru- 
tion des veines... ARC AS EA EE 
— Note additionnelle à un Mémoire de 
M. Davat sur le traitement curatif des 
varices par l’oblitération des veines... 
Venricateur. — Mémoire sur la théorie du 
ventilateur; par M, Combes............ 
— Note sur le ventilateur à force centrifuge ; 
LEVRETTE A +de 
VENTILATION FORCE. — M. le Ministre du Com- 
merce adresse, pour être distribués aux 
Membres de Académie , 65 exemplaires 
d’un Rapport de M. H. Bourdon sur l’em- 
ploi, dans les magnaneries, de la ventilation 
forcée de M. Darcet. 
Venrouses. — Mémoire DA M. Junod sur des 
modifications apportées aux grandes ven- 
touses, et sur divers cas de guérison à la 
suite de l'application de ces appareils... 
Ver sLANC. —Sur les ravages causés par le ver 
blanc dans le département de l'Orne; 
Lettre de M. Dureau de la Malle. .... 
Verres COLORES destinés à arrêter les rayons 
calorifiques qui , mèlés à la lumière:et for- 
mant foyer avec elle, rendent très pé- 
nibles les observations du soleil; appareil 
présenté par M. Capocci.. : 
Vens À so. — M. le Ministre du Commerce 
et de l'Agriculture invite l'Académie à dé- 
signer une Commission pour examiner des 
œufs de vers à soie, et divers objets relatifs 
à l'éducation de ces insectes, qui ont été 
rapportés par M. Vaillant, commandant 
de la Bonite, du voyage de cireumnaviga- 
tion exécuté par ce bâtiment, .....,..... 
— Lettre de M. Audouin sur des œufs de vers 
à soie rapportés de l’Inde ; par M. Gaudi- 
chaud:..... 2e Enre nanpae cles «+ 
— Sur l'emploi de la ventilation forcée dans 
les établissements où l’on élève des vers à 
soie. M. le Ministre du Commerce envoie, 
pour ètre distribués aux membres de V'A- 
cadémie, 65 exemplaires d’un rapport de 
M. H. Bour don sur ce sujet............. 
Considérations sur les variations de la 
température auxquelles les œufs de vers à 
soie peuvent être OP 2 Lu M. Loise- 


leur-Deslongchamps. . Ana ait , 
— Du mürier et du ver y soie en Tourne 
par NB AR En - c-ae DEAR DTA À 


Rapport sur rore travaux entrepris au 
sujet de la maladie des vers à soie, con- 
nue sous le nom de muscardine......... 

Rapport sur la version italienne faite par 
M. Bonafous de l’ouyrage sur l'éducation 
des vers à soie, trâduit du chinois par 
M. Stan. Julien......... ae lsiees ‘ 

— Rapport sur une collection de vers à soie fa 


Pages, 


50 


( 951 ) 


Pages. 
différents âges, morts de la muscardine | 
et d’autres maladies, collection présen- 
tée par M. H. Bourdon. ........ oo eo 


VESsiE. — Corps étrangers de diverse nature 

introduits dans la vessie et qui deviennent 

le noyau de calculs urinaires; par M. Ci- 

viales sas dà dou. sigolaes 14.4 stdtalen 516 
Vice sOuTERRAINE découverte au Pérou-et qui 

parait avoir été enfouie sous des déjec- 

tions, volcaniques: ;. communication. de 

M. Warden:sinalus. el iyausesaos.ousez 180 
Vpirunes. — Système de voitures pour chemins 

de fer detoute courbure; par M. Arnoux. 117 
— Rapport sur cetteinvention:. . M HR on {02 
— Rapport sur, les voitures & sir roues cet, à 

train articulé de M. Dietz; par M. Corio= 

L'TAPRAE ES DOTE RONA SOU Matos 363 
— Nouveaux ressorts de voitures présentés 

par MM. Mülhbacher frères... .....:.. 658 
Voix. — M. Balland adresse-un nouveau Mé- 

moire sur la voix humaine, en demandant 

qu’il soit substitué à un autre qu'ilavait 

précédemment adressé sur le mèmesujet. 372 
VoLcaniques (Propurrs). — Mémoire sur la na- 

ture minéralogique et la nature chimique 

des cendres rejetées par deux volcans de 

l'Amérique tropicale ; par M. Dufresnoy. 174 
— Parallèle entre les différents produits volca- 

niques des environs de Naples, etrapport 

entre leur composition et les phénomènes 

qui les ont produits ; par M. Dufrénoy. 813 
VOLCANS. — Sur un tronc d'arbre carbonisé 

trouvé enfoui sous plusieurs couches de 

cendres et autres produits volcaniques 

provenant d’un volcan, maintenant éteint, 

de la Guadeloupe; Note de M. Daver, 

communiquée par M. Bict........ 0 TI 
Vozcaxs sous-marixs. — Documents relatifs à 

une éruption sous-marine qui paraît avoir 

eu lieu vers ke banc de Bahama ; commu- 

niqués par M. Moreau de Jonnès.... 302 


pel des Acores; par M. Ségur-Dupeyron. Ibid. 
— Note sur l'existence probable d’un volcan 

sous-marin situé près de ’équateur, à 

22° de longitude ouest, environ; par 

M. Daussr......,.... acide rite is AE 512 
Voxaces screxTIrIQuEs. — M. le Ministre de la 

Marine adresse une nouvelle série de do- 

cuments scientifiques recueillis pendant 

le voyage de La Bonite et demande qu'il 

soit fait un rapport sur l’ensemble des 

trayaux exécutés dans le cours de cette 

campagne........ OPPÉPEECEP EEE TEE 117 
— M. Gassier, qui doit accompagner une ex- 

pédition envoyée par le pacha d'Égypte 

dans le Sennaar, et peut-être pénétrer 


jusqu’en Abyssinie,, offre de recueillir dans 

ce pays les objets d'histoire naturelle, ou 

de faire les observations que l’Académie 

jugerait utile de lui indiquer. .....,..... 

— Rapport sur les résultats scientifiques du 
Yoyage de cireumnavigation de la Bonite. 

Partie zoologique ; rapporteur M. de Blain- 


vigation ; rapporteur M. de Freycinet.: 
Partie concernant la géologie et la minéra- 
logie; rapporteur M. Cordier... .:. 
Conclusions générales du Rapport ; lues par 
M: de Blainville. 42 .. 


— Instruction pour le voyage dans le nord de 
l’Europe ; partie relative à la phyfique du 


Pages. 


16% 


597 
648 


744 


globe et à la météorologie... 585 , 673 et 504 


— La lecture de ces instructions n'ayant pu 
être achevée. avant le départ de l’expédi- 
tion, l’Académie vote sur les portions 
lues dans les séances des 30 avril, 13 et 


— Le Ministre de la Marine annonce le pro- 
chain départ pour la Norwvépe et le Spitz- 
berg, etc., etc., d’une partie des mem- 
bres de l’ancienne commission scienti- 
fique d'Islande et invite l’Académie à 
rédiger des instructions pour ce voyage. . 

— Instructions pour cette expédition ; partie 
relative aux phénomènes d'électricité ; ré- 
digée par M. Becquerel......…. to A MOCE 
Partie relative à la zoologie; rédigée par 
M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire....,.... 

Partie relative à la botanique; rédigée par 
M. Ad. Brongniart................ caDe 
Partie relative à la géologie ; rédigée par 
M. Élie de Beaumont. ............. . 

— Instructions demandées par M. le Ministre 
de la Guerre pour la Commission chargée 
de l'exploration scientifique de l'Algérie. 
Parties relatives à la zoologie, à la bota- 
nique et à la géologie ; lues à la séance du 
TOPNATE MENT Chem rue ta de 
Parties de ces mêmes instructions rela- 
tives à la géographie, à la médecine, à 
V’hydrographie et à la navigation , aux arts 
et à l’industrie ; lues à la séance du 26 


— Résumé des observations de physique faites 
à bord de l’Astrolabe, depuis le départ de 
Toulon jusqu’au 25 octobre 1835; par 
M:Duribulins ss ser élaus ce désretaus 

— M. Glais-Bizoin demande que l'Académie 
confie à M. D’Abbadie, son beau-frère, 


120.. 


88 


206 


545 


549 


544 


366 


quisetrouvéen ce moment en Abyssinie, 
les instruments ‘qu'elle avait déjà mis à 


Zac. — De l’action exercée par le chlorure de 
zinc sur l’alcool, et des produits qui en 
résultent; par M. Masson, ..,...4..-.., 

— M. Behr rappelle qu'il n’a pas encore été 
fait de rapport sur un Mémoire qu'il a 
adressé depuis long-temps concernant 
l'emploi du zinc pour les couvertures... 

Zooocie. — Traduction des œuvres d'histoire 
naturelle de Gæthe, par M. Martins; (Rap- 
port sur la partie de cette traduction rela- 
tive à Ja Zoologie et à l'Anatomie; par 
M, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire).. 

— Instructions pour la Commission. chargée 
par M. le Ministre de la Guerre, de l'ex- 
ploration scientifique de l'Algérie ; partie 


( 952 ) 


Page . 


sà disposition pendantson voyage au Bré- 


relative à la zoologie, lue à la séance du 
Tgmavs ss ere 092015 0e MAT ME à 
198 | — Rapport sur les résultats scientifiques du 
voyage de circumnavigation de la Bonite ; 
partie concernant la zoologie ; rapporteur 
M: deBlainville... ..:. LE ra #: 
834 | — Instructions demandées par M. le Minis- 
tre de la Marine pour l’expédition scien- 
tifique qui se rend dans le Nord de V'Eu- 
rope; partie relative à la zoologie , rédi- 
gée par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. 
320 Zoospprues, — Observations sur la configura- 
tion des zoospermes de la salamandre 
aquatique; par M. Dujardin, .....,... 


( 953 ) 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 
ABBADIE (D°).—M. Glais-Bizoin demande 
que l’Académie confieà M.d’Abbadie, son 
beau-frère, qui voyage en ce moment.en 
Abyssinie, les instruments qu’elle avait déjà 
mis à sa disposition pendant son voyage 
au Brésil, ...s2t as Eee 
ACKERMAN. — Mémoire sur un sacichirur- 
gical propre au service des armées de 
terre,et.de mers itteiens ce 
ADET DE ROSEVILLE. — Note sur les ani- 
malcules microscopiques considérés comme 
cause effciente du cancer (en commun 
avec M. Bauperthuy).................… 
— Mémoiresur les animalcules microscopiques 
considérés comme cause de la putréfac- 
tion (en commun avee M. Bauperthuy).… 
AIME. — Note sur les cotons cultivés à la 
ferme Rahraya (Algérie)... ...... PEUR 
AJASSON DE GRANDSAGNE. — Note sur 
des mèches de sauvetage pour les mineurs 
(en commun avec M. E. de Bassano)..…. 
ALEXANDRE (Anton). — Note sur un per- 
fectionnement dont paraît susceptible 
l’art du teinturier.....,....... 
AMBROISE adresse une lettre qui n’èst pas 
luc, comme n’ayant aucun rapport aux 
objets dont s’occupe l'Académié......... 
AMUSSAT. — Recherches sur l'introduction 
accidentelle de l'air dans les veines, et 
sur les accidents dus à cette cause, qui 
peuvent survenir pendant une opération 
chirurgicale... 5... stre ere sise stèle 
ANGEVILLE( D’). — De la statistique fran- 
caise considérée sous quelques-uns de ses 
rapports physiques et moraux. (Rapport 
verbal sur cet ouvrage; par M. Héricart 
de Thury) Eten de eee EE 
ANONYMES. — Mémoire adressé pour 1e 
concours au prix concernant la navigation 
parhlasvapéunsai ss à san dues ee 9 
ANTELME.— Mémoire sur un nouvel ins- 
trument propre à mesurer les:dimensions 
de Ja tête... 
ARAGO. — Résultats déduits d'observations 
méléorologiques faites au fortde Van-Couver 


… 


Pages. 


922 


677 


471 


291 


789 


MM. . 
par M.Mac-Loughlin,relativementan climat 
de la côte occidentale de Amérique du Nord. 

— Remarques à l’occasion d’une Lettre de 
M. Francis concernant la construction des 
turbines et les droits respectifs de 


MM. Burdin et Fourneyron à l'invention : 


dun dispositif qui permet d’ebtenir dans 
la pratique tous les avantages que pro- 
mettait la théorie.....,,...,.,... 
— Sur un micromètre dont les fils seraient 
rendus lumineux à l’aide de l'électricité 
voltaïque..... sale ie el RAT ÉOCS 
— Rapport sur les résultats scientifiques du 
voyage de circumnavigation de la Bonite - 
partie concernant la physique... ...:..... 
— M. Arago lit un paragraphe des Instruc- 
tions rédigées pour le voyage de M, Gai- 
mard et dans lequel il est question de 
températures croissant avec La hauteur, ob- 
servées en plein jour.................. 
— Continue la lecture des Instructions rédi- 
gées pour le voyage dans le Nord de l'Eu- 
rope, et pour l’expédition scientifique en 
Algérie (Météorologie et Physique du 
globe)... re... 673 et 
— M. Arago est nommé membre de la Com- 
mission chargée de décerner la médaille de 
Lalande.......... 
— Remarques à l'appui d’une réclamation de 
M. Bechameil'concernant une question de 
priorité pour un nouveau système d’instal- 
lation des navires à vapeur. ….. 


M. Dumas par M. Guinand, qui leur a fait 
connaître son procédé eta autorisé, en cas 
de mort, M.Dumas à lepublier.. ... . 

M. Arago fait, d’après sa correspondance par- 
tieulière ; les communications relatives 
aux objets suivants : 

— Observations météorologiques faites à l’é- 
cole de l’artillerie’et du génie à Metz. (Ta- 
bleaux adressés par M. Schuster.)....... 

— Observations météorologiques faites au Jort 
Van-Couver, sur la rivière Columbia , par 
M. Mac Loughlin...,,...,..,.,,, 1 


Page- 


120 


146 


585 


922 


MM. 
— Sur le nombre des étoiles filantes visibles 
dans les nuits ordinaires à la surface en- 
tière du globe, dans l’espace de 24 heures 
(Lettre de M. Herrick de New-Haven).... 

— Remarques sur une communication de 
M. Coste, relative à l’œuf du kangourou 
(Lettre de M. Owen)............. citons 

— Sur les moyens d'augmenter la force des 
aiguilles aïmantées (Lettre de M. Sco- 
resby )..... .. 310, 832 et 

— Sur les parhélies observées le 13 mars 1838, 
à Laon, Saint-Quentin, Cambrai, Lille 
(Lettres de MM. Lécert, Tordeux, Mallet). 

— Sur le diluvium sous-pyrénéen (Lettre de 
M. Lartet)....... 

— Sur une encre de sûreté composée par 
M. Traill (Lettre de M. Robison)....... 

— Sur la cempérature de la terre en Sibérie ; 
(Lettre de M. Ermann)............... 

— Sur la polarisation de la chaleur (Lettre de 
M: Forbes) ecrire CEE MAO HRK ALU 

— Sur la hauteur de l’Illimani; sur la limite 
inférieure des neiges perpétuelles dans le 
haut Pérou; sur la facilité qu’offrirait 
pour la mesure d’un degré du méridien le 
haut plateau du lac de Titicaca , où l’on 
pourrait trouver une base de cinq lieues 

de longueur (Lettres de M. Pentland).. 

Sur une chute de pluie par un temps serein 
(Lettre de M. Wartmann) 


BAIN. — Du mérier et du ver à soie en Tou- 
IN UT EIRIREEEEEEREREEEEE) DER EEE 
BALLAND.— Mémoire sur la voir humaine. 
BALSAMO.—Ses recherches sur le botrytis 
qui recouvre le corps des vers à soie morts 
de la muscardine. (Rapport de M. Dutro- 
chet sur divers travaux relatifs à l’his- 
toire de cette maladie des vers à soie).. 
BARBIER. — Note sur les caractères géné- 
raux des corps naturels, minéraux , végé- 
taux et ANIMAUX. sms ue 
— Lettre sur l'importance du sel marin dans 
le régime alimentaire................. 
BARRE DE SAINT-VENANT. — Mémoire 
sur le calcul des effets des machines à 


(954 ) 


Pages. 


121 


831 


832 


65 
352 


VAPEUT . me sen ste AN MR ce 45 et 201 


BASSANO (De).— Note sur des mèches de sau- 
vetage pour les mineurs (en commun avec 
M. Ajasson de Grandsagne). . 2 PEU 
BASSL. — Ses recherches sur la intoitl de la 
maladie des vers à soie connue sous le 
nom de muscardine. (Rapport de M. Du- 
trochet sur divers travaux relatifs à cette 
maladie),.....:..4,.4.:.#180 HE à 0 


419 


MM. 

— Sur le tremblement de terre du Chili; sur 
une perturbation de Vaïiguille aimantée 
observée dans ce pays (Lettre de M. Gay). 

— Sur l'existence d’une zône équatoriale pour 
les étoiles multiples (Lettre de M. Mädler). 

— Sur les moyens de déterminer la position 
des étoiles filantes (Lettre de M. Littrow). 

ARNOUX. — Système de voitures pour che- 
mins de fer de toute courbure. . 

— Rapport sur cette invention. .......... 

AUBERGIER. — Plan d’un sua sur l’æno- 
Tops ie Ps TT de 

AUDOUIN. — Sur des œufs BA vers à soie -'E 
portés de Inde en Europe par M. Gaudi- 
Chad NES, SE DENT 

— Recherches sur la nature , l’origine et les 
modes de propagation de la maladie des 
vers à soie connue sous le nom de Muscar- 
dine‘ (Rapport de M. Dutrochet sur divers 
travaux relatifs à cette maladie)....... 

— Exposé sommaire de diverses observations 
recueillies pendant plusieurs années sur 
les insectes nuisibles à l’agriculture... 

— M: Audouin est présenté par la section d'É- 
conomie rurale comme un des candidats 
pour la place vacante par suite du décès 


derM: Tessier 9. ARS DOS 
— Est élu membre de l'Académie. ......,.... 
— Ordonnance royale coufirmant sa nomina- 

On PR sn ssseheséeseeee 


BATILLIAT. — Du sulfate de chaux artifi- 
ciel; de son emploi dans la fabrication 
du papier , etC.....,..r..sessese 

BAZAINE. — Nouvelle théorie des parallèles. 

BAUPERTHUY. — Note sur les animalcules 
microscopiques considérés comme cause 
efficiente du Cancer (en commun avec 
M. Adet de Roseville)...... 

— Mémoire sur les animalcules microscopiques 
considérés comme cause de la putréfaction 
(en commun avec M. Adet de Roseville). 

BEAUadresse , pour prendre date, trois pro- 
positions relatives aux ellets de la ss 
thore des artères,,......:.,.....4.., 

— Dépôt d’un paquet cacheté (Séance di ï9 
février). vessie corinne Nes 

BÉCHAMEIL. — RécJamatiotie de phérité 
concernant un système d'installation des 
bateaux à vapeur qui puisse les rendre 
propres à naviguer, quand le vent est fa- 
vorable, à l’aide des voiles seulement. . . 

BECQUEREL, vice-président pendant l’année 
1833; passe aux fonctions de Président 
pour l’année 1838.....,4,............ ; 


Page:. 


833 
920 


921 
117 
go? 
890 


19 


138 


149 
161 


206 


5or 


-n 
a 
= 


MM. 

— Communique Pextrait d’une Lettre de 
M. de la Rive relative à une expérience 
de M. Presvot de Genève; expérience dans 
laquelle une aiguille de fer doux placée 
très près des nerfs aurait été aimantée au 
moment où, en irritant la moelle épinière 
de l’animal, on excitait une contraction 
musculaire. à... 

— Développements relatifs aux décomposi- 
tions chimiques opérées avec les appareils 
hydro-électriques simples... . 

— Examen du conglomérat formé autour 
d’une ancre trouvée dans la Seine....... 

— M. Becquerel communique une Lettre de 
M. de la Rive, relative à des expériences 
de M. Matteucci sur les courants thermo- 
électriques. .… 

— Et une lettre de M. Schænbein sur certai- 
nes circonstances qui s'opposent à l’oxi- 
dation du fer... 

— Nouvelles observations sur la mesure de la 
température des … tissus organiques de 
l’homme et des animaux au moyen des ef- 
Jets thermo-électriques (en commun avec 
M. Breschet).. ... :2.. 

— Instructions demandées par M. le Miro 
de la Marine pour l’expédition scientifique 
qui se rend dans le Nord (partie concer- 
nant les phénomènes d'électricité) 

BEHR rappelie qu’il n’a pas encore été fait de 
rapport sur un Mémoire qu'il a adressé, 
concernant emploi du zinc dans les 
COUPER ÉUTES ce =emle=b ais lmeniel de En 

BÉLANGER. — Rapport verbal sur 1: se- 
conde partie dela botanique de son voyage 
aux Indes-Orientales; par M. de Mirbel. 

BELLINGERI. — Mémoire sur la proportion 
des sexes dans les naissances des animaux 
vertébrés... 

BENIQUE. — Mémoire sur le traitement des 
rétrécissements organiques. .......:. 

— M. Beniqué demande que son ouvrage sur 
la rétention d'urine soit admis au concours 
pour les prix de Médecine et de Chirur- 
gie, fondation Montyon....... . 

BÉRARD: — Recherches sur les moyens pro- 
pres à arrêter le développement de la mus- 
cardine dans les magnaneries. (Rapport 
de M. Dutrochet sur divers travaux rela- 
tifs à cette maladie des vers à soie)...... 

BERTHELOT:(Nicoze). — Figure et descrip- 
tion d’nn nouveau lit mécanique destiné 
aux malades et aux blessés. .=......:. É 

BERTHOT. — Mémoire sur une balance 
pneumatique... oo. 

BERZELIUS. — Lettre à M. Pelouze surdif- 
férents points de théorie chimique; re- 
cherches surila chlorophylle , ete,....., 


( 955 ) 


Pages. 


526 


834 


347 


5or 


16 


3or 


62) 


MM. 
BEUDANT. — Note sur des grélons en pyra- 
mides sphériques..................... 
BILLAUDEL. — Dents fossiles del rhinotéros 
trouvées dans la commune d’Aillas (Gi- 
os AT 


Jractions ne he ÉOCEHOOd AE 
— Communication d’une Note de M. Daver, 
relative à un arbre carbonisé trouvé à la 
Guadeloupe sous plusieurs couches de pro- 
duits volcaniques. ......,............1.. 
— Mémoire sur plusieurs points de mécani- 
que chimique; dernière partie : Des 
combinaisons ternaires formées par l’a- 
cide tartrique, les terres (alumine et glu- 
cine), et l’eau... , Me -e 
— M. Biot expose les motifs qui le détermi- 
nent à refuser de faire partie de la Com- 
mission chargée de prononcer entre 
MM. Libri et Liouville sur une question 
relative à la théorie mathématique de la 
chaleur....... Céd0ce 
— Fait connaître l’objet te Mémoire qu'il 
doit lire prochainement et qui a pour ti- 
tre: « Sur la vraie constitution Physique 
de l'atmosphère terrestre, déduite de l’ex- 
périence; avec ses applications à la me- 
sure des hauteurs par les observations ba- 
rométriques, et au calcul des réfrac- 
tions »...... 
— Lecture de ce Mémoire.....,...,.,..... 
— Note sur une communication de M. de Pam- 
bour, relative à deux formules donnant le 
volume de la vapeur en fonction de la 
pression seulement........,........,., 
— Nouvelles remarques sur le mème sujet. . 
— M. Biot présente un travail de M. Jervis 
sur l’étalon universel primitif de poids et 
mesures. . 5 OPEN 0 
— Addition au Mémoire sur la constitution 
physique de l'atmosphère terrestre... .. 
— Sur la constitution comparée de l’atmos- 
Phère sous le parallèle de Paris et à l’é- 
quateur. nn 
— Sur l'emploi de la lumière polarisée pour 
manilester les différences des combinai- 
sons isomériques. . ... CA 10000 08 alt De 
— Sur les hauteurs relatives des LP ter- 
restres , conclues de leurs distances 3éni- 
thales réciproques eh) . 
BLAINVILLE (DE). — Rapport sur En UE 
tats scientifiques du voyage de circumna- 
vigation de la Bonite (partie concernant 
aÿzoolorie) FRERE certe L bee 
— Recherches sur l’ancienneté des mammifères 


71 


118 


153 


49 


472 


470 


579 


C63 


= 


4 


3 


ot 


( 956 ) 


MM. Pages. 

inseetivores à la surface de la Terre ; précé- 

dées de l’Histoire de la science à ce sujet, 

des principes de leur classification et de 

leur distribution géographique actuelle. ... 738 
— M. de Blainville lit les conclusions générales 

du rapport sur les résultats scientifiques 

de Pexpédition de la Bonite............ Aà 
— Communique une lettre de M. Dureau de 

la Malle, concernant les ravages commis 

par le ver blanc dans le département de 

l'Orneit 4 27. à AU EL MAP HEC 
— Rapport sur un nouvel envoi d’ossements 

fossiles des environs d’Auch, fait par 

M. Lartel..eenteeeteet ae an eeene OU 889 
BLAMPIGNON dia un FASpE sur an 

Mémoire concernant le choléra épidémi- 

que qui a sévi à Troyes en 1833, Mémoire 

adressé pour un précédent concours, et 

que la Commission n’a pas cru devoir 


mentionner dans son rapport...... rss OTT 
BLEIN. — Nouveaux principes de mélodie et 

d'harmonie. ......,.:..... 3006 Patte 49 
— Rapport verbal sur cet ouvrage, par M. de 

PPORR. NP NET ee ae 813 et 853 


BODEUR. — Baro-thermomètre, instrument 
destiné à donner à la fois la mesure de la 
pression atmosphérique et celle de la tem- 
a tp cneo done dd 339 

BOEHM. — Flûte d'une construction particu- 
lière qui doit être l’objet d’un rapport 
à l'Académie (Lettre de M. Camus)..... 52 

BOILLOT. — Traité d'Arithmétique......... 822 

BOINET. — Mémoire sur l'emploi de la pom- 
made de proto-iodure de mercure dans le 
traitement du Psoriasis (lepra vulgaris). 420 

BONAFOUS. — Rapport verbal sur sa ver- 
sion en ïtalien de la traduction fran- 
çaise faite par M. Stanislas Julien d’un 
ouvrage chinois, concernant Ja culture des 
müriers et l'éducation dés vers à soie..... 109% 

— Note sur un bouleversement du sol observé 
aux environs de Sassari............ bon EL 

BONNAFONT annonce avoir commencé à 
Constantine une série d'observations mé- 
téorologiques qu'il se propose de conti- 

LU BR  P cinmen das emmrain ee eue ses . 425 

BONNES. — Ohscrrtions sur l’acarus de la 
gale du cheval ; communiquées par M. Hu- 


BORY DE SAINT VINCENT. — Rapport 
verbal sur le Dictionnaire pittoresque d'His- 
toire naturelle publié sous la direction de 
M. Guérin-Menneville............. ee. 20 
— M. Bory de Saint-Vincent annonce que 
M. Puillon-Boblaye vient d’être envoyé, 
avec plusieurs autres officiers d'état-major, 
en Algérie, pour y procéder à une trian- 
gulation générale du pays........., .... 268 


MM. 

— Instructions pour la commission chargée 
par M. le Ministre de la Guerre de l’ex- 
ploration scientifique de l’Algérie; partie 
relative à la géographie. ..,,,...,...,., 

— Sur une fouille faite dans le terrain primi- 
tif de Pile de Santorin..….............. 

— M. Bory de Saint-Vincent met sous les yeux 
de l’Académie la triangulation faite par 
M. Puillon-Boblaye pendant l'expédition 
du général Négrier sur Stora, et une re- 
connaissance du capitaine Martin-Pré, 
qui rectifie quelques parties de la carte 
de la province d'Oran, gravée au dépôt 
dé"ldiguetren: 240as6e ss sant. 

— Communique uñe lettre de M. Puillon-Bo- 
blaye, sur l'aspect des campagnes dans 
quelques parties de l'Algérie... ...,.,. 

— En présentant une nouvelle édition de la 
Flore du Péloponnèse et des Crelades, 
M. Bory expose quelques considérations 
sur la géographie botanique de l'Orient de 
l'Europe et du bassin méditerranéen. . 


Pages, 


366 


585 


BOUCHARDAT. — Nouvelles recherches sur * 


la nature et le traitement de la maladie 
connue sous le nom de Diabète. ........ 
BOURDON. — Rapport sur une collection 
d'échantillons de vers à soie morts de di- 
verses maladies ; brisé par M. Bour- 
don FF SAME DÉLMATE ME EC a lea des 
BOUROS. — Observation sur les atopriétés 
vénéneuses de l’Atractylis gummüfera. ... 
— État nosologique des Crclades, dans l’an- 
née 1834....... naisre les coile 1 attatstalela as 
BOUSSINGAULT. — Recherches chimiques 
sur la végétation , entreprises dans le but 
d'examiner si les planies prennent de l'a- 
zote à l'atmosphère. ........,......... 
— Rapport sur ce Mémoire, .......... côte 
— M. Boussingault est présenté par la section 
d'Économie rurale commeun des candidats 
pour la place vacante par suite du décès 
de'M./Tessier. sn Dur sement vue. 
— Recherches sur la quantité d'azote conte- 
nue dans les fourrages, et sur leurs équi- 
valents.........s4 MM Enn 300: 
BOUVARD est nommé dicaibre de la Com- 
mission chargée de décerner la médaille 
de Lalande... senseuse 
BOUVART adresse un paquet cacheté portant 
pour suscription : Dromomètre, ou nou- 
veau loch à l'usage de la marine (séance 
du'18/juim}e 5, dun. Ju tunes Je re élire 
BOUVIER. — Mémoire sur la section du 
stérno-cléido-mastoïdien dans le torticolis 
ANCIEN... pme mr DELLE CC EEE 
— Mémoire sur la réduction des luxations 
congénitales du fémur, :...........s.. 
— Réflexions à l’occasion d’une Lettre de 


866 


470 


Ibid. 


MM. 
M. J. Guérin sur quelques points relatifs 
à l’histoire du traitement du torticolis an- 
cien par la section du tendon du sterno- 
mastofdien "Eure. to assiette : 
BOUVILLE. — Note sur une nouvellé mé- 
thode de traitement pour les fièvres inter- 
mittentes rébelles.....,..,:...... .... 
BOWDITCH. — Sa mort annoncée à l’Aca- 
démie par M. Libri...... SAT TR 
BOYER. Has our pa raisonnée du paupé- 
DISMES NN TRANS CRE NRA NIET 
BRAVAIS. — Su l'incertitude qui existe dans 
les déterminations du lieu de l’espace oc- 
cupé par un point donné...........1... 
BRESCHET. — Recherches sur la structure 
des membranes de l'œuf des mammifères 
(en commun avec M. Gluge)............ 
— Rapport sur un ouvrage de MM. De Laberge 
et Monneret ayant pour titre Compendium 
de Médecine pratique. .......... cures 
— Nouvelles observations sur la mesure de la 
température des tissus organiques du corps 
de l’homme et des animaux , au moyen des 
effets thermo-électriques (en commun avec 
M. Becquerel)....... Aadob 0 des estelle 
BRESSON. — Note sur l'application du sys- 
tème métrique à une nomenclature uni= 
forme qui serait employée pour la dési- 
gnation du degré de finesse des fils de 
toute nature et des différentes étoffes.. 


CABILLET.— Nouveaugableau pour les pro- 
portions des tubes de l'orgue. ......... _ 
CAHOURS. — Lettre à M. Dumas sur un nou- 
veau carbure d'hydrogène obtenu de l’Auile 
depommes de terre... 22... 40. .. 
CALIGNY (De). — Mémoire sur un nouveau 
système d’écluses à flotteur et à colonne 
oscillante .. 
— Copie d’un Mémoire de Vauban sur le Sas 
de Bousingue, adressée comme pièce à 
joindre au précédent Mémoire... ... ss 
— Additions à la quatrième partie du Mé- 
moire sur les oscillations de l’eau dans les 
tuyaux de conduite. ................ 2 
— M. de Caligny demande que ce travail soie 
admis à concotrir pour le prir de Méca- 


nique nn nn 
CALLIAS. — Lettre sur un moyen d'utiliser 
les pommes de terre gelées.............. 


CAMUS annonce qu’une flüte de M. me sur 
laquelle il doit être fait un rapport à l'A- 
cadémie, a été laissée par l’auteur entre 
ses mains, pour être mise à la disposition 
des Commissaires désignés...... ses. 


C.R. 1838, 1°r Semestre. (T, VI.) 


(957) 


429 


783 


118 


52 


MM. 
— M. Bresson adresse un paquet cacheté por- 
tant pour suscription : Description d’un 
nouveau mode d'emploi de l’air chaud 
comme moteur (Séance du 4 juin)....... 
BRONGNIART (Avozpme). — Rapport sur un 
Mémoire de M. Montagne concernant l’or- 
ganisation et le mode de reproduction des 
caulerpées, et notamment du caulerpa 
webbiana........ matin ciotetetesiete es alotallet pie 
— Instructions pour la Commission chargée 
par M. le Ministre de la Guerre de l’ex- 
ploration scientifique de l'Algérie (partie 
concernant la botanique, lue à la séance 
durormars) 6.0" creer 
— Instructions demandées par M. le Ministre 
de la Marine pour l’erpédition scientifique 
qui se rend dans le nord de lP Europe (par- 
tie relative à la botanique ).. 
— Recherches sur les lepidodendron et sur les 
affinités de ces arbres fossiles; précédées 
d’un examen des principaux caractères des 
Lycopodiacées. .......... nf elelelee 
BRUNET. — Mémoire sur les his Ve 
BULLARD. — Recherches et expériences sur 
lat peste ete D'ROU-cAn0 ue dc 
BUREAU DE BIENFAISANCE de Le ville 
de Lille adresse de nouveaux documents 
concernant l’emploi de la gélatine extraite 
des os pour l’alimentation de la classe in- 
digente 


CANNET. — Lettre relative à une encre faite 
avec la fleur d'iris........... AAC LOS NS « 
CAP. — Nouveaux faits pour servir à J’his- 
toire de l’urine (travail en commun avec 
MÉPHEnrr:) RAIN HR AT ARRETE 
CAPOCCI. — Photomètre pour la détermina- 
tion des grandeurs relatives des étoiles. — 
Appareil pour les lunettes avec les- 
quelles on observe le soleil, et ayant pour 
objet d’arréter les rayons calorifiques mê- 
lés aux rayons lumineux, — Micromètre 
destiné à l’observation des comètes très 
faibles, et rendu lumineux au moyen de l'é- 
LCR UT NET AT ee 
CARISTIE. — Sur les changements deriat ifs 
de niveau entre la mer et le rivage, à Pouz- 
zol, et sur les traces de ces changements 
qu’offrent les restes du temple de Sérapis. 
CASTELLI propose, au xvu® siècle, pour la 
conservation des grains, un procédé qui 
paraît avoir beaucoup de rapports avec un 
autre sur lequel l’Académie a porté récem- 
ment un jugement très favorable; (Note 
de M. Libri)............. 


130 


Pages. 


790 


269 


344 


116 


209 


752 


336 


372 


795 


MM. 

CASTÉRA. — Mémoire sur divers moyens de 
sauver les naufragés. (Rapport sur ce 
Mémoire ). 

CASTIL-BLAZE. — Mémoire sur un nouveau 
système de sonnerie pour les horloges... 

CAUCHE. — Objectifs achromatiques....... 

CAZAUVIEILH demande et obtient lautori- 
sation de reprendre un Mémoire sur la 
Monomanie suicide, qu'il avait adressé 
pour le concours au prix de Médecine , et 
qui n'avait pu y être admis à cause d’un 
défaut de formes...................... 

CHARDOT. — Note sur une machine destinée 
au nétoiement des routes, nommée ma- 
chine éboueuse............ ss Enter 

CHARRIÈRE adresse un parte cacheté por- 
tant pour suscription : Dessin et descrip- 
tion de deux instruments de chirurgie 
(Séance dug'avril:}. 4 8.0 sante 

CHASLES. — De la connaissance qu'ont eue 
les anciens d’une numération décimale 
écrite, qui fait usage de neuf chiffres pre: 
nant des valeurs de position........... . 

— Solution synthétique du problème de Pat- 
traction des ellipsoïdes, dans le cas géné- 
ral d’un ellipsoïde hétérogène et d’un 
point extérieur. ( Rapport sur ce Mé- 
mOir@) se seal ele del, tate 02 Naletals Wrnt . 

— Nouvelle solution de probleme de lattrac- 
tion d’un ellipsoïde Pos sur un 
POINT EXLÉTIEUr.. -... «esse so... 

CHEVALIER. — Collections et vations re- 
latives à la géologie et à la minéralogie , 
faites dans le cours du voyage de la Bo- 
nite. (Rapport sur ces travaux )...... LEA 

CHEVALIER présente un appareil destiné à 
servir, dans les cours publics, à l’exposi- 
tion des phénomènes de polarisation... ., 

CHEVREUL est nommé vice-président pour 
l’'annép 638. 24 Jetons lente tele ame tele 

— Déclare que M. Pelouze lui avait commu- 
niqué, bien avant le mois d'octobre der- 
nier, les résultats auxquels il était par- 
venu touchant la déshydratation des ci- 
LR A RE ee me te Br e he «te 

CIBER. — Observations de température des 
couches terrestres, faites avec un thermo- 
mètre à déversement , à Cessingen, près 
Luxembourg (en communavec M. Wurths). 

CIVIALE. — Recherches sur les noyaux de di- 
verses natures qui servent de bases aux 
calculs urinaires. .......,... sacs sim) 

— Mémoire sur les calculs de Cystine........ 

COLLEGNO (De).—Sur les terrains tertiaires 
du nord-ouest de lJtalie...... . dau 

COLLET dépose un paquet cacheté relatif à un 


ns 


( 958 ) 


Pages. 


121 


705 


899 


S29 


922 


516 
897 


819 


MM. Pages. 
nouveau mode de transport pour les voya- 
geurs (en commun avec M. Cottereau)... 686 

COMBES. — Mémoire sur la théorie du venti- 
lateur........ ROME E prove te -Raidasrt É0S 


— Note sur un ventilateur à force centrifuge. 
COMMISSION DES MACHINES A VAPEUR 
PRÈS DU CONSEIL DES PONTS-ET- 
CHAUSSÉES. — M. le Ministre du Com- 
merce adresse un Mémoire de M. Leval- 
lois, sur une explosion survenue dans une 
machine à vapeur à basse pression, et le 
Rapport fait sur ce Mémoire à M. le Di- 
recteur-général des Ponts-et-Chaussées, 
par la Commission des machines à va- 
POUR ere ide sat mé lénand e ven 120 dde 572 
COQUAND. — tea sur je constitution 
géogaostique des Pyrénées 
— Note sur l’âge géologique du gypse d'Aix... 
CORDIER. — Rapport sur les résultats du 
voyage de la Bonite autour du monde. 
( Géologie et Minéralogie)............ 
CORIOLIS. — Rapport sur divers Mémvires 
de M. de Pambour, ayant pour objet la dé- 
termination des résistances que présentent 
les machines locomotives sur les chemins 
de fer, et le calcul de l'effet, tant de ces 
machines que des machines à vapeur en gé- 
nénali.et-nrnt ARE: HD CA 
— M. Coriolis remplace M. Séguier dans la 
Commission chargée de l’examen des 
voitures articulées de M. Dietz......... À 259 
— Rapport sur une voiture à six roues et à 
trains articulés, de M. Dietz............ 
— Rapport sur les pièces présentées au con- 
cours pour le prix Li is de 1837. 
COSTE. — Mémoire sur Püvologie du kangou- 
rou ; en réponse à une lettre de M. Owen. 165 
— Recherches sur le développement et la signi- 
fication de l’appareil'génital externe... 
COTTE. — Mémoire sur un théorème pour 
calculer les racines incommensurables en 
une seule opération. ..... DÉEe 
— Supplément au Mémoire précédent... ..., 
COTTEREAU dépose un paquet cacheté rela- 
tif à un nouveau mode de transport pour 
les voyageurs (en commun avec M. Col- 
LE ERA SERRE TA CE à 
COULIER. — Lettre sur un passage de la re- 
lation du voyage de Ker Porger en Perse, 
lequel se rapporterait, suivant M. Coulier, 
à un cas de mirage nocturne. .......... 335 
CUILLIER. — Procédé pour préserver de 
l'incendie les cintres des théâtres... .... 49 
CUVIER (Frépéric). — Rapport sur un Mé- 
moire de M. Jourdan de Lyon, eoncer- 
nant quelques nouveaux mammifères... . a 


229 


mm 

D’ABBADIE. — Voyez Abbadie. 

DAMOISEAU est nommé membre de la Com- 
mission chargée de décerner la médaille 


de Lalande...,......... oh 8e MEANS 
DARLU. — Réflexions sur les causes des ex- 
plosions des machines à vapeur.......... 


DARONDEAU. — Résultats de l’examen des 
eaux de mer recueillies pendant le 
voyage de la Bonite, avec l’appareil de 
LM) ee ee Er est ee dre 2e 

DAUSSY. — Note sur Fexistence probable 
d’un volcan sous-marin, situé par environ 
09 20’ dé latitude sud, et 229 de lggeitude 
Ouest: 1... nn nas none este 

DAVAT demande l'ouverture d’un paquet ca- 
cheté déposé par lui le 24 janvier 183r. 
La Note renfermée sous l'enveloppe ca- 
chetée est relative à des expériences sur 
l'oblitération des veines. ............... 

—— Note additionnelle à un Mémoire sur. le 
traitement curatif des varices par l'oblité- 
ration. deb, veines ns. So. 503.04 LEE 

DAVER. — Note sur un tronc d'arbre carbo- 
nisé trouvé à la Guadeloupe sous plusieurs 
couches de produits volcaniques, avec des 
échantillons de ces différentes couches ; 
tommuniquée par M. Biot.,.....,..... 

DECAISNE. — Note sur la structure des ra- 
cines chez certains végétaux dycotylédonés. 

DELA HAYE. — Note sur les moyens de con- 
server libre de glaçons une portion de 
rivière pendant le temps des grandes gelées. 

— M. de la Haye demande qu’on fasse un rap- 

port sur l'efficacité du moyen proposé... …. 

DE LA RIVE. — Lettre à M. Becquerel sur 
des expériences de M. Presvost, dans les- 
quelles des aiguilles très fines de fer doux 
placées très près des nerfs ont été aiman- 
tées au moment d’une contraction muscu- 
LATE. i ema ee cs NE AL SE ENS 

— Lettre à M. Becquerel sur les expériences 
de M. Matteucci relatives aux courants 


les yeux de l’Académie Pap- 
pareil employé pour ce nouveau mode de 
chauffage. .......... aie vin.» An ideigle cine mi à 
DELILLE. Voir à Raffeneau- Delille. 
DEMARÇAY (Horace). — Recherches sur la 
nature de la bile.......,........ nelle 
DEMARÇAY. — Mémoire sur un nouveau 
système de greniers, à blé destinés à pré- 


Pages. 


6:G 


512 


707 


118 


335 


65 


121 


19 


276 


206 


MM. 
server les grains de l'attaque des in- 
SCIE Ce CERECERTETEE _.... Sursies 
— Rapport sur ce Mémoire. ........ ...... 


BTAPhIE SÉRÉT GIE nee ea neo NES 
DENIS. — Premitre partie d’un Traité de 
Météo nee pe ON Ed eee de und 


DENY DE CURIS demande que son ouvrage 
Sur la confection des mortiers soit admis 
à concourir pour un des prix de la fonda- 
tion Montyon..........…. Fe ctsocotec 
DERICQUEHEM. — Instrument d’arpentage 
présenté sous le nom de Géodésimètre. 
(Rapport sur cet appareil)... ........., 
DESJARDINS. — Tableau des observations 
météorologiques faites à Flacq (Ile Mau- 
rice) en mars, avril et mai 1837..... eu. 
DESMARETZ. — Mémoire sur la véritable 
cause des explosions des chaudières à va= 


vrage intitulé : Manuel de l'étranger aux 
eaux d'Air en Saoie............... eee 
DESPRETZ demande qu'il soit fait un rap- 
port verbal sur le Cours de Mathématiques 
de M. de Montferrier.................. 
DESTAING adresse un paquet cacheté rela- 
tifà une pompe à feu (Séance du 12 mars). 
DEVÈZE DE CHABRIOL prie l’Académie de 
hâter le rapport qui doit être fait sur son 
Mémoire concernant la navigation de l'AI- 
LEE NN 


— MM. Magendie et Serres sont nommés 
commissaires pour ce Mémoire , en rem- 
placement de MM. Larrer et Breschet.… 

D'HOMBRES-FIRMAS. — Notice sur la Ne- 
rinée gigantesque... 

— Deixième Mémoire sur le Mérier des Phi- 
lippines...…....... sit ste DOC UPS 


lées de M. Dietz, M. Séguier est rem- 


placé par M. Coriolis. ............... 
— Rapport sur les voitures à sir roues et à 
train articulé de M. Dietz............. 


130. 


Pages. 


654 


HS 
363 


MM. 

DIEU. — Expériences faites sur une Turbine 
établie à Lépine (Seine-et-Oise) par 
M-"Fourneÿron 1... 

DIRECTEUR DES DOUANES adresse un 
exemplaire de la premiére partie du Ta- 
bleau décennal du Commerce de la France 
avec ses colonies et les puissances dat se 


(années 1827—1836 )........... DCE 
DONNÉ. — Note sur la constitution micros- 
COPINE LOU ATP ele eee ele ele 


— Tableau des différents dépôts de matières 
salines et de substances organisées qui 
se font dans les urines, présentant les ca- 
ractères propres à les distinguer entre 


eux et à reconnaître leur nature. ....... 
— Note sur la circulation du Chara......... 
— Rapport sur cette Note................. 
— Additions aux précédentes recherches sur le 
(OT actes té OU LORS dede 
D'ORBIGNY. — Sur la distribution géogra- 


phique des oiseaux passereaux dans l'Amé- 
rique méridionale. (Rapport sur ce Mé- 
DRANT. — Nouvelle sphère céleste ne les 
démonstrations élémentaires relatives au 
système de Copernic....... COM bidanire 
DREVON présente, de concert avec M. re 
des échantillons de fonte qu'ils annoncent 
devoir convertir, par un procédé particu- 
lier, en fer malléable et en acier... ... 
DUBOUCHET. — Lettre concernant un nou- 
veau système de construction (en commun 
avec M. Montgolfier) .............. .. 
DUBOURG réclame la priorité d'invention 
pour un appareil destiné à la conservation 
des grains......, DCODECE EE ebesee ee 
— Adresse un paquet cacheté concernant la 
navigation intérieure et le régime des ri- 
vières ( séance du 12 février)........... 
DUBREUIL annonce la mort de M. Dugés, 
correspondant de l’Académie. .......... 
DUFRÉNOY. — Nature minéralogique et 
composition chimique des cendres lan- 
cées par deux volcans de l'Amérique tro- 
picale .. 
— Parallèles entre les différents produits vol- 
caniques des environs de Naples, et rap- 
port entre leur composition et les phé- 
nomènes qui les ont produits, ....,.... 
DUGËS. — Sa mort annoncée à l'Académie. 
DUJARDIN. — Observation sur la configu- 
ration des zoospermes de la Salamandre 


aquatique... ...,.., COORDONNE 
— Observations sur la nature animale des 
ÉPOREE Se NAT e 2 00e 0e AS STE 


DUMAS. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Boussingault , relatif à l'influence de 
l'azote atmosphérique dans la végétation. . 


Le 


( 960 ) 


Pages. 


6065 


6o9 


190 


615 


15. 


16. 


66 


20) 


707 


129 


MM. 

— Rapport sur un Mémoire de M. Payen, 
relatif à Ja distribution des substances 
asotées dans les organes des végétaux... 

— Sur les carbo-vinates, les carbo-méthylates 
et la véritable constitution du sucre de 
cannes (en commun avec M. Péligot).... 

— M. Dumas communique l'extrait d’une 
Lettre de M. Liebig sur des recherches 
concernant les produits de la décomposi- 
tion de l’acide urique par l’acide nitrique, 
recherches qu’il a faites en commun avec 
BA OT CREER RAT PET ee 

— Rapport sur un Mémoire de MM. Pelle- 
tier et Walter, relatif aux produits pyro- 
génés de la résine... .......... HA TATET se 


— M. Dumas communique une Lettre de 
M. Robe Kane sur les combinaisons am- 
moniacales faire atare te n'a 

— Rapport sur un Mémoire de! M. Rene 
relatif aux modifications que la chaleur 
fait éprouver à l’acide tartrique et à 
l'acide paratartrique... 

— Remarques sur une Note de M. Pelourse , 
relative à la constitution de l'acide ci- 
trique , et sur une Lettre de M. Berzé- 
lius concernant divers points de chimie 
théorique .......... oo CA 

— Remarques à loccasion du Compte Par 
de la séance du 7 mai............... AOC 

— Réponse à la Lettre de M. Berzélius. 

— Réponse à des observations de M. Pe- 
louse, relatives aux travaux sur la constitu- 
tion de l'acide cürique, ete............. 

— Remarques de M. Dumas relativement à une 
Lettre de M. Liebig et à des déclarations 
de MM. Thénard et Chevreul touchant 
les travaux de M, Pelouze sur la déshydra- 
dation des citrates. .......... 

— M. Dumas communique une Lettre de 
M. Cahours sur un nouveau carbure d'hy- 
drogène obtenu de l’huile de pommes de 
Li oebor srobctenadone oies es ABERSA 

— Réflexions à l’occasion de cette lettre... 

— Remarques à l’occasion d’une réclamation 
concernant un moyen proposé pour la des- 
truction de la pyrale de la vigne. ........ 

— M. Dumas communique des recherches de 
M. Payen sur la ere de l’amylate 
deplomb................ diéte 

DUMÉRIL. — Rapport sur une autos d'é- 
chantillons de vers à soie morts de di- 
verses maladies, présentée à l’Académie, 
avec un Mémoire explicatif, par M. Bour- 
DORA mener 

— Instruction pour la Commission chargée 
par M. le Ministre de La Guerre de l’ex- 
ploration scientifique de l'Algérie ; partie 


smnonssssse .. 


Pages. 


131 


217 


G45 et 646 


669 


669 et 689 


672 


829 


656 
657 


686 


750 


318 


MM. 
relative à la zoologie, lue à la Séance 
du 19 mars.................s.. Go none 

— Rapport verbal sur le second volume de 
l'ouvrage de M. Lacordaire, intitulé : 
Introduction à l'Entomologie.......... c 

DUMÉRY adresse un paquet cacheté portant 
pour suscription : Appareils de sûreté. 

— Adresse un deuxième paquet cacheté relatif 
au même sujet.. 

— Nouveau paquet cacheté portant pour sus- 
cription : Note relative au remorquage 
des bateaux sur les rivières et les canaux 
(Séance du 4 juin)..........,..... 

DUMONT. — Dern et figure du 
nouvel instrument d’arpentage donnant , 
par une seule opération, les secondes 
sexagésimales dans la mesure d’un angle. 

DUMOULIN. — Résumé des observations de 
-physique faites à bord de l’Astrolabe, de- 
puis le départ de Toulon jusqu'au 25 oc- 
tObDre 1057 ea ile nu. 

BUNAL. — Note sur la phosphorescence de 
la mer dans les environs de Montpellier. 

DUPIN (Cnarzes). — Note sur une collection 
de rapports officiels de M. Hubert, rela- 
tifs aux navires à vapeur....,......,, ELA 

— M. Dupin est désigné pour faire partie de 
la Commission chargée de l'examen des 
pièces de concours de MM. les élèves des 
Ponts-et-Chaussées..... ............... 

DUPUY. — Résumé des observations météoro- 
logiques faites à la Basse-Terre (Guade- 
loupe) pendant une période de 10 années. 

— M. Dupuy se présente comme candidat pour 
la place vacante dans la section d’'Écono- 
mie rurale... 


EDWARDS fait hommage à l'Académie de 
deux opuscules ayant pour sujet les 
aliments et l'alimentation. ............. 

EDWARDS (Mie ). — Mémoire sur les poly- 
pes du genre des Tubulipores..,....... 

— Mémoire sur les Crisies, les Hornèreset plu- 
sieurs autres polypes vivants ou fossiles, 
dont l’organisation est analogue à celle 
des tubulipores.......... aire le acte - 

ÉLIE DE BEAUMONT communique une 
Lettre de M. Puillon-Boblaye, relative à 
la modification qu'ont subie, par suite de 
l'apparition des roches ignées, certains 
terrains de sédiment, modification qui 
leur a donné une texture cristalline sans 
d’ailleurs détruire complétement les fos- 
siles qui les caractérisent dans leur état 
normal...... 


( 961) 


Pages. 


344 


349 


653 


852 


162 


572 


168 


MM. 

DUREAU DE LA MALLE. — Observations 
à l’occasion d’un Mémoire de M. Pelouze 
père, ayant pour titre : « De l’opportunité 
des cultures torridiennes et spécialement 
de la culture du coton en Algérie.»..... 

— M. Dureau de la Malle fait hommage à l’A- 
cadémie, d’un ouvrage qu’il vient de faire 
paraitre, et qui a pour titre : Peyssonnel 
et Desfontaines ; Voyage dans les régences 
de Tunis, ete... 

— M. Dureau de la Malle conteste l’origine 
phénicienne, attribuée par M. Bory de 
Saint-Vincent , à des vases trouvés dans 
des tombeaux de l’île de Santorin... .... 

— Lettre à M. de Blainville sur les dégâts 
commis par le ver blanc dans le tr 
mentade l'Orne end cftnsectee 


DUTROCHET. — Rapport sur divers travaux 
entrepris au sujet de la maladie des vers 
à soie, connue vulgairement sous le nom 
de muscardine.…. . . 
— Rapport sur un Mémoire de M. Payen 
concernant les phénomènes qui s’obser- 
vent dans les pommes de terre gelées... 


— Réclamation de priorité à l’occasion d’une 
Lettre de M. Donné sur la circulation du 


— Rapport sur les recherches de M. Donné 
relatives à la circulation du chara.... 

— Note sur un cas d’hibernation observé chez 
deux hirondelles............ d 

— Dépôt d’un paquet cacheté, ..... 

— Dépôt d’un nouveau paquet cacheté....... 

DUVAL. — Mémoire sur la nature et la gué- 
rison du pied-bot, première partie...... 


— Remarques à l’occasion d’une réclamation 
de M. Rivière, concernant la lettre de 
M. Puillon-Boblaye....... AO 690 Do te 
— Instructions pour la Commission chargée 
par M. le Ministre de la Guerre de l’explo- 
ration scientifique de l'Algérie ; partie 
concernant la géologie et la minéralogie, 
lue à la séance du 15 mars....... aca de 
— Instructions demandées par M. le Ministre 
de la Marine pour l'expédition scientifique 
qui se rend dans le Nord de l’Europe; 
partie concernant la géologie.......... 
— M. Élie de Beaumont est désigné pour faire 
partie de la Commission chargée de l'exa- 
men des pièces de concours de MM. les 
élèves des Ponts-et-Chaussées........... . 
— Remarques à l’occasion d’un Mémoire de 
M. de Blainville, et sur un passage de ce 


Pages. 


526 


86 


20) 


653 


MM. 
Mémoire relatif aux débris de Didelphes , 
provenant de Stonesfield. .............. 

— M. Élie de Beaumont communique une 
lettre de M. Gay, sur certains points de 
la géologie du Chili et des pays voisins... 

— Remarques à l’occasion de cette lettre , et 
notamment d’un passage relatif à la ques- 
tion de l'existence du terrain jurassique 


FABIEN (Tuowis).—Mémoire sur des moyens 
employés pour rendrela claudicationmoins 
douloureuse et la progression plus facile, 
dans les raccourcissements accidentels des 
membres inférieurs... 

FIARD demande qu’il soit fait un rapportspé- 
cial sur différents travaux relatifs à la 
vaccine, qu'il avait présentés précédem- 
ment au concours pour les prix de Méde- 


cine et de Chirurgie. ....... assise 
FILIPPI. — Essai sur les machines mues par 
l'air chaud joint à la vapeur............. 


FLEURY. — Note sur un cas de guérison de 
torticolis ancien , obtenue au moyen de la 
section cu d’une portion du 
tendon inférieur du musele sterno-cléido- 
Antoine Er eee ee qu 

FLOURENS. — Recherches san sr sur 
les structures comparées de la membrane 
cutanée et dela membrane muqueuse. . 

— M. Flourens annonce qu’il vient de recevoir 
de M. Guyon, chirurgien en chef de l’ar- 
mée d'Afrique, des pièces et des docu- 
ments pour servir à l’histoire physique et 
ethnographique des races humaines qui 
habitent l'Algérie. ........... =D) 170 20 

— Fait hommage à l’Académie d’un article 
qu’il vient de publier dans le Journal des 
Savans, sous le titre de : « Analyse d’un 
ouvrage manuscrit intitulé Traité du co- 
rail, etc.; par M. Peyssonel»........... 

— Communique une Lettre de M. Lartet re- 
lative à la découverte d’une seconde mä- 
choire de singe et de quelques autres osse- 
ments fossiles provenant du gisement de 
SAHBAT eee ces COPA PEOEECEETE CE . 

— Et une nouvelle Lettre du même about 
logiste relative à un carnassier voisin du 
chien, également découvert à Sansan. 

— Communique une Lettre de M. Retzius sur 
les farines fossiles, substances pulyérulen- 
tes, de nature siliceuse, et qu’on suppose 
cependant en plusieurs pays du Nord, 
douées de propriétés alimentaires... 


( g62 :) 


Pages. 


744 


916 


372 


821 


6 


262 


268 


344 


352 


655 


356 


MM. Pages 
dans l'Amérique australe. ....,...,.... 916 
ERMAN. — Lettre à M. Arago sur la tempéra- 
ture de la terre en Sibérie..,.,.,...,.,.. . 
EYDOUX. — Ses travaux relatifs à la zoolo- 
gie pendant le cours du voyage]de la Bo- 
nite. (Rapport sur les résultats scientifi- 
ques de cè voyage)... rome - “+ 


5ot 


45 


— Présente une nouvelle rédaction du Mé- 
moire de M. Valentin sur le développe- 
ment comparé des tissus organiques chez 
les végétaux et les animaux.......... .…. 

FONTAN. — Mémoire sur les eaux miné- 
rales des Pyrénées... ........... Lena 

FONZI demande qu'un membre de la section 
de Mécanique soit adjoint à la Commis- 
sion qui aété chargée d’examiner des dents 
artificielles présentées par lui........ FÉES 


489 


FORBES. — Sur la polarisation de la chaleur, 705 
FOURCAULT.—Expériences physiologiques 
démontrant l’influence de l’altération du 
sang dans la production de l’inflammation 
et des autres lésions locales. ..... 146 et 369 


FOURNEYRON. — Expériences de M. Morin 
sur les turbines de cet ingénieur....... 2 
— Sur une turbine établie par cet ingénieur, 
à Lépine (Seine-et-Oise); expériences 
faites par M. Dieu... 4. -emetme 171 
FRANCIS.—Remarques concernant quelques 
passages d’un Rapport fait à l’Académie 
sur un Mémoire de M. Morin relatif aux 
turbines de M. Fourneyron. …........... 
FREMY. — Mémoire sur les modifications que 
la chaleur fait éprouver aux acides tar- 
trique et paratartrique. (Rapport sur ce 
Mémoire). 
FREYBERG. — Mouvement Perpétae denses 
FREYCINET.—Instruction pour la Commis- 
sion chargée par M. le Ministre de la 
Guerre de l’exploration scientifique de VAI- 
gérie (partie relative à l’hydrographie et 
à la navigation)... e'efeise meer ete me see 
— Rapport sur l'expédition de la] Bonite (par- 
tie relative à l’hydrographie, la naviga- 
tion et l’histoire du voyage)........ Dr 
— Rapport sur un Mémoire de M. Castera , 
relatif aux œ de sauver les naufra- 
PEU done Lôd Hhteagou Aou C4 
FUSZ. — Modèle et aeéripdbn dun appa- 
reil auxiliaire pour l’enrayage des voi- 
tures, le sabot mécanique.............., 419 


121 


366 


597 


MM. 

GAIMARD. — M. le Ministre de la Marine 
annonce que M. Gaimard va partir, avec 
plusieurs membres de l’ancienne Commis- 
sion scientifique d'Islande , pour les pays 
du nord, afin de compléter les observa- 
tions recueillies par cette Commission 
dans l'expédition de La Recherche. M. le 
Ministre invite l’Académie à rédiger des 
instructions pour ce nouveau voyage... . 

GAIRAL. -— Mémoire sur divers instruments 
pour le traitement des maladies de l’o- 
reille, et sur leur mode d'application; 
suivi d’un essai sur la perforation avec 
perte de substance de la membrane du 
un pont DEMO EU ERA EL 

GANNAL prie PAtadémis de hâter le rapport 
qui doit ètre fait sur les propriétés ali- 
mentaires de la gélatine. ...........,... 

— Note sur les propriétés nutrilives des ali- 
ments empruntés au règne vésétal......, 

GASPARIN est présenté par la section d'Éco- 
nomie rurale comme un des candidats pour 
la place devenuevacante dans cette section 
par le décès de M. Tessier... ... 149 et 

GASPARRINI. — Mémoire sur un nouveau 
genre de la famille des légumineuses, 
le genre Farnesia.......... È À 

GASSIER annonce son prochain He: ouh 
le Sennaar, et offre à l’Académie de faire 
dans ce pays les recherches qui pour- 
raient être jugées utiles pour l’histoire 
naturelle. : 

GATIGNY. — De l'emploi de la vapeur d’eau 
pour l’épuration des huiles de graines... . 

GAUDICHAUD. — OEufs de vers à soie rap- 
portés du, Bengale par ce naturaliste 
(Lettre de M. Audouin à ce sujet). ....... 

— Ses travaux concernant l’organographie et 
la physiologie végétales, et la botanique, 
dans le cours du voyage de La Bonite.... 

GAUDIN. — Note sur l'application de la lu- 
mière Drummond à l'éclairage public et 


GAUTIER. — Figure et bon d'un 
ROUPEUETRDI ER sen == = Rene ar «ele r 
— Réclamation de priorité à l’occasion d’une 
note de M. Chasles sur la numération écrite 
CESNANOPNE SL SP RACE RE Te Ant ue sean 
GAY. — Sur le tremblement “A terre ressenti 
au Chili en novembre 1837; — sur une per- 
turbation de l'aiguille aimantée observée 
— Lettre à M. Élie de Beaumont, sur la géo- 
gie du Chili et des pays voisins. ........ 


( 963 ) 


Pages. 


206 


161 


; 


822 


G 


MM. 

GAY-LUSSAC. — Remarques à l’occasion 
d'une Note de M. Longchamp , concernant 
action de la vapeur d’eau sur le charbon 
incandescent. ........ donc ions 

— Observations sur un nouveau procédé de 

chauffage importé d'Angleterre. ....... 

— Rapport sur un nouveau procédé pour la 
conservation des grains, proposé par M. De- 
MAP CA Tan eee = ele einen ets eee ee Ste 

GEOFFROY - SAINT - HILAIRE fait hom- 
mage à l’Académie d’une brochure intitu- 
lée : Notice historique sur Buffon; études 
sur sa vie, ses ouvrages et ses doctrines. 

— Fait hommage à l’Académie d’un ouvrage 
qu’il vient de publier et qui a pour titre : 
Notions de Philosophie naturelle, précé- 
dées d’une introduction dans laquelle Na- 
poléon adolescent est approuvé d’avoir con- 
testé aux découvertes de Newton un ca- 
ractère absolu d'universalité. ..... , 

— Fait hommage à l’Académie d’un exem- 
plaire de ses Fragments biographiques ; 
précédés d'études sur la vie, les ouvrages 
et les doctrines de Buffon.............. 

— De la loi d'attraction de soi pour soi; et 
nouveaux eflorts de l'inventeur pour en 
présenter le principe comme un annexe 
étendant les vues de la gravitation univer- 
selle de Newton..... ve 

— Note sur l’ostéologie des OP More er 

GEOFFROY-SAINT - HILAIRE (Isiore). — 

Rapport sur un Mémoire de M. À. d'Or- 
bignr relatif à la distribution géographique 
des passereaux dans l'Amérique méridio- 
LL CARRE SRE RER . 
Rapport verbal sur les Œuvres d'histoire 
naturelle de Goëthe traduites par M. Mar- 
GTS ROSE NE ET TA RE 
Notice sur trois nouveaux genres d’oiseaur 
de Madagascar, les genres Philépitte , 
OO ET METTENT 
Instructions demandées par M. le Ministre 
de la Marine pour l’erpédition scientifique 
qui se rend dans le nord de l'Europe: 
(partie relative à la zoologie).......... 
M. Isidore Geoffroy communique une ob- 
servation de M. Dutrochet relative à un 
cas d’hibernation observé chez deux hiron- 


delles. SSSR EN noodbobnodo se 
— Réflexions à l’occasion d’une Note de 
M. Larrey sur le même sujet..... .... 


— Notice sur les rongeurs épineux désignés 
par les auteurs sous les noms d’Echinrs, 
Lonchères, Heteromrs et Nelomys....... 


Pages 


150 


704 


190 


MM 

GÉRARD. — Note sur la fabrication du pa- 
pier avec l'écorce du mürier (en commun 
avec M. de Prédaval)...... HER -LEoce 

GIRARDIN. — Mémoire sur les pommes de 
terres gelées et sur le moyen de les uti- 


— Mesure de la température d’un puits arté- 
sien de Rouen (en commun avec M. Person). 
GLUGE. — Recherches sur la structure des 
membranes de l'œuf des mammifères (en 
commun avec M. Breschet)............. 
GODAIN adresse un paquet cacheté (Séance 
dufa/JRnvVien)s is -mals-c-deE 
GOETHE.—Traductiondeses œuvres d ‘histoire 
naturelle ; par M. Martins. (Rapport ver- 
bal sur la partie zoologique de cet ouvrage). 


GRÉGORY (De). — Expériences sur les eaux 
thermales d'Aix en Sayoie............. 
GUERIN (Jures). — Sur une nouvelle mé- 


thode de traitement du torticolis ancien. 
— Histoire de deux cas de torticolis ancien, 
traités et guéris à l’aide de la section sous- 
cutanée du muscle sterno-cléido-mastoïdien. 


HALDAT. — Recherches sur le magnétisme de 
TOLGTION. m4 na sir eee eu ele siola & 
HALLBERG (De) offre d'entreprendre un 
voyage qui aurait pour but d'arriver à 
Tombouctou par la Nubie.... 
HANSEN est présenté par la section d’Astrono- 
mie comme un des candidats pour un place 
de correspondant vacante dans cette sec- 


HENRY.— Nouveaux faits pour servir à l’his- 
toire de l’urine(en commun avec M. Cap). 
HÉBICART DE THURY. — Rapport verbal 
sur un ouvrage de M. le comte d'Angeville, 
ayant pour titre : De la Statistique fran- 
caise considérée sous quelques-uns de ses 
rapports physiques et moraux...,...... 
HERRICK. — Sur le nombre moyen d'étoiles 
filantes observables dans les vingt-quatre 
heures à la surface du globe (Lettre à 
M.;Arago).. «se isniertamaois omisiain Bletaietaits 
HEURTELOUP présente à l’Académie un 
nouveau modèle de son fusil Koptipteur. 
— Rapport sur cette arme par M. le général 
Rogniat.....,...,........s.sess 
HUBERT. — M. Dupin lit une Note sur une 


JAMIN adresse uve lettre qui n’est pas lue, 
comme n'ayant aucun rapport aux objets 


( 964) 


Pages. 


336 


2gt 


781 


MM. 
— Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 7 mai) 
GUÉRIN-MENNEVILLE. — Rapport verbal 
fait par M. Bory de Saint-Vincent sur le 
Dictionnaire pittoresque d'Histoire natu- 
relle, publié sous la direction de M. Gué- 
rin.,. 


GUILLON. — Note sur un cas de rétention 
d'urine, précédé et suivi de plusieurs phé- 
nomènes pathologiques remarquables... 


— Supplément à la Note précédente....... 3 
GUILLORY. — Sur des essais de culture du 
thé en pleine terre qui se continuent ayec 
succès depuis plusieurs années à Angers. 
GUILLOT, — Sur une formation de nouveaux 
vaisseayx dépendant de l'appareil respi- 
ratoire chez les phthisiques............. 
GUINAND.— De belles masses de /int-glass 
provenant d’une fonte pendant laquelle 
MM. Arago et Dumas ont été témoins des 
procédés dont M. Guinand fait usage pour 
éviter les stries, sont mises sous les yeux 

| de V'Académie........... 


collection de rapports officiels de M. Hu- 
bert relatifs aux navires à vapeur... ... 
HUERNE DE POMMEUSE se présente 
comme candidat pour la place vacante 
dans la section d’Économie rurale par 
suite du décès de M. Tessier. ......... 4 
— Est compris dans le nombre des candidats 
présentés par la Section.... 
— Se désiste de la candidature pour la place 
vacante..... 4... sr. 


HUMBOLDT, en transmettant l’ouvrage de 
de M. de Ratzeburg sur les insectes nuisi- 
bles aux foréts, appelle l’attention sur les 
figures qui représentent les différents 
genres d’érosion de ces divers insectes... 

HUZARD propose, au nom de la section d’É- 
conomie rurale, de déclarer qu’il y a lieu 
d’élire à la place vacante par suite du dé- 
cès de M. Tessier. ....:...... dde 

— Fait, en son nom et celui de M. Bonafous, 
hommage à l'Académie d’une épreuve du 
portrait de M. Tessier........ ASE NS 

— Communiquedes observations de M. Bonnes 
sur l’acarus de la gale du cheval, ..,..... 


dont s'occupe PAcadémie...... vos 
JACQUEMART.— Figure , avec note éxplions 


Pages. 
658 


231 


368 
518 


625 


165 


594 


167 


616 


Gi3 


341 


MM. 
tive , d’une parhélie observée le 13 mars à 
Quessr, près La Fère......:......... A 
JAMES demande qu’on hâte le rapport qui 
doit être fait sur les figures représentant 
les pustules du vrai et du faux vaccin... 
JARRY. — Réclamation au sujet de l'emploi 
des engrenages dans les chemins de fer... 
JAUME SAINT - HILAIRE. — Mémoire sur 
les végétaux indigofères..............,. 
JERVIS. — Essai sur l’étalon universel MB 
mitif de poids et mesures... ,..... pas 
JOURDAN. — Mémoire sur Duc; mam- 
mifères nouveaux de l’Inde et de l’Austra- 
lasie, dont trois formeraient les types de 
trois genres nouveaux, genres Hétérope, 


« 


KANE (Rorenr). — Recherches sur les combi- 
naisons ammoniacales; Lettre à M. Dumas. 
KORILSKY.— Réflexions à l’occasion d’une 
communication de M. Arago, sur quel- 


LABERGE (DE). —Rapport sur un ouvrage de 
MM. Delaberge et Monneret, ayant 
pour titre: Compendium de médecine 
pratique rss. sonnsnnn ete nat nes vottsiate 

LACORDATRE. Report Bite sur le se- 
cond volume de son Jrtroduction à l'En- 
tomologie; par M. Duméril,........ 

LAFARGUE propose une modification à la 
méthode de traitement employée par 
M. Seutin, pour les fractures des:membres 
inférieurs. su... nantes t 4 Al : 

— Note sur un cas de fracture complète de la 
jambe, traitée au moyen de cette méthode. 

— Note sur les avantages du mastic gypso- 
amylacé dans la confection des bandages 
inamovibles employés pour le traitement 
des fractures....... 26 aipeduns Je 0e 

LAGNENS adresse divers Éupr Pe de ro- 
ches, comme pièces à l’appui d’un Mé- 
moire précédemment adressé sur un gise- 
ment particulier du feldspath....,..... 4 

LA HAYE (De). —Voir à Delahaye. 

LAIGNEL annonce de nouveaux essais de son 
système de courbes pour Les chemins de fer, 
avec des courbes de petit rayon. 

— M. Laignel prie l’Académie de hâter le 
rapport qui doit être fait sur son nouveau 
système de courbes pour les chemins de fer. 

— Appareil pour sonder en mer à de grandes 
profondeurs........... PC Lie en: 


° R. 1838, 1er Semestre. (T. VL.) 


( 965 ) 


Pages. 


5or 


279 


370 
C77 


472 


473 


789 


168 


20 et 279 


340 


167 


MM. 
Acérodon, Nélomys. (Rapport sur ce Mé- 
td) STE EL D EELOEC DÉRCMEDEE 
JOYCE, inventeur d’un nouveau mode de chauf- 
Jage pour les appartements. (Communi- 
cation de M. B. Delessert à ce sujet)... 
JULIEN (Sransras). — Lettre sur la possi- 
bilité de la culture du thé en Europe... 
JUNOD adresse un paquet cacheté (Séance du 
THMATS) Le eee RP ETIETS en ere Gad 
— Et un autre paquet cacheté concernant des 
modifications apportées à ses appareils 
pneumatiques (Séance du 23 avril)...... 
— Mémoire relatif aux modifications appor- 
tées aux grandes ventouses, et à diverses 
guérisons obtenues à l'aide de ces appa- 
LT EPOOTS TE à Halde ONE EN PSRURE 


ques cas où la température de l'air, en 
plein jour, a été trouvée croissante avec la 
hauteur 


— Réflexions sur les nuages parasites. 707 et 


LAMARCHE. — Tableau des observations 
météorologiques faites à Cherbourg, pen- 


dant l’année 1837............ Re ns 
LAME. — Mémoire sur les coordonnées cur- 
vilignes. ousyane oc 


LANET-LIMENCEY. Modification pe 
tée à la formule proposée, pour une encre 
de sûreté, par la Commission de l’Acadé- 
mie..... 

LARREY. — Nouvelles réflexions sur la ma- 
nière dont la nature procède à la cicatrisa- 
tion des plaies de la tête, avec perte de 
substance aux os du cräneegoes...... 1 t 

_—- Des centres d’ossification, et de leur posi- 
tion par rapport à celle des artères nutri- 
ciéres des st NME CE nc RS 

— Note sur l’hibernation des hirondelles... .. 

— Remarques sur la constitution physique des 
Arabes , considérés comme la race pri- 
mitive de l’espèce humaine ou comme 
son prototype, etc..... 

LARTET. — Observations sur les ruminants 
Jossiles des terrains sous-pyrénéens. ..... 

— Lettre à M. Flourens sur de nouveaux fos- 
siles découverts à Sansan, et particulière- 
ment sur une deuxième mâchoire de singe 


trouvée dans cette localité... .: OPUS 
— Considérations sur le diluvium sous-pyré- 
néen; Lettre à M. Arago..... D ode DS 


_— Lettre à M. Flourens sur un nouveau car- 


TT 


Pages 


658 
752 


822 


397 


/ 


MM. 
nassier voisin du genre chien et sur un 
squelette de mastodonte à dents étroites 
découverts à Sansan................... : 
— Nouvel envoi d'ossements fossiles des en- 
virons d’Auch. (Rapport à M. le ministre 
de lInstruction publique, sur l’impor- 
tance de cet envoi; rapporteur , M. de 
Blainyille). a taie see a etretde 
LAURENT. — Recherches sur le développe- 
ment des limaces et autres mollusques 
gastéropodes..... ... den. vs :1615et 
LECART. — Lettre à M. Arago sur une 
parhélie observée le 13 mars, à Laon... 
LECLERC-THOUIN demande à être compris 
dans le nombre des candidats pour la 
place devenue vacante dans la section d'É- 
conomie rurale, par le décès de M. Tessier. 
— Est présenté par la section d'Économie ru- 
rale comme un des candidats à la place 
Yagantee. nest eee 
LEFËVRE. — Essai eritique contre les adver- 
saires de la contagion par infection dans le 
cas de la peste. ...,.,:...... SO ciao 
LEGRAND. — Dépôt d’un paquet cacheté 
(séance du 8 janvier)...... ........... 
— De l’action de l’or sur notre économie, et 
plus spécialement sur les organes de la 


digestion et de la nutrition............. 
— Emploi de Por dans le traitement des scro- 
phules. susessésrerss one. se 


— Note sur l'emploi de la poudre de noix vo- 
mique torréfiée, dans le traitement de l’é- 
pilepsie ,.,... 

LEMAOUT adresse différents objets relatifs à 
une forét sous-marine mise à découvert par 
une grande marée, en un point de la côte 
de Bretagne. ss... Etre 

LEPAGE.— Note sur un phénomène qui s’ob- 
serve dans la gravure sur. fer au moyen de 
l’eau forte, et qui paraît dépendre d’une 
action électrique, .».« 

LEROY présente, de concert avec M. Drevon, 
des échantillons d’une fonte qu’il annonce 
convertir, par un procédé particulier, en 
fer malléable et en acier.,.............. 

LEROY D'ÉTIOLLES. — Note sur un nouvel 
instrument de lithotritie pouvant agir, si- 
multanémen Lou successivement, par pres- 
sion et par percussion. .,,.4.......... 

— Dépôt d’un paquet cacheté (Séance du 8 
janvier)ses ss sie CPS 

LETELLIER. — Nouvelles recherches sur le 
sang humain: de la Jibrine, de ses varié- 
LÉS 3 EC. à à moin mim 1) 01010 10 0 

— Note sur un moyen propre à diminuer la 
fréquence des incendies... 

LETERRIER. — Appareil de sûreté pour les 
machines à vapeur (en commun avec 


( 966 ) 


Pages. 


655 


389 


655 


373 


20 


18 


615 


166 


MM. 
M. C, Testu). (Rapport sur cet appareil). 
LETOURNEUR. — Mémoire sur la théorie 
générale de la manœuvre des vaisseaux et 
autres points qui s’y rattachent....... . 
— Sur le tir des canons marins à brague fixe, 
et sur quelques autres questions d’artil- 
lerie navale........... à 
LEVALLOIS. — Mémoire sur une explosion 
survenue dans une machine à vapeur à 
basse pression; suivi de quelques considé- 
rations sur les rondelles fusibles. ........ 
LEYMERIE écrit que dans plusieurs Mé- 
moires présentés successivement à l’Aca- 
démie, il a traité de la question du débui- 
sement, considérée sous le rapport hygié- 
DIQUe.......r..se ces... ré 
— Écrit qu’il a guéri, à l’aide de la chaleur seu- 
lement, divers cas de luxations spontanées 
du fémur et de torticolis anciens........ 
— Demande à reprendre divers Mémoires 
qu’il avait présentés et sur lesquels il n’a 
pas été fait de rapports................ 
LEYMERIE. — Mémoire sur les terrains se- 
condaires inférieurs du département du 
Rhône. .. 


Pagos: 


59 


ES] 
FS 
ou 


LIBRI. — Remarques à l’occasion d’une Note . 


de M. Liouville , intitulée : Observations 

sur un Mémoire de M. Libri relatif à la 
théorie de la chaleur......... 

— M. Libri fait ul: à 'PAcadétaie des 
deux premiers volumes de son Histoire des 
Sciences en Italie.....,.. . 

— Réponse à des remarques de M. Sédillot, 
sur-une Note relative à l’ouvrage ci-des- 


ETC PAPA O EU dt DH UE Lo 
— M. Libriannoncela mort de M. Bowditch, 
géomètre américain................. . 


— Sur un procédé proposé au xvii® siècle 
pour la conservation des grains; par le. 
Castello re SOU TR O 

LIEBIG, —Sur les produits de la décomposi- 
tion de l’acide urique par l'acide nitrique 
(en commun avec M. Wôhler).......... 

— Réponse à une lettre de M. Berzélius. 

— Lettre à l’Académie à l’occasion de Ja dis- 
cussion relative à la déshydratation des ci- 
CU LORIE DCPETEEEEEEEEEE 

LINARI. — Voyez Santi-Linari. 

LIOUVILLE. — Observations sur un Mé- 
moire de M. Libri, relatif à la fhcorie de 
la chaleur. .......... “ses 

LITTROW est présenté par la section d'Astro- 
nomie comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant. ........ 

— Est élu membre correspondant pour la sec- 
tion d’Astronomie..............., .... 

— Adresse ses remerciments à | Aude roi 

LITTROW fils communique une méthode 


MM. 


— Est compris dans le nombre des candidats 
Présentés par la Section... .…..,....... : 
— Considérations sur les variations de tempé- 
ralure auxquelles les œufs du ver à soie 
Peuvent être soumis, .,.,.,,,:,..,..... 
LOMBARD présente en manuscrit un tarif des 
bois GUBTUMEN STD Je UPS SANTE EE Dent 
LOMENI. — Examen des moyens proposés 
par M. Bassi contre la muscardine. (Rap- 
port de M. Dutrochet sur divers travaux 
relatifs à cette maladie des vers à soie)... 


MACKENSIE. — Observations sur la fabrica- 
tion des chlorates, des hypochlorites, des 
chlorites employés dans les arts, et sur 
la composition réelle des hypochlorites, 
des chlorites et des acides oxigénés du 
chlore; action du chlore sur les acides al- 
calins 

MAC-LOUGHLIN. — Observations météo olo- 
giques faites au fort de Vancouver (côte 
occidentale de l'Amérique du Nord)... 

— Résultats déduits de ces observations rela- 
tivement au climat de cette côte... Hérte 

MÆDLER. — Notesur ia configuration d’une 
certaine partie de la Lune... è 


MAILLE. — Sur Ja glace qui se forme au 
MAISSIAT, — Lettre sur une nouvelle théo- 
rie de la déglutition,...1.,).2 01 
MALLET. — Lettreà M: Arago sur une par- 
hélie qui a été-obserrée dans la matinée 
du 13mats, à Lille et À Saint-Quentin. .…. 
MALLET. — Sur une cause qui contribue à 
augmenter le nombre des noyés à Paris et 
sur les moyens de la faire disparaitre... 


( 967 ) 


Pages. 


95 


865 


51 
120 
830 


920 


55 
236 


209 


373 


385 


MM. 
LONGCHAMP.— Action de là Vapeur d'eau 
sur les charbons incandescents. .......... 158 
— Réponse aux objections présentées par 
M. Gay-Lussac, contre les conséquences 
que M. Longchamp déduit dés expériences 
rapportées dans la Note précédente... 243 
LONGET adresse un paquet cacheté portant 
Pour suscription : Extrait d'un travail ana- 


Pages 


POP dope nement e ses OMS 0x 
— Mémoire sur l'emploi de la vapeur perdue 

des machines à haute Pression, pour rem- 

placer en partie le combustible, ........ 789 


MANDL adressé un paquet cacheté (Séance du 

15 janvier) out le 5 sn w" 67 
— Appareil pour retourner sur le porte-objet 

du microscope les corps de petite dimen- 

SioRSLe.21 00 RE DANS UE AIS 2I 
MANGIN (Hoverr).— M. le Ministre de l'Ins- 

truction publique prie l'Académie de hâter 

le rapport sur un Mémoire de M. H. Man- 

&in concernant l'astronomie. ..........., 145 
MARECHAL. — Lettre à l’occasion d’un rap- 

Port qui a été fait sur une modification 

proposée par M. Maréchal à la sphère ar- 

millaire,. NS OR 
MARTIN. — Jambes artificielles pour divers 

cas d’amputation...;....,...,... 421 et 471 
MARTINS. — Rapport sur sa traduction des 

œuvres d'histoire naturelle de Gocthe..... 320 
MASSON. — De l'action exercée par le chlo- 


qui en RésnI ent EE tres Aer OS 
MATHEY. — Nageoires à cintres mobiles... 386 
MATHIEU .est nommé membre de la Com- 

mission chargée de décerner la médaille de 

Lalande. ....... TRE STONE - 60e 704 


sée par ce physicien à M. Santi-Linari re- 

lativement à l’étincelle obtenue de la 

torpille....... Acoeober STE REE ee. 242 
— Expériences sur les courants thermo-élec- 

triques; Lettre de M. de la Rive à 

M Bocquenel ee Arte Ne AE En e. 276 
— Lettre sur la méthode d’expérimentation 

au moyen, de laquelle on a obtenu l'étin- 

celle de la torpille et sur ce qui appar- 

tient respectivement, dans ce résultat, à 

MM. Santi-Linari et Matteucci.......... 625 


131: 


MM. 
Lettre sur un cas de Tétanos traité par 
Pélectricilé...... ss PARENT ATEN Eee 
_— Nouvelles expériences sur la torpille..... 
MELLONI. — Observations sur la cause qui 
produit la fonte hätive de la neige autour 

des plantes...... A TN A EE 
MERCIER demande à reprendre divers a 
bleaux et mémoires qu'il avait présen- 
tés à un concours pour le prix de sta- 
tistique. DELLE DEEE . 
MILLON. — Note sur ‘nr formation FE en 
chlorure de soufre cristallisé. . 
_ Mémoire sur quelques azotures nouveaux 
et sur l’état de l’azote dans plusieurs com- 


binaisonS. ............: HE TEE + je 
__ Sur de nouvelles combinaisons du Te 
du brome et de l’iode.......... REA Fe 


MINISTRE DE LA GUERRE adresse un mé- 
moire de M. Pelouze père sur la culture 
du cotonnier ct sur l'importance dont 
pourrait être cette culture dans l’Algérie. 

MINISTRE DE LA JUSTICE ET DES 
CULTES , invite l’Académie à lui faire 
connaître si elle persiste toujours dans 
l'opinion qu’elle a émise relativement 
au métal dont il conviendrait de faire 
choix pour la couverture de la cathé- 
drale de Chartres, ........ sascholis fe 

MINISTRE DE LA MARINE adresse une 
nouvelle série de documents scientifiques 
recueillis pendant le voyage de la Bonite, 
et demande qu’il soit fait un rapport sur 
l’ensemble des travaux exécutés pendant 
la campagne. .... DEEE e Ne THEN CE 

_— Annonce que M. Gaimard est près de par- 
tir, avec plusieurs membres de la Commis- 
sion scientifique d'Islande, pour aller 
recueillir dans le Nord des observations 
destinées à faire suite à celles qui ont été 
recueilliés dans l'expédition de la Recher- 
che ; l'Académie est invitée à rédiger des 
instructions pour ce nouveau voyage... 

— Transmet un Résumé des observations de 
physique faites à bord de l’Astrolabe, de- 
puis le départ de Toulon jusqu’au 25 oc- 
tobre , par M. Dumoulin............. 

MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLL 
QUE demande un Rapport sur un Mé- 
moire de M. Hubert Mangin, concernant 
un système du monde. . 

— Troiomel an plieon de lo mener le 
qui confirme la nomination de M. Audouin 
comme membre de l'Académie, section 


| d'Écongnse vurale à, DONNE EAN c 
— Transmet un Mémoire de M: Balland sur 
la voir humaine. ....,........ Sn io os 


— Indique la marche à suivre pour prévenir 


( 968 ) 


Pages. 


680 


- 832 


801 


138 


117 


206 


MM. 
les retards dans les communications entre 
l'Académie et lui.. ER 

— Transmet une noticeth imprimée par Érdre 
du gouvernement Valaque, sur les effets 
du tremblement deuterre ressenti à Bucha- 
rest, le 11 janvier 1838..... te 24088 à 

— Rappelle qu'il n’a pas été fait de rap- 
port sur un Mémoire de Météorologie de 
MKorilsky ee RER D DOG LC ti 

MINISIRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES 

adresse un Mémoire de M. Lefèvre sur la 
PESES TE TS TE does ettles 

MINISTRE DU COMMERCE invite l’Aca- 
démie à désigner une Commission pour 
examiner des œufs. de vers à soie et divers 
objets relatifs à l'éducation de ces insectes 
qui ont été rapportés du Bengale par 
M. Vaillant, commandant de la Bonite... 

— Adresse des exemplaires d’un Rapport de 
M. H. Bourdon sur l’emploi de la ventila- 
tion forcée dans les magnaneries, ........ 

— Transmet les recherches de M. Bullard sur 
Ta pate ee tube 

— Transmet un Mémoire de M. Rabaïoye sur 
les moyens de prévenir les explosions des 
machines à vapeur. ..... taie ie siefspétars 

— Transmet une lettre du Président de la 
Société industrielle de Mulhouse, relative 
aux appareils de süreté pour les machines 
AMYApenE CURE et NRC: 

— Transmet un Mémoire de M. Fabien sur 
les moyens de rendrela claudication moins 
douloureuse, etc............. tte bo 

— Transmet un Mémoire de M. Levallois sur 
un cas d’explosion de machine à vapeur , 
et un Rapport fait sur ce Mémoire par la 
Commission des machines à vapeur du 
conseil des Ponts-et-Chaussées. ..... na 

— Adresse la collection des ordonnances et 
réglements qui régissent ou ont régi les 
lazarets de France, pièces qui lui avaient 
été demandées pour la Commission des 
prix de Médecine,.,.ffsefienese 

— S'informe si l’Académie a reçu un paquet 
cacheté adressé par M. Midr.......... , 

— Transmet une Note de M. Bouville sur une 
nouyelle méthode de traitement pour les 
Jièvrés intermittentes rebelles 


CDRREEER EEE EEE 


— Demande que l'Académie désigne trois de: 


ses membres pour prendre part à l'examen 
des pièces de concours de MM. les élèves 
des Ponts-et-Chaussées,. is, 
MIQUEL. — Recherches sur la scar latine épi- 
dénnque ee Mer tAASe Ne e > bals - ete 
MIRBEL (Dr). in sur un Mémoire de 
M. de Tristan, intitulé: Harmonie des or- 
ganes végétaux étudiés principalement 
dans Pensemble d’une mème plante... 


Füges 


616 


900 


ibid, 


Le! 
-] 
ES 


116 


115 


M. 

" Rapport sur un Mémoire de M. Pelouse 
père, relatif à l’opportunité des cultures 
torridiennes et spécialement de la culture 
du coton dans l’Algérie............. ete 

— Rapport verbal sur la seconde partie de la 
botanique du voyage de M. C. Bélanger 
aux Indes-Orientales........... 

— Rapport sur les résultats scientifiques du 
voyage de circumnavigation de la Bonite 
(partie concernant la hotanique)....... 

MONDIÈRE indique ce qu'il regarde comme 
neuf dans un Mémoire sur le traitement 
de la dyssenterie par l’albumine, adressé 
par lui pour le concours Montyon.. 

MONNERET. — Rapport sur un ouvrage de 
MM. Monneret et de Laberge , ayant 
pour titre: Compenriss de médecine pra- 
TIQUE. er enmanse eat 

MONNIER. — Mémoire : sur les courants pé- 
riodiques, occasionés par les marées, dans 
la Manche et la partie méridionale de la 
mer du Nord... 

— Rapport sur ce Mémoire.......... 06e 

MONTAGNE. — Recherches sur le botrytis 
de la muscardine, ou champignon entomoc- 
tone. (Rapport de M. Dutrochet sur divers 
travaux relatifs à la maladie des vers à 
soie, connue sous le nom de muscardine.) 

— Des organes mâles du Targionia découverts 
sur une nouvelle espèce du Ci... 

— Mémoire sur Vorganisation et le mode F3 
développement des Caulerpées et en parti- 
culier du Caulerpa webbiana. — Rapport 
sur ce Mémoire.............,. 

MONTGOLFIER. — Lettre relative à un nou- 
veau système de constructions (en commun 
ayec M. Dubouchet).. 

MOREAU DE JONNÉS. — Proportion des 


NICOLE BERTHELOT..— Voir à Berthelot. 


OWEN. — Remarques sur une communica- 
tion de M. Coste, relative à l’œuf du kan- 


PAGANI. — Note sur l’équation AB — C... 
PALLAS adresse un paquet cacheté portant 
pour suscription :. Indication d'une subs- 
tance végétale avec laquelle l’auteur es- 
père faire du papier propre à remplacer le 


( 969 ) 


Pages 


313 


331 
603 


101 


G15 


18 


É 


MM. 
crimes à la population moyenne. Comparai- 
son des résultats de la statistique judi- 
ciaire , en France, et dans le royaume-uni 
de la Grande-Bretagne et de Irlande... 
— M. Moreau de Jonnès dépose sur le bureau 
de l’Académie les détails numériques re- 
latifs à la Note précédente. ..... PRES 
— Détails sur une éruption sous-marine qui 
parait avoir eu lieu vers le banc de Baha- 
ma; annonce d’un tremblement de terre 
ressenti à la Martinique le 30 novembre 
MÉTIER CEE, € Petotisap 
— M. Moreau de Jonnès présente le dernier 
volume de sa Statistique de la Grande- 


Bretagne et de l’Irlande............,... 
MOREL adresse un paquet cacheté Hans du 
15 janvier)... PAL EE coer Dodo 


MORIN. — Expérience sur ee HR de 
M. Fourneyron. (Rapport sur ce travail). 
MORREN (Cuarses). — Note sur la culture de 
la vanille en Europe et sur les moyens de 
lui faire porter fruit à l’aide de la fécon- 
dation artificielle. ........:........... 
MORREN.—Recherches res à Dtnenee 
que les animalcules de couleur verte qu’on 
trouve dans les eaux tranquilles exercent 
sur la quantité et la qualité des gaz que 
ces eaux peuvent dissoudre, ..... 
MORTAROTTI. — Observations concernant 
la matière médicale et la thérapeutique... 
MÜUHLBACHER frères demandent qu’il soit 
fait un rapport sur des ressorts de voiture 
de leur invention......... re tébece 
MUTEL, — Mémoire sur la culture des or- 
chidées et sur huit nouvelles espèces de 
cette famille, avec des observations sur 
les caractères génériques de plusieurs 


gourou. DÉCRET ETETE DPREEEEEEEEE venus 
— Mémoire sur le mêmesujet. 


papier de Chine. (Séance du 4 juin)... 
PAMBOUR (De).— Note sur la théorie de la 
machine à vapeur, en tenant compte du 
changement de température de la vapeur 


Pages 


469 


147 
496 


790 


pendant son action dans Ja machine. 65 et 112 


MM: 
— Rapportsur divers Mémoires de M. de Pam- 
bour, ayant pour objet la détermination 
des résistances que présentent les machines 
locomotives sur les chemins de fer, et le 
calcul de l'effet tant de ces machines que 
des machines à vapeur en général...,... 
— Note sur deux formules donnant le volume 
de la vapeur saturée , en fonction de la 
pression seulement............., 


— Dépôt d’un paquet cacheté portant pour 
suscription : Calcul des machines à vapeur 
(Séance du 26 mars.)................. 

PAOLI prie l’Académie de hâter le rapport qui 
doit être fait sur ses recherches relatives 
au mouvement moléculaire des solides... 

PARAVEY (De).— Surla connaissance qu’au- 
raient eue les anciens Hébreux de lexis- 
tence de débris d'animaux dans les tri- 
polis... 

— Lettre sur un squelette fossile de grande Sa- 
lamandre et sur une Salamandre gigan- 
tesque du Japon, que l’on conserve vivante 
au Musée de Leyde................:.:. 

— Lettre sur la forme antique de la clé du 
chien dans l'écriture chinoïse, comparée 
aux formes d’une race de chiens qui se 
trouve aujourd’hui en Chine............ 

— Nouvelle Lettre sur les déductions relatives 
aThistoire des sciences, tirée de la consi- 
dération des caractères de l'écriture chi- 
noise... une HP [Car HDI . 

— Lettre sur l'ancienneté d’une numération 
écrite dans laquelle on fait usage de neuf 
caractères ayant une valeur propre et une 
valeur de position......... DEEE ss... 

— Indication de deux passages contenus dans 
des relations modernes de voyage, et rela- 
tifs chacun à un bolide. ................ 

PASSOT.— Modèle et description d’une nou- 
velle”farbine.. 1 M M Teaser ane : 

PAULIN. — Mémoire sur l'application aux 
arts industriels de l'appareil inventé pour 
les travailleurs obligés de Er dans 
des lieux infectés........ ses ataaet der Éc 

PAYEN. — Mémoire sur les acétates et de 
protozide de plomb.(Rapport sur ce Mé- 
MOTS AS DE: Aer eines eiaraiecte) à : 

— Recherches sur la distribution des ab 
tances az£otees dans les organes des végé- 
taur. (Rapport sur ce travail)...... OSODS 

— M. Paren est présenté par la section d'É- 
conomie rurale comme un des candidats à 
la place vacante par suite du décès de 
MSN RÉ TE 0 cie ta etotetete 

— Phénomènes observés dans la Sbngétatièn 
des pommes de terre! }. UN SU 

— Rapport sur ce Mémoire. ......,..,,.,.. 

— Note additionnelle à ce Mémoire... .....: 


( 970 ) 


225 


373 et 508 


386 


656 


180 


385 


626 


551 


420 


13 


131 


MM. 
— Recherches sur la composition dé l’amylate 
de plomb... A 
PÉLIGOT. — Sur les carbo-vinates, les carbo- 
méthylates et la véritable constitution du 
sucre de cannes (en commun avec M. Du- 
mas) 6 : 
— Recherches sur da nature et les propriétés 
des sucres 
PELLETIER. — De l'action que le chlore 
exerce sur les bases salifiables organiques. 
— Recherches de MM. Pelletier et Walter 
sur les produits pyrogénés de la résine. 
(Rapport sur ce travail)................ 
— Recherches sur les produits pYrogénés du 
succin (en commun avec M. Walter). . 
PELOUZE. — Rapport sur un Mémoire d 
M. Poyen concernant les acétates et un 
protoxide de plomb.................... 
— Note sur la formule rationnelle de l’acide 
hippurique .............. Sono 
— Recherches Sur les produits de la décompo- 
sition du cyanogène (en commun avec 
MRichardson) 55e 97 aura LAS 
— Note sur la déshydratation des citrates 
sous l'influence de Ja chaleur, ét sur Ja 


es es à ss... 


constitution de l'acide citrique......... : 
— Réponse à des remarques de M. Dumas 
sur la communication précédente. ..... 


— Réponse à des Remarques de M. Dumas 
sur le Compte rendu de la séance du 
7 mai, et Remarques sur un autre pas- 
sage de ce même Compte rendu . . . .. 
— Remarques à l’occasion d’une Lettre de 
M. Liebig à M. Dumas, . .. ... 
— Remarques à l’occasion d’une Lettre de 
M. Liebig à l'Académie. . . . . 
PELOUZE père. — De la culture du A cotor 
aux Antilles et dans les États-Unis, et 
de l’opportunité qu’il y aurait à fomenter 
en Algérie cette culture eten général celle 
des végétaux tropicaux . . . . .. 
— Rapport sur ce Mémoire. , . .... 
PELTIER. — Lettre sur les courants thermo- 
électriques produits par le mercure ...... 
— Évaluation comparative des électricités 
statique et dynamique . . . . 
PENTLAND. — Sur la Hate Fe) PIllimani 
(Haut-Pérou); sur la limite inférieure 
des neiges perpétuelles dans ce pays ; Sur 
la facilité qu'offre le haut plateau où se 
trouve le Lac de Titicaca, pour former une 
longue base, dans une nouvelle mesure 
d’un degré du méridien près de en 
Lettre à M. Arago . . . . .. agree 
PERSON. — Observation de la tthélature 
du fond d’an puits artésién à Rouen (en 
commun avec M. Girardin) .. ,,..., 
PERSOZ. — De la nécessité de dstigter 


644 
646 


670 
269 


829 


138 
313 


303 


816 


831 


506 


MM. 
dans les actions chimiques, les phénomènes 
de déplacement de ceux d’altération... 

PETIT.— Mémoire sur un appareil destiné à 
préserver les ouvriers employés à polir les 
canons de fusils, ete., des mauvais effets 
résultant de l'inspiration des poussières 
produites. :...... 96402000 


PIORRY. — Conformément à une décision 
prise par l’Académie relativement au 
concours pour les prir de Médecine et de 
Chirurgie, M. Piorry indique ce qu’il con- 
sidère comme le plus neuf dans un Traité 
de Séméiologie qu’il a adressé pour ce 
concours, , . . . 

PIRIA. — Recherches sur la composition 
de la salicine et sur quelques-unes de ses 
TÉACÉIONS. + ee + «eue» mje shéene se » 

— Sur de nouveaux produits extraits de la 
salicine. 


PITAY. — Sur une méthode de préparation 
du charbon destiné au chauffage des 2, 
partements , ss... 

POINSOT est nommé membre de la Écménis! 
sion administrative pour l’année 1838... 

— Rapport sur un Mémoire de M. Chasles, 
ayant pour titre : Solution synthétique du 
problème de l'attraction des cllipsoïdes , ete. 

— Réponse à des Remarques de M. Poisson, 
faites à l’occasion du rapport sur le Mé- 
moire de M. Chasles , concernant l’attrac- 
tion des ellipsoides.. ... .. ... Cièchao 

— Note à l’occasionde nouvelles Remarques 
de M. Poisson touchant la mème ques- 
tion, l'attraction des ellipsoïdes......... 

POISSON. — Sur le mouvement des projec- 
tiles dans l’air, en ayant égard à leur 
rotation et au mouwement diurne de la 
terre; deuxième partie............... 

— Mémoire sur les déviations de la boussole 
produites par le fer des vaisseaux. ...... 

— Remarques à l’occasion d’un rapport sur 
un Mémoire de M. Chasles relatif à l’at- 
traction des ellipsoïdes, ..............-. 

PONCELET est désigné pour faire partie 
de la Commission chargée de l’examen des 


RABAIOYE. — Mémoire sur divers moyens 
de sûreté contre les sine des ma- 
chines à vapeur... ee -E-ece 

RAFFENEAU-DELILLE se mien sur les rangs 
pour la place vacante dans la section d’ É- 
conomie rurale par le décès de M. Tessier. 

Adresse la listedeses travaux scientifiques. 

RAMEAUX. — Applications des sciences ac- 


( 971 ) 


Pages. 


49 


677 


301 


338 


620 


677 


42 


808 


84o 


869 


117 


19 
49 


MM. 
pièces de concours de MM. les Élèves des 
Ponts-et-Chaussées. . . . . CIE , 
— M. Poncelet se trouve par erreur indiqué à à 
la page 603 comme auteur du rapport sur 
un Mémoire de M. Monnier concernant les 
courants marins; lerapporteur est M .Savarr. 
POUILLET. — Mémoire sur la chaleur s0- 
laire , sur les pouvoirs rayonnants et ab- 
sorbants de l'atmosphère et sur la tempé- 
rature de l’espace... ASÉPEMEEES 
PRAVAZ. — Mémoire sur le traitement des 
luxations congénitales du fémur.......... 
PRÉDAVAL (DE), — Note sur la fabrication 
du papier avec l'écorce de märier (en 
commun avec M. Gérard) . : 
PREVOST. — Aimantation d’une Rute de 
fer doux par un courant nerveuxr........ 
PRONY (DE). — Rapport verbal sur un ou- 
vrage de M. Blein, ayant pour titre : 
Nouveaux principes de Mélodie et d'Har- 


monie........... ARRETE . 813 et 
PUEL. — Mémoire sur le Renne fossile de 
la caverne de Brengues. . . . . . . . . . 


— Mémoire sur les ossements fossiles de mam- 
mifères et d’oiseaur , provenant de la ca- 
verne de Brengues. . . . . . . . . ..,. 

PUILLON-BOBLAYE. — Modifications de 
certains terrains de sédiment dans le voi- 
sinage des roches ignées qui les ont tra- 
Versés . . 

— M. Bory de Saint- con annonce que 
M. Puillon-Boblaye vient d’ètre envoyé 
avec plusieurs autres officiers déatus 
jor, en Algérie, pour y procéder à une 
triangulation générale du pays. . . . .. 

— Sur l'aspect des campagnes dans quelques 
parties de l'Algérie ; Lettre à M. Bory de 
St.-Vincent............... dodo 

PUISSANT. — Rapport sur un rc 
d’arpentage (le géodésimètre) présenté par 
M. Dericquehem. . . 

— Supplément à une nouvelle détermination 
de la distance méridienne de Montjouy à 
Formentera. . . . . . 

PY. — Sur la statistique opel 
de la ville de Narbonne. . . . . 301 et 


cessoires à la physiologie (en commun 
avec M. Sarrus).....,.........serssu 
RATTE. — Observations relatives à l’élec- 
tricité manifestée par les copeaux de bois 
qu’enlèye le rabot.......... ... 
REGNAULT. — Nouvelles ae sur la 
composition des alcalis organiques. ...,... 
RETZIUS adresse un échantillon de farine 


. 


. 845 et 58) 


1C8 


338 


899 
236 


MM 
Jossile, matière pulvérulente blanche, come 
posée en grande partie de dépouilles si- 
liceuses d’infusoires , et à laquelle cepen- 
dant on attribue, dans plusieurs pays du 
nord , des propriétés nutritives......... 
RICHARDSON. — Recherches sur les produits 
de la décomposition du cyanogène (en com- 
mun avec M. Pelouze)................. 
RIVAILLE. — Lettre sur une bouteille Fe 
vée sur la côte sud de l’Ile de Rhé, et qui 
avait été jetée à la mer pour faire une 
expérience sur la direction et la vitesse 
des courants... ... es etE Re t 
RIVIÈRE. — Lettre sur les modifications que 
les roches d’origine ignée ont fait subir aux 
terrains de sédiment qu’elles ont traversés ; 
adressée à l’occasion d’une communica- 
tion de M. Puillon-Boblaye sur le même 
sujet. . . 
ROBERT (Hewrx). — Dépôt d’un Cr ca- 
cheté (Séance du 2 avril)............. 
ROBERT. — Lettre sur quelques aurores bo- 
réales observées cette année en Suède et 
en Danemarck; sur les tourbières de Ja 


Suède et de la Norwége, etc...... ne 
— Sur la phosphorescence de la mer dans les 
Pays froids............ DORA ENT nues 


— Lettre sur un nuage observé le 25 avril à 
Paris, et sur l'opportunité de surmonter 
d’un paratonnerre V'obélisque élevé au mi- 
lieu de la place de la Concorde........ 

ROBERTSON est présenté par la section d'As- 


SAMBIN. — Lettre sur une question de prio- 
rité relativement à un procédé proposé 
pour la destruction des pyrales de la vigne, 

SANTI-LIN ARI. — Copie d’une lettre adres- 
sée à ce physicien par M. Matteucci, rela- 
tivement à l'érincelle obtenue de la Tor- 


SANTINT est présenté par Ja section d’Astra- 
nomie comme un des candidats pour une 
place vacante dans cette section........ ï 

SARRUS. — Applications des sciences acces- 
soires à la physiologie (en commun avec 
MAR EMEAUT) ee eee ere. 

SAVARY. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Morin, concernant les turbines de 
M. Fourneyron........... DÉCOS Sn 

— Rapport sur un Mémoire de M. Monnier 
concernant les courants périodiques et les 
marées de Ja Manche . . . . . ......... 

— M. Savary est nommé membre de la Com- 
mission chargée de décerner la médaille de 
Dalande tien nas nb de ee RIDE 


(972) 


Pages. 


209 


45 


50 


518 


625 


685 


MM. 
tronomie comme un des candidats pour la 
place vacante dans cette section....... 
ROBISSON.—Annonce un travail de M. Fr all 
sur une encre qui résisterait aux réactifs 
chimiques etau lavage du papier........ 
ROGNIAT. — Rapport sur Je fusil à koptip- 
teur de M. Heurteloup................. 
ROLLS prie l’Académie de lui Fine des 
Commissaires à l’examen desquels il puisse 
soumettre le procédé qu’il emploie pour 
l'extraction du principe odorant des fleurs 
et des plantes aromatiques. . . 
ROSENBERG est présenté par la section d'As- 
tronomie comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant. ....... 
ROUSSEAU. — Mémoire zoologique et ana- 
tomique sur la chauve-souris commune, 
et spécialement sur la première et la se- 
conde dentition de ce Chéiroptère...... ; 
ROUSSEL DE VAUZÈME présente des piè- 
ces en cire moulées sur les organes in- 
ternes d’ur fœtus de baleine. ........... 
ROUSSIN (L’Awrar) annonce l'envoi pro- 
chain d’un travail de M. Bullard sur la 
peste, et sur un moyen de la guérir que 
croit avoir treuvé ce médecin, ........, ; 
— Lettre sur le tremblement de terre du 23 
janvier, tel qu’il s’est fait sentir à Cons- 
tantinople................ sfr uate ste aiete 
ROZET.— Mémoire his sur la masse 
de montagnes qui séparent la Loire du 
Rhône et de la Saône........ HMPPE ER 


SCHOENBEIN. — Sur certaines circonstances 
qui s’opposent à l’oxidation du fer ; Lettre 

à M. Becquerel. 

— Sur l'action voltaïque des peroxides métalli- 
ques; Lettre à M. Becquerel...... 
SCHUSTER. — Tableaux des observations mé- 
téorologiques faites à l'École de l'artillerie 

et du génie de Metz........:..1..42.4. 
SCHWEICH. — Sur les causes probables de 
l'explosion des machines à vapeur........ 
SCORESBY. — Sur les moyens d'augmenter 
Ja force des aiguilles aimantées ; Lettres à 
310, 83a et 
SÉDILLOT. — Réponse à une Note de M. Li. 
bri , relative aux connaissances algébriques 

. de certains écrivains arabes, ..,..... ODCE 
SEGUIER. — Rapport sur un appareil inventé 
par M. Vallery pour la conservation des 
GrAÎDR se fen ose op ratééinite sil s sus 

— Rapport sur un appareil manométrique à 
ressort, à cadran, à vanne de décharge, 
applicable aux chaudières à vapeur; pré- 


367 


MM 
senté par MM. C. Testu et Leterrier..... Ë 
— Instructions pour la Commission chargée 
par M. le Ministre de la Guerre de l’explo- 
ration scientifique de l'Algérie ; partie re- 
lative aux arts et à l’industrie. ......... 
— Réflexions sur les deux dernières explosions 
des chaudières des bateaux à vapeur sur- 


venues à Nantes et à Cincinnati........ 
SEGUIN adresse un paquet cacheté (séance du 
LAN EP ene ML detente PAM 


SÉGUR-DUPEYRON (DE). — Nouveaux do- 
cuments sur une ancienne éruption sous- 
marine observée près des Acores........ 

SELLIER. — Note sur divers phénomènes 
électriques et notamment sur les sons pro- 
duits au moyen de lélectricité. ... .... 

— Supplément à la Note sur lesrapports entre 
la production du son et le développement 
de phénomènes électriques : différences que 
présentent dans leur arrangement sur une 
plaque vibrante, les poussières siliceuses et 
les poussières résineuses. ............ 

SELLIGUES. — Note sur la décomposition de 
l’eau en vapeur par les charbons incandes- 

SERRE, — Mémoire sur le traitement abortif 
de l’inflammation au moyen du mercure; 
adressé pour le concours au prix de Mé- 
decine Montyon.............. ACTA 

SERRES. — Note sur le développement centri- 
pète du système osseux et ses applications 
à la pathologie. ............,..... EST 

— Réflexions sur une communication de 
M. Magendie, relative au développement 
de certaines lésions locales qui survien- 
nent quand, on diminue la plasticité du 
sang, el aux rapprochements établis entre 
ces lésions et celles qui s’observent dans 
les fièvres graves. Suivant M. Serres, la 
défibrination du sang dans ces PARTS 
est un phénomène consécutif au dévelop- 
pement des plaques de Péyer et ne peut 
par conséquent en être considéré comme 
la cause. .......... sels delien et ee 

— Instructions pour la Commission chargée, 
par M. le Ministre de la Guerre, de l'ex- 
ploration scientifique de l'Algérie ; partie 
relative à la médecine... ........ agit. 


TABARIÉ adresse un paquet cacheté portant 
pour suscription : Recherches physico-phy- 
siologiques (séance du 9 avril).......... 

— Ce paquet, ouvert sur la demande de l’au- 
teur, dans la séance du 25 juin, renferme 
un Lravait ayant pour titrec4 Mémoire sur 


C. R. 1538, 17 Semestre. (T. VI.) 


(958) 


302 


43 


207 


56 


356 


47 


J 


MM. 

— M. Serres adresse un paquet cachetéportant 
pour suscription : Ovologie humaine 
(séance du 11 juin)......,............ 

SILVESTRE. — Rapport verbal sur la tra- 
duction italienne qu’a faite M. Bonafous 
d’un ouvrage chinois concernant la cul- 
ture du mürier et V’éducation des vers à soie, 
traduction faite sur la version française 
qu’a donnée de cet ouvrage M. Stanislas 
Julien JAM! tnt LE SE 

— Rapport verbal surun ouvrage de M. C. 
Despine fils, ayant pour titre : Manuel de 
l'étranger aux eaux d'Aix en Savoie. . .… … 

SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MUL- 
HOUSE exprime à M. le Ministre du 
Commerce le désir que les moyens qui 
seront proposés par la Commission des 
rondelles fusibles comme les plus propres 
à prévenir l'erplosion des machines à va- 
peur, soient mis à l'épreuve dans plu- 
sieurs grands ateliers , afin que leur utilité 
pratique puisse avoir étéreconnue par les 
personnes qui plus tard seront astreintes 
à s’y soumettre, lorsque ces moyens seront 
prescrits par une ordonnance.......... 

SOUCHIER D’ALLEX. — Dépot d’un paguet 
cacheté (séance du 12 février)........... 

— Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 19 
l'ADN) Soodeaoegagugediasodoonc Ne 

SOULANGE-BODIN se présente comme can- 
didat pour la place vacante dans la section 
d'Économie rurale, par suite du décès de 
M Tester on, core ete 

— Est présenté par la Section comme un des 


Pages. 


808 


166 


161 


210 


245 


66 


candidats pour la place vacante.... 149et 161 


SOULEYET. — Ses travaux relatifs à la zoolo- 
gie dans le cours du voyage de circumnavi- 
gativn de la Bonite. (Rapport sur les résul- 


tats scientifiques de ce voyage)..... Dre 
SOULLIER. --- Nouveau RÉ de sonnerie 
POUNIES 207 IOSES En ere eee 


STEIN. — Réflexions See sur la loi du 
mouvement de la lumière , de la terre, de 
la lune et des eaux, dans le flux et reflux 


SUSLEAU. — Mémoire sur le chaufage FF 
l’intérieur des appartements, etc. 


un système de bains d’air généraux ou lo- 
caux , applicables à l'hygiène et à la thé- 
rapeutique, et fondés sur les modifica- 
tions que l’on peut faire subir à la dise 
atmosphérique ». ‘ 
TESTU: — Appareil de sûreté es les ma- 


132 


245 


896 


MM. 
chines à vapeur { en commun avec M. Le- 
terrier). — Rapport sur cet appareil 
THÉNARD. — Remarques à l’occasion d’une 
Note de M. Gay-Lussac sur un nouveau 
procédé de chauffage importé d'Angleterre. 
— Lettre relative à Pépoque où M. Thénard à 
eu connaissance des résultats obtenus par 
M. Pelouze , concernant la déshydratation 
dés'Crtrates JS. 14240. as 20h tenepol pe 
THIBAULT demande Fe l'Académie fasse 
examiner une nouvelle échelle à incendies 


qu'il a inventée... .... .. 
— Adresse une figure de sa nouvelle échelle 
à incendies et demande que cette inven- 
tion soit admise à concourir pour le prix 
concernant les moyens de rendre un art 
ou un métier moins insalubre 
THIERRY.— Mémoire sur un déplacement 
complet de l'articulation tibio-fémorale 
droite , après une déviation de nutrition 
dans les surfaces osseuses qui la consti- 


THOMAS FABIEN. — Voir à Fabien 

THOMSON demande que plusieurs Mémoires 
qu'il avait adressés à l’Académie, et dont 
quelques-uns ont été imprimés depuis 
l’époque de leur présentation, mais non 


VAILLANT. — OEufs devers à soie et objets 
relatifs à l'éducation de ces insectes, rap- 
portés du Bengale par cet oflicier. Une 
Commission est nommée sur la demande 
de M. le Ministre du Commerce pour en 
faire l'examen. 

VALENTIN. — Une sonne Érestrs 
son travail sur le développement comparé 
des tissus organiques chez les végétaux et 
chez les animaux, est présentée par 
M. Flourens..., 

VALLAT adresse des documents tendant à 
prouver les applications utiles qui ont été 
faites de son appareil de sauvetage pour 
les mineurs blessés... 

VALLERY.— Appareil destiné à la conserva- 
tion des grains. — Rapport sur cet appa- 
MN CEST 100 . 

VALLOT. — Lettre cRronn an un insecte 


“ 


WALFERDIN. — Sur un puits foré à Saint- 
André (Eure), à 263 mètres de profondeur) 
et sur la température constatée à 253 mèt. 


( 974 


Pages, 


18 


45) 


503 


MM. 
publiés, soient l’objet d’un rapport... 
TIREMOIS. — Description et figures des par- 
hélies du 13 mars, observées à La Fère.. 
TORDEUX.—Lettre à M. Arago sur une par- 
hélie observée le 13 mars, à Cambrai... 
TRAILL,—Recherches sur une nouvelle encre 
de sûreté; Lettre de M. Robisonà M. Arago. 
TRAVERSAT. — Mémoire sur l’ophtalmolo- 
gte. nn 


TRISTAN (DE). — Harmonie des organes végé- 


taux étudiés principalement dans l’en- 


semble d’une même plante. (Rapport sir 


vet OUVrAge)....... de 


— L'auteur demande et obtient l'autorisation 


de reprendre son Mémoire. ........ 
ŒURPIN.— Analyse microscopique files sur 


des globules delait à l’état pathologique. . 


— Rectification à un passage du précédent 


Mémoire.......... à 
— Mémoire sur la différence qu'offrent les 


tissus cellulaires de la pomme et de la 
poire; sur a formation des concrétions 
ligneuses de la dernière ; celle des noyaux 
et du bois, comparées aux concrétions 
calcaires qui se trouvent sous le manteau 
des Arions , et à l’ossification des añimaux 
.. 703et7rr 


en général, ..... 


qui a été désigné sous le nom de: searat 
bœus phosphorœus et sur un autre qu'on 
nomme vulgairement négril .,,...,..., 
VELPEAU. — Sur la substitution de la dex- 
trine à l’amidon, comme substance !/con- 
solidante dans les bandages inamovibles 
employés pour le traitement des fractures. 
VÈNE. — Mémoire sur la résistance des cons- 
tructions hydrauliques....,..........., 
VILLEROI. — Description d’une presse litho- 
graphique à encrage et mouillage mécani- 


VILMORIN est présenté par la section d'lco- 
norie rurale comme un des candidats pour 
la place vacante par suite du décès de 
M. Tessier. ...... 5 

VOISIN. — Sur le climat de quelques pro- 
vinces de la Chine où l’on cultive le thé... 


W 


WALTER. — Recherches sur les produits py- 
rogénés de la résine; en commun avec 
M. Pelletier. (Rapport sur ce travail)... 


Pages. 


2b 


301 


149 


51e 


460 


MM, 
— Sur l'essence de menthe et sur un nouveau 
carbure d'hydrogène qui en dérive....... 
— Recherches sur les produits| pyrogénés du 
succin (en commun avec M. Pelletier)... 
WARDEN. — Communications relatives à un 
tremblement de terre qui a ravagé Aca- 
pulco; à une ville du Pérou, enfouie par 
suite de quelque grande éruption volca- 
nique; à un gisement considérable de 
marbre blanc statuaire, dans les montagnes 
des Cherokées ; à l’état des travaux du 
canal qui doit joindre l'Océan Pacifique 
à l’Atlantique........... Sn Dee 
— Note sur un nouveau bateau de sauvetage 
inventé par M. Francis de New-York, ... 
WARTMANN.— Note sur une chute de pluie 
Par un temps serein....... DCCECEL CCE EE 
WHEATSTONE. — Essais relatifs à un télé- 
graphe électrique qui doit ètre établientre 


YATES. — Annonce que la prochaine réunion 
de l'association britannique pour l’avance- 
ment des sciences aura lieu dans la ville 


Pages. 


472 


915 


(975 ) 


MM. 
Londres et Liverpool; Lettre de M. Ruc- 
Kland à M. Robertson..............,.. 
WOHLER. — Sur les produits de la décom- 
position de l’acide urique par l'acide nitri- 
que (en commun avec M. Liebig)........ 
WOILLEZ. — Mémoire sur un moyen simple 
d’apprécier exactement le volume et la pe- 
santeur spécifique des organes après la 
mort oo... HR MTPCCUE 
WORMS indique ce qu’il regarde comme neuf 
dans un ouvrage sur l’hygiène et le trai- 
tement des maladies dans l’Algérie , Ou- 
vrage qu’il présente au concours pour les 
prix de Médecine et de Chirurgie, fonda- 


au moyen d’un thermomètre à déverse- 
ment, faites à des profondeurs différentes, 
dans un puits foré à Cessingen près 
Luxembourg (en commun avec M.Ciber ). 


de Newcastle-sur-Tyne , le 20 août pro- 
Gironde dant - 


Pages. 


5r 


258 


146 


925 


Pages 


50, 


67, 
276, 
303, 
304, 
306, 


340, 


420, 
603, 


634, 
Ibid. 
635, 
639, 
766, 
813, 
821, 


Lignes 


2; 


9; 
19, 
18, 
24, 
175 

3, 


Errata. 


M. Dupuy, aujourd’hui directeur de l'École Vétérinaire de Toulouse 
lisez ancien directeur 

Robertson, Zisez Robinson 

Ch. Morren, Zzsez A. Morren 

électro-chimiques, Zisez thermo-électriques 

Fiat, lisez Fiard 

nouveau genre de planches, lisez nouveau genre de plantes 

ajoutez aux noms des deux commissaires désignés pour l'examen d’un 
Mémoire de M. Bouros sur les effets de l’Atractylis gummifera , le nom 
de M. Richard 

Théorème pour calculer les racines incommensurables ; par M. Coste, 
lisez par M. Cotte 

Rapport sur un Mémoire de M. Monuier; M. Poncelet , rapporteur, 
lisez M. Savary 

pyrurique, lisez pyruvique 

pyrurate, lisez pyruvate 

+ C*H°Cl, Zisez C* H° Cl 

2C* H5— 50, Lisez 2C° H5 + 50 

a — 6, lisez » — a 

M. Blin, Zisez M. Blein 

plaine de la Craie, lisez plaine de la Crau 


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