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DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L’ACADÉMIE
Lu date du 43 Juillet 1835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME SIXIÈME.
JANVIER—JUIN 4838.
BACHELIER , IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
QUAI DES AUGUSTINS, N° 55.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 2 JANVIER 4838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU.
L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d’un Vice-
Président pour l’année 1838.
Le nombre des votants est de 47.
M. Chevreul obtient 38 suffrages; M. Cordier 4; MM. Serres et Larrey,
chacun 2; M. Double, 1.
M. Chevreul est en conséquence proclamé Vice-Président pour l’an-
née 1838. M. Becquerel, Vice-Président pendant l’année 1837, passe aux
fonctions de Président.
MÉMOIRES LUS.
M. Larrey commence la lecture d’un Mémoire intitulé :
Nouvelles réflexions sur la manière dont la nature procède à l'occlusion
ou à la cicatrisation des plaies de la tête, avec perte de substance aux os
du crâne; pour faire suite au Mémoire sur les effets consécutifs de ces
plaies, que cet académicien a communiqué en 1834 à l'Académie.
La lecture de ce Mémoire sera continuée dans la prochaine séance.
C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 4.) D
(2)
RAPPORTS.
200LOG1E. — Rapport sur un mémoire de M. Jourpan, de Lyon, concernant
quelques mammifères nouvec: ©
(Commissaires, MM. Duméril, F! Cuvier‘rapporteur. )
« L'Académie nous a chargés, M. Duméril et moi, de lui faire un rapport
sur un mémoire de M. Jourdan, professeur à la Faculté des Sciences de
Lyon, relatif à quelques mammifères nouveaux de l’Australasie, des Phi-
lippines et du Brésil. C’est ce rapport que nous avons l’honneur de lui pré-
senter aujourd'hui.
» Si la crainte de voir Pesprit du nomenclateur dominer à l'époque où
nous sommes l’histoire naturelle des mammifères, n’était pas une crainte
aussi vaine que nous le pensons, aujourd’hui que les principes de la
méthode naturelle sont si généralement admis, il nous semble qu’on pour-
rait se rassurer pour l’avenir.em voyant l'esprit dans lequel. sont écrits tous
les mémoires qui paraissent chaque jour sur cette première classe du règne
animal. Aucun de leurs auteurs en effet ne se borne à nommer et à classer,
pour les classer et les nommer seulement, les espèces qu'il se propose de
faire connaître ; tous les classent et les nomment pour montrer leurs rap-
ports véritables avec les autres mammifères, pour remplir les intervalles
grands ou petits qui séparent encore les espèces entre lesquelles elles sont
appelées à se placer par leur organisation ; et c’est tout-à-fait dans cet esprit
éclairé que M. Jourdan a fait le travail dont nous venons vous rendre
compte.
» Ce travail a pour objet létablissement de trois genres sur trois
espèces nouvelles qui en deviennent les types, et la description de trois
espèces, nouvelles aussi, mais qui appartiennent à des genres connus.
» Le premier de ces genres est présenté sous le nom d'Hétérope; il ap-
partient à la famille des Kangurdos, et se distingue; comme:son nom
l'indique, de toutes les autres espèces de ce groupe, par des jambes et
des tarses postérieurs beaucoup plus courts et plus trapus que les leurs.
De plus l’ongle du grand doigt ou du troisième, fort grand chez les
Kanguroos,,et qui.est pour eux une arme assez forte, dépasse à peine la
partie charnue sur laquelle il s'appuie chez l’Hétérope et semble ne devoir
être pour lui d’aucuneutilité particulière. Privé de canines comme les Kan-
guroos proprement dits, l’'Hétérope se rapproche par là plus du groupe
(3)
que forment ces animaux, que des Potoroos qui sont pourvus de ces dents;
mais la brièveté de ses membres postérieurs le rapproche un peu davantage
de ceux-ci que des autres. Ainsi, à ces différents égards, l’'Hétérope se
placerait entre ces deux-:groupes principaux en se rapprochant cependant
davantage des secondsygque des premiers.
» L'espèce qui à présenté ces caractères et qui vient de la Nouvelle-Galles
du Sud, se caractérise par un pelage gris-brun , des membres et la queue
noirs, et une tache blanche sous la gorge; de là le nom spécifique 4/bo
gularis que lui donné M. Jourdan. Sa taille est à peu près celle du renard
commun.
» Le genre Acérodon appartient à la famille des Roussettes ou Chéirop-
teres frugivores, et ne se distingue des Roussettes proprement dites, que
par des molaires inférieures à trois collines etpar des molaires supérieures
à collines tuberculeuses, dans lesquelles cependant se montre avec évi-
dence le type caractéristique des molaires de cette famille. Les formes
mêmes de la tête rappellent celles qui sont essentiellement propres aux têtes
des espèces du genre ou du sous-genre Roussette ,etcomme ces Roussettes
encore, l’Acérodon a quatre incisives à l’une età l'autre mâchoire.
» La considération de ces tubercules caractéristiques des molaires de
l’'Acérodon, pourrait faire penser qu’il existe entre ces molaires et celles des
Chauve-Souris, des rapports de structure propres à fonder entre les deux
familles de Chéiroptères, un rapprochement beaucoup plus intime que
celui qui existait avant que cette espèce füt connue. Quant à nous, nous
ne pensons point que ces modifications aient en rien changé la nature
des;dents de l'Acérodon, et puissent même-exercer une influence très sen-
sible sur les mœurs de cet animal. Le système dentaire de la famille des
Roussettes et celui de la famille des Chauve-Souris, sont différents dans
leuressence de forme; chacun d’eux peut se présenter avec des modifica-
tions plus ou moins profondes; mais tant que ce qui est essentiel à leurs
formes dominera, les Roussettes ne seront pas des Chauve-Souris, ni les
Chauve-Souris des Roussettes. Or, l’Acérodon appartient encore exclusi-
vement sous ce rapport, à cette dernière famille. C’est pour n’avoir pas
reconnu la distinction des formes principales et des formes accessoires dans
les dents, qu'on a proposé, par la considération de ces organes, des rap-
prochements si insolites entre certains mammifères.
» Les rapports de l’Acérodon et des Roussettes se retrouvent même jusque
dans la distribution des couleurs qui sont brunes, avec une tache plus pâle
ou plus brillante sur le cou. L’Acérodon de Meyen a la taille des plus
1.
(4)
grandes espèces de ce genre; il est originaire des Philippines, et si
M. Meyen l’a décrit sous le nom de Pyrocephalus, ‘il ne l'a point fait de
manière à ce qu'on en puisse reconnaître les caracteres principaux. D’ail-
leurs, il ne l’a donné que comme une simple Roussette.
» Le genre Mélomys a pour type une espèce de rongeur originaire du
Brésil, à laquelle M. Jourdan réunit l'Échimys huppé; ces deux espèces
se ressemblant par des oreilles arrondies peu développées , une queue velue,
des tarses courts, des membres trapus et une forme générale assez lourde.
Cette réunion suffirait pour indiquer les rapports des Nélomys avec les
Échimys, l'Échimys huppé étant le type de ce dernier genre, si en effet
les Échimys formaient un genre naturel.
» Depuis long-temps l’un de nous avait signalé la construction irrégu-
lière de ce genre Échimys, et la nécessité de ramener les espèces qui le
composent à leurs véritables rapports. M. Jourdan propose, pour arriver
à ce but, de séparer des Échimys qui, comme l’Échimys huppé, auraient
les caractères des Nélomys, les espèces distinguées de ceux-ci par de gran-
des oreilles, une queue écailleuse et nue, des tarses allongés et une forme
générale élancée. C’est pour ces dernières espèces qu'il réserve le nom
générique d’Échimys, et il donne pour type de ce genre l'Échimys de
Cayenne. Nous regrettons que M. Jourdan n'ait pas complété son travail
en nous indiquant les modifications organiques sur lesquelles il fonde vé-
ritablement l’un et l’autre de ces genres; car une conque externe de lo-
réille un peu plus ou un peu moins grande, des tarses un peu plus où un
peu moins longs, une queue un peu plus ou un peu moins velue, ne peu-
vent être que des signes extérieurs de leurs véritables caracteres. Il nous
donne bien quelques-uns de ces caractères pour les Nélomys qui ont qua-
tre molaires à racines et à couronnes composées de chaque côté de lune
et de l’autre mâchoire , et cinq doigts à chaque pied, les pouces excessi-
vement courts; mais il ne le fait point pour les Échimys, ce qui laisse
beaucoup de vague et d'incertitude sur la véritable nature de ces derniers,
relativement aux autres; en effet, de ce qu'ils différent un peu des
Nélomys par les oreilles, les tarses et la queue, ce n’est point une raison
pour qu’il en soit de même par les organes plus importants et véritable-
ment caractéristiques des genres. Nous pouvons dire cependant que
l'Échimys huppé, qui a une queue velue, des tarses courts, etc., comme
le Nélomys, a aussi des molaires semblables aux siennes, et que l'Échimys
dactylin, qui a une queue nue et écailleuse, a des dents fort différentes
pour la forme, de celles des Nélomys; mais nous ignorons si elles ressem-
(5)
blent à celles de l'Échimys dé Cayenne. Ces simples indications, au reste,
seraient loin de'suffire pour établir les rapports des neuf à dix espèces de
rongeurs qui, à la’suite‘des observations de notre confrère M: Geoffroy
Saint-Hilaire et de M. Lichtenstein, de Berlin; ont été réunies dans le genre
que le premier à nommé Échimys, et le second , d’après Illiger, Lonchères.
Quoi qu'il en soit, les Échimys et les Nélomys ont entréeux dés rapports
intimes, et c’est dans le groupe naturel qu'ils forment que viennent se
ranger le Cercomys et les Agoutis, autres rongeurs de l'Amérique du Sud.
» T/espèce sur laquelle M. Jourdan a fondé son genre Nélomys, et qu’il
nomme ÎVélomys de Blainville, grande comme un cochon d'Inde, est
fauve en-dessus, blanche en-dessous, et sa queue est noirâtre; plusieurs
des poils de sa croupe sont épineux. Elle ne paraît pas en effet avoir en-
core été décrite.
» Les trois espèces nouvelles que M. Jourdan fait connaître consistent
en un Kanguroo proprement dit, qu'il nomme 7rma, en un Hydromys,
qu’il désigne par le nom de Fulvo-Venter, eten un carnassier qu’il regarde
comme un Paradoxure, auquel il donne le nom de philippensis.
» Nous n'avons aucune espèce d'obsérvation à faire 'sur les deux pre-
mieres espèces; elles diffèrent en effet, par les teintes et les couleurs de
quelques-unes de leurs parties, des espèces de leur genre qui jusqu’à pré-
sent ont été décrites.
» Quant au carnassier, il serait assez difficile de dire st'en effet il ap-
partient! à ce genre Paradoxure, qui menace de devenir ce qu'était avant
lés travaux modernes, le genre Viverra de Linnæus, c’est-à-dire le genre le
plus hétérogène de toute la mastologie, célui où venaient se réunir tous
les carnassiers de moyenne taille, dont on n’avait pas su apprécier la
nature; et il faut convenir que Linnæus lui-même, en le formant, avait
donné l'exemple de cette confusion, sans cependant tomber dans l’exces
de ses successeurs, les Gmelin, les Erxleben, etc’ Car! un genre dans le-
quel se trouvent réunis comme dans ce genre Viverra de la 13” et dernière
édition du Systema Naturæ, les Ichneumons aux Coätis, ceux-ci aux
Moufettes, et les Moufettes aux Civettes et aux Genettes, est uu genre
artificiel , que tous les naturalistes depuis se sont appliqués à rectifier. En
effet, si tous s’accordent aujourd'hui à rapprocher, mais dans des groupes
distincts, les Ichneumons, les Civettes, les Genèttes, tous s’accordent aussi,
non-seulement à en séparer les Coatis et les Moufettes, mais même à
éloigner considérablernent ceux-ci lun de l'autre, et des V’iverra propre-
ment dits. C’est à ce dernier groupe, où se réunissent les Civettes , et beau-
(6)
coup d’autres carnassiers encore, qu'appartient celui des Paradoxures ;
mais ce groupe générique, formé d’abord du plus petit nombre d'espèces,
et d'une principalement, le Paradoxure type, dont la nature jusque-là avait
été tout-à-fait méconnue, s'est vu enrichir en peu de temps par douze à
quinze autres espèces de petits carnassiers tout-à-fait inconnus auparavant
et dont on n’a pas toujours eu soin de décrire les caractères avec assez de
détails pour qu’on puisse déterminer leurs vrais rapports; de sorte qu’au-
jourd’hui il pourrait arriver pour ce genre ce qui est arrivé pour le genre
Viverra de Linnæus : que les caractères sur lesquels il avait d’abord été
fondé ne convinssent plus à toutes les espèces qui le composent aujour-
d'hui, et qu'il fallût lui en assigner de nouveaux sinon le diviser. Quoi
qu'il en soit, le Paradoxure des Philippines .qui nous occupe en ce mo-
ment, réunit quelquesuns des caractères propres à ce genre ; M. Jourdan
assure qu'il en a les dents et les doigts. Nous avons bien pu reconnaitre
sur une peau desséchée que cet animal a en effet une marche plantigrade
et des ongles acérés; mais nous n’en avons vu ni les dents, ni aucune
autre partie, et la queue était à moitié détruite. Quant aux couleurs,
elles ne nous ont paru se rapporter en effet à aucune des espèces publiées
jusqu’à ce jour.
» Tel est le contenu du Mémoire de M. Jourdan. Nous n’examinerons
point en critique la formation de ses genres ni celles de ses espèces; cet
examen nous conduirait sur la formation des genres et des espèces en gé-
néral, à une discussion d’autant plus déplacée que notre objet principal
doit étre le mémoire dont nous rendons compte; sur ces hautes questions
d’ailleurs les principes généraux ne donnent la solution d'aucune difficulté,
et les principes particuliers, les seuls dignes d'intérêt, paraissent être
encore un sujet de controverse que nous ne pourrions aborder convenable-
ment ici. Peu importent au reste ces principes dans le cas particulier qui
nous occupe. Ce qui doit surtout fixer notre attention, ce sont les obser-
vations de M. Jourdan; elles ont un caractère de nouveauté et d’exacti-
tude que personne ne pourra leur refuser. La science les recueillera, cha-
cun en fera son profit suivant ses propres vues, et si par la suite on est
tenté d'en tirer d’autres résultats que ceux qu'il en a tirés lui-même, on
ne pourra du, moins lui refuser cette justice que sans elles ces résultats
nouveaux n'auraient probablement pas été obtenus.
» Nous conclurons donc par demander que M. Jourdan soit invité à
continuer de recueillir ses observations et d’en faire part à l’Académie. »
Les conclusions du rapport sont adoptées.
(Ke)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapportsun un Mémoire de M. A. Monix, capitaine
d'artillerie, contenant des expériences sur les turbines de M. Fourneyron.
(Commissaires, MM. de Prony, Arago, Gambey, Savary rapporteur.)
« Dans un premier travail auquel l'Académie a donné son approbation,
M. Morin à fait connaître par des mesures nombreuses et précises, ce
que peuvent réaliser d’effet utile, pratiquement disponible, les diverses,
roues hydrauliques, ordinairement en usage et qui tournent sur des axes
horizontaux.
» C’est en, quelque sorte le complément de ce premier travail que
M. Morin a présenté, dans, le Mémoire dont nous venons rendre compte
aujourd’hui.
» Gette fois, les recherches. de M. Morin ont eu pour objet ces nou-
velles roues hydrauliques, peu multipliées encore , mais sur lesquelles l’at-
tention publique est si vivement fixée depuis quelque temps, les turbines
de M. Fourneyron. L’ingénieur à qui l'on doit et la disposition et l'établis-
sement de.ces précieux. moteurs, celui qui lutte avec persévérance depuis
quinze ans pour les. perfectionner et les répandre, M. Fourneyron lui-
même a prêté, à l'auteur dé.ce Mémoire, pendant toute la durée des expé-
riences; le secours d’une, active coopération.
» Sous le nom général de turbines ; on comprend aujourd’hui des roues
qui n’ont guère de commun entre elles, que de tourner les: unes: et les
autres , autour d'un axe vertical. Celles qu’un ingénieur, homme d’iuven-
tion: et de science, M: Burdin imagina et fiteünnäaitre le premiersous cenom,
recoivent l’eau’ à la base supérieure d’un cylindre ou tambour vertical et
la rejettent à la base opposée. L'eau: entre et sort: près de la circonférènce
extérieure, suivant’ des canaux pliés'en hélice'à la'surface du tambour qui
doit avoir une hauteur égale à la moitié dela hauteur entière de la: chute
d’eau disponible.
» Dans les turbines: de Mi Fourneyron:, le tambour n’a jamais qu’une
petite épaisseur; quelques décimètres, par exemple: L'eau s'élance . obli-
quement en jets horizontaux de tout le, contour: d’un cylindre intérieur
vertical; pénètre de tous côtés: dans les compartiments de la roue qui, en
tournant, affleure ce cylindre; suit en les: pressant, des aubes. courbes
renfermées entre les deux bases horizontales, etis’échappe horizontalement
par la tranche verticale du tambour extérieur.
(8)
» On aura une idée des turbines de M. Fourneyron, en concevant que
l'on pose à plat une roue ordinaire à palettes courbes , et que l’eau, arri-
vant sur les palettes par le centre , sorte à la circonférence.
» Un de nos confrères, M. Poncelet, a proposé, en 1826, une disposi-
tion inverse de celle que nous indiquons ici : l'eau devait arriver par la
circonférence de la roue et sortir par le centre.
» C’est peu encore que d’être guidé par ces indications générales. Les
difficultés les plus graves se présentent dans les détails d'exécution;
l’eau, pour satisfaire aux meilleures conditions d’effet, devrait entrer sans
choc et sortir sans vitesse. Comment donner aux jets liquides, lancés dans
la roue, la direction la plus avantageuse ? Comment faire en sorte qu’apres
avoir épuisé leur action sur les aubes , ils les abandonnent sans difficulté?
Comment avec des dispositions simples obtenir des effets peu variables, et
toutefois permettre à la roue de prendre au besoin des vitesses très diffé-
rentes? Telle est une partie seulement des questions que l'expérience
devait résoudre et que M. Fourneyron a résolues par lexpérience, pa-
tiemment et habilement.
» Ces questions, d’un si haut intérêt pour la science, ne peuvent être
examinées ici. M. Fourneyron a construit des moteurs, mais il n’a rien fait
connaître des proportions qu'il leur donne. M. Morin ne pouvait, il le
déclare, penser même à le devancer dans la publication de ces détails. Son
unique but était de constater, comme il l’a fait pour les autres roues, des
résultats immédiatement utiles à l’industrie. C’est de ces résultats seule-
ment que nous aurons à parler.
» Deux turbines récemment établies par M. Fourneyron ont été sou-
mises aux recherches de M. Morin. Toutes deux conduisent des tissages
mécaniques, l'une à Moussay près de Senones dans les Vosges, l’autre à
Mäüllbach, dans le département du Bas-Rhin. Celle-ci marche sous une
chute d’eau de 3 mètres environ; celle-là sous la chute très forte de
7 mètres dans sa valeur moyenne.
» Les quantités de travail ont été mesurées à l’aide de l'appareil devenu
en quelque sorte indispensable à ces recherches, du frein dynamométrique
de M. de Prony.: Le frein était directement appliqué à l'arbre vertical des
turbines, continuellement arrosé, et la température des surfaces frottantes
variait si peu que les oscillations à l’extrémité du levier n’ont jamais dé-
passé, dans les expériences faites à Müllbach, 4 à 5 centimètres d’ampli-
tude. Il semble, pour le dire en passant, qu'un tel moyen de mesure ne
laisse plus rien à désirer.
+
(9)
» Les garanties d’exactitude qu'offrent les dispositions prises par
M. Morin , et qu’on pouvait attendre d’un ingénieur aussi habiles,ont com-
plétement confirmées par la régularité des séries d'observations. Ces séries,
- rapportées d’abord sous forme de tableaux et en chiffres, sont ensuite,
quant au résultat principal, représentées graphiquement par des courbes.
Ce mode de représentation a l'avantage de mettre en évidence d’une ma-
nière plus frappante le peu de variation qu'éprouve l'effet utile des ma-
chines pour des variations de vitesse très considérables.
» Citons quelques nombres. Relativement à la turbine de Moussay,
la quantité d’eau dépensée restant la même et d'environ 736 kilo-
grammes par seconde, la vitesse a pu varier de 140 à 230 tours par mi-
nute , sans que le rapport du travail disponible au travail absolu de la chute
d’eau se soit écarté de plus de - de la valeur maximum observée 5.
» Objectera-t-on qu'ici le volume d’eau dépensée, évalué d’une manière
indirecte , laisserait une très légère incertitude ? D'abord cette incertitude
pourrait bien être défavorable à la machine ; ensuite, et en tout cas, elle
n'existe nullement de la même manière, pour la turbine de Müllbach.
» Relativement à celle-ci, où du reste les expériences sont plus concor-
dantes, les séries plus régulières, pour des variations de vitesse qui s’éten-
dent de 55 à 79 tours par minute, l'effet utile a toujours été compris entre
les 78 et les 79 centièmes du travail moteur. Ces différences sont de l'ordre
des erreurs dont on ne saurait entièrement se garantir.
» Nous devons aller au-devant d’une seconde objection. Si l’on nous de-
mandait pourquoi, en ne citant que quelques nombres, nous choisissons
les séries dont les résultats moyens sont les plus élevés, notre réponse
serait facile.
» L'eau est lancée dans la turbine par des orifices dont un vannage per-
met de varier la hauteur. De cette hauteur dépend la quantité d’eau con-
sommée par la roue dans un temps donné. Eh bien! plus cette hauteur
d'ouverture augmente, plus la quantité d'eau consommée devient consi-
dérable, plus l'effet utile s'accroît et se rapproche du travail moteur. Cela
ressort avec évidence de la marche régulière des chiffres. Nous sommes
donc fondés à dire qu'aucune des séries ne présente encore les circonstances
les plus favorables à la machine, et que si on veut la juger, surtout rela-
tivement à d’autres, il faut, autant qu'il est possible, se rapprocher de ces
conditions de meilleur effet. Des obstacles matériels, que M. Morin si-
gnale, l'ont seuls empêché de pousser jusque-là les expériences. Ajoutons
toutefois que même encore pour des levées de vanne et des dépenses
C. R, 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 4.) 2
(10)
d’eau moins considérables et moins avantageuses, l'effet utile diffère long-
temps assez peu de celui que nous avons cité.
» Si, pour une même dépense d’eau, on fait varier la vitesse des turbines
au-delà des limites déjà très étendues dans lesquelles il convient de se ren-
fermer, on voit à la vérité leur puissance s’affaiblir rapidement. Mais de quel
moteur n’en est-il pas ainsi ? Les limites d’effet avantageux sont encore plus
resserrées pour les autres roues hydrauliques; l'action des hommes, celle
de la vapeur ont, comme on le sait, relativement à chaque mode d’appli-
cation, des vitesses convenables dont on ne saurait s’écarter sans diminuer
leur produit.
» Puisque nous avons abordé cette grave et délicate question de com-
parer les turbines à d’autres moteurs, il est d'autant plus naturel de
nous y arrêter encore, que le précédent Mémoire de M. Morin, Mémoire
dont celui que nous analysons est la suite, nous offre, relativement aux
roues hydrauliques le plus communément employées, les éléments de la
comparaison déterminés avec le même appareil et par le même ingénieur.
» Veut-on connaître le résultat le plus immédiat de cette comparaison ?
Ce que nous avons dû regarder comme une limite d'effet inférieure à
l'effet le plus avantageux des turbines, c’est déjà, d'après M. Morin, pour
la turbine de Müllbach, la plus grande action des roues à augets les
mieux établies ; c'est déjà pour la turbine de Moussay, le plus grand effet
de la roue de côté de l'atelier des meules à Baccarat, lorsque cette dernière
roue marche dans les conditions les plus favorables.
» Une seule roue de côté dans les expériences de M. Morin, celle de la
taillerie de cristaux du même établissement, semble donner un résultat
de très peu supérieur. Mais cette supériorité n’est qu'apparente.
» Pour le prouver quelques détails sont nécessaires. Quand on veut
évaluer la puissance d’un cours d’eau, dans l'impossibilité d’en jauger
directement le volume, on le force ordinairement à passer sur un déver-
soir. La nappe qui s'incline au-dessus du seuil de cette espèce de barrage,
fournit une quantité de liquide dépendant principalement de la hauteur
du niveau dans le bief supérieur. Cette quantité dans chaque cas, pourvu
que toutes les circonstances soient exactement pareilles , se calcule à l’aide
d’une formule empirique, déduite d'expériences directes et toujours très
délicates.
» Eh bien! des expériences récentes de M. Castel, publiées par M. d’Au-
buisson, ont conduit à modifier légèrement la formule précédemment ad-
mise. Ces expériences n'étaient pas connues lorsque M. Morin étudiait la
(11)
roue de la taillerie à Baccarat. Il en résulte que là il estimait d'après l’an-
cienne formule le volume du cours d’eau, tandis que dans les observations
faites sur les turbines, il évalue la dépense par la formule corrigée.
» La différence des deux modes d'évaluation est en faveur de la roue
de la taillerie ; si l’on rectifie l’ancien calcul d’après les données actuelles,
on trouve sensiblement, pour les deux roues de côté, le même effet utile,
à très peu près égal à l'effet maximum observé de la turbine de Moussay.
» Ce n’est pas tout encore ; dans la roue de la taillerie à Baccarat, la tête
de la vanne qui forme le seuil du déversoir est arrondie : dans les déversoirs
sur lesquels on a mesuré la quantité d’eau employée par les turbines de Mous-
say et de Müllbach, le seuil se termine en amont par une arète vive. Sur
cette arète, la surface inférieure de la nappe liquide se relève et cette cir-
constance diminue le volume d’eau qui s'écoule. Si l'évaluation de ce
volume est juste à Moussay et à Müllbach, elle est trop faible à Baccarat.
La différence tourne encore à l’avantage de l’ancienne roue. Des mesures
directes pourraient seules lever ces petites incertitudes.
» De ces détails trop longs peut-être, nous nous croyons en droit de
conclure, qu’en faisant une part convenable aux erreurs des jaugeages,
les turbines observées par M. Morin sous de grandes chutes d’eau offrent
au moins des résultats aussi avantageux que les meilleures roues ordi-
naires. On remarquera qu'il s’agit de moteurs équivalant à l’action de
4o, 60 et 90 chevaux.
» Si l'on rapproche ces résultats de ceux qu’une commission d’ingé-
nieurs habiles ,. MM. Mary, Saint-Léger, Maniel, ont obtenus sur la turbine
d’Inval ; de ceux que M. Fourneyron lui-même avait publiés antérieurement
sur la même roue, on arrive constamment à des conclusions semblables :
» Partout et sous des chutes qui ont varié depuis la faible valeur de
3 décimètres (1 pied) jusqu’à 1, 2, 3 et 7 mètres, le travail disponible
transmis par les turbines a pu atteindre jusqu'aux 7 ou 8 dixièmes envi
ron du travail moteur.
Voilà pour l'effet utile considéré d’une manière absolue.
» Par rapport aux applications, par rapport aux circonstances variables
où un moteur hydraulique peut se trouver placé, les turbines offriront
de nouveaux avantages.
» Elles sont de toutes les roues hydrauliques celles qui, sous le plus
petit volume, utilisent la plus grande quantité d’eau.
» L'eau qui les pousse ne pèse presque point sur leur axe.
» Les énormes vitesses, les vitesses variables qu’on peut leur laisser
Fe
(12)
prendre sans rien sacrifier de leur action, permettent de supprimer dans
beaucoup d'usmes ces engrenages , ces axes pesants destinés à transmettre
avec accélération, mais aussi avec perte d'effet, le mouvement si peu
rapide lorsqu'il est le plus avantageux, des grandes roues à augets.
» Une autre propriété des turbines est plus importante encore. M. Mo-
rin, comme les ingénieurs qui l’ont précédé, remarque qu'elles fonc-
tionnent aussi bien étant noyées que hors de l’eau; ce serait mieux qu'il
faudrait dire, s’il était permis de s'arrêter à de légères différences.
» À plus d'un mètre de profondeur sous l'eau, les nappes liquides
s'échappent des aubes avec autant de facilité qu’à la surface. L'action ne
dépend que de la différence de niveau en amont et en aval : peu importe
la hauteur absolue de part et d'autre.
» On voit de suite combien cette propriété des nouvelles roues est
précieuse : elle permet de profiter, dans tous les temps, de la chute entière
du cours d’eau.
» Qu’arrive-t-il, au contraire, avec les roues verticales? Si le niveau
s'élève dans le bief d’aval, si une portion des aubes est noyée à la partie
inférieure, le moteur ne fonctionne plus qu'avec perte et avec peine :
veut-on soulever la roue ? il faudra encore soulever le coursier. Pour éviter
ces complications, il arrive qu’on préfère souvent élever tout le système
d'une manière invariable, m’utiliser qu’une partie de la chute quand elle
est forte, pour se trouver à une hauteur convenable, quand elle vient à
diminuer.
» Ainsi, la comparaison que les turbines soutenaient avec avantage
aupres des anciennes roues, considérées dans les circonstances qui leur
sont le plus avantageuses, aurait été bien plus favorable encore aux
nouveaux moteurs dans le plus grand nombre de cas.
» Cette confirmation de la haute valeur des turbines, que viennent
d'apporter les belles expériences de M. Morin, cette propriété surtout de ne
rien perdre pour être plongées, d’engloutir et d'utiliser sous un volume mé-
diocre de grandes masses d’un puissant cours d’eau nous autorise à rappeler
la proposition que l’un de vos conimissaires , M. Arago, a faite il y a déjà
long-temps, de substituer ces roues nouvelles aux machines antiques qui
fournissent si mesquinement à la consommation d’eau de la ville de Paris.
A l’époque où la proposition de M. Arago fut mise en avant, l'expérience
n'avait point encore prononcé sur ce qu'on en pouvait attendre. Depuis
cette époque, trois séries de mesures sont venues confirmer les prévi-
sions de notre confrère. Elles les ont confirmées pour des circonstances
(13)
analogues à celles où les turbines devraient fonctionner, noyées à une
profondeur variable dans les eaux de la Seine. Aujourd’hui, il ne peut
rester aucun doute sur le résultat de leur établissement.
» Outre les expériences directes sur l'effet des turbines, le Mémoire de
M. Morin contient encore des recherches sur la dépense d’eau qui a lieu
par les orifices d’où la veine s’élance sur les aubes. Mais ces détermi-
nations étant elles-mêmes subordonnées à la détermination de la dépense
qui se fait sur le déversoir, peuvent être sujettes encore aux mêmes in-
certitudes, qui toutefois sont très légères.
» Pour nous résumer, le travail de M. Morin est digne d’éloges sous
le rapport du nombre et de l'exactitude des observations, sous le rapport
de la difficulté vaincue et de l'utilité pratique : vos commissaires vous
proposent d’accorder votre approbation à son mémoire et d’en ordonner
l'impression dans le recueil des Savans étrangers. »
Ces conclusions sont adoptées.
carmre. — Rapport sur un Mémoire de M. PAYen, ayant pour titre : Mémoire
sur les acétates et le protoxide de plomb.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, M. Dumas et moi, de lui rendre compte
du Mémoire dont nous venons d'indiquer le titre.
» L'intérêt que présentent les combinaisons de l’eau et de l'acide acétique
avec l’oxide de plomb, sous le triple rapport des arts, de la médecine et de
l'analyse, a, depuis long-temps appelé sur elles l'attention des chimistes.
Cependant, il restait encore quelques lacunes à combler, quelques points
à éclaircir : M. Payen a tenté de le faire ; nous allons exposer les résultats
auxquels il est parvenu :
» On connaissait avant son travail trois acétates de plomb, dans les-
quels pour la même quantité d’acide les quantités de base sont entre elles
comme les nombres 1,3 et6. M. Payen a répété l’analyse et confirmé la
composition des deux premiers sels; il a déterminé leur solubilité, la forme
de leurs cristaux déposés dans le sein de l’eau, de l'alcool et de l'esprit
de bois, examiné les circonstances diverses dans lesquelles ils perdent leur
eau de cristallisation. Mais la partie véritablement intéressante de son Mé-
moire est celle dans laquelle il annonce la découverte d’un nouvel acétate
de plomb, jusqu'ici inconnu des chimistes, et d’une combinaison égale-
ment nouvelle entre l'eau et le protoxide de plomb. La découverte de ces
(14)
deux substances présentait de nombreuses difficultés, que M. Payen a
surmontées avec beaucoup d’habileté. Elle explique plusieurs phénomènes
dont la cause était jusque-là inconnue, et sous le rapport de l'analyse des
matières organiques , elle devient d’un puissant intérêt. En effet, on se sert
fréquemment des acétates de plomb pour déterminer la capacité de satu-
ration des acides et de quelques autres matières du règne organique. On
produit, par double échange, des précipités dans lesquels on examine
avec le plus grand soin le rapport de l'oxide de plomb à la matière orga-
nique, afin d'en déduire le poids atomique de celle-ci. Or, ce rapport est
en général déterminé par la composition même de l’acétate de plomb em-
ployé. Si celui-ci est neutre, le nouveau sel le sera aussi, ou, au moins, il
aura de la tendance à le devenir; s'il est basique, la même chose se pré-
sentera encore, et l’on conçoit des-lors, Pimportance qu'il y a à connaître
l'existence et la composition du nouvel acétate de plomb signalé par
M. Payen.
» Ce sel est formé de 2 atomes d'acide acétique, 1 atome d’eau et 3 ato-
mes d’oxide de plomb; si lon néglige l’eau pour ne considérer que les
proportions relatives de base et d'acide, c’est un sel sesqui-basique.
» En assimilant, au contraire, l’eau à une base, et cela paraît d’autant
mieux permis que la chaleur ne la dégage qu'alors seulement que le sel
lui-même se décompose, on peut le considérer comme un acétate bi-
basique, dans lequel un atome d’eau remplace un atome d’oxide de
plomb.
» Quelle que soit, au reste, la manière sous laquelle on l’envisage, le
nouveau sel se distingue facilement des trois autres par sa composition,
sa grande solubilité dans l’eau et dans l'alcool anhydre, par la forme de
ses cristaux, qui sont des lames hexagonales d’une grande netteté, et par
plusieurs autres caractères encore.
» Sa solubilité dans l’eau , beaucoup plus considérable que celle des trois
autres acétates de plomb, explique très bien pourquoi une dissolution
concentrée de ce sel se prend en masse aussitôt qu'on y verse quelques
gouttes de vinaigre; c'est qu'alors il se produit de l’acétate neutre qui se
dépose immédiatement, ne pouvant trouver assez d’eau pour rester dissous.
» Ce résultat donne également la clé de certains accidents de fabrica-
tion, depuis long-temps signalés à l'attention des chimistes.
» L'existence d’un hydrate de plomb, d'abord généralement admise,
avait été rendue très douteuse, dans ces derniers temps, par M. Winkel-
blech. En précipitant l’acétate et le nitrate de plomb par un excès de
(15)
potasse, à diverses températures, ce dernier chimiste n’était jamais par-
venu à obtenir de l’hydrate de plomb pur; c'était constamment ou du
protoxide anhydre, ou un sel très basique qui se déposait.
» Plus heureux, M. Payen a obtenu de l’hydrate de plomb parfaitement
pur et cristallisé en beaux octaèdres transparents, en substituant l’am-
moniaque à la potasse, et étudiant d’ailleurs avec soin l'influence de la
température et de l'état de concentration plus ou moins grande des li-
queurs, dans la production de l’hydrate. En variant les circonstances, il a
pu obtenir à volonté, tantôt de l’oxide anhydre, tantôt de l'oxide hydraté,
tantôt un mélange de ces deux substances.
» La composition de l’hydrate de plomb est remarquable : il contient
pour 3 atomes d’oxide de plomb, un seul atome d’eau, et correspond par
conséquent à l’acétate tribasique avec lequel on le prépare, en traitant ce
sel par un excès d'ammoniaque.
» Votre rapporteur a confirmé l'exactitude des analyses de M. Payen sur
lacétate et l'hydrate de plomb dont ce chimiste vient de faire connaître
l'existence.
» De l'hydrate de plomb cristallisé en octaëdres réguliers ; diaphanes et
incolores , a été tenu pendant plusieurs jours dans le vide, et chauffé en-
suite un peu au-dessous du rouge obscur, sans le contact de l'air. Il a
éprouvé une perte de poids correspondant à 1 atome d’eau pour 3 atomes
d'oxide de plomb. Le résidu s’est entièrement dissous dans du vinaigre
faible, sans aucune effervescence. C'était de l’oxide tout-à-fait pur. L'eau
recueillie dans une autre expérience était neutre aux réactifs colorés et
sans saveur.
» Ces résultats excluent la présence de l'ammoniaque et de l'acide acé-
tique dans l’hydrate de plomb, en même temps qu'ils font disparaître toute
espèce de doute sur l'existence et la pureté de cette dernière substance.
» En résumé, les recherches de M. Payen ont ajouté plusieurs faits
nouveaux à l'histoire des combinaisons de l’oxide de plomb. Nous avons
l'honneur de proposer à l’Académie l'insertion du Mémoire de ce chimiste
dans le Recueil des Savans Étrangers. » -
Ces conclusions sont adoptées.
(16)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
curnurGiE. — Mémoire sur le traitement des rétrécissements organiques ;
par M. BÉniqué.
(Commissaires, MM. Larrey, Dutrochet, Roux, Breschet.)
« Depuis bien des années, dit l’auteur dans la lettre d’envoi, les prati-
ciens qui se sont occupés du traitement de ces sortes de maladies, au
moyen de la dilatation, ont fait des tentatives nombreuses pour limiter
cette dilatation à l’étendue du rétrécissement. Parmi elles, une idée tou-
jours prise et toujours abandonnée depuis près d’un siècle m’a paru ren-
fermer les éléments d’une solution assez rationnelle.
» Un tube membraneux est introduit vide dans le rétrécissement, puis
distendu par une injection.
» Trois objections principales ont fait rejeter ce moyen de la pratique.
1° Difficulté d'agir sur le rétrécissement qui étranglait l'enveloppe mem-
braneuse et formait, au-dessus et au-dessous de lui, des ventres beaucoup
plus nuisibles qu’utiles. 2° Danger de produire une trop grande extension.
3° Impossibilité de maintenir les liquides dans le sac membraneux à tra-
vers lequel ils s'échappaient rapidement.
» À cela on peut répondre :
» 1°. Que rien n’est plus simple que de forcer un tube membraneux gonflé
par un liquide à agir sur un point déterminé. Il suffit, en effet, de le
soumettre à une forte extension dirigée suivant sa longueur. Dans ce cas
toute l'impulsion se portera sur le milieu de l’espace compris entre les
deux ligatures. On devra seulement mettre ce point en rapport exact avec
le rétrécissement.
» 2°. Que la crainte d'exagérer la dilatation est chimérique. Les tubes
organiques sont doués d’une élasticité limitée. Dans ce cas particulier ,
l'allongement qu’on leur a fait subir a épuisé cette propriété dans un
sens; et il est facile de préciser le diamètre au-delà duquel le tube,
malgré sa résistance, se déchirera plutôt que de céder. È
» 3°. Que si la troisième objection était insoluble à l’époque où on
la faisait, elle ne l’est plus aujourd'hui, grâce aux belles découvertes
de M. Dutrochet sur les lois qui règlent le transport des liquides à
travers les diaphragmes poreux. Injectez l'enveloppe membraneuse avec
(17)
un liquide dense, et elle empruntera aux liquides ambiants beaucoup plus
qu'elle ne leur donnera. La dilatation persistera donc; bien plus, elle sera
augmentée. Mais ce qui me frappe surtout, c’est que cet appareil fournit
le moyen de diriger sur le rétrécissement un médicament soluble quel-
conque, pourvu qu'il ne s'oppose pas aux courants endosmotiques. Il suffit
de l’associer en proportion variable , selon son énergie et l’effet que l’on
veut produire, au liquide dense qui lui servira de véhicule. De cette ma-
nière se trouvent réunies une dilatation mécanique bornée au point
du rétrécissement, et une médication appropriée à la nature de la mala-
die qu'on veut combattre. »
ANATOMIE. — Sur la constitution microscopique du sang ; par M. À. Donxé.
(Commissaires, MM. Biot, Magendie, Dumas, Turpin.)
L'auteur commence par insister sur la nécessité d'observer le sang immé-
diatement après sa sortie des vaisseaux 'afin de pouvoir se faire une juste
idée de la constitution des globules qui nagent dans le sérum. Il annonce
que cette méthode d'observation lui a permis de découvrir dans la nature
des globules du sang des différences et des caractères demeurés jusqu’à
ce jour inaperçus et qu'il résume en ces termes :
» 1°. Il existe dans le sang trois espèces de particules solides apprécia-
bles au microscope, ainsi que l'ont reconnu plusieurs observateurs : ce sont
les globules sanguins proprement dits, rouges, circulaires, aplatis et of-
frant un point obscur à leur centre;les petits globules attribués au chyle
et les globules blancs, sphériques, légèrement chagrinés, un peu plus
gros que les rouges et sans apparence de noyau central; ces derniers glo-
bules existent en beaucoup plus grande quantité qu’on ne l’avait dit
jusqu’à présent, et la propriété qu’ils ont d’adhérer au verre et d’être
insolubles dans l’eau , permet de les séparer des globules rouges pour l’ob-
servation microscopique;
» 2°. Ces globules blancs sont sphériques dans les animaux qui ont les
globules rouges circulaires, et elliptiques chez ceux dont les globules
sanguins proprement dits, ont cette forme ;
» 3°. La proportion des globules blancs varie considérablement dans
certaines maladies, et je les ai trouvé, particulièrement dans un cas d’hy-
dropisie cachectique, en nombre vingt fois plus grand au moins que dans
l'état normal.
C.B, 1838, 1°7 Semestre, (T. VI, No 4.) 3
(18)
» 4. Les globulès sanguins proprement dits Sont égalenient susceptibles
d’éprouver dès modifications profondes dans leur aspect, dans leur consti-
tution , leur netteté, l’arrangement qu'ils prennent entre eüx, ete.; mais
ces altérations, ainsi que celles des globules blancs né peuvent s'observer
que sur du sang pris pendant la vie, au moment même de sa sortie des
Vaisseaux ;
» 5e. Les altérätions que le sang peut subir dans les maladies, ne portent
donc pas seulément, commé lés analyses chimiques l’établissent ordimaï-
rement , sur la différence de proportion entre les divers éléments de ce
fluide, tels que la fibrine, l'albumine, la matière colorante, etc. Les glo-
bules sont aussi le siége de modifications organiques, que l’analyse mi-
croscopique permet seule jusqu'à présent d'apprécier. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — [Vote sur l'équation A° = C; par M. Pacani.
(Commissaires, MM. Lacroix, Libri.)
GÉOLOGIS. — Forêt sous-marine des côtes de Bretagne.
Les différents objets dont M. Zemaout avait annoncé l’envoi à l’Acadé-
mie, dans une précédente communication à ce sujet , étant arrivés, une
Commission est chargée de les examiner.
(Cette Commission se compose de MM. Brongniart, Brochant, et Élie de
Beaumont.)
CORRESPONDANCE.
ÉCONOMIE RURALE. — Ÿ’ers à soic.
M. le Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce
invite l’Académie à nommer une Commission pour examiner divers objets
relatifs à l'éducation des vers à soie dans le Bengale, objets rapportés
par la Bonite , au retour de son voyage de eircum-navigation.
« Ce sont : des œufs et des cocons de vers à soie, des graines de deux
arbres dont les feuilles servent à nourrir ces insectes; enfin, quelques-uns
des ustensiles servant pour les élever. Un Mémoire de M. f’aillant , com-
mandant de la Bonite, fait connaître les usages de ces ustensiles ainsi que
(19)
les moyens auxquels il a eu recours pour empécher l’éclosion des œufs
pendant la traversée. »
(Commissaires, MM. Silvestre, de Mirbel, Duméril, D’Arcet.)
ÉCONOMIE RURALE. — Sur des œufs de vers à soie, rapportés de l'Inde en
Europe par M, Gaudichaud, — Extrait d’une lettre de M. Aunourx.
« M. Gaudichaud a remis au Muséum d'histoire naturelle des œufs de
vers à soie qu'il a recueillis à Calcutta en mars 1837 et qui sont arrivés à
Paris à la fin de décembre après avoir passé deux fois la ligne, A sa demande
j'en ai fait l'examen.
» Ils ont l'apparence d’une conservation parfaite et l'étude que je viens
d'en faire au microscope m'a montré que le germe était très peu avancé
dans son développement. J'en ai soumis plusieurs à la température de nos
serres pour hâter leur naissance et juger plus exactement ainsi du
terme d’acroissement auquel les embryons sont parvenus. J'aurai l'honneur
d'informer l'Académie des résultats de ces expériences. Dès à présent je
mets sous ses yeux plusieurs des œufs rapportés par M. Gaudichaud, ainsi
que le procès-verbal que j'ai dressé à leur arrivée au Muséum et où se
trouve l'indication des moyens pris pour assurer leur conservation pen-
dant la traversée. »
( Renvoi à la Commission précédente, nommée sur la demande de M. le
Ministre du Commerce.)
M. Becquerez fait la communication suivante, d’après une lettre qu'il a
recue de M. de la Rive :
« M. le docteur Prevost, de Genève, a réussi à aimanter des aiguilles de fer
doux très fines, en les plaçant très près des nerfs , et perpendiculaire-
ment à la direction dans laquelle il supposait que le courant électrique
devait y cheminer. L’aimantation a eu lieu au moment où, en irritant la
moelle épinière on détermine dans l'animal une contraction musculaire. »
M. Rarreneau-Detise, professeur de botanique à l'École de Médecine de
Montpellier, se met sur les rangs pour la place actuellement vacante dans
la Section d'Économie rurale. M. Delile déclare que s’il était nommé, il
quitterait sur-le-champ la place qu'il occupe à Montpellier.
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
( 20 )
M. Lecrerc-Taouix demande à être compris dans le nombre des can-
didats pour la place vacante dans la Section d’Économie rurale.
(Renvoi à la Section.)
M. Laïenec annonce qu'il fera le 7 de ce mois des expériences sur ses
courbes , au rayon de 5o mètres avec des rails sans bordure extérieure et
avec une vitesse de 10 lieues à l'heure; il invite MM. les membres que ces
essais intéresseraient à vouloir bien y assister.
M. Taomsox écrit qu'aucun des mémoires qu'il avait présentés depuis
long-temps à l’Académie, n’a été publié, quoique plusieurs aient été im-
primés; que son intention n’est point de les présenter au Concours pour
les prix Montyon avant que l’ensemble du travail dont ils font partie ne soit
terminé; qu’en conséquence, il demande que la Commission à l'examen
de laquelle ces différents mémoires ont été renvoyés, veuille bien en faire
l’objet d’un rapport.
M. Gopaix adresse un paquet cacheté.
l’Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée à 5 heures.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie Royale des
Sciences ; n° 26, 2° semestre 1837, in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par M. Gay-Lussac et AraGo,
tome 65, juillet 1837, in-8°.
Annales des Sciences naturelles ; tome 7, juin 1837, in-8°.
Traité de Phrénologie humaine et comparée; par M. Vimoxr, 2 vol. in-4°.
(Cet ouvrage est adressé pour le concours de Physiologie expérimentale. )
(21)
Recherches Statistiques sur le département du Finistère , 1"°, 2°, 3° et
dernière livraison; par M. Ducxarerurer, Nantes, in-4°. ( Cet ouvrage est
adressé pour le concours de Statistique. )
Société d'encouragement pour la production, l'amélioration et l'emploi
des soies de l'arrondissement de Lavaur, et des arrondissements limithro-
phes (Extrait des registres des Procès-Verbaux pour les années 1833,
1834, 1835 et 1837); in-4°.
Considérations sur la Physiologie et l'Hygiène des pieds ; par M. Gour-
DON, in-8°.
Notices des Travaux de M. O. Lecrerc-Taouin, demi-feuille in-4°.
(Renvoi à la Section d'Economie rurale.)
Correspondance Mathématique et Physique publiée par M. Querezer,
3° série, tome 1”, 2° livraison , in-4°, Bruxelles.
Bulletin de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Bru-
æxelles , n° 10, séance du 4 novembre 1837, in-8°.
George’ s Creek... Exploration du district concédé à la Compagnie des
Mines de houille et de fer de George’ s Creek (État de Maryland), 1856,
in-4°. (M. Alex. Brongniart est prié de rendre un compte verbal de cet ou-
yrage. )
Beitrage zur...Mémoires pour servir à l'Histoire de la génération et
de l'ovologie, par M. Ron. Wacxer , in-4°.
Fragmente zur... Fragments pour servir à la Physiologie de la géné-
ration, principalement à l'analyse microscopique du sperme ; par le même,
in-4°.
( Ces deux ouvrages sont adressés ponr le concours au Prix de physio-
logie expérimentale.)
Bulletin général de Thérapeutique Médicale et Chirurgicale ; tome 13,
dernière livraison , in-4°.
Gazette Médicale de Paris, tome 5, n° 52, et table des matières de 1837.
Gazette des Hôpitaux, tome 11, n° 151, 152, table des matières de 1837,
et tome 12, n° 1, in-4°.
La Phrénologie , journal , tome 1°*, n° 27.
Echo du Monde savant; n° 103.
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‘SCSY MAIANV£ — "SHNÔÜIDOTOUOGLAN SNOILVAUHSHO
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 JANVIER 4838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
emiRurGIE. — ]Vouvelles réflexions sur la manière dont la nature procède à
l'occlusion ou à la cicatrisation des plaies de la tête, avec perte de
substance aux os du crâne; par M. Larrey; pour faire suite à un
précédent Mémoire sur les effets consécutifs de ces plaies, lu à l'Académie
en 1834 (1).
(Extrait par l’auteur.)
« Aprés avoir exposé sur cet objet sa théorie, étayée de l'expérience et
de l'opinion de la plupart des grands anatomistes du xvn° et du xvin siè-
cles, M. Larrey a mis sous les yeux de l’Académie plusieurs pièces anato-
miques et pathologiques qui démontrent positivement que les plaies avec
perte de substance aux os du crâne, comme celles des autres os du sque-
lette, ne se ferment ou ne se cicatrisent que par l'allongement, l’amincis-
sement et la rencontre ou la réunion concentrique des vaisseaux ou fibres
des bords de ces ouvertures, dans les os larges, et.de ceux des extrémités
dans les os longs fracturés. Plusieurs des pièces qu’on a vues, ayant ap-
partenu, à des invalides que M. Larrey avait montrés à l’Académie lors de
(1) Ces nouvelles réflexions sont destinées à faire partie des Mémoires de l'Académie.
C.R. 1838, 19T Semestre. (T. VI, N° 2.) 4
(24)
la lecture de son premier Mémoire, ont dù nécessairemeut jeter la con-
viction dans tous les esprits sur la vérité de ses assertions. Cependant,
afin de faire vérifier de nouveau les phénomènes qui font connaître la
marche de la nature pour obtenir l’occlusion des ouvertures du crâne et le
vrai caractère de la cicatrice, M. Larrey a présenté encore un autre vété-
ran, M. Brunot de Rouvre, officier supérieur dans l’un des régiments
d'infanterie de la grande armée, lequel fut atteint, à la mémorable bataille
de Wagram, 1809, par un éclat d’obus qui lui fractura comminutivement
une grande portion des os qui forment le centre de la suture fronto-parié-
tale. L’extraction que l’on fit au premier pansement, des esquilles nom-
breuses qui étaient résultées de ce fracas, laissa dans cette partie du crâne
une énorme perte de substance, et la dénudation de la dure-mère dans
l'étendue de plusieurs centimètres. Une cicatrice dermoïde et membra-
neuse s’est établie d’abord sur cette grande ouverture; ensuite la nature
à opéré graduellement par un travail d’amincissement et d’allongement
concentrique des fibres ou vaisseaux partant de ses bords pour se rappro-
cher, s’aboucher par leur extrémités, et terminer la cicatrisation , résultat
qui n'a pu avoir lieu complétement chez cet honorable officier ; car il reste
au centre de cette cicatrice large et déprimée, un espace osseux d'environ
deux centimètres de circonférence , où l’on sent, à travers l’opercule mem-
braneux un peu endurci qui bouche cette ouverture osseuse, les pulsations
des artères cérébrales.
» M. Larrey pense qu’il faudra encore de longues années pour que
cette ouverture soit complétement fermée.
» M. Brunot, comme tous les trépanés que M. Larrey a présentés pré-
cédemment à l'Académie, perçoit et distingue parfaitement par la cicatrice
et l'ouverture qui reste au crâne, les sons de la voix de ceux qui lui par-
lent dans ces directions, bien que ses oreilles soient exactement bouchées :
chacun a été à même de répéter cette expérience. »
Note sur le développement centripète du système osseux et ses applications
à la Pathologie; par M. Serres.
Aprés la lecture du Mémoire de M. Larrey, et à l’occasion des vues d’os-
téogénie qu'il renferme, M. Serres présente quelques observations sur le
développement du système osseux et sur leur application aux maladies
dont ce système peut être le siége.
« Les os, dit M. Serres, ne se développent point du centre à la circon-
(25)
férence. Cette hypothèse ancienne a été remplacée par la théorie du déve-
loppement centripète qui donne la formule générale de l'apparition des
noyaux osseux dans le cours de l’embryogénie. Cette apparition première
a toujours lieu sur les parties latérales; de ce point de départ, l’ossification
gagne de proche en proche les parties centrales de l'os.
» De ce principe d'ostéogénie résultent :
» 1°. La loi de symétrie, ou la dualité primitive des pieces centrales et
impaires du squelette de l’homme et des animaux;
» 2°. La loi de conjugaison, ou les règles invariables que suivent dans
leur coalescence les noyaux osseux primitifs;
» 3°. Enfin les maladies dont le système osseux peut devenir le siége!, si
par une cause quelconque cette règle générale de l’ossification est inter-
rompue dans sa marche. C’est même à cause de l'intérêt pratique qui se
rattache à cette manière nouvelle de considérer le développement des os,
que je crois utile de réfuter l'hypothèse de leur formation centrifuge.
» Si l’on considère, avec tous les anatomistes modernes, la vertebre
comme le type ostéogénique du système osseux, on voit que constam-
ment et sans nulle exception, l’ossification commence d’abord par les
masses latérales; ce n’est que quelque temps après qu’elle se montre sur le
corps vertébral et qu’elle se montre par deux noyaux correspondants, l'un
à la moitié droite, l’autre à la moitié gauche.
» D'après les travaux des anatomistes modernes, personne ne doute pré-
sentement que le crâne et la face ne soient également une répétition du
type vertébral. Or, soit que l’on considère le crâne comme une vertébre
unique portée au summum de son développement, soit qu'on le con-
sidère comme un assemblage de trois, de cinq, de huit, de neuf ver-
tèbres , on voit toutes les pièces qui le composent soumises à cette règle.
» Ainsi, dans la supposition que le crâne ne serait qu’une vertèbre,
on observe que toutes les parties latérales et périphériques sont déjà ossi-
fiées, tandis que la partie centrale ou le corps du sphénoïde n’est encore
que LE aimer.
» Dans la supposition plus juste, d’après laquelle ie crâne est un com-
posé de plusieurs vertèbres, on observe sur chacune d'elles la répétition
de la marche de l’ossification vertébrale. Ainsi, sur l’occipital, la portion
centrale ou basilaire est cartilagineuse lorsque déjà les masses latérales
sont ossifiées ; ainsi, sur le coronal, les deux parties latérales restent long-
temps osseuses avant de se réunir sur la ligne médiane ; ainsi, sur le sphé-
noïde, les grandes ailes, de même que les apophyses ptérigôïdés , sont os-
IE
(26)
sifiées à une époque où le corpsiest encore cartilagineux , et sur le corps
lui-même, l’ossification apparaît par quatre noyaux, deux appartenant au
sphénoïde antérieur, deux au sphénoïde postérieur.
» L'ossification procède sur les os de la face de la même manière que
sur ceux du crâne. Ce sont toujours les parties latérales qui ouvrent
la marche, et toujours ce sont les parties qui occupent le centre qui sont
les dernières envahies. D'après cette règle, l'ethmoïde s’ossifie le dernier ;
il est à la face ce qu'est le sphénoïde au crâne. De même que sur ce der-
nier, ce sont les masses ethmoïdales latérales sur lesquelles se développent
d'abord les noyaux osseux; ils ne se manifestent que plus tard sur l’apo-
physe crista galli et sur la lame perpendiculaire et centrale de l'os.
» On voit donc que l’ossification procède de la circonférenceau centre de
l'os, et non du centre à la circonférence. Ce que présente de remarquable
l'histoire de l’ostéogénie, c’est que tous les anatomistes, depuis Kerkring
jusqu’à Senff et Meckel, ont constaté la formation centripète du système
osseux, bien que tous aient conclu en sens inverse de leurs observations.
» Ce mésaccord entre les faits ostéogéniques centripètes observés par
tous les anatomistes, et la conclusion centrifuge qui leur-est diamétrale-
ment opposée, rendirent infructueuses toutes les recherches sur le deve-
loppement du système osseux. Or, en mettant en harmonie les principes
et les faits, on en voit sortir des applications fécondes pour la pathologie.
Je n’en citerai que quelques cas.
» Les parties centrales du système osseux se forment de dehors en de-
dans; il y a d’abord deux moitiés qui marchent à la rencontre l'une de
l'autre. Or, avant de se rencontrer elles sont séparées par un intervalle
d'autant plus grand que l'embryon est plus jeune.
» Si par une cause quelconque ces deux moitiés sont arrêtées dans leur
trajet, non seulement l'os impair et médian ne revétira pas ses formes
normales , mais de plus l'intervalle qui séparait les deux pièces subsistant,
la partie osseuse médiane sera remplacée par une ouverture insolite, au
travers de laquelle pourront s'échapper les organes que le système osseux
est destiné à protéger.
». Ainsi, si les deux moitiés du corps. des vertebres ne se réunissent pas,
la moelle épinière peut s'échapper par l'ouverture qu'elles laissent entre
elles, ce qui donne naissance au spina bifida antérieur et à toutes ses
variétés,
» Si c'estien arrière au contraire que la réunion n'ait pas lieu , il en ré-
(27)
sulte le spina bifida postérieur dont la science possède de si nombreux
exemples.
» Ces, maladies sont aussi fréquentes au crâne qu’à la colonne vertébrale.
Mais ici c’est l’encéphale qui fait hernie au lieu de la moelle épinière. Ainsi,
la non-réunion des masses occipitales latérales laisse échappper en arrière
le cervelet par l'intervalle qui les sépare; la non-réunion des pariétaux laisse
échapper les: lobes moyens, et celle des coronaux donne issue aux lobes
antérieurs de l’encéphale. Ces maladies, bien différentes sans doute par
leurs effets, reconnaissent cependant la même cause, un arrêt dans la mar-
che centripète de formation du système osseux.
» Si nous faisions l'application de cemême principe à la face, nous trou-
verions que les divers becs de lièvre, si fréquents en chirurgie, reconnais-
sent une cause analogue, soit lorsqu'ils sont simples, ce qui est le plus
fréquent, soit lorsqu'ils sont doubles, ce qui est très rare, comme chacun
sait. Enfin dans le bassin, nons verrions que la vessie quitte par la même
cause son domicile habituel.
» Mais, ce qui précède suffit pour montrer les applications de la théorie
centripète à la pathologie. »
RAPPORTS.
ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur appareil destiné à la conservation des grains,
soumis à l'examen de l’Académie; par M. Vazcery.
( Commissaires, MM. Biot, Silvestre, Dupin, Séguier rapporteur.)
« Le sujet dont nous allons avoir aujourd’hui l'honneur de vous entre-
tenir est d’un, haut intérêt; l'appareil soumis à votre examen à pour but la
solution de l'important problème de la conservation des grains, problème
tenté tant de fois et par des méthodes si diverses.
» L’utilité, la nécessité de la conservation des grains est par vous,
Messieurs, si bien comprise, que toutes les considérations générales dont
nous pourrions faire précéder ce rapport, deviennent superflues.
» Nous voudrions, pour nous, montrer discrets dans l'emploi des instants
que vous voulez bien nous accorder, pouvoir nous borner: à vous faire
une simple description de l'appareil de M. Valleryÿ, nous contenter de vous
dire d’après quels principes il est construit, à quelles expériences il a été
soumis par Os commissaires.
(28)
» Mais dans une question aussi grave, ce court exposé ne saurait suffire
pour vous mettre à même de vous former une opinion personnelle sur
l'utilité de cet appareil, et vous permettre d'adopter avec pleine connais-
sance de cause les conclusions de ce rapport.
» La meilleure manière de décrire l'appareil de M. Vallery, d’en discuter
le principe, d’en apprécier les effets, enfin d'en juger le mérite est , sui-
vant nous, de jeter un coup d'œil rapide sur ce qui a été jusqu'à ce jour,
tenté ou proposé pour la conservation des grains.
» En procédant ainsi, nous verrons de suite comment M. Vallery, riche
de l'expérience de tous ceux qui avant lui ont travaillé à la solution de ce
difficile problème, s'est efforcé de réunir dans un seul appareil les circons-
tances diverses dans lesquelles la conservation des grains avait paru être
concentrée.
» Les méthodes expérimentées ou seulement proposées pour assurer
la conservation des grains sont nombreuses : quelques-unes different es-
sentiellement entre elles; d’autres, au contraire, ont une analogie remar-
quable. C’est en examinant les unes et les autres , que nous reconnaïtrons
ce que M. Vallery emprunte à chacune d'elles; nous trouverons aussi le
moyen d'acquérir une opinion beaucoup plus positive sur le succès de son
appareil malgré sa nouveauté.
» Pour vous faire, Messieurs, une analyse succincte des procédés de
conservation proposés par les nombreux agriculteurs et économistes qui
se sont occupés de la solution de cette grande question , nous allons essayer
de classer les procédés suivis ou conseillés en quelques catégories, dont
nous nous bornerons à vous faire l'exposition. On pourrait, suivant nous,
résumer tout ce qui a été fait ou proposé pour la conservation des grains
dans les termes suivants :
» Méthode de conservation par l’aérage ou ventilation avec ou sans
mouvement de grains;
» Méthode de conservation par la dessiccation préalable à l’aide de la cha-
leur ;
» Méthode de conservation par l'emmagasinage dans des greniers solides
et fermés maintenus à des températures basses et constantes ; enfin, mé-
thode de conservation par la privation du contact de l'air et la suspension
de toute communication avec lui.
» Avant d'entrer dans l'examen de ces diverses méthodes, permettez-
nous, Messieurs, de poser, avec Duhamel, le problème à résoudre. Il faut
suivant lui:
(29 )
» 1°. Enfermer une grande quantité de grains dans un petit es-
pace;
» 2°. Faire en sorte qu'il ne fermente pas, qu'il ne contracte aucune
mauvaise odeur ;
» 3°. Les garantir de la rapine des rats, des oiseaux, des chats ( nous
copions son texte );
» 4°. Le préserver des mites, des teignes, des charançons, de tout
autre insecte, sans frais, sans embarras ;
» 5°. Le soustraire enfin aux larcins de ceux chargés de la conserva-
tion.
» Pour remplir toutes les conditions si clairement, si naivement posées,
Duhamel propose de renfermer le blé dans de grandes caisses de bois de
formes cubiques, et de le faire traverser par des masses d’air injectées au
travers du grain à l’aide de soufflets. Après s'être servi de soufflet en cuir,
de ventilateur à force centrifuge, cette belle invention de Desaguliers, peu
appréciée pendant si long-temps, et aujourd’hui utilement mise en œuvre,
Duhamel donna la préférence aux soufflets en bois de l'ingénieur anglais
Hales. Nous voyons dans son intéressant Traité de la conservation des
Grains, comment il procède, à quels intervalles de temps il opère la ven-
tilation ; en dépouillant avec soin ces expériences si méthodiquement faites,
si patiemment suivies, nous finissons cependant par reconnaître que Du-
hamel ne placait pas une confiance illimitée dans la ventilation, puisqu'il
croyait devoir soumettre le grain destiné à la conservation à une dessic-
cation préalable.
» Dans son traité, la description de l’étuve dans laquelle il porte la tem-
pérature jusqu'à 90°, n’occupe pas la moindre place. On y remarque aussi
toutes les ressources de son esprit inventif et fécond, pour rendre peu
dispendieuse l'application de sa méthode; nous signalons particulièrement
la proposition d'emprunter au vent lui-même la force nécessaire pour pro-
duire la ventilation. Son petit moulin à la polonaise, pour mettre en jeu ses
soufflets de Hales, mérite d’être rappelé à nos souvenirs, et lorsque plus
tard nous vous dirons que M. Vallery appelle aussi le vent, ce moteur si
économique, à son aide, vous pourrez, Messieurs, le féliciter d’avoir eu
une idée commune avec le savant Duhamel-du-Monceau (+).
(*) Après la lecture de ce rapport, M. Dulong rappelle que M. Clément Désormes a
proposé, il y a quelques années, pour détruire les charançons , de veutiler le grain
comme Duhamel, seulement en ayant le soin de faire passer l’air avant de l’in-
( 30 )
» Les procédés de Duhamel, qui reconnait lui-même que l’étuve laisse
échapper vivants encore bien des insectes qu'il espère que la ventilation
tiendra plus tard ‘engourdis, rentrent comme vous voyez, Messieurs,
tout-à-la-fois dans la méthode de la ventilation et dans celle de la dessic-
cation.
» Dartigues, plus confiant dans l’aérage, propose de conserver le grain
en le plaçant dans une série de trémies superposées les unes au-dessus
des autres , soutenues par des montants dont les points d'appui peuvent
être tellement isolés, que les rats et les insectes ne puissent y avoir ac-
cès; mais Dartigues ajoute à cette disposition une opération non moins
importante pour obtenir la conservation, et dont peut-être il ne se rendait
lui-même pas compte, c'est le mouvement du grain en le faisant, à des
temps donnés, tomber d’une trémie dans l'autre; il regarde cette ma-
nœuvre comme facile, prompte et peu dispendieuse par son procédé,
puisque, pour chaque versement général d’une trémie dans l’autre, il
n'y a en définitive sur la série entière des trémies superposées, que le
grain contenu dans la dernière à remonter dans la première.
» La méthode de Dartigues, méthode d'aération avec mouvement du
grain, serait incontestablement bonne, si dans son système il était pra-
tiquement possible de faire éprouver au grain un mouvement continu.
» Mais, telle qu’il la décrit et la conseille, sa machine ne résout qu’une
partie du problème, la conservation du grain humide; si elle combat vic-
torieusement la fermentation, elle n’oppose aucun préservatif au ravage
des insectes contenus dans le grain lui-même au moment de son emma-
gasinage, et qui s’y multiplient avec une si effrayante rapidité.
» La méthode de la dessiccation des grains, expérimentée par Duhamel
en 1953, a été proposée de nouveau par plusieurs auteurs. Nous voyons
dans un rapport fait au sein d’une commission de la Société d'Agriculture
du département du Cher, que MM. Cadet-de-Veaux et Terasse-des-Billons,
en 1829, proposaient comme un moyen de conservation , la dessiccation à
haute température du grain, dans des appareils d’une construction parti-
culière à chacun d’eux.
» La machine de M. Cadet-de-Veaux consiste en une espèce de grand
troduire dans la caisse au grain, au travers d’une masse de chaux vive. M. Clément
espérait que cet air, ainsi dépouillé de son humidité, ferait périr les charançons en les
desséchant. Les prévisions de M. Clément n’ont pu être pratiquement réalisées sur
une grande échelle,
(31)
brüloir à café formé par un cylindre de tôle, traversé par un axe dont les
extrémités reposent sur une caisse en tôle. Le fond de cette caisse est
muni d’une grille sur laquelle s'opère la combustion des matières desti-
nées à produire la chaleur nécessaire à la dessiccation; une porte placée
sur les parois du cylindre, sert à introduire et à extraire le grain lors-
qu’il a été soumis pendant un temps suffisant à l'action de cette espèce
d’étuve tournante. La température élevée jusqu’à 90° R., et maintenue assez
long-temps, peut certainement, avec un appareil de ce genre, assurer la
destruction des insectes et des larves contenus dans le grain au moment
de l’opération. Malheureusement elle ne laisse au grain ainsi traité, puis
replacé dans le grenier, aucune garantie contre leur ravage à venir. Outre
la lenteur, la cherté et les difficultés d’une pareille méthode, l’inconvé-
nient, ou si l’on veut la seule possibilité d'enlever au grain sa vertu germi-
native suffit pour en proscrire l'emploi.
» Le moulin insecticide de M. Terasse-des-Billons, est encore une étuve
tournante , seulement d'une disposition beaucoup plus compliquée. Nous
vous donnerons une idée nette de cet appareil, en vous disant qu’il res-
semble à une vis d’Archimede à plusieurs rangs d’hélices concentriques
dont les uns débouchent dans les autres, de cette sorte que le grain placé
dans l’hélice du centre, après en avoir parcouru toutes les circonvolutions,
revient sur lui-même dans celle du second rang pour retourner enfin en
parcourant celle du troisième. Cette disposition a pour but de rendre plus
longue la durée de la circulation du grain dans l'appareil.
» Pendant tout son parcours dans ces vis concentriques dont les enve-
loppes sont formées de toile métallique; le grain est soumis à la haute tem-
pérature d’un foyer de charbon de bois placé dans la partie inférieure de
la caisse qui contient le cylindre à hélices dont nous venons de donner la
description.
» Les réflexions que nous avons faites sur la machine de M. Cadet-de-
Veaux, s'appliquent également à ce dernier appareil, malgré sa disposi-
tion ingénieuse, qui permet de faire faire un parcours de plus de 300
pieds à des grains enfermés dans un cylindre de cinq pieds de long.
Quelques partisans de l’étuvage des grains ont aussi proposé, pendant
cette opération, de le soumettre à l'action chimique de certaines subs-
tances réduites en gaz par le feu, pour assurer ainsi la destruction des
insectes ; mais l'expérience a démontré l'impossibilité de pareilles fumiga-
tions, qui laissent aux grains une odeur et un aspect nuisibles, tout au
moins à la vente.
CR. 1838, 19r Semestre. (T. VI, N° 2.) 5
(32)
» La pensée de conserver des grains dans des greniers cubiques fermés
et placés dans des lieux dont la température basse varie peu , a été déve-
loppée par M. de Lacroix; il annonce avoir fait, dans les caves d'Ivry,
dont il était alors propriétaire, des essais qui lui permettent d’avoir une
complète confiance dans la conservation du grain placé dans des chambres
de maconneries , tapissées de carreaux émaillés, disposées dans des souter-
rains dont la température serait continuellement maintenue à des degrés
inférieurs.
» M. le comte Dejean a aussi proposé d’emmagasiner les grains par
grandes masses, dans des capacités revêtues de plomb laminé en feuilles
minces et soudées. Des expériences tentées dans le local de la manuten-
tion des vivres, où des masses de blé assez importantes ont été ainsi con-
servées dans de vastes cylindres de plomb, ne prouvent malheureuse-
ment qu'une chose, c’est que du grain de bonne qualité (bien sec), ren-
fermé sans insectes dans de vases clos, où ceux-ci ne peuvent point en-
trer, se conserve en bon état. De ce point à la solution du problème, tel
que Duhamel le posa, tel que nous le poserons plus tard avec M. Vallery,
il y a un espace immense.
» La méthode de conservation par la privation du contact de l'air, par
l'empèchement de tout renouvellement, l’ensilotage des grains, en un
mot, a plusieurs fois été tenté en France, et sans succès. En vous citant,
Messieurs, les expériences faites par Ternaux, dont plusieurs d’entre vous
se rappelleront peut-être d’avoir été les témoins, permettez-nous en pas-
sant de rendre un court hommage à la mémoire du citoyen désintéressé
qui s’efforca pendant toute sa vie d'introduire et de développer dans sa
patrie, toutes les méthodes étrangères qui lui paraissaient devoir présenter
quelques avantages pour la France.
» Il résulte des procès-verbaux dressés lors de ces expériences, que le
blé placé dans des silos intérieurement tapissés de paille épaisse, cons-
truits avec tous les soins désirables , mais peut-être aussi dans des ter-
rains peu convenables pour ce mode de conservation, y contractait bientôt
une humidité telle, qu'il y prenait une odeur de moisissure et un aspect
rude, qui le rendait peu propre à la vente.
» Ces expériences, plusieurs fois répétées, ne présentèrent quelques
apparences de succès, que pour des grains dont on avait eu soin d'opérer
la dessiccation par des pelletages réitérés, sous l'influence des rayons so-
laires.
» Le soin apporté au choix des grains, le nettoyage scrupuleux auquel
(33)
ils avaient été soumis, l’absence de tout insecte, feront des expériences
mêmes qui auront eu un plein succès, une classe à part, qu’il est impos-
sible d'offrir au besoin d’une conservation usuelle de toute espèce de
grains, secs ou humides, infectés ou non par la présence des in-
sectes.
» Le succès de l’ensilotage des grains dans nos provinces méridionales,
en Italie, en Espagne, aux iles Baléares, en Afrique, et notamment en
Égypte, comme nous pouvons nous en convaincre dans les détails aussi
utiles que curieux, consignés par notre honorable collègue, M. le baron
Larrey, dans son ouvrage sur cette contrée, permet d’en attribuer la
conservation, surtout à une parfaite dessiccation naturelle des grains ;
signalons donc cette condition de siccité du grain, comme une des plus
essentielles à sa conservation.
» Nous venons, Messieurs, de faire passer rapidement sous vos yeux,
les diverses méthodes expérimentées ou conseillées pour la conservation
des grains; de toutes ces méthodes, quelles sont celles qui ont pu être
réalisées pratiquement en France? Aucune! Serait-il vrai de dire que le
problème n’est point encore complétement résolu? L’antique et grossier
pelletage du blé dans le grenier, serait-il donc, en dernière analyse, le
meilleur et le plus simple des moyens de conservation.
» Nous avons vu que la ventilation, l’aérage, en facilitant la dessicca-
tion du grain, le dispose à se conserver; tout à l'heure, en étudiant avec
M Vallery les mœurs des insectes qui exercent sur le grain de si fà-
cheux ravages , nous allons reconnaître que le pelletage, en troublant
leur repos, en refroidissant les masses où ils se réunissent, gène leurs
habitudes, et s’oppose à leur reproduction.
» Pelleter le blé, le pelleter souvent, et par cette opération mettre en
fuite momentanément les insectes, diminuer leur reproduction par l’a-
baissement de la température nécessaire à l’éclosion des œufs , au déve-
Joppement des larves; enlever ainsi au grain son excès d'humidité, le
soustraire à la fermentation, voilà déja bien des conditions de remplies
par un procédé si simple et si grossier : pourquoi donc chercher encore?
Pourquoi, Messieurs, pour trouver le moyen d’empécher les insectes mis
en fuite de rentrer dans la masse, pour forcer ceux qui y sont à en
déguerpir, pour obtenir enfin tous ces avantages à bon marché.
» Nous voici arrivés à la machine de M. Vallery; lui aussi, comme
Duhamel, pose les conditions dans lesquelles il espère résoudre le pro-
blème, énumérons-les d’abord; nous examinerons plus tard si l'appareil
(34)
tient tout ce que promet son auteur. Le programme de M. Vallery est ainsi
concu :
» 1°. Pouvoir renfermer dans un espace donné, quatre fois autant de
grains que par la méthode ordinaire.
» 2°. Remuer le grain avec la plus grande facilité, et de la manière la
plus parfaite, sans qu'il soit utile d'entrer dans l'intérieur de l'appareil ,
cela avec la faculté d'appliquer à ce travail telle force motrice qu’on jugera
plus économique, suivant Les localités; le vent, par exemple.
» 3°. Faire passer un courant d'air à travers la masse de grain pendant
qu'elle est en mouvement, en faire éprouver l'influence à tous les grains
sans exception.
» 4°. Préserver les grains des atteintes des animaux rongeurs, et des
insectes qui les recherchent pour en faire leur nourriture.
» 5°. Ne point laisser aux insectes du dehors la possibilité de rentrer
dans l'appareil.
» 6°. Maintenir toujours le grain soumis à la conservation, dans un
parfait état de salubrité.
» 7°. Donner la faculté de conserver le grain des années les plus hu-
mides, réputé impropre à la conservation; pouvoir même, sans augmen-
tation sensible de frais, sécher et conserver du blé accidentellement pé-
nétré d’eau.
» 8°. Rendre à l'écorce du vieux blé le degré de coriacité et de sou-
plesse qui convient le mieux à la mouture, en faisant à volonté traverser
la masse du grain par de l'air chargé d'humidité.
» 0°. Enfin, conserver avec économie les plus petits comme les plus
importants approvisionnements.
» L'appareil de M. Vallery, celui qui doit réunir des conditions si
diverses, et cependant d’une si grande importance, est tout simplement ,
Messieurs, un grand cylindre de bois, construit à claire-voie, tournant
horizontalement sur son axe; le grain qu'on lui confie ne doit pas le
remplir en entier, pour jouir, pendant la rotation, d’un mouvement
propre sur lui-même. Un ventilateur à force centrifuge, est placé à l’une
de ses extrémités : ce ventilateur, en aspirant l'air contenu avec le grain
dans le cylindre, force l'air extérieur à traverser le grain, pour venir
opérer le remplacement et s'opposer à une dépression intérieure; l’action
du ventilateur est combinée avec la rotation du cylindre; le mouvement
successif de tout le grain contenu dans le cylindre, facilite un complet
aérage.
(35)
» Tel est l'exposé sommaire de l'appareil Vallery; permettez-nous,
Messieurs, d’entrer dans quelques explications de détail. M. Vallery a
très bien senti qu’en plaçant, comme il le fait, du grain dans un cylindre,
sans le remplir complétement, il aurait besoin , pour opérer la rotation,
de lutter constamment contre le déplacement du centre de gravité de toute
la masse. Aussi, pour réduire considérablement la force nécessaire à cette
espèce de pelletage mécanique, a-t-il très ingénieusement disposé son grain
dans une série de compartiments symétriquement groupés autour d’un
tube creux qui demeure vide et forme le centre de tout le système. Ce
tube central sert à l'écoulement de Pair aspiré par le ventilateur. Par cette
disposition , les cases se faisant équilibre les unes aux autres, il n’a plus à
vaincre que des déplacements de centre de gravité partiel ; il réduit ainsi
l'effort nécessaire au mouvement de rotation dans un rapport de 13 à 47.
Cette disposition présente en outre l'avantage de multiplier les surfaces du
grain pour l’offrir à la ventilation.
» L’enveloppe extérieure du cylindre est formée de douves de bois for-
tement réunies par des cercles à vis de rappel. De nombreuses ouvertures
pratiquées symétriquement dans toutes les douves sont garnies de toile
métallique; elles donnent entrée à l'air et fournissent aux insectes troublés
dans leurs habitudes, comme nous l’expliquerons plus tard , des issues pour
fuir. Les supports de tout le système sont convenablement isolés pour op-
poser à la rentrée des insectes nuisibles un obstacle insurmontable. Aux
mêmes supports est fixé un toit léger, garni à son pourtour d’une gouttière
remplie d'eau recouverte d'huile, ou mieux encore d'huile pure; ce toit
a pour but de prévenir l'introduction des insectes, que leur instinct
conduirait à se laisser tomber du plafond sur l'appareil en repos (1). Nous
vous parlons de l'instinct des insectes, c’est le moment de vous faire re-
marquer que l'étude de leurs mœurs , de leurs habitudes, pouvait seule
conduire sûrement à un appareil efficace pour la conservation du grain.
Aussi, mieux avisé que ses devanciers, M. Vallery a-t-il cru prudent de bien
(r) M. Vallery n’avait combattu que la rentrée des insectes par des augets rem-
plis d’eau. Un membre de la Commission lui conseilla d'empêcher l’évaporation de
l’eau par une couche d'huile, ou mieux encore, de ne mettre dans les godets que de
l’huile dont la viscosité devient une véritable glu où s’arrêtent tous les insectes. Un
autre membre pensa qu’il était également très facile d’empècher l'introduction des rats
et des souris, en plaçant tout autour de chaque support des espèces de herses en fil de
fer, dont les pointes inclinées seraient dirigées de haut en bas.
(36 )
reconnaitre son ennemi, de soigneusement étudier sa tactique avant de
lui livrer combat; il lui fallait triompher à la fois de la fermentation et du
ravage des insectes. Vous avez déjà compris que l’aérage est l'arme vic-
torieuse qu’il a opposée à la fermentation. Écoutons le récit de ses observa-
tions sur les insectes, et voyons pourquoi et comment le mouvement du
grain doit compléter sa victoire. M. Vallery a dû étudier les insectes sous
le point de vue spécial de la conservation du grain; il a reconnu que les
charançons quittent en automne les monceaux de blé, aussitôt que la tem-
pérature cesse d’être de 8 ou 9 degrés centigrades; qu'ils ne s’accouplent
plus pour la reproduction de leur espèce, dès que le thermomètre est des-
cendu au-dessous de 10 à 12 degrés. Il a encore constaté que les charan-
cons aiment essentiellement le repos; qu’aussitôt qu’ils sont troublés ils
quittent les endroits qu'ils habitent et vont chercher ailleurs une tran-
quillité indispensable à leur existence.
» Les charançons ne se livrent à la reproduction qu'à la surface des
tas de blé; aussitôt que la femelle est fécondée, elle s’enfonce dans l’inté-
rieur des tas et dépose un œuf, non à la surface des grains, mais sous
l’épiderme, afin que la larve qui en naîtra puisse pénétrer immédiatement
dans le grain. La femelle rebouche par une substance glutineuse l’ouver-
ture qu’elle a pratiquée. L'observation apprend que tout œuf déposé ne
donne naissance à la larve qu’au bout de sept ou huit jours, suivant l’état
de la température; trente-quatre ou trente-cinq jours s’écoulent jusqu’au
moment où la larve se convertit en chrysalide. C’est après un repos de
huit jours que le charancon brise son enveloppe et parvient à l'état d'in-
secte parfait; d’abord d’un jaune pâle, il passe promptement au jaune
foncé. Neuf ou dix jours après leur dernière métamorphose, ces insectes
commencent à s'unir pour la reproduction; soixante à soixante-quatre
jours s’écoulent donc depuis la ponte de l'œuf jusqu'au moment où les
charançons sont devenus aptes à se reproduire. C’est en appliquant le cal-
cul à ces observations , que M. Vallery démontre que, pendant les nom-
breuses journées où le thermomètre ne descend pas au-dessous de
12 degrés, douze paires de charançons peuvent procréer 75,000 individus
de leur espèce. C'est en multipliant par ce nombre effrayant l'unique grain
de blé consommé par chaque larve, qu’on arrive à une appréciation ef-
frayante, cependant beaucoup trop faible, du dégât causé par ces insectes ;
car chaque charançon parvenu à l’état parfait, détruit encore une certaine
quantité de grain.
» Le désir de confirmer par une expérience directe ces supputations
(37)
arithmétiques, a porté M. Vallery à placer le 25 avril, dans une boite
bien close, 5o k. de blé, préalablement étuvé, à 80 degrés, pour faire
périr tous les insectes ou larves qu'il pouvait contenir, et à y renfermer
ensuite, après avoir rendu à l'écorce du grain par de l'air humide son
degré habituel de souplesse, douze paires de charançons. L'ouverture de la
boite, à la fin de l’année, offrait un déchet de 15 k., c’est-à-dire d’en-
viron 30 p. °/,. Les grains de blé restant, presque tous attaqués, avaient
contracté une odeur des plus désagréables.
» Si l’on réfléchit, dit M. Vallery, que la farine existe dans le blé
dans un rapport avec le son de 65 à 95 p. °/,, on verra que le déchet de
30 p. °%, résultat de l'expérience précitée, n'ayant porté que sur la fa-
rine, il a dépassé en réalité 45 p. ‘y. M. Vallery fait remarquer avec
bonne foi que pendant cette expérience toutes les conditions de chaleur et
de repos indispensables à la multiplication de ces insectes se trouvaient
réunies. Ces observations, conformes par leur résultat à celles faites par
Joyeuse en l'année 1768 à Avignon, révélèrent à M. Vallery si positivement
la nécessité de la chaleur et du repos absolu pour la reproduction du cha-
rançon, qu'elles devinrent pour lui le plus utile enseignement; il déclare
avoir été ainsi conduit à bien comprendre les doubles avantages qu'offrirait
contre la fermentation et contre les insectes un appareil oùle grain pourrait
être facilement remué et refroidi. Le charançon n’est pas le seul insecte des-
tructeur que M. Vallery ait étudié avec soin; l’alucite a été aussi l'objet d'ob-
servations qui lui ont permis de reconnaitre que cet insecte, seulement dan-
gereux à l'état de larve, dépose son œuf, non comme le charançon, sous
l'épiderme , mais simplement à la surface du grain : l'expérience lui a dé-
montré qu'un simple brossage l'en détachait avec facilité. M. Vallery
pense donc que pour combattre cet autre ennemi, qui n'attend pas que
le grain soit récolté pour l’attaquer, mais qui y dépose ses œufs alors qu'il
est encore sur pied, il suffit avant d’emmagasiner du grain dans son gre-
nier mobile, de le faire passer entre des cylindres brosseurs. Pour empêcher
l’alucite de venir déposer plus tard ses œufs sur le grain en conservation,
M. Vallery, suivant l'indication judicieuse de M. Audouin, placera une
seconde toile métallique sur les ouvertures, à une petite distance de la pre-
mière.
». Nous venons de vous décrire succinctement l'appareil de M. Vallery ;
nous. avons fait connaître ses observations particulières sur les mœurs des
charancons, observations du reste conformes en tout point avec celles
des naturalistes; nous avons laissé M. Vallery vous dire comment ces re-
(38)
marques l'avaient conduit à reconnaître et à adopter l’aérage et le mouve-
ment comme principes fondamentaux de tout appareil de conservation.
C’est maintenant à vos Commissaires à vous rapporter avec impartialité les
expériences auxquelles ils ont cru devoir soumettre cette machine agricole;
il est temps de vous fournir les bases qui ont servi à notre conviction;
nous allons le faire en dépouillant avec vous les procès-verbaux des ex-
périences.
Proces-verbaux des expériences faites en juin et juillet 1837, par la Commission
chargée d'examiner l'appareil déposé à l’Institut par M. Varreny.
» L'un des principaux objets des expériences dont il nous reste à vous
rapporter les détails, étant de reconnaître l’efficacité de l'appareil sur
les insectes, vos Commissaires ont cru utile d'appeler à leur aide M. Au-
douin, professeur d’entomologie au Muséum; votre Commission le re-
mercie de sa coopération assidue; votre Rapporteur lui exprime ici per-
sonnellement sa gratitude, pour l’obligeante communication qu'il a bien
voulu lui donner des notes tenues par lui pendant toute la durée des ex-
périences.
» Première expérience. — Le cylindre de l'appareil d’essai a 1 mètre
17 centimètres de longueur, 70 centimètres de diamètre; il est divisé en
plusieurs compartiments.
» Le lundi 19 juin 1837, il est rempli aux # de blé du commerce.
» Le mercredi suivant, une très grande quantité de charancons , éva-
luée par approximation à 5 000 ou 6000, sont placés avec précaution dans
un seul des compartiments; l’observation fait bientôt reconnaître que les
charançons se sont réellement installés ; ces insectes sortant d'un bocal
où ils étaient entassés avec peu de nourriture, trouvent dans le grain du
cylindre resté immobile, une position convenable.
» Les choses demeurent en cet état jusqu’au 30, le thermomètre étant
resté au-dessus de 14 degrés , les insectes ont pu s’accoupler, l'expérience
en a été acquise plus tard, par les jeunes larves trouvées dans des grains
qui furent ouverts pour s’en assurer. Cette expérience, toute prépara-
toire, a eu pour but de bien laisser établir le charançon dans la masse,
afin de s'assurer que la machine a réellement la propriété de le faire dé-
guerpir. La Commission désirait placer le charançon au moment des ex-
périences qui vont suivre, le plus possible dans ses habitudes ordinaires.
» Deuxième expérience. — Une partie du blé charançonné est extraite
le 30 juin du cylindre, et placée dans un cylindre plus petit, sans com-
(39 )
partiments intérieurs , de 1 mêtre 28 centimètres de long, de 18 centi-
mètres de diamètre. Les douves du petit cylindre sont percées de trous
garnis de toile métallique à mailles assez grandes pour laisser sortir les
insectes. Cet appareil est disposé de façon à emprunter un mouvement de
rotation lent et continu à un gros tourne-broche. Une enceinte carrée,
circonscrite par une gouttière de zinc remplie d'eau, est préparée au-
dessous du cylindre en mouvement.
» Cette disposition a pour but de recueillir les charançons qui cher-
cheraient à fuir; l'appareil fait cinq à six tours à l'heure. A peine a-t-il
commencé à tourner, que l’on remarque les charançons sortant par cen-
taines à travers les toiles métalliques; ils se laissent tomber sur le sol,
se réfugient dans tous les coins de l’enceinte; grand nombre se précipi-
tent dans l’eau de la gouttière, qu'ils ne peuvent franchir. Dès le deuxième
jour du mouvement, on n’aperçoit plus que fort peu de charançons ; le
troisième jour, on n’en voit plus aucun pendant une heure entière de
scrupuleuse observation.
» Tous les charancons paraissent donc, dès le troisième jour d’agita-
tion, avoir complétement fui ; néanmoins, le mouvement est continué sans
interruption jusqu’au 24 juillet.
» Ce jour, le scellé de l’Académie enlevé, l'appareil ouvert, le blé est
étendu sur un drap; vérification faite, aucun charançon n'y est apercu.
Un fait digne de remarque mérite d’être consigné : pendant cette expé-
rience de vingt-quatre jours consécutifs, lorsque depuis quelque temps
il ne sortait plus de charançon du cylindre, un seul de ces insectes se
fit tout à coup remarquer; il était d’une couleur plus päle, le peu de
consistance de son corps montrait qu'il venait d’éclore. De ces observa-
tions , on peut conclure que la rotation n’avait point empêché le déve-
loppement de la larve, ne s'était point opposée à la métamorphose en
nymphe, n’avait point arrêté sa transformation en insecte parfait, mais
produisait son effet ordinaire d’exclusion sur l’insecte, qui avait pourtant
subi son changement d'état sous l'influence du mouvement.
» Vos Commissaires conclurent de cette première expérience, que si
l'appareil de M. Vallery ne parvient pas à entraver le développement
d’une génération préexistante dans le grain soumis à son action, on peut
affirmer qu’une seconde génération est rendue impossible, puisqu’à peine
nés, les insectes cherchent à fuir : ils ne pourraient non plus se livrer
à l'accouplement dans les circonstances du mouvement imprimé à la
masse de grain qu'ils habitent.
C. R. 1838, rer Semestre, (T. VI, N° 3.) 6
(40)
» Troisième expérience. — L'expérience qui précède pouvait paraître
concluante, mais on avait opéré sur ,une petite échelle, il convenait de
s'assurer si, placé dans une grande masse de grains, les charançons se
comporteraient de la même maniere.
» Un appareil de grande dimension, 5 mèt. de long sur 2 mèt. 33 cent.
de diamètre, venait d’être établi par ordre du Ministre du Commerce, à
Paris, rue de Chabrol; sa contenance, de 165 hectolit., offrait la possi-
bilité de répéter l'expérience en grand. Voici comment il y fut procédé :
» L'appareil, divisé en huit compartiments, fut chargé de 120 hectolit.
seulement, afin de laisser au grain la place de se mouvoir sur lui-même.
Le 22 juillet on fit choix, pour l'expérience, d’une seule des cases; elle
fat infectée de 37,950 charançons. On obtint cette appréciation numéri-
que assez exactement en jaugeant la capacité du bocal qui renfermait les
charançcons, en comptant plusieurs fois, pour obtenir une moyenne, le
nombre d’insectés vivants contenus dans un centimètre cube.
» Le cachet de l’Académie apposé, le grenier mobile fut mis en mou-
vement; l'opération commencée ce jour à midi, dura jusqu’à 8 heures :
trois tours de cylindre, opérés en 30 minutes, étaient suivis d’un repos
de 30 minutes. La réflexion suggéra à vos commissaires ce mode d’expé-
rimentation; ils pensérent qu’un temps d’arrèt pourrait rendre plus facile
la sortie des insectes , contrariés dans leurs habitudes pendant la période
d’agitation.
» Il arrivait en effet, pendant la période de rotation, que beaucoup de
charancons prêts à fuir étaient ensevelis de nouveau sous le grain qui s’é-
boulait sur eux. L'expérience se continua avec les mêmes intermittences
le lendemain 23; elle ne fut arrêtée que le lendemain 24 à midi : la durée
totale des intervalles de rotation et de repos fut donc de 48 heures.
» Dés le premier jour, 22 juillet, les charançons abandonnaient la case,
le second jour, 23, ils fuyaient en grand nombre, le 24 on ne les aper-
cut plus qu’à de longs intervalles. Les charançons courants étaient re-
trouvés sur les murs du hangar, ou groupés dans les angles du bà-
timent.
» Les scellés, levés à 5 heures du soir le 24, permettent de constater
les résultats suivants : 10 hectolit. retirés de la case infectée par les 37,950
charancons, furent étendus sur des draps scrupuleusement examinés par
quatre personnes; elles n’y rencontrèrent aucun insecte. 3 ou 4 hectolit.
restés dans la case soumise au même examen, ne révélèrent la présence
que de 20 charançons, encore est-il de notre devoir de faire remarquer
(41)
que pendant que l’on procédait à l'examen de la première partie, l'appa-
reil recut une violente commotion qui a pu peut-être faire retomber dans
la masse du grain des insectes qui déjà en étaient sortis, mais qui adhé-
raient encore aux parois du cylindre. 4
» De cette expérience, il résulte rigoureusement que sur les 37,950
charançons placés dans une des huit cases composant le cylindre chargé
de r20 hectolit. de blé, il ne s’est plus retrouvé, après 48 heures de
mouvement dans les 15 hectolit. de la case infectée, que:20 charançons.
» Votre Commission après avoir constaté ce résultat remarquable crut
pouvoir passer à un autre ordre d'expériences, celles ayant pour but de
reconnaître sil’appareil Vallery était propre par la ventilation qu’il faitsubir
au grain à opérer la conservation même des plus humides.
(Voir le procès-verbal particulier de cette expérience. )
» Le blé contenu dans l'appareil déposé à l’Institut ayant été mouillé,
son volume augmenta tellement, qu’il fut nécessaire d'en.enlever le sixième
pour rétablir dans l'appareil Pespace vide sans lequel le grain pendant. la:
rotation ne pourrait prendre de mouvements sur lui-même.
» Le cylindre mis en activité à quatre heures, resta exposé à l'aspiration
du ventilateur jusqu’à huit heures du soir. L'expérience reprise le lende-
main matin fut continuée, et avant le soir le blé était entièrement séché.
Nous plaçons ici, Messieurs, une remarque faite sur le blé sorti du petit
cylindre, resté soumis à une rotation continue de vingt-quatre jours : ce
grain avait acquis Ce que l'on appelle sur les marchés Ja main, àun tel
point qu’en le serrant entre les doigts il échappait de toute part: C’est ici
le moment de vous citer une seconde expérience de dessiccation faite en
grand ; mais il est vrai hors la présence de vos Commissaires, dans'un
appareil semblable à celui construit rue de Chabrol, monté'par M. Vallery,
chez M. Darblai à Corbeil.
» Le 16septembre 165 hect. deblé lavé, pesantensemble 6534kil., ayant
été placés dans le cylindre en furent extraits le 18 octobre même année,
ne pesant plus que 6 345 kil.; la différence en poids fut donc, apres trente-
deux jours d’emmagasinage dans le grenier mobile, de 189 kil. ; la diffé-
rence en mesure s’est trouvée de 10 hect. #.
» De tout ce qui précède vos Commissaires ont conclu que le grenier
mobile, isolé et ventilé de M. Vallery, débarrasse le blé du charançon
contenu au moment de l'emmagasinage, met le grain complétement à
l'abri des ravages ultérieurs, en opposant une barrière infranchissable
aux nouveaux insectes qui chercheraient à s'y introduire; que cet ap-
Ù 6.
(42)
pareil prévient la fermentation par suite de l'aérage auquel il soumet le
grain ; qu'il rend possible l'humidification d’un blé trop sec, par la facilité
qu'offre l’aspiration du ventilateur de faire traverser la masse par de l'air
chargé de vapeur.
» Vos Commissaires reconnaissent également que l’appareil Vallery per-
met d'emmagasiner le grain dans un espace très réduit.
» Pour compléter, Messieurs, l'appréciation de cette machine agricole
d’un intérêt si grave sous le point de vue de ses applications pratiques et
commerciales , il nous restait à traiter de questions qui nous ont semblé
sortir du rôle purement scientifique de l’Académie des Sciences. Vos
Commissaires ont pensé qu'ils devaient laisser ces questions intactes et at-
tendre leur solution de l'expérience elle-même; ils ont donc l'honneur de
vous proposer, comme conclusion de ce rapport, de déclarer que le grenier
mobile isolé et ventilé de M. Vallery, fondé sur la combinaison judicieuse
de l'aérage et du mouvement , réunit les conditions physiques nécessaires ,
tant pour la conservation du grain que pour l'expulsion des insectes qui s'y
attachent ; qu’il mérite sous ce double rapport votre approbation. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
NOMINATIONS.
L'Académie, conformément à son réglement, procède par voie de scrutin
à la nomination d’un membre de la Commission administrative.
Le membre sortant peut être réélu.
Le nombre des votants est de 49. Au premier tour de scrutin,
M. Poinsot obtient . . . . . . . 38 suffrages
Mhiboncele tra eu NRA EMIETC
MAT AGCTOTX au 0e PR OR Re OCe EnTIETES
M bri.. I
M. Coriolis. 1
M. Poinsot est, en conséquence, proclamé membre de la Commission
administrative pour l’année 1838.
(43)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANALYSE MATmÉMATIQUE. — Mémoire sur les coordonnées curvilignes ;
par M. G. Lamé.
(Commissaires, MM. Lacroix, Sturm. )
« Dans un travail de physique mathématique, inséré dans le Journal de
l'École polytechnique , j'ai donné les formules générales qui peuvent ser-
vir à transformer des équations aux différences partielles, en coordonnées
curvilignes; mais comme le but que je me proposais alors était purement
analytique, j'avais négligé d'interpréter géométriquement ces diverses for-
mules. Cette interprétation complète est le sujet du mémoire que je sou-
mets aujourd’hui au jugement de l’Académie. Je vais essayer d'en donner
ici le résumé succinct.
» Une fonction déterminée de trois coordonnées linéaires, égalée à une
constante, représente une infinité de surfaces de la même famille, qui ne
différent les unes des autres que par la valeur numérique de la constante,
qu’on peut désigner sous le nom de paramètre. J'appelle surfaces conju-
guées orthogonales, trois systèmes de surfaces semblables, coexistant dans
l'espace, et ayant entre eux cette relation de position, qu’une surface d’un
des systèmes coupe à angle droit toutes les surfaces appartenant aux deux
autres. L'ensemble de ces surfaces offre un genre particulier de coordon-
nées curvilignes, car un point sera déterminé dans l’espace, si l’on connaît
les trois surfaces conjuguées qui se coupent en ce point, ou les valeurs
numériques des trois paramètres qui particularisent ces surfaces.
» Le nombre de ces coordonnées curvilignes est sans doute illimité ;
mais la condition d’être orthogonales établit des relations constantes en-
tre les éléments des surfaces conjuguées, dont la connaissance est néces-
saire pour transformer et simplifier les formules analytiques, exprimées
dans chaque système de coordonnées. Parmi ces relations, il en est une qui
indique que Les intersections des surfaces conjuguées ne sont autres que
leurs lignes de courbure. Cette propriété remarquable a été démontrée pour
la première fois, sur les surfaces orthogonales du second degré, par
M. Binet, et ensuite d’une manière générale par M. Charles Dupin. Quant
aux autres relations, les seules qui puissent servir à la transformation des
(44)
coordonnées, elles expriment les lois que suivent les courbures des sur-
faces conjuguées.
» La courbure d’une ligne ou d’une surface, en un point et dans un plan
déterminés, étant totalement définie par la fraction dont le numérateur est
l'unité, et le dénominateur le rayon du cercle osculateur, on peut appeler
cette fraction coefficient de courbure, ou simplement courbure. D'après
cela, en chaque point de l’espace, découpé par un système de surfaces
orthogonales, correspondent six courbures, en général différentes, appar-
tenant deux à deux aux trois surfaces conjuguées qui se coupent en ce
point. Les trois lignes d’intersection de ces surfaces forment en quelque
sorte trois axes courbes dont le point considéré est l'origine.
» Dans cette représentation géométrique, chacune des surfaces coordon-
nées a pour lignes de courbure les deux axes qu’elle contient, et les cen-
tres de ses deux sphères osculatrices sont situées sur la tangente au troi-
sième axe. D'un autre côté, chaque axe étant une ligne de courbure pour
chacune des surfaces coordonnées dont il est l’intersection, cet axe doit
être considéré comme offrant deux courbures différentes, mesurées dans
les plans tangents à ces surfaces. Les six courbures réunies des trois axes
sont d’ailleurs les mêmes que celles des surfaces coordonnées.
» Les variations que les six courbures éprouvent, lorsqu'on passe d’un
point à un autre sur les axes courbes, sont soumises à des lois très simples;
pour les énoncer, quelques définitions sont nécessaires. J'emploie l’ex-
pression de courbures conjuguées en axe ou en surface, pour désigner les
deux courbures d’un même axe ou d’une même surface coordonnée. J'ap-
pelle plan d'une courbure, celui de son cercle osculateur. Enfin, je donne
simplement le nom de variation d’une quantité suivant une certaine ligne,
à la limite du rapport de l’accroissement de cette quantité à l'arc parcouru
sur la ligne.
». D’après ces conventions, les lois qui régissent les six courbures ex-
priment, d’une part, que la variation d’une courbure, suivant l'axe nor-
mal à son plan, est égal au produit de sa conjuguée en axe, par son excès
sur sa conjuguée en surface; et d'autre part, que Le produit des deux cour-
bures d'une méme surface, augmenté de la somme des carrés de leurs conju-
guées en axe, est égal à la somme des variations de ces deux dernières
courbures, suivant leurs arcs réciproques. Ces lois principales conduisent à
d'autres lois secondaires que je me dispenserai d’énoncer ici.
» Lorsque les trois systèmes conjugués appartiennent à la classe des sur-
faces isothermes, les six rayons de courbure, en chaque point de l'espace,
(4)
ont des grandeurs telles que le produit de trois d'entre eux, pris dans un cer-
tain ordre, est égal au produit des trois autres. Cette loi que j'avais trouvée
pour les surfaces conjuguées du second degré, fait donc partie de la défi-
nition géométrique de tous les systèmes de surfaces orthogonales 1so-
thermes. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur le Calcul des effets des, machines à
vapeur, contenant. des équations générales de l'écoulement permanent
ouw périodique des fluides, en tenant compte de leurs dilatations et
de leurs changements de température, et sans supposer qu’ils se meuvent
par tranches parallèles, ni par filets indépendants; par M. BARRÉ DE
SarnT-VENANT, ingénieur des ponts et chaussées,
(Commissaires, MM. Coriolis et Savary.)
(Extrait par l’auteur.)
.« Les mémoires présentés en 1837 par M. de Pambour, et son Traité
des locomotives; ont mis sur la voie d’une bonne théorie. des machines
à vapeur. Sa formule principale donne même déjà, quoique fort simple,
le moyen de résoudre, avec une approximation ordinairement suffisante,
une partie notable des questions pratiques que présente l'établissement
de ces machines.
» À cette formule, que Navier s'est empressé d'adopter, et qui est par-
faitement exacte dans l'hypothèse (qui est celle de M. de Pambour) où la
température du cylindre est la même que celle de la chaudière, le mé-
moire présenté aujourd'hui n’a pas pour objet de substituer une autre
formule , applicable au même cas. L'auteur s’est seulement proposé :
» 1°. D’adapter la formule de M. de Pambour, par une modification con-
venable, au cas assez ordinaire où la température du cylindre n’est pas
la même que la température de la chaudière;
» 2°. D'essayer de calculer la différence qui doit s’établir naturellement
entre les deux températures; et, quand cette différence est effacée, de
calculer quelle quantité supplémentaire de chaleur a dû fournir le foyer
pour la faire disparaître;
» 3°. De poser aussi quelques bases de calcul pour déterminer la
grandeur de la différence (dont l'existence a été si bien mise en lumière
par M. de Pambour) entre la pression dans le cylindre et la pression dans
la chaudière; détermination qui est liée à celle de la différence de tem-
pérature, et qui, du reste, intéresse l'établissement de la machine.
(46)
» Pour cela, l’auteur, divisant en éléments infiniment petits (et non
en tranches, comme on le fait ordinairement) la masse de vapeur com-
prise entre l’eau de la chaudière et le piston, pose deux équations, l’une
par la considération de la conservation du poids de la vapeur, l’autre
par le principe des forces vives appliqué aux vitesses des centres de
gravité des éléments, en tenant compte des composantes de pression,
tant normales que tangentielles, qui agissent sur les diverses faces de
chaque élément. L'intégration de ces équations pour un temps compre-
nant un grand nombre de pulsations du piston , donne lieu à la dispa-
rition de tous les termes provenant de la 20n-permanence. Elles prennent
la forme
FHoVo —= mai V, ,
V: P P ji
un =ue—unt—t-r+"f pa(r;
28 Fo LE w.
Po
P, V,7 étant la pression moyenne, la vitesse moyenne et le poids moyen
de l'unité de volume de la vapeur sur une section transversale quelconque
de l'espace qui la contient , et les indices o et r étant relatifs à la surface
de l’eau dans la chaudière et à la face inférieure du piston ; £ étant la
hauteur verticale moyenne du piston au-dessus de l’eau, F le travail total
des frottements de la vapeur, tant contre les paroïs que contre elle-même,
par unité de poids écoulé; enfin, €,, €!, «!, e” étant des coefficients dif-
férant très peu de l'unité.
» Ces équations, en appelant 6 la température en un point quelcon-
que, 8, 8, les températures extrêmes, # et « les coefficients de la formule
connue
P— x (1 + «b),
et n la quantité très petite
ne ae — #8 — (5 —)]},
deviennent
F
PV, = PM. 1 V: P, °64P
1+ed, 1+ a,” Den a I EE ue TJ
et celle-ci, en remplaçant approximativement 6 dans l'intégrale par sa
valeur moyenne + (8, + 8,), se transforme en
n(E+E-rta = ; (> Pi Re
Fo LA P,
(47)
» La première équation n’est autre chose que celle de M. de Pambour,
quand on suppose 8 —8,. On tire de la seconde, sous sa dernière forme,
une conséquence remarquable : des quatre quantités qui entrent dans son
premier membre, F est la plus considérable, et la seule , à peu près, qui
influe sur les résultats, car l'influence de la pesanteur, représentée par £,
= es Vs F : ce
est négligeable, et la hauteur —, due à la vitesse du piston, est tou-
8 2g? P ;
jours petite. Or on voit, par cette seconde équation, que si F était nul,
on aurait sensiblement P, = P,.
» La différence entre la pression dans le cylindre et la pression dans
la chaudière, et les refroidissements qui en sont la suite, tiennent donc
à peu près uniquement aux frottements que la vapeur éprouve entre la
chaudière et le piston (1).
» Cette quantité F ne désigne pas seulement le travail des frottements
ordinaires , qui ont lieu dans un mouvement régulier ; elle comprend aussi
le travail des frottements extraordinaires, ordinairement appelés pertes
de force vive, et qui sont déterminés par le tournoiement du fluide,
surtout aux points où sa section d'écoulement augmente brusquement.
La substitution, dans le second membre de la deuxième équation, des
résultats des expériences faites ou à faire, peut seule fournir la valeur
de cette quantité F, ou plutôt du premier membre de la seconde équa-
tion. Mais une fois que l’on aura une table des valeurs de cette quantité
pour différents cas, ou plutôt une table des coefficients par lesquels il
faudra multiplier le carré de la vitesse du fluide à son passage par l'o-
rifice rétréci; pour avoir ces valeurs (les expériences connues ayant appris
que les frottements ordinaire et extraordinaire sont à peu près comme
ce carré), les deux équations posées ci-dessus donneront, pour toute
machine à établir, deux relations entre les quantités P., V., @, gi
P,, V,,&,,0,. En y joignant la loi trouvée par M. Clément, pour la
quantité de chaleur nécessaire à la formation de vapeur (2), et la for-
mule donnée par MM. Dulong et Arago, pour représenter les résultats
de leurs expériences sur la tension de la vapeur à diverses températures ,
on aura tout ce qu'il faut pour résoudre les questions posées au commen-
cement de cet extrait. »
RER DRE SAR EN RNA
(1) L’auteur observe qu’une conclusion de ce genre se présente dans la théorie des
eaux courantes.
(2) L'auteur se propose de prouver, dans un autre mémoire, qu’elle est beaucoup
plus près de la réalité que la loi donnée par Southern.
C. R. 1838, 1°r Semestre. (T, VI, N° 9.) 7
(48 )
enysiQue. — ÎVote de M. Secrrer sur divers phénomènes électriques.
(Commissaires, MM. Savart, Becquerel , Savary.)
La première partie, purement historique, de la note de M. Sellier, est
relative aux expériences de divers physiciens qui ont engendré des sons à
l’aide de l'électricité. L'auteur passe ensuite aux procédés de son invention
qui lui ont donné les mêmes résultats. M. Sellier trouve qu'il suffit de
poser légèrement la pointe d’un diamant électrique sur une vitre, pour la
faire chanter. Quand on place une aiguille à coudre parfaitement polie, sus-
pendue à un cheveu, dans une éprouvette remplie d’une solution de sulfate
de cuivre acide, le verre décrépite, même après que l'aiguille a été reti-
rée et que le liquide a été épanché. De très petits courants d'électricité
ordinaire, deviennent perceptibles à l'oreille, au moyen d’une paille de
froment maintenue sur un tambour du papier dit végétal.
Nous rapporterons textuellement une dernière expérience de M. Sellier,
dans laquelle il n’est point question de son, de bruit, mais qui n’en semble
pas moins très digne de l'attention des physiciens.
« En saupoudrant une plaque vibrante avec une poudre siliceuse, celle-
» ci s'arrête sur les lignes nodales. Le contraire arrive en employant de
» la colophane en poudre impalpable : alors les lignes nodales se vident
» et les parties vibrantes se recouvrent de résine.
» Considérons attentivement cette dernière expérience : les lignes no-
» dales attirent le verre en poudre qui s’y accumule en tourbillonnant.
» Ces mêmes lignes se vident avec la colophane qui les fuit, au contraire
» en tourbillonnant, tandis que les sections intermédiaires (les ventres) l'y
» arrètent. Ces dernières possèdent donc l’électricité positive et les pre-
» mières l'électricité négative. De là cette conséquence qui paraît ri-
» goureuse :
» Dans un corps résonnant, l'électricité se fractionne. »
cmiRuRGrE. — [Vouvel instrument pour la lithotritie ; présenté par M. Le-
ROY D'ÉTIOLLES.
( Commissaires, MM. Larrey, Roux, Breschet. )
Les conditions que l’auteur annonce s'être proposé de remplir au
moyen de cet instrument sont les suivantes :
» 1°. D'exercer la percussion pour la destruction mécanique de la pierre
(49 )
dans la vessie, sans se servir de point d'appui, et même sans le secours de
la main d’un aide.
» 2°. De proportionner toujours la force du coup à la résistance de
l'instrument.
» 3°. De pouvoir faire succéder rapidement les percussions à la pres-
sion, et, au besoin , de pouvoir exercer l’une et l’autre à la fois. »
onmue. — De la nécessité de distinguer dans les actions chimiques les
phénomènes de déplacement de ceux d’altération; par M. Persoz.
( Commissaires, MM. Chevreul , Robiquet. )
ANATOMIE MICROSCOPIQUE. — ÎVouvelles recherches sur le sang humain ; par
M. LæreLuier. ( Deuxième partie. De la fibrine, de ses variétés, de sa for-
mation; de la couenne inflammatoire. )
( Commissaires, MM. Magendie, Dumas, Pelouze. )
ACOUSTIQUE. — Principes de mélodie et d'harmonie ; par M. le baron
BLEIN.
( Commission précédemment nommée. }
L'auteur, dans la lettre d'envoi, annonce que ce travail est complétement
différent de celui qu'il a publié sous le même titre en 1832.
oprique. — Objectifs achromatiques ; présentés par M. Caucar.
( Commissaires, MM. Bouvard, Arago, Mathieu. )
L'auteur annonce qu'avec ses objectifs, dont le diamètre est de six
pouces quatre lignes, on distingue trés nettement les deux anneaux de
Saturne.
M. Cuillier, machiniste du théâtre des Variétés, demande qu’un pro-
cédé qu'il a imaginé pour préserver de l'incendie les cintres des théâtres ,
soit soumis à l'examen d’une Commission.
( Commissaires, MM. Dumas, Poncelet. )
M. Rarrexeau-DeuLre, correspondant de l'Académie (section de Bota-
nique ), candidat pour la place vacante dans la section d'Economie rurale,
adresse une notice imprimée de ses travaux scientifiques.
{ Renvoi à la section d'Economie rurale. )
(50)
M. Dupuy, médecin vétérinaire, ancien professeur à l’École d'Alfort,
aujourd’hui directeur de l’École vétérinaire de Toulouse, demande à être
placé sur la liste des candidats pour la place vacante dans la section d'Éco-
nomie rurale, et adresse une notice manuscrite de ses travaux relatifs à la
physiologie et à la médecine des animaux domestiques.
(Renvoi à la section d'Économie rurale. )
M. Loiseeur-DEsconGcHamPs demande également à être compris dans
le nombre des candidats pour la place vacante par suite du décès de
M. Tessier. Il adresse une collection des Mémoires qu'il a publiés sur
divers points relatifs à l'économie rurale et y joint l'indication d’autres
travaux, les uns imprimés dans des recueils scientifiques, les autres en-
core inédits, mais déjà soumis au jugement de l’Académie.
( Renvoi à la section d'Economie rurale. }
CORRESPONDANCE.
*
M. ce MinisTRE pu COMMERCE, DE L'AGRICULTURE ET DES TRAVAUX
Purics annonce l'envoi de soixante-cinq exemplaires du Rapport de
M. Æ. Bourdon sur l'emploi de la ventilation forcée dans les magnaneries.
Un exemplaire doit être remis à chacun de MM. les membres de l'A-
cadémie.
M. l’amiral Roussiw, ambassadeur à Constantinople, annonce l'envoi
prochain d’un travail de M. le docteur Bullard sur la peste, et sur un
moyen de la guérir que croit avoir trouvé ce médecin.
MÉTÉOROLOGIE. — Aurores boréales.
M. Roserr adresse de Hambourg quelques détails:sur deux aurores bo-
réales qu’il a observées, l’une le 23 septembre 1837 à Carlstadt, l’autre le
18 du mois suivant à Stockholm. Il cite aussi une troisième aurore qui a
été vue le 12 décembre à Copenhague.
Dans la même lettre M. Robert parle d’un procédé particulier à l’aide
duquel il pense qu’on pourrait rendre propres à la culture les marais tour-
beux de la Suède et de la Norwége. Il indique encore , pour les tourbières
de nos pays, certains travaux qui, suivant lui, auraient pour résultat de mo-
(51)
difier la tourbe de manière à ce qu’elle püt ensuite être employée aux
mêmes usages que la houille.
MÉTÉOROLOGIE. — Tableaux des observations météorologiques faites à
l'École de l'Artillerie et du Génie de Metz; par M. Sonusrer.
Ces observations ont été présentées par M. Arago. Elles sont faites avec
Là FE ? Ce L
une grande régularité, avec beaucoup d’exactitude et avec d’excellents
instruments. Voici les valeurs moyennes qu’elles donnent pour la pé-
riode diurne barométrique, c’est-à-dire pour le décroissement de la pres-
sion atmosphérique entre 9 heures du matin et 3 heures de l'après-midi.
Janvier. ....., CRC EI CESR GERS
Février. 2.208 4h Ass o ,43
Mars et -nceLels-me a oo ,87
is lEromemel se Poe 0. 5x
MAT Ananas ces o ,95
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Ottobre MEME MERE 0 ,42
Novembre. .............. o ,28
Décembre::5r 3144.10. > 10 in50
MÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques faites au fort Vancouver,
sur la rivière Columbia (latitude 45°37' nord; longitude 125°10/ ouest
de Paris); par M. Joux Mac Loucxuin.
En présentant ces observations, M. Arago à qui elles ont été remises
par M. Mac Loughlin, médecin, s’est attaché à en faire ressortir l'impor-
tance. Elles embrassent l'intervalle compris entre le mois d’avril 1836 et le
mois de mars 1837 inclusivement. M. Arago en communiquera les résultats
à l'Académie dès qu'il aura pu les comparer à ceux des observations
faites en Europe ou sur la côte orientale d'Amérique, par des latitudes
correspondantes.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Zelégraphe électrique.
Il est donné lecture de l'extrait d’une lettre de M. le docteur Buckland
à M. le docteur Roberton, dans laquelle il est question d’un télégraphe
électrique que M. WmeaTstonE se propose d'établir entre Londres et Liver-
(52)
pool. Les fils destinés à faire jouer les lettres aux extrémités de la ligne,
seront placés sous le chemin de fer (the Rail road) qui va de l'une à
l'autre de ces deux villes.
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Magnétisme de rotation.
M. Haïpar adresse à M. #rago une note dans laquelle il annonce,
comme d’autres physiciens l'avaient déjà fait auparavant, que les phéno-
mènés de magnétisme par rotation, s'expliquent naturellement « en admet-
; tant une extrême célérité dans le changement que l'état magnétique des
» corps peut éprouver. » M. Haldat à cru arriver à la détermination de cette
célérité, en se fondant sur une expérience qui a consisté à faire tourner un
disque de cuivre suspendu à un fil de soie, à l'aide du mouvement rotatif
de deux barreaux aimantés placés au-dessous. Ces deux barreaux étaient pa-
rallèles, très rapprochés , et Les pôles hétéronomes se trouvaient en regard.
Le résultat numérique obtenu par M. Haldat est le suivant : sur un corps,
tel que le cuivre, un pôle magnétique par influence , nait et se dissipe en
moins de 555 de seconde.
M. Bœhm avait soumis l'an passé, au Jugement de l’Académie, une flûte
d'une construction particulière, et qui fut renvoyée à l'examen d’une
Commission. Aujourd’hui M. Camus écrit que cette flûte lui a été laissée par
l'auteur pour être mise à la disposition des Commissaires, lorsqu'ils juge-
raient convenable de l'examiner.
La Commission sera invitée à hâter son Rapport.
M. MarécnaL réclame contre une partie du rapport qui a été fait sur
une modification proposée par lui dans la disposition des sphères armil-
laires, Il a proposé, dit-il, de remplacer l’armille perpendiculaire à l'axe
de l’ancienne sphère, non par une certaine surface conique, comme on
l'a supposé ; mais par une armille inclinée à cet axe et prise sur la surface
du cône en question.
M. Fowzr avait soumis il ÿ a quelques mois au jugement de l'Académie,
des dents artificielles de sa composition ; il demande qu'un membre de la
section de Mécanique soit adjoint aux deux membres de la section de Mé-
decine (MM. Serres et Larrey), qui avaient été désignés pour faire le
rapport:
M. Gambey est adjoint à la Commission précédemment nommée.
(58)
M. Sécux adresse un paquet cacheté qu’il annonce étre relatif à un nou-
veau mode d'éclairage.
M. Leroy D'Ériorces et Leeranp adressent aussi chacun un paquet
cacheté.
L'Académie accepte les trois dépôts.
A quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures, A.
(54)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences;
1838, 1°’ semestre, n° 1, in-4°.
Voyage en Islande et au Groënland, publié sous la direction de
M. P. Gaimaro, 6° livraison in-fol.
Mémoire sur la théorie de la Lune et spécialement sur les inégalités lu-
naires à longues périodes ; par M. be PonrécouLawr, in-8°.
Annales de la Société d'Horticulture de Paris; tome 21, 122° livrai-
son, novembre 1837, in-8°.
Mémoire sur les Maladies dites cancéreuses de la matrice ; par M. Mau-
RICE TREILLE, 1° mémoire, Paris, 1838, in-8°.
Supplément au traité sur les Gastralgies et les Entéralgies ou maladies
nerveuses de l'estomac ; par M. Barras, Paris, 1838, in-8.
Galerie Ornithologique ou collection d'oiseaux d'Europe; par M. »'Or-
BIGNY, 51° livraison in-fol.
Notes sur la structure des Hydatides et de l’épiderme dans quelques
animaux ; par M. Gruce, in-6°.
Note sur M. A.-H. Tessier, au nom de l’Académie de Médecine; par
M. MÉrar ; in-8°.
Nouveau système de Déligation chirurgicale; par M. Mavor, 2° édition,
2 vol. in-8°.
Astronomische. . .. Nouvelles Astronomiques de M. Scuumacuer, n° 345,
1n-4°.
Ueber die... Sur la formation du Spath calcaire et de l'Arragonite; par
M. Gusrave Rose, in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; par M. J. Liouvise,
Janvier 1838, in-4°.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 1.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 2 et 5.
L'Écho du Monde savant ; n° 5.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 45 JANVIER 1858.
i
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
« M. MAGENDIE présente à l’Académie le 3° volume de ses Leçons pro-
fessées au Collége de France, sur les Phénomènes physiques de la vie.
» Dans cette série de lecons, l’auteur s’est surtout proposé d’apporter
de la précision et même des mesures exactes dans l'appréciation des phé-
nomènes de la circulation du sang. Il a employé, à cet effet, l'instrument
récemment imaginé par M. Poiseuille, et approuvé par l'Académie.
» La pression que supporte le sang contenu dans les vaisseaux artériels
ou veineux, les variations qu'offre cette pression par le volume du liquide
sanguin, sa température, son mélange avec l’eau tiède, l’eau froide, l'infu-
sion de café, l’alcool faible, etc., ont été successivement examinées sous ce
point de vue; et l’on a reconnu qu’à l'exception de l’eau chaude , toutes ces
liqueurs augmentent sensiblement la pression que supporte le sang;
cette augmentation s'explique par le mode d'action que ces divers liquides
exercent sur la fréquence et l'intensité des contractions du cœur.
» En suivant ce procédé, on est arrivé jusqu’à mesurer en millimètres
de mercure dans le tube de l'instrument, les effets des sensations vives,
C.R. 1538, 1er Semestre. (T. VI, N° 3) à 8
( 56.)
agréables ou douloureuses, ce qui se comprend aisément par les change-
ments subits que les émotions fortes excitent dans les mouvements du
cœur. {
» M. Magendie cite ensuite plusieurs singuliers résultats d'expériences re-
latifs à la fibrine que contient le sang dans la proportion minime de —5
àa-B2. Tant queteette sul$tance Existe dans lesañg'et qu'elletconserte la
propriété de se coaguler, la circulation persiste normale dans les vais-
seaux capillaires; mais dès que la fibrine est artificiellement soustraite du
sang, ou qu’à l’aide d'un réactif elle est rendue incoagulable, aussitôt le
passage du sang dans les infiniment petits vaisseaux s’embarrasse, le li-
quide s’extravase, les tissus s’imbibent, s’engorgent , et finissent par offrir
des lésions désignées par lés’pathôlogistes’ sous le nom de ‘ésions locales
qui, dans certains cas déterminés, ne seraient que la conséquence de lal-
tération primitive du-sanig; l'étüde des! modifications du sang doit donc en-
trer pour beaucoup dans les recherches relatives aux maladies où il existe
de graves lésions locales. »
M. Serres prend.la parole à l’occasion de cette communication.
« Je demande, dit M. Serres, à faire quelques observations sur la
cause assigniéé par notre honorable collègue, aux ‘fièvres graves désignées
sous le nom de fièvre typhoïde, entéro-mésentérique , entérite folliculeuse ,
dôthinenterite, etc.
» Ces maladies, bienancienneménit décrites, bien anciennement connues
d'après l'ensemble deleurs phénomènes, le sont beaucoup moins relative-
mént”à leur ‘cause, ou, pour me servir d'une expression plus logique,
relativement à leur-point de départ. La médecine ancienne en avait placé
la causé dans Paltération (des humeurs ,tet:plus spécialement dans ‘celle du
sang; depuis la publication de notre ouvrage sur la fièvre entéro-mésen-
térique (1), lamédecine moderne leur a assigné , pour point de-départ, les
lésions qui se rencontrent sur l'intestin grêle et les ganglions mésentéri-
ques.'La constance ide: ces-lésions, la subordination des phénomènes de
la maladie au degré où elles sont parvenues, ne laisse aucun doute sur
le rapport quiie entre eux ces deux ‘ordres de faits, dont les uns sont
primitifs, les autres consécutifs.
» On sait que la lésion de l'intestin grêle consiste dans un déveioppe-
(x) Traité de la Fièvre entéro-mésentérique , par MM. Petit et Serres ; Paris, 1813.
(57)
ment insolite des plaques de Peyer, qui, simplement tuméfiées. dès, l’ori-
gine, s’injectent et se couvrent de vaisseaux capillaires dans, ua; degré
plus avancé; ‘plus tard enfin, la membrane muqueuse est détruite, et
lulcération. qui en, est la suite, peut aller jusqu'à perforer. toutes les
membranes intestinales, Avec, ces, divers états de, l'intestin , coïncident des
altérations. correspondantes des, ganglions. mésentériques, qui engorgés
dans le, premier temps, deviennent rouges et durs: dans le, second, de
manière, à se rapprocher, par leur, consistance, de la strugture, du, rein;
enfin, dans la troisième période morbide, ces ganglions se, ramgllissent et
suppurent. :
» Or, à chaçun des temps de cette altération, pathologique, correspond
un groupe, particulier de symptômes morbides, de telle sorte que si les
malades succombent, on peut, d’après, le groupe de symptômes, déter-
_miner Je degré où l’on trouvera l’altération, comme, pendant la vie on
peut présumer l’altération, par le degré.où sont parvenus, les symptômes:
La, conséquence immédiate, et, pratique de ces faits, est donc. qu’en mo-
difiant le point de départ de, la fièvreigrave, on modifie, les symptômes;
or, c'est de cette manière. que nous avons constaté, sa, guérison(, lors
même que les plaques. de Peyer avaient été profondément ulcérées.
» Que. chez un chien dont le. sang à été, défibriné, ces, lésions, intesti-
nales se développent; c’est un fait curieux : mais il y a loin de, là à .con-
clure que, la défibrination du sang est la cause première des, fièvres
graves chez l’homme. Les conséquences pratiques que l’on pourrait, dé-
duire de cette conclusion, m’obligent à entrer ici dans quelques. détails.
>, 11 est bien vrai que dans les fièvres graves le sang. est défibriné ; mais
il n'offre ce caractère qu'à un. degré déjà avancé, de la maladie. Souvent,
dès son début, une pleurésie, une pneumonie ka complique, et: dans çes
cas le sang loin d'être défibriné, est au contraire plus fbriné que dans l'état
normal. Cette fibrination exagérée du :sang. arrête-t-elle, Ja.magche de la
maladie ? Suspend-t-elle le développement des plaques de Peyer et l'engor-
gement des ganglions mésentériques ? Nullement ; une. expérience malheu-
reusement trop fréquente nous apprend, au contrairé, que presque tou-
jours ces complications rendent les fièvres graves mortelles.
» Je le répète; je ne récuse nullement les résultats observés chez les
chiens ; c’est leur application à l’homme que je xoudrais prévenir ayant
que toutes les conditions en aient été exactement appréciées, En attendant,
je dois faire remarquer que les altérations intestinales et mésentériques,
qui constituent le caractère fondamental des fièvres graves, ne se mani-
te
(58)
festent pas dans les maladies où la défibrination du sang a été observée
chez l’homme.
» Ainsi, tous les médecins savent que la chlorose, chez la femme, est ca-
ractérisée par la défibrination du sang; or, si les malades succombent
après un temps plus ou moins long de la durée de la maladie, ils suc-
combent sans présenter les symptômes des fièvres graves, et sans que le
canal intestinal en offre les traits caractéristiques. Il en est de même du
scorbut; tout le monde sait que le scorbut a été placé en tête des maladies
cachectiques, précisément à cause du peu de fibrine que contient le
sang des scorbutiques, condition qui chez eux rend les hémorragies si
dangereuses. Or, les scorbutiques n’offrent à aucune époque les symp-
tomes typhoïdes, et personne, que je sache, n’a observé sur eux les
caractères anatomiques de la fièvre entéro-mésentérique. Ce que je viens
de dire de la chlorose et du scorbut se remarque également dans les affec-
tions rachitiques, dans les anémies succédant aux longues hémorragies,
dans les varioles confluentes, ainsi que dans d’autres cas morbides dont
il serait trop long de présenter ici le catalogue.
» On conçoit que si, des faits qui précèdent, je déduisais la con-
clusion que la défibrination du sang est complétement étrangère à la
production des fièvres graves, je tomberais moi-même dans l'erreur que je
demande que l’on évite. Tel n’a pas été le but de ces observations. Leur
but est de bien faire sentir, au contraire, que si les résultats fournis par
l'expérience en pathologie paraissent contradictoires à ceux obtenus par
les expériences sur les animaux, il est vraisemblable que l’un de leurs
éléments principaux nous échappe dans les deux cas. La science doit donc
enregistrer ces deux ordres de faits, afin de les étudier comparativement,
et pour chercher à déterminer par leur comparaison l'influence qu’exercent
sur le développement des fièvres graves, les altérations des solides et des
fluides ; car, c’est dans l'alliance de cette double voie de recherches, que
la médecine peut espérer de se rapprocher de la solution des problèmes
si importants dont elle s'occupe. »
« M. MaGENDIE répond qu'il conçoit parfaitement que son confrère n’ad-
mette pas les conséquences qu'il croit pouvoir déduire de ses expé-
riences, puisque ces conséquences sont formellement en opposition avec
les opinions généralement admises; mais ce qui est positif, c’est qu'en
modifiant artificiellement le sang, on voit se développer à point nommé, à
heure fixe, pour ainsi dire, des lésions d'organes dont le mécanisme se
(59)
trouve ainsi parfaitement connu, et que la médecine séra ainsi plus apte
à guérir. »
RAPPORTS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un appareil manométrique à ressort ,
à cadran , à vanne de décharge , applicable aux chaudières à vapeur ,
soumis à l'examen de l'Académie par les nommés Cnarres TEsru et
François LETERRIER, éous deux actuellement détenus au bagne de Brest.
( Commissaires, MM. Arago, Dulong, Séguier rapporteur.)
« L'appareil sur lequel nous avons l'honneur de provoquer un instant
votre attention a été imaginé et construit pour servir à indiquer l’état de
la pression intérieure d’une chaudière à vapeur. Les auteurs et construc-
teurs de ce mécanisme en ont disposé les diverses parties de façon à faire
lire sur un cadran par l’oscillation d’une aïguille , les variations successives
survenues dans la pression, et à opposer par l’ouvertere d’un orifice, une
limite à la tension de la vapeur.
» L'appareil destiné à réaliser ces effets se compose principalement d’un
tube vertical alésé intérieurement, garni d’un piston métallique et d’une
boîte à vapeur contenant un tiroir formant une ouverture pratiquée dans
sa paroi latérale. Ce tiroir est attelé au piston par une tige dentée en
forme de crémaillère, engrenant avec un pignon; l'axe du pignon passe au
travers d’une boîte à étoupes et reçoit extérieurement une aiguille;
l'aiguille indique sur un cadran la position des organes internes.
» La chambre à vapeur contenant le tiroir peut se joindre facilement à
toutes les chaudières avec lesquelles cet appareil manométrique peut être
mis en relation; le cylindre au piston se termine dans sa partie supérieure,
par un bouchon taraudé, traversé par une tige filetée. Un fort ressort à
boudin en acier est emprisonné entre le piston et le bouchon.
» Telle est la description succincte de la machine présentée; expliquons-en
très brièvement les fonctions : la vapeur de la chaudière vient remplir la
chambre au tiroir, elle applique le tiroir sur l’orifice qu’il est destiné à
boucher; elle exerce également sa pression sur le piston ; elle le pousse
jusqu’à ce que la tension du ressort lui fasse équilibre.
» La marche intérieure du piston est rendue sensible au dehors par
l'aiguille sur le cadran ; ses divisions convenablement tracées et en rapport
avec le ressort, font connaître l’état de la pression intérieure de la chau-
( 60 )
dière. Cet appareil peut servir à indiquer de basses ou de hautes pressions.
Le moment de l'ouverture du tiroir de décharge peut de même étre ac-
cordé avec une limite de pression déterminée. Les fonctions de cet appareil
se règlent à l’aide de la tige taraudée qui traverse le bouchon du cylindre.
En l’appuyant plus ou moins sur l'extrémité du ressort, on détermine à
volonté sa tension. Un indicateur placé à côté de cette tige fait connaître
son rapport de position avec les tensions du ressort. Ces dispositions per-
mettent de combiner facilement l'ouverture du tiroir et les indications de
l'aiguille avec les diverses pressions dont on à besoin et qu’on ne veut pas
dépasser.
» La machine déposée est bien conçue, très bien exécutée; les surfaces
du piston ont été calculées, en centimètres, les tensions du ressort en ki-
logrammes; elle pourrait certainement fournir des indications exactes
si elle n’était exposée à des causes d’erreurs que ses auteurs semblent
eux-mêmes avoir pressenties. En effet , le, piston peut être entravé dans
ses fonctions, paralysé même complétement par la présence, des sédiments
entraînés et déposés, par la vapeur avec laquelle il est constamment en
contact immédiat. Les résistances de son frottement peuvent considérable-
ment varier suivant la présence, ou l'absence où même l’état de l'huile
dont il sera indispensable de recouvrir le piston; le tiroir lui-même auquel
il est attelé peut éprouver de grande variations de résistance par le chan-
gement d'état de ses surfaces flottantes.
» Ces seules incertitudes dans les fonctions d’un appareil destiné à in-
diquer et à limiter la pression des chaudières à vapeur, suffisent pour
qu'il ne soit pas permis d'en conseiller l'emploi. Il serait cependant possible
de détruire l’objection que nous tirons de la présence des sédiments, en
ne faisant éprouver au piston la pression de la vapeur que par l’intermé-
diaire d’un liquide. On pourrait même dans ce cas le soustraire à l’ac-
tion de la chaleur.
» Par ces considérations, vos commissaires pensent qu'ils doivent se
borner à vous proposer d'exprimer l'intérêt que vous prenez aux efforts
tentés par les sieurs Testu et Leterrier pour réparer par des travaux utiles
à la société les torts dont ils ont eu le malheur de se rendre coupables
envers elle. »
Ces conclusions sont adoptées.
(61)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un instrument d'arpentage pré-
senté par M. DERICQUEHEM.
( Commissaires , MM. Savary, Puissant rapporteur. )
«Le géodésimètre de M. Dericquehem,.que l'Académie a renvoyé à
l'examen de M. Savary et de moi, est, à quelques modifications près, le
même qui lui-fut présenté, il y a peu d'années, et sur lequel l’un de nous
fit un rapport.
»:Cet‘instrument, de 22 centimètres de rayon, et d’une assez belle
construction, a une. (certaine analogie avecile théodolite ordinaire dont on
aurait supprimé Ja lunette de repère; mais au Jieu d’être un cercle,entier, il
a simplement la forme d’un secteur dont l'arc divisé comprend 90 degrés.
Le plan de ce secteur parvient à la position horizontale lorsqu’à l’aide des
trois vis du pied les deux petits niveaux à bulle d'air, adaptés au limbe per-
pendiculairement lun à l’autre, se trouvent horizontaux.
» L’alidade, garnie à son extrémité d’un vernier donnant la demi-mi-
nute, se meut autour du centre de la graduation du limbe, et entraîne un
petit plateau circulaire surmonté d’une plaque au baut de laquelle est
fixée une lunette plongeante que l'artiste a pris soin de faire mouvoir dans
un plan perpendiculaire au limbe. Ce plateau, en tournant sur son axe de
manière à faire un tour d'horizon, imprime à la lunette le même mouve-
ment angulaire; mouvement qui peut s’'évaluer à une minute près, jau
moyen des divisions qui entourent ce même plateau, et du vernier qui
en dépend.
» Pour mesurer l'angle horizontal compris entre deux objets terrestres,
l'instrument étant bien calé, on amène la ligne de foi de l’alidade sur le
zéro de la graduation, et l’on dirige la lunette sur un des objets; ensuite
on fixe cette lunette à l’alidade au moyen d’une vis de pression, et l’on fait
mouvoir cette alidade rendue libre, jusqu’à ce que l'axe optique de la lu-
nette passe par l'autre objet. Alors l'arc parcouru sur le limbe par la ligne
de foi est exactement la mesure de l'angle cherché, si cependant le limbe
n'a éprouvé aucun dérangement par l'effet du mouvement imprimé à la lu-
nette, dérangement qui serait accusé par une lunette de repère.
» On voit donc que cet instrument, inférieur à ceux qu’on emploie en
géodésie, ne peut mesurer immédiatement que les angles aigus , ou que le
supplément des angles obtus. Toutefois, si l'on ne voulait avoir un angle
quelconque qu’à une minute près, on pourrait l'obtenir sur-le-champ en
(62)
recourant aux divisions relatives au plateau qui supporte la lunette, et
qu’on ferait alors tourner sur son centre.
» Le géodésimètre a aussi la propriété de donner les angles de hauteur
ou de dépression. En effet, quand la lunette est amenée à la position hori-
zontale à l’aide du petit niveau à bulle d’air qui y est adapté, l'index attaché
à son centre de rotation doit répondre au zéro de la graduation du petit
secteur vertical fixé au support de la lunette; et lorsque ensuite on dirige
l'axe optique sur un objet quelconque , l'index indique l'angle de hauteur
ou de dépression de cet objet. Mais cette manière de procéder présente
un assez grave inconvénient, parce que l'instrument n'offre ni le moyen de
reconnaître et de corriger l’erreur de collimation, ni celui de s'assurer qu’en
faisant faire bascule à la lunette, on ne dérange nullement la ligne hori-
zontale à partir de laquelle on estime les angles verticaux. Il est donc évi-
dent, sans entrer dans plus de détail, que le géodésimètre ne peut être
employé avec sécurité pour déterminer exactement des différences de ni-
veau, et qu'il serait absolument indispensable, pour la mesure précise des
angles horizontaux, qu’il fût muni d’une lunette de repere.
» M. Dericquehem présente son géodésimètre de poche, simplifié et ré-
duit aux plus petites dimensions possibles, comme étant propre à l’arpen-
tage. Dans cet état, cet instrument, d'environ trois pouces de rayon, ne
mesure que les angles horizontaux, et ne les estime qu’à la minute. Il se
place sur un pied à trois branches ou à l'extrémité d’un bâton ferré, et s’é-
tablit horizontalement au moyen d'un petit niveau à perpendicule et de
trois vis boutantes qui agissent sur son axe de support. Quant à son usage,
il est indiqué dans un petit ouvrage imprimé en 1835, où l’on trouve, en
outre, différents problèmes concernant la mesure des lignes et des sur-
faces, et dont les solutions, qui ne sont pas toujours les plus directes! repo-
sent uniquement sur les propriétés du triangle rectangle.
» En résumé, l'instrument de M. Dericquehem est une espèce de théo-
dolite non répétiteur, mais qui m'a ni la précision, ni même la simplicité
de ce dernier. Néanmoins , nous pensons que celui de poche est suscepti-
ble de remplacer avantageusement l’équerre d’arpenteur dans les opérations
trigonométriques qui ont pour objet l'évaluation des surfaces agraires de
peu d’étendue.»
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
(63)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ÉCONOMIE RURALE, — Considérations sur les variations de température
auxquelles les œufs du ver à soie peuvent être soumis; par M. Loisr-
LEUR-DESLONGCHAMPS.
t
(Renvoi à la section d'Économie rurale.)
Le principal objet de ce Mémoire est de prouver, au moyen d’expé-
riences, que les œufs du ver à soie peuvent supporter, sans inconvé-
nient, le froid de nos hivers, lorsque l'on ne prend aucune précaution
pour les en garantir. De ces expériences, nous nous contenterons de citer
les suivantes:
« Le 1 novembre 1836, j'ai, dit l’auteur, exposé à l’air libre sur une fe-
nêtre tournée au nord-est, un certain nombre d'œufs de vers à soie, et je les
y ai laissés pendant le reste de l'automne, tout l'hiver et la majeure partie du
printemps ; enfin, jusqu’à ce que l’éclosion eût lieu spontanément. Pendant
tout ce temps, les œufs fixés à la toile sur laquelle ils avaient été pondus,
eurent à supporter toutes les alternatives causées par les différentes
variations de la température atmosphérique. Le maximum du froid ne fut
que de 7 degrés en janvier, mais les jours de gelée furent très nombreux ,
et ils se prolongèrent jusqu’au milieu d'avril; les œufs passèrent plusieurs
fois, pendant cet espace de temps, de 4 à 5 degrés au-dessous du terme
de la congélation à plusieurs degrés au-dessus, et dans ce dernier cas,
avec de l'humidité et de la pluie. Tout cela n’empêcha pas les œufs
d'éclore depuis le 6 juin jusqu’au 16 du même mois. Pendant les jours
où l'éclosion eut lieu, le thermomètre varia depuis 8 degrés ? au-dessus
de zéro, le 8 juin à 5 heures du matin, jusqu’à 24 1 dans le moment le
plus chaud de la journée du 14, et ces variations ne parurent avoir au-
cune influence sur la sortie des vers; car ce fut en général avant 5 heures
du matin, c’est-à-dire dans le moment le plus froid de la journée, que le
plus grand nombre sortit de l’œuf.
» En somme, 675 œufs produisirent 601 vers vivants. Dans 56 œufs
seulement, les vers avortèrent, ce qui ne s'éloigne pas beaucoup de la
CR. 1838, 197 Semestre. (T. VL, N° 3.) 9
( 64 )
proportion dans laquelle naissent des vers dont les œufs ont été con-
servés à l'abri du froid pendant toute la mauvaise saison.
» Je dois ajouter que plusieurs orages survenus pendant l’éclosion , ne
parurent pas avoir sur celle-ci la moindre influence fächeuse. C'est ce
qu'on pourra reconnaître par l'inspection des tableaux dans lesquels j'ai
présenté, pour chaque expérience, les phénomènes de l’éclosion natu-
relle des. vers, avec l'indication des circonstances météorologiques. »
Outre les expériences qui lui sont propres, l’auteur cite celles que fit,
en 1829, M. Pomarède, et celles qu'a faites, dans le siecle dernier, Bois-
sier de Sauvages.
« En rapprochant les divers résultats ainsi obtenus ; on est conduit,
dit M. Loiseleur-Deslongchamps, à reconnaître que l'embryon du ver à
soie. contenu dans l'œuf, peut être soumis, sans que cela l'empêche
d'éclore, à une différence de température de plus de 6o degrés. Si done
l'œuf de cet insecte ést déjà doué d’une si grande force vitale, tout porte
à croire que l'être auquel.il donne naissance, sera aussi doué d'une cons-
titution très robuste; c'est, en effet, ce que prouve l'expérience, ainsi
que je le ferai voir dans un second Mémoire, où je considérerai..les. vers à
soie dans leur trois états, de larve, de chrysalide et de papillon. »
MÉDECINE. — JVote sur les animalcules microscopiques considérés comme
cause efficiente du cancer ; par MM. BauPerTHUY et ADET DE ROSEVILLE.
(Commissaires, MM. Duméril, Turpin, Bory de Saint-Vincent.)
« En examinant au microscope, disent les deux auteurs, les éléments
de la matière caucéreuse (et sous le nom de cancer nous ne commprenons
que le squirrhe et l’encéphaloïde), nous y avons trouvé constamment des
animalcules en très grand nombre, des lames de tissu : cellulaire ,
des débris de vaisseaux lymphatiques, des globules graisseux, des globules
sanguins peu nombreux dont quelques-uns étaient altérés dans leur forme
et presque tous dentelés sur les bords, enfin, des débris de vaisseaux
sanguins et de petits cristaux. »
Les animalcules s'étant. constamment rencontrés en très grand nombre
dans tous les cancers qu'ils ont observés tant à l’état de crudité qu'à celui
de ramollissement, les auteurs se croient autorisés à en conclure que c’est
à la présence de ces êtres qu'on doit attribuer le développement du can-
cer, comme on attribue à celles des acarus le développement de la gale.
(65 )
ÉCONOMIE RURALE. — Du mürier et du ver à soie en Touraine ;
par M. Bar.
(Commission précédemment nommée pour la question des vers à soie.)
L'auteur rend compte ‘des changements favorables qui se sont opé-
rés. depuis quelques années en Touraine dans cette branche d'industrie.
L'éducation des vers à soie était tombée presque exclusivement dans
les mains des paysans qui les tenaient beaucoup trop à l'étroit et dans des
conditions manifestes d’insalubrité. Aujourd'hui plusieurs grands pro-
priétaires ont établi des magnaneries construites d’après les meilleurs mo-
dèles, et ont commencé à planter des müriers multicaules. Cette espèce qui
ne produit point de graines dans le nord en donne dans la Touraine dont le
sol et le climat semblent lui être très favorables, et elle y peut être cultivée
avec d’autant plus d'avantage qu’on n’a point à craindre de voir, comme
dans nos provinces du midi, ses feuilles déchirées par le vent et atteintes
de la rouille, maladie qui les rend impropres à la nourriture des vers:
M. Bain avoue cependant que ces müriers ont été gelés dans l'hiver
de 1836—1837, ce qui n’avait pas encore été observé; mais il ajoute que
la récolte des feuilles n’a pas été pour cela perdue, et que des vers qui
en ont été exclusivement nourris, dans un'essai fait très en petit, ont
donné de fort belle soie.
MÉCANIQUE arrziquée. — Vote sur la théorie de la machine à vapeur, en
tenant compte du changement de température de la vapeur pendant son
action dans la machine; par M. pe Pamsour.
(Commission précédemment nommée. )
NAVIGATION INTÉRIEURE. — JVote sur un moyen de conserver, à l'aide d'un
barrage, une portion de rivière libre de glaçons et propre à ‘la naviga-
tion, pendant le temps des grandes gelées ; par M: DE LA HAYE:
(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.)
esocrarnie. — Nouveaux globes terrestres dans lesquels une sphère creuse
de métal remplace la sphère de carton communément employée; par
M. CH. Dien.
(Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu.)
M. Huerxe De Pommeuse se présente comme candidat pour la place va-
9:
( 66 )
cante dans la section d’Économie rurale, par suite du décès de M. Tessier,
survenu le r1 décembre 1837.
A cette lettre est jointe une Notice des travaux scientifiques de
l’auteur. 1
(Renvoi à la Section d'Economie rurale.)
à :
M. Soucance Bonin adresse une semblable demande et annonce l'envoi
prochain d’une Notice de ses travaux.
(Renvoi à la Section.)
CORRESPONDANCE.
GiRURGIE. — Traitement des fractures des membres inférieurs au moyen
du bandage amidonné.
M. Lararçur, de Saint-Émilion, écrit relativement à une modification
qu'il propose d'introduire dans la méthode de traitement employée
pour ces fractures par M. Seutin et par M. Velpeau. Cette modification,
qui a pour objet d'obtenir une plus prompte solidification de l'appareil,
consiste dans l'emploi d’un mélange , à parties égales , d’empois ordinaire
et de plâtre pulvérisé, au lieu d’empois pur dont font usage les deux
chirurgiens précédemment nommés.
ÉCONOMIE RURALE. — Appareil pour la conservation des grains.
M. le général Dusoure écrit qu'il a imaginé depuis long-temps, pour la
conservation des grains , un appareil qui ne diffère presqu’en rien de celui
qu'a proposé M. Vallery, et sur lequel il a été fait un rapport à l’Aca-
démie dans la précédente séance. Il annonce que des documents qui cons-
tatent son droit de priorité, ont été adressés par lui au Ministère du Com-
merce en 1830.
M. Dubourg sera invité à envoyer à l'appui de sa réclamation les
pièces justificatives.
M. Beau adresse trois propositions relatives à certains phénomènes ré-
sultant de l’état de pléthore des artères, propositions qu'il croit renfer-
mer des idées nouvelles, pour lesquelles il désire prendre date.
M. MoreL adresse un paquet cacheté.
( 67 )
M. Manor adresse également un paquet cacheté.
L'Académie accepte les deux dépôts.
À quatre heures l’Académie se forme en comité secret.
La section d’Astronomie présente, par l’organe de M. Mathieu, la liste
suivante de candidats pour une place de correspondant, vacante dans son
sein :
MM. Littrow........ à Vienne,
SANÉNT ET à Padoue,
Hansen........ à Gotha,
Robertson. .... à Armagb,
Rosenberg. .... à (Prusse).
Les titres de ces divers candidats sont discutés. L'élection aura lieu
dans la prochaine séance; MM. les membres en seront prévenus par bil-
lets à domicile.
La séance est levée à 5 heures: F.
ÆErratum. (Séance du 8 janvier.)
Page 50, ligne 2, M. Dupuy, aujourd’hui directeur de l’École vétérinaire de Toulouse,
lisez ancien directeur, etc.
( 68 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ;
1°" semestre 1838, n° 2, in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
Tables du 1° semestre 1837, m-4°.
Leçons sur les phénomènes physiques de la vie; professées au Collége de
France par M. Macennie, recueillies par M. James, tome 3, in-8°.
Esquisse d'organographie végétale; par M. Turen , in-fol.
Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis; Pars 6; par M. pr
Canvozre, in-8°.
Cours élémentaire de Mathématiques ; par M. ne MonTrERRiER , 1 VO.
in-8°. (M. Sturm est chargé d’en rendre un compte verbal.)
Traité d'Anatomie chirurgicale et de Chirurgie expérimentale; par
M. J.-F. Marcarewe, 2 vol. in-8. (Cet Ouvrage est adresse pour le Con-
cours Montyon.)
Recueil de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres
du département de l'Eure , °° 31 et 32, in-8°.
Séances publiques de la Société libre d'Emulation de Rouen; années 1835
et 1836, 2 brochures in-6°.
Bulletin de la Société libre d'Émulation de Rouen; 1", 2°, 3° et 4°
trimestre 1837, in-8°.
Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de Saint-
Étienne; 14° année, 4° livraison de 1837, in-8°.
Bulletin des séances de la Société royale et centrale d'Agriculture ;
Compte rendu mensuel; juillet — décembre 1837, in-8°.
Recueil industriel, manufacturier et commercial; n° 47, novembre
1837, in-8°.
Annales maritimes et coloniales , 22° année, décembre 1837, in-8°.
Galerie ornithologique des Oiseaux d'Europe; par M. »'Ornenx, 32"°
livraison.
Notice des Travaux de M. Denise (Autre RAFFENEAU), in-4°.
Notice sur les globes et sphères de M. Cu. Dies , in-4'.
( 69 )
Sur l’Anatomie du bas-ventre et sur les hernies ; par M. Atex. Taomsox,
1"° livraison in-6°.
The continental. .. Revue médicale de la Grande-Bretagne et du Con-
tinent, ou Journalmensue lde Thérapeutique, édité par M. Bureau Riorrrer,
décembre 1837, in-8°.
Klinische Darstellungen. . .. Exposition clinique des maladies de l'œil
humain ; par M. F.-A. ne Ammox, médecin du Roi de Saxe, Berlin, 1858,
in-fol. (Cet ouvrage est adressé pour le Concours au prix de médecine Mon-
tyon. )
Flora fluminensis; par le père José Mariano Vetrozo De Coxceiçao, 11
volumes de planches lithographiées et un cahier contenant la table des
planches avec la synonymie des végétaux figurés, in-fol.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4;
janvier 1837, in-8°.
. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ,
n° 3, décembre 1837, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 2 , in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12; n°% 4—6, in-4°.
Echo du Monde savant ; 5° année, n° 2, in-4°.
La Phrénologie ; tome 1“, n° 28, in-4°.
L'Éducateur; »° année, n° 11 ; in-40.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 JANVIER 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. Ù
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
M. le Présent présente les tomes XIV et XV des Mémoires de
l’Académie des Sciences.
La SECTION D'ÉCONOMIE RURALE propose, par l’organe de M. Huzard,
de déclarer qu’il y a lieu d’élire, à la place devenue vacante dans son
sein, par le décès de M. Tessier.
L'Académie, consultée par voie de scrutin sur cette question, décide,
à une majorité de 32 voix contre 1, qu’il y a lieu à élire. En consé-
quence, la Section présentera, dans la prochaine séance, une liste de
candidats ; MM. les membres en seront prévenus par billets à domicile.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Remarques sur quelques points d'une discussion
élevée dans la 7° réunion de l'Association Britannique pour l’avance-
ment des sciences , partie Mathématique ; par M. Bior.
« Parmi les questions traitées dans ces savantes conférences, et dont
le compte rendu vient d’être porté à la connaissance du public, une des
premières a eu pour objet l'état de liquide non évaporable, assigné par
C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 4.) 10
(72)
M. Poisson aux dernières particules d'air qui limitent l'atmosphère ter-
restre. Dans le nombre des conséquences physiques qu'on a présentées
comme dérivant de cette condition, soit pour l’appuyer, soit pour la
combattre, on a dit : « Qu’une épaisseur hétérogène d'air liquide, offre
» une difficulté au ealcul de la réfraction astronomique horizontale par
» des quadratures mécaniques, exposé par feu M. Atkinson, employé
» par lui dans les Transactions de la Société Astronomique, et par
» M. Biot, dans la Connaissance des Tems (de 1839); à moins que ce calcul
» ne füt en quelques points modifié (1). »
» C’est à M. Poisson de juger s’il lui conviendra de discuter les objec-
tions qu'on à faites contre l'opinion qu'il a émise, et qui, je l'avoue, m'a
toujours paru n'être que l'expression exacte de l'état d’un gaz privé de
tout ressort. Mais, quant à la conséquence qui en résulterait contre le
calcul des réfractions atmosphériques, par la méthode que j'ai employée,
et qui n’est pas du tout celle de M. Atkinson, cette conséquence, dis-je,
me paraît sans aucun fondement dans la spécialité de son applica-
tion. Car, si la couche d’air liquéfiée avait assez de masse pour influer
sensiblement sur les réfractions totales qu'on observe, la nécessité d’a-
voir égard à cette donnée nouvelle, exigerait une modification corres-
pondante, non pas seulement dans la méthode dont j'ai fait usage, mais
dans toutes celles qu’on a jusqu'ici appliquées à ce problème; puisque
les lois de l'équilibre et de la réfraction, dans la couche liquéfiée, seraient
différentes de celles des gaz que toutes ces méthodes emploient.
» En effet, pour calculer le mouvement du rayon lumineux à travers
l'atmosphère, il faut inévitablement la définir. On l’admet donc,
telle que les phénomènes observables nous l’indiquent, composée de
couches gazeuses, pesantes, élastiques, dilatables, réfringentes. Des
expériences très précises, faites dans les couches inférieures , nous
font connaître les lois physiques suivant lesquelles ces propriétés s’y
exercent; et ces lois sont constantes depuis l’état naturel de l'air à la sur-
face de la terre, jusqu’au dernier terme de raréfaction où nous puissions
artificiellement l’amener. Maintenant, lorsque nous nous élevons dans
l'atmosphère, nous trouvons la densité, la température et l'état hygro-
métrique variables avec la hauteur des couches. Mais, dans toutes les
hauteurs que nous pouvons atteindre, et qui comprennent la portion de
(x) Ce passage est traduit littéralement du rapport imprimé dans l’Athenœum ,
n° 519, p- 743
(73)
beaucoup la plus réfringente de l'atmosphère totale, la nature chimique
de l'air et toutes ses propriétés physiques sont invariablement les mêmes
que dans la couche inférieure. Or, comme tous les gaz permanents qui
ne réagissent pas chimiquement les uns sur les autres, étant mis en
contact , se répandent dans tout l’espace commun, de manière à former
bientôt un mélange de composition uniforme, nous devons conclure que
la même composition et les mêmes propriétés physiques subsistent en-
core à des élévations beaucoup.plus grandes que celles où nous pouvons
les constater matériellement ; ce qui doit en faire résulter, sinon la to-
talité, du moins une proportion très considérable de la réfraction en-
tière qui s'observe; et par conséquent réduire à une quantité excessi-
vement petite, si elle n’est pas nulle, la partie de cette réfraction qui peut
être due à des états différents de l'air, où les mêmes propriétés physiques
n’existeraient plus. Cette conséquence est encore fortifiée par l'affaiblisse-
ment continu des réfractions, à mesure qu'on s'élève; comme aussi
par le peu de courbure totale des trajectoires lumineuses sur lesquelles les
astres nous deviennent visibles à l'horizon même, dans l’état de régularité
et de calme où l’on peut admettre la sphéricité des couches d’égale den-
sité sur l'étendue d’une même trajectoire.
» Avec cet ensemble de données physiques, que devaient faire les géo-
mètres pour calculer les réfractions théoriquement? ils devaient continuer
la même nature de lair et les mêmes propriétés générales jusqu’aux der-
nières limites sensibles de l'atmosphère , en attribuant aux couches suc-
cessives le décroissement des températures indiqué par l'observation dans
les hauteurs que nous pouvons atteindre, et le prolongeant par induc-
tion au-delà de ce terme, si toutefois cela était absolument nécessaire pour
évaluer la réfraction totale jusqu’au point de précision où l’on peut effecti-
vement l’observer. Car ces conditions étant posées, les lois de la mécanique
et de l’optique déterminent complétement les densités de toutes les couches
aériennes , ainsi que les réfractions opérées par chacune d'elles, et par leur
ensemble, sur les rayons lumineux qui les traversent suivant des directions
quelconques. Il ne reste à vaincre que des difficultés analytiques pour ob-
tenir complétement ces déductions.
» Mais ces difficultés étaient extrêmes. Et aussi, pendant long-temps,
malgré beaucoup d'efforts, le problème n’a été résolu qu'avec des limita-
tions qui conduisaient à des lois de réfractions plutôt théoriques que
réelles. Enfin, M. Laplace d’abord, puis à son exemple M. Ivory, assujéti.
rent le décroissement des températures à des lois artificielles, à la vérité.
10..
(74)
mais réunissant les trois avantages : d’imiter detrès près les lois naturelles
dans les couches inférieures où on les observe, de donner des expressions
différentielles de la réfraction approximativement intégrables, et enfin de
conduire à des valeurs absolues, conformes aux résultats moyens des ob-
servations les plus précises. Les tables numériques obtenues ainsi par ces
deux géomètres, ne pouvaient guère laisser espérer d'améliorations sen-
sibles dans cette appréciation des résultats moyens, les seuls qu’ils avaient
voulu calculer.
» Toutefois, en admettant leurs lois du décroissement des températures,
comme représentant avec assez d’approximation l’état moyen de l'air dans
les hauteurs que nos instruments peuvent atteindre, et même en les pro-
longeant, ainsi qu’on peut sürement le faire, à des distances encore assez
grandes au-delà de ces limites, il reste douteux que ces mêmes lois doi-
vent s'étendre jusqu'au dernier terme de l'atmosphère gazeuse; et cette
incertitude en produit une correspondante dans l'évaluation de la réfrac-
tion opérée par les couches où elle a lieu. Peut-on s’exempter de cette
supposition , ou est-elle inévitable? En outre, ce décroissement, que les
difficultés du calcul forcent à supposer constant et régulier dans les in-
tégrations analytiques, il n’est pas tel en réalité ; on y trouve au contraire
des variations considérables d’un lieu à un autre, et, dans le même lieu,
aux diverses saisons. En le supposant observé, ne pouvait-on pas, par
quelque autre voie, calculer avec une suffisante approximation les réfrac-
tions vraies et actuelles qui en résultent? Telles sont les deux questions
que j'ai cherché à résoudre dans la Connaissance des Tems de 1839.
» Des données antérieurement admises, je n’emploie que la conserva-
tion de l'état gazeux, et la permanence des propriétés physiques de l'air
atmosphérique dans toute la portion de l'atmosphère qui influe sensible-
ment sur les réfractions; ce qui permet d'appliquer, dans toute cette
étendue, les équations de l'équilibre et les lois de réfractions habituelles
des masses gazeuses. J'établis sur ces fondements les équations différen-
tielles qui expriment le mouvement de la lumière dans une atmosphère
sphérique ainsi définie, et ayant d’ailleurs une composition chimique
constante ou variable avec la hauteur. Considérant alors la portion infé-
rieure de cette atmosphère, que nous pouvons étudier matériellement ,
j'introduis dans les équations les conditions de continuité, comme de na-
ture chimique qu’elle nous présente, lesquelles par le principe de diffu-
sion des gaz doivent encore s'étendre plus haut. Alors, pour obtenir la
portion de la réfraction totale qui s'opère dans cette zone d'air, je m’ap-
(7)
puie seulement sur un fait, ou plutôt même sur une condition physique
inhérente à la constitution des gaz; c’est que, dans l’état d'équilibre per-
manent de la masse gazeuse, la densité et la nature chimique ne peuvent
pas varier brusquement avec la hauteur. De sorte qu’en partageant une
hauteur totale donnée, en intervalles convenablement petits et d’une li-
mite d'épaisseur toujours assignable, le décroissement de la densité, dans
chaque intervalle, peut être représenté par une expression parabolique,
que je démontre, par les équations différentielles mêmes, ne devenir Jja-
mais fautive, dans les distances zénithales où l'on a besoin de l’employer.
Alors j'emploie en effet une telle forme; et l’introduisant dans une ex-
pression nouvelle de l'élément de la réfraction qui est particulièrement
propre à cet usage, j'en déduis la portion correspondante de la réfraction
totale, avec un degré d’approximation toujours mesurable, et qui peut
être rendu indéfini. Parvenu ainsi à la hauteur quelconque où la densité
est réduite environ à —! de la densité initiale, je prouve que la somme
oo
des flexions ultérieures de la trajectoire lumineuse, c’est-à-dire le reste de
la réfraction, peut s’obtenir entre des limites d'erreur moindre que 2
de seconde, même pour la trajectoire qui arrive horizontale au niveau
de la mer, sans qu’on ait besoin de spécifier, en aucune manière, le mode
de superposition des couches gazeuses par lesquelles ce reste est produit.
La méthode qui conduit à ce dernier résultat, étant appliquée à des
distances zénithales moindres, donne la réfraction totale entre des limites
pareilles , quel que soit le mode de superposition de toutes les couches
gazeuses, supérieures à celle où l'observateur est placé. 1l n'y a donc ici
plus rien de supposé, si ce n’est la continuité de l’état aériforme, avec la
conservation des propriétés ordinaires des gaz, dans toute l'épaisseur de
l'atmosphère réelle qui contribue sensiblement à la réfraction. Or, pour 45°
de distance zénithale, par exemple, l'erreur possible de ces évaluations gé-
nérales est seulement de 0",oo1; elle n’est même encore que de 2"”,25 à 80°;
et, tant à ces distances, que pour des trajectoires plus basses , les réfrac-
tions ainsi obtenues sont exactement conformes à la moyenne de celles
qui s’observent. De là, ne doit-on pas inférer , avec une extrême vraisem-
blance, que si les lois de compressibilité, de dilatabilité, et de réfraction
propres à l'air gazeux observé ici-bas, cessent d’exister à une hauteur quel-
conque dans l'atmosphère terrestre, comme cela semble nécessaire pour sa
permanence, ces modifications ne peuvent avoir lieu en réalité qu'à des
hauteurs où la densité est si affaiblie que tout l'ensemble des couches
ultérieures ne produit aucun effet appréciable sur la réfraction ? Toutefois,
(76)
le même résultat final aurait lieu encore dans le cas fictif de décroissement
des températures et des densités que M. Poisson a considéré à la fin de son
Mémoire, pour présenter une réalisation numérique de ses conceptions.
Car, conservant, comme il le fait, les conditions ordinaires de l'équilibre
des gaz, et l’uniformité de leur dilatation, jusqu’à la limite de l'atmosphère
où la pression devient nulle, la liquéfaction supposée n’a lieu que dans la
surface sphérique mathématique qui forme cette limite. Conséquemment
l'effet en serait nul sur la réfraction totale, qui pourrait ainsi, dans tout
l'intérieur de l'atmosphère refringente, s'évaluer encore par parties, comme
je lai fait dans les exemples que j'ai choisis. Seulement, la densité de l'air à
sa surface extrême , dans cet exemple idéal, étant encore très considérable,
et se trouvant brusquement contiguë au vide, on devrait, pour maintenir
la continuité des équations différentielles de la réfraction dans ce passage
le concevoir opéré par une loi quelconque de décroissement infiniment
rapide, comme l’a fait M. Laplace pour l'atmosphère à densité constante
de D. Cassini. Alors les mêmes considérations de limite que j'ai employées
s'y appliqueraient encore , mais avec d’autres amplitudes d'erreurs que dans
la véritable atmosphère.
» La méthode que je viens de rappeler diffère, je crois, totalement de celle
de M. Atkinson, qui est exposée dans le tome II des Mémoires de la Société
astronomique. Cet auteur ne fait aucun usage des équations différentielles du
mouvement de la lumière; il ne les pose même pas; et il ne s’astreint pas, non
plus, aux relations que les équations de l'équilibre des gaz établissent entre
les densités et les températures à diverses hauteurs. Mais, concevant l’atmos-
phère tout entière partagée en couches assez minces pour que la variation
des densités dans chacune d’elles soit très faible, ilévalue l’inflexion du rayon
en passant de l’une à l'autre, par des considérations synthétiques, dont le
résultat final revient à faire varier la densité dans chaque couche en pro-
gression arithmétique avec la différence de hauteur, en changeant de pro-
gression pour les différentes couches, selon les conditions indiquées par
le baromètre et le thermometre pour toutes les hauteurs où ces instru-
ments peuvent être portés (1). Tel est du moins l'effet numérique des
(1) M. Atkinson adopte, pour ie décroissement des températures, une expression fon-
dée sur l’ensemble de toutes les observations qu'il a pu réunir. Cette expression,
combinée avec les équations de la dilatabilité et de l’équilibre des gaz, fixe évidemment
les relations correspondantes de la hauteur avec les pressions et les densités. Mais l’au-
teur, au lieu de lier ainsi ces éléments, déduit les densités des hauteurs par le moyen
Ù (57)
formules auxquelles l’auteur arrive, lesquelles mème, avec les restric-
tions qu'il y apporte, supposent que l’on se borne à la première puissance
du pouvoir réfringent. Cela est aisé à reconnaître, puisqu’en les appliquant
à l'atmosphère totale, elles le conduisent à la règle de Bradley, que l’on
sait être produite par le décroissement arithmétique des densités. Pour
calculer la réfraction par cette méthode, l’auteur partage atmosphere en-
tire en ‘couches d’autant plus nombreuses, que la distance zénithale est
plus grande. Mais le mode d'évaluation qu'il a adopté est d’une application
si pénible, qu’à l'horizon, par exemple, ses couches les plus basses n’ont
que quelques pieds d'épaisseur ; et de là elles croissent graduellement en
dimension avec la hauteur, au nombre de 34, jusqu’à la dernière qui com-
mence au point ou la densité est réduite à -& de la densité initiale, d’où
elle s'étend jusqu’au reste de l'atmosphère (1). Or, pour cette dernière
couche, la réfraction qu’elle produit étant calculée en une seule fois , par
la règle de Bradley, qui suppose implicitement le décroissement des tem-
pératures et des densités en progression arithmétique, jusqu’à sa limite,
la part qu’on lui attribue dans la réfraction totale, implique également cet
état. Ainsi, la légitimité de l'évaluation exigerait qu’on prouvât qu'il existe,
ce qu’on est très éloigné de pouvoir faire. En cela donc, le calcul de
M. Atkinson, analysé avec exactitude dans ses éléments physiques, prète-
rait à la même illusion que les autres lois continues de décroissement
employées par tous les géomètres qui Font précédé; illusion qui consiste
à supposer qu’en pliant ces lois aux mesures de température faites dans les
couches inférieures , et tirant de leur emploi analytique des réfractions
conformes à celles qui s’observent, on peut inférer de cette coïncidence,
que les mêmes lois s'étendent, même approximativement, aux couches su-
périeures par lesquelles l'atmosphère est terminée. Car lorsque l’on main-
tient ainsi, jusque dans ces couches, l’état et les propriétés habituelles des
gaz, la portion de la réfraction totale qu’elles produisent, a toujours une
valeur sensiblement égale dans tous les modes de superposition qu'on
peut leur attribuer. Donc, inversement, on ne doit pas alors chercher des
indices de leur température dans les valeurs des réfractions observables. Et
auxiliaire de la formule barométrique approchée. Voyez son Mémoire, pages 191, 192
et 106.
(2) Pour ce cas de la trajectoire horizontale, la réfraction produite par les quinze pre-
mières couches de M. Atkinson, est obtenue dans /a Connaissance des Tems de 1839 ,
par une seule quadrature , page 81; et directement, par une autre méthode , page 89.
(78)
il ne faut pas non plus faire intervenir les mesures de ces réfractions , dans
la discussion de l’état physique que d’autres considérations pourraient
faire attribuer aux dernières couches atmosphériques. Car le seul effet des
couches où l’état gazeux est indubitable, donne déjà une portion si con-
sidérable de la réfraction entière, que les modifications qu'on pourrait
réellement appliquer au reste de l’atmosphere , auraient des conséquences
numériques trop faibles pour être apportées en preuve de la réalité, ou
de la non-réalité, de ces conceptions. Ces remarques m'ont paru propres
à simplifier le savant débat qui s’est élevé dans le sein de l'Association
britannique, en montrant que la théorie mathématique des réfractions,
complétée par le peu que j'ai tâché d'ajouter aux travaux de tant d'illus-
tres géomètres, est tout-à-fait désintéressée dans son résultat, pour ce qui
concerne les applications réelles à l'astronomie (1).»
(1) En nommant p la pression dans la couche dont la densité est e, le cas fictif que
M, Poisson a considéré conduit à la relation
p°=Bé+C,
B et C étant deux constantes finies dont la première est positive, la seconde négative.
Cette relation, introduite dans l’équation de l’équilibre des couches gazeuses , la rend
immédiatement intégrable. Si C pouvait être supposé nul ou infiniment petit, elle don-
nerait la pression proportionnelle à la densité, par conséquent la température constante
et la densité décroissante en progression géométrique avec la hauteur.
On ramènerait de même, empiriquement, aux idées de M. Poisson, le cas du décrois-
sement en progression arithmétique , et celui du mélange des deux prosressions si heu-
reusement employé par M. Ivory. Ce dernier, par exemple, résulterait de l’expres-
sion
P°= (4e + Be) + c,
la constante c étant toujours supposée infiniment petite et négative. Alors la couche
où la pression deviendrait nulle aurait aussi une infiniment petite densité, ce qui ne mo-
difierait pas sensiblement les réfractions obtenues en la négligeant, comme l’a fait
M. Ivory, et comme je l’ai fait dans mon Mémoire,
( 79 )
ANATOMIE. — Recherches sur la structure des membranes de l'œuf des
mammifères ; par MM. Brescuer et GLUGr.
« La structure des membranes de l’œuf des mammifères est digne d’in-
térêt, non-seulement sous le rapport de l’histoire des développements or-
ganiques, mais aussi sous celui de l'anatomie générale. On ignore complé-
tement la composition des tissus dont l'existence est temporaire ou bornée
à la durée de la vie intra-utérine, et qui diffère des tissus dont l'existence
n'a pour limites que celles de notre propre vie. En un mot, on ne sait
pas s’il y a analogie de structure entre les membranes de l'œuf, et les
autres tissus du corps qui jouissent de la faculté de se reproduire. Ces
questions une fois posées, nous avons cherché à y répondre.
» Nos observations ont été faites avec le microscopede Schick, et le gros-
sissement n’a pas été porté au-delà de 250 à 300 fois le diamètre. Nous
avons fait nos recherches sur les membranes de l’œuf de l’homme, du
singe, de la vache et du chien.
» 1. Chorion. — Cette membrane ne contient aucune trace de fibres, le
plus grand grossissement n’a pu en faire apercevoir. La masse organique
est constituée par de petites molécules étroitement apposées les unes
auprès des autres. Cette matière est parsemée de globules blanchâtres,
plus grands que ceux du sang humain. Quelques-uns de ces globules sont
à surface unie, les autres contiennent un grand nombre de petits grains
dans une masse uniforme. Les globules offrent une grande régularité et
se détachent facilement des autres masses. Des filaments qui se ramifient
et qui n'atteignent pas un diamètre d’un centième de millimètre, sont
dispersés dans la masse; nous n’osons dire si ce sont des vaisseaux.
» 2. La partie de la membrane du chorion qui se prolonge sur le cordon
ombilical offre une structure tout-à-fait analogue au reste de-cette même
tunique. La matière gélatineuse (gélatine de Wharton ), contenue dans la
masse du cordon, est pourvue d’un tissu cellulaire, dont les fibres primi-
üves ont un plus grand diamètre que celles du tissu cellulaire ordinaire.
Les contours n’en sont pas aussi nets, et l’on y reconnaît encore les carac-
tères d’une formation récente.
» On sait que, suivant Utini et Fohmann, cette masse gélatiniforme est
une substance albumineuse contenue dans des vaisseaux lymphatiques ;
maïs nous n’avons pu reconnaître ici si les fibres du tissu cellulaire, qui
sont répandues dans cette substance, offrent l'apparence d’un canal vas-
C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 4.) ge
( 80-)
culaire. Des injections avec des matières colorantes ne pourraient rien
prouver, car l’état particulier du tissu cellulaire favorise trop les extra-
vasations et les épanchements, etc.
» 3. Les granulations quenousavons examinées surle cordonombilical du
veau, sont formées seulement par des couches superposées d’une matière
comparable, d’après ses caractères extérieurs: aux couches de l’épiderme
ou.de l'épithélium.
» On voit sur ces parties des cellules hexagones, contenant des globules
parfaitement semblables à ceux que nous avons trouvés dans le chorion. Ces
cellules'sont exactement placées les unes à côté des’autres etse correspon-
dent par leurs angles, ce qui leur donne une régularité fort remarquable.
» 4. L’amnios offre exactement la même structure que celle que nous
venons de décrire dans le chorion: On ne saurait l'en distinguer à l'aide
du microscope. La quantité des couches superposées constitue la diffé-
rence visible à l'œil nu dans les deux membranes. Ea liqueur renfermée
dans l’amnios contient des particules irrégulièeres:et des cristaux.
» La structure presque uniforme des membranes de l'œuf offre un rap-
prochement assez curieux avec les couches de l’épiderme de la peau‘ou
de l’épithélium,des membranes muqueuses de beaucoup. d'animaux.
M. Valentin a décrit les cellules hexagones de l’épiderme des, Batraciens ; qui
se détachent sans cesse sous forme de mucus. L'un de nous, M. Gluge (x),
a examiné l’épiderme des oiseaux, etle mucus qui se.sépare de la: sur-
face du corps des Sangsues et, de celui des. Batraciens. L’épiderme des
oiseaux offre les cellules hexagones, contenant à leur centre un globule
d’une surface unie; la même structure appartient à l’épiderme de la Ba-
leine, où les couches constituant les cellules sont fort nombreuses. L’épi-
derme des Sangsues au contraire n’a pas de cellules, mais il est formé
d'une matière homogène parsemée de globules, qui ressemblent à ceux
qu'on trouve dans les membranes de l’œuf. Ils offrent en grande partie
une surface unie et contiennent de petits grains dans leur intérieur: Nous
croyons signaler ‘un fait assez curieux dans cette réssemblance ‘entre les
membranes de l’œuf, l'épiderme et l'épithélium. Tous ces tissus sont fort
simples, sans organisation proprement dite bien distincte, et semblent résul-
ter d’une dessiccation régulière d’un liquide sécrété; chez tous il existe une
destruction et! une reproduction continuelles;
(1) Bulletin de la Société de Bruxelles, décembre 1837.
(8r)
» Nous avons encoré porté notre'attention sur quelques autres points de
structure microscopique qui ont rapport à notre sujet:
» Ainsi nous avons examiné de nouveau les villosités du chorion de l'œuf
humain, qui ont été déjà décrites par l’un de nous (1),et en général nous
croyons pouvoir affirmer l'exactitude de tout ce qui est consigné dans le
travail que nous citons. On ne saurait donner une meilleure idée de ces
villosités de l'œuf du chorion humain, qu’en les comparant à des villosités
intestinales qui, au lieu d’être simples, seraient rameuses.
» Toute la différence entre les villosités de l'intestin, et l'espèce de che-
velu rameux ou arboriforme de la surface du chorion de l'œuf humain,
ne consiste que dans cette circonstance d’une tige simple chez les pre-
mières, et d’une tige avec des embranchements chez les dernières. Quant
à la structure des unes et des autres, il nous a été impossible:de la décou-
vrir, Car elle est aussi simple que celle du chorion lui-même ou de l’épi-
thélium intestinal, et les fonctions deces deux ordres d'organes doivent
avoir la plus grande analogie, celle d’absorber des liquides destinés à la
9 Las; 1
nutrition.
» Dans l'utérus de la vache noüs ‘avons trouvé untissu recouvrant la
couche musculaire, et qui n’a pas,encore été décrit comme appartenant à
cet organe : c’est le tissu élastique qui présentait des fibres cylindriques
formant des ramifications dont l’arrangement produit un réseau. Par cette
disposition, unique jusqu'ici parmi les tissus connus, ces fibres consti-
tuent un organe à la fois résistant et élastique, qui sous ce rapport peut
être comparé, d’après les fibres dont nous parlons, aux ligaments jaunes
des vertèbres, aux ligaments cervicaux des grands ruminants, et au tissu
jaune des bronches. La seule différence que nous ayons trouvée dans le
tissu élastique de l’utérus, est que le diamètre de ses fibres est moindre
que celui des autres tissus élastiques. La découverte de ce tissu dans l'u-
térus-nous paraît être/de quelque importance pour expliquer la force et
la résistance de cet organe, son élasticité ou sa contractilité si manifestes,
bien que les paroïs de l'utérus de la vache n'aient pas une épaisseur assez
grande-pour qu’on puisse les comparer à celles de l'utérus de la femme.
Lobstein avait rapproché le tissu.de l'utérus du tissu fibreux jaune, mais
il w’avait pas anatomiquement reconnu l'existence de ce tissu jaune élas-
tique. Cependant les fibres réputées musculaires n’en existent pas moins,
et leur. présence,a. été également constatée par nous dans l'utérus de là
are Mr M, Er cr ir gr fr mins nan ne
(@) M. Breschet et M, Raspail, Voyez le Répertoire d’analomie ; etc.
11.
( 82)
vache. Elles sont cylindriques, et offrent un diamètre presque double de
celui du tissu cellulaire. Ces fibres sont étroitement placées les unes auprès
des autres, et forment des faisceaux si bien unis entre eux qu'il. est très
difficile de les isoler.
» Dans un autre mémoire, nous parlerons de la structure de l’allantoïde ,
de la vésicule ombilicale et du placenta.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Fig. 1. Chorion du chien.
a. Fibres ou vaisseaux dispersés irrégulièrement dans la masse.
5. Masse amorphe du chorion.
c. Globules contenus dans la masse { grossissement de 225 diam.).
Fig. 2. Idem, Structure des globules,
a. Comme dans la figure précédente.
b. Globules à surface unie.
c. Globules avec de petits grains à l’intérieur.
Fig. 3. Membrane du cordon ombilical.
Fig. 4. Tissu cellulaire du même cordon.
Fig. 5. Cellules qui forment les granulations sur le cordon ombilical du veau.
Fig... 6. Idem. On voit les fibres cellulaires en-dessous.
Fig. 9. Tissu élastique ou jaune de l’utérus de la vache.
Fig. 8. Fibres musculaires de l’utérus du même animal.
Fig. 9. Le même tissu isolé.
Fig: 10. Villosités du chorion de l’œuf humain.
Fig. 11. Cristaux de la liqueur de lamnios ( liquor amnii).
OSTÉOGÉNIE. — Des centres d'ossification , et de leur position par rapport à
celle des artères nutricières des os.
(Extrait par l’auteur.)
« M. Larrey, en réponse aux observations relatives à l’ostéogénie, de
son honorable confrère M. Serres, insérées dans le dernier Compte rendu ,
a communiqué à l’Académie quelques réflexions, qui font suite à son
Mémoire sur le mode de cicatrisation des plaies du crâne, et dans les-
quelles il développe sa pensée sur la manière dont la nature procède à
l’ossification primitive des os. Selon M. Larrey, et cette idée est conforme
à celle de M. Serres, l’ossification marche des points où les artères nu-
tricieres pénètrent dans le canevas membraneux destiné à la formation
des os, pour se répandre successivement, par rayons divergents, de ces
troncs artériels vers les branches, rameaux et ramuscules, qui y prennent
naissance, en sorte que ce point ayant commencé dans les masses laté-
(83)
rales de la tête et du rachis, le travail d’ossification doit marcher de ces
centres latéraux vers la ligne médiane, où il se termine.
» La cicatrisation des ouvertures du crâne se fait dans le sens de la
marche de ces vaisseaux, qui partent des bords de ces ouvertures en
s’allongeant et en se développant vers le centre de ces espaces, jusqu’à
ce qu'ils soient en contact immédiat, pour s’anastomoser et opérer une
adhésion mutuelle, ce qui termine la cicatrice de ces plaies. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Vote sur la phosphorescence de la mer dans les
environs de Montpellier; par M. Dowar.
« On a observé la phosphorescence de la mer sous presque tous les
méridiens et à un grand nombre de latitudes. On l’a notamment indi-
quée dans le bassin méditerranéen , près des côtes de Murcie, dans les
lagunes de Venise, aux environs de Naples, etc. Il est étonnant qu’elle
n’ait pas été signalée sur les côtes méditerranéennes de la France, où elle
est presque habituelle.
» Les pêcheurs languedociéns nomment ardent , en patois languedocien
ardenn, ce phénomène remarquable. À toutes les époques de l’année,
mais certains jours seulement, pendant l'obscurité de la nuit, la mer, les
lagunes et les canaux qui communiquent avec elle, paraissent être en feu.
Quand on considère de près ces eaux flamboyantes, on y voit une multi-
tude de petits corps lumineux très brillants qui se meuvent dans l'eau
avec assez de vitesse : on les voit monter, descendre, aller à droite et à
gauche, à la manière des animalcules infusoires qu’on observe dans une
goutte d'eau vue au microscope; les pêcheurs les comparent à des pail-
lettes métalliques. Ces corps brillants sont quelquefois en si grande quan-
tité et si lumineux, qu'ils éclairent l’eau à plusieurs brasses de profon-
deur. Quand ce phénomène se manifeste avec énergie, il arrive souvent
que la pêche ne peut avoir lieu, parce que les poissons évitent les filets
qui sont alors brillants de clarté. La pêche ax globe se fait avec un grand
filet carré qu'on tend en travers d’un canal, et qu'on soulève par ses
angles au moyen de tours fixés sur les rives. Le filet étant ainsi soulevé,
il est suspendu au-dessus du canal en forme d’hémisphère creux. S'il y a
beaucoup d’ardent, les gouttelettes d’eau qui abandonnent le filet pour
retomber dans le canal, sont comme des lames de feu; le filet lui-même
paraît quelquefois tout en feu.
» Certains jours il y a de l’ardent dans les eaux, sans qu’elles soient lu-
(84)
mineuses à leur surface. Dans ce cas, quand l’aviron des barques ou tout
autre corps frappe l’onde, la petite nappe d’eau :qui est déplacée paraît
à l'instant lumineuse. Les jours où l’ardent se montre, on trouve dans
les lagunes des espaces qui me sont jamais lumineux; ces espaces man-
quent de poisson, et les pêcheurs disent qu’ils sont froids, quoiqu'il
n'en apprécient jamais la température. Dans le même temps, d’autres
portions des lagunes sont très lumineuses, et comme on trouve dans ces
dernières beaucoup de poisson, les pêcheurs disent qu’elles sont chaudes,
mais seulement parce qu’elles sont. poissonneuses et lumineuses ; car
d’ailleurs ils ne se sont jamais enquis de leur température; ils ne cher-
chent pas même à l’apprécier grossièrement par la sensation que l’eau
peut produire sur leurs mains.
» Les eaux dont nous parlons ne sont lumineuses que pendant les
nuits obscures; mais toutes les nuits obscures ne présentent pas ce phé-
nomène, à beaucoup près. Dans quelles circonstances se manifeste-t-il
principalement ? C’est ce que personne n’a pu me dire encore. Tous les
pécheurs de la côte s'accordent sur ce point, qu'il a lieu à toutes les
époques de l’année, mais plus fréquemment en été qu'en hiver. Je me
propose d'étudier avec suite ce phénomène, pour tàcher de découvrir les
causes qui le produisent, et les circonstances dans:lesquelles il se fait ob-
server. Si Je réussis à apprécier nettement ces causes .et ces circonstances,
j'en ferai le sujet d’un petit mémoire , que j'aurai l'honneur de soumettre
à l'Académie, »
rALÉONTOLOGIE. — Notice sur la Nérinée gigantesque, Nerinea gigantea
testa turrita elongato-cylindracea subplicata, anfractibus ad suturam
convexis, in medio profunde canaliculatis; par M. »'Homeres-Firmas.
« La coquille fossile dont il est question, est une. Vérinée, genre de la
famille des Cérithes, signalé depuis quelques années par. M. de France.
Nous l'avons nommée gigantesque à cause de sa taille; la plupart des Né-
rinées connues étant généralement assez petites.
» Elle fut trouvée il y a plusieurs années sur le penchant occidental de
la montagne de Bouquet, à peu près au quart de sa hauteur au-dessus du
village de Brouzet, qui est à seize kilomètres à l’est d’Alais.
» Elle était isolée avec d’autres pierres, au milieu des souches: dé: buis: s
sa couleur grisätre, et quelques lichens encroûtés à sa surface; témoi-
gnent qu'elle était depuis long-temps détachée de la roche dont elle avait
(8)
fait partie. Sa forme arrondie pourrait faire supposer qu’elle avait roulé de
plus haut, mais il m'a été impossible de reconnaitre le banc dans lequel
elle était pétrifiée. Peu importe du reste sa position ou sa hauteur, puisque
la montagne entière est de la même formation, et qu’elle appartient
comme les collines de toute cette chaine aux terrains crétacés inférieurs.
» On peut suppléer à ce qui manque à cette coquille, se figurer le
nombre de ses spires et leur décroissement jusqu’à sa pointe, et en ajou-
tant de l’autre côté un demi-tour seulement, formant son ouverture, elle
aurait environ quarante-cinq centimètres de long.
» En voyant cette Nérinée extérieurement, on ne reconnait pas son test,
il semble, comme dans tant d’autres fossiles, que c’est un noyau ou moule
de l'intérieur; mais je l’ai fait scier et polir, et l'on distingue parfaite-
ment dans la coupe sa columelle qui est très plissée, ainsi que la face
interne des spires; les cloisons et toute la coquille d’une pâte calcaire plus
blanche , plus fine, plus compacte que celle dela terre qui la remplit, qui
est'également calcaire.
» Les spires sont bifides , ou partagées extérieurement en deux portions
égales par une large cannelure qui forme une arète aiguë dans leur inté-
rieur ; une rainure sépare les tours de spire dans l’endroit le plus saillant
de la coquille et correspond à leurs sutures.
» Les naturalistes qui ont examiné ma Nérinée, ceux à quij'en ai parlé,
l'ont considérée comme une nouvelle espèce, et me pressaient de la faire
connaître; j'ai différé, dans l'espoir d’en rencontrer un échantillon plus
complet ou mieux caractérisé. J'aurais voulu voir l'ouverture et l’opercule
de cette coquille, ce canal étroit , tronqué et sans échancrure qui la dis-
tingue des vis. J'ai été souvent sur la montagne de Bouquet, et j'ai exploré
les environs dans cette vue ; quelques amateurs désireux d’avoir cette Né-
rinée, m'ont accompagné et y sont retournés plusieurs fois : toutes nos
recherches ont été vaines jusqu’à ce jour, aucun de nous n’en a trouvé la
moindre trace : en attendant, j'ai fait mouler l'échantillon que je possède,
et, faute de mieux, je puis en-offrir la copie en plâtre aux curieux. »
ÉCONOMIE RURALE. — Second mémoire sur Le mürier des Philippines ; par
M. D’Homeres-Firmas.
( 86 )
NOMINATIONS.
L’Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un mem-
bre correspondant pour la section d’Astronomie.
Le nombre des votants est de 44.
Au premier tour de scrutin, M. Littrow obtient 43 suffrages; il y a
un billet blanc.
M. Lirrrow est, en conséquence, proclamé membre correspondant de
l’Académie pour la section d’Astronomie.
RAPPORTS.
ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur divers travaux entrepris au sujet de la
maladie des vers à soie, connue vulgairement sous le nom de mus-
cardine.
( Commissaires, MM. Duméril, Silvestre, Dumas , Adolphe Brongniart,
Bory de Saint-Vincent, Dutrochet, rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés de lui faire un rapport sur plusieurs tra-
vaux soit imprimés, soit manuscrits qui lui ont été présentés et qui ont
pour objet la maladie des vers à soie, connue vulgairement en France
sous le nom de muscardine. Ces travaux sont :
» 1°. Un ouvrage imprimé de M. Bassi, docteur en droit et avocat à
Lodi, intitulé : Del mal del segno , calcinaccio o moscardino ; ouvrage qui
a été traduit par extrait en français par M. le comte Barbo;
» 2°, Un ouvrage imprimé de M. Lomeni, intitulé : L’innocuita e l'ef-
Jicacia de’ lescivi medicinali di potassa, di potassa e calce , del cloruro di
soda e dell acido nitrico , propositi dal signor Bassi, per la cura del mal
del segno o calcino de’ bachi da seta , richiamate ad esame per via delle
esperienze e dei fatti ;
» 3. Deux mémoires manuscrits de M. Audouin ; le premier intitulé :
Recherches anatomiques et physiologiques sur la maladie contagieuse qui
attaque les vers à soie et qu'on désigne sous le nom de muscardine. Le
second intitulé : Nouvelles expériences sur la nature de la maladie conta-
gieuse qui attaque les vers à soie et qu'on désigne sous le nom de mus-
cardine ;
(87)
» 4°. Un mémoire manuscrit de M. Montagne intitulé: Expériences et
observations sur le champignon entomoctone, ou histoire botanique de la
muscardine: Z
» Nous allons avoir l'honneur de vous rendre compte de ces diverstra-
vaux. Les deux premiers étant imprimés, nous ne présenterons à l’Aca-
démie nos conclusions que sur les trois derniers, auxquels d’ailleurs l’ana-
lyse des ouvrages de MM. Bassi et Lomeni doit servir nécessairement de
préambule.
$ I. Recherches antérieures à celles du docteur Basst.
« Une maladie désastreuse et connue de tout temps pour être conta-
gieuse, ravage souvent les établissements où l’on élève les, vers à soie, et
fait périr une multitudé de ces insectes. Cette: maladie est désignée, en
Italie, sous les noms de mal del segno, de calcino, de calcinetto, de
calcinaccio , parce que le corps du ver à soie, après,sa mort, devient
couvert d'une substance blanche semblable à de la chaux; en France,
cette maladie est appelée muscardine , parce que le corps mort du ver à
soie devient semblable à une sorte de pastille saupoudrée de, sucre, en
usage en Provence, et qui porte ce même nom.
» Le ver à soie attaqué de cette maladie, en manifesté peu la présence
par des signes extérieurs; il continue de manger, et.ce n’est qu’à l’ap:
proche de la mort qu'il cesse de prendre de la nourriture ; souvent,
quoique infecté de la maladie, il file son cocon et se transforme en nym-
phe ; il meurt alors sous cette dernière forme : quelquefois même, la
mort n'arrive qu'après la transformation de la nymphe en papillon. Quelle
que soit l’époque de la vie de l'insecte à laquelle arrive la mort causée
par la muscardine, ce n’est qu’alors que se manifestent à l'extérieur les
signes de l'existence de la cause morbifique à laquelle la mort est due.
Le corps privé de vie ne tarde pas à se couvrir d’une efflorescence
blanche , comme pulvérulente; et, ce qu'il y a de remarquable, la pu-
tréfaction n’a point lieu : le corps se dessèche et se momifie.
» Quelle’est la nature de la maladie désignée sous le nom de muscardine ?
quels sont les moyens de la prévenir? Ces questions ont été soulevées à
diverses reprises. On sent combien leur solution intéresse à la fois les édu-
cateurs des vers à soie et les gouvernements intéressés à maintenir floris-
sante une aussi précieuse branche de l’industrie agricole. En 1806 ; : le
gouvernement français chargea M. Nysten de se rendre dans les départe-
ments méridionaux, pour ÿ étudier la muscardine. Ce médecin a publié,
C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 4.) Le
(88)
en 1808, un travail assez étendu sur cette maladie, dont il a vainement
recherché la nature, tout en constatant qu’elle était véritablement con-
tagieuse. Il a fait de nombreuses expériences, dans la vue de trouver des
moyens curatifs ou préservatifs de cette maladie; mais ses tentatives à
cet égard sont demeurées sans résultats positifs. Cependant son travail a
été utile, en ce qu'il a prouvé l’inutilité des divers moyens préservatifs
qui étaient préconisés, et entre autres des fumigations acides et am-
moniacales. Il est arrivé à ce seul résultat, que les soins de propreté et
le renouvellement suffisant de l'air, étaient les seuls moyens efficaces
pour éloigner le fléau contre lequel tous les moyens chimiques étaient
insuffisants.
» Après les recherches de Nysten vinrent, entre autres, celles de Paro-
letti en 1810, et celle de Foscarini en 1819. Paroletti combattit l'opinion,
déjà commune, que l’efflorescence blanche qui se manifeste à la surface
du ver à soie muscardiné, était une moisissure; 1l crut que cette efflo-
rescence était du phosphate de chaux : du reste, il n’apprit rien sur les
moyens de prévenir cette maladie. Foscarini, dans les publications qu'il
fit dans la Gazette de Milan, en 1819, dans le Raccogliatore italiano
e straniero, et dans la Bibliothèque Italienne, en 1820 et 1821, fit voir
que la maladie dont il est question, se communiquait aux vers à soie par
le contact et par l’inoculation de l’efflorescence muscardinique. Plus
tard, MM. Confligliacchi et Brugnatelli, professeurs à l’Université de
Pavie, annoncèrent dans leur Journal de Physique, que l’efflorescence
muscardinique était véritablement une moisissure. Cette assertion a été
confirmée plus tard par M. Bonafous, qui en outre fut amené, par ses
recherches, à ce résultat, qu'une ventilation bien dirigée était préférable
aux moyens que la Chimie offre aux éducateurs de vers à soie, pour
assainir l'air des magnaneries.
$ II. Recherches de MM. Basst et Bazsamo.
» Ainsi que nous venons de le dire, on savait déjà, avant les recherches
du docteur Bassi, que l’efflorescence blanche qui se manifeste à la surface
du corps du ver à soie mort dela muscardine, est une moisissure, et l’on
savait aussi que le contact et l’inoculation de cette efflorescence commu-
niquaient la muscardine. Mais il devait paraître probable que cette plante
cryptogame était née sur le corps mort du ver à soie, comme on voit naïi-
tre des moisissures sur presque toutes les substances organiques humides
qui ont cessé d’être animées par la vie, ou de faire partie de l'organisme
( 89 )
vivant. M. Bassi reproduisit ces faits connus , et de plus, il admit que la
moisissure dont il était question, était la cause matérielle de Ja maladie,
que ses semences s’introduisaient dans l'intérieur de l'animal vivant , et y
éprouvaient un commencement de développement, et que c'était à l’exis-
tence de ce végétal parasite dans l’intérieur du ver à soie, qu'était due la
maladie appelée muscardine. Ce n’était qu'après la mort de l'insecte que
la plante cryptogame, cachée dans son intérieur, perçait la peau, et se ma-
nifestant au dehors, produisait ses organes de fructification. Voyons
quelles sont les preuves que le docteur PBassi apporte à l'appui de cette
assertion.
» Cet observateur a constaté, par des expériences nombreuses que l’ef-
florescence blanche dont se couvre le ver muscardiné après sa mort, étant
déposée sur la surface de vers sains, leur communique la muscardine.
Cette efflorescence étant formée par les tiges de la mucédinée chargées de
semences ou de sporules, il semble que l'on est en droit d’en conclure que,
dans les expériences dont il s’agit, on a fait un véritable semis, et que les
sporules ayant germé, la plante parasite s’est introduite dans le corps de
linsecte dont elle occasionne la maladie, attendant pour se montrer à
l'extérieur que l’insecte soit mort. Le docteur Caldarini a fait, avec raison,
l’objection suivante à cette théorie. Le principe contagieux de la muscar-
dine et l’efflorescence qui se manifeste sur le corps mort du ver à soie
peuvent être associés ou mélangés sur le corps mort du ver à soie, en sorte
qu’en croyant n’appliquer sur les vers sains que les seules semences de la
mucédinée, on leur appliquerait, en outre, le principe contagieux de la
maladie muscardinique.
» Les moisissures, avant de se manifester au dehors, existent à l’état de
thallus dans l'intérieur des substances organiques humides sur lesquelles
elles développent plus tard leur partie aérienne. Ce fait a été démontré par
votre rapporteur et a été publié en 1834, c’est-à-dire un an seulement avant
la publication de l’ouvrage du docteur Bassi, qui, étranger aux sciences na-
turelles, n’a certainement point connu ce travail.
» Le développement du hallus dans l'intérieur de la substance organi-
que humide qui lui sert de territoire, précède nécessairement l'apparition
de la moisissure aérienne.
» La question relative à la muscardine se réduit donc à savoir si le thal-
lus, prédécesseur nécessaire de la végétation mucédinée aérienne, existe
chez le ver à soie vivant, et devient la cause de sa mort, ou bien si ce thal-
lus ne se développe dans le corps de l’insecte qu'après sa mort, et cela en
12.
(90)
vertu de certaines circonstances favorables à son apparition et à son déve-
loppement. Votre rapporteur, dans le travail précité, a fait voir que dans
dé l'eau albumineuse, chez laquelle il ne se développe jamais spontané-
ment des thallus dé mucédinées, ces thallus apparaissent promptement
lorsqu'on ajoute à ces liquides une très petite quantité d'un acide quel-
conque. L'eau distillée elle-même, dans laquelle il n'apparait jamais de
thallus de mucédinées, ne tarde pas à en montrer lorsqu'on lui ajoute seu-
lement un millième de son poids d’un acide végétal, tel que l'acide tar-
tique, oxalique ou citrique. Or, le docteur Bassi a vu, de même que
d’autres observateurs antérieurs, que les liquides organiques des vers à
soie attaqués de la muscardine donnent des signes très évidents d’acidité.
La pointe d’une aiguille enfoncée dans un ver muscardiné s’y rouille, dit-
il, en peu de minutes. Or, ne pourrait-on pas penser que lorsqu'on ino-
cule à un ver sain le liquide intérieur d’un ver malade de la muscardine ,
et qu'on lui communique de cette manière la maladie, ainsi que la fait
le docteur Bassi; ne pourrait-on pas penser, disons-nous, que l’on inocule-
rait-à l'animal sain, non des germes de moisissure qui existeraient dans le
liquide inoculé, mais bien un acide dont la présence servirait en quelque
sorte de ferment aux liquides organiques de l’animal inoculé, les ferait de-
venir acides, et par cela même aptes à développer des thallus de moisis-
sure sans aucun semis préalable apparent, ainsi que cela arrive à l’eau
distillée à laquelle on ajoute une quantité très petite d’acide, et à laquelle
on semble iroculer, pour ainsi dire, en même temps , des mucédinées ?
» On voit par-là combien sont peu concluantes les expériences par les-
quelles le docteur Bassi a communiqué la muscardine à des vers à soie
sains, en leur inoculant ce liquide acide intérieur des vers muscardinés,
ou en baignant leur surface ou celle des chrysalides avec ces mêmes
liquides. Nous ne voyons point en outre ce qui a prouvé au docteur Bassi ,
que la mucédinée parasite se développe dans le corps de l'animal vivant,
et non dans son corps seulement après sa mort; et que l’on note bien
que c'est là toute la question. Nous ne voyons nulle part dans l'ouvrage
du docteur Bassi, qu'il ait cherché en disséquant des vers muscardinés
vivants et en se servant du microscope pour observer leurs organes in-
térieurs, qu'il ait cherché, disons-nous , à découvrir la plante parasite in-
térieure dont il admet l'existence sur de simples inductions rationnelles
qui peuvent être trompeuses, et qui, par conséquent, ne peuvent établir
un fait de cette importance, d’une manière irréfragable. Il se borne, par
exemple, à faire voir que les vers morts de la muscardine possèdent la
( 91 )
propriété de communiquer cette maladie au ‘moyen de l'inoculation de
toutes leurs parties, même des plus centrales ; il a observé que ces parties
centrales se-couvrent de moisissure muscardinique comme la surface ex-
térieure. Ces faits, comme on le voit facilement, ne prouvent en aucune
manière, que l'insecte ait été envahi de son vivant par la mucédinée
muüscardinique que M. Bassi n’a observée qu'après la mort. Cet observa-
teur n’a point fait usage du microscope dans ses recherches ; il se contente
d'en ‘conseiller l'emploi. Il invite notamment M. Amici à observer avec
son puissant microscope la planté qui produit la muscardine ; qui sait,
dit-il, si en observant avec ce microscope la plante dont il s'agit dans son
intégrité, on ne découvrira pas en-elle la faculté locomotive , et s'il ne se
présentera pas à l'œil, au lieu d'une plante, un animal? Cela \au moins
n'est pas impossible; d'autres productions de la nature'que l'on croy ait
végétales ont été reconnues ensuite pour de vrais animaux. On voit par ce
passage, traduit d’une note qui se trouve à la page 51 de l'ouvrage de
M. Bassi, qu'il n’ayait aucune idée’ nette touchant la nature de l'être or-
ganique vivant, plante où animal, dont il admettait l'existence dans le
Ver à soie malade dela muscardine. Tlne l'avait point vu, et, nous le ré-
pétons, il n’admettait son existence que sur des inductions rationnelles ;
aussi dans ‘un autre endroit (page 4r), en parlant à ceux des lecteurs qui,
dit-il, pourraient répondre à sa doctrine avec un sourire; il ajoute, qu'a
près tant d'observations et d'expériences entreprises par lui sur la cause
efficiente de la muscardine, il croirait véritablement renoncer à la raison
s'il n'était pas d'avis que cette maladie contagieuse est produite et répandue
par un être doué d'organisation et de’ vie. Celui qui possede des preuves
matérielles et irrécusables d’un fait qu'il annonce ne tient point un sem-
blable langage, il ne fait point! appel à/la raison mais bien au témoi-
gnage des yeux. Autreste, M. Bassi a vuque la muscardine pouvait se
transmettre à beaucoup, de chenilles’ et! notamment à celles’ du: Phalena
dispar. W a fait même une observation assez curieuse à cet égard : d’une
chenilie de Phalena dispar, à laquelle il avait inoculé la muscardine, il
sortit sept larves d'ichneumon, desquellesitrois mourarent dela muscar-
dine; les quatre:autres se métamorphosèrent:
» Telle est en substance l'analyse des faits contenus dans la première
partie de l'ouvrage de M. Bassi, intitulée Theoria ; nous l'avons donnée
d'après le texte italien, et non d'après la traduction abrégée et souvent
inexacte qu’en à faite M. le comte Barbo. Quant à la seconde pantie
de cet. ouvrage , intitulée Pratica , nous n'avons pu er prendre connais-
(92)
sance que par la traduction précitée, n'ayant pu nous procurer le texte
original. Dans l'introduction de cette seconde partie, introduction due à
M. Barbo, se trouve l'exposition abrégée des recherches auxquelles s’est
hvré M. Balsamo, professeur d'Histoire naturelle au lycée de Milan, à l'oc-
casion du travail de M. Bassi. Ce sont des recherches sur la moisissure
muscardinique : ces travaux de M. Balsamo ont été publiés d'abord par la
Gazette de Milan, du 17 juin 1835, et ensuite, dans la même année, par
le recueil intitulé Biblioteca italiana (tomo LXXIX). Nous n’avons pu nous
procurer la Gazette de Milan, mais nous avons heureusement pu consul-
ter les deux notes insérées par M. Balsamo dans la bibliothèque italienne ;
car l'extrait abrégé au’en a donné M. le comte Barbo dans son intro-
duction précitée, eût été insuffisant pour nous éclairer à cet égard.
» M. Balsamo a constaté, par l'observation microscopique que l’efflo-
rescence qui se manifeste à la surface des vers à soie morts de la muscar-
dine, est véritablement une mucédinée à laquelle il a donné d’abord le
nom de Botrytis paradoxa, et ensuite celui de Botrytis Bassiana, en
l'honneur de M. Bassi. Il donne à cette mucédinée les caractères suivants :
floccis densis, albis, erectis, ramosis, ramis sporidiferis , sporulis su-
bovatis.
» M. Balsamo n’a observé le développement de cette mucédinée que sur
des vers à soie morts de la muscardine; il n’a jamais dirigé ses investiga-
tions sur des vers vivants et attaqués de cette maladie. Il a vu que leur
coloration après leur mort avait son siége, non dans la peau qui était
dans le même état que celle des vers sains, mais dans un pigmentum sous-
cutané qui vu au microscope offre une quantité immense de granules
semblables aux sporules de la moisissure, et parmi lesquels se décou-
vraient des fragments de fils plus gros que les filaments du Botrytis; il
lui parut probable que ces filaments étaient des fibres animales.
» Chez des vers à soie et chez leurs chrysalides, il vit que le pigmentum,
dont il vient d'être question, avait envahi souvent tous les organes, au
point de les faire presque disparaître. Les fragments isolés de ce pigmen-
tum se couvrirent toujours sous ses yeux du Botrytis Bassiana. Enfin il
a vu des globules isolés pris dans le pigmentum, émettre des filaments
qui lui ont paru être la même mucédinée. Dans sa seconde note , M. Bal-
samo reconnait que la substance altérée morbifiquement, à laquelle il a
donné le nom de pigmentum dans le ver à soie mort de la muscardine,
correspond, dans le ver sain , aux deux masses de tissu adipeux auxquelles
Lyonnet a donné le nom de corps gras. « Il me parait actuellement, dit-il,
( 95 )
ÿ que Je tissu adipeux du ver à soie est celui qui se trouve morbifique-
» ment affecté dans la maladie muscardinique, puisqu'elle en change la
» structure et la consistance, et: en accroït la, quantité au point qu’elle
» semble restreindre les organes encore existants. La détermination de
» l’organe spécialement affecté dans la muscardine, ne nous fait toutefois
» point connaître la cause qui produit cette maladie... L'état morbide
» du tissu adipeux peut dériver, où de la semence de la muscardine qui,
» introduite dans le corps de l'animal, produit dans le tissu une altéra-
» tion spéciale, laquelle prédispose les organes du ver à soie après sa mort
» au développement du Botrytis Bassiana ; ou bien, si l’on ne veut
» pas admettre ce mode de développement de la maladie contagieuse, on
» peut croire qu'une maladie donnée devient contagieuse (ainsi que cela
» arrive à d’autres animaux), d’après certaines circonstances particulières,
» et, par-là, devient susceptible de se propager et de se répandre chez
» d’autres individus. »
» On voit par cet exposé des recherches de M. Balsamo sur la muscar-
dine, que cet observateur est demeuré incertain sur la nature de l’affec-
tion morbide dont les corps adipeux du ver à soie sont attaqués lors de
l'invasion de la contagion muscardinique. 1l a aperçu des filaments mélés
aux globules dont se composent ces corps adipeux, mais il les a pris pour
des fibres animales; au lieu de reconnaitre là l'existence du thallus caché
que possèdent toutes les mucédinées et dont les filaments se développent
ensevelis dans la substance organique qui leur sert de terrain, et qui en-
suite donnent naissance à la partie aérienne de la mucédinée. M. Balsamo
ne reconnaît donc point que l'affection muscardinique provient du déve-
loppement de la mucédinée dans l’intérieur des organes du ver à soie, il
penche seulement à admettre, mais sans l’affirmer, que les sporules du
Botrytis Bassiana introduits dans le corps du ver à soie y ont produit
une altération morbide qui les prédispose à la production de cette mu-
cédinée. D'ailleurs M. Balsamo déclare lui-même qu'il n’a étudié que des
vers à soie morts; il n’a point dirigé de recherches sur les vers à soie vi-
vants et malades de la muscardine. Tout demeure donc jusque là in-
certain sur la uature de la maladie et sur sa cause efficiente intérieure,
bien qu'il soit prouvé que sa cause occasionnelle se trouve dans la
contagion communiquée par le contact des vers muscardinés, par le
simple contact de leur efflorescence ou par l’inoculation de leurs liquides
intérieurs.
» Nous nous sommes un peu étendus sur ce sujet parce qu'il était, im-
(94)
portant de démontrer que, malgré tout ce que l'on en a dit, MM. Bassi
et Balsamo n’ont rien prouvé relativénent à la véritable nature de la mus-
cardine. La découverte des vérités, comme l’a dit l'illustre Laplace, n’ap-
partient qu'à celui qui parvient à les établir solidement par le calcul ou par
l'observation. M. Bassi, s'appuyant sur des inductions rationnelles , a pres-
senti que la mucédinée, considérée comme cause de la muscardine, se
développait dans l'intérieur du corps du ver à soie vivant, et il n’a point
craint d'affirmer que cela était ainsi. M: Balsamo est arrivé assez près de
la découverte de ce fait, mais elle lui a échappé et il a cru devoir rester
à cet égard dans un doute digne d’un esprit philosophique. Ni l'un ni
l'autre n’ont découvert ce fait.
» Nous arrivons à l'exposition des moyens proposés par M. Bassi pour
prévenir la muscardine et pour guérir cette maladie. Les moyens préser-
vatifs consistent à éloigner ou à détruire les germes de la contagion.
Pour purifier les œufs, M. Bassi conseille de les laver avec un mélange
d’eau et d'alcool à parties égales. Pour purifier les magnaneries et les
claies on ustensiles qui ont servi à élever les vers à soie, M. Bassi con-
seille de les laver à l’eau bouillante, où avec une solution d’une partie
de potasse caustique dans huit parties d’eau. On blanchit les parois des
magnaneries infectées avec la chaux vive à laquelle est ajoutée de la po-
tasse caustique; on fait des lotions avec l'acide nitrique étendu d'eau.
M. Bassi conseille encore de faire des famigations d’acide sulfureux. Si
malgré ces précautions, la muscardine s’introduit dans li magnanerie,
M. Bassi conseille de tremper les feuilles de mürier qui servent de nour-
riture aux vers à soie dans de l’eau à laquelle, sur 32 parties, on a ajouté
quatre parties de potasse et une de chaux. On peut, selon M. Bassi, rem-
placer cette lotion par une solution de sel marin, ou par l'acide nitrique
assez étendu d’eau pour ne marquer que deux degrés à l’aréomètre de
Beaumé. Ces diverses solutions doivent aussi servir à laver le corps des
vers à soie. De cette manière, M. Bassi prétend attaquer et détruire les
germes de la muscardine à l'extérieur et à l’intérieur de ces insectes. En
résumé, M. Bassi, pour prévenir la muscardine où pour la guérir, conseille
l'emploi du chlore, de l'alcool, de la lessive de potasse caustique, des
acides nitrique, sulfurique, muriatique; de lammoniaque, du mercure,
de l’iode, de la quinine, du camphre; de l'électricité, de la grande cha-
leur, de l'humidité, de la chaleur solaire, de l’eau bouillante, de la va-
peur d’eau, des fumigations d’ammoniaque, de tabac, d'essence de téré-
benthine , etc.
(95 )
» On sent facilement tout ce qu'il y a de peu philosophique dans la
proposition d'employer contre le germe muscardinique des agents aussi
dissemblables dans leur mode d’action, que le sont ceux dont nous ve-
nons de faire l'énumération. Déjà un observateur judicieux, M. Bonafous,
a reconnu l'inutilité complète de l'emploi des moyens chimiques pour
guérir la muscardine. Parmi les moyens chimiques, un seul peut-être au-
rait de l’action si son emploi n'était dangereux pour les vers à soie, et
même pour les hommes qui les soignent, c’est le mercure on plutôt ses
diverses préparations. Depuis long-temps il a été prouvé, par M. Astier,
que le mercure s’opposait complétement au développement des moisis-
sures ; votre rapporteur a confirmé ce résultat par ses expériences. Il a vu
que les acides et les alcalis à faibles doses favorisent le développement des
moisissures bien loin d'y mettre obstacle; à fortes doses ils tueraient égale-
ment l’insecte et la mucédinée muscardinique. Les agents chimiques ne
peuvent donc être employés que pour détruire sur les tables, sur les
claies, sur le pavé, etc., les germes de la mucédinée, Ces moyens, joints
aux soins de propreté et d’éloignement de la contagion, sont véritable-
ment les seuls dans lesquels on doive avoir confiance pour éloigner la
muscardine : il faut renoncer à l'espoir de la guérir chez les vers à soie
infectés.
$ III. Recherches de M. Loweni.
» Ainsi que l'annonce le titre de son ouvrage, M. Lomeni ne s’est
proposé que de faire des recherches sur l'emploi des moyens proposés
par M. Bassi, pour prévenir ou pour guérir la muscardine. Incidemment
il jette un coup d’œil sur les découvertes que M. Bassi est censé avoir
faites sur cette maladie , et il fait voir que ces prétendues découvertes sont
loin d’être aussi positives qu’on l’a dit, puisqu'on savait avant M. Bassi
que l’efflorescence muscardinique est une moisissure, et que son contact
et son inoculation communiquent la muscardine. Quant à l'introduction
des semences de la moisissure et à leur développement dans l’intérieur de
l'animal vivant, M. Lomeni fait observer, comme nous l’avons fait plus
haut, que M. Bassi n’a point du tout prouvé cette assertion, qui n’est
point soutenue non plus par M. Balsamo.
» Le principal objet du travail de M. Lomeni étant de faire des recher-
ches sur l'emploi des solutions de potasse, de chaux, de chlorure de so-
dium et d’acide nitrique, que recomma:de M. Bassi pour prévenir ou pour
guérir la muscardine, c’est à ces recherches expérimentales que se trouve
C. R. 1838, 1er S:mestre. (T. VI, N° 4.) 13
( 96 )
consacré presque tout son ouvrage. Nous nous contenterons de dire ici
que le résultat final de toutes ses expériences a été que les solutions de
potasse seule, de potasse associée à la chaux, d'acide nitrique étendu jus-
quà deux degrés de l'aréomètre de Baumé, que le chlorure de soude, pro-
posés et affirmés comme très efficaces, par le docteur Bassi, pour la gué-
rison et la destruction de la muscardine , n’ont pas la plus petite efficacité
pour diminuer ou pour guérir cette maladie , soit par leur usage intérieur,
soit par leur application extérieure , soit enfin par la réunion de ces deux
modes d'emploi à la fois. Les expériences de M. Lomeni prouvent en outre
que ces substances sont nuisibles à la santé des vers à soie sains:
$ IV. Recherches de M. Bérar».
» En raison de l'importance du sujet, nous croyons ne pas devoir pas-
ser ici sous silence les recherches que M. Bérard, professeur à la Faculté
de médecine de Montpellier, a faites sur les moyens de prévenir la mus-
cardine. M. Bérard s’est, avec raison, borné à rechercher quels sont les
moyens les plus efficaces pour prévenir la muscardine , en détruisant les
germes contagieux. Les expériences qu'il a faites dans ce but ont offert
des résultats qui paraissent concluants. Il a commencé par s'assurer que
l'on pouvait communiquer la muscardine aux vers à soie, en infectant
les œufs desquels ils doivent naître par le contact des vers morts de la
muscardine.
» M. Bérard, après avoir expérimenté qu’en agitant dans une caisse de
bois destinée à élever des vers à soie, quelques-uns de ces insectes, morts
et couverts de l’efflorescence muscardinique, cela ne manquait pas de
communiquer la muscardine aux vers sains qu'on y élevait ensuite, a
essayé de purifier ces caisses par des lotions de sulfate de cuivre et de
sublimé corrosif, et par des fumigations sulfureuses. Des vers à soie ayant
été élevés dans ces caisses, il n’y en eut pas un seul muscardiné sur 354, dans
la caisse purifiée par les lotions de sulfate de cuivre; il mourut trois vers
seulement sur 236, non de la muscardine proprement dite, mais de la
jaunisse muscardinée , dans la caisse qui avait été purifiée par ses lotions
de solution de sublimé corrosif; enfin, il n’y eut qu'un seul muscardiné
sur 176, dans la caisse purifiée par les fumigations sulfureuses. M. Bé-
rard conclut de ces expériences, que les lotions de solution de sulfate de
cuivre offrent le plus efficace des moyens pour préserver les vers à soie
de la muscardine.
(97)
$ V. Recherches de M. Auvours.
» L'ouvrage de MABassi sur la muscardine ayant attiré l'attention des
savants sur cet obj M. Audouin, professeur d'Entomologie au Mu-
séum d'Histoire naturelle, et membre de la Société royale et centrale
d'Agriculture, fut, en France, le premier qui s’empressa de faire des
recherches sur ce sujet si intéressant, tant sous les points de vue de
l'histoire naturelle et de la pathologie, que sous celui de l’éconoraie
agricole.
» M. Audouin ayant reçu de M. Bassi, par l'intermédiaire de M. le
comte Barbo, une chrysalide de ver à soie, morte de la muscardine et
couverte de la mucédinée blanche qui en est le caractère , eut occasion
par-là de se livrer à de nombreuses recherches expérimentales sur la
nature de cette maladie des vers à soie et sur sa propagation. Il s'agissait
surtout de déterminer si le développement de la mucédinée muscardi-
nique avait lieu effectivement dans le corps du ver à soie vivant, ainsi
que l'avait affirmé, mais non démontré, M. Bassi; et ainsi que l'ont admis
sans examen bien des hommes qui n’ont pas assez réfléchi sur les véri-
tables fondements de la certitude. M. Audouin, reprenant ici les choses
dès le principe, a voulu voir par lui-même : 1° Si la mucédinée prise sur
le corps du ver à soie mort de la muscardine; étant inoculée à un in-
dividu sain à l’état de larve, de chrysalide et de papillon, reproduisait la
muscardine chez l’insecte sous ces trois états; 2° si le développement
de la mucédinée avait lieu à l’état de thallus, dans le corps de l’insecte
vivant. :
» Au mois de juin, et par une température élevée , M. Audouin inocula à
dix vers à soie le Botrytis Bassiana qui couvrait le corps de la chrysalide
qui lui avait été remise par M. le comte Barbo. Six jours après l’mocu-
lation les vers parurent malades et cessèrent de prendre de la nourriture;
ils moururent tous le neuvième jour, à l'exception d’un seul qui échappa
complétement à la contagion. Trois jours après leur mort, ces insectes
commencerent à se couvrir de la mucédinée muscardinique qui s’accrut
les jours suivants. M. Audouin a fait la même expérience et avec les
mêmes résultats sur des chenilles du grand Paon, du Papillon machaon
et du Ziparis dispar. Ces expériences sont la répétition de celles de
M. Bassi. Ce dernier n’avait point tenté d’inoculer la muscardine à des
chrysalides et à des papillons; M. Audouin l’a fait avec succès. Il Jui res-
tait à aborder la question capitale qui jusque alors était restée sans solu-
Da)ao
(98)
tion réelle, celle du développement de la mucédinée muscardinique dans
l'intérieur du corps de vers à soie vivants. Au mois de juillet M. Audouin
inocula à quatre chrysalides de vers à soie les sporules ou la matière efflo-
rescente du cryptogame; deux jours après , une d&uces chrysalides étant
disséquée, fit voir à M. Audouin , et avec le secours du microscope, que
le thallus commençait à se développer, ayant ses filaments fixés sur les
globules du corps adipeux. Une seconde chrysalide , observée le troi-
sième jour, fit voir un développement encore plus considérable du thal-
lus, qui envahissait de plus en plus le corps adipeux portant ses rayons
ramifiés dans tous les sens. Ces rameaux du thallus étaient transparents,
et l’on voyait que leur intérieur était rempli de granules. A côté de ces ra-
meaux se trouvaient des globules isolés et vésiculeux, desquels com-
mençaient à partir sur plusieurs points des rameaux semblables à ceux
du thallus, en sorte qu'ils devenaient l’origine d'autant de thallus nou-
veaux. Ces globules sont des corps reproducteurs produits par les filaments
du thallus, premier résultat de l'inoculation.
» On sait, en effet, que les thallus des mucédinées, comme celui des
funginées , produisent des corps reproducteurs globuleux que l'on pour-
rait peut-être considérer comme des sortes de tubercules. Ces globules re-
producteurs sont considérés par M. Audouin comme pouvant, étant dis-
séminés dans le liquide intérieur de l'insecte, porter dans toutes ses parties
les germes du développement de nouveaux thallus. On savait, par les rer
cherches de M. Balsamo , que c’est le corps adipeux qui est spécialement
le siége de la maladie dans la muscardine ; M. Audouin a donc confirmé
ce résultat; mais il a vu, de plus, que le tissu de ce corps adipeux est
complétement envahi et absorbé par le développement du cryptogame
parasite.
» M. Audouin a répété ces expériences et avec les mêmes résultats sur
des vers à soie à l’état de chenille et de papillon; ainsi il a établi par des
observations positives ce fait, avant lui contestable, que la mucédinée
muscardinique se développe sous son état primitif de thallus, dans le corps
du ver à soie vivant, et que même elle s’y multiplie par le moyen de ses
globules reproducteurs. Ce n’est qu'après la mort de l’insecte que ce
thallus intérieur peut produire sa végétation aérienne et sporidifère. Cela
a lieu surtout lorsque l'humidité de l'atmosphère permet à la peau de
conserver assez de mollesse pour qu'elle puisse être perforée par cette
végétation.
» C’est en 1836 que M. Audouin a lu ce premier mémoire à l'Académie
(99 )
des Sciences; en 1837 il lui en présenta un second sur le même sujet.
M. Bassi avait affirmé que la muscardine ne se développait jamais sponta-
nément , et, quoiqu'il eût reconnu que la chaleur jointe à l'humidité était
une des circonstances qui favorisaient le plus le développement de cette
maladie, il ne pensait pas qu’elle püût la produire sans contagion préalable ;
il n'hésite donc point à déclarer qu'on ne réussirait jamais à faire naître la
muscardine spontanément. M. Audouin a cru avec juste raison ne point
devoir se laisser imposer par cette assertion émise avec autorité, et il l’a
soumise à l'épreuve de l'expérience. IL a voulu en même temps savoir si
cette maladie pouvait naître spontanément chez d’autres insectes que les
vers à soie. M. Audouin commença par soumettre à l'expérience des larves
dela Saperda Carcharias , espèce de capricorne qui se nourrit de l’aubier
des peupliers. Deux tronçons de ces arbres, contenant des larves. de Sa-
perde, furent placés, l’un au sec, dans un bocal fermé simplement avec
une gaze, l’autre, à l'humidité, dans un bocal fermé avec du papier , et
qui contenait de la mousse humide. Ces bocaux, qui recevaient les rayons
du soleil pendant une partie du jour, et cela dans le mois d’août, étaient
soumis à une chaleur assez élevée. Le neuvième jour deux des larves qui
étaient dans l'air humide moururent, et deux jours après elles se couvri-
rent d’une efflorescence blanche qui ressemblait tout-à-fait à la mucédinée
muscardinique des vers à soie; une troisième larve de Saperde, qui se
trouvait dans le même bocal que les deux précédentes, continua, de vivre
et se métamorphosa en insecte parfait, lequel fut atteint de la mus-
cardine.
» Les larves de Saperde, qui étaient dans le bocal couvert de gaze, n'é-
prouvèrent aucune maladie, et parcoururent sans accident leurs période de
métamorphose. M. Audouin a fait une expérience analogue, avec les mêmes
résultats, sur des larves d’une espèce de Bupreste qui vivent aux dépens du
bois du frêne.
» M: Bassi avait obtenu des résultats semblables en opérant à peu
près de la même manière sur des vers à soie, mais l'affection qu'il
avait déterminée chez eux lui parut manquer du caractère essentiel
de la véritable muscardine, celui d’être transmissible par. contagion.
M. Audouin. voulut voir. s’il en serait de même par rapport à la muscardine
spontanée; qu'il avait obtenue; il inocula à vingt vers à soie l’effloresceuce
blanche qui couvrait le corps d’une des larves de Saperde dontil est ques-
tion plus haut; quinze de ces vers à soie moururent quatre à cinq jours
après, et tous se couvrirent après leur mort de l’efflorescence museardini-
( 160 )
que; cinq seulement échappérent à la contagion et suivirent le cours de
leurs métamorphoses. M. Audouin a répété cette expérience, et avec les
mémes résultats, en inoculant à des vers à soie l’efflorescence blanche née
spontanément sur les larves de Bupreste. Ici, il s’attacha à suivre chez les
vers à soie soumis à l'expérience le développement intérieur du thallus du
Botrytis inoculé, et il s’assura que ce développement était en tout sembla-
ble à celui qu’il avait précédemment observé chez les vers à soie auxquels
il avait inoculé la muscardine originaire d’autres vers à soie. Après leur
mort les vers à soie inoculés avec le Botrytis pris sur la larve de Bupreste,
présentèrent à l'extérieur ce même Botrytis qui était le Botrytis Bassiana.
Ce méme Botrytis, pris alors sur les corps muscardinés des vers à soie
dont il vient d'être question, étant inoculé à des vers à soie sains, leur
communiqua la muscardine.
» Jusqu'ici la mucédinée parasite n’a été communiquée d’un individu à
un autre qu'au moyen de ses semences ou sporules, c’est-à-dire par le
moyen du semis. M. Audouin a entrepris de la communiquer par le moyen
de la transplantation du thallus. Il prit dans l'intérieur d’un ver à soie qui
venait de mourir de la muscardine inoculée, de petites portions de thallus
qui avait envahi le corps adipeux , et il introduisit chacune de ces parcelles
de thallus sous la peau de six vers à soie : dix-huit heures après l'opération,
un des vers à soie était mort et tous les autres succombèrent dans les
deux jours suivants. Ils ne tardérent pas à se couvrir de l’efflorescence
muscardinique. Ainsi la mort arrive beaucoup plus promptement en ino-
culant le thallus qu’en inoculant les sporules du Botrytis, ce qu'il était
rationnel de prévoir. M. Audouin s’assura, par l'examen microscopique,
que le thallus inoculé avait envahi par son rapide développement tout le
corps adipeux des vers à soie chez lesquels il avait été transplanté.
» On voit par ce rapide exposé, combien sont à la fois importants et dé-
cisifs les résultats qui découlent des expériences de M. Audouin. A lui seul
appartient véritablement le mérite d’avoir prouvé qu’une mucédinée parasite
envahit les organes des vers à soie et d’autres insectes pendant leur vie ;
M. Bassi qui avait affirmé ce fait ne l'avait point vu , il l'avait deviné. Mais
la science ne se compose pas de devinations : pour qu’un fait entre dans la
science , il faut qu’il soit démontré par des preuves tellement palpables,
que tous les doutes deviennent impossibles. Or, c’est ce que M. Audouin
seul a fait, par rapport au parasitisme du Botrytis Bassiana chez les
insectes vivants. On a vu d’ailleurs par l'exposé ci-dessus, quelle extension
il a donnée à ses expériences sur cette mucédinée parasite.
( 101 )
$ VI. Recherches de M. MonTacnr.
» Un habile cryptogamiste, M. Montagne , a présenté à l’Académie des
Sciences un mémoire accompagné de planches et principalement destiné à
l'Histoire botanique du Botrytis bassiana. I en a suivi le développe-
ment avec soin et l’a décrite avec exactitude. Voici l'exposé sommaire de
ses observations.
» Le Botrytis bassiana paraît d’abord comme un léger duvet blanc à
la surface de l’insecte mort de la muscardine. Le deuxième jour de leur
apparition à l'extérieur ses filaments ont un demi-millimètre seulement de
longueur ; ils sont rameux et cloisonnés. On voit dans leur intérieur des
globules qui deviendront plus tard les sporules. Le troisième jour de leur
apparition extérieure, les filaments ont acquis toute leur longueur, qui est
d’un peu plus d’un millimètre. Plusieurs des globules ou des sporules qui
étaient à l’intérieur des rameaux sont devenus extérieurs; ils sont disposés en
chapelet le long des rameaux ou à leur extrémité. M. Montagne à fait
germer ces sporules en les plaçant à l'humidité entre deux lames de verre.
Il a vu d’abord se développer le £hallus ou mycelium, et ensuite les ra-
meaux sporidifères ; il a vu dans cette expérience les sporules ou sporidies
s'échapper de l'extrémité des rameaux en leur empruntant, à ce qu'il pense,
une enveloppe particulière. Ilsresteraient adhérents aux rameaux au moyen
d’un enduit visqueux.
» M. Montagne a répété plusieurs fois cette intéressante expérience qui
prouve que le Botrytis Bassiana n’est pas, comme on a pu le penser, ex-
clusivement apte à se développer dans le corps des insectes, c’est-à-dire
que cette mucédinée n’est pas nécessairement parasite , mais qu’elle peut
se développer par la germination de ses sporules sans avoir besoin d'autre
chose que d’une humidité suffisante. M. Montagne est parvenu à isoler une
seule de ces sporules et à suivre de l’œH le développement de la plante à
laquelle elle avait donné naissance jusqu’à l’époque de la fructification.
» Ayant introduit des sporules de Botrytis Bassiana sous l'aile d’une
grosse mouche morte, il y vit naître une autre mucédinée, le Monilia pe-
nicillata. 1] ne faut pas en conclure, dit l’auteur, qu'il y a eu là une méta-
morphose du Botrytis semé, mais seulement qu'il est né là une autre
mucédinée que celle qui avait été semée ; et en effet, il se développe sur
les corps organiques humides une multitude d’espèces différentes de mu-
cédinées dont l’origine est inconnue.
» Après avoir donné la description générale de la mucédinée muscardi-
(Cro2”)
nique ou entomoctone, M. Montagne reconnait avec M. Balsamo qu’elle
appartient au genre Botrytis, tel qu'il a été réformé par Fries dans son
Systema mycologicum, mais il n’est pas certain que cette mucédinée doive
former une espèce nouvelle ; il lui trouve la plus grande ressemblance avec
le Botrytis diffusa (Dittmar). Toutefois, il admet provisoirement le Botry-
tis Bassiana, en réformant ainsi sa phrase diagnostique :
» Botrytis Bassiana floccis fertilibus candidis erectis, simplicibus, dicho-
tomis, breviter ramosis , ramis sparsis sporidüiferis, sporidiis globosis circa
apices ramorum parce collectis, tandem capitato conglomeratis.
GONCEUSIONS,
» M. Audouin, en prouvant, par l'observation microscopique, que le
thallus du Botrytis Bassiana se développe dans le corps du ver à soie
pendant sa vie, a fait entrer dans la science ce fait nouveau et d’une grande
importance, fait que le docteur Bassi avait précédemment deviné ou en-
trevu, mais qu'il n'avait point prouvé. M. Audouin, par ses observations
nombreuses , a suivi dans toutes ses phases le développement de la mucé-
dinée parasite dans les vers à soie et dans d’autres insectes à toutes les pé-
riodes de leur existence.
» M. Montagne a donné une bonne histoire botanique du Botrytis
Bassiana, et il a prouvé, contre l’assertion formelle de M. Bassi, que cette
mucédinée n’est point exclusivement parasite, puisqu'il a observé sa ger-
mination et son développement entre deux lames de verre et à l’aide de la
seule humidité.
» Votre Commission vous propose de décider que ces deux Mémoires
seront imprimés dans le Recueil des Savans étrangers. »
Ces conclusions sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
#CONOMIE nurALE. — Recherches chimiques sur la végétation, entreprises
dans le but d'examiner si les plantes prennent de l'azote à l'atmosphere ;
par M. Boussineaurr.
(Commissaires, MM. Dumas, Dutrochet, Turpin.)
(Extrait.)
« L’azote paraît être un élément constant des végétaux, et l’on est assez
généralement porté à croire que les substances alimentaires tirées du règne
végétal, doivent une grande partie de leur faculté nutritive aux principes
“
( 103 )
azotés qui s’y rencontrent. M. Gay-Lussac a déjà constaté la présence
de l'azote dans un très grand nombre de semences, et les analyses que
j'ai faites pour doser cette matière dans plusieurs graines employées
comme fourrage, ont établi qu’elle y entre souvent pour une portion
assez forte. La vesce, les lentilles, les féverolles ont fourni 4 à 5 pour cent
d'azote; la graine de trèfle, comme on le verra dans ce Mémoire, en
contient 7 pour cent.
» La présence de l'azote dans les différents organes des végétaux est due
à certaines substances azotées qui s’y trouvent répandues, et qui offrent
une grande analogie de composition avec les matières d’origine animale.
» Dans l’état actuel de nos connaissances sur les phénomènes chimiques
de la végétation, nous savons qu'immédiatement après la germination,
lorsque la plante est née de la graine , ses organes, en agissant sur le gaz
acide carbonique qui fait partie de l'atmosphère, peuvent sous certaines
conditions de chaleur et de lumière, s’en assimiler le carbone; de plus, il
est reconnu que ces mêmes organes fixent en même temps les éléments
de l’eau.
» Ainsi, une graine soumise à l’action de l'air, de l’eau, de la lumière
et d’une certaine température, germera , développera une plante qui, au
moyen de ces seules ressources, pourra, sinon acquérir un développement
complet, s’en approcher beaucoup, fleurir, par exemple, et donner des
indices de fructification. Durant le cours de cette végétation, la graine
produira une plante qui pèsera beaucoup plus que ne pesait la grame
employée, le tout étant supposé au même état de dessiccation. C’est une
expérience qui a été faite pour la première fois, par M. de Saussure, en
faisant germer et végéter des fèves dans le sable siliceux et arrosé avec
de l'eau distillée. En soumettant au même régime des semences de trèfle,
j'ai obtenu un résultat semblable; 10 de graine ont produit une récolte
qui a pesé 26.
» Par l’action bien connue que les feuilles exercent sur l’acide carbo-
nique, on comprend comment une plante peut, à l'aide de l'humidité et
des seuls éléments contenus dans l'atmosphère, s’accroïtre et augmenter
de poids. En effet, les expériences qui ont démontré cette action font
voir que la force vitale s'exerce d’abord sur l’oxigène , pendant la germi-
»ation, et ensuite sur le gaz acide carbonique, pendant la végétation pro-
prement dite. Mais rien dans les recherches de ce genre n’a prouvé d’une
mamére positive que l’azote de l'air fût sensiblement absorbé.
» Il est vrai qu’à une époque déjà ancienne, Priestley, et apres lui
C. R. 1838, 195 Semestre. (T. VI, N° 4.) 14
(104 )
Ingenhoutz, crurent reconnaître une absorption manifeste d'azote pendant
la végétation ; mais ces expériences, répétées depuis par M. de Saussure,
avec des procédés eudiométriques plus précis, ont établi que cette fixa-
tion d'azote n’a point lieu; cet habile observateur crut même apercevoir
une légère exhalation de ce gaz. Les résultats de Saussure sont confirmés
par ceux plus récents de Digby, à cela près que ce dernier physiologiste
a prouvé que les plantes n’exhalent pas d’azote. Cependant la présence
de l'azote dans les végétaux étant à l’abri de toute objection, et l’assimi-
lation de ce principe pendant la végétation étant prouvée par le fait
même de la multiplication des semences, on dut nécessairement admettre
que dans les expériences que j'ai rapportées, et dans lesquelles on a fait
végéter des graines germées aux dépens seuls de l’eau et de l'atmosphère ,
la végétation s’opérait sans le secours de l'azote. Cette opinion était for-
tifiée par la difficulté, je puis même dire par l'impossibilité de faire
grainer une plante ayant pour aliments uniques, l’eau et l’air. On voyait
effectivement que dans ces conditions défavorables de culture , la graine,
qui est la partie la plus azotée d’un végétal, n’était pas reproduite. On
fut dès-lors conduit à supposer que l'azote, originairement renfermé dans
la semence, se trouvait réparti dans l’ensemble de la plante chétive et
incomplète qui en était issue.
» Dans la nature, l'accroissement d’une plante n’a pas lieu aux dépens
seuls de l’eau et l’atmosphère : les racines qui fixent un végétal dans le
sol, y puisent aussi une portion notable de sa nourriture; dans les con-
ditions ordinaires, le développement d’une plante se fait par le concours
simultané des aliments que les racines vont chercher dans la terre, et par
celui des éléments gazeux que les feuilles enlèvent à l'air. Comme il est
d'ailleurs reconnu que la nourriture fournie par le sol est azotée, on a,
pour cette dernière raison, considéré les engrais comme la source prin-
cipale, unique même, de l’azote qui se rencontre dans les végétaux. Les
observations de Hermbstædt, en montrant que les céréales cultivées sous
l'influence dés engrais les plus azotés, sont celles qui contiennent le plus
de gluten, donnent une certaine force à cette manière de voir; aussi
Hermbstœdt a-til conclu de ses recherches, que les plantes prennent
dans les engrais la totalité de leur azote.
» Néanmoins, il est des faits agricoles qui tendent à faire penser que,
dans plusieurs circonstances, les végétaux trouvent dans l'atmosphère une
partie de l'azote qui concourt à leur organisation; mais pour bien saisir la
valeur de ces faits, il convient de discuter d’une manière générale la na-
( 105 )
ture de l'aliment répandu dans le sol, et qui est recueilli par les racines,
Laissant de côté toutes les idées hasardées sur l'influence des terres dans
la végétation, je considérerai , avec Thaer , le fumier ou le terreau qui en
dérive, comme l'agent qui contribue le plus efficacement à la formation
des plantes, et j'admettrai que la force de végétation est déterminée par
la proportion de sucs nourriciers qui se rencontrent dans le terrain; en-
tendant par sucs nourriciers, cette partie du terreau susceptible d’être
absorbée par les suçoirs des racines, celle en un mot qui, toujours suivant
le grand agriculteur que je viens de nommer, constitue la fécondité, la
fertilité du sol.
» Par les récoltes, le sol se trouve généralement épuisé, sa fertilité di-
minue; mais cette diminution est loin d’être la même pour toutes les cul-
tures. Les plantes vivant aux dépens de l'air et du terrain, on conçoit que
celles qui puisent largement dans l'atmosphère épuiseront d'autant moins
le sol ; on conçoit encore que les récoltes totales, absolues comme celles
des tubercules, de la garance, l’épuisent au plus haut degré. Les récoltes,
au contraire, qui laissent des racines dans le sol et des fanes sur le ter-
rain, seront beaucoup moins appauvrissantes, puisque, par des labours
subséquents, les parties abandonnées deviendront de véritables engrais.
Au reste, à parité de circonstances, les récoltes possèdent des propriétés
épuisantes très variées. Thaer, qui a constamment cherché à introduire
dans la science agricole une précision qui y était inconnue avant lui, a
essayé d'exprimer par des nombres la puissance épuisante des différentes
cultures. Sans présenter ici les rapports numériques qu’il a déduits de ses
longues observations, rapports qui cesseraient peut-être d’être vrais pour
des conditions météorologiques différentes, je mentionnerai le résultat
général auquel il est arrivé, et c’est que les plantes les plus nourrissantes,
celles qui, sous un poids donné, peuvent nourrir le plus grand nombre
d'animaux, sont précisément celles dont la culture épuise davantage le
sol.
» Or, Thaer pose en principe que les engrais les plus actifs, ceux qui
procurent aux terrains la plus grande fertilité, sont aussi ceux qui con-
tiennent la plus forte dose de substances animalisées. D'un autre côté,
j'ai fait voir, dans mon premier Mémoire sur les fourrages, que ceux-là
sont les plus nutritifs, qui renferment le plus d'azote. En combinant ces
deux résultats, on trouve que les cultures qui exhument du sol la plus
grande quantité d'azote, sont en même temps celles qui l'appauvrissent le
plus. /
14.
( 106 )
» Ceci rend donc probable que, pendant l'épuisement du sol, l’action
épuisante s'exerce principalement sur la matière azotée qui fait partie des
sucs nourriciers, et que pour restituer à la terre le degré de fertilité
qu’elle possédait avant la culture, il faut y introduire par les fumiers une
quantité équivalente de cette même matière azotée.
» Mais si les cultures épuisent généralement le sol, il en est aussi qui
le rendent plus fécond; celle du trefle, par exemple, est dans ce cas. 11
paraît qu’en laissant ses racines dans le terrain, et en y enfouissant,
comme cela se pratique communément, la dernière pousse, on rend au
sol une quantité de matière organique plus forte que celle à la formation
de laquelle il a contribué, et qu’on a enlevée comme fourrage; ainsi, tout
compte fait, le sol a reçu de l'atmosphère plus qu'il n’a fourni à la plante
récoltée.
» Toute récolte verte enfouie dans le sol l’enrichit. La quantité de ma-
üère organique introduite par la semence est si minime, qu'on peut tout-
à-fait la négliger, et l'effet utile de cette pratique est évidemment produit
par l'introduction dans le sol des éléments que la plante a soustraits à
l'atmosphère.
» J'ai dit que les physiologistes ont reconnu que les plantes ne pren-
nent pas d'azote à l’atmosphère. Cependant, d’après les idées que J'ai ex-
posées sur le principe efficace des engrais, on conçoit difficilement com-
ment le sol, en recevant seulement de la matière organique non azotée,
puisse acquérir une fécondité telle que celle que lui communique la cul-
ture des plantes améliorantes , fécondité qui permet de faire une récolte
abondante de végétaux alimentaires, et par conséquent riches en azote. Il
y a donc lieu de croire que les cultures améliorantes, l’enfouissage en
vert, les jachères, ne se bornent pas, comme semblent l'indiquer les ex-
périences des physiologistes, à faire entrer dans le sol du carbone, de l’hy-
drogène et de l’oxigène, mais encore de l'azote.
» Tels sont les faits agricoles qui, dans mon opinion, rendent vraisem-
blables que les parties vertes des plantes sont aptes à s’assimiler l'azote de
atmosphère. Dans plusieurs établissements agricoles, c'est réellement à
l'atmosphère que l’agriculteur emprunte les principes fécondants qu'il ré-
pand sur son terrain. Je ne prétends pas parler ici de cultures situées dans
des conditions très favorables sans doute, mais que l'on doit considérer
comme exceptionnelles ; tels sont les établissements qui peuvent disposer
des immondices des grandes villes, etc. Je considère maintenant une in-
dustrie agricole isolée et réduite à fabriquer ses engrais à l’aide de ses
(107)
propres ressources; encore faut-il établir une distinction , et supposer une
localité telle qu'il n’existe pas même de prairies naturelles irrigables, car
par les inondations, les prairies reçoivent de la nature organique étran-
gère. Je prendrai pour exemple une ferme consacrée à la culture des cé-
réales, possédant par conséquent un nombre assez limité de bestiaux; on
connaît par expérience la quantité d’engrais indispensable, ainsi que le
rapport qui doit exister entre la surface cultivée en fourrage, et celle des-
tinée à la culture du produit marchand. Je suppose l'établissement tout
formé. Chaque année on exportera du froment, du caséum , quelques
pièces de bétail. Ainsi il y aura exportation constante de produits azotés
sans qu'il y ait une importation appréciable de la même matière. Cepen-
dant la fertilité du sol ne s’affaiblira pas. On voit que dans de semblables
conditions, la matière organique continuellement exportée sera remplacée
par la culture des plantes améliorantes, ou par les jachères, et l’art de
l’agriculteur consiste à adopter l’assolement qui favorise le mieux et le
plus promptement possible la transition des éléments de l'atmosphère dans
le sol.
» En résumant les faits favorables ou contraires à l’idée que les plantes
prennent de l'azote à l'atmosphère, on voit que l’on peut considérer la
question comme indécise, et c’est dans l'espoir de la résoudre que j'ai
entrepris les expériences qui font le sujet de ce Mémoire.
» J'emploie l'analyse, je compare la composition des semences à la com-
position des récoltes obtenues aux dépens seuls de l’eau et de l'air. Bien
que les recherches dont je me suis occupé aient été spécialement entre-
prises dans le but d’examiner la question de l'azote, elles déterminent en-
core avec précision les éléments perdus, ou acquis par les graines de trèfle
et de froment, pendant leur germination et leur végétation. J’étudie d’a-
bord la germination du trèfle; je nomme première période de la germi-
nation l'époque à laquelle les radicules sont développées ; la deuxième
période est l’époque où les feuilles séminales sont formées.
1" PÉRIODE.
Carbone, Hydrogène. Oxigène. Azote.
2£",893 de graine contenant....... 1,222, 0,144, 0,866, 0,173,
Ont donné : graine germée 26,241,
contenants, . eos 2e telle on se 1,154, o,141, 0,767, 0,178,
Différences. .......— 0,068, — 0,003, — 0,099, + 0,005.
( 108)
2° PÉRIODE.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
28",074 de graines, contenant........ 1,054 0,124 0,747 0,149
ont donné graine germée 1,727, conten. 0,817 0,104 0,656 0,150
Différences ee EEE ++ — 0,237 — 0,020 — 0,091 “+ 0,001
» L'analyse indique que pendant la première période de sa germination
le trèfle a éprouvé une perte totale de 0,068. Sa perte consiste en carbone
et en oxigène; le poids de l’oxigène perdu est beaucoup plus fort que celui
du carbone; la perte en hydrogène et le gain en azote sont assez faibles
pour se trouver compris dans les erreurs possibles de l'analyse.
» Durant la 2° période de germination, le trèfle a également perdu du
carbone et de l’oxigène, mais ici la perte en carbone surpasse celle en
oxigène. De plus, l'analyse montre une perte non équivoque en hydrogène.
On retrouve dans la graine germée l’azote qui existait dans le trèfle avant
la germination.
» La perte totale s’est élevée à 0,117.
» La germination du froment présente à l'analyse des résultats sem-
blables.
» Je désigne par 1"° période l’époque de l'apparition des radicules ;
par 2° période l’époque à laquelle les jeunes tiges ont la
longueur du grain;
par 3° période celle à laquelle les parties vertes dominent
dans la graine germée : les tiges avaient
alors une longueur de 3 à 5 centimètres.
ie PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,028 pendant sa germination.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
28,429 de froment, contenant. ...... 192 o,141 1,073 0,083
ont produit froment germé, contenant. 1,111 0,139 1,026 0,087
Différences... ...... susssse — 0,021 — 0,002 — 0,047 + 0,004
2° PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,034 en german.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
2£',130 de froment, contenant......., 0,993 0,124 0,90 0,073
ont produit froment germé, contenant 0,932 0,121 0,929 0,075
Différences... ..,...,..,.... — 0,061 — 0,003 — 0,011 “+ 0,002
( 109 )
3° PÉRIODE. — Le froment a perdu 0,16 en german.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
2£,075 de froment, contenant........ 0,945 0,117 0,895 0,070
ont produit froment germé 1,704, cont. 0,804 0,104 0,723 0,072
Différences................ — 0,141 — 0,013 — 0,172 + 0,002
» Ces résultats généraux, sur la germination, auxquels on est conduit
par l'analyse, différent, comme on peut voir, de ceux obtenus antérieure-
ment, en se bornant à étudier l'action des graines germantes sur l'air at-
mosphérique.
» La méthode manométrique employée jusqu’à ce jour a sans doute un
grand avantage que n’a pas l’analyse: c'est de constater directement les
produits gazeux qui peuvent se développer pendant la végétation. C’est là la
limite de son pouvoir. Les substances qui s’échappent sous un tout autre
état ne sont plus perceptibles par cette méthode.
» De son côté, l'analyse dernière est impuissante pour nous révéler la
nature particulière des produits qui prennent naissance pendant la vie vé-
gétale, mais elle nous fait connaître avec précision les éléments bruts qui
sont acquis, ou éliminés, quel que soit d’ailleurs l’état sous lequel ils aban-
donnent la plante ou viennent s’y fixer.
» Dans les premières périodes de la germination ; par exemple, la mé-
thode manométrique prouve qu’il se forme toujours, aux dépens de l'air,
du gaz acide carbonique; quelquefois elle indique aussi une absorption
d’oxigène. On en a conclu que dans cette circonstance, la graine perd du
carbone : c’est ce que confirme l'analyse, mais de plus elle accuse une
perte en oxigène , et elle montre que cet oxigène ne se dissipe pas entière-
ment à l’état d’eau. Il devient alors très probable que c’est unie au carbone,
en formant avec les éléments de l’eau un composé non gazeux, qu’une
partie de cet oxigène se sépare de la graine.
» M. Becquerel admet qu'il y a toujours formation d'acide acétique,
lors de la germination, J'ai constaté le fait de l'acidité en faisant germer
des semences sur une feuille de papier de tournesol. En reconnaissant
avec ce savant physicien que l'acidité est due à de l'acide acétique, il est
évident qu’alors, et par le seul fait de son apparition, une graine peut
perdre en germant une partie de son carbone, autrement qu'en for-
mant de l'acide carbonique avec l’oxigène de l'air; et, dans cette occur-
rence, il est probable que de l’oxigène appartenant à la semence entre
pour quelque chose dans la composition de l'acide organique formé,
(ro )
» Les éléments de la graine qui concourent à la production de cet acide
ne sauraient être appréciés par les moyens eudiométriques, et l’on peut en
dire autant de tous les produits non gazeux, mais qui, volatiles comme
l'acide acétique, peuvent se dissiper à l’état de vapeur pendant la dessicca-
tion de la graine germée.
Cultures dans un sol privé d'engrais.
» Les graines ont été cultivées dans du sable siliceux, préalablement
chauffé au rouge, pour détruire toute trace de matière organique. Les
plantes ont été arrosées avec de l’eau distillée.
Résultat de la culture du trèfle, pendant deux mois (septembre et octobre).
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
1#°,532 de grains contenant................ 0,778 o,0g2 0,552 o,110
ont donné une récolte pesant 1,649, contenant 1,278 0,146 o,982 0,120
Différences... + 0,500 40,054 + 0,430 + 0,010
Ainsi, pendant une culture de deux mois, le trèfle paraît avoir un gain en
azote ; la quantité d’azote trouvée en excès semble assez forte pour ne pas
l’attribuer à une erreur ordinaire d'analyse. La graine, ou plus exacte-
ment la plante qui en est issue, a pris à l’air et à l’eau , du carbone, de
l'oxigène et de l'hydrogène. Il est à remarquer que le rapport dans le-
quel se trouvent ces deux derniers éléments est précisément celui dans
lequel ils constituent l’eau.
Culture du trèfle pendant trois mois (août, septembre, octobre).
Carbone. Hydrogène, Oxigène. Amote.
15",586 de grains, contenant....... Dovoboedute 0,806 0,095 0,571 0,114
ont produit une récolte pesant 4,106, contenant 2,082 0,271 1,597 0,156
Différences... + 1,276 0,196 1,026 + 0,042
Je passe maintenant aux objections que l’on peut élever sur l'exactitude
de la méthode que j'ai suivie.
» Une critique sérieuse et qui a été faite toutes les fois que l'on a
voulu fixer le poids des éléments que les végétaux empruntent à l’eau et
à l'atmosphère, est celle qui attribue une partie des éléments acquis par
la plante aux poussières qui voltigent continuellement dans l'air. On ne
peut nier la présence de ces poussières, et l’on peut soutenir qu’elles in-
terviennent en agissant jusqu'à un certain point, comme le ferait un en-
( xxx )
grais; et comme il n’est pas douteux qu’une partie de ces poussières ne
soient d’origine animale, on doit supposer, jusqu’à démonstration du con-
traire, qu'elles ont fourni à la plante l'azote qu'elle s’est approprié pen-
dant la végétation.
» Pour lever tout scrupule à cet égard, j'ai fait germer et végéter du
trèfle dans un appareil qui met la plante complétement à l'abri des pous-
sières qui sont tenues en supension dans l'atmosphère. Comme cet ap-
pareil peut offrir différents avantages dans les recherches chimiques sur la
végétation, je le décris avee quelques détails : les résultats obtenus sont
conformes à ceux déjà mentionnés.
» Au reste, les observations faites sur la culture du froment léveront
toutes les objections qui auraient pour base l'intervention des poussieres,
car Je vais montrer que le froment cultivé exactement dans les mêmes
circonstances que le trèfle, pendant le même temps, dans le même lieu,
n'a pas absorbé une quantité d'azote appréciable par l'analyse ; si l’on admet
que les poussières de l'air aient contribué à porter de l’azote dans les
récoltes de trèfle, il tombe sous le sens qu’elles auraient dû agir également
sur les récoltes de froment.
Culiure du froment pendant 2 mois (septembre, octobre).
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
151,244 de froment, contenant . . . . . .. 0,580 0,072 0,549 0,043
ont produit une récolte pesant 1,819 conten. o,got 0,116 0,762 0,040
Différences. . . . . + 0,321 + 0,044 + 0,213 + 0,003
Culture du froment pendant 3 mois.
Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote.
1#°,644 de froment contenant. . . . . . .. 0,767 0,095 0,725 0,057
La récolte a pesé 2,022, contenant. . . .. 1,456 0,173 0,333 0,060
Différences, 2 micro + 0,689 + 0,078 + 0,608 + 0,003
» En résumant les faits contenus dans ce mémoire, on trouve :
» 1°. Qu'en germant, le trèfle et le froment ne gagnent ni ne perdent
d'azote ;
» 2°. Que pendant la germination, ces graines perdent du carbone, de
l'hydrogène et de l’oxigène; et que la quantité de chacun de ces éléments,
ainsi que le rapport suivant lequel les pertes ont lieu, varient aux dif-
férentes phases de la germination ;
» 3°. Que durant la culture du trèfle, dans un sol absolument privé
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 4.) 15
(iaritie
d'engrais, et sous la seule influence de l’eauet de l'air, cette plante prend
du carbone, de l'hydrogène, de l’oxigène et une quantité d'azote appré-
ciable par l'analyse ;
» 4°. Que le froment cultivé exactement dans les mêmes conditions,
emprunte également à l’eau et à l'air du carbone, de l'hydrogène et de
l'oxigène; mais qu'après une culture de trois mois ;, l'analyse n’a pu cons-
tater un gain ou une perte en azote. »
MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — JVote sur la théorie de la machine à vapeur, en
tenant compte du changement de température de la vapeur, pendant
son action dans la machine; par M. nr Pamsour (1).
(Commission précédemment nommée. )
(Extrait. )
« Dans.uue suite de mémoires présentés à l'Académie, j'ai exposé une
théorie analytique de la machine à vapeur; mais dans le but de rendre
les formules plus simples, j'ai supposé que pendant son passage de la
chaudière au cylindre, la vapeur conserve sa température. Cette suppo-
sition, quoique n'’altérant que très peu les résultats, n’est cependant pas
réellement exacte, et dans un mémoire récemment soumis à l’Académie,
on.a essayé de tenir compte de cette circonstance par un calcul acces-
soire.
» Le mode proposé dans le mémoire dont il est question consiste à
introduire la température et plusieurs autres quantités nouvelles, dans
les équations générales dont je déduis les formules définitives du calcul
des machines. Ce mode qui, du reste, n’est qu’indiqué, et pour le cas des
machines sans détente seulement, ne me paraît, en aucune maniere, ré-
soudre la question.
» Voici comment j'intraduis la circonstance du refroidissement de la
vapeur dans la théorie dejà exposée, non pas dans le: cas des machines
sans détente seulement, mais dans le cas le plus général des machines
à vapeur.
(1) Nous avons pensé, mon confrère et moi, devoir donner ici une analyse détaillée
de la note que M. de Pambour présenta à l’Académie dans la dernière séance. Les
lecteurs du Compte rendu auront ainsi sous les yeux le tableau chronologique et complet
des efforts que M. de Pambour a tentés pour perfectionner la théorie des machines
à vapeurs
( 113 )
» J'ai reconnu par une série nombreuse d'expériences, entreprises dans
le but de déterminer la relation entre la pression dans la chaudière,
dans le cylindre et dans la tuyère, que pendant toute son action dans
une machinelbien faite, la vapeur reste à l’état de vapeur saturée, sans
qu'il se fasse aucune précipitation d’eau. C'est-à-dire que sa température
reste toujours liée à sa pression, comme dans les vapeurs qui sont en
contact:avec le liquide générateur; circonstance qui tend à confirmer la
loi de, M. Clément surlaquantité de chaleur nécessaire pour constituer la
vapeur à différents degrés de tension.
» Or, dans les vapeurs à l'état de saturation, le volume de la vapeur
rapporté à celui d’un pareil poids d’eau, peut se déduire immédiatement
de la pression, au moyen de la formule empirique indiquée par M: Na-
vier, SAVOIr :
10,000
NE ——_—_—_—— ———
0.9 + 0.000484 F°
lorsque la pression Fest exprimée en kilogrammes par mètre carré, ou
10,000
7 0.9 + o.3oiép'
lorsque la pression p est exprimée en livres anglaises par pouce carré.
Nous écrirons donc en général
» Cela posé, quand la vapeur passe, dans la machine, d’un certain vo-
lume m’ à un autre volume également connu m, et abandonne, en con-
séquence ; sa première pression P’, pour en prendre une autre p, il est
facile de reconnaitre qu’on a entre ces deux pressions la relation
P 1 — mn m
Po 1 mn m
C'est là tout ce qu'ilnous faut pour introduire la variation de température
dans nos formules! générales!
» En effet, on sersouvientique la théorie que jnous)appliquons à la ma-
chine! à: vapeur «consiste jà {établir deux relations générales entretles ‘don
nées et les inconnues du problème :la première éxprimant que larmachine
étant arrivée au mouvement uniforme, la quantité de travail appliquée
par la puissance est égale à la quantité d'action développée par la résis-
19°
(114)
tance ; la: seconde, qu'il y a égalité entre la dépense et la production de
vapeur.
» Supposons donc une machine travaillant par détente et dans le cas
le plus général. Soit P la pression totale de la vapeur dans la chaudiere,
P' la pression qu’elle prendra à son arrivée dans le cylindre avant la dé-
tente, et p la pression en un point quelconque de la détente; L étant la
longueur totale de la course du piston, L’ la portion parcourue au mo-
ment.où commence la détente, et celle qui correspond au point de la
détente où la vapeur a acquis la pression p. Soit encore a l'aire du piston,
et c la liberté du cylindre.
» Si l'on prend le piston au moment où la longueur de course parcou-
rue est L.et.la pression p, on verra que si le piston parcourt en outre un
espace élémentaire d!, le travail élémentaire produit dans ce mouvement
sera padl. Mais en même temps le volume a (L'+- c), occupé par la vapeur
avant la détente, sera devenu 4(7 + c). Donc, d’après la loi précédem-
ment indiquée, il existera entre les pressions correspondantes le rapport
p _ L'+c 1—na(l+c)
DAV Ne
qui, en multipliant les deux membres par adl, donne
padl = As, 4 — rad).
ina (L'+ c) l+c
Par conséquent, en intégrant cette équation entre les limites L/ et L de
la détente, on a pour le travail total qu’elle produit
P'a tar c) el + ©
1—na(L'+c) L'+ c
— na(lL — L |
Ajoutant à ce travail celui P'aL/ appliqué par la vapeur avant la détente;
et égalant la somme à la quantité d'action aRL développée par la résis-
tance R pendant la même course, on obtient, pour la première relation
générale,
P'a(L'+ c) L’ L+c
—— © —— | —— ———— — naL )—aRL... (A).
1—na(l'+ c) Em L'+c Gt ) Ye (à,
» Maintenant, pour obtenir la seconde relation, si l'on exprime par S
le volume d’eau vaporisé par la chaudière dans une minute, ce volume,
en arrivant dans le cylindre, transformé en vapeur à la pression P', y
deviendra, d'aprés la relation déjà énoncée (a),
S
n + ql"
(115)
Ce sera donc le volume de vapeur à la pression P', fourni par la chau-
dière dans une minute. D'autre part, a (L'+ c) est le volume de cette
vapeur à la pression P’, qui se dépense par coup de piston, et s’il y a
K coups de piston par minute, Ka(L’+ c) sera la dépense par minute;
ou bien , si v exprime la vitesse du piston, ce qui donneK = ? TL le même
volume de vapéur dépensée sera
Te +0:
Donc, puisqu'il y a égalité entre la production et la dépense de vapeur,
on aura
S v
© —= — # ». (B
REP LL +c),.. (B),
qui. est la seconde relation générale entre les données et les inconnues
du problème. Enfin, en éliminant P' entre ces deux équations, on obtient,
pour la relation définitive Se
7 SL És: Go D giE es D — na)
Le RE à CEE De de me (1).
. an (L' + c) (= log D+e £—naL) + agRL [1—na (L' + e)]
». Cette res est, comme: nous l'avons annoncé , moins simple que
celle .que nous avons Hbinse en supposant la conservation: de tempé-
rature ; mais elle a l'avantage de tenir compte ‘d’une nouvellé circons-
tance dans le calcul. Du reste, en y détruisant l'effet de cette circons-
tance , on la ramène facilement à nos formules précédentes.
» En effet, comme nous ayons vu que, d’après l'équation (a), le volume
de la vapeur à la pression P est donné par la relation
I
Ton+gl
<t qu’au contraire, dans le cas où l’on suppose la conservation de tem-
pérature ; le volume ‘varie en raison inversé de la pression, c'est-à-dire
qu'on a
1 f Hi
m = gp’
il est clair que pour passer du premier cas au second, il suffit de faire
= 0. Alors l'équation (x : se réduit à
L+c
— ah (re tuer sn re)
( 116)
À I é
et comme on a en même temps q —= D? elle devient
_mPS L' Le c
WNcR. Er
qui, en mettant pour R sa valeur développée, est précisément celle à
laquelle on parvient directement en partant de la supposition que la va-
peur conserve sa température.
» De l'équation (1) obtenue plus haut se déduiront, comme dans nos
Mémoires précédents, toutes les autres formules relatives à la construc-
tion ou à l'emploi des machines. Mais la petitesse de la quantité n, dont
la valeur est 2—0.00009, fait qu’il n’en résultera en général aucun chan-
gement sensible dans les résultats pratiques des formules. »
wénecnxe, — Recherches et expériences sur la peste ; par M. Burranp.
M. le MinisTrEe DES TRAVAUX PUBLICS , DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE,
en transmettant le mémoire de M. Bullard, annonce que ce médecin,
qui avait été chargé , d'une mission spéciale par le Ministère, après
s'être livré en Égypte et à Smyrne à des recherches sur la peste, sur
le mode de propagation de cette maladie, et sur les moyens propres à
la prévenir ou à la combattre, poursuit aujourd'hui à Constantinople les
mêmes travaux. Les résultats de’ses expériences sont consignés dans le
mémoire qu'iladresse aujourd'hui, ainsi que dans un journal qu'il pu-
blie sous le titre de {4 Peste ; et dont les quatre premiers numéros font
partie de cet envoi.
« M. Bullard ; dit M. le Ministre du Commerce, a exprimé le désir que ses
travaux fussent:admis! à concourir. pour le prix dé médecine” Montyon ; je
me fais un devoir d'accéder à éé'vœu, et je vous adresse en conséquence
les documents dont il vient d’être parlé, quoiqu'ils appartiennent à l’ad-
ministration. Toutefois, comme üls’agit d’une question qui touche à de
graves intérêts, je laisse à l'Académie le, soin ,de décider:si, tout en ré-
servant les droits de M; Bullard.pour,le concours; .ellesné-pourrait pas se
faire présenter un rapport particulier sur les résultats déjà obtenus;par ce
médecin, et lui adresser, par mon intermédiaire, quelques observations sur
la direction qu'il a imprimée à ses rècherches, et sur les points qui parai-
traient exiger, de nouyeaux éclaireissements. »
La section de Médecine est chargée, conformément à à Ja deiéude de
M. le Ministre, d'examiner le, travail de M. Bullard et de té adresser, s’il y
a lieu , des questions ou des inétrüuctions.
( u7)
Le mémoire de ce médecin , après que la section de Médecine en aura
pris. conaissance, sera renvoyé à l'examen de la Conimission pour le
Concours au. prix de médecine Montyon.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Expédition de la Bonite.
M. ze MINISTRE DE LA MARINE transmet une nouvelle série de docu-
ments recueillis pendant l’expédition de 4 Bonite ; il invite l’Académie à
désigner -une Commission qui sera chargée de prendre connaissance de
l'ensemble des travaux exécutés et des collections formées pendant la
campagne. La collection relative à la botanique se trouve déjà au Muséum
d'Histoire naturelle , où elle a été déposée par M. Gaudichaud ; les autres
sont dans ce moment au Hävre, et. seront dirigées à Paris dès que la
Seine deviendra navigable.
M. le Ministre demande qu’une copie du rapport lui soit adressée.
La Commission qui avait été chargée de rédiger les Instructions pour le
voyage de, /a Bonite, est. chargée de rendre compte des résultats scien-
tifiques.obtenus pendant la, campagne.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE., — Moyens de sûreté contre les explosions des
machines, à vapeur ; Mémoire de M. Ragaïoyk, capitaine d'artillerie.
(Commission des rondelles fusibles.)
M. le Ministre du Commerce et des Travaux publics, en:transmettant
ce Mémoire à l’Académie, l'invite à hâter le rapport de la Commission
qu’elle a chargée de s'occuper de la question des explosions de machines
à vapeur et des moyens propres à les prévenir.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Système de voitures pour chemin de fer de toute
courbure; par M. Arnoux.
(Commissaires, MM. Arago, Dulong, Savary, Poncelet et Séguier.)
Le but que M. Ærnoux se propose est très simple: Dans ses voitures,
les essieux, au lieu de conserver leur parallélisme, pourront, ou plutôt de-
vront prendre une direction, normale au contour de la courbe parcourue.
En petit (sur l'échelle du. 5%), l'expérience a parfaitement réussi. « Sup-
posons, dit l’auteur, que. des essais en grand ne viennent pas détruire nos
prévisions;, les avantages qu'on pourra retirer d’un pareil système ne se
horneront, pas, comme .on,le voit, à permettre de faire suivre aux trains
( 118)
toutes les courbes possibles; mais les voitures pourront être de moitié
plus légères, et bien mieux suspendues ; les roues, réduites à porter, pour-
ront être en bois, ce qui les rendra moins coûteuses, plus légères et plus
douces pour la route, puisque le bois offre toujours quelque élasticité.
Par suite, la force de traction pourra être modifiée, et les locomotives
qui écrasent les rails, ne présenteront plus le poids destructeur qui semble
ne plus avoir de bornes. »
acousrique. — ÎVouveau tableau pour les proportions des tubes de l'orgue ;
par M. CamiLLer.
(Commissaires, MM. de Prony, Dulong, Savart.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un nouveau système de sonnerie pour
les horloges ; par M. Casrir-Brazr.
(Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu , Savary.)
« Dans les sonneries ordinaires de nos horloges , lorsque l'heure est indi-
quée par un nombre de coups un peu considérable, il arrive fréquemment,
dit l'auteur du Mémoire, qu’on se trompe en les comptant; qu’on croit,
par exemple, avoir compté dix coups ou bien douze quand il n’en à
réellement frappé que ouze. De plus, quand une fraction d'heure vient à
sonuer, comme rien n'indique l'heure à laquelle cette fraction se rapporte,
on peut se tromper d’une heure en plus ou en moins; le système que je
propose obvierait à ces inçonvénients. »
Pour arriver au résultat qu'il annonce , l’auteur emploie douze cloches
graves et douze cloches aiguës.
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE pu GLO8E. — Sur un tronc d'arbre carbonisé trouvé à la Guade-
delcupe, enfoui au milieu de produits volcaniques. — Extrait d'une
lettre de M. Daver, communiqué par M. Biot.
« Je vous adresse quelques fragments d’un arbre que les mineurs que
j'éemploïe ont trouvé à 4 mètres 75 centimètres dans le sol. Il avait une
partie de son tronc et de ses branches, mais sans aucune apparence de
feuilles : lé tout réduit à un état complet de carbonisation, à l'exception pour-
tant’ d’une substance parcheminée , cylindrique, couleur de feuille morte,
qui l'enveloppaïit à plusieurs reprises. À la première vue, je crus que c'é-
( 119 )
tait une peau de couleuvre, mais un examen plus attentif me fit recon-
naître l'écorce du végétal connu ici sous le nom de line brâlante , liane
qui se trouve, vous le savez, partout dans nos forêts, et dont la consis-
tance grasse comme celle du cactus, pourrait expliquer son état actuel,
€n supposant, comme cela est vraisemblable, que les matières qui l’ont
enfouie avec l'arbre qui la supportait, l’ont soumise tout-à-coup à une vio-
lente chaleur, qui aura fait disparaitre sa partie aqueuse sans détruire en-
tièrement l'écorce et la texture fibreuse. L'arbre étendu horizontalement
dans une couche de pouzzolane rouge mêlée de ponces, était rompu
à 7 pieds au-dessous des premières branches. La cassure représente celle
des arbres ouraganés. Diamètre du tronc, 0", 60°; le charbon qu'il fournit
ne diffère de celui qui est employé dans l'usage domestique, qu’en ce
qu'il exhale en brûlant une légère odeur de houille en combustion. Vers
les branches ce charbon est très mou, et à leurs extrémités il est tout-à-
fait en poudre.
» J'ai mesuré les diverses couches qui superposaient l'arbre et qui sont
au nombre de six, sans compter celle de gisement. Elles sont parfaitement
distinctes, et je vous en remets des échantillons avec le chiffre de leurs
épaisseurs. J'ai porté à ces mesures beaucoup d'attention, à cause des
données qu’elles peuvent fournir sur la force ou la durée des éruptions
auxquelles ces couches doivent leur formation. La terre végétale qui les
recouvre prouve que la dernière à déjà une haute antiquité. Ceci, joint à
la distance qui existe entre le lieu de la mine (la ville de la Basse-Terre )
et le volcan aujourd’hui en activité, ne permet guère de les rapporter à
ce foyer; elles proviennent plus vraisemblablement du groupe du Hoüel-
mont, qui n’est qu'à une demi-lieue sud de la ville et dont le Caraïbe
forme la principale cime; mais ce système est lui-même entièrement cou-
vert de forêts séculaires, et sans sa configuration toute volcanique, ses
cônes encore plus ou moins intacts, les profondes cavités qui les séparent
et qui sont évidemment des cratères éteints; enfin sans les énormes cou-
lées de lave qui s’y rattachent et qui se montrent sur tout le sol envi-
ronnant, tantôt rompues et dispersées, tantôt en masses continues, on
pourrait douter des éruptions qui, dans un temps ancien, se sont succédé
dans ce lieu couvert aujourd’hui d’une si riche végétation. Que de siècles
écoulés, et que de révolutions dont on n’a même pas conservé le sou-
venir! »
À cette note est joint un dessin qui montre l’ordre de superposition
des différentes couches et la puissance de chacune. La couche de terre
Ce R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 4.) 16
( 120 )
végétale est épaisse de 5o centimètres, les couches sous-jacentés ont, en
allant -de haut en bas, 3",50°; o,50°; 0,55; 0",75°; 0,45; 4",10°; cétte
dernière couche recouvre immédiatement celle dans laquelle est enfoui
l'arbre’ carbonisé.
mÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques faites sur la côte occidentale
de l'Amérique du Nord, au fort Vancouver, rivière Columbia (latit.
45937/); par M.'Jomx MACLoucuLIN.
M. Arago; à qui ces observations avaient été remises par M: le docteur
Macloughlin, de Paris, présente les résultats qu'il en a déduits. Nous les
avons réunis dans le tableau: suivant, qui n’a pas besoin d'explication:
Nous devons dire seulement, que'les températures maximum et minimüm
de chaque jour n'ayant pas été observées, M: Arago n'a pu arriver à la
température moyenne des jours et des mois, qu'à l’aide de la combinai-
son des températures des heures homonymes, 7* du matin et 7 du’soir.
Tempér. moyennes. Tempér, maxima. Tempér. minima.
Avril 1836..:,..,..-+ 9°,8 cent. «.... 2000.20 cru + 4,4
MAD erreur Ts ULB: HUE OM + 5,5
LETTRE TOO those 208 0e :... + 8,9
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Octobre... 8, +R nt;nane, 064 60/2737. helene si 33
.. Noyembre,,.….,... H,5,Biulohusseres HIAOp Omer ueer ei 137
Décembre....... Né 206 demand die oc de —10,
Janvier 1837...... + 1,2... DRE NE OM RES . — 5,9
Février. .... CN TER RL n Rec OO eee eee ete — 1,6
MAPS eee OT MO MS a Errereare dE ER Sd à 110)
Moyenne — +10°,1
Cette moyenne est notablement au-dessous de ce que permettait d’at-
tendre une premiére série d'observations publiées dans le Compte rendu
de Ja séance du 26 octobre 1835. Le nombre +10*,1 centigrades, est in-
férieur à la température moyenne du 45° degré de latitude en Europe,
mais il surpasse à peu pres de la même maniere, la température du
45° degré pris sur la côte orientale d'Amérique. En définitive, la côte
occidentäle ‘du nouveau continent, en tant que côte occidentale, sera-
t-elle plus tempérée que la côte orientale des États-Unis? Cette même
( 127, )
côte occidentale, en tant que portion, de l'Amérique, se trouvera-t-elle
moins chaude que la côte occidentale de l’ancien continent? Telles\sont
les questions importantes que le tableau, précédent, soulève; La seule
année d'observations dont on vient de voir les résultats, peut d'autant
moins servir à les résoudre, que ‘d'avril 1836 à mars 1837, les vents
d’ouest ont régné au Rio Columbia, beaucoup moins de temps qu'on ne
devait l’attendre, en considérant la cause qui leur donne naissance, et ce
qu’on observe sur la côte opposée du même continent.
MÉTÉOROLOGIE. — toiles filantes.
M. Arago communique quelques particularités relatives aux étoiles fi-
lantes, extraites d’une lettre qu'il a reçue de M. Herrick de New-Haven.
M. Herrick a cherché à déterminer combien de personnes devront réunir
leurs efforts simultanés en chaque point du globe, pour être assurées de
ne laisser passer aucune étoile filante sans qu'on l'ait remarquée. Le
nombre lui a paru être de neuf. Il a essayé aussi d'apprécier le nombre
moyen d'étoiles filantes qu’on voit chaque vingt-quatre heures , er laissant
de côté les averses des mois d’août et de novembre. Suivant lui, environ
trois millions de ces météores pénètrent journellement dans l'atmosphère
terrestre.
M. Cazauvieizx demande à retirer un Mémoire qu'il avait adressé
l’année dernière pour le concours Montyon. Ce mémoire ayant pour titre :
De la Monomanie homicide chez les habitants des campagnes, ne fut pas
admis à concourir, parce que l’auteur avait négligé de remplir une
condition exigée, celle d'indiquer ce que son travail renfermait de neuf.
M. Cazauvieilh se propose de présenter de nouveau ses recherches
au prochain concours, après avoir réparé l’omission qui les avait fait
écarter la première fois.
Le manuscrit sera mis à la disposition de l’auteur.
M. pe La Haye prie l’Académie de hâter le rapport de la Commission
à l'examen de laquelle a été renvoyée une note sur les moyens de main-
tenir, pendant les grandes gelées, une portion de rivière libre de glacons
propre à la navigation.
M. Jenisson adresse une prétendue solution du problème du mouvement
perpétuel dont l'auteur est M. FREYBERG.
16..
(rar)
M. Dumery adresse un paquet cacheté portant pour suscription : 4p-
pareils de sûreté.
L'Académie en accepte le dépôt.
À quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures. A.
(123)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1838, 1° semestre, n° 3, in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1" semestre 1837, un vol. in-4°.
Mémoires de l’Académie des Sciences ; tomes 14 et 15, in-4°.
Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques ; décem-
bre 1837, in-8.
Énumération des plantes découvertes par les voyageurs dans les Iles de
la Société, principalement dans celle de Taïti; par M. J.-A. Gunzeuin,
in-8°.
De la connexion des Sciences physiques; par M*° Mary Somervize,
traduit de l’anglais par Madame Meuuen, in-8°,
Histoire statistique et morale des Enfants trouvés ; par MM. J.-F.
Terme et J.-B. Monrarcow; Lyon, 1837, in-8°. (Cet ouvrage est adressé
pour le concours de Statistique.)
Précis statistique sur le canton de Resson-sur-Matz , arrondissement de
Compiègne (Oise). Extrait de l'annuaire de 1838, in-8°.
Précis statistique sur le canton de Clermont , arrondissement de Cler-
mont (Oise). Extrait de l’annuaire de 1838, in-8.
Histoire naturelle des Iles Canaries; par MM. Wrss et BERTHELOT ,
27° livraison, in-fol.
Galerie ornithologique des oiseaux d'Europe; par M. »'Orsreny, 35° li
vraison, in-folio.
Nouvelles suites à Buffon. Histoire des insectes ; par M. T. Lacorparre,
tome 2 et 2° livraison de planches, in-8°. (M. Duméril est Chargé d’en faire
l’objet d’un rapport verbal.)
Description of.... Description d’une nouvelle espèce de Chauve-Souris
qu'on trouve dans les environs de New-YForck; par M. W. Cooper, in-8°,
The Edinburg. ... Journal de Médecine et de Chirurgie d'Édimbourg ,
n° 133, octobre 1837, in-8°.
(@n2710)
The London... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg ,
volume 2, n° 72 et 35, in-8°.
The Annals.... Annales d'Electricité, de Magnétisme et de Chimie,
janvier 1838, in-8°.
Magazine of.... Magasin de la Science populaire, n° 24, janvier 1858,
in-8°.
The Athenœum, part 120, décembre 1857, in-4°.
Journal fur.... Journal de Mathématiques de M. Creire, tome 17,
livraisons 3 et 4.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires, n° 1, janvier 1838,
in-0°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales, 5°. année , tome 7,
janvier 1858, in-8°, et atlas in-#°.
Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n°3.
Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 7—09, in-4.
Répertoire de Chimie scientifique et industrielle, feuilles 16—25, in-fol.
L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n°°7—16, in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 JANVIER 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTRO-CHIMIE. — Développements relatifs aux décompositions chimiques
opérées avec les appareils hydro-électriques simples ; par M. BecQuEREt.
« Le 7 décembre 1835 (Compte rendu des Séances de l'Académie, T. 1,
p- 455 ) j'ai fait connaître à l’Académie un appareil hydro-électrique sim-
ple, à l'aide duquel on obtient des décompositions analogues à celles que
produit une pile de Volta composée d’un certain nombre d’éléments; de-
puis lors, cet appareil a été l’objet de recherches de la part de plusieurs
physiciens; les uns ont nié les faits que j'avais annoncés, les autres ont
reconnu leur exactitude; parmi ces derniers, je citerai M. le professeur
Jacobi, de Dorpat, qui vient de publier à ce sujet un travail inté-
ressant.
» Ayant eu l’occasion, il y a peu de temps, de me servir de l'appareil
hydro-électrique simple, j'ai pu étudier son mode d'action avec de grands.
détails , et les résultats auxquels je suis parvenu ne seront pas sans inté-
rêt pour la théorie électro-chimique.
» Il est bien prouvé maintenant que la quantité d'électricité qui est as-
sociée aux atomes dans les composés chimiques est proportionnelle aux
C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 5.) LU]
(126)
affinités en vertu desquelles ces atomes sont combinés. D’après ce principe,
plus les affinités sont énergiques, plus il y a d'électricité dégagée dans la
combinaison , et plus le courant électrique doit avoir d'intensité pour dé-
truire cette combinaison. Aussi a-t-on trouvé que, lorsqu'une dissolution
est soumise à l’action d’un courant, la quantité de cette dissolution qui
est décomposée dans un temps donné, est proportionnelle à la quantité
électricité qui passe dans ce même temps.
» D'un autre côté, nous sommes porté à admettre, comme M. Delarive,
que dans la pile de Volta, les deux électricités réunies aux deux pôles ne
sont autres que celles qui proviennent de la réaction chimique du liquide
sur les couples extrêmes , lesquelles échappent à la recomposition. Si leur
intensité paraît augmenter avec le nombre de couples, cela vient de ce que
les couples intermédiaires opposent un obstacle d'autant plus grand à la re-
composition, qu'il y a plus de couples. Vient-on à fermer le circuit avec un
fil métallique, ces deux électricités le parcourent immédiatement, parce
qu’elles éprouvent moins de difficulté à se recombiner par son intermé-
diaire qu’en suivant l’intérieur de la pile. Dès-lors, si l’on parvient à retar-
der suffisamment par un moyen quelconque, la recomposition des deux
électricités produites dans la réaction de l’eau acidulée sur un métal, on
obtiendra des effets semblables à ceux d’une pile. Ne perdons donc jamais
de vue que dans la réaction chimique de deux corps l’un sur l’autre, en
communication avec un troisième corps liquide ou solide, si l'on veut re-
cueillir le plus d'électricité possible, il faut disposer l'appareil pour que le
meilleur conducteur soit le corps qui est destiné à la recevoir. Revenons à
l'appareil hydro-électrique simple.
Première expérience. — Dans un verre MN de quelques centimètres de
(127)
diamètre, on verse de l'acide nitrique concentré; on plonge dedans un
tube AB fermé à sa partie inférieure avec un bouchon d'argile d’un centi-
mètre d'épaisseur, humecté d’une solution de sel marin et de potasse, et
coiffé d’une toile pour empêcher l'argile de tomber. Ce tube est rempli
d’une solution concentrée de potasse : on plonge encore dans le verre MN
un autre tube CD de quelques millimètres de diamètre, traversé par un fil
de platine et fermé à la lampe dans le haut, rempli en outre d’acide nitrique.
Une lame de platine plongeant dans la solution de potasse est mise en com-
munication avec ce fil; dès l'instant que cette communication est établie,
il se dégage abondamment du gaz oxigène dans le tube AB, comme il est
dit dans le Mémoire cité. Dans le tube CD, on n’observe aucun dégagement
de gaz; mais l'acide nitrique se colore successivement en jaune, en vert, puis
en bleu, en passant par toutes les nuances intermédiaires. Cette expérience
démontre évidemment que dans la chaîne hydro-électrique simple, l'acide
nitrique est décomposé par l’action du courant qui résulte de la réaction
chimique de l'acide sur l’alcali. Toutes les fois que le fil CD n’est pas im-
médiatement en contact avec l'acide nitrique, le dégagement de gaz cesse
sur le fil. Cette condition est remplie, quand le tube CD contient de
l'acide sulfurique à différents degrés de densité et est fermé par en bas avec
un bouchon d'argile. Dans la réaction de l'acide sur l’alcali, l'acide prend
l'électricité positive, l'alcali l'électricité négative; dès-lors la lame qui se
trouve dans la potasse est le pôle positif, et le fil qui est dans l'acide, le
pôle négatif. Une portion de l'acide nitrique perd, dans cette circonstance,
peu à peu de son oxigène , et se change en acide nitreux qui se dissout
dans l'acide nitrique. Selon le degré de concentration de la dissolution,
la couleur de la liqueur passe successivement du jaune au vert et au
bleu.
» Deuxième expérience. — Si l'on emploie, au lieu d’acide nitrique, de
l'acide sulfurique étendu de moins de la moitié de son poids d’eau, il se
dégage encore de l’oxigène sur la lame qui se trouve dans la potasse ,
mais en moins grande quantité que dans l'expérience précédente. Sur la
lame négative, il y a un dégagement de gaz hydrogène correspondant.
Quand l'acide renferme une grande quantité d’eau, le courant électrique
n’a plus assez de force pour décomposer l’eau.
» Troisième expérience. — Si dans le tube AB on en met un autre
également fermé avec un tampon d'argile, d'environ 1 centimètre de lon-
gueur et rempli d’une solution de sulfate de potasse, et qu’on y plonge
la lame de platine, entourée d’une bande de papier tournesol, celle-ci
17..
( r28)
ne tarde pas à rougir. On voit par-là que l'électricité qui se dégage dans
la combinaison de la potasse avec l'acide sulfurique, devient apte, dans
le même liquide, à décomposer le même sel. Si à la place de la solution
de potasse, on met une solution d’iodure de potassium , l’iode apparaît
immédiatement autour de la lame de platine.
» Quatrième expérience. — Puisqu’il est bien démontré que le courant
électrique est dû à la réaction de l'acide sur Falcali, si l’on veut obtenir
le maximum d'effet, il faut disposer l'appareil pour que les deux élec-
tricités, à l'instant même de leur dégagement , se portent sur les lames de
platine destinées à les recevoir.
» Voici la disposition qui m'a paru la plus favorable pour cela : le
tube AB est coiffé, à son extrémité inférieure , avec une douille en platine
percée de petits trous, et au centre de laquelle est soudé un fil de pla-
tine, on recouvre cette lame extérieurement d'une toile à tissu très
serré, et l’on pose dessus une autre lame de platine également percée
de trous, à laquelle est soudé un fil de platine que l’on met en commu-
nication avec le fil du tube AB. Cette dernière lame est entourée d’un
bord relevé qui permet de la fixer sur le tube : d’après cette disposition,
les deux liquides, à l'instant où ils réagissent l’un sur l’autre, cédent aux
lames de platine avec lesquelles les parties agissantes sont en contact,
une portion des deux électricités dégagées ; d’où résulte un courant
produit par la plus grande quantité d'électricité que nous puissions re-
cueillir dans la réaction d’un acide sur un alcali. Le dégagement de gaz
oxigène est très abondant, si l'appareil est bien disposé. Quand le tube
a 2 centimètres de diamètre, il ne faut que peu d’instants pour recueillir
1 centimètre cubique de gaz oxigène, avec un tube plongé convenablement
dans AB. Dans cet appareil comme dans les précédents, on doit éviter
d'opérer sur des dissolutions qui donnent naissance, par leurs réactions
réciproques, à des composés peu solubles, parce que les surfaces de
contact sont bientôt obstruées par des cristaux non conducteurs, qui
s'opposent à la circulation du courant. Quand cela arrive, il faut laver les
surfaces de contact, pour dissoudre les cristaux déposés.
» Cinquième expérience. — Le tube AB, fermé par en bas comme à
l'ordinaire, avec un bouchon d'argile humecté d’une solution de sel
marin , est rempli d’une solution d’iodure de potassium; le verre MN est
rempli d’acide sulfurique légèrement étendu d’eau, puis la communication
est établie entre les deux liquides, au moyen de lames de platine en re-
lation avec un fil de même métal. L'iodure de potassium est décomposé
( 029 )
par l'action du courant produit dans la réaction de l'acide sulfurique
sur le sel marin. On pourrait supposer que le dégagement de liode au-
tour de la lame qui plonge dans la dissolution de l'iodure, provient de
l'acide sulfurique qui s'étant infiltré à travers l'argile, aurait réagi sur
l'iodure de potassium; mais il n’en est rien, puisqu'on obtient le même
résultat quand la solution d’iodure se trouve dans un second tube placé
dans l’autre.
» En substituant à l’acide sulfurique une solution concentrée de ni-
trate de cuivre, l’iode est également séparé; mais sans qu’il y ait dégage-
ment de gaz, et que le nitrate de cuivre soit décomposé. L'action du
courant est donc employée entièrement à séparer l’iode du potassium,
combiné en vertu d’affinités moindres que celles qui constituent la
combinaison de loxide de cuivre et de l'acide nitrique dans le nitrate.
» Les expériences que je viens de rapporter prouvent évidemment que
les décompositions sus-mentionnées, sont dues uniquement à l’action du
courant résultant de la réaction chimique des deux solutions qui se
trouvent l’une dans le tube AB, l’autre dans le verre MN, et qu’en dis-
posant les appareils pour empêcher le plus possible la recomposition des
deux électricités dégagées, dans cette réaction, on a des effets chimiques
comparables à ceux qui sont produits par une pile. »
RAPPORTS.
CHIMIE APPLIQUÉE, — Rapport sur un mémoire de M. BoussiNGAULT, relatif
à l'influence de l'azote atmosphérique dans la végétation.
(Commissaires, MM. Dutrochet, Turpin , Dumas rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. Dutrochet, Turpin et moi, de lui
rendre compte d'un mémoire de M. Boussingault, relatif au rôle que
l'azote de l'air joue dans la végétation. Ce mémoire ayant paru presque
tout entier dans le Compte rendu de la semaine dernière, ce serait de notre
part un travail inutile, ceserait abuser des moments de l’Académie que d’en:
donner ici un résumé nouveau.
» L'Académie a vu que l’auteur s’est proposé de résoudre nettement une
question qui a préoccupé toutes les personnes qui ont réfléchi aux grands
problèmes qui se rattachent aux conditions de l'existence des êtres orga-
nisés à la surface du globe. On sait très bien que les animaux, par exemple,
( 130 )
fournissent par leur respiration de l'acide carbonique; que les plantes dé-
composent ce gaz et s'emparent de son carbone. On voit donc là, sans
difficulté, comment le carbone des plantes rentre dans les animaux par
les voies digestives, en sort par la respiration, et comment il retourne
aux plantes. On y voit aussi par quel phénomène l’oxigène de l'air con-
sommé par les animaux est restitué par les plantes à l'atmosphère.
» On a été involontairement tenté de croire que l'azote demeurait passif
dans tous ces phénomènes, car on sait que l'azote pris à l’état gazeux ne
contracte de combinaison qu'avec beaucoup de peine. On n'avait pas ré-
fléchi suffisamment à la facilité avec laquelle l'azote dissous contracte au
contraire des combinaisons énergiques; on n'avait peut-être pas songé
non plus aux circonstances qui se présentent dans les pâturages des hautes
montagnes où chaque année on extrait tant d'azote par l’engrais des bes-
tiaux et la production du laitage , et où néanmoins l'azote ne peut guére
parvenir que par l'air atmosphérique lui-même.
» M. Boussingault s'était donc proposé une des plus belles questions de
la philosophie naturelle, c’est de savoir si les plantes empruntent de l'azote
à l'air et si elles ont le pouvoir de s’assimiler ce gaz à toutes les époques
de leur existence.
» Montrons d’abord qu'il s'est mis parfaitement en mesure de résoudre
ce problème ; c’est en effet là que se trouvait toute la difficulté. Il fallait
créer une méthode d'observation d’une exactitude extrême; il fallait em-
brasser de longs intervalles de temps , afin que les effets de la végétation
eussent la possibilité de s’accomplir d’une maniere assez large pour que
toute chance d’erreur demeurût écartée.
» C’est ce que l’auteur a parfaitement obtenu au moyen de la combi-
naison de deux méthodes d'observation qu'il aura eu le bonheur d’appli-
quer le premier à l'étude des phénomènes physiologiques et agricoles.
Nous ne craignons pas d'ajouter que l'emploi soutenu de ces méthodes
conduira de la manière la plus sûre les observateurs qui les adopteront,
à la solution claire et précise de toutes les grandes questions .de l’écono-
mie des êtres organisés. Les effets résultant de leurs rapports avec le
monde extérieur peuvent, à l’aide de ces méthodes, être soumis à la ba-
lance, et deviennent mesurables quelque délicats qu’ils puissent être.
» En effet, M. Boussingault analyse par les méthodes connues, au
moyen de l'oxide de cuivre, les plantes ou graines avant l'expérience ; il les
analyse après. Il peut donc comparer leurs éléments carbone, hydrogène,
azote, oxigène, et voir ce qu'elles ont gagné ou perdu.
(13r)
» De plus, il les fait végéter ou germer dans un air sans cesse renouvelé
et bien lavé pour le dépouiller de toute poussière; il les arrose avec de
l'eau distillée , et il les cultive dans un sable siliceux.
» Ces précautions sont faciles à observer au moyen d’une cloche où les
plantes sont confinées, et dont l'air se renouvelle sans cesse par le jeu d’un
tonneau aspirateur.
» M. Boussingault a fait germer du trèfle et du froment dans cet appa-
reil, et il a vu que ces graines perdent l’une et l’autre par la germination
du carbone, de l'hydrogène et de l’oxigène; leur azote demeurant
intact.
» 11 a fait végéter du trèfle et du froment dans le même appareil, pen-
dant deux et trois mois, et il a vu que le trèfle fixe une grande quantité
d'azote, emprunté nécessairement à l'air, tandis que le froment n’en prend
pas la moindre trace, du moins à cette époque de sa végétation.
» Ainsi, il demeure prouvé que le trèfle s'empare de l'azote de l'air ,.et
tout porte à croire que ce phénomène est général. Si les plantes, à cet
égard, diffèrent entre elles, c’est probablement par l’époque à laquelle
elles le fixent. C’est ce que M. Boussingault nous apprendra en continuant
ses expériences, car le mémoire qui nous-occupe ne peut être considéré
que comme la préface d’un grand ouvrage que l’auteur est parfaitement
en mesure d'exécuter. Aussi, ce que nous avons cherché surtout, dans ce
mémoire , d’ailleurs plein de faits, c’est la méthode d'observation; c’est sur
elle que nous fixons l'attention de l’Académie, celle du public; car elle
nous paraît exacte, heureuse et pleine d’avenir. Avec de. légères modifica-
tions, que chacun y fera sans peine, elle se prêtera à l'examen de toutes
les questions physiologiques ou agricoles.
» En conséquence, nous avons l’honneur de proposer à l'Académie de
décider qu’elle donne son approbation au travail de M. Boussingault, et
qu’elle en ordonne l'insertion dans le Recueil des Savans étrangers. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
CmIMIE APPLIQUÉE. — Rapport sur un mémoire de M. PAyex, relatif à la dis-
tribution des substances azotées dans les organes des végétaux.
(Commissaires, MM. Dutrochet, Turpin, Dumas rapporteur. )
« L'Académie nous a chargés également, MM. Dutrochet, Turpin et
moi, de l’examen d’un mémoire de M. Payen, relatif à la distribution de
la matière azotée dans les organes des plantes. Ainsi, par une circons-
(Cr32)
tance assez remarquable, au moment où nous venons d'occuper l’Acadé-
mie d’un travail destiné à faire connaître la source d’une partie au moins
de l'azote que les plantes renferment, nous avons à l’entretenir d’un se-
cond mémoire qui a pour but de définir en quels organes vient se réunir
cet azote.
» L'auteur, M. Payen, a déjà présenté à l'Académie un travail destiné
à établir que les radicelles des plantes renferment toutes une substance
azotée assez abondante pour donner de l’ammoniaque libre ou carbonatée
au moment où on les soumet à la distillation.
» Les circonstances observées par l’auteur lui avaient fait supposer que
les organes des plantes lui offriraient assez généralement au moment de
leur développement la présence d’une matière azotée. C’est ce qu’il vient
de constater de la manière la plus générale.
» Il a vu que tout organe naissant ou en train de se développer, ren-
ferme en abondance une matière azotée; il a constaté qu’à mesure que
l'organe se développe la matière azotée diminue, relativement à la matière
non azotée qui devient peu à peu tout-à-fait prédominante.
» Ce fait est général. L'auteur s'en est assuré par l'examen d’un grand
nombre de plantés ou d'organes de la même plante. Allant plus loin,
M. Payen s’est assuré que le cambium offre aussi, et en abondance cette
matière azotée. Il a vu que les bois renferment un suc qui en est lui-même
chargé, et il a fait à ce sujet une expérience très digne d'intérêt.
» En faisant passer à travers une baguette de bois de sureau récem-
ment coupée une grande quantité d’eau, le bois se dépouille de toute
sa matière azotée; celle-ci est entraînée par l’eau.
» L'auteur se trouve donc conduit à expliquer par cette curieuse expé-
rience le rôle de toutes les substances employées jusqu'ici pour conserver
les bois. Ce sont les matières qui agissant sur cette substance azotée, la
coagulent et la rendent insoluble dans l’eau. Cette expression générale des
faits mettra sur la voie, soit pour améliorer ces procédés, soit pour en
découvrir de nouveaux.
» Tel est en peu de mots le résumé du travail de M. Payen. Nous
n'avons pu le suivre dans tous les détails dans lesquels il est entré pour
démontrer la généralité du principe qu'il a reconnu; mais ces détails
seront lus avec intérét par les physiologistes.
» Nous pensons que le Mémoire de M. Payen, venant compléter celui
que l’auteur a déjà présenté à l’Académie sur le même sujet mérite, com-
me le premier, d’être admis à faire partie du recueil des Savans étrangers. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
(133)
BOTANIQUE. — Rapport sur un Manuscrit de M. DE Trisran , intitulé : Har-
monie des organes végétaux étudiés principalement dans l’ensemble
d'une même plante.
(Commissaires, MM. de Jussieu, Richard, de Mirbel rapporteur.)
« Une Commission , composée de MM. de Jussieu, Richard et moi, a été
chargée par l’Académie de porter un jugement sur ce travail ; nous vous
apportons le résultat de notre examen.
» M. de Tristan pense (et nous partageons son avis) que pour bien con-
naître l'anatomie végétale, la route la plus sûre est d'étudier à fond l'or-
ganisation de quelques-unes de ces plantes que l’on peut considérer
comme les types de beaucoup d’autres. Pour joindre l'exemple au pré-
cepte, il a porté son attention sur le Cucurbita maxima. Quoiqu'il n'ait
exécuté jusqu’à ce jour que la moitié de sa tâche, le manuscrit sur le-
quel il appelle l'attention de l'Académie, est déjà très volumineux. Ceci
ne doit point surprendre : une seule plante phanérogame, choisie parmi
celles d’une organisation tant soit peu compliquée, offre presque tous les
faits de quelque importance dont se compose la science de l'anatomie vé-
gétale.
» On conçoit que chaque fois que l’auteur a trouvé l’occasion d'éclairer
et d'agrandir son sujet par des rapprochements, des comparaisons et une
sage critique, il s’est empressé de la saisir. Mais s’il a eu raison pour l'ins-
truction de ses lecteurs, d’étendre ainsi son travail, nous aurions tort,
parlant à l’Académie, de ne pas resserrer le nôtre.
» Les premières pages de l'ouvrage contiennent une description très
longue des caractères extérieurs du Cucurbita maxima. Ce n’est pas là
que les naturalistes doivent s'attendre à trouver des faits inconnus. Ce-
pendant, voici une observation qui est nouvelle pour nous : les vrilles
des rameaux sont, sur les uns constamment placées à la droite des feuilles
et, sur les autres constamment placées à la gauche, sans qu'on puisse
se rendre compte de la cause de cette différence de position.
» Après la description botanique qui, à vrai dire, n’était pas indispen-
sable puisque les phytologistes seuls liront avec profit l'exposé des pro-
fondes recherches de l’auteur et ses savantes discussions, vient la premiére
partie du travail anatomique. C'est un traité complet sur ces transforma-
tions de l’utricule, que l'on appelle organes élémentaires, lesquels com-
C. R. 1835, 17 Semestre. (T. VI, N° 3.) 18
( 134 )
prennent, selon M. de Tristan, les divers tissus cellulaires, les tubes, les
trachées , les hélicostyles et l’'épiderme.
» La lumineuse classification que donne des modifications du tissu cel-
lulaire, cet habile observateur, prouve qu'il l’a étudié avec soin , non-seu-
lement dans le Cucurbita maxima, mais dans bien d’autres espèces. Nous
pensons que cette classification mérite l'attention des phytologistes.
» Toutefois, au sujet du tissu désigné par l’épithète de gélatineux, nous
nous permettrons une observation critique. Ce tissu en lui-même n’est
nullement gélatineux; il se compose , comme le remarque fort bien M. de
Tristan, de cellules prismatiques, fasciculées, disposées bout à bout en
séries, et à parois minces. Mais ces parois ont une certaine rigidité, et
nous ne saurions dire avec l’auteur, que l’ensemble du tissu ne se soutient
que parce que les cavités cellulaires sont remplies d’une matière semblable
à une gelée végétale plus ou moins ferme. Nous remarquerons de plus
que cette matière, peu a près son apparition, se montre à l’œil armé des
plus fortes lentilles du microscope, sous la forme d’un tissu composé d'une
infinie quantité de cellules très petites, à parois mucilagineuses , épaisses
et mamelonnées; tissu si délicat qu’il se détruit presque instantanément
quand , par un accident quelconque, il est exposé au contact immédiat
de l'air. Mais si rien ne met obstacle à son développement, il s’offre plus
tard sous l’une ou l’autre des formes nombreuses que M. de Tristan a dé-
crites, car ce tissu est la première ébauche de toute production vé-
gétale.
» Nous trouvons dans l'ouvrage la description suivante des trachées :
ce sont des tubes qui résultent de l’enroulement d’un ou plusieurs filets
cylindriques, transparents, creux et articulés, souvent écartés les uns des
autres. Ce dernier caractère est bien visible au sommet non encore déve-
loppé de la tige; mais, selon toute apparence, à l’aide du temps, les tours
de spire deviendront plus serrés par la multiplication des filets. A notre
avis, il n’y a ici rien à ajouter et peut-être rien à retrancher. Pourtant,
nous devons avouer que MM. Mohl et Mayen, dont l'opinion est de grand
poids, nient absolument que le fil de la trachée soit creux.
» On sait aujourd'hui qu'une simple utricule globuleuse peut devenir
d'abord un tube clos, puis une trachée. Cette transformation, annoncée
il y a déjà bien des années, s’est offerte depuis de la manière la plus évi-
dente, dans les utricules de l'ovaire du Marchantia. Des faits constatés
par M. Purkinje, dans l’anthère du Pœæonia tenuifolia et de l'Hyoscyamus
orientalis, et par MM. de Labillardière, Robert Brown et Linck, dans le
(135)
test de la graine du Casuarina quadrivalvis , ne s'expliquent que par une
semblable métamorphose.
» Plus anciennement, on avait reconnu que des utricules ajustées bout
à bout, en séries, devenaient des vaisseaux par la disparition des parois de
séparation ; mais personne, que nous sachions, n'avait vu des trachées se for-
mer ainsi. M. de Tristan est le premier phytologiste qui ait mis ce fait en
lumière. Il nous semble hors de doute que, dans ce cas, toutes les utricules
de chaque série, après s'être allongées autant que le permet la croissance
de la partie où elles se trouvent, se changent en de petites trachées, les-
quelles tenant l’une à l’autre, constituent, par leur association, une grande
trachée complexe. Ainsi, cette formation ne diffèrerait pas de celle de
beaucoup d’autres vaisseaux.
» À ce sujet, nous devons noter que partout où de nombreuses utricu-
les, agencées en séries longitudinales, composent un tissu serré, il paraît
bien que les vaisseaux ne se forment que par défoncement d’utricules ;
tandis que là où le tissu très lâche est criblé de méats, chaque vaisseau
doit souvent son existence au développement d’une seule utricule qui s'in-
sinue, s’allonge et se glisse entre les autres; témoin les trachées, si com-
munes dans les styles d’un tissu spongieux.
» À l'exemple d'Hedwig et de M. Slack, mais sous la dénomination
spéciale d’hélicostyle, M. de Tristan décrit un appareil vasculaire, com-
posé d’un tube membraneux à paroi entière, et d’un filet imitant une
trachée qui tournerait autour du tube sans y adhérer, et il compare cet
appareil aux élatères du T'argionia. Nous avons cherché et trouvé les hé-
licostyles dans le potiron, là même où M. de Tristan les indique, et, en
opposition à sa manière de voir, il nous a paru que le filet, au lieu d’être
libre autour du tube membraneux, faisait corps avec lui. Or, ce dernier
caractère est précisément au nombre de ceux que nous avons observés
dans les élatères du Targionia ; d'où il résulte que tout en n'étant point
d'accord sur le fait en lui-même, avec M. de Tristan, nous acceptons très
volontiers la comparaison qu'il établit entre les élatères du Targionia et
les hélicostyles du Cucurbita.
» Une dissertation aussi claire que savante sur l’épiderme, les stomates
et les poils du végétal, dans laquelle l'auteur signale avec impartialité, le
fort et le faible des opinions de plusieurs phytologistes, termine cette
première partie.
» La seconde partie a un caractère de spécialité qui ne se trouve pas
dans la premiere. Il en devait être ainsi. Les éléments organiques sont, à
18..
(136)
peu de chose près, semblables dans la plupart des espèces monocotylédo-
nées ou dicotylédonées. Par conséquent, M. de Tristan a dû considérer
ces éléments d’un point de vue général, en indiquant toutefois les modi-
fications qui serencontrent plus habituellement dansle Cucurbita maxima.
Mais quand il a passé des éléments organiques aux organes, lesquels dif:
fèrent dans les différents groupes, puisque c’est leur diversité même qui
fournit les moyens de les distinguer, il a bien fallu qu'il portät plus par-
ticulièrement son attention sur le Cucurbita ; et pourtant, il n’a pas écarté
de son sujet principal, les grandes généralités qui pouvaient s’y rattacher
avec utilité pour le lecteur. Nous citerons comme exemple, la dissertation
sur le liber à l’occasion d’un tissu analogue, observé dans l'écorce du
Cucurbita. Ce morceau se fait remarquer par un très judicieux esprit de
critique.
» La méthode adoptée par l’auteur pour arriver à la connaissance de
la constitution organique de la tige du Cucurbita est excellente. Il exa-
mine comparativement la tige à son sommet , à sa partie moyenne, à sa
base. Le sommet offre l’organisation dans la première jeunesse; la partie
moyenne, l’organisation dans l’âge mür; la base, l'organisation dans la
vieillesse. Cette méthode si simple en apparence est d’une très difficile ap-
plication; mais employée avec habileté, elle éciaire toutes les phases de
la végétation, et permet d'en tracer une histoire complète. Nous ne sui-
vrons point M. de Tristan dans les détails longs et minutieux de ce travail;
nous nous bornerons à indiquer rapidement quelques faits principaux.
» Si l’on coupe en travers la tige dans sa partie moyenne, on verra
que sa masse, formée presqu'’en totalité, d’un tissu cellulaire lâche, offre
au centre une lacune à sinus divergeant en étoile; à la circonférence,
une écorce; et, dans la région intermédiaire, dix faisceaux vasculaires
disposés sur deux cercles concentriques.
» L'écorce est formée de deux couches de liber revêtues chacune d’une
couche parenchymateuse. Il n’en est pas de même en haut et en bas de
la tige. En haut, le liber le plus extérieur est partagé en bandes longitu-
dinales au lieu de former une couche continue, et n’est point revêtu
de parenchyme. En bas, il y a un seul liber avec ou sans parenchyme.
Il suit de là, selon M. de Tristan, qu'il y a plus de simplicité en haut et
en bas que vers le milieu de la tige.
» La coupe des faisceaux vasculaires , faite dans la partie moyenne de
la tige, offre une figure ovale ou en forme de coin dont le petit bout est
toujours tourné vers l'axe: On distingue dans ces faisceaux trois régions,
(37 ))
savoir : 1° celle des trachées et des hélicostyles; c’est la plus voisine
du centre; 2° celle des tubes; c’est l'intermédiaire ; 3° celle du tissu gélati-
neux; c’est la plus rapprochée de la circonférence. Le nombre des tubes
est d'autant moins considérable que les coupes où on les observe sont plus
élevées; et, au voisinage du sommet, on ne trouve que quelques tra-
chées dont les tours d’hélices sont écartés.
» Les faisceaux vasculaires courent parallèlement les uns aux autres
dans la longueur de chaque mérithalle. Arrivés à peu de distance des points
de départ des feuilles, ils s’'anastomosent entre eux régulièrement, et ils
donnent naissance à des filets qui se portent les uns dans les pétioles, les
autres dans la tige et ses ramifications.
» Tandis que l’extrémité supérieure des tubes prend cette direction,
l'extrémité inférieure paraît descendre dans la racine; et l’on pourrait être
tenté de croire que tous les tubes qui se trouvent en haut se retrouvent
également en bas; cependant si l’on compte les tubes d’un mérithalle et
ceux du mérithalle et des ramifications situées immédiatement au-dessus,
on ne tarde pas à se convaincre qu'il y a un plus grand nombre de tubes
dans ceux-ci que dans le mérithalle inférieur. Cette remarque conduit l'au-
teur à conclure qu’indépendamment du centre d'action placé au niveau
des cotylédons, il y a des centres d'action secondaires situés vers le point
d'attache des feuilles.
» La série d'observations dont on vient d’entendre une analyse très suc-
cincte, est, à notre avis, la partie la plus importante du travail. Ce que
l’on lit ensuite sur la racine, la tigelle, les feuilles, etc. , est fort bien pré-
senté , mais ne contient rien qui répande de nouvelles lumières sur l’ana-
tomie végétale.
» On voit par ce qui précède que le manuscrit dont nous rendons
compte, est bien plutôt un livre qu’un mémoire, dans le sens qu'on donne
communément à ce mot. Ce livre très instructif contient, avec les obser-
vations de l’auteur, celles de beaucoup d’autres physiologistes. Les em-
prunts qu'il leur a faits n’affaiblissent nullement la valeur de ce qui lui
appartient en propre. Pendant plusieurs années, il s’est livré à des recher-
ches très pénibles; elles ont été fructueuses. 11 nous donne aujourd’hui des
notions exactes sur la structure interne des organes de la végétation du
cucurbita pepo, et nous promet, comme complément, une description des
organes reproducteurs. La science ne peut que gagner à de pareils tra-
vaux. De bonnes monographies anatomiques sont les bases solides sur
lesquelles il importe de l’asseoir. Toutefois, bien que nous reconnaissions
Chr38 )
que le manuscrit de M. de Tristan mérite l'approbation de l’Académie,
nous n’en demandons point l’insertion parmi les mémoires des Savans
étrangers : son étendue et sa forme s’y opposent. Nous en éprouvons d’au-
tant plus de regrets que l’auteur, déjà si avantageusement connu des na-
turalistes, est plus digne d’une pareille distinction. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ÉCONOMIE RURALE. — Exposé complet de la culture du coton aux Antilles ;
précédé d'un aperçu de cette culture, dans les États-Unis d'Amérique,
et de considérations préliminaires sur la similitude de climat, et sur
l'opportunité des cultures torridiennes dans l'Algérie; par M. Prrouzr
père, ancien planteur de coton, et propriétaire d'habitation à Sainte-
Lucie.
(Commissaires, MM. Mirbel, Silvestre, Jussieu, Turpin, B. Delessert. )
M. ze Ministre DE LA GUERRE transmet ce Mémoire qui lui avait été
adressé par l’auteur.
» Le sujet de l'ouvrage de M. Pelouze, dit M. le Ministre de la Guerre,
est d’un haut intérêt pour l'avenir de l’Algérie, et je désirerais que les
questions qui y sont traitées fussent soumises aux lumières de l’Aca-
démie des Sciences.
» En conséquence, lorsque le manuscrit aura été examiné, je serai
obligé à l'Académie de me faire connaître, en me le renvoyant ,son opinion
et les observations auxquelles l'examen qui aura été fait pourra avoir
donné lieu. »
ÉCONOMIE RURALE. — Æxposé sommaire de diverses observations recueillies
pendant plusieurs années sur les insectes nuisibles à l’agriculture ; par
M. Aupouin.
(Commissaires, MM. Duméril, Dutrochet.)
« J'ai commencé en 1817 à réunir les matériaux (1) d’un ouvrage qui de-
vra traiter des insectes sous le double point de vue de l'histoire naturelle
(1) Ces matériaux ont servi d’éléments au cours que j'ai fait l’an dernier au
Muséum d'Histoire naturelle , sur les insectes nuisibles à l’agriculture.
( 139 )
ét de l’agriculture. Depuis lors, mon attention , toujours dirigéevers ce but,
m'a procuré un grand nombre de faits, que j'ai étudiés et consignés
journellement dans des registres d'observation. Ils forment aujourd'hui
quatorze volumes, auxquels se trouvent joints des dessins et beaucoup de
préparations, montrant les diverses métamorphoses des insectes et les
altérations très variées qu'ils produisent sur les végétaux, aux dépens
desquels ils vivent. C’est ce travail, résultat de vingt années de recher-
ches, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, en la priant de vou-
loir bien permettre que je lui donne une idée succincte de la nature de
mes observations, et du plan que je me suis tracé.
» Naturellement réunies dans un ordre chronologique, ces observations
peuvent être rapportées à dix chefs principaux.
» Dans le premier groupe, viennent se ranger tous les faits relatifs aux
insectes qui nuisent aux semences et aux foie
» Rien n’est plus ordinaire que de voir les graines ane foule de
plantes attaquées par des insectes; rien n’est moins connu que la manière
dont ils y vivent, et dont ils y ont pénétré. Je me bornerai à citer un seul
exemple, qui en donnera la preuve.
» Tout le monde sait que les pois, les lentilles, les fèves, sont fré-
quemment rongés par des insectes qui vivent dans leur intérieur. Leur
présence se manifeste surtout au printemps, et comme alors ils se mon-
trent en grand nombre et à l’état parfait dans les magasins, on suppose
généralement qu'il en est de ces insectes comme des charançons du blé,
c’est-à-dire qu'ils se sont propagés au centuple dans le lieu même où on
les conserve. C’est là une erreur qu’il était très utile de rectifier.
» Or, l'étude que j'ai faite des mœurs de ces insectes destructeurs ,
m'a démontré qu’ils ne pouvaient pas se reproduire dans des graines
desséchées, mais seulement dans des graines tendres et encore vertes.
Aussi est-ce dans les champs mêmes où l’on cultive ces plantes, qu'a lieu
l’accouplement et la ponte. J'en ai étudié toutes les circonstances, et j'ai
vu que la femelle déposait ses œufs non pas dans les semences, mais
sur la gousse qui les renferme, puis j'ai observé la manière dont le ver
naissant, après avoir percé l'œuf par sa face adhérente, savait trouver la
graine et s’insinuait bientôt dans son intérieur par une voie détournée,
c'est-à-dire en pratiquant d'abord une galerie qui cheminait dans une
étendue de quelques millimètres entre le cotylédon et son enveloppe.
» Veut-on connaître le but de cette singulière manœuvre? Rien n’est
plus facile que de se l'expliquer. Si la jeune larve avait continué de creu-
( 140 )
ser la fève, le pois ou la lentille immédiatement au - dessous du petit
trou d'introduction pratiqué à l’enveloppe, la loge correspondante dans
laquelle élle doit vivre et qu’elle agrandit à mesure qu'elle mange, n'au-
rait pas été close extérieurement par une paroi entière, mais par une paroi
perforée. Il lui importe sans doute beaucoup de se soustraire à cette con-
dition défavorable, car jamais elle ne manque d'opérer comme je viens
de le dire,
» Quoi qu'il en soit, ce point d'introduction, facile à distinguer sur les
semences vertes, est encore visible sur les semences müres et même sur
les semences desséchées, en sorte qu’on pourra toujours, pour peu qu’on
veuille y prêter attention, reconnaître immédiatement après la récolte et
durant tout l'hiver, celles de ces graines qui contiennent dans leur inté-
rieur des insectes,
» Cette connaissance ne sera pas seulement importante pour le cultiva-
teur qui emmagasine dans la vue de livrer ses produits à la consomma-
tion; elle sera très utile à celui qui destinera ses graines à l'ensemence-
ment. En effet, il compromettra sa récolte future s’il porte dans son
champ des graines infestées; il la sauvera s'il n’y met que des graines par-
faitement saines. Je pourrais en citer de nombreux exemples.
» Je placerai dans un second groupe les observations que j’ai recueillies
et qui ont pour objet l'étude des insectes nuisibles aux racines. On verra
qu’elles sont attaquées par des larves autres que celles du hanneton, qui
ne se contentent pas d'en ronger le chevelu, mais qui s’introduisent dans
leur intérieur et y creusent des cavités nombreuses et profondes. Souvent
on attribue à la nature du sol ou aux intempéries de la saison le dépéris-
sement de certains végétaux herbacés ou ligneux, cultivés en grand, et
qui n’ont pas d'autre cause de maladie.
» Je réunirai sous un troisième titre les faits qui se sont offerts à mon
observation, et qui concernent les altérations nombreuses que les tiges
des plantes de toute espèce, et particulièrement les arbres, éprouvent de
la part d’une foule d'insectes. C’est là un sujet de la plus haute importance
et auquel se rattachent de graves questions d'économie forestière.
» J'aurai bientôt l'honneur d’en entretenir spécialement l'Académie.
Qu'il me suffise pour le moment de fixer son attention sur la nature des
matériaux que j'ai réunis, afin qu’elle juge combien sont nombreux les
éléments du problème,
» Les tiges de plusieurs arbres sont rendues souffrantes, elles languis-
sent long-temps et peuvent même périr par suite de la piqûre incessante
(Cr)
de certains insectes qui sucent à travers l'écorce le fluide nourricier. Tels
sont divers pucerons, plusieurs gallinsectes, des cochenilles et des thrips,
que j'ai observés sur les chênes, les sapins, les pins, les pommiers, la
vigne, et sur plusieurs plantes exotiques et précieuses qu’on élève dans
les serres.
» D’autres insectes attaquent les arbres d’une tout autre manière, et
leur occasionnent un tort bien plus sensible, puisque ce sont eux surtout
qui sont la cause des dévastations qu'on remarque dans nos forêts de
chênes et de pins, et parmi les ormes de nos routes, de nos boulevarts et
de nos promenades. Tous ces insectes, sans exception, se tiennent cachés
à l’état de larve, entre l’écorce et le bois, et détruisent la nouvelle couche
d’aubier qui tend à se former, en marquant chacun leur route par un pe-
tit sillon.
» Ailleurs ce n’est pas cette nouvelle couche, mais c’est le bois déjà
formé qui est taraudé en tout sens par des insectes de plus grande taille.
J'en présente l’histoire, et j'insiste surtout sur un fait relatif à une certaine
espèce de peuplier qui meurt chaque année par milliers, atteinte qu’elle
est toujours de préférence par des larves de la Saperda carcharias.
» Enfin, beaucoup d'arbres, d’arbustes et de plantes herbacées sont
perforés dans leur axe par des insectes qui détruisent la moelle, quelque-
fois pour s’en nourrir, mais le plus souvent pour déposer dans ce canal
central évidé leurs œufs, auprès desquels ils apportent des provisions né-
cessaires aux larves qui en naïîtront.
» Quel que soit le motif qui les fait agir , il en résulte pour la plante,
un mal très réel, surtout dans les cultures de rosiers dont les tiges creusées
ainsi par des crabrons , des pemphredons et des odynères, redeviennent
bientôt églantiers, lorsque la perforation a dépassé le point où la greffe
avait été établie.
» Ce fait étant constaté par les observations auxquelles je renvoie, 1l
sera facile, comme je l'indique, de trouver le moyen de remédier à cet in-
convénient.
» On pourrait ranger, sous un titre spécial, quelques remarques qui ne
me paraissent pas dénuées d'intérêt, et qui sont relatives aux insectes qui
attaquent les bourgeons , tantôt pour s’en nourrir, tantôt pour déposer à
leur intérieur des œufs d’où écloront des larves qui les ferontavorter. Les
chénes sur lesquels habitent déjà tant d'insectes, sont fréquemment sujets
à ce genre singulier d’altération.
» Non-seulement les bourgeons, mais les jeunes pousses de plusieurs vé-
C.R. 1828, 1er Semestre. (T. VI, N° 5.) 19
(142)
gétaux sont exposés à de grandes chances de destruction : je classerai sous
un cinquième chef quelques faits que je crois avoir observés le premier, et
qui prouvent que si dans bien des cas ces jeunes pousses sont dévorées par
des insectes, il est d’autres circonstances où ils se contentent de les couper,
et cela dans un but très différent.
» J'en citerai un exemple frappant qui fera voir en même temps com-
bien des connaissances exactes d'entomologie peuvent être utiles à l’hor-
ticulture.
» L'observation a trait à un petit insecte qui fait les plus grands dégâts
dans les jardins en coupant les brindilles des poiriers et des pommiers; j'ai
visité des localités où sa présence était un vrai fléau, et je pourrais citer
un savant physicien de l’Académie qui a beaucoup à s'en plaindre (r).
Tous les jardiniers le connaissent sous différents noms, et plusieurs lui
font une chasse très active; mais il leur échappe par plusieurs ruses, et en-
tre autres par celle qui consiste à se laisser cheoir en contrefaisant le mort
dès qu'il aperçoit un corps animé à distance. Il en résulte que quelque
habileté qu’on y mette, on parvient difficilement à en réunir un nombre
assez grand pour dédommager du temps qu’on y passe. Or, pendant qu'on
recherche minutieusement ces insectes, on en laisse éclore près de soi des
centaines et des milliers qu'il serait cependant très aisé de détruire.
» En effet, j'ai dit déjà que l’insecte, qui est une sorte de petit charan-
con bleu (Rhynchites conicus, Ix116.), incisait avec son bec les jeunes
rameaux. Le fait-il pour s’en nourrir? Les horticulteurs le croient; mais les
horticulteurs se trompent; le but réel de cette opération est uniquement
de produire le desséchement du brindille coupé, et voici maintenant dans
quel intérêt l’insecte agit ainsi; il a eu soin, avant de pratiquer la taille du
rameau , d'introduire dans son extrémité un petit œuf, d’où sortira bientôt
une larve, mais cette larve ne peut vivre que de bois mort : la femelle sait
donc par un merveilleux instinct satisfaire à cette condition future de son
existence.
» Ceci posé, on comprendra que loin qu'il faille dédaigner les rameaux
flétris, c'est vers eux que le jardinier prévoyant devra porter surtout son
attention, et la chose lui sera d’autant plus facile qu’ils restent suspendus
à la branche par une petite portion de l’épiderme, et qu’à cause de leur
couleur brune ou noire, ils tranchent parfaitement avec les feuilles vertes
de l'arbre. Une tournée faite tous les jours amènera une abondante ré-
ES
(1) M. Gay-Lussac.
(143)
colte, et je dois dire que l'expérience que j'en ai faite et que j'en ai vu
faire a toujours été couronnée d’un plein succés.
» Si nous passons des rameaux aux feuilles , nous verrons que de toutes
les parties du végétal ce sont évidemment elles qui fournissent la nourri-
ture à un plus grand nombre d'insectes, et l'on sait combien est sensible
le tort qui en résulte pour la plante lorsque ces insectes arrivent à l'en
dépouiller complétement.
» Ici l'étude est plus facile, et les faits ne manquent pas dans la science.
Je me suis attaché à en découvrir de nouveaux; ils pourraient être réunis
sous le titre d'Observations sur les insectes qui attaquent les feuilles ; et
d’abord , je dois encore faire ici la remarque, que ce n’est pas toujours
pour s'en nourrir qu’ils les rongent; mais que souvent ils les coupent et
les font se flétrir, afin de procurer une nourriture convenable à leur
postérité. Dans tous les cas, leur manière d'agir sur les feuilles est très
variée.
» Les observations consignées dans mon manuscrit, feront connaitre
certaines espèces qui mangent les feuilles en totalité, et d’autres qui ne
les attaquent jamais qu’en partie, sur un point quelquefois excessivement
limité.
» On en trouvera qui restent à nu pendant qu'elles mangent, et plu-
sieurs qui s’abritent avec des fils.
» J'en décris un bon nombre qui enroulent artistement les feuilles pour
s’en faire des fourreaux protecteurs, et d’autres qui fabriquent avec soin
de petits sachets, non pour s’envelopper, mais pour y loger leurs œufs.
» Je signale aussi à l'attention des agriculteurs, certains insectes qui,
moins nuisibles en apparence que les précédents, amènent cependant la
chute des feuilles, sans qu’on en devine souvent la cause. Ce sont de
très petites espèces qui tantôt aspirent, à l’aide de leur bec, le suc de
ces feuilles, et tantôt en rongent, avec de fines dents, l’une ou l’autre
surface.
» Enfin, je m’attache à tracer, dans tous ses détails, l’histoire de ces
larves curieuses qui ont l'habitude de vivre dans l'épaisseur des feuilles
les plus minces, mais qui ont bien soin, tout en rongeant le parenchyme,
de ménager les deux épidermes. Celles-ci occuperont, dans leur inté-
rieur, des espaces irréguliers, qu’elles agrandiront chaque jour ; celles-là
y décriront des galeries sinueuses, et quand elles auront ainsi cheminé
en mangeant sans cesse et en grossissant à vue d'œil, le terme de leur
croissance sera atteint; elles se métamorphoseront en nymphe.
19.
(144)
» Un fait d’entomologie non moins curieux encore est celui que nous
offrent journellement ces insectes de petite taille, qui, piquant avec leur
tariere un végétal pour déposer un œuf dans son intérieur, occasionnent
sur ce point une altération telle, qu'on voit bientôt croître rapidement
une partie tres différente par son aspect et sa structure des autres organes
de la plante.
» L'industrie a déjà tiré parti d’une monstruosité de ce genre, la noix
de galle; mais sans doute qu'elle pourrait en utiliser plusieurs autres
qui sont moins connues. Je me suis attaché avec beaucoup de soin à leur
étude; j'ai cherché à déterminer les diverses circonstances qui amènent
leur production, et dans ce but j'en ai décrit et figuré un grand nombre
que j'ai vu naître sur les bourgeons, sur les tiges, sur les feuilles et même
sur les fleurs et les racines.
» En considérant la plante dans toutes ses parties, et en rattachant à
chacune d'elles mes observations, j'ai fait comprendre combien elle peut
souffrir, pendant qu’elle végète, de la part des insectes.
» Malheureusement le mal ne s'arrête pas là, et personne n’ignore que
les substances végétales, lorsqu'elles ont cessé de vivre, sont exposées à
de nouvelles altérations.
» Les bois employés dans nos bâtiments n’en sont pas plus à l’abri
que les bois morts qui restent fixés à l'arbre, et ce sont encore les in-
sectes qu'on doit plus souvent accuser de ces dégâts.
» J'ai rassemblé plusieurs faits qu’on pourrait comprendre sous un hui-
tiéme titre; ils sont surtout relatifs aux espèces qui taraudent nos divers
bois de construction et à celles qui vivant dans les détritus des arbres
creux et malades, en activent la mort plus qu’on ne le suppose.
» On trouvera aussi dans le recueil de mes recherches quelques re-
marques dont l’objet n’est pas sans importance ; je veux parler des insectes
qui vivent aux dépens de divers grands animaux. Plusieurs maladies de
nos espèces domestiques ont pour cause la présence ces insectes, soit
à la surface de leur corps , comme plusieurs pous et acarus, soit à l’inté-
rieur, comme ces redoutables œstres qui habitent dans les sinus fron-
taux, dans les intestins ou dans le tissu graisseux sous-cutané.
» J'ai observé ceux des chevaux, des moutons, des cerfs, etc., et j'ai
pu étudier avec soin une espèce qui semble particulière à l’homme, et
qu’on connait à Cayenne sous le nom de ver macaque.
» Enfin, je ne devais ni ne pouvais négliger l’histoire si curieuse et en
même temps si variée de cette multitude d'espèces dont les larves vivent
( 145 )
en parasites dans le corps de beaucoup d'insectes nuisibles et arrètent
souvent leur trop grand développement. Ce sont sans doute de puissants
auxiliaires que la nature nous envoie ; mais nous sommes forcés de recou-
naître leur insuffisance, et nous devons avouer aussi que agriculture,
livrée jusqu'ici à ses propres ressources, n’a pu généralement rien faire
pour arrêter le mal dont elle se lamente sans cesse.
» Osons espérer que la science viendra bientôt prêter du moins son
utile concours, tel a été le but constant des longues recherches que j'ai
honneur de présenter aujourd’hui à l’Académie. »
»
CHIMIE APPLIQUÉE. — Vote sur la fabrication du papier avec l'écorce du
mürier ; par MM. GÉrARD et DE PRÉDAVAL.
(Commissaires, MM. Thénard, Darcet, Dumas. )
« La pâte de l'écorce du mürier, disent les deux auteurs, a été depuis
long-temps proposée comme pouvant remplacer avantageusement la pâte
de chiffons, dans la fabrication du papier; mais jusqu’à présent cette subs-
titution n'avait jamais été faite en grand, faute d’un procédé simple et
économique pour séparer de la partie filamenteuse les fragments d’épi-
derme qui, ne perdant jamais leur teinte brune, altéraient la blancheur du
papier. Cette difficulté disparait dans notre procédé de fabrication qui est
le suivant.
» Les fagotins, pris à une époque quelconque de l'année, sont lavés
avec une eau. saturée de chaux, puis séchés; on les passe ensuite au mou-
lin, puis à la bluterie qui sépare de l’épiderme l’aubier et la substance
filamenteuse. Cette dernière est elle-même séparée de l’aubier par le ven-
tilateur, et dès-lors n’a plus besoin que du blanchiment, pour être direc-
tement applicable à la fabrication du papier.»
A cette note est jointe une série d'échantillons, savoir 1° le bois en
nature; 2° le bois préparé à la chaux; 3° le bois et la matière filamen-
teuse triturés et séparés de l’épiderme; 4° la substance filamenteuse sé-
parée du bois; ° la pâte propre à faire du papier; 6° la même pâte sé-
chée, mais non collée.
(146)
ANATOMIE. — Mémoire sur un moyen simple d'apprécier exactement le
volume et la pesanteur spécifique des organes après la mort; par
M. Worccez.
(Commissaires, MM. Becquerel, Breschet. )
L'auteur fait remarquer que jusqu’à présent les anatomistes se sont
contentés, en général, lorsqu'ils avaient à décrire des organes sains ou m&-
lades, d'une évaluation approximative et souvent très infidèle de leur
volume et de leur pesanteur spécifique; tandis qu'ils peuvent, en pesant
successivement dans l’air et dans l’eau, obtenir très exactement la dernière
mesure, l’autre leur étant également donnée par la seconde opération
s'ils emploient, pour contenir l’eau dans laquelle se fait cette pesée, un
vase convenablement gradué.
M. Woillez ne se donne pas, on le pense bien, pour l'inventeur de
ce procédé employé de tout temps par les physiciens; mais il ne croit pas
que jusqu’à présent on en ait fait d'application à l'anatomie, et il regarde
cette application comme importante, en ce qu’elle contribuera à faire
disparaître le vague des descriptions des organes.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Remarques concernant quelques passages d'un
Rapport fait a l’Académie sur un mémoire de M. Morin, relatif aux
turbines de M. Fourneyron; par M. Francis.
Suivant l’auteur de cette note, l'invention de M. Burdin n'avait pas be-
soin , pour étre appliquée avec succès dans l'industrie, d’autres disposi-
tions de construction que celles que l’auteur avait lui-même fait connai-
ire. M. Francis pense en conséquence, que tout en reconnaissant l'utilité
des modifications apportées aux turbines par M. Fourneyron, on n'aurait
fait que rendre justice à M. Burdin, en déclarant qu'il avait donné non-
seulement la théorie de ces ingénieux appareils, mais aussi les moyens de
l'appliquer.
( Après une réfutation verbale, par M. Arago, des principales assertions
de M. Francis, la note est renvoyée à la Commission qui a fait le rap-
port sur le Mémoire de M. Morin.)
MÉDECINE. — Expériences physiologiques démontrant l'influence de l'alte-
ration du sang dans la production de l'inflammation et des autres
lésions locales ; par M. Fourcauzr.
{Commission pour le Concours au prix de Médecine, fondation Montyon.)
GninunGie. — ÂVote sur un cas de fracture complète de la jambe, traitée au
moyen du bandage gypso-amilacé; par M. Lararcue, de Saint-
Émilion.
(Commissaires, MM. Larrey, Roux.)
L'auteur, qui dans une lettre précédente annonçait avoir reconnu l’a-
vantage de substituer à l’empois employé par d’autres chirurgiens comme
substance agglutinative, un mélange à parties égales d’amidon et de
plâtre, adresse une observation relative à un cas de fracture, dans lequel
il a fait usage de la méthode ainsi modifiée. « Le soir même, six heures
après le pansement, le bandage, dit M. Lafargue , était parfaitement sec,
et le lendemain matin le malade put se lever, sans éprouver de douleur,
pour que l’on fit son lit.»
CORRESPONDANCE.
M. ze MinisTRe DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE prie l’Académie de hâter le
rapport sur un Mémoire de M. Aubert Mangin, concernant l’Astronomie.
ANATOMIE COMPARÉE. — Remarques sur une communication de M. Coste,
relative à l'œuf du Kangourou. — Extrait d’une lettre de M. Owen à
M. Arago.
« A l'égard de la description de l’allantoïde du kangourou que M. Coste
a donnée dans le n° 18 du Compte rendu , p. 638, j'ai à observer en pew
de mots que M. Coste se trompe en supposant qu’un œuf de kangourou
ait été soumis par moi à son examen; ce que je lui ai remis était un fœtns
d’un kangourou avec le sac du vitellus et l'allantoide préparés et adhérents
encore au fœtus. L’œuf d’où ces objets provenaient avait été disséqué
quelques semaines avant le séjour de M. Coste à Londres. La membrane
corticale de l'œuf (le chorion) avait été enlevée.
» Je n’ai pas besoin de faire observer que la dissection d’un œuf de
mammifere et la préparation des sacs appendus à l'embryon, impliquent la
nécessité de séparer le chorion tout entier. Or, cette membrane de l'œuf
en question n'a pas été montrée à M. Coste. Il ne l’a jamais vue.
» Les modifications que j'ai trouvées dans le chorion de l'œuf en ques-
tion, quand je l'ai comparé à celui que j'avais précédemment disséqué et
décrit, m'ont donné de nouveaux faits d’une importance spéciale pour
l'histoire des développements marsupiaux. Ces faits, je ne les communi-
( 148 )
quai pas à M. Coste. Depuis, j'ai eu raison de me féliciter de cette réserve.
A l'égard de l'allantoide, comme sa présence m'a conduit à une confirma-
tion de mes prévisions fondées sur des dissections dont les résultats avaient
été publiés dans les Transactions philosophiques de 1834, je n’hésitai nul-
lement à donner à M. Coste tous les moyens possibles d'arriver à une dé-
monstration oculaire de mes résultats. Et ce qui m'induisit à placer de-
vant M. Coste, le fœtus du kangourou avec les vésicules annexes, c’est
que j'avais trouvé dans son ouvrage sur l'Æmbryogénie (p: 18), qu'il refu-
sait l’allantoïde aux didelphes. Cette idée est, à la vérité, d'accord avec la
figure de l'embryon (pl. IX), laquelle est copiée de mon Mémoire , mais
elle se trouve en opposition avec mon texte, dans lequel j'ai exposé
d'une manière complète les preuves de lexistence d’une allantoïde dans
les fœtus suffisamment âgés de didelphes.
» Pour satisfaire au désir fort louable qu'avait M. Coste d'obtenir des
preuves irrécusables relativement à la nature des sacs membraneux affixés
au fœtus du kangourou, je lui ai permis de disséquer le fœtus, et avec
l’aide que je lui prêtais, il a pu vérifier, relativement aux connexions des
vaisseaux du sac ombilical avec ceux du fœtus, l’exactitude de la figure et
de la description que j'ai donnée dans mon Mémoire, publié en 1834.
I a pu voir aussi que le petit sac ou allantoïde était en connexion avec
un ouraque semblable à celui que j'ai représenté dans les figures 6, 7 et 8
de la planche VIT du même Mémoire.
» Si un seul fait nouveau avait été mis en lumière, j'aurais eu le plus
grand plaisir à reconnaitre la participation de M. Coste à cette découverte.
» Je regrette en outre que M. Coste, en rectifiant par cette dissection
une erreur dans laquelle il est tombé en parcourant trop sommairement
mon mémoire, me force d’en signaler une autre plus grave. Il ajoute à la
fin de sa description : « Le chorion est confondu avec la vésicule ombili-
cale. » Je ne voudrais en aucune façon attribuer cette phrase extraordi-
naire à la nécessité dans laquelle M. Coste se trouvait de dire quelque
chose sur le chorion, après avoir annoncé qu'il avait disséqué un œuf
de kangourou qui était encore intact; mais j'aime mieux supposer que
M. Coste est tombé dans cette erreur parce que, trouvant que ses notes et
ses figures sur l'œuf du kangourou se rapportaient seulement au fœtus et à
ses appendices vésiculeux, il ne lui restait autre chose à supposer sinon
que le chorion était confondu avec la vésicule ombilicale.
» J'ai décrit la vraie condition du chorion de cet œuf, et le résultat de
ces dernières observations, m’a conduit à modifier dans les Comptes rendus
( 149 )
de la Société zoologique, pour août 1837, page 83, mes opinions sur l'ovo-
viviparité des marsupiaux ou au moins du kangourou. »
M. Devize De CHagrio prie l'Académie de häter le rapport qui doit
être fait sur un Mémoire qu’il a adressé en 1836, concernant la Naviga-
tion de l’Allier et de ses affluents.
Le rapport a été retardé par la mort des deux Commissaires d'abord
désignés, MM. Girard et Navier, lesquels ont été, depuis, remplacés par
MM. Poncelet et Coriolis.
M. Dumery adresse un paquet cacheté, portant pour suscription :
Appareils de sûreté pour les machines à vapeur.
L'Académie en accepte le dépôt.
À quatre heures et un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La section d’Économie rurale présente, par l’organe de M. Silvestre, la
liste suivante de candidats, pour la place vacante dans son sein , par suite
du décès de M. Tessier :
MM. de Gasparin,
Leclerc-Thouin,
Vilmorin,
Audouin,
Huerne de Pommeuse,
Boussingault,
Payen,
Soulange-Bodin,
Loiseleur-Deslonchamps.
Les titres de ces divers candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance. MM. les Membres en se-
ront prévenus par billets à domicile.
La séance-est levée à 5 heures. F.
C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 5.) 20
(150)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ;
1°" semestre 1838, n° 4, in-4°.
Icones selectæ plantarum quas in prodromo systematis universalis, ex
herbaris Parisiensibus præsertim ex Lessertiano, descripsit Auc. Pyr. DE
Canpozre. Accedunt Icones plantarum novarum aut minus rite cognitarum
a peregrinatoribus nuperrime de tectarum editæ a Bens. Devesserr,
vol. 3, 1837, in-fol.
Annales de la Société Entomologique de France ; tome 6, 3° trimestre
1837, in-8°.
Annales des Sciences naturelles ; 2° série, 4° année, tome 8, juillet
1837, in-8°.
Des Colonies agricoles et de leurs avantages ; par M. Huerne ve Pou-
MEUSE, in-8°.
Observations sommaires sur les canaux navigables et les chemins de
fer; par le méme, in-8°.
Questions et réponses relatives aux moyens d'établir en France des co-
lonies agricoles de divers genres ; 1°° partie, par le même, in-8°.
Traité des Végétaux qui composent l'agriculture; par M. Tozrarp ainé,
in-12. ï
Le bon Jardinier pour l'année 1838; par MM. Poireau ET VILLEMORIN ,
in-8. (M. Dutrochet est prié de rendre un compte verbal de cet ouvrage.)
Essai sur la Statistique de la population française considérée sous quel-
ques-uns de ses rapports physiques et moraux; par M. le comte n’Ance-
vice, in-4°. ( M. Héricart de Thury est prié de rendre un compte
verbal de cet ouvrage. )
( 151 )
Lettres sur l'Astronomie; par M. Azsert Monremonr , 2 vol. in-8°.
(M. Mathieu est prié de rendre un compte verbal de cet ouvrage.)
Opuscules scientifiques concernant la Chimie, l'Histoire naturelle, l'In-
dustrie et l'Économie rurale; par M. G. Dusuc, et publié par M. Duosuc fils,
in-8’, Rouen.
Cours élémentaire de culture des bois, créé à l'École royale forestière
de Nancy; par M. Lorewrz, publié par M. A. Parane, 2° édition in-8°.
Dictionnaire des Communes du Département de l'Aisne; par MM. Bacer
et Lecoivre-Laow, 1857, in-12.
Voyages en Islande et au Groënland pendant les années 1835 et 1836,
publié sous la direction de M. GatmarD, 7° livraison in-fol.
Voyage aux Indes-Orientales par le Nord de l'Europe; par M. Cnarres
BÉLanGEer, 20° livraison in-8°, et planches in-4°.
Bibliotheque universelle de Genève, n° 24, décembre 1837, in-8°.
Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux ;
séance publique du 21 septembre 1837, in-8°. À
Revue critique des livres nowveaux ; rédigée par M. Josr Cnerpuuez ;
6° année, n° 1, in-8°.
Société générale des naufrages dans l'intérêt de toutes les nations, n° 78,
in- 8°.
Proceedings of.... Procès-Verbaux de l'Académie royale d'Irlande
pour l'année 1836—1837, n° 1—6, 6° année, 1837—1838, n° 7, Dublin,
in-8°.
On the tides.... Sur les marées ; par M. Lussock, pour servir de sup-
plément au compagnon de l’almanach de 1837, un quart de feuille in-16.
Account of.... Notice sur les recherches de M. WanewezL, concernant
les marées , in-8°.
Journal de Médecine pratique, ou Recueil des travaux de la Société
royale de Médecine de Bordeaux ; 2° série, 1", 2° et 3° année, iu-8°.
Archives générales de Médecine , »° série, tome 15, décembre 1837,
iu-8°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale, Recueil
pratique ; par M. Miquez, 7° année, tome 14 , 1'°, 2° et 5° année, in-8°.
rs)
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 4; in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 10 — 12, in-4°.
Écho du Monde savant ; n°* 3 et 4.
La Phrénologie ; tome 1, n° 29.
L'Expérience , Journal de Médecine, n° 17, in-8.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 FÉVRIER 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
CHIMIE OPTIQUE. — in du mémoire de M. Bior sur plusieurs points de
mécanique chimique.
Des combinaïsons ternaires formées par l'acide tartrique , les terres et l'eau.
« Lorsque j'annonçai il y a deux ans à l’Académie, les singulières pro-
priétés optiques que présente l'acide tartrique dissous dans l’eau ou
combiné avec les bases alcalines, je fis remarquer que, par une excep-
tion jusqu'alors unique parmi ces combinaisons, le tartrate d’alumine
m'avait présenté la rotation vers la gauche. Mais comme ce tartrate
adhère à l’eau jusqu’au point de prendre avec elle l’état gommeux, je
soupçonnai que cette inversion pouvait bien dépendre de la faible pro-
portion d’eau avec laquelle il était alors uni (*). C’est ce que l'expérience
m'a depuis confirmé en accompagnant ce phénomène de particularités
() Voyez les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, tome I, p. 459,
séance du 7 déc. 1835.
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, Ne 6.) 24
(154)
qui en augmentent l'intérêt; je vais donc considérer d'abord ce genre de
combinaison.
Des combinaisons fluides, formées par l'acide tartrique, l'alumine et l'eau.
» Ayant dissous 44,13 d'acide tartrique cristallisé dans 300f d’eau, j'ai
fait bouillir ce liquide pendant plusieurs heures sur de l’alumine hydratée
très sèche, et qui ne contenait pas d'ammoniaque en quantité sensible.
Il y avait beaucoup plus de cette terre que l'acide n’en pouvait dissoudre,
et j'avais soin de restituer l’eau à mesure qu’elle s’'évaporait. La solution
ainsi obtenue a été filtrée, puis observée; elle avait la réaction acide au
papier de tournesol, et elle exerçait la rotation vers la droite. Alors je lai
rapprochée graduellement par l'évaporation sur un feu doux, jusqu'à lui
donner un état gommeux; et, par intervalles je l’'observais optiquement
pour suivre les variations de son pouvoir rotatoire. J'ai amené ainsi peu à
peu ce pouvoir à s'exercer vers la gauche; puis je l'ai rappelé à droite par
addition d’eau. Dans le progrès de sa concentration la liqueur abandonnait
en quantité peu considérable, mais pourtant fort sensible, une poudre
blanche soluble dans la potasse, sensiblement insoluble dans l’eau, et ne
lui communiquant aucune acidité ; ce qui l'indiquait comme étant de
l’alumine pure, ou un tartrate basique de cette terre. Mais on verra
tout-à-l'heure que des épreuves faites par M. Berthier sur un produit
analogue , rendent cette seconde supposition la plus vraisemblable.
Lorsque l’on avait séparé ce précipité par le filtrage, la portion du système
qui restait fluide, conservait toujours la réaction acide au papier de
tournesol, quel que fût le degré de sa concentration , et le sens du pou-
voir rotatoire qu'elle exerçait.
» Les résultats de cette expérience sont rassemblés dans le tableau n° :.
Comme l'inversion du sens de la rotation était surtout le phénomène
que je voulais fixer, je me suis borné le plus souvent à observer l'azi-
muth &, où E devenait nul par vision directe; et j'ai rapporté dans la
dernière colonne le pouvoir spécifique actuel de chaque système calculé
avec cette déviation par la formule < ce qui donne une idée plus exacte
de son énergie, en la dépouillant des particularités qui tiennent à sa
densité, et à la longueur du tube où l’on observait. Toutefois les nombres
ainsi obtenus ne sont exactement comparables entre eux que pour le
sens de l’action qu'ils indiquent, parce que la solution a toujours été
colorée en vert plus ou moins jaunâtre qui a varié d'intensité et de
( 1h9,)
teinte dans les différents états de condensation, ce qui influait nécessai-
rement sur l’azimuth où E devenait sensiblement nul à l'œil nu. Ce genre
de coloration, joint à son intensité, éteignant une forte portion de la
lumière rouge, rendait l'observation, à travers le verre rouge , très pé-
nible. C’est pourquoi je m’en suis dispensé, n’en ayant pas un besoin
absolu.
» Les résultats de ce tableau parlent d'eux-mêmes. On voit d’abord dans A
la combinaison très étendue d’eau exerçant la déviation vers la droite; en
[2
la concentrant pour former B, le pouvoir spécifique actuel r Commence
par s’accroitre. Ceci peut paraître une simple conséquence de l'abandon de
l'eau, si on la considère comme substance inactive. Car alors la proportion
de substance active se trouverait progressivement accrue par la concen-
tration; et le pouvoir rotatoire actuel = devrait en paraître plus fort. Mais
cette supposition ne peut plus se soutenir pour le système C, où la con-
centration est encore plus grande, et dont cependant le pouvoir rotatoire
actuel est beaucoup plus faible. Enfin, toute incertitude semble levée par
le système D, encore plus concentré, et dont le Pouvoir rotatoire a passé à
gauche. Néanmoins, comme la liqueur, en se concentrant , abandonne
une petite portion des Principes qui la constituent, on Pourrait craindre
encore que l’'affaiblissement progressif, et même l'inversion du pouvoir
rotatoire, ne fussent dus à cette cause. Mais c'est ce qu’exclut le système E,
où le pouvoir rotatoire est ramené à droite par la seule restitution de
l'eau, sans addition ni précipitation d'aucune autre substance. De là il
est impossible de ne pas conclure que la Proportion d’eau présente avec
l'acide tartrique et l’alumine suffit Pour déterminer ici, entre ces trois
corps, des combinaisons douées de propriétés spéciales, et dont la consti-
tution moléculaire ne varie Pas par intermittences brusques, mais avec
une complète continuité.
» Voici encore les résultats plus étendus d’une expérience tout-à-fait
pareille, rassemblés dans le tableau n° 2. Celle-ci a été faite avec la solu-
tion de tartrate aluminique qui m'avait présenté il y a deux ans la rota-
tion à gauche, à travers le flacon qui la contenait. Je l'avais conservée ainsi
enfermée depuis cette époque, et il sy était formé un dépôt gommeux
trés dense que je fis dissoudre par l'eau aidée de la chaleur. Le tout réuni fut
soumis à l’ébullition jusqu’à ce que la solution fût complète; apres quoi la
liqueur étant filtrée, puis observée, présenta la rotation à gauche comme je
2150
(156 )
l'avais observée autrefois. Je l’étendis alors progressivement d’eau froide et
la fis passer à droite sans que rien s’en séparât. Puis je la ramenai de
nouveau à gauche en la privant d’eau, comme le tableau lé montre, et
comme la première expérience avait appris que cela devait arriver. Cette
combinaison exerçait la réaction acide sur le papier de tournesol, quel que
fût son degré de concentration. Elle avait été préparée dans les ateliers
de M. Robiquet, avec de lalumine en gelée que l’on avait probablement
précipitée de l’alun par lammoniaque. Mais sans doute l’alumine avait été
purgée de cet alcali par de nombreuses lotions ; car la combinaison tar-
trique en dégageait à peine quelques traces quand on la faisait bouillir
avec la potasse caustique.
» Or, maintenant, je vais exposer les détails d’une troisième expé-
rience dont les résultats ont été tout autres que les précédents. Le sys-
tème employé pour celle-ci était encore formé d'acide tartrique , d’alumine
et d’eau. Mais l’alumine, qui avait été pareillement présentée en gelée à
l'acide, n’avait sans doute pas été aussi bien purgée d’ammoniaque ; car la
combinaison, étant bouillie avec la potasse, dégageait une quantité très
notable de cet alcali volatil. En outre, l'introduction de l’eau froide y
déterminait instantanément un précipité que les combinaisons précé-
dentes ne présentaient pas. Cette troisième était donc constituée différem-
ment des deux autres; et aussi a-t-elle manifesté des propriétés optiques
bien différentes.
» La liqueur telle que je lemployai d’abord était à l’état gommeux et fort
dense. Cependant elle passait à travers les filtres de papier d’où elle sortait
limpide et presque incolore. Dans cet état elle exerçait la réaction acide
sur le papier de tournesol, et elle imprimait une rotation énergique vers
la droite à la lumiere polarisée. Quand je voulus l'étendre, après cette
observation, en y ajoutant de l’eau froide, l’action locale de ce liquide en
séparait aussitôt une gelée de couleur blanche, qui soumise depuis à l’exa-
men de M. Berthier, a été reconnue par lui, pour un tartrate basique
d’alumine. Mais ce dépôt disparaissait complétement par limpression
d'une faible chaleur; et le système étendu, redevenait limpide sans rien
perdre après le refroidissement. Je pus donc ainsi l’observer à divers de-
grés de dilution connus; et je trouvai que, dans tous ces états, il con-
servait la rotation à droite, avec un pouvoir rotatoire exactement cons-
tant, accompagné d’un mode de dispersion sensiblement conforme à la loi
générale du carré des accès. De sorte que la combinaison active ne faisait
que se répandre par dilution dans tout l’espace qui lui était offert, sans
({ 157: )
être modifiée dans sa constitution moléculaire par l’eau qu’on y ajoutait.
C'est ce que prouve le tableau n° 3 où tous les éléments de ces obser-
vations sont rassemblés. Pour y rendre la constance du pouvoir rotatoire
plus manifeste, j'ai déduit de la première expérience sur la solution non
étendue, les déviations que les suivantes devaient produire dans l’hypo-
thèse d’une simple dilution; et l’accord absolu des résultats ainsi calculés,
avec ceux qu'a donnés l'observation immédiate, montre évidemment que
les molécules qui constituaient la combinaison gommeuse n’ont fait que
s'écarter dans l’eau sans s’altérer. Ce calcul des déviations a été fait par la
formule
l'd
Lo”
qui exprime la constance du pouvoir rotatoire, dans les solutions que l’on
compare. Ici, le peu de coloration des liqueurs rendait l'observation au
verre rouge moins difficile, et je ne l'ai pas omise.
» J'ai voulu savoir si le produit qui se séparait de ces systèmes, par
l’eau froide, contribuait à leur pouvoir rotatoire. Pour cela, j'ai pris une
portion du système Z, que j'ai étendue ainsi d’une grande quantité d’eau.
Jai isolé par filtration le précipité qui s'était formé; puis j'ai rapproché
par une douce chaleur la partie filtrée qui était devenue limpide, et je
lai ramenée ainsi à des densités comparables à celles des premiers sys-
tèmes. Alors sa réaction est restée acide, et elle a aussi continué à exer-
cer la rotation vers la droite, même quand elle a été condensée jusqu’à
l'état gommeux. Mais elle agissait ainsi moins énergiquement que les pre-
mières liqueurs à densité égale, et conséquemment le produit précipité
contribuait dans celles-ci au pouvoir rotatoire qu'elles exerçaient. C’est ce
que prouvent les nombres rapportés dans le tableau pour les systèmes
ainsi formés, 3, et Z,. Ces derniers, après leur concentration, avaient en-
core la propriété de précipiter par l’eau froide, et je n’ai pu parvenir à les
en dépouiller, non plus qu’à intervertir le sens de leur rotation. Cette
combinaison d’acide tartrique, d’alumine et d’eau , diffère donc essentielle-
ment des deux précédentes, qui ne précipitaient point par l’eau froide, et
dont le pouvoir rotatoire variait avec la proportion de ce liquide. C’est
à la chimie de décider en quoi la différence consiste, et j'ai conservé
ces singuliers produits pour les offrir aux chimistes qui voudraient les
étudier.
(158)
Des combinaisons fluides, formées par l'acide tartrique, la glucine et l'eau.
» M. Berthier a bien voulu me remettre une pareille combinaison qu'il
avait préparée lui-même, etamenée à l’état solide par la dessiccation. D’a-
près ses indications, elle contenait 0,245 de glucine et une très petite
quantité d’ammoniaque. Ce produit se dissolvait difficilement dans l’eau
froide, et il y manifestait la réaction acide au papier de tournesol. Une fois
dissous , l'addition ultérieure de ce liquide n’y produisait aucun précipité.
J'ai pu ainsi l’observer optiquement à des degrés de dilution tres divers.
Il a exercé la déviation vers la droite avec plus d'énergie qu'aucun autre
tartrate; etson pouvoir rotatoire est resté exactement constant, quelle que
fût la proportion d’eau; ce qui montre que les particules constituantes de
la combinaison ne faisaient que s’écarter les unes des autres dans ce li-
quide, sans en être aucunement modifiées. J'ai confirmé ce résultat en
ramenant le produit à l’état solide, par la dessiccation au bain- marie, et
le redissolvant de nouveau à l’aide d’une douce chaleur , dans une propor-
tion d’eau si petite que la solution avait une apparence gommeuse. Le
pouvoir rotatoire s'est encore retrouvé le même dans cet état, sauf une
très petite différence, que la dessiccation prolongée et récente avait pu ap-
porter dans la quantité d’eau étrangère qu'il conservait dans cet état. Les
éléments de cette expérience sont rassemblés dans le tableau n° 4; et par
les rapports numériques que présentent les dernières colonnes, on voit que
la dispersion des plans de polarisation s'y est toujours montrée sensiblement
conforme à la loi générale, réciproque au carré des accès. On ne retrouve
donc pas ici les variations progressives , et le phénomène d’inversion, présen-
tés par le tartrate aluminique dans certaines circonstances. Je n’ai pas eu
l'occasion d'essayer si l’on pourrait reproduire ces effets avec la glucine em-
ployée sous d’autres conditions de préparation ou de proportion, relative-
ment à l'acide avec lequel on lunit.
Résumé.
» Les expériences contenues dans ce Mémoire, me semblent résoudre
la question des combinaisons définies où non définies, autant qu’elle peut
l'être, en la réduisant aux propositions suivantes :
» Lorsque l’on met en présence, à l’état fluide, l'acide tartrique, l'eau
et les alcalis; ou l'acide tartrique, l’eau et l’alumine, soit dans certains
états, soit à certaines doses ; ces trois substances, s'unissent immédiatement
et composent un système moléculaire doué de propriétés spéciales, les-
(159)
quelles dépendent de leurs proportions actuelles et varient continüment
avec ces proportions. Les combinaisons qui présentent ces caractères ne
sont donc pas astreintes aux conditions d’intermittence qu’on observe
dans les sels solides et cristallisables qui s’isoleraient des mêmes milieux.
Et , au contraire, les groupes moléculaires qui constituent ces sels se dé-
composent, en perdant leur fixité de proportions, quand on les y fait
rentrer à l’état fluide.
» Toutefois la fluidité n’est pas la cause physique qui détermine cette
mobilité de constitution; quoiqu’elle soit nécessaire pour en développer
les effets. Il faut que le milieu ambiant ait, pour les principes des subs-
tances qu’on lui présente, des affinités telles, qu’il doive nécessairement
s’unir à elles; et même au besoin détruire leur combinaison déjà formée,
pour amener le nouvel état d'équilibre qui convient au système ternaire.
Cela est en effet arrivé ainsi dans les cas que je viens de citer. Mais il y
en a d’autres, en très grand nombre, où cette nouvelle aggrégation ne
s'opère pas d’une manière sensible. Nous venons d’en voir un exemple
dans la combinaison de l'acide tartrique avec la glucine, et même avec l’a-
lumine, sous des conditions différentes de celles où cette terre avait été
employée d’abord. Car ici, les groupes moléculaires formés ont conservé
leur constitution primitive, quelle que fût la proportion d’eau ajoutée; et
ils} n’ont fait que se répandre dans le milieu ambiant sans en éprouver
aucune décomposition.
» Quoique ces derniers systèmes exerçassent la réaction acide sur le pa-
pier de tournesol, la constance de leur pouvoir rotatoire spécifique , et la loi
de dispersion qu’on y observe , montrent que l'acide y a perdu toutes les
propriétés optiques qui lui sont spéciales, lesquelles sont remplacées par
les propriétés générales des combinaisons où il est neutralisé atomique-
ment. Ceci confirme donc, par une épreuve directe, la notion actuelle-
ment admise par les chimistes sur les sels fixes à réaction acide, notion si
bien développée par M. Chevreul; savoir que l'acidité ne se montre dans
ces produits qu’à la suite de leur décomposition déterminée par une affi-
nité plus puissante que celle qui y retient l'acide. Ici, la lumière n’opérant
pas cette décomposition, le produit reste neutre pour elle. Je me propose
d'examiner si, comme cela est très vraisemblable, les bitartrates alcalins
sont également neutres pour la lumière; mais le peu de solubilité de ces sels
exige que je remette cette expérience à une autre saison.
» Je réserve pareïllement pour un autre Mémoire, les phénomènes que
présente la combinaison immédiate de l'acide tartrique avec l’acide borique
( 160 )
dans l'état de solution aqueuse. Car, bien que j’en aie déterminé toutes les
lois physiques, je voudrais y joindre l'étude des produits que ce double
acide forme en se combinant avec les bases, ce qui ne peut se faire à pré-
sent.
» L'ensemble dés phénomènes que j'ai décrits nécessite une dernière re-
marque. Je crois avoir établi par des preuves incontestables, que les phéno-
mènes de rotation observés dans les systèmes fluides sont les sommes tota-
les des déviations successives que les groupes moléculaires de ces systèmes
impriment aux plans de polarisation des rayons lumineux. En voyant, dans
un si grand nombre de cas, ces résultantes varier continüment, et enfin, s’in-
tervertir par la seule soustraction ou restitution d'une petite proportion
d’eau, on est porté à voir dans ces variations, l’affaiblissement progressif
d’une rotation de même sens plutôt qu'une inversion réelle. Jai montré au
commencement de ce Mémoire que les apparences observables peuvent
en effet, se concilier avec cette supposition. Mais, pour la prouver, il fau-
drait subdiviser les groupes moléculaires eux-mêmes , comme nous subdi-
visons leurs sommes sensibles, ce qui est hors de notre pouvoir. Et par
conséquent, le doute absolu est jusqu'ici la seule opinion philosophique qui
nous soit permise sur cette importante particularité de la constitution in-
time des corps. »
STATISTIQUE suniciarrE. — Grande-Bretagne et Irlande. — Note communi-
quée par M. Moreau DE Jones.
« En poursuivant un travail étendu, /a Statistique de la Grande - Bre-
tagne, dont j'ai déjà offert à l'Académie, la première partie, je suis arrivé
à constater plusieurs faits numériques, que je crois dignes de l'attention
publique.
» Si l’on compare les rapports des crimes à la population moyenne, dans
le Royaume-Uni et en France, pendant cinq années récentes, 1831 à 1835,
on est conduit aux différences suivantes :
» Le meurtre est au moins quatre fois plus fréquent dans les Iles Bri-
tanniques qu’en France, même lorsque ce dernier pays est en état de
révolution.
» L’assassinat est au moins moitié plus fréquent;
» Le viol est six à sept fois aussi multiplié;
» L’incendie est un peu plus rare;
» Les vols constatés devant les Cours d’assises et la police correctionnelle
sont quatre fois aussi nombreux, quand on considère leur nombre d’une
|
=
Désignatio
du
système |
mixte.
Désignatio!
du
système
mixte.
D;
E;
F;
——————n
Désignatit
du
système
mixte.
Désignal
du
systèni
mixte
Comptes rendus 1838, 1°" semestre. T. VI, p. 160.
a
TABLEAU N° 4. — Systèmes formés par Pacide tartrique cristallisé, l’alumine hydratée sèche , et l’eau, en diverses proportions.
TT ——_—_—_—_—
LA : POUVOIR
PEN DENSITE LOnGUÈtE COULEUR AZIMUTA D EVER TON rotatoire spécifique SENS
EN does du liquide de E nul, observé | harvée à travers | “tuelduliquide | de la déviation .
apparente “en A travers 1 ï DERCREE t d OU VOIr
nrtbe à tra à l'œil nu À et du pouvoi
ù millimètres le tube d'observation. le verre rouge —_ rotatoire,
mixte. Ci É 13
PE,
A 1,02314 524,50 vert léger. ......... + 70,454 droite.
E 1,05838 523,75 vertléger. ......... + 11 ,000 droite. Déduite de A rapprochée, filtrée et séparée du tartrate basique précipité spontanément
G 1,17923 521,75 jaune verdâtre + 2,479 droite. Déduite de B rapprochée, filtrée et séparée du précipité.
D 1,35174 264,50 jaune — 34,025 gauche. Déduite des systèmes précédents, et rapprochée à l’état gommeux; puis filtrée et séparée du précipite.
E 1 ,09244 524,75 Jaune p -. + 11,592 droite. Déduite de D par addition d’eau froide , qui n'occasione aucun précipité
=. ; F he none . ; : , Re 0 . : , 7 ; ; 7
TABLEAU N° 9. — Autres systèmes formés par une combinaison d'acide tartrique, d alumine et d'eau, conservée depuis plusieurs années dans un flacon bouché, et progressivement étendue d'eau.
= PROPORTIONS n à 7 POUVOIR
Désignation Mes lémenté du syitime DENSITE 2ONQtES R COULEUR AZIMUTH DÉVIATION rotatoire spécifique SENS
u dans l'unité de poids. apparente Gate un da nn eslenute de E nul, observé A ne RCENEUEE MORE
système PR = du systèine en millimètres * à l'œil nu et et du pouvoir
tate de la solution PO E) 1 d'observation. a le verre rouge = rotatoire
Den LtyE d'eau mn
a —— | | —_—…—……—…—…—. | —_—_—__— ——— =
À; 1 ,00000 0,00000 1,14771 52gmm jaune. — 69,275 — 59,858 — 109,336 gauche. C’est la combinaison dans son état de concentration prix
B, 0 ,50261 0,49739 1,06990 A 1003 jaune. .…. = + 1,033 droite. Déduite de A, par addition d’eau, sans précipité.
Cr 0,25195 0,74805 1 ,03467 524 jaune pâle....., onscncoee es |12 000 droite Déduite de B, par addition d’eau, sans précipite.
D, 0,13064 0,86936 1,01803 522 jaune pâle + 2,650 droite. Déduite de C, par addition d’eau, sans précipité.
E; 0,04138 0 ,95862 1,00564 525 presque incolore. .... + 1,183 droite. Déduite de D, par addition d’eau, sans précipité.
Fr Aossssnessese | sostosensens 1,20236 525,5 jaune rougeñtra........ se... —12,0 gauche. Déduite de la réunion des précédentes, concentrée par l'évaporation.
TABLEAU N° 3.
s. ELEMENTS È RAPPORT
DnrpAon du système mixte DENSITE LONGUEUR COULEUR TEMPERAT,| DEVIATION LA MÈME, PAPA : de la
du dans l'unité de poids t du tube du bi ; à travers calculée EXCÈS déviati éviation
apparente | observat., u liquide, à travers + econoléenete Evans du rayon
système FETE du système en le Be; Fe te rouge à celle
HU Proportion millimètres : observée d'une simple du caleul vert à celle | 4ù savon
mixte le la solution de J 1 tube d'observation. l'observat. dilution. durayen aune
pémifires EX # rouge. |entrentièmes
— —_—— | ———_— | ——— | —_— | — — ————————…—…—……—._…"…_…—_—————— __" —— .— ———.————
2 1 ,00000 0,00000 À 1,411517 525mm | jaune pâle. | 120,5 [+ 30,gr11 + 30,9360 | + 0°,0249 23,92
Z 1 ,00000 0,00000 | 1,411517 155 sensiblementincolore.| 15 9,1583 + 9,1334 | — 0 ,0249 23,89 C’est la même solution primitive 2 observée dans un tube plus court.
Zr 0,793887 | 0,206113 | 1,306744 525 jaune léger. 12,8 23,5333 |<+ 22,736 | — 0 ,7076 23,53 | Déduite de X par addition d’eau.
2 0,469439 | 0,530661 À 1,16684r 501,5 ‘| jaune päle 12,0 11,5083 + 11,4679 | — 0 ,0404 23,51 Déd.deZ, par add. d’eau.Ce système semblait un peu opalin, comme s’il tendait à précipit.
Z sonne | sscsc.... À 1,27876 525 jaune léger. 11,8 14,9650 (1) Déduites de 2, par une grande addition d’eau froide qui précipite une grande quantité
> 1,57903 80 jaune... AS 3,5833 (2) **""* se] soso 23,55 de tartrate basique qu’on sépare par filtration ; après quoi on rapproche la liqueur au
degré de densité ici indiqué.
(0) Pc srstémeavait été obervé dans un tube de 275,5, et il ÿ avait donné pour déviation à travers le verre rouge - 70,85 ; on a ramené cette déviation à l'épaisseur 5252 par la loi de proportionnalité , afin de rendre les résultats plus évidemment comparables.
(a) La déviation ici consignée a été observée à la vue simple. D'après la constance presque exacte du rapport exprimé dans la dernière colonne, la déviation à travors le verre rouge aurait êté + 20,755 ; mais la forte coloration du système l'aurait rendue trop diflicile à olserver.
TABLEAU Ne 4. — Systèmes formés par l'acide tartrique , la glucine et l’euu , en diverses proportions.
Désignation ÉLÉMENTS DU SYSTÈME DENSITÉ LONGUEUR ; s POUVOIR RAPPORT RAPPORT
Fa dans l'unité de poids. “ COULEUR TEMPERAT. | DÉVATION | rotatoire spéci- | ‘dela [deladéviation| NOMBRE
pparente re observée fi NT)
ns d: ë du Liquide s)& travers Fe ätraversle verre] du tarte ate sasnen qu d
tu >: en r
ANIEEe Proportion Proportion QE CN TT . IE l'observation rouge pour 100mm ea De É
mixte. le d' tube d'observation. conclu à celle du | rayon jaune, | observat.
tartrate gluciniq. d'eau.
_0,100p34 | 0,899054 1,047 Hrgun Vert léger un peu jaunâtre.
2188 1, 526 | Ve pile
rayon rouge, |en treutièmes
——— —
+ 220,675 | + 4ue,3o2 | 1,587 | 20 en e is dans un flacon fermé par un bouchon de liége..
Dus50r | L Eér 7164) UE | F | ar adéition d'ent AT sde né
( 161 )
manière absolue; et ils sont au moins quintuples, comparés à la population
des deux pays.
» Et cependant :
» Il ya neuf fois autant d'individus condamnés, année moyenne, dans le
Royaume-Uni, qu’il y en a en France proportionnellement à la popu-
lation.
» Les condamnations à mort sont 22 fois plus multipliées dans les Iles
Britanniques, et les exécutions le sont au-delà de trois fois.
» Ces chiffres, qui résultent des documents officiels , prouvent :
» 1°. L'inutilité des gibets;
» 2°. L'erreur de ceux qui accusent d’un débordement de perversité, la
France, telle que l’a faite la Révolution.»
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d’un membre pour
la place vacante dans la section d’Économie rurale , par suite du décès de
M. Teissier.
Avant qu’on procède au scrutin, M. le Président annonce que M. Huerne
de Pommeuse, l’un des candidats présentés par la section, se désiste de
sa candidature.
Le nombre des votants est de 56.
Au premier tour de scrutin
M. Audouin obtient... 38 suffrages,
M. de Gasparin......... 17
M. Soulange-Bodin. .,... r.
M. Audouin ayant obtenu la majorité absolue des suffrages est déclaré
élu.
Sa nomination sera soumise à l’approbation du Roi.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Appareils de sûreté pour les machines à vapeur.
M. ze Minisrre pu Commerce xt prs Travaux Pugzics transmet: une
lettre qui lui:est adressée par le président de la: Société industrielle de
Mulhouse , relative aux appareils de sûreté et aux recherches à ce sujet
CR, 1838, 17 Semestre, (T. VI N° 6.) 22
( 162 )
dont s'occupe maintenant l’Académie, sur la demande de l’adminis-
tration.
La Société industrielle de Mulhouse!’ exprime le désir «de voir l'épreuve
» des moyens de sûreté que proposera en définitive la commission de l'Aca-
» démie, faite par ceux qui pourront plus tard être astreints à les appli-
» quer à leurs chaudières, c’est-à-dire que l'efficacité de ces moyens soit
» constatée non-seulement par la science, mais aussi par la pratique, en
» mettant à la disposition des industriels , dans un certain nombre de lo-
» calités, les appareils adoptés par la Commission, pour les appliquer à des
» chaudières de dimensions différentes et en observer pendant un temps
» donné les effets par un emploi régulièrement suivi. »
L'auteur de la lettre rappelle que la Société a adressé, au commence-
ment de l’année dernière, un rapport qui lui avait été fait sur les ron-
«elles fusibles, rapport dont les conclusions diffèrent à plusieurs égards
des opinions émises sur la même question par plusieurs membres de
l'Académie.
Cette pièce a été présentée dans la séance du 27 février 1837, et il en
est fait mention au Compte rendu, 1° semestre de 1837, page 342.
La lettre de M. le Ministre et celle du président de la Société indus-
trielle de Mulhouse, sont renvoyées à la Commission des rondelles, fu-
sibles.
2001061e. — Memoire sur les Polypes du genre des Tubulipores ;
par M. Mine Epwarps.
( Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Flourens. )
« Ce travail, qui a pour objet des êtres dont l’organisation intérieure
était presque entièrement inconnue, fait suite à une série de Mémoires
sur l'anatomie, la physiologie et la classification des polypes, précédem-
ment présentés à l’Académie par M. M. Edwards.
» D'après les faits exposés dans ce Mémoire, on voit, dit l’auteur, que
les polypes du genre Tubulipore ne sont pas des animaux hydriformes ,
comme on devait le croire, d’après le peu de mots qu’en avaient dits
MM. Quoy et Gaimard , et que leur mode d'organisation, loin de res-
sembler à celui des hydres et des autres polypes parenchymateux infé-
rieurs ; est beaucoup plus compliqué , et a beaucoup d’analogie avec celui
des Eschares et des Flustres: En effet, ils présentent, comme ceux-ci, un
tube digestif ayant des paroïs distinctes de lenveloppe tégumentaire , une
( 163 )
bouche et un anus séparés, un appareil tentaculaire garni de cils vibratiles
qui paraissent servir à la respiration aussi bien qu’à la préhension des ali-
ments, des muscles bien formés, etc. ; maïs ils n’ont pas comme ces Eschares
et ces Flustres, un appareil operculaire garni de muscles bilatéraux, et
ils en diffèrent aussi par la conformation de la gaïné tégumentaire qui, en se
durcissant, constitue la cellule tubuleuse dans laquelle toutes les parties
molles se retirent lors de la contraction. À raison du plan général de leur
structure, tant intérieure qu'extérieure, ces petits animaux appartiennent
donc au même type organique que les Eschares, et doivent prendre place,
avec eux, dans l’ordre des polypes tuniciens ; mais ils ne présentent pas
tous les caractères anatomiques des Eschariens, et ils établissent un passage
entre le mode d'organisation propre à ces derniers polypes et celui qui
s’observe dans les Sérialaires, les Vésiculaires, etc. C’est donc avec raison que
M. de Blainville, guidé seulement par la considération de la dépouille cal-
caire des Tubulipores, en a formé le type d’une famille particulière. Quant
aux limites naturelles de cette famille, je m’en occuperai dans un prochain
Mémoire, et je montrerai alors que les caractères anatomiques propres aux
Tubulipores se retrouvent tous chez un grand nombre d’autres polypes
qui, dans les classifications proposées jusqu’à ce jour, sont disséminés dans
des familles et même dans des ordres différents.
» Nous avons vu aussi comment les circonstances dans lesquelles vivent
ces petits zoophytes peuvent influer sur la croissance du polypier , et en
modifier la forme générale. L'étude des variations déterminées par les causes
extérieures dans la conformation d’un Tubulipore assez commun sur nos
côtes, a montré qu'avec une seule et même espèce, les zoologistes ont
formé deux genres et trois espèces nominales.…..
» Ce polypier se compose d’un grand nombre d'individus dont la gaine
tégumentaire constitue un tube calcaire, et lorsqu'il se développe sur une
surface plane telle que la fronde d’une laminaire, les séries formées par la
succession des générations se prolongent d’un centre commun avec assez
de régularité, de façon à donner naissance à une petite masse circulaire
encroûtante dont la surface supérieure est hérissée de rangées divergentes
de tubes redressés vers le bout. Mais lorsqu'il se trouve fixé sur la tige
arrondie d’une plante marine ou sur quelque autre corps dont la surface est
irrégulière, il se déforme en grandissant, et cette déformation peut être
portée au point de le rendre presque méconnaissable. Ainsi, au premier
abord, on serait certainement porté à croire que les polypiers figurés
dans les planches qui accompagnent ce Mémoire, appartiennent à des es-
22.
(164)
pèces distinctes ; mais pour peu que l’on multiplie les observations, on
ne tarde pas à se convaincre que ce sont de simples variétés d’une seule
et même espèce et que ces variétés sont déterminées par les circonstances
dans lesquelles ces animaux agrégés se sont développés. En effet, je n'ai
pu découvrir aucune différence individuelle entre les polypes composant
ces agglomérations d’un aspect si différent, et j'ai trouvé dans la même
localité tous les degrés intermédiaires entre ces états si semblables. Quand
le polypier était fixé sur une surface plane il grandissait régulièrement
tout autour et restait circulaire; mais lorsqu'il vivait sur un corps dont la
surface était inégale, il s’étendait aussi d’une manière inégale , et suivant
qu'il rencontrait dans telle ou telle direction quelque obstacle, il se con-
tournait en divers sens et devenait pyriforme , rameux, tubulaire ou d’une
forme tout-à-fait indéterminable. Or,ce Tubulipore est loin d’être nouveau
pour la science, et il a même été observé sous plusieurs des formes acciden-
telles qu’il affecte lorsque son accroissement régulier est entravé; mais
faute d’avoir été convenablement étudié, l'identité spécifique de ces variétés
a été souvent méconnue. Effectivement, lorsque son développement est
normal, ce polypier ne diffère en rien du Madrepora verrucaria d'Othon
Fabricius ; lorsqu'il vit sur la tige cylindrique et rameuse de quelque fucus
il affecte quelquefois exactement la même disposition que le Millepora tu-
bulosa d’Ellis; enfin, lorsque sa croissance a été, dès le principe arrêtée
d'un côté par quelque obstacle mécanique, et s’est faite librement dans la
direction opposée, ce même polypier devient quelquefois pyriforme et les
rangées de tubes dont il se compose se recourbent en dehors, de facon à
lui donner tous les caractères du petit zoophyte agrégé, dont Lamouroux a
formé son genre Obelia. Quelquefois on rencontre dans le même polypier,
une portion dont la disposition ne diffère en rien de celle du Millepora
tubulosa (considéré par Cuvier, comme le type du genre tubulipore), et
une autre portion qui, si elle venait à se détacher, ne pourrait être distin-
guée de l’'Obelia tubulifera ; un des échantillons dont je place le dessin
sous les yeux de l’Académie présente ce double caractère. Il me parait donc
évident, que le Madrepora verrucaria d'Othon Fabricius, le Millepora
tubulosa d'Ellis et l'Obelia tubulifera de Lamouroux, ne sont que de
simples variétés d’une seule et même espèce. »
L'auteur s'occupe successivement de toutes les espèces vivantes du genre
Tubulipore et fait voir que ces petits animaux existaient dans les mers
anciennes aussi bien que dans celles de l’époque actuelle. Jusqu'ici on
n'avait pas signalé de Tubulipore à l’état fossile, mais M. Milne Edwards
( 165 )
en a découvert dans les terrains tertiaires des environs de Paris et dans la
craie de Meudon, trois espèces qui ont beaucoup d’analogie avec celles de
la période actuelle, sans cependant pouvoir être considérées comme iden-
tiques. Ce travail est accompagné d’un atlas de quatre planches.
EMBRYOLOGIE. — Ovologie du kangourou ; Mémoire de M. Coste en réponse
à la lettre de M. Owen.
(Commissaires, MM. de Blainville, Serres. )
Le mémoire de M. Coste est accompagné de la lettre suivante :
« J'ai lu avec regret la lettre que M. Owen a écrite au sujet d’un pro-
duit utérin de kangourou, qu'il désigne sous le nom de Jœtus et ses ap-
pendices vésiculeux et que j'ai considéré comme un œuf.
» Comme sur ce point la discussion parait plutôt porter sur les mots
que sur les choses, et comme d’ailleurs je suis parfaitement en mesure
de répondre à toutes les assertions de M. Owen, je demande à l’Académie
la permission de soumettre à son jugement le Mémoire ci-joint dans lequel
elle trouvera, j'espère, les moyens de décider la question et dans le fond
et dans la forme. »
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur une formation de vaisseaux dépendant de
l'appareil respiratoire chez les Phthisiques; par M. N. Guiccor.
(Commissaires, MM. Magendie, Breschet. )
« J'ai l'honneur de vous communiquer le fait suivant qui me paraît di-
gne d'intérêt.
» Il consiste dans des vaisseaux de formation nouvelle développés chez
les phthisiques, pour lesquels ils sont les organes d’une circulation acci-
dentelle.
» Avant d'indiquer le moyen par lequel on démontre l'existence de ces
nouveaux vaisseaux qui communiquent, soit avec les artères bronchiques,
soit avec les artères intercostales, il est nécessaire de dire comment on
s'assure de la destruction (partielle ou totale, suivant le degré de la maladie)
des dernières ramifications de l'artère pulmonaire, dans les parties où exis-
tent soit des cavernes tuberculeuses, soit des tubercules considérables.
» Pour cela, il suffit de lancer des injections de matière colorée par
l'artère pulmonaire, et l’on voit alors qu’elle cesse de se répandre dans les
endroits les plus malades.
{ 166 )
» Ce fait étant vérifié, on passe alors à l’examen des particularités sui-
vantes :
» Une injection de matière colorée dirigée par les artères naissant du
ventricule gauche du cœur, par l'aorte thoracique ou par l’aorte abdominale
d'un phthisique dont l’artère pulmonaire a été liée pour plus de précaution,
pénètre néanmoins dans une plus ou moins grande étendue des poumons ,
et l’on remarque alors que des vaisseaux se répandent dans toutes les par-
ties où l’on a cessé de pouvoir reconnaître les dernières divisions de l'artère
pulmonaire.
» Ces vaisseaux nouveaux occupent quelquefois les deux tiers des pou-
mons malades, et ils se terminent surtout autour des tubercules les plus
volumineux et à la surface des cavernes dans lesquelles ils forment comme
de petites villosités.
» Si l’on cherche leur origine, on voit qu’elle est double, cependant je
n’affirmerais pas qu'elle ne puisse être simple, mais je signale ici seule-
ment le cas dont j'ai pu faire l'observation.
» D'une part ils naissent des artères bronchiques, et l'on sait que dans
l’état sain ces arteres ne donnent que des rameaux peu nombreux et peu
considérables aux bronches et à leurs divisions.
» De l’autre, ils communiquent pas des anastomoses multipliées avec les
artères intercostales , au travers des adhérences et des fausses membranes
développées si généralement dans les plèvres des phthisiques.
» De tels vaisseaux remplaçant les conduits ordinaires de la circulation
des poumons, et portant dans ces organes, pendant le cours de la phthisie,
un sang qui ne les parcourt pas dans l'état de santé, sont donc importants
à considérer ; et leur étude peut jeter quelque lumière sur les dernieres
phases de cette maladie. »
cmimie APPLIQUÉE. — Vote sur un moyen propre à diminuer la fréquence
des incendies; par M. LereLrier.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas. )
L'auteur passe en revue les différents moyens qu'on a proposés pour
rendre les substances végétales non pas incombustibles , comme on la
dit quelquefois à tort, mais inhabiles à s'enflammer.
Le moyen qui lui a paru le mieux réunir les conditions exigées, y
compris celle d'économie, consiste à imbiber les substances végétales
(167)
d'une solution concentrée d’un verre formé de 4 parties de potasse et 1
partie de silice.
Plusieurs membres de l'Académie font remarquer qu'on a depuis long-
temps proposé l'emploi du verre soluble, pour diminuer les chances
d'incendie; ils renoncent d’ailleurs à développer ces observations, la note
de M. Letellier devant être l’objet d'un rapport.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Appareil pour sonder en mer à de grandes
profondeurs ; par M. Laicnez.
(Commissaires, MM. Mathieu, Séguier.)
L'auteur pense qu’à l’aide de l'appareil qu'il a imaginé on pourra en
une seule opération, non-seulement connaitre la profondeur de la mer
en ce point et la température du fond, mais encore obtenir de l'eau de
la couche inférieure, etc.
M. Gasser, chirurgien-major d’un régiment d'infanterie du pacha
d'Égypte, régiment qui doit partir prochainement pour le Sennaar et
peut-être s’avancer jusqu’en Abyssinie, offre de recueillir dans ce pays
les objets d'histoire naturelle qui ne se trouveraient pas dans nos col-
lections.
M: Gassier, pendant un précédent voyage en Syrie avait recueilli un
certain nombre de coléoptères et de coquilles provenant de mollusques
terrestres ou fluviatiles; ces divers objets se trouvent aujourd’hui entre
les mains de son père, médecin à Marseille, qui les adressera au Mu-
séum d'Histoire Naturelle, si l'on pense qu'ils puissent contribuer à y
remplir quelques lacunes
MM. Duméril et de Blainville sont chargés de faire une liste des desi-
derata qu’on peut espérer d'obtenir des provinces dans lesquelles va pé-
nétrer M. Gassier.
M. Serre, d'Uzès, adresse pour le concours de médecine Montyon, un
mémoire imprimé et un mémoire manuscrit sur le traitement abortif de
l'inflammation, au moyen du mercure. Pour établir ses titres à la priorité
relativement à ce mode de traitement, il adresse un numéro du journal
de Strasbourg, dans lequel se trouve un rapport fait en 1828 sur son
travail.
(Commission Montyon.)
( 168 )
M. Lomwgarp présente en manuscrit un tarif des bois en grume, calculé
en mesures métriques.
(Commissaires, MM. Mathieu, Puissant.)
M. Lacwens adresse plusieurs échantillons de roches comme pièces à
l'appui d’une note qu’il a adressée en décembre dernier sur un gissement
siugulier de feldspath.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE.
Géococie. — Modifications de certains terrains de sédiment par le voisinage
de roches ignées. — Extrait d’une lettre de M. Puirron-Bosraye, capitaine
d'état-major, à M. Elie de Beaumont.
« Je vous prie de vouloir bien communiquer à l’Académie quelques ob-
servations géologiques que j'aurais voulu développer devant elle, si mon
prompt départ n’y avait mis obstacle. Ces observations se rapportent aux
modifications, ou, suivant l'expression anglaise, au métamorphisme des dé-
pôts stratifiés. Depuis long-temps, la plupart des roches cristallines et
réellement sératifiées sont pour vous des sédiments modifiés après leur
dépôt. Ce fait devrait être acquis à la science, et, s’il ne l’est pas encore,
c'est peut-être parce que sur ce sujet, comme sur tant d’autres, on a cher-
ché à s'approprier au plus vite une théorie au lieu d'observer, et que,
s'emparant des idées et des faits nouveaux, on les a portés au-delà des
limites de leurs applications. Ainsi , il n’est sans doute pas impossible que
toutes les roches feuilletées, micaschistes, gneiss, diorites, et même certains
granites, soient des sédiments modifiés pendant les actions et réactions
exercées entre le noyau terrestre et son enveloppe refroidie. Cela a été
répété fort souvent, mais ces assertions sans preuves n’ont point avancé
la question. J'ai donc pensé que dans l’état où elle se trouvait, il ne serait
pas inutile de prouver que l’une des roches cristallines et stratifiées les plus
connues et les plus remarquables, le schiste avec cristaux de macles, ap-
partenait dans l’ouest de la France, à tous les âges, même les plus récents,
du terrain de transition, et provenait de vases marines, avec leurs fossiles,
modifiées après leur dépôt.
» En partant de Paris, on peut déjà observer le schiste maclifère aux
( 169 )
environs d'Alençon. On voit au hameau de Saint-Barthélemy que cette ro-
che cristalline n’est qu'une modification du schiste-ardoise exploité pres de
là, à Saint-James. Ïl s'appuie, tantôt sur le granite, tantôt sur le grès
d'Écouves; je donne ce nom au grès qui forme toutes les crêtes de la forêt
d'Écouves, et s'étend, à partir de là, jusqu'aux extrémités de la Bretagne ;
c'est le grès de Caradoc des Anglais, qui, en Bretagne et em Normandie,
sépare les systèmes primaires anciens et récents, ou les terrains Cambrien
et Silurien des Anglais. En le prenant pour horizon géognostique, on voit
que le schiste maclifère d’Alencon appartient au système silurien inférieur.
Le grès a participé aux modifications du schiste; car, partout où il avoi-
sine le granite, il perd sa texture sableuse et toutes traces de stratification
et de fossiles, pour devenir un quarzite homogène et cristallin.
» Les environs de Rennes sont la localité que je citerai ensuite. Cette
ville est située dans un vaste bassin, occupé par les schistes argileux et
quelques psammites du système silurien supérieur. C’est le gisement de
l'anthracite dans l’ouest de la France, comme le système silurien inférieur
est le gisement de l’ampélite; observation bien essentielle dans la recherche
des combustibles minéraux. Ces schistes de Rennes sont en général feuil-
letés et tendres comme de l'argile à peine endurcie ; ils recouvrent de leurs
couches ondulées et uniformes toute la campagne des environs de Rennes,
en se dirigeant à peu près de l’est à l’ouest. Si l’on prend la route de Fou-
gères, on voit cette uniformité dans la nature du sol, interrompue: par
deux filons ou dykes de granite qui coupent la route dans la direction ci-
tée précédemment. On remarque en approchant de la roche ignée, que le
schiste prend une texture grenue et brillante; que la stratification et les
plans de clivage eux-mêmes disparaissent, tandis que les fissures se mul-
tiplient; plus près encore, c'est une roche de mica compacte, micacite ,
toute semée de petites màcles bleues souvent glanduleuses. De l’autre côté
du filon, les mêmes phénomènes se répètent, puis le schiste reprend son
aspect ordinaire, pendant 2 à 3 kilomètres. Là, on retrouve un second
filon de quelques mètres seulement de puissance qui donne lieu à des
modifications semblables. On, conçoit comment les argiles schisteuses. de
Rennes ont dû se convertir par l'action de la chaleur en roches de mica
compacte, et non en micaschistes ; roches avec excès de silice qui ont dû
provenir souvent de la modification des psammites. Cette localité nous
montre donc des argiles schisteuses du sytèmesilurien supérieur, converties
en, roches maclifères par la pénétration de filons de granite qui n’ont
C. R. 1638, 1°7 Semestre. (T. VI, N° 6.) 23
(i70)
cependant qu'une faible puissance. Ici, la cause et l'effet se montrent
réunis de la manière la plus convaincante.
» Le troisième gisement que je citerai est celui des Salles-Rohan, près
de Pontivy, gisement connu de tous les minéralogistes , par la beauté et
la grandeur des mâcles. La roche est un schiste bleu foncé, souvent en-
tièrement formé de petits cristaux ou glandules de cette couleur, et lardé
dans toutes les directions de grandes mâcles blanches. Cette roche est si
remarquable qu’elle fixa l'attention long-temps avant qu’on s’occupät de
minéralogie en France, et surtout en Bretagne; on voit figurer les mâcles
dans les armes des Rohan, dès l’origine du blason, et c’est peut-être la
seule substance minérale qui en ait eu les honneurs. Au XV° siècle,
je crois, dans une contestation de préséance entre les Rohan et les Pen-
thièvres, les premiers exaltant les richesses et les merveilles de leur duché,
citent les mâcles des Salles qui se trouvent, disent-ils, non-seulement dans
les roches, mais imprimées dans les arbres de la forêt.
» M. Bigot de Morogues, frappé des singulières apparences de ces belles
mâcles, voulait y voir des corps organisés; cette erreur minéralogique ne
fut pas adoptée, mais on en commit une autre aussi grave en géologie, en
plaçant le schiste maclifère dans les roches primitives, plus anciennes que
le terrain dit de transition, où apparaissent les premiers indices de l’organi-
sation.
» Dans mon dernier voyage en Bretagne, j'ai voulu m'assurer de sa
véritable position, et j'ai reconnu qu'il appartenait à la série de l’Ampélite
et même à ses couches supérieures, qui, dans le voisinage, contiennent
des fossiles encore bien distincts.
» En quittant Pontivy; on marche long-temps sur le système cambrien
bien caractérisé : ce sont des schistes talqueux, fibreux et souvent aiman-
tifères, comme dans certaines parties des Ardennes. Au-dessus s'élève la
crête des grès d’Écouves (grès de Caradoc ), sur laquelle reposent des
schistes coticules, puis des schistes rubannés et enfin des roches schis-
teuses très carburées, qui prennent une texture fibreuse et cristalline, et
passent insensiblement au schiste maclifère. C’est exactement la place du
schiste ampéliteux dans tout l’ouest de la France, et par conséquent
le fait de la modification ou du métamorphisme était déjà prouvé pour
moi. Mais j'ai eu en outre la satisfaction de le confirmer d’une manière
inattendue, en trouvant dans ces schistes fibreux et cristallins des em-
preintes bien distinctes d’orthis et de fragments de trilobites; ces frag-
ments sont le fossile caractéristique de l’ampélite. Si je ne possède pas
Cagi )
encore d'échantillons qui renferment à la fois des mäcles et des fossiles,
je suis convaincu, d’après la continuité des couches et la cristallinité qui
appartient aux unes et aux autres, qu’il serait facile de s’en procurer.
» La cause modifiante est encore ici à côté de la roche modifiée; c’est
un grand épanchement de roches diverses à base de feldspath et d’am-
phibole. Plusieurs de ces roches devraient peut-être être considérées elles-
mêmes comme des remaniements de sédiments préexistants par l’action de
léruption feldspathique. La plus répandue parmi ces roches est peut-être
l'eurite compacte parsemée de lamelles verdâtres, qui est exploitée au
bourg de Peret. Un fait assez remarquable, est que cette roche m'a pré-
senté une identité parfaite avec la matière des haches gauloises ou celta,
qu’on trouve le plus communément dans toutes les parties de la France,
identité que je n’étais pas encore parvenu à trouver dans aucune des ro-
ches qui s’en rapprochent davantage.
» Je pourrais, sans sortir de la Bretagne, m’appuyer sur beaucoup de
faits analogues à ceux que je viens de citer, mais ils suffisent à ce qu'il
me semble pour prouver que ce n’est point la cristallinité, mais la po-
sition et les fossiles, qui fixent l’âge d’une roche, et que l’on peut à l’aide
de ces derniers caractères parvenir à le déterminer malgré toutes les mo-
difications qu’elle a éprouvées. »
\
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Expériences faites en décembre 1837, sur une
turbine établie par M. Fourneyron dans le moulin de M. RasouRnin,
situé à Lépine, canton d’ Arpajon, département de Seine-et-Oise ; par
M. Duu, chef d’escadron d'artillerie, etc.
« Depuis quelque temps l'attention des savants et des constructeurs de
machines hydrauliques, se porte avec intérêt sur la nouvelle roue hori-
zontale de M. Fourneyron, à laquelle on a donné le nom de turbine. Des
expériences ont.déjà été faites sur cette machine; mais comme elles sont
encore en petit nombre, il a paru utile de faire connaître celles qui ont
été faites récemment sur la turbine établie par M. Fourneyron dans le
moulin de M. Rabourdin.
» Les conditions du marché étaient celles-ci: la turbine devait dépenser
445 litres d’eau par seconde, ou le produit d’un déversoir de 1",22 de lon-
gueur sur 0",345 de hauteur, sous la chute franche de 2",05.
» Le produit net mesuré au moyen du frein dynamométrique sur l'arbre
même de la roue, devait être de 0,60 de la force brute dépensée, eu de
7 chevaux =.
23..
( 172 )
» Avant de rapporter les résultats des expériences faites avec le frein, 1l
est utile de donner une description succincte des localités, et de faire con-
naître les dispositions qui ont été prises pour mesurer la force théorique
dépensée par la turbine.
» Le moulin de M. Rabourdin est situé sur la rivière de Juine, et sur le
même bief, il éxiste deux autres moulins appartenant à M. Lefebvre, la
roue d’un de ces moulins est contiguë à celle de M. Rabourdin, elle n’en
est séparée que par la motte en pierre; la seconde roue est établie sur un
autre bras de la rivière.
» Pour mesurer le volume d’eau dépensé, dans les expériences qui ont eu
lieu, on a établi en amont de la turbine, et contre les piles d’un pont en
pierre, un barrage sur le bras de la rivière qui alimente le moulin de
M. Rabourdin; de cette manière on a pu élever suffisamment le niveau du
bief supérieur, pour qu’au moyen d’une ouverture rectangulaire pratiquée
dans le barrage, on ait fait écouler en déversoir l’eau qui arrivait sur la
turbine; la crête de ce déversoir était formée par une règle en fer taillée à
vive arète ; ün flotteur placé en amont, et hors du remou, a servi à dé-
terminer l'épaisseur de la lame d’eau écoulée. Pour jauger le volume
d’eau dépensé, on s’est servi de la formule
Q'—= 0,406.1.h.Va.g.h.
Q’ Volume d’eau écoulé dans une seconde.
L._ Largeur du déversoir.
k. Épaisseur dé la lame d’eau, mesurée de la crête du déversoir, au niveau
supérieur de l'eau, pris au-dessus du remou.
g=9",808, la gravité. 1
{ Cette formule revient à celle-ci : Q= 1,80./.h* recommandée par
M. d'Aubuisson. )
» On a établi convenablement, en amont et en aval de la turbine, deux
autres flotteurs, qui ont servi à mesurer la chute. Soit H cette chute, on
a pour la quantité de travail fournie par le moteur 1000Q'H4-7,
» Il était nécessaire, avant de commencer les expériences, de mesurer
le volume d'eau perdu par les fuites, tant de la turbine que de la roue du
moulin qui lui est contigué ; pour cela, la vanne de chacune de ces deux
roues étant fermée, on a réglé l'épaisseur de la lame d’eau écoulée sur le
déversoir, de manière que le niveau de l’eau au-dessus de la turbine était
entretenu constamment à la même hauteur; le volume d'eau mesuré sur
le déversoir était celui absorbé par les fuites, et dans les expériences
(17)
qui ont suivi, il a été retranché du volume total de l'eau écoulée :
ainsi q étant le volume d’eau absorbé par les fuites, Q celui employé par
la turbine, on à Q — Q'— g, et pour la quantité de travail théorique de
la turbine
X = 1000 Q.H*r.
» Le frein dont on s’est servi, se compose d’un manchon en fonte , qui
a été fixé sur l'arbre même de la turbine de manière à être solidaire avec
lui; et de deux mächoires en bois embrassant le manchon, elles sont
réunies par des boulons dont un homme peut facilement manœuvrer les
écrous, au moyen d’une clé; on a placé au-dessus du manchon un baquet
d'où s’écoulait un filet d’eau, qui empêchait un trop grand échauffement
sur les surfaces frottantes, et qui maintenait la régularité dans le mouve-
ment. À l'extrémité du bras de levier du frein, on a fixé l’un des bouts
d'une courroie flexible, on a fait passer cette courroie sur une poulie
dont les tourillons étaient bien graissés, et à l’autre bout de la courroie
était attaché un crochet auquel on a suspendu les poids, qui ont varié
pour chaque expérience; la partie pendante de la courroie et le crochet
ont été pesés, ce qui a donné la charge constante du frein == 0‘,625.
» La vitesse de rotation de l'arbre a été mesurée avec un compteur de
Robert, au moyen duquel on peut apprécier + de seconde, et l'on n’a tenu
compte que des expériences pendant lesquelles la vitesse de rotation a été
constante.
» Cela posé, soient
P la charge totale du frein;
R le bras de levier du frein = /";
# le rapport du diamètre à la circonférence = 3,1415;
N le nombre de tours de l'arbre par minute;
Y le travail effectif par seconde, calculé au moyen du frein :
on a x = NT" ou Y — (0,41886.P.N.)".
» Le tableau ci-après fait connaître les résultats des huit expériences
qui ont été faites.
( 174 )
Tableau des expériences.
TRAVAIL EFFECTIF eue
8 LME TRAVAIL EFFECTIF OusRe s
ë cure |: | rapport
£ d’eau exprimé Une PAUSE .__ [exprimé |, entre.
a. exprimé totale exprime le travail
& | dépensé cu en pre en 2 effectif et
8 chevaux Rire du frein. | minute | kilomet. | Chevaux | le travail
= x kilomèt. Y théorique
8 < N Y — X
2 Hs
kilom.
73:77 | 699. | 9:32 | 0,773
88,20 | 688,2 | 9,15 0,763
80,35 | 694 G:25 | 0,763
72,58 | 687,7 | 9,17 | 0,757
67,16 | 692,7 | 9,23 | 0,768
64,10 | 714,8 | 9,53 | 0,595
58,44 | 700,6 | 9,34 | 0,784
90,90 | 671 8,94 | o,772
Moyenne............ | 0,772
PHYSIQUE Du GLose. — Nature minéralogique et composition chimique des
cendres lancées par deux volcans de l'Amérique tropicale. — Lettre de
M. Durrévoy.
« M. Biot a présenté à l’Académie, dans sa séance du 3 mai dernier,
des cendres rejetées en 1797 et en 1836 par les volcans de la Guadeloupe.
M; Élie de Beaumont a fait quelques essais sur ces cendres, et je les ai
déjà soumises à un premier examen dont j'ai communiqué le résultat à
l'Académie, dans sa séance du 15 mai. Ces premiers essais ayant appris
qu'il y avait quelque intérêt à connaître la composition de ces déjections
volcaniques, j'avais annoncé l'intention de compléter ce travail.
» J'ai l'honneur d'adresser aujourd’hui à l'Académie, un mémoire dans
lequel je fais connaître la nature minéralogique de ces cendres et leur
analyse.
» J'en extrais les passages suivants qui contiennent le résumé des prin-
cipaux résultats auxquels je suis arrivé :
(175)
» Cendres de 1797.— Ces cendres qui ont un goût astringent contiennent
0,024 de sels. L’acide muriatique concentré les dissout en partie et permet
d'étudier isolément les deux éléments principaux dont elles se composent.
» Cette première opération les fractionne de la manière suivante :
Substance insoluble dans les acides. ..… 0,5625
Substance soluble.................... 0,3258
SELS PRE à Lie efe use 10 AL ce 0,02/42
BauPeteperten. 0. 0,0875
1 ,0000
» La substance soluble est en grains blancs laiteux cristallins. Elle est
composée de
Oxigène.
Silicerrter #40 a larns 0,5819 ...... 0,2923
Alumine. ,........., se: 02397 ...... 9,1110
Chaux. ........... +++ 00976 ...... 0,0274
Oxide de fer...., s.. 030722 ...... 0,0221
RTE 2h ne da 0,0106
1,0000
» La partie insoluble qui constitue les grains byalins brillants contient
Oxigène.
Silice. ...,.. d Oo ne + 0,6210 ...... 0,3226
Alumine. ......... ’ 0,2241 ..... + 0,1047
Chaux: tescnemres 0,0085 ...... 0,0024
Magnésie......,,...... 0,0231 ..,... 0,008g
Botasse. 2. + 00712 ...,.. 0,0121
Soude. ........ Srécaue 0,0368 +. 0,0094
PERTE a rene 0,0153
1,0000
» Cendres de 1836. — Cette poussière vue au microscope est composée
comme la précédente de deux éléments distincts en proportions à peu
près égales : l’un hyalin, complétement transparent et criblé de bulles ,
ressemble au feldspath vitreux; l'autre est d’un blanc laiteux en grains
amorphes.
» L'action des acides sépare les cendres de 1836 comme celles de 1797,
en deux parties qui correspondent aux deux éléments qu’on vient d'indiquer.
(196)
» Les analyses de ces deux éléments ont donné,
Pour la partie soluble. Partie insoluble dans les acides.
Oxigène. Oxigène.
Silice. ere reE EE 0,5930 ... 0,30Br ........ 0,6312 ... 0,3279 ... 10
Alnmines - 7. 1022249 0:00, 1010-02. 0:2009 10; 0074 ENS
CRAN css 0 00899 -#-HOs022E- nn +. 0,0142 ... 0,00/40
Protoxide de fer.. o0,0702 ... 0,0154 Potasse,. 0,0821 ... 0,0139 p.. 1
Magnésie......... 00037 ..e 090018 ........ 0,0160 ... 0,0062
Soude. -.-.2.-. TT O-O0{0.-- 0ODIZ Eee -eRet 0,0310 ... 0,0070
Pertes: sect o,0145 0,0170
1 ,0000 1,0000
» La composition de la partie des cendres qui s’est dissoute dans les
acides, se rapproche beaucoup de la même partie dans les cendres de
irruption de 1836. La seule différence consiste dans une petite quantité de
soude que présente cette analyse; la présence de cet alcali rend assez pro-
bable l'association avec le labrador, seulement il serait remplacé en partie
par de la chaux et du protoxide de fer : la formule serait alors de même ordre.
Quant à la composition des grains hyalins elle est fort analogue à celle
de la partie correspondante des cendres de 1836; mais elle s'écarte assez
fortement de la formule adoptée pour leryacolithe qui est(N K), S+3 AS,
tandis que l'analyse ci-dessus conduirait à la formule (N, K, CM), S+ 34 Sÿ.
» L’analogie de composition des cendres de 1797 et de 1836 ne peut
pas être le résultat du hasard; cela tient à ce que les produits d’un même
volcan sont de même nature; il en résulte donc, que si l'élément hyalin
appartient au ryacolithe, il faut nécessairement modifier la formule qui
représente la composition de cette espèce minérale. Cette hypothèse est
du reste complétement confirmée par les analyses que M. Berthier a faites
des feldspaths vitreux du Drakenfelds et du Mont-Dore. La composition
de ces derniers feldspaths qui ont été décrits depuis par M. G. Rose,
comme appartenant au ryacolithe, se rapprochent beaucoup de la formule
(N,K,M,C,) S + 3A S, à laquelle conduit l'analyse des cendres de la
Guadeloupe.
» Cendres de Cosigüina.—Les cendres de Cosigüina envoyés par M. Rou-
lin, sont d'un gris blanchâtre, elles sont extrémement fines et doivent
avoir été recueillies assez loin du volcan. Il faut un grossissement d’au
moins 200 fois pour distinguer la nature des grains qui les composent, et
ce n’est qu'avec un grossissement de 350 que l’on peut apercevoir les
chvages assez nets qu'ils présentent. Ces cendres vues au microscope sont
(177)
homogènes. Elles sont presque entièrement composées de grains blancs
hyalins très lamelleux ; beaucoup de fragments présentent deux clivages
trés voisins de l'angle droit, si méme ils ne sont pas rectangulaires. Ce
tissu lamelleux est mis à découvert par le phénomène des anneaux colo-
rés. IL y a quelques grains noirs, très rares et quelques-uns colorés en
brun. Le barreau aimanté indique la présence d’une proportion tres
faible de fer titané; au chalumeau, ces cendres sont très difficilement
fusibles; on a plus de peine à les agglomérer que celles de la Guadeloupe
et surtout que celles de l’Etna.
» Chauffées légèrement, ces cendres perdent 6,27 p. ro0 d’eau hygro-
métrique. Attaquées par l'acide hydro-chlorique concentré et reprises par
une dissolution potassique, elles se sont partagées en deux parties. 18
P- 100 environ ont été dissous dans l'acide.
COMPOSITION
De la partie soluble dans les acides. De la partie insoluble.
Oxigène. Oxigène,
Silice............ 0,5155 .… 0,2678 0,6429 ...... 0,3340
Alumine. ,....... 0,1523 ... o,o711 OS 2H 0 ,9868
Chaux........... o,1118 0,0314 GPOFAO = ee 0,0393
Protoxide de fer.. o,1302 0,0396 | Magnésie..... 0,0075 ..... 0,002g
DOUTE ee ea os 0,0622 ... 0,0159 0,0967 ..... + 0,02/47
Potasse..,.... de on My SEE 0,0345 ... 0,002a
PERTE. 10. L'ETOi6a8o 24 E,
1,0000 j 1,0069
» Il résulte de ces analyses que la partie soluble dans les acides, con-
tient à la fois de la soude et de la chaux dans des Proportions qui se
rapprochent de celles Caractéristiques du labrador; ces grains renferment
en outre 1îne grande quantité d’oxide de fer qui étant très probablement
au minimum, doit être considéré comme isomorphe de la chaux, et dans
ce cas les proportions s’éloignent alors beaucoup de la composition du
labrador. Ces grains pourraient être considérés comme appartenant à
une espèce particulière dont le signe serait A.S°+ CS.
» Les grains insolubles dans les acides renferment à la fois de la soude
et de la potasse comme le ryacolithe. Dans les cendres du Cosigüina, la
soude est de beaucoup le plus abondant des deux alcalis, ce qui est
l'inverse dans le ryacolithe. En outre les apports atomiques des éléments
sont tres différents. Ils sont représentés dans ce dernier minéral par le
CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 6) 24
(178)
signe (NK) S+H+3AS, tandis que l’analyse des grains insolubles conduit à
la formule 4AS* + 2CS + (KN)S*.
» En résumé, la composition des cendres de la Guadeloupe et de
Cosigüina, ne peut en aucune manière être rapprochée de celle du
feldspath et de l’albite; l'analyse des laves de l’Etna que M. Laurent a
donnée dans les 4nnales de Chimie, et celle des laves du Vésuve, que j'ai
faites, prouvent également que ces minéraux ne font point partie essen-
tielle des produits de ces deux volcans. Ces exemples autorisent à penser
que le refroidissement des laves des volcans brülants et probablement des
volcans à cratères, quelque lent qu’il soit, ne développe pas cependant
les circonstances nécessaires à la production du feldspath et de l’albite. »
cmme. — Action de la vapeur d’eau sur le charbon incandescent ;
par M. Lowccnawr.
« Tous les chimistes admettent que lorsque l’eau en vapeur passe sur
des charbons incandescents, elle se décompose et donne naissance à
différents gaz; on a même fondé récemment, sur ce fait, un procédé
de fabrication des gaz d'éclairage. Des considérations particulières me
portaient à embrasser une opinion contraire à celle des chimistes, et je
me suis convaincu, par les expériences suivantes, que mes soupçons
étaient fondés.
» J'ai disposé un tuyau de fonte de 3 pieds (0",974) de longueur
et 3 pouces (0",081) de diamètre intérieur, dans un fourneau cons-
truit en briques. La partie qui était portée au rouge-blanc avait une lon-
gueur de 20 pouces (0",542). Une des extrémités était hermétiquement
bouchée par un bouchon de fonte et de l'argile humectée ; mais ce bou-
chon était percé d’un trou pour laisser passer un filet d’eau. L'autre ex-
trémité était pareillement close et le bouchon percé pour donner issue aux
gaz qui déposaient d’abord leur eau dans une boîte en fonte, et se ren-
daient de cette boîte sous une grande cloche en zinc ou gazomètre.
» Les choses ainsi disposées, j'ai rempli le tuyau dans toute sa lon-
gueur de bon charbon de bois : il y avait donc 20 pouces (0",542) de
ce charbon portés au rouge-blanc, et 10 à 12 pouces (0,271 à 0,325)
qui étaient plus ou moins fortement chauffés.
» Le poids du charbon était de 7625,5. L'eau introduite avait un
écoulement constant et toujours uniforme. Son poids était de 3“",500.
» L'opération a duré 4 heures 40 minutes. Il y a eu moins d’un pied
(179)
cube (30 à 34 litres de gaz produit, et seulement 62,5 de charbon ont
disparu.
» Les 700 grammes restants ont été remis dans le tuyau de fonte, et
dans l’espace de 6 heures 4o minutes on a fait passer sur le charbon,
porté au rouge-blanc, 5 kilogrammes d’eau qui se sont écoulés d’une ma-
nière toujours uniforme.
» Le volume de gaz produit n'était pas tout-à-fait de 2 pieds cubes
(6o à 65 litres), et le poids du charbon restant était de 600 grammes.
» Le gaz produit, qui était en quantité infiniment petite, si l’on a égard
au poids du charbon et de l’eau employés , ainsi qu’à la durée des opé-
rations , n'a point été essayé; d’abord, parce que l’air qui était dans mon
appareil, et dont le contenu était de plus de 4 pieds cubes (140 à 15olitres),
était en trop grande quantité par rapport au gaz obtenu, et, en second
lieu, parce que le charbon renferme toujours des corps gazeux, et qu'on
ne pouvait pas savoir pour quelle quantité ces gaz entraient dans le pro-
duit obtenu. Enfin, on conçoit que l'effet de la vapeur d’eau sur la fonte
fortement chauffée est d’oxider la surface du tuyau, ce qui donne naissance
à l'hydrogène; puis le charbon, à ses points de contact, réduit les oxides et
donne naissance à de l'oxide de carbone; et ainsi une réaction contraire
se continue indéterminément pour produire de l'hydrogène ou de l’oxide
de carbone.
» La durée des deux opérations a été de 11 heures 20 minutes.
» Si l’on veut bien discuter avec soin toutes ces causes, on reconnaîtra
que la petite quantité de gaz obtenue ne provenait aucunement de l’ac-
tion de l’eau sur le charbon incandescent, et que, par conséquent, le
charbon ne décompose point l’eau , ainsi que nous le trouvons mentionné
dans tous les traités de chimie, du moins cette décomposition ne s’opère
pas dans la circonstance que je viens de rapporter et qui est précisément
celle qu'ils mentionnent; mais j'ai reconnu qu’elle peut s’effectuer dans
d’autres circonstances données.
» J'ai fondé sur les faits qu’elles m'ont présentés et sur des considéra-
tions d’une autre nature, des modifications importantes dans la fabrica-
tion des gaz d'éclairage; mais ces procédés ne m’appartenant plus, je ne
puis par cette raison les indiquer ici. Tout ce que je puis dire, c’est que
je diminue de plus de 25 pour 100 le revient du gaz provenant de la
distillation de la houille, et de 5o pour 100 le revient du gaz de résine;
car je supprime plus de la moitié des fourneaux, des cornues, et par
conséquent l’économie sur le combustible et sur la main-d'œuvre se fait
24.
( 180)
dans le même rapport. Enfin, j'ajouterai que le gaz produit par mes
procédés a tout le pouvoir éclairant d'un bon gaz, et l'on sait que la
quantité n’est rien, ou du moins nest qu'une bien fausse donnée, si l'on
n’a pas égard à l'intensité de la lumière qui est produite pendant la com-
bustion. »
Plusieurs membres font des remarques sur le contenu de la Note de
M. Longchamp.
M. Gay-Lussac observe que si l'écoulement de vapeur a été très ra-
pide, les charbons intérieurs ont pu être suffisamment refroidis pour qu’il
n'y ait pas eu de décomposition.
D’autres pensent qu'avant de rien statuer sur le résultat annoncé par
M. Longchamp, il serait nécessaire et d’analyser les gaz permanents que
l'expérience fournit et de la répéter avec un tube de porcelaine.
M. Warpen adresse quelques détails sur divers événements récents,
relatifs à l'Amérique, savoir :
1°. À un tremblement de terre qui s’est fait sentir les 18 et 19 octobre
dernier à Acapulco, et a, dit-on, détruit presque complétement cette ville.
2°. À la découverte qu’on vient de faire dans la province de Truxillo
(Pérou), d'une ville ensevelie sous terre, probablement à la suite d’une
grande éruption volcanique. Les gens du pays n’ont pas conservé la mé-
moire de cet événement, qui semble remonter à une époque assez voisine
de l'établissement des Espagnols dans lé pays: la catastrophe paraît avoir
été soudaine et avoir surpris les habitants au milieu de leurs occupations
habituelles.
3°. A l'existence d’un gissement considérable de marbre blanc statuaire
découvert par M. Featherstonhaugh, dans une chaîne de montagnes du
pays des Cherokees; jusqu'à présent on n'avait trouvé ce marbre aux
États-Unis, qu’en couches trop minces pour qu’on püût l’employer dans
les arts.
4°. À l'état où se trouvaient à la fin de l’année, les travaux entrepris
pour la construction du canal qui doit unir l'Océan Atlantique à l'Océan
Pacifique. Le choléra qui à fait de très grands ravages dans la province
de Nicaragua, a causé,momentanément l'interruption des travaux.
M. DE Paravey écrit qu'une fable rabbinique consignée dans l'ouvrage
de Basnage , et où il est parlé du Samir vermisseau , qui polissait sans
( 181 )
bruit les pierres du temple de Jérusalem, lorsque Salomon le fit cons-
truire, semble trouver son explication dans la connaissance qu'auraient
eue les anciens du fait observé par M. Ehrenberg ; savoir, que certains tri-
polis se composent presque entièrement de carapaces siliceuses d’infusoires.
A quatre heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures. A.
( 182 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences, n° 5, 1° semestre 1838, in-4°.
Éloge historique de Joseph Fourier, par M. Araco, secrétaire perpé-
tuel ; ue à la séance publique du 18 novembre 1833, in-4°.
Notions synthétiques , historiques et physiologiques de philosophie na-
turelle; par M. Gsorrroy Saivr-Hicaine , in-6.
Voyage métallurgique en Angleterre, et recueil de Mémoires; par
MM. Dorrévoy, Êure De Beaumonr, Coste et Perponner, 2° édition,
tome 1° in-8°, avec un atlas de planches in-fol.
Recherches administratives, statistiques et morales sur les enfants-
trouvés; par M. l'abbé Garrrarb, Paris, 1837, in-8°. (Cet ouvrage est
adressé pour le concours de Statistique.)
Traité de l’'Ophthalmie , la Cataracte et l'Amaurose; par M. Sicuet ,
un vol. in-8°, Paris. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon,
Médecine et Chirurgie.)
Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris ; tome 21, 123
livraisons in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département
de la Charente ; tome 19, n° 5, septembre et octobre 1837, in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France ; tome 9, feuilles 1—5,
in-6°.
Société havraise d'études diverses. ... Résumé analytique des travaux
de la 2° année; par M. Pourain, secrétaire , in-8°.
Statistique minéralogique du département du Rhône; par M. Pariset ,
Lyon, in-8°.
Pi industriel, manufacturier et commercial ; 2° série, n° 48, dé-
cembre 1837, in-8°.
Société royale et centrale d'Agriculture. — Bulletin des séances,
Compte rendu mensuel; par M. Sourance Bonix, juillet — décembre 1837,
in-8°.
Société industrielle de Mulhouse.... Rapport fait au nom du comité
de Mécanique; par M. Émxe Koscnuw; dans la séance de la Société du
(183)
25 janvier 1857, sur les plaques fusibles et les soupapes de sûreté des chau-
dières à vapeur, Mulhouse, 1837, in-8°.
Quelques réflexions critiques sur l'éducation et sur l’enseignement mé-
dical à l'occasion de l'École auxiliaire et progressive de M. Sanson ( Ex-
trait du Journal des Connaissances médicales), in-8°.
Séance publique de la Société Linnéenne de Normandie ; tenue à Hon-
Jleur, le 28 juin 1837, Caen ; in-8°.
Actes de la Société Helvétique des Sciences naturelles ; 22° session,
1837, in-8°.
Astronomische... Vouvelles astronomiques de M. Scaumacæer, n° 344.
Bericht Ueber.... Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences
de Berlin, et destinés à la publication, pendant les mois de novembre et
décembre 1837, in-8°.
Ueber den.... Sur les résultats des autopsies cadavériques duns les cas
de Choléra oriental; par M. Paorssus, Berlin, in-8°. (Cet ouvrage est
adressé pour le concours Montyon , Médecine et Chirurgie.)
Sulle formole.... Sur les formules à employer dans les calculs géodé-
siques pour la réduction des angles à l'horizon de la station; par
M. F. Awante , Naples ; in-4°.
Journal dé Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4,
n° 2, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 5, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome ‘12, n°% 13—15, in-4°.
La Phrénologie ; tome 1°, n° 30, in-4°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales; février 1838, in-8°.
La Ruche, journal d’études familières ; 2° année , n° 15, in-8°.
L'Expérience , journal de Médecine , n° 18, in-8°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 306, in-4°.
Voyage en Crimée, au Caucase, en Géorgie et en Arménie fait de
1831 à 1835; par M. Dusors ne Moxrréreux , prospectus in-8°.
)
( 184
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 FEVRIER 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREIL..
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
mme. — Vote sur la formule rationnelle de l'acide hippurique ; par
M. Perouzr.
« Quand on traite par l'acide hydro-chlorique de l’eau distillée d'a-
mandes amères ou un mélange d’hydrure de benzoile et d’acide hydro-cya-
nique, on obtient un acide fort remarquable, dont l'existence a été
signalée par M. Winckler, et sur lequel M. Liebig a attiré l'attention de
tous les chimistes.
» La composition de cet acide, ses réactions, son mode même de pré-
paration, démontrent jusqu'à l'évidence qu'il est formé d’hydrure de
benzoile et d’acide formique. En effet, pour ne parler que de sa formation
par le contact de l'acide hydro-chlorique avec l'eau distillée d'amandes
ameres, on voit que l'acide prussique contenu dans celle-ci est décom-
posé par l'acide hydro-chlorique et l’eau, en sel ammoniac et en acide
formique, qui s’unit alors à l'hydrure de benzoïle, pour constituer l'acide
formo-benzoilique. Cette explication est aussi simple qu’elle est exacte :
l'acide prussique n'étant que mêlé et non combiné avec l'huile. essentielle
C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 7.) 25
(186)
d'amandes améres, se comporte comme s’il était seul dissous dans l’eau,
et j'ai fait voir, en 1831, que plusieurs acides, et particulièrement les acides
hydro-chlorique et sulfurique, le transformaient en ammoniaque et en
acide formique. Mes expériences, à cet égard, ont été confirmées par
M. Sérullas. J'aime à me rappeler que son rapport me valut les prenners
encouragements de l'Académie.
» La formule rationnelle de l'acide formo-benzoilique est donc..
C#H'°0*, H°+C'H°O, c'est-à-dire qu'il est formé dé 1 atome d’hydrure
de benzoïle, et de 1 atome d'acide formique.
» La composition de l'acide hippurique a été donnée, il y a peu d’an-
nées, par M. Liebig, et par MM. Dumas et Péligot. Les analyses de ces
chimistes conduisent toutes à la formule Az C'8H'0OS LL H°O; mais aucune
des expériences qui ont été faites sur la manière dont il convenait d’en-
visager sa constitution, n’a été suivie de succès : aussi n’en parlerai-je
pas. Je me bornerai à rappeler que M. Liebig, lors de la découverte de
l'acide formo-benzoilique, prévit que beaucoup d'acides, au nombre
desquels il plaça l’acide hippurique, pouvaient bien être, comme ce der-
nier, des combinaisons de plusieurs principes immédiats. Bien des années
auparavant, M. Chevreul avait déjà proposé de regarder la stéarine, la
margarine et l’oléine, comme immédiatement formées d’acide gras et de
glycérine. Tous les phénomènes de la saponification s'accordent avec
cette manière de voir, et aujourd’hui aucun chimiste ne doute que des
principes immédiats de nature organique, ne puissent s'unir entre
eux.
» L’acide hippurique appartient à cette classe curieuse de combinaisons;
sa formule brute C'# H'$ Az* O$, peut être décomposée en C'#H®°O:,
H?+C* Az°H° + C'H° 0', qui représente atomes égaux d'huile essentielle
d'amandes amères, d'acide prussique et d’acide formique. La simplicité de
ces rapports, et l'existence déjà connue de plusieurs combinaisons de
l’'hydrure de benzoïle avec des acides, me firent pressentir que c'était là,
en effet, la véritable formule rationnelle de l'acide hippurique, et bientôt
l'expérience est venue confirmer, de la manière la plus heureuse, une
déduction d’abord purement théorique.
» Quand on fait bouillir une dissolution d'acide hippurique avec du
peroxide de manganëse et de l'acide sulfurique très étendu d’eau, il se
produit un dégagement considérable d’acide carbonique, et la liqueur fil-
trée laisse déposer, en se refroidissant, une abondante cristallisation d'acide
benzoïque pur; elle retient en dissolution du sulfate d’ammoniaque.
(187)
» Cette réaction remarquable s'explique avec une grande facilité, et
voici comment :
» T’acide hydro-cyanique qui existe tout formé dans l'acide hippurique,
donne avec de l'acide sulfurique étendu, du sulfate d’ammoniaque qui
reste dans les liqueurs, et de l'acide formique; mais ce dernier, décomposé
par l’excès d’oxigène du peroxide de manganèse, se change en eau et en
acide carbonique : de là le dégagement de ce gaz, dégagement qui a deux
sources , l'acide formique produit aux dépens de l’eau et de l'acide hydro-
cyanique , et l'acide formique préexistant dans l'acide hippurique.
» Quant à l’hydrure de benzoiïle, il est également oxidé par le peroxide
de manganèse, et converti tout entier en acide benzoïque. Ce dernier est
à l’état de liberté dans la liqueur, parce qu'il s’y trouve en même temps de
l'acide sulfurique qui lui enlève le protoxide de manganèse; et comme
il est très peu soluble à froid, il se dépose presque entièrement par le
refroidissement de la liqueur.
» L’acide hippurique est donc un acide composé, tout-à-fait de l’ordre
de l'acide formo-benzoilique. L'expérience que je viens de citer le dé-
montre ; toutes les propriétés que l’on connaît à cet acide s'expliquent
avec simplicité en le considérant comme je le fais.
» J'aurai l'honneur de communiquer prochainement à l’Académie d’au-
tres résultats sur cet acide. Je me borne quant à présent à ajouter que la
production de l'acide benzoïque par la méthode que j'ai indiquée est si
abondante et si facile que le procédé le meilleur, et peut-être un des plus
économiques pour préparer l'acide benzoïque pur, consiste à évaporer
l'urine de cheval, à en extraire l'acide hippurique brut et à le traiter par
un mélange d’eau , d'acide sulfurique et de peroxide de manganèse. »
oume. — Recherches sur les produits de la décomposition du cyanogène
dans l'eau (1); par MM. Perouze et RicHaRDsoN.
« La chimie ne possède jusqu'ici que des notions fort incomplètes sur
l'altération qu’éprouve une dissolution aqueuse de cyanogène abandonnée
à elle-même sous l'influence de la lumière.
» M. Vauquelin qui s’est occupé de ce sujet, en 1818, a fait connaître
(1) Cette note est la première partie d’un travail que nous avons entrepris sur l’alté-
ration de plusieurs matières azotées soumises à l’action de l’eau et de la chaleur, et sur
l'état de l’azote dans les charbons d’origine animale.
25..
( 188 )
qu'outre de l'ammoniaque et une substance noire particulière, il se for-
mait, par la réaction du cyanogène sur les éléments de l'eau, trois acides
distinets, de l'acide carbonique, de l'acide hydro-cyanique, et un acide
nouveau qu'il considérait comme formé de cyanogène et d’oxigène.
» L'opinion de M. Vauquelin sur la nature de cette dernière substance
était uniquement fondée sur des vues théoriques, car il n'avait point
isolé son nouvel acide ni étudié aucune de ses combinaisons.
» Les expériences que nous allons rapporter nous autorisent à dire que
M. Vauquelin s'était trompé en annonçant la formation de l'acide cyanique
par la décomposition du cyanogène dans l’eau , et que la matière qu'il avait
considérée comme du cyanate d'’ammoniaque était un mélange d'urée et
d’oxalate d’ammoniaque.
» Une dissolution de cyanogène dans l’eau, préparée à la maniere or-
dinaire , a été exposée à l’action de la lumière, jusqu'à ce que l'odeur de
cyanogène ait disparu. La nouvelle liqueur avait une odeur forte d'acide
hydro-cyanique; sa couleur était légèrement jaunâtre, sa réaction neutre.
Une substance noire, floconneuse, légère , s'était rassemblée à sa partie
inférieure. Elle fut recueillie sur un filtre et débarrassée par l’eau distillée
de toutes les matières étrangères solubles. Après cette purification , elle
était peu soluble dans l’eau et dans l’alcool, insoluble dans l’éther , soluble
au contraire dans l’acide acétique et dans les alcalis caustiques, et sus-
ceptible de former avec les bases de véritables sels.
» La petite quantité sur laquelle il nous a été possible d'opérer ne nous
a pas permis de la soumettre à des essais aussi rigoureux et aussi multi-
pliés que nous l’eussions désiré. Cependant, d’après l’analyse de sa com-
binaison avec l'oxide d’argent , nous avons lieu de croire que sa véritable
composition doit être exprimée par la formule
Az C* HS Of,
» Une partie de la liqueur fut soumise à l’ébullition, et la vapeur qui
s'en dégageait conduite dans de l’eau de chaux. Il s’y forma un précipité
abondant de carbonate calcaire qui ne laissa aucun doute sur la for-
mation de l'acide carbonique pendant la décomposition du cyanogène
dans l’eau.
» Le reste de la liqueur donna lieu , pendant sa concentration, à un
dégagement trés sensible d’ammoniaque et d’acide hydro-cyanique.
» Le résidu desséché avait une teinte jaune peu prononcée, une saveur
salée et piquante. Mis en contact avec l'alcool, il s'est divisé en parties à
( 189 )
peu près égales. La partie soluble dans ce liquide offrait tous les carac-
tères de l’urée.
» Le résidu , insoluble dans l'alcool , était de l’oxalate d'ammoniaque.
» L'analyse de ces deux substances et l'examen minutieux de leurs pro-
priétés n’ont laissé dans notre esprit aucune espèce de doute sur leur
production dans la décomposition spontanée du cyanogène dissous dans
l'eau. Si M. Vauquelin avait poursuivi l'examen qu'il avait commencé des
produits de cette réaction, peut-être aurait-il fait le premier l’admirable
découverte que M. Wôbler fit quinze années plus tard, de la production
artificielle d’une matière animale; mais le peu de substance qu'il avait à
sa disposition ne lui permit pas d’analyser complétement un sujet sur
lequel il ne revint jamais par la suite.
» Il est bien curieux de voir une substance d’une composition simple,
comme le cyanogène, une substance que son rôle place dans le système
chimique , non à côté, mais au milieu même des éléments, donner nais-
sance, en réagissant sur l’eau, à tant de produits divers.
» En admettant pour la matière noire la formule Az° C5 HO, nous
pouvons expliquer la décomposition du cyanogène dans l’eau par l'équa-
tion suivante :
r'attd'urée RANHORT 0eme rroA ze MES 107
3 at. d’a. prussique. . . . . . . . . . Azÿ CS Hô
4 at. d’a. carbonique. . . : . . + . . C4 Of
1 at. d’ammoniaque . . . . + . . + . A7° H5
1 at, d'oxalate d’ammoniaque. . . . . Az C H$ Of
1 at. substance noire. , . . . , , . . Az C H° Ot
Az? C2: H# O'8. .
M. Moreau DE Jonnès dépose sur le bureau de l'Académie les détails
numériques des faits statistiques qu'il a communiqués à la dernière
séance, et qui sont relatifs à la comparaison du nombre des crimes et des
peines dans la Grande-Bretagne et en France.
( 190 )
RAPPORTS.
zooLoGe. — Rapport sur un Mémoire de M. Azcipe D'Orricny, intitulé :
Sur la distribution géographique des oiseaux passereaux dans l'Améri-
que méridionale.
(Commissaires, MM. Duméril, {sidore Geoffroy rapporteur. )
» L'auteur de ce mémoire, au retour du voyage de sept années qu’il a fait
comme envoyé du Muséum d’histoire naturelle dans le Brésil, dans les répu-
bliques de l’'Uruguay, de Buenos -Ayres, du Chili, du Pérou, de Bolivia et
dans la Patagonie, s’est empressé de soumettre à l’Académie les résultats de
ses recherches, et de demander qu'ils devinssent l’objet d’un examen spé-
cial. Une Commission, composée de MM. Cordier, de Blainville, Savary,
Adolphe Brongniart et de votre rapporteur, fut en effet nommée, et bien-
tôt après, en avril 1834, après avoir entendu quatre rapports successifs ,
l’Académie exprima sa haute satisfaction (nous citons les termes mêmes des
conclusions adoptées par elle) pour le nombre et l’importance des maté-
riaux et des observations rapportées par M. d'Orbigny; et elle émit le vœu,
presque aussitôt entendu par M. le Ministre de l’Instruction publique, que
des mesures fussent prises pour encourager et faciliter la publication de ces
résultats.
» Le mémoire dont M. Duméril et moi avons aujourd’hui à rendre
compte, est un chapitre détaché de l'ouvrage général dont la publication
a été ainsi demandée par l’Académie, et qui est présentement parvenu à sa
trentième livraison. M. Alcide d'Orbigny, après avoir traité des oiseaux de
proie, et, avant d'entrer dans les détails descriptifs qu’il doit donner sur les
nombreux passereaux collectés par lui, a cru devoir présenter sur leur dis-
tribution géographique, quelques considérations générales qu’il a jugées,
et que nous jugeons avec lui, dignes de fixer l'attention de l'Académie.
Tel est le sujet de son mémoire, dans lequel se trouvent comparées, sous
divers points de vue, près de {oo espèces de passereaux, recueillies par
M. d'Orbigny, sur le continent américain , depuis le 11° jusqu’au 43° de-
gré de latitude australe.
» Le mémoire de M. d'Orbigny ayant été lu dans son entier à l’Acadé-
mie, et ayant été, en outre, analysé dans les Comptes rendus hebdoma-
daires (1), nous nous dispenserons de suivre l’auteur dans toutes les remar-
(1) Année 1837, 2° semestre , page 496.
(191)
ques qu'il présente sur les passereaux américains; mais nous indiquerons
avec soin sous quels rapports divers il les Compare successivement, et à
quels résultats il est conduit par ses comparaisons.
» M. d’Orbigny commence par diviser la portion de l'Amérique méridio-
nale qu'il a visitée, d’une Part, en rois zones de latitude, et de l'autre, en
trois zones d'élévation au-dessus du niveau de la mer, entre l'équateur et
le tropique du Capricorne. Des trois zones de latitude, la première s'étend
du 15° au 98° degré; la seconde, du 28° au 34°, et la troisième , du 34° au
43° degré. Les trois zones d'élévation comprennent, la premiére, les ré-
gions dont l'élévation varie entre o: et 1700-mètres au-dessus du niveau de
la mer; la seconde, celles qui se trouvent entre 1700 et 3700 mètres, et
la troisième, celles dont l'élévation excède 3700 mètres: Selon M. d'Orbi-
sny, ces trois zones de latitude et ces trois zones d’élévation offriraient
entre elles une très grande analogie relativement à leurs productions; ce
que M. d'Orbigny avait déjà énoncé dans la septième livraison de son ou-
vrage, et essayé d'établir à l'égard des oiseaux. de proie.
» Nous n’avons à émettre ici aucune Opinion sur l’analogie générale et
pour ainsi dire sur le parallélisme que M. d'Orbigny signale entre ses trois
zones de latitude et ses trois zones d’élévation. Les idées de M. d'Orbigny
sur ce sujet échappent doublement à notre examen »et comme livrées déjà
à la publicité, et comme trop incomplétement connues pour qu'il soit
possible de les apprécier présentement : l’auteur, en effet, n’a point en-
core exposé d’après quels principes ou quels faits il a déterminé les limites
de ses diverses zones, mais simplement indiqué ces limites, et presque dans
les mêmes termes que nous venons aussi d'employer. Nous ne pouvons donc
ici que suivre M. d'Orbigny dans la comparaison des passereaux compris
dans ces zones, sans décider si la délimitation de celles-ci est exempte ou
non de tout arbitraire.
» Le résultat général de la Comparaison des passereaux des: trois zones
de latitude est la décroissance du nombre de leurs espèces, de la première
à la seconde, .de la seconde à la troisième. Selon M. d'Orbigny, la première
zone: possède 240 espèces; la seconde, 72; la troisième, 37 seulement ;
nombres qui sont presque exactement entre eux comme 62,2 et 1.
» De même, il y a décroissance numérique de la première zone d’éléva-
tion à la seconde, et de celle-ci à la troisième. Les nombres que M. d'Or-
bigny a trouvés sont, au 15° degré de latitude sud, 83, 60 et 22 especes;
nombres qui sont à peu prés entre eux comme 4, 3 et 1.
» Le nombre des espèces de Passereaux diminue donc, mais non sui--
( 192 )
vant les mêmes rapports, de la zone torride vers les régions glaciales, et
sans franchir les limites de la zone torride, du niveau de la mer aux par-
ties élevées des montagnes; résultat que la théorie indiquait à l'avance,
mais qui se trouve ici établi, par M. d'Orbigny, pour l'Amérique australe,
avec plus de précision qu'on ne lavait encore fait. L’autenr en tire un
premier argument en faveur de l’analogie de ses zones de latitude et d’é-
lévation, qu’il confirme ensuite par un fait beaucoup plus remarquable :
l'existence d'un grand nombre d'espèces communes, soit à la seconde zone
de latitude et à la seconde zone d’élévation vers le 15° degré, soit, de
même , aux troisièmes zones de latitude et d’élévation. Ainsi, sur les 60 es-
pèces de la seconde zone d’élévation, il en est, d’après M. d’Orbigny, jus-
qu'à 29, ou presque exactement la moitié, qui se retrouvent dans les
plaines de la seconde zone de latitude. De même, 8 des 22 espèces de la
troisième zone d’élévation, ou plus du tiers, habitent en même temps les
plaines de la troisième zone de latitude.
» Ce dernier résultat tend, comme on le voit, à assimiler en partie ,
quant à leur population ornithologique, la Patagonie aux plateaux élevés
des Andes, éloignés d’elle de plus de /0o lieues, et à fournir de pré-
cieuses données pour la détermination de l'influence qu’exerce la tempé-
rature sur la distribution géographique des animaux. Cette partie du mé-
moire de M. d'Orbigny offre donc pour la science un intérêt réel; cet
intérêt toutefois serait beaucoup plus grand, si l’auteur, qui écrit un ou-
vrage, et non un mémoire spécial, n’eût réservé pour les chapitres sui-
vants la discussion détaillée des preuves qu’il possède, et si la démonstra-
tration ne restait ainsi, pour le présent, tres incomplète.
‘» Dans une seconde partie de son mémoire, M. d'Orbigny donne des
faits d’un genre précisément inverse des précédents, et dont la citation,
à leur suite, était indispensable pour prévenir les conséquences exagérées
qu’en auraient pu déduire des esprits trop portés à la généralisation.
Après avoir, sinon rigoureusement prouvé, au moins rendu vraisemblable
et promis de prouver par la suite que la distribution géographique d’un
grand nombre d’espèces est principalement déterminée par la tempéra-
ture, et suit plus ou moins exactement les lignes isothermes, M. d'Orbi-
guy montre, et ici il prouve complétement ce qu'il avance, que la distri-
bution d’un certain nombre d’autres passereaux est au contraire réglée
presque uniquement par la disposition topographique des diverses régions
où ils se trouvent répandus. Ainsi, telle espèce habite également toutes les
plaines inondées, telle autre, tous les pays couverts de buissons, depuis la
(193)
Patagonie jusqu’à la zone torride; telle autre encore, tous les terrains secs
et arides, depuis les sommets des Andes jusque dans les plaines au niveau
de la mer. Nous aurions désiré trouver ici, sur les téguments de ces divers
passereaux, que M. d’Orbigny signale comme indifférents à la tempéra-
ture, quelques remarques qu'il se réserve sans doute de donner dans la
suite de son ouvrage. En effet, que ces téguments offrent ou non quel-
ques conditions particulières, le résultat d’un examen comparatif et
approfondi à cet égard ne saurait manquer de fournir à la science une
notion intéressante.
» L'auteur se livre ensuite à d’autres comparaisons dont les résultats
principaux, réduits à leur expression la plus simple, sont : l'existence d'un
petit nombre d’espèces soit communes aux deux versants des Andes, soit
propres au versant occidental; celle d’un nombre très grand, au contraire,
d’espèces propres au versant oriental; la multiplicité des passereaux insec-
tivores en Amérique, comparativement à ce qui a lieu en Europe; la dis-
tinction des passereaux américains , d’après leur Aabitat, en cinq groupes,
ainsi dénommés, les buissonniers (219 espèces), les forestiers (125), les
oiseaux des plaines (26), ceux des marais (14), et ceux des rochers ou
des maisons (11); enfin l'existence, en Amérique, d’un grand nombre
d'espèces, 129 sur 395 émigrant, soit régulièrement, soit irrégulièrement,
dans des directions et à des époques diverses. Sans doute il s'en faut de
beaucoup que ces divers résultats soient tous nouveaux pour la science;
quelques-uns même sont généralement connus et presque vulgaires; mais
il n’est aucun d’entre eux que M. d'Orbigny n'ait vérifié par un nombre
d'observations bien supérieur à celui que possédaient ses devanciers, et
dont il n’ait rendu à la fois la vérité plus certaine et l'expression plus précise.
» Le mémoire de M. d'Orbigny, ou plutôt le chapitre qu'il a détaché de
son ouvrage pour le soumettre à l'Académie, offre le résumé général
d’une multitude d'observations, les unes nouvelles et dues à l’auteur, les
autres déjà faites antérieurement, mais soumises par lui à une utile révi-
sion. De ces observations sont déduites des conséquences dont quelques-
unes seront d'un très grand intérêt pour la zoologie générale et la géo-
graphie zoologique, lorsque l’auteur, en complétant leur démonstration
dans les chapitres ultérieurs de son ouvrage, les élèvera du rang
d’apercus ingénieux à celui de vérités positives. En engageant M. d'Or-
bigny, en raison même de l'importance .des résultats obtenus par lui, à ne
rien négliger pour les mettre entièrement hors de doute, vos commissaires
émettent aussi le vœu qu'il complète sa comparaison générale des passe-
CR. 1938, 1er Semestre. (T. VI, N° 7.) 26
( 194 )
reaux américains par la recherche des rapports qui peuvent exister entre
leurs différences de taille et de coloration, et les différences, soit de leur
régime diététique, soit surtout de la disposition topographique et de la
température des lieux qu’ils habitent. La possession d’un si grand nombre
d'espèces, recueillies et observées par lui-même dans des régions si variées,
met M. d'Orbigny, plus que personne peut-être, à même de résoudre ces
questions, liées intimement à celles qu'il vient de traiter, et non moins
importantes pour la zoologie générale. Enfin l'intérêt des résultats que
M. d'Orbigny a su déduire de la comparaison des passereaux américains,
doit faire désirer aussi qu'il soumette par la suite à de semblables recher-
ches, non-seulement tous les autres ordres d'oiseaux, mais aussi toutes
celles des classes du règne animal qui ont en Amérique de nombreux re-
présentants.
» Nous proposons à l'Académie d'encourager M. d’Orbigny à continuer
et À étendre ainsi des recherches dont les résultats ont été déjà et doivent
devenir de plus en plus profitables à la géographie zoologique.
» Vos commissaires vous eussent en outre demandé l'insertion du mé-
moire de M. d'Orbigny dans le Recueil des Savans étrangers, s'il ne de-
vait faire partie de l’une des prochaines livraisons de l'ouvrage général que
l'auteur publie en ce moment sur l'Amérique méridionale. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
MÉDECINE. — Extrait d'un rapport verbal sur l'ouvrage intitulé : Compen-
dium de médecine pratique; par MM. pe LaBerce et Monnrrer.
(Commissaire, M. Breschet. )
« Le COMPENDIUM DE MÉDECINE PRATIQUE de MM. de Laberge et Mon-
neret est un exposé de nos connaissances actuelles sur toutes les affections
qui forment le domaine de la Pathologie interne. Cet ouvrage ne renferme
que des articles sur la médecine proprement dite; les auteurs ont suivi
dans l'exposition du sujet l’ordre alphabétique , et sous ce rapport leur
Compendium est un véritable dictionnaire raisonné , théorique et pratique
de médecine, dans lequel on trouve sur chaque maladie une petite mo-
nographie qui donne l’histoire de la science jusqu’à l’époque présente.
» Les diverses monographies et même les traités généraux de médecine ,
très souvent composés par les hommesles plus distingués et qui concourent
plus ou moins à l'avancement de la science, sont des monuments qui
marquent ses progrès, mais presque toujours ils sont l'expression de la
( 195 )
pensée dominante et parfois exclusive de leur auteur, et n'apprennent
pas suffisamment quelles sont les opinions dissidentes, et même les doc-
trines qui marchent concurremment avec les principes professés dans
l'ouvrage. Les auteurs du Compendium, au contraire; ont voulu faire
un tableau comparatif, un véritable parallèle des opinions des diverses
écoles, puisque aujourd’hui l'unité de principes n'existe pas encore en
médecine.
» MM. de Laberge et Monneret ont pensé avec raison qu'il ne suffisait
pas de tracer l'histoire de la science et toutes ses révolutions, mais en-
- core qu'il importait d'examiner les doctrines, de signaler les lacunes, de
discuter les points obscurs, litigieux, enfin d'appeler l’attention sur les
parties les moins étudiées et par conséquent les moins connues.
» Nous appelerons aussi l'attention sur la méthode sévère qui a été obser-
vée par les deux auteurs, qui ont mis tous leurs soins à réunir l’ordre et la
précision, à la clarté et à la concision. En tête de chaque article se présente
la synonymie, l’'étymologie, la définition de la maladie ; puis vient lexpo-
sition de ses causes, de la marche de ses symptômes et de ses terminaisons.
» Un complément de chaque description est relatif aux phénomènes
consécutifs des maladies, à la convalescence , aux rechutes, aux réci-
dives, etc., ce qu'on ne trouve pas toujours dans les meilleurs traités de
médecine. ;
» Enfin les auteurs du Compendium, sentant tous les avantages que
l’on peut retirer de l'historique et de la bibliographie, leur ont consacré, à
la fin de chaque article, un paragraphe spécial. En réunissant ainsi l’histo-
rique et la bibliographie , ils ont donné de l'intérêt à une exposition dont
l’aridité aurait repoussé le lecteur ; ils font connaître l'esprit qui a présidé
à la composition de chaque ouvrage important, et l'influence qu’il a eue
sur les progrès de la science.
» La partie de l'ouvrage qui est consacrée à l’histoire du traitement est
une des plus complètes et des mieux traitées.
» Nous terminerons ce rapport en indiquant sommairement quelques-
uns des articles qui nous paraissent avoir été composés avec le plus de soin
et d'originalité : l’'anémie, le diagnostic des anévrismes , et particulière-
ment des anévrismes de l'aorte, sont exposés avec tout le développement
désirable et avec une perfection qu'on ne rencontre pas dans la plupart
des traités spéciaux. Nous en dirons autant de l’article Angine et sur-
tout de celui qui est consacré à l’apoplexie , à l'hydropisie et particulière-
ment à l'ascite.
26.
( 196 )
» Les auteurs du Compendium ont exploité avec fruit tous les travaux
importants que les modernes ont publiés sur les maladies des vaisseaux et
principalement sur les artères.
» L'artérite signalée par les anciens, mais fort mal connue, n’a été bien
jugée que dans ces derniers temps. Enfin un des points sur lesquels la
médecine moderne, et surtout la médecine française, a fait le plus de dé-
couvertes, le diagnostic des maladies, éclairé par la connaissance plus
exacte et plus rigoureuse de l'anatomie pathologique et par l'emploi de
nouveaux moyens d'investigation , par exemple l’auscultation , a été ex-
posé de la manière la plus complète et la plus lucide par les auteurs du
Compendium.
» Nous n'hésitons pas à affirmer que si cet ouvrage est conduit avec le
même soin jusqu’à sa terminaison, il pourra à la fois instruire l'étudiant
par l'exactitude et la clarté des descriptions, et le praticien par l'exposé et
la discussion judicieuse des diverses méthodes thérapeutiques. »
ÉCONOMIE RURALE. — Extrait d'un rapport verbal sur la traduction italienne
faite par M. Bovarous, de l'ouvrage de M.S. Joex, traduit du chinois,
et ayant pour objet l'éducation des vers à soie.
(Commissaire, M. Silvestre. )
« L'ouvrage sur les vers à soie, que M. Stanislas Julien à récemment
traduit du chinois, et qui a été publié ici par le Gouvernement, avait
inspiré en France beaucoup d'intérêt, et avait obtenu une grande pu-
blicité. M. Bonafous, pour qui l'éducation des vers à soie a toujours été
une occupation principale, et qui était au courant de tout ce que la
théorie et la pratique ont pu apprendre à cet égard, a voulu reproduire
cet ouvrage dans la langue de ses concitoyens, et l’a enrichi des notes
importantes, que ses réflexions et sa pratique éclairée lui ont fournies.
Ces notes ont principalement pour objet de mettre en garde contre quel-
ques préjugés énoncés par les auteurs chinois, et de ramener à la meil-
leure direction, des procédés divers pratiqués dans différentes parties de
la Chine, pour la même opération, et parmi lesquels ils n’ont point fait
connaître ceux qui devaient être préférés. Il serait utile que ces notes de
M. Bonafous fussent traduites par lui en français, et qu’elles pussent être
annexées à une nouvelle édition de l'ouvrage de M. Stanislas Julien. »
M. Sivesrre fait encore un rapport verbal sur un ouvrage ayant pour
(197 )
titre : Manuel de l'étranger aux eaux d'Aix en Savoie, par M. C. Despine
fils.
« Tout ce qui pouvait être dit relativement à la composition chi-
mique et aux effets médicaux des eaux d'Aix, à la topographie du pays,
aux vestiges encore existants des monuments dont il a été décoré, à son
histoire ancienne et moderne, enfin , à la géologie, à la botanique et à la
zoologie du canton, se trouvant exposé dans un grand nombre de livres,
M. Despine n’avait pas besoin de traiter à fond de nouveau ces diverses
questions, et il n’en a pas eu la pensée. Ce qu'il s’est proposé seulement,
c’est de recueillir snr chaque partie les résultats généraux, et de fournir
sous un petit volume au voyageur qui désire explorer le pays, et au
malade qui veut y prendre les eaux thermales, des notions préalables
de tout ce qu'ils pourraient y trouver d’intéressant, d’agréable et de salu-
taire. Considéré sous ce point de vue, l'ouvrage paraît remplir convena-
blement l’objet auquel il est destiné, et l’auteur mérite d’être remercié
de l'hommage qu’il en a fait à l'Académie. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
BOTANIQUE. — Des organes mâles du genre Targionia, découverts sur une
espèce nouvelle du Chili; par M. MonTaGne.
(Commissaires, MM. de Mirbel, Ad. Brongniart.)
« Un nouvel organe que j'ai rencontré dans le genre Targionia me pa-
raît, dit M. Montagne, être analogue aux disques anthéridifères des Mar-
chantiées, en ce qu'il contient, comme eux, certaines utricules qui dans
ces plantes ont été assimilées, sous le rapport de leurs fonctions du moins,
aux anthères ou organes fécondants des végétaux d’un ordre supérieur.
» Si l’on ouvre, poursuit l’auteur, les traités les plus récents sur la fa-
mille des Hépatiques, on y verra que les auteurs s'accordent tous à re-
garder comme absolument inconnus les organes mâles de la tribu des
Targioniées.
» Je partageais moi-même cette opinion lorsque, venant à étudier une
nouvelle espèce de ce genre, originaire du Chili, je fus singulièrement
frappé de la présence de plusieurs appendices situés sur les bords de cette
plante, et que je n’avais jamais vus dans l’espèce européenne. Ces appen-
dices partent de la nervure très saillante dans le Targionia chilien, et
sont assez semblables par leur forme à ce qu'on nomme une corne
(198 )
d’abondance. Recouverts de squammes violettes imbriquées, ils se termi-
nent supérieurement par une surface plane, orbiculaire, en forme de dis-
que, parsemée de petites verrues percées au sommet.
» Une tranche verticale de ce disque soumise au microscope, montre
des espèces d’utricules ellipsoides ou irrégulièrement sphériques, nichées
dans le parenchyme cellulaire à tissu lâche dont est formé le centre des
appendices. Ces utricules, bordées d’un limbe transparent, en renferment
d’autres d’une couleur verdâtre, nageant dans un liquide mucilagineux
blanchätre, et dont le nombre varie de 4 à 14. C’est la description de ces
organes qui fait l’objet de mon Mémoire.
» Mais pour convaincre qu'il existe entre ceux-ci et les disques anthé-
ridifères des Marchantiées et des Ricciées une similitude de structure qui
doit nécessairement en entrainer une dans les fonctions, j'ai dû examiner
et j'examine en effet successivement ces disques dans tous les genres ap-
partenant à ces deux tribus voisines, et je les décris comparativement.
» Bien que, d’après l'opinion généralement admise que les organes
mâles du Targionia sont encore inconnus, j'aie pu un instant me croire
autorisé à m'en considérer comme l'inventeur, je dois à la vérité d’avouer
que la lecture de l’auteur le plus ancien qui ait traité de ces plantes, m'a
mis à méme de constater que le fait, loin d’être nouveau, était connu de-
puis plus d’un siècle : c’est à Micheli qu'il est juste d'attribuer la gloire
d'avoir vu le premier ces organes et de les avoir décrits et figurés dans
son immortel ouvrage intitulé Vova plantarum genera.
» 1l est toutefois probable que si le Targionia bifurca , (N.et M.) ne
m'avait pas offert les organes en question, l'observation du célèbre bo-
taniste toscan serait encore, peut-être pour long-temps, restée ensevelie
dans le profond oubli où elle était plongée.
» Dire que Micheli ne soupçonnait pas la véritable destination des
appendices dont il s'agit, ce n'est point atténuer le mérite de sa décou-
verte; quant à moi, je n’ambitionne ici d'autre gloire que celle de la
Jui restituer. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De l'action exercée par le chlorure de zinc sur
l'alcool, et des produits qui en résultent ; par M. Masson.
(Commissaires, MM. Dumas , Robiquet, Pelouze. )
» J'ai soumis, dit M. Masson, l'alcool à l’action du chlorure de zinc pro-
duit au moyen du zinc et de l’acide chlorhydrique ; j'ai trouvé que la dis-
(199 )
tillation du mélange donne naissance à deux produits, l’éther ordinaire et
l'huile douce, qui résultent de l’action de l'alcool sur l’acide sulfurique
concentré. Je me suis attaché à déterminer avec une précision convenable
les températures correspondantes à ces deux réactions.
» C'est à 130° cent. que l’on voit paraître l’éther ordinaire; il est accom-
pagné de traces d'acide hydro-chlorique et d'alcool en forte proportion.
» À mesure que la température s'élève, la proportion d’eau qui accom-
pagne l’éther augmente.
» Entre 155 et 160°, on voit paraître l'huile douce, qui continue à se
former jusqu’à 220° à peu près. Cette production est liée à célle d’une
quantité d’eau bien supérieure en volume à celle de l'huile.
» La masse de chlorure reste à l’état d’hydrate et mélée d’oxide de
zinc; il se dégage pendant presque toute l'opération de l'acide hydro-
chlorique dont la quantité va toujours croissant.
» L'huile douce n’est pas un corps homogène. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De la nature de la bile; par M. H. Demarçay.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.)
« Cadet et d’autres chimistes ont, dit M. Demarçay, considéré la bile
comme un savon à base de soude; je cherche à prouver que cette opi-
nion, rejetée depuis, est exacte et conforme aux phénomènes que la bile
nous offre en présence des agents chimiques.
» J'ai étudié l’action des acides et des alcalis sur cette substance, sé-
parée par l'alcool de la matière muqueuse, ainsi que les produits de la
décomposition de ses sels.
» Les acides hydro-chlorique, sulfurique et phosphorique faibles, dé-
composent la bile comme les savons ordinaires; ils en séparent un corps
oléagineux , que je considère comme l'acide propre de cette combinaison.
Ce corps, qui est coloré en vert où en brun par le principe colorant de
la bile, a la consistance de l'huile d’olive figée ; il a une saveur très
amère, est très soluble dans lalcool, un peu soluble dans l’eau et inso-
luble dans l’éther ; ses dissolutions rougissent le papier bleu de tournesol,
décomposent les carbonates à froid avec effervescence, neutralisent les
bases, possèdent tous les caractères d’un acide dissous; la substance
qu’elles contiennent est un véritable acide gras, fixe et azoté.
»Les mêmes acides concentrés le décomposent en deux corps, que
M. Gmelin aurait rangés à tort parmi les corps contenus originairement
( 200 )
dans la bile. L'un est solide à la température ordinaire, brun, friable ,
d’une texture uniforme et compacte, d’une saveur amère; il est soluble
dans l'alcool, insoluble dans l’eau et l’éther : c'est un acide gras, fixe,
bien caractérisé, qui ne renferme pas d’azote. L'autre a des réactions par-
faitement neutres , cristallise en beaux prismes hexagonaux , se dissout
facilement dans l’eau, et donne de l’ammoniaque par le traitement avec
la potasse caustique. Il contient tout l'azote de la bile, et correspond par
sa composition atomique , à l’oxalate acide d’ammoniaque.
» Les alcalis caustiques , les oxides métalliques, même doués d’affinités
faibles, décomposent la bile en ammoniaque et en un nouvel acide gras,
fixe, soluble dans l'alcool et l’éther, insoluble dans l’eau, qui ne contient
pas d'azote et cristallise facilement. On obtient les mêmes produits, de
l'ammoniaque et cet acide , si l’on traite par les alcalis caustiques la subs-
tance azotée, isolée par l'acide sulfurique faible.
» Les sels de plomb formés par la réaction des acétates de plomb sur
la bile, donnent, lorsqu'on les décompose par l'hydrogène sulfuré, une
substance acide , que ses caractères physiques ét chimiques, sa composi-
tion et ses décompositions identifient ayec l'acide azoté décrit précé-
demment.
» La partie de la bile qui échappe à l’action des sels de plomb, le pi-
cromel, n’est qu’un mélange de bile privée dé principe colorant et d’a-
cétate de soude; séparée des acides libres qu’elle contient, et ramenée à
l’état neutre, elle a sur les sels métalliques la même réaction que la bile
pure; les acides et les alcalis la décomposent comme cette dernière :
l'analogie est complète. Je suis d’ailleurs parvenu, au moyen du sulfate
de cuivre, à décomposer complétement la bile en sulfate de soude et en
un sel de cuivre qui, traité par l'hydrogène sulfuré, donne le même acide
azoté que les sels de plomb.
» Il est facile, en combinant cet acide à la soude, de former un sel
bien défini, qui possède absolument toutes les propriétés de la bile, offre
les mêmes réactions, laisse par la calcination la méme quantité de base,
donne naissance aux mêmes produits de décomposition, et se comporte
en tout comme elle.
» Tels sont les principaux faits qui m'ont amené à considérer la bile
comme un savon à base de soude, tenant en dissolution des quantités
variables, mais toujours minimes, de quelques autres substances.
» L’acide de la bile, que j'appelle acide choléique , a pour formule
C{ HŸ Az? O'?; son poids atomique est égal à 4922,7.
( 201 )
» La formule de la taurine est représentée par C4 H'4 Az: O', ce qui
revient à la formule de l’oxalate acide d’ammoniaque C40%, Az: HS, H° Ox.
» L’acide qui se forme en même temps que la taurine, par l’action de
l'acide chlorhydrique sur l'acide choléique, se représente par C*7 H® Of.
Je le nomme acide choloïidique. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur le calcul des effets des Machines à va-
peur; par M. BarRé DE SaINT-VEeNANT; pour faire suite à un Mémoire
présenté sur le méme sujet.
( Extrait par l’Auteur. )
( Commission précédemment nommée. )
« Dans mon premier Mémoire j'ai avancé : 1° que la loi de Watt et de
M. Clément, d’après laquelle un kilogramme de vapeur formée à une pres-
sion quelconque, contient une quantité constante de chaleur , était plus
rapprochée de la réalité que la loi proposée par Southern; 2° que les
calculs présentés pouvaient s'adapter facilement au cas où la vapeur agit
avec détente. Il me reste à prouver ces deux assertions et à ajouter quel-
ques développements au Mémoire cité.
» Soient, en général,
æA la quantité de chaleur qu’il faut ajouter à un kilogramme d’eau à
zéro , pour former un kilogramme de vapeur à une pression de 7
atmosphères ;
8, la température de formation ;
c, la chaleur spécifique de cette vapeur, sous pression constante:
n!' un nombre plus grand que n. :
La température dépend de la quantité de chaleur et de la pression. Si
donc nous dilatons, sans déperdition ni acquisition de chaleur un kilo-
gramme de vapeur formée à une pression de 7’ atmosphères, avec la
quantité de chaleur x,,, jusqu’à ce que sa pression soit réduite à n atmos-
pheres, cette vapeur prendra absolument la même température que si,
formée à 7 atmosphères ou avec une quantité de chaleur x, on y eüût ajouté
une quantité de chaleur x,, — x, sans changer sa pression. Elle prendra
La
T,
donc la température 6, + ee
» Or, s'il est un principe incontestable dans la théorie de la chaleur,
c'est qu'un corps ne saurait être dilaté sans se refroidir, lorsque la quan-
C.R, 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 7.) 27
( 202 )
tité de chaleur qu'il contient ne varie pas. On a donc nécessairement
TT
8, > 0 + AIR ARE?
ou
Lnt = Zn < CA (Ba = ÿ 9,).
A + NE ANSE A dt; di, EE
Si n'—n + dn cette inégalité devient dm Cr 7 OÙ, en intégrant de-
puis la température r00 degrés pour laquelle nr = 1 :
On
La < X + [7 Ca dB.
M. Dulong annonce, dans son rapport du 9 janvier 1832, sur les appareils
a . . » I
producteurs de vapeur de M. Séguier, avoir trouvé €, = = et © < ;
quand » > 1. On a donc, à fortiori,
æa < x, + = (8, — 100).
La loi de Southern donnerait x, —=x,+,— 100, celle de Watt x, = x, :
la relation précédente montre que la première de ces deux lois est inadmis-
sible, que la seconde peut être vraie, et que, en tous cas, la réalité doit
être beaucoup plus près du nombre constant donné par celle-ci, que des
nombres variables donnés par celle-là pour valeurs de la quantité de cha-
leurre
» Les deux équations démontrées dans le Mémoire du 8 janvier (voyez
le Compte rendu du même jour ) sont nécessaires, comme on l'a dit, pour
résoudre les questions posées, qui comprennent la détermination de la
pression dans la chaudière pour une résistance donnée du piston. Mais
lorsqu'on n’a pour objet que la détermination de la quantité d’eau à éva-
porer pour produire un travail donné P,&,V, sous une résistance aussi
donnée P, , et lorsqu'on admet que la température se règle dans le cylindre
conformément à la loi de Watt, la première de ces deux équations
suffit.
» En effet, elle donne, dans les machines sans détente, Q étant le poids
cherché de la vapeur à former en une seconde,
E; ai V,
==
( 203 )
On a le rapport È — 12862 (1+&0), P, représentant des kilogrammes
pressant l'unité superficielle qui est le mètre carré, «à étant le coefficient
de la dilatation des gaz pour chaque degré d’augmentation de température
(0,00364 d’après les expériences les plus récentes), et 8, étant la tempéra-
ture à laquelle se formerait de la vapeur à la pression P,. On peut dresser
P, 2 L
d'avance une table des valeurs de ce rapport FA La formule simple qu’on
vient d'écrire donne donc immédiatement ce qu’on cherche, et tient compte,
implicitement et sans qu’on en fasse un calcul spécial, de l'influence des
dimiuutions de pression et de température qui ont lieu au passage de la
vapeur de la chaudière dans le cylindre (1).
» Considérons maintenant le cas où la vapeur agit avec détente. La
masse du cylindre étant beaucoup plus considérable que celle de la vapeur
qu’il contient, nous pensons que ce qu'il y a de moins inexact, est de
supposer qu’elle se détend sans que sa température baisse assez pour al-
térer sensiblement sa pression, qui variera ainsi, à peu de chose près, sui-
vant la loi de Mariotte. Mais le cylindre qui lui a fourni une portion de sa
chaleur, et dont la température a légèrement baissé, liquéfiera, par son con-
tact, une pete portion de la vapeur qui affluera à la pulsation suivante.
En appelant g cette vapeur liquéfiée, rapportée à l’unité de temps, V, la
vitesse moyenne du piston pendant toute sa course, P,, I,, 0, la pression,
la densité et la température de la vapeur au moment où la détente com-
mence, L, L’, c, R ce qui se trouve désigné par ces lettres dans les Mé-
moires de M. de Pambour ( Comptes rendus des 30 octobre 1837 et 22 jan-
vier 1838), æ' le poids de l'unité de volume de la vapeur qui occupe l’es-
pace c après que le reste s’est dissipé dans l'air ou dans le condenseur , et
en posant, comme cet auteur, l'égalité du travail de la vapeur sur le piston
pendant la course L au travail Rœ,L de la résistance, et l'égalité du
poids (Q—g) = de la vapeur maintenue à l’état élastique au poids
nn | ho RER
(1) La formule de M. de Pambour, établie en négligeant la diminution de tempéra-
2 IE U , :
ture, étant (avec nos notations) Q = P;2,v,, on voit que l'emploi de celle-là re-
o
vient à l'emploi de celle-ci, fait en supposant que la vapeur se forme directement à Ja
pression connue P,, qu’elle doit prendre dans le cylindre, et non à la pression incon-
nue P, : c’est précisément la modification proposée par M. le lieutenant de vaisseau de
Champeaux La Boullaye, dans une Note présentée le 3 mai 1837, à la théorie de
M. de Pambour, dont il se montre , du reste , partisan comme nous.
27:
( 204 )
IL, @,(L'+c) —@æ'w,c de la vapeur dépensée, obtient les deux équa-
tions
LA
(4 T
P y donné Fr Q Fa DB ETAT
or L'HUEEAEC L+c’ La PINOT DITES
L #. L log- L'+c () Mae on 16 L'ÆHc
La première ayant fourni P,, on en déduira, comme on vient de ledire,
( en admettant toujours que la température se règle dans le cylindre con-
formément à la loi de Watt) la valeur du rapport @ et laseconde équa-
tion donnera immédiatement la valeur de Q —q qui répond au travail
brut R ®, V, et à la résistance R. On aura la quantité Q de vapeur à produire,
en y ajoutant la valeur de la petite quantité g qui est donnée approxima-
tivement par l'équation c,(Q—g)(8,—8,) — q (650 —8,), 8, étant la tem-
pérature répondant dans la table de MM. Dulong et Arago à la pression
1e ET ee - après la détente, €, étant la chaleur spécifique de la vapeur ( en
sorte qué le premier membre exprime la quantité de chaleur qui ramè-
nerait à sa température primitive 8, la vapeur supposée refroidie par l’ef-
fet de la dilatation) et 650 étant le nombre d'unités de chaleur qu’un
kilogramme de vapeur fournirait en se transformant en eau à zéro, en sorte
que 650 — 6, est ce qu'il fournit en se condensant à la température 8, (1).
» Mais il ne suffit pas, pour l'établissement d’une machine, de con-
naître la quantité d’eau à vaporiser; il convient aussi de connaître, au moins
approximativement, à quelle pression P, la vapeur se formera dans la
chaudière. Il convient, réciproquement, quand on connaît la pression P,
sous laquelle une machine déjà établie peut produire une quantité connue
de vapeur dans l'unité de temps, de savoir calculer quelle pression P, sera
exercée sur son piston avant la détente de la vapeur.
» La solution de ces problèmes et de plusieurs autres exige que l'on
possède une relation entre P, et P..
» Or il est facile de voir que cette relation est de même forme, quand
il ya détente que quand il n’y a pas détente. Elle peut être exprimée
(1) Supposons, par exemple, que la détente ait lieu de quatre atmosphères à une
atmosphère, on aura
: 2 B— 8,
000; =No0 ic, => environ, g= (Q—g) Se = _ (Q — 9).
( 205 )
( Compte rendu du 8 janvier ) par . ee + ñ) log F = À — w étant la
vitesse moyenne du passage de la vapeur à travers la partie la plus étroite
de la communication de la chaudière au cylindre, et À étant un coeffi-
cient plus grand que l'unité, qui pourra être un peu autre que dans le
cas où la communication reste continuellement ouverte, et dont les va-
leurs relatives aux différentes formes de cette communication doivent être
demandées aux expériences faites ou à faire. Une fois qu’on aura une table
des valeurs de ce coefficient, celle du second membre de l’équation qu'on
vient de poser sera connue, puisque w n’est que le quotient, par l'aire du
passage rétréci, du volume de la vapeur produite en une seconde et ame-
née à la densité I, ; cette équation, si l’on admet toujours la loi de Watt et
; P ;
les valeurs qui en résultent pour les rapports = suffira, sans recourir
aux équations de température, pour donner avec facilité P, en fonction
de P, (1). Nous pensons donc toujours que c’est vers la détermination
des valeurs de ce coefficient À que les recherches ultérieures devraient
surtout se diriger, pour donner aux méthodes de calcul de l'établissement
des machines à vapeur, un complément dont elles ont besoin. »
MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la véritable cause des explosions des
chaudières à vapeur, et sur les moyens propres à les prévenir ; par
M. L. DEsSMARETz.
( Commission des rondelles fusibles.)
(1) Quand P, ne diffère pas beaucoup de P,, cette équation se transforme approxima-
, P P w? £
tivement en = — = + à TA Elle apprend qu’alors la pression de la vapeur dans la
L 1
chaudière, évaluée en hauteur de colonne d’un fluide de même densité que la vapeur
dans le cylindre, est égale à la pression de la vapeur dans le cylindre, évaluée de même,
plus la hauteur due à la plus grande vitesse du passage, multipliée par le coefficient à.
Nous pensons que ce théorème suffira le plus ordinairement pour avoir une valeur ap-
prochée de P,.
{ 206 )
CORRESPONDANCE.
M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE transmet ampliation de l’or-
donnance royale qui confirme la nomination de M. Æudouin à la place
vacante dans la section d’Économie rurale, par suite du décès de
M. Tessier.
M. le Ministre DE LA MARINE annonce que «M. Gaimard, président de
la Commission scientifique d'Islande, doit prochainement partir, avec
plusieurs membres de la Commission, pour aller recueillir en Dane-
marck, Suède et Norwége, au cap Nord et au Spitzberg des observations
nouvelles destinées à compléter celles qui ont été déjà faites par eux
en Islande.
» Afin que ce nouveau voyage, dit M. le Ministre, ait pour la science
tous les bons résultats qu’on a droit d'en attendre, il importe que ceux
qui vont s’y livrer trouvent dans des instructions bien faites un guide
sûr. Ce sont ces instructions que je demande à l’Académie. »
Une Commission composée de MM. Arago, Flourens, Becquerel,
Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Ad. Brongniart, Élie de Beaumont, est chargé
de rédiger les instructions demandées.
ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — /Vouveau mode de chauffage. — Extrait d’une
lettre de Londres en date du 6 février 1838; communiquée par
M. BensAMIN DELESSERT.
» On parle beaucoup ici, depuis quelques jours, d’une nouvelle ma-
nière économique de chauffer les appartements, inventée par M. Joyce,
jardinier à Camberwell, près de Londres.
» C’est un appareil en bronze de la forme d'une urne d'environ 2 pieds
de hauteur sur 8 pouces de diamètre; on a placé dans le milieu un tuyau
surmonté d’une soupape qui sert à régler la chaleur.
» Quand le combustible que cette urne renferme est allumé, on obtient
une chaleur rayonnante qui dure pendant 24 à 30 heures, et la dépense
pour chauffer parfaitement une grande chambre est d'environ 12 sous. Ce
combustible ne donne ni odeur ni fumée. On en a fait l'expérience dans
plusieurs établissements publics, à la Société d’horticulture et à l’Institution
des architectes, et elle paraît avoir parfaitement réussi.
» Le mérite de l’invention est la composition du combustible, qui brûle
( 207 )
long-temps et sans fumée. On prétend qu'il consiste en un mélange de char-
bon, de chaux pour absorber l’acide carbonique, et d'une autre substance
dont on a fait mystère jusqu’à présent.
» Ceux qui ont vu fonctionner cet appareil ne paraissent pas douter du
succès de cette invention, et pensent qu’elle pourra avoir des résultats
très importants : ses principaux avantages consistent dans la suppression de
l'odeur et de la fumée, dans l'absence de tout danger de feu, et surtout dans
la grande économie.
» L’inventeur s'occupe de se des brevets en Angleterre et dans les
pays voisins, et il ne tardera pas à faire connaître son procédé; jusque alors
il est permis de douter de la réalité de tous les avantages qu'il s’en
promet, »
cuire. — Formation d'un perchlorure de soufre cristallisé.
M. Mirrow annonce qu’en faisant passer un courant de chlore dans du
chlorure de soufre rouge qui paraissait déjà saturé de ce gaz, il a obtenu
des cristaux qui constituent un degré de chloruration supérieure.
Ces cristaux étaient jaunes et répandaient une vive odeur de chlorure
de soufre : ils se volatilisaient rapidement et complétement en produisant
des vapeurs blanches. Dans l’eau ils faisaient entendre un frémissement
semblable à celui d’un fer rouge et disparaissaient aussitôt en donnant
lieu à un léger dépôt de soufre. ê
Mais , remarque l’auteur, une propriété qui semble tout-à-fait caracté-
ristique de leur degré de chloruration supérieure, c’est qu'ils se dissol-
vaient très bien dans du chlorure jaune de soufre, distillé sur un excès
de soufre, et le coloraient fortement en rouge.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Décomposition de l'eau pour la fabrication du gaz
éclairage. — (Extrait d’une lettre de M. SecuiGuE.)
«
« Dans la séance du 5 février, M. Longchamp a communiqué à l’Aca-
démie, des expériences qui lui semblent prouver que l’eau en vapeur, en
passant sur des charbons ardents, ne se décompose point. Il dit avoir
profité de cette remarque, pour modifier le procédé de fabrication du gaz
d'éclairage, et le rendre beaucoup moins coûteux.
» Depuis long-temps, je m'occupe moi-même des moyens d’obtenir un
( 208 )
gaz d'éclairage qui soit moins coûteux que celui dont on fait usage, et
exempt de divers inconvénients qu'on reproche à celui-ci. Or, mon pro-
cédé se basant sur la décomposition de l’eau et de matières carburantes
dans des conditions que réglaient mes appareils; j'ai dû, afin de m’assurer
de la valeur de mes procédés, faire sur ces décompositions des expé-
riences en grand, et j'ai fait, il y a déjà plus de trois ans, celle qu’annonce
M. Longchamp; seulement, j'ai été conduit à des résultats qui ne s’ac-
cordent nullement avec les siens.
» Les résultats de mes essais en grand sont consignés dans un tableau
joint à ma lettre, où se trouvent aussi indiqués les rapports qui doivent
exister entre les capacités qui contiennent le charbon, la quantité d’eau
qui doit passer en vapeur dans un temps donné, et celle des matières
carburantes, si l’on veut obtenir une production régulière et constante.
Comme M. Longchamp, je me suis servi d’un tube de fonte, et dont
la dimension était la même; mais les matières sur lesquelles j'agissais
étaient dans des proportions très différentes. En effet, pour obtenir la
décomposition de l'eau dans les conditions indiquées, M. Longchamp
aurait dû, d’après la capacité de son tube de fonte (196 pouces cubes)
rempli de charbon, ne faire passer par heure qu'environ 6o_ grammes
d’eau en vapeur, qui lui auraient produit au minimum 4 pieds cubes de
gaz, dont moitié gaz hydrogène et moitié gaz oxide de carbone; il aurait
alors employé 4o grammes de charbon par heure, et pas un atome de fer
n'aurait été attaqué.
» Ainsi, en 11 heures, il aurait obtenu 44 pieds cubes de gaz, et
aurait employé 440 grammes de charbon. Mais M. Longchamp ne pouvait
pas obtenir la décomposition de eau en passant par heure 750 grammes
d'eau au lieu de 60, que la capacité de son tube exigeait pour que l'eau
ft décomposée d’une manière régulière; car les charbons-étaient re-
froidis par la vapeur d’eau, bien que le tube fût maintenu au rouge par
un feu soutenu, et dans ce cas il y a impossibilité de décomposer l’eau ,
les charbons n'étant plus incandescents : il n’est pas alors étonnant que
dans cette circonstance, la fonte de fer soit attaquée; mais quand le
charbon sert à la décomposition de l’eau comme dans mes procédés ,
les cylindres ne perdent pas de leurs poids, même après six mois de pro-
duction continue (1). »
(1) Joyez, pour une remarque semblable déjà faite par M. Gay-Lussac, notre
Compte rendu précédent, page 180.
( 209 )
GÉOLOGIE. — Modifications des terrains de sédiment par l'apparition des
roches ignées. — Lettre de M. Rivière.
Dans une lettre communiquée dans la séance précédente, M. Puillon
Boblaye avait rapporté diverses observations tendant à prouver que l’une
des roches cristallines stratifiées les plus connues, le schiste maclifère, ap-
partient dans l’ouest de la France à tous les âges, même les plus récents du
terrain de transition, et provient de vases marines, avec leurs fossiles, mo-
difiées après leur dépôt. M. Rivière rappelle à cet occasion que dans un
mémoire sur la géologie des environs de Quimper et de quelques autres
points des départements de l'Ouest, lu à l’Académie, le 20 mars dernier, il
avait non-seulement rapporté un grand nombre de faits concernant les
modifications produites dans les roches aqueuses par l'apparition des ro-
ches ignées, mais que de plus, il avait pris un grand nombre de ces faits
dans les localités où M. Boblaye a travaillé récemment.
M. Êue DE Braumonr fait remarquer que l’auteur de la lettre ne parait
pas avoir bien saisi le sens de la communication de M. Boblaye; ce géolo-
gue n’ayant prétendu en aucune façon fournir, pour les pays en question,
les premiers exemples de roches d’origine aqueuse passant à l’état cris-
tallin dans le voisinage de roches d’origine ignée, mais faire connaître
un nouveau caractère, la présence de fossiles, qui, pour certaines roches
cristallisées , permet de déterminer leur âge malgré toutes les modifications
qu’elles ont éprouvées.
Les MEmBnes DU BUREAU DE BIENFAISANCE DE LA VILLE DE LILLE rap-
pellent qu’en 1836 ils ont adressé à l’Académie un rapport sur les résul-
tats avantageux qu'ils avaient obtenus de l’emploi de la gélatine extraite
des os, dans l'alimentation. « Depuis l’envoi de ce rapport, ajoutent-ils,
nous avons encore étendu nos distributions, et nous nous sommes de
plus en plus félicités d’avoir adopté ce mode d’alimentation pour la classe
indigente. Nous présentons aujourd’hui un tableau sommaire des quantités
delivrées en 1837; en bouillon, viande et légumes, avec le prix de
revient. »
M. Muissiar écrit relativement au rôle qu’il croit pouvoir attribuer à la
pression atmosphérique dans l'acte de la déglutition.
M. Dusourc adresse un paquet cacheté portant pour suscription : « Des-
C, R. 1838, 19r Semestre. (T, VI, N°7.) 28
( 210 )
cription sommaire de quelques nouveaux moyens économiques de creuser
les ports situés vers embouchure des rivières , d'améliorer les barres, de
régulariser le cours des rivières, de rendre navigables ou au moins flotta-
bles les plus petits cours d’eau. »
M. Soucier D’ALcex adresse également un paquet cacheté.
Le dépôt de ces deux paquets est accepté.
A quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures. F:
(211 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie à recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences , 1°" semestre 1838, n° 6, in-4°.
Considérations sur la nature des végétaux qui ont couvert la surface de
la terre aux diverses époques de sa formation; par M. A. BRONGNrART,
in- 4°.
Notice historique sur A.-L. de Jussieu » Par le même (Extrait des
Annales des Sciences naturelles), in-8.
Recherches anatomiques et physiologiques sur la maladie qui attaque les
vers à soie, et qu'on désigne sous le nom de muscardine ; par M. V. Au--
DOUIN , Paris, 1838, in-8°.
Nouvelles expériences sur la maladie contagieuse qui attaque les vers à
soie ; par le méme , in-8°.
Voyage de MM. ne Huwsoupr et BoxrranD.... Examen critique de
l'Histoire de la géographie du Nouveau. Continent et des progrès de l’Astro-
nomie nautique aux XV° et xvi® siecles , par M. Arex. pe Howsocor,
pages 439—478.
Statistique judiciaire des Îles-Britanniques, d'après les documents of-
ficiels. Fragment du 2° volume de la Statistique de La Grande-Bretagne
et d'Irlande ; par M. À. Moreau DE Jonnès ; 1838, in-8°.
Traité de phrénologie humaine et comparée; par M. Vimonr: l'Atlas
in-fol.
Ovologie du Kanguroo ; Mémoire de M. Cosre » en réponse aux lettres
adressées par M. Owex à l’Académie > in-8.
École des Ponts-et. Chaussées. -+ Leçons de mécanique appliquée ;
Jaites par intérim, par M. ve Sannr-Vexanr, 4 feuilles lithographiées in-fol.
Études sur le système nerveux; par M. Josenr (ve Lamparre), 2 vol.
in-8°.
Philosophie naturelle. — Essai sur la différence du degré de certitude
que présente l’Idéologie et la Physique générale, et sur les procédés in-
tellectuels qu’elles exigent; suivi de cette question : la Statistique est-elle
applicable aux Sciences d'observation, et notamment à la Médecine ;
par M. Baznx, 1837, in-8°.
(212 )
Galerie ornithologique ou collection d'oiseaux d'Europe; par M. »'Orst-
cxy, 34° livraison in-fol.
Annales maritimes et coloniales ; par MM. Basor et Porrré, 25° année,
2° série, janvier 1838, in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du départe-
ment de la Charente; tome 19, septembre et octobre 1837, in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines,
8° année, n° 85, janvier 1838, in-8°.
Archives de la Médecine homæopathique, 2° série, publiée par MM. Lxr-
enr et LéON Simon, tome 7, janvier 1838, in-8°.
A lecture.... Leçon sur la pourriture sèche des bois; par M. R.
Dicxsox, Londres, in-8°.
Di una ligatura.... Sur une ligature de l'artère axillaire à sa
sortie de dessous la clavicule ; par M. N. Caranoso, Messine, in-8°.
Journal des Sciences physiques, chimiques, etc.; par M. Jurra ne Fon-
TENELLE , Janvier 1838, in-5°.
Journal des Connaissances Médicales Pratiques et de Pharmacologie ;
janvier 1838, in-8’.
Gazette médicale de Paris , tome 6 , n° 6.
Gazette des hôpitaux , tome 12, n° 16—18.
Écho du Monde savant, 5° année, n° 31.
La Phrénologie, Journal, tome 1, n° 31.
L'Expérience, Journal de Médecine, n°° 19—20.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 FÉVRIER 41838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Æxamen du conglomérat formé autour d'une
ancre trouvée dans la Seine; par M. BECQUEREL.
« Le 15 juin de l’année dernière, il a été trouvé dans la Seine, près du
Gros-Caillou, par M. Neveu, marchand de bois de bateaux, une ancre en
fer forgé, d’une grandeur et d’une forme inusitées sur les rivières de
France, loin de leurs embouchures. Cette ancre est recouverte d’une
couche silicéo-piriteux-calcaire, de 27 millimètres environ d'épaisseur, dans
laquelle se trouvent enchässés cà et là, des os, des cailloux, des débris de
poterie commune et des coquilles. Dans l’un de ses becs est engagé un
morceau de bois minéralisé en partie, surtout dans son contact avec le fer.
» M. Neveu ayant fait part de cette découverte à l’Académie, elle me
chargea d'examiner l'ancre et de lui rendre compte des produits qui s’é-
taient formés à sa surface, pendant son séjour dans la Seine.
» Après une première inspection , je témoignai le désir à l’Académie que
quelques-uns de nos confrères fussent chargés de reconnaître les débris
de corps organisés qui sont incrustés dans la croûte. M. de Blainville,
C. R. 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 8.) 29
Ca14)
chargé de cette mission, constata que les os provenaient d'animaux dont
on se nourrit dans nos contrées, et que les coquilles étaient absolument
semblables à celles que l’on trouve dans la Seine.
» MM. Raoul-Rochette et Letronne, désignés par l’Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres, pour examiner l'ancre sous le rapport de son an-
tiquité, m’engagèrent à consulter à cet égard M. Jal, chef de la section
historique au ministère de la Marine, et connu dans le monde savant par
plusieurs travaux importants sur l'archéologie maritime.
» M. Jal, dans une dissertation savante insérée dans les Annales ma-
ritimes (janvier 1838, p. 77), a cru devoir conclure de ses recherches,
que l'ancre, d’après sa forme, devait remonter au xv° ou au xvi‘ siècle ;
mais qu'il pouvait se faire cependant qu'elle appartint à des siècles anté-
rieurs , attendu qu’on n’avait aucune notion sur la forme des ancres des xh,
xu°,xir et xiv° siècles (1).
» Mon attention se porta d’abord sur la structure et la composition de
la croûte qui recouvre le fer. Les fragments, examinés à la loupe, m'ont
paru formés de grains de sable agglutinés par une matiere brunûâtre; ils
font feu au briquet, se dissolvent avec effervescence dans l'acide hydro-
chlorique étendu d’eau, en dégageant de l'hydrogène sulfuré et en abandon-
nant une grande quantité de petits grains de quartz. La dissolution pré-
cipite en bleu avec le deuto cyanure de potassium et de fer, Ces essais
suffisent pour démontrer que la croûte n’est qu'un agrégat de grains de
sable, de carbonate de chaux et de protosulfure de fer.
» Il restait à déterminer la composition du bois minéralisé, qui est
engagé dans le bec de l'ancre. Je priai notre confrère, M. Berthier, dont
l’'obligeance est extréme quand il s'agit de faire des analyses qui doivent
éclairer des points d'histoire naturelle; de vouloir bien s'en charger. Voici
(1) M. Jal ayant trouvé que je n’ayais pas rendu compte de son opinion d’une ma-
nière assez explicite, je vais rapporter textuellement les deux passages de sa disser-
tation qui sont relatifs à l’antiquité de l’ancre.
« Je conclus : l’ancre trouvée par M. Neveu pourrait être du xv° siècle; mais ses pro-
» portions satisfont complétement à la formule de fabrication des ancres françaises
du xvi* siècle... Rien n'autorise à la croire plus ancienne que 1400 ; et telle qu’elle
est, ne füt-elle que de 1500, comme je le crois, elle me paraît assez intéressante
» pour prendre place au Musée naval. »
Je croyais avoir dit vrai, en déclarant que l’ancre devait remonter au xy° ou au xvi°
siècle, et qu'il serait possible qu’elle appartint à quelques siècles antérieurs, puisque
nous ne connaissons pas la forme des ancres de ces époques. ( Note de M. B.)
(215)
le résultat de son analyse :
Carbonate de chaux . . . . . 0,650
Sulfure de fer. . . . . . . .: 0,250
Matières combustibles . . . . o,100
1,000.
» Le sulfure de fer se trouve pour la plus grande partie à l’état de proto-
sulfure ; l’autre, suivant toutes les apparences, est à l’état de persulfure.
Nous ajouterons que la partie minéralisée est magnétique.
» On voit, par cette analyse et par les essais que j'ai rapportés, que la
matière qui cimente les grains de sable est de même nature que celle qui
constitue le bois minéralisé. Ce bois a de l’analogie avec celui que l’on
trouve dans les falaises du Havre. Ce rapprochement n’est pas sans intérét
pour la géologie, qui doit être à la recherche de toutes les causes qui ont
présidé à la production de toutes les substances qui composent la couche
superficielle de notre globe,
» Si l’on cherche à se rendre compte de la formation de la pyrite dans
la croûte et dans le bois, nous trouvons qu’elle s’est opérée à peu près dans
les mêmes circonstances que celles que nous avons employées pour obtenir
dans nos appareils le même composé, si ce n’est que nous avons réuni toutes
celles qui nous ont paru les plus favorables pour arriver au résultat. Peut-
être n’est:l pas inutile d’entrer ici dans quelques détails sur la formation
des pyrites en vertu d’actions lentes.
» Le protosulfure de fer est composé d’un atome de fer et d’un atome
de soufre; ces deux éléments s'y trouvent donc dans la même proportion
que dans le protosulfate de fer; si donc ce sel est en contact avec des corps
qui peuvent enlever lentement au protoxide de fer et à l’acide sulfurique
leur oxigène, sans toucher au fer et au soufre, il se formera du proto-
sulfure de fer.
» Citons maintenant des exemples de formation moderne de pyrites.
» On a trouvé à Pontgibaut des cristaux de protosulfure sur un mor-
ceau de fer provenant de l'arbre tournant d’une roue hydraulique, où il
servait à fixer le tourillon. On était dans l’usage d’enduire les extrémités de
l'axe de matières grasses purifiées par l'acide sulfurique ; ainsi la réaction
sur le fer de ces matières et de l'acide sulfurique qu’elles renfermaient a
suffi, dans l'espace de quelques années, pour produire des pyrites. On ne
peut douter qu'il ne se soit formé d’abord un protosulfate qui a été dé-
composé ensuite lentement par la matiere grasse.
» Dans une ancienne galerie de mine de la même localité, on a trouvé
29..
( 216 )
il y a quelques années un outil de mineur, qui était recouvert de petits
cristaux de protosulfure de fer. Cette galerie était abandonnée depuis des
siècles. Nous ignorons la nature des réactions qui ont amené leur for-
mation.
» Dans les eaux thermales, on trouve aussi des dépôts de pyrite, comme
M. Longchamp en a observé dans un des tuyaux de conduite des eaux de
Chaudes-Aigues.
» À Bex, en Suisse, j'ai trouvé, dans une des galeries de communication
de la saline, appliqué sur le toit, un magma pâteux rempli de petites
pyrites, lequel a donné à l'analyse, après avoir enlevé ces dernières :
Sables Made ttoteteeR laval 1 dir 0226
Carbonate;de;thauks.4tce 5er ne true OL
SUNSET TOR EC OO M ET nee MOVE
Suliate de Chaux" - Lecce sel ce elceei 0,21
Pyrites non enlevées et matières organiques... 0,06
1,00
» Ce magma était évidemment de formation moderne, comme me l'ont
assuré du reste les personnes qui fréquentent les lieux. Il est infiniment
probable que les pyrites ont été formées par la décomposition lente du
sulfate de fer, au moyen des matières organiques, gélatineuses ou autres.
Quant au persulfure de fer, il peut être formé également en mettant en
présence du persulfate un corps qui puisse enlever lentement l’oxigène au
peroxide et à l'acide sulfurique , puisque le persulfate et le persulfure ren-
ferment les mêmes proportions relatives de soufre et de fer. Je l'ai obtenu
dans l’espace de 4 à 5 ans, en abandonnant aux actions spontanées, à l'air,
un mélange de protosulfate de fer, de carbonate de chaux et d'huile,
dans des proportions convenables : on a eu pour résultat du sulfate de
chaux cristallisé, un dépôt ferreux et de jolis cristaux de pyrites en do-
décaëedres à faces pentagonales.
» Revenons maintenant aux pyrites de l’ancre, qui se trouvent, non-
seulement dans le bois, mais encore dans le ciment qui agglutine les
grains de sable, les cailloux, les os et les débris de poterie; ces pyrites,
accompagnées de carbonate de chaux, n’ont pu être formées qu’en admet-
tant que le fer était en présence du sulfate de chaux et de matières orga-
niques; le sulfate de chaux se trouvait dans la vase ou dans l’eau; le bois
et les débris de corps organisés ont fourni les matières organiques:
celles-ci ont changé le sulfate de chaux en sulfure de calcium, qui, en
(217)
réagissant sur le fer, pendant qu’il s’oxidait, a donné naissance à du proto-
sulfure de fer et à de la chaux, qui s’est combinée avec l'acide carbonique
produit dans la décomposition du bois, ou qui était en dissolution dans
l'eau. Ces diverses réactions, que les effets électriques de contact ont
favorisées, rentrent entièrement dans celles que nous avons signalées plus
haut.
« Nous en avons dit assez pour prouver que l'ancre trouvée dans la
Seine par M. Neveu intéresse les sciences naturelles; il paraît que l’on a
proposé à l'autorité de l’acquérir pour le Musée naval; si ce projet se
réalise les archéologues et les naturalistes n'auront qu’à s’en féliciter,
parce qu'ils pourront la consulter à loisir. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les carbo-vinates, les carbo-méthylates et la véri-
table constitution du sucre de cannes ; par MM. Dumas et E. Péuicor.
« L’un de nous, il y a dix ans maintenant, dans un mémoire sur les
éthers composés qu’il publia conjointement avec M. P. Boullay, s’est trouvé
dans le cas d'émettre sur la nature du sucre de cannes une thus qui a
fixé l'attention des chimistes.
» La composition du sucre de cannes est telle en effet qu’on peut la
représenter par de l'acide carbonique et de l’éther sulfurique, tout comme
celle de l’éther acétique par exemple, se représente par de l’acide acétique
et de l’éther sulfurique. Or, on sait maintenant que l’éther acétique, traité
par les alcalis, donne de l'acide acétique et de l'alcool en s’emparant d’un
atome d’eau. Tout portait à croire qu'il en était de même du sucre et que
ce corps en s’emparant d’un atome d’eau, fournissait l'acide carbonique
et l'alcool qui prennent naissance dans la fermentation.
» Quand cette opinion fut émise pour la première fois, la constitution
des éthers neutres était seule connue, celle des acides composés que l’al-
cool engendre était ignorée à l'état libre.
» On sait maintenant que ces acides composés sont des éthers où un
atome de la base est remplacé par un atome d’eau , comme on le voit dans
l'exemple suivant :
C0%,CH'°0 éther oxalique,
Ci0:, CO H'°0 + C40*,H°0 acide oxalo-vinique.
» Or, le sucre de cannes d’après son analyse se rapportait précisément non
pas à
C-0?,C'H0 éther carbonique ,
(218)
mais à
C20?,CSH'°0 - C2 0? éther bicarbonique.
» Cet exposé fait voir que la comparaison entre le sucre et les éthers
n’était pas entièrement exacte. Pour en faire un éther neutre, il faudrait lui
ôter un atome d'acide; pour en faire un éther acide, il faudrait lui ajouter
un atome d’eau. Ces remarques faciles à faire aujourd’hui n’ont pourtant
été présentées par aucun des chimistes qui ont traité cette question depuis
dix ans.
» Elles expliquent comment la découverte de léther carbonique par
M. Ettling, comment celle de l'acide carbo-vinique dont nous venons entre-
tenir l'Académie ont fait connaître des corps qui ne présentent en rien
les propriétés du sucre de cannes, ni celles d'aucune espèce de sucre.
» Nous ferons voir tout à l'heure , par d’autres motifs et par des motifs
non moins puissants, que le sucre ne pouvait pas être de l'acide carbo-
vinique, et si nous insistons sur cette discussion, c’est qu’il y a toujours
à gagner pour la science, à bien montrer comment le manque de faits
ou les fautes de logique conduisent à des erreurs que l'expérience vient
heureusement redresser bientôt.
» On peut se procurer très facilement la combinaison d’acide carbonique,
d’éther méthylique et de baryte; sa préparation repose sur une propriété
remarquable de l'esprit de bois absolu, qui dissout, comme on sait, la
baryte anhydre avec la plus grande facilité, et en abondance. La dissolu-
tion de baryte dans l'esprit de bois absolu étant soumise à l’action de
l'acide carbonique sec, donne immédiatement naissance à un précipité
blanc, un peu nacré, qui, lavé avec de l'esprit de bois, consiste tout
entier en carbo-méthylate de baryte pur.
» Ge sel est insoluble dans l'esprit de bois et dans l'alcool.
» Il se dissout au contraire très bien dans l’eau froide; mais la liqueur,
abandonnée à elle-même, se trouble bientôt, laisse précipiter peu à peu
une quantité considérable de carbonate de baryte, et laisse dégager la
moitié de son acide carbonique. La liqueur se boursoufle, écume, et au
bout de quelques heures, tout le carbo-méthylate de baryte a disparu.
Il ne reste absolument que de l'eau et du carbonate de baryte; l'acide
carbonique s’est dégagé en entier.
» On favorise singuliérement cette réaction par une élévation même peu
considérable de température. Dans l’eau bouillante, la décomposition est
instantanée.
» Soumis à l’action du feu, le carbo-méthylate de baryte se décompose
(219)
rapidement; il donne un gaz inflammable soluble dans l’eau , un liquide
éthéré peu abondant, beaucoup d'acide carbonique et du carbonate de
baryte. Il éprouve une demi-fusion, mais il ne noircit pas.
» Nous reviendrons plus tard sur l’action que les acides exercent sur
lui. Voici les détails de l'analyse de ce sel remarquable :
» L — 0,880 de matière, ont laissé 0,600 de carbonate de baryte, par une simple
calcination ;
» IL.— 0,767 id., ont fourni 0,615 de sulfate de baryte, correspondant à 0,520 de
carbonate.
» TT. — 1,500 id., ont produit 0,678 d’acide carbonique et 0,298 d’eau. On a eu soin
d’arrêter l'expérience dès que la totalité du tube a été portée à l’incandescence. Cette
analyse a, du reste, été très facile, la matière s’étant décomposée et brûlée avec une
netteté parfaite.
» On a donc obtenu, en résumé :
Carbone" -mtctere 13,5
Hydrogène. et 2,2
Oxipene AREA EUR EEE 17,1
Carbonate de baryte..... 68,2 ... 67,8
100,0
» Le carbo-méthylate de baryte serait formé, d’après le calcul, des elé-
ments suivants :
(EP ENEES LS 229,56....... : 12,7
Pose ones 37,90 ........ 2,0
TPépasaansos 300, 00e 16,6
C: 0°, BaO. 1232,26......... 68,7
1799, 32 100,0
» Cette formule représente en effet C*H#H*O, C* O* + BaO, C*0*,
et, plus simplement, C*H$O, C*O* + BaO, C* O*.
» Qui ne serait frappé de la simplicité des réactions qui donnent naus-
sance à ce sel ou qui se manifestent quand il se décompose ? Sous l'in-
fluence de l'acide carbonique, l'esprit de bois perd un atome d’eau; sous
l'influence de l’eau, le carbo-méthylate de baryte le reprend, et régénere
l'esprit de bois.
» Ces réactions, qui semblaient l'apanage des acides les plus énergiques,
nous les voyons prendre naissance sous l'influence du plus faible des aci-
des, l'acide carbonique, dès qu’on lui offre à la fois la base minérale et les
éléments de la base organique, avec lesquels il peut constituer le sel dou-
ble qui tend toujours à se former dans ce genre de réaction.
( 220 })
» Après nous être procuré si facilement le carbo-méthylate de baryte,
nous avons pensé qu'il ne nous serait pas impossible d'obtenir également
quelque carbo-vinate, et, après divers tàätonnements, nous avons fixé
toute notre attention sur la préparation du carbo-vinate de potasse.
» Rien de plus facile que de former ce sel, mais sa purification nous à
fait perdre tant de matière et de temps que nous avons été plus d’une fois
sur le point d'abandonner cette recherche.
» Voici le procédé qui nous a réussi :
» On dissout dans l'alcool absolu de la potasse portée à la chaleur
rouge et ne renfermant que son atome d’eau essentiel. La liqueur est sou-
mise à l’action du gaz carbonique bien sec, en ayant soin d'éviter l'éléva-
tion de température qui ne manque pas de s'établir; il se forme un dépôt
cristallin abondant ; en ajoutant de l’éther sulfurique anhydre de temps en
temps, son évaporation abaisse la température et corrige ainsi l'inconvé-
nient qui résulterait de l'élévation de température occasionée par l'union
de l'acide carbonique à la potasse ou aux éléments de l'alcool.
» Quand le produit cristallisé est assez abondant, on cherche à le puri-
fier : ce produit consiste en carbonate de potasse, bicarbonate de potasse
et carbo-vinate de potasse; en y ajoutant son volume d’éther et filtrant, la
liqueur entraîne la potasse libre et laisse ces trois sels sur le filtre; on
délaie le produit cristallisé dans l’alcool absolu; on filtre de nouveau, et
l'on ajoute de l’éther à la liqueur filtrée; l'alcool dissout le carbo-vinate de
potasse, et l’éther le précipite pur; en filtrant de nouveau et séchant rapi-
dement, on a le carbo-vinate de potasse en lames nacrées d’un grand éclat.
» La complaisance de M. Thilorier nous a permis d'entreprendre quel-
ques essais pour la préparation de ce sel au moyen de l'acide carbonique
solide. Nous avons projeté par petites portions l'acide carbonique solide
dans la dissolution alcoolique de potasse, et nous avons obtenu beau-
coup plus de carbo-vinate que par le moyen précédent. Le grand froid
produit par l’évaporation d’une partie de l'acide n’a pas permis à la tem-
pérature du liquide de s'élever, et a préservé ainsi le sel de cette dé-
composition, qui le transforme en bicarbonate.
» À cette occasion, nous devons remarquer qu’en broyant l'alcool et
l'esprit de bois avec l'acide carbonique solide, on obtient une liqueur tres
chargée d'acide carbonique, et qui, par l'addition de l’eau , fait une vive
effervescence. C’est M. Thilorier qui a tourné notre attention vers ce
phénomène , que nous étudierons plus tard.
» Revenons au carbo-vinate de potasse.
{ 221 )
» Ce sel est blanc, nacré; il brûle avec flamme sur la feuille de platine,
et laisse un résidu charbonneux. Dès le contact de l’eau il se transforme en
alcool et bicarbonate de potasse. Ce changement s’effectue même, quoi-
que moins vite, dans l'alcool aqueux.
» À la distillation, il donne des gaz inflammables qui brülent avec une
flamme bleue non brillante, du gaz carbonique, un peu de liquide éthéré,
à odeur d’ognon; enfin, un résidu de carbonate de potasse mélé de
charbon. (
» Voici l'analyse de ce sel :
» 1. — 0,523 de ce sel ont Jaissé par la calcination 0,302 de carbonate de potasse ;
» IL. — 0,603 d’un nouveau produit ont fourni 0,350 de chlorure de potassium ;
» IT. — 0,680 d’un autre ont fourni °,390 de chlorure de potassium ;
» IV. — 0,702 du même ont produit 0,592 d’acide carbonique et 0,248 d’eau;
» Ve — 0,777 d’un nouveau sel ont produit 0,657 acide carbonique et 0,274 eau.
» En résumant ces expériences on trouve les résultats suivants :
L Il III. IV V
Carbone. ........, + 00,0 ,.... 00,0 ..... 00,0 .... 232000 23,40
Hydrogène. ......., 00,0 ...….. 00,0 +... 00,0 ...,. 3,92 «+. 4,04
Carbonatede potasse. 53,5 ..... D, BE 0331 0 ce MB 347 ee … 0347
Oxigène. .... dans 00,0 7... 00,0 ... . 00,0 ..... 19,28 ..... 19,09
Carbo-vinate de POLASSE Peine Hoi LUN, MU SE 100,00 100,00
» Dans les analyses élémentaires de ce sel, la potasse est demeurée tout
entière à l’état de carbonate neutre. Rien de plus facile à obtenir, quand
9n peut, comme c’est ici le cas, mettre fin à l'analyse dés que le tube est
rouge partout. Le dégagement de gaz qui cesse brusquement montre aisé-
ment l'instant où le carbonate d’éther est entièrement brülé, et où le car-
bonate de potasse commencerait à éprouver à son tour quelque réaction
de la part de l’oxide de cuivre.
» Voici du reste les résultats indiqués par le calcul pour le carbo-vinate
de potasse :
CR Lx +. 382,60 ... 23,56
H°........ 62,50 ... 3,88
OO. fasse + 300,00 ... 18,63
KO, CO... 865,24 ... 53,73
1610,34 100,00
» Il est évident que cette formule s'accorde avec les analyses précé-
C. R. 1838, 165 Semestre. (T. VI, N° 8.) 30
( 222 )
déntes, de la manière la plus exacte. Ainsi le carbo-vinaté de potasse ren-
ferme comme on pouvait le prévoir
CHE, HO ,C:0? + KO ,C-0° ou bien CSH10,C°0°+ KO ,C-0?,
selon qu'on veut y voir un carbonate double de potasse et d'hydrogène
bicarboné, ou bien un carbonate double de potasse et d’éther.
» Le carbo-vinate de potasse est-il dissous dans l'alcool non absolu , il
se décompose plus ou moins vite et se convertit en bicarbonate de po-
tasse avec un atome d’eau. Rien de plus désagréable que cette propriété,
car à chaque préparation de ce sel, elle oblige à recourir à l'analyse pour
en reconnaître la pureté. En effet, le bicarbonate se dépose en larmes
nacrées comme le carbo-vinate et se confond aisément avec lui. Toute-
fois, quand les deux sels sont purs, on reconnait le bicarbonate, eu
ce que la chaleur n’en dégage rien d’inflammable, et en ce que ses lamelles
sont plus rigides que celle du carbo-vinate.
» La composition de ce bicarbonate nacré nous a paru digne d'être
constatée. 0,732 du sel ont laissé par la calcination 0,506 de carbonate
de potasse, c’est-à-dire 69,1 pour 100. On aurait par le calcul :
KO COMME ENS 665 DR" RGD 0
H'D/COTE MP. 560 02 LAN TIE D
1254 ,26 100,0
» Ainsi, dans la conversion du carbo-vinate en bicarbonate il y a, comme
dans toutes les réactions analogues , deux atomes d’eau qui interviennent;
l'un pour changer l’éther en alcool, l’autre pour convertir l'acide carbonique
en un sel d’eau. Le phénomène est absolument semblable à celui qui se
produirait par la décomposition du sulfo-vinate de potasse au moyen de
l'eau. 11 se produirait, en effet dans ce cas, de l'alcool et du sulfate d’ean
par la fixation de deux atomes d’eau. Qu’on prenne en effet
(CSH5,H°0 ,C°0°+ KO, C’0°) + H0°— CSHS,H:0° + (H‘0,C’0°+ KO,C:0”),
ou bien
(CH, H°0,S0: + KO ,S0°) + H 0° — CH, H:0° + (H°0,50°-+KO,S0%.
» Il est évident que la réaction sera absolument la même dans les deux
circonstances.
» Parvenus à ce terme de notre travail, il nous a paru convenable de
rechercher jusqu’à quel point les nouveaux sels que nous venions de faire
connaître se rattachaient par leur constitution à ces combinaisons du
(228 ))
sulfure de carbone si remarquables, découvertes par M. Zeise. En con-
séquence, nous avons préparé et étudié quelques composés produits par
l'action du sulfure de carbone sur les dissolutions alcalines d’esprit de
bois.
» Quand on met en effet du sulfure de carbone dans une dissolution de
potasse dans l'esprit de bois, il se forme du sulfo-carbo-méthylate de
potasse tres pur, qui cristallise en fibres soyeuses et dont voici l'analyse.
» L— 1,388 de sulfo-carbo-méthylate de potasse ont produit 0,689 de chlorure de
potassium.
» IT. — 1,000 du même sel ont donné 0,214 d’eau et 0,598 d’acide carbonique.
» Ces résultats représentent en centièmes :
Carbone es eue 16,54
Hydrogène ........... 2,37
PO (SSE EE eee ee 31,42
» Ils s'accordent évidemment avec ceux qu'indique la formule du sulfo-
carbo-méthylate de potasse. En effet, on aurait d’après celle-ci :
C5 .... 306,08 ... "16,65
602660 37;6o0nù. 40 SH
ONCE I00 00 Eco 45
S$ 11080464 443,77
KO .... 589,90 .... 32,09
1838, 12 100,00
» L'accord de ces nombres rendait tout.autre. détermination parfaite-
mentinutileet la formule du sulfo-carbo-méthylate de potasse demeure fixée
de la maniere suivante :
C*H#,H:0,5°C° + KO, S’C,
ou bien encore
C*H°O; S°C? + KO, S:C-.
» Nous avons également analysé le sulfo-carbo-méthylate de plomb,
obtenu par double décomposition. Ce sel nous a fourni les résultats sui-
vants :
1: — 0,580 sulfo-earbo-méthylate de plomb ont donné 0 ,565 de sufate de plomb.
IT. — 0,607 d’un autre produit ont fourni 0,440 de sulfate de plomb.
IL. — 0,935 de ce dernier sel ont donné 0,369 d’acide carbonique et o,127 d’eau.
» Ces résultats, donnent pour la composition du sel,
30..
Carborte:.f. 4, ct 2401092
Hydrogène ...:....... 1,50
Oxide de plomb....... 53,32 — 53,29
» En calculant la composition de ce sel, on aurait
CENT 500 08200
HE 7 00e Te
ONE 100 00-702, 76
SM O0 0e EU ODA
PhO ....139{,50 .... 52,78
2642,72 104,00
conformément aux deux formules admissibles de ce sel;
CH, H°0,C S° + PbO, C’S’,
ou bien
C#H°0, C'S? + PbO, C'S:.
» Quand on traite les sels bleus de cuivre par le sulfo-carbo-méthylate
de potasse, il se présente des phénomènes de réduction très remarqua-
bles, et analogues à ceux que M. Zeise a observés avec les sulfo-carbo-
vinates.
» Les expériences que nous avons faites sur les sulfo-carbo-méthylates,
auraient été plus étendues, si au moment même où nous nous en occu-
pions (car ces analyses sont déjà assez anciennes), nous n’avions appris
que l’un des plus habiles chimistes anglais, M. Kane, se livrait lui-même
à un travail complet sur cette classe de corps.
» En résumé, l’acide carbonique donne, en présence de l'esprit de bois
ou de l’alcool et des bases, de l'acide carbo-méthylique ou carbo-vinique
entièrement comparables aux acides analogues formés par le sulfure de
carbone , avec les éléments de l'alcool ou de l'esprit de bois.
» L’acide carbo-vinique ne peut plus être confondu avec le sucre de
cannes; c’est un corps évidemment tout différent. Outre que ces deux
corps sont séparés par leur nature propre, l'acide carbo-vinique et le sucre
doivent l'être encore par leur formule, comme on l’a vu plus haut. Enfin ,
ils doivent l'être aussi, et ils le sont en effet, par leur poids atomique,
circonstance qui, toutefois, n'avait pu jusqu'à présent être prise en
grande considération, le poids atomique du sucre pouvant, à la rigueur,
être représenté de diverses manières.
» Arrivés à ce point du travail que nous avions entrepris, 1l n’en ré-
( 225 )
sultait qu’une seule chose, savoir, la nécessité de reprendre à fond
‘étude du sucre ou plutôt des sucres ; on ne pouvait plus faire à leur su-
jet que des suppositions creuses, faute d'expériences approfondies.
» L'un de nous, M. Péligot, s'est dévoué à ces expériences pendant
deux ans, et il offre les résultats de ce grand travail à l’Académie, dans
un mémoire spécial. (Voir aux Mémoires présentés.)
« Ce travail ne nous apprend pas encore ce que c’est que le sucre de
cannes, mais il nous fait connaître des propriétés nombreuses, qui servi-
ront un jour à établir la formule rationnelle de ce corps. »
RAPPORTS.
MÉCANIQUE. — Rapport sur divers mémoires de M. de Pamsour , ayant pour
objet la détermination des résistances que présentent les machines loco-
motives sur les chemins de fer , et le calcul de l'effet tant de ces machines
que des machines fixes en général.
(Commissaires, MM. Arago, Séguier, Poncelet, Coriolis rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. Arago, Séguier, Poncelet et moi,
de lui faire un rapport sur divers mémoires de M. de Pambour, ayant pour
objet la détermination des résistances que présentent les machines à va-
peur locomotives sur les chemins de fer, et le calcul de l'effet des machines
à vapeur en général et particulièrement des locomotives.
» M. de Pambour, dans un premier mémoire, donne les résultats de
ses expériences sur les résistances des machines locomotives : il compare
ensuite ces résultats à ceux que peuvent fournir les considérations théoriques.
» L'ingénieur anglais Wood avait fait quelques expériences pour déter-
miner la résistance des trains sur les chemins de fer; mais il n’en avait pas
donné qui missent en évidence les résistances dues aux seules machines
locomotives : M. de Pambour est le premier qui les ait déterminées. 1] a
distingué celles qui tiennent à l'appareil roulant, de celles qui tiennent à
la machine à vapeur; il a séparé encore dans ces dernières celles qui sont
indépendantes des charges qu’elles ont à tirer, de celles qui croissent avec
ces charges et leur sont à très peu près proportionnelles. Pour déterminer
ces résistances il a employé trois modes différents : 1° le dynamomètre
mesurant la traction ; 2° la pente avec laquelle la machine marche sans le
secours de Ja vapeur; 3° la pression de la vapeur exactement nécessaire
( 226 )
pour vaincre seulement les résistances. Les nombres fournis par ces trois
méthodes différent assez peu pour qu’on accorde confiance aux moyennes
adoptées par l’auteur.
» Il résulte de ces expériences que, comme moyennes de résultats ob-
tenus sur 9 machines locomotives telles qu’elles étaient construites sur le
chemin de Liverpool à Manchester, on peut porter à 18 kilogrammes la
résistance due aux seuls mouvements de la machine à vapeur ; à 3, 60 par
tonne de son poids, la résistance due au roulement de la machine consi-
dérée comme voiture; et enfin, à 0,68 ce dont s'accroît la résistance de
la machine et de la voiture par tonne du train qu’elle tire.
» L'auteur a cherché à déterminer par des considérations théoriques
l'accroissement de la résistance qui provient de l’action nécessaire pour
tirer le train, accroissement qu'il appelle résistance additionnelle. Les
nombres qu'il obtient ainsi different assez peu de ceux que ses expériences
Jui ont fournis.
» M. de Pambour dans son calcul, substitue la force moyenne à la force
effective et variable. Cette méthode ne serait exacte qu’autant que la résis-
tance additionnelle serait proportionnelle à la force du tirage; comme cette
proportion n'existe pas à la rigueur, il y a une petite inexactitude à pro-
céder ainsi, mais elle a peu d'importance.
» L'auteur, pour évaluer le frottement sur les essieux, regarde la résis-
tance due au tirage nécessaire pour faire avancer le train comme une force
appliquée à la circonférence de la route, tandis qu’elle l’est réellement
sur laxe même. Dans une note supplémentaire où il a modifié sa
première marche, il a commis l'erreur dans un autre sens en prenant
pour la pression sur l’essieu celle qui agit sur la manivelle. Ces inexac-
titudes ont peu d'influence sur les résultats, et d’ailleurs, en les rectifiant,
les nombres se rapprochent encore plus de ceux qu'ont fournis les ob-
servations.
» Les expériences de M. de Pambour donnent à son travail une grande
importance. Avant lui, on n’avait rien d’exact sur les résistances des ma-
chines locomotives, et par conséquent on ne pouvait en calculer les et-
fets sans commettre de grandes erreurs: c'est ce qu’il établit dans une
seconde partie de son travail. Il a tiré parti des résultats de ses premières
expériences, pour prouver que dans les machines à vapeur locomotives
les pressions dans le cylindre et dans la chaudière ont souvent une très
grande différence. Sans doute que déjà, par des considérations théoriques
et aussi par des expériences, on reconnaissait que cette différence exis-
(227)
tait. L'ingénieur Wood les signale dans son travail sur les chemins de fer.
Watt avait dit que pour certaines machines fixes elle pouvait être d’un
quart ou d’un tiers d’atmosphère. Mais ces remarques isolées n'avaient
pas conduit à porter cette différence au point où elle doit l'être en cer-
tains cas. M. de Pambour, en partant de la résistance qu’éprouve le pis-
ton, ainsi qu’elle était déterminée par son premier travail, en conclut la
pression dans le cylindre, puisque dans le cas du régime permanent elle
doit toujours faire équilibre à cette résistance : elle est devenue ainsi pour
lui, comme il le dit très bien, une soupape ou un manomètre. Ayant cons-
taté que pour des orifices d'introduction de la vapeur, ouverts comme ils
le sont ordinairement, il peut y avoir entre les pressions dans la chau-
dière et dans le cylindre des différences de plus d’une atmosphère sur
deux ou trois, on ne pouvait plus employer dans le calcul de l'effet de ces
machines le coefficient de correction en usage jusque alors dans le calcul.
Pour faire comprendre l'erreur dans laquelle on tombait par l'emploi de
ce coefficient, rappelons ici en quoi consiste la méthode.
» Après avoir calculé le travail produit sur le piston en y supposant la
pression égale à celle de la chaudière, on tenait compte de la réduction
due tant à l'inexactitude de cette supposition qu’aux pertes par les frotte-
ments et autres résistances, en affectant cette quantité de travail d’un cer-
tain coefficient de réduction. Quelques auteurs, comme Wood dans son
Traité des Chemins de fer, avaient été jusqu’à l'employer également soit
qu'on eût déduit le travail du volume même parcouru par le piston, et
donné alors par sa surface et sa vitesse, soit qu’on calculät ce volume au
moyen du poids d’eau vaporisée et de la pression que doit avoir la vapeur.
Or, c'était déjà commettre une erreur que de conserver le même coeffi-
cient pour ces deux systèmes de données. M. Poncelet, qui, dans ses lecons
à l'École de Metz, avait recueilli des expériences propres à en fixer la
valeur, ne l'avait présenté que pour la premiére manière de procéder.
Néanmoins, il y aurait encore dans ce cas une erreur évidente à s’en
servir quand la seule réduction à opérer sur la pression de la chaudière
devient une fraction très variable avec la vitesse. M. Navier, qui, à défaut
d'expériences spéciales sur ies résistances, avait employé ce coefficient
dans un premier travail sur les calculs des machines locomotives, a rectifié
sa méthode quand il a eu les données de M. de Pambour sur les résis-
tances de ces machines.
» Non-seulement cet auteur a donné ainsiles éléments nécessaires à la
solution de ce problème si important aujourd'hui, mais il a posé lui-
( 228 )
mème les véritables formules auxquelles on doit appliquer ces éléments.
Si l'on examine ce que contiennent à ce sujet les ouvrages imprimés, on
peut dire qu'il n'y avait pas de théorie bien concue pour calculer dans
tous les cas les effets des machines locomotives et même des machines en
général. Les vitesses, dans les traités anglais, étaient données par des for-
mules qui n'avaient aucune base exacte; et bien que ces questions fus-
sent cependant assez faciles à aborder, et qu’elles eussent été bien con-
cues par quelques ingénieurs qui ne les avaient pas encore développées
dans aucun écrit, la priorité n’en reste pas moins à M. de Pambour, pour
avoir publié le premier ces véritables formules. La quantité d’eau vaporisée
par les chaudières, élément fondamental de la puissance des machines que
l'auteur a fait ressortir dans ses formules, n’avait pas encore été déterminée
par une série complète d'expériences en grand pour les machines locomo-
tives. C’est un service que M. de Pambour a rendu en publiant celles qu'il
a faites à ce sujet. Il serait à désirer qu'il pût compléter ce travail en dé-
terminant la proportion entre la quantité de vapeur arrivant dans le cy-
lindre et la quantité d'eau entrainée sans être vaporisée : ce rapport ,
qu'il évalue approximativement, aurait besoin d’être bien établi par des
expériences faites dans les diverses circonstances qui peuvent le modifier.
» Nous devons faire remarquer que M. de Pambour établit bien que
dans l’état permanent la pression dans la chaudière est réglée par la
charge de la machine, et que c’est de cette charge que l’on peut conclure
la vitesse , en prenant les deux équations de permanence pour la vitesse et
pour la température. L'ouverture du régulateur, quand la chaudière reste
bien fermée, n’a d'influence sur la pression dans le cylindre que pen-
dant quelques instants, jusqu'à ce que l’uniformité soit rétablie; alors,
c'est la pression dans la chaudière qui se trouve réglée d’après ce degré
d'ouverture. Ces considérations avaient déjà été présentées dans un mé-
moire que votre rapporteur a lu à l'Académie en 1834 : ce travail n'ayant
pas été publié, M. de Pambour n’en à pas eu connaissance. A défaut
d'expériences sur les résistances des machines locomotives, j’employai dans
ce mémoire un coefficient constant de réduction, ainsi que l'avait fait
depuis M. Navier dans son premier travail sur les locomotives : c'était
une erreur qui a été mise en évidence par M. de Pambour.
» Nous devons faire remarquer que l’auteur semble conclure de ses ex-
périences qu'il y a une indépendance complète entre la pression dans le cy-
lindre et celle de la chaudière. C’est l'énoncé de cette proposition qui a
donné lieu à une note de M. de Champeaux de la Boulaye, dans laquelle il
(229)
Témarque avec raison, ainsi que le savent tous ceux qui se sont occupés de
ces matieres, que cette différence dépend de l'ouverture des conduits.
Depuis, M. de Pambour, tout en reconnaissant cette influence des con-
duits et des ouvertures, soutient encore, dans son dernier mémoire ,
que, non-seulement ces deux pressions ne varient pas dans le même sens,
mais qu'il n’y a aucune loi qui les lie, puisque, dit-il, ses expériences
prouvent qu'elles peuvent varier en sens. contraire. Ce fait important de
la marche en sens contraire de,ces deux pressions , signalé par M. de Pam-
bour, et qui lui a fait croire à une indépendance, peut s'expliquer par
les considérations théoriques ordinaires.
» Quelle que soit la relation entre la différence de pression et la vitesse
d'écoulement de la vapeur, dés qu’on suppose seulement que.ces quanti-
tés croissent en même temps, on Peut reconnaître de quelle nature est la
loi qui lie les pressions dans le cylindre et dans la chaudière, pour un
foyer d’une puissance de vaporisation constante et Pour un régime perma-
nent de la machine. En prenant la première de ces pressions pour
abscisse horizontale, et en regardant la seconde comme une ordonnée
verticale, on aura une courbe de la forme d'une portion d'hyperbole. A
partir de l’origine, elle sera trés peu en-dessus d’une droite asymptote in-
clinée à 45°. Les ordonnées de celle-ci étant égales à ses abscisses, repré-
senteront par conséquent les pressions dans le cylindre. Ces deux ordon-
nées croîtront donc ensemble indéfiniment , mais près de l’origine, c’est-à-
dire pour de faibles charges données à Ja locomotive, la courbe se relèvera,
et la pression dans la chaudière, loin de diminuer en même temps que
celle du cylindre, la surpassera de plus er plus. Cette marche contraire,
qui a été signalée par M. de Pambour, a pu lui paraître comme une in-
dépendance. En effet, si les observations sont faites pour des pressions
fort peu éloignées de celle qui répond au point de minimum de la courbe
hyperbolique, on trouvera une certaine constance dans les pressions de
la chaudière, pour d'assez grandes variations des pressions dans le
cylindre.
» Si l’on se servait des formules ordinaires pour déterminer les dimen-
sions de cette courbe , elles seraient telles que dans les circonstances mêmes
des expériences de l’auteur on ne se trouverait pas dans la partie où l’or-
donnée varie peu Par rapport à l’abscisse. Ses expériences apprennent
donc qu’on ne peut appliquer ces formules ordinaires à l’écoulement de la
vapeur dans les machines locomotives. Jusqu'à présent on avait pensé à
tort, que même dans ces machines on devait se placer dans cette partie
CR. 1838, 16r Semestre. (T. VI, N° 8.) 31
(230)
ascendante de la courbe. Ayant examiné ce point avec plus de soin, nous
n'avons pas eu de peine à croire à l'exactitude des observations de M. de
Pambour. Bien qu'on ne puisse résoudre ici avec exactitude la question
mathématique dans toute sa rigueur, cependant on voit que les formules
du mouvement permanent ne peuvent s'appliquer, eu égard au trouble
apporté dans l'écoulement, par les fermetures périodiques des tiroirs, par
le mouvement varié du piston, et aussi par l’abaissement de température
qui peut accompagner la dilatation de la vapeur. Il n’y a donc rien de
surprenant que l’on trouve une plus grande différence entre la pression
dans le cylindre et celle de la chaudière, qu’on ne l'avait calculée jusqu'à
présent.
» Mais en admettant ce point pour les machines locomotives où les ori-
ficés sont tous assez petits et où les vitesses des pistons des tiroirs sont
assez grandes, rien ne prouve encore qu'on puisse l'étendre à toutes les
machines fixes, ainsi que le fait M. de Pambour pour y chercher la prin-
cipale cause de: la réduction qu’il faut faire subir au travail théorique afin
d'obtenir le travail utile. L'auteur se met en quelque sorte en contradiction
avec lui-même sur ce point, puisque dans les machinés locomotives il re-
connaît qué pour de faibles vitesses il n’y a qu’une différence insensible.
Tout ce quela théorie, à défaut d'expériences spéciales peut indiquer sur
ce point, nous porte à croire qu'il en est ainsi dans la plupart des machines
fixes ayant d’assez larges orifices pour l'introduction de la vapeur dans le
cylindre. Il ne paraît pas qu'on doive rien conclure de général de l'obser-
vation de Watt que Fareÿ a signalée dans son traité, parce que les circons-
tances’ de l'expérience ne'sont pas bien connues, et que d'ailleurs cette
différence ést loin d'aller au point où M. dé Pambour la porterait pour les
machines fixes en général.
» En définitive, vos commissaires émettent sur le travail de l’auteur
l'avis suivant :
» M. de Pambour, tant dans les différents mémoires qu'il a présentés
à l'Académie que dans l'ouvrage qu'il à publié sur les machines à vapeur
locomotives, a rendu un grand service à la science de Fingénieur en don-
nant le premier une sérié d’expériénces sur les résistances de ces machines,
sur lés quantités d’eau qu’elles vaporisent, sur leurs puissances et sur leurs
vitesses dans différentes circonstances. On doit reconnaître qu'il a publié
le premier dans son ouvrage les formules exactes pour le calcul de l'effet
de ces machines ,-en y introduisant comme élément principal la quantité
d'eauvaporisée! M! de Pambour a constaté par ses expériences la grande
(231)
différence qui s'y manifeste entre la pression dans le cylindre et la pres-
sion dans la chaudière ; et il a montré les erreurs que l’on commettait en
se servant dans ce cas d’un coefficient constant de réduction dans l'emploi
de ces formules.
» Vos commissaires, en jugeant le travail de M. de Pambour digne de
l'approbation de l'Académie , en proposeraient l'insertion dans le Recueil
des Savans étrangers ; si une partie de ses mémoires n’avait pas déjà été
publiée dans son Traité des Machines locomotives, et si les autres parties
ne devaient pas être insérées dans une nouvelle édition de cet ouvrage. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
M. Bory pe Saivr-Vincenr fait, sur le Dictionnaire pittoresque d'his-
toire naturelle publié par M. Guérin, un rapport favorable, qu'il ter-
mine de la manière suivante :
« Je ne puis résister au besoin de signaler la plupart des articles qu'on
doit aux plumes consciencieuses de : MM. Puillon-Boblaye, Cocteau,
Martin Saint-Ange, Thiébaut de Berneaud, Grimaux de Caux, WVirlet,
Garnot, etc. | . ‘
» Avec de tels collaborateurs, le Dictionnaire pittoresque ne! peut que
s'améliorer de jour en jour. S'il n’est .pas nécessaire aux, naturalistes
de profession , qui n’y trouveraient que. ce,qu'’ils savent ; et souvent l’ex-
trait de leurs propres écrits, il êst indispensable à ces classes de la
société où, j'aurai le courage de le dire, on a, généralement des. idées
aussi fausses de la science, dont traite le Dictionnaire pittoresque. que
de la plupart des autres branches des sciences physiques. L'histoire natu-
relle tient cependant par d’intimes rapports à l’universalité des con-
naissances humaines, et se marie étroitement même aux arts; elle.ést
la base ou la source de toutes choses, et cependant très peu de Iper-
sonnes ont une idée juste de ce qu'elle, est. Des. livres qu'on dit en avoir
répandu le goût, ont au contraire contribué à l'ignorance où lon test
généralement sur son but et sur. ce qu’elle enseigne réellement. Il serait
temps que les bons esprits, quelle que füt la direction donnée à leurs
études, en prissent au moins une teinture,.ne. füt-ce que pour s'affranchir
d'une foule d'erreurs qu’on admet comme des vérités incontestables;: en
les répétant de confiance, parce. qu'on ne. s'est Jamais donné Ja: peine
d'approfondir ce qu’il en est et de remonter aux sources :tils en trouve-
ront les moyens dans un livre qui mérite {la bienveillance ; dé l’Acadé-
mie et l’honneur d’être admis avec distinction dans sa bibliothèque. »
De
{
(0252)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la nature et les propriétés chimiques
des sucres ; par M. E. PÉLicor.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Biot, Gay-Lussac, Thénard et Dumas.)
« Les matières sucrées sont mal connues, et plusieurs causes, dit l’au-
teur, peuvent aisément l'expliquer. On connaît, comme chacun sait, deux
principales variétés de sucres fermentescibles :
» 1°. Le sucre ordinaire, de betteraves ou de cannes, en cristaux
géométriques réguliers, d’une saveur douce très franche;
» 2°. Le sucre de raisins, plus difficile à obtenir à l’état solide, qui ne
cristallise presque jamais régulièrement, d’une saveur douce beaucoup
moins agréable, qui se rencontre dans les raisins et dans presque tous les
fruits sucrés qui présentent une réaction acide.
» On a confondu avec le sucre de raisins le sucre de diabètes, le sucre
d’amidon, le sucre qu’on extrait du ligneux, de la gomme, du sucre ordi-
naire, lui-même, modifié par les acides ou la fermentation. Cette identité
n'existe pas, du moins pour plusieurs de ces sucres, d’après les expérien-
ces de M. Biot.
» Sucre ordinaire. Beaucoup d'analyses de ce sucre ont été faites, mais
elles offrent des différences sensibles sur le carbone. En répétant l'analyse
avec tous les soins possibles, on a trouvé que la formule adoptée depuis
long-temps est celle qui s'accorde le mieux avec l'expérience : cette for-
mule est C*# HO".
» M. Berzélius seul a essayé de déterminer le poids atomique du sucre
ordinaire; il a trouvé que sa combinaison avec l’oxide de plomb renferme
C“H0, 2PbO; il considère ce sel comme bibasique.
» En desséchant le même sel à 160°, j'ai obtenu C*H'* O9, 2PhO.
» Ainsi, le sucre anhydre = C* H°* O®, au lieu de C* H® O°e.
» Le sucre se combine avec les alcalis.
» J'ai obtenu un saccharate de baryte cristallisé par le contact direct du
sucre et de la baryte dissous dans l’eau, et j'ai trouvé la formule
C2#H# 0", Ba O pour le saccharate de baryte.
» Le saccharate de chaux s'obtient en précipitant par l'alcool une disso-
(233 )
lution de chaux dans le sirop de sucre; il a la même composition. Ce sel
est trés remarquable par son action sur l’eau à diverses températures; il
présente une très grande solubilité à la température ordinaire, et devient
presque insoluble vers 100°; de sorte que la liqueur se prend en une
sorte d’empois. Le tartrate basique de potasse et de chaux offre un phé-
nomène analogue. Cette insolubilité à chaud paraît jouer un grand rôle
dans la défécation des jus de betteraves.
» J'ai combiné le sucre avec le sel marin. La composition de ce corps est
représentée par C# H#? O0", Ch* Na.
» Or, je propose de considérer comme 1 équiv. de suore la partie qui
se trouve unie à r équiv. de chlorure de sodium.
Alors le sucre candi est................. C#H#O',4H0;
le saccharate de plomb.........…... C#H#0O'%#, 4PbO ;
le saccharate de chlorure de sodium. C‘#H#0'%, (Ch’ Na, 3H°0);
Enfin le saccharate de baryte..,..... .... GH#O'", 2Ba0, 4H°0.
» Les trois premières combinaisons contiennent 4iat. de base , en consi-
dérant l’eau comme tenant la place d’une base. Le saccharate de baryte s’é-
carte par sa composition des précédents, ce qu’on doit peut-être attribuer,
tant à l’affinité spéciale de la baryte pour l’eau, qu’à l'indifférence du sucre
à jouer le rôle d’acide.
» Sucre d'amidon et sucre de diabètes. L'identité de composition élé-
mentaire du sucre des raisins et du sucre d’amidon étant bien établie, j'ai
analysé le sucre de diabètes, que jai eu occasion d’obtenir en grande
quantité et très pur; Proust n’avait pas donné la composition de ce sucre
avec une précision convenable.
» J'ai trouvé qu’on devait la représenter par la formule C*#H*O1*; cette
formule est également celle qui appartient au sucre de raisin, au sucre de
miel et au sucre d’amidon.
» Le poids atomique de ces sucres n’a été fixé par aucun chimiste. J'ai
cherché à remplir cette lacune, ce qui n’était pas sans quelque difficulté ;
j'ai produit et analysé la combinaison de sucre de diabète et de sel marin,
obtenue par M. Calloud , et j'ai trouvé que ce curieux produit est repré--
senté par la formule C#* H**O*$, Ch*Na.
» M. Brunner, de Berne, a étudié une combinaison faite au moyen de
sucre d'amidon identique évidemment avec le composé précédent, bien-
que M. Brunner ait commis une légère erreur. dans la détermination du
carbone et de l'hydrogène de ce corps.
(234)
» J'ai obtenu une combinaison d’oxide de plomb et de sucre d’amidon
par le contact de l’acétate de plomb ammoniacal avec le sucre dissous em-
ployé en excès. Sa composition estreprésentée par la formule C#*H#0O*,6PbO.
J'ai étudié aussi le saccharate de baryte du sucre d’amidon; la formule qui
le représente est C4 H°°O*', 3Ba0.
» Je propose de représenter le sucre d’amidon et ses composés par les
formules suivantes :
CSH#0::, 75H40, sucre cristallisé;
C#H#0::, 3H°0, sucre desséché à 100°;
C8H#0°1, 3Ba0, 7H°0, saccharate de baryte : mais la difficile préparation de ce corps
laisse quelque doute sur la détermination de l’eau;
CSH#0*, 6PbO, saccharate de plomb;
C#H#0°,Ch°Na, 5H°0, combinaison avec le sel marin;
C#H#0°!,Ch° Na, 2H°0, la même desséchée à 130°.
» J'ai dit que le sucre ordinaire se combinait avec les alcalis sans s’al-
térer : le sucre d’amidon et tous les sucres connus, autres que le sucre
ordinaire , se combinent d’abord avec ces mêmes corps, puis se détruisent
graduellement, en donnant naissance à deux produits distincts, selon les
circonstances du contact établi entre ces corps.
» La chaux dissoute dans le sirop de sucre d’amidon perd peu à peu
ses propriétés caustiques , et se trouve saturée par un acide qui s'est dé-
veloppé sous son influence.
» Le sel de chaux formé, rendu neutre, précipite très abondamment
par le sous-acétate de plomb. Le sel de plomb insoluble a pour formule
C#H°0%, GP O.
» L’acide libre n’a pu être étudié convenablement; il n’est pas volatil et
forme des sels presque tous solubles dans l'eau.
» En chauffant la dissolution de sucre d’amidon et d’un alcali, on ob-
serve une action plus rapide; il y a coloration et formation d’un acide
brun-noir, ayant de la ressemblance avec l'acide ulmique.
» Mais il en diffère totalement. Sa composition est représentée par la
formule G{#$H°°0!°.
» Il paraît identique avec l'acide obtenu par M. Swanberg, en traitant par
la potasse caustique l'acide du cachou ; lequel offre la composition repré-
sentée par la formule précédente. Cependant quelques différences s’obser-
vent dans les analyses qui ont donné 1 pour cent d'hydrogène de trop.
» Cet acide s'obtient très facilement avec le sucre d’amidon fondu et
(535)
une lessive concentrée. de potasse caustique; l’action est des plus vives.
Quand la coloration,est devenue très intense, on ajoute de l’eau et l'on
précipite l'acide au moyen de lacide chlorhydrique.
» Si l'identité avec, l’acide japonique existe, cet acide à l’état sec est re-
présenté par C#H'$O*.
» Ces deux acides ne diffèrent du sucre que par de l’eau en moins. En
effet, C#8H#2 02: sucre anhydre, devient C48 H#O15 premier acide, en
perdant 6H°0.
» Puis C48 H% O'Ÿ devient C#H!6 O8 acide japonique, en perdant 7H°0.
Le sucre perd donc ainsi de l'eau successivement, au sein même de l'eau.
Cette transformation remarquable est bien caractéristique pour le sucre
d’amidon et ses analogues.
» En soustrayant le sucre et l’alcali au contact de l’eau, le phénomène de
décomposition ne se manifeste pas : on obtient un saccharate alcalin dans
lequel le sucre est doué de ses propriétés ordinaires.
» Le saccharate de baryte serait donc un corps très difficile à préparer,
si l'on n’avait quelque moyen de parer à la formation des acides dont on
vient de parler. Le saccharate de baryte du sucre des raisins s'obtient en
mettant en contact des dissolutions de baryte et de sucre d’amidon faites
au moyen de l'esprit de bois. Le précipité blanc qui prend naissance est
lavé avec de l’esprit de bois, puis desséché d’abord à l’aide de la chaux vive,
ensuite par l’acide sulfurique, afin d'éviter complétement l'intervention
décomposante de l’eau.
» J'ai étudié aussi l’action des acides et particulièrement celle de l'acide
sulfurique concentré sur les sucres. Avec ce dernier et le sucre ordinaire
on observe une forte coloration et la production d’une certaine quantité
d’acide japonique.
» Avec le sucre d’amidon, au contraire pas de coloration, et chose re-
marquable, il y a combinaison de l'acide sulfurique avec ce sucre; en un
mot, formation d'acide sulfo-saccharique. On sature par le carbonate de
baryte, on traite par le sous-acétate de plomb, il se précipite lesulfo:saccha-
rate de plomb qui a pour composition : C4 H#02°, SOS + 4P4O.
» Mais je n'ai pas déterminé avec une précision convenable la quantité
d’eau que l'acide sulfo-saccharique contient. .
» Cet acide, à l’état libre, est très peu stable; il ne précipite pas les sels
de baryte, forme des sels en général solubles.
» Enfin, l’action de la chaleur sur les sucres, appliquée avec discerne-
ment, fournit des résultats très simples. En opérant à 210° il se dégage de
( 236 )
l'eau seulement et il reste un produit noir entierement soluble dans l’eau.
Je lui ai conservé le nom de caramel. Purifié par l'alcool, il offre un corps
sans saveur qui ne fermente pas. Sa composition est très simple C#5 H$6 O18
et ne diffère de celle du sucre que par une perte d’eau.
» Le sucre ordinaire et le sucre d’amidon donnent finalement le même
produit dans cette circonstance.
» Ces expériences modifient comme on voit singulièrement, les idées
sur le poids atomique des sucres, tout en confirmant les analyses déjà
faites pour le sucre de cannes, pour le sucre d'amidon.
» Il reste démontré, je pense, par ce qui précède, que les propriétés
du sucre que je viens de définir ou de constater sont de nature à jeter un
grand jour sur les divers procédés industriels dont les sucres sont l’objet ;
c'est ce que je me propose d'établir dans un autre mémoire. »
mÉTÉOROLOGIE. — Sur la glace qui se forme au fond des rivières; par
M. Marre.
(Commissaires, MM. Arago et Dulong.)
L'objet principal de l'auteur est de réfuter l’une des deux explications de
la formation des glaces spongieuses flottantes que M. Arago avait signalées
dans l'Annuaire de 1833; c’est précisément celle que M. Gay-Lussac a pris la
peine de développer et d'enrichir de savantes considérations. Le prochain
rapport des Cornmissaires nous fournira l'occasion de revenir sur ce curieux
phénomène.
comme. — MNouvelles recherches sur la composition des alcalis orga-
niques ; par M. V. RrGNAULT, ingénieur des mines.
(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet, Pelouze. )
« IL résulte de mon travail, dit M. Regnault dans la lettre qui accom-
pagne son mémoire, que la loi généralement admise pour la composition
des alcalis organiques n’est pas exacte, que ces bases ne renferment pas tou-
jours 2 atomes d’azote dans 1 atome de base, comme on avait cru le remar-
quer jusqu'ici; mais que plusieurs d’entre elles renferment 4 atomes d'azote.
» Voici les formules que mes analyses me conduisent à admettre pour les
bases organiques que j'ai examinées.
(237)
Equivalents.
Morphine. . . . . . . H C$ Az O5 + Hf O2. . . . . 3702,»
Cotémnes PEER RH PICS AT OR 201,9
NarcOURE RER REA CE PAZ ONE 5274
OUEN EN EU SC EAZ OH OV EM ET rG0,0
CCE RME RENE EN PAT ONE EN OP 301,1
SicychniRe EME ANGEL AZAION ENTRE TON OC 439718
Brucine sus... : HS5#C# Az4 Of :« Ho 010. . . & 5160,1.
» Il résulte également de mes recherches que tous les sels formés par
les bases organiques avec les oxacides renferment 1 atome d’eau qu'on ne
peut leur enlever sans les décomposer. Ainsi ces bases présentent une
analogie complète avec l’'ammoniaque dans leur manière de se comporter
avec les acides.
» J'observerai que les substances azotées basiques, si remarquables,
découvertes dans ces derniers temps par M. Liebig, je veux dire, l'ammé-
line et la mélamine renferment 1 atome d’eau dans les sels avec les oxa-
cides qui ont été examinés. Mes analyses démontrent qu'il en est de même
pour l’urée; les oxalates et nitrate d’urée, que l’on a regardés jusqu'ici
comme anhydres, renferment 1 atome d’eau,
» On est ainsi conduit à former un même groupe des substances ba-
siques que nous présente le règne organique. Ces substances se distinguent
non-seulement par ce caractère remarquable qu’elles renferment toutes de
l'azote, mais encore par leur manière de se comporter avec les acides.
Ainsi ces bases se combinent directement avec les hydracides, sans les
décomposer, comme cela a lieu avec les bases oxidées du règne minéral;
et, avec les oxacides dissous dans l’eau, elles forment des sels qui re-
tiennent toujours 1 atome d’eau qu’on ne peut leur enlever sans les dé-
composer. »
ÉCONOMIE RURALE. — {Vote sur la conservation des grains; par M. le général
DEmARçAY.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, de Mirbel, Dulong, Séguier. )
Cette note est accompagnée de la lettre suivante :
« Depuis 1825 jusqu’à ce jour, je conserve mes blés (froment), sans au-
cune espèce de soins , et sans y toucher. La première expérience a eu lieu
du mois de novembre 1825 à la fin de juillet 1828. Le blé mis dans mon
grenier était de la récolte de 1825; il y est resté, sans qu’on y ait touché,
jusqu’à la fin de juillet 1828, époque de la vente. Ce grenier a toujours
C. R. 1838, 1e° Semestre. (T. VI, N° 8.) 32
{ 238 )
été employé depuis à recevoir mes blés, que j'ai vendus en raison des
convenñances du prix. Les récoltes de 1834 et 1835 y sont restées environ
trois ans, comme à la première expérience; Jamais ils n’ont été attaqués
par les charançons. Jamais ils n'y ont éprouvé la moindre humidité, et le
blé avait toujours, au moment de la vente, la couleur, l'aspect et le ma-
niement du blé de l’année, et je suis porté à croire qu'il y serait resté
indéfiniment avec le même degré de conservation. Ce grenier contient
220 hectolitres, ou 360 quintaux. Ces expériences ont été faites au vu et
au su de tout mon voisinage, et peuvent être attestées par plus de 100
personnes, parmi lesquelles se trouvent notamment les acheteurs du blé.
Le peu de mots que je vais dire de ce moyen de conservation, insuffisant
pour le public, suffira, je crois, pour que le résultat annoncé paraisse
non-seulement possible, mais encore très probable, à Messieurs de l’Aca-
démie des Sciences.
» Si le blé à conserver n’est pas exposé à une chaleur au-dessus de +13°,
et à moins de + 7° R.,si en même temps il est contenu dans l'air le plus
sec possible, qui n’éprouve presque jamais ni mouvement, ni variation
hygrométrique, il se trouvera dans une condition convenable pour que
les œufs des charancons ne puissent y éclore, et que ces insectes ne
puissent s’y propager. Le blé y sera toujours sec, et continuera à rester
constamment dans cet état. L'écorce en sera toujours brillante, polie, et
le grain coulant à la main, comme cela a lieu pour le blé nouveau quand
il est très sec, Voyons si j'ai mis mon blé dans cette situation.
» J'ai fait établir dans une glacière une caisse posée sur une char-
pente, à 1 pied au-dessus du fond de la glacière. établis des poutrelles
appuyées contre les murs, la glacière est ronde; c’est un cône tronqué.
J'ai fait clouer un parquet sur la charpente du fond et sur les poutrelles
latérales, de manière que l'air peut s'élever avec la plus grande facilité
du fond, par tout le pourtour de la caisse, jusqu’au toit de la glacière,
qui est en paille, exposé aux courants d'air et à l’action du soleil. Je
prie de bien remarquer ce point, qui avec la position de la caisse forme
tout l’artifice et la particularité de mon grenier. On doit encore savoir
qu'on met sur le haut de la caisse des planches les unes à côté des au-
tres, comme un diaphragme, pour s'opposer au mouvement de l'air, et
à la propagation de la chaleur, On remarquera que la caisse, dans tout
son pourtour, est éloignée des murs de la glacière d’une distance égale à
l'épaisseur des poutrelles.
» On verra facilement, en pensant aux greniers ordinaires, que la cha-
(239 )
leur y varie de — 8° où — 10° jusqu'à + 24 ou 26° et que le blé sy
trouve exposé à une variation dechaleur de 34 degrés au moins, et, sous le
rapport hygrométrique, à des variations extrémement marquées. De là
la cause qui ride l'écorce du blé, la rend légèrement grise, puis plus fon-
cée, puis plus ridée, et enfin, au moyen de pelletages et autres mouve-
ments qu'il faut faire éprouver au grain, finit, après deux ou trois ans au
plus tard, par le couvrir d’une poussière qui ne fait que s'accroitre , et
lui donne cette couleur désagréable qui nuit beaucoup à sa valeur. Si l’on
réfléchit à la position de mon grenier, on verra qu'il doit avoir, à 2 ou 3°
en plus ou en moins, la température d'une cave: Quant à la sécheresse de
l'air contenu, il suffit de penser à la construction que j'ai donnée, pour
voir qu’il doit rester constamment sec, et que le blé ne doit être exposé
ni aux charancons, ni à l'humidité, ni aux gonflements et rétrécisse-
ments successifs qui ont lieu dans les greniers ordinaires, et qui causent
inévitablement les inconvénients dont je viens de parler, l'écorce ridée et
grise.
» Je donne dans la note ci-jointe les dimensions du grenier dont je me
suis servi; jy joins le devis d’un autre grenier, sur les mêmes principes,
mais avec quelques modifications. Je me suis servi de ma, glacière telle
qu'elle était, On y verra que le grenier projeté, de la contenance de
1250 hectolitres, dont la construction ne reviendrait pas dans ma localité
à 8oo fr., y est portée à 1200, avec des détails qui convaincront, je crois,
tout homme ayant quelques notions de constructions. Si l'on compare ce
grenier aux greniers ordinaires, on verra qu'il ne coûte pas la dixième
partie de ce que coûteraient les greniers pouvant contenir la même quan-
tité de grain. Je donne aussi une coupe du grenier projeté; j'y donne de
plus un exemple de spéculation dont toutes les données sont calculées ,
de manière à prouver que je n’abonde pas trop dans mes idées. Je joins
encore à ma note deux extraits imprimés des /nnales de l'Agriculture ,
l'un du cahier de décembre 1823, et l’autre extrait du tome 27, deuxième
série du même ouvrage, pour l’année 1826. Non-seulement j'y parle de
ma glacière et du grenier que j'y ai placé, mais jen donne la description,
et j'y rends même compte de la première partie de mon expérience, ter-
minée en juillet 1828. »
32...
( 240 )
HYDRAULIQUE PRATIQUE. — Mémoire sur un nouveau système d'écluses à
flotteur et à colonne oscillante ; par M. ANATOLE DE CaLiGny.
(Commissaires, MM. de Prony et Coriolis. )
Le système d’écluses à décharges latérales, inventé en 1646 par le
maître charpentier Dubié, et exécuté à Bouzingue, exige, quant au temps,
que l’éclusier opère la fermeture de diverses vannes avec une précision
mathématique. M. de Caligny y supplée par des moyens mécaniques mis
en action à l’aide de flotteurs. Quant à la partie du liquide qui ne doit pas
entrer dans des décharges latérales, l’auteur l’applique, comme force mo-
trice, à un bélier 4 une seule soupape, à l'aide duquel il fait remonter une
partie de cette eau dans les biefs supérieurs.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Observations sur un mémoire de M. Iusrr,
relatif à la théorie de la chaleur; par M. Liouvizee.
(Commissaires, MM. Biot, Poisson, Poinsot, Sturm.)
Ce mémoire de M. Libri est inséré dans le tome 7 du Journal de
M. Crelle, page 116. L'auteur s’est proposé d'y développer une méthode
nouvelle d’approximation, mais, suivant M. Liouville, les formules aux-
quelles il arrive sont inexactes, et le principe général sur lequel il s’appuie
est inadmissible.
Après l'analyse verbale que M. le Secrétaire perpétuel fait du mémoire
de M. Liouville, M. Lier: prend la parole et présente quelques observations
à ce sujet. Il ajoute, au reste, qu’il ne pourra discuter les arguments de
M. Liouville que lorsqu'il lui aura été permis de prendre connaissance de
ce travail (r). Le mémoire de M. Libri, que M. Crelle a bien voulu reproduire
dans son Journal, a paru pour la première fois, en Italie, en 1827.
(1) Dans un Mémoire inséré parmi les nouveaux Mémoires de l'Académie des Sciences
(voyez tome VIIT, p.621), M. Fourier a parlé du travail de M. Libri, dont il a ap-
prouvé la méthode et les résultats. Peut-être est-il permis de croire que M. Liouville,
s’il se fût rappelé cette circonstance, aurait été moins affirmatif dans sa critique. (Note
de M, Zabri.)
(241)
CHiMiEe. — De l'action que le chlore exerce sur les bases salifiables ;
par M. PELLETIER.
(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet, Pelouze. )
L'auteur donne dans les termes suivants le résumé de ce travail :
« 1°. Le chlore ne se combine point aux bases salifiables organiques.
» 2°. Il agit surelles en les décomposant : il se porte principalement sur
l'hydrogène et forme de l'acide hydro-chlorique.
» 3°. Le résultat de cette action est la formation d’une substance par-
ticulière pour chaque base. Ces matières sont neutres , incapables ‘de
saturer les acides, un petit nombre paraissent susceptibles de cristal-
lisation.
» 4°. La strychnine est la substance alcaloïde qui fournit les résultats les
plus positifs. Elle produit avec le chlore une matière d’un bleu éclatant
soluble dans l'alcool et dans l’éther. C’est un corps composé de cinq élé-
ments dont l'analyse est rapportée avec tous ses détails dans la notice, et
dont la composition peut être représentée par la formule
C# H% Az CI O5.
» 5°. L’extrème sensibilité du chlore comme réactif de la strychnine,
(réactif qui était encore à trouver) devient un moyen précieux d’inves--
tigation, dans les Recherches toxicologiques relatives à cette substance
si éminemment vénéneuse, »
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. —Âu moment de retourner à Naples, le savant directeur de
l'Observatoire royal de cette ville, a mis sous les yeux de l'Académie, plu-
sieurs instruments destinés à enrichir ce bel établissement. Le premier est
un photomètre dont M. Capocci se propose de faire usage dans la déter-
mination des grandeurs relatives des étoiles. L'image de comparaison ré-
sulte de la réflexion de la lumière d’une petite bougie sur une boule sphé-
rique en acier. Des diaphragmes à ouvertures variables, servent à graduer
convenablement les intensités. En substituant une boule d'ivoire à la boule
métallique, l’auteur espère obtenir des images assez analogues au noyau
et à la chevelure des cométes, pour être à même d'étudier les change-
(242)
wents de forme et d'intensité de ces astres mystérieux, plus exactement
qu'on n'a pu le faire jusqu'ici. S
Les verres colorés , présentés par M. Capocci, sont des combinaisons
dans lesquelles, en profitant des belles découvertes de M. Melloni, on a
trouvé le moyen d’arrêter presque en totalité les rayons calorifiques qui
mélés à la lumiere et formant foyer en même temps qu'elle, rendent les
observations du Soleil si pénibles.
Le troisième instrument est un micromètre destiné à l'observation des
comètes tres faibles. Les repères consisteraient en quatre petites aigrettes
électriques, situées aux pointes de quatre fils métalliques placés deux à
deux en regard. M. Capocci a aussi l’intention de se servir d’un fil très
fin, qui sera rendu lumineux par un couple voltaique placé à côté de
l'oculaire. M. Arago et M Savary avaient, chacun de leur côté, songé
jadis à cette dernière combinaison, et ils en ont parlé dans leurs cours.
M. Arago a renoncé à la faire exécuter, par la crainte, peut-être mal fondée,
que le petit fil incandescent ne donnât lieu à des courants d’air qui nui-
raient un peu à la netteté des images. Pl
M. Libri présente la copie légalisée d’une lettre que M. Matteucci écrivit
à M. Linari le 5 avril 1836, et dans laquelle on lit deux passages dont
voici la traduction littérale :
« Je me réjouis en apprenant que vous avez vu l'étincelle de la torpille.
» Pourquoi n’étais-je pas avec vous ? J'espère pouvoir bientôt la répéter ;
» il sera nécessaire que vous me racontiez minutieusement toute l’expé-
» rience et que vous me décriviez l'appareil. J'en écrirai à Arago et je lui
» ferai l'historique sincère du fait. Ne négligez donc pas de m'en donner
» la description. ...... MR MAN A0 EH LÉ A PHP ME dc A do
» Écrivez à Antinori et à Giorgiet parlez-leur de votre belle expérience.
» Adieu, votre affectionné,
» MaTTEUGCI. »
La lettre de M. Matteucci à M. Santi-Linari sera déposée aux archives
de l'Académie.
Après avoir rappelé quelques circonstances de la discussion de priorité
que les dernieres observations sur la torpille ont fait naître entre
MM.Matteucci et Santi-Linari, le Secrétaire perpétuel se hasarde à émet-
tre l'opinion qu'il s’est formée touchant les droits respectifs des deux com-
pétiteurs. Suivant lui, et sauf de plus amples informations, M. Matteucci
(243)
a imaginé les moyens généraux d’expérimentation, et M. Linari les a mis
le premier en pratique, en les perfectionnant plus ou moins.
CHIMIE. — Action des charbons incandescents sur la vapeur d'eau; Note
de M. Lonccæamr, en réponse aux observations de M. Gay-Lussac,
consignées page 180 du Compte rendu.
« Aprés la communication faite par M. Arago de la note dans laquelle
je fais connaître les résultats que j’ai obtenus de l’action de la vapeur d'eau
sur le charbon incandescent , M. Gay-Lussac a observé, avec raison, que
si l'écoulement de la vapeur a été très rapide, les charbons ont pu être
suffisamment refroidis pour qu'il n’y ait pas eu de décomposition.
» On se convaincra à la lecture de ma note, que le charbon a toujours
été maintenu au rouge-blanc. L’écoulement a toujours été en même pro-
portion pendant toute la durée des opérations, et pour cela le réservoir
qui alimentait l'écoulement avait une assez grande surface pour que la
hauteur de la colonne d’eau ne variât pas sensiblement, et toutes les 40
minutes je versais dans le réservoir 5oo grammes d’eau, quantité qui
s’écoulait pendant ce temps par l'ouverture du robinet, qui a été fixée
une fois pour toutes.
» boo grammes d’eau en 4o minutes donnent 5o grammes par 4 minutes,
ou environ 1 gramme d'eau en 5 secondes. Le tuyau de fonte avait deux
centimètres d'épaisseur, sa capacité était de prés de cinq litres, dont trois
litres étaient maintenus au rouge-blanc. Quel pouvait être l'effet d’un
gramme de vapeur d’eau introduite en cinq secondes pour refroidir une
pareïlle masse et une pareille capacité ?
» Lorsque j'ai remis ma note à M. Arago, en le priant d’en faire la com.
munication à l’Académie, il m’a fait observer que mon expérience, pour
lever toute objection , devait être recommencée dans un tube de porcelaine.
L'observation de M. Arago paraît avoir été reprise dans la séance par
d’autres Académiciens. Sans doute l'expérience serait à faire, mais les chi-
mistes qui la feront devront en discuter avec soin les résultats; car il n'y
a pas de bois qui ne contienne des sels, lesquels sont réduits à leurs bases
par la carbonisation, et ces bases ramenées à l’état métallique par la réaction
du charbon fortement chauffé. Si donc vous portez les charbons au blanc,
la vapeur d’eau introduite sera décomposée, et il y aura production d'hy-
drogène, puis le carbone réagira sur les oxides pour donner naissance à
de l'oxide de carbone; enfin les effets se passeront dans le tube de porce-
(244)
laine comme ils se sont passés dans le tuyau de fonte, il n’y aura de diffé-
rence que dans la quantité de gaz produit.
» Au surplus, le sujet est trop important pour que je ne cherche pas à
l'éclairer. Ne voulant pas abuser des moments de l'Académie, je ne suis
entré dans aucune discussion des résultats ; mais je publierai cette discus-
sion avec tous les développements qu’elle commande, et j'espère qu'il
restera pour incontestable que le charbon de bois incandescent ne décom-
pose point l’eau.
» Je rappelle qu'il ne s’agit ici que du charbon de bois, que c’est seule-
ment le résultat admis par les chimistes que je conteste; car j'ai déjà dit
et je prouverai que le carbone, dans des circonstances données, décom-
pose l’eau. »
M. l'amiral Roussis, dans une lettre écrite de Thérapia, en date du
27 janvier, à M. Arago, donne quelques détails sur le éremblement de terre
du 23 janvier, lequel a été ressenti aussi à Constantinople.
« À 9 heures 35 minutes, dit l’auteur de la lettre, nous ressentimes deux
secousses ; elles avaient lieu dans le sens du méridien, qui est la direction de
la partie du Bosphore sur laquelle nous habitons. L’air était calme pendant
la secousse ; mais le vent du nord qui régnait un peu avant, a recommencé
aussitôt après.
» Le mouvement ne parait pas s'être fait sentir sur la rive asiatique du
Bosphore. »
M. pe Paravey écrit qu'il a vu à Leyde, dans le cabinet de M. le pro-
fesseur Van Breda , un squelette fossile de salamandre, de trois pieds en-
viron de longueur, et beaucoup plus complet que celui qui a été figuré par
Scheuchzer dans son Homo diluvii testis. Ce qui augmente l'intérêt de ce
morceau, c'est qu'il renferme , dans la partie correspondante à l’abdomem,
plusieurs coprolites où l’on distingue des fragments d'os de grenouilles,
d’arètes d’anguilles, etc.; de sorte qu’on a ainsi la preuve que l'espèce an-
tédiluvienne avait le même genre de nourriture que les grandes salamandres
de notre époque.
Une très grande salamandre rapportée du Japon par M. Siébold, vit en-
core aujourd'hui au musée de Leyde, où on la nourrit principalement de
grenouilles. Le célèbre voyageur avait apporté en Europe le mâle et la
femelle, mais celle-ci fut un jour dévorée par son compagnon, qu’on avait
sans doute laissé trop long-temps privé de nourriture,
(245)
M. de Paravey ajoute que cette salamandre est décrite dans lEncy-
clopédie japonaise , dont nous avons à Paris une traduction chinoise, et il
croit trouver dans la composition du caractère qui exprime en chinois le
nom de l’animal , la preuve qu'on aurait dans ces pays les mêmes préjugés
populaires qu’en Europe, relativement aux salamandres ; c’est-à-dire qu'on
supposerait que le feu ne peut leur nuire. Il rappelle que les fables re-
latives au caméléon , se retrouvent également en Europe et dans cette
partie de l'Asie, et 1l tire de cette double coïncidence, un nouvel argu-
ment à l'appui d’une opinion qu'il a déjà plus d’une fois soutenue,
concernant l'existence d’un ancien centre de civilisation d’où seraient
parties la plupart des notions relatives aux sciences et aux arts que nous
avons reçues des Grecs et des Romains, ou que nous trouvons dans les
vieux livres chinois.
M. C. Soururer écrit relativement à un système de sonnerie pour les
horloges, système qui diffère en quelques points de celui qu'a proposé, il y
a quelque temps, M. Castil-Blaze. Ainsi, les coups frappés successivement
ne sont pas les notes qui se suivent dans la gamme montante ou ascen-
dante, mais des sons séparés par d’autres intervalles musicaux, et tels
qu'ils forment un accord agréable à l’oreille lorsqu’elle les perçoit simul-
tanément; or, dit M. Soullier, cette simultanéité de perception existe
dans les sonneries à plusieurs cloches, la première frappée vibrant encore,
lorsque la seconde est frappée à son tour.
M. Beau et M. Soucurer D'ALLEx adressent, chacun, un paquet ca-
cheté.
L'Académie en accepte le dépôt.
À 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret,
La séance est levée à 5 heures. ?
C. R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 8.) 35
( 246 )
BULLETIN LIBLIOGRAPHIQUE,
Ï/ Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences; 1838, 1° semestre, n° 7, in-4°.
Annales des Sciences naturelles rédigées par MM. Avuroun, Mine
Enwarps, BroneniarT, et GuiLLemiN, tome 8, août 1837, in-8°, 4° année,
2° série.
Annules des Mines ; 3° série, tome 12, 4° livraison de 1837, in-8°.
Journal de la navigation autour du globe de la Frégate la Thétis et la
Corvette YEspérance, pendant les années 1824, 1825 et 1826, publié
par ordre du Roi, sous les auspices du département de la Marine; par
M. le baron DE Boucainvizce, 2 vol. in-4°, avec un atlas de planche in fol.
Voyage dans l'Amérique méridionale, par M. »'Onmeny, 30° livraison
in-8°.
Essai sur les Cryptogames des écorces exotiques offcinales, 2° partie :
supplément et révision; par M. A.-L.-A. Fée, Paris, 1837, in-8°.
Recherches sur la partie théorique dela Géologie; par M. H. pe La Brours,
traduites de l’anglais par M. ne Cozrecno, in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; 2° série, tome 8, juillet à dé-
cembre 1837, in-80.
Nouvelles recherches sur l’'Ophthalmie contagieuse qui règne dans les
armées et principalement dans celle des Pays-Bas ; 2° édition par M. Lu-
SAKDI, Paris, 1838, in-8°.
Des enfants-trouvés et du danger de la suppression des tours dans la
ville de Paris; par M. Arexis Hamez, brochure in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 9, in-8°.
Revue critique des livres nouveaux; rédigée par M. Joez Cuersuutez,
n° 2, 1836, in-8.
Répertoire de Chimie scientifique et industrielle , rédigée par M. Marin,
sous la direction de M. Gaurrien ne CLausry.
Principles of.... Principes d'économie politique , 1"° partie. Lois de la
production et de la distribution des richesses; par M. H.-C. Carey, in-8°.
Philadelphie.
(247)
Proceedings of.... Comptes rendus des séances de la Société royale
d'Édimbourg ; w° 12, 4 décembre 1837, et 1° janvier 1838, in-8°.
Astronomische.... Nouvelles Astronomiques de M. Scnumacuer, n°°3
—5, in-4°.
Tijdschrift voor.... Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie,
publié par MM. J. Vanoer Hosvex et W.-H. pe Vrisse, 4° partie 1° et
2° livraison in-8°, Leyde.
Journal général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par
M. Miquez, 7° année, tome 14, 5° et 4° livraison, in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 19—21, in-4.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 7, in-#°.
La Phrénologie, tome 1, n° 31, in-4°.
Écho du Monde savant ; n° 309—510, in-4°.
L'Expérience, Journal de Médecine ; tome 1, n° 20 et 2r.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 FÉVRIER 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Après l'adoption du procès-verbal, M. Bror lit la note suivante :
« M..le Président, vous m'avez nommé Commissaire, avec trois autres
membres de l’Académie, pour examiner un Mémoire adressé par M. Liou-
ville, en réfutation d’une méthode analytique publiée par M. Libri ; je
désire être déchargé de cette commission.
» J’admets dans la, critique scientifique une entière liberté, quant aux
‘Personnes et aux ouvrages ; mais je crois que, pour produire des résultats
utiles, il faut qu’elle tire toute sa force d'elle-même, par l’assentiment que
lui donne un examen:libre et, individuel.
»Lintervention collective. des membres de l'Académie, comme juges des
critiques élevées contre leurs confrères, me parait contraire à ce: carac-
tère d’individualité, ainsi qu'à l'ensemble d'action quivest nécessaire à
l’Académie : comme corps littéraire. : i
:»; Gest pourquoi, je| veux m’abstenir d'y prendre parts et je demande
que cette déclaration, soit, consignée au proces: verbal.»
CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N°9.) 34
( 250 )
PRYSIOLOGIE. — Analyse microscopique faite sur des globules de lait à l'état
pathologique; par M. Turpix.
Le 30 décembre dernier, M. le docteur Breschet, notre confrère, m'a
écrit la lettre suivante : « Je vous envoie une assez grande quantité de
» liquide puriforme que j'ai retiré, ce matin même, du sein d'une jeune
» femme de 17 ans. C’est à la suite d'une couche que cette jeune personne
» a eu un phlegmon au sein, ce que les bonnes femmes nomment /e poil. Je
» crois que dans ce liquide, qui-n’est.pas homogène, et dans lequel nagent
» des flocons comme caséeux, il doit se trouver du lait et du pus. L’examen
» microscopique et chimique pourra nous faire connaître l’existence de ces
» deux liquides: »
« Le liquide recueilli par M. le docteur Breschet au moment de l’ou-
verture du sein engorgé, était divisé dans deux flacons : dans lun la cou-
leur ressemblait à celle du café au lait tirant sur le verdâtre, dans l’autre
c'était une couleur sanguine, occasionée par le mélange du premier li-
quide avec une certaine quantité de sang écoulé au moment de l'opération.
La consistance de ces deux liquides était celle de la crème du lait.
» Aucune odeur, si ce n’est celle peu sensible de la pomme de rainette,
ne s’en exhalait, mème après avoir été exposés à l'air pendant plus de
quinze jours {et à une température d'environ 20° centig. Ce défaut presque
absolu d’odeur dans des matières organiques à l’état purulent qui, ordi-
nairement, se corrompent et deviennent d’une fétidité On AUEPIEE
m'a paru une chose qui méritait peut-être d’être signalée.
» Quant à Ia saveur, il sera facile de deviner pourquoi je n'en. parle
pas:
» Analyse microscopique du liquide verdätre. — Comme dans la com-
position du lait naturel, ce liquide offrait au microscope une quantité
considérable d'individus globuleux et vésiculeux, suspendus dans l'eau sé-
reuse et variant dans; leur diamètre depuis le PRIE nr de jus:
qu'à 35 de mill. ls
» ie innombrables globulins, quelquefois agglomérés ‘enrmasse où en
ilot, couvraient, comme.d’un ponctaétres fin, toutle pt dumicros-
cope sur lequel ils étaiént entièrement immobsites.
» Parmi ces 'globulins inmmobiles se trouvaient unie foule: dés globules de
lait de grosseurs variables et graduées, dont les uns, ense dessinant'nét-
tement dans leur:contour sphérique parun double: cerélé inôir, “étaient,
comme à l’état normal,’ transparents ét-incolores; tandis qu'un bien plus
Ÿ 1
(261 )
grand nombre, évidemment altérés et passés à l’état pathologique ou de
mort, étaient devenus opaques, verdâtres et comme flétris où galeux à
leur surface.
» C'était à la couleur verdätre de ces nombreux globules malades qu'é-
tait due celle du liquide laiteux vu à l'œil nu, comme cela arrive aux
autres globules de l’organisation animale lorsqu'ils s’altèrent et forment les
divers pus qui, blancs d’abord , verdissent ensuite plus ou moins.
» Ayant vu, sur quelques-uns de ces globules verdâtres et comme fraisés,
sortir peu à peu de leur intérieur des extensions sphériques, blanches et
transparentes , qui ressemblaient beaucoup à celles des germinations nais-
santes des globules de lait à l’état sain, je crus d’abord que ces glo-
bules, quoique malades, commençaient à végéter.
» Mais je ne tardai pas, en en observant un grand nombre en divers états,
à m'apercevoir que je m'étais trompé, et que ces extensions plus ou moins
avancées , au lieu d’être un acte de vie chez ces globules, ne prouvaient
au contraire que leur état de mort.
» En étudiant, sous le microscope, ces extensions transparentes à me-
sure qu’elles sortaient de l’intérieur de la vésicule externe, opaque et ver-
dâtre, on voyait que c'était une action toute mécanique dans laquelle la
vie du globule n'avait aucune part.
» La vésicule extérieure, en continuant de se contracter, finissait par
se déchirer et par vomir la vésicule interne dans l’espace.
» Peut-être aussi que celle-ci, en pouvant s’abreuver d’une plus grande
quantité d’eau, augmentait de volume, et forçait, par ce moyen, son en-
veloppe protectrice à se rompre, et à la lancer au dehors par une sorte
d’élasticité (1).
» Parmi tous ces. globules de lait, petits et gros, les uns étaient en-
tiers, les autresen action d’expulser la vésicule interne, et d’autres, enfin,
réduits à la seule vésicule externe, plus ou moins déchirée , laissaient voir
près d’eux la vésicule interne et transparente qui venait d’en sortir comme,
par exemple, la châtaigne sort de son enveloppe hérissée.
» On remarquait que ces vésicules internes, naturellement sphériques
et molles, s’allongeaient quelquefois en poire ou en larme au moment de
leur expulsion , lorsque l’ouverture de la vésicule externe n’était pas assez
(1) J'ai observé un semblable mode d’expulsion de la vésicule interne chez des glo-
bules vésiculeux du Protococcus kermesinus: qui étaient morts et dont la vésicule
externe , contractée , paraissait comme dentelée en ses bords.
34.
(22 )
grande, et, qu’assez souvent, après être sortie, elles se dilataient dans de
certaines limites, soit, plus ordinairement, sous la forme régulière d'un
globule sphérique ou ovoïde; soit, plus rarement, sous celle irrégulière
et comme lobée.
» Toutes montraient le double cercle indiquant, tout-à-la-fois, l'épais-
seur de la vésicule et la preuve de sa cavité.
» Quelques-unes étant accidentellement déchirées, faisaient souvenir de
ces déchirures analogues qui se manifestent à la surface de l'écorce des
grains de globuline ou de fécule, soit naturellement, soit plus souvent
quand on les soumet à l’action de l’eau élevée à la température de plus
de 60 degrés cent.
» De ces vésicules déchirées, comme de celles des fécules crevées, on
voyait sortir et se répandre sur le porte-objet un grand nombre de globulins
paraissant fauves sous le microscope.
» Ce lait abandonné pendant quelques heures entre deux lames de verre,
n’offrait plus guère que des vésicules internes dépouillées et isolées; et les
cadavres opaques et verdâtres provenant des vésicules externes restées
à côté.
» Ces deux enveloppes constitutives du globule du lait, ainsi séparées
l’une de l’autre, paraissaient comme noyées dans l’eau troublée par la pré-
sence d’un nombre prodigieux de globulins échappés , pour la plupart (1),
de l’intérieur de la vésicule interne:
» Je n’ai vu aucune production filamenteuse émanant, par extension
vitale, de la vésicule interne. Il est plus que probable que ces globules de
lait, vu leur état pathologique où de\mort, ont perdu la propriété de
s'étendre et de végéter. Cependant je m'aperçois, en visitant aujourd’hui
les préparations de ce lait faites entre deux lames de verre depuis quinze
jours (2), qu'un grand nombre de vésicules internes dépouillées se sont
ovalisées, et que plusieurs s’allongent et paraissent germer (3).
» Globulins rouges colorés par l'hématosine et agglomérés après leur
séparation des globules sanguins. — Je dois encore signaler de petites
agglomérations informes, composées de globulins excessivement ténus, d’un
(1) En cet état on ne peut distinguer les très petits globules de lait des globulins ex-
pulsés de l’intérieur des gros globules.
(2) Ce travail devait être lu depuis un mois.
(3) Ces extensions se sont arrêtées au point où on les voit sur le dessin, figure e.
La cause de cet arrêt provient-elle de la rigueur de la saison ou de ce que les globules
étaient en mauvais état?
(553)
rouge-brun sanguin, quelquefois limitées circulairement par l’un de leurs
bords et telles que l’on.en trouve assez souvent parmi les globules de lait
à l'état sain et parmi les vésicules des tissus cellulaires animaux, comme
plus particulièrement dans celui du foie.
» Ces agglomérations, très inégales dans leurs formes et dans leur éten-
due, dont, que je sache, on n’a point encore parlé, sont produites par
la réunion d’un grand nombre de globulins teints en rouge par l’hématosine
et dégagés des globules du sang.
.».il est remarquable que les globulins rouges qui ne paraissent dans
le globule,sanguin que par la couleur rouge qu'ils lui communiquent,
et non sous leur forme globulineuse, deviennent sensibles et même me-
surables, après qu’ils n’en font plus partie, et que, bien entendu, ils restent
plongés dans un liquide nutritif, de manière à ce qu’ils puissent vivre et
grandir assez pour pouvoir être aperçus sous le microscope.
» Quand on saura bien que les globulins, absolument invisibles, dont est
formée la partie consistante , collante et organisée de l’albumen de l'œuf,
vivent, croissent, se vésiculisent, atteignent peu à peu le diamètre d’un
100% de mill., et qu'en germant et en végétant ensuite, ils deviennent
autant d'individus, articulés et rameux du genre Leptomitus , Chaque fois
que l’on plonge ces globulins encore invisibles, dans une eau convena-
blement aiguisée de sucre et sous une température d’environ 25. degrés
centigrades (1), on croira sans peine, par analogie, que les globulins
(1) Ta substance de l’albumen de l’œuf doit sa densité, son action collante et filante
à la présente et à.la cohésion d’un grand nombre de globulins qui, vu leur trop grande
transparence.et leur excessive ténuité,!ne peuvent pas plus être sensibles sous le mi-
croscope que les éléments des sels dissous, ou que les globulins qui proviennent de la
fécule bouillie et filtrée , et que l’iode seul , en les colorant en bleu, peut décéler dans
l’eau où ils se trouvent en suspension.
Mais comme les globulins de l’albumen de l’œuf existent réellement et que chacun
d’eux a,son centre vital particulier, il en résulte que chaque fois qu’on leur offre un
milieu et des aliments convenables , ils croissent ,: deviennent bientôt visibles sous le
microscope, et se développent peu à peu en un Lepiomitus moniliforme et rameux,
conime les globules du lait en un Penicillium glaucum.
lCette végétation, provenant ou tirant son origine de l’un des globulins de l’albumeu
de l'œuf soumis à l’action d’influences nouvelles , offre beaucoup d’analosie avec celle
produite par le globule du lait et celle moniliforme et presque rameuse, Torula cervisiæ,
Turp., qui s’obtient de l’un des globulins du périsperme de l’orge pendant la fabrica-
tion de;la bière, végétation qui, désarticulée ou simplement affaissée sur elle-même,
a été considérée, sous le nom de Levure, comme une pâte ou comme une matière or
(254)
rouges des globules du sang, doués de leur vie particulière, sont éga-
lement susceptibles de croître assez pour devenir apparents après leur
désagrégation et leur isolement du globule sanguin:, lequel n'offre plus
en cet état qu'une enveloppe sans vie, molasse, décolorée, prête à se
décomposer moléculairement dans le sérum, et à servir de pâture, soit
aux globules sanguins existants, soit, entraînée par la circulation, aux
autres organes élémentaires de l'organisation:
» Analogie entre la structure organique , et la couleur rouge des glo-
bules sanguins des animaux , et celle des globules rouges végétaux nom-
més PRoTOcOcCUs KERMESINUS. — Ce que je viens de dire relativement à
la présence des globulins rouges des globules du sang, se trouve parfai-
tement expliqué par la structure fort analogue de ces petits végétaux
rouges, globuleux et vésiculeux si répandus dans la nature, et qui souvent
ganique sans organisation, lorsque en réalité cette pâte, vue au microscope, estiune
agglomération composée d'individus globuleux, vésicukeux et remplis de globulins re-
producteurs ; agglomération rigoureusement comparable à celle d’un tas de blé vu de
très loin et dont chaque grain, comme individu, n’attend que des circonstances favo-
rables à son développement pour devenir une plante et reproduire.
Bientôt, les faits arrivant, il paraîtra tout aussi naturel de voir les globules qui
auront fait partie de l’orgañisation générale et de la vie d’association d’un végétal ou
d’un animal , étant placés sous des influences nouvelles, continuer encore leur existence
organique particulière en végétant, en s'étendant et en se transformant en diverses es-
pèces de moisissures ou de mucédinées, que de voir les globules vésiculeux du pollen
des anthères s’allonger en de longs boyaax ou pénis végétaux, se terminant après leur
introduction dans l’ovule , dit-on, en un gland globuleux ; ou encore, le globule mi-
croscopique et hyalin de l'embryon naïssant du chêne, se métamorphoser insensible-
ment en un grand arbre solide et de longue durée.
Pour que les transformations filamenteuses des globules organisés paraissent natu-
relles, pour qu’elles n’excitent plus l’étonnement , parfois même l’incrédulité malgré les
faits, il faut être bien convaincu de cette grande vérité : que les végétaux et les animaux
ne sont pas des êtres simples, mais bien des individualités composées, sortes d’ag-
glomérations formées d'un nombre plus ou moins considérable d'individus plus simples
doués, chacun , de son centre vital rayonnant d’accroissement, fixés le plus souvent,
et se nourrissant, comme le fait le poil , sur le point de l’organisation générale qui les a
vus naître et qui les voit mourir; ou, quoique faisant toujours partie de l’individualité
composée, mobiles et errants dans l'épaisseur des tissus, comme les globules des sucs
propres des végétaux, ceux des Charas, les globules sanguins, les animaleules sperma-
tiques, etc., des animaux, tous soumis, sauf les derniers qui sé meuvent par eux-mê-
mes, aux courants réglés des liquides aqueux dans lesquels ils:vivent en suspension
comine dans un océan qui leur est propre,
( 255 )
téignent'en couleur-de Sang , soit la surface dés roches, calcaires, soit les
eaux douces ousalées, soit la neige ,ou la, glace, soit les cristaux de sel
marin, soit enfin, comme-on va le voir tout-à-l’heure, la pâte translucide
et'incoloreides :Agates rouges, végétaux que l'on désigne plus. particu-
lièrement par les noms de Protococcus nivalis; Protococcus kermesi-
nus (1), d'Hæmatococcus (2), etc.
» Ces petits végétaux, quoique plus gros de moitié que les: globules
sanguins offrent avéc ces derniers, uné très grande analogie sous. le rap-
porb de l’organisation et probablement aussi sous celui de leur composi-
tion chimique.
‘:»1Une vésicule (peut-être deux emboîtées) transparente et sans couleur,
d’üne sphéricité-parfaite et remplie de globulins rouges. et reproducteurs
des l'espèce, constitue toute l’organisation de ces petits végétaux vésiculeux
quiavec quelques autres analogues, marquent le début de l’organisation
etrsemblent: n'être encore .que des,essais ou les représentants des organes
élémentaires ou constitutifs des masses cellulaires des végétaux et des ani-
maux plus complexes.
om Lorsque:les globulins intérieurs de ces petits ae ae prennent de
l'accroissement dans le,sein dela vésicule maternelle, pour devenir.des se-
minules réproductrices , ils. donnent à. celle-ci l'aspect mamelonné d’une
fraise. I)’après ce-modé-de développement ne peut-on, pas croire que les
globules-sanguins des animaux; que l’on appelle fraisés à cause d'un sem-
blable,.aspéct,, sont..également produits par l'accroissement d'un certain
nombre des globulins;rouges qu’ils contiennent?
» Toutes 1 mes recherches microscopiques m'obligent non- snletenpe à ad-
meitre, cette analôgie,. mais encore à penser que les globulins rouges des
globules sanguins sont les seminules de, ces corps organisés destinés à
1(x) Protocobcus hivalis) EX Prolococcus tab Pl xGlobulina,kermesina,
Dash. 5h) 16991007. rt: }
242) Hæmatacpccus ; Ag, genre et dénomination inadmissibies, Ten ils n’expriment
que l’état plus avancé et seminulifère des individus du génre Protococcus, comme de
soncôtéM- Dimal la très bien observé chez son Protococcus salinus; lorsque quelques-
uus des globulins. privilégiés; au nombredeun, deux, trois, quatre et quelquefois cinq,
grossissent dans l’intérieur de Ja vésicule maternelle, aux dépens de, tousrles autres qui
avortent,, et-de manière à ce. que; par cette augmentation ls. puissent: sexvir à la repro-
duction et à, Jaymuhipliçation, de, l'espèce. On a, mal compris la structure de ces petits
végétaux lorsque, l’oma.cru que les globulins grandis enseminules vésiculeuses formaient
des loges ou des cellules servant à diviser la cavité unique de la sésicule maternelle,
(256)
rémplacer ét parfois à multiplier les anciens globules du sang à mesure
qu'ils s'éteignent et cessent de vivre, comme individus, au milieu du sérum
qui leur sert d'habitation et dans lequel ils puisent leur nourriture.
» La couleur rouge des Agates est due à la présence d'un nombre plus
ou moins grand de Protococcus kermesinus amoncelés ; ou, plus souvent,
réduits à br globulins rouges (séminules) agglomérés ou codgiles et dis-
tribués suivant certaines circonstances dans la pâte incolore de ces silex.
» Puisque j'en suis venu à parler, par analogie, de ces innombrables
Protococcus kermesinus et des globulins rouges qu'ils contiennent dans
leur intérieur, je désire que l'on me permette, par occasion, d'ajouter
que des études microscopiques et comparatives faites tout récemment
et que je me propose de faire connaître ailleurs dans tous leurs détails,
m'ont démontré que les couleurs rose, orangé, rouge sanguin et'rouge-
brun (1) que renferme ou qu 1PVEo pe la pâte translucide et incolore
des diverses sortes d’Agates, étaient dues à la présence, soit des globu-
lins rouges également mélangés, comme dans l’Agate cornalines soit
agglomérés en petits caillots irréguliers (2) et distribués en ondes: icir-
culaires suivant certaines formes ou certains hasards qui existaient au mo-
ment de la conglomération siliceuse; soit; enfin, mais plus rarement ; par
celle de ces petits végétaux rouges tout entiers et reconnaissables au! mi-
croscope. Il est impossible de trouver une ressemblance de couleur etide
poli plus frappante que celle qu'offre un flacon de verre blanc-rempli de
Protococcus kermesinus comparé à une Cornaline, comme onle/peut ‘voir
par ces deux choses mises sous les yeux de l'Académie.
» Analyse microscopique du liquide rouge. — L'analyse microscopique
du liquide de couleur rouge fait voir que ce liquide‘ne diffère du premier
que par l'addition, comme je l'ai dit plus haut, de SOPRE SECTE
mélangés avec ceux malades du lait. Te
» Ce liquide, en perdant, par l'évaporation, une partie de son eau,
a pris la consistance, la couleur et tout l'aspect d’un morceau de foie.
Cette ressemblance frappante ha éntraîné malgré moi à QURRT un ins-
#
(1) Les protococcus kermesinus ; considérés depuis le globulin reproduetéur Lars nie
leur état le plus avancé, offrent successivement toutes ces couleurs: 1
(2) Le mode suivant egkiel se contractent et se fendilleñt ; par évapôration #lestdi-
verses matières, est soumis à des causés qui dépendent de la naturé'ifitime de cés ma:
tières; causes qui méritéraient d’être étudiées et signalées dans l’histoire générale des
substances , car les efféts qui en résultent ‘sont spéciaux, constants!et bien caractérisés:
(257)
tant mon sujet, et à faire un examen comparatif et microscopique des
organes élémentaires, ou composants de la chair artificielle formée de
globules de lait et de globules de sang, et de la chair naturelle du foie.
» Dans la chair artificielle, on trouve que ses composants sont des vé-
sicules sphériques et organisées de lait, contenant dans leur intérieur des
globulins très ténus, mélangés avec des globules vésiculeux de sang,
remplis de globulins rouges et servant à colorer la masse charnue en
rouge-brun. Parmi ces deux composants, un nombre prodigieux de glo-
bulins incolores font, en quelque sorte, l'office de ciment ou de liaison
entre les vésicules agglomérées en tissu cellulaire factice.
» Dans la chair naturelle du foie, on trouve que la masse est formée,
abstraction faite des vaisseaux et des nerfs, d’un tissu cellulaire composé
par simple rapprochement d’un grand nombre de vésicules molles, fauves,
transparentes, de grandeurs variables, les moyennes ayant environ # de
millim., et contenant dans leur intérieur des globules vésiculeux d’inégales
grosseurs, paraissant destinés à reproduire et à multiplier la vésicule
maternelle, tant que la masse du foie a besoin de grandir (1).
» Entre toutes ces vésicules, on voit une infinité de globules vésiculeux
de formes et de grandeurs diverses, jaunâtres, et se dessinant nettement
par un contour rouge-brun. Ces globules, qui occasionent par leur
nombre et leur couleur, la teinte rembrunie du foie, qui sont si distincts
des vésicules du tissu cellulaire et des globules sanguins extravasés, pa-
raissent être les organes sécréteurs de Ja bile (2).
» Il n’y a rien de plus semblable aux tissus cellulaires végétaux, par-
ticulièrement à ceux des pulpes, ou à ceux najssants que l’on décore du
DS DT ON CR po rs ee LE SRE OR
(1) La matière élémentaire employée dans la formation des êtres temporaires du
règne organisé , se globulise et se file presqu’en même temps. L’instant d’après les glo-
bules se vésiculisent, et les flaments se tubulisent. Un grand nombre d’e:pèces, vivant
dans l’espace, n’ont, pour organisation, que l’une ou l’autre de ces quatre formes pri-
_ mitives; formes qui, combinées de diverses manières, servent à la tissure des masses de
toutes les autres espèces, dans l’analyse microscopique desquelles, en effet, on ne
trouve que ces quatre sortes d’organes composants.
Dans le cas d'agglomération, les individus globuleux, vésiculeux, fibreux et tubu,
Jeux, quoique faisant partie d’une association organisée et d’une vie commune, résultant
de cette association, n’en conservent pas moins leur centre vital particulier, et, par
conséquent, leur indépendance organique.
(2) C'est à la présence de ces nombreux globules vésiculaires et sécréteurs de la bile
qu'ils contiennent qu’est due l’amertume du foie lorsqu'il est cuit.
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 9.) 35
( 258 )
nom. inutile de Cambium (1), que le tissu cellulaire du foie. Séparé
par. parties et examiné au microscope, dans l’agglomération de ses vési-
cules composantes, on ne pourrait le distinguer par aucuns caracteres
organiques d’un tissu cellulaire végétal, comme le prouve le dessin qui
accompagne ces observations.
» C’est à cette organisation du tissu cellulaire du foie, à la simplé con-
tiguité de ses vésicules composantes qu'est dû le peu de consistance
qu'offre cette chair à l’état cru, et sa friabilité ou sa division facile à
l'état cuit; état dans lequel on retrouve toujours les vésicules maternelles ;
mais dont les globules internes , plus tendres, sont en grande partie
anéantis. On ne peut s'empêcher de remarquer en passant, la double
analogie qui existe entre les composants vésiculeux du tissu cellulaire de
la pomme de terre, la friabilité de ce tissu apres qu’il est cuit, et ceux
également vésiculeux du tissu cellulaire du foie, sa consistance grume-
leuse ou friable, lorsqu'il est dans le même état de cuisson.
» Gette nouvelle étude, faite sur un lait malade ou vraisemblablement
mort, achève de prouver que chaque globule de lait est composé de deux
vésicules emboiîtées, dont l’intérieure renferme des globulins, puisqu’en
cet état on voit ces vésicules se désemboîter et s'isoler l’une de l’autre,
duplicité d’organes ou d’enveloppes déjà démontrée, une première fois,
dans mon Mémoire sur la végétation des globules du lait, par la germi-
nation ou l’extension tubuleuse de la seule vésicule interne.
» Elle démontre aussi que la vésicule extérieure, plus ancienne et plus
exposée que la vésicule interne aux influences destructives des milieux,
cesse de vivre la première, se crispe et se colore en un vert sale, comme
cela arrive aux globules morbides, soit de la lymphe, soit du sang, et
qu’en ce premier état de décomposition on nomme du pus.
» Comme corps organisés distincts, comme individus vivants, ayant
chacun leur centre vital d'absorption, d’assimilation et d’accroissement ,
les globules vésiculeux du lait, ceux de la lymphe et ceux du sang, sont
susceptibles d’éprouver des altérations particulières , et d’être affectés en-
semble ou individuellement par diverses maladies subordonnées à l'état de
l'organisme de ces petits êtres élémentaires et constitutifs, d'êtres plus
grands , plus durables, et conséquemment plus complexes.
(1) On croirait voir encore, sauf la couleur qui est différente, ces masses de vési-
cules agglomérées, sorte de Cambium qui naît à nu et pour son propre compte, aux
parois intérieures des vitres des serres chaudes à boutures, et à laquelle production
j'ai donné le nom de Bichatia vesiculinosa,
C259 )
» Considérés ainsi, ces petits êtres peuvent, toujours individuellement ,
dans de certaines limites, s’'atrophier ou s’hypertrophier, être malades et
mourir, sans que l’organisation générale de l'animal en souffre, pourvu,
toutefois, que ces pertes soient partielles et réparées successivement , dans
ce qui regarde les globules de la lymphe et surtout ceux du sang, si né-
cessaires à la vie d'association.
» Influencés d’une certaine manière, ils peuvent encore s'étendre plus
que de coutume, prendre de nouvelles formes et des changements de
couleur.
» Comme dans une population composée d’un grand nombre d'individus
distincts, les globules rouges du sang, ainsi que tous les autrés globules de
l'organisation , ont aussi leurs avortons , leurs albinos, leurs monstres, leurs
malades et leurs cadavres, toutes choses qui ne sont que des états défec-
tueux des globules parfaits, ou à l’état de bonne vie, et dans lesquels les
globulins rouges, chez les globules du sang, ne se sont point développés
ou sont restés. sans couleur chez les premiers, et se sont éteints ou dis-
persés chez les derniers, qui, vu leur état de mort, s’affaissent, deviennent
flasques, plus adhérents ou plus collants aux corps , ét, en s’altérant
dans la netteté de leur contour circulaire, paraissent chagrinés où den-
telés; comme vient de nous l’apprendre M. le docteur Donné, pour ceux
que ce savant appelle les globules blancs du sang (1).
» Les globules blancs, très bien observés par M. le docteur Donné, ne
peuvent être que des globules normaux, éteints dans leur vie organique
de globule sanguin. Ce ne sont plus que des cadavres imbibés ou gorgés
de sérum, ce qui contribue à leur donner un peu plus de volume, à alté-
rer la pureté de leur forme lenticulaire, à les rendre plus aptes à adhérer
aux corps ou même entre eux, ce qui s'explique tout simplement par leur
plus grande mollesse et le chagriné de leur surface, toutes choses qui fa-
cilitent le vide et qui font souvenir de ces rondelles de cuir trempé que
les enfants s'amusent à fixer sur les pavés.
» L'observation très judicieuse de M. le docteur Donné, sur ce que les
globules blancs restent, sauf leur altération, dans leur forme circulaire ou
ovoïde, suivant qu'ils appartiennent à des mammifères, à des oiseaux,
des reptiles ou des poissons, chez lesquels se présentent ces différentes
grandeurs et ces deux sortes de formes; et qu’aussi leur nombre augmente
considérablement dans les cas d’hydropisie, prouve, incontestablement ,
a RUE 29 CORNE OP NTUN , INOIAIONS 15G IX
(1) Sur la constitution microscopique du sang. Compte rendu, 2 janvier 1838, p. 17.
35..
( 260 )
une épidémie mortelle chez les globules du sang, et dont, par contre-
coup, l'organisation générale en même temps que la vie d’associa-
tion de l'animal peut être menacée d’une dissolution plus ou moins
prompte.
» Les globules blancs du sang, distendus et gonflés d’eau comme des
noyés, méritent d’être étudiés sous le rapport de la pathologie animale ;
car il est bon de s’assurer de l'effectif et de l’état sanitaire de cette immense
population de globules, si indispensables à l’existence composée de l'ani-
mal. Ils n’ont pas tout-à-fait le même intérêt pour la physiologie; car celle-
ci sait que partout où il existe des agglomérations naturelles d'individus
organisés, il faut que nécessairement , tant que dure l'association, il y ait
des nouveau-nés, des adultes, des vieillards et des cadavres. D’après cela,
on ne peut s'étonner de rencontrer dans tous les sangs un nombre plus
ou moins considérable de ces derniers qui, en attendant leur entière
dissolution, circulent péle-mêle, avec les globules sains qui vivent en-
core, dans le sérum qui les entraîne tous aveuglement, sans distinc-
tion d'état.
» Toutes ces existences globuleuses, vésiculeuses et simplement organi-
ques, quoique vivant dans l'épaisseur des tissus animaux, quoique faisant
partie de l’existence composée de ces êtres, ont de trés grands rapports
avec ces autres existences globuleuses et vésiculeuses qui vivent dans les
vésicules des tissus cellulaires végétaux , lesquelles, comme or le sait , oc-
casionent, par leur couleur propre, celles qu’offrent, pour la vue simple,
les diverses parties des végétaux, et qui, comme on le sait moins, peu-
vent parfois, sous l’influence de certaines excitations, végéter et reproduire
la plante-mère, ou, en devenant monstruenses ou malades, changer de
couleur, de forme, et être prises, en ces divers états, pour des espèces
d'origine distincte et désignées plus particulièrement sous la dénomination
générique d’Uredo, ainsi qu’on le fait pour les globules blancs du sang et
ceux du pus, qui ne sont aussi que des états morbides des trois sortes de
globules normaux dont j'ai parlé dans cette communication.
» Les diverses altérations dont il vient d’être question ne manquent ja-
mais de se présenter chez tous les petits végétaux globuleux et vésiculeux
placés au début de l’organisation.
» Quand on observe, au microscope, une grande quantité de ces
individus, on en trouve toujours qui sont restés blancs par avortement
ou par étiolement, véritables albinos, et d’autres qui ont blanchi,
comme le cheveu, par l'âge, par la décoloration ou enfin par la disper-
( 26r )
sion de [a matière globulineuse intérieure, soit d’une couleur, soit d’une
autre.
» Les principaux faits auxquels ces recherches ont donné lieu, sont:
» 1°. Une nouvelle preuve mécanique de l'existence de deux vésicules
emboîtées dans la structure du globule de lait, et des globulins contenus
dans la vésicule interne.
» 2°. Que les globulins rouges des Protococcus kermesinus, véritables
séminules reproductrices de ces petits végétaux globuleux, si analogues
aux globules sanguins, ont beaucoup de rapport avec ceux du sang, et
servent à expliquer la structure et la reproduction incessante des glo-
bules sanguins dans le sérum, circulant dans l’épaisseur des tissus vi-
vants des animaux.
» 3, Que la couleur rouge des Agates, soit uniforme, comme dans les
Cornalines, soit ponctuée, soit formée par des agglomérations plus ou
moins grandes, plus ou moins régulières dans leurs contours, plus ou
moins multipliées, plus ou moins intenses, du rouge clair au rouge-brun
presque noir, est due à Ka présence d’un nombre prodigieux de Proto-
coccus kermesinus isolés ou groupés plusieurs ensemble ou seulement à
leurs globulins (séminules), agglomérés en des sortes de petits caillots,
après la destruction des vésicules de ces petits et innombrables végétaux
enveloppés dans la pâte translucide et incolore des Agates, au moment
de la conglomération liquide et siliceuse, comme on le sait maintenant ,
pour les nombreuses espèces de végétaux et d'animaux plus ou moins en-
tiers, plus ou moins colorés, qui se trouvent également ensevelis dans la
pâte incolore des silex pyromaques et autres espèces voisines,
» 4%. Que le foie est une agglomération de vésicules simplement contigués,
de grandeurs variables, vivant chacune pour son propre compte, et pro-
duisant dans leur sein, et de leur paroi intérieure, une nouvelle généra-
tion de globules vésiculeux destinés à reproduire la vésicule maternelle
et à la multiplier tant que la masse de l’organe a besoin de croître ou de
s'étendre. Que cet organe est un véritable tissu cellulaire rigoureusement
comparable, quant à sa structure vésiculeuse, aux tissus cellulaires vé-
gétaux, particulièrement à ceux läches et aqueux des pulpes, ou bien
encore à ceux naissants qui portent le nom de Cambium. »
( 262 }
AnaTOME. — Recherches anatomiques sur les structures comparées de la
membrane cutanée et de la membrane muqueuse; par M. FLourens.
«On a vu, par mes précédentes recherches (1), que, dans la peau de
l'homme blanc, le derme est recouvert par deux épidermes, l’un interne
et l’autre externe; que, sous ces deux épidermes, se trouve dans l’homme
de race colorée, l'appareil pigmental ou de coloration; que dans la lan-
gue, soit de l’homme, soit des quadrupèdes, il existe entre le derme et
l'épiderme un corps particulier, nommé corps muqueux, lequel corps
parut réticulaire à Malpighi, qui ne l'avait obtenu que par le procédé de
l'ébullition, et se montre réellement continu, membraneux , quand il est
donné par le procédé plus exact de la macération; que, des deux épidermes
de l’homme blanc, c’est l’interne qui est le plus coloré; et que, dans la langue,
c’est toujours le corps muqueux qui est le siége de toute £ache ou colora-
tion partielle.
» C’est la suite de ces premières recherches que j'ai l'honneur de com-
muniquer aujourd'hui à l’Académie.
» Dans l'espèce humaine, le mamelon est entouré d’une aréole ou cercle
coloré, plus ou moins brun ou couleur de bistre. Il importait de déter-
miner, avec précision, le siége de cette coloration remarquable.
» J'ai soumis à une macération méthodique la peau colorée dont il s’agit.
La macération a détaché peu à peu les deux épidermes; et la coloration
plus prononcée de l'épiderme interne a paru dès-lors avec évidence.
L'épiderme externe, couché sur l'interne, affaiblit l'intensité de la couleur
de celui-ci, qui, de brun foncé qu'il est en effet, ne paraît plus que gri-
sâtre, quand il est vu sous l’externe, après la macération.
» La première des deux planches que je mets sous les yeux de l’Académie,
montre, sur deux mamelles de femme, les deux épidermes et la coloration
différente de chacun d'eux.
» Sur la première mamelle, les deux épidermes sont détachés et flottants ;
l’externe a une couleur cendrée, l’interne est brun, le derme est blanc (2).
» Sur la seconde mamelle, les deux épidermes sont soulevés en un point;
en un autre point l’externe seul est soulevé, l'interne est resté appliqué
sur le derme. Là où l’externe se superpose sur l'interne, il en affaiblit la
ro
(1) Voyez Compte rendu , 1836, 2° sem,, p. 699; et 1837, 1° sem., p. 445.
(2) Et présente une surface granulée, déjà signalée par Morgagni et par Winslow.
( 263 )
coloration; là où celui-ci parait à nu, il se montre brun froncé; le derme
est toujours blanc.
»Dans la peau de l’homme blanc, le siége de la coloration est donc le
second épiderme. Partout ce second épiderme est plus coloré que l'externe;
dans la peau brunie par le hâle , il est le siége du häle (1); et, comme on
voit, il est encore le siége de la coloration si singulièrement remarqua-
ble du sein de la femme.
» Il n’y a que ces taches particulières, connues sous le nom de Len-
tilles , etc., et dont j'ai déjà parlé dans un autre Mémoire (2), qui aient
leur siége dans le derme même.
» Cette même, planche qui est sous les yeux de l’Académie, montre sur
une langue d'homme, et nettement séparés l’un de l’autre, les trois élé-
ments constitutifs des téguments de la langue: d’abord l'épiderme; sous
l'épiderme, le corps muqueux; et, sous le corps muqueux, le derme avec
ses papilles.
» La langue, par la structure de ses téguments, peut être donnée comme
le type, de la structure d’un groupe entier de membranes muqueuses.
On voit ainsi réunis sur la même planche, et à côté l’un de l'autre, un
type. de structure cutanée et un type de structure muqueuse.
» On:y voit encore, sur la muqueuse du palais et sur celle des joues,
deux muqueuses qui appartiennent au même groupe que la muqueuse de
la langue, l’épiderme; le corps muqueux et le derme, séparés et détachés
en trois membranes distinctes.
» Et ce n’est-pas tout. Le corps muqueux qui règne sur la langue, sur
le palais, sur les joues, en un mot sur toute la cavité buccale, s'étend
plus loin encore. La planche qui est sous les yeux de l’Académie le
montre sur l’œsophage, et toujours placé sur le derme, et toujours recou.
vert par l’épiderme.
» Il y a donc, comme je viens de le dire, un groupe entier de mu-
queuses dont la structure est la même que celle de la muqueuse de la
langue; et ce groupe comprend la muqueuse de la langue, celle du palais,
celle. des joues, en un mot; celle de toute la cavité buccale, et celle de
l'œsophage. Au point où l'œsophage finit et où lestomac commence,
cette structure donnée finit et il en commence une autre toute nouvelle,
laquelle sera l’objet d’un autre Mémoire.
(1), Voyez Compie rendu, 1836, 2° sem. , p.699.
(2) Foyez Compte rendu, ibid.
( 264 )
» Les caractères du corps muqueux sont partout les mêmes. Dans
l’homme il est partout blanc ; dans le bœuf, il est le siége de ces taches,
de ces colorations partielles qui se voient souvent, soit sur le palais, soit
sur la langue de cet animal; il est d’un tissu propre, que lébullitron
rend plus compacte, plus blanc (lorsqu'il est de cette couleur) , et qui se
compose de couches adhérentes et superposées (x).
» Quant au second épiderme, il est très mince, très fin, recouvert, à
l'aréole des mamelles, d’un enduit coloré, ou pigmentum , plus ou moins
marqué ; il passe très facilement à un état diffluent. On ne peut douter, à
cause de cette diffluence même, que ce ne soit à ce second épiderme qu'il
faille rapporter tout ce que les anatomistes ont dit du prétendu corps
muqueux de la peau.
» On ne lobtient que par un degré déterminé de macération, degré
qu'il serait très difficile de saisir sans un examen suivi. Si la macération
est trop peu avancée, il s'enlève avec l’épiderme externe; si elle est trop
avancée, il tombe en diffluence. Entre ces deux termes il est un point où
il se détache en membrane continue et distincte. Les anatomistes qui n’ont
pas poussé la macération assez loin, ont refusé toute espèce de corps mu-
queux à la peau; ceux qui ont poussé la macération trop loin ont attribué
à la peau un corps muqueux, sorte de mucosité, de liquide muqueux et
gélatineux (Meckel). La macération, méthodiquement conduite, montre à
la place de cette mucosité une véritable membrane continue, fine, colo-
rée, et qui est le second épiderme.
» Le second épiderme et le corps muqueux , comparés lun à l’autre,
forment donc deux tissus, deux corps essentiellement distincts. Et cepen-
dant il est évident que le corps muqueux est au groupe particulier de mu-
queuses qui nous occupe, ce que le second épiderme est à la peau. On
sent donc combien il importait de déterminer le point précis où finit le
second épiderme et où le corps muqueux commence.
» La figure six de la première des deux planches que je présente à l’Aca-
démie , offre les deux lèvres de la bouche, vues par leur côté externe.
Sur un point de la lèvre supérieure, l'épiderme est soulevé, flottant. On
voit ainsi, d’une manière évidente, la continuité parfaite du derme de la
peau et du derme de la muqueuse; et, ce qui est plus remarquable, la
(1) L’ébullition rend le corps muqueux plus compacte, plus blanc, et par consé-
quent plus discernable du derme et de l’épiderme. Dans toutes ces recherches, je me
suis aidé tour à tour de l’ébullition et de la macération, afin de confirmer, de complé-
ter, par l’un de ces procédés, les résultats que j'avais obtenus par l’autre.
( 265 )
continuité parfaite de :l'épiderme de l’une de ces membranes avec l'épi-
derme de l’autre.
» Mais, au point où le tégument de la lèvre se transforme de cutané en
muqueux, au point où sa coloration, sa nature changent, l'épiderme in-
terne change aussi de nature et de coloration, et, dépiderme interne , de-
vient corps muqueux. C’est ce qui se voit clairement dans la figure quatre
de la planche dort il s’agit. La lèvre, vue par sa face interne, y montre
encore la continuation du derme et de l’épiderme; et, de plus, elle y mon-
tre la continuation du second épiderme de la peau avec le corps mugueux
de la muqueuse.
» La peau a donc deux épidermes , l'un interne et l'autre externe ; la
muqueuse de la langue, du palais, des joues, de toute la cavité buccale, de
l’œsophage a un corps muqueux et un épiderme externe ; et, sur les lèvres
de la bouche, au point où la peau devient membrane muqueuse, 'épiderme
interne devient corps muqueux. D'un côté des lèvres, est la peau avec ses
deux épidermes; de l’autre côté, est la membrane muqueuse avec son épi-
derme externe et son corps muqueux.
» Dans mon précédent mémoire sur la structure des téguments de la
langue (1), j'ai particulierement insisté sur la langue du bœuf, parce que
c'était sur cette langue que Malpighi avait vu ce bean réseau muqueux
qu'il prit pour une disposition natureile , et que j'ai montré n'être qu'une
disposition factice et produite par la décoction. Il m'a paru important de
suivre le corps muqueux de la langue du bœuf dans toutes les parties où
il s'étend, c’est-à-dire, comme on va le voir, dans toute la cavité buccale,
dans Le pharynx, dans l’œsophage, et dans les trois premiers estomacs : la
panse, le bonnet et le feuillet.
» Voici le résultat de ces nouvelles recherches.
» Dans le bœuf conime dans le cheval, dont je parlerai tout-à-l’heure,
l'extrémité du museau, le mufle, est un appendice de la cavité buccale; et
déjà dans le mufle, se montre un épais corps muqueux, souvent marqué
de points colorés, plus ou moins noirs.
» Cet épais corps muqueux s’amincit sur les parois internes des joues.
Ces joues sont garnies de chaque côté, vers les lèvres, de longues et nom-
breuses papilles. Or, la structure de ces papilles est exactement la même
que celle des papilles de la langue. Chaque papille, production du derme,
est enveloppée par deux gaînes, l’une fournie par le corps muqueux, et
Voyez Compte rendu , 1837, 1°" sem., p. 445.
C. R. 1838, 1€r Semestre, (T, VI, N° 9.) 36
( 266 )
autre par l’épiderme. C'est ce qu'on voit nettement sur la figure deux de
la seconde des deux planches que je présente à l’Académie.
» Le derme du palais du bœuf est disposé par lignes transversales,
saillantes et hérissées de papilles. Chaque ligne saillante, chaque papille
du derme, a une double gaine, l'une muqueuse , l'autre épidermique ; et
ces deux gaînes s’enlèvent facilement, en conservant les moules des pa-
pilles qu’elles recouvrent. C’est ce que montre la première figure de ma
seconde planche.
» Le corps muqueux seul est le siége des taches, des plaques colorées
que présente si souvent le palais du bœuf. Ce corps muqueux est composé
de couches superposées, et ces couches elles-mêmes de brins perpendi-
culaires.
» L'œsophage a un corps muqueux très marqué, et que l’ébullition rend
encore plus manifeste, plus compacte, plus blanc, plus discernable du
derme et de l'épiderme. La troisième figure de ma seconde planche montre,
distinctes et séparées , les trois membranes de l’œsophage : le derme, l'épi-
derme , et le corps muqueux.
» De l’œsophage, le corps muqueux s'étend sur la panse , sur le bonnet ,
sur le feuillet ; et il finit brusquement avec le feuillet, au point où la cail-
lette commence. Il règne ainsi sur les trois premiers estomacs, où nul ana-
tomiste encore ne s'était avisé de le soupconner, pas plus qu’à l'œsophage.
» Il est partout recouvert par l’épiderme. Les papilles de la panse , les
petites cloisons du bonnet, les papilles si curieuses du feuillet, offrent
exactement encore la même structure que celles de la langue et des parois
internes des joues. Chaque papille, chaque cloison a toujours une double
gaine, une gaine muqueuse et une gaine épidermique.
» Les papilles de la panse sont larges, plates, de grandeur inégale;
Duverney les compare à des semences de courge. Celles du feuillet sont
plus remarquables encore; on les a comparées à des grains de millet,
et avec assez de raison pour les plus petites ; les plus grandes ressemblent
à des grains d'orge; il y en a quelques-unes, vers l'ouverture supérieure de
cet estomac, qui sont surmontées d’un véritable prolongement corné,
d'une sorte d’ongle. Après une macération convenable, l'épiderme et le
corps muqueux se détachent de toutes ces papilles, et particulièrement
de celles du feuillet, comme les doigts d’un gant se détachent des doigts
de la main. Il arrive même souvent, aux papilles du feuillet, que le doigt
épidermique où muqueux , si je puis m'exprimer ainsi, se renverse en se
détachant , comme fait un doigt de gant lorsqu'il se retourne.
( 267 )
» Il suffit de jeter un simple coup d'œil sur les trois premiers es-
tomacs pour y distinguer l’épiderme. Duverney, tout en donnant mal
à propos le nom de tunique nerveuse (1) au véritable derme , a par-
faitement vu et décrit l'épiderme, qui, je me sers de ses expressions,
Jait autant de gaïnes qu'il y a d'éminences dans la tunique nerveuse, et
Les revét exactement. « Partout, dit M. Cuvier, la surface interne des trois
» premiers estomacs, sans en excepter les papilles, est recouverte d’un
» épiderme mince, qui s’enlève facilement par grands lambeaux, en con-
» servant les moules des papilles, et se distingue par sa couleur jaunâtre
» de la membrane interne, qui est blanche. » Mais, je le répète, ni
Duverney, ni M. Cuvier, ni aucun autre, n'avaient soupçonné, sous cet
cpiderme, un véritable corps muqueux, s’enlevant aussi par lambeaux, et
formant aussi, à chaque papille, une seconde gaine, une gaîne interne,
comme l’épiderme lui en fournit une externe.
» La 4° figure de ma seconde planche montre les trois membranes qui
nous occupent , le derme, le corps muqueux et l'épiderme, sur la panse ;
la 5° les montre sur le bonnet, et les 6° et 7° les montrent sur le Jeuillet.
On voit par les papilles du. feuillet, mieux encore peut-être que par
tout le reste, comment l’épiderme, comment le corps muqueux forment
des membranes continues; comment les gaînes dont ces membranes en-
veloppent les papilles du derme sont elles-mêmes continues, et repré-
sentent de véritables doigts de gant complets,et complets à ce point qu'ils
peuvent, ainsi que je l'ai déjà dit, se retourner, se renverser, quand on
les détache de leurs papilles.
» Dans le cheval, comme dans le bœuf, le corps muqueux règne sur le
mufle, sur les lèvres, sur le palais, sur les joues, sur la langue, sur
l'œsophage, sur toute la première partie de l'estomac, et partout il est
recouvert par l’épiderme.
» Le derme du palais du cheval est disposé, comme celui du palais du
bœuf, par lignes transversales saillantes, mais plates et sans papilles; et
partout il est recouvert d’une lame ou membrane muqueuse , et d’une lame
ou membrane épidermique.
» L’estomac du cheval se compose de deux parties essentiellement dis-
tiuctes par leur structure. La premiére, vraie continuation de l’'œsophage,
(1) Cest-à-dire, comme on s’exprimerait aujourd’hui, ce//ulaire. Dans ies trois
premiers estomnacs , le derme est presque confondu avec la tunique cellulaire ; c’est
pourquoi Duverney n’a point distingué l’une de ces membranes de l’autre.
36.
( 268 )
répond, par sa structure, aux trois premiers estomacs des animaux rumi-
nants; et comme ces trois premiers estomacs, comme l’œsophage, elle a ui
véritable corps muqueux, recouvert par un épiderme. La seconde répond
à la caillette'; et, avec cette seconde partie, commence une nouvelle
structure, semblable à celle de la caïllette.
» L'épiderme et le corps muqueux de l'œsophage et dela première partie
de l'estomac du cheval, ne sont ni moins nettement tranchés, ni moins
remarquables que l'épiderme et le corps muqueux de Vœsophage et des
trois premiers estomacs du bœuf.
» La huitième figure de ma seconde planche) montre les trois mem-
branes, le derme , le corps muqueux et l'épiderme , sur le palais du cheval ;
la neuvième les montre sur son æsophage, et la dixième les montre sur
la premiere partie de son estomac.
» Dans le cheval comme dans le bœuf, il y a donc un groupe entier
de muqueuses, dont la structure est la même que celle de la muqueuse
de la langue. Ce groupe comprend, dans le cheval comme dans le bœuf,
les muqueuses du mufle, des lèvres, des joues, du palais, de la langue,
en un mot, de toute la cavité buccale; il comprend, encore dans le cheval ,
la muqueuse de l’'œsophage et celle de la première partie de l'estomac; et
dans le bœuf, la muqueuse de œsophage et celle des trois premiers esto-
macs, la panse , le bonnet et le feuillet.
» Avec la seconde partie de l'estomac dans le cheval, avec la caillette dans
le bœuf, commence une nouvelle structure, et, avec cette nouvelle struc-
ture, de nouvelles fonctions; là commence, en d’autres termes, un nou-
veau groupe de muqueuses , lequel, comme je l'ai déjà dit, fera l’objet d’un
autre mémoire. »
ANTHROPOLOGIE. — Aaces humaines en Algérie.
M. FLourens annonce qu’il vient de recevoir de M. le docteur Guyon,
chirurgien en chef de l'armée d'Afrique, des pièces anatomiques et des
documents écrits pour servir à l’histoire physique et ethnographique des
différentes races humaines qui se trouvent en Algérie, et spécialement à
celle des Kabyles et des Arabes de l'extrémité nord-ouest de l'Afrique.
Géonésie. — Triangulation de l'Algérie.
« M. Bory DE Sainr-VincenT annonce que M. le lieutenant-général Pelet,
directeur du Dépôt de la Guerre, a fait partir M. Puillon-Boblaye, capi-
taine d'état-major pour l'Algérie, où cet officier doit même être rendu en
( 269 )
ce moment. M. Boblaye, qui fit partie de la Commission de Morée, et qui
détermina astronomiquement les positions de l'antique Sparte et d'Athènes,
devra d’abord fixer de la même manière celle de Constantine, et s’occu-
per sans relâche de la triangulation du Pays, avec des officiers du même
corps d'état-major, mis sous ses ordres. Jusqu'ici on n'avait pas pu cons-
truire un canevas rigoureux pour subordonner les reconnaissances ou au-
tres figurés du terrain que le général Pelet ne cessait d'ordonner et de
recueillir : maintenant on peut espérer que nous posséderons bientôt des
cartes excellentes de l'Algérie, sans lesquelles il est impossible de faire
de la géographie ancienne raisonnable. »
RAPPORTS.
Rapport sur un mémoire de M. le docteur MoxTAGNr, sur l'organisation et
le mode de reproduction des Caulerpées et en particulier du Caurrnps
WEBBIANA.
(Commissaires, MM. Borÿ Saint-Vincent et Ad. Brongniart rapporteur.)
« Le mémoire de M. le docteur Montagne que l’Académie a renvoyé à
notre examen a pour objet un des groupes les plus naturels établis dans
la vaste famille des Algues par un botaniste français, Lamouroux, qui, l’un
des premiers commença à débrouiller cette immense réunion de végétaux
marins qu'on avait accumulés dans les genres Ulva et Fucus de Linné. De-
puis cette première réforme, l'étude de ces végétaux a fait des progrès ra-
pides et la variété de leur organisation a conduit à les diviser non-seule-
ment en genres très nombreux mais à en former plusieurs familles ou
tribus tres distinctes par leur texture, par leur mode de reproduction et
même par leur coloration , qui, dans ces végétaux où la plante entière
revêt la même teinte, paraît avoir plus d'importance que la couleur de
quelques organes en particulier dans les végétaux d'une structure plus
parfaite.
» En effet, les unes présentent dans toute leur étendue la couleur d'un
beau vert qui appartient ordinairement aux feuilles, les autres ont une
teinte d’un vert-brun olivacé, beaucoup enfin sont pourvues des teintes
roses ou rouges les plus vives et comparables à celles des fleurs. Lamou-
roux S'était fondé en grande partie sur ce caractère de la coloration pour
(270 )
distinguer ces trois ordres des Ulvacées, des Fucacées et des Floridées, et
ce même principe sépare assez nettement les Confervées des Céramiées
parmi les algues articulées.
» Des caractères tirés de la structure des frondes et du mode dereproduc-
tion étaient venus assez généralement confirmer ces divisions et dans ces
derniers temps en particulier les recherches pleines de finesse de M. Jacob
Agardh avaient montré que les corps reproducteurs des algues vertes,
Confervées ou Ulvacées, présentaient soit dans l'intérieur même de la
plante, soit après leur dissémination, des phénomènes très différents de
ceux qu'offrent les corps reproducteurs des algues rouges ou olivacées.
Ce botaniste a fait voir en effet que les corps reproducteurs ou séminules
des algues vertes paraissent jouir généralement de cette propriété de lo-
comotilité signalée déjà depuis plusieurs années dans certaines Confervées
par l'un de vos commissaires (M. Bory de Saint-Vincent), et par plusieurs
botanistes étrangers. Dans ces plantes les séminules le plus souvent vertes
et ovoides, développées dans les cellules mêmes qui constituent le tissu
de la plante , ne sont peut-être qu’une simple modification de la matière
verte qui les remplit avant l’époque de la fructification et qui détermine
leur coloration générale; mais ces séminules remarquables par la régula-
rité de leur forme et de leur grosseur, jouissent d’une faculté bien singu-
lière que ne possèdent pas les grains de chlorophylle qui occupaient
précédemment les mêmes cellules. Déjà dans les tissus mêmes qui les ren-
ferment , quelque temps avant qu’elles ne s’en échappent pour se répandre
dans l’eau environnante, et pendant quelques heures aprés cette émission ,
elles se meuvent librement dans tous les sens, irrégulièrement et en chan-
geant de forme, absolument comme certains êtres organisés considérés
généralement comme des animaux infusoires ; puis elles se fixent à la sur-
face des corps environnants en cherchant les parties les moins éclairées
et commencent alors à s’allonger et à s'accroître pour reformer, par une
véritable germination , un être semblable à celui d'où elles sont sorties.
» Rien de semblable ne s’est offert jusqu'à ce jour dans les Fucacées, les
Floridées ou les Céramiées dont la couleur olivätre où rouge ne participe
en rien à la teinte d'un vert pur des feuilles des végétaux phanérogames,
et les séminules inertes de ces plantes se distinguent assez facilement de
celles douées de locomotilité des algues vertes par leur forme qui, dans
ces dernières, est toujours ovoide et terminée par un prolongement co-
nique plus transparent susceptible de se courber latéralement et qui se
dirige en avant pendant les mouvements de ces corps.
Ca)
» La structure interne et le mode de reproduction d’un grand nombre
d'algues avaient été le sujet des recherches des botanistes, depuis quel-
ques années, et parmi les algues vertes que M. J. Agardh a désignées sous
le nom d’algues zoospermées à cause du phénomène dont nous venons de
parler, les espèces articulées et les Ulves proprement dites avaient surtout
été l’objet d’études assez étendues; mais le genre Caulerpa , lun des plus
remarquables par son port et son mode de végétation, était resté en de-
hors de toutes ces recherches. Presque entièrement composé de plantes
des mers tropicales, une seule espèce s'étendant jusque dans la Méditer-
ranée, il n'avait pu être examiné à l’état frais par les botanistes qui se
sont livrés à cette étude; sa couleur verte et son tissu continu l’avaient fait
placer par Lamouroux, à la suite des Ulves ; mais sa tige rampante fixée
dans le sable par des fibrilles analogues aux racines, et qui manquent
dans la plupart des algues, ses rameaux arrondis, coriaces, couverts
d’appendices ressemblant à de petites feuilles, donnaient à ces plantes un
aspect bien différent. La nature coriace et résistante de la membrane
qui couvre toute leur surface était surtout fort remarquable, et Lamou-
roux annonçait n'avoir pu reconnaître aucune organisation distincte dans
les parties qu’elle recouvre; il était également resté dans le doute, rela-
tivement aux organes reproducteurs de ces végétaux, de sorte que ce
genre si naturel par ses formes extérieures et par son mode de végétation
était un des moins bien connus, sous le rapport de ses caractères essen-
tiels.
» M. Montagne ayant eu à décrire une nouvelle espèce de ce genre,
recueillie dans les îles Canaries, par MM. Webb et Berthelot, s’est
appliqué à en étudier l’organisation avec cette attention qu’on devrait
toujours apporter actuellement dans la description des êtres nouveaux, et
qu’exigeraient aussi beaucoup de plantes anciennement connues. Il a
reconnu que la partie externe des tiges et des rameaux de cette plante et
de plusieurs autres espèces du même genre qu’il a examinées, est formée
d’une membrane très épaisse sur les tiges, beaucoup plus fine sur les
appendices latéraux plus ou moins foliacés qui en naissent, incolore,
transparente, presque cornée; mais dans laquelle il n’a aperçu aucune
trace de structure. De la surface interne de cette enveloppe coriace,
naissent une infinité de filaments flexueux , cylindriques, très fins, trans-
parents, continus, diversement ramifiés et anastomosés, s’entrecroisant
dans tous les sens et formant dans l’intérieur de la tige, un réseau lâche
et irrégulier. A la surface externe de ses filaments et surtout vers leur
(272)
origine, près de la membrane extérieure, se trouvent appliqués en
quantité plus ou moins considérable, les petits grains de chlorophylle qui
déterminent la coloration de la plante. Cette même organisation se re-
trouve dans les rameaux et dans leurs appendices latéraux, si ce n’est
que dans ces dernières parties la membrane externe est plus mince, le
réseau plus lâche et plus fin, et la matière verte plus abondante.
» L'existence de ce tissu fibrilleux, dans l'intérieur des tiges des Cau-
lerpa avait déjà été aperçue dans une espèce de cegenre, par Turner, ainsi
que M. Montagne le fait remarquer; mais l'observation du botaniste an-
glais, qui croyait cette structure propre seulement à cette espèce, avait
été négligée par tous les auteurs qui se sont occupés depuis de l’organisa-
tion des algues.
» La structure de ces plantes est cependant très remarquable et très
différente de celle de tous les autres genres connus de cette famille.
» L'épaisseur, la résistance et la continuité de la membrane extérieure
formant une sorte d’épiderme corné; la laxité et la finesse du tissu fila-
menteux intérieur qui est fixé par ses extrémités à cette membrane ex-
térieure ; enfin la position de la chlorophylle en dehors de ces filaments,
sur leur surface externe et dans les sortes de lacunes qu'ils laissent entre
eux, constituent une organisation toute spéciale, et dont on ne connaît
pas d'exemple dans les autres végétaux. Cette organisation, M. Montagne
l’a observée non-seulement dans le Caulerpa Webbiana, mais aussi dans la
plupart des autres espèces de ce genre, et vos Commissaires ont constaté
sur plusieurs d’entre elles l'exactitude de ses observations; plusieurs même
par leur taille plus considérable, sont plus favorables que l’espèce des Ca-
naries à l'examen de cette structure, et leur anatomie mériterait d’être
figurée avec détail.
» Sur ces grandes espèces et particulièrement sur le Caulerpa clavifera
de la mer Rouge, on peut reconnaitre que la membrane externe, tres
épaisse sur les tiges principales , est formée de plusieurs couches succes-
sives parallèles à la surface, et plus où moins nombreuses, suivant les
parties de la plante qu’on observe; on peut voir que la couche la plus
externe qui paraît avoir formé la membrane primitive et qui se sépare as-
sez facilement des couches internes, est celle qui donne attache aux extré-
iités des filaments du tissu intérieur. Ces filaments traversent ainsi toute
l'épaisseur des couches internes, qui se sont préalablement développées
après l’organisation primitive de ce tissu intérieur; cette membrane exté-
rieure primitive paraît exister seule ou tapissée iutérieurement par une
(273 )
couche accessoire très mince sur les appendices latéraux et foliacés de ces
plantes.
» On peut aussi s'assurer qu'indépendamment des grains de chlorophylle
très fins et souvent agglomérés en masses amorphes qui se trouvent en plus
ou moins grande quantité dans les lacunes qui séparent les fibrilles inté-
rieures, il existe dans les mêmes espaces, mais surtout vers le centre des
tiges et des rameaux, des granules ovales, incolores, transparents, qui
prennent une teinte bleue très prononcée par l’iode, et possèdent ainsi
les divers caractères de la fécule.
» Toute cette organisation diffère beaucoup de celle qu’on connaît,
soit dans les autres plantes marines, soit dans les végétaux phanéro-
games.
» Le mode de reproduction de ces plantes n’était pas moins important à
rechercher pour compléter nos connaissances à leur égard ; jusqu’à pré-
sent, en effet, on n'avait pu former que des conjectures à ce sujet, et si
d’un côté leur coloration verte pouvait faire supposer que leur mode de
reproduction était analogue à celui des Ulves et des Conferves , d’un autre
côté , leur aspect général pouvait faire croire à une organisation plus éle-
vée et plus analogue à celle des vrais Fucus.
» Les observations de M. Montagne à ce sujet, quoique faites sur une
seule espèce à l’état sec, paraissent devoir lever tous les doutes, d'autant
plus qu’elles s'accordent parfaitement avec ce que pouvait faire présumer
les rapports mieux connus de ces plantes avec les autres plantes marines.
Sur le Caulerpa Webbiana , soumis à ses recherches, M. Montagne a re-
marqué que quelques-unes des expansions latérales et foliacées de la fronde
offraient une couleur d’un jaune orangé, qui les distinguait immédiate-
ment des autres parties qui sont d’un vert foncé. Ces expansions étaient
renflées et légèrement bosselées vers leurs extrémités ; coupées transver-
salement, on voyait au microscope qu’elles renfermaient, au milieu d’un
tissu fibrilleux très fin, au lieu de chlorophylle, des corps sphériques ou
légèrement ovoides, prolongés en une sorte de queue plus ou moins al-
longée, droiteggn recourbée. Ces corps très différents par leur couleur
brunätre et par leur forme des grains de chlorophylle ou de fécule, pou-
vaient déjà par la spécialité de leur forme et de leur position être consi-
dérés avec beaucoup de probabilité comme les corps reproducteurs des
Caulerpa; mais leur analogie avec les séminules des autres algues vertes et
surtout avec celles des Bryopsis, décrites récemment sur le vivant par
M. J. Agardh, viennent confirmer complétement cette supposition. En
C.R, 1838, 127 Semestre. (T, VI, N° 9.) 37
(274)
effet, dans ce genre, que son mode de végétation rapproche spécialement
des Caulerpées, les extrémités des rameaux tubuleux renferment et lais-
sent échapper des corps ovoides, opaques, terminés à une de leur extré-
mité par une sorte de bec conique transparent; ces corps se meuvent pen-
dant quelque temps avec rapidité, puis se fixent à la surface des corps
environnants, pour s'allonger et reproduire la plante qui leur a donné
naissance.
» L'analogie de forme, de coloration et de position des corps bien évi-
demment reproducteurs des Bryopsis et de ceux des Caulerpa ne saurait
laisser de doutes sur les fonctions de ceux-ci, ni sur les mouvements
qu'ils doivent offrir à l’état vivant, car le prolongement conique ou ey-
lindrique, transparent, droit ou recourbé que ces corps présentent, est
un caractère général de ces séminules animées des algues vertes, lorsqu'ils
sont arrivés à leur état de maturité.
» Comment ces corps reproducteurs se forment-ils ? sont-ils le résultat
d'un développement particulier des granules de chlorophylle comme
paraît le penser M. Montagne ? Proviendraient-ils au contraire d’une mo-
dification des grains amilacés que nous signalions tout-à-l’heure dans
ces plantes? ou enfin, sont-ce des corps d’une formation toute spéciale ?
C’est ce que l'étude de ces plantes et de plusieurs autres algues vertes sur
le vivant pourrait seule nous apprendre.
» Ces végétaux si simples dans leur organisation, qui cependant nous
offrent déjà les principaux phénomènes de la vie des plantes plus parfaites
et qui souvent nous les offrent pour ainsi dire à découvert, méritent
sans aucun doute d’être suivis avec une attention toute spéciale dans les
diverses phases de leur existence.
.» Les observations de M. Montagne , ayant pour objet un groupe de
plantes presque entièrement propre aux mers tropicales, n’ont pu étre
faites que sur des individus secs; mais elles n’en ont pas moins jeté
beaucoup de lumière sur l’organisation et sur les affinités d’un des genres
les plus remarquables de la végétation sous-marine, et nous proposons à
l'Académie d'autoriser l'insertion de ce Mémoire parmigeeux des Sa-
vans Etrangers. » |
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
(275)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ÉCONOMIE RURALE. — Phénomènes observés dans la congélation des pommes
de terre; par M. Paye.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Dutrochet, Turpin.)
« Au nombre des divers dommages occasionnés par les grands froids, on
peut compter les résultats de la congélation sur plusieurs produits des
végétaux, et parmi ceux-ci une altération remarquable qui intéresse l’une
de nos plus importantes industries agricoles.
» On sait en effet, que souvent les pommes de terre gelées donnent,
après le dégel, à peine le quart de la fécule que l’on en obtenait avant.
» On ignorait la cause de cette déperdition considérable, et par analogie
on avait été conduit à l’attribuer à une transformation du genre de celles
qui rendent l’amidon soluble.
» M. Payen s’est livré, à cet égard, à de nombreuses recherches; il
est parvenu ainsi à établir, que les tubercules gelés contiennent autant de
substance sèche qu’à l’état normal; que la proportion de matière soluble
n’y est pas moins grande; qu’enfin la fécule elle-même, y est en égale pro-
portion, et que rien encore n’est changé sous ces rapports après le dégel.
» La composition immédiate ne pouvant expliquer le phénomène pré-
cité, l’auteur a cherché dans des modifications physiologiques la solution
du problème, et il est parvenu à reconnaitre qu’elle tient à la dislocation
générale du tissu cellulaire,
» Cet effet, produit sans doute par les changements d'état et de volume
de toutes les parties fluides, isole les unes des autres les utricules ; déga-
gées alors de la pression qu’elles supportaient , elles prennent des formes
arrondies, et lorsque les dents de la râpe les frappent, elles se détachent
une à une ou par petits groupes, mais sans offrir assez de résistance pour
être déchirées. Il en résulte que le plus grand nombre de ces cellules, en-
core remplies de fécule, ne passent pas au travers des tamis fins, et que
restant dans la pulpe, elles diminuent d'autant la proportion du produit.
» Des figures dessinées sous le microscope montrent cette dislocation
des utricules du tissu végétal.
» M. Payen discute les pratiques, à tort négligées ou encore trop peu con-
DT
( 276 )
nues, qui dans plusieurs grands établissements ruraux permettent de tirer
des pommes de terre gelées un parti avantageux. Il rappelle aussi, d'après
M. d'Orbigny, la méthode simple au moyen de laquelle les naturels du
Pérou font desssécher les tubercules entiers des pommes de terre gelées,
les rendant ainsi faciles à conserver et propres à une alimentation habi-
tuelle analogue à celle que nous trouvons dans le pain. »
M. Payen dépose à l'appui de cette communication :
1 Les dessins ci-dessus mentionnés ;
22: Des tubercules secs des pommes de terre gelées ;
3°, L'épiderme intégralement enlevé de l’un de ces tubercules ;
4° et 5. De la fécule et de la farine obtenues des tubercules dégelés.
Paysique. — Vouvelles recherches sur les différences que présentent, dans
leur arrangement sur une plaque vibrante, les poussières résineuses et
les poussières siliceuses ; par M. SeLzIER.
(Commission précédemment nommée. )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTO-ANIMALE. — Recherches relatives à l'influence des
animalcules de couleur verte, contenus dans les eaux tranquilles, et sur
la quantité et la qualité des gaz que ces eaux peuvent dissoudre; par
M. Cu. Morren.
(Concours pour le prix de physiologie expérimentale.)
CORRESPONDANCE.
paysique. — /Vouvelles expériences de M. Marreucer sur les courants
thermo-électriques. — Extrait d’une lettre de M. DE LA Rive à
M. Becquerel.
« M. Matteucci a eu la complaisance de répéter, en ma présence, les
expériences sur les courants thermo-électriques; il m'a fait voir d’une ma-
nière non équivoque le fait important qu’il avait déjà constaté, savoir,
qu’en faisant communiquer, à travers une couche de mercure, le bout
chaud et le bout froid de deux fils métalliques semblables, fixés aux deux
extrémités du galvanomètre, on détermine un courant qui, à toutes les
températures, à une direction constante du chaud au froid dans le fil du
galvanomètre. Le bismuth seul donne un courant contraire. Les anoma-
lies du cuivre et du fer, à une température élevée, disparaissent.
(277)
» Nous nous sommes assurés, M. Matteucci et moi, que le mercure ne
donne pas de courants thermo-électriques. Nous avons appliqué au
mercure le procédé de M. Becquerel, qui consiste, pour rendre iné-
gale la propagation de la chaleur, à rendre la masse du corps chauffé
plus grande d’un côté que de l’autre; nous n’avons rien obtenu. Nous
avons, au moyen de trois capsules pleines de mercure, et dont les deux
extrêmes communiquaient avec les bouts du galvanomètre, mis en con-
tact du mercure chaud et du mercure froid, en établissant la communi-
cation entre les capsules par deux siphons remplis aussi de mercure.
Quoique nous ayons eu, dans ce cas, quelques signes de courant, nous
nous sommes bientôt aperçus qu'ils étaient dus au mercure chaud de la
capsule moyenne qui, par la différence de niveau, coulait quelquefois
dans l’une ou dans l’autre des deux capsules extrêmes. Nous avons re-
connu que, dans ce cas comme dans le précédent, il n’y avait pas de
courant thermo-électrique développé dans le mercure.
» Enfin, M. Matteucci m’a fait voir les courants thermo-électriques qui
sont développés dans l’acte de solidification du bismuth et de certains
amalgames de bismuth et d’antimoine. Ces courants sont indépendants
de la nature des deux fils métalliques qu’on plonge dans le métal fondu
pour conduire le courant au galvanomètre; il ne paraît pas exister de
rapport entre la position des fils et la direction du courant; en tenant les
fils extrêmement rapprochés, on observe encore le phénomène. Nous
avons tenté les mêmes expériences sur le zinc, l’étain etle plomb, mais
aucun de ces métaux n’a développé le moindre courant dans l'acte de sa
solidification, même dans les amalgames de bismuth et d’antimoine.
» Si la quantité de mercure est trop grande, sans toutefois que l’amal-
game soit liquide à la température ordinaire, la production des courants
n’a pas lieu dans les mêmes circonstances où elle a lieu avec les deux
mêmes métaux non amalgamés, ou avec des amalgames renfermant moins
de mercure. Cette propriété du bismuth et de l’antimoine, qui paraît
être spéciale à ces deux métaux, mérite d’être signalée et étudiée. »
ÉLECTRO-CHIMIE, — Sur Certaines circonstances qui s'opposent à l'oxida-
tion du fer. — Extrait d’une lettre de M. ScHongeIN, professeur à Bâle,
à M. Becquerel.
«Un fil de fer, fonctionnant comme pôle positif d’une pile, n’est at-
taqué ni par l'acide nitrique, quel que soit le degré de sa concentration ,
ni par l’oxigène résultant de la décomposition électro-chimique de l’eau.
(278)
Le fer se comporte absolument comme le platine; mais je dois faire re-
marquer que, pour obtenir le résultat en question , il faut qu’on ferme le
circuit voltaique avec le fil de fer. Cependant, ce n’est pas seulement
à l’égard de l'acide nitrique que le fer peut devenir passif dans les circons-
tances indiquées, ce métal permet aussi le dégagement libre de l’oxigène
éliminé sur lui par le courant dans toutes les dissolutions aqueuses des
composés oxigénés.
» Quand on plonge, par exemple, dans une solution de sulfate de cuivre
un fil de fer, qui joue le rôle de l’électrode positif d’une pile, le métal en
question ne précipite pas la moindre trace de cuivre , tant que le courant
traverse le fil, et en mème temps il se dégage de loxigène sur le fer. En
combinant voltaiquement ce métal avec des substances soi-disant néga-
tives, par exemple, avec du platine, et en introduisant celui-ci le premier
dans l’acide nitrique ordinaire, le fer devient aussi passif à l'égard du
dernier.
» Lorsqu'on combine un fil de fer avec du peroxide de plomb, on peut le
plonger dans l'acide nitrique très étendu d’eau, de même que dans la solu-
tion de sulfate de cuivre, sans causer l’oxidation du fer. Vousavez peut-être
lu l'explication que M. Mousson à dernièrement donnée dans la Biblio-
thèque universelle sur la cause de la passivité du fer; mais je pense que le
seul fait, dont je viens de vous parler, nous offre la preuve la plus con-
cluante que l'hypothèse en question n’est pas fondée.»
CHE ORGANIQUE. — Sur les produits de la décomposition de l'acide urique
par l'acide nitrique ; par MM. Liemic et Wôuzer. ( Extrait d’une lettre
de M. Liebig à M. Dumas.)
« Je viens de finir avec M. Wôhler, dit M. Liebig, l'examen que nous
avions entrepris du produit de la décomposition de l'acide urique par
lacide nitrique. Parmi nombre de faits curieux, nous avons trouvé deux
corps, qui n’ont peut-être pas d'analogue en chimie. Ils cristallisent tous
deux, mais l’un est très soluble et l’autre très peu.
» Celui qui est soluble a pour formule C® Azf O'° H°, tandis que Fautre
est représenté par C* Azt O'° H5. Leur composition diffère donc par deux
atomes d'hydrogène. On peut aisément transformer l’un de ces produits
en l'autre. En chauffant le premier avec de l'acide nitrique, on lui enlève
ces deux atomes d'hydrogène et l’on obtient le second. Ce dernier à son
tour traité par l'hydrogène sulfuré, il y a dépôt de soufre et fixation
d'hydrogène, de manière à reproduire la substance C® Az* O'° H'°.
LEE
» Ce sont ces deux matières qui produisent, quand elles sont mélées
ensemble avec de l’ammoniaque, ce qu’on appelle le purpurate d'ammo-
niaque, l'une de plus brillantes préparations de la chimie organique. Prises
séparément, elles ne peuvent ni l’une ni l’autre fournir le purpurate d’am-
moniaque. La composition de ce corps est donc extrêmement compliquée ;
c'est une amide d’une nouvelle espèce. Nous sommes parvenus à donner de
sa production une explication nette et satisfaisante.
» On ne peut s'empêcher d’être frappé de l'analogie du corps C® Az{ O'°H'°
avec l’orcine et de celle du purpurate d’ammoniaque avec l’orcéine. En
chauffant de l’orcine avec de l'acide nitrique faible, et y ajoutant de
l’ammoniaque, le liquide prend une couleur rouge très foncée, qui n’est,
il est vrai, jamais aussi belle que celle de l’orcéine de M. Robiquet. »
M. LaïcweL donne quelques détails sur les résultats des expériences qui
ont été faites avec son système de courbes au rayon de 5o mètres, et an-
nonce qu’il sera fait, le 4 mars, de nouveaux essais auxquels il désire voir
assister quelques Membres de l’Académie.
M. Jawss prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur des
dessins qu'il lui a présentés et où se trouvent figurées en regard les pus-
tules du vrai et du faux vaccirr.
À 4 heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
Erratum. (Séance du 19 février.)
Page 215, ligne 6 en remontant, de matières grasses purifiées , lisez de matières grasses
provenant d’huiles grasses purifices
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences, n° 8, 1° semestre 1838, in-4°.
Projet de loi pour l'organisation d'une Société générale entre tous les
hommes dont la profession fait partie de l'art de guérir; par J.-F. Cour-
HAUT, in-8°,
( 280 )
Discours prononcé au congrès de l'Institut historique tenu à l'Hôtel-de-
Ville de Paris, à la séance du 21 septembre 1837, sur cette question :
Rechercher par l'histoire, les causes qui ont introduit le style d'archi-
tecture connu sous le nom de Renaissance; par M. FerpinanD Tomas, in-8°.
Voyage en Islande et au Groënland, publié sous la direction de M. Gar-
marD, 8° livraison, in-fol.
Histoire naturelle des îles Canaries; par MM. Wsss et BERTHELOT,
28° livraison , in-4°.
Galerie ornithologique ou Collection d'oiseaux d'Europe, décrits par
M. A. »'Orsieny, etc., 35° livraison , in-4°.
De la rétention d'urine et d'une nouvelle méthode pour introduire les
bougies et les sondes dans la vessie, par M. le docteur Beniqué , in-8?.
Mémoire sur le sulfure d'azote et sur le chloride de soufre ammoniacal ;
par M. E. Souserman, in-8°.
Délibération portant que le rapport de la Commission chargée par le
Conseil de présenter un avis sur la découverte de M. le docteur Donxé
comme moyen de reconnaître la qualité du lait des nourrices sera imprimé.
(Extrait du registre des arrêtés du Conseil général , séance du 27 décem-
bre 1837), in-4°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhkausen , n° 52, in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Saint-Étienne, 14° année, 5° li-
vraison, 1837, in-8°.
Annales de la Société royale d'Horticulture, tome 22, 124 livraison
in-8°.
Compendium de Médecine pratique par MM. pe Laserce et Monwxerer,
tome 2, 6° livraison in-8°.
Flora batava, 112—113 livraison in-8°.
Trattato delle febri.... Traité des fièvres bilieuses; par M. Meur,
nouvelle édition, avec des notes de M. Jormanr; Milan, 1837, in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, janvier et février 1838,
par M. Liouviise, in-4°.
Journal de pharmacie et des Sciences accessoires, 24° année, n° 2,
février 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 8, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°*22—24, in-4°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 8, in-4°.
L'Expérience , journal de Médecine , n° 22—23, in-8°.
D
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 MARS 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
M. le PRésiDenT DE L’ACADÉMIE invite la Commission qui a été chargée,
d'après la demande de M. le Ministre de la Guerre, de rédiger des Ins-
tructions pour une exploration scientifique de l'Algérie, à faire son rap-
port le plus promptement possible, le départ de l'expédition devant être
très prochain.
MÉCANIQUE. — Extrait de la seconde partie d'un Mémoire sur le mou-
sement des projectiles dans l'air, en ayant égard à leur rotation et
à l'influence du mouvement diurne de la Terre (1); par M. Porsson.
« Pour déterminer le mouvement d’un corps solide entièrement libre,
on le décompose en deux autres, l’un de translation pour lequel on prend
le mouvement du centre de gravité, l’autre de rotation autour de ce point,
c'est-à-dire, autour d’un axe passant par ce point, qui change de direc-
—_—_—_———_—
(1) Voyez l'extrait de la première partie, dans le Compte rendu de la séance du
13 novembre 1837.
C, R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 40.) 38
( 282 )
tion à chaque instant, soit dans l’intérieur du mobile, soit dans l'espace,
et qu’on appelle pour cette raison, l'axe instantané de rotation.
» Les inconnues du problème sont alors les trois coordonnées du centre
de gravité , et trois certains angles qui déterminent, sans aucune ambigüité
et de la manière la plus simple, la situation du mobile relativement à ce
centre, d’après les directions de ses trois axes principaux passant par ce
même point. Ces trois angles et leurs différentielles par rapport au temps,
déterminent aussi la direction de l'axe instantané, et la grandeur de la
vitesse de rotation. Quand on a obtenu les expressions des six inconnues
en fonctions du temps, le problème est complétement résolu : on en
déduit ensuite, si l’on veut et sans difficulté, les coordonnées d’un point
déterminé de la masse ou de la surface du mobile, les composantes de
sa vitesse, les équations de la courbe qu'il décrit dans l'espace.
» Les trois équations différentielles secondes du mouvement de transla-
tion se déduisent immédiatement du principe que le centre de gravité se
meut à chaque instant, comme si toutes les forces appliquées au mobile
y étaient transportées parallélement à leurs directions, et que la masse
entière de ce corps y fût concentrée. En même temps le corps tourne
autour de ce point, comme s'il était fixe, et que les forces données, sans
addition d'aucune autre, eussent conservé leurs points d'application ;
mais la formation des équations différentielles du mouvement de rotation,
a présenté autrefois beaucoup plus de difficulté. D’Alembert les a données
le premier en 1749; Euler a ensuite obtenu six équations différen-
tielles du premier ordre, entre les trois inconnues angulaires et les trois
composantes de la vitesse de rotation, et desquelles les trois équations
de d’Alembert résultent par l'élimination de ces trois composantes;
Lagrange, dans les Mémoires de Berlin et dans la Mécanique analytique,
a déduit ces mêmes équations d’une analyse remarquable par la symétrie
des formules qui résulte de lemploi de neuf quantités, introduites
par la transformation des coordonnées rectangulaires, fonctions connues
des trois angles cités plus haut, et liées entre elles par l’un ou l’autre
de deux systèmes de six équations données; enfin, dans mon Traité
de Mécanique , je suis parvenu, de la manière que je crois la plus simple,
aux équations différentielles du mouvement de rotation, sous la forme
où Euler les a présentées, et qu’on leur a toujours conservée. En effet,
trois de ces six équations sont indépendantes des forces qui agissent sur
le mobile; leur formation est une simple question de Géométrie, et ce
n’est que la formation des trois autres, qui soit réellement un problème
de mécanique. Or, j'en ai fait dépendre la solution, de ce théorème facile
( 283 )
à démontrer : la somme des moments pris par rapport à un axe principal,
passant ou non par le centre de gravité, des quantités de mouvement
dont tous les points du mobile sont animés à un instant quelconque, est
égale au produit de la vitesse angulaire de rotation de ce corps autour de
ce même axe, et de son moment d'inertie par rapport à cette droite. Si
l’axe demeurait parallèle à lui-même pendant la durée de l'instant sui-
vant, on formerait immédiatement l'équation du mouvement de rotation
qui s’y rapporte, en égalant la différentielle de ce produit à l’accroisse-
ment de cette somme de moments pendant cet instant, et remplaçant cet
accroissement inconnu par une autre quantité qui lui füt équivalente
d’après le principe général de l'équilibre des quantités de monvement
perdues; laquelle quantité, quand l'axe principal passe par le centre de
gravité, est l'élément du temps multiplié par la somme des moments, par
rapport à cette droite, des forces motrices données, qui sont appliquées
au mobile et qui produisent seules, comme on vient de le dire , la rota-
tion autour de ce point. Mais cet axe, fixe dans l'intérieur du mobile,
changeant continuellement de direction dans l’espace, cette variation,
pendant un instant infiniment petit, introduit dans le premier membre
de l'équation différentielle, un terme qui la complète et que l'on déter-
mine facilement. Au lieu d’un corps solide, s’il s'agissait d’un système de
forme variable, les raisonnements que nous rappelons subsisteraient
également; mais le moment d'inertie relatif à l'axe principal, varierait
pendant l’instant que l’on considère, et il en résulterait encore un autre
terme dans le premier membre de l’équation différentielle. Par cette con-
sidération que je me borne maintenant à indiquer, on formera pour un
système quelconque de points matériels, des équations analogues à celles
du mouvement de rotation d’un corps solide, que l’on combinera comme
celles-ci, avec les équations du mouvement du centre de gravité, et qui
s’appliqueront, par exemple, an mouvement de la Terre, en ayant égard à
la fluidité d’une partie de sa masse.
» Dans l'état actuel de la science, les équations différentielles des
mouvements simultanés de translation et de rotation d’un corpsentière-
ment libre, ne laissent donc rien à désirer , quant à leur formation, sous
le double rapport de la généralité et de la simplicité. Mais il n’en est pas
de même en ce qui concerne leur intégration et la solution des problèmes
qui en dépendent. Lorsque la résultante de toutes les forces motrices qui
agissent sur le mobile, passe constamment par son centre de gravité, le
mouvement de rotation autour de ce point est le même que si ces forces
38.
( 284 )
n’existaient pas, et que le corps, mis d’abord en mouvement par une où
plusieurs impulsions, eût ensuite été abandonné à lui-même. Dans ce cas
on parvient à intégrer sous forme finie, les équations différentielles de
ce mouvement, au moyen de deux fonctions elliptiques d’espèces diffé-
rentes. Dans les autres cas, les deux mouvements simultanés influent mutuel-
lement l’un sur l’autre; chacune de leurs six équationsdifférentielles secondes
renferme à la fois les trois inconnues angulaires et les trois coordonnées
du centre de gravité; et ce système d'équations ne peut plus s'intégrer
que par les méthodes d’approximation. C’est de cette manière que d’A-
lembert a résolu le problème de la précession des équinoxes , et déter-
miné les lois véritables de l'inégalité de ce mouvement, qu’on appelle la
nutation. Le problème de la libration de la Lune, analogue à celui de la
précession, présentait des difficultés spéciales que Lagrange a surmontées
dans un de ses plus beaux ouvrages, au moyen d'une transformation des
inconnues, qui a rendu linéaires et à coefficients constants, les équations
de la libration vraie en latitude, et qui lui a permis d’en déduire les
lois remarquables de ce mouvement, découvertes autrefois par Domini-
que Cassini. J'ai appliqué cette même transformation à un cas de Ja
précession des équinoxes où la rotation du sphéroïde serait nulle ou très
lente; ce qui n’est pas le cas de la nature, et ne présente plus alors qu’un
exemple curieux du mouvement d'un corps solide. Le changement des
inconnues rend encore linéaires les équations différentielles du mouve-
ment; mais leurs coefficients n'étant plus constants, elles ne peuvent
plus s'intégrer par la méthode générale, et ce n’est qu'à raison d’une
circonstance très particulière, qu’elles sont néanmoins intégrables sous
forme finie, ainsi que je l'ai trouvé dans un précédent Mémoire (1). Dans
celui-ci, je me propose d'appliquer les équations différentielles du double
mouvement d’un corps solide, à des exemples qui n'avaient pas encore
été considérés; et quoique ces nouvelles questions soient principalement
relatives aux projectiles de l'artillerie, je crois pouvoir espérer que leur
solution intéressera les géomètres, sous le rapport du calcul intégral et
sous celui de la mécanique rationnelle.
» Lorsqu'un corps parfaitement sphérique et homogène, est lancé sans
aucune rotation initiale, dans un air calme, son centre de figure ne sort
pas du plan vertical de sa projection, abstraction faite, toutefois, de la
petite déviation due au mouvement de la terre, et que Jai considérée
(1) Tome XIV des Mémoires de l'Académie.
( 285 )
dans la première partie de ce Mémoire. Tout, en effet, est semblable
alors de part et d’autre de ce plan; mais dans la pratique de l'artillerie,
le concours des circonstances qui produit cette similitude n’a jamais lieu,
et il en résulte des écarts considérables du projectile, à droite ou à gauche
du plan de projection, qui nuisent à la justesse du tir et n’ont pas man-
qué d’être observés.
» Robins, à qui l’on doit l'invention du pendule balistique, attribue ces
écarts, dans ses Principes d'artillerie, qu'Euler et Lombard ont com-
-mentés, à la rotation du projectile qui accompagne, en général, son
mouvement de translation. Euler pense, au contraire, que la rotation ne
doit avoir aucune influence sensible sur ce mouvement, non plus que la
non-sphéricité parfaite du projectile, et que les déviations observées sont
dues uniquement à ce que, par un défaut d’homogénéité de ce corps, le
centre de gravité ne coïncide pas exactement avec le centre de figure.
Lombard, professeur dont le nom s’est conservé dans les écoles d’artil-
lerie, partage l'opinion de Robins sur l'influence de la rotation, sans se
prononcer positivement en ce qui concerne les influences, plus où moins
grandes, de la non-sphéricité et de la non-homogénéité. Ces deux cir-
constances, et la rotation en tant qu’elle donne lieu à un frottement du
mobile contre l'air qu’il traverse, sont effectivement les diverses causes qui
concourent , indépendamment des agitations de lair, à produire les dé-
viations horizontales du centre de gravité, et à modifier son mouvement
projeté sur le plan vertical dans lequel il a été lancé. Mais, déterminer
la part de chacune de ces causes possibles, et quels sont leurs effets res-
pectifs, c’estune question qui ne peut être résolue que par le calcul fondé
sur les équations différentielles du double mouvement de translation et
de rotation:
» Pour appliquer ces équations au cas d'un projectile pesant qui se
meut dans l’air, j'ai d'abord supposé à ce corps une figure et un double
mouvement quelconques, et j'ai formé les expressions générales de leurs
seconds membres , en considérant la résistance relative à chaque point de
la surface du mobile, comme étant composée de deux parties, l’une nor-
male et qu’on appelle la résistance du fluide proprement.dite; l’autre tan-
gente et qui constitue le frottement. A l'égard de la première, qui s'exerce
seulement sur la portion antérieure du projectile, j'ai admis l'hypothèse
ordinaire dans laquelle on prend, pour la mesure de cette force en chaque
point, le produit de la densité naturelle du fluide ét du carré de la vitesse
complète de ce point, dans le sens normal à la surface : cette vitesse
complète est celle qui résulte des deux mouvements simultanés du mobile;
( 286 )
sa composante normale est dirigée du dedans en dehors, dans la portion
antérieure de ce corps, et de dehors en dedans, dans sa portion posté-
rieure; elle est nulle en tous les points de leur ligne de séparation, qui peut
être constante ou variable sur la surface. Quant à la seconde, on admet
comme un résultat de l'expérience , que le frottement d’un liquide contre
un solide, est indépendant de la pression exercée par le liquide sur le solide,
et proportionnel à la vitesse relative de ces deux corps, lorsqu'ils sont
l’un et l’autre en mouvement; or, pour étendre cette mesure du frottement
au cas où le liquide est remplacé par l'air, j'ai supposé qu’elle était, en outre,
proportionnelle à la densité de ce fluide en chacun des points où il touche
le solide; et comme, dans la question du mouvement des projectiles, on
fait abstraction de celui que le mobile imprime à l'air qu'il traverse, il
s'ensuit que le frottement, en chaque point de ce corps, est propor-
tionnel, d’une part, à la composante de la vitesse complète de ce point,
tangente à la surface, et d’un autre côté, à la densité de l'air qui a lieu en ce
même point. On peut, d’ailleurs, regarder l'expression de cette densité comme
étant composée de deux termes, lun constant et égal à la densité natu-
relle du fluide, l’autre variable d’un point à un autre, positif en avant du
projectile où l'air est condensé, négatif en arrière où l'air est dilaté. Ce
second terme nous est inconnu; et sa détermination serait aussi difficile
que celle du mouvement du fluide. Je l’ai supposé, en un point quelconque
de la surface du mobile, proportionnel à la densité naturelle du fluide
et à la composante normale de la vitesse complète de ce point; ce qui
était l'hypothèse la plus simple que l’on pouvait faire, et qui se présentait
le plus naturellement. De cette manière, l'expression du frottement de
l'air se compose aussi de deux termes, dont l’un aurait lieu dans l'état
naturel du fluide, et l’autre provient de ses condensations ou dilatations
produites par le mouvement de translation du projectile. Chacun de ces
deux termes contient un coefficient numérique, qui dépend sans doute
du degré de poli du mobile, et ne saurait être déterminé que par l’expé-
rience, pour chaque corps en particulier. Dans les très petites oscillations
du pendule, dont les amplitudes successives décroissent en progression
géométrique (1), c’est le premier terme du frottement qui produit ce
décroissement, et le coefficient de ce terme peut, en conséquence, se
conclure du rapport de cette progression, donné par l'observation. A l'égard
du coefficient du second terme, il n’a été fait, jusqu’à présent, aucune ex-
périence d’où l’on puisse déduire sa valeur.
(r) Voyéz mon Traité de Mécanique, tome 1‘, page 352.
( 287 )
» Les équations différentielles des deux mouvements simultanés d’un
projectile de figure quelconque, formées par ces diverses considérations,
sont beaucoup trop compliquées pour qu’il soit possible d’en obtenir les
intégrales exactes, ni même pour qu’on puisse en déduire des valeurs ap-
prochées des inconnues, assez simples pour être de quelque utilité. J'en
ai donc restreint la généralité, en les appliquant particulièrement au cas
où le mobile s’écarte très peu de la forme sphérique et de la parfaite ho-
mogénéité. De plus, afin de mieux connaître les effets respectifs des
trois causes que l'on vient d'indiquer, le frottement contre l'air, la
non-sphéricité, la non-homogénéité, je les ai considérées séparément,
sauf à réunir ensuite ces effets distincts, si leurs causes ont toutes eu
lieu en même temps. Mais la longueur de ce Mémoire n’a forcé de ren-
voyer à un autre, l'examen de ce qui concerne la troisième cause. Voici.
d'une manière succincte, les résultats du calcul qui se rapportent aux
deux premières.
» Quand un boulet parfaitement sphérique et homogène tourne en sor-
tant de la pièce autour de l’un de ses diamètres, ce mouvement continue
pendant toute la durée du trajet dans le même sens et autour de ce même
diamètre qui reste aussi constamment parallèle à lui-même ; mais, à raison
du frottement de l'air et indépendamment de la résistance proprement
dite du fluide, la vitesse de rotation décroît continuellement en pro-
gression géométrique pour des intervalles de temps égaux. La rapidité
de ce décroissement diminue ou augmente, selon que le produit du dia-
mètre et de la densité du projectile augmente ou diminue; elle dépend
aussi du coefficient du premier terme dans l'expression du frottement: et
il résulte de la valeur de ce nombre, déduite des très petites oscilla-
tions d’un pendule à boule de platine, que la vitesse de rotation d'un
boulet de quatre, dont la surface aurait le même degré de poli que ce
métal, décroitrait à peine d’un dix-millième de sa grandeur en une
seconde.
» Tandis que le mouvement de translation du boulet n’influe pas sur la
rotation, celle-ci, au contraire , influe sur la direction et la portée du pro-
jectile. La déviation horizontale qu’elle produit à droite ou à gauche du
plan vertical de projection, a lieu du même côté pendant toute la du-
rée du trajet, et est indépendante de l'angle que fait ce plan avec le
plan vertical de l’axe de rotation. Lorsque le corps tourne autour d’un axe
vertical , la déviation se produit à gauche ou à droite du plan de projec-
tion, selon que l'hémisphère antérieur du mobile tourne de gauche à
droite ou de droite à gauche, par rapport à une personne placée dans
(288)
ce plan et qui regarde la trajectoire ; elle s'évanouit quand le projectile
tourne autour d’un axe horizontal. La déviation verticale, c'est-à-dire, la
quantité dont la rotation élève ou abaisse le boulet; relativement à la
position qu'il aurait à chaque instant s'il ne tournait pas, conserve, pen-
dant toute la durée du trajet, un rapport constant avec la déviation hori-
zontale ; elle s’évanouit, soit quand les plans verticaux de la ligne de tir et
de l'axe de rotation font un angle droit, soit quand cet axe est vertical ;
lorsqu'il est horizontal et perpendiculaire au plan de projection, l'effet
de cette déviation verticale est d’élever ou d’abaisser le projectile, et,
en conséquence, d'augmenter ou de diminuer la portée horizontale, selon
que la partie antérieure du mobile tourne du haut vers le bas ou du
bas vers le haut. Ces résultats se rapportent au cas le plus ordinaire;
du tir à tres peu près horizontal; j'ai aussi considéré le cas où le mo-
bile est projeté verticalement, dans le sens de la pesanteur ou en sens
contraire ; les formules auxquelles je suis parvenu comprennent toutes les
circonstances du double mouvement du projectile ; indépendamment du
coefficient de la résistance proprement dite , sur lequel il reste encore
quelque incertitude, elles renferment aussi les coefficients des deux
termes du frottement; et faute des données nécessaires de l’observa-
tion , elles ne peuvent, par conséquent , être réduites en nombres. Néan-
moins , d'après la composition de la formule qui exprime la déviation ho-
rizontale à la distance du canon où le boulet retombe sur le terrain, on
reconnait facilement que cette déviation ne peut jamais être qu’une très
petite fraction de la longueur de la portée; en sorte que ce n'est pas
au frottement de la surface du boulet contre la couche d’air adjacente
et d’inégale densité, que sont dues principalement les déviations obser-
vées, ainsi que Robins et Lombard l'avaient pensé. }
» Pour montrer les effets de la non-sphéricité du projectile, j'ai consi-
déré spécialement le tir de la carabine rayée en hélices, et j'ai supposé la
balle homogène, mais un peu aplatie ou allongée dans le sens de la di-
rection du tir. Les hélices impriment à la balle , au sortir de l'arme , une
rotation très rapide autour d’un axe qui s’écarte très peu de l'axe de
figure; le petit angle compris entre ces deux axes, provient de ce que
le second ne coïncidait pas exactement avec l’axe des hélices, dans l’inté-
rieur de la carabine. La vitesse de rotation est en raison inverse de la
pärtie de ce dernier axe, qui répondrait à un tour entier des hélices
prolongées s’il est nécessaire, et en raison directe de la vitesse de projec-
tion : dans une série d'épreuves faites parles officiers d'artillerie, sous la di-
rection de M. le lieutenant-colonel de Poncharra, et dont les résultats
( 289 )
, LA . E] # ° m .
m'ont été communiqués, cette longueur d’axe était de 6",226, la vitesse
initiale de 384 mètres par seconde, et, en conséquence, la vitesse angu-
384
6,226
cette unité de temps. Elle demeure constante pendant toute la durée du
trajet; mais elle a lieu autour d’un axe qui change continuellement de
direction, soit dans l’espace, soit dans l’intérieur du mobile. Toutefois
daus le tir de la carabine, supposé à très peu près horizontal, ce chan-
gément de l'axe de rotation est peu considérable; l'axe instantané s'écarte
toujours très peu de l’axe de figure, et celui-ci s'éloigne aussi fort peu dela
direction du tir, d’où il résulte que c’est par la partie antérieure, marquée
d’avancé, que la balle vient frapper une cible verticale, ainsi.qu'on le
sait par une expérience souvent répétée. Les lois des petites variations
de ces deux axes dépendent du système de quatre équations différen-
tiellés du premier ordre, linéaires, mais dont les coefficients ne sont pas
constants, ce qui n'empêche pas, cependant, qu'on ne parvienne à les
intégrer sous forme finie. Elles sont généralement assez compliquées, mais
elles deviennenttres simples, quand ces deux axes ont coïncidé exactement,
à l’origine du mouvement, ensemble et avec la direction initiale du. centre
de la balle. Dans ce cas particulier, l'axe instantané fait dans l'intérieur du
mobile, des oscillations très rapides dont l'amplitude est en raison inverse
du carré de la vitesse angulaire de rotation, et diminue continuellement
pendant la durée du trajet; les déplacements de l'axe de figure sont
plus lents : quand la balle tourne avec une extrême rapidité, il décrit
d'un mouvement qui n’est pas uniforme comme cette rotation, un cône
droit, dont le sommet est au centre de gravité, l'axe horizontal, et la
demi-ouverture égale à l'angle du tir. La vitesse de ce mouvement, toutes
choses d’ailleurs égales, est proportionnelle au degré d’aplatissement ou
d’allongement de la balle: dans les épreuves que je viens de citer, où
la plus petite dimension du projectile était moindre que la dimension
moyenne, d'à peu près un onzième decelle-ci, le maximum de cette vitesse,
qui a lieu quand le mouvement commence, à dû être environ moitié. de
la vitesse de rotation.
laire de rotation s'élevait à de 360°, ou à 61 tours et demi dans
» Ces déplacements simultanés des axes de figure et de rotation ; qui
proviennent de la non-sphéricité du projectile, ont néanmoins, quoique
fort petits, une influence considérable sur le mouvement de translation’,
ce qui est contraire à l’opinion d’Euler, citée plus haut, et suffirait pour
montrer combien les questions relatives au double mouvement des corps
C. R. 1855, 17 Semestre. (T. VI, N° 40.) 39
( 290 }
solides, sont loin de pouvoir se résoudre sans le secours de l'analyse ma-
thématique: on pourra, en effet, comparer les raisonnements plus ou
moins spécieux d'Euler même, dans ses remarques sur la 46° proposition
du livre de Robins, aux résultats précis de l'analyse en cette matière.Le cal-
cul fait voir que dans le tir de la carabine rayée en hélices, les déviations
horizontale et verticale du mouvement de translation, résultantes de la
forme de la balle , sont de deux sortes qu'il importe de distinguer et qui
se trouvent heureusement séparées dans les formules. Les unes proviennent
de ce qu'à l’origine du mouvement, l'axe de figure et l'axe de rotation
s'écartaient un tant soit peu, par une cause quelconque, de la ligne du
tir. Ces écarts accidentels ont lieu tantôt dans un sens et tantôt dans un
autre; leurs effets se confondent avec ceux qui résultent du degré d’adresse,
plus ou moins grand , du soldat; ils influent sur la justesse du tir à chaque
coup ; mais ils se balantéént dans une longue série d'épreuves, et n’influent
pas sur les déviations moyennes. ? Abstraction faite de ces causes variables,
la forme allongée ou aplatie de la balle, tournant sur elle-même, donne
aussi lieu à des déviations, mais dans un sens déterminé et qui se repro-
duisent à tous les coups; c’est à cette cause constante que les déviations
moyennes doivent être attribuées, quand le projectile est homogène et
Pair calme, comme on le suppose ici. Son effet est de diminuer ou
d'augmenter la portée, ou, ce qui est la même chose, d'augmenter ou de
diminuer, pour une portée de longueur donnée, l'angle du tir correspon-
dant à des vitesses de projection et de rotation aussi données. L’angle du
tir ayant été calculé à priori, ou déterminé par Fexpérience, il faut, pour
approcher davantage dans une longue série d'épreuves, de la verticale
menée par le centre de la cible, tirer sous cet angle en visant un peu à
droite ou un peu à gauche, selon le sens de la rotation, et à une distance
de cette ligne calculée d'avance. Dans les épreuves citées plus haut, cette
distance horizontale a eu lieu à la gauche ou à la droite du soldat,
selon que la partie supérieure de la balle tournait de gauche à droite ou
de droite à gauche, et elle a dù s'élever à quelques millimètres seule-
ment pour une portée de 250 mètres; mais elle pourrait être moins pe-
tite dans d’autres cas. l'équation qui sert à déterminer l'angle du tir,
fait voir qu'il n’est pas le même, quand la balle est aplatie, et lorsqu'elle
est allongée; résultat important pour la pratique, qui se trouve confirmé
par ces mêmes épreuves. En effet, la moyenne d’un très grand nombre de
coups, tirés avec des balles aplaties, ayant donné 62'30° pour l'angle du
tir, à 250 mètres de distance de la cible, on a tiré ensuite, à cette même
C2gr )
distance et sous ce même angle, avec de pareilles balles et avec des balles
allongées. Or, avec des balles aplaties, on a atteint le plan de la cible,
de deux mètres de hauteur et deux tiers de mètre de largeur, quatre-
vingt-sept fois sur cent, et avec des balles aïlongées , seulement quarante-
neuf fois; ce qui montre que l'angle du tir déterminé pour une forme de
la balle ne convient pas pour une autre. Il ne faudrait pas conclure, en
effet, de cette expérience, que la balle aplatie füt la plus avantageuse; car
si l'on tirait, sous l'angle déterminé pour la balle allongée, avec des balles
de cette forme et avec des balles aplaties, ce serait, au contraire, les
premières qui auraient l'avantage. Observons, d’ailleurs, que dans notre
exemple, l'angle du tir calculé pour les balles aplaties, est égal à 59! 30”;
ce qui ne s’écarte du résultat de l'expérience, que de 3/; différence que
l'on peut attribuer, sans scrupule, aux erreurs inévitables dans ce genre
d'observations , et aussi au degré d’approximation du calcul, qui suppose
que l’on néglige le carré de la fraction un onzième, relative à l’aplatissement.
Enfin, dans ce même exemple, on trouve une seconde et un quart pour
la durée du trajet de 250 mètres; ce que je n’ai pas pu vérifier par l’expé-
rience, à cause que ce temps n’a pas été observé : toutes choses d’ailleurs
égales, ce temps ne serait que d’à peu près une seconde, et l'angle du tir
de 54", si la balle était parfaitement ronde; valeurs plus petites que pour
une balle aplatie dans le sens du mouvement, parce que l'air oppose à
celle-ci une, plus grande résistance qu'à la balle ronde, et, par consé-
quent, ralentit davantage sa vitesse. »
M. Huzarp fait, en son nom et celui de M. Bonafous, hommage à
l’Académie d’une épreuve du portrait de feu M. Tessier.
RAPPORTS.
STATISTIQUE. — Rapport verbal sur un ouvrage ayant pour titre : De la
Statistique de la population française, considérée sous quelques-uns de
ses rapports physiques et moraux, de M. le comte D’ANGEVILLE ; par
M. Héricart DE Taury.
« L'ouvrage de M. le comte d’Angeville est divisé en quatre parties :
» La premiére comprend les études générales sur la France et sur Le
département moyen ;
» La deuxième, les études particulières qui concernent chacun des
86 départements ;
39.
( 292 )
» La troisième, dans une série de huit tableaux , tous les résultats des
calculs de l'ouvrage;
» Et la quatrième, seize cartes où les résultats de quelques-uns des cal-
culs obténus sont indiqués par des dégradations dans la teinte des surfaces
des départements.
» Le compte rendu de cet ouvrage peut réellement se réduire à l’exa-
inen dela troisième partie qui résume les deux premières, et à celui des
cartes qui ont été regardées avec raison par l’auteur comme le moyen le
plus simple de fixer l'esprit, sans fatigue, sur un grand nombre de points,
et comme le seul qui permette de bien apprécier l'ensemble des faits.
» Comme il est souvent question du département moyen dans le cours
de Fouvrage, nous devons d’abord expliquer ce que l'auteur entend par
cette dénomination. 3
» Prenons pour exemple ce qui a rapport à la densité de la population:
» On voit à la première colonne du premier tableau, que la population
était en 1831 de 32,560,934 habitants. Si l'on divise ce nombre par celui
de 52,768,620 hectares, qui est la superficie totale du royaume, on aura
pour quotient 6,175, c’est-à-dire la population moyenne pour un hectare
du département moyen, autrement du département tel qu'il serait peuplé
si l’on supposait la population totale de la France uniformément et égale-
ment répartie sur la surface du sol.
» Après cette explication qui était essentielle pour bien suivre l'analyse
de cet ouvrage, passons à l'examen des tableaux des études générales et
particulières de la France, considérée sous chacun de ses rapports physi-
ques et moraux par département moyen.
» Le premier tableau traite de la population, de son accroissement en
France, de la durée de la vie moyenne, des centenaires, des naissances et
des mariages.
» Ce tableau fait voir que la population en France est fort inégalement
répartie sur la surface du sol, puisqu'elle serait de 1,038,709,000 habitants,
si elle était partout aussi agglomérée que dans le département de la Seine,
et de 12,029,000 seulement, si elle était partout aussi dispersée que dans
celui des Basses-Alpes.
» L’accroissement de la population a été de 1825 à 1833, de 46 pour 10,000
moyennement. Dans le département de la Moselle où il a été le plus rapide,
il s’est élevé à 96 pour 10,000. Dans un seul département, celui de l'Eure,
il y a eu diminution de 2 pour 10,000.
» La longueur de la vie moyenne de l’homme est pour toute la France
de 36 ans et 7 mois par département moyen.
( 395 )
» Celui où elle est la plus longue est l'Orne, 49 ans ét 4 mois.
» Celui où elle est la plus courte est la Seine (28 ans et 8 mois.)
» Les centenaires sont fort rares en France.
» Le département de l’Ariége est celui où l’on en compte le plus (dans
la proportion de 247 pour 10 millions d'habitants. )
» Le département de Vaucluse ést celui où l’on en compte le moins.
» Le département de la Seine est celui où la mortalité est la plus grande
avant 21 aus, et le département du Gers, celui où elle est la plus faible.
» Enfin, le département de la Seine est celui où il se fait le plus de ma-
riages, et le département des Hautes-Pyrénées celui où il s’en fait le moins.
» Tels sont les résultats les plus importants du premier tableau.
» Dès le commencement de notre examen, nous avons senti le besoin
de résumer les faits qui s'y trouvent consignés et nous avons recherché la
formule la plus simple possible pour en présenter l’ensemble.
» Il nous a semblé que des tableaux synoptiques dans la forme de celui
qui suit, rempliraient notre but.
» Nous avons donc indiqué par le signe + placé à côté de chaque dé-
partement celui, par exemple, où la population relative est la plus con-
sidérable, et le signe — au département qui, dans l'échelle de progressions
occuperait l’extrémité opposée.
relatif à la population, relative. |mogenne.| CENTENAIRES. avant MARIAGES. de la
EXTRAIT DU TABLEAU POPULATION VIE MORTALITÉ ACCROISSEM. |
à son accroissement, 21 ans. population.
à la vie moyenne,
| aux centenaires, à la (Seine... +|Orne +{Ariége.. + |Seine +|Seine... + [Moselle +
E mortalité avant 2rans| , :
et aux mariages. |A IPes(B.-)— Seine —|Vaucluse—|Gers —|Pyr.(H.-)—|Eure.. —
» Le deuxième tableau traite des enfants naturels et des enfants trouvés.
» 11 fait voir que le département de la Seine est celui où il y a le plus de
naissances illégitimes. On est effrayé quand on en voit le chiffre (313 sur
1000.)
» Le département d'Ille-et-Vilaine est celui de toute la France où il y
en a le moins.
» Il en est de même de presque tous les départements de la Bretagne.
» Celui des Côtes-du-Nord n’en compte que 26 sur 1000, celui du
Morbihan 29, et celui du Finistère 33.
» Aussi, si la Bretagne a le malheur d’être souvent teintée en noir sous
beaucoup d’autres rapports dans les tableaux de M. d’Angeville, du moins
(294)
ici reprend-elle une revanche éclatante, en opposant la pureté de ses mœurs
aux teintes plus ou moins foncées des autres départements que l’on appelle
civilises.
» Le département de la Seine est celui où il y a le plus d’enfants trouvés
(159 sur 1000), et la Haute-Saône celui où il y en a le moins; puisque,
suivant l’auteur, il n’y en aurait que 1 sur 1000, ou 11 pour la totalité des
huit années de 1824 à 1832.
» Nous ne savons trop, en vérité, pourquoi ce département de la Haute-
Sadne vient occuper ici une place que nous avions pensé devoir appar-
tenir à l'un des départements de cette vieille Bretagne, où la sainteté du
mariage est en si grand respect.
» Nous avons cherché à nous rendre compte de cette anomalie en re-
cherchant dans le deuxième tableau le numéro sous lequel, dans l'ordre
de 1 à 86, figure le département de la Haute-Saône en ce qui concerne
ces naissances, et nous n'avons pas été peu surpris de voir : 1° que la
Seine est de tous les départements celui où il yen a le plus; 2° que le
Rhône qui en fournit 141 sur 1000 vient ensuite; et 3° qu'immédiatement
après se trouve ce département de la Haute-Saône, qui ne donne pas
moins de 119 enfants naturels sur 1000 naissances.
» Nous serions donc tentés de considérer comme un heureux hasard ce
numéro 1, porté en regard de ce département, à l’article enfants trouvés ;
mais au surplus il ne prouve plus pour nous qu'un seul fait consolant pour
l'humanité, c’est que si les chiffres sont exacts, ils indiquent, du moins,
qu’en ce pays les mères n’y abandonnent pas leurs enfants.
» La Bretagne, au reste, sous ce rapport, comme sous celui des nais-
sances illégitimes , présente quelque rapprochement. En effet, sur les quatre
départements qui la composent il y en a deux (les Côtes-du-Nord et le
Morbihan) classés sous les numéros 5 et 10.
» Les réflexions auxquelles se livre l’auteur sur les enfants trouvés méri-
tent de fixer l'attention des Chambres et de l'Administration. Il fait obser-
ver qu'avant la révolution de 1789 on ne comptait que 40,000 enfants
trouvés à la charge de tous les hospices de France, tandis qu’à la fin de
1833 on en comptait 129,000. Il regarde la somme de douze millions
payée annuellement par l'État ou les communes, aux hospices d'enfants
trouvés, comme une véritable prime d'encouragement pour la production
de ces infortunés, et il pense que ce qu'il y aurait de mieux à faire pour
éviter les progrès d’un pareil mal, serait de poser en principe qu’une fille-
mère est, aussi bien que la femme mariée, tenue de nourrir et de soigner
( 295 )
son enfant. La conséquence de l'adoption de ce principe serait l'abolition
des hospices d’enfants trouvés, à laquelle sans doute on ne devrait pas,
dit-il, procéder brusquement, mais que l’on devrait amener graduellement
et qui serait le seul moyen de faire rentrer la moralité au sein des classes
ignorantes et inférieures.
NAISSANCES ENFANTS MORTALITE
des
EXTRAIT DU TABLEAU 1 :
naturelles . trouvés. enfants trouv.
relatifaux naissances naturelles,
aux enfants trouvés : de :
Seine... .... +{|Seine. ...... +|Seine.. +
et à
la mortalité des enfants trouvés.|Ille-et-Vilai. —|Haute-Saône. — Vosges. —
» Le troisième tableau traite du recrutement.
» On trouve dans ce tableau le nombre d'habitants qu’il a fallu annuel-
lement dans chaque département pour fournir un inscrit, Ce nombre varie
du simple au double sans que l’on puisse expliquer cette différence.
» Ainsi dans le département de la Seine il faut 180 habitants pour fournir
un inscrit, tandis que dans celui de la Vendée il n’en faut que 95.
» Le département de la Haute-Vienne est celui où il y à le plus
d’exemptions pour défaut de taille, et le Doubs celui où il y en a le moins.
» Le département de l’Aube est celui où il y a le plus d’exemptions
pour causes physiques, et le Morbihan, celui où il y ena le moins.
» Le département des Vosges est celui où il y a le plus d’exemptions
pour toutes causes et le Morbihan, celui où il y en a le moins.
» Enfin, le département de la Meurthe est celui où il y à le plus
d'exemptions pour cause de faible constitution, et le département des
Pyrénées-Orientales, celui où il y en a le moins.
——_—_—_—_—_—_—_—_—]
EXEMPTIONS POUR
EXTRAIT DU TABLEAU RE
Faible
latif ’ Vices
re/atif au recrutement Cause de taille.| qe constitut. | Toutes causes. CB tétion
et aux ————— | :
exemptions H.-Vien.+|Aube.., + Vosges. +Æ|Meurthe +
pour causes physiques. Doubs —|Morbih. —|Morbih. — Pyr.-Or. —
» Le quatrième tableau traite du nombre des insoumis, du nombre des
agriculteurs et des étudiants ecclésiastiques sur 1000 recrues.
» Le département du Cantal est celui qui compte le plus d’insoumis, et
celui des Ardennes , celui qui en compte le moins.
(296 )
» Le département de l’Ardèche est celui où, sur 1000 recrues, il y a le
plus d'agriculteurs , et le département de la Seine, celui où il y en a le
moins.
» Enfin, le département de la Lozère est celui où, sur 1600 recrues, il
y a le plus d'étudiants ecclésiastiques, et la Seine celui où il y en a le moins.
AGRICULTEURS ETUDIANTS
EXTRAIT DU TABLEAU INSOUMIS. parmi ecclésiastiques
les recrues. |parmi les recrues.
relatif aux insoumis,
aux agriculteurs À É
Fe Cantal. . +|Ardèche —+/|Lozère... +
aux étudiants ecclésiastiques. Ardennes —|Seine... —|Seine.... —
» Le cinquième tableau traite de l'instruction primaire.
» Le département du Jura est celui où l'instruction est la plus répandue
(il ne présente que 170 ignorants sur 1000 recrues. }
» Le département de la Corrèze est celui où l’instruction l'est le moins
( ainsi 819 sur 1000.)
» Dans ce tableau qui a uniquement rapport à l'instruction primaire , on
est étonné de trouver des calculs qui se rapportent au nombre des portes
et fenêtres. #
» Mais l’auteur en donne le motif, en établissant qu'il y a un rapport
direct entre les lumières de l'esprit et celle qui pénètre par l'ouverture de
nos maisons; et que ce rapport entre l'instruction et le nombre de ces
ouvertures est parfait, c’est-à-dire que plus il y a de portes et fenètres,
plus il y a d'instruction et réciproquement ; en sorte que toutes les fois
qu’en traversant un pays on voit des maisons bien aérées, ayant beaucoup
de portes et fenêtres , on peut en conclure que l'instruction est répandue
et que la civilisation est avancée.
EXTRAIT DU TABLEAU
relatif
à l'instruction primaire
IGNORANTS, PORTES ET FENÈTRES.
a Corrèze. +-|Eure......... +
aux portes et fenêtres, Jura... —|Côtes-du-Nord.
» Le sixième tableau a rapport à l’industrie et au paupérisme.
» Le département de la Seine est celui où il y a le plus d'industrie, et
celui de la Creuse celui où il y en a le moins.
» Le département du Nord est celui où il y a le plus de pauvres, et le dé-
partement de la Creuse celui où il y en a le moins.
(297)
» Enfin le département du Nord est celui où il y a le plus de pauvres
secourus à domicile ou admis dans les hôpitaux , et le département de la
Dordogne celui où il y en a le moins.
» M. le comte d’Angeville fait suivre ce tableau de considérations géné-
rales du plus haut intérêt sur le Paupérisme. Il trouve la cause du paupé-
risme en Angleterre dans le système de charité légale adopté par ce pays
où les pauvres prétendent que leurs enfants ne sont pas à eux, mais à la
paroisse. L’imprévoyance dans la conduite et surtout dans le mariage,
multiplie les pauvres avec une telle rapidité que la charité légale, à quelque
taux qu'elle s'élève, ne Peut secourir les misères. La charité privée, qui
heureusement ne meurt jamais dans le cœur de l’homme, vient alors en
aide, mais elle succombe sous le poids de ses charges incessamment crois-
santes.
» En Angleterre, la taxe répartie par tête d'habitant s'élevait à :
Sfr. 30 cent. en 1789;
10 5o 1800 ;
16 65 1818;
y 1833.
» En présence de pareils faits, on doit naturellement se défier de leffi-
cacité des mesures prises par le Gouvernement pour arriver en France à
l'extinction de la mendicité.
» Le meilleur moyen de diminuer le nombre des pauvres est de conser-
ver à la charité son caractère privé et incertain qui contraint l'homme à
la prévoyance et entretient son activité.
» Les résultats rapportés ci-dessus démontrent ce fait jusqu’à l’évi-
dence, puisque l’on voit que le département du Nord est en même temps
celui où il y a le plus de pauvres et celui où il y en a le plus secourus à
domicile ou admis dans les hôpitaux. _
» En effet, assuré de pouvoir toujours compter sur la charité publique,
le pauvre ne tente rien Pour sortir de son état d’abjection et de dégrada-
tion morale.
£ PAUVRES
EXTRAIT DU TABLEAU INDUSTRIE. PAUPÉRISME. |
relatif secourus.
à l’industrie Ne
En Seine... +|Nord... +|Nord... +]
paupérisme. Creuse.. —|Creuse.. — Dordog. —
CR 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 10.) 4o
( 298 )
» Les principaux motifs, bien qu’étrangers l’un à l’autre, traités dans le
7" tableau, sont la criminalité, le catholicisme et l'esprit de chicane.
» Le département de la Seine est celui où il se commet le plus de cri-
mes, et le département de l'Ain celui où il s’en commet le moins.
» Le département du Rhône, celui où il y a le plus de ferveur pour le
catholicisme, et le département des Hautes-Pyrénées, celui où il y en a le
moins.
» Enfin le département de la Lozère , suivant M. d’Angeville, est le plus
processif de tous ceux de France, et le Finistère, celui qui l’est le moins.
ESPRIT
EXTRAIT DU TABLEAU CRIMES. CATHOLICISME. :
de chicane.
relatif aux acquittés devant le
jury, à la criminalité,
au catholicisme et à l'esprit
Seine... —+|Rhône.. +/|Lozère.. +
de chicane. Ain.... —|H,-Pyr. —|Finistère —
» Le 8e tableau considère les propriétaires sous les rapports de la ren-
trée des impôts et des élections.
» Le département de l'Aube est celui qui compte le plus de proprié-
taires, et le département de la Seine celui qui en compte le moins.
» Le département de la Charente est celui où les impôts rentrent le
plus difficilement, et le département de Maine-et-Loire celui où leur per-
ception offre le plus de facilités.
» Enfin le département de l'Aube est celui où il y a le plus de zèle élec-
toral, et le département d'Ille-et-Vilaine celui où il y en a le moins.
» En parlant des propriétaires, il fait voir que les départements où ily en
a le moins sont ceux où la perception des impôts offre le plus de difficultés.
» En traitant de la nourriture des habitants , M. le comte d’Angeville nous
fait voir que presque toujours les départements où le peuple se nourrit le
mieux, sont ceux où il y a le plus d'industrie et d'instruction répandue.
» Après avoir consacré quelques pages à des recherches très curieuses
sur les élections, l’auteur prouve par des chiffres que plus il y a d’élec-
teurs moins il y a de zèle électoral.
EXTRAIT DU TABLEAU £ DIFFICULTES L ;
PROPRIÉTAIRES, de ZÈLE ELECTORAL.
rentrée des impôts.
relatif aux frais de rentrée
des impôts, Sri z
au nombre des propriétaires Aube... +|Char.-Infér. +|Aube.
et aux élections. Seine... —|Mai.-et-Loire —|Ilie-et-Vilai. —
(299 )
» En résumé, la Séatistique de la population française, de M. le comte
d’Angeville, est l’œuvre d’un homme doué d’une grande patience et d’un
grand amour du travail. 11 ne s’est pas laissé rebuter par les difficultés
qu'il a souvent rencontrées dans la recherche des renseignements dont il
avait besoin; il est parvenu à encadrer ses résultats dans des tableaux
remarquables par leur simplicité, et à les rendre plus sensibles et plus
frappants encore, par le procédé graphique que l’on doit à notre ho-
norable confrère M. Dupin.
» Sous tous les rapports, l'ouvrage de M. d’Angeville, a des droits à
la reconnaissance de tous les hommes qui s'occupent de statistique, et
qui savent combien cette étude est souvent décourageante par suite du
manque d’exactitude des notions que l’on parvient à réunir. »
NOMINATIONS.
M. Sécuier étant obligé de s’absenter, M. Conrouis est désigné pour
le remplacer dans la Commission chargée de faire un rapport sur les
voitures articulées de M. Dietz.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur le Renne fossile ; par M Puer.
(Commissaires, MM. de Blainville, Cuvier.)
L'objet de ce Mémoire est de faire connaître des ossements de renne,
qui ont été récemment découverts dans la commune de Brengues, arron-
dissement de Figeac, département du Lot. La cavité qui renfermait ces
ossements et qui a été décrite depuis long-temps sous le nom de caverne
de Brengues, n’est autre chose qu’une fente verticale, dont la profondeur
est de 18 mètres. Cette caverne est située au sommet d’un petit plateau
calcaire, appartenant à l'étage inférieur du terrain Jurassique : sa hauteur
au-dessus du niveau de la mer est d'environ 3 à 4oo mètres. Les osse-
ments y étaient mélés avec une terre rougeâtre et des fragments de cail-
loux, évidemment empruntés aux roches qui forment le sol des environs.
La découverte de la caverne de Brengues remonte à une vingtaine
d'années. A cette époque Cuvier reçut de M. Delpon, dix à douze frag-
ments provenant de cette localité : il y reconnut une portion de crâne et
trois dents de rhinocéros, un fémur de cheval, un humérus de bœuf et
40.
( 300 )
divers ossements de renne. Des fouilles exécutées à Brengues , dans le mois
de septembre 1837, ont fait découvrir à l’auteur du Mémoire une quantité
considérable d’ossements des mêmes animaux, surtout des trois derniers;
il y a trouvé en outre, des débris appartenant aux genres Pie et Perdrix,
pour les oiseaux; Lièvre , Campagnol, Ane et Cerf ( Cervus canadensis ),
pour les mammifères.
» Parmi les débris fossiles que M. Puel a obtenus de cette localité, 360
environ appartiennent au renne et proviennent de 12 ou 15 individus au
moins. Dans le catalogue détaillé qu’il donne de ces pièces, figurent : 21
mâchoires, tant inférieures que supérieures; 17 dents isolées, 15 petits
fragments de bois, 11 portions de crânes, 54 vertebres, 10 portions de
sacrum, 2 fragments de sternum, 40 côtes, 10 omoplates, 26 humérus,
5 cubitus, 23 radius, 1 os de carpe, 10 canons antérieurs, 8 fragments
d'os coxal, 32 fémurs, 32 tibias, 12 os dutarse, 9 os du métatarse, et
enfin 26 phalanges, soit antérieures, soit postérieures.
» L'auteur discute l'opinion soutenue par MM. Christol et Schmerling,
qui font deux espèces distinctes du renne vivant et du renne fossile, et il
s'attache à montrer que les caractères distinctifs établis par ces deux au-
teurs sont loin d’avoir l’importance qu’ils leur attribuaient.
» Cuvier, dit M. Puel, n’avait pas trouvé dans l'examen des pièces qu’il
avait eues à sa disposition des motifs suffisants pour admettre deux espèces
distinctes; on peut même voir malgré la réserve avec laquelle il s’est ex-
primé à cet égard, qu'il penchait pour l'opinion contraire. J'espère, que
les considérations que j'expose dans ce Mémoire ; et les faits nouveaux que
je présente auront donné à cette opinion un nouveau degré de probabilité.
» Beaucoup des différences que l’on a observées entre les ossements fos-
siles et les ossements récents peuvent tenir à des caractères de races
plutôt qu’à des caractères d’espèce, puisque en général on a pris pour
terme de comparaison, des squelettes provenant d'individus domestiques,
et que nous ignorons encore Jusqu'où peuvent s'étendre, dans cette espèce,
les modifications produites par l’état de domesticité.
» D’autres différences, comme on va le voir, paraissent être relatives
au sexe.
» Obligé d'étudier chaque fragment en particulier, pour les classer avec
méthode, je fus tout surpris de trouver plusieurs os et notamment deux
tibias de longueur inégale , et qui venaient cependant l’un et l’autre, d’in-
dividus adultes. J’eus alors l’idée que l’un pourrait bien avoir appartenu à
un mâle, l’autre à une femelle. Apres cette première remarque, je ne tar-
( 307 )
dai pas à en faire d’autres qui venaient à l’appui de mon opinion. Ainsi je
trouvai : 1° un humérus dont l’épiphyse inférieure n’était pas encore sou-
dée, et qui cependant surpassait en grosseur d’autres os appartenant
évidemment à des animaux adultes; 2° quatre têtes supérieures de fémur
depuis long-temps soudées au corps de l'os, et dont les deux premières
surpassaient tellement en grosseur les deux autres, qu’on aurait pu, avec
juste raison, hésiter à les rapporter à une même espèce, si ces os avaient
été trouvés isolément; etc.
» Je voulus savoir ensuite, si une étude attentive de l’ostéologie des
rennes vivants viendrait confirmer ou détruire mon opinion. Il me fut aisé
de voir que chez la femelle, les os étaient en général plus greles et plus
courts, les tubérosités moins grosses et moins saillantes : les mêmes rap-
ports de longueur et de grosseur se retrouvant assez exactement dans les
os fossiles , j'ai cru voir dans cette analogie une confirmation de mon idée
première. »
STATISTIQUE. — Mémoire sur la statistique médico-topographique de la ville
de Narbonne ; par M. Px, de Narbonne.
(Adressé pour le concours au prix de Statistique.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'une presse lithographique
à encrage et mouillage mécaniques ; par M. Vizrrror.
(Présenté pour le concours au prix de mécanique.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — {Vote sur un appareil de sûreté destiné à empécher
l'explosion des machines à vapeur; par M. Loyer.
(Commission des rondelles fusibles.)
M. BENIQUÉ demande qu’un ouvrage qu'il a adressé à l’Académie dans
sa séance précédente, et qui a pour titre « De la rétention d'urine» soit
admis au concours pour le prix de médecine et de chirurgie, fondation
Montyon.
(Renvoi à la Commission des prix Montyon.)
M. Piorry, qui avait adressé le 3r juillet dernier, pour le concours au
prix de médecine et de chirurgie Montyon, un ouvrage intitulé « Traité
de diagnostic et de séméiologie, » indique, conformément à la décision prise
par l’Académie relativement aux pièces destinées à ces concours, les parties
qui lui semblent les plus neuves dans son travail.
(Renvoi à la Commission des prix Montyon.)
( 302 )
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE pu GLOBE. — Documents relatifs à une éruption sous-marine qui
paraît avoir eu lieu sur le banc de Bahama; communiqués par M. Moreau
DE JONNÈS.
« Le 25 novembre, le brick Le César, du Havre, en passant sur le banc
de Bahama, aperçut un feu qui devint énorme et s’accrut au point que le
ciel et l'horizon semblaient être enflammés. Ce phénomène, dont le brick
fut témoin pendant quatre heures, parut être au capitaine et aux pas-
sagers, une éruption volcanique sous-marine. »
« Le 3 janvier, le capitaine de /a Sylphide, du Havre, étant dans le même
parage, y trouva troubles et blanchâtresles eaux de la mer, qu'ilavait tou-
jours vues limpides, en douze voyages qui l'avaient conduit sur le banc de
Bahama. Il attribue ce phénomène à quelque éruption volcanique sous-
marine, notamment à celle signalée par le capitaine du César.
» Les documents originaux sont déposés sur le bureau par M. Moreau
de Jonnès. »
M. Morxau DE Jonvis communique aussi la note suivante :
« Le 30 novembre 1837, à 8 heures 30 minutes du soir, il y a eu un
tremblement de ‘terre à la Martinique. La secousse a été forte. La tem-
pérature de la journée avait été très élevée, et avait contrasté remar-
quablement avec la fraicheur des jours précédents. »
a . B
PHYSIQUE DU GLOBE. — Æruplion Sous-murine.
M. Séeur Durryron adresse l'extrait de quelques documents qu’il a
trouvés dans les archives du département des affaires étrangères, et qui
ont rapport au fait, déjà bien connu d’ailleurs, d’une éruption sous-marine
qui s'était manifestée dans l'archipel des Açores.
La première pièce est une lettre de M. de Montagnac, consul de France
à Lisbonne, et datée du 11 mars 1721; on y trouve le passage suivant :
«-On a eu avis par un petit bâtiment arrivé de l'ile Sainte-Marie, qu’il
» y avait eu un tremblement de terre dans l’île Saint-Michel , après lequel
» il avait paru, à 28 lieues au large, entre cette île et la Terceire, un tor-
» rent de feu qui, s'étant condensé, avait formé deux écueils. »
Dans une autre lettre du 27 mai de la même année, le même consul
annonce qu'il envoie « deux petits morceaux de la matiere dont la nouvelle
(303)
» Île est formée, ce qui est une espèce de pierre ponce pareille à celle qui
» sort du volcan nommé Séromboli. »
Le 4 novembre de la même année, M. de Montagnac envoie au conseil
de régence, le plan de la nouvelle fe enflammée, plan qu'avait dressé en
passant, le capitaine d'un navire français, à son retour des Açores à Lis-
bonne. «Il m'a dit, ajoute le consul, n'avoir pu ni osé en approcher de très
» près, à cause de l’eau qui sort en bouillonnant de ce gouffre, et qui la
» jette continuellement à plus de 20 toises de haut.
» Enfin, par une autre lettre datée du 7 juillet 1722, le consul annonce
que la nouvelle ile est rentrée et qu'on n’y distingue plus rien que des
brisants.
En rapprochant ces dates, on voit que l’écueil volcanique dont il s’agit, a
résisté pendant plus d’un an à l’action des vagues.
Sa présence dans ces Parages, ajoute M. Ségur Dupeyron, ne fut pas sans
utilité ; car un navire portugais chassé par un corsaire de Salé, alla mouil-
ler tout auprès ; et le bâtiment maure étonné du spectacle qui s’offrait à
sa vue, n’osa pas en approcher.
ÉLECTRO-CHIMIE. — Courants électro-chimiques produits par le mercure ;
lettre de M. Perrier à M. Becquerel.
« Dans la dernière séance, vous avez Communiqué à l’Académie des
Sciences une lettre de M. de la Rive, dans laquelle il dit que M. Mat-
teucci et lui se sont assurés que le mercure ne donnait pas de courants
thermo-électriques. Cette assertion m’a d'autant plus surpris, qu'il yaau
moins six ans que j'en ai obtenus, et qu'il ne faut que quelques précau-
tions pour les apercevoir. Les insuccès qu'on éprouve dans ces recherches,
viennent presque tous de ce qu'on ne tient pas compte des appareils qu'on
emploie; on fait servir le même instrument À la mesure des courants des
piles en bismuth et antimoine , aussi bien qu’à la mesure des courants pro-
venant de la différence de température d’un corps homogène; c’est là
qu'est la cause d’erreur. Ainsi pour obtenir avec certitude la manifestation
des courants du mercure inégalement chauffé, il faut, à cause de leur peu
d'énergie, rendre très court le circuit qui doit les mesurer. Il est encore
une précaution qu'il ne faut Pas omettre, c'est celle de ne donner à Ja
portion chauffée qu’une petite section ; plus ce filet sera fin, comparati-
vement à la masse de mercure à laquelle il s’unit, moins il se fera de neu-
talisation en retour, et conséquemment plus il en Passera par l’électro-
mètre.
(304)
» Dans le mémoire que j'ai soumis l’année dernière au jugement de
l’Académie, j'ai mentionné un moyen analogue employé avec divers mé-
taux, au lieu du moyen indiqué par M. Becquerel et rappelé par M. de
la Rive. Je donnais aux mêmes fils deux grosseurs différentes, une moitié
n'avait pour section que le tiers de celle de l’autre moitié. En chauffant
dans un bain d'huile la jonction de ces deux grosseurs, j'obtiens des
courants sans inversion, parce qu'aucune cause étrangère à la nature du
métal ne pouvait s’interposer dans le phénomène. Pour faire cette expé-
rience avec du mercure, je prends un tube de verre d’un décimètre de long
et de 4 millimètres de section que j'incline à l'horizon de 10 à 12°. A l’ex-
trémité inférieure est scellé un fil de platine; l'extrémité supérieure s’a-
bouche par simple contact avec le bec d’une capsule large de 4 centimètres.
Le tout est rempli de mercure, et la communication a lieu par le filet qui
passe de l'extrémité supérieure du tube au bec de la capsule. Dans cette
dernière plonge, à l'extrémité de son diamètre, une lame de platine re-
couverte de cire dans sa portion immergée, à l'exception du bout qui se
trouve au milieu de la masse de mercure. Un petit multiplicateur de 5 cen-
timètres de long, formé de 12 tours d’un fil ayant deux millimètres de
section, en complète le circuit. Ce circuit étant court, bon conducteur, et
le système d’aiguilles étant fort délicat, il suffit d’élever la température
de 15 à 20° au point de jonction, pour que l’effet commence; si l’on met
la flamme d’une allumette au-dessous de ce point, l'aiguille dévie de 30 à
4o degrés. »
M. Frar demande qu'il soit fait un rapport sur différents travaux relatifs
à la vaccine, travaux qu'il avait adressés précédemment pour le con-
cours aux prix de médecine Montyon, mais qui, dit-il, pourraient, en
raison de l'importance du sujet, être renvoyés à l'examen d’une commis-
sion spéciale,
M. GanwaL prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur les
propriélés alimentaires de la gélatine.
Plusieurs des membres de la Commission font remarquer, à cette occa-
sion, que les expériences sur lesquelles doit être basé le rapport se conti-
nuent encore, et que le zèle des commissaires ne saurait abréger la
durée du temps exigé pour qu’elles puissent donner des résultats
concluants.
M. Lowcer adresse un paquet cacheté portant pour suscription ; Ex-
( 305 )
trait d’un travail anatomique et physiologique, concernant, 1° les nerfs
trijumeaux et facial; 2° le système nerveux ganglionnaire, et principale-
ment sa portion céphalique.
L'Académie en accepte le dépôt.
À 4 heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. F.
Erratum. (Séance du 26 février.)
Page 276, ligne 19, par M: Cu. Monren sez par M. A. MoRen.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie 2 recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences, 1°" semestre 1838, n° O, in-4°.
Portrait de M. Henry-ArexanDre Tessier, membre de l’{nstitut.
Nouvelles Annales des voyages; 3° série, janvier 1838, in-8.
De l'influence des Arbres sur la Foudre et ses effets , et considérations
à ce sujet; par M. le vicomte Hémicarr De Taury, in-4°.
Notice géologique sur les mines d'anthracite de Fragny, commune de
Bully, et sur le défilé des roches de la Loire , entre les bassins de Feurs et
de Roanne ; par le même; in-8°.
État des recherches faites dans les environs de Paris et les départements
CR, 1838, 1° Semestre. (T, VI, N° 40.) 4x
( 306 )
environnants, pour la découverte des Mines de houille ; par le mème, in-8°.
(Extrait du Moniteur du 2 octobre 1837.)
Du Médecin de campagne et de ses malades ; mœurs et sciences ; par
M. le docteur Muwarer, 2 vol. in-8°; Paris, 1857.
Procès-V’erbaux des séances de la Société d'Agriculture , Sciences et
Belles-Lettres de Rochefort , n° 1—5, in-8°.
Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne;
tome 10, novembre et décembre 1837, in-8°.
Manuel à l'usage des aspirants au grade de Bachelier ës-sciences phy-
siques; par MM. »'Oriceny, Gaxor, re et Rivière; Paris, 1838, in-12.
Coup d'œil sur les Grottes et quelques excavations analogues ; par M. A.
Rivière, in-8°.
Quelques mots sur les iles voisines des côtes de la France et en parti-
culier sur l'ile de Noirmoutier ; par le mème; in-8°.
Éléments de Physique à l'usage des collèges ; par M. Cu. Rocusr;
Paris, 1838, in-12.
Philippodendrum, nouveau genre de planches ; par M. A. Porreau,
in-4°.
Voyage dans l Amérique méridionale; par M. »'Onrieny, 31° livraison in-4°.
Compte rendu des travaux de la Société de Médecine de Lyon; par
M. DorasquiEer, Lyon; 1837, in-8°.
Aphorisme de physiologie végétale et de botanique; par M. Jonx Lan-
pLEY , traduit de l'Anglais par M. Car; Paris, 1838, in-8°.
Note sur la disposition systématique des Annélides chétopodes de la
famille des Naïs; par M. P. Gervais, in-&.
Recueil de la Société polytechnique ; janvier 1838, in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève, nouvelle série, 3° année, n° 25,
janvier 1838, in-8°.
The quaterley Review; n° 121, janvier 1838, in-8°.
Adress.... Discours de S. À.R. le duc ne Sussex, président de la So-
ciété royale de Londres, prononcé à la séance annuelle de la Societé, le
30 novembre 1837, in-8°.
Adress..., Adresse à S. M., par le Président, le Conseil et les Mem-
bres de la Société royale de Londres (mentionnée dans le précédent
discours).
Defence.... Justification de l'arrêté qui a été pris de ne point ad-
mettre dans le catalogue des livres de la Société royale de Londres les
notes bibliographiques de M. Panxnizzr, in-8°.
( 307)
The London.... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg ;
n° 735, février 1838, in-8>.
The Annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ;
vol. 2, n° 8, février 1838, in-8°.
The Athenœum , n° 121, janvier 1838, in-4°.
Nouvelles Astronomiques de M. Scnumacrer, n° 346, in-4°.
Istituzione. ... Fondation Bressa. (M. César-Alexandre Bressa, natif
de Langosco, mort à la fin d'octobre 1836, a laissé, par testament en
date du 23 septembre 1855, tout son bien à l’Académie royale des Sciences
de Turin, pour la fondation d’un prix bisannuel, de la valeur d’environ
10,000 francs. Ce prix, pour la première fois, sera décerné au savant, ita-
lien ou étranger, qui dans les quatre années précédentes aura fait la dé-
couverte ou produit l’ouvrage le plus remarquable concernant les Sciences
physiques et expérimentales, l'Histoire naturelle, les Mathématiques pures
et appliquées, la Physiologie et Pathologie, la Géologie, l'Histoire, la
Géographie et la Statistique. Pour la seconde fois, le prix sera accordé
aux mêmes conditions, à cela près que les italiens seront seuls admis à
concourir, et il en sera de même pour tous les concours de rang pair,
tandis que les concours de rang impair seront ouverts également aux étran-
gers el aux nationaux. } — La Notice imprimée qui contient les diverses
dispositions du legs, et les précautions prises par le testateur, pour assurer
la perétuité de la fondation, est adressée à l'Académie par M. Bo-
nafous, un de ses correspondants.
Joumal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; n° 3,
tome 4, 2° série, mars 1838.
Jourral des Sciences physiques , chimiques et arts agricoles et industriels:
par M. Joux pe FonTenezee , février 1858, in-8°.
Gazate médicale de Paris ; tome 6, n° 9, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 25— 27, in-4°.
Écho du Monde savant ; 5° année, n° 313.
L'Expérience, Journal de Médecine, n°° 24 et 25, in-&.
( 308 )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 42 MARS 4838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
Rectification de M. Turrin, à un passage de son analyse microscopique
Jaïte sur des globules de lait à l'état pathologique (x).
«Je m’empresse de signaler à l'Académie une erreur dans laquelle
j'étais tombé en examinant soit des globules de lait, soit le tissu cellulaire
du foie, erreur qui doit être d'autant plus promptement rectifiée, qu'elle
est de nature à être commise de nouveau par les personnes qui font usage
du microscope comme moyen amplifiant.
» Voici le passage qui contient l'erreur :
» Je dois encore signaler de petites agglomérations informes, composées
» de globulins excessivement ténus, d’un rouge-brun sanguin, quelque-
» fois limitées circulairement par l’un des bords ét telles que l’on en trouve
» assez parmi les globules de lait à l’état sain et parmi les vésicules des
» tissus cellulaires animaux , comme plus particulièrement dans celui du
« foie. »
(1) Voir Compte rendu , séance du 26 février 1838 , page 252.
C.R, 1838, 1€r Semestre. (T. VI, N° 11.) 42
( 310 )
» L'indication d'agglomérations composées de globulins rouges dans le
lait à l’état sain, a beaucoup étonné M. Donné, qui, comme l’on sait,
fait une étude particulière du lait, et il s’est empressé de soumettre de
nouveau cette sécrétion à l’action du microscope. Il a vu comme moi
ces agglomérations de globulins rouges, mais il est parvenu à reconnaître
qu'elles n’existaient pas parmi les globules de lait, mais bien dans lépais-
seur ou dans la matière de la lame de verre sur laquelle le lait était étendu.
» M. Donné ayant bien voulu me faire part de son observation, je me
suis hâté de la vérifier, et j'ai reconnu qu’elle est de la plus exacte vérité.
» Ainsi, les personnes qui font usage du microscope doivent se tenir
pouraverties, que les porte-objets en verre peuvent contenir dans les souf-
flures de leur intérieur, des sortes de petits coagulums couleur de sang,
qu'il faut bien se garder de confondre avec les corps libres que l’on ob-
serve au microscope.
» Le dessin que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie,
représente plusieurs des agglomérations de globulins rouges contenues
dans le verre. »
MAGNÉTISME. — Sur les moyens d'augmenter la force des aiguilles
magnétiques. (Extrait d’une lettre de M. Scoresey à M. Arago.)
M. Scoresby a découvert que de minces lames d’acier magnétisées ,
quand elles sont convenablement superposées , forment un système qui
possède une force bien supérieure à celle d’une simple barre de dimen-
sions et de masse équivalentes. Il a trouvé aussi qu'il y a avantage, tant
sous le rapport de la force magnétique du système que sous celui de la
permanence de cette force, à ne pas placer les lames en contact , à les
séparer par de très minces copeaux de bois.
M. Scoresby annonce l'envoi d’un Mémoire où ses nombreuses expé-
riences seront décrites avec tous Jes détails nécessaires. Aujourd’hui il se
contente de faire connaître les principaux résultats qu’il a déjà obtenus.
Ces résultats les voici :
1°. Une seule barre ou lame est plus forte, en proportion, que deux ou
plusieurs barres semblables, de la même dimension, de la même trempe,
de la même qualité d'acier et de la même masse.
Si l'on voulait donc construire une boussole, une aiguille dans laquelle
la masse n'aurait pas d'importance, ou qui pourrait être légère à volonté,
ou qui n’exigerait pas un fort momentum, alors une simple plaque ma-
gnétique excessivement mince remplirait parfaitement le but.
(311)
Mais, comme pour tous les usages ordinaires des instruments magné-
tiques, une certaine masse et un certain momentum dans l'aiguille sont ab-
solument nécessaires ; comme cela a lieu surtout lorsque cette aiguille doit
Supporter un cercle gradué, un collimateur, et d’autres appareils analo-
gues; comme la masse n’est pas moins indispensable quand il faut vaincre
les petits mouvements de l'air, de grands avantages résulteront de l'emploi
de barreaux composés.
2°. Une combinaison ‘de barres ou de lames magnétiques est toujours
plus énergique qu’une simple barre du même acier, de la même trempe,
de la même forme et de la même masse: Ainsi, comme il n'y a pas d’aiguilles,
dans l'usage ordinaire des boussoles de déclinaison , d’inclinaison ou des
appareils analogues qui ne puissent être construites Par Superposition, et
cela sans changer les dimensions et les masses de ces instruments, on voit
qu'il sera toujours possible de dépasser les forces directrices auxquelles on
s'arrête aujourd’hui.
3°. L'accroissement absolu de Puissance magnétique dans les aiguilles
composées, diminue graduellement à mesure que le nombre des barres
augmente.
Dans des expériences faites avec des lames en contact, de deux pieds
de long, la diminution était extrêmement rapide.
4°. Des additions continuelles à une combinaison puissante de lames
ou de barres , cessent d’être avantageuses au-delà d’une certaine limite, à
use de l'impossibilité d'obtenir une nombreuse série de pièces parfaite-
ment identiques. Les faibles lames (que leur infériorité Provienne de leur
qualité ou de leur trempe), non-seulement n’ajoutent rien à leur force,
mais quelquefois leur polarité étant renversée » y a réellement diminu-
tion de la force absolue de tout le système.
5°. Une cértaine détérioration à lieu dans la force Permanente indi-
viduelle de toutes les barres ou plaques combinées, à chaque addition de
force que reçoit le système entier. Cette altération varie’ avec la trempe
des barres.
Ainsi parmi des lames toutes semblables en apparence ; les unes
perdent entièrement leur force, tandis que d’autres en conservent une
grande partie.
De là résulte une méthode Pratique importante pour arriver à la cons-
truction de forts aimants composés. On préparera et l’on trempera un
nombre considérable de barreaux; on les combinera ensuite d’une ma-
nière provisoire. Leurs degrés relatifs de force Pourront ainsi étre déter-
42.
( 312 )
iminés; les plus forts étant choisis et mis ensemble, fourniront de trés
puissantes combinaisons.
6°. Une autre perte de force passagère a lieu dans les combinaisons
puissantes, de telle manière qu’une lame, qui conserve quelque force lors-
qu’elle est retirée du système, peut être parfaitement neutre ou même
avoir ses pôles renversés lorsqu'elle fait partie de la combinaison.
7°. L'excès de force dans un système combiné, est plus grand lorsque
les lames ne se touchent pas. Cette augmentation s’accroïit lorsque l’espace
entre les plaques est agrandi.
8°. Un plus grand nombre de plaques peut être combiné avec avantage
si on les sépare, que si on les met en contact, Les plaques les plus
faibles deviennent, dans cet arrangement, comparativement très actives.
9°. Une séparation partielle, dans le milieu des plaques par exemple,
les extrémités étant en contact, a quelque avantage sur un contact entier.
La valeur de cet avantage a été déterminée par des expériences.
10°. Pour la combinaison la plus avantageuse de lames minces, il est
nécessaire de tremper non pas simplement les extrémités, mais toute l'étendue
des lames.
11°. Les lames très minces (comme celles de 2 pieds de longueur et
de o"*,0/42 d'épaisseur) sont susceptibles du plus grand développement de
force, même séparées, lorsqu'elles sont trempées dans toute leur étendue.
12°. Des plaques plus épaisses et de certaines proportions, au con-
traire, reçoivent séparément une plus haute puissance lorsqu'elles sont
trempées seulement aux extrémités et non trempées dans le milieu.
13°. Les lames trempées le plus raide, sont celles qui perdent la
moindre proportion de leur force par la combinaison. Aussi, bien que leur
capacité magnétique soit moindre que celle de plaques moins trempées ,
leur pouvoir absolu dans une combinaison nombreuse est plus grand.
14°. La permanence de l’état: magnétique dans un système composé,
si. on le laisse sans conducteur ou armure, est au moins aussi élevée que
dans de simples barres. Elle est décidément la plus grande lorsque les
plaqzes sont séparées.
M. Moreau DE Joxnès présente à l’Académie le 2° et dernier volume
de sa Statistique de la Grande-Bretagne et d'Irlande, qui contient les
, parties :
Commerce, navigation, colonies, finances, forces militaires, justice,
instruction publique, résultats généraux.
( 313 )
RAPPORTS.
ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur un Mémoire intitulé : Exposé complet
de la culture du coton aux Antilles, précédé d’un aperçu de cette cul-
ture dans les États-Unis, et de considérations préliminaires sur la simi-
litude de climat et sur l’opportunité des cultures torridiennes dans la
ci-devant régence d’Alger; par M. PrLouzE pére , ancien planteur de
coton et propriétaire d'habitation à Sainte-Lucie,
(Commissaires, MM. Silvestre, de Jussieu, Turpin, Delessert , Mirbel
rapporteur.)
« Le mémoire de M. Pelouze père a paru d’un assez grand intérêt à
M. le Ministre de la Guerre, pour qu'il ait exprimé le désir que l'Académie
lui fit connaître ce qu’elle en pensait. Nous avons l'honneur de vous sou-
mettre le résultat de notre examen.
» Parmi les spéculateurs qui se sont rendus en Algérie, plusieurs ont
pensé qu'iis ne pouvaient tirer un meilleur parti de leurs capitaux qu’en
les employant à la culture des terres. La fertilité du sol, la chaleur du
climat, la proximité de l'Espagne , de la France et de l'Italie, la facilité d'y
transporter promptement les produits, expliquent cette préférence et
peut-être la justifieront. Mais quelles seraient les cultures exotiques qui
joindraient au mérite de réussir parfaitement dans cette contrée, celui de
donner des récoltes d’un débit certain et avantageux sur les marchés de
l’Europe? Telle est la question que M. Pelouze essaie de résoudre sinon
complétement , du moins en partie. Il parle très brièvement de cinq es-
pèces végétales qui ont été introduites dans les Antilles. Ce sont : le
cacaoyer, le caféyer, la canne à sucre, le tabac et l'indigotier. Mais il traite
à fond de la culture du cotonnier, et croit fermement que cette plante
peut être cultivée avec succès dans notre nouvelle colonie.
» Il ne veut pas que l’on tente d’y introduire le cacaoyer. Nous par-
tageons son opinion. Cét arbre originaire des plaines chaudes et humides
de l'Amérique méridionale, na pu se maintenir dans les Antilles. Il n'y 4
donc nulle probabilité qu’il s’accommode du climat des côtes septentrio-
nales de l'Afrique.
» Quoiqu’une température aussi élevée que celle qu’exige le cacaoyer
(314)
ne soit pas indispensable au caféyer, ce serait s’abuser de croire que ce
dernier résisterait aux hivers de l'Algérie. Cet arbrisseau est très délicat.
Des expositions particulières lui sont indispensables. Il veut un sol riche
et profond, et redoute le voisinage de la mer. Ses produits sont très pré-
caires dans nos colonies d'Amérique. Sous le ministère de M. le duc de
Dalmatie, plusieurs pieds de caféyer ont été envoyés à Alger par les
soins de l'administration du Jardin du Roi : tous sont arrivés en bon état ;
année suivante tous étaient morts.
» Quant à la culture du tabac, son succès est suffisamment prouvé; mais
on pourrait la rendre plus productive par l'introduction d’espèces ou de
variétés de qualité supérieure.
» La canne à sucre des Antilles végéterait sans le moindre doute dans
l’Algérie, mais y deviendrait-elle une source de richesse ? Cela n’est guère
probable. En Amérique, après huit à onze mois de végétation , elle donne
peu de sucre cristallisable et beaucoup de mélasse avec laquelle on fa-
brique un excellent rhum. Mais si ses tiges ne sont récoltées qu'après
quinze à seize mois, elle donne du sucre cristallisable en abondance et
fort peu de mélasse.
» Les planteurs de Sainte-Lucie cultivent la canne surtout pour faire
du rhum, tandis que ceux des autres îles la cultivent généralement pour
faire du sucre. La température hivernale de l'Algérie ne permettrait pas,
selon toute apparence, que la fabrication du sucre cristallisable y devint
une bonne spéculation; mais peut-être trouverait-on quelque avantage à
faire du rhum. Cependant remarquons que le climat est beaucoup moins
favorable et la main-d'œuvre beaucoup plus chère qu’à Sainte-Lucie.
» Nous regrettons que M. Pelouze, qui a cultivé l’indigotier au Antilles,
et qui déclare que cette plante est une des premieres dont il faudrait
s'occuper en Algérie après le cotonnier, se borne à nous apprendre que,
de même que celui-ci, elle donne à peu de frais de rapides produits.
» Passons au cotonnier, sujet principal du mémoire que nous avons
sous les yeux. 1l est certain que sa culture est peu dispendieuse et qu’elle
assure des bénéfices immédiats et avantageux; il est également certain
qu'elle n’exige pas une température supérieure à celle de l'Algérie. En
effet, le climat de beaucoup de points des côtes et des îles de la Méditer-
ranée, où l’on cultive le coton, est moins chaud que celui de notre nou-
velle colonie.
» Quant à la nature du sol, on pourrait s’imaginer , d’après ce que rap-
portent les voyageurs, que le cotonnier y est tout-à- Bi indifférent. Il est
de fait qu'il prospère en Égypte dans la terre franche, en Syrie dans la
(315)
terre argileuse, .en Arabie dans la terre sablonneuse, en Sicile dans un
sol volcanique, aux Indes, en Afrique, dans quelques points des Antilles,
sur des montagnes rocheuses. Des terrains silico-calcaires produisent en
Géorgie et en Caroline des cotons de qualité supérieure. M. Pelouze, qui
peut invoquer à l'appui de son opinion sa longue expérience, recommande
un sol léger formé d’un mélange de sable et de terre argilo-calcaire.
Toutefois, gardons-nous de conclure de ces assertions qu’en toute localité,
toute nature de terre convient également au cotonnier. L'influence d’une
terre quelconque sur la végétation est subordonnée à une foule de cir-
constances parmi lesquelles les phénomènes climatériques jouent un grand
rôle, de telle sorte que la même nature de terre est plus ou moins fertile,
selon la localité où elle se trouve. M. Heudelot, ex-directeur des cultures de
Richar-Tol au Sénégal, nous fournit un exemple à l'appui de cette propo-
sition. C’est surtout, dit-il, dans les pays où les pluies sont très rares ou
même nulles pendant une grande partie de l’année, qu’il faut savoir choisir
avec discernement l'emplacement propre à recevoir une plantation de
cotonniers. Dans ce cas, on doit préférer un sol légèrement compacte
dans lequel néanmoins l’eau filtre sans obstacle.
». À côté de cette opinion nous plaçons celle de l'anglais Baine, dont le
Traité sur l'Industrie cotonnière est fort estimé. Toutes les variétés de
cotonniers, dit-il, exigent un sol sec et arenacé.
» Ce qui ressort, en dernière analyse, des observations du plus grand
nombre des voyageurs, et de la pratique éclairée de M. Pelouze, c’est
que le cotonnier redoute les grandes pluies, les inondations ; que si l’hu-
midité lui est indispensable, comme à tout autre végétal, elle doit être
mesurée avec économie, et que, dans quelque localité que ce soit, le
sol doit être toujours assez perméable pour que l’eau ne séjourne jamais
à sa surface.
» Il est bon que le sol contienne une certaine quantité d’humus, mais
la surabondance d’engrais serait contraire aux intérêts du cultivateur,
La plante pousserait avec vigueur; elle produirait de nombreux ra-
meaux ; elle se chargerait d'une quantité notable de fruits; la plupart
de ces derniers tomberaient avant la maturité, et, finalement, la récolte
serait inférieure à ce qu’elle aurait été sans l'excès de nourriture.
» Les cultivateurs des États-Unis mêlent au sol de leurs cotonnières les
vases des terrains bas et salés qui avoisinent leurs habitations. Cet amen-
dement, loin d’exciter la végétation, la ralentit sensiblement ; mais il for-
tifie, il endurcit la plante; il fait nouer les fruits, les empêche de tomber,
(316)
les amène à une parfaite maturité. C’est pour cela que le voisinage de la
mer, si contraire à la culture du caféyer, est favorable à celle du coton-
nier. Lorsque le vent souffle de la mer vers la terre, comme il arrive
pendant plusieurs mois de l’année, sur une partie du littoral des Antilles,
et, dans les États-Unis, en Géorgie et en Caroline, il emporte avec lui des
particules d’eau salées, et l’on a remarqué que c’est sous cette influence,
que se produisent ces beaux cotons connus sous le nom de sea Zsland co-
ton , qui, par la longueur, la force, l’élasticité de leurs fibres , se font
le plus rechercher par les filateurs et les fabricants de tissus. Plus les
cotonniers s’éloignent du rivage, plus décline la supériorité des produits.
» Cette observation, sur laquelle M. Pelouze insiste avec raison, vient à
l'appui de son opinion que le cotonnier doit prospérer en Algérie; car il
est bien connu que la brise de mer se fait sentir sur toute la côte pendant
la chaude saison.
» Nous nous en tiendrons à ces généralités et ne suivrons point l’auteur
dans l'exposé très substantiel et très lucide qu’il donne de la culture et de
l'exploitation cotonnière aux Antilles. Nous avons lu ce traité avec beau-
coup d'attention et d'intérêt. Il contient une foule de documents d’autant
plus précieux pour ceux qui voudraient se livrer à la culture du cotonnier,
qu'il est le résultat d’une pratique dont l'excellence est démontrée par le
succès. Toutefois, il est un avertissement que nous devons donner aux
planteurs de l'Algérie qui, sans aucune expérience des cultures coloniales,
seraient tentés de s'engager dans quelque grande opération de ce genre.
Cet avertissement, le voici : Alors même que dans deux pays différents,
les circonstances climatériques, la nature du sol et son exposition, nous
semblent différer si peu que nous les considérons comme s’ils étaient tout-
à-fait semblables, nous ne saurions affirmer, dans l’état actuel de nos con-
naissances, sans risquer de nous tromper, que telle espèce de plante cul-
tivée avec un plein succès dans l’un des deux pays, réussirait également
bien dans l’autre ou même seulement pourrait sy maintenir.
» Bien s’en faut qu’en tenant ce langage, nous voulions proscrire les
essais de nouvelles cultures ; nous souhaitons au contraire qu'ils se multi-
plient; mais, dans l'intérêt de tous, il importe qu’ils soient faits avec pru-
dence et discernement.
» Rien ne nous semble plus raisonnable que de tenter la culture du
cotonnier dans l'Algérie. Nous n'affirmons pas qu’elle y réussira, mais
uous inclinons à le croire. Cette contrée jouit, pendant une grande partie
de l’année, d’une chaude température. Son sol est meuble et fertile. La brise
(37)
de mer porte sur le littoral une humidité chargée de sel. Dans l’intérieur,
on trouve des sources salées. Pendant la longue période de la végétation,
les pluies ne sont pas trop fréquentes. Si la culture du coton devait rencon-
trer quelque obstacle, nous soupçonnons qu'il viendrait de la sécheresse
plutôt que de toute autre cause. Mais l’art agricole parvient quelquefois à
triompher de cet obstacle. Toutes ces considérations invitent à des essais.
» Des échantillons de coton nous ontété adressés de l’Algérie il y a quel-
que temps; ils provenaient de plantes élevées dans un jardin. Certes, ce
n'est pas là un essai de bon aloi. Les essais de grande culture doivent se
faire en plein champ et sans tous ces soins minutieux dont un amateur
entoure les plantes qui font lornement de son parterre.
» Pour obtenir la solution complète du problème qui nous occupe, il fau-
drait opérer à la fois, pendant trois ou quatre années, dans plusieurs localités,
sur différents sols et à des expositions diverses. Sans cela on serait exposé
à prendre un résultat accidentel pour un résultat constant. Il n’y a pas
d’inconvénient à ce que ces expériences soient faites sur une petite échelle.
Si l'administration se détermine à les tenter, le Mémoire de M. Pelouze sera
le meilleur guide que l’on pourra prendre, puisqu'il offre ce que l’on savait
déjà sur ce sujet, et de plus tout ce que l’auteur a appris dans son ex-
ploitation.
» Nous ne parlons point de la partie financière ; les renseignements né-
cessaires nous manquent. Nous avons fait quelques démarches pour con-
naître le prix de revient des cotons, aux Antilles, aux États-Unis, aux In-
des; elles ont été infructueuses. A vrai dire, ce n’est guère dans cette
enceinte qu'il convient de traiter des questions de cette nature. Nous en
renvoyons l'examen à qui de droit.
» Sans doute, le mémoire sur lequel le Ministre de la Guerre a appelé
votre attention n’enrichit la science d'aucune découverte, mais il renferme
des documents d’une utilité toute pratique et dont l'opportunité sera ap-
préciée par l’Académie. C’est à ce titre que nous Le croyons digne de son
approbation. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
Aprés la lecture de ce rapport, M. Dureau de la Malle a fait observer
que le cotonnier avait été cultivé autrefois, par les Arabes, à Mostaganem ;
à quoi M. le Rapporteur a répondu que ce fait, tout important qu'il était,
n’invalidait pas toutes les objections; qu'on ne devait point se dissi-
muler que, dans le cas spécial dont il s'agissait, la question était de sa-
C. R. 1938, 18r Semestre. (T. VI, N° 41.) 43
( 318 )
voir non-seulement si le cotonnier pouvait végéter en Algérie, mais en-
core si le coton obtenu par les colons serait d’une assez bonne qualité
et d’un prix assez modéré pour soutenir la concurrence, sur les marchés
de l’Europe, avec les cotons des Antilles , des États-Unis , de l'Égypte, des
Indes, etc.
»
ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur une Collection d'échantillons de vers à
soie malades présentée à l’Académie , avec un Mémoire explicatif; par
M. H. Bourpon.
( Commissaires, MM. Silvestre, Darcet, Duméril rapporteur.)
« Nous avons été chargés, MM. Silvestre, Darcet et moi d'examiner ce
Mémoire et les pièces qui l’accompagnent, et que nous remettons sous
vos yeux. L’auteur, M. Hewrr Bournow, ancien élève de l'École Polytech-
nique, et qui s’est occupé beaucoup de l'éducation des vers à soie, ayant
été envoyé par le Ministre dans les départements méridionaux, pour y
prendre connaissance des procédés divers mis actuellement en pratique dans
les magnaneries où l’on cultive en grand les chenilles du Bombyæ du mürier,
afin d'y faire connaître et d’y propager quelques mesures utiles, a porté
très particuliérement ses observations sur les maladies auxquelles ces in-
sectes sont sujets, pour rechercher surtout les causes auxquelles on peut
les attribuer : il a recueilli beaucoup de faits de ce geure, principalement
sur la muscardine, dont la cause et les effets ont été, dans ces derniers
temps, l'objet d'observations curieuses, et sur d’autres affections que,
dans les ateliers, on désigne sous les noms vulgaires de vers mous, vaches-
jaunes, etc. Ces derniers ont été décrits et déposés immédiatement comme
échantillons dans de l'alcool, les autres étant de véritables momies inalté-
rables, sont conservés dans leur état de dessiccation naturelle.
» Toutes ces pièces ont été présentées à l’Académie dans une série de
bocaux. L'auteur, comme nous l’avons dit, les a accompagnées de remar-
ques, d'observations et de descriptions. Chaque flacon est numéroté et la
notice s’y rapporte. On voit dans les deux premiers la muscardine qui a
affecté les chenilles dans l’intervalle des deux premières mues. A cette
époque, la maladie est plus rare et moins nuisible, même quand elle
se manifeste à un haut degré; car la perte n’est ‘pas considérable et l’on
peut remplacer cette éducation manquée par une autre. La muscardine
développée dans les chenilles des deux mues suivantes se trouve repré-
sentée par des individus contenus dans les flacons correspondants; mais
( 319)
c'est au cinquième âge que la maladie commence à prendre un caractère
effrayant. Dans la plupart des cas observés, nous dirons, pour nous ser-
vir des expressions mêmes de M. Bourdon, que la chaleur était acca-
blante; l'air ayant perdu son ressort, restait dans une sorte de stagnation
complète, une humidité prodigieuse se développait dans l'atelier : cet
état atmosphérique est désigné sous le nom de Touffes. On a remarqué
que l'événement a lieu surtout lorsque les vers sont, comme on le dit,
tenus trop épais et rarement délités. On a aussi observé que la muscardine
attaque surtout les chenilles exposées à des courants d’air provenant de
l'extérieur, sur des tables placées prés des ouvertures du côté du nord,
ou sous des toits percés à jour, ou près des fissures communiquant au
dehors.
» Parmi les vers malades que présente M. Bourdon, il en est quelques-
uns dont la surface n’est pas recouverte de l’efflorescence blanche; il les
regarde comme analogues à ceux que M. Bassi a décrits sous le nom de
momies bâtardes. T’auteur rapporte plusieurs faits qui prouvent une sorte
de contagion même par les œufs; mais d’après les opinions qu’il a recueil-
lies, il ne croit pas que la maladie se propage ou se reproduise d’une an-
née à l’autre par les meubles et les ustensiles de l'atelier.
» L'époque où la muscardine fait les plus grands ravages est le moment
où les chenilles montent dans la bruyère ; quelques-unes semblent périr au
moment même et ne peuvent achever leurs cocons. Il y a aussi quelques-
uns de ces follicules qui renferment des chenilles non métamorphosées
et des chrysalides muscardinées, tels que les flacons qui portent les n° 1,
9 et 10, et le Bombyx parfait lui-même, flacon n° 12. :
» Les autres bocaux renfermant des chenilles malades, et la description
de la forme qu’ils présentent avec l'indication des symptômes qui précè-
dent leur mort.
» L'auteur fait hommage à l’Académie de cette petite collection. Nous
pensons qu'elle sera utile à conserver pour la démonstration des effets
d’une maladie qui intéresse vivement les personnes qui se livrent à la pro-
duction de la soie. Nous proposons aussi, d’après le désir de l’auteur du
Mémoire, que le dépôt en soit fait au Muséum d'Histoire naturelle. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
43.
( 320 )
ANATOMIE PHILOSOPHIQUE. — Rapport verbal sur les OEuvres d'histoire
naturelle de Gortur, traduites par M. le docteur Martins.
(Partie zoologique et anatomique. }
( Commissaire, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. )
« L'Académie a renvoyé à l'examen de deux de ses membres, M. Auguste
de Saint-Hilaire et moi, la traduction des OEuvres d'histoire naturelle de
Goethe, tout récemment faite et publiée par M. le docteur Martins. MAuguste
de Saint-Hilaire, que l’état de sa santé retient malheureusement loin del’Aca-
démie, lui enverra prochainement de Montpellier son rapport sur la partie
botanique de cet important ouvrage : je présente aujourd’hui la portion
du travail dont j'ai été spécialement chargé, c’est-à-dire l’analyse des prin-
cipaux travaux zoologiques et anatomiques de Goethe.
» Vos Commissaires, en effet, ont l’un et l’autre pensé que la mission
qu'ils tiennent de l’Académie, ne saurait se borner à une simple appré-
ciation de la fidélité et de l'opportunité de la traduction; mais qu'ils de-
vaient remonter jusqu’à l’auteur lui-même, et essayer de le suivre dans la
voie scientifique où, l’un des premiers parmi les zootomistes allemands, il
s'est engagé et s’est avancé sans cesse d’un pas si ferme. En donnant à nos
rapports cette extension, nous avons cru les rendre à la fois plus dignes
de l’Académie et plus utiles à la science; ils pourront contribuer à détruire
des opinions très inexactes et encore très généralement répandues sur les
travaux scientifiques de Goethe, et hâter le moment où ce grand nom
prendra, dans l’histoire de l'anatomie philosophique, le rang élevé au-
quel il a droit.
» La gloire littéraire de Goethe a long-temps éclipsé, sinon pour lAl-
lemagne, au moins pour l'étranger, son mérite scientifique. En saluant en
lui dés la fin du dix-huitième siècle, et avec une admiration presque égale
à celle de l'Allemagne elle-même, le plus illustre représentant de la litté-
rature germanique tout entière, VEurope, et la France en-particulier, a
tenu, jusqu'il y a dix ans, ses travaux d'anatomie philosophique dans un
oubli presque complet. En 1820, et plus tard encore, les biographes et les
critiques français se taisaient encore entièrement sur eux, ou bien, pour
faire sentir l’universalité des connaissances du poète de Weimar, se bor-
naient à remarquer qu'il était aussi, comme Voltaire, auteur de quelques
écrits scientifiques ; et par-là, on croyait presque faire preuve d’une éru-
dition allemande, qui d’ailleurs ne s’étendait jamais jusqu’à la connaissance
directe et encore bien moins à l'appréciation de ces écrits. En 1830 même,
( 321 )
quoique trois ans auparavant justice eût été rendue par M. de Candolle aux
travaux botaniques de Goethe, son intervention dans une discussion cé-
lébre élevée au sein de cette Académie, étonna encore comme un événe-
ment imprévu et presque singulier. Enfin, aujourd’hui, beaucoup de per-
sonnes instruites ignorent encore si Goethe s’est borné à revêtir des couleurs
de son admirable style et à propager des idées déjà existantes dans la science,
ou s'il a prétendu à la gloire plus brillante de l'inventeur ; et les natura-
listes eux-mêmes hésitent à reconnaître pour l’un des leurs, celui qu'ils se
sont accoutumés depuis si long-temps à admirer comme poète drama-
tique, comme romancier, et même comme chansonnier.
» Cette hésitation, quoique Goethe ait paru quelquefois en être
blessé, me semble ellemême glorieuse pour lui. Elle marque, aussi bien
que pourrait le faire une longue et minutieuse analyse, et, pour ainsi
dire, mesure toute la distance qui sépare les œuvres poétiques et souvent
fantastiques qui ont rendu le nom de Goethe populaire dans toute l’Eu-
rope, de ces recherches positives, de ces déductions rationnelies qui seules
peuvent être reconnues et admises par la prudente sévérité de la science.
Plus cette distance est immense et peut sembler infranchissable, plus on
a de peine à concevoir que la même main, qui a écrit Werther et Her-
mann, Faust et Egmont, ait pu tenir habilement le scalpel de l'anatomiste,
et plus il est admirable de voir ce prodige accompli par la plus rare al-
liance de qualités intellectuelles ordinairement exclues l’une par l’autre.
» Pour essayer de détruire enfin ces opinions préconçcues qui ont refusé
silong-temps et contestent encore à Goethe le titre de naturaliste, la simple
indication de quelques faits, tous authentiques et empruntés à Goethe
lui-même, la citation de quelques dates, sont les meilleurs et les plus
courts arguments que je puisse invoquer. Et ici, l'intérêt qu'offre pour
l’histoire de la science l'appréciation des travaux d’un homme tel que Goethe,
et la grandeur exceptionnelle de ce nom, me serviraient sans doute d’ex-
cuses aux yeux de l'Académie, si quelques-uns des courts détails qui vont
suivre lui paraissaient sortir du cercle de ses occupations habituelles.
» Le goût prononcé de Goethe pour l'histoire naturelle, depuis son
adolescence jusque dans son extrême vieillesse , est attesté par une multi-
tude de témoignages. Enfant, Goethe, presque à son insu , nourrissait
déjà son esprit des premières notions de cette science, en visitant et ran-
geant une petite collection possédée par son père (1). Jeune homme, il
(1) Mémoires de Goethe.
( 522 )
suivait avec ardeur les enseignements scientifiques des principaux profes-
seurs de cette époque : au point que venu, vers 1770, à Strasbourg, pour y
prendre le bonnet de docteur en droit, il se décida promptement à n’appren-
dre de jurisprudence que ce qui lui était nécessaire pour ses examens, et se
livra avec ardeur à l’étude de la chimie, de l'anatomie, de la médecine et
de l’art lui-même des accouchements : le chimiste Spielmann et l’anato-
miste Lobstein le comptèrent alors au nombre de leurs élèves les plus assi-
dus (1). Un peu plus tard, rentré en Allemagne, il passe, de ces premières
notions élémentaires, à une investigation plus profonde des phénomènes
naturels. Il fait, avec de jeunes amis, des courses géologiques et surtout
des herborisations , tour-à-tour observant les faits, en cherchant les consé-
quences, et surtout réfléchissant profondément sur la détermination des
organes des végétaux. À cette époque, dans laquelle il se qualifie modeste-
ment d’écolier auto-didactique (2), les trois noms qui agissaient le plus sur
son esprit, étaient, lui-même le dit (3), Shakespeare, Spinosa, et Linné; trois
grands noms dont l’association dans la pensée de Goethe exprime admira-
blement l’ardeur juvénile de ce génie, hésitant encore entre la poésie, la
philosophie et la science, ou plutôt concevant déjà la pensée de se con-
quérir dans l'avenir une triple gloire. Dans les années suivantes, en Al-
lemagne et ensuite en Italie, Goethe poursuit son plan de travaux scien-
tifiques en même temps que littéraires. En 1780, en particulier, sous la
direction du professeur Loder dont il devient l'élève le plus assidu et l'ami,
il achève de se faire anatomiste, et déjà même, peu satisfait de la science
de son temps, il essaie d’en franchir les limites en se créant des méthodes
nouvelles. Tel était alors son désir de s’instruire, et cet exemple seul mon-
trerait par quelles études solides et positives Goethe a préludé à ses publi-
cations scientifiques; tel était son zèle pour l'anatomie qu'il fit, de cette
même main qui déjà avait écrit Goetz et Werther, un grand nombre de
préparations ostéologiques, destinées à enrichir le musée d’Iéna, en même
temps qu'à lui fournir pour lui-même des matériaux et des moyens de
vérification (4).
» Ce fut en 1786 que fut composé (mais non publié), le premier mé-
(1) Mémoires de Goethe.
(2) Voyez dans la Traduction de M. Martins, page 200, l’histoire que Goethe donne
lui-même de ses travaux botaniques.
(3) Ibid. page 203.
(4) Voyez l'Histoire des travaux anatomiques de l’auteur , traduction de M. Martins,
page 96.
( 323 }
moire zootomique de Goethe, et dès lors , jusqu’à la fin du dix-huitième
siècle, de nouvelles publications, toujours dirigées suivant les mêmes idées,
se succèdent à des intervalles assez rapprochés. Ainsi trois mémoires ou
articles appartiennent aux années 1793, 1795 et 1706. Après eux, nous
trouvons, il est vrai, une lacune. En laissant de côté la traduction faite en
1803, de l'ouvrage du célèbre Benvenuto Cellini , bien que ce grand artiste
y ait placé plusieurs chapitres d'anatomie pittoresque, et que Goethe se soit
sans nul doute complu dans leur étude; en omettant aussi une note assez
courte faite en r1807, les travaux zootomiques de Goethe ne recom-
mencent avec activité qu’en 1819 : mais aussi, après cette année, trouvons-
nous à peine quelque interruption un peu longue, comme le montre la
série des années 1820, 1822, 1823, 1824, 1830 et 1832, toutes marquées
par la publication d’un ou de deux articles zootomiques de Goethe. Ces
mémoires ou notices, dont le nombre est de quatorze, ont paru pour la
plupart, et ce n’est pas la moindre preuve du zèle actif et persévérant de
leur auteur pour la science, dans un Journal d'histoire naturelle, fondé et
dirigé par Goethe lui-même (1).
» En outre, et sans parler ici de ses mémoires non moins nombreux
sur la physiologie végétale, de ses notices géologiques sur plusieurs con-
trées de l'Allemagne, et surtout de son ouvrage sur l'optique et les couleurs,
qui restent tout-à-fait en dehors de mon examen » On doit à la jeunesse de
Goethe plusieurs autres travaux zootomiques que l’auteur n’a point lui-
même mis au jour, mais qui, communiqués par lui à divers anatomistes
allemands, et honorablement cités Par eux, sont un peu plus tard entrés
dans la science. Il en est ainsi par exemple, des recherches de Goethe sur
le crâne des mammifères dont les résultats publiés en partie par Loder et
Sœmmering ont surtout contribué à fixer l'attention des anatomistes sur
une pièce tour-à-tour appelée os transversal, pariétal impair, épactal , os de
Goethe (os gœthianum ) et interpariétal.
» En présence de faits qui attestent des études préliminaires, solides,
pratiques et poursuivies avec persévérance pendant quinze années; en pré-
sence de travaux aussi nombreux et continués par l’auteur presque jus-
que sur son lit de mort (2), les droits de Goethe au titre de naturaliste
(1) Zur Naturwissenschaft âberhaupt, besonders zur Morphologie, Stuttgardt et Tu-
bingue, 4 vol., 1817 à 1825,
(2) Le second des articles consacrés par Goethe à la célèbre discussion de 1830, a été
composé très peu de temps avant la mort de ce grand homme : c’est le dernier écrit
qui soit sorti de ses mains.
( 324)
ne sauraient être un instant douteux. Assurément, si l’homme qui a fait tout
cela, n’eüt pas été en même temps l’un des plus grands poètes, le plus grand
peut-être de l'Allemagne, l’idée ne füt venue à personne de n’attribuer à
Goethe que des vues poétiques sur la nature, ou bien, selon les expres-
sions employées par lui-même pour caractériser quelques pensées jetées dans
ses premiers ouvrages littéraires , des désirs de connaître qui s’évaporaient
en vagues et inutiles contemplations. Etsurtout, si la vie de Goethe, cette vie
dans toutes les phases de laquelle la science a eu une si belle part, eût été
plus complétement connue, nul n’eüt jamais admis cette erreur, encore
partagée par plusieurs, que les travaux scientifiques de Goethe se réduisent
à quelques brillants essais de jeune homme et à quelques réminiscences de
vieillard. Toutes ces opinions préconçues, que j'avoue avoir conservées
très long-temps, et qui ne sont tombées que devant un examen approfondi
des faits, sont nées du sentiment, exagéré peut-être, que nous avons tous,
sans même y avoir spécialement réfléchi, sur l’immense différence des
conditions psychologiques qui tendent à constituer le poëte et le naturaliste,
et des facultés par lesquelles l’un s’élance hardiment vers l'idéal, tandis que
l’autre fixe ses sens et sa pensée sur le monde réel et sur les faits positifs,
sans cependant qu'il lui soit interdit de s'élever parfois et pour ainsi dire,
de planer à une grande hauteur au-dessus d'eux pour en contempler
l’ensemble.
» J'essaierai maintenant de donner une idée de la direction et des ré-
sultats des travaux zootomiques de Goethe. Ici, à la difficulté de parler
dignement de Goethe, de ce génie à l'égard duquel, selon une célèbre ex-
pression , l'examen n’est même pas permis; à cette difficulté, si grande
pour tous, s'ajoute encore pour moi celle d'analyser des travaux qui
offrent, avec ceux de mon père, une analogie frappante, et parfois même
une identité complète. L’un en Allemagne, l’autre en France, n’ont cessé
de marcher parallèlement, et souvent de front, sans le savoir, et même,
comme on le verra, sans qu'il leur fût possible de le savoir, vers une sem-
blable rénovation de l'anatomie comparée.
» Il est donc ici, on le sentira facilement, plusieurs questions que je ne
puis aborder, au moins dans un moment où j'ai l'honneur de parler
comme rapporteur de l’Académie, et je me serais même entièrement
abstenu, si, pour ce qui concerne Goethe en particulier, de hautes
convenances ne m'imposaient le devoir de présenter ici de simples re-
marques historiques bien plutôt que d'émettre un jugement scientifique
sur des travaux signés d’un aussi grand nom, Cette similitude, et pour ainsi
0
(35)
dire ce parallélisme des idées de Goethe et de celles de mon pére, va d'ail
leurs, à quelques égards, simplifier et abréger ma tâche, puisqu'il s’ agira
pour moi, non d'exposer des vues particulières à Goethe, plus ou moins
complétement nouvelles pour nos esprits , et par suite inintelligibles sans
de longs développements, mais seulement de faire connaître la pensée de
Goethe sur des questions souvent controversées dans le sein même de l’A-
cadémie.:
» L’illustre auteur de l'Allemagne , cherchant à apprécier Goethe sous
le rapport littéraire, à dit : « Quand il s’agit de penser, rien ne l’arrête,
» ni, son siècle, ni ses habitudes, ni ses relations. » Tel est aussi Goethe
sous le rapport scientifique. Pour me restreindre ici à ses travaux zooto-
miques, dès ses premières études sur l’organisation , il repousse loin de
lui le joug d'opinions que l’assentiment unanime des auteurs et la parole
si respectée de ses maîtres tendaient également à lui imposer : opinions
dont la puissance était cependant telle qu'aujourd'hui même, après un
demi-siècle et plus, une partie d’entre elles règnent encore souveraines
dans plus d’une école de haut enseignement. Ce qui, au premier abord ,
blesse surtout cet esprit ami de la simplicité et de l'unité, c’est la diversité
bizarre et contradictoire de toutes ces nomenclatures anatomiques, vété-
rinaires et autres encore » imposant des noms différents à des organes ana-
logues (1), et scindant ainsi la science en parties presque étrangèresles unes
aux autres; C'est aussi l'arbitraire et l'empirisme aveugle qui président à la
détermination et àla description des diverses parties de l'être, par exemple,
à celles des divers os de la tête humaine telle qu’elle était alors consi-
dérée (2), et je puis ajouter, telle qu’elle l'est encore le plus souvent, par les
anthropotomistes; c’est enfin le partage de presque tous les naturalistes
d'alors en deux classes, les uns s’attachant servilement au fait matériel (3),
les autres recourant sans cesse aux causes finales, et par-là, dit Goethe,
s’éloignant de plus en plus de l’idée vraie d'un étrevivant.
» Après avoir fait ces critiques et dressé cette sorte d’acte d'accusation
contre l’état de la science vers la fin du xvui* siècle, Goethe cherche
comment une voie nouvelle et meilleure pourrait être ouverte aux investi-
gations des auteurs ; et aussitôt 1l signale deux progrès à accomplir. L'un,
et celui-ci est aujourd’hui si bien consacré, au moins en principe, qu'il est
(1) Voyez dans la traduction de M. Martins, p. 24 et 65.
(2) Jd., p. 44.
(3) Jbid., p. 24.
G. R. 1838, 1° Semestre. (T.VI, N° 41.)
44
(36)
nécessaire de mettre à côté de ces idées leur dates, 1986, 1795, 1796, c'est
l'intime fusion de l'anatomie humaine et de l'anatomie comparée. La dis-
section des animaux, dit-il dans un passage dont M. Martins a fidèlement
rendu le sens général , mais que je préfère traduire ici plus littéralement,
doit toujours étre à côté de celle de l’homme (1). Le second progrès, par
lequel seul , suivant Goethe, peut être renouvelée ou plutôt fondée l’ana-
tomie comparée , et c'est vers celui-ci que l’auteur a constamment dirigé
ses travaux, c'est l'établissement, autant que possible d'après les fonctions,
d'un type anatomique ( anatomischer Typus), d'un modèle universel
(allgemeines Bild), lequel, dit l'auteur, doit être idéal, etne saurait exis-
ter dans aucun être vivant en particulier, la partie ne pouvant être l’image
du tout (2). La pensée de Goethe, enveloppée ici dans des expressions très
abstraites, est mise heureusement dans tout son jour par d’autres passages,
éclairée par la discussion de plusieurs cas particuliers donnés comme
exemples, et jusqu'à un certain point complétée par l'indication des
deux faits généraux que mon père a nommés principe du balancement
des organes et principe des connexions ; tant ces trois idées générales sont
intimement liées entre elles, et tant l'esprit qui a conçu l’une, se trouve
invinciblement entrainé vers les deux autres par ses méditations ulté-
rieures. Voici le passage très explicite dans lequel Goethe indique le prin-
cipe du balancement des organes, et les lignes moins précises dans les-
quelles il énonce son opinion sur la fixité des connexions: « Il existe,
» dit-il, une loi en vertu de laquelle une partie ne saurait augmenter de
» volume qu’aux dépens d'une autre, et vice versd. Telles sont les barrières
» dans l'enceinte desquelles la force plastique se joue de la maniere la plus
» bizarre et la plus arbitraire, sans pouvoir jamais les dépasser ; cette force
» plastique règne en souveraine dans ces limites peu étendues, mais suffi-
» santes à son développement. Le total général, au budget de la nature,
» est fixé; mais elle est libre d'affecter les sommes partielles à telle dé-
» pense qu'il lui plaît (3). » L'autre principe est ainsi exprimé : « L’ostéo-
» génie est constante en ce qu'un même os est toujours à la même place
(1) Erster Entwurf eïner allgemeinen Einleitung in die vergleichende Anatomie,
dans le Zur Morphologie, t. 1, p. 147. La même idée est ensuite reproduite dans les
Vortrâge über den Entwurf, etc., ibid., p. 261 et 262.Voyez la traduct. de M. Martins,
p.23et 63.
(2) Erster Entwwurf, etc., Loc. cit., p. 150; traduet. de M. Martins, p. 26.
(3) Traduction de M. Martins, p. 30.
(327)
»-et a la même destination (1). » Et ailleurs, presque dans les mêmes ter-
mes : « Ce qui est constant, c'est la place qu'un os occupe dans l'économie, et
» le rôle qu'il y joue (2). »
» Tous ces passages, que leur intérêt pour l’histoire de la science me
commandait de citer textuellement, sont extraits de deux Mémoires
étendus, les plus importants peut-être que l’auteur ait composés, et ce-
pendant modestement intitulés par lui : Plan d'une introduction générale
à l'anatomie comparée, basée sur l'ostéologie. Je serai ici doublement
juste en remarquant qu'ils ont été achevés, l’un en 1795, l’autre en 1796,
comme le prouve leur communication dès-lors faite à plusieurs des som-
mités scientifiques de l'Allemagne, à Camper, à Loder, à Sæmmering, à
Blumenbach, à notre illustre confrère M. de Humboldt; mais ils n’ont été
publiés que beaucoup plus tard, en 1820. « Pour l’histoire de la science,
» dit M. Martins après avoir cité ces dates dans sa préface (3), il est in-
» téressant de constater que les créateurs de l'anatomie philosophique en
» France ne pouvaient avoir aucune connaissance des travaux (restés iné-
» dits) du poète allemand, et que cette grande idée a été conçue en même
» temps et à la même époque chez les deux nations. » :
» Dans un autre ordre de considérations dont la liaison est d’ailleurs
évidente avec celles qui précèdent, Goethe, de même encore que mon
père, et de même aussi que Buffon et Lamarck, repousse fortement les
abus de la philosophie des causes finales , et admet l’action des modifica-
teurs ambiants sur l'organisme; d'où résultent , ajoute-t-il, sa perfection in-
térieure et l'harmonie que présente son extérieur avec le monde objectif (4).
Cette idée, simplement jetée en ces termes au milieu du Mémoire de 1705,
est reprise et développée en 1822 par Goethe, dans une note écrite à l’oc-
casion de divers débris fossiles de taureaux, découverts en 1819 et 1820,
dans le Wurtemberg. Là, Goethe cite en entier, déclare approuver com-
plétement , et appuie de quelques remarques nouvelles un passage du
docteur Koerte, destiné à expliquer comment les formes cräniennes du
taureau fossile ont pu se modifier peu à peu, et donner lieu finalement
aux formes que nous apercevons aujourd'hui dans diverses races vi-
vantes.
(1) Traduction, page 41.
(2) Jbid , p. 49.
(3) Page v.
(4) Traduction, page 30.
44.
( 328 )
» Enfin, si étroites que soient les limites entre lesquelles je dois res-
serrer cette analyse, je citerai encore le Mémoire, écrit en 1793, dans
lequel l’auteur, en faisant quelques emprunts au système de Kant, traite
de l'expérience considérée comme médiatrice entre l'objet et le sujet.
Dans ce travail, que le traducteur a placé comme une excellente intro-
duction à la tête de l’ouvrage tout entier, Goethe insiste sur la nécessité
de composer la science, non pas seulement d'observations isolées et de vues
très générales, mais aussi de vérités d’un ordre intermédiaire; d’aller de
proche en proche , et de tirer les conséquences les unes des autres (1).«Cette
» méthode prudente, dit-il, nous vient des mathématiciens, et quoique
» nous ne fassions pas usage de calculs, nous devons toujours procéder
» comine si nous avions à rendre compte de nos travaux à un géométre
» sévère. » On peut juger, par cette phrase, si Goethe, dans la science
encore, croyait devoir rester poète et se laisser aller à toutes les inspira-
tions de sa brillante imagination.
» Je craindrais d’abuser des moments de l’Académie si, de l’analyse des
idées générales de Goethe, je passais à l'indication des nombreuses appli-
cations qu'il en a faites à diverses questions particulières. Il en est deux,
toutefois, que je ne puis omettre entièrement, ne füt-ce qu’à cause de
l'importance très grande qu’attachait Goethe, et que les zootomistes les
plus distingués de l'Allemagne attachent encore à l’une et à l’autre.
» Si l’on en croit les témoignages de Bojanus, de Carus, de plusieurs
autres encore, et la déclaration formelle de Goethe lui-même, il aurait le
premier abordé une question très importante et surtout très difficile, à la
solution de laquelle se rattachent, à des titres divers, les noms de trois
membres de cette Académie, M. Duméril, en 1808; M. de Blainville,
en 1816; mon père, en 1824. Cette question est celle de la composition
vertébrale de la tête. Goethe se promenait, en 1791, dans le cimetière des
Juifs, au Lido, lorsqu’à la vue d’un crâne de mouton gisant sur le sol, il
conçut tout-à-coup la pensée que la tête résulte de l’union de plusieurs
vertèbres modifiées dans leurs formes et leurs dimensions. Malheureuse-
ment pour l'anatomie philosophique qui eüt fait dès-lors peut-être un
pas important, Goethe s’en tint à ce vague pressentiment, ou s’il entreprit
quelques travaux, il ne les livra pas à la publicité. Ce fut seulement
en 1820, douze ans après que la découverte qu’il avait été sur le point
de faire, füt entrée dans la science par les travaux presque simultanés
(1) Traduction, page 12.
( 329 )
d'Okenet de M. Duméril; ce fut même après les recherches de plusieurs
autres zootomistes, que Goethe reprit enfin les idées conçues par lui si an-
ciennement. Le système dans lequel il les coordonna alors, ne s'accorde
entièrement avec. celui d'aucun autre auteur, mais les détails seuls varient
et le fond des idées est exactement le même. Il est donc impossible de
considérer, avec Carus et surtout Bojanus, Goethe comme l’auteur d’une
découverte qu'il a seulement entrevue : toutefois, la conception seule,
si incomplète qu’on la suppose, d’une vérité aussi difficile à démontrer,
méritera d’être citée dans la science comme un remarquable exemple de
la puissance d'invention et de la force synthétique de son auteur.
» L'existence de l’intermaxillaire humain est une question d’une moindre
importance, mais à la solution de laquelle Goethe à pris une beaucoup
plus grande part. Plusieurs anatomistes, Vésale, Winslow, Albinus,
Nerbitt, avaient depuis long-temps remarqué, sur quelques crânes,
la séparation de la portion de la mâchoire supérieure qui porte les inci-
sives; mais ces cas particuliers avaient été négligés, et Camper, en cela
suivi par Blumenbach, plaçait même au rang des caractères distinctifs de
l'homme par rapport aux singes, l'absence d’un intermaxillaire distinct.
Goethe, alors au début de ses recherches, apercevant une contradiction
entre l'existence de cet os dans les singes et son absence chez l’homme
qui a cependant le même nombre d’incisives semblablement disposées,
chercha.et trouva l’intermaxillaire humain : ce fut là, dit Sæmmering, son
essai plein de génie. Cette découverte, dont l'intérêt ne nous frappe plus
autant aujourd'hui , n’était alors, en effet, ni sans importance, ni sans quel-
que difficulté, témoin la vive opposition qu’elle éprouva, dès le premier
moment, en Allemagne, de la part de l’illustre Camper, et quise continua
long-temps encore après lui : il fallut, remarque quelque part Goethe, qua-
rante ans pour faire admettre de tous un aussi petit fait ! La découverte de
Goethe est de 1786; et la même année, Vicq-d’Azyr indiquait en France
lintermaxillaire humain dans un passage très remarquable, bien que non
encore cité, de l’un de ses discours généraux sur l'anatomie; passage dans
lequel l'unité de type se trouve aussi nettement formulée (1). Vicq-d’Azyr a
(1) « La nature, y est-il dit, semble opérer toujours d’après un modèle primitif et
» général dont elle ne s’écarte qu’à regret, et dont on rencontre partout des traces. »
C’est en énumérant quelques exemples à Fappui de cette proposition que Vicq-d’Azyr
ajoute : « Peut-on s’y refuser enfin en comparant les os maxillaires antérieurs que j’ap-
» pelle incisifs dans les quadrupèdes, avec cette portion osseuse qui soutient les dents
( 330 )
ainsi la priorité de publication sur Goethe dont le Mémoire ne fut connu
que l’année suivante, en 1787, par les citations de Loder (1), etbeaucoup
plus tard, en 1817, par son insertion intégrale dans le Zur Morphologie (2).
C’est un exemple à ajouter à tant d’autres infiniment plus remarquables
de ces découvertes simultanément faites en des lieux différents et quel-
quefois par des esprits de genres divers, et qui ont si souvent donné lieu
à des accusations de plagiat, quand il s’en présentait une explication si
simple et si honorable pour tous dans les rapports de filiation de ces dé-
couvertes avec les acquisitions antérieures de la science.
» J'ai dû rechercher pourquoi les travaux de Goethe sur l’intermaxil-
laire, et tant d’autres, sont restés inédits pendant plusieurs années, et
ont été privés ainsi par leur auteur de leur juste influence sur la marche
de l'anatomie philosophique. J'ai trouvé nettement exprimées, dans plu-
sieurs passages de ses ouvrages, deux raisons de ces longs retards, égale-
ment préjudiciables à la science et à la gloire scientifique de Goethe.
L'une est le découragement qu'il éprouva trop souvent en se voyant in-
compris par des hommes qu’il supposait ses juges naturels; par exem-
ple, lorsqu'il soumit son mémoire sur l'intermaxillaire au plus vénéré
de ses maîtres, à Camper, et qu'il en reçut, pour toute réponse, des
éloges sur le format et l'écriture de son manuscrit. L’autre, et assurément
notre amour pour la science n’est pas assez exclusif pour aller jusqu’à
regretter celle-ci, est l'entrainement passionné qui le porta de nouveau
vers la poésie , lorsque ses liaisons avec Schiller vinrent, suivant son ex-
pression, l’arracher de son ossuaire scientifique. Ta publication du journal
Les Heures, la composition d'Hermann, d’Achilléis vinrent alors l'occuper
pendant quelques années; et la moisissure, comme il le dit lui-même, envahit
ses préparations anatomiques. C’est dans ce sens, mais dans ce sens seule-
ment, qu'il pourrait être vrai de dire que le grand poète a empêché, dans
Goethe, le grand naturaliste : les matériaux étaient prêts, le plan était
tracé, le temps seul a manqué pour construire.
» Les divers travaux de Goethe, dont jai essayé de donner l'analyse, n’a-
» incisives supérieures dans l’homme, où elle est séparée de l’os maxillaire par une
» petite félure très remarquable dans le fœtus, à peine visible dans les adultes, et dont
» personne n'avait connu l'usage? » Voyez Traité d'anatomie, in-fol , p. 9, ou OEu-
vres, t. IV» P- 26.
(1) Voyez son Manuel anatomique, page 89.
(2) Tome I, p. 201. — On le trouve aussi réimprimé et complété par de nombreux
dessins dans les Nova Acta Naturæ Curiosorum, t. I.
(33)
vaient point encore été réunis tous en un corps d'ouvrage : disséminés
dans plusieurs recueils, il était assez difficile de les y trouver, et de suivre,
par leur comparaison, la filiation des idées qui s’y trouvent contenues ;
sujet si intéressant d’études lorsqu'il s’agit d’un homme tel que Goethe!
J'ai vu pour ma part, avec une satisfaction que l’Académie partagera sans
doute, la France précéder l'Allemagne dans le soin de recueillir et de coor-
donner ces documents épars, si précieux pour l’histoire de la science. Les
Allemands nous ont reproché quelquefois d'ignorer et de méconnaître les
travaux zootomiques de Goethe : c’est un reproche dont la traduction de
M. Martins nous justifie pleinement, au moins pour l'avenir. Elle est en
effet claire, élégante, fidèle, enrichie de notes instructives » €t telle, j'ose-
rai le dire, que Goethe n’eût pu manquer d'en approuver et d’en voir
avec plaisir la publication. Obligé d'exprimer ici toute ma pensée, j'ajou-
terai toutefois qu'il est quelques passages dont j'eusse désiré une traduc-
üon, non pas plus fidèle, car le sens est toujours exact , mais plus littérale :
Pour ma part, et peut-être cette opinion personnelle de votre rapporteur
n'aura-t-elle d’autre partisan que lui, la reproduction de la pensée de
Goethe, avec les formes mêmes dans lesquelles elle .a été conçue, ne m’eût
pas paru achetée trop cher au prix même de quelques germanismes.
» M. le docteur Martins était déjà connu par plusieurs mémoires origi-
naux, justement estimés : Par son excellente traduction des OEuvres d’his-
toire naturelle de Goethe, il me paraît ne pas avoir moins bien mérité
d’une science qu’il s'apprête, en ce moment même, à servir plus activement
°nc0re par un voyage dans les régions arctiques. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE DU GLOBE, — Mémoire sur les courants périodiques occasionés
par les marées dans la Manche et la Partie méridionale de la mer du
Nord; par M. Monnier, ingénieur-hydrographe de la marine.
(Commissaires, MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Savary.)
« En 1835, M. Monnier présenta à l’Académie un Mémoire sur les
courants horizontaux qui se font sentir aux différentes périodes de l’os-
cillation verticale dans la Manche et les mers voisines. [l avait reconnu
que, dans ces parages et dans les positions éloignées de la côte, les cou-
rants de flot et de jusant acquièrent leur maximum de vitesse vers les
heures de pleine mer et de basse mer, et qu'ils s’annullent ou reversent
( 332 )
vers les heures de demi-marée. Le raisonnement Pavait conduit à penser
que ces effets devaient, jusqu’à certain point, résulter du mouvement de
transmission de la marée dans un canal à deux issues.
» Poursuivant ses recherches à ce sujet, et réunissant à ses propres
observations des renseignements puisés à différentes sources , M. Monnier
s’est appliqué à représenter sur une carte de la Manche et de la partie mé-
ridionale de la mer du Nord, tous les changements que subissent la di-
rection et la vitesse du courant lle la surface pendant les douze heures que la
mer emploie à monter et à baisser. Les navigateurs , dit-il, trouveront sur
cette carte, pour chaque localité, la durée variable de mer montante et de
mer baissante, ainsi que les établissements conclus des observations récentes
faites sur les côtes de France et d'Angleterre; ils y trouveront également un
moyen simple pour calculer l'heure de pleine mer; enfin les indications don-
nées sur lés flèches de courant compléteront les notions nécessaires pour
rectifier leur route, et la régler d’après la direction et la vitesse du courant
qu'ils connaîtront pour chaque lieu et chaque instant d’un jour déterminé.
» Dans un Mémoire joint à la carte dont nous venons de parler, M. Mon-
nier fait remarquer que les courants de la surface décrivent un cercle entier
en douze heures, dans toutes les parties de la Manche, et que leurs chan-
gements de direction s’opèrent en sens contraire près des côtes de France
et d'Angleterre, particularité qu’il attribue aux retards qu'on observe dans
les heures de reversement des courants à mesure qu’on s'éloigne de la
côte. Quant aux courants de la marée aux différentes profondeurs de la
masse liquide, leur étude à été trop négligée jusqu’à ce jour pour qu’on
puisse établir une relation entre les propriétés dont ils jouissent au fond
et à la surface. Il est très probable que ces courants ne sont pas soumis
à une loi générale, et qu’ils varient près des rivages avec les hauteurs de
la marée, la forme du fond et la profondeur de la mer. M. Monnier ap-
pelle, toutefois, l'attention sur un fait digne de remarque qu’il a constaté
par des observations citées dans son Mémoire, et aussi d’après un travail
de M. Lebeau, conducteur des travaux maritimes; il consiste en ce que
les courants de flot et de jusant se font sentir trois quarts d’heure et
même une heure plus tôt au fond qu’à la surface dans le goulet du port de
Lorient et dans la partie méridionale de la mer du Nord.
» En parlant de la hauteur de la marée, M. Monnier fait voir qu’elle se
modifie principalement avec le gisement de la côte, et que les change-
ments extraordinaires qu’elle éprouve du côté de Granville et de Bristol
sont dus à des influences locales tout-à-fait analogues. Il la mesurée,
(335)
en 1836, sur le Sandettié, à six lieues dans le nord de Calais, et l’a trou-
vée sensiblement la même que dans ce port; d’où l’on peut conclure qu'au-
delà du Sandettié, à l’ouvert de la Tamise, par exemple, les marées sont
beaucoup plus faibles qu’à la côte de Flandre, puisque leur hauteur, qui
est de 20 pieds à Calais, lors des syzygies, se réduit à 8 et 9 pieds sur les
rivages des comtés d'Essex et de Suffolk.
» Dans le bras de mer qui sépare la côte de Flandre de celle du comté
d'Essex , les eaux paraissent se mouvoir partout dans le même sens, quoi-
qu’il y ait un intervalle de quatre heures entre les moments où le même
courant finit sur chacune de ces côtes. On comprendra la manière dont
les faits s'y passent, en remarquant que l'intervalle de quatre heures est
la somme des retards qu'éprouve le reversement des courants d’une posi-
tion à la suivante, retards qui se distribuent sur une distance de 22 lieues
marines, de manière à devenir à peu près imperceptibles entre deux points
voisins, et à y faire disparaître tout changement brusque dans la direction
du courant.
» M. Monnier expose, à la fin de son Mémoire, plusieurs considérations
sur des bandes de fucus flottants qu'il a vues dans certaines parties de la
Manche et de la mer du Nord, où leur existence est en quelque sorte
permanente. Ces bandes , formées de goémons de l'espèce appelée filum ,
sont rectilignes et s’orientent dans le sens des courants principaux de la
marée; leur longueur est de 5 à 6 lieues, et leurlargeur, qui n’excède pas
200 brasses, se réduit presque partout à quelques pieds. On y trouve as-
sez fréquemment les débris des naufrages qui ont lieu loin de la côte.
Leurs fucus croissent abondamment sur les roches de la partie occidentale
de la Manche. Ils en sont détachés par le choc des vagues, et après avoir
voyagé vers l’est sous l'influence des vents dominants de la partie de
l’ouest, ils finissent par se rassembler dans les régions où le reversement
des courants paraît éprouver le plus de retard d’une position à l’autre. Il
doit, en effet, résulter de ce retard, à certaines périodes de la marée, des
courants de signes contraires, et par suite une zone de repos où viennent
se réunir les fucus et les corps flottants du voisinage. On voit également
que les lignes de fucus doivent osciller constamment entre deux zones
de repos correspondant, l’une au reversement de flot, l’autre au rever-
sement de jusant. »
C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 44.) 45
(334)
aéoLoGiEe. — Études sur la constitution géognostique des Pyrénées ; par
M. Coquano.
(Commissaires, MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont. )
Ce Mémoire est un fragment d’un travail plus étendu que l’auteur annonce
devoir présenter prochainement à l’Académie ; nous en extrayons le pas-
sage suivant, relatif à l'existence de corps organisés dans des roches con-
sidérées long-temps comme primitives.
« Il n’est plus possible de considérer les marbres statuaires des calcaires
saccharoïdes, comme des calcaires primitifs ; car dans ces formations cal-
caires que l’on a regardées mal à propos comme subordonnées aux granits,
dans plusieurs localités classiques des Pyrénées, et surtout dans les cal-
caires réputés primitifs de Couledoux , j'ai examiné et recueilli dans une
couche saccharoïde , des fossiles déterminables et un polypier radié. Ce fait
important a été, sur ma demande, vérifié et contrôlé par mon ami,
M. François , ingénieur des mines à Vicdessos. Au surplus, les calcaires
modifiés se trouvent toujours en contact avec les calcaires secondaires non
modifiés, et présentent le passage insensible de l’état saccharoïde le mieux
caractérisé, à un état terreux ou compacte.
» Les marbres blancs doivent leur éclat à la volatilisation par la chaleur
des particules bitumineuses qui colorent généralement les calcaires secon-
daires; aussi existe-t-il presque toujours entre les couches modifiées et celles
que la modification n’a pas dénaturées, une couche noire, bitumineuse et
fétide, dans laquelle se sont rassemblées toutes les particules colorantes
qui se sont dégagées du marbre blanc. Quelquefois aussi, on trouve dans
les calcaires saccharoïdes, des cristaux très brillants de graphite, qui ne
proviennent évidemment que de la transformation de ces mêmes matières
bitumineuses.
» La présence des substances cristallisées dans les calcaires modifiés
s'explique avec la plus grande facilité par l’action brûlante des granites. »
M. Coquawp adresse aussi une Notice sur l’âge géologique du gypse d'Aix.
A cette notice est joint un échantillon d’une variété remarquable de
gypse trouvée dans les marnes gypseuses de Saint-Abbitz, entre Eguilles
et Aix.
( Renvoi à la Commission désignée pour le mémoire précédent. )
(335)
ORGINOGRAPHIE VÉGÉTALE. — {Vote sur la structure des racines chez
certains végétaux dicotylédonés; par M. Decaiswe.
(Commission précédemment nommée. )
« Cette Note est destinée à servir de complément à un précédent Mé-
moire dans lequel l’auteur avait traité du développement anormal des
tiges de certains végétaux dicotylédonés, tels que les Aristoloches et les
Ménispermes. Dans cesplantes, les couches corticales ou liber sont réduites
à de simples filets qui , dans le Cocculus laurifolius , etc... ne se trouvent
point placés à la circonférence de la tige, mais bien tout auprès du centre,
et entre la première et là seconde zone ligneuse. Ayant étendu ses re-
cherches aux racines des mêmes plantes, l’auteur annonce y avoir constaté
non-seulement l'absence de couches du. libér, mais encore celle des filets
corticaux.
» Cette organisation, dit M. Decaisne, est contraire à ce qu’on savait
sur la structure de l’écorce des racines; puisqu'on la considérait générale-
ment comme identique avec celle des tiges.
» Les Ménispermées et les Aristoloches ne sont cependant pas, ajoute-t-il,
les serils végétaux sur lesquels j'ai pu constater l'absence de liber ; le Phy-
tolacca dioica et un grand nombre de plantes vivaces de notre climat nous
en fournissent aussi des exemples. Je ferai remarquer en outre que Îes fais-
ceux Jigneux des racines offrent parfois une disposition différente de celle
des tiges; leur accroissement paraît avoir lieu par le dédoublement d'un
faisceau primitif, ainsi que l’a établi M. Dutrochet.
» Je viens de dire que les racines de plusieurs végétaux dicotylédonés
ne présentaient point de fibres du liber; j'äjoute maintenant que les tiges
peuvent aussi en être dépourvues ; le Phytolacca nous offre cet exemple.
Si l’on examine les rameaux de cette plante, on voit la moelle parcourue
par six faisceaux ligneux munis de trachées et analogues à ceux décrits
dans le Nyctago par M. Mirbel. L’étui médullaire est formé par un cercle
de faisceaux ligneux semblables à ceux de la moelle; cette première couche
ligneuse donne! bientôt naissance à d’autres zones séparées par du tissu
utriculaire. Enfin, si l’on observé le parenchyme cortical herbacé qui les
recouvre, on n’y distingue aucun indice du liber. »
45.
(336)
cHimte. — Faits nouveaux pour servir à histoire de l'urine ;
par MM. Car et Henry.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze. )
« L'analyse que nous fimes l’année dernière d’une urine visqueuse ,nous
montra que cette urine différait de l’urine normale, en ce qu’elle conte-
nait une moins grande proportion d'acide lactique et d'urée. De là nous
vint la pensée d’unir directement ces deux principes pour en former un
nouveau moyen thérapeutique à essayer dans certaines affections des voies
urinaires. Nous parvinmes à ce résultat à l’aide de la double décompo-
sition : en traitant, par exemple, du lactate de chaux par de Foxalate
d'urée , nous obtinmes du lactate d'urée qui cristallise en aiguilles pris-
matiques d’une grande blancheur, et possède des caractères chimiques
très distincts.
» Nous recherchâmes alors si ce lactate n’existait pas tout formé dans
l'urine, et si ce n'était point à cette cause qu'était due la difficulté d’en
séparer l’urée sans l'intermédiaire de l'acide nitrique. Nos prévisions se
réalisèrent encore. Après avoir isolé de l'urine l’acide lactique libre, par
un excès d’hydrate de zinc, nous obtinmes du lactate durée naturel, eris-
tallisé et parfaitement identique avec ce sel préparé directement.
» Les sels durée, jusqu’à présent assez difficiles à obtenir, sont de-
venus pour nous d’une préparation fort simple, à l’aide de la double
décomposition ; ainsi nous les obtenons très facilement aujourd'hui, cris-
tallisés, doués de propriétés caractéristiques, et l’on en retire l’urée de
manière à prouver que ces sels n'étaient nullement des sels ammonia-
caux, et à donner à l’urée elle-même une place réelle parmi les bases
organiques.
» L’acide lactique qui joue un si grand rôle dans l’économie , et se re-
trouve dans tous les fluides animaux, dans toutes les sécrétions, pa-
rait les abandonner sous l'influence de certaines causes morbides. Aussi-
tôt ces liquides se troublent, s'épaississent, et dès lors apparaissent les
concrétions, les calculs; la plupart formés de phosphates terreux ou alca-
lins, et qui, en effet, seraient solubles dans l'acide lactique, si cet acide
existait en quantité suffisante dans les fluides de l’organisme.
» L'emploi de l'acide lactique, déjà essayé sous ce point de vue, ne
s'est point assez propagé, à cause de la difficulté de sa préparation ;
\
nous avons réussi à l'obtenir plus facilement et à meilleurs prix. Ses
(337)
propriétés thérapeutiques ; ainsi que l'emploi du lactate et des autres sels
d'urée, sont en ce moment l’objet de quelques recherches d'applications,
dont nous espérons rendre bientôt compte à l’Académie. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — ÎVouvelles recherches sur la nature et le traitement
de la maladie connue sous le nom de Diabète; par M. Boucarpar.
(Commissaires, MM. Magendie , Robiquet, Pelouze.)
L'auteur résume dans les termes suivants les résultats auxquels il a été
conduit dans ses recherches :
« 1°. La quantité de sucre contenue dans les urines diabétiques est en
raison directe du pain, ou des substances sucrées ou féculentes dont le
malade se nourrit.
» 2°. Tous les malades affectés de diabète ont un goùt prononcé pour le
pain, ou pour le sucre, ou pour les aliments féculents.
» 3°. La soif des malades est en raison directe de la quantité de pain ou
de substances sucrées ou féculentes qu’ils mangent. Pour une livre de fé-
cule , ils boivent à peu près 10 livres d’eau ; c’est environ la quantité d’eau
nécessaire pour que la transformation de la fécule en sucre, sous l’in-
fluence de la diastase , soit complète.
» 4°. Chez les malades diabétiques, il s'opère une transformation tout-à-
fait comparable à celle que nous pouvons reproduire dans nos labora-
toires, en mettant la fécule en contact avec la diastase dans des circons-
tances convenables.
» 5°. La diastase n’est pas la seule matière qui transforme la fécule en
sucre; la levüre, la pressure, le gluten, l’albumine et la fibrine altérés
ont une action parfaitement analogue, et ces substances peuvent accom-
pagner la fécule dans l'estomac.
» 6°. J'ai obtenu les deux espèces de sucre de diabète signalées par les
chimistes; toutes deux ont une composition tout-à-fait semblable à celle
du sucre de fécule. La première est identique avec lui, la seconde est re-
marquable par sa complète insipidité; du reste elle a tous les caractères
physiques et chimiques du sucre de fécule.
» 7°. La variété insipide bouillie avec l’acide sulfurique étendu se trans-
forme en sucre sapide.
» 8. Il suffit pour guérir les malades diabétiques de supprimer presque
complétement les boissons et les aliments sucrés ou féculents qu'ils pre-
naient auparavant; après douze heures la soif s’apaise , les urines revien-
(338)
nent peu à peu à l'état normal, l'appétit se restreint dans ses limites or-
dinaires, et le malade se rétablit. »
cumtE ORGANIQUE. — Sur la composition de la Salicine et sur quelques-unes
de ses réactions ; par M. RAFAEL Prria.
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.)
L'auteur a fait, outre l'analyse de la salicine, celle de sa combinaison
avec l’oxide de plomb. Il a étudié l’action du chlore et du brome sur ce
corps, et analysé les produits qui en résultent.
Il a de même étudié et analysé une matière résineuse et une matière
sucrée qui se développent par l’action des acides faibles sur la salicine.
Voici les formules qu'il a trouvées pour ces différents corps :
C#H2f O9................ salicine anhydre,
C#H°4 O3 + 2H°0.......,. salicine hydratée,
C#H2# Os + 3P4O......,:. salicinate de plomb,
C#H:4 CAO"... +4...se. Produit de l’action du chlore,
C#H: Br05...,,..,..... Produit de l’action du brome.
Quant aux deux produits résultant de l'action des acides produits,
'ayteur, qui n’en donne pas encore la formule atomique, leur a trouvé la
composition suivante :
Matière résinoïde,
Carbone......,... AU EU E
Hydrogène........... 5,75
Oxigène...,......... 21,30
100,00
Matière suerée.
Carbone......... se. 49,17
Hydrogène........... 4,85
Oxigène. . soso... 45,98
100,00
PAYSIOLOGIE. — Applications des sciences accessoires à la physiologie
générale ; par MM. SarRus et RAMEAUX.
(Commissaires, MM. Poisson, Dulong, Magendie ).
« Dans ce travail, disent les auteurs, nous avons cherché à déterminer
les volumes relatifs des organes respiratoires et circulatoires , ainsi que
( 339 )
les lois de l’activité fonctionnelle de ces mêmes organes chez les animaux
d’une même espèce et ne différant que par les dimensions... On verra que
nous sommes arrivés à des formules qui nous permettent de calculer ap-
proximativement le volume des poumons et le nombre des inspirations,
le volume du cœur et le nombre de ses battements dans un animal d’une
espèce déterminée, lorsque nous connaissons ces mêmes choses chez un
autre animal de la même espèce, et lorsqu'en même temps les dimensions
respectives des deux individus nous sont données. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Encre de sûreté; modification de la formule proposée
par la Commission de l'Académie; Note de M. Laner-Limencery.
(Renvoi à l’ancienne Commission des encres de sûreté, )
Ja formule proposée par M. Lanet est la suivante :
Eau..............,...... 308,592
Encre de la Chine........ 1 ,912
Lessive de potasse......... 1 ,222
Oxide de sodium.......... o ,425.
« Le mélange de potasse et d’oxide de sodium laisse, dit l’auteur , au
tracé d’encre une disposition hygrométrique qui agit lorsqu'on mouille la
partie d'écriture qu’on voudrait effacer. Alors les caractères , en absorbant
le liquide, s’impriment plus profondément, et le grattage même ne peut
plus les enlever, à moins que le papier ne soit fort épais. »
A la note "de M. Lanet sont joints divers documents relatifs aux es-
sais qui ont été faits avec l’encre composée d'après la nouvelle formule.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un nouvel instrument d'ar-
pentage donnant par une seule opération la mesure d'un angle à une
seconde pres ; par M. Dumowr.
(Commissaires, MM. Mathieu , Puissant, Gambey.)
4
INSTRUMENTS DE PHYSIQUE. — Baro-thermomètre, instrument destiné à
donner à la fois la mesure de la pression atmosphérique. et de la tem-
pérature; présenté par M. Bopeur.
L'instrument et la notice explicative qui l'accompagne, sont renvoyés
à l'examen d’une Commission composée de MM. Gay-Lussac, Arago,
Dulong.
( 34o )
ménecine. — Observation sur les propriétés vénéneuses de lAtractylis
gummifera ; par M. Bouros, médecin de l'Hôpital civil d'Athènes.
(Commissaires , MM. Serres , Roux. )
Cette note a rapport à six cas d'empoisonnement , dont quatre suivis
de la mort, chez des enfants qui avaient mâché des racines de l’Atractylis
gummifera.
M. Moxnière, qui a présenté pour le concours aux prix de médecine etde
chirurgie, fondation Montyon, un mémoire sur le traitement de la dyssen-
terie par l'albumine donnée en boissons et en lavements, indique , confor-
mément à une condition établie par l'Académie touchant les pièces adres-
sées pour ce concours, ce qu'il considère comme étant neuf dans son travail.
( Renvoi à la Commission des prix de médecine Montyon.)
M. Vazzar adresse divers documents ayant pour objet de prouver les
applications utiles de son Appareil de sauvetage pour les mineurs blessés.
(Renvoi à la Commission des arts insalubres. )
Un Mémoire sur les Moyens de prévenir les explosions des machines
à vapeur ne peut, conformément aux usages de l’Académie, être ren-
voyé à l'examen d’une Commission, l’auteur n'ayant pas fait connaître
son nom.
CORRESPONDANCE.
M. Lirrrow, nommé correspondant de la section d’Astronomie, adresse
ses remerciments à l’Académie.
M. LareweL prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur son
nouveau système de courbes pour les chemins de fer.
M. Levmerie écrit que dans plusieurs Mémoires qu'il a successivement
présentés à l’Académie, il s’est occupé de la Question des effets du dé-
boisement considérés sous le rapport hygiénique ; ces Mémoires ne pa-
raissant pas devoir être l’objet d’un rapport, l’auteur demande qu'ils
soient replacés au secrétariat.
M. Mercier demande à reprendre divers Tableaux et Mémoires, relatifs
(341)
à la statistique de la France et de ses colonies qu’il avait présentés au con-
cours pour l’année 1836.
La section de Statistique aura à se prononcer sur cette demande.
Deux lettres adressées par MM. Amgroïse et JAM1IN sont écartées comme
n'ayant aucun rapport aux objets dont s'occupe l’Académie.
M. Juxop adresse un paquet cacheté.
M. De Srainc adresse un paquet cacheté relatif à une pompe à feu de
nouvelle invention.
Le dépôt de ces deux paquets est accepté.
À quatre heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. A.
Erratum. (Séance du 5 mars.)
Bulletin bibliographique, page 306, ligne 16, Philippodendrum , nouveau genre de
planches, lisez nouveau genre de plante
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences; 1838, 1° semestre, n° 10, in-/°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et ARAGo,
tome 66, septembre et octobre 1837, in-8°.
Annales des Sciences naturelles, par MM. Aupoux, Mixe Enwaxps,
BronenrarT et Guicremin ; septembre 1857, in-8°.
Rapport fait à la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale,
au nom du comité des arts chimiques , par M. Dumas , sur divers sujets de
prix à proposer pour encourager la fabrication du sucre de betteraves, in-4°.
Statistique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, avec une carte, par
M. Moreau DE Jonnës, tome 2, in-8°.
Traité de Diagnostic et de Séméiologie ; par M. Prorry, tome 3, in-8°.
Species général et Iconographie des coquilles vivantes ; par M. L.-C.
Kiener, 24° livraison in-4°.
Histoire naturelle des végétaux phanérogames; par L.-E. Sracu. (Nou-
velles suites à Buffon, tome 6; 9° et 10° livraison de planches), in-8°.
C. R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 44.) 46
(34)
Prix proposé par la Société des Sciences et des Lettres de Blois, pro-
gramme in-4°.
Annales maritimes et coloniales; par MM. Buor et Porrrée, 23° année,
février 1838, in-8°.
Actes de lu Société linnéenne de Bordeaux; tome 9, 15 décembre 1837,
in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ,
8° année, février 1838, in-8°.
De l'antiquité relative des terrains de Béziers et de Pézénas; par M. Rx-
BOUL , In-8°.
Considérations sur la Brenne; par M. De ra Trawsrais; Châteauroux ,
in-8°.
Instruction sur l'analyse des corps organiques; par M. A. Lim,
traduit de l'allemand par M. A. Scnmersaz, in-8°.
Specimen medicum inaugurale de phloridzine ; par M. A.-A.-A. Bar-
niG ; Leyde, 1837, in-8°.
Proceedings. ... Procès-Verbaux de la Société géologique de Londres,
vol. 2, n° 53, 16 décembre 1837—3 janvier 1838.
The annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ;
mars 1838, in-8°.
The nautical Magazine ; mars 1838, in-8°.
Piorry’s Diagnostik.... Traité de Diagnostic et de Séméiotique ; par
M. le docteur Prorry ; traduit en allemand, par le docteur G. Krurr ;
1°" volume, livraison 1—4, Leipzig, in-8°.
Piorry über.... des Névralgies et de leur traitement ; par M. Piorry,
traduit par le docteur G. Krupp, in-8°. cd
Die hypostatische.... De la Pneumonie hypostatique ; par le docteur
Piorry, traduit en allemand par M. G, Krurp, in-8e.
Beitrag.... Essai sur l'anatomie microscopique des nerfs; par M. E.
Boroacn ; Konigsberg, in-4°, 1837.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ,
5° année , février 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 10, in-4°.
Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°28—530, in-4°.
L’'Expérience , journal de Médecine , n° 26, in-8°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° get 10, in-4°.
La Phrénologie, Journal, n° 34.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 MARS 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. ses ri
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
Cette séance ayant été en grande partie remplie par la lecture de rap-
ports demandés par le Gouvernement, M. Biot a lu la note suivante, indi-
quant le titre et l’objet d’un Mémoire qu'il se propose de présenter à
l'Académie lorsque la parole pourra lui être accordée.
PUYSIQUE MATHÉMATIQUE, — Sur la vraie constitution Physique de l'atmosphère
terrestre, déduite de l'expérience ; avec ses applications à la mesure des
hauteurs par les observations barométriques , et au calcul des réfrac-
äons ; par M. Bior.
« Je me propose de montrer, dans ce Mémoire, que la vraie constitu-
tion physique de l'atmosphère terrestre peut se détérminer par un mode
d'expérience direct dont il existe déjà des exemples que j'emploierai à cet
usage. Je ferai voir, ensuite, que cette constitution étant ainsi établie,
comme elle peut l’être par des expériences de ce genre suffisamment réi-
térées, on en déduit rigoureusement les données réelles, nécessaires au
calcul des réfractions , ainsi que la formule barométrique exacte, avec tous
les éléments variables qui entrent dans sa composition. »
CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 19.) A7
( 344.)
M. fLourens fait hommage à l’Académie d’un article qu'il vient de
publier dans le Journal des Savans , sous le titre d'Analyse d'un ouvrage
manuscrit intitulé : « Traité du Corail, contenant les nouvelles décou-
» vertes qu’on a faites sur le corail, les pores, les madrépores , escharas,
» lithophytons, éponges et autres corps et productions que la mer four-
» nf, pour servir à Fhistoire naturelle de Ja mer; par Peyssonnel. »
Cet ouvrage manuscrit, dit M. Flourens, est de 1744, et contient l’en-
semble des recherches de Peyssonnel sur les corps marins, pris jusqu’à
lui pour des plantes , et qu’il démontra le premier n’être que le produit de
véritables animaux de l’ordre des Zoophytes : découverte qui a eu pour
résultat de faire passer toute une classe d'êtres d'un règne dans l’autre, et
qui, à l’époque où Peyssonnel l'annonca, parut si étonnante, que Réaumur,
chargé de la communiquer à l'Académie, crut devoir, comme chacun sait,
ne pas nommer l’auteur, par ménagement.
M. Georrroy Saint-HiLaire présente une brochure intitulée : Votice
historique sur Bufjon. Études sur sa vie, ses ouvrages et ses doc-
trines.
RAPPORTS.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — {nstructions pour la Commission chargée de
l'exploration scientifique de l'Algérie.
L'Académie a entendu trois des Rapports dont se composeront les
Instructions demandées par M. le Ministre de la Guerre, savoir : pour la
partie zoologique ; le rapport de M. Duméril; pour la partie botanique,
celui de M. Adolphe Brongniart; pour la partie géologique , enfin, celui de
M. Élie de Beaumont. L’impression de ces Rapports et des observations
auxquelles ils ont donné lieu, est ajournée jusqn'au moment où l’Aca-
démie aura pris connaissance de l’ensemble de ces Instructions.
BCONOMIE RURALE. — Rapport sur un Mémoire de M. Paye, intitulé :
Phénomènes résultant de la congélation des pommes de terre.
(Commissaires, MM. Turpin, Dutrochet rapporteur.)
« Les pommes de terre gelées sont généralement, après le dégel, re-
jetées comme tout-à-fait impropres à servir de nourriture même aux bes-
tiaux : elles ont acquis une saveur âcre, et les fabricants de fécule ont
appris par expérience qu’elles ne fournissent plus que 3 ou 4 pour cent
de fécule au lieu de 16 à 17 pour cent qu’elles rendent dans l’état sain.
(345)
‘M. Payen a entrepris de rechercher la cause de €e phénomène. On pouvait
penser que par l'effet du dégel il y aurait eu une altération dé l'amidon,
altération par suite de laquelle cette substance auraït été rendué soluble.
Mais M. Payen s’est assuré, par des expériénices exactes ét positives, que
les pommes de térre dégelées et les pommés de terre saines de la même
variété contenaient exactement la même proportion de matières solubles
‘et insolublés. Ainsi la fécule qui existait dans la pomme dé terré avant sa
congélation devait s'y retrouver tout eñtière après son dégel, ét dès-lors
M. Paÿen soupçonna que le défaut de rendement de fécüle par les pom-
mes de terre dégelées tenait à quelque obstacle mécanique qui s’opposait à
l'extraction et à l'isolement de cette substance. Cette prévision fut con fir-
mée par l'observation microscopique du tissu de la pomme de terre dége-
lée et soumise à l’action de la râpe. On sait que la fécule est conténue dans
des cellules ou utricules du ,parenchyme de la pomme de terre: là râpe
en déchirant ces utricules met en liberté la fécule qu’elles contiennént. On
sent que pour que cette déchirure des utricules ait lieu sous l’action des
dents de la râpe, il faut que ces utricules soient fixées solidément dans le
tissu qu'elles forment par leur assemblage, sans quoi éllés seraient entraï-
nées dans leur -entier -et sans déchirure par les dents de la râpé, et la fé-
-cule qu’elles centiennent ne pourrait sortir de leur intérieur. Or, M. Payen
a découvert que tel est l'effet que produit sur les pommes de térre l’ac-
tion successive de la gelée et du dégel. Alors les utriculés composantes du
tissu de la pomme de terre sont détachées les unes des autres, au lieu
d’être fortement collées ensemble, ainsi que cela a lièu dans l'état sain;
dés lors, l'action de la râpe cesse de déchirer la majeure partie de ces
utricules qui sont entraînées dans leur entier par les dents de cet instru-
ment, ne laissant point ainsi échapper la fécule qu’elles contiennent. Les
utricules très peu nombreuses déchirées dans cette opération fournissent
la petite quantité de fécule observée par les fabricants, quantité qui ne
s'élève guère qu’à trois pour cent. La majeuré pañtié de la féculé reste
ainsi dans la pulpe qui est destinée à être rejetée.
» M. Payen a imcidemment été porté à observer les différentes pro-
portions de fécule que présente la pomme de terre dans ses diverses par-
ties. Il a vu que la moindre quantité de fécule sé trouve dans la partie du
parenchymie qui est la plus centrale et qui ést séparée par üne rangée cir-
culaire de fibres de Ia partie plus éxtériéure dé ce méme parenchyrme et qui
constitue véritablement l'écorce du tubéréule, lequel est, commie on sait,
une tige souterraine et renflée. Cette couché cotticale abondänté en fé-
47.
( 346 )
cule est séparée de l’épiderme par un tissu plus mince qui est la me-
dulle corticale. Ce tissu est presque exclusivement le réceptacle de la
matiere âcre et vireuse, et il est entièrement privé de fécule.
» D’après ces observations, M. Payen a pu déterminer la cause de Ja
saveur âcre et vireuse qui se manifeste dans les pommes de terre dé-
gelées. Dans l’état naturel, la substance âcre et vireuse contenue dans
la médulle corticale de la pomme de terre ne se mêle point aux liquides
qui existent dans l'intérieur du parenchyme de ce tubercule ; mais la gelée
ayant dissocié les utricules de ce parenchyme, les liquides extravasés se
répandent partout dans leurs intervalles, et la substance âcre et vireuse
dissoute par eux participe à cette diffusion générale. C’est un effet phy-
sique de la tendance qu'ont les liquides mis en contact à se méler.
» Partant de ces diverses observations, M. Payen recherche ensuite les
moyens de tirer parti des pommes de terre gelées. Comme ces tubercules
n'ont rien perdu de leur fécule, ils devront conserver, lors du dégel, toutes
leurs propriétés alimentaires, en les faisant promptement sécher après les
avoir convenablement préparés pour faciliter la dessiccation. M. d’Or-
bigny à dit à l’auteur que ce moyen de conservation des pommes de terre
comme aliment est employé par les Péruviens. Ils font geler ces tuber-
cules sur les montagnes élevées, puis ils les descendent dans les vallées
où la chaleur les dessèche rapidement. Dans cet état de dessiccation ils
conservent indéfiniment leurs propriétés alimentaires.
» Dans le cours de ces recherches M. Payen a été à même de faire une
observation qui prouve l'insolubilité complète de l’amidon dans l’eau
froide. Les pommes de terre durcies par la gelée étant broyées dans un
mortier, leur pulpe, observée au microscope , a offert beaucoup de
grains de fécule qui étaient déchirés, en sorte que leur substance inté-
rieure était mise à nu. Or, l’eau dans laquelle ces grains de fécule déchirés
étaient plongés, n’avait pas dissous un atome d’amidon, car elle ne fut
point colorée par l’iode qui colora seulement les grains de fécule.
Conclusions.
» Le Mémoire de M. Payen offre des résultats intéressants en apprenant
quel est l'emploi utile que l’on peut faire des pommes de terre gelées que,
jusqu'ici, on rejetait généralement comme étant tout-à-fait impropres à la
nourriture de l’homme et des animaux. C’est un service rendu aux arts
économiques. Les aperçus scientifiques qui, dans le cours de ces recher-
ches, se sont présentés incidemment à M. Payen, offrent aussi de l'intérêt ;
UT
à ces titres son Mémoire nous paraît très digne de l'approbation de
l'Académie. » ;
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
BOTANIQUE. — Rapport verbal sur la seconde partie de la botanique du
voyage de M. CaarLes BÉLANGER aux Indes- Orientales.
(M. Mirbel, rapporteur. )
« Lorsqu'en jauvier 1825, M. Bélanger quitta Paris pour se rendre
par terre à Pondichéry, en traversant la Russie méridionale , le Caucase
et la Perse, on dut croire que ce long et pénible voyage ne serait pas
sans profit pour l’histoire naturelle. Cet espoir s’est réalisé. Indépendam-
ment de la relation historique qui s’avance, l'auteur a déjà publié 8 li-
vraisons de zoologie et 4 de botanique. C’est uniquement sur la seconde
partie de cette dernière branche de l’histoire naturelle que je dois attirer
l'attention de l’Académie. Elle comprend les espèces nouvelles qui ren-
trent dans la cryptogamie du système linnéen ou dans les acotylées des
familles naturelles.
» M. Bélanger a restreint son travail aux Mousses , aux Hépatiques et aux
Lichens. 11 aurait pu s'occuper également des autres familles acotylées,
mais il a compris que l'intérét de la science exigeait une prompte pu-
blication, et il s’est associé notre savant confrère M. Bory de Saint-Vin-
cent, qui, comme tout le monde sait, a fait une profonde étude de la cryp-
togamie, et un autre très habile observateur, M. le docteur Montagne.
Celui-ci s'est chargé de décrire les Champignons; M. Bory s’est réservé
les Fougères et les Algues.
» Je vais indiquer sommairement les conquêtes que la cryptogamie doit
au zèle éclairé de M. Bélanger. A l'exemple de ce savant, je commencerai
par les plantes dont l’organisation offre le plus de ressemblance avec les
Monocotylées , et je finirai par celles qui, à raison de l'extrême simpli-
cité de leur structure, s’en éloignent davantage.
» Sur deux cent onze espèces de Fougères cinquante-deux sont nou-
velles. Toutes celles-ci ont été caractérisées et décrites par M. Bory; maïs
onze seulement ont été dessinées et gravées.
» De ces Fougères trois sont propres à la côte de Malabar et aux forêts
de Dendigal, quatre à celle du Pégu, dix-huit à l’île de Java, six à l'ile de
Bourbon, trois à l’île de France, une à la Perse , une à Sainte-Hélène , une
(348)
aux Gates occidentales, et une au Mysore. Cinq sont communes aux îles
de France et de Bourbon, et une aux forêts de Dendigal et à File de
France.
» Les mousses, au nombre de trente-huit, ont offert à M. Bélanger dix
espèces nouvelles dont huit ont été figurées dans l’atlas. Ces espèces sont
originaires dé la péninsulé indienne, de Java et de Bourbon.
» Dans le cours de ses nombreuses herborisations, M. Bélanger n’a
recueilli que douze espèces d'Hépatique, et parmi elles une seule, trouvée
sur la montagne du Ponce, à l'ile de France, était ignorée des botanistes.
Elle a été dédiée par M. Lehmann à notre savant compatriote, et celui-ci
l'a décrite et en a donné une bonne figure.
» La récolte des Lichens a été beaucoup plus abondante que celle des
Hépatiques. Quatre-vingt neuf espèces sont indiquées dans l'ouvrage. Neuf
d’entre elles n'avaient pas encore été observées, et, sur celles-ci, l’auteur
n’a pu en décrire et faire figurer que sept, savoir : un Rocella , plante
tinctoriale découverte sur les rameaux du Mangifera indica; deux Par-
melia; dont un, le Pedicellata est fort remarquable; un Gyalecta, un
Collema, deux Graphis, un Thelotrema, et un V’errucuria. M. Bélanger,
au moyen d’une anatomie très délicate, est parvenu à nous donner quel-
ques notions sur la structure de ces cryptogames dont l'étude est si diffi-
cile, et il a fait dessiner et graver avec un soin particulier tous les détails
de ses observations.
» Cinquante-sept espèces d’Algues, la plupart originaires de la péninsule
indienne et du Cap de Bonne-Espérance, ont été soumises à l'examen de
M. Bory. Cet habile cryptogamiste a constaté que huit espèces étaient nou-
velles, et que l’une d’elles était le type d’un nouveau genre qu'il a nommé
Dyctiurus. Ce genre se rapproche, non par sa forme, mais par sa couleur
et ses caractères organiques, du plus beau genre des Floridées, du Clau-
dea de Lamouroux. M. Bory ne s’est pas borné à décrire des espèces nou-
velles, il a donné deux excellents dessins, l’un du Dyctiurus , l'autre
d’une tres belle espèce de Darwsonia.
» On sait combien il est difficile, durant un long voyage, où l’on n'a
pas sous la main tous les moyens nécessaires de conservation, de rapporter
intactes des espèces de la famille des Champignons. Cependant la collec-
tion de M. Bélanger en renferme seize espèces en bon état. Elles provien-
nent de la péninsule indienne, de Java et des iles de France et de Bour-
bon. Six étaient inconnues : elles ont été décrites par M. Montagne. Quatre
ont été figurées.
( 349 )
» Une singulière production végétale dont Swartz faisait un Telephora,
et qui appartient à la nouvelle famille des Byssacées, laquelle prend place
entre les familles des Lichens et des Champignons, a fourni à M, Montagne
l’occasion de modifier un nouveau genre du professeur Nees.
» En résumé, la totalité des plantes acotylées rapportées par M. Bélanger
se monte à quatre cent seize espèces, dont quatre-vingt-quatre viennent
grossir le catalogue des espèces qui nous sont connues. L’énumération
et la description de ces plantes composent, ainsi que je l’ai dit, la seconde
partie de la botanique de l'ouvrage. Elle est accompagnée d’un atlas de
seize très belles planches qui, non-seulement offrent la représentation
exacte de la plupart des espèces nouvelles dans leur ensemble, mais en-
core donnent de nombreux détails d'analyses microscopiques toutes les
fois qu'ils sont nécessaires. Ce travail ne peut qu'accroître la bonne opi-
nion qu’on avait conçue de Ja publication du Voyage de M. Bélanger. »
Z00LOGIE. — Rapport verbal sur le second volume de l'ouvrage de
M. Lacorpare, intitulé : « Introduction à l’Entomologie. »
(M. Duméril rapporteur.)
« J'ai été chargé, il y a trois ans, de rendre compte à l'Académie du
premier volume d’un ouvrage qui a pour titre ; Zntroduction à l'Ento-
mologie, par M. Lacorpaire, actuellement professeur de zoologie à l’Uni-
versité de Liége. Le second volume qui vient de paraître, et dont l'auteur
vous 2 fait l'hommage, est, comme Je premier, uniquement consacré à
des considérations générales sur l’histoire des insectes, et accompagné éga-
lement de douze planches gravées sur acier.
» Les premiers chapitres faisaient connaître l’histoire de ces petits ani-
maux depuis le moment de leur sortie de l'œuf » jusqu’à celui où ils ces-
sent d'exister sous la dernière forme qu’ils ont prise. Dans ceux qui
terminent l'ouvrage, avec le second volume,. se trouvent réunis, dans un
ordre méthodique, et avec les détails les plus importants, les résultats gé-
néraux des observations faites sur la structure des divers organes et les _
fonctions qu'ils sont destinés à remplir.
» L’excellente méthode d'exposition que l'auteur a adoptée lui a fourni
l’occasion de relater et de rapprocher dans un ordre parfait les détails les
plus curieux que présente l'Histoire des insectes, quand on à étudié leur
organisation intérieure, lorsqu'on la voit constamment modifiée par leur
( 350 )
conformation extérieure et toujours en rapport avec les admirables variétés
de leurs mœurs.
» Six chapitres principaux composent et terminent cette seconde partie
de l'ouvrage. 11 nous suffira d'indiquer leurs titres pour donner une idée
du grand nombre des détails qu'ils doivent contenir, et qu’on y trouve en
effet exposés de la manière la plus claire et rassemblés avec tant de mé-
thode, que chacun de ces chapitres devient un abrégé qu’on pourrait à
bon droit indiquer comme la philosophie de la science. Tous ces faits
étaient connus, il est vrai, ils avaient été observés; mais ils étaient dis-
séminés dans un grand nombre de livres et de mémoires où l’auteur a eu
le talent et la patience d’aller les retrouver pour les réunir et en former
un tout qui présente ainsi le plus grand intérêt. Il indique partout les sources
où il a puisé et les ouvrages dont il a emprunté les figures; mais la liste
en serait trop nombreuse pour que nous puissions l'indiquer.
» Cependant nous citerons parmi les ouvrages anglais ceux de MM. Spence
et Kirby, et un très grand nombre d'ouvrages allemands, et parmi ceux
qui sont écrits en français les Mémoires de Réaumur, de Lyonnet, de
Degeer, de MM. Léon Dufour et Strauss. Il en a malheureusement oublié
plusieurs dont il a profité, parce qu'ils avaient été connus par les étrangers
chez lesquels il est évident qu'il a principalement puisé son érudition.
» Les organes et les fonctions principales que l’auteur examine succes-
sivement sont d’abord ceux de la nutrition, tels que le tube digestif, les
systèmes circulatoire et respiratoire, les sécrétions, et des considérations
générales sur les modifications qu’éprouve cette fonction physiologique.
Ce n’est pas une simple et stérile description de la forme et de la structure
des organes; leurs actions vitales sont exposées avec clarté et en appré-
ciant constamment le but présumable des variations qu’elles ont subies. On
trouve indiqués dans ce chapitre les métamorphoses ou les changements
qu'éprouve le canal digestif chez les individus qui se nourrissent de ma-
tières animales et végétales, douées ou privées de la vie, puis ceux des
organes qui mettent les humeurs en rapport avec le fluide ambiant, ceux
qui sont destinés à les transporter dans les divers tissus pour en extraire
la graisse, la soie, la cire, la matière glauque ou efflorescente, la laque,
le miel, la miellée, les acides, les divers venins portés ou insérés par les
aiguillons, les tarrières, les trompes des réduves, des cousins; les humeurs
odorantes, aromatiques, fétides, la matière phosphorescente. Telles sont
encore les considérations générales sur le jeûne ou la diète que peuvent
supporter les insectes, l’engourdissement, l’hybernation, la température,
( 35x )
le développement de la matière de la chaleur, la résistance que les insectes
opposent au froid, au chaud, etc., enfin tous les faits principaux, les
expériences importantes se trouvent là consignées, réunies et indiquées
dans leur source, d’une manière toujours précise.
» Il en est de même des fonctions de relation , tels que le système: ner-
veux, les sens, les organes du mouvement et leurs divers modes, les
bruits que font les insectes pour s’attirer ou se fuir à l’aide du mécanisme
et du jeu varié des instruments qui servent à les produire.
» Un chapitre fait connaître les divers modes de la faculté reproductrice
et les modifications qu'ont éprouvées les mâles et les femelles dans leurs
formes générales , et dans celles des parties internes et externes qui per-
mettent ou facilitent le rapprochement des sexes, ainsi que les anomalies
offertes dans plusieurs races.
» L’instinct'et l'intelligence des insectes pour la conservation des indi-
vidus et celle de leur race offrent un grand intérêt par le rapprochement
des faits, surtout l’histoire des sociétés qui se réunissent pour travailler
en commun sous une sorte de gouvernement :gynocratique.
» Tous les détails-relatifs à la géographie des insectes; tels que l’inflaence
des circonstances extérieures sur les diverses races, leurs stations, les
époques variées de leur apparition, suivant les saisons et les climats, leur
habitation et leur distribution dans les diverses régions du globe.
» Enfin, l’histoire de l’entomologie ou de la connaissance des insectes,
divisée par époques; mais elle est trop suctincte, et par cela même in-
complète.
» Voilà, bien en abrégé, l’idée de l'ensemble de louvrage que nous
étions chargés de vous faire connaître ; nous ne devons pas vous le dissi-
muler, l'auteur a peu observé par lui-même; il a même commis quelques
erreurs ; mais il a fait un livre fondamental pour l2 science et qui lui fera
beaucoup d'honneur par le talent réel qu’il a développé dans le rapproche-
ment des faits ; et par la méthode et l’art avec lesquels il a rédigé ce travail
qui remplit parfaitement son but, qui était de faire une introduction à
l'étude de l’histoire des insectes. »
C, R. 1838, 127 Semestre. (T. VI, N° 42.) 48
(352 ) (ba
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PALÉONTOLOGrE. — Observations sur les ruminants fossiles des terrains
tertiaires sous-pyrénéens ; par M. LarTeT.
(Commission précédemment nommée.)
A ce Mémoire est jointe la lettre suivante, adressée à M. Flourens :
« Le Muséum a dû recevoir, il y a environ un mois, quatre caisses
d'ossements fossiles dont le contenu était détaillé dans une lettre adressée
à M. de Blainville.
» Je compte expédier, un de ces jours prochains, à même destination,
un autre envoi composé aussi de plusieurs caisses, outre des ossements
de Mastodontes , Rhinocéros, Paleotherium, Anoplotherium, ruminants
de plusieurs genres, carnassiers, etc.; On y remarquera :
» Quelques pièces nouvelles se rapportant au Macrotherium (grand
édenté );
» Plusieurs os des extrémités du grand carnassier à molaires de chien
(Amphicyon); ces morceaux, joints à ceux que possède déjà le Muséum,
suffiront , je pense, pour donner une idée assez complète des formes os-
téologiques toutes particulières des membres de cet animal;
» Une grande défense (4 pouces de largeur moyenne) plate et aiguisée
en biseau à son extrémité. Sa forme est la même que celle de deux autres
défenses beaucoup moins volumineuses que renfermait mon dernier en-
voi, et que je donnais, avec quelque doute cependant, pour des incisives
inférieures d’une espèce de Mastodonte,
» Enfin , j'ai aussi la satisfaction de pouvoir vous annoncer la découverte
d'une nouvelle demi-mâchoire de singe fossile : les quatre molaires que
porte encore ce morceau sont de forme semblable à celles de la mâchoire
présentée l’année dernière à l'Académie; elles occupent, ce me semble,
un peu moins d'espace, et, du reste, l'intégralité de leur couronne indique
aussi qu’elles ont appartenu à un individu plus jeune.
» J'avais adressé, il y a plusieurs mois, à l’Académie, des considérations
sur la dentition de nos ruminants fossiles qui m'avait paru différer, dans
quelques circonstances de son développement progressif, de ce qui à lieu
présentement dans les espèces vivantes ;
(353)
» J'avais également, à propos des rapports que certaines de nos espèces
fossiles ont avec les cerfs, envisagé comme très probable la persistance
de leur bois et l’invariabilité de ses formes.
» Ces assertions n'ayant pas paru à M. de Blainville suffisamment justi-
fiées, ainsi que cela résulte de son rapport du 18 septembre dernier, je
me suis depuis lors occupé sans relâche de rechercher tout ce qui pour-
rait éclairer ces questions, et j'ai été assez heureux pour pouvoir recueillir
un certain nombre de morceaux qui ont confirmé mes premières con-
jectures.
» Je prendrai donc la liberté de soumettre à l'Académie de nouvelles
observations à ce sujet, et » cette fois, mes déductions seront appuyées
de pièces justificatives qui ne laisseront plus, je l’espère, aucun doute
sur la réalité des faits que j'avais avancés.
» Je place dans la boîte, avec les autres pieces, la demi-mâchoire de
singe et une mâchoire d’un très petit rongeur. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Mémoire sur.quelques azotures nouveaux et sur l'état
de l'azote dans plusieurs combinaisons ; par M. Mirron.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas, Pelouze.)
Ce Mémoire est divisé en deux parties ; dans la première l’auteur expose
des expériences qui le conduisent aux conclusions suivantes :
» 1°. Le brome, le cyanogène et le sulfo-cyanogène forment avec l’a-
zote des combinaisons analogues à celles que forment l’iode et le chlore;
» 2°, Ces combinaisons ne sont point formées simplement de chlore,
de brôme ou d’iode et d’azote, mais encore d’'ammoniaque;
» 3°. L’azote et lammoniaque ne semblent point s’y trouver dans des
Proportions convenables pour donner la formule des amides ;
» 4. La combinaison d’ammoniaque et d’iode, désignée sous Le nom
d'ammoniure d’iode, est une combinaison définie d’azoture diode am-
moniacal et d'iodhydrate d’ammoniaque;
» 5°. Les produits résultant dé l’action de l'ammoniaque gazeuse sur
l'acide sulfureux anhydre et sur le chlorure de soufre, peuvent être con-
sidérés comme des composés analogues à l’ammoniure d'iode. »
Dans la seconde partie du Mémoire, l’auteur expose seulement les ré-
sultats de diverses expériences, qu'il se propose de communiquer plus tard
à l'Académie; ces résultats peuvent être ainsi résumés :
« 1°. Les combinaisons de l'azote avec le soufre, le chlore, le brome,
48.
C 354 )
l'iode seraient de véritables acides auxquels les azotures métalliques ser-
viraient de basé;
» 2°. Les précipités que l’ammoniaque forme dans plusieurs sels et
qu'on tend à considérer aujourd'hui comme des amidures: métalliques se-
raient des azotures métalliques combinés à l’'ammoniaque ;
» 3. L’ammoniaque dans ces diverses combinaisons remplirait exacte-
ment le rôle de l'eau par rapport aux acides! et aux: oxides ;
» 4. Le chlore, le brome et l’iode, dans les combinaisons encore si
mal définies qu'ils forment avec le soufre, le phosphore, le carbone, etc:,
seraient aussi des acides susceptibles de se combiner avec des bases con-
venables, et ces bases convenables. seraient les chlorures, bromures et 10-
dures métalliques ;
» 5°. En un mot, l'azote, le chlore, le brome et l’iéde pourraient dans
des combinaisons ternaires, entre un métal et un métalloïde, jouer exac-
tement le même rôle que l’oxigène, le soufre , le sélénium et le tellure. Il
y aurait des azo-sels, des chloro-sels, des bromo-sels, des iodo-sels, abso-
lument comme il y a des oxi-sels, des sulfo-sels , etc. »
ANATOMIE comparée. — Mémoire zoologique et anatomique sur la chauve-
souris commune ( Vespertilio murinus), et spécialement sur la première
et la seconde dentition de ce chéiroptère; par M. E. Rousseau.
(Commissaires, MM. de Blainville, Flourens , Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire. )
« Le Vespertilion commun, dit l'auteur, a deux dentitions, l’une qui se
fait pendant que le fœtus est renfermé dans le sein de sa mère; l'autre qui
ne commence que quelque temps après la naissance.
» Les dents fœtales sont au nombre de vingt-deux, savoir : à la mà-
choire supérieure, quatre incisives, deux canines et quatre molaires ; à la
mâchoire inférieure, six incisives ; deux canines et quatre molairés:
» Les dents permanentes sont, chez le vespertilion adulte, au nombre
de trente-huit dont vingt-deux doivent remplacer les dents fœtales ou
temporaires; les seize autrés se montrent successivement sur le bord al-
véolaire, sortant d'autant plus tard qu’elles sont placées plus en arrière.
» Les dents permanentes n'attendent pas, pour apparaître, que les
dents utérines soient tombées, en sorte qu’à une certaine époque on peut
compter ‘sur un même individu jusqu'à quarante et cinquante dents et
( 355 )
même plus. Ce fait; dit M. Rousséau , parait avoir échappé jusqu'ici à l’at-
tention des naturalistes. » 1
ANATOMIE COMPARÉE. — Aecherches sur le développement. et la, signi-
Jfication. de: l'appareil: génital externe:;. par M:,Cosre.
(Commissaires, MM. de Blainville, Dutrochet, )
F’auteur, dans ce Mémoire, expose les changements que subit, pen-
dant la vie fœtale, l'appareil extérieur de la génération dans l'espèce du
mouton. Commençant à l’époque où les rudiments de cet appareil of-
frent la même figure et les mêmes dimensions dans les fœtus mâles et
femelles, il observe comparativement les métamorphoses que subissent
dans chaque sexe les diverses parties de cet appareil, métamorphoses,
qui, dit-il, les rendent de plus en plus dissemblables ; et à tel point que
lorsqu'on les examine à l'époque de la naissance, on ne peut reconnaître
avec certitude quelles sont celles qui se correspondent mutuellement,
à moins qu’on n'ait suivi toutes leurs transformations successives.
» Au moyen de ce mode d'investigation, M. Coste annonce avoir reconnu
que le pénis chez le mâle ne correspond ‘pas seulement au clitoris chez la
femelle, comme l'on dit plusieurs auteurs, mais au clitoris et aux petites
lèvres à-la-fois; que de même le scrotum est représenté par les grandes
lèvres seulement.
« Le déplacement qu'on observe dans les diverses parties de l'appareil
génital externe, lorsqu'on l’observe depuis l’état rudimentaire jusqu’à l’état
parfait, déplacement qui a lieu en général en sens inverse pour les deux
sexes, me paraît, dit M. Coste, pouvoir rendre raison de différentes mons-
truosités signalées dans ces organes par les tératologistes, et de ces sortes
de monstruosités permanentes que présentent quelques animaux, par
exemple, de la position du scrotum én avant du pénis, comme c’est le cas
pour les lapins et les didelphes. »
MÉDECINE. — De l'action des préparations d’or sur notre économie, et
plus spécialement sur les organes de la digestion et de: la nutrition ; par
M. A. LeGrAnr.
(Commissaires , MM. Larrey, Breschet.)
L'auteur, annonce que dans les observations consignées dans son Mé-
moire, il s’est appliqué, moins à reconnaitre les effets des préparations
( 356 )
d’or sur certaines maladies, qu’à constater leur action sur des fonctions
déterminées de l’économie animale.
» Je crois avoir établi, dit-il, par des faits, que l'or métallique réduit
eu poudre impalpable, que les oxides métalliques de ce métal, et qu’enfin
le perchlorure d’or et de sodium possèdent à un haut degré la propriété
de relever les forces vitales, et surtout de rendre aux organes de la di-
gestion et de la nutrition l’activité de leurs fonctions, dans les cas, du
moins, où le dérangement de ces fonctions dépend d’un état de faiblesse
et non d’une lésion organique.
» Quoique les préparations d’or, poursuit M. Legrand, aient été em-
ployées contre des maladies pour lesquelles on fait habituellement usage
des préparations mercurielles, l’action qu'exercent sur l’économie de
l'homme ces deux sortes de médicaments, est loin d’être la même; s'il fal-
lait établir quelque analogie entre les effets des préparations d’or et celles
de quelque autre agent thérapeutique, les préparations ferrugineuses se-
raient celles qu'on en pourrait le mieux rapprocher. »
céoLocie. — Matière pulvérulente formée de dépouilles siliceuses d'in-
fusoires, et désignée sous les noms de farine minérale, farine fos-
sile, etc. — Lettre de M. Rerzius à M. Flourens.
(Commissaires, MM. Turpin, Pelouze.)
M. Rerzivs adresse un échantillon de cette farine fossile provenant de
la Vestrobothnie. « On l’y trouve, dit-il, en couche d’un pied et demi
d'épaisseur, sous la vase qui tapisse le fond d'un lac situé à deux milles
environ de la ville d'Uméa. Elle est formée de carapaces siliceuses de Bacilla-
riées; cependant les habitants la considèrent comme douée de propriétés
nutritives, et la mélent à leur pain et à leur gruau.
« L'an passé , ajoute M. Retzius, j'ai adressé à M. Ebrenberg, à Berlin, des
échantillons d’une autre farine minérale provenant de Degerford, sur les
frontières de la Laponie, et un fragment de la lettre qui accompagnait cet
envoi a été communiqué par M. de Humboldt à l'Académie des Sciences.
La farine minérale de Degerford diffère très peu de celle des environs
d'Uméa. Il existe divers gisements de cette sorte de substance en Suède. Il
en existe aussi en Finlande; M. de Nordenskjôld, directeur des mines de ce
pays, l'y a trouvée dans plusieurs lieux. Les farines minérales de Finlande
que j'ai eu occasion d'examiner présentent les mêmes espèces fossiles
(357)
que celles de la Suède. Pour les bien observer, il faut employer un grossis-
sement de 300 fois le diamètre. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Modele et description d'une nouvelle Turbine;
par M. F. Passor.
(Commissaires, MM. Arago, Coriolis.)
MICROGRAPHIE. — Mémoire sur les animalcules microscopiques considérés
comme cause de la putrefaction; par MM. BEAUPERTHUY ef ADET DEF
ROSEVILLE.
(Commision déjà nommée.)
Les résultats auxquels les auteurs annoncent avoir été conduits dans
le cours de leurs recherches sont énoncés par eux en ces termes :
«1°. Lorsqu'on met une substance animale dans des conditions conve-
nables pour que la putréfaction s’y développe, on voit, après un certain
temps qui varie selon la température et l’état hygrométrique de l'air, s'y
former des animalcules; et cela avant qu'aucune odeur fade ou de relent
(première période de la fermentation putride) se soit fait sentir, avant
même que le liquide présente aucun signe d’acidité ou d’alcalinité. Ces
animalcules ; qui ont d’abord la forme de monades, puis celle de vibrions,
se nourrissent aux dépens de la substance dans laquelle il se sont déve-
loppés, et s'y multiplient avec une très grande rapidité.
» 2°. À une époque plus avancée , lorsque le liquide rougit déjà le papier
de tournesol, le microscope y fait reconnaître des animalcules extpé-
mement nombreux, et qui le sont surtout dans la pellicule brunâtre
dont la surface du liquide est recouverte. On trouve aussi un assez grand
nombre de cristaux qui sont mêlés aux animalcules; mais il ne se mani-
feste encore aucune espèce d’odeur.
» 3°. Plus tard le liquide se charge de plus en plus de particules détachées
de la substance animale qui s’y trouve plongée; toutes ces particules ne
sont formées que d’animalcules agglomérés sur quelques débris de tissus
en décomposition, et c’est à cette époque seulement qu'il commence à se
manifester une odeur, fade d’abord, mais bientôt putride.
» 4°. Dans une quatrième et dernière période, enfin, les animalcules se
rencontrent par myriades, et il vient un moment où toute la masse de la
(358)
substance, entièrement désorganisée, n’est plus formée que par ces êtres
élémentaires. Alors le liquide, devenu alcalin , est d’une extrême fétidité. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoires sur les Chemins de.fer; par M.Bruner.
(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis, Séguier.)
L'auteur pense qu’on rendrait le tracé des chemins de fer plus facile,
leur établissement moins coûteux , et par conséquent leur usage plus gé-
néral, si l'on parvenait à trouver le moyen de leur faire parcourir des pen-
tes beaucoup plus rapides que celles qui sont aujourd’hui en usage. A cet
effet , il propose de garnir les moyeux des voitures de roues dentées qui, à
partir du point où commencerait la montée, engreneraient dans des
rails également dentés,
M. ne Cazreny avait, dans une des précédentes séances, présenté un
Mémoire sur un nouveau système d’écluses à flotteurs et à colonnes os-
cillantes,'système qui repose sur un principe déjà mis en application au
sas de Bousingue ; aujourd'hui il adresse comme pièce à joindre à son
premier envoi, la copie d’un Mémoire de Vauban sur ce même sas de
Bousingue, qui, d’après le témoignage du célèbre ingénieur, aurait été
établi sur une beaucoup plus grande échelle que ne le dit Bélidor.:« Je
tiens beaucoup , dit M. de Caligny, à prouver l'importance de cette cons-
truction, parce que c’est une expérience ‘oute faite en faveur du système
que je propose. »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
La séance est levée à 5 heures. F°
Erratum. ( Séance du 12 mars.)
Page 340, Mémoire de M. Bouros, sur les effets délétères de l’Atractylis gummifera,
ajoutez aux noms des commissaires désignés, MM. Serres et Roux, le nom
de M. Richard.
( 359 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ;
1% semestre 1838, n°11 , in-4°.
Notice historique sur Buffon. Études sur sa vie, ses ouvrages et ses
doctrines ; par M. Grorrrox Saivr-Hiratre, in-8°.
Cours de Philosophie positive ; par M. Auc. Coure , tome 5, in-8°.
Recherches pratiques sur l'inspection et la mensuration de la poitrine ;
par M. Evcixe Wouez, 1 vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le
concours Montyon.)
Observations sur les effets avantageux des grandes ventouses ; : par
M. Junon, in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France ; tome: 9, feuille 6—0,
in-8°.
Liste des membres de la Société Géologique de France | en mars 1838,
in-8°.
Table des matières et des auteurs pour le 8° volume du Bulletin de la
Société Géologique de France ; in-8°.
Lettre sur l'introduction de l'air dans les veines ; par M. Vexreau, in-8”,
Species général et iconographie des coquilles vivantes ; par M. Kiever,
25° livraison , in-4°.
Galerie Ornithologique des oiseaux d'Europe; par M. »Oxmenr,
36° livraison, in-4°.
Notice sur ur voyage horticole et botanique en Belgique et en Hollande;
par M. Rarreneau Dern (Alire). (Extrait du Bulletin de la Société d’A-
griculture de l'Hérault ); Montpellier, 1838, in-8°.
Analyse Œun ouvrage manuscrit de Peyssonnez, intitulé : Traité du
Corail... etc.; par M. Frourens. (Extrait du Journal des Savans, fév. 1858.)
Précis théorique’et pratique sur les forces industrielles et notamment sur
les Machines à vapeur ; par M. Vèxe, in-4°. (Présenté par M. Séguier.)
Mémoires couronnés par l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres
de Bruxelles ; tome 12, in-8°.
Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles pour l'année 1858, par
M. QueTELET, in-12.
GC. R. 1838, z°r Semestre. (T. V1, N° 42.) 49
( 360 )
Académie royale des Sciences de Bruxelles; bulletin n° 11 et 12 de
2837,etn° 1, 1833, in-4°. N
Annuaire de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bru-
xelles ; 4° année, in-12.
Mémoire sur la théorie des Caractéristiques; par M. R. Losaro ; Amster-
dam , 1837, in-4°.
Lettre à M. le chevalier Bonarous sur l’Institut agricole de Melito
en Toscane; par M. V. Martin; Turin, in-8°, présenté.
Lettre à M. le chevalier Bowarous sur l'utilité du mürier des Philippines ;
par M. le comte Vina ne Mowrrascar; Turin; in-8°.
Specimen z00phitologiæ diluvianæ; par M. J. Micaezcorri; Turin, in- 8°.
A Systematic.... Catalogue systématique et stratigraphique des poissons
fossiles qui se trouvent dans les collections de lord Cole et sir Philippe
Grey Egerton ; par M. Pmripre Grey Ecerros ; Londres, 1857, in-8°.
Astronomische. ... Nouvelles Astronomiques de M. Scnumacusr, n° 347,
in-4°.
Die vergleichende.. . . Ostéologie comparée de la téte; par M. Hazzmanr;
Hanovre, in-4°.
Mikroskopika. ... Recherches microscopiques sur la structure intime des
Dents; par M. Rerzus; Stockholm, in-8°.
Compendio. , .. Abrégé de la géographie de l'ile: de Cuba; par M. Pozy,
1"° partie( Topographie), présentée par M. Moreau De Joxnis; Havane, in-16.
Il Caseificio.... Mémoire théorique et pratique sur la manière de faire
des Fromages; par M. Lours Carranro, un vol. petit in-4°; Milan, 1837, pré-
senté par M. Auzard.
Dell essenza. ... De la nature e6 du traitement du Choléra-Morbus
asiatique ; par M. Axrowro Conrini ; Milan, 1838, in-8°.
Un preservativo.... Recherches sur cette question : Est-il absolument
impossible de trouver un préservatif contre l'attaque du Choléra; sans
nom d'auteur; Brescia, 1837, in-8°.
Annales françaises et étrangères d’ Anatomie et de Physiologie, janvier
1838, n° 1, in-8°.
Recueil de la Société Polytechnique sous la direction de M. nr Moéow,
n° 2, février 1838, in-8°.
Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 10, février
1838, in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par M. Mi-
quez, 7° année, tome 14, 5° et 6° livraison, in-8°.
(36: )
Revue zoclogique ; par la Société Cuviérienne , janvier et février 1838,
in-8°.
Journal de Pharmacie ; 24° année , mars 1838, in-8e.
Gazette médicale de Paris , tome 6 , n° 11, in-4°.
Gazette des Hôpitaux , tome 11, n° 31—35, in-4°.
Écho du Monde savant, n° 316 et 317-
L'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie, 1858, n° 27, in-8-.
Bulletin médical du Midi, janvier et mars 1838, in-8.
Programme de la Société linnéenne de Lyon. — Prix de 600 francs
pour la destruction des Courtillières; quart de feuille.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 MARS 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL,
RAPPORTS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur une voiture à six roues et à trains
articulés , de M. Dierz.
(Commissaires, MM. de Prony, Arago, Poncelet et Coriolis rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. de Prony, Arago, Poncelet et moi,
de lui faire un rapport sur un système de voitures présenté à son examen
par M. Dietz, constructeur de machines, déjà connu par différentes ten-
tatives pour le perfectionnement des locomotives destinées aux routes
ordinaires.
» Les voitures construites par M: Dietz sont destinées à étre mises en
mouvement principalement sur les routes ordinaires » Soit par des che-
vaux, soit par un remorqueur à vapeur: Elles ont six roues, et par con-
séquent trois essieux ; celui du milieu conserve une direction perpendicu-
laire à l’axe de la caisse, les deux essieux du devant et du derrière sont
tellement liés entre eux par un système de tringles et d’articulations , que
lorsque le tirage du moteur devient oblique et force l’essieu du train de
devant à se dévier de la perpendiculaire à l'axe de la caisse, et à faire ainsi
un petit angle avec l’essieu du milieu, celui de derrière se dévie en même
CR, 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 45.) 5o
( 364)
temps d’un angle égal, de manière que les directions des trois essieux
convergent vers un même point de rencontre qui devient le centre autour
duquel la voiture tend à décrire un cercle.
» La caisse repose sur les trois trains en trois ou quatre points par
l'intermédiaire de doubles ressorts à pincettes qui ont beaucoup d’élas-
ticité.
» Lorsqu'on veut faire marcher une seconde voiture avec le même mo-
teur, on accroche le timon que porte son train de devant à une barre de
fer qui, liée à la caisse de la première voiture dans la direction de son
axe, se prolonge au-delà du train de derrière d’une longueur égale au
timon de la deuxième. En continuant le même système d’attache, on re-
morque autant de voitures qu’on veut : nous en avons vu marcher trois
que menaient trois chevaux attelés de front à la premiere.
» L'idée principale de M. Dietz consiste dans l'introduction d'un méca-
nisme qui force les deux essieux extrêmes à faire toujours le même angle
avec celui du milieu. Cette idée n’est pas nouvelle, déjà l'amiral Sidney-
Smith avait pris, il y a environ vingt ans, un brevet pour un mécanisme
du même genre qu'il avait adapté à des voitures à six roues.
» Ce mécanisme était fort simple, il consistait à lier avec des chaines ou
des tiges les extrémités opposées des essieux, de manière que l’une fût
tirée en dedans de la caisse quand l’autre l’est en dehors. Mais on conçoit
que l'égalité des angles des essieux n’est pas ainsi exactement conservée et
qu’elle ne suffit dans l'application que lorsque ces angles restent assez
petits.
» Le système de M. Dietz est tout analogue : il est composé de tringles
qui partant des extrémités de l’essieu de devant et se croisant avant d’arri-
ver à l’essieu du milieu, vont y déplacer en sens contraire les extrémités
de deux petits leviers horizontaux prenant leur point de rotation sur cet
essieu du milieu. Le mouvement de la ligne qui joint les extrémités de ces
leviers se reporte à l’essieu de derrière, à très peu près parallèlement, à
l'aide d’un système de tiges.
» M. Dietz a combiné un autre mode dans le même ordre d'idées. 11
consiste à placer sur l’essieu du milieu une espèce d’essieu postiche pou-
vant tourner autour de son centre indépendamment du véritable essieu ;
la rotation lui est imprimée par celle de l’essieu du devant, à l’aide d’une
liaison de mouvement établie entre deux queues ou tiges d'équerre à ces
essieux ; elles sont réunies à égales distances des trains par un boulon qui
peut couler d’une petite quantité le long d’une de ces queues. Le mouve-
(365 )
ment de l’essieu postiche, placé sur celui du milieu, est reporté ensuite
parallèlement sur celui de derrière par un système de parallélogrammes.
Cette disposition, ainsi que la précédente, ne réalisent qu’avec une cer-
taine approximation l'égalité entre les angles de déviation des deux es-
sieux : elles sont en cela tout analogues aux parallélogrammes adaptés aux
machines à vapeur pour diriger en ligne droite la tige du piston. Elles
ont, avec ce mécanisme, cet avantage qu'étant bien combinées, elles rem-
plissent avec une exactitude suffisante les conditions du problème dans
l'étendue des mouvements dont on a besoin.
» Nous avons vu, en effet, marcher trois voitures très longues; les neuf
roues passent sur la même trace à quelques centimètres près ; de sorte qu’il
n’y a pas de difficulté à tourner très court sans crainte d’accrocher aucun
obstacle.
» Examinons quels avantages a le système de M. Dietz. On peut dire qu’il
devient indispensable quand on veut adapter six roues à une même caisse.
Sans ce mécanisme, il se produirait un tel glissement transversal du train
de derrière en tournant que la marche serait très entravée , et qu’en outre
les bandes des roues seraient très promptement usées. A l’aide de son em-
ploi, les voitures à trois trains peuvent alors tourner, même avec plus de
précision que celles qui n’ont que deux trains. Il y a, en effet, plus d'obs-
tacle au glissement latéral, et le cercle décrit se conserve mieux. Cet
avantage d’assez peu d'importance pour une seule voiture , en prend beau-
coup plus quand on veut en conduire plusieurs à l’aide d’un même moteur
sur les routes ordinaires. Mais, indépendamment de cette facilité à tourner
avec précision, nous pensons que l'emploi des six roues mérite l'attention
des constructeurs sous d’autres points de vue. Il donne plus de stabilité
aux caisses longues, il affaiblit les secousses et diminue les chances de ren-
versement par la rupture d’une roue ou même d’un essieu. À côté de ces
avantages ce système a sans doute quelques inconvénients : il augmente la
dépense de construction première et nécessite l'emploi d’un mécanisme qui
peut exiger de trop fréquentes réparations.
» Dans les voitures que M. Dietz vient de construire, les roues nous
paraissent d’un diamètre un peu petit; mais il ne semble pas impossible de
les augmenter pour les porter aux dimensions ordinaires ; dés lors on
pourrait dire que si ce système des six roues ne diminue pas le tirage, au
moins ne l’augmente-t-il pas, puisque, d’après les expériences les plus con-
cluantes, le travail que demande chaque roue de la part du moteur est à
Æiamètre égal en raison de la pression sur le sol.
5o..
( 366 )
» La théorie apercevant donc ici des avantages notables en compensation
de quelques inconvénients, on doit encourager les constructeurs à pour-
suivre cette voie de recherche. Ce serait, sans doute, un grand service à
rendre à l’industrie que de construire des diligences plus douces et moins
susceptibles de verser, et de pouvoir dans l’occasion faire tirer deux voi-
tures par les mêmes chevaux sans qu'il y eût de difficultés à tourner.
» Quant à l'emploi des locomotives comme moteurs pour ces voitures
sur les routes ordinaires, bien que les inconvénients en soient diminués
par le système de M. Dietz, nous n'avons pas la confiance que l’on puisse
faire disparaître ceux qui s’opposeraient à la réussite de ce mode de
transport, surtout pour les voyageurs. Il n’y a pas opportunité de discu-
ter ici cette question; elle nous ferait sortir des bornes que doit avoir ce
rapport : il nous suffit de reconnaître que le constructeur a fait un pas
notable pour approcher du but.
» Sur les chemins de fer, nous ne pensons pas que le système de
M. Dietz présente les avantages qu’on y reconnaît pour les routes ordi-
naires ; à la vérité il diminue les chances de versement en cas de rupture
d'un essieu, mais le système d’attache des waggons leur donne, à leur
entrée sur chaque courbe, une tendance à dévier des rails, et il pourrait
en résulter des résistances nuisibles.
» Sur ces chemins on ne peut plus compter pour quelque chose
l'avantage qu'offre l'emploi des six roues pour diminuer les chances de ren-
versement par les inégalités du terrain , ni celui d’amoindrir les secousses
déjà insensibles pour les voyageurs.
» En définitive, vos commissaires vous proposent de déclarer que les
tentatives de M. Dietz pour l'établissement et l'emploi des voitures à six
roues , sont dirigées dans une bonne voie; qu'il y a lieu de lui savoir gré
des heureux essais qu’il a faits, et de l’encourager à les poursuivre. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — /nstructions pour la Commission chargée de
l'exploration scientifique de l'Algérie.
La lecture des Instructions demandées par M. le Ministre de la Guerre
a été continuée dans cette séance, mais n’a pu être achevée. L'Académie a
entendu les parties suivantes : Instructions relatives à la géographie,
rédigées par M. Bory de Saint-Vincent; Instructions relatives à la médecine,
rédigées par M. Serres; Instructions relatives à l’kydrographie et à la ma-
(367 )
rine, rédigées par M. de Freycinet; Instructions relatives aux arts et à
l'industrie , rédigées par M. Séguier.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOLOGIE. — Mémoire sur la masse des montagnes qui sépare la Loire du
Rhône et de la Saëne ; par M. Rozer.
(Commissaires MM. Al. Brongniart, Élie de Baumont. )
A ce Mémoire est jointe la lettre suivante qui en fait connaître l'objet.
« Le travail que je présente est le résultat de trois années d'étude sur
la chaîne de montagnes qui sépare la Loire du Rhône et de la Saône.
J'y ai consigné les faits que j'ai observés et les résultats auxquels la com-
binaison de ces faits m’a conduit.
» Voici les plus importants de ces résultats :
» Le phénomène de la pénétration des roches plutoniques les unes au
travers des autres, et au travers d’une partie des formations neptuniennes,
m'a permis d'établir l'époque de la consolidation de ces deux sortes de
roches et leurs rapports réciproques, encore si mal connus.
» Le quartz hyalin, qui forme de nombreux filons dans les terrains plu-
toniques et neptuniens, jusqu'aux marnes inisées, est évidemment venu de
l'intérieur du globe, il s’est quelquefois élevé en cônes, et à Chiseuil, pres
de Bourbon-Lancy, où le quartz forme une montagne de 1500 mètres de
long sur 800 de large, il offre tous les caractères d’un produit igné. Les
éruptions quartzeuses, qui ont commencé avant le dépôt du terrain houil-
ler et se sont continuées jusqu’à celui des marnes irisées, ont puissamment
concouru à la formation de la grande masse d’arkoses de Bourgogne.
» L'ordre d'ancienneté des rochers plutoniques est le suivant : lepti-
nites, granites, porphyres, roches trappéennes (eurites, diorites et trapps)
quartz et basalte. 1] est inverse de celui de leur superposition.
» À l'éruption de chacune de ces espèces de roches, correspond une
époque de soulèvements, et les divers soulèvements ont généralement
produit de grands massifs ayant chacun une partie centrale, de laquelle
toutes les autres divergent. Plusieurs de ces massifs sont alignés dans la
direction du nord au sud, ou parallélement au cours de la Saône.
» Le terrain jurassique, dans lequel on ne voit jamais pénétrer d’au-
(368)
tre roche plutonique que le basalte, forme deux bandes qui s'élèvent à
peu près à la même hauteur sur chaque flanc de la chaine.
» Enfin, j'ai découvert le terrain crayeux dans la vallée de la Saône aux
environs de Dijon, où il n’avait point encore été signalé. »
cuimurere. — Vote sur un cas de rétention d'urine, précédé et suivi de
plusieurs phénomènes pathologiques remarquables; par M. Guirrow.
(Commissaires, MM. Larrey, Roux, Breschet. }
« M. Lemelle, d’une très forte complexion, ayant eu, dans sa jeunesse,
plusieurs urétrites, éprouvait depuis un assez grand nombre d'années de
la difficulté à uriner, lorsque, il y a quinze ans, il lui survint une incon-
tinence d'urine qui le mit dans la nécessité de porter jour et nuit un sac
en taffetas gommé, muni d'une éponge, pour recevoir l’urine et empé-
cher que ses vêtements et son lit en fussent imprégnés.
» En novembre 1834, il avait alors 68 ans, après un repas copieux et
prolongé, M. Lemelle eut une rétention d'urine qui, par suite des efforts
qu'il fit pour vider sa vessie, fat suivie de la rupture de l’urètre et d’un
abcès urineux au périnée; puis d’un épanchement d'urine dans le scro-
tum qui fut promptement frappé de gangrène.
» À la chute des parties sphacelées on distinguait les testicules en-
veloppés seulement de leur tunique propre (l’albuginée), suspendus par
leur cordon au milieu de cette large plaie dans laquelle on remarquait
également une très grande partie du corps caverneux droit, et les trois
quarts de la portion spongieuse de l’urètre dénudés.
» À mesure que le malade perdait de son embonpoint qui était consi-
dérable, j'attirais, au moyen de longues bandelettes agglutinatives, la peau
du ventre et des fesses de telle sorte, qu'après un temps assez court, les
testicules en furent recouverts et qu’un nouveau scrotum remplaça celui
qui avait été détruit. Quant à la verge, les parties dénudées furent de
même recouvertes aux dépens de la peau du prépuce, convenablement di-
visée et maintenue à l’aide de bandelettes agglutinatives.
» L'état du malade le permettant, et pour arriver à la guérison de trois
ouvertures fistuleuses s’ouvrant à la surface de la plaie, je dus remonter à
la cause de tous ces désordres.
» Après avoir reconnu la situation , l'étendue, et la nature des retrécis-
sements urétraux, au nombre de trois : l’un au méat urinaire, le second
s'étendant circulairement de deux pouces et demi à trois pouces, et le
( 369 )
troisième de quatre pouces un quart à cinq pouces; je les détruisis promp-
tement au moyen de mouchetures urétrales ou saïgnées locales dont j'ai
introduit l’usage dans la thérapeutique de ces affections.
» Bien que l’ouverture fistuleuse interne eût beaucoup diminué d'éten-
due, comme l'urine continuait toujours d’y pénétrer, malgré les précau-
tions qu’on prenait pour l’éviter, j'eus recours à la cautérisation avec une
solution de nitrate d'argent que je portais sur cette ouverture, par l’urètre,
à l’aide d’un Porte-Caustique de mon invention, et bientôt après la gué-
rison fut complete.
» Tout le traitement a duré six mois; et depuis lors, quoique trois
années se soient écoulées, M. Lemelle, malgré son grand âge, continue
d'uriner facilement. »
PHYSIOLOGIE. — Expériences démontrant l'influence de la suppression de
la transpiration cutanée dans la production de l'inflammation et des
autres lésions locales ; par M. Fourcauzr.
(Commissaires, MM. Magendie, Double.)
« Asclépiade et Galien , dit M. Fourcault, ont entrevu l'influence dela sup-
pression de la transpiration dans la production d’une foule d’affections, et
Sanctorius a étayé ces opinions par ses célèbres expériences ; toutefois les
questions qui se rattachent aux altérations de cette fonction n’ont point été
traitées pour la plupart d’une manière rigoureuse, et personne, par exemple,
nes’est occupé de déterminer avec précision les effets qui peuvent résulter de
certaines causes, lesquelles, en même temps qu’elles arrêtent latranspiration
cutanée, s'opposent à l’aération et peut-être à l’oxigénation de la peau. C’est
le but que je me suis proposé dans les expériences qui font l’objet de ce
Mémoire. On verra qu'en arrêtant mécaniquement la transpiration au
moyen d’une couche de goudron , de vernis, de colle-forte ,etc., appliquée
sur la peau qui se trouve ainsi soustraite à l’action de l'air, j'ai donné
naissance chez les animaux soumis à cette épreuve à des maladies qui ont
déterminé la mort. »
. Ces expériences peuvent être groupées en deux séries : dans les unes,
en effet, on a agi sur toute la surface cutanée à la fois; dans les autres,
sur des portions seulement de cette surface. Les effets pathologiques, ré-
sultant de la suppression générale de la transpiration, sont les suivants :
inflammations aiguës, compliquées, sarcopolyhémie, engorgement des
veines caves et des cavités du cœur, altération couenneuse du sang. Comme
(370 )
effets de la suppression graduée ou partielle de la transpiration cutanée,
on voit survenir des phlegmasies subaiguës, des irritations chroniques ,
une formation de tubercules dans divers organes, une altération profonde
de la nutrition.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Réclamation de M. Jarry, au sujet de l'emploi des
engrenages dans les chemins de fer.
(Renvoi aux commissaires chargés d'examiner le mémoire de M. Brunet.)
« Dans la séance du 19 de ce mois, dit M. Jarry, l'Académie a recu
communication d’une lettre de M. Brunet, qui a été renvoyée à une
commission composée de MM. Poncelet, Coriolis et Séguier.
» Cette lettre annonce une amélioration à apporter aux rails et aux
locomotives des chémins de fer, au moyen de l’engrenage des moyeux des
locomotives sur les rails, et dans le but de rendre le tracé des routes plus
direct.
» Quoique l’analogie de ce système avec celui pour lequel j'ai pris un
brevet de perfectionnement, sous le n° 7561, le 25 janvier dernier, soit
assez éloignée, comme ils reposent l’un et l’autre snr le principe de l’en-
grenage, vous concévrez, M. le Président, combien je suis intéressé à
constater la priorité du mien, et j'ose espérer que vous daignerez accueillir
favorablement ma réclamation.
» Pérmettéz-moi, en conséquence, M. le Président, d'exposer ici en quoi
consiste mon système :
» À l'origine des cliemins de fer desservis par des locomotives à vapeur,
on craignait que ces dernières ne présentassent point assez d'adhésion
pour progresser en remorquant un convoi d’un poids supérieur au leur;
et, pour parér à cet inconvénient supposé, on établit une crémaillère
placée entre les deux rails de la voie des waggons, et l’on adapta une roue
supplémentaire à engrenage, aux locomotives. Ce genre de construction
subsiste encore en Angleterre, sur la route de Middleton, dont les pentes
ascendantes ont beaucoup d’analogie avec celles du chemin de Saint-
Étienne au Rhône. Sur cette route, des locomotives du poids de 6,250 ki-
logrammes, fourgon et approvisionnements compris, remorquent à Ja
remotite 22,260 kilogrammes de charge utile.
» Pérmettez-moi de faire remarquer, qu’à la descente, sur la route de
Darlington , des machines du poids de 12,000 kilogrammes, ne remorquent
en été que 35,000 kilogrammes de charge utile.
(371)
» Tci, Monsieur, l'avantage de charge utile remorquée, est tout en fa-
veur du système à crémaillère; mais le supplément de dépenses qu'il
entraîne, est loin d’être compensé par cette différence. Cette observation
amena les expériences de Blackett, et postérieurement la suppression des
crémaillères sur toutes les routes nouvelles.
» Mon système réunit, à l'avantage de réduction du poids mort des
locomotives, celui de ne pas augmenter les frais de premier établissement
des rails, et de permettre un tracé plus direct, et la suppression des
machines fixes des plans inclinés. 1l est simple, et consiste tout uniment
à élargir le bourrelet des roues travaillantes des locomotives, de la quan-
tité nécessaire pour y former un engrenage, dont le bourrelet des waggons
ne puisse pas toucher les dents fixées au rail.
» L’engrenage n’est pas du genre de ceux des pignons à dent; comme
il S’agit du développement d’une courbe sur un plan droit, on conçoit que
les dents peuvent être espacées en raison de la courbe de manière à ce que
lune désengrène, au moment où la suivante commence à fonctionner.
Ces dents sont fixées à la joue intérieure du rail, à des distances calculées
en raison du développement des courbes décrites par les roues des locomo-
tives ; leur dimension et leur face sont calculées de manière à résister à une
pression beaucoup plus considérable que la puissance du moteur. Le pas
de l’engrenage est proportionnel aux dimensions des dents, mais on doit
calculer le diamètre des roues, de manière que la distance des dents cor-
responde à une division exacte de la circonférenge des roues; à moins que
l’on préfère un engrenage continu, qui laisse la faculté au pas de s'engager
tantôt sur une dent, tantôt sur l’autre. Cependant une division fixe et
exacte est préférable.
» Il est inutile, monsieur le Président, que je m’appesantisse ici sur la
facilité qui résulte de ce système d'augmenter la puissance des moteurs,
et de réduire ainsi considérablement le nombre des machines et celui du
personnel. On conçoit également que si les treuils des plans automateurs
continuent d’être utiles à la descente, ils seront sans usage à la montée,
et les frais de leur entretien diminueront d’autant.
» Quoique je partage l'opinion de tous les ingénieurs qui regardent le
profilé sensiblement de niveau, comme l’un des principes fondamentaux
de l'établissement utile des chemins de fer, il est certain qu'il est des cas
où il est impossible de ne pas admettre une inclinaison plus ou moins
rapide, surtout lorsqu'il s’agit de traverser les rivières et les fleuves pres-
‘que toujours plus ou moins encaissés dans leurs rives. Il n’est pas moins
C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 45.) à 5x
(372)
exact qu'une seule pente de quelques millièmes de plus peut servir à abréger
considérablement les distances, En ce cas on pourra calculer si les frais
supérieurs de halage ne seront pas compensés par ceux de péage d’une
digue plus longue, et si les dépenses d'établissement ne méritent pas d’être
prises en considération. Enfin, dans certaines localités, les frais résultant
des machines fixes exigées par les accidents de terrains, dans le système
Blackett, rendent les chemins de fer en quelque sorte impraticables, tandis
que mon système leur permet de s’introduire en tout lieu.
» Ces considérations, monsieur le Président, me semblent dignes de
fixer l'attention publique. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'incertitude qui subsiste dans la déter-
mination géométrique du lieu de l'espace occupé par un point donné ,
ou essai sur les probabilités des erreurs de situation dun point; par
M. A. BRavais.
(Commissaires, MM. Poisson, Savary.)
cmmmurGre. — Mémoire sur des moyens employés pour rendre la claudication
moins douloureuse et la progression plus facile dans les raccourcisse -
ments accidentels des membres inférieurs ; par M. Taomas FABIEN-
(Adressé pour le Concours aux prix de médecine Montyon.)
cmrrurere. — Mémoire sur la Staphyloraphie ; par M. Devirremur.
(Commissaires , MM. Larrey, Breschet.)
PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la voix humaine; par M. Barranp.
Ce Mémoire , transmis par M. le Ministre de lInstruction publique, est
destiné à être substitué à un autre sur le même sujet, que l’auteur avait
précédemment envoyé.
(Adressé pour le Concours aux prix Montyon.)
GÉOLOGIE. — Extrait d'un Mémoire sur le temple de Sérapis, à Pouzzol.
— Partie relative aux changements alternatifs du niveau de la mer et
du sol, dont les traces se voient sur les débris de cet édifice ; par
M. CaRISTIE.
(Commissaires, MM. Arago, Al. Brongniart, Élie de Beaumont.)
(373)
MÉDECINE, — Atecherches sur la,scarlatine épidémique.
M. Miquel , qui a envoyé précédemment pour le Concours aux prix de
médecine Montyon, un Mémoire sur cé Sujet, indique, conformément à
la décision prise par l’Académie pour les pièces destinées x ce concours,
les parties de son travail qu'il regarde comme neuves ou comme devant
fixer plus particulièrement l'attention des Commissaires.
(Renvoi à la Commission Montyon.)
CORRESPONDANCE.
OPTIQUE. — Parhélies.
M. Araco met sous les yeux de l’Académie diverses descriptions qu'il
a reçues de l’apparition de parhélies dans la matinée du 13 mars dernier.
L'une de ces descriptions est de M. l'abbé Zécart, professeur au séminaire
de Laon; la seconde de M. À. Mallet , professeur à Saint-Quentin ; une
troisième est signée de M. Tordeux de Cambrai; M. Mallet annonce qué
ce phénomène a été aussi visible à Lille.
Le parhélie du 13 mars ressemblait de tout point à céux dont on
trouvera les figures détaillées dans les ouvrages d'optique et dans les rela-
tions de divers voyageurs. IL serait donc superflu de le décrire ici; mais
les météorologistes noteront comme un fait assez remarquable que lesrares
circonstances amosphériques qu’exige la production de ce phénomène,
se soient trouvées simultanément réunies dans une si grande étendue de
pays:
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Vote sur deux formules donnant le volume de la va-
peur saturée , en fonction de sa pression seulement ; par M. pe Pamsour.
« Dans une noté précédemment soumise à lAcadémie (séance du
22 janvier dernier), sur le moyen de tenir compte du changement de tem-
pérature de la vapeur pendant son action dans les machines; j'ai indiqué
sous la forme
I
n + gp?
l'emploi d’une formule analogue à celle proposée par M. Navier, pour dé-
terminer immédiatement la densité de la vapeur saturée , en fonction de
51.
( 374)
sa pression seulement, sans être obligé de recourir aux températures. Je
me suis contenté de citer ators la formule de M. Navier, qui donne en
effet pour la densité de la vapeur, ou son volume comparé à celui de
l’eau. dont, elle provient, des résultats fort approchés, pour toutes les
hautes pressions. Cependant, comme cette formule laisse encore quelque
chose à désirer, même pour les hautes pressions, et qu’elle cesse d’être
exacte lorsqu'on veut en faire usage pour les basses pressions qui se
présentent dans les machines à condensation, j'ai cru nécessaire de faire
quelques recherches à cet égard.
» Dans l’état actuel des choses à ce sujet, lorsqu'on veut connaître le
volume occupé par un poids donné de vapeur, ainsi que cela est néces-
saire pour le calcul des machines à vapeur, on se sert de la formule sui-
vante, qui est déduite de la loi de Mariotte, combinée avec celle de
M. Gay-Lussac,
cer I F ohoaëôés .
P
m y exprime le volume cherché, rapporté à celui de l’eau de production,
p la pression en kilogrammes par centimètre carré, et # la température
en degrés du thermomètre centigrade. Cette formule s'applique à toute
vapeur à la pression p et à la température £; mais comme, dans les va-
peurs saturées, la pression est nécessairement liée à la température, on
ne peut faire usage de cette formule qu’en connaissant où déterminant
préalablement la température correspondante à une pression donnée.
» La véritable loi mathématique , qui lie les pressions et les tempéra-
turés dans les vapeurs saturées, n’est pas connue. Il résulte des belles
expériences de MM. Arago et Dulong sur les pressions élevées, et de celles
précédemment faites sur les basses pressions, que lorsqu'il s’agit de pres:
sions inférieures à celle de l'atmosphère, il convient d'employer la formule
proposée par Southern; que pour les pressions comprises entre 1 et 4
atmosphères, il faut employer celle de Tredgold ; et que pour les pressions
comprises entre 4 et 5o atmosphères, il est nécessaire de faire usage de
la formule de MM. Dulong et Arago. Ces formules, non pas sous leur
forme originale , mais rapportées aux, mesures habituelles dans la pratique
des machines, c’est-à-dire en y exprimant la pression en kilogrammes par
centimètre quarré, et la température en degrés du thermomètre centi-
grade comptés à l'ordinaire, à partir de zéro, sont les suivantes :
(37)
5.13 :
Formule de Southern, de o à 1 atmosphère... £== 145.360 /p — 0,0034542—46.278
6_—
Formule de Tredgold, de 1 à 4 atmosphères... 4—174V/p— 15,
5 _
Formule deMM.Dulong et Arago, de 4 à 50 atmos. 1 — 138.883 p — 39.802.
» L'ensemble de ces trois formules, que l’on fait succéder les unes aux
autres, satisfait complétement à la formation de fables de correspondance
entre les pressions et les températures, quand c’est le but qu'on se pro-
pose. De même encore, quand il s’agit d’une recherche relative à la dé-
tente de la vapeur dans une machine, et qu’on sait exactement dans quelles
limites de pression cette détente s’exercera , on peut discerner immédiate-
ment laquelle de ces trois formules est applicable au cas que l’on a à con-
sidérer. En éliminant alors £ entre cette formule et celle qui donne le
volume, on obtiendra définitivement l'équation propre à faire connaître le
volume de la vapeur en fonction de sa pression; et c'est celle que l’on
devra introduire dans les formules propres à donner les effets de la ma-
chine.
» Mais s’il s’agit, par exemple, du cas où la vapeur se formant sous la
pression de 8 atmosphères, pourrait se détendre pendant son action dans
la machine, soit jusqu’à une pression moindre que 1 atmosphère, soit à une
pression comprise entre 1 et 4 atmosphères, soit enfin à une pression su-
périeure à 4 atmosphères , alors on ne saura plus laquelle des trois for-
mules doit servir à l'élimination, et il sera impossible d'arriver à une
équation générale représentant, dans tous les cas, l'effet de la machine.
» D'ailleurs, on doit remarquer que l’équation des températures conte-
nant des exponentielles, le résultat de l'élimination sera nécessairement
peu commode pour les applications. Et, après tout, ce résultat ne pro-
viendra toujours que d’une formule empirique, car les formules de la
température ne sont pas autre chose, comme celles que nous voulons leur
substituer. Une relation directe et simple, qui donnerait immédiatement
le volume de la vapeur saturée, en fonction de sa pression seulement, se-
rait par conséquent essentiellement utile au caleul des machines à vapeur.
» Ces considérations m’ayant engagé à m'occuper de cette question,
j'ai trouvé deux formules qui en donnent la solution avec une approxi-
mation qui me paraît suffisante; je m’empresse donc de les communiquer
à l’Académie, tant à cause de leur usage dans la théorie de la machine à
vapeur, que j'ai précédemment exposée, en y tenant compte du change-
ment de température de la vapeur pendant son action dans la machine,
(376)
qu’à cause de l'utilité pratique de ces formules dans d’autres cas où l’on a
besoin de connaître le volume de la vapeur.
» Dans les machines à condensation, on sait que la pression de la vapeur,
après condensation imparfaite dans le cylindre, ne descend jamais au-dessous
de 0.28 kilogramme par centimètre carré (4 livres anglaises par pouce
carré), et qu’en outre le frottement propre de la machine est d’environ
0.14 kilogramme par centimètre carré. On voit donc que la résistance
à surmonter par le piston n’est jamais moindre que 0.42 kilogramme
par centimètre quarré, même sans compter la charge. En tenant compte
de celle-ci, au-dessous de tous les cas possibles, on peut être assuré que
la vapeur ne descend jamais, pendant son action utile dans le cylindre, à
une pression moindre que 0.6 à o.7 kilogramme par centimètre carré.
Par conséquent, une formule qui donne les volumes exacts jusqu’à cette
limite inférieure, est tout ce dont on a besoin pour les calculs propres à
ces machines. On verra dans un instant que la première des deux formules
proposées remplit cette condition, au-delà de la limite indiquée.
» La même formule pourrait encore être employée sans erreur no-
table pour les machines sans condensation. Cependant, comme dans celles-
ci la vapeur ne peut guère se dépenser à une pression £otale moindre
que 2 atmospheres ou 2 kilogrammes par centimètre carré environ, à
cause de la pression atmosphérique, du frottement de la machine et de là
résistance de la charge, il est inutile de demander à la formule de donner
les volumes exacts pour une pression moindre que 2 kilogrammes par
centimètre quarré. Pour ce cas donc, on trouvera la seconde formule
beaucoup plus exacte, et l'on pourra s’en servir de préférence. Enfin,
toutes les fois que le changement de formules sera possible , on obtiendra
une beaucoup plus grande exactitude en faisant usage successivement de
la première formule jusqu'à 2 atmosphères, et de la seconde pour les
pressions plus élevées.
» Ces deux formules sont, en mesures francaises,
10000
0.4227 + 5.2897 p.
Le 10000
1.421 + 4.710p.
Pour lesmachines à haute ou basse pression , avec condensation. m —
Pour les machines sans condensation........,........,..., m
» Du reste, on pourra juger du degré d’approximation qu’elles donnent
par la table suivante, dans laquelle on trouvera, en regard les uns des
autres, le résultat des formules ordinaires, c’est-à-dire compliquées de la
( 377 )
recherche des températures, et celui des formules en fonction de la pres-
sion seulement, que nous proposons de substituer aux premières.
Table du volume de la vapeur saturée, sous différentes pressions, comparé au
volume de l'eau qui la produite, d'après les formules adoptées et les formules
proposées.
PRESSION VOLUME VOLUME VOLUME VOLUME
totale VOLUME calculé par|calculé par calculé par|calculé par
caleulé par| la formule | la formule calculé par la formule | la formule
proposée | proposée proposée | proposée
les les
kilogram.
par formules | machines | machines par formules | machines | machines
centimètre me à con- sans con- || centimètre Lu à con- sans con-
carré. ordinaires.| densation. | densation. carré. ordinaires. | densation. | densation.
LCL es
15019 554 528
831 490 463
358 fo 4x3
fo 00 372
3329 366 339
2810 339 317
- 315 287
294 267
277 249
267
247
234
223
213
GÉozoGiE. — Considérations sur le Diluvium sous-pyrénéen. — Lettre de
M. Larrer à M. Arago.
« Javais l'intention de vous soumettre quelques considérations géo-
gnostiques sur l’ensemble de nos formations ‘supra-crétacées adjacentes
aux Pyrénées; mais j'ai réfléchi que mes observations personnelles n’é-
taient pas encore assez généralisées pour servir de base à un travail qui
méritàt quelque confiance; aussi me bornerai-je, dans ce moment, à de
simples aperçus plus ou moins hypothétiques sur le diluvium sous-py-
rénéen.
» Le diluvium à, chez nous, plus d'importance, ce me semble, que ne
lui en accordent les géologues qui s’en sont occupés. Il est facile, en con-
sidérant la nature minéralogique des matériaux qui le composent, de re-
connaître leur origine toute pyrénéenne; ils ne peuvent d’ailleurs avoir été
( 378 )
transportés à la place qu'ils occupent aujourd'hui que par une grande
inondation, une sorte de déluge local, qui, si l’on s’en rapporte à cer-
taines indications géognostiques, aurait coïncidé avec le soulèvement du
système ophitique au pied de la grande chaine des Pyrénées.
» L’observateur placé, par exemple, sur le plateau de Lanemézan peut
aisément suivre la direction et les effets de la débâcle diluvienne. De la
pente septentrionale de ce plateau, divergent en éventail, plusieurs val-
lées de creusement où coulent maintenant les principales rivières qui ar-
rosent le département du Gers. Je dis vallées de creusement, parce que la
structure géognostique des collines qui les bordent étant la même de
chaque côté, les couches diverses dont elles se composent se rejoindraient
évidemment au même niveau, s’il n’y avait eu rupture. Il est à remarquer
que les collines de droite (est), en descendant les vallées, sont toujours
coupées en escarpement ; tandis que celles de gauche (ouest) s'élèvent en
pente douce; c’est sur celles-ci que s'étend le diluvium dont les galets re-
montent les pentes jusqu’à une grande hauteur. Nul doute que nos vallées
n'aient momentanément servi de lit aux courants diluviens qui les ont
creusées , et la tendance constante de ces courants à escarper leur rive orien-
tale, doit nécessairement s'expliquer par quelque grande loi physique qui
aurait sans cesse attiré la masse des eaux de ce côté.
» Les effets du déluge pyrénéen ne sont pas les mêmes dans toutes les
directions. Sur la ligne du Gers (Auch) et de la Baïse (Mirande ), la vio-
lence des courants a balayé les formations tertiaires meubles, et compléte-
ment dénudé les calcaires ; il n’en a pas été de même dans la vallée de la
Gimone ( Simorre) où l’on voit déjà les calcaires s’enfoncer sous des forma-
tions plus récentes; ils disparaissent tout-à-fait sur les bords de la Save
(Lombez), où les couches meubles tertiaires sont restées en place, cir-
constance qui explique la fertilité comparative de cette vallée et des cô-
teaux qui la dominent. En revanche, le diluvium a peu d'importance sur
la Save; ses galets, à distance égale de leur point de départ, sont beau-
coup moins volumineux que dans les vallées du Gers et de la Baise ; d’où
l’on peut encore induire une moindre force dans les courants qui les ont
transportés.
» Dans les vallées qui descendent du grand plateau de Lanemézan,
telles que celles du Gers, de la Baïse, de la Save et quelques autres où
coulent les principales rivières qui traversent notre département, les ga-
lets que charient ces rivières sont tout-à-fait semblables ( sauf le volume)
à ceux qui recouvrent les hautes plaines et la pente des collines de l’ouest,
( 379 )
Leur nature minéralogique indique qu'ils ont été détachés des montagnes
qui forment le contrefort septentrional des Pyrénées, et l'on n’y trouve pas
un seul caillou granitique.
» Mais dans les vallées qui s'ouvrent au pied de la chaine centrale des
Pyrénées (celles de l’'Adour, de la Garonne, du Gave, etc.), les galets
granitiques dominent dans le lit des rivières aussi bien que dans la haute
plaine, tandis que ceux qui recouvrent leurs côteaux proviennent fous
de roches secondaires,
» M. Dufrénoy, à qui l'on doit de si belles recherches géologiques sur
le midi de la France, avait aussi remarqué cette différence minéralogique
des galets de l'Adour et de la Garonne d’avec ceux des hauteurs; préoccupé
de l’idée que les premiers, accumulés dans le fond des grandes vallées,
constituaient le diluvium sous-pyrénéen, il a cru, à raison de l’origine
différente de ceux qui s'étendent sur les pentes des collines, devoir les
placer dans l'étage supérieur de nos terrains tertiaires.
» C'est là, ce me semble, une erreur qui tient sans doute à ce que ce
savant géologue n’a pu se livrer à un examen plus détaillé des lieux. En
effet, si l'on admettait que les dépôts diluviens sont caractérisés chez
nous par la présence, en proportion notable, de galets granitiques, la
conséquence forcée serait que nos plaines du département du Gers au-
raient échappé aux influences diluviennes, puisque l’on n’y trouve que des
cailloux secondaires et pas un seul granitique.
» Au demeurant, j'ai eu occasion d'étudier la position des galets gra-
nitiques sur les bords de la Garonne et de l'Adour en-decà des Pyrénées’,
linondation qui les a amenés là me paraît de beaucoup postérieure à notre
déluge proprement dit; elle s’est trouvé limitée aux vallées qui s'ouvrent
actuellement au pied des montagnes granitiques, et les courants qui ont
porté ces galets bien au-dessus du niveau des plus grandes eaux actuelles,
n'ont cependant pas débordé les hauteurs qui les encaissaient, Nos plaines
du Gers ont été préservées de cette inondation post-diluvienne par l’inter-
position du grand plateau de Lanemézan. Voilà qui explique, ce me sem-
ble , pourquoi nous n’avons point de galets granitiques dans nos vallées
du Gers, de la Baïse, de la Save, etc., et pourquoi au contraire ils abon-
dent dans celles de l'Adour, du Gave, de la Garonne et autres qui sont
dans le même cas.
» Ainsi, contrairement à l'opinion de M. Dufrénoy, les amas caillou-
teux distribués sur nos hauteurs et les marnes argileuses qui les accom-
pagnent entreraient dans la consistance du diluvium sous-pyrénéen.
C. R. 1838, 19r Semestre, (T. VI, N° 13.) 52
( 380 )
» Maintenant, de ce que la totalité des galets diluviens provient exclu-
sivement de roches secondaires , s’ensuit-il qu’à l’époque de notre déluge,
les masses granitiques des Pyrénées centrales ne se montrassent nulle part
au jour, et qu’elles fussent alors recouvertes d’un vaste manteau de cou-
ches secondaires, comme pourraient le faire soupçonner les lambeaux de
terrain de craie que l’on voit encore épars dans les Pyrénées, jusque sur
la cime des montagnes les plus élevées (le mont Perdu).
» Je ne pense pas que cela soit absolument vrai, et je peux citer
(exemple unique, il est vrai), des cailloux granitiques dans un agrégat ter-
tiaire, à Castelnau de Magnoas (Hautes-Pyrénées).
» Au reste, c'est au pied de la grande chaîne que se sont déclarées les
convulsions qui paraissent avoir occasioné ces phénomènes diluviens ; le
sol secondaire y a été contourné et brisé dans tous les sens par l’évulsion
des ophites. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que les matériaux
transportés par les courants se composent uniquement de débris ameu-
blis des couches soulevées.
» Quant à l’origine des eaux diluviennes, doit-on avoir recours à l’hy-
pothèse d’une fonte extraordinaire de neige, proposée également, je
crois, par M. Élie de Beaumont, pour expliquer le déluge des Alpes?
» Cette supposition me paraîtrait plus dans la vraisemblance que celle
de la rupture de grands lacs pyrénéens, dont l'existence fort probléma-
tique nous serait d’ailleurs attestée par quelques traces de leurs sédi-
ments analogues aux dépôts lacustres de nos plaines qui remontent à la
même époque.
» On pourrait sans doute objecter que la supposition de neiges perpé-
tuelles sur les Pyrénées tertiaires ne pourrait se concilier avec celle d’une
température plus élevée que celle des temps actuels; mais, d’un autre
côté, si l’on veut bien considérer l'étendue et la puissance des terrains
formés aux dépens de ces montagnes, on est induit à en conclure que
leur relief a dù être beaucoup plus considérable qu'il ne l’est aujourd’hui,
et que leur cimes, maintenant dégradées, ont pu, dans ces temps géolo-
giques , conserver des neiges perpétuelles, voire des glaciers, alors même
que les plaines adjacentes eussent joui d’une température équatoriale.
» En résumé, l'aspect général de nos contrées sous-pyrénéennes témoigne
clairement que leur surface a été profondément modifiée par des cou-
rants puissants; les Pyrénées paraissent avoir été le point de départ de
ce cataclysme dont la date, d’après quelque données géognostiques, re-
monterait à l’époque du soulèvement ophitique.
( 38r )
» Ainsi, il y aurait eu déluge local ou , si l'on veut, partiel, et destruc-
tion complète des espèces animales qui habitaient cette partie de nos con-
tinents tertiaires. Quelque désastreuse , du reste, qu’ait pu être cette grande
inondation, ses effets ne paraissent pas s’être étendus au-delà des pentes
naturelles que le sol présentait à l'écoulement des eaux vers les bassins des
mers actuelles.
» Je terminerai, Messieurs, cette lettre déjà un peu longue, par une ob-
servation qui n’est pas sans intérêt pour l’agriculture, et je saisirai volon-
tiers cette occasion de montrer que les études géologiques peuvent avoir
un côté profitable aux arts utiles.
» Nous avons vu ci-dessus que, par suite de la tendance des courants
diluviens à escarper leur rives orientales, les matériaux de transport se
sont trouvés rejetés en entier sur les pentes des côteaux opposés. Il en
est résulté une différence frappante dans la distribution actuelle des terres
végétales au fond de nos vallées.
» Prenant pour exemple la vallée où coule le Gers, nous remarquons
que les attérissements de la rive droite sont formés aux dépens des collines
tertiaires ; aussi l'élément calcaire s’y trouve-t-il en proportion convenable
et quelquefois exagérée ; c’est le terre-fort de nos laboureurs. Dans lesterres
situées sur la rive gauche où le diluvium joue un grand rôle, c’est l'argile
qui domine; ces terres sont connues dans le pays sous le nom de Boul-
beines.
» L'argile des Boulbeines me paraît avoir été fournie par la décomposi-
tion des schistes argileux qui durent accompagner les galets diluviens. Il
est des localités où les Boulbeines sont tellement argileuses qu’il devient
indispensable de les marner pour les mettre en culture.
» Le marnage ,très utile dans le haut Gers, n’a presque plus d'efficacité aux
environs d’Auch. Nos cultivateurs croient généralement que cela tient de la
qualité de la marne employée comme amendement. C’est une erreur: nos
marnes sont d'origine tertiaire ; leur composition est, à peu de chose près,
la même dans le haut comme dans le bas Gers. La raison de cette diffé-
rence est donc tout autre, et la voici : le marnage agissant comme Cor-
rectif de l'excès d'argile, il n’est pas étonnant que son efficacité soit pro-
gressive en remontant vers les Pyrénées; car (ceci se conçoit aisément)
nos Boulbeines deviennent plus franches , c'est-à-dire, d'autant plus ar-
gileuses, qu’elles se rapprochent davantage du point de départ des maté-
riaux diluviens. Ainsi, les marnes des environs d’Auch, qui ne produisent
presque pas d’effet sensible sur nos Boulbeines déja mélangées, feraient
52..
(R382,)
merveille, sept ou huit lieues plus haut, sur les Boulbeines franches de Cas-
telnau de Magnoas.
» IL y a, cependant une exception à signaler, à propos de la qualité des
marnes. Il est reconnu, par les habitants de nos communes frontières du
haut Gers, où le marnage est pratiqué de longue main et avec intelli-
gence, que 10 charretées de marne de Gaussan ou de Monléon (Hautes-
Pyrénées), agissent autant que 100 charretées de marne locale. Aussi,
y a-t-il des cultivateurs qui aiment mieux faire 2 et 3 lieues pour se pro-
curer de la marne de Monléon, que d'exploiter celle qui forme le sous-
sol de leurs boulbeines.
» Ici vient se placer une considération géologique : les marnières de
Gaussan et de Monléon, si l’on s’en rapporte aux fossiles qu'elles contien-
nent, seraient creusées dans une formation secondaire; bien qu’elles
n'aient point l’apparence plus ‘calcaire que nos marnes tertiaires, leur
aspect minéralogique est tout autre, et indique qu’elles ont été formées
dans un milieu différent, probablement au fond des mers qui déposèrent
nos terrains de craie. Peut-être tiennent-elles leur énergie comparative de
cette différence d’origine? De là encore la question de savoir si elles
n'agiraient pas autrement que comme amendement ?
» Ona, dit-on, découvert des ossements de mammifères dans ces marnes
secondaires , et le séminaire d’Auch possède une portion de mâchoire d’un
pachyderme voisin du tapir, qui aurait été trouvé dans la grande marnière
de Gaussan, pêle-méle avec des échinites et autres corps marins carac-
téristiques de nos terrains de craie. Je me propose d'y faire moi-même
exécuter des fouilles, afin de vérifier la réalité de cette annonce; et, si
l'observation directe vient la confirmer, ce nouveau fait, joint à la dé-
couverte déjà ancienne de restes de didelphes dans le sol jurassique de
Sione-Field, ne laissera plus aucun doute sur l'existence des mammi-
féres antérieurement à la période tertiaire. »
MICROGRAPHIE. — Observations sur la configuration des zoospermes de la
Salamandre aquatique (Triton palmipes); Extrait d'une leitre de
M. Durarnin.
« Spallanzani avait cru voir les zoospermes de la Salamandre formés
d'une tête ovale et d’une longue queue garnie de cils vibratiles; mais depuis
lors tous les micrographes, convaincus de l’imperfection des moyens d’ob-
servation du célèbre physiologiste italien, avaient cru qu’il avait été dupe
d'une illusion, jusqu'à ce que M. le professeur Valentin, reprenant cette
( 383 )
idée, crut devoir attribuer à la queue des zoospermes de Salamandres
une double rangée de cils vibratiles, de même qu'il en attribue aussi aux
Navicules et aux Bacillaires. Les autres observateurs les représentèrent
comme des filaments très longs, plus: ou moins renflés en avant et amincis
en arrière.
» Or, voici quelle est réellement la forme de ces zoospermes : en avant,
se trouve une partie nue plus ou moins courbée en arc, longue de
3 millimètre, épaisse de ;7, mill. et moitié plus mince à l’extrémité ; en
arrière, cette partie s'articule avec un filament principal quatre fois plus
long, et s’amincissant à partir du point d'attache où ila = mill., jusqu’à
la pointe où il a moins de -? mill.; mais ce qu’il y a de remarquable, c’est
l'existence d’un filament accessoire partant du point de jonction et formant
autour du filament principal une hélice lâche dont le diamètre est de mil. ;
de sorte que sa longueur, s’il était développé, serait presque d’un millimètre.
Son épaisseur au grossissement de 325 diamètres, m'a paru égale à celle d’un
brin de laine de + mill. vu à l'œil nu, ce qui permet de l’évaluer à
900 mill.
» Pendant que le filament principal ou la queue du z00sperme se courbe
lentement de différentes manières, et se meut d’un mouvement ondulatoire,
le filament accessoire s’agite avec une grande vitesse par des ondulations
qui se propagent de la base vers la pointe; de sorte qu'avec un micros-
cope médiocre on croit voir une rangée de cils de chaque côté, et présu-
mablement c’est ainsi qu'a vu M. Valentin.
» Mais avec un éclairage convenable, et surtout quand au bout de quel-
ques heures le mouvement se ralentit ou même cesse tout-à-fait, on ne
peut conserver le moindre doute sur la structure que j'annonce. »
ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur la quantité d'azote contenue dans les
Jourrages, et sur leurs équivalents ; par M. BoussiNGAuULT.
Dans ce Mémoire, l’auteur donne, entre autres choses, les résultats des
analyses qu'il a faites cette année de plusieurs substances qu’il avait exa-
minées déjà l'an passé. Il a jugé ce soin nécessaire, attendu que les pro-
portions d'azote dans {es mêmes matières alimentaires peuvent varier
sensiblement suivant les circonstances climatériques. La variation paraît
d'ailleurs avoir lieu à peu près de la même manière pour les différents
produits d’une même année. Quant aux résultats obtenus dans des années
différentes , si l'on veut les rendre comparables, il faut, avant tout, tenir
(384)
compte de la quantité d’eau contenue dans les fourrages; car cette quan-
tité varie notablement suivant que la saison a été plus ou moins humide.
M. Boussingault s’est aussi occupé de rechercher à quoi pouvaient te-
nir des différences assez notables qu'il avait trouvées dans un assez petit
nombre de cas, il est vrai, entre les équivalents théoriques, c’est-à-dire
obtenus par le dosage de l'azote, et les équivalents théoriques auxquels il
les avait comparés. Il a reconnu que pour ces derniers, les agronomes
sont quelquefois si loin d’être d’accord, qu’entre deux résultats obtenus
l'un et l'autre par voie d'expérience, il y a quelquefois beaucoup plus de
distance que de l’un des deux au résultat calculé. Un des exemples qu'il
cite à ce sujet est relatif au froment dont il avait trouvé que l'équivalent
théorique devait être représenté par 49, nombre très différent de celui
de 27 adopté par Block, auquel il l’avait d’abord comparé ; depuis il a
reconnu que divers praticiens ont donné des nombres qui cadrent beau-
coup mieux avec celui qui se déduit du dosage de l'azote. Ainsi Pabst
donne pour l'équivalent de ces grains 40, Krantz 44, Meyer 46, et Petri,
enfin, 52.
Le riz, qui est considéré assez généralement comme plus nutritif que
le froment, a offert à M. Boussingault un résultat tout opposé ; ainsi l’é-
quivalent du froment étant représenté par 100, on trouve pour le riz 177;
tandis que l’équivalent des poids est 67, celui des lentilles 57, et celui des
haricots 56.
Les pommes de terre que l’on conserve l'hiver dans le sable, et qu’on a
préservées de la gelée au moyen d’une couche de fumier, perdent malgré
ces précautions beaucoup de leurs propriétés nutritives. Du moins
M. Boussingault y a reconnu beaucoup moins d'azote qu'à la fin de
l'automne, et ce résultat est d'accord avec celui auquel Block est arrivé
par un autre chemin.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Résumé des observations de physique faites à
bord de l'Astrolabe, depuis le départ de Toulon jusqu'au 25 octobre
1837; par M. DumouLin.
(Adressé par M. le Ministre de la Marine. On ne pense pas avoir le droit
de publier aujourd’hui les résultats de ces observations.)
PHYSIQUE DU GLOBE. — Courants marins.
M. Rivaille Duhezeaux , maire de Saint-Martin (ile de Rhé), écrit que le
2 mars On a trouvé, sur la côte sud de cette ile, une bouteille qui avait été
(385)
jetée à la mer dans le but de faire une expérience sur la direction et la vitesse
des courants. Un billet, enfermé dans cette bouteille, apprenait qu’elle
avait été jetée le 23 août 1837, du navire le Wellington, se rendant de
Londres à Madras; le navire était alors par les 45° 10’ lat. N. et 12° 58’ long. O.
de Greenwich.
Comme la bouteille fut trouvée engagée dans des varechs au milieu des-
quels elle pouvait avoir séjourné quelque temps, la date de son attérisse-
ment reste incertaine. Cependant M. Rivaille est porté à croire qu’elle a dû
être apportée par les fortes marées de la fin de février.
M. Couxrer appelle l'attention de l'Académie sur un passage du voyage
de M. Ker Porter en Perse, qui lui paraît être relatif à un cas de mirage
nocturne.
M. Marrer, remarquant que beaucoup des individus qui se noient dans
la partie de la Seine qui traverse Paris, restent accrochés aux pointes
dont est hérissée la surface inférieure des bateaux stationnés le long des
rives, croit qu'on rendrait ces accidents beaucoup moins communs si, en
tête du bateau le plus en amont de chaque file, on plaçait un filet à
larges mailles, qui descendrait de la surface de l’eau jusqu’au fond.
M. Romisow, dans une lettre adressée à M. Arago , annonce que le doc-
teur TraïLz va lire à la Société royale d'Édimbourg, une note sur une encre
qui, suivant lui, résiste au lavage et à l’action des réactifs chimiques.
M: pe Paravey écrit, à l’occasion de deux chiens qui ontété rapportés de
la Chine, et que possède en ce moment le Muséum : « Ces chiens, dit-il,
se distinguent principalement de ceux de toutes les autres races domes-
tiques, en ce qu'ils ont la queue droite tombante. Or, comme dans l’écri-
ture chinoise la forme la plus antique de la clé chien figure un animal dont
la queue est recourbée, il en faut conclure que cette écriture a été inven-
tée non en Chine, mais dans un pays où les chiens ont, comme dans le
nôtre, la queue recourbée vers le haut et tournante. C’est donc, dit l’au-
teur, un nouvel argument à ajouter à ceux que j'ai déjà présentés pour
prouver que les arts qu’on trouve en Chine n’y sont pas nés, mais y ont
été apportés par des colonies persanes, assyriennes, phéniciennes. »
L'auteur trouve une autre preuve de cette opinion dans la forme antique
de la clé spéciale des monnaies, forme dans laquelle il croit reconnaitre
celle des cauries, coquillages qui servent, comme on le sait, de moyen
(386 )
d'échange parmi certains peuples d'Afrique et d'Asie, et qui ne se trou-
vent pas sur les côtes de Chine. Ce n’est dont point en Chine, dit-il,
qu'on a pu s'aviser de prendre la figure de ce coquillage pour le signe
de la monnaie.
M. Maruex présente sous le nom de nageoires à cintres mobiles, un ap-
pareil dont il propose d’armer les mains des nageurs, dans le but de ren-
dre leur progression dans l’eau plus rapide et moins fatigante.
Pr06 P
M. pe PamBour adresse un paquet cacheté portant pour suscription :
Calcul des machines à vapeur.
L'Académie en accepte Le dépôt.
À quatre heures trois quarts , l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. À.
(‘387 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences, n° 12, 1" semestre 1838, in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et ARAGo ;
novembre 1837, in-8°.
Considérations sur l'histoire et l'état présent de la Zoologie ; par M. Isi-
vore Georrroy SainT-Hizaixe (Extrait de l'Encyclopédie Fe x1x° siècle) ;
in-8°.
Essai de Psychologie physiologique, ou explication des relations de l'âme
avec le corps; par M. C. Cnanoet; Paris, 1858, in-8°. (M. acte est
prié d’en rendre un compte verbal.)
Répertoire de Chimie scientifique et industrielle , sous la direction de
M. Gauzmer De Crausry ; tome 5, février 1838, n° 2.
Précis analytique des travaux de l'Académie royale des Sciences ,
Belles-Lettres et Arts de Rouen pendant l'année 1837 ; Rouen, 1837, in-8°.
Revue critique des Livres nouveaux, rédigée par M. Joër CxeRBuLIEZ ;
6° année, n° 3, in-8°.
Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; tome 22, 125* li-
yraison , in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département
de la Charente ; tome 19, n° 6, novembre et décembre 1837, in-8?.
Rapport fait à la Société royale et centrale d'Agriculture , par M. Bo-
narous, sur un ouvrage de M. Bassr, intitulé : De la Muscardine, de ses
principes, de sa marche ; moyens de la reconnaître , de la prévenir et de
la détruire ; in-&.
Cactearum aliquot novarum ac insuetarum in horto monvilliano cul-
tarum accurata descriptio. Fasciculus primus; M. Lemarre; Paris, in-4°.
- Nova acta physico-medica Academiæ Cesæsaræ Leopoldino-Carolinæ
naturæ Curiosorum ; tome 18, partie 1°; Bonn, in-4°.
First report. ... Premier Rapport sur la Géologie de l’état du Maine;
par M. C. jackson, Augusta, 1837, in-8°, avec atlas in-4°.
Coast Survey.... Lettre du Ministre des Finances, transmettant une
copie du rapport du professeur Hasszer, sur la reconnaissance (Survey)
C, R. 1838, 1°r Semestre, (T. VI, N° 13.) 53
( 388 )
des côtes des États-Unis, et sur l'état actuel du travail relatif à la fabri-
cation d'étalons pour les poids et mesures ; in-8e.
Ueber den... Sur le Lamantin de l'Orénoque; par M. »e Humsozor (tra-
duit de son Journal de voyage écrit en français), in-8°, avec planches.
Reïse nach.... Voyage à l'Oural, à V Altaï et à la mer Caspienne , fait
par ordre de S. M. l'Empereur de Russie; par MM. ve Huwsozvr, Enren-
BERG et Rose, partie minéralogique et géognostique ; rédigée par M. Rose,
tome 1°", in-8°, avec une carte de l'Oural sur toile,
Bericht ueber, ... Analyse des Mémoires lus à [ Académie des Sciences
de Berlin et destinés à la publication pendant le mois de janvier 1838,
in-8.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 12, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°° 34—56, in-42.
Echo du Monde savant ; 5t année, n° 319, in-4°.
La Phrénologie, tome x, n° 35, in-4.
L’'Expérience, Journal de Médecine ; tome 1, n°” 28e 294
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 AVRIL 41838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PHYSIQUE APPEIQUÉE. — Vote sur un passage du Compte rendu de la
dernière séance ; par M. Bior.
« Dans le Mémoire de M. de Pambour, inséré au Compte rendu de la
dernière séance, on lit ce qui suit :
» La véritable loi mathématique qui lie les pressions aux températures
dans les vapeurs saturées, n’est pas connue. » (Ici l’auteur entend par va-
peurs saturées le maximum de vapeur qui peut subsister à chaque tempé-
rature dans un espace limité.) Plus loin il ajoute que, selon les tempéra-
tures, il faut calculer la tension par des formules empiriques diverses que
l’on fait succéder l’une à l’autre; par exemple, de o à 1 atmosphere, celle
de Southern; de 1 à 4 atmosphères, celle de Tredgold ; de 4 à o atmos-
pheres, celle de MM. Dulong et Arago.
». Comme l'autorité de ce savant ingénieur paraïîtrait naturellement dé-
cisive aux physiciens et aux praliciens, je crois utile de rappeler qu’une
formule générale des tensions de la vapeur, telle qu'il la désire, a été de-
puis long-temps communiquée à l'Académie , et se trouve imprimée dans
CR. 1838, 1r Semestre, (T. VI, N° 44.) 54
( 390 )
les additions à la Connaissance des tems de 1839, page 19. J'en rapporte
ici les éléments numériques.
» Soit f; la tension maximum que la vapeur aqueuse peut soutenir à
la température centésimale £, comptée sur le thermomètre d'air. Faites
X—= 20° H{, Vous aurez
log (f) = a — af — ae ;
a, 4,, 4, %;,, &,, sont cinq constantes positives dont voici les valeurs
toutes préparées pour le calcul,
a = 5,96131 33025 9, loga, — 1,82340 688193, log a, — 0,74110 95183 7,
log #, —— 0,01309 734295, loge; —— 0,00212 51058 3 ;
,se trouve ainsi donnée en millimètres de mercure à o°.
» Cette expression a été comparée numériquement à toutes les expé-
riences de MM. Dulong et Arago; à celles de M. Taylor, qui les précèdent
plus près de 100°; et, depuis 100° jusqu'à — 20°, à une nombreuse série
d'observations inédites que M. Gay-Lussac m'a communiquées. Dans toute
cette étendue elle reproduit les résultats observés avec des écarts acci-
dentels très petits, tels qu’ils en comportent eux-mêmes. Cependant ses
coefficients numériques n’ont exigé pour leur détermination que quatre
tensions observées, deux au-dessus de 100°, deux au-dessous.
» Une discussion minutieuse des résultats ainsi obtenus, semblerait in-
diquer que, vers 0°, la tendance de l’eau à la solidification introduirait une
modification aceidentelle, très petite à la vérité, mais pourtant sensible
sur la tension de sa vapeur. Mais les observations employées, toutes
excellentes qu’elles sont, n’ont peut-être pas encore l'extrême rigueur qui
serait nécessaire pour établir un phénomène aussi délicat. Je n’en parle
ici qu'à cause de l'influence qu’il pourrait exercer sur les résultats baro-
métriques et sur les réfractions, dans les contrées polaires. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la vraie constitution de l'atmosphère ter-
restre déduite de l'expérience, avec ses applications à la mesure des
hauteurs par les observations barométriques , et au calcul des réfractions ;
par M. Bror.
« Depuis que la physique mathématique est devenue une science, c’est-
à-dire depuis Newton, les problèmes que je viens d’énoncer ont excité les
recherches des plus grands géomètres. Mais, en étudiant l’histoire de leurs
tentatives, on voit que, pendant long-temps, le manque de données expé-
C397°)
rimentales les a rendues nécessairement indirectes; et, ce qui est plus
digne de remarque, même après que ces données ont été recueillies, l’im-
pulsion donnée aux esprits par les premiers travaux les a encore main-
tenus sur cette direction. Lorsque Newton entreprit de calculer théori-
quement les réfractions produites par l'atmosphère, il donna à celle-ci
une constitution qui suppose implicitement la température constante à
toutes les hauteurs ; et, comme les réfractions ainsi obtenues s’écartaient
assez peu des observations imparfaites qu’on faisait alors, ce mode de
coustitution fut pendant long-temps le seul employé par les géomètres,
qui tâchaient seulement d’en approprier les constantes aux valeurs des
réfractions déterminées astronomiquement. Enfin, un d’entre eux, qui
réunissait au plus haut degré la juste appréciation des données physiques,
avec l'art de les introduire dans le calcul, M. Laplace, fit un pas décisif
vers une concordance plus précise, et surtout plus certaine. Ayant reconnu
que la supposition d’une température constante, et celle d’une tempéra-
ture décroissant arithmétiquement avec la hauteur, donnaient sur la ré-
fraction horizontale des erreurs peu différentes mais de sens opposé, il
attribua à l’atmosphère une constitution empirique mélée de ces deux-là,
et tellement exprimée, qu’en l’introduisant dans l'élément différentiel de
la réfraction, celui-ci püt être intégré approximativement. Alors, en pliant
les constantes de cette loi aux données observables, il obtint les excel-
lentes tables de réfractions que nous employons aujourd’hui en France.
Plus tard, M. Ivory réalisa la même idée par une expression analytique
beaucoup plus simple, dont il plia les constantes aux observations d’une
manière encore plus explicite; et il en déduisit des tables que l’on put
supposer encore supérieures à celles du géomètre français. Toutefois
cette nouvelle loi ne pouvait, pas plus que la précédente, être admise
comme une réalité physique, puisque l'accord de ses conséquences avec
les réfractions observables ne fournit qu’une induction indirecte, qu'on
obtiendrait par beaucoup d’autres expressions avec des limites d'erreurs
également tolérables. Et enfin j'ai montré que cette induction cesse
même totalement d'exister pour les régions supérieures de l'atmosphère,
parce que les réfractions observables ici-bas sont sensiblement indépen-
dantes du mode de superposition qu’on peut leur attribuer. La vraie
constitution de l'atmosphère terrestre doit donc encore, après ces recher-
ches, être considérée comme inconnue, ou tout au moins comme non dé-
montrée. Et pourtant l'on verra dans un moment que les données néces-
saires pour la définir étaient sous nos yeux.
54.
(392 )
» La mesure des hauteurs par les observations barométriques semble
offrir une autre voie, indirecte encore, mais moins détournée, pour ré-
soudre ce problème, puisque ce sont les colonnes aériennes elles-mêmes
que l’on pèse immédiatement dans ces observations. Cependant, malgré
beaucoup d'efforts on s’est peut-être moins approché ainsi du but qu'il
fallait atteindre. Depuis la première idée de cette application, conçue par
Pascal en 1648, après la célèbre expérience du Puy-de-Dôme, on voit,
pendant plus d’un siècle, les physiciens, les astronomes et les mathéma-
ticiens les plus habiles, s’efforcer de la réaliser. Mais, quoique les calculs
de Halley et de Newton, fondés sur les lois de la compressibilité de l'air,
découvertes par Boyle et Mariotte, n’eussent pas tardé à établir que la
différence des hauteurs doit être proportionnelle à la différence des loga-
rithmes des colonnes barométriques, cette règle, qui est sensiblement vraie
pourune atmosphère de température constante et de composition uniforme,
se trouvait sans cesse inexacte quand on l’appliquait à l'atmosphère véritable,
où ces deux éléments varient, non-seulement avec la hauteur, mais encore
selon les lieux et les saisons. Comme on ne connaissait pas alors les lois
de dilatabilité des gaz, ni les conditions de leur mélange avec la vapeur
aqueuse, ni le rapport de densité de cette vapeur à l'air sec, il était im-
possible de déméler, ou même de soupçonner, les influences de tant de
causes diverses, encore plus d’en calculer l'effet résultant et total sur le
poids des colonnes aériennes. Un physicien patient , soigneux , laborieux,
Deluc , entreprit d’atteindre ce but par pur empirisme, en discutant un
grand nombre d'observations barométriques exactes, faites dans tous les
états possibles de température et d'humidité de l'air, entre des points dont
la différence de niveau était mesurée trigonométriquement. Et, par cette
voie pénible, suivie avec autant de patience que de sagacité pendant cinq
ans, il obtint vers 1760 , la règle long-temps célèbre qui a justement recu
son nom. Enfin, l'impulsion active autant qu'éclairée, imprimée par
M. Laplace aux progrès de la physique exacte, ayant amené la détermi-
nation de toutes les données expérimentales nécessaires au calcul de l'é-
quilibre des masses gazeuses, l’utilité de la méthode barométrique attira
l'attention de cet hommeillustre ; et il ne jugea pas au-dessous de lui de la
soustraire à l’empirisme presque complet où il avait fallu la borner jusque
alors. Ce fut l’objet d’un chapitre de la Mécanique céleste. M. Laplace
montra la marche exacte qu’il faut suivre pour établir théoriquement le
rapport de longueurs des colonnes d’air et de mercure qui se font mutuel-
lement équilibre dans une atmosphère de constitution donnée. Mais,
( 395 )
comme l'expression analytique par laquelle il avait représenté cette cons-
titution , était trop complexe pour qu’il lappliquât aisément à ce problème,
il y suppléa, par une forme approximative, dans laquelle il faisait inter-
venir, avec beaucoup d’adresse, les divers éléments physiques qui'influent
accidentellement sur le poids total de la colonne d’air. Les physiciens
s’empressèrent de fixer avec précision le coefficient numérique de la for-
mule ainsi démontrée; ce qu'ils firent, soit en l’appliquant soigneusement
à la mesure de hauteurs connues, soit en déterminant, par des expériences
directes , les poids relatifs de l’air et du mercure. Les nombres donnés
par ces deux méthodes s’étant trouvés en parfait accord, la formule baro-
métrique de M. Laplace fut désormais la seule employée par les physiciens
et les voyageurs , qui ont unanimement proclamé ses bons résultats.
» Toutefois, on ne peut méconnaître qu’elle est encore établie, en par-
tie, par son illustre auteur, sur un empirisme habile, plutôt que sur une
théorie tout-à-fait rigoureuse. Cela ne se voit nulle part mieux que dans
l'exposition si nette que M. Poisson en a donnée dans sa Mécanique. En
effet, après avoir formé généralement l’équation différentielle de l’équi-
libre pour une couche quelconque de la colonne d’air, on rend cette
équation intégrable en supposant la température constante, ce qui con-
duit à un décroissement des densités en progression géométrique. Mais
ensuite on prend cette constante égale à la demi-somme des températures
extrêmes de la colonne mesurée, ce qui suppose implicitement les tem-
pératures décroissantes en progression arithmétique avec la hauteur, d’où
résulterait un décroissement pareillement arithmétique, et non géomé-
trique, des densités. On fait donc réellement, par-là, une sorte de mélange
empirique des deux progressions , mélange en effet indiqué par les tables de
réfraction qui satisfont le mieux aux observations astronomiques, mais qu'il
faudrait au moins d’employer tel qu’il est admis dans ces tables. Ensuite,
l'intégration de l’équation d’équilibre se fait réellement comme pour une at-
mosphère exempte de vapeur aqueuse; et l’affaiblissement relatif de poids
que l’existence possible de cette vapeur produit dans la colonne d'air, se
corrige approximativement, mais sans évaluation précise, en augmentant
un peu le coefficient de la dilatation propre aux substances aériformes. Il
serait sans doute préférable que l'effet de cet élément fût exactement in-
troduit dans le calcul avec toute l'éventualité de ses variations.
» Un inconvénient grave de l'expression empirique ainsi formée, c’est
de n'offrir én elle-même aucun indice par lequel on puisse apprécier,
dans chaque cas, l'erreur ou la justesse de son application actuelle. De
( 394)
sorte qu’on ne peut compter sur elle que par induction, en vertu de l’ac-
cord qu'on a trouvé entre ses résultats et le nivellement trigonométrique ,
lorsqu'on a pu ainsi l’éprouver.
» Je me propose de montrer, dans ce qui va suivre, que la vraie consti-
tution de l'atmosphère peut se déterminer par un mode d'expérience di-
rect, dont il existe déja des exemples que j'emploierai à cet usage. Je
ferai voir ensuite que, cette constitution étant ainsi établie, comme elle
peut l'être par des expériences de ce genre suffisamment réitérées, on en
déduit rigoureusement les données réelles, nécessaires au calcul des ré-
fractions, ainsi que la formule barométrique exacte, avec tous les élé-
ments variables qui entrent dans sa composition.
» Pour justifier la première et la principale de ces assertions , il faut se
rappeler d’abord que, dans l’état d'équilibre de l'atmosphère, seul cas que
l'on puisse soumettre complétement au calcul, les éléments constitutifs des
couches aériennes, qui sont la pression; la densité, la température, se trou-
vent déjà liés mathématiquement entre eux et avec la hauteur, par deux
équations, dont l’une exprime la condition d'équilibre, l’autre la condition
de dilatabilité. De sorte qu’en supposant celle-ci donnée conformément à la
nature physique du milieu atmosphérique, il suffit de trouver expérimen-
talement, ou par théorie, une troisième relation générale entre les élé-
ments des couches, pour avoir l’expression nécessaire et complète de cha-
cun d’eux en fonction de la hauteur, sauf les difficultés que peuvent
présenter les intégrations. M. Poisson a donné un exemple fictif de cette
formation théorique d’une troisième équation dans le supplément à son
ouvrage sur la chaleur. Mais on peut arriver au même but expérimentale-
ment, par les ascensions aérostatiques faites à de grandes hauteurs, lorsque
l’aéronaute a observé simultanément le baromètre, le thermomètre et
l’hygromètre, dans un grand nombre des couches qu'il a successivement
traversées, et dont il n’est nullement besoin de connaître l'élévation.
Car, de ces données, on déduit pour chaque couche la densité et la pres-
sion actuelles. Or, en supposant les stations assez nombreuses pour qu’on
puisse construire le lieu géométrique simultané de ces deux éléments,
si sa nature est telle qu'on puisse la reconnaître , ou seulement la re-
présenter par une expression analytique équivalente aux observations ,
la constitution réelle du milieu se trouvera ainsi complétement dé-
finie en fonction de la hauteur pour toute l'épaisseur traversée. Alors,
d’après les caractères plus ou moins évidents de simplicité, de continuité,
qui se trouveront empreints dans la nouvelle relation obtenue expérimen-
( 395 )
talement, on pourra estimer jusqu’à quel point le principe de la diffusion
des gaz rend sa prolongation ultérieure vraisemblable; et, dans tous les
cas, on en tirera des limites d'évaluation pour l’état des couches supé-
rieures. J'ai appliqué ce mode de discussion aux vingt-une stations où
M. Gay-Lussac a observé à la fois le baromètre, le thermomètre et lhy-
gromètre, dans son mémorable voyage aérostatique. Je regrette vivement
de n'avoir pas pu ÿ joindre les observations analogues que nous avons
faites ensemble dans une précédente ascension. Elles auraient été ici d’au-
tant plus utiles que plusieurs d’entre elles s’appliquaient à des hauteurs
moindres que celles où M. Gay-Lussac a commencé à observer. Malheu-
reusement nous n'avons publié que nos hauteurs, calculées par la formule
barométrique de M. Laplace, et je n'ai pas pu retrouver les documents origi-
naux. Il faudra donc remplacer ces données, et sans doute aussi en com-
pléter l’ensemble, par de nouvelles ascensions réitérées dans des circons-
tances diverses, desaisons, de climats. Mais déjà les vingt-une observations
de M. Gay-Lussac établissent des conditions générales, en partie conformes
à ce que l’on soupçonnaït, en partie différentes ; et surtout elles confir-
ment matériellement le résultat mécanique énoncé par M. Poisson sur l’état
de l'air à la limite de l'atmosphère : savoir que, pour l'équilibre, cet air
doit conserver alors une certaine densité jointe à une privation totale de
ressort, dont la réanion maintienne la pression qu’il exerce et qui retient
les couches inférieures, en même temps qu’elle empêche sa propre ex-
pansion. Seulement, d’après certaines conditions physiques auxquelles cette
densité finale doit satisfaire, je prouverai que sa valeur réelle est extréme-
ment petite, et ne peut pas excéder 5 de la densité moyenne de l'air
au niveau des mers. \
» (Ici M. Biot expose avec détail toutes les réductions numériques qu'il
faut faire aux indications immédiates des instruments employés par M. Gay-
Lussac, pour en tirer les valeurs exactes et comparables des pressions et
des densités de l'air rapportées chacune à l’unité de leur espèce, qui sont
la pression et la densité au point de départ. Puis il ajoute :)
» Si lon construit avec ces valeurs le lieu géométrique des densités en
prenant les pressions pour abscisses, on trouve qu’il forme une ligne con-
cave vers l'axe des pressions ; mais avec cette circonstance remarquable
que sa courbure, toujours extrémement faible, n’est sensible que dans les
cinq stations les plus basses ; de sorte qu’à partir de ce terme les résultats
des seize autres stations peuvent se construire exactement par une ligne
droite. Le calcul confirme la précision de cette indication graphique ; car
( 396 )
si, du point relatif à la plus haute station, on conçoit des cordes menées
aux quinze points précédents, les inclinaisons calculées de ces cordes sur
l'axe des pressions ne s’écartent que de quelques minutes autour de leur
moyenne. La corde menée ainsi à la première station même, ne fait avec cette
droite générale qu’un angle de 1° 25' ro"; ce qui montre combien la ligne
entière est peu courbe dans cette première partie de son cours, qui s'élève
pourtant depuis la surface de la terre jusqu’à la hauteur où la densité de
l'air est réduite à la moitié de sa valeur à la surface du sol.
» Ici les observations immédiates s'arrêtent : pour suivre plus loin læ
courbe, il faut employer d’autres considérations. On peut d’abord pro-
longer la droite des seize dernières observations qui en est au moins une
tangenté. On trouve alors que, lorsque la pression devient nulle pour cette
droite , elle laisse subsister une densité limite égale à 9 + centièmes de la
densité à la surface du sol. Rien ne prouverait à priori qu’une telle hmite
de densité fût impossible ; mais, en calculant la hauteur que ce lieu rectiligne
supposé donnerait à l’atmosphère, on trouve qu'elle n’atteindrait pas
23000", tandis qu'on sait qu’elle s'étend beaucoup plus loin. La droite
dont il s’agit n'offre donc qu’une limite qui s'étend au-dessus du lieu véri-
table des pressions et des densités. Or, on a une seconde limite de sens
contraire, en menant une droite du dernier point observé à l’origine
même des densités et des pressions; car la pression devenant nulle à
la fin de l’atmosphere, la densité ne peut pas être alors négative. Alors on
trouve que cette seconde droite ne forme qu’un angle de 6° 10’ ro", avec celle
qui unit les seize dernières stations. Puisqu’elles comprennent entre elles
deux tout le reste du lieu cherché, depuis la plus haute station jusqu'au
terme de l'atmosphère, on voit que ce reste lui-même est nécessairement tres
peu courbe comme l'était sa première partie relative aux couches plus
basses; de sorte que dans toute cette étendue les approximations parabo-
liques peuvent s’y appliquer.
» Prenant donc une parabole quelconque du second degré, je l'assu-
jétis à passer par le point de la droite des seize dernieres stations , où la
densité est 0,5, et à toucher cette droite en ce même point. Puis, pour
troisième condition, je demande que cette parabole, continuée jusqu’au
terme où la pression est nulle, donne à l'atmosphère une hauteur totale,
qui atteigne au moins 60000 mètres. Or, je trouve que toute densité
finale qui excéderait 0,0001, donnerait cette hauteur plus faible : donc,
puisque l'atmosphère s'étend au moins à 60000 mètres, la densité de l'air à
sa limite extrême, ne peut pas surpasser 355 de sa densité à la surface
du sol.
( 397 )
» Ce résultat établi, je reviens à la première partie de la courbe,
donnée immédiatement par les observations. Je détermine la parabole
qui, liant les observations inférieures, se rejoint à la droite des seize
dernières stations; d’où résulte un lieu mixte qui donne la représentation
la plus précise de leur ensemble, et fournit par conséquent le moyen le
plus exact de déterminer les hauteurs des couches qui y correspondent.
Ces préparations faites, je passe aux applications des lois et des résultats
ainsi obtenus.
» J'examine d’abord les conséquences qui s’en déduisent sur le décrois-
sement des températures dans l’atmosphère. Le lieu des densités et des
pressions étant connu, détermine en effet ce décroissement pour toute
la partie de l'atmosphère où l’air conserve certainement la compressibi-
lité et la dilatabilité uniformes que nous lui trouvons ici-bas. Arrivant
ainsi à la ligne droite qui unit les seize dernières observations de M. Gay-
Lussac, je prouve qu’une telle droite, lorsqu'elle a lieu comme celle-là
dans un air sensiblement sec, fait décroiître la température à mesure que
la hauteur augmente, réciproquement à la densité de l'air; de sorte que
ce décroissement s'accélère suivant ce rapport, d'autant plus que les cou-
ches aériennes sont plus élevées. Il en a done été ainsi dans les seize
dernières stations de M. Gay-Lussac , abstraction faite des écarts acciden-
tels que les observations de température ont pu y présenter.
» Or ceci conduit à une conséquence très importante pour l'état des
températures dans les hautes régions de l'atmosphère. La droite qui unit
les seize plus hautes stations de M. Gay-Lussac, ne finit sans doute pas
précisément à la dernière; et l'on doit penser qu’elle continue encore
d'exister, au moins jusqu’à quelque distance, au-dessus de cette station.
Mais, d’une autre part, nous avons prouvé qu’elle ne peut pas se continuer
ainsi jusqu’à la limite de atmosphère, parce que celle-ci se trouverait par-
là beaucoup plus basse qu’elle ne l’est en réalité. Il faut donc nécessaire-
, à Se
ment, qu'à une certaine hauteur au-dessus de la couche où = 0,5, les
Ê
densités commencent à décroitre pour les mêmes pressions, plus rapide-
ment qu’elles ne feraient sur la droite continuée; et cette nécessité nous
donne l'alternative suivante.
» Si les lois de compressibilité et de dilatabilité qui conviennent ici-bas à
l'air atmosphérique sec subsistent encore à ces grandes hauteurs, 6ù cet air
est en même temps très froid et très rare, il faut que quelque cause physique
intervienne au-dessus de la couche où la densité est 0,5 pour y ralentir
C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 14.) 55
( 398 )
l’abaissement progressif des températures que les couches inférieures ma-
nifestaient. Et l’on ne peut s'empêcher de songer qu’un tel effet pourrait
être produit par l'affluence de l'air chaud qui, soulevé à l'équateur par la
chaleur solaire, doit se déverser continuellement vers les pôles, et se mé-
ler aux couches supérieures de l'atmosphère de nos climats.
» Si, au contraire, on suppose que les lois de compressibilité et de di-
latabilité se modifient peu à peu dans les grandes hauteurs, ceci nous
montre dans quel sens doivent s’opérer ces modifications. Car, puisque
les densités doivent alors s'affaiblir pour les mêmes pressions, plus qu’elles
ne le font dans les couches moyennes où la densité approche de 0,5, il
faudra en conclure que l'air atmosphérique sec, devenu en même temps
très froid et très rare, se contracte moins par un refroidissement ultérieur
qu'il ne le fait lorsqu'il est plus dense; conséquence qui, en effet, ne ré-
pugne nullement avec la physique des gaz.
» Cette alternative importante pour la connaissance de la constitution de
notre atmosphère à de grandes hauteurs, pourra se décider par deux genres
d'épreuves. D'abord, en mesurant expérimentalement la compressibilité et
la dilatabilité de l’air très raréfié et très refroidi; puis, en renouvelant labelle
ascension de M. Gay-Lussac dans d'autre climats que le nôtre, et dans
d’autres saisons que celles où il s'est élevé. On verra tout à l'heure combien
ces deux sortes d'expériences deviennent maintenant pressées, et j'ose
dire indispensables pour compléter la théorie des réfractions. »
( M. Biot termine son Mémoire en indiquant les applications physiques
des résultats qu'il a obtenus. )
» Application à la mesure des hauteurs par le baromètre. — Pour que
les observations barométriques aient toute l'utilité qu’on en peut attendre,
il faut qu’elles puissent donner non-seulement la hauteur de la station où
on les à faites, mais encore le décroissement véritable de la densité de
l'air à diverses élévations et près de la surface terrestre; décroissement
qui est nécessaire pour calculer les réfractions près de l'horizon.
» Elles ne peuvent rendre ce service que si elles sont accompagnées des
observations hygrométriques qui sont indispensables pour calculer exac-
tement les densités. Je supposerai donc qu'il en est ainsi.
» Alors, si l’on a un nombre d'observations pareilles du baromètre, du
thermomètre, de l'hygromètre, faites simultanément dans une même co-
lonne d'air, ou qui puissent être ramenées à cette condition de simulta-
néité, comme je le dirai tout à l'heure, on calculera les paraboles succes-
sives qui les unissent, comme je l'ai fait dans mon Mémoire; et l'on aura,
( 309 )
par ces paraboles, non-seulemént les hauteurs exactes des stations, mais
encore le décroissement des densités dans toutes les couches qu’elles em-
brassent.
» Si l’on n'avait ainsi qu’une seule station d'observations supérieures,
outre celles qui sont nécessairement faites au point de départ, on ne
pourrait plus calculer le décroissement des densités avec certitude. Mais
on pourrait encore obtenir très approximativement la hauteur rela-
tive de la station, en la plaçant dans une parabole qui, partant de la sta-
tion inférieure, se terminerait à la limite de l’atmosphère avec une densité
finale égale à o,o001 de la densité initiale , près de la surface du sol.
» Les preuves de ces diverses assertions se déduisent naturellement des
principes exposés dans mon Mémoire. Pour les confirmer ici par un exem-
ple, je prends, comme station supérieure, la couche d’air où l’on a
L = 0,5, c'est-à-dire que sa densité est la moitié de celle qui a lieu à la
t
surface du sol. Cela répond à très peu près à l’avant-dernière station de
M. Gay-Lussac. Je calcule successivementsa hauteur, par les divers procédés
que je viens d'indiquer, en me servant pour cela des formules rassemblées
en tableau dans mon Mémoire. D'abord, pour l'obtenir de la manière la
plus exacte, je commence par calculer sur la parabole initiale , la hauteur
de la couche d’air où l’on a = = 0,65; je la trouve égale à 4427",91. Par-
tant de là, je calcule la hauteur de la couche où la densité est 0,5, au des-
sus du niveau de cette première station; ce que je fais, en les considérant
toutes deux sur la ligne droite qui unit les seize stations les plus élevées.
Je trouve cette différence de niveau égale à 2523",96; de sorte qu'en la-
joutant à la hauteur précédente, j'obtiens pour hauteur totale 6951",87,
au-dessus de l'Observatoire de ‘Paris.
» Je calcule ensuite cette même hauteur totale, en une seule fois, par
la parabole initiale seule, en la prolongeant fictivement depuis la surface
du sol jusqu’à la couche où la densité est 0,5. Je trouve ainsi 6992",05, ré-
sultat qui surpasse le premier seulement de 40",18. Ainsi cette parabole ini-
tiale, déterminée par les seules stations les plus basses, exprimait déjà très
approximativement l’état de l'air, depuis la surface du sol jusqu’à la couche
dant il s’agit; quoique non pas, sans doute, si exactement que le lieu
vrai formé par la succession de cette même parabole initiale et de la ligne
droite qui unit les seize dernières stations.
» Enfin, partant de la seule densité donnée = = 0,5, et de la pression
1
JD
( 400 )
correspondante s = 0,4341724, je calcule la parabole qui, satisfaisant à
ces conditions , s’étendrait depuis la surface du sol jusqu’à la limite ex-
trême de l'atmosphère, en laissant à cette limite une densité finale
2 — 0,000. Cette parabole, construite ainsi sans aucun emploi des obser-
1
vations intermédiaires, donne pour la hauteur de la couche désignée
6909",10, résultat inférieur seulement de 42”,77. à la première évaluation
qui est essentiellement la plus rigoureuse.
» On pourra donc employer aussi ce dernier moyen pour trouver la
hauteur relative des stations, lorsque l'on n'aura fait d'observations
qu'aux deux extrémités de la colonne d'air qui les sépare. Alors, par la
limitation des données employées, ce procédé représentera la méthode ba-
rométrique ordinaire, dépouillée de l’empirisme sur lequel elle reposait.
Mais il sera presque toujours facile de se placer dans la condition
qui réunit des observations multiples, et qui permet des déductions plus
complètes. Pour cela, lorsque l’observateur s’élèvera sur une montagne,
il n'aura qu’à observer à la fois le baromètre, le thermomètre et l'hygro-
mètre, en quelques points de sa route, et les mesurer de nouveau aux
mêmes points en redescendant. Car si ses observations sont faites à peu
d'heures de distance, leur moyenne différera peu des résultats qu’on aurait
observés simultanément à toutes ces stations ; et en calculant la parabole
unique , ou les paraboles successives qui les unissent, on en déduira les
hauteurs relatives des stations, ainsi que le décroissement de la densité de
l'air dans chacune d’elles, avec toute l'exactitude que ce genre d’observa-
tions peut comporter. Du reste, je dois ajouter que les résultats ainsi ob-
tenus, quoique naturellement préférables à ceux de la formule baromé-
trique ordinaire, m'ont paru n'avoir avec eux que des différences fort
petites, même pour la plus grande hauteur à laquelle M. Gay-Lussac s’est
élevé.
» Application au calcul des réfractions astronomiques. — Dans l'état
actuel de Astronomie, on calcule les réfractions produites par l’atmo-
sphère, en représentant la relation des pressions aux densités, par une
parabole que l’on suppose rester invariablement la même dans toutes les
saisons et dans tous les climats, lorsque les pressions et les densités sont
rapportées chacune à l'unité de leur espèce, prise dans la couche d’air
où l'observateur est placé. Cette supposition de permanence n’est fondée
sur aucun fait, et n'offre aucune vraisemblance physique.
» On suppose en outre, que dans cette parabole, la densité devient
( 4o1 )
nulle en mème temps que la pression; ce qui est d’une impossibilité mé-
canique évidente.
» Ces deux genres d’inexactitude n’ont aucune influence sur les réfrac-
tions observées ou calculées à moins de 74° du zénith, parce qu’elles
s'obtiennent par des limites indépendantes du mode de superposition des
couches gazeuses dont l'atmosphère est composée. Mais, à de plus grandes
distances du zénith, la forme de la courbe qui lie les densités aux pres-
sions, influe sur les réfractions opérées par l'atmosphère; et ces réfrac-
tions, comme on les calcule aujourd’hui, ne peuvent être exactes, soit à
cause de la connaissance imparfaite qu’on a de cette forme, soit à cause des
variations qu’elle peut subir, selon les temps et les lieux:
» Il est même à craindre que les observations astronomiques actuelle-
ment faites dans cette ignorance , n’aient aucune utilité dans l'avenir, parce
qu’elles ne sont pas accompagnées des indications physiques nécessaires
pour calculer un jour les corrections que les tables de réfractions ac-
tuelles doivent exiger.
» Le seul moyen pour sortir de cette incertitude, c’est d'étudier cons-
tamment le décroissement réel des densités des couches d’air, soit par de
nombreuses observations du baromètre, du thermomètre et de l'hygro-
mètre , faites simultanément sur le penchant des montagnes en divers
points dune même eolonne aérienne, soit, comme je l'ai proposé
l’année dernière, au moyen de ballons fixes portant à des élévations di-
verses, et jusqu’à de grandes hauteurs, des instruments à index, qui don-
neraient tous les éléments physiques qui caractérisent l’état de l'air. Si de
semblables appareils étaient entretenus dans les grands observatoires
d'Europe, on connaîtrait bientôt tous ces éléments ; et l’on en déduiraiït
les réfractions exattes qui y correspondent, en se servant des méthodes
que j'ai données dans la Connaissance des Tems de 1839. Peut-être alors
arriverait-on à découvrir que les plus grandes variations des: paraboles
aériennes, s'opérent dans les couches inférieures, naturellement les plus:
troublées; et, qu’au-dessus de cette zone, elles acquièrent la constance qu’on
leur suppose aujourd'hui dans toute l'étendue de l'atmosphère. S'il en était
ainsi, l’on formerait des tables de réfractions à paraboles constantes pour
les régions supérieures, comme nous le faisons aujourd’hui pour l’atmo-
sphère entière; et l’on appliquerait aux couches inférieures les corrections
variables que leur état nécessite; corrections qui seules peuvent faire con-
naître la vraie valeur de la réfraction qui s’y produit, »
( 402 )
M. Benramix DeresserTr met sous les yeux de l'Académie un nouvel
appareil de chauffage portatif inventé par M. Joice, et dont il a déjà été
fait mention dans la séance du 12 février.
« Cet appareil, dit M. Delessert, se compose d’une urne en fer de 2 pieds
et demi de hauteur sur 9 pouces de diamètre que l’on transporte facile-
ment au moyen de deux anses. Cette urne contient un cylindre en tôle percé
d’un trou à sa base, et muni à son sommet d’un registre circulaire. Dans ce
cylindre se place le combustible qui est du charbon de bois grossièrement
concassé et mêlé de carbonate de soude; il est préparé avec beaucoup de
soin et de manière à empêcher toute émanation dangereuse, et cest en
cela que consiste le principal mérite de l'invention.
» Quand on veut se servir de cet appareil, on commence par allumer
une petite quantité de ce charbon et on le verse dans le cylindre qu’on
remplit ensuite avec ce même charbon. On régle la chaleur au moyen du
registre circulaire, et l'on peut en obtenir plus ou moins à volonté.
» La combustion ne donne ni odeur ni fumée; elle dure vingt-quatre
heures sans ajouter de nouveau charbon; le résidu est une cendre blan-
châtre. L'inventeur évalue la dépense 60 centimes pour vingt-quatre
heures de chauffage. Un seul de ces appareils a maintenu la température
d'une chambre moyenne à 19 degrés cent. »
RAPPORTS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Système de voitures pour chemins
de fer de toutes courbures , présenté par M. Arnoux.
(Commissaires, MM. Arago, Dulong, Savary, Séguier, et Poncelet
rapporteur.)
« Les questions qui se rattachent à l'établissement des chemins de fer
offrent, en ce moment, un si haut degré d'importance sous le point de
vue économique et politique, que l'Académie ne pourra accueillir qu'avec
infiniment d’intérêt et de bienveillance, toute tentative ayant pour objet le
perfectionnement d’une industrie qui vient, pour ainsi dire, de naître
chez nous, et qui réclame encore de si nombreuses améliorations. Mais,
comme on ne saurait juger, à priori, de l'avenir de semblables perfec-
( 403 )
tionnements à l’aide du secours seul de la théorie où même d'expériences
établies sur une échelle plus ou moins étendue, puisque le temps est un
élément indispensable du succès, elle nous permettra de ne nous pro-
noncer qu'avec la réserve que commande l'importance de la matière.
» On doit distinguer trois choses également essentielles dans tout éta-
blissement de chemins de fer : la voie, les moyens de locomotion et ceux
de transport ou les véhicules.
» La voie est formée d’un terrassement à l'instar de celui de nos routes
ordinaires, et de barres de fer, en saillie, nommées rails, placées à peu
près bout à bout, et supportées, vers ces bouts, par des dés en pierre
de taille, ou par des traversines en bois, contre lesquels elles sont so-
lidement fixées au moyen de supports en fonte, nommés chairs. Tant
qu'on ne sera point parvenu à donner à ce système une solidité, une
stabilité comparables à celle des supports de nos bonnes machines, on
ne doit pas s'attendre à des constructions durables et économiques sous
le point de vue de l'entretien. Comment veut-on, en effet, que des
terres fraichement remblayées et susceptibles par conséquent de tasse-
ments irréguliers, que de faibles dés en pierre ou de simples traversines
en bois, espacés de loin en loin (1), et qui laissent aux intervalles des
rails toute liberté de fléchir et par conséquent de vibrer transversale-
ment ou verticalement, comment veut-on, je le répète, que la stabilité
d’un pareil assemblage ait quelque durée? Et dès-lors que peut devenir
le système des véhicules soumis à tous les chocs et vibrations qui
naissent de la flexibilité, des inégalités de résistance de la voie ? Le be-
soin d’entrer promptement en jouissance et l'accroissement de la dépense
première, ne sauraient être des obstacles absolus à la consolidation d’un
système qui entraine, par lui-même, à de si grands sacrifices. La tendance
des constructeurs à augmenter, de plus en plus, les dimensions des rails,
des dés et des traversines, en est une preuve manifeste, et l’on peut pré-
voir, d’après les faits de l'expérience, qu’elle n’est point prête encore à
se modifier.
» On à dit, il est vrai, que les rails seraient promptement ruinés sous
l'influence des chocs et vibrations résultant de l'effet de leur contact
(1) Au chemin de fer de Berlin à Postdam, dont la direction est confiée au savant
rédacteur du Journal de Mathématiques allemand, M. Crelle, ces traversines en bois,
ont été remplacées par d’autres en granit, et c’est une amélioration véritable, mais qui
ne détruit nullement les inconvénients inhérents aux oscillations transversales des rails.
( 404 )
avec des corps durs et inébranlables; mais les faits d'expérience cités à
ce sujet, ne prouvent rien contre un système de rails et de supports ünis
d'une manière invariable, par l'intermédiaire d’une matière élastique et
compressible, avec des massifs continus, en bois ou en pierre de tale à
l’aide d’épaulements et de boulons convenablement multipliés, et qu’on
resserrerait de plus en plus à mesure qu'ils prendraient du jeu (1). Car
nous ne voyons pas que les coussinets et les crapaudines de nos machines
les plus puissantes et les plus soumises aux chocs, soient susceptibles
d'entrer en vibration autrement que quand on laisse prendre aux écrous
des vis de pression, un jeu qui permette aux parties en contact d'acquérir
des vitesses finies et contraires, seules capables de compromettre la soli-
dité du système.
» Nous avons cru utile d'appeler l'attention sur cette influence du jeu
et de la liberté de flexion ou de déplacements quelconques, laissés aux
parties d’un système de cette espèce; influence contre laquelle, ce nous
semble, on ne s’est pas assez mis en garde jusqu'à présent , malgré tous
les inconvénients qui en résultent pour la locomotion des pesantes voi-
tures qui parcourent les chemins de fer. Nous résumerons volontiers notre
Opinion à ce sujet, en disant que tels qu'on les établit maintenant, on
ne doit considérer la plupart de ces chemins, que comme des construc-
tions provisoires, destinées, par la suite, à être remplacées par d’autres
plus stables.
» À l'égard des locomotives , on doit reconnaître que si, dans l'état
actuel d'imperfection des rails, elles ont rendu déjà de si éminents ser-
vices, elles seront capables d'en rendre de plus grands encore, par la
suite, quand l'attention des constructeurs aura été suffisamment fixée sur
cet objet. D'ailleurs, les intéressantes recherches expérimentales de M. de
Pambour, et les résultats pratiques qu'il en a déduits, mettent, dès à
présent, nos ingénieurs en mesure de calculer et de prévoir, à l'avance,
le genre, la force du moteur qui conviennent à chaque cas; et ces résultats
devront étre adoptés et maintenus jusqu’à ce que de nouveaux perfec-
tionnements ou de nouveaux changements apportés à la constitution des
machines, réclament de nouvelles et spéciales expériences.
mm en lo a un ou a ve
(1) M. Brunnel, correspondant de l’Académie des Sciences à Londres, vient, nous
assure-t-on, de projeter l'établissement d’un nouveau chemin de fer d’après un système
de canstruction analogue. Cette circonstance pourra, tout au moins, servir de justifi-
cation aux opinions émises par le rapporteur.
( 405 )
» J'arrive aux perfectionnements dont sont. susceptibles les véhicules
eux-mêmes, perfectionnements auxquels a trait particulièrement le sys-
téme imaginé par M. Arnoux , dont nous sommes chargés de rendre compte
à l’Académie.
» Dans le dispositif actuel, les voitures ou wagons sont supportés par
quatre roues égales, à oreilles ou rebords saillants vers le dedans des
rails; ces roues, tout en fer et en fonte, sont montées sur deux essieux
parallèles, faisant corps avec chaque couple d’entre elles ; ainsi, les'es-
sieux seuls tournent dans des coussinets invariablement fixés au train,
tandis que, dans les voitures ordinaires, ce sont, au contraire, comme
on sait, les roues qui tournent autour des fusées d’essieux, dont l'un est
fixé solidement au train de derrière, tandis que l’autre peut tourner li-
brement autour de la cheville ouvrière du train de devant.
» Ce changement de dispositif est motivé, dit-on, sur ce que l’usé des
boîtes ou des fusées du système ordinaire, amène bientôt un jeu inévi-
table, qui donne au plan des roues la liberté d’osciller ou de prendre
diverses inclinaisons capables de faire varier la largeur de leur voie propre;
mais on conçoit que cet inconvénient peut être atténué à volonté par
l'allongement, au dehors, du corps de fusées, favorisé par l'écuanteur
des roues, et qu'il ne pourrait acquérir de gravité qu’autant que l'incli-
naison devint assez forte pour permettre à la jante, qui offre une cer-
taine largeur, d'échapper au rail qui, lui-même, en possède une très ap-
préciable.
» L'usage des voitures ordinaires, soumises à de si fortes charges et se-
cousses, n'autorise nullement de telles craintes, et, d’ailleurs, ce désavan-
tage des roues mobiles autour de leurs essieux, est bien compensé par le
défaut qu'ont celles. à mouvements solidaires, de ne pouvoir tourner, dans
les portions circulaires, sans que l’une des deux, au moins, je veux dire
celle qui avoisine le centre de courbure, ne soit obligée de glisser en
même temps qu’elle tourne, ce qui donne lieu à un frottement de première
espèce dont la vitesse virtuelle et relative, quoique très faible, n’en
mérite pas moins d’être prise en considération.
» Ce sont, sans doute, ces motifs qui ont empêché M. Arnoux de s’ar-
rêter aux objections précédentes dans l'adoption de son nouveau système,
dont les roues mobiles sont d’ailleurs exécutées en bois et recouvertes de
bandes de fer. La haute expérience qu'il a acquise dans tout ce qui con-
cerne la construction des voitures publiques, serait, à cet égard, pour vos
commissaires, une suffisante présomption de réussite, si rien, dans les
C.R. 1838, 19° Semestre. (T.VI, N° 44.) 56
( 406 )
questions de cette espèce, pouvait suppléer au criterium d’une application
en grand, suffisamment prolongée.
» Avant d'en venir à la description du dispositif qui distingue plus par-
ticulièrement le système de M. Arnoux de tous ceux qui ont été proposés
ou mis en usage jusqu’à ce jour, nous devons encore insister sur le mode
par lequel les wagons ordinaires se transmettent le mouvement de proche
en proche; car il peut être, contre ce nouveau système, la source d’une
autre objection en apparence très grave. En effet, dans l’état actuel des
choses, les wagons sont simplement liés entre eux par des chaînes ou des
tiges, assez courtes, armées de ressorts, qui leur laissent la liberté de varier
de distance entre certaines limites. Ce dispositif, dit-on encore, a pour
objet de permettre au moteur de communiquer le mouvement et de vaincre
les résistances au départ, et celle de l’inertie surtout, d’une manière suc-
cessive ou l’une après l’autre, encore bien qu’elle soit incapable de
vaincre, à ce premier instant, leurs influences réunies; en un mot, elle
donne un plus grand champ d’activité à la puissance en lui permettant
de développer, sur les premiers trains, une plus grande quantité d'action
ou de force vive.
» Quoique le motif fondé sur l'influence de l’inertie, lors du premier
ébranlement, n'ait d'importance que sous le rapport de la durée plus ou
moins grande de l’action motrice ; quoique les expériences de Coulomb,
confirmées depuis par celles de M. Morin, tendent à prouver que le frot-
tement des substances métalliques est le même à l'instant du départ qu'à
l’état de mouvement, cependant on doit admettre que le système des wa-
gons, par suite de la flexibilité et des inégalités de la voie, ou d’une cause
d’adhérence accidentelle quelconque, peut, dans beaucoup de cas, offrir
une résistance initiale supérieure à la résistance moyenne, même en y
comprenant celle de l'air; et, sous ce point de vue, nous accordons vo-
lontiers qu'il y ait de l’avantage à rendre les voitures indépendantes au
moyen de chaînes de tirage; mais il résulte de l'adoption d’un pareil dis- -
positif, des inconvénients si graves sous le rapport des chocs et des se-
cousses éprouvées par les wagons à chaque accélération ou ralentissement
de vitesse ; ces inconvénients sont si peu évités au moyen des tampons
ou ressorts dont on arme leurs extrémités, enfin, il est si facile de suppléer,
pour ce premier instant, à l'insuffisance d'action de la force motrice ou
du glissement direct des roues de la locomotive sur les rails, que nous ne
pensons pas qu’on puisse tirer de là une objection sérieuse contre l’adop-
tion d’un système dans lequel les wagons seraient liés par des tiges rigides
( 407 )
ou espèces de timons susceptibles seulement de se mouvoir autour de che-
villes ouvrières fixées à leur arrière et à leur avant-trains, ainsi que le
propose M. Arnoux, dans le dispositif qui nous occupe. Or l'emploi de
semblables timons a non-seulement pour lui l'avantage d’un mode de liai-
son plus parfait, mais il a, en outre, celui d’occasioner à la force de tirage,
sur les parties courbes de la voie, une moindre obliquité que celle qui
résulte du système le plus en usage, où les wagons agissent par les chaînes
des angles opposés au centre de courbure de cette voie.
» On sait que l’un des plus graves défauts des voitures à axes paral-
lèles et invariables, c’est de donner lieu à un accroissement de résis-
tance considérable dans les tournants, résistance qui, réunie à l’action
de la force centrifuge sous de grandes vitesses, contribue, pour beau-
coup, à augmenter le nombre des accidents ordinairement attribués à
cette dernière cause seule. En effet, par suite de la tendance de chaque
wagon à conserver la même direction de mouvement , et, par suite de
lobliquité que prend forcément, dans un pareil système, le plan des
roues par rapport aux éléments concaves du chemin en contact avec leurs
rebords intérieurs, il en résulte, non-seulement que ces rebords produi-
sent, contre le rail opposé au centre de courbure, un frottement d’au-
tant plus considérable que les points où s'exerce la pression sont plus
éloignés de l’axe de rotation sur l’essieu, mais qu’aussi celle de ces roues
qui marche en avant de l’autre, a une tendance continuelle à pivoter au-
tour du point qui lui sert d'appui sur le rail, qu’elle écharpe tout au
moins, si elle ne parvient à le surmonter entièrement, aidée en cela par
l’action de la force centrifuge, que contre-balance, en partie, celle du ti-
rage et du frottement transversal des roues sur les rails.
» Ces défauts, réunis à l'accroissement considérable des résistances qui
proviennent des diverses causes déjà mentionnées, ont nécessité, en der-
nier lieu, un tel agrandissement du rayon des parties courbes, que les
difficultés dans le tracé des chemins de fer, et l'augmentation de dépense
qui en résulte, peuvent être comparés à ceux qu’entraine avec elle,
dans les pays montueux, la nécessité même de réduire la pente du
profil à la limite de 0,005 par mètre, sous laquelle les trains peuvent
se maintenir sensiblement en équilibre par la seule action des résis-
tances.
» Pour parer à ces inconvénients d’une gravité extrême, on a, jusqu’à
présent , imaginé divers moyens sur lesquels nous croyons également utile
de fixer un instant l'attention de l’Académie.
56...
(48)
» D'abord on a imaginé d’abaisser, dans les parties courbes, le niveau
supérieur du rail intérieur par rapport à celui du rail extérieur, afin de
contre-balancer l’action de la force centrifuge par celle de la gravité; mais
ce paillatif ne saurait convenir à toutes les vitesses, et nous avons vu que
l’action dont il s’agit, n’est point, à beaucoup près, la cause unique , la
cause efficiente des accidents et des résistances qui naissent de la cour-
bure de la voie et du parallélisme des axes.
» Ensuite, on a essayé de donner aux jantes des roues, une forme co-
nique dont la pente, dirigée du dehors vers le dedans, devait, lors du
parcours des lignes courbes, contraindre les roues opposées au centre , à
rouler sur la plus grande des circonférences de la jante, et celles qui en
sont les plus voisines, à rouler, au contraire, sur la plus petite de ces
circonférences. Il est évident que cette différence de rayons des parties
agissantes des roues, non-seulement produisait l'effet d’une véritable con-
tre-pente dirigée du dehors vers le dedans du cercle parcouru, mais encore
remédiait partiellement aux défauts déjà signalés des trains à essieux pa-
rallèles et à roues égales.
» En effet, tout système à essieux parallèles, et à couples de roues iné-
gales, tend évidemment, par lui-même, à décrire un chemin circulaire
d'autant plus petit que la différence de ces roues est elle-même plus con-
sidérable; et l'on conçoit très bien que de semblables roues, montées
sur des essieux qui convergeraient au centre commun des circonférences
qu'elles tendent à décrire , rouleraient aussi librement sur leurs rails cir-
culaires que le fait un cône posé simplement sur un plan de niveau, au-
tour de son sommet ; mais il s’en faut de beaucoup que les choses se pas-
sent ainsi dans le système qui vient d’être décrit, et les inconvénients,
l'insuffisance de la conicité des jantes, pour les courbes à petits rayons,
ne sauraient être mis en doute.
» Pour suppléer à cette insuffisance , M. Eaignel, sans rien changer d’ail-
leurs au système de construction déjà établi, et en partant du même prin-
cipe dont il a mis la vérité à l'abri de toute contestation, M. Laignel,
disons-nous, a imaginé un dispositif ingénieux qui permet, dans les tour-
nants, d'agrandir momentanément le rayon du cercle de contact des
roues extérieures au centre de courbure, en les faisant rouler sur le re-
bord en saillie dont elles sont accompagnées; et ce simple changement lui
a permis de faire parcourir aux voitures de son système des courbes qui
n’ont pas plus de 30 à 35 mètres de rayon, avec des vitesses de 6 à 7 lieues
à l'heure, quand les rails ne sont pas munis d’accotoires, et de 12 à 13 lieues.
( 409 )
quand ils en sont munis (1).On ne saurait douter; d’après les essais qui
en ont été faits partiellement, soit en petit, soit en grand, et d'après les
éloges dont il a été l’objet de la part des commissaires de la Société d’En-
couragement, qu'il ne puisse être substitué avantageusement au système
actuellement en usage, tant sous le rapport de la diminution des jacci-
dents, que sous celui de l’affaiblissement des résistances occasionées par
la courbure des rails; mais on conçoit, d’un autre côté, que les voitures dont
il se compose ne pourraient parcourir, à toutes vitesses, des cercles très dif-
férents de ceux qui conviennent à leur mode particulier de construction,
sans qu’il en résultât des inconvénients plus ou moins analogues à ceux
de l’ancien système. Aussi M. Laignel, éclairé par l'expérience, a:t-il jugé
à propos, en dernier lieu, de limiter à 5o” le rayon des parties circulaires
de la voie qui, dans le cas des tracés par de grandes courbes, serait for-
mée d’un nombre suffisant de portions droites raccordées par des arcs au
rayon constant de 50”. Ce même rayon, d’après des expériences répétées
en présence de MM. Arago, Coriolis et moi, a suffi, sous des vitesses va-
riables , dont la moyenne a été d'environ 9”,26 par seconde, ‘ou 8 lieues
et demie par heure, pour empêcher les roues d’un wagon marchant iso-
lément, de manifester une tendance à s'échapper des rails. Nous ferons
néanmoins remarquer, sans aucunement contester les avantages du système
pour éviter le déraillement dans les parties courbes, que, même dans les
hypothèses favorables dont il s’agit, les inconvénients provenant de l’ac-
croissement de résistance due au parallélisme et à la fixité des axes des
voitures ordinaires, ne sont point entièrement évités, et qu'ils tendent
à croître plus ou moins rapidement avec l'intervalle de ces axes, ou es-
sieux, avec la diminution du rayon des parties courbes et la vitesse du
mouvement (2).
» Ces motifs portent à croire que, nonobstant les perfectionnements
dont on est déjà redevable à M. Laignel, la découverte d’un dispositif qui
pourrait, entre certaines limites de vitesse, se plier à toutes les formes de
EP RO PP OT EN EN ENT LIEN D
(x) Forez l’extrait du Rapport fait, à ce sujet, par M. Théod. Olivier, à la Société
d'Encouragement pour l'industrie nationale (35%° année du Bulletin, 1836, p. 296),
rapport qui a été, de la part de l’auteur, l'objet d’un Mémoire étendu et publié à
part, sur le calcul des résistances dans le système Laignel.
(2) D’après le résultat des expériences faites en présence d’une Commission d’ingé-
nieurs des, Ponts-et-Chaussées, et soumises au calcul par M. Maniel, la résistance du
wagon de M. Laïgnel, qui n’est que - environ de la charge totale pour la partie rec-
tiligne de la voie, s’élèverait à pour la partie courbe, ou, à très peu près, au décuple.
(410)
tracé, à toutes les inflexions et à tous les changements de courbure des
routes ordinaires, serait susceptible d’être accueilli favorablement par les
ingénieurs et constructeurs de chemins de fer. Or, tel est le but que s’est
proposé M. Arnoux, dans le système qu'il a présenté à l’Académie.
» Pour latteindre, il renonce entièrement au parallélisme et à la fixité
des essieux à roues accouplées; il adopte, comme on l’a dit, le système des
trains de voitures ordinaires, unis par une flèche à fourche ou à trois
branches, et auxquels il conserve, de plus, la faculté de tourner sur des
chevilles ouvrières fixées aux lisoirs supérieurs qui supportent la caisse
par l'intermédiaire des ressorts. Mais, comme une indépendance aussi com-
plète entre les mouvements de rotation propres des essieux, pourrait
nuire à l’exactitude de la direction des roues sur les rails, qui n’est qu’im-
parfaitement assurée par les rebords dont elles sont armées intérieure-
ment, l’auteur a imaginé de rendre ces mouvements solidaires par le
moyen de tringles en fer, qui se croisent sous la flèche et sont termi-
nées par des bouts de chaines, dont une partie vient s'enrouler sur les
contours extérieurs de deux anneaux circulaires ou couronnes directrices,
en bois, de même rayon , montées sur les essieux, et qui se meuvent avec
eux autour des chevilles ouvrières. Te système de deux cercles auxquels
on menerait des tangentes intérieures communes, donnera une idée de ce
dispositif très simple, si l’on suppose de plus, les extrémités des chaines
solidement fixées sur chaque anneau, au moyen de brides et de boulons
de tirage, et qu’on imagine, en même temps, ces anneaux surmontés
d’autres couronnes ou sassoires concentriques, sous lesquelles elles glis-
sent à frottement doux, et qui fassent corps avec la flèche, les lisoirs
supérieurs et la caisse, à peu près comme on l’observe dans le dispositif
de l’avant-train mobile des voitures suspendues.
» Dans ce dernier dispositif, l'essieu de derrière étant fixé invariablement
à la caisse et à la flèche, mobile seulement autour de la cheville ouvrière
de l’avant-train, celui-ci ne peut faire tourner l’autre qu’en cheminant
et forçant la roue de derrière, voisine du centre de rotation général, à
pivoter sur elle-même autour de son point de contact avec le sol, circons-
tance qui aurait des inconvénients pour les chemins de fer, mais qui n’a
pas lieu dans le dispositif adopté par M. Arnoux, attendu que, par suite
de l'égalité des couronnes directrices de l'arrière et de l’avant-trains, ce-
lui-ci ne peut décrire un certain angle sans qu’aussitôt l'autre ne décrive,
en sens contraire, un angle égal, qui oblige ainsi les roues attenantes à
se mettre sur la direction du chemin circulaire auquel Fessieu de devant
(4x1)
est déjà rendu perpendiculaire , à l’aide de combinaisons dont nous allons
essayer de donner une idée.
» À l'égard de la voiture qui chemine en tête de toutes les autres,
M. Arnoux n’a pas trouvé de meilleur moyen d’en diriger l’essieu d’avant-
train, que l'emploi de quatre galets qui s'appuient contre les bandes inté-
rieures des rails, et sont fixés aux angles d’un rectangle formé par des
étriers en fer, faisant corps avec cet.essieu.
» Un pareil dispositif aurait évidemment de graves inconvénients s’il
devait s’appliquer à l’avant-train d'une voiture fortement chargée; car la
pression faisant naître sur la sassoire ou les deux couronnes. frottantes
de ce train, une résistance tres grande et dont le bras de levier ‘est très
comparable à celui de la pression qui agit surles galets , ceux-ci se trouve-
raient soumis à des efforts violents qui pourraient entrainer des ruptures
dangereuses, et qui,,dans tous les cas, donneraient lieu à d'énormes
frottements et à un prompt usé des axes. Mais on doit admettre; au con-
traire , que ces inconvénients seraient à peu près annullés, si, comme le
propose l’auteur, on avait soin de ne charger que très légèrement la pre-
mière voiture.
» Le procédé à l’aide duquel la direction est donnée successivement
aux essieux de devant des autres wagons, se fonde sur un principe d’au-
tant plus remarquable qu’étant lui-même très simple et à l'abri des re-
proches dont il vient d’être parlé, il établit entre les trains voisins des
voitures consécutives, un mode de liaison entièrement semblable à celui
qui unit entre eux, les essieux d’une même voiture, sauf que la flèche
est ici remplacée, comme on la-déjà dit, par une tringle, un timon libre
de tourner autour des chevilles ouvrières, et que la couronne del’arrière-
train de chaque voiture a un diamètre moitié de celui de lavant-train de
la suivante , et forme corps, non plus avec l’essieu , mais avec la flèche,
le lisoir, etc., auxquels il correspond et sert de sellette, tout en glissant
circulairement sur le système inférieur, formé de cet essieu et de sa grande
couronne.
» Il résulte, en effet, de ce mode de liaison de deux trains consécutifs,
mais appartenant à des voitures différentes, que quand le timon qui les
unit est forcé de décrire un certain angle par rapport à la flèche ou à l’axe
dela première voiture, l’essieu dela suivante est contraint de décrire, en sens
contraire, un autre angle égal à sa moitié, ce qui ramène encore.cet essieu
à la direction perpendiculaire au cercle des rails, comme cela paraîtra évi-
dent si l’on admet , conformément à ce qui a lieu ici, que la distance entre
(412)
les chevilles ouvrières consécutives soit la même pour toutes les voitures
du convoi (1).
» Si l’on a bien saisi l’explication que nous venons de donner du dis-
positif adopté par M. Arnoux, on verra que, lors du cheminement des
voitures sur une direction rectiligne, tous les trains de roues conservent
rigoureusement le parallélisme et la fixité qui distinguent le système ordi-
naire, à cela près que les ondulations dans le séns transversal, et les à-
coups résultant du défaut de liaison, y sont, pour ainsi dire, impossibles ;
mais que, des l'instant où l’avant-train de la voiture qui marche en tête
du convoi, entrera dans la portion circulaire du chemin, l’arrière-train
de cette voiture et, par suite, les deux trains de la voiture suivante, com-
menceront aussitôt à tourner en prenant ainsi progressivement une direc-
tion de plus en plus oblique par rapport à la portion rectiligne de ce che-
min ; de plus, ii est évident que la même chose arrivera successivement à
tous les arrière-trains des voitures, à mesure que les avant-trains corres-
pondants parviendront, à leur tour, au point de raccordement des deux
parties de route.
» L'obliquité dont il s’agit a une limite fort restreinte, qui dépend à la
fois de la distance entre les trains consécutifs et du rayon du tournant ou
du cercle de raccordement de la voie; mais elle n’en soulève pas moins
contre le système de M. Arnoux, une objection que nous avons cru devoir
signaler, et qui consiste en ce que, d’une part, cette obliquité engendre
un léger frottement de glissement contre les rails, d’une autre, qu’elle
donne lieu à une tendance des roues de l’arrière-train à les surmonter ;
circonstance tout-à-fait analogue à celle qui se présente, pour le système
ordinaire, dans les tournants, à cela près qu'ici l'obliquité, la déviation
des roues se fait d’une manière progressive, et ne dure qu’un instant pour
ainsi dire imperceptible; car sa période d’accroissement et de décroisse-
ment se trouve accomplie, pour chaque voiture, aussitôt que l’arrière-
train atteint, à son tour, la portion courbe du chemin; elle n’a jamais
lieu que pour trois essieux consécutifs du convoi, et elle ne se reproduit,
——————————_—] + — ———
(1), S'ilen était autrement, le rapport des rayons des couronnes directrices qui ap-
partiennent à chaque timon, devrait changer, et être pris égal à celui de l’angle formé
extérieurement par le timon et la flèche qui précèdent, ramenés sur le cercle moyen
de la voie, à la moitié de l’angle au centre qui est soutendu par le même timon sur la
Circonférence de cette voie; mais alors aussi les rayons des couronnes directrices devien-
draient fonctions du rapport de la longueur de chaque timon ou de chaque flèche, au
rayon du cercle parcouru.
(413)
en sens inverse, que quand les avant-trains quittent successivement la
direction curviligne de ce chemin Pour rentrer dans une portion rectili-
gne. Enfin, ces légères déviations , résultat nécessaire du changement
brusque de courbure de la voie, peuvent être atténués, à volonté, au
moyen d’un tracé convenable de celle-ci » et vos Commissaires ne les con-
sidèrent point comme un motif de reproche sérieux.
» On remarquera, au surplus, qu’une fois engagé dans la portion cir-
culaire du chemin, quel qu’en soit le rayon, le convoi tend à conserver,
par lui-même, cette fixité de liaison qu’on y observe pour les portions
rectilignes, tandis que les roues ainsi contraintes à cheminer dans une
direction tangentielle, n'éprouvent désormais, ni aucun frottement de
glissement sur elles-mêmes, ni aucune tendance propre à surmonter les
rails, la seule action de la force centrifuge se réduisant ici : 1° à une
tendance à soulever, à faire tourner les voitures autour des points d'appui
des roues extérieures; 2° à un effort horizontal qui tend à faire appuyer
le rebord de ces mêmes roues contre le revers intérieur des rails.
» Or, pour que les effets de la première tendance soient empé chés,
et ils le sont déjà beaucoup par la solidarité des voitures du convoi , il
suffit que la hauteur due à la vitesse de circulation, ne surpasse point
le quart de la quatrième proportionnelle à la hauteur du centre de gra-
vité de la charge au-dessous du point d'appui des roues, à la largeur
moyenne et au rayon de courbure de la voie: et, pour que les effets de
la seconde le soient également, et que par conséquent le frottement
latéral du rebord des roues auquel elle donnerait lieu, devienne impossible,
il suffit que cette même vitesse n’excède pas celle qui est due à une hau-
teur mesurée par la moitié du rayon du cercle parcouru, multiplié par le
coefficient numérique de ce frottement. D'ailleurs, de ces deux condi-
tions, la première doit être impérieusement et surabondamment remplie
dans tout système de véhicules, et la seconde pourra toujours l'être,
sinon rigoureusement, du moins d’une manière très approximative, par
un agrandissement convenable du rayon des courbes. Aussi, à part les
inconvénients inévitables et fort peu graves qui peuvent tenir à l’obli -
quité même de la direction du tirage, et que contre-balancent le frotte-
ment transversal des roues et l’action de la force centrifuge, on n’aper-
çoit, dans le nouveau système, aucune de ces causes d'accident et de
résistances qui ont frappé tous les ingénieurs dans le mode actuel de
conStruction des voitures qui circulent sur les parties courbes des chemins
de fer.
GR, 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 14.) 57
(414)
» Quant à la difficulté de mettre en mouvement ou d'arrêter un pareil
système de voitures rendues solidaires, comme le propose M. Arnoux ;
quant aux objections et aux inconvénients qui peuvent naître de la légère
obliquité des roues, à l'entrée ou à la sortie des courbes; de la nécessité
de diriger la première voiture à l'aide de galets; du défaut même de
stabilité qu'on pourrait reprocher aux caisses, eu égard à la faible étendue
des surfaces d'appui; enfin, du mode d'exécution des chaines et cou-
ronnes directrices , ces inconvénients et ces objections, je le répète, ne
sauraient, dans notre opinion, être considérés comme des obstacles tels
qu’on dût renoncer à l’adoption du nouveau système dans l'établissement
des chemins de fer. Et, si d’ailleurs il était permis de se laisser séduire par
l’élégante simplicité d'un pareil moyen de solution, nous en dirions
volontiers autant de la nécessité où se trouve l'inventeur, de consolider
la flèche et les brancards courbes des voitures pesamment chargées, de
son système, notamment des locomotives, par un troisième essieu fixé
au milieu de l'intervalle des trains, et porté sur deux roues en saillie, à
larges jantes avec ou sans rebords; mais les obstacles imprévus qu’un
pareil dispositif peut amener, soit sous le rapport de la locomotion, soit
sous celui de l'établissement des machines motrices elles-mêmes, nous
imposent une complète réserve, à défaut de toute expérience directe et de
toute exécution en grand,
» L'Académie remarquera, en effet, que M. Arnoux n’a jusqu'ici pré-
senté à ses commissaires, qu’un modèle de convoi et de chemin de fer à
l'échelle du +, qui, du reste, leur a paru remplir, à différentes vitesses,
toutes les conditions que requiert un pareil système, et que nous avons
précédemment indiquées. Pour prévenir, de plus, les réclamations aux-
quelles pourrait donner lieu l’apparente similitude de ce même système
avec celui des voitures à essieux mobiles, d’abord inventées par sir Sydney
Smith, et perfectionnées, en dernier lieu, par M. Dietz, nous croyons
devoir ajouter que celles-ci, d’ailleurs principalement destinées au service
des routes ordinaires, et encore bien qu’elles présentent des propriétés
analogues sous le rapport de la facilité qu’elles ont de tourner, en convoi,
sous les plus petits angles, se distinguent des précédentes par un mode
de solution tout-à-fait différent, et qui consiste dans l’accouplement de
tiges articulées, en fer, servant à unir les trois essieux des trains dont
elles sont composées et dont l'intermédiaire présente seul de la fixité.
» En résumé, vos commissaires sont d'avis que le dispositif de voitures
proposé par M. Arnoux, mérite l'attention des ingénieurs chargés de l'é-
(415)
tablissement des chemins de fer, en ce que ses avantages pour prévenir les
accidents et diminuer les résistances aux courbes de raccordement des
routes à petits rayons , ne sauraient, en eux-mêmes, être mis en doute,
et qu’il paraît devoir rendre des services réels à l'industrie, quand bien
même on en restreindrait l'application aux légers wagons destinés au
transport des voyageurs. En conséquence, nous avons l'honneur de vous
proposer d’accorder à l’auteur l'approbation que vous ne refusez jamais
aux inventions qui joignent à un but d'utilité réel, à des moyens neufs et
ingénieux , des chances suffisantes de réussite. Nous émettons , en outre,
le vœu que ses tentatives pour perfectionner le système de véhicules, ac-
tuellement en usage sur les chemins de fer, puissent être soumises prochai-
nement à un essai en grand, propre à en démontrer les avantages d’une
manière plus complète encore et plus positive. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CMRURGIE. — Mémoire sur le traitement des luxations congénitales du
Jémur; par M. Pravyaz.
(Présenté pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation
Montyon. }
L'auteur résume, dans les termes suivants, le contenu de son Mé-
moire :
« 1°. En fhéorie, une analyse plus exacte des faits pathologiques re-
cueillis par Palleta , et les données nouvelles que l’on doit à M. Simonin
de Nancy et Ollivier d'Angers, ne permettent plus de rejeter, d’une
manière absolue, la curabilité des luxations originelles du fémur.
» 2°. En pratique, les observations publiées par M. Humbert n’éta-
blissent point que l'amendement qu’il a obtenu, dans l'état des sujets
affectés de claudication native, soit le résultat d’une véritable réduction.
J'ai constaté et fait constater par d’habiles anatomistes, que cette amé-
lioration, dont la nature était restée jusqu'ici inexpliquée , est due à la
transformation que ce médecin à opérée, à son insu, d’une luxation en
haut et en dehors, en celle qui est connue sous lé nom de Zuxation
ischiatique. La tête du fémur, amenée dans un sinus assez Eee au-
7e
(46)
dessous du muscle pyramidal, y rencontre des conditions favorables à la
formation d’une pseudarthrose solide.
» 3°. Cette transposition constitue une heureuse découverte, dont l’ap-
plication pourra être dorénavant systématisée, et deviendra très utile
dans les cas assez nombreux où la déformation des parties réciproques
de l'articulation, ne permettrait pas d'espérer une coaptation satisfai-
sante.
» 4°. Si M. Humbert n’a pas atteint complétement le but qu'il se pro-
posait, l'initiative hardie qu'il a prise dans le traitement des luxations
anciennes, a ouvert la voie à d’autres tentatives, dont les détails sont
consignés dans mon Mémoire; jy trace l’histoire de deux cas dans
lesquels je suis parvenu, par une extension méthodique long-temps
prolongée, et par une gymnastique spéciale, à ramener la tête du fémur
dans la véritable cavité articulaire, et à rétablir progressivement l’exercice
normal des fonctions locomotives. Le caractère essentiel qui différencie
ces résultats de ceux que M. Humbert a obtenus, est la position symé-
trique occupée de l’un et de l'autre côté du bassin par les têtes fémo-
rales. »
M. Pravaz présente un des jeunes sujets guéris par la méthode ex-
posée dans son Mémoire; il fait remarquer que l'enfant paraissait tenir
son infirmité d’une disposition héréditaire, car son aïeul, et l'un de ses
oncles paternels, boitaient comme lui dès le premier âge. « Cette circons-
tance, ajoute-t-il, me paraît venir à l'appui de l'étiologie que M. Breschet a
donnée le premier des luxations congénitales du fémur.»
cmrurGte. — ÎVote sur un cas de guérison de torticolis ancien obtenue au
moyen de la section sous-cutanée d'une portion du tendon inférieur du
muscle sterno-cléido-mastoïdien ; par M. L. FLEURY.
(Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet.)
« Les avantages de la ténotomie dans le traitement des pieds-bots
étaient déjà, dit M. Fleury, complétement mis hors de doute, grace aux
travaux de plusieurs chirurgiens français et étrangers, que personne en-
core n’avait songé à une application non moins utile de cette opération;
je veux dire à son application dans le traitement du torticolis déterminé
par la contraction du muscle sterno-mastoïdien.
.» Dans un cas de ce genre, Dupuytren préféra couper le muscle dans sa
(417)
portion charnue, selon le procédé décrit par Boyer, et cet exemple fut
suivi plusieurs fois, bien que cette opération n’eût offert que des résultats
peu avantageux.
» En 1836, Stromeyer observa un torticolis déterminé par la contrac-
tion des deux faisceaux du sterno-mastoïdien, et par celle de la portion
claviculaire du trapèze; il divisa, par sa méthode Sous-Cutanée, les tendons
d'insertion de ces trois faisceaux musculaires, et obtint une guérison
parfaite.
» Le sujet de l'observation que je soumets aujourd’hui à l'examen
de l’Académie des Sciences, est une jeune fille, âgée de 19 ans, qui
avait été atteinte, à la suite de violentes douleurs névralgiques de la face,
d'une inclinaison très prononcée de la tête.
» Voici quel était l'état de la malade le 11 mars dernier, jour fixé pour
l'opération :
» La tête est inclinée sur l'épaule droite, et la face tournée vers la gau-
» che, de telle sorte que le lobule de l'oreille droite n'est éloigné de l’a-
» cromion que de 16 centimètres, tandis qu'on en trouve 20 du côté op-
» posé entre les mêmes points. Une ligne menée de la symphise du menton
» parallèlement à la ligne médiane passe à 6 centimètres de celui-ci; le
» Sterno-mastoidien droit n’a plus que 9 centimètres de longueur, le
» gauche en offre 13 7. La portion sternale du muscle est tendue, dure,
» forme une saillie considérable ; le plus léger contact exacerbe les dou-
» leurs, qui sont violentes et continues. La malade ne peut faire exécuter
» à la tête le plus léger mouvement.
» Je pratiquai une incision de deux lignes environ au niveau de la fos-
sette sus-sternale, je glissai un bistouri droit boutonné, très étroit, sous
la peau, jusque sur le tendon Sternal, que j'incisai d’avant en arrière.
» Immédiatement la tête se redressa, reprit toute sa mobilité, et les
douleurs disparurent. Un appareil très simple fut appliqué Pour maintenir
la tête fléchie sur l'épaule gauche.
« La malade est aujourd’hui complétement guérie. »
(418)
caiRurGIE, — Sur une nouvelle méthode de traitement du torticolis ancien ;
par M. Juzes Guérin.
(Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet.)
L'auteur dans la lettre d’envoi présente , comme résumé de son travail,
les propositions suivantes :
« 1°. Le muscle sterno-cléido-mastoïdien , considéré jusqu'ici comme un
seul et même muscle, constitue deux muscles distincts : le sterno-mastoi-
dien et le cléido-mastoïdien. Ces deux muscles ont des fonctions sépa-
rées : le premier est surtout fléchisseur et rotateur de la tête, l’autre
est un muscle essentiellement inspirateur;
» 2. Dans le torticolis ancien, attribué jusqu'ici au raccourcissement
total du sterno-cléido-mastoïdien, la portion sternale du muscle ou le
sterno-mastoidien proprement dit, est généralement seule affectée. D'où
il résulte que la section de ce muscle suffit pour faire disparaître la cause
essentielle de la difformité;
» 3°, La section du stérno-mastoidien doit être pratiquée à 6 lignes au-
dessus de son insertion sternale et à l’aide d’une simple ponction sous-
cutanée. Cette opération, qui peut être appliquée au cléido - mastoidien ,
quand il participe à la rétraction de son congénaire, ne cause aucune
douleur, ne donne lieu à aucune effusion de sang, et peut être pratiquée
en quelques secondes;
» 4°. Dans le torticolis ancien, il existe, en sens inverse de l’inchinaison
de la tête sur la colonne, une inclinaison de totalité de la colonne cervi-
cale sur fa première vertèbre dorsale, inclinaison qui persiste après le trai-
tement chirurgical, et réclame un traitement mécanique consécutif. Ce
traitement consiste dans l’emploi d’un appareil orthopédique propre à
opérer inclinaison et la rotation de la tête en sens inverse de l'inclinaison
et de la rotation pathologiques, en même temps que l'extension de tous
les muscles du cou;
» 5°. La double inclinaison en sens inverse de la tête sur la colonne
cervicale, et de la colonne cervicale sur la région dorsale, caractérisant le
torticolis ancien, ne sont que l’exagération de mouvements articulaires
normaux. Cette circonstance qui explique l'absence de déformation no-
table des vertèbres comprises dans la difformité, la facilité et la rapidité
du redressement du cou, établit la possibilité d'obtenir la guérison de
ces difformités même à un âge avancé. »
(49 )
MÉDECINE. — Tableau des différents dépôts de matières salines et de
substances organisées qui se font dans les urines > Présentant les carac-
téres propres à les distinguer entre eux , et à reconnaître leur nature :
par M. A. Donxé.
(Commissaires, MM. Dumas, Turpin , Breschet.)
« Dans ce travail, dit l’auteur, je me suis proposé de déterminer, à
l’aide du microscope et des agents chimiques, la nature de toutes les ma-
tières qui se déposent dans ce fluide à l’état normal et dans les différentes
affections, soit générales, soit locales et particulières des organes génitaux-
urinaires.
» J'ai tracé, dans le tableau que je mets sous les yeux de l’Académie,
la description succincte de toutes ces matières, et indiqué les caractères
essentiels propres à les reconnaître. Une figure exacte de chaque substance
est jointe au tableau. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Meches de sauvetage pour les mineurs. — Note de
MM. Arasson DE GRANDSAGNE et E. pe Bassano,
( Présentée pour le concours Montyon, Arts insalubres. )
« Une des causes les plus fréquentes des accidents mortels qui accompa=
gnent trop souvent l'exploitation des mines et surtout des houillères, c’est
ce qu'on appelle vulgairement le mauvais air. Ce mélange, principale-
ment composé d'acide carbonique et de gaz sulfureux, éteint les lampes
dès qu'il entre pour un dixième environ dans le volume de l'air atmos-
phérique. Les hommes, cependant, Peuvent ÿ rester encore quelques
momenis 1mpunément, et les mineurs auraient toujours le temps de se
sauver, :sils n'étaient pas privés de la lumière qui les guidait dans le Ja-
byrinthe des galeries. Mais, une fois plongés dans les ténèbres, ils s'éga-
rent et succombent bientôt asphyxiés.
» Les auteurs pensent être Parvenus à porter remède à ces accidents
par l'invention d’une espèce de Mêches de Sauveiage, qui, contenant du
chlorate de potasse, porte en elle-même l'oxigène nécessaire à sa com-
bustion et brûle dans l'acide carbonique. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Modèle et description d'un système d'enrayage
auxiliaire au moyen d'un sabot mécanique; par M. Fusz.
(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.)
(420)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Z'héorème pour calculer les racines incommensu-
rables en une seule opération; par M. Cosre.
(Commissaires , MM. Libri , Sturm.)
mÉvecIvE. — De l'or dans le traitement des scrofules; par M. LEcraxo.
1 partie : emploi de l'or dans les affections scrofuleuses des parties
PAU ; 2% partie: emploi de l'or dans les affections scrofuleuses des os.
(Adressé pour le concours aux prix de médecine et de chirurgie, fon-
dation Montyon.)
1 La té
HISTOIRE NATURELLE. — JVote sur les caractères généraux des corps naturels
minéraux , végétaux et animaux ; par M. Barsrer, d'Amiens.
à (Commissaires, MM. Cordier, de Blainville, Ad. Brongniart.)
MÉDECINE. — Mémoire sur l'emploi de la pommade de proto-iodure de
mercure dans le psoriasis (lepra vulgaris); par M. Boxer.
(Adressé pour le concours aux prix de médecine et de chirurgie, fon-
dation Montyon.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'application aux arts industriels de
l'appareil inventé pour les travailleurs qui ont à pénétrer dans des lieux
infectés; par M. PauLIN.
(Adressé pour le concours Montyon, arts insalubres.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — figure et description d'un nouveau Lit mécanique
destiné aux malades et aux blessés; par M. Nicoze BEerTHELOT.
(Adressé pour le concours au prix de Mécanique , fondation Montyon.)
ÉLECTRO-CHIMIE. — JVote sur un Phénomène qui se présente quelquefois
lorsque l'on grave sur fer au moyen de l'eau forte, et qui paraît dé-
pendre d'une action électrique; par M. Lepace.
(Commissaires, MM. Becquerel, Savary.)
( 421)
PALÉONTOLOGIE. — Dents fossiles de rhinocéros trouvées dans la commune
d'Aillas (Gironde); par M. Bircaupet.
Ces pièces et une Notice imprimée sur les ossements fossiles recueillis
en 1833 et 1834 dans la même localité, sont renvoyées à l’examen de
MM. F. Cuvier et Flourens.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Modèles de jambes artificielles pour divers cas
d'amputation; par M. Marin.
(Présentés pour le concours au prix de Mécanique, fondation Montyon.)
CORRESPONDANCE.
ÉLECTRO-CHIMIE. — Æxtrait dune lettre de M. C.-F. ScHornerin
à M. Becquerel.
« Dans ces derniers temps je me suis beaucoup occupé de l'action vol-
taïque de plusieurs peroxides métalliques, notamment de ceux d'argent et
de plomb; et de ces expériences j'ai obtenu des résultats qui ont peut-être
quelque intérêt pour vous. Relativement au peroxide de plomb, il est bien
connu que l'acide nitrique pur n’exerce pas la moindre action sur lui. Or,
d’après la théorie chimique de la pile telle qu’elle a été établie par M. de-
la Rive, le peroxide de plomb étant voltaiquement combiné avec du pla-
tine, par exemple, et mis dans l'acide sus-mentionné, ne devrait pas produire
un courant. Cependant mes expériences ont démontré, non-seulement que
dans les circonstances citées il y a un courant qui va du platine au peroxide
à travers le liquide, mais aussi que la dernière substance disparaît , et qu'il
y à formation d’un nitrate. Des résultats semblables s’obtiennent lorsqu'on
fait usage d’une dissolution de sulfate de cuivre au lieu de l'acide nitrique.
La manière que je trouve la plus commode pour combiner voltaiquement
les peroxides de plomb et d’argent avec le platine, consiste à plonger pen-
dant quelques minutes ce métal comme pôle positif d’une pile (1), dans
une dissolution d’acétate de plomb ou de nitrate d'argent. La décompo-
sition du peroxide de plomb, à ce qu’il me parait, est due à celle de
C. R. 1838, 1èr Semestre. (T. VI, N° 44.) 58
(422)
l'eau. Comme j'ai développé mes idées sur cette décomposition remarqua-
ble en particulier, et sur l’action voltaique des peroxides en général, dans
plusieurs Mémoires qui seront bientôt publiés par le Philosophical Maga-
zine, la Bibliothèque universelle et les Annales de Poggendorff, je n’entre
pas ici dans plus de détails; mais permettez-moi que je vous fasse encore
quelques observations générales sur la matière en question. D'après mes
expériences, le peroxide d'argent est, de tous les corps connus, le plus
négatif ( pour parier le langage des voltaistes), car en le combinant d’une
manière convenable avec le peroxide de plomb , substance que l’on a con-
sidérée jusqu’à présent comme le corps le plus électro-négatif, et en met-
tant ce couple dans l'acide nitrique, on obtient un courant continu qui va
du peroxide de plomb à travers le liquide au peroxide d'argent; et lors-
qu'on combine voltaiquement ces peroxides avec le platine ou le fer inac-
tif, la substance dont le nom précède dans la liste donnée, est négative
par rapport à celle dont le nom suit. Dans mes expériences j'ai employé
un galvanomètre qui est pourvu de 2,000 circonvolutions de fil et d’un
système d’aiguilles bien mobile; cet instrument a, par conséquent, une
sensibilité extraordinaire, et accuse le plus faible courant. Pour concilier
ces faits remarquables (qui parlent en faveur de l'hypothèse de Volta )
avec la théorie chimique, il faut admettre que la seule tendance de deux
corps à s'unir l’un avec l’autre, suffit déjà pour troubler leur équilibre
électrique, quoiqu'il n’y ait aucune action chimique entre eux. Quelle
que soit, du reste, la cause qui produit les courants que j'ai observés dans
mes expériences, il me paraît que le principe de M. de la Rive doit être
modifié dans certains cas; car ce qui est maintenant mis hors de doute,
c'est l'existence des courants qui ne sont pas précédés par des combi-
naisons ou des décompositions chimiques. Dans votre traité si riche en
données importantes et en vues originales, j'ai trouvé quelque part des
observations sur le peroxide de manganèse, qui ont quelque rapport avec
mes derniers travaux et avec ma manière d'envisager l’action voltaique des
peroxides.
» Quant à la cause qui produit l’état anormal du fer , permettez-moi de
vous en dire quelques mots. Dans plusieurs Mémoires consignés dans les
Annales de Poggendorff, et de même dans mon petit ouvrage, J'ai dé-
montré que l'explication donnée par M. Faraday sur le phénomène en
(1) J'ai fait connaître ce procédé dans les Annales de Physique et de Chimie.
T, LXIIT, p. 180. (Note de M. Becquerel.)
(423 )
question, est en contradiction directe, non-seulement avec nombre de faits,
mais aussi avec le principe même sur lequel se base l'hypothèse du cé
lèbre physicien anglais. Vous trouverez également quelques-unes des ob-
jections que j'ai faites à l'explication dont il s’agit, dans le Philosophical
Magazine, vol. X, p.172; et dans le même Mémoire il y a une note de
M. Faraday, qui me semble indiquer que ce physicien a abandonné son
hypothèse. Quant à moi, je ne hasarde pas encore d’énoncer aucune opi-
nion positive sur la nature de la cause à laquelle sont dus les phénomènes
de passivité. 11 n’est pas impossible qu'ils dépendent d’un certain équi
libre instable des molécules du fer, équilibre qui est peut - être
produit par un courant. Jusqu’à présent on explique l’isomérisme par l'hy-
pothèse que le même nombre d’atomes de deux éléments peuvent entrer
de plusieurs manières en combinaison chimique ; or, il me semble qu'on-
pourrait admettre que les molécules d’une matière simple sont aussi ca-
pables de s’agréger différemment dans différentes circonstances. En effet,
nous savons très bien que le soufre, par exemple, ainsi que le sélénium
et le phosphore, peuvent exister chacun dans des états bien différents l’un
de l’autre, et il est en même temps bien’connu que l’état d’agrégation dans
lequel se trouvent ces corps influe beaucoup sur leurs propriétés chimi-
ques. La raison principale qui me fait penser que l'inactivité du fer pour-
rait dépendre d’un arrangement particulier des molécules de ce métal,
consiste dans le fait que l'état normal est détruit par un ébranlement vio-
lent qu’on fait éprouver au fer inactif.
» L'opinion énoncée par M. Nobili à l'égard de la nature chimique des
couleurs qui sont produites sur des plaques de platine, de fer et d'acier,
par le moyen d’un courant et d’une solution d’acétate de plomb, n’est
pas fondée. J'ai démontré par des expériences décisives que ces couleurs
sont dues à une mince couche de peroxide de plomb. Quelques résultats
de mon travail sur ce sujet se trouvent consignés dans le petit Ouvrage
que j'ai pris la liberté de vous envoyer l’autre jour. Le physicien italien
ayant commis une erreur dans les cas cités, j'avoue que je doute beaucoup
de la justesse des vues qu’il a émises sur la composition des apparences
électro-chimiques en général. »
58...
(424 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — {Vote sur un bouleversement de sol observé aux
environs de Sassari; communiquée par M. Bowarous.
« Dans la nuit du 2 février 1838, un phénomène remarquable a eu lieu
dans le vallon nommé Baddi Partusu, non loin de la ville de Sassari, sur
un terrain de 500 pas carrés de superficie. Quelques centaines d’oliviers
et divers autres arbres ont été arrachés jusqu'aux racines, brisés et dis-
persés à de très grandes distances. Sur le même terrain ont paru de nou-
veaux rochers qui n’y existaient pas; les anciennes roches présentent des
fentes larges et profondes; un énorme quartier de roc, de près de roo pieds
de longueur, de 5o de largeur et d'épaisseur, a été déplacé; et tout le ter-
rain paraît rehaussé et déchiré en tout sens.
» Suivant les habitants du voisinage, le bouleversement a été accom-
pagné d’un grand bruit. On n’a pu faire jusqu'ici que des conjectures sur
les causes qui l'ont occasioné. »
PHYS10LOGIE. — Sur les propriétés nutritives des. aliments empruntés au règne
végétal. — Lettre de M. GannaL.
A l’occasion d’un Mémoire présenté par M. Boussingault à la séance du
26 mars dernier, Mémoire dans lequel l’auteur apporte de nouveaux faits
à l'appui d’une proposition qu’il avait précédemment développée, savoir,
que les substances employées comme fourrages sont d’autant plus nutri-
tives qu’elles contiennent une plus grande proportion d’azote, M. Gannal
écrit que:ses recherches sur l'alimentation l’ont conduit à une conclusion
différente.
« Une des conséquences: auxquelles je suis arrivé, dit-il, se trouve
énoncée de la: manière suivante dans un travail déposé sous enveloppe
cachetée, le:27 mars 1837 :
« L’azote contenu dans certaines matières végétales n’est point assi-
» milé. Ces substances sont alimentaires seulement en raison de la quan-
» tité de fécule, de sucre, d'huile, de gomme et de mucilage qu’elles
» renferment. »
Il ajoute qu'il s’est assuré, au moyen d’expériences direetes, que « la
quantité d’azote qu’une vache, par exemple, fournit journellement par le
lait, l'urine et les déjections alvines, est dix fois plus considérable que
celle qui se trouve dans les matières végétales qu’elle prend comme ali-
ments dans l’espace de vingt-quatre heures, même en admettant pour
ces dernières les nombres donnés par M. Boussingault. »
(425 )
M. BoNNAFONT ; chirurgien en chef de l'hôpital militaire de Constantine,
écrit qu'il a commencé à faire, dans cette ville, une suite d'observations
météorologiques", et offre d'en transmettre les résultats à l'Académie.
M. H. Roger adresse un paquet cacheté.
L’A cadémie en accepte le dépôt.
À 4 heures trois quarts, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
(426)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences ;
1% semestre 1838, n° 13, in-4°.
Annales des Mines , 3° série, tome 12, 5° livraison, septembre et oc-
tobre 1837, in-8°.
Traité pratique des Maladies vénériennes; par M. Pa. Ricoro, un
vol. in-8°, Paris, 1838. (Cet ouvrage est adressé pour le concours
Montyon.)
Recherches pratiques sur les maladies de l'oreille et sur le développement
de l'ouïe et de la parole chez les Sourds-Muets , 1° partie : Maladies de
l'oreille moyenne; par M. Derrau, 1 vol. in-8°, Paris, 1838. (Cet ou-
vrage est adressé pour le concours Montyon.)
Mémoire sur le Varicocèle et en particulier sur la cure radicale de cette
affection; par M. Lanvouzy; Paris, 1838, in-8°. (Cet ouvrage est adressé
pour le concours Montyon.)
Rapport sur un Appareil dit Lit mécanique présenté à l’Académie
royale de Médecine par M. Nico BerraeLor, in-8°. (Cet ouvrage est
adressé pour le concours Montyon.)
Nouveaux éléments de Médecine opératoire; par M. Béarn, 3 vol. in-8°,
Paris, 1838.
Histoire naturelle et Iconographie des Insectes coleoptères; par MM. De-
LAPORTE €£ Gory, 16—18° livraison, in-8°.
Essai sur la Gravelle et la Pierre; par M. Sécaras, 1°° partie , 2° édi-
tion, in-8°.
Histoire naturelle des Iles Canaries , 29° livraison, in-4°.
Histoire de la Grippe à Lyon en 1837.— Rapport demandé par la
Mairie de Lyon; rédigé par M. L. Gusrax, Lyon, 1837, in-8°.
Académie royale de Bruxelles, Bulletin des séances des 10 février et
3 mars 1838, in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève, nouvelle série, 3° année, n° 26,
février 1838; in-8°.
Fundamenta nova investigationis orbitæ veræ quam Luna perlustrat ;
Auct. P,-A. Hansen, Gotha, 1838, in-8°.
(427)
Geology and.... Géologie et minéralogie considérées dans leurs rap=
ports avec la théologie naturelle; par M. W. Bucxrann > 2 vol. in-8°; atlas
in-4° des planches du même ouvrage.
The magazine... Magasin d'Histoire naturelle (continuation de la
publication de Lounox ), nouvelle série, vol 1, 1837, in-8°.
The Zoology.... Zoologie du voyage du Bâtiment de L'État le Beagle
exécuté sous le commandement du capitaine Fitzroy, pendant les années
1852—1836. Mammifères fossiles; par M. Ricnarn Owex, Londres,
1838, in-40.
Phrenology.... La Phrénologie expliquée dans ses rapports avec les
écritures ; par M. Joux Ware, Londres, 1838, in-8°.
Proceedings... Procès-V’erbaux de la Société géologique de Londres,
1" et 15 novembre 1837, in-8.
Astronomiche.... Vouvelles astronomiques de M. Scaumacner ; n° 348,
in-/°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 13, in-4.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°° 37—39, in-4°.
L’Expérience , journal de Médecine , n° 30, in-8°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 321, in-4°.
La Phrénologie, Journal, tome 1 , n° 36.
( 428 )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 AVRIL 41838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES £T COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — /Vouvelles observations sur la mesure de la
température des tissus organiques du corps de l’homme et des
animaux au moyen des effets thermo-électriques ; par MM. BECQUERFL
et BRESCHFT.
« Le Mémoire que nous présentons aujourd’hui à l’Académie est l'ex-
posé succinct de la continuation des expériences que nous avons entre-
prises soit à Paris, soit dans nos voyages aux Alpes et en Italie, pour dé-
terminer d’une manière plus rigoureuse qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, la
température des tissus en général et des organes intérieurs de l’homme et
des animaux, à l’aide des effets thermo-électriques.
» L'emploi que nous avons fait des aiguilles métalliques mixtes , d’un
diamètre moindre qu'un millimètre pour déterminer la température des
parties intérieures des corps organisés, exige des précautions délicates dont
nous avons déjà fait connaître quelques-unes, et sans lesquelles il n’est pas
possible d'obtenir des résultats sur l’exactitude desquels on puisse compter;
aujourd’hui nous allons compléter ce que nous avons dit à cet égard.
C.R, 1538, 1er Semestre. (T. VI, N° 13.) 59
( 430 )
» Lorsqu'on plonge une barre de métal par l’une de ses extrémités dans
une source de chaleur, qui n’est pas capable de réagir chimiquement sur
ses parties constituantes, cette barre s'échauffe de proche en proche jus-
qu’à une distance plus ou moins éloignée de la partie immergée, qui dé-
pend de la nature du métal, des dimensions de la barre, de la tempéra-
ture de la source et de celle de l’air ambiant.
» Les diverses sections de la barre , à partir de Ja source de chaleur et
jusqu’à une certaine distance, prennent donc des températures différentes,
supérieures à celle de l’air ambiant; mais aussitôt que chacune d'elles a
atteint la température qu’elle doit conserver, c’est-à-dire son état d’équi-
libre, l'expérience prouve que pour des distances à la source qui croissent
en progression arithmétique, les excès de température décroissent en pro-
gression géométrique, toutes les fois que les excès de la température de la
barre sur celle du milieu ambiant ne dépassent pas 20 à 30°. D'un autre
côté, la propagation de la chaleur variant avec les dimensions de la barre,
la perte de chaleur étant proportionnelle à l'aire des surfaces extérieures,
et la quantité de chaleur qui traverse étant aussi proportionnelle à l'aire
de la section; le décroissement de la température devra donc être d’au-
tant plus considérable que le contour sera moindre. L'expérience prouve
effectivement que dans deux barres de même métal, n’ayant pas la même
section transversale, les distances du foyer aux points où la température
est la même, sont entre elles comme les racines carrées des épaisseurs, ou
comme les racines carrées de leurs rayons si les barres sont des cylindres.
Il suit de ces diverses observations que plus les cylindres ou les aiguilles
métalliques auront des diamètres petits, moins la source de chaleur se re-
froidira quand sa température sera capable de varier par la présence de
ces aiguilles; de là, la nécessité d'opérer avec des aiguilles qui ont moins
d'un millimetre de diamètre.
» Il résulte encore des observations précédentes , que lorsqu'on cherche
à déterminer la température des parties intérieures de l’homme qui est
d'environ 37°, il faut le placer dans un milieu dont la température soit
d'au moins 18 ou 20°. Si cette condition ne suffit pas encore, il faut trou-
ver par des expériences préalables, les effets dus au refroidissement pro-
duit dans les muscles par la présence des aiguilles. C’est un point sur le-
quel nous n’avons peut-être pas assez insisté dans nos précédents
Mémoires.
» Le procédé pour trouver la température intérieure du corps de
l'homme consiste, comme onsait, à faire usage de deux aiguilles composées
( 431 )
chacune de deux autres, l’une de cuivre, l’autre d'acier ; Soudées par un
de leurs bouts. L’une des soudures est placée dans un/milieu dont la tem-
pérature resté constante pendant la durée de l'expérience, tandis que
l'autre est introduite dans la partie dont on veut mesurer la température.
Ces deux aiguilles communiquent ensemble d’une part, par leur bout
acier avec un fil d’acier de même nature, et de l’autre, par leur bout cui-
vre avec les extrémités du fil d’un excellent multiplicateur thermo-élec-
trique.
» Lorsque les deux soudures ont la même température , l'aiguille ai-
mantée n’est pas déviée; mais Pour peu qu'il y ait une différence entre les
deux températures, ne füt-elle que de 0,1 de degré, il y a une déviation
dont le sens et l'étendue sérvent à évaluer exactement cette différence, et
par suite la température d'un des milieux quand celle de l’autre, qui est
constante , est connue.
» La source constante que nous avons l'habitude d'employer est four-
nie par l'appareil de M. Sorel, que nous avons déjà décrit, ou par la bou-
che d’une personne habituée à ce genre d’expérimentation. L'appareil Sorel
conserve bien pendant quelques heures uné température qui ne varie que
de quelques dixièmes de degré; mais la masse d’eau qui la donne est telle-
ment considérable, que la soudure que l’on y plonge se met promptement
en équilibre de témpérature avec elle » malgré les pertes qu’éprouvent les
parties de l'aiguille situées en dehors, lesquelles sont promptement répa-
rées. Dans ce cas, la température accuséé par la soudure est bien cellé du
milieu dans lequel elle se trouve. Il n’en est pas de même de la tempéra-
ture accusée par la seconde soudure qui se trouve dans un muscle à peu
de distance de la peau, lequel muscle, én raison des tissus dont il se com-
pose, de leur peu d’étendue et de leur mauvaise conductibilité, ne doit
Pas être considéré comme une source de chaleur égale à l’autré: aussi
trouve-t-on quand on opère dans un milieu dont la température est in-
férieure à 18 ou 20 degrés, une différence en faveur de l'appareil, lors
même que la température de ce dernier êst la même que celle du
muscle.
» En employant la bouche comme source de chaleur constante, on n’a
Plus à craindre autant les différences que nous venons de signaler, parce
que les deux sources ont de l'analogie entre elles, sous le rapport de leur
constitution.
» Nous sommes entrés dans quelqués détails sur les précautions à
prendre quand on cherche à mesurer la température intérieure des corps
59...
(432)
organisés, afin de mettre à même les personnes qui voudront se servir de
notre procédé, d'éviter les causes d’erreur indiquées.
» Nous allons maintenant exposer les expériences que nous avons faites
pour montrer jusqu’à quel point la bouche peut remplacer l'appareil à
température constante.
» Chacune des soudures a été mise dans la bouche d’un jeune homme
de 22 ans, entre le palais et la langue, qui exerçait une légère pression
sur le fil métallique, afin d’éviter les variations résultant du passage de
l'air aspiré. L’aiguille aimantée fut déviée de 1° ; en faveur de l’une des
deux bouches. Les soudures ayant été changées de bouche, la déviation
fut de 2° dans un autre sens, au lieu de 1 +. La différence de + degré, cor-
respondante à -- de degré de température, provenait, très probablement,
de ce que les soudures n'avaient pas été placées de la même maniere,
dans les deux expériences; les effets n’ont pas varié pendant un quart
d'heure.
» On voit donc qu'avec certaines précautions, on peut se servir de la
bouche comme source de température constante , quand on s’est habitué
par des essais préalables à maintenir toujours la soudure dans la même
position et à respirer par le nez, afin de ne pas introduire de l'air froid
dans la bouche.
». Une des soudures ayant été mise dans l'appareil Sorel, marquant 36°,
l'autre dans la bouche d’un jeune homme, la déviation de l'aiguille ai-
mantée fut de deux degrés , en faveur de la bouche, ce qui indiquait une
température de 36°40’ au lieu de 369,50 accusée par le thermomètre;
différence bien faible, due à des causes inaperçues.
» On a laissé la soudure dans la bouche où elle se trouvait, et l’on a mis
l'autre dans le muscle biceps du second jeune homme, la température de
l’air étant de 14°, au-dessous par conséquent de celle qui est nécessaire
pour le succès des expériences, on a eu une déviation de 4° en faveur de
la bouche ; la température du biceps donnée par l'aiguille n’était donc
que de 36°,20, au lieu de 36°,60 qui est la température moyenne que nous
avons trouvée dans nos précédents mémoires.
» La soudure qui se trouvait dans la bouche en a été retirée pour être
placée dans l'appareil Sorel qui marquait 38°,50 au thermomètre centi-
grade; la déviation de l'aiguille aimantée a été de 10° en faveur de l’ap-
pareil : la bouche possédait donc une température de 36°,50, comme nous
l'avons trouvé précédemment. Ainsi la bouche peut être employée avec
avantage comme source de température constante.
(435 )
» Nous avons été naturellement amenés à faire quelques expériences
touchant l'influence des variations de la température ambiante sur la tem-
pérature des muscles de l'homme. Cette question, qui occupe les physi-
ciens et les physiologistes depuis quelques années, n’est pas encore com-
plétement résolue, aussi les résultats que nous avons obtenus ne seront
pas sans intérêt pour la science.
» Il est constant que l’homme ainsi que les animaux à sang chaud, peu-
vent vivre dans une atmosphère ayant une température qui diffère de Ja
leur de près de 80°, puisque les habitants des régions polaires, couverts
à la vérité de vêtements, se trouvent exposés une partie de l’année à Ja
température de la congélation du mercure. Dès lors l'homme ainsi que
les animaux à sang chaud, possèdent en eux la faculté d’augmenter dans
un temps donné la chaleur qu'ils développent. Quant à la faculté qui leur
est propre, pour résister à des températures assez élevées sans qu’il en
résulte un désordre sensible dans l’économie animale, nous rappellerons
les expériences de Banks, Blagden et Fordyce, qui sont restés exposés
pendant quelques instants à une température de 125°, sans trouver de
changement sensible dans leur température évaluée probablement d'apres
celle de la bouche.
» D'un autre côté, Berger et Delaroche s'étant exposés à une tempéra-
ture de 49”, ont trouvé leur température augmentée de 4°; et Delaroche
étant resté seul dans une étuve à 90°, pendant 16 minutes, a constaté que
la sienne ne s'était accrue que de 5°.
» Le capitaine Parry rapporte que dans les régions polaires où la tem-
pérature est plus basse que celle de la congélation. du mercure, la tem-
pérature de l’homme n’est pas sensiblement modifiée, Cette dernière ob-
servation est contredite par M. John Davy et quelques autres qui ont
trouvé que la température de l’homme s'accroît des pôles à l'équateur.
» Sans chercher à entrer dans l'examen des résultats contradictoires
que nous venons de rapporter, nous nous bornerons à exposer les expé-
riences que nous avons faites sur le même sujet.
» On a introduit dans le muscle biceps du bras droit de deux jeunes
gens, chacune des soudures de deux aiguilles parfaitement semblables, la
température de l'air ambiant était de 16°, l’aiguilleaimantée ne fut pas dé-
viée d’une maniere appréciable ; les deux muscles avaient done.exactement
Ja même température. Un des bras en expérience fut plongé successivement
jusqu’à la saignée pendant un quart d'heure dans de l’eau à 10, à 8, à.6
degrés, puis à o; l'expérience dura environ une heure, la déviation .de
(434)
l'aiguille aimantée ne fut que de deux degrés en faveur du muscle non
immergé, ce qui indiquait un abaissement de température dans l’autre
d'environ un cinquième de degré.
» Le même bras ayant été plongé ensuite dans de l’eau à 42 degrés pen-
dant 15 minutes, la température du muscle immergé ne fut augmentée
que de + de degré.
» Ces expériences ayant été répétées à diverses reprises, nous n’avons ja-
mais trouvé que de très faibles différences dans la température des muscles.
» Ces résultats ont été confirmés dans les expériences que nous avons
faites aux bains d'eaux minérales de Louech , en Valais , il y a deux ans, et
à Paris tout récemment , avec le secours de M. Séguin, élève externe de
l'Hôtel-Dieu de Paris , qui a bien voulu se prêter à nos recherches avec un
dévouement digne d’éloges. Nous ne nous sommes pas bornés à mettre les
bras dans de l’eau , ayant une température élevée, nous y avons plongé le
corps entier. Les eaux de Louech étaient à 49° centigrades.
» La température de l'appareil Sorel marquait 35°, 50; l'une des sou-
dures y fut placée tandis que l’autre fut introduite dans le muscle biceps de
M. Séguin ; la déviation de l'aiguille aimantée fut de 12 degrés en faveur
du muscle, ce qui indiquait une température de 36°,70. M. Séguin ayant
été mis dans le bain à 49°, il y resta 20 minutes: la déviation de l’aiguille
aimantée varia de 12 à 13, à 14°, suivant que l'aiguille était plus où moins
rapprochée de l’eau. La température des muscles avait donc augmenté de
+ à ? de degré. Au sortir du bain la déviation de l'aiguille aimantée revint
à 12 degrés, comme elle était avant. Le pouls de M. Séguin battait 112 pul-
sations par minute dans le bain.
» On a obtenu le même résultat sur un jeune tyrolien, ouvrier charpen-
tier, vigoureusement constitué. Nous n'avons pas voulu repéter les expé-
riences à une température plus élevée; dans la crainte de compromettre la
santé des personnes qui avaient bien voulu se prêter à nos recherches.
Mais nous les avons recommencées à Paris à une température un peu in-
férieure à 49°, avec l’aide de M. Séguin et de M. Costille , également élève ex-
terne à l’'Hôtel-Dieu. Une des soudures a été mise dans la bouche de M. Cos-
tille, dont la température était de 37°, 50, mesurée au thermomètre, l’autre
dans le muscle biceps du bras droit de M. Séguin; la déviation de l'aiguille
aimantée fut de 2° en faveur de la bouche, ce qui indiquait une tempé-
rature de 37,10, pour le muscle. M. Séguin fut mis dans un bain à
42°,50, et y resta pendant 20 minutes; la température du muscle ne
changea pas, puisque la déviation de l'aiguille aimantée resta la même.
(435 )
» Cette expérience ayant été répétée sur M. Costille, donna le méme
résultat. Nous voyons par les faits qui viennent d’être rapportés que lors-
que le corps de l’homme est en contact avec de l'eau dont la température
varie de o à 49° pendant vingt minutes, la température des muscles n’é-
prouve que de faibles variations; peut-être n’en serait-il pas de même si
le contact était prolongé pendant long-temps, comme les expériences de
M. John Davy et d’autres physiciens portent à le croire; mais il est im-
possible de vérifier cette assertion, puisqu'il pourrait en résulter des dé-
sordres graves dans l'économie générale : un bain de 49° rubéfiant déjà
fortement la peau et portant le sang à la tête.
» Nous pouvons conclure aussi des faits observés que les résultats ob-
tenus par M. Delaroche , qui s'était placé dans une étuve ayant 49° de tem-
pérature, sont dus en grande partie aux phénomènes de la respiration
qui modifient la température de la bouche.
» Nous rapporterons encore une expérience faite à Louech, et qui n’a
pu être répétée à cause des difficultés qu'elle présentait. Cette fois c’est
un chien qui fut mis en expérience; ses muscles indiquaient une tempé-
rature de 38°,50; plongé dans un bain à 49°, l'aiguille ne touchant pas
à l'eau, la température du muscle extenseur monta successivement de un
demi-degré à 1°, 1° et demi et 2°, et cela dans l’espace de cinq minutes.
Le chien entra dans une telle colère qu’on fut obligé de le retirer de l’eau ;
peu de temps après la température de son muscle redevint ce qu’elle était
d’abord.
» La soudure fut introduite dans sa poitrine, on obtint également un
accroissement de température de plusieurs degrés quelques instants après
l'immersion dans le bain; cet accroissement avait principalement lieu
lorsque l'animal était violemment agité. Nous ignorons jusqu’à quel point
l’état d’exaspération où se trouvait l'animal influait sur les effets que nous
avons observés. Nous rapporterons encore un résultat curieux qui n’a pas
de rapport avec les précédents, mais qui intéressera les physiologistes.
» Une des soudures fut placée dans le biceps d’un jeune homme, l’autre
dans le muscle grand supinateur du bras gauche d’un homme de 45 ans.
L’aiguille aimantée ne fut pas déviée sensiblement. On ouvrit la veine, et
l'on n’observa aucun changement de température pendant et après la
sortie du sang. La soudure avait été placée le plus près possible de la
veine. On tirera de ce fait telle conclusion que l’on voudra; mais la seule
qui nous paraisse naturelle, c'est qu'à priori on devait penser qu'il en se-
rait ainsi, parce que le sang dont l'ouverture de la veine permettait la
(436 )
sortie retournait au cœur, et qu'ayant déjà circulé dans les vaisseaux ca-
pillaires, il est devenu étranger à la composition des tissus en revenant à
l'organe central de la circulation par les branches et les troncs veineux. Il
n'aurait donc pu produire un abaissement de température dans le corps
animal que par son écoulement abondant au dehors, et en produisant
l'affaiblissement du sujet. Il convenait donc de faire l'expérience d’une
autre manière : c'est pourquoi ayant pris un chien de moyenne taille, qui
avait mangé peu d'heures avant l'expérience, nous avons placé une des
soudures dans les muscles de la partie antérieure de la cuisse, tandis que
la soudure d’une autre aiguille se trouvait dans la bouche d’un expérimen-
tateur.Une ligature avait d’abord été jetée autour de l'artère fémorale, immé-
diatement au-dessous de sa sortie de l'abdomen. La suspension du cours
du sang dans ce vaisseau n’a apporté aucun changement dans la tempé-
rature du membre, et à plusieurs reprises on a exercé ou suspendu la com-
pression sur le tronc artériel, sans pouvoir observer le moindre mouve-
ment dans l'aiguille du multiplicateur.
» Fallait-il en conclure que les modifications dans la température des
tissus dépendent bien moins de la circulation sanguine que de l'influx
nerveux, ou bien que le résultat de cette dernière expérience tient à ce
que, en ne liant que l'artère fémorale, nous n'avions pas intercepté tout
abord du sang dans les vaisseaux de la cuisse, les artères fessieres et is-
chiatiques pouvant suppléer à l'artère fémorale ?
» Pour avoir une solution positive de cette difficulté physiologique,
nous avons embrassé par un double cordonnet de soie l'artère iliaque pri-
nitive; puis en plaçant un doigt sur le vaisseau dans le point correspon-
dant à l'anse de la ligature, nous avons pu, à volonté, empêcher ou per-
mettre la circulation du sang artériel dans le membre. Alors l'aiguille a
été engagée dans l'épaisseur des parties charnues de la cuisse, et au bout
de dix-huit minutes, nous avons vu la température baisser d’un demi-
degré environ. En permettant ensuite au sang de parcourir les vaisseaux
artériels fémoraux, bientôt la température se rétablissait dans son état
normal. Cette expérience répétée plusieurs fois nous a donné le même
résultat; quoique l'effet observé soit assez faible, il démontre néanmoins
que le sang artériel exerce une influence directe sur la température des
tissus; ce n'est pas cependant au sang qui circule dans les troncs et les
branches artériels qu’il faut attribuer cette influence, mais bien à celui
qui parvient dans les réseaux capillaires. En effet, entre la suspension du
cours du sang dans le membre et la diminution de température, il s'écou-
(437)
lait le plus communément de quinze à dix-huit minutes. Cependant le ré-
tablissement de la température à son degré normal, lorsqu'on permettait
au sang de parcourir les artères, était toujours plus rapide que la dimi-
nution de température lorsque l’on comprimait le tronc vasculaire prin-
cipal.
» Voilà pour ce qui regarde l'influence de la circulation artérielle sur la
température des tissus animaux; dans un autre Mémoire nous dirons ce
que l'expérience nous a appris sur l'influence nerveuse, relativement à
cette même température des tissus.
» Les faits que nous venons de rapporter dans ce Mémoire, montrent
de nouveau le parti que l’on peut tirer des effets thermo-électriques pour
évaluer la température des parties intérieures de l’homme et des animaux,
en prenant pour température constante, soit celle de l'appareil Sorel, soit
celle de la bouche d’une personne exercée à ce genre d’expérimentation. »
ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Observations de M. Gax-Lussac sur un nouveau
procédé de chauffage importé d Angleterre.
« On a beaucoup parlé de ce procédé comme d’une chose merveil-
leuse ; avec 5o à 60 centimes de charbon convenablement préparé, on peut
chauffer, dit-on, un immense appartement et y entretenir une température
agréable pendant vingt-quatre heures. De plus, l'acide carbonique pro-
duit par la combustion n’est pas versé dans l'appartement ; il est retenu
par du carbonate de soude dont on imprègne le charbon, et l’asphyxie
n’est plus à craindre avec ce nouveau mode de chauffage. Enfin on peut
l’adopter avec toute confiance ; il a reçu l’assentiment des savants d’An-
gleterre, et il a même été présenté à l’Académie des Sciences.
» Ce procédé tant vanté m’a paru devoir mériter un examen. Je m'y suis
livré, et, en en faisant connaître le résultat, il m’a semblé que je ser-
virais les intérêts du public et ceux des importateurs, gens de trop bonne
foi pour ne pas désirer d’être mieux éclairés qu'ils ne l'ont été sur les
avantages et les inconvénients de leur procédé de chauffage. Je dirai plus,
je crois accomplir un devoir.
» Le combustible employé est un charbon très léger, imprégné, dit-on,
de carbonate de soude pour retenir l’acide carbonique produit par sa
combustion. J'en possède un échantillon et j'ai, en effet, reconnu qu’il
contient du carbonate de soude, ou plutôt du carbonate de potasse;
mais la quantité en est si minime que je suis convaincu qu'elle ne s'élève
C. R. 1838, 197 Semestre. (T. V1, N° 15.) 60
( 488 )
pas à un quart de millième du poids du charbon. Aussi brûle-t-il avec
une grande facilité comme tous les charbons de bois très légers.
» Il est, par conséquent, de toute évidence que ce charbon doit ré-
pandre en brülant dans un appartement la même quantité d'acide car-
bonique qu’un égal poids de tout autre charbon; qu'il vicie l'air de la
même mamire et qu'il pourrait produire les mêmes accidents. Il n’est pas
moins évident encore qu'il ne doit pas produire plus de chaleur que le
charbon ordinaire, puisque sous le même poids il ne contient pas plus de
matières combustibles.
» Mais ayant assisté à une épreuve sur la combustion du nouveau char-
bon, j'ai reconnu, avec d’autres assistants, que la combustion n’était ac-
compagnée d'aucune odeur incommode, et j'ai pensé que la petite quantité
de sel alcalin que je supposais qu'on y avait ajouté, pouvait être la cause
de toute absence d’odeur. C’eût été là un perfectionnement réel apporté
dans le chauffage domestique, une véritable découverte. Il était aisé de
soumettre cette pensée à l'épreuve de l'expérience.
» J'ai d’abord constaté que le charbon ordinaire était presque autant
alcalin que le charbon employé dans le nouveau procédé. Mais pour rendre
l'expérience plus concluante, j'ai humecté le charbon avec de l’eau légère-
ment chargée de carbonate de soude, de telle sorte qu’il paraissait plus alca-
lin que le charbon anglais; puis il a été desséché sur un poêle. Deux four-
neaux alimentés, l'un avec ce charbon préparé , l’autre avec du charbon
ordinaire, n’ont pas présenté de différence appréciable, quant à l’odeur.
Diverses expériences semblables, en variant la proportion du carbonate de
soude, ont donné le même résultat.
» Convaincu alors que ce sel n’était pour rien dans la combustion du
charbon, j'ai pensé que l’absence d’odeur, que j'ai cru remarquer dans la
combustion du charbon anglais, tenait à sa nature propre, car on sait
que, pour les braseros, il n’est pas indifférent d'employer toute espèce de
charbon. Ayant reconnu que le charbon anglais était très léger et prove-
nait certainement d'un bois blanc, j'ai fait carboniser des morceaux de
planches de sapin qui me sont tombés sous la main. Le charbon obtenu
était aussi fort léger, et il s’est trouvé très sensiblement plus alcalin que
le charbon anglais. Brülé comparativement avec du charbon ordinaire, il
a été moins incommode et m'a paru se comporter comme le charbon an-
glais, mais sans pouvoir en faire une comparaison exacte, faute d’une
provision suffisante de ce dernier.
» Les importateurs du nouveau procédé de chauffage brûlent le charbon
( 439 )
dans un appareil élégant dont il serait inutile de donner ici la descrip-
tion. Il suffira de dire que C’est un véritable braséro, versant tous les
produits de la combustion dans l’appartement où il est placé. C’est en
cela que consiste la grande économie de combustible annoncée. On ne
peut la contester, elle est bien connue; mais qu’on n'oublie pas qu’elle
n'est obtenue qu’en viciant l'air de l'appartement et en compromettant
peut-être la respiration, surtout chez des personnes inexpérimentées, qui
s’abandonneraient à une trop aveugle sécurité.
» Au reste nos observations n’ont pas pour but de faire proscrire le nou-
veau système de chauffage, mais seulement de le faire mieux apprécier
qu'il ne l'avait été et de le réduire à sa juste valeur. Elles nous condui-
sent à penser; 1° que le combustible n’est qu'un charbon de bois léger
bien préparé, ne renfermant d’autre sel alcalin que celui qui s’y trouve
naturellement; 2° que ce combustible ne donne pas plus de chaleur que
toute autre espèce de charbon de bois; 3° que le mode de chauffage em-
ployé, qui consiste à verser tous les produits de la combustion dans l'ap-
partement où elle s'opère, présente réellement de l’économie sur les autres
procédés, mais que ce n’est qu’en viciant l'air et en compromettant la res-
piration ; 4° qu’un poêle bien construit, alimenté par de l’air pris hors de
l'appartement, peut utiliser les neuf-dixièmes environ de toute la chaleur
produite par la combustion, sans vicier l'air, répandre la moindre odeur ni
affecter la respiration, et que l’usage en est plus sûr et presque aussi éco-
nomique. »
Remarques de M. Taénarn à l'occasion de la communication
précédente.
__« J'ajouterai quelques mots seulement à ce que vient de dire M. Gay-
Lussac.
» 1l est probable que le charbon ne donnerait pas d’odeur, s’il avait été
convenablement calciné.
» Telle est en effet la braise, et même le charbon préparé en vases clos,
lorsqu'il a été porté à une assez haute température.
» L'appareil dont il est question peut être comparé, pour l'effet, à un
brasero dont la combustion serait extrêmement lente ou à une de ces
chaufferettes qui donnent de la chaleur pendant 12 à 15 heures.
» On remplit la chaufferette de poussier de charbon; on lallume à la
surface avec un peu de motte enflammée. La combustion s'opère peu à
peu; on l’entretient en soulevant de temps à autre les couches inférieures
60...
( 440 )
avec une lame de fer; elle se continue ainsi depuis le matin jusqu’au soir
à une heure très avancée. »
200L0G1E. — {Votice sur trois nouveaux genres d'oiseaux de Madagascar ;
par M. IsipoRE GEOFFROY SaiNT-HiLaïRE.
(Extrait.)
« Les trois oiseaux qui font le sujet de cette Notice, dit M. Isidore
Geoffroy ,étaient compris dans une riche collection envoyée de Madagascar
au Muséum d'histoire naturelle, par M. Bernier, officier de santé de la
Marine, dont j'ai déjà eu plusieurs occasions de signaler le zèle éclairé
pour l’histoire naturelle. Les trois genres que j'ai décrits, l’un en 1835,
parmi les passereaux ténuirostres, sous le nom de Falculie (1), les autres,
en 1837, parmi les mammifères carnassiers, sous Îles noms d’Éricule (2)
et de Galidie (3), avaient été envoyés de Madagascar par M. Bernier,
presque en même temps que par M. Goudot; et il a ainsi contribué à
nous faire connaître ces trois types nouveaux d'organisation.
» Les genres que je vais décrire paraissent plus rares encore que les
précédents à Madagascar, au moins dans les localités jusqu’à ce jour vi-
sitées par les Européens. Tous trois n’ont été envoyés que par M. Bernier,
et ils étaient, dans la précieuse collection dont ils faisaient partie, les seuls
dont le nom de pays ne füt pas indiqué, et presque les seuls aussi qui
ne fussent représentés que par un individu. Je n’ai trouvé non plus dans
les annales de la science, rien qui parût se rapporter à eux. Cette Notice
ne saurait donc être aussi complète que je l’eusse désiré : telle qu’elle est
néanmoins , elle suffira pour montrer la nouveauté des combinaisons de
caracteres, offertes par les trois oiseaux dont la découverte est due à
M. Bernier. J'ai lieu d'espérer que la connaissance de l’organisation in-
terne et des mœurs, lorsqu'elle sera acquise à la science, n’infirmera pas
les inductions que j'ai cru pouvoir tirer dès à présent de l’examen des
parties extérieures.
» Des trois genres dont la description va suivre, deux auxquels je
donne le nom de PmiréprrTe, Philepitta,et d'OrniouE, Oriolia, appartien-
(1) Voyez le Bulletin de la Société des Sciences naturelles, année 1835, page 115, et
le Magasin de Zoologie, année 1836, première livraison.
(2) Voyez les Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie, 2% semestre, 1837,
page 374.
(3) 1bid., page 5704
(441)
ment, comme l'indiquent leurs noms, au groupe déjà si immense des
passereaux insectivores; ce seront deux anneaux de plus à intercaler dans
cette longue chaîne dont toutes les portions sont déjà si étroitement con-
tigués et si intimement unies. Le troisième genre tend à établir aussi a
entre divers termes de la série ornithologique, des rapports de transi-
tion; mais ces rapports sont plus éloignés.et beaucoup plus intéressants à
constater. Ce ne sont plus de simples divisions d’une même famille, ce
ne sont plus des genres voisins qu'ils lient entre eux, mais bien des fa-
milles et même des ordres très distincts. On verra en effet par sa des-
cription que ce troisième genre, analogue par ses pattes aux pigeons plus
qu’à aucun autre groupe, par ses ailes, à la plupart des vrais gallinacés,
ressemble en même temps, par la conformation très caractéristique de son
bec et la disposition de ses narines, à un genre singulier de palmipèdes,
les Héliornes ou Grébifoulques. De là le nom de Mésire, Mesites, que je
propose pour ce nouveau genre, afin d’en rappeler les rapports mixtes et
le rang intermédiaire entre plusieurs des groupes primaires de la classe
des oiseaux.
» Après ce préambule, dans lequel ii fait connaître le sujet de son tra-
vail, M. Isidore Geoffroy décrit successivement avec détail les genres Phi-
lépitte, Oriolie et Mésite, et discute leurs rapports d’affinité avec les
groupes génériques auxquels.ils sont comparables à divers égards: Le tra-
vail de M. Isidore Geoffroy. devant prochainement paraître en entier dans
la quatrième livraison de ses Études zoologiques , nous ne suivrons pas
ici l’auteur dans des détails, d’ailleurs difficilement intelligibles sans le
secours de planches. Il nous suffira de faire connaître la place que
M. Isidore Geoffroy assigne, dans la classification, à chacun des genres
établis par lui, et de donner les caractéristiques, soit de ces genres, soit
de leurs espèces.
I. Genre PHILÉPITTE, PHILEPITTA.
» L'auteur compare successivement ce genre aux Brèves ( Pitta), aux
Martins, à divers sous-genres de Muscicapidés, et aux Philédons. Suivant
M. Isidore Geoffroy, c’est près de ces derniers qu’il doit prendre rang, -et
sa Caractéristique peut être donnée ainsi.:
« Bec presque aussi long que le reste de la tête, triangulaire, un peu
plus large que haut, à arète supérieure mousse, légèrement convexe,
sans véritable échancrure mandibulaire. — Narines latérales, peu distantes
de la base, linéaires, un peu obliques.— Tarses assez longs, couverts de
( 442 )
très grands écussons. — Quatre doigts, tous, et spécialement le pouce,
allongés, forts et armés de grands ongles comprimés, aigus, très recourbés.
Parmi les trois doigts antérieurs, le médian, qui est le plus lang de tous,
réuni à sa base à l’externe; l’interne, qui est le plus court de tous, libre
dés sa base, — Queue assez courte, à douze pennes égales. — Ailes mé-
diocres, subobtuses ou obtuses (x).
» La seule espèce que l’on connaisse encore dans ce genre est, sans nul
doute, l’un des passereaux les plus remarquables par ses caractères exté-
rieurs, et les plus faciles à reconnaître spécifiquement ; l’auteur la nomme
PHILÉPITTE VELOUTÉE, Philepitta sericea, et la définit ainsi :
» Plumage velouté, d’un noir profond, sauf une petite tache jaune de
chaque: côté au fouet de l'aile. — De chaque côté, une caroncule membra-
neuse, insérée au-dessus de l'œil, et s'étendant en avant et: en arrière de
lui. — Taille, 0,100.
II. Genre ORIOLIE, orrozr4.
» Quoique la physionomie des Oriolies diffère beaucoup de celle des
Loriots, c'est très près de ceux-ci qu'ils se placent par tous leurs carac-
tères génériques , comme on peut le reconnaître par la phrase caractéris-
tique suivante:
» Bec presque aussi long que le reste de la tête, droit, sauf l’extrème
pointe qui s’infléchit légèrement, assez gros et aussi large que haut à la
base , comprimé dans sa portion antérieure; une échancrure mandibu-
laire ; plumes frontales entamées sur la ligne médiane par la base du bec.
— Narines petites, irrégulièrement ovalaires, ouvertes sur les côtés du
bec, à peu de distance de sa base, et aussi loin de la commissure des deux
mandibules que de la partie supérieure du bec. — Tarses courts, écus-
sonnés. — Quatre doigts, tous très développés, et armés d'ongles très
comprimés, aigus, très recourbés, — Queue longue, composée de douze
pennes terminées en pointe, les latérales un peu plus courtes que les in-
termédiaires. — Ailes assez longues atteignant, le milieu de la queue,
obtuses.
». Une seule espèce est connue, l'OrtouE pe Bernier, Oriolia Bernieri,
dont les caractères sont les suivants :
(x) Aétat d'usure dans lequel se trouvent les 3° et 4° rémiges chez le seul individu
commu, n’a pas permis de déterminer exactement si les ailes sont etablies sur le type
subobtus ou sur le type obtus proprement dit.
( 443 )
» Plumage roux avec des raies transversales noires sur le corps (1), uni-
formément de couleur feuille-morte sur la queue et les ailes , sauf l’extré-
mité des six premiers rémiges, qui est d’un gris noirâtre.— Taille, 0" ,180.
YIE. Genre MÉSITÉ , wzsrres.
» M. Isidore Geoffroy montre que ce genre très remarquable, a surtout
de très grands rapports par ses ailes avec les Pénélopes et Parraquas, par
son bec et ses narines avec les Héliornes, et par ses pieds avec les Pigeons,
spécialement avecles Colombigallines. Cette alliance singulière de caractères,
jusqu’à présent connus isolément dans des groupes fort éloignés les uns
des autres, ne permet de rapporter le genre Mésite à aucune des familles
jusqu’à présent établies, et, par conséquent, oblige de le considérer
comme devant lui-même devenir le type d’une famille nouvelle, que
l'auteur croit pouvoir placer parmi les Gallinacés passéripèdes, près
des Pigeons. M. Isidore Geoffroy reconnaît d’ailleurs lui-même que ce
classement a besoin d’être confirmé par l'examen du sternum , de l'épaule,
du bassin, et surtout du canal alimentaire, l'étude même la plus appro-
fondie des parties extérieures étant nécessairement insuffisante pour l’ap-
préciation d’un genre aussi isolé dans la série ornithologique.
» La caractéristique de ce genre est la suivante :
» Bec presque aussi long que le reste de la tête, presque droit, com-
primé ; mandibule supérieure sans aucune trace de crochet ni d’échancrure,
à extrémité mousse; l’inférieure présentant en-dessous un angle au point de
jonction de ses deux branches; de chaque côté de la mandibule supérieure,
un espace membraneux commençant à peu de distance de la base du
bec, et se prolongeant jusqu’au milieu de la longueur : au-dessous de la
partie antérieure de cet espace, très près de la commissure du bec,
et parallèlement à elle, une ouverture linéaire , qui est la narine. — Jambe
emplumée dans la presque totalité de sa longueur , mais nue et écailleuse
(1) Plusieurs oiseaux présentent , dans leur jeune âge , de semblables raïes transver-
sales qui disparaissent ensuite en partie, et: quelquefois en totalité, à l’état adulte.
En outre, d’après de nombreuses observations de M. Isidore Geoffroy, l'aile se mo-
difie beaucoup dans les oiseaux selon leurs différents âges, beaucoup d’espèces, qui
ont les ailes aiguës à l’état adulte (et peut-être toutes), les ayant d’abord obtuses. Si
l’Oriolie envoyée par M. Bernier n’était pas entièrement adulte, et M. Isidore Geoffroy
le soupçonne d’après quelques détails de la coloration de cet individu jusqu’à présent
seul connu , il se pourrait qu’il y eût quelques modifications à apporter aux phrases
caractéristiques données ci-dessus.
( 444 )
sur une tres petite étendue, immédiatement au-dessus de l'articulation
tibio-tarsienne. — Tarses médiocres, écussonnés. — Quatre doigts, non
réunis à leur base pardes membranes interdigitales, mais seulement bordés
près de leur origine ; doigt médian, plus long que les latéraux, et parmi
ceux-ci, l'interne un peu plus long que l'externe : celui-ci uni au médian
à sa base, mais sur une étendue extrémement petite ; pouce presque égal
en longueur au doigt antérieur interne. — Ongles assez petits, comprimés,
très peu recourbés. — Queue composée de douze pennes longues et très
larges, parmi lesquelles les externes sont un peu plus courtes ; couvertures
caudales très étendues. — Ailes courtes, dépassant à peine l'origine de la
queue, surobtuses; première rémige extrèmement courte, seconde tres
courte encore; 5°, 6°, 7° égales, les plus longues de toutes.—Plumage mol;
pennes peu résistantes, à barbes peu serrées et peu adhérentes ; plumes
du corps très longues, à tiges très grêles, également à barbes très peu
adhérentes.
» M. Isidore Geoffroy a donné à l'espèce type de ce genre remarquable,
le nom de MésiTe variée, Mesites variegata. Ses caractères spécifiques
sont les suivants :
» Dessus de la tête et du corps, ailes et queue d’un roux feuille-morte;
ventre roux avec des raies irrégulières, noires; plastron jaune-clair,
avec des taches elliptiques, noires, transversalement placées ; gorge blanche.
Sur les côtés de la tête et du col, une raie d’un jaune clair, passant im-
médiatement au-dessus de l’œil; plus bas un espace nu, s'étendant en ar-
rière et avant de l'œil; plus bas encore, une bande irrégulière jaune , et
enfin une tache noire qui sépare celle-ci de la gorge. — Taille, 0”,297.
» Il est très digne de remarque que la coloration si caractéristique de
la tête chez la Mésite variée, offre la plus grande analogie avec la colora-
tion de la même région chez ces Héliornes ou Grébifoulques dont la Mésite
se rapproche tant aussi par les formes de son bec et la disposition de ses na-
rines. La Mésite variée est, en particulier, très voisine, sous tous ces
rapports, de l'Héliorne grivelé, ou Héliorne du Sénégal; et si la tête de
ce genre nouveau eût été seule envoyée et seule soumise à l’examen des
ornithologistes, il est assurément bien peu d’entre eux qui eussent hésité
à attribuer à une espèce inconnue d'Héliorne. »
(445 )
RAPPORTS.
VOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur les résultats scientifiques du voyage
de la Bonite autour du monde.
PREMIÈRE PARTIE. — Zoologie.
(M. de Blainville, rapporteur.)
« L'Académie, dans sa séance du 2 novembre 1835, reçut une lettre de
M. le Ministre de la Marine, dans laquelle, en lui annonçant qu’un bâtiment
de l’État devait successivement visiter le Brésil, les îles Sandwich et plu-
sieurs points des mers de l’Inde et de la Chine, il ajoutait que, quoique
ce bâtiment ne füt pas destiné à remplir une mission scientifique, cepen-
dant, si l’Académie jugeait utile de profiter de cette circonstance pour
faire faire quelques recherches sur ces différents points, le commandant
et l'état-major de la Bonite s’en occuperaient avec soin.
» L'Académie s’empressa, comme elle le devait, d'accepter cette pro-
position et nomma une Commission chargée de rédiger les Instructions qui
devaient servir de base à leurs travaux, et indiquer le sujet de leurs re-
cherches. De plus, elle pria M. le Ministre de joindre à l'état-major de
la Bcnite, comme plus spécialement chargé des recherches d'histoire
naturelle et surtout de phytologie, M. Gaudichaud, qui ne s'est pas
borné à cela comme notre rapport va le montrer, et qui a souvent aidé
les zoologistes d’une manière qui leur sera grandement profitable.
» Les instructions en zoologie portaient essentiellement sur un assez
grand nombre de lacunes importantes que nos collections, quelque ri-
ches qu’elles soient, présentent encore dans la série animale, et sur plu-
sieurs points intéressants de physiologie, comme 1° la température de
l'homme et des animaux, dans des circonstancés convenablement appré-
ciées; 2° la nature de l'air contenu dans la vessie natatoire des poissons;
3° la phosphorescence de la mer.
» En exposant assez longuement les principaux desirata de la science
etde nos collections, nous étions loin de penser que dans un voyage qui
devait être exécuté d’une manière aussi rapide, et dont la mission prin-
cipale n’était pas de faire des recherches scientifiques, nos désirs, nos
besoins , seraient pleinement satisfaits. L'Académie , dans ces sortes d’ins-
tructions, ne s'adresse pas exclusivement à l'expédition seule à laquelle
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 15.) 6:
( 446)
elle les remet; elle à des prétentions plus élevées, et elle espere par là
stimuler le zèle de tous les. amis. des sciences, nationaux ou étran-
gers, qui par leur position peuvent satisfaire à quelques-uns des points
signalés par elle. Aussi nous empressons-nous de déclarer: que: dans l’ex-
pédition de la Bonite, nos espérances en zoologie ont été considérable-
ment dépassées , et que les efforts de MM. Eydoux et Souleyet, plus spécia-
lement chargés des recherches dans ce genre, aidés qu'ils étaient de ceux
de M. Gaudichaud, ont été couronnés d’un succès d’autant plus inattendu,
et qui paraîtra d'autant plus grand que l’on sera plus à même d’appré-
cier les circonstances peu favorables où ils se sont trouvés. C’est au reste
ce qu'il sera facile de démontrer par un coup d'œil historique de l’expé-
dition (1) et par l’énumération succincte des principaux objets qu'ils ont
rapportés, avec les dessins et les observations à l'appui que renferment
leurs portefeuilles, et qui, faits par les observateurs eux-mêmes, ou par
plusieurs officiers de l'état-major, sans prétentions d'artiste, respirent
dans leur exécution un grand air de vérité.
» En faisant l'observation que /a Bonite dans le cours de sa circum-na-
vigation, qui a duré 63r jours, en a passé 480 à la mer et 151 seulement
au mouillage, on devait tout naturellement s'attendre à ce que les récoltes
en mammiferes et en oiseaux non-seulement ne seraient pas riches, mais
(1) Eu voici l’itinéraire tel que M. Eydoux l’a remis à la Commission :
La corvette de l’État, La Bonite, partie de Toulon le 6 février 1836, pour faire un
voyage de circum-navigation, déposer des agents consulaires français au Chili, à la Ré-
publique de l’Équateur et aux Philippines, a mouillé à Cadix le r4 février et en est
repartie le 16. — Arrivée à Rio-Janeiro le 24 mars, elle a mis sous voiles le 4 avril.
— Jété l’ancre à Monte-Video le 24 avril et partie le 7 courant.— En doublant le cap
Horn , elle est descendue par les 58° 59° de latitude sud, s’est trouvée pendant six
jours au milieu de bancs de glace, et cependant le thermomètre tenu à l'air libre et à
l'ombre n’est jamais descendu au-dessous de 0°. — Arrivée à Valparaiso le 11 juin,
elle y a séjourné jusqu’au 24. — Mouillée sur la rade de Cobija, depuis le 1°° juillet
jusqu’au 3. — Sur celle du Callao, depuis le 11 juillet jusqu’au 21. — Sur celle de
Payta, du 26 juillet au 1° août. — Sur celle de la Puna à l’embouchure de la rivière
de Guayaquil, du 5 août au 123. — En se rendant aux îles Sandwich, passé près
de l'archipel des Galapagos sans y toucher, jeté l’ancre: dans la baie de Kerakakoa
(ile Hawaï des Sandwich) , le 1 octobre et partie le 6 du même mois, — Arrivée à
Honolulu, résidence du roi des Sandwich, le 8 octobre et départ le 24 courant. —
Dans Ja traversée, pour se rendre aux Philippines, passé entre les îles Mariannes sans s’y
arrêter. — Arrivée à Manille le 7 décembre et départ le 21. — Mouillé à Macao le
31 décembre et départ le 21 janvier 1837. — Resté au mouillage de Touranne (Co-
(447)
surtout qu’elles ne seraient pas importantes, et cependant il n’en est pas
ainsi, et l’on peut dire que les naturalistes de l'expédition ont eu, per-
mettez-moi cette expression, la main heureuse , en rapportant entre autres
cinq mammifères , types de genres nouveaux que nous ne possédions pas,
ou que nous ne possédions que d'une manière incomplète ét presque fà-
cheuse, ayant en effet quelquefois le corps ou le squelette sans la peau.
» Dans la famille des quadrumanes de l’ancien continent, nous note-
rons plusieurs individus d’une grande et belle espèce de guenon que nous
pensons être le Semnopithecus Nestor de Bennett.
» Dans celle des Makis, nous avons remarqué deux ou trois individus
en bon état de conservation d’une espèce de Galéopithèque, désignée de-
puis long-temps, par M. Geoffroy Saint-Hilaire, comme une espèce dis-
tincte sous le nom de G. Variegatus , regardée cependant comme une
simple variété du G. ordinaire, par M. Teraminck, et qui, d’après quelques
particularités du système dentaire, pourrait bien en être réellement dif-
férente.
» La distribution géographique de plusieurs espèces de l’ordre des Chéi-
roptères ou Chauve-Souris, s’éclaircira par la certitude acquise que le Mo-
lossus nasutus où Brasiliensis, le M. obscurus, se trouvent au Pérou, ainsi
qu’une espèce de Yespertilio , proprement dit, de la division des Séro-
tinoïdes, et voisine par conséquent du 7. Caroliniensis, qui existe dans
une grande partie de l’Amérique.
chinchine) , depuis le 25 janvier jusqu’au 4 février. — A celui de Syngapore (détroit
de Malacca), du 1" février au 22. — A celui de Malacca, du 24 février au 26.—A celui
de Pulo-Penang (ile du Prince de Galles), du 3 mas au 7 courant. — Mouillé dans
le Gange à Diamond’s Harbour, à 10 lieues environ au-dessous de Calcutta , le 5 avril
1837 et séjourné jusqu’au 27. — Arrivée à Pondichéry le 29 mai et départ le:2 juin.
Mouillé à Saint-Denis (ile Bourbon) le 11 juilletet départ de 27..—Dans la traversée de
Bourbon en France , les officiers ont fait une excursion de quelques heures sur l’île
Sainte-Hélène, la corvette étant restée sous voiles. — Arrivée à. Brest le 6 nov. 1837.
Le voyage de la Bonite a duré 21 mois complets, pendant lesquels elle est restée
151 jours seulement au mouillage dans les 19 stations qu’elle a faites. Sur ces 151 jours
de mouillage , on doit encore considérer comme perdus, pour les recherches scienti-
fiques ; ceux de l’arrivée et du départ.
Ge;bâtiment , dont l'équipage se composait de 150 hommes environ, n’a pas perdu
un seul homme, et cependant 8 ou 10 malades au moins ont été journellement à
l'hôpital du bord pendant toute la durée, de la campagne. Dans les deux derniers mois
du voyage, le scorbut s’est déclaré à bord de la corvette. Plus de 60 matelots en ont
élé atteints ; mais aucun n’y a succombe.
Gr.
( 448 )
» Dans l’ordre des carnassiers, nous aimons surtout à signaler aux
zoologistes, une espèce de Viverra, si l'on se borne à la considéra-
tion du système dentaire, et même un peu au système de coloration;
ou de Mustela, si lon a égard à l'absence de poche au musc ou de dila-
tation cloaciforme crypteuse à l'anus, en même temps que de cœcum; ani-
mal dont on ne connaissait qu'une peau bourrée rapportée du Mexique
par Deppe, publiée par M. Lichtenstein , sous le nom de Bassaris astuta,
et dont M. Eydoux, par un rare bonheur, a pu se procurer aux îles
Sandwich un individu vivant; aussi l’a-t-il rapporté entier et conservé
dans alcool.
» Un second carnassier que nous devrons encore aux naturalistes de
la Bonite, et qui manquait à nos collections, est celui que M. Gray a,
dans ces derniers temps, signalé sous le nom de Cynogale de Bennett.
Par uue assez singulière circonstance nous en possédions le corps tout en-
tier, et depuis fort long-temps (1826) dans nos collections, inais sans la
peau ; en sorte que M. Gray, ayant d'abord décrit son Cynogale de Bennett
d’une manière très abrégée et sans figure, nous avons cru devoir signaler
le corps du nôtre, comme indiquant une coupe générique particulière.
Déjà une description nouvelle donnée par M. Gray avait éclairei notre
doute , et l'échantillon complet rapporté par M. Eydoux nous a montré
dans ce curieux animal , une sorte de Loutre chez les Viverra, comme il y
en a dans la famille des Mustela.
» Enfin, un troisième carnassier, dont M. Jourdan, de Lyon, a entretenu
l'Académie sous le nom d’Æémigale zébré, et que M. Gray avait déjà si-
gnalé comme une espèce de Paradoxure, P. Derbyanus, se trouve aussi
au nombre des objets recueillis par M. Eydoux.
» Par suite de la collection rapportée par les naturalistes de /a Bonite ,
l'ordre des Rongeurs sera aussi enrichi, au Muséum, de deux animaux,
types de genres qui nous manquaient, et dont, par la même singularité
que nous venons de signaler pour le Cynogale et l’'Hémigale, nous possé-
dions également les squelettes, sans savoir à quels animaux ils apparte-
naient.
» L'un est une très grosse espèce de Rat de terre signalée pour la pre-
miére fois par Raffles, sous le nom de M. sumatranus, rapportée plus con-
venablement aux Spalax , par M. G. Cuvier, et dont M. Gray a fait un
genre sous le nom de Rhizomys, et M. Temminck sous celui de Vycto-
cleptes Dekan, dans une de ses monographies. Nous n’en possédions qu’un
(449 )
crâne : M. Eydoux nous en a apporté une suite d'individus composée de
mâles, de femelles et de jeunes ;
» L'autre est une curieuse espèce de Porc-Épic, voisine de celui de
Malacca de Buffon, figuré par Seba, dont nos collections possédaient le
squelette depuis 1826 seulement. La peau bourrée que nous à rapportée
M. Eydoux, est très probablement dépourvue de sa queue; mais elle nous
fait connaître la nature des piquants dont cette espèce singulière est cou-
verte et qui, à peu près égaux partout, sont aplatis et canaliculés à leur
face supérieure, ce qui les rapproche un peu de ceux des rats épineux :
toutefois l’une et l’autre de ces espèces épineuses doivent être éloignées
du genre Mus pour entrer dans celui des Hystrix.
» Les autres espèces de mammifères recueillis par M. Eydoux dans
l'Inde ou en Amérique, sont peut-être moins curieuses que les précédentes ;
mais elles ne sont pas sans intérêt à cause des localités dont elles pro-
viennent. Ainsi, nous trouvons venant de Manille, le Nycticée de Bourbon
que M. Marion de Procé nous a aussi rapporté de cette localité, et le Sorex
myosurus; le Viverra indica ; une espèce de Belette de Californie qui a
quelque ressemblance avec le Mustela frenata de M. Lichtenstein, mais
plus petite et avec la queue terminée de noir comme la nôtre, et le ventre
jaune; etc.
» M. Gaudichaud a lui-même recueilli entre autres mammifères : deux
espèces d’écureuils, à Tourane, en Cochinchine, le S. flavimanus de
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dont la patrie était incertaine, et le
S.'bivittatus | qui est certainement de Malacca.
» Parmi les mammifères récoltés en Amérique par M. Eydoux, et quine
sont pas nouveaux, nous nous bornons à citer une espèce de Mouffette
qui doit être sans doute celle que le P. Feuillée a décrite sous le nom de
Chinche', puisqu'elle a été tuée par lui d’un coup de fusil aux mêmes
lieux, c’est-à-dire à quelque distance de Monte -Video; des cochons
d'Inde domestiques au Pérou, qui sont entièrement semblables aux
nôtres; et un Felis de Valparaiso sans première fausse molaire supérieure,
qui nous paraît être le F. pajeros.
» Nous avons même à ajouter que M. Eydoux a aussi essayé, ce qui
offre assez de difficultés, de rapporter des mammifères vivants; mais que
sur 20 à 25 qu'il a pu se procurer , 6 seulement sont arrivés en bonne santé
à la Ménagerie ; savoir : un Macaque à face noire, le Singe à queue de co-
chon, une Civette de l'Inde ou Zibeth, deux Chiens de la Chine, que
nous n’avions jamais possédés, et un Cerf de Java.
( 450 )
» La classe des oiseaux n’aura pas moins profité aux récoltes zoologiques
de la Bonite que celle des mammifères, et souvent même dans la direction
des desiderata exprimés dans les Instructions de l’Académie; en sorte
que, grace au zèle que M. Lherminier, correspondant du Muséum à la
Guadeloupe, a mis de son côté à les remplir, on peut dire qu'aujourd'hui,
sauf le Faisan-Lyre et l’Aptéryx, tous deux de l'Australie, et dontile der-
nier est même déjà dans les mains habiles de M. Owen, l'Ornithologie
possède à peu près tous les éléments nécessaires à l'établissement et à la
démonstration de ses principes.
» Nous devons en effet aux naturalistes de /a Bonite, et conservés dans
l’esprit-de-vin :
» 1°, Outre l'espèce ordinaire d'Héorotaire des îles Sandwich, Certhia ves-
tiaria ( Blum.), ainsi nommée parce que ses plumes entrent dans les or-
nements des vêtements de leurs habitants, une plus petite espèce à bec
moins long, à plumage rougeâtre chez l'adulte, et vert jaunâtre dans
le jeune âge; un petit nombre d'individus de cette espèce avaient déjà été
rapportés par M. Botta ;
» 2°, Le Psittacin des mêmes îles Sandwich, qui à tous les caractères
anatomiques des véritables passereaux , c'est-à-dire une seule échancrure
de chaque côté du bord postérieur du sternum, et deux petits coœcums
à l'intestin ;
» 3°. Le Phytotoma rara du Chili, qui, avec la même forme sternale,
présente une singularité inattendue, pour un oiseau phytophage, dans
l'intestin, presque sans aucune circonvolution, fort large , long seulement
de cinq pouces et ayant cependant les deux petits cœcums des passereaux ;
» 4°. Le Chionis alba, dont on ne possède encore que l'appareil sternal,
et cela depuis le départ de la Bonite, et que nous avions noté dans les
Instructions données par l’Académie, comme un de nos plus importants
desiderata; si Messieurs les naturalistes de la Bonite n'ont pu nous
rapporter qu’un seul de ces oiseaux, ce n’est pas tout-à-fait leur faute , en
ayant abattu quatre à cinq; mais ces oiseaux étant tombés à la mer, on
n'a pu les recueillir.
» Parmi les oiseaux en peau qu'ils ont rapportés, et spécialement du
Chili, du Pérou , des iles Sandwich, de la Cochinchine, de Manille et
de Sumatra, en sorte qu'il sera possible de confirmer ou de rectifier
quelques points de distribution géographique ou de patrie, nous nous
bornerons à faire observer que la collection en parfait état de conser-
vation se monte, d’après le catalogue dressé par M. Isidore Geoffroy Saint-
(451)
Hilaire lui-même, à plus de neuf cents individus appartenant x près de
trois cents espèces, et qu’elle porte sur toute la série’ ornithologique ,
depuis les Perroquets jusqu'aux Manchots, et sur la plupart des genres
établis dans ces derniers temps par les ornithologistes les plus récents.
» Parmi les espèces communes dans nos pays, nous avons remarqué
le Busard St.-Martin, la Buse des marais , la Cresserelle commune, l’Ef:
fraye commune, venant de Pondichéry; le Pluvier doré trouvé auxîles Sand-
wich; le Courlis-Corlieu du Chili ; le Tourne-Pierre commun; le Bihoreau;
la Poule d’eau commune et la Sarcelle du Bengale ; ce qui montre de
plus en plus que les limites de circonscription géographique sont bien
loin d'être aussi resserrées pour les oiseaux, et surtout pour les oiseaux
bons voiliers , que pour les mammifères.
» Parmi les espèces intéressantes qui manquaient à nos collections , nous
nous bornerons à signaler une magnifique espèce de Martin-Chasseur, un
très bel individu de l'Eurylaime capuchon; le Psittacin ictérocéphale des
iles Sandwich; une belle Pie du Pérou, Pica mystacalis de M. de Spare;
une espèce de Merle du genre Brève, récemment figurée par M. Temminck;
plusieurs beaux individus de l'Éperonnier, du Houppifère sans huppe, et
d’Argus de l’ordre des Gallinacées.
» Au nombre des espèces qui ont paru nouvelles à M. Isidore Geof-
froy Saint-Hilaire, et qui viennent pour la plupart des îles Sandwich
et du Pérou, il faut remarquer une espèce de Gobe-Mouche, de Tyran
des Sandwich, de Brève de Malacca, de Gros-Bec du Pérou, de Mar-
tin-Chasseur de ce dernier pays; de Colombe du Chili; de grande Poule
d'eau du Pérou; de Céréopse des Sandwich.
» La classe des reptiles sera enrichie d’un moins grand nombre de
choses rares ou faisant défaut à la science et à nos collections, quoiqu’elle
n'ait pas non plus été négligée. On pourra cependant remarquer dans les
collections de la Bonite , plusieurs espèces nouvelles de lézards Ameiva,
de Scinques, de Seps, c’est-à-dire des derniers genres du sous: ordre des
Sauriens; dans celui des Ophidiens, nous avons vu, avec plaisir, que la
nature hbire de l'expédition avait permis aux zoologistes de porter
expressément leur attention sur les nombreux serpents d’eau venimeux
ou non qui infestent les attérages des grandes îles et du continent
Indien: Aussi ont-ils rapporté plusieurs espèces d’hydres qui paraissent
nouvelles:
» La classe des amphibiens gagnera aussi quelque chose aux récoltes
de la Bonite, quoiqu'il commence réellement à être assez difficile d’ap-
(452)
porter des formes nouvelles dans nos collections, si riches dans cette
partie. Cependant, laide - naturaliste de M. Duméril, M. Biberon, pense
que le genre Rana de Linné sera augmenté de quelques espèces dans
les sous-genres Cystignathe, Rainette et Crapaud.
» Dans la classe des poissons, les espèces rapportées par M. Eydoux des
mers de Chine, ou sont tout-à-fait nouvelles, ou viennent remplir une
lacune d'autant plus fächeuse dans nos collections, que plusieurs ou un
assez grand nombre avaient été établies par M. de Lacépède, d’après des
peintures chinoises ou japonaises qui existent dans beaucoup de biblio-
thèques. MM. Cuvier et Valenciennes les avaient sans doute confirmées
pour la plupart, d’après les poissons eux-mêmes déposés dans le muséum
de Berlin par M. de Langsdorff; mais il n’était pas sans importance d’en
posséder des exemplaires dans les collections ichtyologiques de notre
Muséum : ce sera une démonstration plus immédiate que les dessins chi-
nois long-temps si méprisés, indiquent presque toujours des êtres réels
et qui ne doivent pas être négligés. Au nombre de ces espèces, M. Valen-
ciennes, que j'ai consulté à ce sujet, signale l'Oplichthys Langsdorfjii, le
Sebastes Japonicus, le Pelor sinensis, le Synancea erosa , le Latitus si-
nensis , le Pagrus filamentosus, la Cepola japonica , ete., ainsi que l'espèce
singulière de raie nommée R. chinoise par M. de Lacépède, et qui
n'existait dans aucune collection européenne.
» Quant aux espèces que l’on peut regarder comme nouvelles, ou comme
peu connues, et qui du moins ne se trouvent certainement pas dans nos
collections, d'après M. Valenciennes, on peut citer des Priacanthes, des
Uranoscopes, des Maigres, des Corbs, des Labres , des Pimélodes, une très
belle espèce de Syngnathe, des Stomias, et un Squale de la division des
Roussettes.
» Somme totale, la collection de poissons est d'environ deux cents es-
pèces représentées par quatre-cent-sept individus, et doit être regardée
comme fort importante aussi bien pour la science que pour notre Musée.
» Les diverses classes que les zoologistes admettent aujourd’hui dans le
type des entomozoaires ou des animaux articulés, seront assez inégalement
enrichies par la généreuse sollicitude des naturalistes de la Bonite , et l'iné-
galité serait encore bien plus grande si, pour suppléer à la brièveté des re-
lâches et des séjours à terre, ils n'avaient souvent eu recours au moyen le
plus infaillible d'augmenter les récoltes, c’est-à-dire en achetant des col-
lections déjà faites soit au Chili et au Pérou, soit en différents endroits
de l'Inde,
(458 )
» C’est ainsi surtout qu’ils ont augmenté notablement leurs récoltes d’en-
tomologie proprement dite, qui sans cela auraient été nécessairement assez
pauvres.
» L'ordre des insectes Hexapodes Coléoptères est toujours celui qui pré-
sente le plus grand nombre de choses nouvelles ou qui manquent à nos
collections , et comme M. Audouin s’en est assuré, c’est toujours aussi le
genre Carabus de Linné, qui prend la plus grande part à ces augmenta-
tions. Aussi, outre une forme assez particulière pour déterminer une nou-
velle coupe générique voisine des Harpales, on a pu remarquer une grande
et belle espèce de Féronie de Madagascar, de Brachynus ou de Carabe à
pétard de Manille, outre d’autres des genres Collyris, Catascope, etc.
» La famille des Staphylins, que la brièveté de leurs élytres a fait nom-
mer Brachélytres, s’enrichira aussi de quelques espèces nouvelles.
» Celle des Charançons a présenté surtout une très belle espèce d’An-
thribe , et celle des Capricornes en a aussi offert plusieurs, dont une Lamie
remarquable.
» Le genre si brillant des Chrysomèles et celui si nombreux des Cocci-
nelles seront augmentés d’un certain nombre d’espèces nouvelles.
» Pour les autres ordres , nous serons moins heureux que pour celui des
Coléoptères; cependant une Blatte remarquable parmi les Orthopteres,
plusieurs Hémiptères, quelques Hyménoptères du genre Ichneumon, et
un Diptère du genre Asile, prouvent que les naturalistes de la
Bonite ont eu égard aux instructions de l’Académie qui leur avait essen-
tiellement recommandé de porter une attention toute particulière
sur les insectes des derniers ordres, toujours si négligés par les voya-
geurs.
» La classe des Arachnides, qui est à peu près dans le même cas, n’a
pas non plus été oubliée par MM. Gaudichaud et Eydoux, et parmi les
trente ou quarante animaux de ce groupe qu'ils ont rapportés, ilen est
plusieurs qui ont de l'intérêt, du moins pour nos collections.
» La grande classe des Crustacés déjà si richement représentée au
Muséum, trouvera cependant encore dans quatre à cinq cents individus
récoltés par les naturalistes de la Bonite, non-seulement un assez grand
nombre de bonnes espèces qui nous manquaient, d’après M. Audouin;
comme le Podophthalmus wigil, Leucosia septemdentata, Ranina eden-
tata y ete; mais aussi plusieurs espèces nouvelles et intéressantes des
genres Cardisome, Macrophthalme, Cryptopodia, etc.
» Mais c’est surtout sur les Entomostracés plus ou moins microscopiques
C. R, 1838, 197 Semestre. (T, VI, N° 45.) 62
(454 )
que l'attention de ces Messieurs a toujours été tendue, pendant tout
le cours du voyage, comme le prouvent un très grand nombre d’objets
conservés dans lesprit-de-vin, qui n’ont pu être encore examinés, mais
dont l'intérêt a pu se prévoir d’après les dessins qu’ils ont en porte-
feuille.
» Les classes des Myriapodes, animaux terrestres, et même celles des
Chétopodes et Apodes qui terminent le type des animaux articulés,
n'ont pas échappé entièrement aux investigations des naturalistes de /a
Bonite, et quoiqu’en très petit nombre plusieurs, et entre autres quelques
espèces de Polydesmes (Polydesmus margaritiferus) de Manille, de Jules,
de Térébelles, d’Amphynomes, enrichiront nos collections malheureuse-
ment encore assez pauvres sous ce rapport.
» Mais c’est principalement dans le type des Malacozoaires ou des ani:
maux mollusques, et spécialement pour les espèces microscopiques que les
collections et les dessins faits par Messieurs les Officiers de /4 Bonite
sont véritablement nombreux et intéressants.
» Malheureusement les Nautiles et les Spirules ne se sont pas encore
présentés à leurs actives recherches, et nous avons toujours à en sou+
haiter l’acquisition; mais ils ont été plus heureux pour lOcythoé ou
Poulpe parasite des coquilles d’Argonautes. En effet s'ils en ont trouvé
dans une coquille, ils en ont également rencontré qui en étaient dé-
pourvus, ce qui confirme l'observation de Rafinesque, lors de l’établisse-
ment de son genre Ocythoé, et vient à l'appui de notre opinion sur le
parasitisme de ces espèces de Poulpes.
» Nous avons aussi remarqué plusieurs autres espèces de ce dernier
genre, et de Calmars dont les appendices présentent des combinaisons
et des proportions assez nouvelles. Reste à savoir si elles ne sont pas dé-
pendantes de l’âge. |
» Dans la classe des Céphalidiens, déjà si bien étudiés, ainsi que toutes
celles du type des Malacozoaires, pendant la première cireum-navigation
de l’'Astrolabe, nous avons surtout admiré le nombre extrêmement con-
sidérable d’espèces encore inédites appartenant aux divisions génériques
introduites dans les familles des Ptéropodes ou Hyales, sous les noms
de Cléodore, de Criséis, Cuviérie, et dont l’observation si difficile sur
les objets les mieux conservés dans l'alcool, n’a pas permis jusqu'ici de
s'en faire une idée satisfaisante. Les nombreux dessins faits sur nature vi-
vante, sous un fort grossissement, et souvent à la fois par MM. Gaudi-
chaud, Eydoux et Souleyet, compléteront et éclairciront ce que nous
(455 )
avaient appris MM. Lesueur, Rang, Botta, etc., sur ce sujet. Nous note-
rons principalement la découverte d’une paire d'organes intérieurs dont
la position et même la forme rappellent fort bien l’appareil auditif des
Brachiocéphales.
» Les doutes que l’on pourratt encore conserver sur la nature des longs
filaments qui terminent le corps de certaines Firoles, seront compléte-
ment levés. M. Gaudichaud s’est assuré que ce sont des filaments ovifères
et par conséquent transitoires.
» Mais c’est principalement, comme le leur recommandaient les Instruc-
tions de l’Académie sur l’histoire de ces singuliers animaux, que l’on a
désignés provisoirement sous le nom de Ptéropodes à nageoires ciliées
(et sur lesquels M. Botta nous avait déjà rapporté d’intéressants ren-
seignements), que les recherches des naturalistes de 4 Bonite ont eu
le plus de succès; et les dessins nombreux qui accompagnent les objets
eux-mêmes, mettront, il faut l’espérer, les zoologistes à même de s’assu-
rer si ces petits animaux plus ou moins microscopiques et dont la coquille
est souvent si bizarre, sont des animaux adultes ou ne sont que des degrés
de développement d’autres animaux plus ou moins bien connus.
» Un bel exemple de ces singulières transformations que les naturalistes
sédentaires sur le bord de la mer ont commencé à explorer, depuis un
assez petit nombre d’années, a justement été donné par les observateurs
de la Bonite, à l'occasion de ces singuliers animaux nommés Lepas par
Linné, subdivisés en Anatifes et Balanes par Bruguières. Ce que l’on sa-
vait déjà de leur organisation forçait de considérer ces animaux comme
un sous-type intermédiaire à ceux des Entomozoaires et des Malacozoai-
res. Mais tandis qu’en Europe, en étudiant la marche de leur dévelop-
pement, genre d'étude aujourd’hui si éminemment dans les besoins de la
science, on était parvenu à démontrer que les Anatifes ne sont, pour ainsi
dire, que des espèces d'Entomostracés qui se fixent à une certaine époque
de leur vie, MM. Gaudichaud , Eydoux et Souleyet le trouvaient de leur côté
aux attérrages du cap Horn, au milieu des circonstances les plus défavorables
d’une campagne de circum-navigation. Les dessins et les objets recueillis
permettront de donner la démonstration et la confirmation de ce fait
curieux.
» Parmi les nombreuses espèces du type des animaux mollusques nus
ou à coquilles univalves et bivalves, et dont les zoologistes de 4 Bonite
ne se sont pas bornés à recueillir les coquilles, comme on l'avait fait trop
souvent jusque alors, nous pourrions encore trouver à citer plusieurs
62...
( 456 )
choses intéressantes, soit pour les progres de la science, soit pour les
avantages de nos collections; mais nous craindrions d'abuser de l’atten-
tion que l’Académie veut bien nous prêter.
» Nous devons cependant signaler comme plus dignes de l'être, une
grande Sipiole des mers de Chine, à peu près de la taille du Rossia
palpebrosa de M. Owen, venant des mers arctiques; une espece d'Om-
brelle des îles Sandwich, fort intéressante, au moins pour la localité,
car elle paraît peu différer, même de celle de la Méditerranée; plu-
sieurs individus du genre que M. Lesueur a nommé Atlas de Péron,
et qui est surtout remarquable par la manière dont la tête et le pied
rentrent dans le manteau alors globuleux; enfin une petite Bivalve,
peut-être du genre Psammobie, qui marche un peu à la manière des
chenilles arpenteuses.
» L'étude des Actinozoaires ou animaux rayonnés et surtout leur récolte
demandant un séjour plus ou moins prolongé dans des lieux où se trou-
vent de nombreux récifs, puisque la plupart sont fixés au fond de la mer,
cette partie de la zoologie n’a pu être traitée aussi favorablement que les
autres. Nous avons cru cependant remarquer dans les dessins soumis à
notre examen un certain nombre de formes assez insolites parmi les Mé-
duses, qui se rencontrent en effet en pleine mer. Les Holothuries, les
Pennatules des environs de Tourane, en Cochinchine, seront sans doute
é galement intéressantes, ainsi queles différentes espèces d’Oursins et d’Acti-
nes recueillies, d'autant plus que la plüpart de ces objets sont en bon état
de conservation ; mais un examen plus approfondi est nécessaire pour
pouvoir l’assurer.
» Des troïs points de physiologie sur lesquels l'Académie avait plus spé-
cialement appelé l'attention des naturalistes de /4 Bonite , deux seulement
ont pu étre étudiés; savoir, la température de l’homme et des animaux,
et la phosphorescence de la mer. Voici les résultats principaux que nous
demandons à l'Académie la permission de rapporter d’après les notes mêmes
qui nous ont été remises par MM. Eydoux et Souleyet :
Sur la température de l'homme et des oiseaux.
» Les observations de température humaine ont été faites sur dix hommes de l’e-
quipage.de la Bonite, d'âge et de tempérament différeuts, mais tous soumis au même
régime de vie et à peu près aux mêmes occupations. Huit de ces hommes étaient ma-
telots sur, le pont ; deux seulement étaient affectés aux travaux de la cale. Commen-
cées au mois d’ayril 1836, pendant le séjoux de la Bonite à Rio-Janeiro , elles ont été
poursuivies tous les jours à la même heure (3 heures d’après midi) jusqu’à l’arrivée
(457)
en France, le 6 novembre 1837, et n’ont été interrompues que dans la plupart des:
relâches et pendant les mauvais temps à la mer. Le nombre des observations par-
ticulières s’élève à plus de 4,000.
»-Il résulte de ces expériences qui ont été faites avec soin , et auxquelles l'exercice
journalier des mêmes hommes a pu donner beaucoup de précision, que la tempe-
rature humaine s’abaisse ou s'élève en même temps que la température extérieure.
» D'abord elle s’abaisse assez lentement, Jorsqu’on passe des pays chauds dans
les régions froides ; elle s’élève d’une manière plus rapide lorsqu'on quitte au contraire
ces dernières régions pour repasser sous la zone torride. Au reste, ce double mouve-
ment.est plus ou moins marqué suivant les individus.
» La: température moyenne donnée, par les hommes observés au cap, Horn,
par 59° de latitude sud, et par une température extérieure: de o° centigrade, ne
présente qu’une différence approximative d’un degré avec la moyenne donnée par
les mêmes hommes dans le Gange, près de Calcuta , par une température extérieure
de + 40° centigrades, Une variation de 40° dans la température extérieure n’a donc
donné lieu: qu’à une différence d’un degré, à peu près, dans la température des
hommes observés.
» Des expériences de température_ont été. faites encore sur plusieurs oiseaux péla-
giens. du cap Horn et du cap de, Bonne-Espérance, ainsi que sur quelques requins ;
nous ‘en donnons le résultat dans le tableau suivant :
( 458 )
NOMS Leur TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE
à ; LATITUDE. LONGITUDE.
DES ANIMAUX. températ. de l’air. de l’eau,
a ——— | —
maxirm. minim, maxim, inim,
Requin. ........| 24°
Pétrel damier. ...
Chionis
Grand Pétrel noir.
Pétrel gris
D EL CCI EST)
idem.
idem.
Bla
Requin. .
Damier 8 32.25 sud :
1 1 idem.
4 L
Grand Pétrel noir. 35.43
34.30
idem.
34.19
idem.
idem.
idem.
idem.
idem.
idem.
idem.
idem.
29.45
Petit Albatros...
Grand Albatros...
birwinwls D 51e si= D
plis
Chez tous ces animaux le thermomètre a été introduit dans l’anus, pendant qu'ils
étaient encore en vie.
Phosphorescence de la mer.
» Des recherches ont été faites sur la phosphorescence de l’eau de la mer, sur la
cause et le mode de production de ce curieux phénomène. Plusieurs expériences faites
sur l’eau phosphorescente au moyen des réactifs, de la filtration, de l’ébullition , l’ob-
servation simple et à l’aide du microscope, nous ont conduits aux conclusions sui-
vantes :
» La propriété phosphorescente de l’eau de la mer n’est point inhérente à la na-
ture de ce liquide, mais est due essentiellement à la présence d’êtres organisés.
» Les animaux qui produisent la phosphorescence appartiennent à différentes classes.
En première ligne, se trouvent les petites espèces de crustacés qui fourmillent dans les
eaux de la mer, mais surtout une très petite espèce à deux valves, qui possède au plus
haut degré cette propriété remarquable. (Toutes ces espèces ont été recueillies et con-
(459)
servées avec soin dans l’alcool.) Plusieurs mollusques, principalement les petits Cépha-
lopodes pélagiens , les Biphores, etc. , ainsi que plusieurs zoophytes;dans lesquels il faut
encore remarquer les Diphyes, les Méduses, etc., jouissent aussi de la propriété
phosphorescente. Enfin, dans certains parages, l’on trouve à la surface de la mer de
très petits corps jaunâtres qui sont encore extrêmement phosphorescents. Nous avans
rencontré ces petits corps en très grande abondance à l’attérissage des îles Sandwich et
dans notre traversée de cet archipel aux îles Mariannes; nous les avons retrouvés en si
grande quantité à l'embouchure du détroit de Malacca, sur les côteside Pulo-Penang,
que la surface de la mer, dans une grande étendue, paraissait couverte d’une pous-
sière épaisse et jaunâtre. Ces petits corps phosphorescents ont. été examinés au micros-
cope; mais, quoiqu'ils aient été soumis pendant long-temps à notre observation, nous
n’avons jamais pu saisir en eux le moindre mouvement. Cependant, des expériences
faites sur ces corpuscules au moyen de réactifs, nous portent à les considérer comme
des corps organisés et vivants. Ces corps ont présenté quelques différences aux îles
Sandwich et dans le détroit de Malacca. Les premiers étaient globuleux, transpa -
rents, avec un point jaunâtre au centre; les seconds légèrement ovalaïres, avec une
dépression au centre qui leur. donnait un aspect. réniforme,, étaient aussi entièrement
jaunâûtres.
» Dans tous les animaux. qui jouissent de la phosphorescence,. cette propriété nous
a paru dépendre d’un principe particulier, d’une matière sécrétée probablement par ces
animaux , mais qui présente des différences dans la manière dont elle est produite au
dehors.
» Les uns, Ics petits crustacés phosphoresceñts, peuvent émettre ce principe à l’ex-
térieur dans certaines circonstances, surtout quand ils se trouvent irrités d’une ma-
nière quelconque; ils lancent alors de véritables jets; des/fusées de matière phospho-
rescente en assez grande quantité pour former autour d’eux une atmosphère lumineuse
dans laquelle ils disparaissent. Nous avons pu recucillir une certaine quantité de cette
matière sur les parois du vase qui renférmait un grand nombre de ces crustacés.
» D’autres paraissent ne pas possédèr la faculté d’émettre ainsi cette matière au de-
hors'et ne la développent en eux que dans certaines circonstances, dans la collision
par exemple; dans les mouvements qu'ils exécutent ,: où quand des causes irritantes
agissent sur eux.
» Chez d’autres’, comme dans les Céphalopodes. et quelques Ptéropodes, ce: phéno-
mène paraît s’exercer d’une manière presque passive. La matière phosphorescente ré-
pandue dans leur nucléus:ou dans d’autres parties de leur corps, brille d’une manière
constante et uniforme tant que l'animal jouit de la vie, et avec celle-ci s’éteint la lueur
qu’ils répandäient.
» Enfin, dans les corpuscules jaunâtres.-dont il a été question plus haut, la matière
phosphorescente brille aussi d’une manière à peu près uniforme; mais si on les met
encontact avec, un réactif quelconque, l’éclat qu’elle répand augmente d’abord pour
s’éteindre ensuite insensiblement.. 4
» La matière phosphorescente que nous ayons recueillie sur les parois du vase,
était jaunâtre, légèrément visqueuse, et très soluble dans l’eau, qu’elle rendait lumi-
neuse au moment où elle était projetée par l'animal. »
( 460 )
» Nous ne pouvons donc mieux terminer notre rapport qu'en disant :
» Les Instructions de l'Académie ont porté fruit au-delà de ce qu’on
était en droit d’en attendre, vu la nature de l'expédition presque toujours
sous voile, et dont les relâches ont été si courtes et si rares, et malgré les
maladies journalières et le scorbut dont l’équipage, par la même raison
sans doute, a été atteint pendant les derniers mois de la durée dela
campagne, ce qui demandait de droit le premier temps de MM. les offi-
ciers de santé.
» Ces résultats ont porté principalement sur les animaux microscopi-
ques des dernières classes, qui pullulent si abondamment dans toutes les
mers, et dont l'étude encore si peu avancée va offrir aux zoologistes des
problèmes dont la résolution ne sera pas sans de grandes difficultés.
» Ils n’ont cépendant pas été sans importance pour les autres parties
beaucoup plus avancées et bien faciles de la zoologie, et par un singulier
bonheur, qui tient à l’heureuse, maïs très onéreuse idée de M. Eydoux, que,
dans des relâches aussi courtes, il vaut mieux aller droit aux marchands,
quand il yen a (et où n’y en a-til pas aujourd'hui), que de perdre son
temps à courir la campagne, il est arrivé que d’un seul coup de filet, à
force de sacrifices pécuniaires , quatre desiderata importants dans la
classe des mammiferes, autant dans celle des oiseaux, etc. ,ont été satisfaits
d'une manière véritablement admirable.
» Les dessins auxquels MM. Fisquét, lieutenant de frégate , Chaptal, as-
pirant de marine, petit-fils d’un homme dont le nom ne peut être effacé
parmi nous, Lauvergne, commissaire de la marine, ont prêté habilement
la main; les descriptions venant à l'appui des observations, lorsque les
objets n’ont pu être convenablement conservés, constituent un porte-
feuille de plus de deux cents figures et d’autant plus intéressant que la plus
grande partie est le résultat d’une volonté persévérante de la part du’ jeune
M. Souleyet qui savait à peine manier un crayon lorsqu'il s’est embarqué. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Rapport sur un mémoire de MM. PELLETIER et
Pa. Wazrer, relatif aux produits pyrogénes de la résine.
(Commissaires, MM. Thénard, Robiquet, Dumas rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. Thénard, Robiquet et moi, de lui
rendre compte des observations nouvelles et importantes que MM. Pelle-
tier et Walter ont eu l’occasion de faire en poursuivant avec un zèle et
une sagacité dignes d’éloge, l'étude des, produits pyrogénés de la résine.
( 461)
» Ils ont opéré sur les produits obtenus dans l’appareil imaginé et uti-
lisé par M. Mathieu, pour la fabrication du gaz de résine. Cette substance
y est soumise à la liquéfaction, puis introduite dans un tube incandescent
où elle se décompose. Elle fournit du gaz propre à l’éclairage, un produit
huileux qui a fait l’objét des recherches qui nous occupent, enfin un ré-
sidu de charbon.
» Du produit huileux brut, MM. Pelletier et Walter sont parvenus à
extraire cinq carbures d'hydrogène parfaitement distincts et ils les ont étu-
diés avec soin de manière à les définir et à les classer à leur rang parmi
les espèces déjà si nombreuses de ce groupe. Pour l’un d’eux, leur tàche
était facile, car ce n’est pas autre chose que la napthaline ou naphtalène ;
mais les quatre autres qui étaient des corps nouveaux n’ont pu être isolés
qu'avec difficulté.
» La naphtalène extraite de ces produits pyrogénés de la résine était si
bien cristallisée et si pure en apparence que votre rapporteur n’a pas dû
négliger l’occasion de la faire servir à quelques expériences qui devaient
d’ailleurs être mises à profit dans la discussion des observations de
MM. Pelletier et Waiter.
» En effet, ayant voulu prendre il y a quelques années la densité de la
vapeur de la napthalène, l’un de nous se procura un bel échantillon de ce
produit remarquable, et pour s'assurer de sa pureté, en fit une analyse
élémentaire, qui donna les résultats suivants :
» 0,400 de matière ont donné 1,370 acide carbonique ét 6,225 eau; ce
qui représente
Carbone........... 94,76
Hydrogène......... 6,16
100,92
» Ces nombres, quoique fort rapprochés de ceux que donne la formule
C#H' généralement admise, offraient un excès inusité de carbone. Il fit
part de cette circonstance à un chimiste, M. Laurent, qui s’est occupé
de la naphtalène pendant long-temps sous le point de vue théorique; il est
à regretter qu’elle n’ait pas fixé son attention.
» En effet, M. Liébig s’est assuré récemment qué la naphtalène donne à
l'analyse les résultats suivants où l’on retrouve cet excès de carbone:
Carbone....... 94,3... 94,2... 94,6
Hydrogène. ... 62.207. 7 D,1
100,5 100,3 100,7
C. R. 1838, 1er Semestre. (T.VL, N° 45.) 63
(462 }
» L'analyse de la naphtalène est donc décidément en désaccord avec la
formule attribuée à cette substance. Ce fait a paru digne d’une sérieuse at-
tention à votre rapporteur , et il a cru nécessaire d'entreprendre quelques
expériences sur la naphtalène de la résine, pour la comparer à celle qu'on
obtient du goudron de houille.
I. 0,387 mat. cristall. dans l'alcool ont donné 1,318 d’acide carbon. et 0,220 d’eau.
II. 0,458 id. es Mer: 8 Me 1,560 id. .0,261 id.
III. 0,359 LE ar ATÉR OT HO Hovaio ot 1,223 id. «.. 0,203 id.
IV. 0,442 id. refondue. ..... Potence etait ... 0,248 id. HU p1600 TA:
V. 9,305 Le AUIF EE CAES T0 Éd on co} 0,169 id. eo f7uid,
» D'où l’on tire les nombres suivants pour la naphtalène extraite des
huiles pyrogénées de résine
I. II. II. IV. V.
Carbone...... 92... 942... 04:27.... 94,9... 94,9
Hydrogène... 6,3.... 6,3.... 6,26.... 6,27. 0;
100, 100,5 100,53 101,1 101,0
» Ces résultats s'accordent trop bien avec ceux qui précèdent pour laisser
le moindre doute sur l'erreur qui aurait été commise par MM. Faraday et
Laurent, dans l'analyse de la naphtalène , si toutefois on ne remarquait un
excès dans la somme de l'hydrogène et du carbone. Pour se convaincre de
la constance de cet excès, votre rapporteur a fait quelques nouvelles ana-
lyses de la naphtalène de la houille.
0,433 ont donné 1,480 acide carbonique et 0,255 eau.
0,300 id. 1,021 id. 0,172 id.
0,458 id. 1,965 id. 0,259 id.
» D'où l’on tire les nombres qui suivent :
I. 11. II.
Carbone..... 04300. 2 ee 94,55
Hydrogène... 6,50..... GRR ES 6,20
101,05 100,5 100,75
» Dans quelques-unes de ces analyses, on a porté toute l'attention sur
la détermination du carbone, ce qui a laissé s’'introduire dans celle de
l'hydrogène des erreurs que l’on évite communément. Toutefois, comme
l'hydrogène n’a jamais été plus bas que 6,2, il peut rester douteux que
la formule de la naphtalène doive être remplacée par celle que propose
M. Liébig, laquelle donne en effet,
(463 )
Ci..... 1528,7.... 04,23
5 (CDR A TES 93,6... 5,77
1622,3 100,00
» Il est facile de voir, au contraire, qu'une légère erreur dans le poids
atomique du carbone, suffirait pour expliquer ces discordances entre le
calcul et l’analyse directe ; un exemple va le faire comprendre sur-le-champ.
» 0,387 de naphtalène ont donné 1,318 d’acide carbonique et 0,220
d'eau, ce qui, d’après le poids atomique attribué au carbone, a dû re-
présenter 94,2 de charbon pour 100 de matière.
» Mais si l’on supposait que le poids atomique du carbone dût être
réduit à 38,0 au lieu de 38,26, on trouverait que cette analyse se repré-
sente de la manière suivante :
Carbone...... 93,8
Hydrogène... 6,2
100,0
Et si l’on calculait en centièmes la formule C#“H'f, d’après ce nouveau poids
atomique, on aurait
(PERS Re 1520,0..... 93,8
HP MT00, 0e. 6,2
1620,0 100,0
» Dans cette hypothèse, l’ancienne formule de naphtalène demeurerait
vraie, le poids atomique du carbone déduit de la densité de l'acide car-
bonique et de celle du gaz oxigène, serait seul inexact.
» Les chimistes se rappelleront que le poids atomique du carbone,
admis il y a quelques années par M. Berzélius, était représenté par 795,33;
d’après les résultats obtenus dans l’analyse des corps organiques, l’illustre
chimiste suédois fut conduit à le modifier et à l’élever à 76,52. Plus tard
une nouvelle modification l’a ramené à 76,43, nombre adopté par tous
les chimistes, ou à peu près.
» Il est impossible, d’après l’analyse de la naphtalène, que ce poids
atomique soit exact, à moins de supposer une erreur sur celui de l’hy-
drogène, qui dépasserait toutes les probabilités et de beaucoup, puis-
qu’elle s’éléverait au sixième de ce poids environ.
» D'ailleurs, tout indique qu’il n’y a pas d’erreur sur le poids atomique
de l'hydrogène. IL faut donc que celui du carbone soit inexact; car 100
de naphtalène donnent toujours 6,2 d'hydrogène et 94,9 de carbone ou
94,2 au moins, ce qui fait un excès de -#— et même de ie
( 464 )
» On tire de ces résultats la nécessité de réduire le poids atomique du
carbone à 76,0 ou même à 75,9; ce dernier poids paraît le plus vrai-
semblable. À
» Quoi qu'il en soit de cette opinion, il est facile de comprendre que
les analyses qu'on vient de rapporter devaient précéder l'examen du Mé-
moire de MM. Pelletier et Walter.
» RérisrerÈne. En effet , l’une des substances découvertes par ces deux
chimistes consiste précisément en un corps auquel ils attribuent la méme
composition qu'a la naphtalène. Mais comme ils n’ont pas refait l'analyse
de la naphtalène elle-même, il en résulte que leurs analyses de la nouvelle
matière s'accordent avec la formule de la naphtalène, maïs non avec son
analyse telle qu’on vient de la donner plus haut.
» Ainsi la métanaphtaline de MM. Pelletier et Walter n’est certainement
pas isomérique avec la naphtalène. S'il en était ainsi, ils y auraient trouvé
plus de carbone qu'ils n’en indiquent, ou bien leurs analyses seraient
inexactes. Dans tous les cas de nouvelles analyses de la métanaphtaline
étaient nécessaires ; votre rapporteur les a faites avec soin. Voici les
résultats qu’elles lui ont fournis :
I. “o,{11 matière donnent 1,383 acide carbonique et 0,263 eau;
II. o,36r id. 1,223 id. 0,226 id. ;
III. 0,374 id. 1,262 id. 0,236 id. ;
VI, 0,369 id. 1,248 id. 0,237 id. ;
d’où l’on tire les nombres très concordants qui suivent :
il Il. III. IV
Carbone ere BAIE UC M TE cer CEE 93,6
Hydrogène. ....... EL à (HR dome T0 à 71
‘100,2 100,6 100,3 100,7
» Nous voyons reparaître ici ces excédants de poids que lon observe
dans l'analyse de la naphtaline et de beaucoup de carbures d'hydrogene.
Mais laissant de côté cette circonstance, nous remarquons d’abord que ces
analyses ayant été faites dans les mêmes conditions que celles de la naphta-
léne, il demeure évident que ces deux corps n’ont pas lamême composition.
» S'agit-il de représenter l'analyse qui précède par une formule, on
trouve que si l’on part du carbone comme exact en rejetant toute l’erreur
sur l'hydrogène, ainsi qu'on l’a pratiqué jusqu'ici, cette analyse se traduit
par
( 465 )
Ci. ....... 2448,64 .:. 03,7
Hs als 102390 : 111643
2611,14 100,0
» Mais comme il est impossible d'admettre de telles erreurs sur l’hy-
drogène ‘il est probable que le rétisterène doit être représenté par C#H*,
ou par une formule en relation simple avec celle-ci, qui résulterait de l’a-
doption du poids atomique 38 admis plus haut pour le carbone. En partant
de ce poids atomique, on trouverait en effet
Expérience n°11,
Calcul. recalculée.
Cet. 10328-11403
HE 700. 6-72. 12660
2607,0 100,00 100,1
» Il est une troisième substance que l’un de nous a fait connaitre il y
a quelques années avec M. Laurent sous le nom de paranaphtalène, Son
analyse s’accordait parfaitement en effet avec la formule de la naphtalène.
Votre rapporteur a dû la soumettre à une nouvelle épreuve. En voici les
résultats :
» 0,300 de paranaphtalène ont donné 0,164 eau et 1,017 acide carboni-
que, c’est-à-dire
Carbone... ::1..,.:.1,. 93,80
Hydrogène ........... 6,06
99,86
» Ce qui s'accorde exactement avec les anciennes analyses de ce corps,
mais nullement avec les nouvelles de la naphtalène. Cependant, il serait
difficile d'attribuer à la paranaphtalène une autre formule que celle qui a
été admise jusqu'ici. Quelque impureté ou bien quelque difficulté de com-
bustion pourrait suffire à expliquer la différence.
» Ainsi, la naphtalène, la paranaphtalène peuvent être isomériques, mais
la métanaphtaline diffère tout-à-fait de ces deux corps. Pour le prouver il
suffit de la comparaison suivante :
1000 parties de naphtalène donnent 3405 acide carbonique et 568 eau,
1000 id. de paranaphtalène 4. 3390 id. 546 rd.,
1000 id. de métanaphtaline 2. 3387 id. 626 id. ;
» On comprendra maintenant qu’on ait été conduit à changer le nom de
la métanaphtaline et à donner à ce corps celui de rétisterène.
» Le rétisterène est du reste une substance fort belle, et il est bien à sou-
( 466 )
haiter qu’on le soumette à une étude approfondie en comparant ses réac-
tions à celles de la naphtaline; c’est ce que les auteurs n’ont pas pu faire
dans un premier travail.
» Indépendamment du rétisterène, MM. Pelletier et Walter ont décou-
vert trois carbures d'hydrogène liquides, dont ils ont donné l'analyse et la
densité en vapeur. J'ai vérifié leurs analyses, qui sont fort exactes.
» Réninapnène. Ce produit, tel que les auteurs nous l'ont remis , était
déjà pur; cependant votre rapporteur l’a soumis pour plus de sûreté à une
rectification sur l'acide phosphorique anhydre, après l'avoir fait bouillir
avec du potassium.
» 0,403 de matière ont donné 1,334 acide carbonique et 0,320 eau; ce
qui représente, avec l’ancien poids atomique du carbone:
Carbone..... 91,5 CEE TROT 20 el S
Hydrogène... 8,8 M6. Rx 0000.11 8,5
100,3 1171,28 100,0
ou bien avec celui qu’on a admis plus haut:
Carbone. .... 91,2 Coin menace 91,4
Hydrogène... 8,8 HIÉbFdar oo oO eurcon ES
100,0 1164 100,0
» Dans les deux cas, la formule du rétinaphène demeure donc C*#H',
ainsi que MM. Pelletier et Walter l'avaient établie, tant d’après l'analyse
de cette substance que d’après la densité de sa vapeur qui est égale à 3,23.
» Le rétinaphène est un liquide incolore, bouillant à r08°, inaltérable
par le potassium et la potasse même à chaud, que l'acide sulfurique con-
centré n’altère point à froid et qui est à peine attaqué par cet acide bouil-
lant.
» RérinyLÈne avec le liquide précédent; il s'en trouve un autre qui
constitue un carbure d'hydrogène tout-à-fait distinct. Il est incolore , bout
à 150° seulement, et possède une densité en vapeur qui s'élève à 4,242.
» MM. Pelletier et Walter lui ont trouvé la composition suivante :
C#6H°#— 4 vol. de sa vapeur.
» J'ai vérifié cette composition par une analyse.
0,427 de matière ont produit, 1,398 acide carbonique, et 0,378 eau.
» Avec l’ancien poids atomique du carbone, cette analyse donnerait :
Carbone..... 90,6 CPE TETE S 0-0 100210
Hydrogène... 9,8 HP PET) OU ee. . 9,84
100,4 1527,36 100,00
( 467 )
avec celui qu’on à admis plus haut, on aurait:
Carbone.... 90,17 Cr à 3486830 encre go,11
Hydrogène.. 9,83 HÉPPPECE 150,0 ...... 9,89
100,00 1518,0 100,00
» En rapportant ces deux analyses, on n’entend nullement prouver
qu'elles viennent à l'appui de la modification qui est proposée pour le poids
atomique du carbone; on veut montrer seulement qu’elles coïncident avec
celles de MM. Pelletier et Walter. Du reste, les deux liquides dont il s’agit
sont des corps trop difficiles à purifier, pour qu’on puisse s’en servir dans
une discussion aussi délicate. On en dira autant de l'analyse suivante.
» RÉTINOLÈNE. — C’est une huile bouillant vers 238° c., douce au tou-
cher, sans odeur ni saveur. Elle est isomérique avec la benzine, d’après
MM. Pelletier et Walter, qui , en se fondant sur la densité de sa vapeur II,
lui attribuent la formule C*H°*, qui produirait quatre volumes de vapeur.
Mon analyse s’accorde avec la leur pour le charbon.
I. o,3017 ont donné 0,224 d’eau et 1,108 d’acide carbonique :
? 7 ,» q ,
IE. 0,378 id. 0,282 id. 1,263 id.
d'où l’on tire, avec l’ancien poids atomique de carbone,
Carbone... 92,38 CS...... 2448,64 ..... 92,45
Hydrogène. 8,24 H#%, .... 200,00 ..... 7,55
100,62 2668,64 100,00
» Avec le poids atomique C = 38, on aurait
Carbone... 92,0 C5. ..... 2432,00 ..... 92,40
Hydrogène. 8,2 HS 020000. 7,60
100,2 2632,00 100,00
» L’exactitude de cette formule laisse quelque doute, quand on voit
que l'hydrogène figure toujours en quantité bien plus forte dans les ré-
sultats de l’expérience que dans ceux du calcul. On admettrait plus vo-
lontiers
CH 2432,00 ...... 91,96
HN ee 212,000 eee 8,04
2644,50 100,00
» Du reste, il a paru nécessaire , avant de se prononcer à ce sujet, de
soumettre la benzine elle-même à une analyse comparative. On a donc
préparé de la benzine avec l’acide benzoïque et la chaux éteinte; on l'a
rectifiée avec soin au bain-marie, sur le chlorure de calcium, à deux re-
( 468 )
prises, et on l’a soumise à une analyse, qui a donné les résultats suivants :
LL
0,438 benzine ont donné 0,310 eau et 1,474 acide carbonique ;
c’est-à-dire en centièmes,
Carbone...... 92,95
Hydrogène..,. 7,85
100,80
» La benzine renferme donc décidément moins d'hydrogène que le ré-
tinole de MM. Pelletier et Walter.
» D'ailleurs , on retrouve dans cette analyse, comme dans les autres, ces
excès de poids déjà signalés, qui disparaîtraient avec le poids atomique du
carbone ramené à 75,9; car on aurait alors
Expér Caleul
Carbone..... GO OPEL Cp il
Hydrogène. -: 17,812:.0.. 7,6
100,3 "1100 ,0
résultats qui seraient d'accord.
» Le travail de MM. Pelletier et Walter fait donc connaître quatre car-
bures d'hydrogène nouveaux et bien définis. Celui qu’ils avaient regardé
comme isomérique avec la naphtalène ne possède pas la même composi-
thon que cette substance, mais c’est l'analyse de la naphtalène qui était
inexacte et non la leur. Nous avons vérifié la composition de tous ces corps,
et nous avons toujours vu nos résultats concorder avec ceux qu'ils avaient
obtenus.
» Ces corps étaient difficiles à reconnaître et à isoler les uns des autres.
Les auteurs ont mis à profit l’analyse élémentaire et la densité des va-
peurs de ces substances, pour se guider dans cette étude délicate, et ils
ont montré par là qu'ils pouvaient manier au besoin toutes les ressources
de la chimie organique.
» En accordant de justes éloges à ce travail, votre Commission n’a fait
que remplir un devoir; car il renferme beaucoup de faits bien observés ;
car il fait connaître des faits nouveaux dont la place est marquée désor-
mais dans la science ; car, enfin, les auteurs ne se sont pas contentés de
vagues aperçus; mais ils ont poussé l'étude des corps qu'ils avaient dé-
couverts aussi loin qu’ils ont pu.
» Nous venons donc demander avec confiance à l'Académie qu’elle
veuille bien décider que le mémoire de MM. Pelletier et Walter sera ad-
(469 )
mis dans la collection des Savans étrangers, où sa place nous paraît may-
quée d’une manière honorable. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
BOTANIQUE. — Mémoire sur la culture des Orchidées et sur huit nouvelles
espèces de cette famille, avec des observations sur les caractères géné-
riques de piusieurs genres ; par M. Muret, capitaine d'artillerie.
( Commissaires, MM. de Mirbel, A. de Saint-Hilaire. )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CRIRURGIE. — Âlistoire de deux cas de torticolis ancien traités et guéris à
l'aide de la section sous-cutanée du muscle sterno-cléido-mastoïdien; par
M. J. Guérin.
( Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet. )
« Nous extrayons de la lettre qui accompagne le Mémoire, le passage
suivant relatif à la question de priorité.
» M. Fleury attribue à M. Stromeyer, de Hanovre, l'honneur d’avoir le
premier employé ce procédé chirurgical. Cette assertion me paraît man-
quer doublement d’exactitude, en ce que Dupuytren avait, dès 1822, fait
la section sous-cutanée des sterno et cléido-mastoïdiens, et en ce que mon
procédé, différant sous plusieurs rapports de celui de M. Stromeyer, est plus
simple encore que ce dernier. Quant à l'opération pratiquée par Dupuy-
tren, on peut en lire l’histoire détaillée dans l’une des observations Jointes
à ma lettre; et mon procédé diffère de celui de M. Stromeyer, en ce que
ce chirurgien a traversé la peau de part en part, en laissant une double
plaie de quatre lignes d'étendue environ de chaque côté, tandis que je ne
fais qu’une simple ponction à la peau de une à deux lignes au plus. Je
n'insiste pas sur d’autres différences relatives à la nature de l'affection
dans laquelle M. Stromeyer et moi avons opéré. M. Stromeyer, ainsi qu'on
le verra par l'observation annexée à ma lettre, a eu affaire à une affec-
tion spasmodique intermittente des muscles qu'il a coupés; et j'ai eu à
traiter deux difformités permanentes : l’une existant depuis 18 ans, l’autre
existant depuis 21 ans.»
» Quant à l'indication du traitement mécanique consécutif, elle avait été
C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 45.) - 64
(470 )
si mal remplie jusqu'ici, que, je ne crains pas de l’affirmer, on n'avait
pas produit encore un seul cas de guérison complète du torticolis ancien.»
CHIRURGIE. — Mémoire sur la section du sterno-cleido-mastoïdien dans le
torticolis ancien ; par M. Bouvier; première partie.
(Commissaires, MM. Savart, Serres, Larrey, Roux, Breschet.)
« La présentation antérieure de deux autres Mémoires sur le même
sujet m'oblige, dit l’auteur, d'établir ma priorité par des dates précises.
» 1°. Les faits principaux de mon Mémoire se trouvent dans une lettre
que j'ai adressée à l’Académie royale de Médecine, le 26 mars dernier ;
» 2°, J'ai communiqué à l’Académie de Médecine, le 16 août 1836, le
fait d'anatomie pathologique qui m’a conduit à tenter la section isolée du
faisceau sterno-mastoiïdien;
» 3°. Enfin j'ai pratiqué, le 15 septembre 1836, la section sous-cutanée
de la portion sternale du sterno-cléido-mastoïdien; or la première des
opérations semblables relatées dans les deux Mémoires dont il s’agit, est
du 2 décembre 1837. »
cnrmunGre.— Mémoire sur la réduction des luxations congénitales du fémur;
par M. Bouvier.
(Commissaires, MM. Magendie, Savart, Breschet, Gambey.) (r).
« L'auteur nie les guérisons qu'on dit avoir obtenues dans cette affec-
tion, à l’aide des moyens mécaniques.
» Il pose en principe que la réduction des luxations congénitales du fémur
est impossible, parce que la capsule articulaire est trop inextensible pour
laisser redéscendre la tête du fémur, et trop rétrécie pour lui livrer de
nouveau passage.
» IL assure avoir retrouvé tous les signes de luxation sur tous les sujets
prétendus guéris qu'il a examinés jusqu’à ce jour. « Ce qui a pu, dit-il,
faire croire à ces guérisons, g’est qu'une inclinaison du bassin, qui peut
être le résultat passager des moyens de traitement employés, simule assez
bien, tant qu'elle dure, les effets d’un allongement véritable du membre.
Mais à cette époque même, ajoute-t-il, on peut constater la persistance de la
luxation au moyen d’un signe que j'ai le premier signalé , savoir : la saillie
de la tête du fémur derrière la cavité cotyloïide, dans la flexion de la cuisse.»
(1) La même Commission avait été chargée de l’examen du Mémoire de M. Pravaz,
présenté à la précédente séance.
( 471)
emirunGie. — Recherches sur l'introduction accidentelle de l'air dans les
veines, et particulièrement sur celte question : « L'air en s'introduisant
spontanément par une veine blessée pendant une opération chirurgi-
cale, peut-il causer subitement la mort? » Par M. Amussar.
(Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation
Montyon.)
L'auteur annonce avoir démontré, par des expériences directes, la pos-
sibilité de l'introduction spontanée de l’air dans le cœur lorsqu'une veine
est blessée assez près du centre circulatoire. Suivant lui, «les seules veines
par lesquelles cette introduction peut avoir lieu dans l'état normal, sont
celles où se fait le reflux du sang, c’est-à-dire les jugulaires, les sous-cla-
vières et les axillaires. La région dans laquelle ce phénomène peut avoir
lieu ne s'étend ainsi qu’à quelques pouces au-dessus et au-dessous des
clavicules.
» Il résulte de mes expériences , ajoute M. Amussat, que l’aspiration de
l'air] par une veine blessée, dépend uniquement de l'acte de l'inspiration,
et que l’action du cœur n’y est pour rien. Mes expériences prouvent ga-
lement que cette aspiration est favorisée notablement par la soustraction
d'une certaine quantité de sang et par laffaiblissement du sujet. »
cHmurGie. — Mémoire sur des jambes artificielles pour divers cas d'ampu-
tation; par M. MarTin.
{Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie (1), fon-
dation Montyon.)
MÉDECINE. — Observations concernant la matière médicale et la thérapeu-
tique; par M. J.-B. Morrarormn. (En italien.)
(Commissaires , MM. Double, Larrey.)
carRuRGIE. — Mémoire sur divers, instruments pour le traitement des mala-
dies de l'oreille et sur leur mode d'application, suivi d'un Essai sur la
perforation, avec perte de substance, de la membrane du tympan; par
M. GarraL.
(Adressé pour le concours aux prix .de Médecine et de Chirurgie, fonda-
tion Montyon.)
(r) Ainsi que les modèles de jambes artificielles présentés dans la précédente séance,
par M. Martin, et qui ont été indiqués par erreur comme devant concourir pour le
prix de Mécanique. |
64...
.
(472)
M. Trisauzr demande que l’Académie veuille bien charger une commis-
sion d'examiner une nouvelle échelle à incendie qu'il a inventée.
(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.)
CORRESPONDANCE.
M. Bio, en présentant , au nom de l’auteur, M. le capitaine T. JERvis,
directeur des travaux géodésiques dans l'Inde anglaise, un ouvrageintitulé :
«An essay on the primitive universal standard...» ( voir au Bulletin bi-
bliographique), annonce que ce livre contient des recherches sur les me-
sures usitées dans l’Inde, et sur un rapport général qu’elles paraissent
avoir entre elles, et avec les mesures usitées chez les peuples anciens.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'essence de menthe et sur un nouveau carbure
d'hydrogène qui en dérive; par M. PH. WALTER.
« On obtient de temps à autre dans le commerce l’essence de menthe
cristallisée. Je l’ai privée d’humidité en exprimant les cristaux entre des dou-
bles de papier joseph, et les distillant ensuite sur du chlorure de calcium
en morceaux.
» Ainsi obtenue, elle fond à 34° C.
» Son point d’ébullition est placé à 213,5 C.
» Je donne ici le résultat d’une seule analyse, les autres analyses s’ac-
cordant avec celle-ci et avec celles de M. Dumas :
0,3415 matière,
o, 948 acide carbonique,
o, 387 eau,
ces nombres ramenés en centièmes donnent :
77:10 carbone,
12,58 hydrogène,
10,32 oxigène.
» La composition de ce corps, calculée d’après la formule C#*H#O*, donne
CE 1530,40 7h 270
H# = 250,00 — 12,62,
0 = 200,00 = 10,71.
» La densité de la vapeur trouvée par l'expérience est = 5,62.
» La formule donne 5,455. La matière brunit légèrement, mais pas de
manière à laisser le moindre doute sur l'exactitude du résultat obtenu.
» J'ai admis, avec M. Dumas, que l'essence de menthe concrète devait
(473)
se rapprocher du camphre, et j'ai cherché le menthène par analogie avec le
camphène obtenu par MM. Dumas et Péligot.
» Je l'ai obtenu en ajoutant à l'essence de menthe cristallisée en fusion,
de petites quantités d’acide phosphorique anhydre, jusqu’à ce que toute
élévation de température ait cessé; j'ai distillé, et le produit obtenu redis-
tillé encore une fois sur l’acide phosphorique anhydre m’a fourni un liquide
transparent qui bout à 163° c., et que j'ai désigné sous le nom de menthène.
» Plusieurs analyses ont présenté le même résultat. Voici les données
d’une de ces analyses :
0,312 matière,
0,987 acide carbonique,
0,361 eau,
ou bien, en ramenant les résultats en centièmes,
87,53 carbone,
12,85 hydrogène,
ce qui s'accorde avec la formule C#HS; en effet
G# — 1530,40 = 87,18,
H$=— 225,00 — 12,82.
» La densité de la vapeur du menthène prise deux fois a donné sensi-
blement le même résultat. La première 4,93, la seconde 4,94. La formule
donne 4,835; mais ici, aussi, la matière brunit et s’altère légèrement, ce
qui explique cette petite différence en excès de l'expérience sur le calcul.
» Je continue mes expériences sur l'essence de menthe, et j'espère éta-
blir par la suite si, comme le pense M. Dumas, elle doit être définitivement
rangée dans la famille des camphres ou des alcools dont ces premiers résul-
tats semblent la rapprocher, en effet. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les combinaisons ammoniacales.
— Extrait d’une lettre de M. Rosert Kane à M. Dumas.
« Vous savez que j'ai trouvé que le précipité blanc se représente par
Hg Ch° + HgAz*Hf; qu'au moyen de l’eau chaude il donne 2Hg O0 +
(Hg Ch*, Hg Az* H*) , et que d'autre part lammoniaque, en agissant sur
le calomel, en retire la moitié du chlore pour donner naissance! à
Hg* Ch* + Hg* Az°H. Il est évident que ces résultats m'ouvraient un
champ nouveau que je me suis consacré à explorer. Les composés de l’'am-
moniaque ont besoin d’être tous étudiés de nouveau, et l'on peut espérer
que leur examen conduira à décider quelle est la vraie des deux théories
de lammoniaque et de l'alcool.
( 474 )
» Le turbith minéral est représenté par SO’, 3HgO. Quand on le met en
contact avec l’ammoniaque , il donne une poudre blanche formée de
HgO, SO* + Hg Az° Hf, IL est certain que le quatrième atome de mercure
y est à l’état d’amide et nullement à l’état d’oxide. Avec le sulfate de l'oxide
noir il se forme un composé analogue.
» 1l:y a deux sous-nitrates de mercure à base d’oxide rouge ; le premier
obtenu par un lavage à l'eau est d’un jaune-serin clair. Sa formule est
H20, Az° 05, 3Hg0. Le second, qui se forme par l’ébullition avec de grandes
quantités d’eau, est d’un rouge de brique; il est formé de Az* O° + 6HgO,
Mitscherlich et Soubeiran étaient tous deux près de la vérité en ce qui con-
cerne le sous-nitrate de mercure ammoniacal. Le précipité blanc donné
par l’ammoniaque dans une dissolution de pernitrate de mercure, peut
avoir trois formules différentes, suivant l'état de dilution, l’acidité et la
température du liquide, et suivant qu’on emploie lammoniaque en excès
ou non.
» Le premier est ( Az Hf,H?+ Az? O5) + 3HgO. C'est le résultat obtenu
par Georges Mitscherlich. Par l’ébullition, on a une poudre plus pesante
qui renferme HgO, Az* Of + 2HgO + Hg Az°H'; et par un grand excès
d'alcah, on obtient HgO,. Az?O$ AHgO + Hg Az° Hf. Les cristaux
jaunes analysés par Georges Mitscherlich sont ( Az HO ) Az° Oÿ +
(HgO, Az* Oÿ + 2Hg0 + HgAz° Hf), et j'ai obtenu un nouveau composé
cristallisant en aiguilles qui sont décomposées par l’eau, lequel a pour for-
mule 2(Az*H°O, Az° O5) + (HgO, Az*O$ + 2Hg O + Hg Az°H{).
» Il n'existe qu'un protonitrate basique de mercure; il est d’un beau
jaune et se compose de H*O, Az' 0°, 2Hg°0. Le mercure soluble d'Hahne-
man est le composé ammoniacal correspondant Az° Hf, Az* Of, 2Hg*O.
» Ainsi Az°Hf remplace l’oxigène,
Az°H° = Az°Hf + H* remplace l’eau dans les sels basiques.
» Les combinaisons cuivreuses offrent un type complétement différent,
qui néanmoins embrasse les familles du nickel, du cobalt et du zinc.
» Le sulfate de cuivre ammoniacal cristallisé est composé exactement
comme l’établit Berzélius, c’est-à-dire SO$, CuO + 2A7°Hf, H°0. Mais sa for-
mule rationnelle se représente par (Az*H*O) + SOS + O (Cu, Az*Hf); par
la chaleur,il perd Az*HfO et laisse SO? +0 (Cu, Az*H°).
» Le chloride de cuivre donne
| Ch? Cu + 247 5 + H°0 — Az: H$O — (Cu Az’ H°) Ch’,
par la chaleur, il abandonne Az: HO.
(475)
» Le nitrate de cuivre donne Az°05, CuO + 2Az*Hf, H°O ; mais par la
chaleur il ne fournit rien d’intéressant.
» Les sels de nickel et de cobalt ont tous la même formule. R'étant le
métal, on aurait SO? + RO + 2Az°H$ + H20O et RCh° + 2A7*H$ + 2H°0
Par la chaleur, ils perdent 2Az° H*O, et laissent soit SO*, RO soit Ch*R.
» Mais dans les composés de zinc, nous avons un point de comparaison
entre la potasse et l’ammoniaque, car par suite de la solubilité de l’oxide de
zinc dans la potasse, nous pouvons obtenir AZ*H°, H0+S0%(ZnO+-A7*H°)
et KO<+-So* (ZnO, H°O). J'ai formé les sous-sels de zinc et les sels doubles
qu’ils produisentavec un excès de potasse ; j'attends de leur examen quelques
éclaircissements importants. De Az* H°, H°0+4-S0* + (Zn O, Az*H°), on peut
obtenir par la chaleur SO', Zn O, Az*H$.
» Je n’ai pas encore terminé l'étude des composés d'argent. L'oxide
d'argent peut-il remplacer la potasse? y a:t-il an alun d’argent ? J'espère ré-
soudre bientôt ces deux points. L’amidure d'hydrogène. donne la clé de
toutes les combinaisons fulminantes produites par lammoiiraque. Mais je
crois que l’amidure d'hydrogène peut s’unir avec un oxide métallique sans
décomposition, et que nous pouvons avoir CuO + Az°Hf, H°, tout comme
nous avons Cu O, H°0.
» Dans la série du platine, il y a 3PtO* +347 H°-+ 5H*O; et d'autre
part, PtCh? + Pt, Az°H# + A H°O. Je crains que l’eau ne puisse pas être
soustraite sans décomposition. Je regarde l’or fulminant préparé par l’oxide,
comme étant formé de Au*O° + 2Az*H5, et celui qu'on obtient par le chlo-
ride d’or, comme étant le même corps souillé de quelques traces de sel
ammoniac. )
» Dans la série des combinaisons de platine correspondant au protoxide,
il y a Pt Ch° + Az H°; les sels verts de Magnus; et Pt Ch° + Pt Az° H*
+ 2H°0. Comme on peut séparer par la chaleur au moins une petite
portion de ces atomes d’eau, nous pouvons avoir PtCh* + Pt, Az°H“;
mais les composés correspondants de loxide supérieur peuvent être
PtO* + (Ch°H*,H* Az*Hf). I serait curieux que la vieille formule du préci-
pité blanc se trouvât vérifiée dans les composés du platine. Mais pourquoi
un tel corps détonnerait-il? L'action de Ch? ou de O sur Az°H* ou sur
Az* HS peut causer l'explosion, mais le corps PtO*(Ch*H* + Az: H, H*) ne
serait pas détonnant.
» Une théorie doit sortir de ces résultats, mais elle est encore à l’état
d'embryon. En attendant, je ne saurais me prononcer sur les deux théo-
ries des. éthers et de l’'ammoniaque. J'établirai cependant quelques prin-
cipes qui, je l'espère, seront approuvés des chimistes.
( 476 ) .
» 1°, Az* HS est Az*H, H°, c’est-à-dire l’'amidure d'hydrogène. Ce n’est pas
un alcali, et Ch*H* n’est pas un acide. Ils ressemblent aux composés mé-
talliques; ils s'unissent comme les chlorures et les oxides des mêmes mé-
taux s'unissent, et comme s'unissent Hg Ch? et Hg, Az*H#. Le sel ammoniac
est donc un chloro-amidure d'hydrogène.
» 2. Az*H$O remplace la potasse KO. D'autre part, Az*H*Ch* remplace
le chlorure de potassium KCb* ; d’où l’on voit que Az*Hf est l'équivalent du
potassium K. Mais Az°H#,H°,H° est un sous-amidnre correspondant à un
sous-oxide, Au total, lammonium est un radical composé qui probablement
peut être isolé, mais qui dans ce cas de l’état Az*H°, passerait à Az*H{+ Hf.
» Ainsi les deux théories des éthers et de l’ammoniaque tombent dans
une généralité ; mais nous devons mettre quelque réserve à nous appuyer
sur des radicaux comme l’'ammonium. L’amide est un corps électro-négatif
AzH#, qui, par l'addition de nouvelles quantités d'hydrogène, devient
AZ HE c’est-à-dire de l'ammonium, corps qui possède les caractères positifs.
Sommes-nous préparés à admettre le radical (Ch?,Az°H#,H°), ou mieux encore
(Hg,Az*H4,Hg)? Si le sel ammoniac est du chlorure d’ammonium , qu'est-ce
que le précipité blanc? Comment embrasser d’un coup d'œil les progrès
de ces vues relatives à de tels radicaux composés, tant qu'on n’aura pas
éclairci d’une manière certaine si le deutoxide d’un corps est un oxide de
protoxide, et quelle est la vraie nature des sels’ basiques ?
» Je me suis occupé en même temps de l'analyse des huiles essentielles ;
j'ai analysé toutes les huiles de la famille des Labiées que j’ai pu réunir, et
je les ai vu toutes dériver de l'huile de térébenthine, soit comme oxides ,
soit comme hydrates. Mon but était de résoudre cette question : existe-t-il
quelque relation dans la composition des huiles des plantes de la même
famille.
» J'ai en grande partie développé la série de l'huile de térébenthine. Je
regarde cette huile comme l'analogue du gaz oléfiant et le campbre arti-
ficiel comme son éther chlorhydrique; l'étude de cette série peut jeter quel-
que jour sur les points obscurs de la théorie. »
NAVIGATION. — ÂVouveau bateau de sauvetage. — Note communiquée
par M. Warpen.
Ce bateau a été inventé et construit par M. Francis (Joseph) de New-
York. Il a 28 pieds de long sur 3 et demi de large. Les planches qui le for-
ment sont placées en recouvrement et solidement attachées par des clous
de cuivre. Son bordage est double. Dans l'intérieur se trouvent quatorze
tuyaux de 13 pieds de long qui s'étendent de la quille au tillac et renfer-
(477)
ment 52 pieds cubes de gaz hydrogène qui peuvent faire équilibre à un
poids de 4000 livres, la barque étant remplie d’eau. Aux côtés de la bar-
que sont attachés vingt cordages qui peuvent, avec elle, soutenir cent
personnes en cas de nécessité. Au fond du bateau est un trou par où l’eau
qui aurait pénétré dans l’intérieur s'échappe avec autant de rapidité que
six hommes munis de pelles creuses pourraient la rejeter.
M. Carzras écrit relativement à un moyen d'utiliser les pommes de terre
gelées.
M. Tagarié adresse un paquet cacheté, portant pour suscription:
« Recherches physico-physiologiques. »
M. Carrière adresse également un paquet cacheté, portant pour sus-
cription : « Dessins et descriptions de deux instruments de chirurgie. »
L'Académie accepte le dépôt des deux paquets.
La séance est levée à 5 heures. FE.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences, n° 14, 1° semestre 1838, in-4°.
Atlas du Mineur et du Métallurgiste, ou Recueil de dessins lithogra-
phiés relatifs à l'exploitation des mines et aux opérations métallurgiques
exécutées par MM. les Élèves de l'École royale des Mines , sous la direc-
tion du Conseil d'État; Paris, 1837, in-fol.
Traité de Physiologie considérée comme science d'observation ; par
M. C.-F. Burvacx, traduit de l'allemand par M. Jourdan, 2° et 3° vol.
in-8°, 1838.
Traité de l'Art graphique et la Mécanique appliqués à la musique ; par
M. ErsenmenGER ; Paris, 1838, in-8°.
De l’Albuminurie ou Hydropisie causée par maladie des reins ; par
M. Mann Soror; Paris, 1838, in-8°.
C.R, 1838, 1°7 Semestre. (T. VI, N° 45.) 65
(478 )
Des effets pathologiques de quelques lésions de l'oreille moyenne sur les
muscles de l'expression faciale , sur l'organe de la vue et sur l'encéphale ;
par M. Dsreau jeune, 1838, in-8°.
Séance publique de la Société d'Agriculture , Commerce , Sciences et
Arts du département de la Marne ; année 1837, in-8°.
Revue zoologique de la Société Cuviérienne, sous la direction de
M. Guérin-MENEVILLE; mars 1838, in-68°.
Société anatomique ; 13° année, n° 1, mars 1838, in-8°.
Annales maritimes et coloniales; 23° année, 2° série, mars 1838,
in-8°.
Annales françaises et étrangères d'Anatomie et de Physiologie ;
tome 2, n° 2, mars 1838, in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ,
8° année, n° 87, mars 1838, in-8°.
Bibliographie universelle, résumé périodique des publications nouvelles,
sous la direction de M. Pasroni; janvier et février 1838, in-8°.
An Essay on the primitive universal standard of weights and measures
(Essai sur l'étalon universel primitif de poids et mesures); par le capitaine
T. Jervis, membre du corps des Ingénieurs de Bombay; Calcutta, 1835.
Del mal del segno.... De la Muscardine, maladie qui attaque les
vers à soie, et sur les moyens d'en délivrer les magnaneries les plus in-
Jectées ; par M. À. Bassr, 2° édition, Milan, 1837, in-8°.
Memoria.... Supplément au Mémoire précédent ; par le méme, in-8°.
Esperimenti.... Expériences concernant le Choléra-Morbus; par
M. A. Carerro; Rome, 1838, in-8°.
Bulletin de l Académie royale de Médecine ; tome 2, mars 1838, in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4,
5° année, avril 1838, in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; avril 1838, in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie;
5° année, mars 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 14, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 40—42, in-4°.
Hygie , Gazette de Santé; 8° année, 4° série, 5 avril 1834, in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 46 AVRIL 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL,
MÉMOIRES £T COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Addition au mémoire sur la constitution physique
de l'atmosphère terrestre; par M. Bior.
« En mé guidant Sur les faits que j'ai présentés à l’Académie dans son
avant-dernièré séance; je suis parvenu à en démontrer la conséquence
principale indépendamment des approximations paraboliques;, au moyen
d'un théorème fondé sur les seules conditions d'équilibre des masses ga=
zeuses, et dont voici l'énoncé.
» Soit a, le raäyon de la couche aérienne:située à:la surface du sol; p,
là pression qui s'y exerce, p, sa densité. Nommons 4/, P', P’, les éléments
analogues pour une couche supérieure quelconque, mais définie de posi-
tion. Concevons idéalement ; à partir de!cette seconde.couche, deux for-
res d'atmosphères, dans lesquelles: la relation des: pressions aux densités
soit exprimée généralement par les équations
4] Pi gi Pi
? ét J'étarit des fonctions de différente forme } mais toutes deux assujéties
C. R. 1838, 1€ Semestre. (T.VI, N° 16.) 66
( 480 )
aux conditions de la couche d’air d’où elles partent, c’est-à-dire à donner
p= p quand p = p’. En faisant continuer ces deux lois, depuis la pression
p', jusqu’à une autre pression moindre, que je désignerai par p”, chacune
d'elles assignera généralement une valeur différente à la différence de ni-
veau z, contenue entre ces deux pressions. Cela posé, si, dans tout cet in-
tervalle , une des deux fonctions, ® par exemple, donne à p des valeurs tou-
jours plus grandes qué l’autre, pour chaque pression p, comprise entre p'
et p”, la différence de niveau z donnée par cette fonction @ sera moindre
que la différence de niveau résultante de 4, entre les deux pressions dont
il s’agit.
» Ce théorème permet d’assigner à la densité finale de l'atmosphère une
limite qui dépend uniquement de la hauteur totale qu’on lui attribue. Plus
la dernière couche aérienne où l’on a observé la densité, la pression et
la température, est élevée, plus la limite ainsi obtenue s'approche de la
réalité. Et elle est absolument indépendante des relations inconnues qui
peuvent exister entre les densités et les pressions dans les couches supé-
rieures à celles où l'on a porté des instruments. Le calcul suppose seule-
ment que la pression, la densité, et la température, doivent continuer de
décroître simultanément à mesure qu’on s'élève; quelle que soit d’ailleurs
la loi suivant laquelle ce décroissement s'opère au-dessus des couches dont
l'état a été constaté expérimentalement.
» En appliquant ceci aux observations de M. Gay-Lussac, je prouve que,
dans notre atmosphère, cette limite mathématique de la densité finale est
moindre que 0,0075 de la densité au niveau de la mer, lorsque l’on attri-
bue aux dernières couches d'air une hauteur qui doit atteindre au moins
62300" au-dessus de ce niveau. Car, lorsque leur densité est réduite à cette
limite, la pression conserve encore une valeur qu’un décroissement ulté-
rieur de la densité doit éteindre, pour donner à l'atmosphère la hauteur
totale que je viens de lui attribuer.
» Si l'on veut admettre que, dans le cas d’un équilibre stable, le lieu
géométrique qui représente la relation des densités aux pressions, con-
serve dans toute l'atmosphère le même sens de courbure que nous lui
trouvons dans sa partie observable; condition qui paraît conforme à l’ab-
sence de causes intérieures propres à intervertir ultérieurement cette cour-
bure, on obtient par les observations de M. Gay-Lussac, une limite de la den-
sité finale quinze fois moindre que la précédente, ou égale à0,0005.p,. Enfin,
si la forme presque rectiligne de la partie observée, semble autoriser suf-
fisamment sa continuation par une approximation parabolique, telle qu’on
(481 )
lemploie avec succès dans les réfractions, on obtient une limite de la densité
cinq fois plus petite encore, où égale à o,0007p,, comme je l'ai annoncé pré-
cédemment. Mais la première de ces évaluations, quoique plus large que
les deux dernières, a sur elles, l'avantage de reposer uniquement sur
une seule condition , et la plus générale que l’on observe dans notre at-
mosphère: à savoir, le décroissement simultané des pressions, des densités
et des températures dans les couches d’air assez hautes pour échapper aux
influences accidentelles de la surface du sol.
» Les observations barométriques faites simultanément à la base et au
sommet de montagnes élevées, telles que le Mont-Blanc, le Chimboraco,
PHymalaïa , fourniraient des limites analogues à celles que donnent les as-
censions aérostatiques. Mais il faudrait pour cela qu’elles fussent accom-
pagnées de déterminations hygrométriques, et que leur liaison fût assurée
par des observations intermédiaires entre les points extrêmes de chaque
colonne d'air. C’est un soin qu’on ne saurait trop recommander aux physi-
ciens voyageurs. »
RAPPORTS.
VOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur les résultats scientifiques de
l'expédition de la Bonite.
DEUXIÈME PARTIE. — Observations relatives à la Physique.
(Commissaire , M. Arago.)
« Les observations recueillies pendant le voyage de /4 Bonite, dont
l’Académie m'a chargé de faire le dépouillement et l'examen, sont rela-
tives à la météorologie, au magnétisme terrestre et à quelques points de
la physique du globe.
» Pendant toute la durée de là campagne, les élèves de quart ont noté,
à chaque heure du jour et de la nuit, les hauteurs du baromètre et du sym-
piésomètre; l’état du thermomètre à l'air libre et à l'ombre; la tempéra-
ture de la mer, la direction du vent, et tous les phénomènes atmosphé-
riques dignes de remarque. Lorsque les circonstances s’y sont prêtées,
ces jeunes observateurs ont essayé d'apprécier en nombres l'intensité des
pluies des tropiques , dont quelques navigateurs avaient peut-être fait une
peinture exagérée, du moins quant aux pluies de la pleine mer, et ils
en ont déterminé la température.
» Les regitres de l'expédition renferment 16 observations faites avec
66.
( 482 )
le thermométrographe;, à diverses profondeurs au-dessous de la surface de
la mer: Dans l'Océan atlantique, ces sondes thermométriques sont descen-
dues jusqu’à 1660 brasses ; dans le grand Océan on a dù s’arréter à 1300.
Dans les mers, de Chine et de l'Inde on n’a pas dépassé 700 et 890
brasses.
» Les déterminations de la température de quelques puits et de l’inté-
rieur dela terre, obtenues à Rio-Janeiro, à V’alparaiso, à Honoloulou
(iles Sandwich) et à Manille, seront pour la climatologie une précieuse
acquisition:
» Les navigateurs recevront aussi avec reconnaissance 126 dépressions
de l’horizon de la mer, mesurées dans les conditions les plus favorables.et
accompagnées de données météorologiques qui en augmentent beaucoup
la valeur.
» Les physiciens, enfin, discuteront avec intérêt les résultats de sept
expériences que l’appareil imaginé par M. Biot a permis de faire sur la
composition de l’eau de mer à de grandes profondeurs, et qui paraissent
devoir conduire à des résultats imprévus.
» Le magnétisme terrestre a été étudié avec le plus grand soin, pendant
toutes les relâches de la Bonite, et presque toujours sous le triple rap-
port de la déclinaison, de l'inclinaison et de l'intensité magnétique. Dans
les journaux de l'expédition, on voit figurer tour à tour, par ordre de
date, Paris, Toulon, Rio-Janeiro, Montevideo, V'alparaiso, Cobija, Callao,
Payta, Puna, Karakakoa, Honoloulou, Manille, Macao, Touranne, Sin-
gapore, Malacca, Pulo-Penang, Diamond's Harbour, Pondichéry, Saint-
Denis de Bourbon et Brest. Le travail magnétique exécuté pendant la cir-
cum-navigation de {a Bonite, sera donc également précieux par son étendue
et par le nombre des stations; nous ajouterons même par son exactitude,
quoiqu'on puisse remarquer çà et là, parmi les inclinaisons, quelques
petites anomalies, qui disparaitront dans l’ensemble.
» Nous venons de vous présenter, Messieurs, un simple catalogue des
observations relatives à la physique du globe, que la Bonite a rapportées.
Nous nous sommes abstenus, à dessein, de signaler aucune des consé-
quences qui nous ont paru s’en déduire. Tout le monde, au surplus, au-
rait reculé comme nous devant la pensée de priver nos jeunes compa-
triotes du plaisir qu'ils trouveront à discuter eux-mêmes des matériaux si
péniblement recueillis, à les féconder, à offrir, enfin , directement au pu-
blic le fruit de leurs recherches.
» Les noms qui se lisent le plus fréquemment en marge des observa-
(483)
tions météorologiques et magnétiques, dans les journaux de la Bonite,
sont : en premiére ligne, celui de M. Darondeau, ingénieur hydrographe,
qui a complétement répondu aux espérances de l’Académie ; en seconde
ligne, le nom de M. Chevalier, enseigne de vaisseau, dont le zèle ne s’est
pas démenti un instant; puis les noms de MM. les élèves embarqués ,
Pothuau, Du Martroy, Garrel, de Missiessy et Chaptal. Nous pensons
que l'Académie devrait témoigner sa satisfaction à ces jeunes navigateurs,
en faisant toutefois une mention spéciale de MM. Darondeau et Chevalier.
Nous lui proposerons, en outre, de transmettre à M. le Ministre de la
Marine le vœu, qu’elle ne manquera pas de former, que des observations
si variées, si nombreuses, si importantes, soient publiées le plus prompte-
ment possible, »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
VOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur la Partie botanique du voyage de
la Bonite; par M. DE Mine.
« L'Académie n’avait pas trop présumé de la capacité et du zèle de
M. Gaudichaud , lorsqu'à la fin de 1835, elle pria M. l'amiral Duperré ,
alors ministre de la marine, de vouloir bien permettre que ce savant s’em-
barquât sur Z4 Bonite en qualité de naturaliste. Les résultats prouvent
suffisamment qu'on ne pouvait faire un meilleur choix.
» C'était le troisième voyage que M. Gaudichaud entreprenait dans des
vues toutes scientifiques. Plusieurs des contrées qu’il allait visiter avaient
déjà été explorées par lui; il ne se proposait pas seulement de compléter
d'anciennes collections et d’en former de nouvelles, pour enrichir la science
d'espèces inconnues; il voulait encore poursuivre, dans les lieux mêmes
où il les avait commencés, ses importants travaux sur l’organographie
et la physiologie végétales; sous ce double point de vue, il a dignement
rempli la tâche qu'il s'était imposée. Il rapporte d'immenses collections de
plant-s, de bois, de fruits, de graines, etc., et de nombreux dessins et
notes où sont consignés les principaux résultats de ses observations et de
ses expériences.
» Aux herbiers qu’il a composés lui-même et qu'il connait à fond, il à
joint des échantillons que lui, ont livrés à Bourbon M. Richard, directeur
du jardin botanique de la colonie; à Lima, M. Adolphe Barrot; à Macao.
les Pères des Missions étrangères; à Calcutta, le savant docteur Wallich ; à
( 484 )
qui notre Muséum national d'Histoire naturelle est déjà redevable d’une
multitude de plantes précieuses. Son dernier don, rapporté par la Bonite,
ne s'élève pas à moins de six cents espèces très rares, dont les descrip-
tions et les figures se trouvent dans le magnifique ouvrage que la Compa-
gnie des Indes publie à ses frais.
» En somme, la collection de plantes desséchées se compose de 3500
espèces environ, et, si nous y joignons les 6 à 7000 espèces, fruits
des deux précédents voyages de M. Gaudichaud, il s'ensuit que ce na-
turaliste a déposé dans les galeries de botanique du Muséum plus de
10,000 espèces sur lesquelles on n’en compte guère moins de 12 à 1400
nouvelles ou si incomplétement étudiées qu’il est besoin de les décrire de
nouveau.
» M. Gaudichaud a particulièrement fixé son attention sur les faits qui,
de l’avis de quelques phytologistes, semblaient en contradiction avec les
théories qu’il a soumises à l'examen de l’Académie en 1835, et il lui a paru
que presque tous ces faits venaient à l'appui de sa manière de voir. 1 per-
siste donc à croire (nous copions textuellement un passage de ses notes )
que chaque Jeuille a son système ascendant, ligneux et cortical, et son
système descendant diversement modifié selon les groupes.
» La mission que nous remplissons ici n’est point et ne saurait être de
porter un jugement sur les doctrines physiologiques de notre savant et
ingénieux confrère; aussi, ne nous permettrons-nous qu'une simple ob-
servation qui ne touche pas au fond des choses. La proposition très géné-
rale au moyen de laquelle M. Gaudichaud se flatte d'expliquer la majeure
partie des phénomènes de l’organographie et de la physiologie des végé-
taux, pourrait être universellement admise sans qu'il y eüt motif suffisant
pour conclure que tous les phytologistes sont d'accord avec lui; car rien
n’est plus probable que des dissentiments se manifesteraient dès qu'il s’a-
girait de l'interprétation et de l'application du principe. Entre des théories
rivales, ce sont les faits dûment constatés qui décident, et souvent il ar-
rive qu'ils survivent seuls. Peu de phytologistes en ont observé autant et
si bien que M. Gaudichaud.
« Nous avons examiné avec une vive curiosité les nombreux troncons
de tiges ligneuses appartenant à des espèces monocotylées ou dicotylées.
Dans le nombre figurent des Dracæna , des Pandanus, des Freycinetia
et des Urania; des Cocos, des Areca, des Caryota et autres Palmiers de
Manille, de la Chine, de la Cochinchine, de l'Inde et de Bourbon; des
Cycas ainsi que des Fougères en arbre, telles que Cyathea, Pinonia ,
4
( 485 )
Blechunus , Asplenium , Angiopteris des iles Sandwich, de Manille, de
Bourbon, de Rio de Janeiro.
» Notre surprise a été grande quand parmi tous ces morceaux de bois
exotiques, nous avons vu six énormes tronçons d’une tige de l'espèce
de Fougère appelée Cyathea arborea ; lesquels, ajustés bout à bout, don-
nent environ 4o pieds de hauteur. Il est à remarquer que cet individu
colossal n’était pas le plus élevé de ceux que M. Gaudichaud a observés à
Bourbon.
» Mais ce qui appelle surtout l'attention des phytologistes, c’est la ma-
gnifique collection de formations ligneuses anomales. On avait cru jusqu’à
ces derniers temps que les végétaux à tige vivace n’affectaient pas d’autres
formes que celles que présentent, dans les Monocotylés, les Palmiers, les
Pandanus, les Dracæna, les Ruscus , etc:; et, dans les Dicotylés, les
Chènes, les Ormes, les Platanes, etc. De là était née la célèbre distinction
des bois en filets et des bois à couches concentriques. Sans doute ces deux
formes caractéristiques sont et demeureront les plus générales dans les
végétaux ligneux; mais, depuis les découvertes de M. Gaudichaud, il n’est
plus permis d'affirmer que la loi est si impérieuse que la Nature ne puisse
jamais y déroger. Quand, dans les sciences d'observations, la tendance à
généraliser s’élance au-delà du but, l'esprit de recherche, plus positif,
s'applique à trouver des exceptions qui la fait rentrer dans de justes
limites. C'est ainsi que les théories scientifiques deviennent la fidèle ex-
pression de la Nature.
» Personne n’a signalé un aussi grand nombre d'anomalies que M. Gau-
dichaud. Toutefois, il se pourrait que vers l’époque où il fit ses premières
observations, d’autres eussent pris une connaissance plus ou moins su-
perficielle de faits analogues. Mais le mérite de la découverte lui appar-
tient parce qu’il l’a fait connaître avant tout autre, et l’a illustrée par ses
trois Voyages autour du monde, dont le second et le troisième furent
entrepris principalement en vue de poursuivre le travail qu’il avait com-
mencé dans le premier.
» Dans son dernier voyage, qui livre tant de richesses à Pavide curiosité
des naturalistes, il a constaté de nouveau l’exactitude d’un fait général
dans les lianes brésiliennes de la famille des Bignoniacées : savoir, que Je
corps ligneux de leur tige est composé de quatre lames rayonnant à angle
droit du centre à la circonférence et se dessinant par conséquent sur Ja
coupe transversale en croix grecque. Il a trouvé que les espèces de ce
même groupe qui croissent sur les bords du Guayaquil, portent régulière-
( 486 )
ment le nombre de leurs lames ligneuses de 4 à 8, de 8 à 16, et peutêtre
encore à un chiffre plus élevé.
» Ce type anomal n'appartient pas uniquement à l’Amérique du sud :
le célèbre historien de la Flore des Moluques, Rumphf, qui florissait au
xvu® siècle, l'a observé dans une Bignoniacée dont il donne la figure.
M. Gaudichaud incline à croire que tous les Spathodea qui, dans cet ar-
chipel, forment des lianes d’une longueur démesurée, portent ce même
caractere.
» Des espèces américaines des genres Paullinia, Serjania , Cardio-
spermum, toutes plantes de la famille des Sapindacées, ont encore offert
à notre voyageur de nombreux exemples de ces tiges, qui semblent être
un composé de plusieurs tiges greffées ensemble. Dans toutes les contrées
asiatiques qu'il à explorées, les Cardiospermum seuls lai ont représenté
ce type.
» La rapidité du voyage, les rares et courtes relâches, les fatigues in-
séparables d’une telle expédition, la difficulté de disséquer et d'observer
sur le plancher mobile du bord, n’ont pas empêché M. Gaudichaud de
se livrer aux recherches les plus pénibles, et qui semblaient, par leur
pature, ne pouvoir être poursuivies que dans le silence et le repos du
cabinet. Partout où il a trouvé place pour asseoir tant bien que mal son
microscope, il a fait, selon l'occurrence, de l'anatomie, soit animale, soit
végétale. Il nous rapporte un travail microscopique sur l’organisation de
plusieurs tiges anomales, et notamment sur celles des ÂVepenthes, dont
il a recueilli cinq espèces très remarquables. Il a découvert dans certaines
Orchidées un tissu composé d’utriculés allongées, raides, sinueusés, non
déroulables, renfermant dans leur cavité un liquide onctueux de cou-
leur d’ambre. Il à reconnu dans l’Ædansonia peltata Yexistence d’une
sorte de vaisseaux rampant entre les couches ligneuses, et dont il ne
pense pas qu'aucun phytologiste ait encore fait mention. Ces vaisseaux lui
ont paru si extraordinaires, que, de prime abord, il les a pris pour les
filets radiculaires de quelque plante parasite. L'énorme tronc de Boabab,
que S. A. R. Monsieur le duc de Joinville fait transporter en ce momént
du Sénégal en France, nous mettra peut-être à même de vérifier ce fait
curieux:
» La plupart des graines qui nous viennent d'outre-mer ne germent
point. Nous avons donc rarement l’occasion d'observer certaines germina-
tions exotiques qui, bien connues , éclaireraient à la fois la Physiologie vé-
gétale et là Botanique. Pour obtenir cet avantage dans un voyage de cir-
(487 )
Cum-navigatiôn, le-seul! moyen .est'de-semer des graines'à bord; c'est ce
qu'a fait M.Gaüdichaüd. Durant les traversées, il-a tépié toutes lés phases
de la gériination dans üne multitude d'espèces; ‘hous Windiquerons que
les ‘éxeniplés ‘les ‘plus remarquables ‘: Lie :Dracæna draco :'sès graines
avaient ‘été recueillies à ‘Cadix ; trois jeunes pieds-ont fait !le:tour du
motide. Le Palier du Chili (Cocos Molinii) : trois pieds vivants sont éga-
lemént’arrivés en bon état à Paris; c’est une précieuse racquisition pourile
Järdin du Rôi:Le Cocos Nucifera, les -Araucaria brasiliensis et: chilensis.
De nombreux Palmiers et: Pandanus: des jardins-de Calcüttai,\de:Pondi-
Chérÿy, de Bourbon. Le Santalum album, le Crcas circinalis, le:Gyrocar-
pus, le Tacca pinnatifida, ‘et une Lécythidée de Pülo-Pénang, -dont la
germination est plus‘extraordinaire-encore que-célle-du-Lecythis ollaria,
dont'nous dévons'la connaissance à M. Aubert Idu-Petit-Thouars.
» Les fleurs, .lés fruits et autres parties des végétaux (conservés dans
l'alcool forment une collection de 36 à 4o ‘bocaux.
» Les fruits sécs ét les graines enveloppés dans des:feuilles d’étain re-
couvertes de!cire ‘Pour ôter tout accès à l’airet à lhunidité, sont en très
grand nombre. Parmi les dernières nous citerons 24 variétés de riz de
montagne qui proviennent de Manille ét dont il est à propos de-teriter la
culture en Algérie. L'administration du Jardin du Roï à déjarpris des ime-
surés à cét'effet. Nous citérons aussi (les graines de légumes:de Chine et
de la plupart des localités où‘/4 Bonite a touché.
» l'ÿ'a en ‘outre ün grand notbre Id’écorcés textiles ; du #il: dubana-
nier dit Æbaca, préparé! à Manille par M.'Gaudichaud lai-méme; tune col-
léction'de 24 thés'de!la Chine, donnée par M. Bayton , savant naturaliste,
essayeur de thé de la Compagnie anglaise à Canton; des produits médi-
camentéux ; ‘dés résines et'des 80mmes. L'une de celles:ci, que l’on ob-
tient d’une Cäpparidée’drborescente du'Pérou iomméeSapote , peut rem-
placer avec avantage la 80Mme arabique. Aüprès de :cés substances nous
trouvons le Gämbar, ‘iastiéatoire’que les Indiens, les Chinois, les Cochin-
chinoïs et presque tousiles Peuplés de l'Océanie mélent à leur bétel. Cétte
matière est extraite en grand des feuilles d’une Rubiacée à laquelle les ha-
bitants de Sincapour et de Malacca donnent les noms de Gambar, Gambir
ou Gambé, et qui paraît étre une espèce du genre Nauclea. M. Gaudichaud
a recueilli tous les renseignements nécessaires sur la culture de ce végétal
et sur la préparation de l'extrait qu'il fournit.
» On conçoit ce que, durant de trop courtes relâches sur différents points
du globe, la récolte de si Précieuses et si abondantes collections de plantes
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, No 16.) 67
( 488 )
sèches, de plantes vivantes, de graines, de matières extraites des végé-
taux, de bois dont quelques échantillons pèsent jusqu’à deux cents livres,
de fruits parmi lesquels il s’en trouve plusieurs d’un volume énorme , a dû
coûter d'efforts et de persévérance à M. Gaudichaud et à deux braves ma-
rins qui l’ont accompagné constamment dans ses courses. aventureuses.
» M. Gaudichaud s’est montré aussi infatigable à bord que durant les
relâches. Les heures qu'il n'a pas consacrées à la botanique il les a don-
nées à la zoologie. Les manuscrits, les dessins qu’il a mis sous nos yeux
en font foi. Parmi ces derniers nous avons remarqué des aquarelles re-
présentant des fleurs, des fruits, des germinations, des coupes de bois.
Elles sont dues à l’habile pinceau de M. Fisquet, enseigne de vaisseau,
et l’un des peintres d’histoire du voyage. Quand on passe en revue le vo-
lumineux recueil d'excellents dessins de marines, de paysages, de monu-
ments, de villes, etc., que ce jeune marin a exécutés, on se demande
comment il a pu trouver du temps pour le service de l’histoire naturelle.
» Nous ajouterons, pour en finir sur la botanique, que des instructions
données par le Ministre de la Marine, dans l'intérêt de l’industrie fran-
caise, sont devenues profitables à la science. Le commandant de la Bonite ,
M. le capitaine Vaillant, a rapporté, avec des œufs de vers à soie du Ben-
gale en parfait état de conservation, des graines et des individus vivants
de plusieurs espèces ou variétés de Müriers de l'Inde, et d’une espèce ou
peut-être (si nous en jugeons par la forme des noyaux osseux, les uns
sphériques, les autres oblongs et pointus aux, deux bouts), de deux es-
pèces de Jujubiers dits de la Chine, dont les feuilles servent de nourriture
à un bombyx qui diffère de celui qu’on élève en Europe, et donne une
soie très forte propre à certains usages.
» Les faits indiqués dans ce rapport prouvent, ce nous semble, que
les résultats obtenus par M. Gaudichaud sont du plus haut intérêt non-
seulement pour l'accroissement des collections matérielles du Muséum na-
tional d'histoire naturelle, maïs aussi pour la botanique proprement dite,
et, plus encore, pour l’organographie et la physiologie végétales. »
( 489 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Fcourens dépose sur le bureau un mémoire de M. VArENTIN sur le
développement comparé des tissus organiques chez les aniniaux et chez
les végétaux, mémoire qui a obtenu le grand prix des'sciences physiques
pour l’année 1835.
L'auteur, sur invitation de l’Académie, a fait, tant dans le texte que
dans les planches, les suppressions qu'on lui avait demandées pour ré-
duire ce grand travail à des dimensions qui en permissent l'insertion dans
le recueil des Savans étrangers. |
Le mémoire, sous sa nouvelle forme , est renvoyé à l’examen de M. de
Mirbel, qui s’assurera si l’auteur a bien saisi les intentions de la Commis-
sion, relativement à la réduction demandée.
BOTANIQUE. — Sur la fructification de la vanille obtenue au moyen de la
Jécondation artificielle. — Note de M. Ca. Morren.
(Commissaires, MM. de Mirbel, de Jussieu.)
« Des expériences répétées pendant deux ans m'ont convaincu que la
culture de la vanille et la production de ses fruits sont possibles en Eu-
rope. Les succès que j'ai obtenus dans la fécondation artificielle de cette
plante intéressante n'étant dus qu’à l'application de principes déjà dé-
montrés pour d’autres orchidées par MM. de Mirbel et Adolphe Brongniart,
il est juste que j'en fasse part à l’Académie dont ces savants font
partie, car C'est à eux que je dois la première idée de cette innovation; la
fécondation du Brassia maculata faite dans les serres du Jardin du Roi )
à Paris, ne me laissa aucun doute sur la possibilité de mener à bien la fé-
condation de la vanille.
» J'ai l'honneur de transmettre aujourd’hui à l’Institut de France, un
tronçon de la vanille qui depuis deux ans porte fruits, afin qu’on soit
d'accord sur lespèce, et trois gousses (mot impropre) müres et fraîches.
J'ai choisi une petite gousse pour indiquer le minimum de leur longueur :
elle a 12 centimètres, la plus longue a 19 centimètres; mais j'ai des fruits
non mürs encore, qui auront 2 décimétres'et au-delà. Leur diamètre or-
dinaire est d’un centimétre! Les fruits que je présente à l’Académie ne sont
pas passés à l'huile; je ne leur ai fait subir aucune préparation, afin que l'a-
rome soit dans &a pureté native. L'une des gousses n’est mûre qu’à moitié,
67.
( 490 )
elle mürira d'elle-même. MM. les Commissaires pourront se convaincre,
comme nous l'avons fait.ici, que,ces fruits,aromatisent les glaces, les
crèmes, etc., exactement comme ceux d'Amérique.
», J'ai prouvé, dans une notice insérée au 4° volume. des Bulletins de
l'Académie royale des Sciences de Bruxelles , que l'espèce que nous, cul-
tivons à Liége est la vanilla planifolia d'Andrew (Repository 538), intro-
duite en Europe en 1800, par M. Charles Greville. On l'a confondue
d'abord avec la vanilla aromatica de Swartz, introduite par Henry-Phi-
lippe, Miller, en 1739.
» M. Parmentier, d'Enghien , en Belgique, rapporta la première de ces
espèces, qui fut communiquée d'abord, en 1812, au Jardin , botanique
d'Anvers, où la plante a pris une extension si grande, qu'on a été obligé
de lui enlever d'énormes branches, que j'aurais aujourd'hui utilisées; mais
à cette époque on ne savait pas les faire fleurir. 5
» Le pied d'Anvers fournit aux jardins de Paris, Bruxelles, Louvain,
Gand et de Liége, les mdividus qu'on ÿ voitaujourd’hui; ilsviennent ainsi
d’une souche commune, et si, comme l’a pensé M, Adolphe Brongniart,
les vanilliers de Liége portent plus fréquemment fleurs et fruits, ce n’est
pas parce qu'ils appartiennent à une variété florifere particulière, mais
uniquement à cause de la culture assez singulière que je leur y, donne. Le
pied d’Anvers fournit également l'échantillon que M: Marchal transporta
avec. beaucoup de peine aux anciennes, colonies hollandaises, à.Java, où
la plante a fleuri, mais,sans porter fruit; ce qui se. conçoit, la fécondation
artificielle étant absolument nécessaire à. cette fin, si. desinsectes ne vien-
nent au secours du végétal. Cette relation. historique prouve donc que, la
plupart des, grands vanilliers, appartenant à, la vanille. planifolia, qui
sont répandus en Europe, viennent d'une:même. souche, et,que. tous sont
aptes à fleurir.
» IL faut pour cela une culture appropriée. Mes. vanilliers, sont; placés
dans. du coke, ou résidu de houille, brûlée : leurs racines plongent dans
ce milieu; au-dessus du coke, on dépose quelques débris de bois,de, saule
pourri; le, pied-mère,ne fait que traverser cette espèce. de.sol. Un des va-
nilliers croît.le.long d’un dracæna fragrans, un second autour d'un tuteur
mort, et, le troisième sur une longue,colonne de ,fer. Pas, une racine aé-
rienne ne plonge. dans une, plante vivante quelconque. Le, vanillier n'est
donc nullement parasite, mais c’est réellement une plante aérienne ; car le
pied qui la lie. à la terre est sec, mort, recoquillé, et seulement quelques
racines aériennes vont plonger dans la, houille brûlée dont j'ai parlé. J’es-
( 4gr )
time la longueur de mon. plus, grand vanillier à près d’une centaine de
pieds ; un,second n’a que 60, pieds, et il est, en ce moment, couvert d’une
cinquantaine de.fruits..J;e,nombre de ceux-ci n'est pas en rapport, avec
la, force, ni, la, longueur:de. la plante; car le petit vanillier a eu, prés de
cent, fleurs, et le,grand,avait moins de fruits, quoique sa, végétation fût
beaucoup plus forte. Il paraît, du reste, qu'après avoir porté fruit , il faut
que la plante se repose; le/pied, qui l’année dernière nous avait donné Ja
récolte, ne/porte,pas cette aunée ,,et je,ne crois,pas qu’il développera des
fleurs: celles-ci se montrent, au mois de février, Les vanilliers de, Liége se
couvraient, de fleurs depuis long-temps, parce qu'on arrétait, sans le sa-
voir, touteila sève descendante,, forcée ainsi de se porter sur les bourgeons
axillaires qui,se. développent bientôt.en rameaux floraux. En effet, faute
de, place, on tordait la-plante sur elle-même, on la tourmentait, on,la-pin-
çait, on. la, froissait. Sur, les plaies on applique, après avoir. écourté les
branches, le fer chaud , et.l’on, remarque, que c’est toujours au; sommet
des-branches ainsi tourmentées, que. les fleurs; apparaissent,
» Ces. fleurs, dont l'odeur est légèrement spermatique, et par consé-
quent.tout-à-fait différente de celle du fruit, ont, aveclenroyaire infère; de
8 à 10 centimètres de longueur. Le, labellum est. soudé à la colonne jus-
qu’au haut de celle-ci, dont l'opercule mobile est séparé de la surface stig-
matique par un voile, pendant, ainsi au-devant de la partie femelle; il faut
ou soulever ce voile charnu, ou.le couper pour que la. fécondation se fasse,
quoique, si l’opercule est couvert d'une, gouttelette d’eau, de manière à
ce que les masses pulvérulentes de pollen puissent se gonfler et leur
boyaux franchir, les bords du voile en question, la fécondation naturelle
peut avoir lieu. Vis-à-vis de l'appareil sexuel, il y a sur le labellum huit
ou dix franges-qui-récueillent.ce pollenquand'il tombe, Quand un insecte,
après être entré dans la fleur, sort du labellum, il soulève le voile et met
à nu le stigmate qui dans ce cas peut recévoir le pollen conservé par les
franges. C'est de .cette manière que l'union des sexes, doit se faire habi-
tuellement., La colonne,a un tuyau creux, au, centre; j'ai cru d’abord. que
les utricules cylindriques de.la colonne auraient.recu entre, eux, dans leurs
méats; intercellulaires, les boyaux, polliniques; mais. ce. n’est nullement
ainsi que les,choses se passent. Les grains de pollen envoient d'immenses
boyaux, de cinq,ou de six centimètres.de, longueur à l'ovaire, tout le long
des parois du. tuyau de la colonne, de. sorte que celui-ci est bien une es-
pèce, de vagin, verni, de mucus et, conduisant une énorme quantité de ces
pénis, dont,chacun, comme,je. m'en suis assuré, va trouver un ovule. J'ai
( 492 )
suivi le développement de ceux-ci. Avant la fécondation ; il n’y a encore
que des tubercules à peine saillants, mais géminés sur le placentaïre: Pen-
dant la fécondation, ces tubercules, uniquement formés'de tissu cellulaire,
subissént le commencement du mouvement de résupination. Cinq jours
apres la fécondation , le tegmen commence à se montrer à la basé du tu-
bercule qui devient le nucelle. Quinze jours (toujours après la féconda-
tion du stigmate) le tegmen recouvre le nucelle presque jusqu’au bout;
trois semaines après le test se forme à la base du tegmen. A quatre se:
maines, la résupination est complète ; le tegmen et lé test ont une ouver-
ture commune par où le nucelle est visible. Jusque là point d’imprégnation;
mais un mois après que le stigmate a reçu l'influence du pollen, les boyaux
polliniques vont chacun saisir le nucelle par leur bout et le vivifier. Enfin;
ce n’est que six mois après la fécondation que le test devient brun, qu'il
passe au noir pour ne plus changer. Un an, jour pour jour, s'écoule entre
la fécondation de la fleur et la maturation du fruit.
» Il n’y a sur les graines de vanille que deux enveloppes dont l’origine
me paraît incontestablement due à des développements du funicule qui
devient le nucelle à son sommet; les’ boyaux polliniques ont des granules
en mouvemént , mais ils sont peu nombreux.
» Il ne me reste aucun doute que la culture de la vanille ne soit désor-
mais assurée à l’Europe; le meilleur des aromates s’obtiendra aussi facile-
ment que l’ananas, le meilleur des fruits, et ce succes est dû tout entier à
l'application des lois de la physiologie végétale. »
MÉCANIQUE. — Z'héorie du ventilateur ; par M. Cousrs.
! (Commissaires, MM. Cordier, Poncelet, Coriolis.)
(Extrait par l’auteur.)
« Il résulte dés études auxquelles je me suis livré, et des observations
que j'ai recueillies sur l’aérage des mines, que les machines devraient être,
dans certains cas, substituées aux foyers d’aérage , soit parce que l’on y
trouverait une économie réelle d’argent , soit surtout parce que les foyers
donnent lieu à de graves dangers dans les houillères, où il se dégage de
l'hydrogène carboné, et qui, pour cela même, exigent une ventilation très
active. Des machines à pistons mues par des machines à vapeur, ont ainsi
remplacé, avée avantage, depuis 1830, sur plusieurs mines’ dé houille de la
Belgique, les anciens foyers qui étaient insuffisants. L'observation directe
( 493 )
mayant démontré que l'effet utile de ces appareils était une assez petite
fraction du travail,moteur dépensé, j'ai été conduit à rechercher s’il ne se-
rait pas possible d'obtenir, avec des machines plus simples et moins cou-
teuses, de meilleurs résultats.
» Parmi les machines connues, le ventilateur à force centrifuge a d’a-
bord fixé mon attention, par la simplicité, de sa construction et de son ins-
tallation ; l'absence de soupapes ou autres pièces analogues, l’uniformité de
l'effet qu'il doit produire, puisque la seule partie mobile de l'appareil recoit
un mouvement de rotation continu, Je n'ai trouvé dans les ouvrages que j'ai
pu consulter, que fort peu de détails sur cette machine, dont l’usage est pour-
tant aujourd’hui assez, commun, et devient plus fréquent de jour en jour.
J'ai donc essayé d'établir la théorie, et les règles de construction du ventila-
teur, sur les principes de la science des machines.
». En premier lieu, je me suis proposé de construire un ventilateur aspi-
rant , qui serait destiné simplement à déplacer de l’air, en Le faisant circuler
dans une! conduite plus ou moins longue, mise en communication avec l’ou-
verture centrale de l'appareil. Il est évident que, dans ce cas, l’air aspiré
doit être rejeté dans l'atmosphère, avec la plus petite vitesse possible: l'on
satisfera à cette condition, en courbant les ailes mobiles, suivant une sur-
face cylindrique droite, dont la base soit tangente à la circonférence dé-
crite par les extrémités des ailes, en. laissant le ventilateur entiérement
ouvert, sur son contour, pour que l'air se dégage à la fois sur toute
sa périphérie, et imprimant aux ailes un mouvement de rotation, dans
un sens.tel, que, la vitesse absolue de l'air soit la différence de la
vitesse des extrémités des ailes, et de la vitesse relative avec laquelle
l'air. se dégage d’entre elles. Les espaces compris entre les ailes consécu-
tives.et les disques latéraux, qui peuvent être fixes ou mobiles, ou encore
l'un fixe et l'autre mobile, deviennent alors autant de canaux courbes
qui reçoivent un mouvement, de rotation autour d’un axe fixe. L'air en-
trant dans ces canaux; par les orifices les plus voisins de l'axe, y circule en
allant vers la circonférence, où il s'échappe, Si le mouvement de rotation
est uniforme, il s’établira, au bout de peu de temps, une vitesse de ré-
gime, un mouvement permanent, c'est-à-dire que les vitesses et les pres-
sions, en un point quelconque du canal mobile, ne varieront plus avec le
temps. Or il est facile alors d'établir entre les vitesses relatives de l'air, à
son entrée dans les canaux mobiles et à sa sortie de ces canaux, et les pres-
sions constantes qui ont lieu sur le contour du ventilateur, à l'entrée de la
conduite, et à l'entrée des canaux mobiles, des équations en nombre suffi-
( 494 )
saut pour déterminer les quantités inconnués, lorsque lon se donne les
dimensions de la conduite et du ventilateur, la vitesse angulaire de celui-ci,
et Les pressions à l’entrée de la conduite et sur le contour du ventilateur.
Mais c’est ordinairement le problème inverse que l'on aura à résoudre; c'est-
à-dire, qu'étant données les dimensions d’une conduite et la masse d’air
qu'on veut y faire circuler, dans l'unité de temps, il s’agira de déterminer la
forme et la vitesse d’un ventilateur capable de l'effet désiré. C'est cette ques-
tion que j'ai traitée. On voit qu’elle est indéterminée ; et que l’on estle maître
de se donner plusieurs conditions que l’on choisit de manière à faciliter la
construction de la machine, à économiser la dépense du travail moteur, et
quelquefois à satisfaire à des circonstances locales particulières. La première
condition que je me suis donnée, est que la force vive due à la vitesse abso-
lue de l’air sortant, soit une fraction déterminée de l'effet utile de la ma-
chine. (La vitesse de l'air sortant ne peut pas être nulle , lorsque l'air entre
dans les canaux mobiles, avec une vitesse absolue dirigée dans le sens des
rayons, comme je le suppose.) Cette cotidition suffit pour déterminer
complétement la vitesse à donner à l'extrémité des ailes, la vitesse relative
de l'air à sa sortie des canaux mobiles, et par conséquent la somme des
aires des orifices d'écoulement, puisque la dépense d’air est donnée d'a-
vance. La courbure des ailes à leur origine doit être telle, que l'air n’é-
prouve aucun choc, à son entrée dans les canaux mobiles, ou, én d’autres
tèrmes, qu'il n’éprouve à cette éntrée aucune variation brusque dewitesse.
Sa vitesse absolue étant dans le sens du rayon, et perpendiculaire à celle
de l'aile , il résulte de là que la section des ailes par un plan normal à l'axe,
doit couper la circonférence intérieure sous un angle dont la tangente
trigonométrique soit égale au rapport de la vitesse absolue de l'air en-
trant , à la vitesse de l’origine dés ailes, Se‘donner cet angle, c’est-donc
se donnér le rapport de ces vitesses. Si, de plus , on se donne le rapport
de grandeur entre les rayons intérieur et extérieur dés ailes, ou ‘une
relation entre lés vitesses relatives d’éntrée ét de’sortie, les éléments
principaux de la forme du ventilateur seront déterminés, et lon
pourra encore choisir à volonté la grandeur du rayon intérieur des ailes,
ou de l'orifice circulaire par lequel l'air pénètre dans le ventilateur, et le
nombre total des ailes. Chaque dimension résulte de ces données et peut
être déterminée par un tracé graphique, ou des résolutions de triangles
rectilignes.
» Le ventilateur aspirant, construit d’après ces principes, est celui qu'il
conviendra d'employer, quand on voudra déplacer de l'air, sans le lance
( 495 )
dans une direction déterminée, comme dans là ventilation des lieux habités,
des salles de spectacle, d'hôpital, des magnaneries, des mines, etc.
» La théorie précédente m’a conduit à 1a théorie du ventilateur, émploÿé
comme machine soufflante. 11 doit être établi de manière que l'air s'écoule
à la fois par les extrémités de tous les canaux mobiles, formés par l'enserh-
ble des ailes courbes, et que sa vitesse de sortie se conserve, sans autre
diminution que celle provenant des frottements que l'on ne peut éviter,
jusqu’à l'entrée du Porte-vent. Pour que ces conditions soient satisfaites, il
faudra fermer le ventilateur sur son Pourtour, par uñe enveloppe cylin-
drique, qui se joigne aux disques latéraux , entre lesquels ciréulént les
ailes. Cetté enveloppe sera touchée par les ailes en un seul point, et s’é-
cartera ensuite de la surface cylindrique engendrée par les extrémités dés
ailes, de façon que l’espace compris entre ces deux surfaces ét les joués,
forme un canal à section croissante, depuis le point dé contact où cêtte
section ést nulle, jusqu'à ce qu'après une circonférence entière décrite au-
tour du véntilateur, élle soit égalé à la séction du porte-vent, au point où
il s’adapte à la caisse du ventilateur. Les ailes étant courbées, de manière à
ce qu’elles soient tangentes à la surface cylindrique extérieure décrite par
leurs extrémités, la vitesse absolue avéc laquelle l'air sera Projeté dans ce
des canaux mobiles, là vitesse relative avec laquelle l'air se dégage de ces
canaux, $a vitesse absolue qui est égale à là somme ou à la différence de
la vitesse relative et de la vitesse des extrémités des ailes, et l'aire de la sec-
tion antérieüre du porte-vent. On établit céé relations au moÿen d’équa-
tions absolurmétit semblables à celles dont on fait usage, dans la théorie du
ventilateur aspirant. Comme d’ailleurs la vitesse absolue, avec laquelle l'air
sort, se conserve sans modification notable jusqu’à l’origine du porte-
vent, les ailes peuvent être recourbées de maniére que cette vitesse abso-
lue soit la somme de là vitesse rélative ét de la vitesse des ailes.
» L'expérience ävait déja amené les ConStrücteurs à placer l’axe des ailes
dü ventilateur excentriquement, Par rapport à Fenveloppe cylindrique à
base circulaire qui ferme la cäisse surson Contour, de sorte que les ailes ne
touchassént cette enveloppe qu’en un seul point. Il éni est de même dans la
disposition qui m'est indiquée par là théorie : seulement la distance de l’en-
veloppe cylindrique aux extrémités des ailes croit béaucoup plus, Jusqu’à
devenir égale à la hauteur totale du Porte-vent, dans le sens perpendicu-
CR 1838, 1° Semestre, (T. VI, N° 46.) 68
( 496 )
laire à l'axe de la machine. J'évite ainsi l'effet des rétrécissements que l'air
est obligé de traverser, dans le mode de construction ordinaire, en circu-
lant dans l’espace contigu à l'enveloppe cylindrique, avec une vitesse tou-
jours différente de la vitesse des ailes. J’évite aussi la projection de l'air, à
la sortie des canaux mobiles, dans une direction presque perpendiculaire
à l'axe du canal, dans lequel il est obligé de se mouvoir; et ces diverses
circonstances donnent certainement lieu à une perte considérable de force
vive. Si l’on construit, conformément aux principes posés dans le mémoire,
les tarares des moulins à blé, des machines à vanner, etc., on aura le
double avantage d'une économie vraisemblablement considérable de force
motrice, et de pouvoir imprimer au courant d’air sortant une vitesse
presque double de celle que l’on obtient, dans les machines actuelles, avec
une même vitesse angulaire.
» Une propriété remarquable des ventilateurs à force centrifuge , con-
siste en ce que la quantité d’air qu’ils mettent en mouvement dans l'unité
de temps, est sensiblement proportionnelle à la vitesse angulaire qu'on
leur imprime, toutes choses demeurant d’ailleurs égales, et que les chan-
gements de vitesse angulaire entre les limites des applications pratiques,
ne donnent lieu à aucune nouvelle cause appréciable de perte de travail;
ainsi ces machines fonctionnent à peu près aussi avantageusement sous dif-
férentes vitesses, et tout en projetant des quantités d'air très différentes
dans un même intervalle de temps; au contraire, le changement de gran-
deur des orifices d'écoulement dans le ventilateur soufflant, entraîne un
changement corrélatif dans la forme et les dimensions de la machine. »
EMPRYOLOGIE. — Mémoire sur l'œuf du Kangourou, et en particulier sur la
découverte de l’Allantoïde ; par M. RicHarp Owen.
(Commission précédemment nommée pour un Mémoire de M. Coste sur
le même sujet.)
M. Owen annonce qu'il ne s’est déterminé à présenter ce Mémoire que
parce qu'ayant appris que l'Académie a chargé une Commission de faire
un rapport sur celui de M. Coste, il a cru devoir rectifier quelques faits
qui y sont énoncés d’une manière inexacte. « On trouvera en outre dans
cet écrit, dit M. Owen, quelques détails physiologiques qui lui donne-
ront, je l'espère, plus d'intérêt que n’en ont généralement des discus-
sions purement relatives à des droits individuels. »
( 497 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — JVote sur la circulation du Chara ;
par M. A. Donxé.
(Commissaires, MM. Dutrochet, Ad. Brongniart.)
« Les excellentes observations de M. Amici, confirmées depuis par
la plupart des micrographes qui se sont occupés de la circulation du
chara, et, en particulier, par M. Slack, ne pouvaient laisser de doute sur
l'influence que les séries de granules verts fixés régulièrement à la paroi
interne des tubes du chara, paraissent exercer sur le mouvement du li-
quide en circulation dans cette plante: la rapidité de cette circulation , sa
régularité même sont subordonnées au nombre, au rapprochement et à
l’ordre de ces espèces de chapelets de corpuscules immobiles; plus ils sont
serrés, plus la circulation est active , et l’on sait que le mouvement cesse là
où ils finissent. C’est là qu’existe la ligne de démarcation entre le courant
ascendant et le courant descendant ; en outre, il suffit de déranger l'ordre
des chapelets verts, pour troubler en même temps le cours du liquide ;
on voit se former en ce point, si l’on peut dire ainsi, une espèce d'épan-
chement du fluide circulant. Tous ces faits sont très positifs et connus de la
plupart des observateurs ; on peut dire que c’est là que s'arrêtent, en ce
moment , les notions exactes de la science à ce sujet. Beaucoup de théo-
ries , plus ou moins ingénieuses, ont été imaginées, telles que celle de
M. Amici, qui considère les granules verts comme les éléments d’une pile
voltaique , ou celle de M. Raspail, qui explique le mouvement circulatoire
par l’exhalation et l'aspiration des parois du tube de la plante ; la chaleur,
l’évaporation , l'électricité, etc., ont été tour à tour invoquées, mais au-
cune de ces théories n’a jusqu’à présent satisfait au problème, et la circu-
lation dans l’intérieur des cellules des plantes est restée un des phéno-
ménes les plus curieux et en même temps des plus inexpliqués de la
physiologie végétale.
» On jugera si j'ai été plus heureux que les observateurs qui m'ont
précédé.
» Au lieu de persister à chercher la cause de cette circulation dans les
agents physiques, comme tout le monde l’a fait jusqu'ici, j'ai pensé qu'il
y avait plus de chances de la trouver dans une disposition organique, et
c'est de ce point de vue qu’il m’a été permis de pénétrer les faits suivants :
» Après avoir soigneusement décortiqué un tube de chara hispida et
l'avoir dépouillé du carbonate calcaire qui trouble sa transparence, je le
68..
( 498 )
soumets sous le microscope à une compression méthodique et graduée , à
l'aide du compresseur de Purkinje; cette pression ne tarde pas à détacher
un grand nombre des granules décrits plus haut. On voit alors de petits
chapelets formés de cinq, six granules, ou plus, se mettre en mouvement,
se pelotonner, puis s'arrêter, s'ils ne sont point entrainés par le courant
du fluide. | |
» D’autres granules sont complétement détachés les uns des autres et
libres de toute adhérence ; parmi ceux-ci, on ne tarde pas à en voir quel-
ques-uns qui sont mus d’un mouvement de rotation plus ou moins rapide,
tout-à-fait indépendant du mouvement de circulation générale : les uns
tournent sur eux-mêmes sans changer de place, les autres sont entraînés
par le courant en conservant leur mouvement spontané de rotation.
» Ces petits corps sont donc doués par eux-mêmes d’une force propre
à laquelle ils obéissent quand ils sont libres, mais qui réagit sur le liquide
dans lequel ils sont plongés quand ils sont fixés.
» Le mouvement de rotation dont je parle, est, comme je le dis, indé-
pendant de celui du liquide en circulation ; il est, en effet, souvent d’une
extrême rapidité en comparaison de celle du mouvement circulatoire, et
il s'exécute dans les points où la circulation est la moins active, où même
nulle. Il n’est pas rare, en outre, de voir deux granules placés l’un pres
de l’autre et doués d’un mouvement inverse; mais l’expérience suivante
vient démontrer ce fait d’une manière décisive.
» En exprimant sur une lame de verre le suc d’un tube de chara ,, et
soumettant cette goutte de liquide à l'inspection microscopique,, on la
trouve composée non-seulement du fluide et des particules blancs qui
étaient en circulation, mais d’une certaine quantité de granules verts que
la pression a détachés des parois du tube, La plupart de ces granules sont
peletonnés, et l’on n’y découvre aucun mouvement, non plus que dans
les granules isolés, librement répandus à la surface du verre; mais il n’en
est pas de même si l'on porte son attention sur les espèces de grosses
gouttes huileuses où albumineuses que forme toujours le fluide intérieur
du chara en s’épanchant. Il est rare que l’on ne trouve pas dans quelques-
unes de ces gouttes, dont la transparence est malheureusement troublée
par une foule de petites granulations, un ou plusieurs granulés verts
doués di même mouvement spontané de rotation que j'ai signalé dans
l'intérieur di tube lui-même ; ces granules étant là dans leur fluide pro-
pre, ont conservé toutes leurs propriétés, tandis que les autres sont
morts, sil mést permis de m'exprimer ainsi.
( 499 )
». Il est impossible de né pas rémarquer la frappante analogie que ces
faits établissent entré lés corpuscules rangés en séries régulières ét fixés
à la paroï interne dé toutes les cellules végétales où lon a obsérvé la
double circulation d'un fluide, et les organes vibratilés des animaux
sur lesquels lattention à été particulièrement portée, dépuis le beau tra-
vail de MM. Purkinje et Valentin. L’analogié est d’autant plus complete,
que les organes vibratiles des membranes muqueuses se séparent eux-
mêmes, ainsi-que je l'ai démontré ,. en particules où l’on voit le mouve-
ment persister souvent plus de 24 heures.
» On sent que j'ai dù m'empresser de rechercher s’il existait des cils
Vibratiles à la surface des gränules doués du mouvement spontané que je
vieus de décrire; mais jusqu'à présent tous mes efforts ont été vains, et
j'ai inutilement employé un grossissément dé 560 diamètres ét lé meilleur
éclairage; en variant l'expérience dé toutes les manières, il m'a été im-
possible de m’assurer positivement de l’existerice d’un appareil ciliaire :
J'ai bien cru voir une sorte d’auréolé brillinte autour des granules, miaïs
je ne puis rien affirmer de plus à cet égard. 7
» Je’ ne dois pas oublier de dire, en terminant, que tous les agents qui
arrêtent la circulation däns le chara, anéantissent également lé mouvement
de rotation dés granules: »
cuimiE. — Sur de nouvelles combinaisons du chlore, du brôme et de l'iode.
Lettre: de M. Mirror.
(Commission précédemment nommée.)
L'auteur, daris un mémoire présenté dansune dés séances précédentes,
avait annoncé, comme résultats! d'expériencès dont il ne donnait pas les
détails, l'existence de chloro-sels; de: bromo-sels et d’iodo-sels. « Lorsque je
fis cette communication, dit-il, J'ignorais que M. H. Rose s’était occupé
de recherches analogues. Ayant appris que les résultats de son travail
avaient été publiés dans le dernier numéro dés Annales de Poggendorf,
J'ai vu que l’action du chlore sur les sulfures métalliques a été en effet
étudiée par ce chimiste et que ses analyses concordent avec les miennes ;
d’ailleurs les considérations auxquelles il est arrivé diffèrent de celles
que j'ai cru pouvoir établir.
» Les combinaisons que M: H..Rose,a: obtenues,.ont.été envisagées par
lui comme des combinaisons du chlorure de soufre avec les chlorures de
zinc, de titane, d’arséenic et d’aritimoine ; mais ‘il repousse néanmoins l'i-
( 500 )
dée qu’eiles puissent étre des chloro-sels, parce que, dit-il, ces combi-
naisons du chlorure de soufre ont lieu toutes avec des chlorures métalli-
ques, dont les oxides correspondants sont en fonction d’acides. De sorte
qu'il admet simplement que les chlorures acides peuvent se combiner
entre eux, absolument comme se combinent les chlorures basiques, ainsi
qu'il résulte des travaux déjà anciens de Bonsdorff..... »
cnrRuRGre. — Substitution de la dextrine à l’'amidon comme substance con-
solidante pour les bandages inamovibles, dans le traitement des frac-
tures; par M. VELPEAU.
« La dextrine employée à cet usage doit, dit M. Velpeau, être délayée
dans son poids d’eau; on ajoute ensuite quantité égale d’eau-de-vie, puis
on trempe dans la solution les bandes déployées , que l’on roule ensuite
en ayant soin de ne les serrer que médiocrement, et on les applique ainsi
mouillées. L'alcool favorise la dessiccation du bandage et lui donne en
outre quelques propriétés résolutives. Au bout d’un temps qui varie de 6
à 24 heures, suivanÿ épaisseur des couches imbibées et la facilité qu'a l'air
de circuler autour des parties, le bandage a pris la consistance ligneuse. »
L'auteur demande que cette Note et celle qu'il avait précédemment
adressée sur l'emploi du bandage amidonné dans le traitement des frac-
tures des membres inférieurs, soient admises à concourir pour les prix
de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, fondation
Montyon.)
ÉCONOMIE RURALE. — {Vote sur les cotons cultivés en 1837, à la ferme
Rakhraya (Algérie) ; par M. AIMÉ.
(Commissaires, MM. de Mirbel, Silvestre.)
A cette note sont joints des échantillons de coton, provenant des parties
de la plantation dans lesquelles on avait semé la variété de l'espèce her-
bacée dite Georgie court. Les espèces arborescentes ne portant fruit que
la seconde année, on ne sait pas encore quelle sera la qualité de la ré-
colte, qui d’ailleurs s'annonce bonne.
ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur les pommes de terre gelées et sur les
moyens de les utiliser ; par M. GrRaRDIN.
(Commissaires, MM. Dumas, Dutrochet, Turpin.)
( or )
PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la proportion des sexes dans les naissances des
animaux vertébrés; par M. C.-F. BsLLINGERI.
(Commissaires, MM. Duméril, F. Cuvier, Flourens.)
CHIMIE APPLIQUÉE. — Du sulfate de chaux artificiel; de son emploi dans la
Jabrication du papier; de la préparation et de l'influence qu'elle exercera
sur la salubrité et l'industrie ; par M. BarirzraT.
(Adressé pour le Concours Montyon, arts insalubres.)
M. Tirewois, capitaine du Génie, adresse quelques détails sur les par-
hélies du 13 mars, qu'il a observées à Lafère. À la note est jointe une
figure dessinée par M. Pages, professeur à l'École d’Artillerie, qui montre
le phénomène à trois époques différentes, avec la distribution des cou-
leurs.
M. Frépéric Jacquemarr adresse aussi une figure du phénomene, tel
Û TS: x \ h .
qu’il l’a observé à Quessy, près Lafère, à 840" du matin.
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Extrait d’une lettre de M. Erman fils, à M. AraGo,
sur la température de la terre en Sibérie.
« J’ose me flatter que vous verrez avec quelque intérêt les passages de
mon journal historique qui ont trait à la climatologie de l'Asie septen-
trionale, et je me permets même à cet égard de diriger votre attention
sur les pages 242 et suivantes de ce livre.
» J'y ai résumé mes données sur le climat de la ville de Jakouzk. Le
fond d’un puits, que M. Schergin, négociant de cette ville, y avait fait
creuser alors jusqu’à 5o pieds anglais, dans l’espérance de trouver à la
fin des couches dégelées et capables de fournir de l’eau, se maintenait ,
toutes les fois que j'en faisais l'expérience, à la température de —6° de
l'éc helle de Réaumur. La température de la surface du:sol ne devait donc
pas surpasser ce degré, quoique l'endroit où je l’observais ne soit que par
62° 1° 29" de latitude. Ce résultat ne laissa pas de me paraître éminemment
paradoxal; mais je l’ai constaté depuis par le calcul des observations sur
la température de l'air, exécutées dans la même ville pendant plusieurs
( 502 )
années consécutives avec des thermomètres que j'ai soigneusement com-
parés aux miens. Voici quelques résultats de ces observations :
Température de l'air dans la ville de Jakouzk, durant l'année 1827 (1).
Moyenne des mois de: 6* du matin. 2h du soir. 9* du soir.
Janvier KA 0S 15 20 — 28°,8 — 27°,9 — 284
Février. restes — 34,0 — 30,4 — 32,8
Mars Etes — 21,9 — 13,5 — 17,7
Avwrileee eee — 10,6 — 0,7 — 6,6
Mai. + 1,7 + 6,8 + 2,5
Jun. . + 9,9 + 15,9 + 9,6
Mulletiarrn 3 + 14,4 + 21,2 + 13,2
Aout auch + 11,2 + 18,1 + 11,7
Septembre ........ + 3,0 + 8,0 + 3,8
Octobre... .....,.. — 9,2 — {4,8 — 8,3
Novembre........ — 20,2 — 18,3 — 19,9
Décembre......... — 33,3 — 31,9 — 32,9
» Vous conclurez de ces observations, tout comme je l'ai fait dans le
volume ci-joint , que La température moyenne à Jakouzk est parfaitement
d'accord avec la température des couches supérieures que j'y avais observée,
en portant mon thermomètre à 5o pieds anglais au-dessous de la surface.
Or, cela étant, il s’ensuivait nécessairement qu’en creusant plus avant on
n’atteindrait pas de couches dégelées, avant que l’accroissement de cha-
leur dû au rapprochement du centre du globe ne fût monté à 6° de
l'échelle de Réaumur. Les expériences que l’on a faites jusqu'ici dans les
puits d'exploitation en Europe, et celles que j'ai faites dans les mines de
l'Oural, portaient cet accroissement à 1° de Réaumur , pour 90 à 100 pieds
de France. Je n’attendais donc le dégel pour Jakouzk qu’à une profondeur
de 5oo à 600 pieds de France. (Relat. hist., tome If, page 251.)
» Les observations que M. Schergin a faites depuis mon départ de Ja-
kouzk, et pendant que l'on poussait le creusement jusqu'a 4oo pieds an-
(x) Toutes ces températures sont mesurées en degrés du thermomètre de Réaumur.
Elles se rapportent à un hiver tempéré, car, en 1828, le froid du mois de janvier était
beaucoup plus rigoureux. On à observé :
6% du mat. 2h du soir. gh soir.
Janvier 1828...... — 38,3, — 35,7, — 37,0.
Le mercure ne dégelait donc pas pendant trois mois de suite. Dans des années ordi-
paires, il n’est solide que pendant deux mois.
( 503 )
glais, confirment parfaitement ce que j'ai avancé sur la température
moyenne de l'air et du sol à cet endroit, car on y a trouvé depuis,
à 77 pieds anglais, température — 55 R.
119 — 0;
382 el 0,5;
mais elles indiquent en même temps pour les couches qui composent le
terrain de cette contrée, un accroissement de chaleur en raison de 1°R.,
environ par 60 pieds anglais, c’est-à- dire une augmentation beaucoup
plus rapide que celle que l’on observe ailleurs.
» On ne saurait, je crois, expliquer ce phénomène qu'en attribuant aux
terrains de l’4sie septentrionale, plus de faculté conductrice pour la cha-
leur, que n’en possèdent les parties du globe que nous habitons ; et ce ré-
sultat serait d'autant plus frappant, qu'il vient en quelque sorte à l'appui
d’une autre conséquence du même genre. En effet, les variations exces-
sives de température que l’on ‘observe à Jakouzk et dans d’autres endroits
de la Sibérie orientale, pendant le cours d’une année solaire, nous por-
tent à admettre que la surface de la terre y est douée d’un pouvoir de
rayonnement et d'absorption thermique, de beaucoup supérieure à celui
de l'Europe. »
PHYSIQUE DU GLOBE, — Sur un puits foré à Saint-André (département de
l'Eure), à 263 mètres de profondeur, et sur la température constatée à >53
mètres ; par M. WALFERDIN.
« La commune de Saint-André (département de l'Eure) est presque
entièrement privée d’eau ; quelques mares qui se forment dans l'argile
plastique, à la surface du sol, et qui se dessèchent pendant l'été, et un
seul puits ordinaire de 75 mètres de profondeur, ne suffisent point à ses
besoins journaliers. Aussi a-t-elle été, dans ces derniers temps , une des
premières à faire l'essai d’un forage artésien. Un trou de sonde a été
pratiqué par les soins persévérants de M. Mulot à 263 mètres de pro-
fondeur.
» On a traversé,
dans l'argile plastique. . . . 13,52
dans la eraïe blanche. . : !, ‘10 ,46
dans la craie marneuse. . . 29 ,24
dans la glauconie:, |, , : 13,64
et dans les sables verts. . . 84 ,36
263,02
CR. 1818, 16r Semestre. (T. VI, No 46.) 69
( 504 )
» Mais, alors, les sables sont devenus mouvants, et la partie inférieure
des tubes fréquemment dégorgée, s’est remplie elle-même de sables sur
une hauteur de plusieurs mètres.
» À une telle profondeur, l’ascension des sables est souvent l'indice de
la présence, à peu de distance du point où l’on est parvenu, des nappes
d’eau qui tendent à remonter; et il est vivement à regretter que les tra-
vaux aient été alors suspendus. Comme on vient de le voir, la craie avait
été entièrement traversée, et la question de la présence des eaux jaillis-
santes dans les sables et argiles inférieurs à la craie, que tant de circons-
tances diverses peuvent rendre incertaine, question si importante pour la
théorie des puits artésiens en général, et surtout pour le forage de Gre-
nelle, aujourd’hui poussé à plus de 400 mètres , était vraisemblablement
sur le point d’être résolue dans celui de Saint-André au moment où les tra-
vaux ont cessé.
» Avant qu'ils ne fussent arrêtés, j'ai pu déterminer, avec tout le soin
possible, la température à 253 mètres (778 pieds) sur 263 mètres de profon-
deur, la cuillère dans laquelle les instruments ont été placés et une couche
compacte de sables remplissant un espace de 10 mètres environ.
» J'ai fait descendre, le 18 juin dernier, deux de mes thermomeètres à dé-
versoir, enfermés chacun dans un tube de cristal soudé à la lampe à ses
deux extrémités, où ils sont complétement à l'abri de la pression qui
changerait notablement les résultats à cette profondeur. Après dix heures
d'immersion , l’un d'eux a marqué 17°,96 c., et l’autre 17°,03 c.
» Ainsi, en admettant que la température est constante à la profondeur
à laquelle l'expérience a été faite, on peut conclure de ces deux nota-
tions une température de 17°,65.
» Mais, pour en déduire l’accroissement proportionnel de la température
en raison de la profondeur, les données auxquelles on a le plus souvent re-
cours ont manqué : la température moyenne du plateau de Saint-André n’est
pas connue, et l’on ne trouve même dans un rayon de une à deux lieues,
aucune source qui en puisse donner une indication approximative; mais j'ai
pris pour point de départ la température du seul puits qui existe dans la
commune, et j'ai trouvé, à la profondeur de 75 mètres (230 pieds), la
température du puits Saint-André, situé à 13 mètres de distance du puits
Mulot, de 12°,2 c.
» Ainsi, 17,99 — 12°,2 — 5°,7d d'augmentation pour 178 mètres ou
30 mètres 95 par degré centigrade.
» J'avais fait descendre en même temps dans le trou de sonde deux ther-
( 505 )
mométrographes enfermés chacun dans un tube en cuivre destiné à les
garantir de la pression; et quoique les indications qu’ils ont données ne
soient pas susceptibles d’être admises, il me paraît utile d’en signaler le
résultat aux personnes qui se livrent à ce genre d'observations.
» L'un des thermométrographes a indiqué 19,2 c., et l’autre 15°,8c.
» Ainsi, le thermométrographe n° 1 a indiqué une différence en plus sur
Ja température constatée par mes deux thermomètres à déversoir de
1°,25, et le n° 2 une différence en moins de 2°,15.
» Voici comment s'expliquent ces différences : quoique le tube qui con-
tenait le thermométrographe n° r ait été fermé avec soin, une certaine
quantité d’eau y avait pénétré, et l’on conçoit que la pression exercée sur
la cuvette de l'instrument ait fait monter la colonne de mercure qui pousse
Tindex, de re, 25 en plus. Le tube qui contenait le thermométrographe
n° 2 n'avait point pris eau. L'instrument était par conséquent resté à
l'abri de la pression, mais son index mobile s'était déplacé par suite des
secousses que l'instrument reçoit nécessairement pendant qu’on le ramène
à la surface du sol, et ces secousses l'ont fait descendre de 2°,15.
» Ainsi, et pour deux causes différentes, chaque thermométrographe
a donné une indication fausse l’une en plus et l’autre en moins. Je cite cet
exemple pour faire voir avec quelle circonspection doivent être admises,
pour en déduire la loi d’accroissement des températures souterraines,
les observations obtenues à de grandes profondeurs, au moyen d’instru-
ments à index, surtout lorsque ces observations n’ont pas été faites avec
plusieurs instruments à la fois, et lorsqu'ils n’ont pas été complétement
garantis des effets de pression.
Résultat de diverses observations faites à de grandes profondeurs dans le bassin
de Paris.
» Dans l'expérience à laquelle M. Arago a bien voulu me faire con-
courir pour la détermination de la température du puits de Grenelle, à
4oo mètres de profondeur, on a trouvé 239,5 c.
» Si, au lieu de déduire, comme on le fait ordinairement, de cette in-
dication la température moyenne de la surface du sol, on recherche,
comme l'a proposé M. Arago, à une certaine profondeur, un point de
température constante, et si l'on prend, par exemple, à Paris, pour point
de départ la température constante (119,7) des caves de l'Observatoire, à
69.,
( 506 )
la profondeur de 28 mètres, on a pour un degré centigrade. ... 31",5(1).
» Dans la seconde expérience que j'ai répétée plus tard, dans le même
forage, j'ai trouvé, à la mêmé profondeur, 23°,75 c. ou, en partant de Ja
température constante et de la profondeur des caves de l'Observatoire, par
chaque degré 2e QUES Rp e0IS 08 TN (2)
» J'avais précédemment constaté à la profondeur de nt mètres dans le
puits foré de l'École Militaire, distant du puits de Grenelle de 600 mètres
environ, et pratiqué comme Jui dans la craie, une température de
16°,4 ©. (3).
» En déduisant de cette notation la température constante et la profon-
deur des caves de l'Observatoire, on a pour un degré..... 30,85.
» Enfin, on vient de voir que la température du puits foré à Saint-André
était, à 253 mètres, de 17°,95 c. qui, déduction faite de celle que j'ai
constatée à 75 mèt, de profondeur, donne pour un degré centig.. 30",95.
» Aïnsi , il résulte d'observations diverses faites de 173 à 400 mètres
de profondeur que la proportion d’après laquelle la température croît
avec la profondeur dans le terrain de craie , paraît être régulière dans le
bassin de Paris.
» Il serait important de constater maintenant par des expériences faites
avec précision, si, dans la partie moyenne, et dans la partie inférieure
des terrains secondaires, la température croît avec la profondeur dans
la même progression, et c’est sur ce point que je me propose de diriger
mes recherches. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mesure de la température du fond d'un puits artésien
a Rouen; par MM. GIRARDIN et PERSON.
« L'expérience à été faité le 13 mars 1838, dans un puits artésien
creusé à l’abattoir de Rouen, faubourg Saint-Sever, dans un terrain qui
est de niveau avec les eaux moyennes de la Seine, et par conséquent
d'environ 16 mètres plus bas que le zéro du pont de la Tournelle, à Paris.
A la profondeur dé 183 mètres (564 pieds) où l’on était alors parvenu, on
a trouvé une température de + 17,6 (thermomètre centigrade). Voici
quelques détails sur l'opération :
» On s’est servi d'un thermométrographe de Bunten qu'on avait com-
(1) Compte rendu des séances de l'Académie des Séiences, 1°! semestre 1837, p. 783.
(2) Idem, idem, idem , ps 977.
(3) Idem, idem , 1°" sèmestre 1836, p. 514
(507 )
paré entre + 15° et + 20°, avec un thermomètre de Collardeau, afin de
bien déterminer la partie de l'index qui donnait la température. On avait
aussi vérifié le thermomètre de Collardeau dont on avait trouvé le zéro
remonté de 0°,3.
» Le thermométrographe était dans son étui de verre qu’on avait lesté
pour prévenir l'introduction de l'air. On avait mis l’étui dans un de ces
tuyaux de fer qui servent à ramener le résidu de la trituration. Quelques
anneaux de liége l’'empêchaient de toucher la paroi; il était en outre fixé
par un fil de fer qui l’entourait de plusieurs spires, s’attachant d’une part
à l'extrémité supérieure du tuyau et dé l’autre à un bois vissé à l’extré-
mité inférieure. Le fil de fer empêchait l’étui de balloter et donnait le
moyen dé le retirer. Le rétrécissement de l’orifice du tuyau n’avait pas
permis d’ajuster les anneaux de liége à frottement, ce qui d’ailleurs eût
pu rendre l'extraction de l’étui difficile, à cause du gonflement produit par
l'eau qui pénétrait librement par des trous à la partie supérieure du tuyau.
» La descente s’est faite le lundi 12 mars, à u eure de l'après-midi ;
elle a duré une demi-heure , à cause de l’ajuste des tiges de la sonde.
Il n’y a pas eu le moindre choc. On n'avait pas travaillé la veille; le matin
on avait seulement remonté la sonde. Sous la tente, en revenant de la des-
cente, la température était de +- 10°,4.
» Le lendemain mardi, à six heures du matin, on a retiré la sonde, de
sorte que le thermomètre est resté plus de seize heures au fond du puits,
L’ascension , qui a duré trois heures et demie, n’a présenté aucun accident.
On a eu occasion de remarquer la forte aimantation des barres. Il fallait
un effort très notable pour en détacher une tige de fer. Mais cette aiman-
tation ne pouvait avoir aucune influence sur la marche de l'index, dont le
déplacement d'ailleurs était tellement difficile, même avec l’aimant an-
nexé à l'instrument, qu'il fallait à la fois un choc et l’action de cet aimant
pour l'obtenir.
» Le thermomètre fut retiré en bon état; seulement l’eau avait pénétré
dans son étui, de sorte que l’instrument avait subi une pression d’environ
dix-huit atmosphères. Le puits était plein d’eau jusqu’à 4 mètres de l’ori-
fice. » Cette pression, à laquelle l'instrument était soumis , devenait une
cause d'erreur dont MM. Girardin et Person ont dû tenir compte. Nous ne
donnerons pas ici leur méthode de réduction qui, jt être bien appré-
ciée, aurait peut-être besoin de plus de détails qu’on n’en trouve dans
leur note. Il nous suffira de dire que le chiffre qu'ils indiquent pour la
température est le nombre corrigé.
( 508 )
Note additionnelle sur deux formules propres à donner le volume de la
vapeur SATURÉE, en fonction de la pression seulement; par M. or
Pamsour.
« Les formules que j'ai dernièrement communiquées à l’Académie pour
calculer la densité de la vapeur saturée, en fonction de sa pression seule-
ment, sans recourir aux températures, ayant donné lieu à une note consi-
gnée dans le Compte rendu de l’avant-dernière séance, je crois utile d'a-
jouter quelques mots à ma première communication.
» Il résulte de la note dont il s’agit, qu’outre les formules de divers au-
teurs, que j'ai citées comme servant à calculer la pression de la vapeur
saturée, quand on connaît sa température ; une autre expression, non
point partielle comme les précédentes, mais générale, c’est-à-dire conve-
nant à tous les points de l'échelle des températures indistinctement, a été
communiquée à l’Académie par M. Biot, dans la séance du 5 septembre 1836,
et imprimée depuis dans les additions à la Connaissance des tems de 1839.
Cette formule tres si effectivement, doit être éminemment utile dans
un grand nombre de recherches , telles que celles dont s’est occupé l'il-
lustre physicien qui l’a proposée, comme dans le calcul des réfractions
astronomiques. Elle peut de même être employée avec succès pour résou-
dre beaucoup de questions qui se présentent dans l'emploi de la vapeur
comme force motrice, et pour construire une table des tensions de la va-
peur, d’après la connaissance des températures. Elle possède alors l’avan-
tage de substituer une relation unique, à la succession de trois relations
partielles; et, sous ce rapport, elle ferait également disparaître l'une des
difficultés que j'ai rencontrées dans l'emploi des formules successives :
savoir, l'incertitude qui naît sur le choix à faire entre elles, quand les li-
mites de la détente ou de l’action de la vapeur ne sont pas définies. Mais,
malheureusement, elle n’offre pas la même facilité pour calculer les tem-
pératures, lorsque ce sont les pressions qui sont connues, et sa forme
logp=a—aatt— aa,0#,
où la température £ entre en exponentielle, tandis qu'elle doit être élimi-
née avec l'équation des volumes
1 + 0.00364 t
P »
la rend impropre à remplir l'objet que je m'étais proposé dans ma dernière
note. C'est pourquoi , les formules approximatives que j'ai indiquées, pour
v= 1287
( 509 )
calculer le volume de la vapeur saturée, en fonction de sa pression seule-
ment, me paraissent toujours les plus propres à résoudre cette question,
avec la simplicité convenable aux applications pratiques.
» L'objet de la note de M. Biot n’était que de rappeler une formule,
déjà publiée par lui, et qui cependant paraissait n'être pas assez généra-
lement connue, et non d'indiquer qu’elle pût être employée dans le cas
qui nous occupe. Mais comme on aurait pu croire que cette formule
rendait les miennes inutiles, j’ai cru devoir transmettre ces courtes obser-
vations. »
Remarques de M. Bior sur la note de M. Pampour.
« On pourrait, je crois, atteindre, dans beaucoup de cas, le but que
M. Pambour indique, et offrir en même temps des éléments utiles aux
physiciens et aux ingénieurs, si l’on commençait par calculer numérique-
ment, sur la formule générale, les tensions exactes de la vapeur, de degré
en degré centésimal, dans tout l'intervalle qu'elle embrasse. Alors, par la
seule inspection d’une pareille table, on connaïtrait immédiatement la
température qui répond à une pression donnée, ou réciproquement ; de
même que, dans l'usage des tables logarithmiques, on trouve, avec une
égale facilité, les nombres par les logarithmes ou les logarithmes par les
nombres. Cette réciprocité suffirait aussi pour calculer soit le volume de
la vapeur, soit toute autre de ses modifications, pour une pression ou une
température données. Enfin, si quelque recherche spéciale exigeait qu’on
laissät à l’un de ces deux éléments une certaine latitude d’indétermination
analytique comprise entre des limites peu étendues, on formerait son ex-
pression parabolique d’après la table même , en prenant pour données les
valeurs des deux éléments, correspondantes à ces limites et au terme in-
termédiaire ; car leur continuité permet toujours de lier ainsi des termes
peu distants. Cette forme, très simple et très sûre, d'interpolation, me
semblerait préférable dans de telles circonstances à l'emploi des formules
partielles où l’un des éléments est affecté de radicaux , et les résultats ainsi
obtenus, pourraient être rendus indéfiniment exacts par des approxima-
tions ultérieures de même nature, si cela avait jamais quelque utilité.
» Le calcul numérique de la table, et l'application de ses résultats aux
indications du thermomètre à mercure, peuvent être facilités Par quelques
dispositions et quelques données que j'ai depuis long-temps préparées,
mais que je n’ai pas en ce moment à Paris. Je les insérerai dans un des
prochains numéros du Compte rendu. »
(5ro)
ÉCONOMIE RURALE. — Sur les climats convenables a la culture du the.
— Lettre de M. SranisLas JULIEN.
« Il y a déjà long-temps que des agronomes distingués me pressent de
publier, d'apres les auteurs chinois, un Traité étendu sur la culture du
thé et ses diverses préparations. Ils paraissent croire qu’un tel ouvrage ne
serait pas moins utile que le Résumé des Traités chinois sur la culture des
müriers et l'éducation des vers à soie, que j'ai traduit et imprimé l'an
passé par ordre du Gouvernement.
» Mais, jusqu’à présent, nos agriculteurs n’ont guère cultivé le thé qu’en
serre chaude; et beaucoup de personnes qui ignorent ce qui se pratique
en Chine, dans des pays plus froids que le nôtre, osent à peine espérer
que le thé puisse réussir même dans le midi de la France.
» Je crois intéresser l’Académie des Sciences, en lui communiquant, à
cette occasion, une lettre de M. l'abbé Voisin (l’un des directeurs actuels
des Missions étrangères), qui a résidé pendant douze ans en Chine, dans
la partie de la province du Ssé-Tchuen qui touche au Thibet. Dans cette
contrée, toutes les espèces de thé se cultivent avec succès en plaine
comme sur les montagnes, quoique le froid y soit d'ordinaire beaucoup
plus intense que dans nos hivers les plus rigoureux, et que (suivant
M. Voisin ) les neiges ne fondent jamais avant la fin d'avril.
» Prochainement, le Gouvernement recevra des graines des principales
espèces de thés, par les soins de M. Louis Hébert (élève de M. Camille
Beauvais), que M. le Ministre du Commerce a envoyé en Chine, pour pro-
curer à la France les meilleures espèces de vers à soie et de müriers.
» Si le thé peut réussir dans quelques parties de la France, notre pays
pourra s'enrichir d’une industrie nouvelle dont les avantages sont incalcu-
lables. Il existe une Monographie du thé renfermant vingt-quatre traités
chinois qui ont été composés depuis le vi siècle jusqu’à nos jours. On
pourrait y puiser tous les renseignements nécessaires pour la culture de
cette plante et ses différentes préparations.
» Mais avant d'entreprendre cette traduction longue et difficile, j'ai be-
soin d'attendre que la culture ait été éssayée en pleine terre, sur divers
points de la France, et que d'heureux résultats aient pleinement confirmé
les espérances que peut faire naître la lettre de M. l'abbé Voisin. »
(br1)
Lettre de M. l'abbé Vorsix à M. Stanislas Julien.
« Vous m'avez demandé si l’arbre à thé croît dans les régions froides
de la Chine, et si, par conséquent, il pourrait s’acclimater en France. Je
vais répondre à votre première question en vous racontant ce que j'ai vu
moi-même; je laisse à d’autres le soin de résoudre la seconde.
» Dans l’année 1833, je fis un voyage à Mou-p'in, petite principauté
située dans le pays des Si-fan( c’est-à-dire dans le Thibet), à l’ouest de la
province du Ssé-Tchouen, par la latitude de Tchhing-tou, qui en est la ca-
pitale. (Cette ville est à 30° 40° de latitude, et à 12° 18’ de longitude, en
comptant d’après le méridien de Péking.) Sur les montagnes que j'eus à
traverser pour me rendre à Mou-p'in, je fus tout étonné de trouver de
beaux arbres à thé noir. Nous étions alors dans les premiers jours de mai
et l’on ne faisait que commencer à semer le mais.
» À mon point de départ de Tsong-Khin-Tchéou (même datitude ),
dans la plaine, ville située à neuf lieues de Tchhin-tou (capitale de la
province), l’on faisait la récolte de l'orge, du froment, etc., et sur ces
hautes montagnes couvertes d’arbres à thé, la neige n'avait pas encore dis-
ptru partout. Dans la nuit du 4 au 5 maï, elle tombait encore en abon-
dance.
» Je puis attester que, sur ces hautes montagnes, le froid «est beau-
coup plus intense qu’à Paris, même: dans les hivers les plus rigoureux.
J'ajouterai ce qui arriva à l'un de nos confrères qui, incommodé par les
chaleurs de la plaine, fut envoyé à Mou-p'in pour achever de,se-perfec-
tionner dans la langue chinoise. Pendant le peu.de temps qu’il.y passa, la
rigueur du froid Jui fit perdre deux fois connaissance :en disant la messe ;
de sorte qu’il fut obligé de quitter ce pays de fraîcheur après lequel il avait
tant soupiré pour chercher un climat un peu plus doux.
» L'hiver de 1832 à 1833 fut tellement rigoureux, même dans la plaine
où je me trouvais, que l’eau desrizières et des étangs fut gelée à trois ou
quatre pouces d'épaisseur. (Je suis obligé de m’exprimer ainsi, parce que
je n’avais pas dethermomètre à ma disposition. )
» Dans le district de Khiong- Tchéou (à quinze ou seize lieues-de Ja ca-
pitale mentionnée plus haut}, où l’on recueille des thés de toutes les qua-
lités, le froid, fut.encore plus intense que dans le pays où je me trouvais
à cette époque. Cependant, malgré la rigueur de la,saison, les habitants
de cette contrée, n’ont. jamais manifesté, la plus légère inquiétude au Sujet
de leurs arbres à thé.
C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, N° 46.) 70
(5151)
» J'ai traversé, du sud au nord-ouest, toute la province du Fo-Kïien
( du 25° au 27° degré de latitude), ainsi que la province du Tché-Kiang
(du 27° au 30° degré de latitude), qui fournissent une immense quantité
d'excellents thés. Ces provinces, toutes montueuses, sont si froides en hiver
que, même dans les parties les plus méridionales, on trouve souvent sur
les routes des hommes morts de froid. »
nyprOGRAPHIE. — Vote sur l'existence probable d'un volcan sous-marin
situé par environ 0°20' de latitude sud, et 22° de longitude ouest ;
par M. P. Daussy.
« Dans sa séance du 5 mars dernier, l'Académie a recu de M. Ségur-
Dupeyron, l'extrait de plusieurs documents relatifs à une éruption sous-
marine qui a eu lieu en 1720, dans l'archipel des Açores. Déjà de semblables
extraits se trouvent dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1722.
J’avais donné moi-même, en 1830, dans les Annales maritimes, à la suite
d’une traduction du routier des Açores de Tofiño, par M. Urvoy de Portz-
ampare, une notice contenant toutes les pièces que nous possédons au Dépôt
de la Marine, relativement à cet événement, ainsi que les vues de l’île nou-
velle qui avait apparu à la suite de cette éruption : j'ai l'honneur d’offrir ici à
l’Académie un exemplaire de cette traduction et de la notice qui donne, pour
ainsi dire, l’histoire de ce volcan. J'avais été porté à faire ces recherches
parce que Tofiño, dans ce routier, regarde le fait de cette éruption sous-
marine comme une fable, et attribue à un des volcans des îles les pierres
ponces qui, dit-il, surnageant à la surface de la mer, avaient donné lieu
à l'opinion qu'une nouvelle île avait apparu dans ces parages.
» Aujourd’hui on n’élève plus aucun doute sur l'exactitude de ce fait, et
d'autres semblables sont venus récemment lever toute incertitude à cet
égard.
» Mais l'attention continuelle que je suis obligé de porter à tout ce
qui peut intéresser la navigation, et les recherches que j'ai dû faire sur les
vigies qui se trouvent indiquées en si grand nombre dans l'Océan atlan-
tique, m'ont porté à faire une remarque qui peut, je pense, avoir quelque
intérêt relativement à la physique du globe, et que j'ai l'honneur de sou-
mettre au jugement de l’Académie.
» On sait qu’on appelle vigies, des rochers où des bancs de sable à peu
de distance de la surface de la mer, soit au-dessus, soit au-dessous, et
dont l'isolement rendrait la rencontre funeste aux bâtiments qui vien-
draient à les trouver sur leur route sans que rien les en eût avertis. Lés
{ 513 )
cartes sont couvertes de ces indications, car il est bien difficile de ne pas
signaler aux marins des dangers qui les intéressent à un si haut degré, lors-
qu'ils sont annoncés par des hommes dont rien ne peut faire suspecter la
bonne foi. Cependant le nombre des vigies dont l'existence a été constatée
est bien petit; ‘on ne peut:guère compter comme étant dans cette caté-
gorie, dans l’Océan atlantique , que les rochers de Penedo de San Pédro,
auprés de la ligne, et le rocher Rockol, situé à environ 72 lieues au large
des îles Hébrides.
» Il ÿ a done lieu de croire que presque toutes celles qui sont marquées
sur les cartes ne doivent leur existence qu'à des illusions qui auront fait
prendre pour des rochers ou des bancs; des corps flottants tels que des
bâtiments naufragés, des baleines mortes où des glaces. Il serait même
certainement utile de les faire disparaître de dessus les cartes, comme en-
travant la navigation; mais cela ne pourrait avoir lieu qu'après avoir fait
de chacune d’elles une recherche spéciale , comme on l'a déjà fait pour
plusieurs.
» Cependant, si l’on doit reconnaître qu’un grand nombre de vigies
n'ont d'autre origine que des illusions et que beaucoup de bâtiments ont
passé sur les mêmes positions sans rien apercevoir, on ne peut pas:en
conclure d’une manière absolue, de ce qu'on ne retrouve plus un danger
signalé, qu'il n'a jamais existé : car on a plusieurs exemples de soulève-
ments qui ont fait apparaître à la surface des eaux, des iles dont lexis-
tence n'a été que momentanée et qui ont disparu ensuite : telles sont,
‘île Julia, dans la Méditerranée, et celles qui surgirent dans les Acores en
1720 et en 1811.
» L'examen attentif de toutes les indications fournies par les navigateurs
m'a porté à croire qu’un semblable phénomène aurait bien pu se pro-
duire à quelques milles au sud de l'équateur et vers les vingtième ou
vingt-deuxième degré de longitude occidentale; ou du moins, que les se-
cousses éprouvées par différents bâtiments dans ces parages pourraient
indiquer l'existence en cet endroit d’un volcan ébranlant de temps en temps
le sol qui le contient.
» On sait que, quand des tremblements de terre se font ressentir en
mer, ils produisent sur les bâtiments un effet semblable à un choc contre
des rochers ou contre le fond. Ainsi, dans celui qui eut lieu en 1835 sur
la côte du Chili, et qui s’est étendu sur un espace de plus de 15° du nord au
sud et de 10° de l'est à l’ouest, des bâtiments sous voiles ou à l'ancre
ressentirent des secousses comme s'ils avaient passé en touchant sur des
70.
(514)
rochers (1). Celui qui a eu lieu le 9 février dernier à Odessa, présenta la
même circonstance (2). Il est donc probable que lorsqu'un bâtiment
éprouve une secousse semblable dans un endroit où la profondeur ne per-
met pas de croire qu'il ait touché, cela peut être attribué à l'effet d’une ac-
tion de ce genre ; or voici les différentes remarques qui ont été faites aux
environs du point signalé plus haut, et qui se trouve presque à moitié de
distance entre la côte occidentale d'Afrique et la côte orientale de l'Amé-
rique du sud dans les points où elles sont le plus rapprochées l’une de
l’autre, c’est-à-dire entre le cap des Palmes et le cap Saint-Roque.
» Le 17 octobre 1747, le vaisseau le Prince, capitaine Bobriant, en al-
lant aux Indes, ressentit une ou deux secousses, comme sil eùt touché
sur un haut fond : il était alors par 1° 35” de latitude sud, et 20° 10° de
longitude ouest.
» Le 5 février 17954, on ressentit sur le vaisseau a Silhouette, com-
mandé par M. Pintaul , une secousse ou tremblement extraordinaire comme
si le vaisseau avait touché sur un haut fond : il était alors à heures après
midi; et, suivant la latitude qu’on avait observée le même jour, ce danger
serait 20’ au sud de la ligne, et par 23° 10’ de longitude occidentale.
» Le 13 avril 1758, la frégate la Fidele, capitaine Lehoux, étant aussi
par 0° 20° de latitude sud et 23° 20° de longitude, ressentit de semblables
secousses.
» Le 3 maï 1761, le capitaine Bouvet, du navire le Vaillant ; vit une
ile de sable par o° 23’ sud et 21° 30! ouest.
» Le 3 octobre 1771, la frégate le Pacifique, capitaine Bonfils ; dans le
trajet de la Côte-d'Or à Saint-Domingue , ressentit, à 8 heures du soir, une
secousse: ou tremblement extraordinaire et pareil à celui qu'éprouve un
vaisseau en échouant, ou, pour mieux dire, à celui que l’on ressent dans
un vaisseau qu'on met à l’eau. On fit sur-le-champ carguer les voiles et
sonder sans rencontrer le fond. On était alors par 42” de latitude sud, et
on s’estimait par 22° 47 à l’ouest du méridien de Paris; la mer était très
agitée.
» Le 19 mai 1806, M. de Krusenstern, étant alors par 2°43° de latitude
sud et 22° 5" de longitude ouest, aperçut à 12 ou 15 milles dans le nord-
nord-ouest, une colonne de fumée qui, à deux reprises différentes, s'éleva
très häut ; il pensa, ainsi que le docteur Horner, que ce pouvait. bien. être
l'effet d'une éruption volcanique.
(1) Journal de la Société royale de Géographie de Londres, t. VI, p. 320.
(2) Journal des Débats du 27 février 1838.
(515)
.» Le 18 décembre:1816 , ile capitaine Proudfoot, du navire Le Triton,
passa sur un écueil situé par 0° 23° sud et 20° 6” ouest. Ce danger paraissait
avoir, environ:3 milles! d’étendue; de; l’est à l’ouest, et un: .mille, du nord
auwsud:-0n trouva dessus 26 brasses d’eau; fond. de#sable, brun; aucun
brisant n’était visible autour.
» Le 12 avril, 1831, le navire l’Aiglei capitaine J. Taylor, étant par
0° 22/ de latitude sud et 23° 27! de longitude ouest, ressentit à midi, par un
beau tempset:la mer étant calme;:une-sécousse} exactement comme si le
bâtiment,eût glissé sur un rocher : le gouvernail fut fortement agité et
l’on entendit un bruit sourd-sous l’eau,
» En novembre 1832, le navire la Seine, capitaine Le Marié, se trou-
vant par 0°22' sud et 21° 15” ouest, et filant 4 à 5 nœuds, éprouva à
11 heures du’soir une secousse tellement forte ,:qu'oncrut avoir touché
sur un banc: S-Je9"
» Le o févrièr 1835, la barque la Couronne, de Liverpool, après avoir
traversé l'équateur, ‘en filant 6 nœuds avec uné joliéfbrisé d'est-sud-est,
toucha à 10 heures ? et racla le fond avec sa quille comme s elle eût passé
sur un récif de corail. Aussitôt qu’on fut dégagé, un eanet fut mis à la
mer et l’on sonda, sans trouver le fond, par 135 brasses; la position du lieu
était : latitude, o° 57/ sud; longitude par des chronomètres et des distances
lunaires, 25° 39° ouest.
» Le journal du capitaine Jaÿer, commandant le Philantrope de Bor-
deaux, m’a fourni encore les notes suivantes :
« Le 28 janvier 1836, à 9 heures du soir, étant par 0°/40' sud et 22° 30
» de longitude ouest, nous avons ressenti un tremblement de terre qui a
fait trembler le navire pendant trois minutes, comme sil raclait sur un
banc, au point que je crus le navire échoué. »
ÿ
3
» Et plus loin :
« Du 13 au 16 mars, beau temps, en vue d’un navire américain, le Saint-
» Paul de Salem , allant à Manille : ce navire, que nous avions vu sous la
» ligne, a éprouvé le même tremblement que nous avons! ressenti, à la
» même heure, étant à 10 milles dans l’ouest de nous.»
» Enfin, j'ai trouvé dans le numéro de novembre 1836, du journal de
la Société asiatique du Bengale, l'extrait suivant des procès-verbaux de la
Société de Calcutta : )
« M:T:-L: Huntley présente des cendres: volcaniques recueillies en mer
» par le capitaine Fergusson, du navire Herry-Tanner.
( 516 )
» Ces cendres étaient noires et avaient la consistance de cendres de
» charbon de terre ou de ponce.
» Le point où elles furent recueillies est par o°35” sud et 15° 50’ ouest
» de Greenwich (18° 10° de Paris); la mer était dans une violente agi-
» tation.
» Dans un précédent voyage fait par le même commandant, et presque
» à la même place (latitude 1°35/ sud et 20° 45' ouest de Greenwich), (23° 5°
» de Paris), on eut à bord'une alarme très vive en entendant un très grand
» bruit. Le capitaine et les officiers croyaient que le bâtiment avait touché
» en raguant sur un rocher de corail, cependant on n’eut pas le fond
» avec la sonde. »
» Il me semble qu'on peut conclure de tous, ces faits, dont plusieurs
se rapportent à très peu près à la même position, qu'il existe dans ces
parages, c’est-à-dire vers 0° 20/ de latitude sud et 22° de longitude ouest,
un foyer volcanique qui quelquefois lance au-dessus de la mer des cen-
dres et de la fumé, et qui souvent produit des) mouvements semblables
à ceux occasionés par les tremblements de terre. »
cmiruRGIE. — Recherches sur les noyaux de diverses natures qui servent de
bases aux calculs urineux. — Extrait d’une lettre de M. CrviALe. |
Un tableau annexé à cette lettre contient 166 faits, d’où il résulte
que le noyau des pierres, a été formé dans 32 cas par des aiguilles ou des
épingles, dans 21 par des bougies ou des sondes, dans 14 par des morceaux
de bois, dans 13 par des balles, dans 23 par des fragments d'os, des tiges
de plantes, ou des tuyaux de pipe; dans 14 par des épis de blé ou des
poils, dans 4 par des bourdonnets de charpie, quelquefois par des corps
plus bizarres encore , des anneaux, des clous, des dents, des grains de blé,
des haricots, des pois, des grains de raisin, des noyaux de prune, un
caillou, un poinçon, un rat de cave, un étui plein d’aiguilles, un bout de
tube de baromètre, des plumes, un cordon de soulier, un sifflet d'ivoire,
méme une pomme d'api.
» Sous le point de vue thérapeutique, dit M. Civiale, la présence de ces
corps étrangers dans la vessie présente beaucoup d'intérêt. Dans 12 cas
seulement sur les 166 dont le tableau fait mention, ces corps sont sortis
d'eux-mêmes soit par l’urètre, soit par une voie artificielle. Cette particu-
larité frappe d’autant plus, qu’étant la plupart du temps peu volumineux,
on pourrait croire la vessie d'autant plus apte à s’en débarrasser que Pu-
rètre venait de leur livrer passage.
CS17)
»Dans 64 cas il a fallu recourir à la taille, dont les difficultés ont pres-
que toujours été en raison inverse du volume et surtout de la densité de
lincrustation calculeuse.
» On ne compte que 26 cas dans lesquels ces corps aient été extraits
par l’urètre et sans recourir à l’instrument tranchant. La plupart de ces
faits sont nouveaux, et ces résultats sont dus à emploi de la lithotritie.
Sous ce rapport aussi, la nouvelle méthode à introduit d'importants chan-
gements dans la pratique. Déjà j'ai fait connaître six cas dans lesquels j'ai
pratiqué heureusement cétte opération; je puis aujourd’hui en ajouter
deux autres.
» Le premier à rapport à une bougie‘de cire qui avait été introduite
dans l'urètre d’un homme pour combattre un écoulement blennorrha-
gique, et qui, pendant le sommeil du malade, s’enfonca en entier dans la
vessie. l
» Au bout de deux mois et demi, cé malade fut admis dans le service
des calculeux, présentant tous les symptômes de la pierre vésicale.
» A la première tentative que je fis pour extraire la bougie qui s’était re-
couverte, pendant son séjour dans la vessie, d’une incrustation peu con-
sistante, je parvins bien à la saisir avec le litholabe; mais son volume ne lui
permit pas de traverser l’urètre. Le résultat fut le même une seconde fois.
Je pris alors le parti d’écraser cette bougie, de la pétrir avec un instru-
ment plus gros et plus fort que celui dont je m'étais servi d’abord. A Ja
suite d’une troisième séance, le malade rendit quelques parcelles d’incrus-
tation calcaire, de cire et même de linge. L'opération suivante eut un effet
analogue. Les douléurs qui s'étaient calmées d’abord augmentèrent, et
l'extraction devint urgente; j'y procédai le 5 septembre 1837, etelle eut
un plein succès. J'avais saisi la bougie par l'une de ses extrémités, avec
une petite pince à crochets courts. Elle était pelotonnée et bosselée; la
matière incrustante faisait corps avec la cire et le linge, et le tout formait
une masse longue de trois pouces sur 5 lignes et demie de diamètre dans
le point le plus gros. L’extraction, faite avec beaucoup de lenteur, ne fut
douloureuse qu’au moment où la partie la plus’ épaisse traversa le milieu
de la portion spongieuse. Cependant, au bout de peu de jours la santé était
parfaitement rétablie. Deux explorations donnèrent la certitude qu'il ny
avait plus rién dans la vessie.
» Le second cas a quelque chose de plus étrange.
» Un jeune homme de 20 ans s'était introduit dans l’urètre, un bout
fermé de baromètre, long d'environ trois pouces, sur deux lignes trois
( h18 )
quarts de diamètre, et à parois trés minces. Ce tube pénétra dans la vessie,
où il séjourna plus.de 4 mois. Il produisit des accidents primitifs assez
graves, qui se calmèrent par un séjour au lit de deux mois, qu'une autre
maladie vint rendre nécessaire, mais qui reparaissant dès que le malade put
faire de l'exercice, l'obligèrent bientôt à entrer à l'hôpital Necker. La
connaissance de ce qui s'était passé ne permettant pas de se méprendre sur
la nature du mal, je procédai immédiatement à l'extraction du corps
étranger, qui fut saisi, à une première séance, Avec Une pince à trois
branches; mais, comme il ne pouvait résister à la pression, il se brisa ;
quelques fragments furent extraits dans la pince, et plusieurs ;sortirent
d'eux-mêmes avec l'urine. D’autres parcelles furent encore retirées, quel-
ques jours après, par le même procédé. Enfin, le 27 septembre 1837, le
malade rendit avec l'urine ce qui restait du tube, dont les parois étaient
couvertes d’une incrustation grise, tant à l’intérieur qu’à l'extérieur. Cette
portion avait dix-sept lignes de longueur, et présentait le cul-de-sac intact;
l'autre bout était coupé en biseau. Le malade n'éprouva aucun des acci-
dents que devaient faire craindre le passage dans l'urètre de corps sitran-
chants, et sa santé fut promptement rétablie. »
_»avsiQue nu 6LorE.—Phosphorescence de la mer dans les climats froids.
M. Rogerr adresse quelques détails sur dés observations qu'il a eu oc-
casion de faire à ce sujet dans le cours de son voyage en Islande et au
Groënland. Il est porté à croire que les causes de la phosphorescence de la
mer dans les régions voisines du cercle polaire, sont différentes de celles
qu’on assigne généralement à ce phénomène, quand on le considère dans
les mers tropicales, Suivant lui, en effet, l’eau des mers du nord, lorsqu'elle
se montre lumineuse, devrait cette propriété à des matières animales
qu'elle tiendrait en dissolution, et non point à la présence de petits ani-
maux vivants; il avoue d’ailleurs n'avoir pas eu l’occasion de faire les-ob-
servations microscopiques qui eussent.été nécessaires pour confirmer
pleinement l'opinion qu'il soutient.
M. Guisow, qui avait adressé , à la. séance du 26-mars dernier, une Note
sur un cas de sphacèle du scrotum et d’une partie des téguments de la
verge, survenu chez un septuagénaire, écrit, quil a présenté le même
jour, à l'examen de plusieurs des membres de la section de Médecine et
de Chirurgie, le malade qui fait le sujet de cette observation, et qui. est
(519)
maintenant complétement guéri. Il regrette que cette circonstance n'ait pas
été indiquée dans le Compte rendu de la séance.
M. pe Tristan demande qu'il lui soit permis de reprendre un mémoire
manuscrit qu’il avait présenté en 1836, et qui a pour titre : Marmonie des
organes végétaux, étudiés principalement dans l'ensemble d’une méme
plante.
L'Académie, après avoir consulté la Commission qui a fait un rapport
sur ce travail, décide que le manuscrit sera remis à l’auteur.
M. BLampienon se plaint de ce qu'un Mémoire sur le choléra-morbus
épidémique de Troyes, qu'il avait adressé en 1833 pour le concours au
prix de Médecine, fondation Montyon, n'ait été mentionné dans aucun
des rapports qui ont été faits depuis cette époque sur les pièces adressées
pour ce concours.
Il sera répondu à M. Blampignon que dans la partie des rapports qui
est rendue publique, la Commission ne cite que les travaux qui lui ont
paru mériter des prix, des encouragements, ou des mentions honorables.
M. Levmerie écrit que dans un Mémoire sur les effets thérapeutiques
de la chaleur, dont il n’a pu achever la lecture, il avait consigné des ob-
servations relatives à des questions de luxations spontanées des fémurs, et
de torticolis ancien, guéris au moyen de la chaleur appliquée suivant une
méthode qui lui est propre.
La séance est levée à 5 heures, À,
C.R. 1838, 12° Semestre. (T. VI, N° 16.) 71
( 520 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE:
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences; 1° semestre 1838, n° 15, in-/4°.
Voyage dans l'Inde; par M. Victor Jacquemonr; 16°, 17° livraison, in-4°.
Cours élémentaire de Mathématiques pures, suivi d'une exposition des
principales branches de Mathématiques pures et appliquées; par M. A.-S.
De Moxrrerrier ; tome 2, Paris, in-8°.
De l’'Albuminurie ou Hydropisie causée par maladie des reins; par
M. Marin Socon; Paris, 1838, in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le
concours Montyon.)
Mémoire sur le Choléra-Morbus épidemique de Troyes , en 1852; par
M. Bramrienox , de Méry-sur-Seine, 1858, in-8°.
Notice familière sur la Géologie du Mont-d'Or Lyonnais; par
M. Avexanpre Leymerte; Lyon, 1838, in-8°.
Galerie ornithologique d'oiseaux d'Europe; parM. »'Ossieny; 37‘ livraison.
Description nautique de l Archipel des fles Açores, publiée en espagnol;
par M. Vicente. Torino, traduite en langue française par M. Urvoy De
Portzampare; Paris, 1838, in-8°.
Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Meaux. — Publications de
mai 1856 à mai 1837, in-8°.
Recherches physiologiques sur les Hydrophytes de la Belgique, 1° mé-
moire : Histoire d'un genre nouveau de la tribu des Confervées nommé
Aphanizomène; par M. Cu. Morren; Bruxelles, 1838, in-4°.
Recherches sur le mouvement et l'anatomie du Stylidium graminifolium;
par le même; in-4°.
Les Femmes et les Fleurs ; 5° discours prononcé à la 15° exposition de
fleurs de la Société royale d'Horticulture de Liège, le :1 mars 1838; par
le même; in-8°.
De la spécialité des cultures propres aux établissements horticoles de
Liège; par le même; in-8°.
Adrien Spiegel. — Extrait d'une histoire inédite de la Botanique belge;
par le même, in-8°.
((.52% 9
Note sur le développement des tubercules Didymes; par le même ; in-8°.
Astronomical.... Observations astronomiques Jaites à l'Observaicire
royal de Greenwich, sous la direction de M. G. Biorrx. ArrY, astronome
royal; Londres, 1837, in-4°.
Appendix.... 4ppendice au précédent vol.; in-4?, 1837.
Astronomical. . .. Observations astronomiques Jaites à l'Observatoire
de Cambridge pendant l'année 1836; par le révérend James Cnarris;
tome 9, Cambridge, 1837, in-4°.
À Catalogue... Catalogue d'Étoiles circompolaires , déduites des ob-
servations de M. Srepuex Groowsrince, réduites au 1° janvier 1810 ;
publié par ordre de l’Amirauté, par les soins de M. Bioperr-Airy, 1858, in-4.
Philosophical. ... Transactions philosophiques de la Société ro yale de
Londres pour l'année 1837; 1° et 2° partie, in-4°.
The royal Society.... Liste des membres de la Société royale au
30 novembre 1837, in-4°.
Transactions... Transactions de la Société philosophique de Cam-
bridge ; vol. 6, 2° partie, in-4°.
Transactions. ... Transactions de la Société géologique de Londres ;
2° partie, 1° vol., in-4°,
Observations. ... Observations sur la structure intime de quelques-unes
des formes les plus élevées de Polypes, avec des vues sur un arrangement
plus naturel de cette classe d'animaux (Extrait des Transactions philo-
sophiques de 1837); par M. À. Farre ; Londres , in-4°.
The nautical.…. Æ{manach nautique et É ‘phémérides astronomiques pour
l'année 1859 (avec un appendice); Londres, 1838, in-8°.
Report of... Rapport sur la sixième réunion de l Association britannique
pour l'avarcement des Sciences, tenue à Bristol au mois d'août 1836 ;
vol. 5, Londres, 1837, in-8°.
The ninth.... Le neuvième Traité de la Jondation Bridgewater ; par
M. C. Basmace; 2° édition, in-8°.
The Magazine... Magasin des Sciences populaires , et Journal des Arts
utiles; années 1836 et 1837, 2 volumes et numéro de février 1838, in-8°.
On the elements... Sur les éléments de l'orbite de la Comète de
Halley à son apparition en 1835—:1856; par M. W.-S. Srxarrorn (Ex-
trait du Vautical Almanac), pour l’année 1839 in-8°.
Abstracts..….. Table des Mémoires imprimés dans les Transactions phi-
losophiques de la Société royale de Londres de 1830—1 837 inclusivement,
in &.
(15207)
Proceedings... Proces-V'erbaux des séances de la Société royale de
Londres; n® 28—51 (octobre 1836—8 février 1858), in-8°.
Whewell's letter. ... Lettre de M. Wuewerr à l’Éditeur de la Revue
d'Édimbourg , a l'occasion d'un article publié dans ce Recueil sur l'Histoire
des Sciences inductives.
Astronomische.... Nouvelles astronomiques de M. Scnumacner, n° 340,
in-4°.
Sugli.... Annotation anatomico-phrénologique sur les hémisphères cé-
rébraux des Mammifères; par M. Beuuincerr; Turin, 1838, in-8?.
Sulla.... Sur la résolution des équations identiques ; par M. Hevrx
Crrurrr; Naples, 1837, in-4°.
Gazette medicale de Paris ; tome 6, n° 15, in-/4°.
Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°*45—45, in-4°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 325, in-4°.
La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 1.
L'Expérience , journal de Médecine , n°’ 32 et 35, in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 AVRIL 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
Réclamation de M. Durrocer, relativement à la Note sur la circulation du
Chara, présentée à l'Académie , dans sa dernière séance, par M. Donné.
« Parmi les observations sur le chara que M. Donné a présentées à l’A-
cadémie dans sa dernière séance (16 avril), se trouve celle du pelotonne-
ment spontané des séries ou chapelets de globules verts du chara. Je crois
devoir réclamer ici la priorité pour la découverte de ce fait.
»:Dans l'extrait demon Mémoire sur la circulation du Chara , lu à
PAcadémie dans sa séance du 4 décembre dernier, j'ai dit (p. 780
du Compte rendu) que ce sont les séries de globules verts qui sont les
agents des mouvements convulsifs observés souvent chez le chara soumis
à l’action de certaines causes extérieures, et que ces séries de globules verts
se courbent quelquefois en zigzag comme des fibres musculaires. J'ai donc
annoncé ici le premier la tendance vitale que les séries de globules verts
du chara ont à se mouvoir spontanémenten se courbant. Ici les séries de
globules verts conservaient leur intégrité; elles n'étaient point rompues.
Lorsqu'il'arrive que ces séries-de globules verts sont brisées, on voit quel-
quefois ceux de leurs fragments courts qui nagent isolés dans le liquide
C, R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 47.) 7e
( 524 )
circulant s’agiter spontanément et se pelotonner, ainsi que l'a dit M. Donné.
Or, j'avais également vu ce phénomène, et de plus deux autres qui ne
se sont point présentés à M. Donné; je ne les ai point communiqués à
l'Académie, lors de la lecture de l'extrait de mon Mémoire, parce que,
croyant ne pas pouvoir me faire bien comprendre sans le secours de figures,
jetréservais la publication de ces faits pour l’époque de la publication de
ce Mémoire, qui est imprimé et qui ne tardera pas à paraître, accompagné
de planches, dans les numéros de janvier et de février des Ænnales des
Sciences naturelles (1. 1x, 2"° série). Je présente à l’Académie l'épreuve
de la première des feuilles du numéro de janvier, laquelle contient, à la
page 16, l'exposé des faits dontil est ici question. Cette épreuve, qui est
la deuxième, m'a été envoyée de l'imprimerie le 16 avril, ainsi que le
prouve le timbre dont elle est revètue; la première épreuve m'avait été
envoyée le 24 mars, ainsi que le prouve l'attestation de l’imprimeur. Ces
épreuves ont été revues par M. Guillemin, l'un des rédacteurs des 4n-
nales des Sciences naturelles. Je puis ici invoquer son témoignage. Mon
honorable collègue, M. Adolphe Brongniart, sait d’ailleurs que je lui avais
remis mon Mémoire bien du temps auparavant pour être imprimé dans ces
Annales. La priorité de mes observations étant ainsi établie, je vais les
exposer ici très sommairement.
» Jai vu, ainsi que vient de le voir M. Donné, le pelotonnement, ou
plutôt le roulement en spirale d’un fragment détaché d’une série de glo-
bules verts du chara. M. Donné n’a rien observé de subséquent à ce roule-
nent spontané ; or, ici mes observations ont été plus loin : j'ai vu cette
série de globules verts roulée en spirale, comme un ressort de, montre, se
dérouler par un mouvement spontané et reprendre sa rectitude première.
Je savais que cette série de globules verts avait été détachée de la partie
affectée au courant descendant du liquide circulant. Or, par l'effet du ha-
sard , elle se trouvait dans une position renversée par rapport à la posi-
tion naturelle qu'elle occupait avant d’avoir été détachée: En-continuant
de lobserver, je la vis se courber en anse-sur elle-même; portant son ex-
trémité supérieure vers le bas, de manière qu'elle se trouva changée de
position bout pour bout, reprenant ainsi sa direction naturelle ét primi-
tive. Ces phénomènes sont rendus facilesacomprendre par les figures des
planches annexées à mon Mémoire. 0
» Ainsi, j'ai vu le premier que les séries ou chapelets de globules verts
du chara sont susceptibles de mouvements: spontanés.et vitaux, mouve-
ments alternatifs d'incurvation et de redressement, »
( 525 )
M. Grorrroy Saint-HiraiRe fait hommage à l’Académie d’un ouvrage
qu'il vient de publier, et qui a pour titre : Votions de Philosophie natu-
relle, précédées d'une introduction dans laquelle Napoléon adolescent est
approuvé d'avoir contesté aux découvertes de Newton un caractère absolu
d'universalité.
« M. Libri présente à l’Académie les deux premiers volumes de son
Histoire des Sciences en Italie qui viennent de paraître (1).
» Il indique brièvement, à cette occasion, le plan de cet ouvrage, dans
lequel on s’est proposé, pour la première fois, de faire marcher de front
l'histoire scientifique et l'histoire politique de l'Italie.
» Dans le premier volume, M. Libri a tracé rapidement l’histoire des
sciences chez les anciens. Il a analysé les travaux des Grecs et des Ro-
mains, et il a montré ce que nous devons aux peuples orientaux : prin-
cipalement aux Arabes, aux Hindous et aux Chinois. Ce volume renferme
un grand nombre de documents inédits, parmi lesquels on doit remar-
quer des extraits de différents ouvrages chinois, sur l’algèbre, sur les
satellites de Jupiter, etc.; une lettre inédite de Burattini, qui prouve qu'il
existait au moyen âge des espèces de télescopes à réflexion; un ancien
calendrier, et différents traités d’algebre traduits au moyen âge en latin.
» Le second volume commence à l'introduction de l'algèbre parmi les
chrétiens. Cette science a été rapportée d'Orient, en 1202, par Léonard
Fibonacci, de Pise. M. Libri publie dans ce volume l’algébre de Fibonacci,
qui était restée toujours inédite. Il traite ensuite la question de l’intro-
duction de la boussole et de la poudre en Europe : la création des uni-
versités et leur organisation ; l’origine des académies; l’histoire des arts,
du commerce et des manufactures, se trouvent esquissées rapidement dans
ce volume, qui se termine à Laurent de Médicis, époque à laquelle M. Libri
place la plus grande décadence des sciences et des mœurs en Italie. De
nombreux documents inédits complètent ce second volume. L'un des plus
remarquables est un petit Traité de magnétisme, dù à un savant français
(Pierre Peregrinus), qu'on avait attribué à un prétendu Adsygerius, et qui
renferme des faits intéressants.
» M. Libri annonce à l’Académie, qu'après avoir dit, dans la première
édition du premier volume de son ouvrage, que les Arabes avaient connu
et traité les équations du troisième deuré, il est forcé maintenant d’avouer
(1) L'analyse qui suit de cet ouvrage nous est remise par M. Libri.
72.
( 536 )
qu'ils ne les ont jamais résolues. M. Sédillot avait affirmé, dans le Journal
asiatique, avoir trouvé la résolution de ces équations dans un ouvrage
arabe, et comme M. Libri n’avait jamais pu consulter le manuscrit origi-
nal, il avait répété cette assertion d’après M. Sédillot. Depuis lors, il a pu
examiner ce manuscrit, et il doit annoncer à l’Académie qu'aucune vé-
ritable équation du troisième degré n’est résolue dans cet ouvrage. L’au-
teur arabe fait l’'énumération des équations cubiques, mais il ne résout
que celles qu'on peut réduire immédiatement à des équations de degrés
inférieurs, ou à des extractions de racines. Pour les autres, il se borne
à les construire à l’aide de courbes, comme l'avaient déjà fait les Grecs.
Ainsi l’ouvrage signalé par M. Sédillot (que par parenthèse il avait cru
anonyme, mais qui a pour auteur Omar-ben-Ibrahim), ne contient absolu-
ment rien de nouveau, et ne renferme nullement la solution de ces... ..
équations, comme l'avait annoncé M. Sédillot.
» M. Libri regrette beaucoup de n’avoir pas pu examiner aussi la ques-
ton de la découverte de la variation, que M. Sédillot avait également attri-
buée aux Arabes.
» Mais le manuscrit où devrait se trouver cette découverte étant, depuis
plus de deux ans, entre les mains de la personne qui l'avait annoncée,
M. Libri est forcé de s'abstenir, pour ne pas s’exposer à se tromper encore
comme il l’a fait lorsqu'il a parlé, d’après le même M. Sédillot, du ma-
nuscrit d’algèbre dont il lui avait été impossible de prendre alors connais-
sance. »
M. Dureau DE La MaLcr fait hommage à l’Académie d’un exemplaire
d’un ouvrage qu’il vient de faire paraître, et qui a pour titre : Peyssonnel
et Desfontaines , Voyages dans les régences de Tunis.
RAPPORTS.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — /nstructions pour l'expédition scientifique qui se
rend dans le nord de l'Europe.
Partie relative aux phénomènes de l'électricité, rédigée par M. BECQUEREL.
« Les phénomènes électriques ont pris aujourd’hui une telle impor-
tance, en raison de leurs relations avec un grand nombre de phénomènes
naturels, qu'il faut les prendre en considération lorsqu'on étudie ces der-
(527)
niers ; aussi les voyageurs, quelles que soient les parties du globe qu'ils
parcourent, doivent-ils essayer de reconnaître si tel ou tel phénomène qui
se passe sous leurs yeux a, où non; une origine électrique, ou du moins
si l'électricité intervient d’une manière quelconque dans sa production.
» Nous allons indiquer plusieurs séries d'expériences à faire, non-seule-
ment dans le nord de l'Europe, mais encore dans toute autre localité.
Nous diviserons ces séries en trois catégories : la première sera relative à
l'électricité de l'atmosphère; la deuxième ; à l'électricité en mouvement et
à son usage, et la troisième à l'électricité agissant comme force chi-
mique.
Électricité atmosphérique.
» L’atmosphère, dans les temps sereins, lorsque aucune causé pertur-
batrice ne vient mélanger les diverses couches d’air situées à une certaine
distance de la terre, est un vaste réservoir d'électricité positive dont l’in-
tensité, qui est croissante depuis la surface de la terre jusqu’à une certaine
hauteur non encore déterminée, est soumise à des variations qui donnent
deux mazxima et deux minima toutesiles 54 heures.
» Cet excès d'électricité, qui est assez faible peu avant le lever du soleil,
augmente peu à peu avec le lever, puis rapidement, et arrive ordinaire-
ment quelques heures après à son premier maximum. Cet excès diminue
d’abord rapidement, ensuite lentement, et arrive à son minimum quelques
heures avant le coucher du soleil. Il recommence à monter dés que le so-
leil s'approche de l'horizon, et atteint peu d'heures après son second
maximum , puis diminue jusqu’au lever du soleil. Il suit ensuite la marche
indiquée précédemment.
» Il résulte d'observations faites avec soin par Schubler, que l’intensité
de électricité pour les deux maxima et les deux minima va en croissant, de-
puis le mois de juiliet jusqu’au mois de janvier compris, de sorte que la plus
grande intensité a lieu en hiver, et'la plus faible en été; aussi trouve-t:on,
dans les mois d’hiver, que ; par les jours sereins , augmentation de l’élec-
tricité est toujours en rapport avec l'accroissement du froid. Il serait
intéressant de voir si l’on obtiendrait des résultats semblables dans les ré-
gions polaires pendant les longues nuits d’hiver, durant lesquelles l’état de
l'atmosphère éprouve peu de variation, afin de savoir jusqu’à quel point la
chute de la rosée, la formation des vapeurs terrestres et l'électricité de
la terre influent sur les phénomènes observés.
» Quand le temps est couvert, l'électricité libre qui se trouve dans l'at-
mosphère éprouve de grandes variations soit dans sa nature, soit dans son
( 528 )
intensité. Pendant les-orages ; ou lorsqu'il pleut ou qu'il neige; l'électricité
est tantôt positive, tantôt négative ;.et son intensité est alors bearcoup plus
considérable que dans les temps sereins:.On n’a pu:établir jusqu'ici au-
cune loi stir la nature.de l'électricité dans de:telles circonstances , seulement
l'expérience a prouvé que dans le cours; d’une année il y a à peu près
autant de jours négatifs que de jours positifs. Il sérait à désirer! qu'on se li-
vrât à des expériences suivies, les jours où l’état de: l'atmosphère est trou-
blé, pour voir si l’on ne pourrait pas trouver des rapports entre l’état
électrique de l'atmosphère et les effets physiques qui se manifestent alors.
Ces expériences peuvent être faites avec différents appareils dont on
trouvera la description dans l'ouvrage de l'un de vos commissaires ( Traité
de l'Électricité et du Magnétisme, t.xv, p. 79 à 85 et 107).
» Plusieurs causes locales font varier, en général, l'intensité de l’électri-
cité atmosphérique, même lorsque le ciel est serein. Cette électricité est
généralement plus forte dans les lieux les plus élevés «et les plus isolés,
nulle dans les maisons, sous les arbres, dans les rues, dans les cours ,
et en général dans les localités renfermées de toutes parts. Elle est cepen-
dantsensible,dans les villes au milieu des grandes places, au bord des quais,
et principalement sur les ponts, où elle est plus forte qu’en rase campagne.
» Voilà ce qui se passe dans nos climats. On-doit vérifier s'il'en est de
mème, comme on doit le présumer ; dans d’autres climats.
» D'un autre côté, on sait que l’atmosphère.et la terre sont continuel-
lement dans deux états électriques différents. Ces deux électricités doivent
donc se recombiner continuellement dans les couches inférieures de l’at-
mosphère par l'intermédiaire des corps qui se trouvent à la surface de la
terre. En rase campagne, l'expérience prouve qu’on ne commence à trou-
ver de l'électricité positive, dans les temps sereins, bien entendu, qu'à un
mètre ou 1*,3 environ au-dessus du sol. La recomposition des deux
électricités s'opère donc à cette hauteur quand aucune cause étran-
gere ne vient troubler l’état de l'atmosphère, Au-delà l'électricité se
répand dans l'air suivant une loi que nous ne connaissons pas, mais qui
dépend de la mauvaise conductibilité de ses parties constituantes et de
diverses causes sur lesquelles nous n'avons aucune idée. Cette loi variant
à chaque instant, en raison des vapeurs qui s'élèvent du sol ou qui s’abais-
sent sur la terre, il est difficile d'en trouver l'expression algébrique ; mais
si l’on veut avoir des valeurs approchées de l'intensité électrique à mesure
qu’on s'élève dans l'atmosphère , on peut employer le procédé dont nous
nous sommes servis, M. Breschet et moi, au grand Saint-Bernard. Nousavons
(529 )
étendu sur Ja terre un morceau: de taffetas gommé de 3 mètres de long sur
> de large; Isur lequelcon a déroulé un fil de soie recouvert de clinquant,
de 8o mètres de longueur. L’unides bouts de ce fil a été mis en communi-
cation avecila tige d’un -électromètre à pailles;:au moyen d'un nœud cou-
lant serrant légèrement la tige; l’autre bout aiété'attaché au fer de lance
d’une:flèche, puis on a lancé celle-ci avec! un: arc: fortement tendu. La
flèche, ‘en: s’élevant, a emporté le! fil qui, étant faiblement attaché à 1a
tige, s’en estiséparé aussitôt qu'il ajété déroulé: Les pailles se sont écar-
tées peu à peuà mesure que la flèche s'élevait ; ét l’écartement aïété bien-
tôt tel, que les pailles sont-venués. frapper! fortement les parois de ‘Ja
cloche. Le filétant séparé de la tige, l'appareil a conservé Pélectricité qi
lui avait été communiquée; laquelle était positives Nous ne doutüns pas
que par ce moyen on ne parvienmé à charger un :condensateur au point
de donner -des-étincelles,;:même dans les temps: ordinaires. Onconcoit
qu'avec ce procédé et des électromètres convenables, on pisse évaluer
approximativement l'intensité de: l'électricité: LT ME à diverses
hauteurs au-dessus:du:sol;:22421 55 21192 16 10951
» Pour s'assurer que. l'électricité transmise à l'appareil "par J# flèche,
n’est pas due à son frottement contre l'air, il suffit de tirer la flèche h-
rizontalement ,-à trois pieds au-dessus du;sol, et de voir si lon‘6btient
deseffets;! ordinairement on'n’en)aspas:11 basup ,1 » 91199 £ 9
»Auliew d’une flèche; on peutseservir d’un:ballon- muni: des atcés-
soires convenables, qu'on retient captif avec: une corde conductrice dont
l'extrémité inférieure communique 'avec-un ‘électrométre; ce: mode d’ex-
périmentation n’est pas aussi simpleique le précédent; ent ce qu’onn'a pas
toujours à -sa, disposition les:moyens de se! procurer Idu gaz hydrogèné,
etque les couvarñits Id’air: latéraux emportant le’ ballon, Ne FU de
s'élever wverticalement::12; 1 ip 29118: b 25b4 I ais b ë
»i Nous engageons les expéricrenissenve x se mettré en a contre ün
effet observé-par MM: 1Gay-bussac et Biot dans] leur! voyage aérostaliqué,
en cherchant; à serendre: compte dela distribution de'l’éléctricité” dans
les régions-élevées de l’atmosplière, jaw moyen:d'un fil de métal de 56 nié:
tres de long ,! terminé ‘inférieurement par runé boule dé métal, et attaché
par l'autre bout à la nacelle; ils ont observé que;' bien: que le témips”fit
trés serein; l'électricité était négative: Ce résultat était en opposition avec
Je fait, bien avéré déjà à cette époque;lqué atmosphère possèdé toujours
un «excès d'électricité positive}:lorsquerdeuciels est: sans nuages M: Biôt a
donné une-explication de ce fait à laquelle nous Rs le8 voyageurs.
( Traité de l Électricité et du Magnétismestoimopram)onstier 29
(1850 ))
» L'électricité qui est propre à la terre, peut être reconnue en employant
le procédé de M. Peltier, dont on trouve la description dans le Traité de
l'Électricité et du Magnétisme (t. xv, p. 107). Cette électricité donne lieu
à des effets qui ont été observés d’abord par Tralles, puis confirmés par
Volta et l'un de vos commissaires.
» Tralles se trouvant un jour dans les Alpes, vis-à-vis d'une cascade,
présenta son électromètre atmosphérique, non armé de la verge métallique,
à la pluie très fine qui résultait de l’éparpillement de l’eau. Il obtint aussi-
tot des signes très distincts d'électricité négative, même pendant destemps
sereins; et lorsque l'électricité libre de l'atmosphère était positive. Des effets
semblables ont été observés dans le voisinage de plusieurs cascades.
» On.est porté à croire que l’eau, en tombant avec une grande vitesse
sur des rochers, s'éparpille en globules vésiculaires qui emportent avec
eux dans l'air l'électricité négative qu'ils ont enlevée à ces rochers, et par
suite à la terre. Cette électricité ne saurait être attribuée à l’évaporation,
attendu qu’elle est de nature contraire à celle que produit cette action.
Nous recommandons aux voyageurs de répéter ces expériences près des
casçades, et d'étudier les effets produits, afin d'arriver à:en donner une
explication complete.
» Dès l'instant que la terre possède une électricité qui est de signe con-
traire à celle de l’air, quand celui-ci est serein , il s'ensuit que les nuages,
qui sont toujours, plus ou moins électrisés, doivent éprouver divers genres
d'action de la part des montagnes. Nous appelons particulièrement l’atten-
tion dés voyageurs sur l’état ‘électrique des nuages parasites qui se ras-
semblent autour des pics, lesquels nuages semblent exercer sur eux une
attraction à laquelle laction:de l'électricité pourrait bien ne pas être étran-
gère, comme le fait suivant tend'àle faire croire : M: Boussingault a ob-
servé dans les Andes des nuages parasites qui étaient immenses en largeur,
et venaient s'attacher à la partie supérieure, du cône de trachite; ils y
adhéraient , et le vent,ne pouvait les en détacher; la foudre sillonnait cette
masse de vapeurs, et de la grèlemélée despluie ne tardait pas. à inonder
la base de la montagne. Rien ne s’opposait alors à ce que la grande quan-
tité d'électricité. que possédaient les nuages qui ceignaient, les cimes de
ces montagnes, n'exérçassent sur ces dernières une puissance attractive,
tant que la décharge n’était pas effectuée. Des recherches à cet égard ne
seraient pas sans intérêt pour la physique du globe. :
» Lors de l'apparition des aurores boréales, il sera convenable de s’as-
surer si l’état électrique de l'atmosphère, dans les temps sereins , n’éprouve
pas des variations particulières: \E
( 531 )
» Des tubes fulminaires. — Lorsque la foudre tombe’sur un point quel-
conque de la surface de la'terre , elle suit toujours les corps meilleurs con-
ducteurs pouratteindre des nappes d’eau. Les corps sont fondus, brûlés s’ils
sont combustibles ou brisés, suivant leur naturé et l'énergie de la décharge ;
mais si, pour'arriver à ces nappes d'eau à ‘une certaine distance au-déssous
de la surface: de la’ terre, elle est obligée de traverser des masses de sable
plus ow moins considérables ; il'se produit des tubes vitrifiés, appelés tbes
Julminaires. Cet effet a lieu particulièrement dans les plaines sablon-
neuses: dépourvues d'arbres et de maisons. Quand l’océasion se pré-
sentera, il sera bon dettrecueillir tous les renseignements qui sont rela-
tifs àce phénomène, et de’‘suivre autant que possible la direction de'ces
tubes jusqu’à la nappe d’eau, afin de bien connaître toutes les circonstances
de leur production.
» Emploi des courants électriques pour la détermination de la tempéra-
ture des parties intérieures du corps de l’homme, des animaux et des
végétaux. — Jusqu'ici on s'est servi de thermometres ordinaires pour
déterminer la température des parties intérieures du corps de l’homme
et des animaux, mais leur emploi est très borné; car, si l'on fait une in-
cision pour y introduire l'appareil ; on produit une désorganisation et, par
suite, un trouble dans les fonctions vitales. Pour obviér à cet inconvé-
nient, on Se. sert d’aiguilles composées chacune de deux autres, l’une
de cuivre et l'autre d'acier, soudées par un de leurs bouts. Supposons
que ces deux aiguilles soient mises en communication par leur côté cuivre
avec les: deux extrémités du fil-d'un multiplicateur très sensible, ét de
l'autre par leur bout acier avec un fil d’acier. Quand la température est
la même-dans les’ deux soudures ‘iln’y a aucun maps thermo-électrique ;
mais pour peu qu'il y'ait une différence de -+ de degré centig., il se
manifeste aussitôt un courant en faveur de la’ soudure qui a la témpéra-
ture la plus ‘élevée. 121: Ù
» Supposons :maïnténant: qu'une des! ailes soit introduite’ dans un
muscle par le procédé de l'acupuncture | la soudure se trouvant au mi-
lieu, et que la soudure de la:seconde aiguille soit misé dans une source de
chaleur:dont;la température test constante, la direction et l'intensité du
courant serviront à faire connaître la différence de température qui existe
entre les deuxsoudures ; et; par suite, la température du muscle. Les effets
étant instantanés , il en résulte que ce procédé est éminemment propre
à faire/conmaître les changements de température qui se manifestent dans
les phénomènes physiologiques.
C. R. 1838, 19° Semestre. (T. VI, N° 47.) 73
( 532 )
» La source de température constante est fournie par l'appareil deM.Sorel,
décrit dans le Traité de l'Électricité et du Magnétisme (1. 1v, p. 13), ou
par la bouche d’une personne qui s’est habituée par des essais préalables à
maintenir dans la même position une des soudures entre la bouche et le
palais. On peut voir, dans le Mémoire qui a été communiqué dernie-
rement à l’Académie par M. Breschet et par l’un de vos Commissaires , les
précautions à prendre pour évaluer avec exactitude la température des par-
ties intérieures de l’homme et des animaux.
» On a avancé que la température de ces parties diminuait en allant
des pôles à l'équateur. Nous engageons les physiciens qui se rendent
dans le nord de l'Europe à varier les expériences, afin de s’assurer de
ce fait.
» Ils pourront aussi évaluer la température intérieure des arbres et des
arbustes. Le même appareil leur servira également à déterminer la tem-
pérature de la terre et les variations qu’elle éprouve jusqu’à une profon-
deur qui est limitée par les sondes que l'expédition aura à sa. disposition
pour perforer le terrain; nous leur conseillons aussi de se servir du gal-
vanomètre et des réflecteurs de M. Melloni, pour s’assurer si l'aurore bo-
réale rayonne vers la terre une chaleur appréciable, et d'employer l’appa-
reil thermo-électrique toutes les fois qu’il s’agira d'apprécier des change-
ments de température spontanés, attendu qu'il n'existe pas d'instruments
aussi délicats pour apprécier de semblables effets.
» Magnétisme polaire des montagnes et phénomènes électro-chimiques.—
Depuis qu’on a appliqué les effets électro-chimiques à l'explication de plu-
sieurs phénomènes géologiques, un champ vaste de recherches est ou-
vert aux personnes qui veulent étudier les rapports qui existent entre-eux.
Nous allons leur indiquer quelques questions à résoudre qui ne sont pas
sans importance pour la physique du globe.
» M. de Humboldt est le premier qui ait constaté le magnétisme polaire
d’une montagne schisteuse et serpentineuse, dans le Heidelberg.
» Ce qu'il y a de remarquable dans ce magnétisme, c’est la distribution
et le parallélisme des axes. Les pôles homonymes occupent une même
pente. M. Lichtemberg a énoncé la conjecture que ces axes pourraient
bien être l’effet des tremblements de terre qui, dans les différents cata-
clysmes de notre planète, ont agi long-temps dans une même di-
rection.
» M. de Humboldt a vu, en effet, une fois, l’inclinaison magnétique, en
Amérique, changée à la suite d’un tremblement de terre. D’après cela,
(535)
rien ne s'oppose à ce que les axes magnétiques des montagnes qui possè-
dent la polarité n’éprouvent également des changements par l'effet des
tremblements de terre; il serait donc à désirer que l’on püt s'assurer si la
direction de ces axes est constante, ou bien si elle change avec la direction
du méridien magnétique de la contrée.
» Les axes des montagnes magnétiques étant déterminés, il faudra exa-
miner, toutes les fois que les roches qui les constituent sont en décomposi-
tion , si les parties qui possèdent une même polarité sont dans le même
état de décomposition, en tenant compte, bien entendu, de leur exposi-
tion aux vents. Dans le cas où les parties qui ne possèdent pas la même po-
larité présentent des différences, on notera ces différences et les produits
formés, afin de remonter aux causes qui ont exercé sur eux une influence
déterminante. Les mêmes observations doivent être faites à l'égard des
montagnes de granite, de gneiss ou autres roches qui sont en décompo-
sition, c’est-à-dire qu’on devra rechercher avec soin si toutes les parties
des montagnes semblablement placées, par rapport au méridien magné-
tique, se trouvent dans ie même état de décomposition.
» Ces observations s'étendent également aux changements qui s’opèrent
dans les anciennes galeries de mines.
» Il existe encore une foule d'observations à faire sur la décomposition
des roches dans lesquelles les forces électriques jouent un certain rôle, ou
du moins les effets de contact, dont l'influence ne peut être mise en doute.
Nous renvoyons à cet égard, au 5° volume du Traité de FÉlectricité et du
Magnétisme , p. 185 et suivantes.»
» De l'existence des courants électriques dans les filons. — On est porté
à croire qu'il existe des courants électriques parcourant les veinules mé-
talliques conductrices de l'électricité, qui établissent la communication
entre la partie non oxidée du globe et les liquides venus de la surface par
des interstices, et d’où résulte une réaction chimique énergique, comme
les déjections volcaniques en sont une preuve évidente. Pendant cette ré-
action, la partie non oxidée prend l'électricité positive, et la partie oxidée
l'électricité négative. Ces électricités se recombinent par l’intermédiaire de
tous les corps conducteurs qui se trouvent dans leur voisinage ; ces cou-
rants électriques se ramifient probablement dans toutes les veinules mé-
talliques. Jusqu'ici on n’a pu démontrer d’une manière exempte d’objec-
tions, l’existence de ces courants, attendu qu’on n’a pas pris les moyens
nécessaires pour se garantir des causes d'erreur. Voilà une nouvelle série
de recherches de la plus haute importance, que nous recommandons aux
73.
( 534 )
voyageurs physiciens qui visiteront les travaux de mines. Nous renvoyons
pour plus amples informations à cet égard, au Traité de l'É lectricité et
du Magnétisme, tome v; page 165 et suiv. , 201, etc.
» Les veinules métalliques qui probablement sont parcourues par des
courants électriques , sont interrompues:en mille endroits par des: roches
non conductrices de l'électricité, formant'autant de:solutions de continuité
nécessaires pour que les courants réagissent chimiquement sur les parties
constituantes des liquides ou des dissolutions qui mouillent et les vei-
nules et les gangues. Il doit résulter de là une foule de décompositions et
de combinaisons nouvelles ; dont la nature dépend de celle des principes
qui sont en présence ; nous raisonnons ici bien entendu dans l'hypothèse
où l'écorce de notre globe serait sillonnée dans tous les sens par des cou-
rants électro-chimiques; dont l'existence, quoique non encore reconnue
d’une manière incontestable par l'expérience, est néanmoins admise en
théorie.
» Les recherches que nous: recommandons à MM. les membres de l'ex-
pédition scientifique dans le nord de l'Europe, sont assez délicates ; elles
exigent l'habitude d'appareils d’une grande sensibilité, dont on ne con-
nait bien l'usage, si l’on veut éviter toutes les causes d’erreur:, qu'après
avoir expérimenté souvent. Aussi leur conseillons-nous de multiplier leurs
expériences avant de commencer leurs travaux de recherches. »
Insrruerions concernant la zoologie, rédigées par
M. IsiporE GEOFFROY SAINT-HILAIRE.
« Depuis 1732, époque du célèbre voyage de Linné en Laponie, la
presqu'ile scandinave à été plusieurs fois explorée dans presque toutes ses
parties par des zoologistes distingués, ou du moins par des collecteurs iris-
truits. Malgré tout le zèle des naturalistes de la nouvelle Commission, et
les circonstances favorables dans lesquelles ils vont se trouver placés par le
concours bienveillant du gouvernement suédois, nous ne saurions donc
espérer que la découverte d’un grand nombre d’objets nouveaux pour la
science doive récompenser leurs efforts. Mais ni les sujets de recherches,
ni les moyens d’être utiles à la zoologie, ne leur manqueront dans les
diverses contrées qu'ils doivent successivement parcourir.
» Dans la presqu'île scandinave, s’opére graduellement la transition de la
faune de l'Europe témpérée et centrale, qui nousestsi bien connue, à cette
faune des régions circum-polaires, sur laquelle au contraire nous ne pos-
sédons que des documents si incomplets. Nulle part ailleurs, et c’est là ce
(535)
qui pour nous constitue le principal intérét de l'étude zoologique de la
Scandinavie, cette transitionne peut étre observée et suivie avec autant de
fruit pour la science. La Russie septentrionale, là seule contrée européenne
qui, avec la Läponie ; ’étéhde au nord du cercle polaire arctique, pourra
ässurément, par la suite mais ne peut encore donner lieu à des compa-
raisons d’un égal intérêt pour la géographie zoologique: Cette possibilité
ne sera réalisée que lorsque la faune de la Russie tempérée, aussi bien con-
nue que celle de l’Europe centrale, pourra donner un terme parfaitement
établi de comparaison pour la faune des régions arctiques de l’empire russe.
» En se plaçant au point de vue que nous venons d'indiquer, les zoolo-
gistes de l'expédition donneront à leurs recherches l'extension la plus
grande et la plus profitable à la science. Ces recherches ainsi conçues,
devront, en effet, se diriger vers un triple but, savoir : tendre à com-
pléter sous plusieurs rapports l’histoire de nos espèces de l'Europe cen-
trale, à rassembler des matériaux nombreux pour l’histoire souvent si im-
parfaite, parfois à peine ébauchée des espèces arctiques ; enfin à recueillir
tous les faits propres à jeter du jour sur la distribution géographique, et
sur les rapports des unes et des autres dans la presqu'ile scandinave.
S L.
» De ces trois questions, posées ici dans toute leur généralité, mais que-
nous allons successivement reprendre, et pour ainsi dire décomposer en
leurs éléments principaux, la première n’est, à notre sens, ni la moins diffi-
cile, ni la moins importante. À une époque encore peu éloignée de nous,
il eût pu paraître singulier de voir recommander avec autant d'intérêt à
des zoologistes allant visiter une contrée lointaine, d’y étudier avec soin
les animaux de leur propre Pays; on eût cru alors perdre, dans la consta-
tation des légères différences qu'ils y Peuvent présenter, des recherches
pour lesquelles on ne voyait guère d'autre but utile que l’addition de
quelques espèces de plus à la longue série des animaux déjà connus. Les
progrès de la science ont heureusement modifié et modifient de plus en plus
cette tendance des esprits, née d’une intelligence très incomplète de l’œu-
vre admirable de Linné; et les variétés de localité, ces demi-espèces, selon
une expression ailleurs employée par l’un de nous, ces sub-species, comme
les appellent aussi les auteurs allemands, excitent maintenant, aussi bien
que les groupes appelés espèces, l'intérêt de tous les zoologistes dis-
tingués.
(536)
» Ce n'est ici le lieu ni d'exposer ni d'indiquer même les controverses
scientifiques dont la difficile question des variétés de localité est devenue
le texte : encore bien moins pouvons-nous examiner jusqu’à quel point il
est permis d'espérer que ces petites et quelquefois presque insensibles
différences, si long-temps négligées, deviennent un jour la clé des plus
grandes et des plus tranchées. Mais il suffit que des questions graves et
qui intéressent la philosophie elle-même de la science, aient été soulevées à
l'égard des variétés de localité ; il suffit que de leur étude approfondie
dépende la solution de difficultés qui, dans l’état présent, pèsent sur la
zoologie, et tendent à en rendre la marche incertaine et vacillante; il suf-
fit, en un mot, qu'il y ait doute , pour que nous devions demander aux z00-
logistes de l'expédition des observations et des matériaux pour la collection
desquels la Scandinavie offre d’ailleurs les conditions les plus favorables.
Cette vaste presqu’ile, qui possède à la fois des plaines étendues et de gran-
des chaines de montagnes, est assez voisine de nous pour que nos espèces
s'y retrouvent presque toutes, mais en même temps aussi, assez distante
et surtout assez différente par son climat, pour qu'elles y présentent déjà
le plus souvent, des modifications très notables. Le petit nombre de faits
qui nous sont déjà connus, permettent de prévoir à l'avance l'intérêt des
résultats qui pourront être obtenus de la comparaison des faunes des deux
pays, lorsqu'elle reposera sur des exemples suffisamment nombreux et
choisis dans tous les degrés de l'échelle zoologique.
» Des voyageurs qui traversent plus ou moins rapidement un pays, ou
tout au plus, comme il entre dans les plans de la nouvelle Commission ,
qui séjournent quelques mois de suite dans la même localité, ne peuvent
évidemment à eux seuls recueillir tous les matériaux nécessaires à la com-
paraison que nous venons d'indiquer. Mais, outre ce qu’ils pourront faire
par eux-mêmes, les membres de l'expédition ne pourront manquer de
trouver en plusieurs lieux des secours extrêmement précieux. Il est pré-
sentement en Suède, en Norwége, en Danemarck, un grand nombre de
personnes qui cultivent, soit scientifiquement , soit comme simples ama-
teurs, la zoologie tout entière ou quelqu’une de ses branches, et qui diri-
gent ou se forment pour elles-mêmes des collections riches en produits du
pays. Parmi les zoologistes suédois, M. Nilsson surtout , dont l’obligeance
égale le savoir, pourra être très utile à la Commission, en raison des efforts
qu'il ne cesse de faire depuis plusieurs années pour recueillir et complé-
ter de plus en plus les matériaux nécessaires à sa Faune scandinave.
» En engageant les zoologistes de l'expédition à recueillir tous les ob-
( 537)
jets qu’ils pourront se procurer pour une comparaison , d'autant plus frue-
tueuse en effet qu’elle sera établie sur une base plus large, nous leur
indiquerons toutefois quelques groupes zoologiques qui nous paraissent
pouvoir offrir un intérêt plus grand sous ce point de vue. Tels sont les
lépidoptères ; les mollusques terrestres; les mollusques et poissons
lacustres et fluviatiles; les oiseaux de proie; les passereaux, et spécia-
lement, parmi eux, les moineaux; les rongeurs, mais par dessus tous,
le castor, dont les habitudes en Scandinavie doivent être constatées avec
soin; et les carnassiers à fourrure, notamment ceux du genre Mustela.
Ces derniers objets auront un double intérêt, leur comparaison pouvant
être faite avec les martes, putois, et hermines de l'Amérique du nord
aussi bien qu’avec les nôtres.
» Il est presque inutile de faire remarquer que ces matériaux ne
sauraient avoir toute leur utilité pour la science, si, à l'envoi de chaque
animal, n’était jointe l'indication aussi exacte que possible de la situation
géographique et de la disposition topographique de la localité dans la-
quelle il a été pris. La saison où sa capture a été faite doit aussi être notée.
Ces renseignements, toujours si utiles, deviennent indispensables lors-
qu'on veut comparer des individus de même espèce, mais de localités
diverses : car plus faibles sont les différences qu’il s’agit d'apprécier, et
plus les données de la comparaison doivent être complètes et précises.
».Les zoologistes de l'expédition pourront aussi concourir très utile-
ment à compléter l'histoire des espèces européennes, en recueillant, par
tous les moyens qui seront en leur pouvoir, des documents sur les migra-
tions, soit des poissons et des oiseaux de mer sur les côtes, soit des oiseaux
terrestres dans l’intérieur de la presqu'’ile scandinave, et surtout dans sa
partie septentrionale, Plusieurs voyageurs, notamment Acerbi, d'apres
Julin d’Uléaborg , et quelques-uns des zoologistes modernes, ont déja
publié quelques renseignements à cet égard; mais une multitude d’autres
restent à recueillir. Il serait à désirer que l’on püt posséder la liste aussi
complète que possible, de toutes les espèces de passage; et, pour cha-
cune de celles-ci, que l'on püût résoudre quatre questions que l’on peut
ainsi résumer :
» 1°. Ses migrations ont-elles lieu régulièrement tous les ans ?
».2°. Quelle est l'époque de son arrivée?
» 3°. Jusqu'où s’avance-t-elle vers le nord?
» 4°. Quelle est l’époque de son départ?
Si, comme il y a tout lieu de le penser, ces questions ne peuvent être
Y
( 538 ;
résolues pour toutes les espèces, il sera du moins utile que les zoologistes
de l'expédition s’attachent à en avoir la solution précise pour un certain
nombre d’entre elles, prises comme exemples. Nous leur indiquons spé-
cialement les Hirondelles et le Coucou; oiseau dont il sera en outre très
utile d'étudier avec soin les mœurs, afin de voir s'il ne diffère pas, à cet
égard, des coucous de l'Europe centrale, comme on l'assure, mais sans
preuves suffisantes, des coucous du Japon. |
»ÿ Pour les animaux qui n’émigrent pas, il sera d’un très grand intérêt,
au moins quant à la partie septentrionale de la presqu’ile, de recueillir tous
les faits propres à nous faire apprécier l'état dans lequel ils passent l'hiver.
Nous ‘récommandons spécialement cette question, parmi les animaux supé-
rieurs, à l'égard des rongeurs, des insectivores, des blaireaux et des ours
eux-mêmes ; sur lesquels il sera si facile de se procurer de nouveaux ren-
seignements dans la presqu'ile scandinave, qui n’en nourrit malheureuse -
ment qu'un trop grand nombre. La même question se présente, et avec
plus d'intérêt'encore , à l'égard du petit nombre de reptiles qui existent en
Scandinavie, des poissons d’eau douce, et de tous les animaux des classes
inférieures, soit aquatiques, soit terrestres. Enfin, on connaît les céle-
bres , mais douteuses observations d’Olaüs Magnus, archevêque d'Upsal,
d’après lesquelles nous devrions ajouter ici les hirondelles, où du moins
l'une des lespèces de'ce genre, l’hirondelle de rivage. Les observations
assez nombreuses qui, au dire de quelques auteurs, auraient confirmé
ultérieurement celles que rapporte Olaüs, sont loin d’être des preuves
suffisantes pour ‘un fait aussi paradoxal que le serait l'hibernation des
hirondelles; mais elles ont fait naître des doutes dans quelques esprits
éclairés , et dés lors-nous devons inviter les zoologistes de l’expédition à
recueillir des renseignements à cet égard dans les divers points de la Scan-
dinavie qu’ils visiteront successivement , et, pour ainsi dire, à y faire
uve sorte d'enquête sur cette question.
» La congélation d’une partie des liquides contenus dans des animaux
privés plus ou'moins complétement de vie par la rigueur du froid, et la
possibilité de les füre revivre, comme ils révivent naturellement au prin-
temps, par la restitution graduelle et lente de la chaleur, sont des faits in-
contestables, mais encore imparfaitement conuus. Lies expériences restées
incomplètes, de l’un de nous, les démontrent de la manière la plus posi-
tive, mais ne vont pas au-delà: Les membres de l'expédition se trouve-
ront sans doute dans des circonstances très favorables pour étendre etcom-
pléter: enfin la contiaissance de ces faits curieux. Il sera utile qu'ils les
( 539 )
vérifient, non-seulement sur des animaux placés par eux dans des circons:
tances propres à produire! la congélation ; mais, ce que votre rapporteur n'a
jamais eu occasion dé faire, trouvés congelés dans les circonstances même
où ils vivent naturellément. Nous recommandons spécialement aux'observa-
teurs qui reprendront ce sujet, la constatation exacte, en premier lieu,
de la position relative des ‘nombreux petits glaçons que l’on ‘trouve sous
la péau;en second lieu, de l’état du sang contenu dans le cœur et dans les
gros vaisseaux ; enfin, du degré d’insensibilité de l’animal. Toutes cés ‘6b-
servations sont évidemment possibles sous le climat dé Paris, et rmêrne dans
des partiés de l'Europe bien plus méridionales : mais elles seront'beaucoup
plus faciles , ét en même temps plus complétés, en ce sens qu'ilsera ‘pos-
sible d'en varier davantage les circonstances dans les régions froides ‘où
plusieurs naturalistes vont être retenus l’hiver prochain par leur zèle‘pour
la science.
» Enfin, pour terminer ce qui concerne notre première question gé-
nérale, les animaux domestiques, ordinairement si négligés par les voya-
geurs , doivent fixer ; aussi bien que les animaux sauvages , l'attention des
zoologistes de l'expédition. La connaissance des premiers nous importe, à
d’autres égards peut-être , mais, sans nul doute, tout autant que celle des
seconds. Il serait à désirer que l’on pût rapporter des échantillons de
toutes les races de taille petite ou médiocre ; notamment des chiens:et des
moutons. La possession du squelette est ici aussi essentielle que celle de
la peau. Quant aux très grandes espèces, aux bœufs, par exemple, dont
la préparation ou le transport offriraient de trop grandes difficultés, des
dessins exacts faits sur les lieux et l'envoi des crânes et des cornes pourraient
suffire, surtout si l’on y joignait l'indication exacte du nombres des verte-
bres et des côtes. Dans tous lés cas, et à l'égard de toutes les races , il sera
très intéressant de recueillir des documents sur l'utilité qu'on en retire,
sur le genre d'éducation ‘et les soins qu'on‘leur donne, et surtout sur la
durée de leur accroissement etsur l’âge auquel elles ont entièrement atteint
l’état adulte et sont devenues aptes au travail soutenu et à la reproduction.
Enfin les renseignements que l’on pourrait obtenir sur l’époque de Pim-
portation et‘sur la patrie originaire de quelques-unes de ces races, formerait
pour ceux qui précèdent, un tres utile complément.
$ IL.
». Nous’ serons plus brefs à l'égard des animaux qui composent-spéciale-
ment la faune arctique; non, à beaucoup près, que les besoins de: la
C.R. 1938, 167 Semestre. (T. VI, N° 47.) 74
€ 640 )
sciencé soient ici moindrés,! mais parce. qu’ils sont. plus généralement
sentis, et d’ailleurs beaucoup plus faciles à indiquer.
», Un très grand nombre d'animaux des régions circum-polaires-ont été
décrits ou mentionnés, et figurent dans les oise mais la plupart n’ont
pas été examinés en. nature par les zoologistes du centre de l'Europe, et
l’histoire. de ceux, même que l’on connaît le mieux, par exemple, du
Renne; de l’Élan , de, Ours polaire, du Glouton, du Lemming, offre en-
core de nombreuses lacunes.
» Le Renne est de tous les animaux de la Laponie celui qui devait le plus
fixer et qui a le plus fixé, en effet, l'attention des voyageurs : mais; par
cela même, son histoire se trouve obscurcie par des doutes et des fables
sans nombre. Il sera facile aux membres de l'expédition de lever les n$ et
de détruire.les autres, en recueillant enfin tous les éléments d'une relation
fidèle des mœurs de cet animal, et de toutes les circonstances qui le rendent
siutile aux Lapons, si remarquable pour les zoologistes.. Les points qu'il
nous parait surtout utile d’éclaircir, sont : les'effets que la castration pro-
duit surlesmâles, notamment par rapport à leur bois, effets qui paraissent
varier suivant l’époque et les circonstances dans lesquelles la castration. à
été opérée; l’état, également variable à ce qu'il parait, des bois des fe-
melles; enfin les différences de races qui peuvent exister dans l'espèce. Il
sera utile de se procurer les peaux et les crâänes de faons de différents
âges, ainsi qu'un mâle et une femelle de Renne sauvage, pris dans l’un
des cantons où la race passe pour être le plus complétement exempte de
mélange avec les Rennes domestiques.
» Les faons de l’Élau sont plus rares encore dans les collections que ceux
du Renne, et la possession du mâle adulte est elle-même à désirer; de même
que des renseignements précis sur la plus grande taille à laquelle il parvient
et sur les variétés de forme.et de grandeur de son bois.
» Ge sont de même de jeunes individus que nous avons surtout à dé-
sirer à l'égard de lOurs polaire. Leur comparaison avec les jeunes des
autres éspèces ne peut manquer de donner lieu à quelques remarques in-
téressantes. Tout ce que l'on rapporte de l'hibernation de cette redou-
table-espèce, et de ses fureurs au printemps, séra très utilement soumis à
une révision.
» Il en est encore ainsi des détails en partie contradictoires que les voya-
geurs nous ont transmis sur les habitudes du Glouton. Plusieurs des faits
même les plus généralement admis à son égard, ne sont pas suffisamment
A
authentiques. Enfin, il serait aussi à désirer que: l'on pût se: procurer la
(541)
série des différentes variétés d'âge dece carnassier, ou,iu moins, un
mâle et une femellé”adultes!et un! jeunerindividu. ) L
» Les migrations du Lemming, leur irrégularité, tout ce que l'on rap-
porte des circonstancés dans lesquelles elles s’opèrent, doivent de même,
et avec plus de soin encore, devenir le sujet d’un nouvel examen. Plus
tous ces faits offrent d'intérêt pour la science, ‘et plus il est'indispensable
de les soumettre à un contrôle sévère: Nous recommandons ;spécialement
à MM. les zoologistes de expédition de prendre de nouveaux .renseigne-
ments sur la direction des migrations qui, d’après les auteurs. .les plus
dignes de. confiance, auraient eu quelquefois lieu à l'approche de l'hiver,
du sud au nord ; par exemple, en 1742, année dans laquelle l'hiver a été
plus rigoureux dans des provinces plus méridionales. C’est d'après ces faits,
comme on le sait, queles Lemmings passent pour jouir de la faculté, abso-
lument incompréhensible pour nous, de pressentir les hivers rigoureux :
instinct qui a été également attribué àlquelques autres rongeurs|et.à un
grand nombre d'oiseaux voyageurs.
» Parmi les mammifères, nous recommandons encore; et avec! d'autant
plus d'intérêt qu'ici ce ne sont plus seulement des renseignements, sur les
animaux, mais les animaux eux-mêmes qui-nous manquent ou que nous
ete à peine:
» 1°. Le Narval, dont les singulières:'et gigantesques défenses. sont si
communes dans les collections, dont on. possède même quelques erânes
fracturés, mais dont la peau, si ce n’est peut-être, dans une collection
d'histoire! naturelle à Hambourg, .et.le squelette manquent dans tous, les
musées de l'Europe. L'une ou l’autre est l’un des plus beaux objets que l’ex-
pédition puisse rapporter. A leur défaut, la possession des viscères,de crânes
bien conservés à une défense} de crânes, même fracturés, à deux défenses,
serait d’un très grand intérêt pour la science. Le Narval paraît n’être pas
rare dans la mer Glaciale, entre le Groënland ; le Spitzberg et le cap Nord,
c'est-à-dire précisément dans la portion de l'Océan arctique que traversera
l'expédition si elle se rend au Spitzberg; et il échoue parfois sur les côtes
de ces diverses contrées. L'expédition ne négligera sans doute rien, pour
se procurer un animal aussi précieux, et remplir enfin l’une des, plus re-
grettables lacunes des musées européens. Si elle ne peut y parvenir, nous
recommandons au moins à MM. les zoologistes de recueillir, principalement
auprès des pêcheurs qu’ils trouveront au Spitzberg, les renseignements
les plus étendus et les plus précis, sur:leés mœurs de ce cétacé, notam-
ment sur les combats qu’il livrerait à la: baleine, sur son genre.de nour-
74.
( 542)
titure, sur la taille des plus vieux mâles, sur celle des femelles et des
jeunes, sur la longueurimaximum à laquelle-parviennent les défenses ,
sur leur état chez la femelle et le jeune, ‘sur le, degré de rareté des indi-
vidus'à deux défenses , enfin sur les différentes dispositions de la, défense
unique chez les individus ordinaires.
5 2°, Les Baleines, Cachalots, et en: général tous les Cétacés des mers
arctiques. Au défaut de la peau d’une baleine adulte ou sémi-adulte, celle
d’un jeune sujet serait encore une acquisition très précieuse: La possession
des divers viscères, des'organes génitaux, des organes des sens; des, par-
ties caractéristiques du squelette, est également désirable. Si, par des
circonstances que la rencontre d’un navire baleinier peut facilement réa-
liser , les zoologistes de l'expédition trouvaient à se procurer, quelques
parties déjà dépecées et informes d’un très grand cétacé, ils pourraient
encore être utiles à la science en rapportant des échantillons convenable-
ment choisis des plus gros nerfs et des vaisseaux principaux. Eufin,
telle est même l’imperfection de nos connaissances sur tous ces gigantes-
ques habitants des mers polaires ; que des dessins exacts et des mesures
bien prises, constitueraient déjà une addition très importante aux docu-
ments que possède la science actuelle, et dont les zoologistes de l’expé-
dition trouveront un résumé clair et fidèle dans l'ouvrage récent de notre
confrère M. F. Cuvier, sur les cétacés.
» 3°. Le Morse, presque aussi rare que le Narval, et à peine plus connu.
Quelques auteurs ont soupçonné l'existence de deux espèces, d’après la
forme des défenses tantôt plus comprimées, tantôt plus rapprochées de la
forme conique. Ce ne sont probablement que deux variétés; mais leur
distinction nette n’en serait pas moins un service rendu à la mammalogie.
» 4°. Enfin, les Phoques du nord, dont il serait à désirer que l'on pût
se procurer une série, en raison des nombreuses variétés d'âge et de sexe
que présentent la plupart des espèces; d’où l'extrême difficulté de la dé-
termination de celles-ci. Ici encore M. Nilsson pourra prêter aux zoolo-
gistes de l'expédition un concours très utile, ses recherches assidues sur
les carnassiers amphibies l’ayant conduit à connaitre avec une; rare pré-
cision les différentes espèces qui habitent les côtes de la presqu'ile scan-
dinave.
» Après ces grandes espèces de mammifères dont l'intérêt zoologique
est au-dessus de tout autre, nôus ‘recommandons encore spécialement à
MM. les zoologistes de l’expédition les ours terrestres du Nord, en raison
des doutes que certains auteurs ont conçus sur l'unité spécifique des races
(543 )
que Linné comprenait sous le nom d'Ursus arctos; les Lynx du Nord; Îes
Chauve-Souris, et notamment le P/ecotus cornutus du J utland; les divers
genres d’insectivores et de rongeurs, notamment le Polatouche d'Europe,
les Écureuils et les Campagnols, parmi lesquels se trouveront sans doute
des espèces nouvelles qu’il sera très intéressant de comparer à leurs ana-
logues du nord de la Russie, si admirablement décrites par, Pallas; la
Ghouette laponne dans ses différents âges, les espèces les, plus septen-
trionales de Passereaux, et tous les Gallinacés ; les Serpents et Batraciens
du Nord, parmi lesquels on a signalé des espèces qui seraient propres à
la Scandinavie; enfin , les poissons des lacs et des rivières qui versent leurs
eaux: dans l'Océan glacial et dans la mer Blanche. Dans les classes infé-
rieures du règne animal, qui toutes offriront à l'expédition, dans leurs re-
présentants les plus septentrionaux, des objets d’un très grand intérét,
nous pouvons indiquer spécialement les Lithodes et autres crustacés des
mers arctiques, les Mollusques terrestres et d’eau douce, et le petit
nombre de Lépidoptères qui ornent l'été presque sans nuits de la Laponie,
Enfin, il seraitrès utile de recueillir sur les petits animaux phosphores-
cents des mers septentrionales que l'expédition doit traverser, des obser-
vations qui viendront très utilement compléter celles qui ont été faites si
souvent, et dans ces derniers temps encore, par les zoologistes de /4
Bonite, dans des mers si différentes par leur situation géographique et
leur température.
S'TIL.
» Nous ne saurions trop engager les zoologistes de l'expédition À fixer ,
aussi exactement qu'ils le pourront, la distribution géographique des di-
verses, espèces, soit de la faune européenne, soit de la faune arctique ,
qu'ils pourront se procurer. En complétant, sous ce point de vue si im-
portant, leurs, propres observations par des renseignements pris auprès
des zoologistes, et aussi auprès des chasseurs du pays, ils arriveront à re-
cueillir des documents très précieux pour la détermination des limites où
cessent de se trouver nos espèces européennes, et où commencent à ap-
paraître les espèces arcliques. Cette question , sans nul doute, n’est pas
susceptible d’une solution simple et générale, la faune européenne ne se
supprimant pas brusquement pour faire place à la faune arctique : ce sont
des solutions partielles qu'il faut chercher; et celles-ci même, tant le su-
jet est difficile, nous ne pouvons les espérer que pour un certain nombre
d'exemples, quelque confiance que nous ayons dans le zèle des zoologistes
(544 )
de l'expédition et dans l’obligeance que M. Nilsson et ses compatriotes
mettront à les seconder. Mais les exemples que nous leur devrons, fussent-
ils très peu nombreux, ne pourront manquer d'offrir un intérêt réel
pour la science, surtout s'ils sont bien choisis, c’est-à-dire s’ils se rapportent
à des espèces bien déterminées , et à l'égard desquelles il ne puisse rester
d'incertitude. Nous pensons qu'un des moyens d'atteindre ce but, est de
s'attacher particulièrement aux especés dont la connaissance n’est pas ren-
fermée uniquement dans le cercle des personnes instruites en zoologie,
mais sur lesquelles , au contraire, quelques circonstances de leur organisa-
tion ou de leurs habitudes ont fixé l'attention générale. Par là le nombre
de personnes que l’on pourra consulter avec fruit, deviendra beaucoup
plus considérable. Pour des espèces de petite taille, peu remarquables
par leurs caractères extérieurs et leurs mœurs, les zoologistes seuls pour-
raient donner une réponse; les chasseurs, au contraire (et la chasse,
comme chacun le sait, est l'occupation principale d’une portion considé-
rable des habitants de la Scandinavie), pourront être sûrement et utile-
ment consultés, lorsqu'il s'agira de déterminer, par exemple, jusqu'où
s’avancent, au nord, le renard commun, le lièvre vulgaire et nos Mustela
de France ; jusqu'où, au sud, l'isatis, le lièvre variable, la zibeline. Que
les premiers succèdent immédiatement aux seconds, qu'ils en soient sé-
parés par un intervalle plus ou moins grand, ou bien, enfin, qu'ils
coexistent dans quelques lieux, et, pour ainsi dire, se rencontrent sur les
limites de leur distribution géographique : le résultat, quel qu’il soit, des
recherches que nous indiquons ici, devra être enregistré avec soin, et ne
pourra manquer de conduire à des conséquences d’un très grand intérêt.
» Enfin, nous inviterons encore les zoologistes de l’expédition, à re-
chercher les analogies qui pourraient exister entre la faune des parties
élevées des Alpes scandinaves et celle des régions basses, plus reculées
vers le nord, que traverse la même ligne isotherme. Déjà de tels rapports
ont été signalés par plusieurs auteurs pour diverses régions; entre au-
tres, par M. Latreille, pour la Suède elle-même, comparée à nos Alpes
et à nos Pyrénées; et ils sont de trop d'intérêt pour qu'on ne doive pas
chercher, par de semblables observations en d'autres lieux, à les confir-
mer et à les généraliser de plus en plus. »
(545)
Insraucrions. concernant la botanique, rédigées par
: 8
. M. ADOLPHE BRONGNIART.
« La Suède, la Norwége et la Laponie ont été depuis long-temps explo-
rées avec tant de soin sous le point de vue de la botanique, par les sa-
vants suédois et danois les plus célèbres, depuis Linné jusqu'à MM. Wah-
lenberg, Agardh, Fries, etc., qui, dans ces derniers temps, ont fait de la
distinction des espèces et de leur distribution géographique une étude si ap-
profondie, qu'il serait presque impossible à des voyageurs de rien ajouter
à cet égard.
» Mais la comparaison des plantes de ces contrées sibien étudiées par les
botanistes du nord de l’Europe, avec celles des contrées plus méridionales
de l'Europe auxquelles on applique les mêmes noms, serait d’an grand
intérêt, soit pour déterminer les modifications que le climat peut apporter
aux formes d’une même espèce, soit pour s'assurer si les plantes de France
auxquelles on donne les noms que Linné a imposés aux espèces suédoises
sont bien identiques avec elles; cette comparaison, en effet, devrait servir
de base à tout travail de géographie botanique générale, et il faudrait que
les matériaux pour un travail de ce genre pussent être réunis dans les
collections publiques d’une ville centrale comme Paris. Il serait donc à dé-
sirer qu’une collection bien complète des plantes de la Scandinavie, tant
phanérogames que cryptogames, püt étre déposée dans notre Musée d'His-
toire naturelle de Paris, où elle pourrait servir à tous les botanistes qui
voudraient comparer nos espèces indigènes avec celles décrites par Linné
et Wahlenberg, dans leurs Flores de Suède et de Laponie; mais ce n’est que
par les botanistes mêmes de ces pays qu’on pourrait espérer de former des
collections complètes de cette nature, la durée d’un voyage ne permettant
évidemment d’en recueillir qu'une petite partie.
» Malgré les données si précieuses pour la géographie botanique, que
M: Wahlenberg a publiées sur la distribution des arbres et des plantes enr
Suède et en Laponie, l'étude de la végétation des montagnes de la Norwége
et de la Laponie pourrait encore fournir le sujet de quelques observations
qui paraissent ne pas avoir été faites par ce savant botaniste. Ainsiila parfai-
tement fixé les limites géographiques des espèces: les plus remarquables et
surtout des grands arbres, et il a insisté ; le. premier, sur la différence singu-
lière que présentent sous ce rapport les deux versants occidentaux etorien:
taux, de la chaîne de montagnes qui traverse la Laponie dans toute sa lon-
gueur; maisil ne paraît pas avoir eu les moyens de fixer avec précision la
(546 )
hauteur absolue à laquelle parvient, à diverses latitudes et sur les deux ver-
sants, la limite des principales espèces d'arbres tels que sapins, pins et
bouleaux. Il serait donc important de profiter de l’aide que pourraient
se donner les divers membres de la Commission pour fixer par de bonnes
observations barométriques correspondantes, la hauteur de la limite des
sapins , des pins, des bouleaux et du terme de la végétation herbacée à des
latitudes plus ou moins septentrionales, soit sur la pente des montagnes
du côté de l'Océan, soit du côté opposé.
» L’élévation des montagnes, entre Roerstadt et Qvickjock, et entre
Tromsoe et Enontekis, rendraient ces points particulièrement favorables
pour ces détermination.
» Si les membres de la Commission étendent leur voyage jusqu'au
Spitzherg, les recherches botaniques acquerront un beaucoup, plus
grand intérêt; non qu’on puisse espérer de trouver beaucoup de plantes
nouvelles dans cette région glaciale, mais on possède à peine quelques
indications sur la végétation de cette île, et il serait intéressant de :cons-
tater quelles sont les espèces de l'extrémité boréale de l'Europe qui s'é-
tendent encore plus près du pôle. 11 faudrait surtout déterminer si dans
certaines localités favorablement exposées, le pin, le bouleau, ou le ge-
nevrier, croissent encore, ne fut-ce que sous la forme d’arbuste, ou si,
comme toutes les relations des voyageurs semblent l'indiquer, ces arbres
manquent complétement sous cette latitude.
» Il serait très essentiel de s'assurer si dans les tourbières ou dans les
attérissements des rivières , il ne se trouve pas des troncs d'arbre, comme
les membres de la même Commission l'ont constaté en Islande; et dans le
cas où l’on en rencontrerait, il serait essentiel de rapporter les troncs les
plus gros et les plus intacts pour bien déterminer leur nature; mais il
faut bien éviter de confondre avec ces arbres, qui auraient nécessairement
crû dans l'ile, ceux que les courants apportent fréquemment sur les ri-
vages. Enfin, il faudrait rechercher si dans les tourbes on ne trouverait
pas quelques graines , ou autres parties caractéristiques des végétaux qui
vivaient -lors de leur formation, et les recueillir avec:soin pour tâcher
d'apprécier par là les changements qui auraïent pu s’opérer dans la nature
de la végétation, depuis que cette matière se forme à la surface du sol.
» Il faudrait recueillir avec la plus grande attention, et dans des loca-
lités aussi variées que possible , toutes les plantes qui croissent sur cette
terre glaciale. Phipps'; dans son Voyage indique 17 plantes phanérogames
recueillies par lui dans cette ile; plus anciennement, Frédéric Martens:, de
( 547)
Hambourg, avait figuré unedixaine de plantes qu'il y avait observées, parmi
lesquelles quatre semblent différentes de celles énumérées par Phipps. Ainsi
la végétation phanérogamique de cette île, telle qu'on la connaissait par
ces voyageurs, ne se composait que de vingt-une espèces.
» Dans ces derniers temps, Scoresby a ajouté à cette liste six espèces que
les voyageurs précédents n’avaient pas observées, et qu’il a trouvées dans les
parties les plus septentrionales de cette île, vers le 70° de latitude; enfin
une petite collection faite dans cette contrée, et qui a été vue à Christiania
par votre rapporteur, comprend encore quatre espèces qui ne sont pas
indiquées dans ces catalogues, ce qui porte à trente-une espèces le nombre
total des plantes phanérogames recueillies dans ce pays. Pour faciliter les
recherches des membres de la Commission, nous croyons devoir en donner
ici la liste.
Liste des Plantes phanérogames trouvées au Spitzberg par divers
voyageurs.
GRAMINÉES. ......, Phippsia algida, R, Brown, Ch, Mely, (Phipps.)
Agrostis algida, Soland., in Phipps yoy.
Alopecurus alpinus, Smith. (Herb. Christ.)
JUNÇÉES:. 4... Luzula hyperborea, R. Br., Ch. Melv. (Phipps —Scoresby )
SALICINÉES = Salix polaris, Wablenb. (Mart.—Ph.—Scor.)
Salir herbacea, Phipps, voy. — Spreng., hist.
r. k,, p, 106
POLYGONÉES........ Polygonum viviparum, Linn. (Mart.—Phipps,)
PERSONÉES, ..,,.... Pedicularis hirsuta, Linn. (Scor.—Herb. Christ )
ÉRICINÉES. ......... Andromeda tetragona, Linn. (Scoresby.)
SAXIFRAGÉES....... Sazifraga oppositifolia, Linn. (Mart.—Ph.—Scor.)
_ nivalis, Linn. (Mart.)
var. Hyperborea, Deinboll. (Herb. Christ.)
— stellaris, Linn. (Mart.)
— herculus, Linn. (Herb. Christ.)
— cernua, Lien. (Phipps.—Scor.)
_ bulbifera, Linn. (Herb. Christ.)
_ rivularis, Linn. (Phipps.—Mart.)
_ cæspitosa, Linn. (Phipps.)
var. Groenlandica. (Scor.—Herb, Christ.)
CRASSULACÉES. ..... Sedum annuum, Linn. (Phipps.)
Bulliarda aquatica, de C. (Phipps.)
ROSACÉES. ......... Sibbaldia procumbens, Linn. (Phipps.)
Dryas octopetala, Linu. (Scor.—Herb. Christ.)
CARYOPHYLLÉES.... Cerastium alpinum, Linn. (Mart.— Phipps.— Scor.)
Silene acaulis, Linn. (Herb. Christ.)
C. R. 1838, 19 Semestre. (T-VI, N° 47.) 75
(548 )
CRUCIFÈRES........ Cochlearia danica, Linn. (Phipps.)
— groenlandica, Linn. (Mart.— Ph.— Scor.)
Cardamine bellidifolia , Linn. (Scor.)
Draba alpina, Linn. {Scor.)
PAPAVÉRACÉES.. ..… Papaver nudicaule, Linn.
var. Radicatum. (Scoresby.— Herb. Christ.)
RENONCULACÉES.... Ranunculus (1) nivalis, Wabl. (Mart.— Phipps.)
— sulphureus, Soland. (Mart.— Phipps.— Scor.)
— prgmœæus, Wabhl. (Mart.)
—_ hyperboreus, Rottb. (Mart.)
— lapponicus, Linn. (Phipps.)
» Si l'on considère que des familles encore fort nombreuses dans la
flore de Laponie n’ont aucun représentant dans cette énumération , ou n’en
ont qu'un ou deux; que, par exemple, ce catalogue ne comprend pas une
seule Cypéracée, tandis qu’on en connaît soixante-une espèces en Laponie;
qu'il n’y a que deux Graminées sur cinquante-deux que nourrit ce der-
nier pays; qu'il n’ÿ a pas une seule Composée, tandis que la Laponie en
présente quarante-quatre : on sera porté à croire que des recherches plus
suivies que n’ont pu l'être celles des voyageurs précédents, doubleraient
au moins le nombre des plantes phanérogames de cette flore, et permet-
traient alors de comparer la végétation de la terre la plus voisine du pôle
à laquelle on soit parvenu, avec celle des parties les plus arctiques de
l'Amérique que les voyages de Parry, de Ross et de Francklin nous ont
fait connaître, et qui sous une latitude moins élevée paraissent déjà pré-
senter une flore presque aussi restreinte.
» Il faudrait surtout porter une attention spéciale sur les familles des
Graminées et des Cypéracées, qui paraissent avoir été presque entièrement
négligées par les voyageurs précédents, et qui cependant jouent un rôle
important dans cette végétation arctique, où elles représentent presque
seules la grande classe des Monocotylédones.
» L’exploration de cette île, sous le rapport de la Cryptogamie, n’aurait
pas moins d'intérêt. On sait qu’en général le nombre de ces plantes, com-
paré à celui des Phanérogames, s’accroït à mesure qu’on s'approche du
(1) La distinction des espèces du genre Renoncule qui croissent au Spitzberg est
encore environnée de beaucoup de doute, plusieurs d’entre elles étant fondées sur l’ins-
pection des figures de Marteus, et les limites entre ces espèces étant très difficiles à déter-
miner : c’est un genre qui mérite de fixer l’attention des voyageurs.
( 549 )
pôle; mais on ne sait pas cependant jusqu’à quel point ces végétaux peu-
vent supporter les climats de contrées aussi voisines du pôle. Le catalogue
de Phipps ne contenait que seize Cryptogames terrestres ; ce nombre a
déjà été augmenté notablement par Scoresby; les deux catalogues combi-
nés de ces voyageurs le portent à environ trente-cinq; mais. il est bien
probable que ce nombre est encore très inférieur à celui des espèces qui
croissent au Spitzherg, si l’on en juge par le nombre si considérable de ces
plantes , et surtout des Lichens, dans le nord de la Laponie.
» Ainsi, l’on ne saurait trop recommander la recherche des Mousses, des
Hépatiques , des Lichens et même des Champignons qui croissent à la sür-
face du sol ou sur les rochers; pour les espèces qui croissent immédia-
tement sur les rochers, on devra remarquer, si par la position des sur-
faces sur lesquelles on les a trouvées, ces plantes doivent rester à nu
pendant l'hiver, sans être protégées par la neige contre la rigueur de
cette saison, et quelles sont les espèces qui croissent dans cette position.
» Il serait important de recueillir également les Conferves et les Chara
qui peuvent habiter les eaux douces de cette ile, et de s'assurer si les
familles des Fougères, des Lycopodes et des Équisétacées, mont plus en
effet aucun représentant sous ce climat glacial.
» Il est enfin un dernier point de géographie botanique important à
étudier durant ce voyage : ce sont les changements qu'éprouve la vé-
gétation marine depuis le 60° degré de latitude environ, où elle est assez
bien connue jusqu'au cap Nord, le long des côtes de Norwége et de
Laponie, puis les différences qu’elle présente sur les rivages, si long-temps
environnés de glace , du Spitzberg.
» La nature des espèces qui croissent dans cette région, leur grandeur,
leur plus ou moins d’abondance, sont autant de faits très importants à
déterminer pour jeter quelque lumière sur la question trop peu étudiée
de la distribution géographique des plantes marines. »
Ænsrrucrions concernant la géologie, rédigées par M. ÉL1E DE BEAUMONT.
« Si, dans une-expédition scientifique du genre de celle qui se prépare
pour le nord de l'Europe, il ne s’agissait uniquement que de mieux faire
connaître les contrées que l’expédition aura à parcourir, considérées seu-
lement en elles-mêmes, les instructions demandées à l'Académie auraient
pu, quant à la partie géologique, être fort laconiques. On aurait pu dire
aux naturalistes de l’expédition : la Scandinavie a donné naissance à un
7b..
( 550 )
grand nombre de minéralogistes et de géologues justement célèbres qui
ont depuis long-temps commencé à la décrire; d'illustres voyageurs l'ont
parcourtüe dans tous les sens et ont fait part au public des résultats de
leurs obsérvations; lisez ces différents écrits, suivez les traces des maîtres
de la science, et tächez de compléter leur ouvrage.
» Mais en tenant un pareil langage, l'Académie, nous le croyons, ne
remplirait pas toute sa mission, et ne rendrait même pas une justice en-
tiére aux savants célebres dont les travaux ont fait de certains points de la
presqu'’ile scandinave des localités classiques pour la géologie. Le premier
pas de la géologie consiste sans doute à décrire exactément la forme et la
composition du sol d'une contrée; mais le second consiste à comparer
entre elles des contrées plus ou moins éloignées. Cette comparaison peut
se préparer dans les livres, mais elle ne peut s'achever que par la vue
des objets; et elle nécessite tout au moins la formation de collections de
roches qu'on puisse mettre en contact et ên parallèle les unes avec les
autres. Il pourrait être fort utile à la science qu’un géologue suédois,
complétement familiarisé avec le grand attérissement diluvien de la Suède,
vint en faire la comparaison avec les formes particulières que prennent les
phénomènes diluviens dans la vallée de la Seine, aux environs de Paris.
Ce sont des comparaisons de ce genre que nous devons chercher à provo-
quer ou à préparer. Mieux un pays est connu de ses habitants, mieux
il a été décrit par eux, et plus il peut offrir des termes de comparaisons
utiles.
» Sous ce rapport, peu de pays ont été mieux préparés que les parties
méridionales de la Suède et de la Norwége; c’est un voyage de comparai-
son qu'il s’agit d'y faire. Quant à la Laponie et surtout au Spitzhberg, il y
a encore là ample matière pour un voyage de découvertes.
» Ayant eu l'honneur d’être chargé de rédiger la partie géologique des
instructions destinées à l'expédition qui va partir pour le nord de l'Eu-
rope, je n'ai pas cru devoir me contenter des recherches que je pouvais
faire dans les ouvrages publiés sur ces contrées. Malgré le soin que
MM. les naturalistes de l'expédition ont bien voulu mettre à m'aider
dans cette recherche, et la complaisance qu’a eue en particulier M. Eu-
gène Robert, de me communiquer les notes qu'il a lui-même recueillies
dans un grand nombre dé recueils, des points importants auraient peut-
être pu nous échapper. Je me suis donc adressé à M. Léopold de Buch,
qui lui-même, il y a près d’un tiers de siècle, a porté le flambeau de la
science dans les contrées qu’il s’agit de soumettre à de nouvelles investi-
( 551 )
gations, et dans chacun des paragraphes de cette instruction je mettrai
en premiere ligne les indications de l’'illustre voyageur qui veut bien
encore ici me servir de guide.
» Parmi les roches les plus importantes à recueillir, M. de Buch cité
les roches hypersthéniques qui donnent un caractère particulier à la grande
chaine des Kiôlen , dans sa partie maritime. La syénite hypersthénique est
une roche à très gros grains, et s'élève en chaînes peu étendues de plusieurs
milliers de pieds de hauteur. C’est surtout aux environs de Bergen qu’elle
se présente en formes colossales, et elle est en même temps d’un très
facile accès. Le Samnangerford , à six ou huit lieues de Bergen, vers l’est,
est séparé de cette ville par une chaine très escarpée des roches hyper-
sthéniques qui s'étend jusqu’à Ous, droit au sud de Bergen. Une chaîne
semblable a été découverte par M. Esmark, près de Tôns, sur le Glommenelv,
aux environs de Rôraas, c’est-à-dire bien enfoncée dans l’intérieur du pays.
» On retrouve ces roches hypersthéniques sur l’Alt-Eid, à 70° de latitude.
Enfin, on les rencontre de nouveau au cap Nord même, mais non pas sur le
Promontoire; il faut se donner la peine d’entrer dans l'intérieur de l'ile de
Magerôe, où je les ai vues, dit M. de Buch à votre commissaire , surtout sur
les hauteurs du Honigvoogeid. Tout le profil des couches, depuis Kielvig
Jusqu'au cap Nord, est très curieux, et mériterait bien la peine d’être
examiné avec une attention particulière.
» Depuis quelque temps une compagnie anglaise exploite des mines
de cuivre dans le Refsboten, près d’Alten, par 70° de latitude: je crois
aussi, dit M. de Buch, dans une roche hypersthénique : elle est ici à grains
très fins.
» L'étude de ces roches hypersthéniques à grains très fins présenterait
beaucoup d'intérêt. M. Gustave Rose, en décrivant les filons de syénite
hypersthénique à grains très fins qui traversent le gite métallifère de
Schlangenberg en Sibérie, a déjà fait remarquer combien il est difficile
de les reconnaître. Lorsque leurs caractères échappent, on est dans l’ha-
bitude de les confondre parmi les roches de trapp. Mais il est aujour-
d'hui avéré, et ceci en est même un nouvel exemple, que la classe des
trapps contient des roches dune composition très variée, quoique tou-
jours également indiscernable. Il serait à désirer qu’on pt faire sortir
les roches d’hypersthène à grains trés fins de cette espèce de chaos, et
peut-être en trouverait-on des moyens en étudiant avec soin la série de
dégradations par laquelle passe la syénite hypersthénique lorsque son
grain diminue, De bonnes suites de ces passages seraient fort utiles,
(5522)
» Ce que je viens de recommander pour les roches hypersthéniques , je
crois pouvoir le recommander en général pourtous les trapps de la Suède.
Lorsque Cronstedt et Wallerius ont commencé à fixer l'attention sur ces
roches, dont ils ont dérivé le nom du mot suédois treppa, qui veut dire
escalier , ils n’ont pu les caractériser que par de simples apparences ex-
térieures. Il est indubitable , ainsi que je viens de le rappeler, que ces
apparences sont revêtues par beaucoup de roches de composition diffé-
rente. Généralement cette composition est indiscernable ; mais en exami-
nant avec soin les montagnes trappéennes, peut-être trouverait-on quel-
ques parties dans lesquelles le grain deviendrait plus gros, et dans lesquelles
on pourrait prendre des échantillons susceptibles d’être soumis au procédé
d'analyse microscopique si heureusement mis en usage pour les roches
volcaniques par M. Fleuriau de Bellevue, et surtout par M. Cordier. De-
puis que les recherches modernes ont appris à ne voir dans l’amphibole,
le pyroxène, et plus encore dans le feldspath que des groupes d’es-
pèces, l'analyse minéralogique des trapps est devenue un vrai besoin pour
la science.
» Peut-être parmi les trapps de Suède existe-t-il de véritables basaltes.
Divers auteurs en ont indiqué, soit au Kinnekulle, sur les bords du lac
Wenern; soit dans les collines des environs de Svebesholm et de Hôr, en
Scanie (1). Sont-ce bien de véritables basaltes comparables en tous points
à ceux d'Auvergne? On aimerait à s’en assurer, en mettant en regard de
bonnes suites de roches des deux pays.
» Des roches d’euphotide ont aussi été plus d’une fois signalées en
Norwége et en Laponie. Une partie de ces roches n'étaient certaine-
ment que des syénites hypersthéniques dont l’hyperstène avait été
pris pour du diallage ; mais n’existe-t-il pas de véritables euphotides en
Norwége? Il serait important de s’en assurer. On a cité des serpentines
en Norwége et en Suède (2). On connait l’affinité singulière de gisement
des serpentines et des euphotides; une affinité du même genre existe-
t-elle entre les syénites hypersténiques et certaines serpentines, et la sub-
stance nommée serpentine est-elle la même dans les deux cas? Il serait
important de s’en assurer.
(r) Carte géognostique des parties moyennes et méridionales de la Suède ; par
M. Hisinger.
(2) Reise nach dem Hohen norden, von /’argas Bedemar. Frankfurt, 1810.
Hisinger, Mineralogische geographie von Scheweden. Freyberg, 1819.
(553)
» Parmi les roches à examiner dans le nord sous le rapport de leur
composition, je citerai encore une espèce de granite nommée Rapakivi,
qui existe en divers points de la Finlande, et notamment , d’après Acerby ,
à deux milles au nord d’Uleaborg. Si l’on en trouve l’occasion , il sera bon
d’en faire dés collections soignées sur lesquelles on puisse lever tous les
doutes qui existent sur sa composition.
» Les environs de Christiania présentent comme un vaste musée de
roches aussi belles que variées, dont le gisement présente une foule de
circonstances curieuses, et qui sont aussi propres que les basaltes et les
trachytes de l'Auvergne, à être prises comme types dans la description
des autres contrées. Il sera extrêmement utile d’en posséder de bonnes
collections. Je citerai particulièrement les mélaphyres, les porphyres et
surtout la syénite zirconienne, dont M. de Buch a signalé la superposition
à un terrain sédimentaire. Un profil vers le Sennesio fait voir, écrit M. de
Buch à votre commissaire, toute la succession de ces roches. Les carrières
d’Aggers-Kirke poursuivent de gros filons de mélaphyre, et surtout de
roches hypersthéniques. Les modifications sans fin et très remarquables
des mélaphyres s’observent très bien en traversant le Krogskov, depuis
Rärum, vers le Holsfiord. L’épidote s’y voit en filons, et surtout assez
souvent tapissant l’intérieur des cristaux de labrador, que les cristaux
d’épidote ont évidemment rongés pour se former et s’agrandir. Des géodes
dans ce mélaphyre, contiennent du bitume. Le Krogskov doit fournir une
ample récolte.
» Les escarpements de Holmestrand font voir un passage du mélaphyre
au basalte. Holmestrand doit arrêter la personne chargée des collections
pendant plusieurs jours.
» La siénite à zircons est la plus caractérisée aux environs de Laurvig,
puis encore vers Stavern. Cette belle roche s'étend ici sur des lieues carrées
entières ; il n’est donc guère nécessaire de désigner plus spécialement des
lieux convenables pour la recueillir.
» On la retrouve à Egersund, au sud de Bergen, où son étendue n’a pas
été examinée, ce qui cependant en vaudrait bien la peine. Plus loin, vers
le nord, il n’y en a plus.
» Je ne me bornerai pas à recommander de rechercher toutes les va-
riétés des roches que je viens de mentionner, et d’en recueillir des collec-
tions complètes. Les circonstances remarquables du gisement de ces roches,
la manière dont elles traversent souvent les roches adjacentes, dont elles
les bouleversent, dont elles les recouvrent; les modifications de texture, et
C 554 )
quelquefois même de composition, que ces dernières éprouvent pres du
point de contact, doivent être étudiées en détail et représentées par de
bonnes suites d’échantillons; elles méritent aussi d’être dessinées.
» Nos deux confrères, MM. Alexandre et Adolphe Brongniart, dans le
voyage qu'ils ont fait en Norwége et en Suède, dans l’année 1824, ont ob-
servé, surtout aux environs de Christiania, de nombreuses masses de roches
éruptives telles, par exemple, que des mélaphyres injectées au milieu de
roches préexistantes. M. Adolphe Brongniart a fait, des gisements et des
pénétrations mutuelles de ces roches, des dessins à la fois pittoresques et
géologiques, que je crois pouvoir recommander à limitation de MM. les
naturalistes et dessinateurs de l’expédition.
» On sait de quelle importance sont devenus, pour la géologie, les
filons de granite que Hutton découvrit dans le Glen-Tilt, en Écosse, S'é-
levant à travers le calcaire superposé. La Norwége abonde en phénomènes
de pénétration et d'injection non moins curieux. MM. Naumann et
Keilhau en ont indiqué un grand nombre et en ont figuré plusieurs (1),
mais toujours dans des dessins d'une petite échelle, qui sans doute don-
nent une idée des lumières que la science peut puiser dans ces localités,
mais qui ne sont pas toujours suffisants pour permettre de les comparer
d'une manière sûre aux apparences du même genre qui existent dans
d’autres contrées, par exemple, dans les Alpes et dans les Pyrénées.
» Des dessins suffisamment développés dans lesquels ces localités clas-
siques seraient fidèlement représentées avec une partie au moins de ce
qu'elles ont de pittoresque, et dans lesquels l’enchevêtrement des roches
serait représenté, comme l’a fait M. Adolphe Brongniart, par des cou-
leurs convenablement appliquées, formeraient un atlas des plus inté-
ressants pour la géologie.
» Il est aujourd’hui prouvé que les mélaphyres, les porphyres, les syé-
nites et même les granites, ainsi qu’une foule d’autres roches analogues, ont
cristallisé par voie de refroidissement, Ces roches sont par conséquent des
produits des laboratoires mystérieux que notre globe a renfermés dans
tous les temps. Sous ce rapport, elles ont de la ressemblance avec les pro-
ductions volcaniques de l'époque actuelle. Mais cetteressemblance d’origine
ne va pas jusqu'à l'identité; elle laisse place à de nombreuses et importantes
dissermblances. Le moment est venu pour la science de préciser ces dis-
{1) Naumann, Beytrase zur Kenntniss Norwegen’s. Leipzig, 1824.
Keïlhau , Darstellung der neb ergang’s-formation in Norvegen. Leipzig, 1826.
(565 )
semblances, etce sera'en grande-partie dans un examen attentif, détaillé,
minutieux même de phénomènes-de pénétration tels que ceux dont il vient
d'être question, qu'on pourra trouxier la clé et la mesure de ces dissem-
blances.
». Les couches: de gneiss présentent tout le long des côtes des contor-
sions et des mouvements très remarquables qui frappent extrêmement,
parcé qu'on les voit exposés à la vue sur un long espace et tout-à-fait à nu,
sans être cachés par des herbes ou des forêts. Un bon dessinateur, crité
M. de Buch à votrecommissaire, remplirait un portefeuille très étendu de
tous ces accidents, et il serait à désirer qu’on s’en occupât (1).
» Les accidents de: la stratification, les contournements des couches,
leurs brisures, les rapports de leur position avec celle des masses de roches
éruptives, peuvent aussi être étudiés plus en grand, et cette étude peut
soulever denouvelles questions.
» Si l'on jette les yeux sur des cartes suffisamment détaillées de la
Norwége et de la Suède, on reconnaît assez aisément que les principaux
traits des montagnes de la côte orientale se coordonnent à deux directions
différentes, dont là combinaison détermine toutes les formes de la côte.
» La première de ces deux directions, qui s’apercoit surtout dans la
disposition des îles de Loffoden:, dans celle des bras de mer et des lacs
qui avoisinent Drontheim, et dans celle des monts Dovre-Field , entre
Drontheim et Christiania, court entre le nord-est et l’est nord-est, en cou-
pant le méridien de Christiania sous un angle d’un peu plus de 60°. Elle
est elle-même coupée sous un angle très marqué par les chainons les plus
étendus des Alpes scandinaves. Le plus considérable de ces chaînons, connu
sous le nom de Kiolen, partant de l'extrémité nord-est du Dovre-Field, sé-
(1) Le marbre statuaire blanc grenu: est ordinairement tourmenté comme le gneiss! :
on le voit à Salthellen; près de Sulboeliord , au sud de Bergen, à 60° de latitude, sur
l'ile de Wyck, près de laigrande ile Sartoroe, et à Hope-Holm , à unc lieue de Bergen,
près de Tiosanger.
On doit encore recommander la recherche des couches de dolomie dans Le schiste mi-
cacé ; on y verra et trouvera , dit M. de Buch, beaucoup de minéraux encore inconnus de
ces localités: des tourmalines vertes, des rubis, des cyanites, des apatites. Ces dolomies
Se trourant à Cashess par 69° de latitude , elles y sont très étendues. Puis sur l'île de
Sengen , aux enrirons de Kloïven où la trémolite est très belle; à Lenwig, ansud de
Tromsôe; à 69° : de latitude, età Benoëjard, encore plus près de Tromsüé, avec stauro-
tide en abondance ; enfiu, sur l’île de Tromsôe même. Ces couches forment une grande
partie de ces montagnes, et se retrouvyeraient , suivant toute apparence, dans l’intérieur
des polfes.
CR, 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 47.) 76
( 556 )
pare la Suède de la Norwége septentrionale; et après s'être partagé à son
extrémité nord-nord-est, entre les différentes baies du Finmarck, il se
termine à la mer Glaciale, sur le Sverholt, entre le Laxefiord et le Porsan-
ger-Fiord , et par le Nord-Kyn, entre cette dernière baie et le Tannaford.
» L'existence dans la Scandinavie de ces deux directions principales, m'a
fait conjecturer qu'il doit s’y être opéré deux principales séries de disloca-
tions. La première appartiendrait au grand système de dislocations dont sont
affectés dans toute l’Europe les dépôts stratifiés les plus anciens; la se-
conde, d'après la direction de la chaîne du Kiôlen, m’a paru devoir se rap-
porter à l’époque du soulèvement des Alpes occidentales. Ces conjectures
peuvent conduire à poser la question de savoir s'il n’y aurait pas eu dans
le nord un premier soulèvement de granite très ancien, qui aurait donné
naissance au premier système ; un dernier soulèvement de roches hyper-
sthéniques, qui aurait donné naissance au Kiôlen , et si dans l'intervalle très
long qui les aurait séparés n’auraient pas apparu les syénites zirco-
niennes, les porphyres, les mélaphires, qui ne semblent se rattacher qu’à
des accidents orographiques d’un ordre moins important.
» En posant ces diverses questions, je n’ose croire qu’elles soient toutes
destinées à recevoir une prompte solution, à cause du petit nombre des
formations sédimentaires qui se montrent sur le sol de la Scandinavie;
mais si l’on ne peut remplir toutes les lacunes de la science, relativement à
ces phénomènes anciens, peut-être en sera-t-on dédommagé par les ob-
servations que l'expédition pourra faire sur les phénomènes actuels qui
attestent sous nos yeux, dans ce même pays, la mobilité de l'écorce ter-
restre. Ces phénomènes, dont les traces s’observent sur les côtes , doivent
étre particulièrement recommandés à une expédition, qui aura à sa dis-
position un bâtiment de l’État. Je veux parler des variations de niveau que
présentent beaucoup de parties des rivages de la Suède.
» Tout le monde sait que certains points des côtes de cette contrée
s'élèvent progressivement au-dessus du niveau de la mer qui les baigne.
Je ne rappellerai pas ici les anciennes observations de Celsius et de Linné,
les repères tracés sur les rochers de la mer Baltique et du Kattegat , les
conséquences tirées par Playfair, les observations de M. de Buch, l’incré-
dulité qui les a d’abord accueillies , les observations réitérées qui ont
levé tous les doutes. M. Arago, dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes ;
M. Lyell, dans les Transactions philosophiques , ont donné à cette classe
de faits toute la célébrité qu’ils méritent si justement.
» Mais ce qu'on ne sait pas aussi généralement, et cé qui rend le phé-
(557)
nomène plus curieux encore, c’est que non-seulement il n’a pas lieu sur
toute la côte au même taux annuel; mais que certains points, au lieu
d’une élévation progressive, éprouvent un abaissement graduel, tandis que
d’autres sont dans un état stationnaire.
» Les points qui présentent ces trois circonstances diverses, méritent
également de fixer l'attention des observateurs ; les trois classes d’obser-
vations se contrôlent mutuellement. Lorsqu'on voit que, sur une même
côte, certains points s’immergent, tandis que d’autres restent station-
naires et que d’autres s’émergent de plus en plus, on ne peut plus craindre
aucune illusion dans les observations, et ces observations, en même temps
qu’elles prouvent que l'écorce terrestre est mobile, prouvent aussi qu’elle
st assez flexible pour que des points peu éloignés éprouvent des mou-
vements en sens contraire.
» Afin de mieux fixer les idées, je citerai ici quelques observations
locales.
» Le baron Hermelin, à qui l’on doit une description minéralogique et
une carte de la Laponie, écrivait en 1804 (1): Entre Seivits et Mikkala, et
entre ce dernier endroit et la ville de Torneo, se trouvent deux golfes
dont la profondeur diminue d’année en année, et qui, depuis qu’on y a
jeté des ponts de pierre il ÿ a quelques années, sont presque compléte-
ment à sec. Les académiciens français arrivèrent à Torneo, en bateau, en
1736, et, plus anciennement, de grands vaisseaux pouvaient arriver jus-
qu’à la ville; mais aujourd’hui ils sont obligés de rester à l'extrémité mé-
ridionale de Bjôrkôr, à cause du peu de profondeur de l’eau.
» Ainsi, il paraît que le phénomène d'élévation progressive, si connu
sur les côtes de Suède, depuis Calmar jusqu’à Gôfle, s'étend jusqu'à
Torneo. Mais il n’a pas lieu en Scanie; la côte de Scanie, au contraire,
s'enfonce par degrés.
» En 1749, Linné avait mesuré la distance qui existait entre la mer et
“un rocher voisin de Trelleborg; M. le professeur Nilsson a trouvé que
cette distance est aujourd'hui de 100 pieds plus courte qu’elle ne l'était
du temps de Linné. Dans un grand nombre de ports de la Scame , il
existe des.rues qui sont au-dessous des hautes eaux de la Baltique; quel-
ques-unes même sont au-dessous des eaux les plus basses. A Malmæ, la
mer recouvre quelquefois une des rues de la ville, et l’on a reconnu,
par des excavations, le sol d’une ancienne rue plus basse de 8 pieds.
(1) Hermelins minerographie von lapplard und IVestbothnien, p. 138.
76..
(558 )
A Trelleborg et à Skanœr, il est des rues plus basses de quelques pouces
que le niveau des grandes marées, tandis qu'à Ystadt, une rue se tronve
exactement au niveau de la mer. Évidemment on n'a pu ‘bâtir dans une
telle position relative.
» D'un autre côté, les côtes de Norwége paraissent être-immobiles ; du
moins M. Eugène Robert, qui a déjà parcouru la Scandinavie l’année der-
nière, rapporte que le sol des bords du golfe .de Christiania:paraitrait
étre stationnaire depuis 200 ans, à en juger par un payé-de l’ancienne
ville de Frédéricksvaern, brülée depuis'cette:époque , qui se trouve:en-
core au niveau de la mer à l’endroit du port.
» M. Everst, dans son voyage en Norwége (1), nous apprend que;la
petite île de Munkholm, qui est un rocherisolé dans.le portide Drontheim,
présente une preuve concluante que la terre, dans:cette région, est, restée
stationnaire pendant les troïs derniers siècles. T'étendue: superficielle de
cette île n'excède pas celle d’un petit village, et un nivellement officiel à
constaté que son ‘point culminant! s'élève à 23 pieds au-dessus des hautes
mers moyennes. Un monastère y arété fondé par Canut-lé;Grand, en
fan 1698, et trente-trois ‘ans auparavant on s’en servait comme d’un.lieu
d'exécution. D'après le‘taux moyen de l'élévation de la Suède, (environ 40
pouces anglais par siècle), nous serions; obligés de-supposer que cette ile
était à 3 pieds 8 pouces au-dessous-de la haute mer moyenne ; lorsqu'elle
a été choisie pour devenir ke siége d'un monastère.
» Il'serait extrêmement ‘intéressant de tracer un joursur la, carte, de
la Scandinavie les limites respectives de la zone ascendante, de Ja zone
descendante et de la zone stationnaire. Rienne doitêtre négligé de ce
qui peut conduire à ce résultat si important pour:la physique terrestre
et pour la géologie.
» Certains faits géologiques attestent aussi que les rapports de:miveau
entre la terre et la-mer ont varié dans plusieurs parties du mord de l'Eu-
rope, à une époque géologique récente. Il:s’agit maintesant 1le dépôts
coquilliers souvent argileux qui s’observent dans certaines parties de. la
Suede et de la Norwége, à diverses hauteurs au-dessus: de laimer, dépôts
qu'on peut comparer, quant à leur nature, aux Fahluns de; la- Touraine
et au Crag du Suffolk, mais qui sont probablement plus modernes.
» Tout le monde connaît les curieuses ‘observations-faites:enc2807 par
M. de Bucb et vérifiées depuis par M: Brongniart.et«par/ M; Lyell, :sux
QG) Lyell, principles of Ceology, tome IT, page 35.
(559 )
le dépôt de. coquilles marines d'espèces actuellement vivantes, situé à
Uddevalia en Suède, près des frontières de la Norwége, à 70 metres au-
dessus de la mer.
» Des dépôts, du même genre ont été observés dans les environs de
Stockholm, ainsi,qu’à Orust.et sur les bords du lac Rogyarpen.
» (Les environs de Christiania en.présentent également: M. le profes-
seur, Keilhau. les, y,a observés jusqu'à 600. pieds au-dessus de la mer ;
M: Eugène Robert, dans le voyage, qu'il:a déjà fait l’année dernière en
Norwége-et'en.Suède, a aussi constaté différents faits du même genre. Il
a remarqué, par exemple, entre Drammen et Christiania, sur le bord de
la route, à Raunsborg, un calcaire noir fétide avec térébratules, rempli de
coquilles, de la.saxicava rugosa , qui l'ont perforé à une époque où la mer
atteignait ce,paintélevé de 500: pieds au-dessus de son niveau actuel.
» Des: faits; de ce genre sont précieux, parce. qu'ils sont précis et ir-
réfragables. On, peut, s'attendre à en trouver. du méme genre, dans toute
l'étendue des côtes. de, la: Norwége.
:»:Des.coquilles marines d'espèces actuellement vivantes ont été recueil-
Jies en -desi points très avancés dans les-terres près. de Drontheim. D’après
M. dei Buchiet-M..Strôm, des:dépôts de, cette nature..existent à une éléva-
tionrde-plus-de 40e pieds;au-dessus de la mer, dans la, partie septentrio-
nale de la Norwége. D’après M. de Buch, on voit ces couches coquillières
sur l'ile de Luroe; sous, le;cercle-polaire même et à Tromsée, par 69° de
latitude.
»-On les retrouve.aussi au Spitzherg. D'après.M, le professeur Keïlhau ,
on‘trouve-dans le-Stans-Foreland (l’une des grandes iles dont.Ja réunion
constituerle Spitzberg),; à! 9 milles, et, demide Ja mer et à 100 pieds au-
-dessus derson niveau;un:banc d'argile alluviale renfermant des bivalves
“et analogue à ceux deseôtes: de Norwége.
» Sur desanille iles quibordent la côte sud du Spitzherg, on trouve à
“uner hauteur [considérable des os de-baleine acccumulés.
» D'après Pennant, la grève d’une ile basse:située à l'est du Spitzberg,
presque à l’opposite de l’entrée du Waygat, serait forméed’une antique
-concrétion:de sable , d'os de:baleine ,:de troncs d'arbres ou de-bois iflotté.
»1Gependant ces:dépôts coquilliers ; si répandus sur les côtes du nord
de Europe, ne s'y montrent pas invariablement,
») D'après les données que M; le: professeur Nilsson a fournies à M. Lyell,
-ebiquecce dernier a-consignées dans sondiscours à la Sogiété géologique
de Eondres, en février 1837, auine:trouve pas:dans la -Scanie de-plages de
( 560 )
coquilles analogues à celles dont il vient d’être question; on sait aussi que
ce phénomène manque presque complétement dans la partie moyenne de
l'Europe, ou ne s’y observe qu’à une très faible hauteur.
» Les faits géologiques que je viens de rappeler ont souvent été rappro-
chés du phénomène actuel de l'élévation graduelle de certaines parties de la
Suède; mais rien ne prouve que la mise à sec des hautes plages coquilléres
soit le résultat d’un phénomène lent et graduel; leur apparence générale
semblerait, peut-être , plus en harmonie avec l’idée d’un phénomène subit.
Ce point sera, au reste, pour l'expédition, un sujet de recherches inté-
ressant.
» Mais ce qui paraît déja certain, c'est que les sphères d'activité des denx
phénomènes (le changement de niveau actuel et le changement ancien), sont
trés différentes l’une de l’autre. M.de Buch, qui a toujours regardé les deux
phénomènes comme très différents, a montré d’une manière péremptoire
que le phénomène d’élévation de la Suède est étranger aux parties de
la Norwége que recouvrent les couches coquillières dont il s’agit. On voit
m'écrit-il, à Luroe, des pierres runiques placées sur ces couches à une élé-
vation si peu considérable au-dessus de la mer, qu’il n’y aurait pas encore
eu de fond pour placer ces pierres qui remontent à une haute antiquité, si la
règle, pour la Suède, de quatre pieds d’élévation par siècle, était appli-
cable à la Norwége.
» À peine votre commissaire a-t-il besoin d'ajouter que tous les faits de
ce genre et toutes les remarques relatives à cette question que l'expédition
pourrait recueillir, seraient pour la science des acquisitions précieuses.
» En outre, il serait important de posséder de bonnes collections de ces
coquilles fossiles récentes répandues en tant de points de la surface de la
Suede, de la Norwége, de la Laponie et du Spitzhberg, et en même temps
des collections des coquilles qui vivent actuellement dans les mers les plus
voisines, afin de pouvoir apprécier complétement le degré de ressemblance
que présentent les unes et les autres, et les changements plus ou moins
sensibles qui peuvent avoir eu lieu dans les mers, depuis que leur fossila-
tion a eu lieu.
» Une certaine anse du Spitzberg, nommée Baie des Coquilles, pour-
rait peut-être fournir en coquilles fossiles ou vivantes, des objets utiles
pour cette comparaison.
» Il serait aussi très intéressant de trouver dans ces dépôts des osse-
ments de quadrupèdes ou de cétacés qui n’y ont pas encore été signalés,
excepté au Spitzberg ; lacune d'autant plus singulière, que les mers des
( 561)
contrées boréales inhabitées fourmillent d’un si grand nombre de baleines,
de phoques, d'ours blancs et autres grands animaux , et que la Suède, la
Norwége et la Laponie présentent un grand nombre de rennes, de loups,
d'ours, de gloutons et autres quadrupèdes dont les ossements s’enseve-
lissent certainement, de nos jours, dans les dépôts littoraux.
» Parmi les dépôts modernes qui doivent être recommandés aux natura-
listes de expédition, on ne doit pas oublier cette farine fossile composée
principalement de carapaces siliceuses d’infusoires, souvent analogues à
des espèces vivantes, que les Lapons ont quelquefois mélée à leurs aliments.
On en a trouvé près d'Umea , à Degerford et en Finlande. Il serait inté-
ressant de bien connaître le gisement de ce dépôt siliceux d’origine orga-
nique, et de posséder des collections de toutes ses variétés et de tout ce
qui l'accompagne.
» La plupart des formations sédimentaires reconnues par les géologues dans
le centre et le midi de l'Europe manquent dans la Scandinavie. 11 y a lieu
de penser que pendant une grande partie des périodes tertiaires. et secon-
daires, ce pays faisait partie d'une grande île ou d’une terre continentale ;
les petits lambeaux de terrains secondaires qu’on y observe n’en sont que
plus intéressants pour la géologie. Je citerai particulièrement, à cet égard,
le lambeau de terrain jurassique que M. Hisinger, dans son excellente carte
géologique de la Suède méridionale, figure dans le midi de l'ile de Gott-
land. C’est un des points les plus septentrionaux où l’on ait réussi, quant à
présent, à constater la présence de cette formation. M. Hisinger, dans son
ouvrage intitulé Læthea suecica , cite, comme provenant de l’île de Gott-
land, des fossiles qui ne permettent pas de douter qu’on n’y rencontre le
lias, par exemple, la gryphæa arcuata , la lima gigantea et des vertèbres
d’ichtiosaurus. | serait intéressant de posséder une collection des fossiles de
ce dépôt, pour les comparer avec ceux enfouis à la même époque dans des
climats plus méridionaux.
» Je recommanderai aussi à MM. les naturalistes de l'expédition , le gîte
de combustibles fossiles qui se trouve dans l'ile de Bornhom, et qu'on est
porté à rapporter, comme celui de Brora, en Écosse, au terrain jurassique.
Une suite des fossiles animaux et végétaux dont ce combustible est peut-
être accompagné, présenterait de l'intérêt.
» Mais , si les périodes tertiaire et secondaire ne sont représentées dans la
Péninsule scandinave que par des lambeaux d’une petite épaisseur, on en est
en quelque sorte dédommagé par le grand développement qu'y présentent
les dépôts plus anciens qu’on appelle de transition. Les dépôts de cette
( 562 )
période y couvrent des provinces entières, et s'y montrent lé plus son-
vent en couches presque horizontales, aussi faciles à observer que les
terrains jurassiques dé là France et de l'Angléterré. Ces terrains sort
remplis de fossilés aussi nombreux que bien conservés! Îl sérait intéres-
sant de posséder des originaux des figures remarquables, publiées par
M. Hisinger dans sa Zæthea suecica. 1 le serait peütétre plus encore
de posséder les fossiles des terrains de transition dé la Norwége. Jus-
qu'ici on n’a pas encore publié de description spéciale dé ces derniers,
pas même de ceux que renferment le schisté ét le calcaire de Chris-
tiania. À Christianià même, me dit M. de Buch, en remontant l’Aggers-
El, vers Aggërs-Kirke , on trouve beaucoup d’orthocères dans ce calcaire.
La mine d’alun d'Opslo se sert de globules, d’ellipsoides calcaires dans le
schiste, qui renferment chacun une pétrification ; mais la plus grande
quantité de ces corps organisés sé trouve dans Præstegieldt (paroisse)
dEger, entré Christiania et Kongsberg. Les endroits les plus connus
sous ce rapport sont les métairies de Raae, de Soulhong et Saasen sur
lès bords oécidentanx du lac de Fiskrenr, où lés'orthocères et les trilobites
sont entassés par millions. Il serait à désirer qu'on remplit quelques
caisses de ces productions : on aurait le loisir de les examiner à Paris.
» Je n'ai Jimais enténdu dire, ajoute M. de Buch, qu’on ait trouvé dés
corps organisés dans les schistes de Hedmärkeri ou du Hadelaneb ; il sérait
d'autant plus intéressant d'y en découviir mêmé de faibles tracés.
» Ces collections serviront à établir les relations qui existent sans doute
entre les divers étages des térräins de transition de la presqu'île $candi-
nave et ceux du pays de Galles que MM. Murchison et Sedgvick viennent
dé diviser en deux grands systèmes, le système silurien et le $yrstèrie
cambrien.
» Maïs si les motifs que je viens de méntionner rendent désiräbles de
bonnes collections de fossiles des parties méridionalés de la preésqu’ile
Scandinäve , un intérêt plus grand encoré s'attache à ceux qu'on poufrait
recueillir dans lès latitudes élevées que l'éxpédition doit parcourir. Des
formations sédiméntaires qu'ün peut supposer analogues à celles du midi
dé la Suèdé, couvrent en partie lé terrain compris entre Torneo et le Cap
Nord ; la vallée de la rivière dé Tôfnéo, près de cette ville, ‘ét celle de
l'Alten, près d’Altengaard , Sont ouvettes dans cés formations : mais ce
qui surtout péut fairé présager des! découvertes du plus grand intérêt,
c’est qu'ine partie du Spitzberg ét dés îles qui lavoisinent sont esral
de terrains Stratifrés d'üné apparence aësez analogté. ! !" À
[ 563 )
» A cette occasion, je rappellerai en peu de mots les détails que nous
ont donnés, sur la constitution géologique du Spitzherg, plusieurs
voyageurs instruits , tels que Pennant, lord Malgrave, et surtout le capi-
taine Scoresby et M. le professeur Keilhau , de Christiania.
» La partie occidentale du Spitzherg a pour noyau une chaîne de mon-
tagnes élancées qui s'élèvent du sein des flots et des glaces à une hauteur
considérable. Leurs , formes dentelées, auxquelles est dû sans doute
le nom même de Spitzherg , annonce une crête de roches cristallines, ana-
logue à celles des Alpes suisses et scandinaves. Leur aspect massif rap-
pelle quelquefois le granite; ailleurs, elles sont stratifiées, maïs en cou-
ches très inclinées ; elles commencent à la pointe méridionale par 76°
de latitude. Ici ce sont des micaschistes et des quarzites en couches ver-
ticales courant du N.-E au S.-O. Ces roches forment le pays montueux qui
environne le korn Sound et le bell Sound, et elles se continuent encore
plus au nord. Le horn Sound doit son nom à une montagne pointue for-
mée de ces mêmes roches. Cette montagne, la plus haute de celles mesu-
rées par le capitaine Scoresby en 1815, a, d’après lui, 4395 pieds an-
glais (1339 mètres) de hauteur.
» Des dépôts stratifiés plus modernes existent aussi dans ces parages ,
et ils paraitraient; comme dans la Suède méridionale, reposer en stratifi-
cation discordante sur les anciennes roches cristallines. Le capitaine Sco-
resby en cite un exemple curieux. On voit, dit-il, au fond de la baie du
Roi (King's bay ), un très régulier et magnifique ouvrage de la nature :
il se compose de trois piliers rocheux, d’une forme régulière , connus sous
le nom des Trois Couronnes: Is reposent sur la crête d’autres monta-
gnes. Chacun d’eux commence par une table ou couche horizontale de
rocher; sur celle-ci:son:en voit une autre d’une forme et d’une hauteur
pareilles , mais d’une aire moins étendue. Ceci se continue par une troi-
sième, une quatrième couche,;et ainsi de suite, chacun des strates sui-
vants étant plus petit que celui sur lequel il repose, jusqu’à ce que le
tout forme une pyramide en gradins, aussi régulière que si elle avait été
faite par l’art. : |
» Le capitaine Scoresby cite de beau marbre dans cette même baie du
Roi, et le nom de Kalk bay, donné à une des anses de la côte, peut faire pré-
sumer qu'il y existe des couches calcaires. Des calcaires, des grès et même
des gypses , ont été indiqués au pied des montagnes, dans les baies ou
fiords qui découpent la côte, et dans les îles qui la bordent. On y a trouvé
aussi dés dépôts charbonneux d’une médiocre qualité, qui s'étendent
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. V1, N° 47.) 7
( 564 )
jusqu’à 79° de latitude, et que l’on peut atteindre très facilement. En 1826,
on a exporté 60 tonnes de combustible fossile du Es Sund , situé sous le
78° degré. On a donné à ce combustible le nom de cannel-coal, qui
semble indiquer que son aspect rappelle celui d’un des combustibles du
terrain houiller.
» Les diverses localités que je viens de citer sont situées sur la côte
occidentale, qui est la plus souvent visitée, mais qui, suivant toute appa-
rence, n'est pas la plus riche en dépôts sédimentaires, car elle est formée
en partie par la chaine des roches cristallines dont j'ai parlé d’abord,
tandis qu’en ayançant vers l’est, le pays s’abaisse et devient plus plat.
» La partie S.-E. du Spitzberg est formée par une grande île détachée
nommée Stans-Foreland. D'après M. le professeur Keïlhau, la côte occi-
dentale de cette île présente, entre 77° et 78° de latitude, une roche
trappéenne granulaire, surmontée par des assises alternatives de grès fin,
de marne schisteuse arénacée, de calcaire siliceux compacte et de trapp.
Ce mème terrain paraît s'étendre jusqu’à 80° de latitude, et il domine
probablement dans la plus grande partie du Spitzberg oriental.
» D'après les observations du même savant, le Cherry, ou ile aux
Ours , située entre la côte de la Laponie et le Spitzhberg, est formée en
entier de grès secondaire et de calcaire coquillier horizontal. Ce grès con-
tent un lit charbonneux de 2 à 4 pieds d'épaisseur.
» D'après le capitaine Scoresby, on a trouvé dans cette même île, du
minerai de plomb en filons à la surface du sol , des échantillons d’argent
vatif, et du charbon de bonne qualité.
» Il serait très intéressant d’avoir une bonne collection de la formation
qui compose cette île, et qui peut-être n’est qu’un anneau intermédiaire
qui lie la formation sédimentaire du Stans-Foreland à celle des environs
d’Alten, en Laponie.
» Combien ne serait-il pas curieux de trouver des madrépores dans les
calcaires de l'ile Cherry et du Spitzberg; de trouver des troncs d’équise-
tacés et de fougères arborescentes dans le toit ou le mur des couches de
combustibles de ces pays glacés. Les découvertes faites à l’le Melville et
de Ingloolick, par l'expédition du capitaine Parry, rendent cette décou-
verte probable sans diminuer l'intérêt qui s’y attacherait. Prouver par des
faits nombreux que des récifs de madrépores ont pu exister jadis à dix ou
quinze degrés du pôle, que des fougères arborescentes ont pu vivre et se
propager sur un horizon d’où le soleil est absent plusieurs mois de l'an-
aée, serait le complément et en quelque sorte la clé de la voûte d’une
(565 )
des classes lès plus intéressantes des faits géologiques , d’une de celles qui
prouvent le mieux que depuis l’origine des choses la surface de notre
globe a éprouvé d'immenses changements.
» Dans un ordre d'idées moins élevé, certains dépôts de bois qui sui-
vant quelques indications se trouveraient sur les côtes du Spitzherg, pré-
senteraient aussi de l'intérêt; peut-être fourniraient-ils la preuve que le
Gulf-stream, qui amène si souvent les productions du Mexique sur les
côtes des îles Britanniques, de la Norwége, de lIslande, et même de la
Sibérie, les jette aussi sur celles du Spitzherg. Comme motif de re-
cherches à cet égard, je citerai le nom même de la baie au bois, qui
s'ouvre au milieu des anfractuosités de la côte septentrionale du Spitzberg,
entre 79 et 80° latitude boréale, dans une contrée où croissent à peine
quelques plantes annuelles d’un pied de hauteur.
» Peut-être aussi trouvera-t-on au Spitzberg le surturbrand ou lignite
de l'Islande.
» Ces deux phénomenes et surtout le premier n’ont du reste rien de
commun avec les polypiers et les plantes tropicales dont le gisement annon-
cerait, comme je l'ai dit tout à l'heure, qu'elles ont crü dans le pays même.
» Parmi les phénomènes géologiques que présente le nord de l’Europe,
un des plus grands, des plus curieux, des plus importants pour les ques-
tions générales que la géologie se pose à elle-même et dont elle cherche
souvent long-temps la véritable solution, est le phénomène connu sous
le nom de diluvium scandinave. On sait que depuis les côtes du Northum-
berland jusqu'aux environs de Moskou, les plaines de l'Angleterre, des
Pays-Bas, du Danemark, du nord de l'Allemagne, de la Pologne et de la
Russie sont couvertes d’un nombre immense de blocs souvent d’une gros-
seur prodigieuse de roches diverses, dont les analogues n'existent qu'au-
dela de la mer Baltique, et qui doivent avoir été transportés depuis les
montagnes du Nord jusqu’à leur gîte actuel, par des causes dont la déter-
mination précise est un des plus beaux problèmes de la géologie.
» Tous les blocs, tous les graviers, tous les sables mis en mouvement par
cette cause problématique ne sont pas arrivés au terme que je viens d’indi-
quer. La Suède en est couverte, et les traces que le phénomène y a laissées
ont été depuis long-temps l’objet de beaucoup d'observations que notre
confrère M. Brongniart a lui-même en partie vérifiées et qu'il a résumées
dans un Mémoire lu à la Société Philomatique, le 12 avril 1828 (1). Depuis
(1) Voyez Annales des Sciences naturelles , t. XIV, p. 5.
res
( 566 )
lors les observations ont continué; M. Sefstroem s’en est particulièrement
occupé dans ces derniers temps, et les aperçus auxquels il a été conduit
se trouvent consignés dans une lettre de M. Berzélius à M. Dumont
d'Urville, insérée dans le Compte rendu de nos séances au mois d'août
dernier (1).
» Des traces de ce phénomène existent aussi en Norwége, et M. Eugène
Robert, dans le voyage qu'il a fait l'été dernier, en a lui-même reconnu
les traces dans le voisinage de Christiania. Toutefois on connaît jusqu'ici
beaucoup moins de traces du phénomène diluvien en Norwége et en
Laponie qu'en Suède même. 1] sera important de s'assurer si les maté-
riaux de transport y forment aussi de ces longues traînées en forme de
digues dirigées du N.-N.-E. au S.-S-O., désignées en suédois sous le nom
d'ôse ou de sundosar , et s'ils s'étendent toujours sur la surface des fahluns
ou argile coquillière dont j'ai parlé précédemment.
» Une des plus curieuses circonstances qui se rapportent au phénomène
dont nous parlons, sont les sillons polis tracés sur la surface des ro-
chers que Saussure , en parlant des grandes débâcles dont il reconnaissait les
traces dans les Alpes, a désignés comme les ornières dues au passage des
blocs transportés, et sur lesquels les observations faites récemment par
M. Agassiz, aux environs de Neufchâtel, ont contribué à fixer de nou-
veau l'attention {2). Un savant francais bien connu de l’Académie, M. le
comte Charles de Lasteyrie, ancien compagnon de voyage de Dolomieu, en
voyageant lui-même en Suède au commencement de ce siècle, y reconnut de
pareils sillons, et quelque temps après, l’un des plus illustres géologues de
l’école écossaise, sir James Hall, en signala d’analogues sur les collines dites
Corstorphine hills, à une demi-lieue à l’ouest d'Édimbourg. MM. Buckland
et Sedgwick, en ont aussi reconnu dans d’autres parties de la Grande-
Bretagne; M. Brongniart, dans son voyage en Suède, a vérifié avec
M. Berzélius la réalité de ces apparences.
» Nous avons vu, dit-il dans le mémoire déjà cité (3), notre célèbre et
savant compagnon de voyage M. Berzélius, ne vouloir admettre l’existence
constante de ces sillons, que quand, frappé de leur abondance et de leur
(1) Comptes rendus, t. V, p. 341, séance du 28 août 1837.
(2) Lettre de M. Agassiz à l’Académie des Sciences. Compte rendu, 1. NV, pag. 506.
(Séance du 2 octobre 1837.)
(3) Ad. Brongniart. Notice sur les blocs de roches des terrains de transport en Suède.
(Annales des Sciences naturelles, 1. XIV, p. 19.)
( 567 )
netteté vers la descente d'Hogdal, il ne put se refuser à l'évidence d'un
phénomène aussi remarquable: sut |
. » Depuis lors, ce phénomène n’a, pas cessé d’être étudié ; l'Académie à
déjà pu en juger par la lettre déjà citée de M. Berzélius à à M. Dumont d'Ur-
ville; et je rapporterai, en outre, à cette occasion, l'extrait suivant d'une
lettre que M. Berzélius a bien veut me faire l’honneur de m ‘adresser à moi-
même, le 8 novembre dernier, par l'entremise de M: Eugène Robert.
« Je joins à cette lettre, dit M. Berzélius, une pierre tirée de la surface
» des montagnes nee d ‘Élfdalen en Dalekarlie » qui porte des mar-
» ques d’une révolution géologique dont mon, compatriote M.Sefstrôem, a
» étudié les vestiges sur nos montagnes, et qui. me paraît, mériter l'atten-
» tion des Lédtèjagés Vous ayez sans doute pris, connaissance d’une lettre
» qu’à la demande de M. Sefstrôem, j'ai adressée à M. Dumont d’Urville , et
» que M. Arago m'a fait l'honneur de lire à l'Académie. des Sciences; j'en
» ai même vu un extrait dans un journal français. Dans cette supposition,
» Je ne parlerai pas à présent des idées de M. Sefstrôem.
» Quant à l'échantillon ci-joint, il était destiné à accompagner la lettre à
» M. Dumont d’Urville, chose impossible vu que la lettre parte par la
» poste aux lettres. Vous y remarquerez qu'il paraît être passé à l’émeri, à
» direction rectiligne constante. Toutes nos montagnes ont le côté nord-
» est ainsi usé avec des raies parallèles, rectilignes dans- la direction du
» nord-est au sud-ouest, lesquelles, sur le granite, sont souvent beau-
» coup plus profondes et larges que sur cette pierre plus résistante. Le
» côté sud-ouest, au contraire, conserve encore les angulosités produites
» lors de leur soulèvement.
» M. Sefstroem explique ce phénomène par une courant d’eau et de
» de pierres roulantes dont ce courant à laissé, au moins chez nous, des
» restes énormes de pierres roulées. Le mémoire de M. Sefstroem, présenté
» à l’Académie (de Stockholm) il y a déjà deux ans, va paraître incessam-
» ment et sera probablement reproduit dans les Annales de Poggendorff.
» Les gravures, un peu difficiles à exécuter, qui l’accompagnent, ont été la
» cause du retard de sa publication. »
». J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie le fragment de
porphyre poli d’Elfdalen, mentionné dans la lettre de M. Berzélius, et
jy joins, comme terme de comparaison, un fragment de calcaire ju-
rassique également poli, détaché d’une surface polie très étendue, que
M. Agassiz m'a fait observer au mois de juillet dernier, à Landeron, près
du lac de Neufchätel.
( 568 )
» I me paraîtrait désirable que MM. leS naturalistes de l'expédition
rapportassent des échantillons aussi grands que possible de ceS roches
polies de la Suède, car on en prend uné idée beaucoup plus juste sur de
grands échantillons. Ayant à leur disposition un bâtiment de l'État, ils au-
ront à cet égard des facilités qui peut-êtré né se reproduiront pas d'ici à
long-temps. El
» Beaucoup de géologues ont pensé que des glaces agissant comme ra-
déaux , où de telle où telle autre manièté', ont joué un rôle important dans
le transport des blocs erratiqués. L'expédition devant visiter le Spitzberg ,
où se présentent de magnifiques glaciers, aura peut-être l'occasion de faire
à cet égard d’utiles observations.
» Les montagnes du Spitzberg sont couvertes de neiges éternelles dans
une grande partie de leur étendue , et de vastes glaciers en descendent
un grand nombre jusqu’à la mer.
» Les vallées de ce pays, dit lord Mulgrave, comblées d’une glace éter-
nelle, sont totalement inaccessibles, et ne se distinguent que par les in-
tervalles qu’elles déterminent entre les cimes des montagnes, ou bien par
les glacièrs qui marquent les endroits où elles viennent se terminer à la
mer.
» Une des choses les plus remarquables que l'on puisse voir au Spitz-
berg, dit le capitaine Scoresby, sont les montagnes de glace (Æis berg).
» La situation la plus favorable pour la formation de montagnes de gla ce
se trouve là où une crête court parallèlement à la côte; et c’est précisé-
ment une situation pareille qui, un peu au nord de l'ile Charles , a favorisé
l'accumulation de ces prodigieux amas de glaces, connus sous le nom des
sept montagnes de glace. Chacune de ces masses occupe une vallée pro-
fonde, qui s’'avancé du côté de la mer, et est formée par des montagnes
d'environ 2000 pieds de hauteur , et terminée dans l'intérieur de Pile par
la grande chaîne dont la hauteur atteint 3000 à 3500 pieds, et qui suit
la direction du littoral. Ces montagnes de glace sont absolument de la
nature et de l'apparence des glaciers de la Suisse.
» Chacune des sept montagnes de glace, dit encore le capitaine Sco-
resby, a à péu près un mille dé diamètre et peut-être 200 pieds de haut
du côté du rivage de la mer; mais quelques-unes de celles qui se trouvent
vers le sud sont de beaucoup plus grandes. La plus grande que j'aie vue
est située un peu vérs le nord de Horn-Sund; elle occupe 11 milles de
longueur sur la côte de la mer.
» Le front des Æis berg, dit lord Mulgrave , a la couleur de l'émeraude,
( 569 )
Des, cataractes de neige fondue Sespnécipitent -du sommet en différents
endroits, et de noires montagnes pyramidales rayÿées dé:blanc', bordent les
côtes et s'élèvent roc sur roc et/éime sur cime ; aussi loin: que. l'œil peut
atteindre dans le fond de la Perspective. Parfois, d'immenses fragments
de glace se: brisent |ét.tombent dans l’eaujcavec'!le fracas le plus terrible :
une pièce d’une de! ces masses! d’un-yert brillant, étant ainsi tombée, et
s'étant /assise.sur un fondde 24 brasses,; elle s'élevait encore de 50 pieds
au-dessus de, l’ean..De pareils glaciers sont fréquents dans toutes les ré-
gions arctiques, et c’est à leur écroulement que sont dues, ces montagnes
de glace solide qui hérissent:les mers de.ces Pärages,
» Ges (glaciers, analogues à ceux des Alpes; devant être, comme eux,
couverts de quartiers.de rocher! éboulés..des montagnes adjacentes, :on
conçoit que.les îles. de: glace qui s’en détachent doivent quelquefois char-
rier ces blocs de rocher sur'la surface de l'Océan , et donner lieu à des
phénomènes de transport: dont l'observation Pourrait fournir. des termes
de comparaison intéressants Pour une partie de la théorie du phénomène
des blogs erratiques.
» Mais indépendamment de. ces phénomènes journaliers ; on peut. aussi
se demander si quelque grande éruption volcanique; survenue pres du pôle
n'aurait pas pu mettre.en mouvement lés-glaces polaires chargées de quar-
tiers de rocher, et produire ainsi tout. d'un Coup, une grande .émission
de blocs erratiques. La possibilité physique de phénomènes, de ce genre
doit faire attacher une importance particulière:à toutes les roches d'origine
éruptive observées dans la zoné glaciale. Le Spitzberg n’en est pas ‘exempt.
J'ai déjà cité les roches tfappéennes observées par M, le professeur Keilhau
dans le Stansforeland > il,en existe aussi-en d’autres points. jee,
». A l'est du Spitzberg, dit Penmant ; se trouve une autre ile très basse,
presque à l'opposite de l'entrée du Waÿgat. Elle. est remarquable, ajoute-
t-il, pour n’être qu’une portion de la chaîne de basalte qui se montre .en
mille -endroits dans, l'hémisphère Septentrional; Cest, ajoute:t-il encore,
une espèce :de' marbre, du grain le.plus fin; d'un noir foncé et lustré
comme l'acier,poli, jamais.ne-reposant en couches dans. la terre, mais
élevé débout.en colonnes: à angles. réguliers, composées, de nombre de
portions placées l'une sur l’autre avec tantide. justesse, qu’on les dirait
formées par|la main d'unobabile architecte. Jei lés -colonnes sont de 18
à 30 pouces, de diamètre, la; Plupart hexagones et, formant un superbe
pavé ou parquet de.marbre: 2 ;: :,, [Ov se swaolens 916761 ot
» L:y:al:;sûivant toùte ‘apparence, des:trapps dw desbasaltes; et; d’a-
(570 )
près quelques indications du’capitaine Scoresby, on ponrrait encore être
tenté de se deriander si l'ile Moffenet l'ile Basse situées au nord du Spitz-
berg , à plus de 80° de latitude, ne seraient pas formées de matières vol-
caniques. el 7119996194 ), DO 9
» Mais tous cés foyers d'éruption paraissent aujourd’huiéteints, et c'est
dans l'ile de: Jean Mayen, située pary1° de latitude: boréale qu’on! peut
observer le volcan le plus voisin du'pôle. Nous sera-t-il permis d’expri-
mer le vœu que lexpédition mu cette ile remarquable dans le
cercle de ses travaux.
» D'après le capitaine Scoresby; l'ile de Jean Mayen est très allongée du
S.-O. au N.-E. Sa longueur est de dix lieues; elle s’élargit à son extré-
mité N:-E., qui présente la forme d'un losange dont chaque côté a envi-
ron trois lieues. Cet espace: forme la base de la: montagne remarquable
nommée le Beerenberg (montagne aux! ours). La partie S:0.:de Pile ést
jointe à la partie N.-0. parun ithsme étroit, et est: elle-même très allongée,
et sa largeur varie d’un à cinq milles.
» L'objet qui frappe surtout les yeux quand on approche de l’île est le
pic élancé du Beerenberg, qui s'élève àune hauteur de 6870 pieds anglais
(2094 mètres) au-dessus de la mer: Il semble posé sur une base qui elle-
même est montagneuse et s'élève à une ‘hauteur moyenne de 1500 pieds
(457 mètres), mais qui n’est pas sans échañcrures: |
» A la partie la plus étroite de l'ile se trouve la baie ou bois (Æout-Bay).
Cette dénomination lui a été donnée à cause de la grande quantité de mor-
ceaux de bois pourri qu’on y trouve. Ces bois ,' soit flottés’, soit fossilles,
donneront lieu aux mêmes questions qu'au Spitzberg (voir plus haut).
» Cette baie est, sur le côté oriental de File, précisément en face de la!
grande baie anglaise, On y trouve de petités montagnes qu’on peut fran-
chir facilement et passer ainsi de l’une à l’autre baie, de la côte occiden-
tale à la côte orientale.
» Le capitaine Scoresby, ayant mis pied à terre dans ces parages, re-
marqua des indices d’éruptions volcaniques. On voyait, dit-il, à chaque
pas des fragments de lave; il cite aussi des rochers de trapp et de ba-
salte celluleuxlavec cristaux de pyroxène, des cendres; dés scories, des laves
vassiculaires, des argiles brülées! 9272 out ie si CLS IUE
» Une colline haute de 1500 pieds (457 mètres), sur laquelle il monta,
lui présenta un‘beau cratère circulairerde 5 à 600 pieds de profondeur.
» Un autre cratère analogue se voyait au S.-O:1du premier.
» L'aspect de toute la contrée annonçait l'action ‘des feux souterrains.
(Er )
» À quelque distance de là, près de grandes fissures qui çà et là se
montraient dans le rocher, on voyait d'immenses accumulations de laves
qui semblaient avoir été jetées de ces fissures.
» À la fin d'août 1818, dit encore le capitaine Scoresby, nous, vimes
avec surprise, près du mont Esk, des jets considérables de fumée, qui
sortalent de la terre à des intervalles de. 3 à 4 minutes. Cette fumée. était
projetée avec une grande vélocité, et s'élevait jusqu'à 4000 pieds (1219°).
» Cette éruption et les traces d’éruptions anciennes remarquées par le
capitaine Scoresby, pourraient bien, comme celles qui ont lieu quelque -
fois à peu de distance de la mer, près de Naples ou de Catane, n'être que
des éruptions latérales d’un volcan principal, qui serait, suivant toute
apparence, le Beeremberg lui-même.
» Cest ce qu'on pourrait constater par un examen attentif de la struc-
ture de l'ile entière, et particulièrement de sa partie septentrionale.
» Il est vraisemblable que les neiges.et les glaciers, qui ne sont pas
moins remarquables dans l’île de Jean Mayen qu’au Spitzberg, ne per-
mettent pas de monter sur cette montagne, mais peut-être pourra-t-on
explorer celles qui se groupent autour de sa base, et pénétrer dans les
crevasses qu’elles présentent. Il sera tout au moins possible de dessiner
sous divers aspects ce pic remarquable, dont Ja structure n’est peut-être
pas sans quelques rapports avec celle du pic de Ténériffe. Il serait fort
intéressant aussi de recueillir des collections des productions volcaniques
que renferme l'ile, et des autres roches qui peuvent s’y montrer.
» L'intérêt qui s’attacherait à ces recherches pourrait être d'autant plus
grand que l'ile de Jean Mayen se trouve dans le prolongement de la bande
volcanique qui traverse l'Islande, et qui a déjà été l’objet des explorations
de plusieurs, des naturalistes de la présente expédition.
» L'exploration de l'ile de Jean Mayen terminerait d’une manière) bril-
Jante le périple de l'Océan Atlantique boréal ; poursuivi avec tant de per:
sévérance par MM, Gaymard et Robert.»
C.R. 1838, 18 Semestre. (T. VI, N° 47.) 78
( 572 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur une explosion survenue dans une ma-
chine ‘à vapeur à basse pression; suivi de quelques considérations
sur les rondelles fusibles ; par M: Lxvartois, ingénieur en chef des
mines. 01!
— Bapport fait à M. le Directeur des Ponts-et-Chaussées sur ce
Mémoire, par la Commission des Machines à vapeur.
Ces deux pièces sont: transmises |par M: le Ministre Des TRAVAUX PU-
BLICS , DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE, comme documents pour servir
æux travaux de la Commission chargée par l’Académie de faire un rapport
sur la’question des rondelles fusibles ; et'en général sur les moyens pro-
pres à prévenir l'explosion des machines à vapeur.
200L0G1E. — Mémoire sur les Crisies , les Hornères et plusieurs autres Po-
lypes. vivants ou fossiles, dont l'organisation est analogue à celle des
Tubulipores:; par M. Mnxe Enwarps.
( Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Flourens.)
L'auteur résume dans les termes suivants les principaux résultats de
son travail:
«... D’après les observations rapportées dans ce Mémoire, on voit que
le mode d'organisation que j'ai fait connaître chez les Tubulipores se re-
trouve chez un grand nombre d’autres Polypes qui, à raison de laspect
général du Polypier,; sembleraient devoir ‘appartenir à des types tout-à-
fait distincts et qui, en effet, ont'été jusqu'ici éloignés dé ces zoophytes
par tous les naturalistes, et dispersés dans dés familles où même ‘dans
des sous-classes différentes. Ainsi Lamarck, quia formé des T'ubulipores
un genre particulier, en a éloigné les Hornères , les Crisies , etc., pour
réunir les premiers aux Rétépores et les seconds aux Cellaires.Cuvier a suivi
une marche à peu près semblable; et dans le système de Lamouroux , les
Tubulipores prennent place dans l’ordre des Celléporées , les Crisies
dans l'ordre des Cellariées, et les Bérénices dans l’ordre des Flustrées,
tandis que les Æornères et les Zdmonées se trouvent reléguées dans l’ordre
des Milleporées , qui fait partie d’une classe différente; enfin M. de Blain-
ville, dont la méthode est en général bien plus naturelle que toutes
(578)
les classifications dont je viens de parler, range les Tubulipores et les
Hornères dans deux familles différentes de sa sous-classe des Polypiaires
Pierreux , et place les Bérénices'et les Crisies dans deux familles séparées
d’une autre sous-classe. Cependant, si l’on considère anatomiquement
un polype du genre Crisie, on y retrouve, à des nuances près, la
même structure que chez les Tubulipores ; et'tous les caractères essentiels
tirés de la conformation individuelle des Idmonées ; des Hornères, des
Bérénices , etc., se rencontrent également soit chez les Tubulipores ,
soit chez les Crisies. |
» Or, une classification naturelle n’est autre éhose qu’un résumé des
modifications plus où moins importantes observées dans le mode de
structure des animaux, et une sorte de représentation des degrés divers
de ressemblance et de dissemblance que ces êtres offrent entre eux. Par
conséquent , il me semble de toute évidence que les différents genres que
nous avons trouvés si analogues sous le rapport de la structnre anato-
mique, ne doivent plus étre dispersés comme par le passé , et doivent être
réunis dans une seule et même famille dont le type nous est fourni par
les Tubulipores.
» Ce groupe se distingue nettement de la famille des Eschariens par
l'absence de l'appareil Operculaire, si remarquable chez ces derniers , et
par plusieurs autres caractères dont l'énumération trouvera mieux sa
place ailleurs ; il est également bien séparé de la famille des l’ésicula-
riens, et Semble établir le passage de l'une à l’autre. Du reste, les 7Tubu-
lipores, les Bérénices, les Mésentéripores, les Tdmonées, les Hornères, les
Crisies, les Crisidies ét les Alectos, ne sont pas les seuls Polypes tuni-
ciens qui doivent ÿ être rangés ; il est probable que les Diastopores, les
Spiropores, les Phéruses, etc., ÿ appartiennent aussi, ‘et qu'il faudra y
placer également les Frondipores, les Fasciculaïres, etc., opinion que je
me propose de discuter dans un autre mémoire.
» Quant aux différences de quelque importance que présentent entre eux
les divers Tubuliporiens, dont nous venons de nous occuper, elles
dépendent essentiellement ‘de la manière dont naissent les bourgeons
reproducteurs, et dont les jeunes polypes se soudent entre eux, cir-
constances d’où dépend le mode de groupement de divers individus réunis
dan$ un polypier commun; aussi est-ce ce mode de groupement qui four-
nit d'ordinaire les meilleurs caractères pour l'établissement des divisions
génériques:
» Ainsi, lorsque la série d'individus provenant d’une suite de généra-
78...
4
( 574 )
tions ne se soude pas avec les séries voisines, et que tous les individus dont
elle se compose sont dirigés dans le même sens, il en résulte des Crisidies
ou des Alectos, suivant que ces séries sont rampantes et encroûtantes ,
comme chez ces derniers, ou bien dressées, et maintenues dans une posi-
tion verticale à l’aide de fibrilles radicellaires, comme chez les premiers.
» Lorsque les divers individus d’une même lignée restent également
distincis de ceux appartenant à des séries collatérales, mais naissent ados-
sés les uns aux autres, et se dirigent par conséquent alternativement en
sens opposé, ces Polypes présentent les caractères distinctifs des Crisies.
» Lorsque ces séries collatérales, au lieu de rester isolées, se soudent
entre elles, ét qu'un même individu ne donne que rarement naissance par
bourgeons à deux jeunes, ces Polypes sont groupés en faisceaux allongés
et constituent les Pustulopores, les Hornères et les Zdmonées, suivant que
les divers individus ainsi agrégés sont disposés circulairement dans tous
les sens, ou bien tournés tous du même côté, et alors disposés 1rrégu-
lièrement, ou par demi-rangées transversales alternes.
» Enfin, les Tubuliporiens, dont les lignées se dichotomisent tres fré-
quemment et se soudent entre elles dans tous leurs points de contact,
constituent des expansions lamelleuses et se subdivisent en Mésentéri-
pores, en Bérénices et en Tubulipores, suivant que ces expansions sont
composées d'individus adossés sur deux plans opposés, comme chez les
Mésentéripores, ou bien d'individus dirigés dans le même sens et s'ou-
vrant sur une même surface du Polypier, soit qu’ils restent soudés entre
eux jusque auprès de l'ouverture de leur cellule tégumentaire,comme chez
les Bérénices; soit qu'ils deviennent libres dans une étendue considé-
rable, et hérissent ainsi de tubes isolés la surface du Polypier, comme
chez les Tubulipores. »
Ce Mémoire est accompagné d’un atlas de 19 planches.
M. PAyen adresse une note additionnelle à son Mémoire sur l'état de la
fécule dans les pommes de terre gelées et sur les moyens de l'utiliser.
(Commissaires, MM. Dumas, Dutrochet, Turpin.)
M. Tmgauzr adresse une figure de sa nouvelle échelle à incendies, et
demande que cet appareil soit admis à concourir pour le prix Montyon
concernant les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
(Renvoi à la Commission chargée de l'examen des pièces adressées pour
ce Concours.)
(575 )
CORRESPONDANCE.
M. ze MinisTRE DU COMMERCE , DE L'AGRICULTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS
adresse une collection des réglements sanitaires qui régissent actuelle-
ment ou qui ont régi à diverses époques les lazarets de France; pièces
qui lui avaient été demandées pour là Commissiôn des prix de Médecine
et Chirurgie, fondation Montyon.
M. LE DirECrEUR pes DOUANES adresse un exemplaire dela première partie
du Tableau décennal du commerce de la France avec ses colonies et les
puissances étrangères (1827 — 1836), et annonce l'envoi prochain de la
deuxième partie de cet ouvrage, qui est publié par l'administration des
Douanes.
PHys1oLOGre.—Sur l'importance de l’hydro-chlorate de soude dans le régime
alimentaire. —Lettre de M. BarBier, d'Amiens.
L'auteur, à Foccasion des instructions que l'Académie prépare en ce mo-
ment pour divers voyages, demande que l’on comprenne dans le nom-
bre des questions proposées, celle qui a rapport à l’usage du sel marin
dans le régime alimentaire des différentes nations. « [| me paraît intéressant,
dit-il, de rechércher s’il existe entre les peuples de divers climats, des dif-
férences notables, par rapport à la quantité de sel qu’ils prennent, et si
l’on peut attribuér à l’usage inégal de cette substance , des variations dans
la complexion de ces peuples, dans leurs habitudes, dans leur longévité ,
dans la nature de léurs. maladies.
« J'ai désiré consaître, ajoute M. Barbier, quelle était la quantité de sel
que consommait par jour un homme dans notre pays; j'ai trouvé qu'elle
variait de trois gros à une /once. »
M. Juxon dépose un paquet cacheté relatif à des modifications apportées
à ses appareils pneumatiques.
A: 5’ heures moins un quart l'Académie se forine en comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
( 576 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences, 1°" semestre 1838, n° 16, in-4°.
Notions de Philosophie naturelle, précédées d'une introduction dans lu-
quelle Napoléon adolescent est approuvé d'avoir contesté aux découvertes
de Newton un caractère absolu d'universalité; par M. Grorrroy Sainr-
Hicume; 1 vol. in-8°.
Histoire des Sciences mathématiques en Italie depuis la renaissance des
lettres jusqu’à la fin du 17° siècle; par M. Lisnr; 1° et 2° vol. in-8°.
Peyssonnel et Desfontaines. — Leurs Voyages dans les régences de
Tunis et d'Alger; publiés par M. Doreau De La Marre; 2 vol. in-8°.
Annales des Sciences naturelles ; tome 8, novembre 1837, in-8°.
Tableau décennal du commerce de la France avec ses Colonies et les
puissances étrangères; publié par l'administration des Douanes; 1827
—1836, 1° partie, in-fol.
Guide pittoresque du voyageur en France par une Société de gens de
lettres; Paris, 6 vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de
Statistique.)
Voyage en Islande et au Groënland ; 9° livraison in-fol.
Voyage en Islande et au Groënland exécuté pendant les années 1836
et 1837 sur la corvette la Recherche, commandée par M. TRÉHOUART ; pu-
blié par ordre du Roi, sous la direction de M. Paur Garmarn.— Histoire
du voyage; par M. GarmarD; tome 1*, 1"° partie, in-8°.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. A. D'Ormeny, 33° livrai-
son in-4°.
Traité de Physiologie comparée de l'homme et des animaux; par
M. A. Ducis; tome 1°, Montpellier, in-8.
Traité complet d’Arithmétique théorique des négociants; par MM. Wanr-
EL et J. GARNIER; Paris, 1838, in-8°.
Fragments des poèmes de M.-T. Cicéron, traduction nouvelle; par
M. Azasson DE GRANDSAGNE; in-8°.
Notice sur un aveugle, sourd et muet; par M. HenrY ; Perpignan, 1838,
in-8°.
(577)
Recueil de la Société Polytechnique ; mars 1838, in-8°.
Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de
Saint-Étienne; 14° année , 6° livraison de 1837, in-8°.
Actes de la Société linnéenne de Bordeaux; iome 9, 6° livraison, et
tome 10, 1° livraison, in-8°.
Proposition faite à la Société libre d'émulation de Rouen, dans sa
séance du 1* décembre 1837, concernant la réformation de la loi du
7 germival, an xr1, sur la fabrication et la vérification des monnaies ; par
M. Jouannin, in-8°.
On the treatment... Sur le traitement de la Cataracte , sans opération ,
à l'Hôpital royal ophthalmique de Moorfields, sous les auspices de
M. Tyrrer, chirurgien et de MM. Macuurno et DarrymPze, chirurgiens
adjoints; par M. L.-F. Gonprer; Londres, in-8°.
The magazine.... Magasin d'Histoire naturelle; nouvelle série, n° 16,
avril 1838, in-8°.
The quaterly.... Journal trimestriel d'Agriculture, Mémoires couronnés
et Transactions de la Société d'Agriculture d'Écosse. (The Highland and
agricultural Society of Scotland); n° 38, septembre 1837, in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 7° année,
tome 14, 7° et 8° livraison in-8°.
Répertoire de Chimie scientifique et Industrielle ; tome 3, n° 3, mars
1838, in-8°.
Revue critique des livres nouveaux ; rédigée par M. Joez Caersuiez ;
6° année, n° 4, in-8°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; 24° année, n° 4,
in-8°.
Bulletin de la Société royale de Médecine; tome 2, n° 13.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 16, in-4°.
Gazette des Hpitaux ; tome 12, n° 46 — 48, in-4°.
Echo du Monde savant ; 5° année, n° 16.
La Phrénologie, 2° année, n° 2, in-4°.
L'Expérience, Journal de Médecine , n° 34, in-8°.
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IVations de Philoephia nauthevi)
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COMPTE RENDÜ
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 50 AVRIL 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. —Sur la constitution comparée de l'atmosphère, sous
le parallèle de Paris et à l'équateur ; par M. Bior.
« Dans les dernières communications que j'ai eu l’honneur de faire à l’A-
cadémie, j'ai dit combien il serait à désirer que l’on eût des séries d’obser-
vations barométriques simultanées, assez complètes ; et faites dans des co-
lonnes d’air assez hautes, pour qu’on püt en déduire la relation générale
des pressions aux densités, comme je l'ai fait d’après les observations re-
cueillies par M. Gay-Lussac, dans son voyage aérostatique. Je me suis apercu
depuis, qu'avec un peu d'artifice , on pouvait se servir pour ce but,des ob-
servations que M. de Humboldt a faites sous l'équateur, quoique lui-même
w’ait pas cherché à leur donner tous les caractères qué je viens de rappe-
ler. Ce ne sera pas la première fois que ce célèbre voyageur aura recueilli des
documents dont il ne pouvait prévoir l'utilité fature , et qui ont étonné, par
leur exactitude, ceux qui les ont employés.
» Dans le mois de juin:1802, M. de Humboldt-fit neuf stations baromé-
triques aux environs du Chimboraco, et finit par porter ses instruments
presque jusqu’au sommet de cette montagne, qu’on croyait alors la plis
C, R. 1838, 19r Semestre. (T. VI, N° 48.) 79
( 580 )
élevée du globe. Quoique ces observations fussent nécessairement succes-
sives, néanmoins la constance singulière et toute spéciale du climat dans
cette saison, dans toute année même, permettait de rapporter immédia-
tement chacune d’elles au niveau de la mer Pacifique qui baigne cette par-
tie des côtes du continent américain. Il suffisait, pour cela, de noter
l'heure du jour où la hauteur barométrique était observée. Car, d’après le
témoignage de M. de Humboldt, confirmé par tous les navigateurs qui ont
parcouru cette région, l'atmosphère y est soumise à des influences si cons-
tamment réglées, que le baromètre y éprouve seulement une petite oscilla-
tion diurne rigoureusement périodique, dont M. de Humboldt avait dé-
terminé la marche:et l'étendue avec un tel soin, qu'il pouvait, et qu'on
peut, d’après lui, assigner la longueur actuelle de la colonne barométrique,
l'heure du jour étant donnée. Cette régularité du baromètre est, comme on
le pense bien, accompagnée d’une température de l'air presque constante,
que M. de Humboldt évalue à 25°,3 cent. pour le mois de juin où il obser-
vait; et M. le capitaine Duperrey l’a trouvée à peine plus haute, même au
temps de l’équinoxe, dans ces parages. On voit donc que si l’on admettait
ces conditions de constance et de périodicité comme rigoureusement inva-
riables, on pourrait réellement, en ce point de la terre, employer les ob-
servations barométriques d’un même mois ou de la même année, comme si
elles étaient faites simultanément, pourvu que l’on appliquât au baromètre
supérieur une petite correction qui le reportät à une heure commune, en
maintenant le rapport des pressions effectivement observé. Mais, du moins,
ce mode de réduction peut être employé en toute assurance, si les obser-
vations ont été faites dans la même saison de l’année, à des jours peu dis-
tants, et à peu près à la même heure du jour. J'ai donc choisi parmi les neuf
observations de M. de Humboldt celles, au nombre de cinq, qui offraient
cette presque identité d'heure entre elles, et avec celle qui avait été faite
au sommet du Chimboraço; puis, en appliquant à chacune la petite réduc-
tion horaire que:je viens d'expliquer, je les ai transformées en observations
exactement contemporaines.
» Mais'elles n'étaient pas accompagnées d'indications hygrométriques,
dont alors on pouvait tout au plus présuméer l'utilité sans avoir les moyens
d'en calculer l'influence. Quelque faible que celle-ci dût être, j'y ai eu
égard, sinon avec une complète rigueur, du moins avec un degré d'approxi-
mation qui doit être très près de Ja réalité, Considérant que, dans cette
région du globe, la chaleur solaire soulève constamment les couches infé-
rieures de l'air, et, leur imprime un mouvement d’'ascension, j'ai songé
( 58r )
qu'un tel mouvement devait ôter le principal obstacle à la diffusion de
da vapeur aqueuse dans ces couches; lorsqu'elles reposent sur la mer. Ty
ai donc supposé toute la vapeur qui pouvait y exister à la température
de 25°,3 que M. de Humboldt avait admise. Puis, comme la proportion
de cette vapeur diminue toujours à mesure qu'on s'élève, de manière
à devenir très faible à de grandes hauteurs, ce que M. de Humboldt à par-
ticulièrement constaté pour là zone d'air où il observait, j'ai donné à
son décroissement la même loi qui résultait ici des observations de
M. Gay-Lussac, laquelle rend la vapeur insensible, et la fait, pour ainsi dire,
expirer dans les couches où la densité est environ 9,45, et la pression 0,38
de leurs valeurs initiales. Au moyen de cette correction, toujours très pe-
tite, j'ai rendu à chaque observation barométrique de M. de Humboldt,
les indications hygrométriques qui la complétaient. Alors rien ne m’a plus
manqué pour calculer les densités et les pressions dans les: cinq stations
élevées, en prenant pour unité les éléments analogues et contemporains
qui existaient au niveau de la mer Pacifique; ce qui m’a déterminé réelle-
ment ces quantités pour six points, espacés entre eux dans une colonne
d'air ayant 5988= de hauteur.
» J'ai d’abord construit graphiquement ces résultats, avec la même
échelle, sur la même feuille, que j'avais employée pour les observations de
M. Gay-Lussac, et je mets ce tracé sous les yeux de l’Académie. Sa seule
inspection fait voir que les points donnés par les cinq stations élevées de
M. de Humboldt, y sont exactement en ligne droite comme l'étaient les
seize points relatifs aux plus hautes stations de M. Gay-Lussac. Seulement,
Jusque vers la densité 0,5, la droite équatoriale est:plus rapprochée de l'axe
des pressions, ce qui donne dés densités moindres à pression égale; en ou-
tre, elle fait avec cet axe un plus petit angle, ce qui indique jun décrois-
sement des températures plus rapide dans les couches d’air où elle s'étend.
Enfin , elle ne peut se rejoindre à la couche inférieure que par une courbe
convexe vers l'axe des pressions , ce qui indique, pour cette première zone
d'air, un décroissement des températures beaucoup plus lent que dans la
portion élevée, et qu’à Paris même. fi H
» Cette reproduction d’une relation rectiligne dans des régions si dis-
tantes, méritait qu'on la confirmât par le calcul. Je l'ai fait ici comme
pour les observations de M. Gay-Lussac; et, non-seulement la forme rec-
tiligne du: lieu s’est trouvée véritable, mais elle a offert une précision telle,
que le seul écart sensible, qui porte sur la troisième station élevée, suppose
seulement un écart de 0"*,8 dans la pression, que M. de Humboldt ne
19%
( 582 )
note qu’en dixièmés de ligne. Encore n’oserais-je pas KL que cela ne
vint pas de quelque petite erreur arithmétique que ÿ laurais faite dans mes
calculs, malgré le soin que jy'ai mis!
» Jl paraît donc ainsi bien probable que cette configuration rectiligne du
lieu formé par les densités et les pressions,à une certaine hauteur;est un fait
inhérent au mode de superposition des couches atmosphériques et consé-
quemment général! Si les observationsultérieures confnment cette relation,
il en résultera une grande facilité pour le calcuk exact des réfractions astro-
nomiques. Car, pour toute la partie rectiligne du lieu, on les obtiendra ri-
goureusement; et quand elle cessera d’être applicable; leur trajectoires lu-
mineuses seront devenues assez obliques sur la verticale pour qu’on puisse
obtenir le reste de la réfraction par des limites, comme je l'ai fait dans Ia
Connaissance des tems de: 1839: Il n’y aura donc réellement que les cou-
ches inférieures, jusqu’à la hauteur d'environ 2000", dont Fétat accidentel
aura besoin d’être habituellement étudié et fixé par des'imstruments.
» Le voyage de M. de Humboldt n'offre pas, entre ses cinq stations
élevées et la mer Pacifique, d'observation intermédiaire suffisamment
rapprochée et contemporaine, pour qu’on puisse lemployer au raecorde-
ment: de ces stations avec la couche inférieure! située: au niveau de cette
rer. Il se peut ; vu: la condition calorifique différente de la terre ét des
eaux , que ce raccordement soit brusque. Mais si Pon veut le supposer
continw, cerquin’est:pas non plus invraisemblable, la lenteur du décroisse:
ment total des températures se décompose et se résout pour ainsi dire én
deux marches contraires; les températurés croissant d'abord depuis la mer
jusqu'à 830" de: hauteur d’une très petite quantité égalé en tout à
1,6 centésimal, puis! décroissant ensuite dé: manière à rejoindre le: dé-
croisement rectiligne à la plus basse des cinq stations, où il est de 1° centé-
simäl pour 188" de hauteur; après quoi il:s’accélère proportionnellement
à la densité des couches aériennes, tant que la forme rectiligne continue
de subsister. Cette inversion initiale dans la marche des températures: n'a
rién qué de très naturel, si l’on considère que, d’après les observations
de M. de Humboldt, confirmées par le capitaine Duperrey, la partie! oc-
cidentale dés côtes de l'Amérique, dont il! s'agit ici, est constamment
_ par ün courant d’éau froide venant de l'Océan austral, lequel rend
la-surface de la mer toujours un peu plus: froide que air qui repose: sur
elle. Toutefois jé ne veux présenter. cé! mode que: comme un résultat: et
un exemple de raccordement possihlé, lequel pourra avoir son appli-
cation réelle et certaine. dans dlaûtres cas âñalogues, oùles couches
( 583 )
aériennes inférieures reposeront sur un: sol plus froid que ne l’est leur
température propre à quelqué hauteur.
» Au reste, de quelque manière qüe l’on veuille raccorder les stations
élevées avec la! mer, dansi les observations de M. de Humboldt, la forme
nécessairement presque rectiligne du lieu qui les unit, fera que les hau-
teurs, calculées seront toujours à très peu pres les. mêmes dans toutes ces
suppositions; et cela peut bien se voir par ce seul fait que celles que j'ob-
tiens ainsi, par exemple, diffèrent très peu de celles auxquelles conduit la
formule barométrique de M. Laplace, quoique la seule configuration du
lieu observé suffise pour faire voir qu’elle doit donner ici les hauteurs un
peu trop faibles. Or, pouvant ainsi compter sur ces hauteurs, leur com-
paräison avec celles de Paris à densité égale, conduit à un résultat phy-
siq ue assez important , par lequel je terminerai cet extrait.
» Après avoir fixé les densités et les pressions dans les cinq couches
d’air observées par M. de Humboldt, après en avoir déduit leurs hauteurs
au-dessus du niveau de fa mer Pacifique, j'ai cherché d’abord, par le calcul,
quelle était à Paris la hauteur de la couche qui, dans les observations
de M. Gayÿ-Lussac, avait une densité physiquement égale à celle de la
couche inférieure dans les observations de M. de Humboldt. J'ai trouvé
cette hauteur de 94”,7 au-dessous de l'Observatoire de Paris, ce qui tient
surtout au petit excès de température qui existait ici dans la couche
inférieure, lorsque M. Gay-Lussac fit son ascension.
» J'ai caleulé ‘ensuite de la même manière quelle était ici la hauteur:
des couches d’air qui avaient alors la même densité que les cinq couches
équatoriales fixées par les observations de M. de Humboldt. J'ai déterminé
aussi les pressions qui s’yexerçaient. Tout celam'était facile d’après larelation
eixpérimentale qui hait.les pressions aux densités. J'ai même établi la com-
paraison. pour une station fictive, plus haute que la dernière de M. de Hum-
boldt,, et dans laquelle la densité aurait été réduite à 0,4 de sa densité
initiale. J'ai réduit toutes les pressions calculées pour l'expérience de Paris,
à. ce qu'elles auraient été, si l’on avait pris pour unité la pression mesurée
par la. hauteur, barométrique observée au niveau. de la mer Pacifique, ce
que j'ai faitren ayant égard. à la variation de la gravité entre Paris et l’équa-
teur. J'ai eu ainsi les intervalles. de: hauteur compris entre les couches
d’égale densité dans les deux lieux. d'observation. En.outre, les différences
des pressions. successives dans chaque série, m'ont. donné aussi les poids
respectifs de.ces intervalles; poids, que. Fon: pourrait exprimer en milli-
metres de mercure: à o°,.en!les:multipliant tous par le nombre 758,523...
(584)
qui exprime le nombre de ces millimètres composant la pression baromé-
trique inférieure, dans les observations de M. de Humboldt.
» Gette espèce de sondage de l'Océan aérien, dans des parages aussi
divers, m’a donné les résultats contenus dans le tableau qui suit.
Éléments des couches atmosphériques d'égale densité, dans les observations de
M. de Humboldt à l'équateur et de M. Gay-Lussac à Paris.
A L'ÉQUATEUR. SOUS LE PARALLÈLE DE PARIS.
DENSITÉ, | PRESSION, | HAUT. Fous CA 44 BASE NE HAUTE Poids de là
NUMÉROS cle ET here EE DENSITÉ , ee UTEUR | col. aérienne
jal es] la colonne celle e è compté depui
qui a lieu Pair n mètres pté depuis
de la couche dans au- aëénennc;- || de la couche la couche
inférieure [la couche |. dessus LS équatoriale L couche inférieure,
4 inférieure [du niveau] {Puis inférieure | qtatonare de qui a une
de étant 1 : la couche étant 1: inférieure l'Ob densité égale
$ inférieure étant 1: ae lMtlsftensite
M. de Humboldt = de ER où la toire équatoriale
pr Ps Pacifique-| densité est de Paris.
Pr
d'ordre des stations au-dessus
étant 1: de
mms | nee | nes | comen |
m m.
La mer Pacifique.|r1 ,0000000 |1,0000000 0,00/0,000000 ||r,00000000| 1,0176705 |— 94,72|0,0000000
N° 201....[0,77127465|0,7576283|2439,64|0,2423719|0,77127465|0,7457338 |+2611,30|0,2719367
- |o,96306148|0,545754|2552,96|0,2522458|0 ,76306148|0,5360093 | 2722,65|0,2815612
.[o,73:03836|0,7183400|2020,23|0,2816600|0,73:03836|0,7059102 | 3075,25|0,3r17602
.|o,71284,60|0,6885468|3274,100,3114532l0,71284969|0,6780916 | 3412,50|0,3305789
-lo,55181192|0,495439615.,85, r210,5045624|0,55181192|0, 4987876 | 5914,4510,5188829
0,40000000|0,3135362|9407,53|0,6864638|0, 400000 |0,332833r | 9010, 19|0,6848374
» La comparaison de ces nombres fait voir qu’en partant de la couche
de densité égale à celle qui reposait sur la mer Pacifique, les intervalles
d'égale densité sont d’abord plus grands et d’un poids plus considérable
à Paris qu’à l'équateur. Depuis 2440 mètres de hauteur à l'équateur, jus-
que vers 3000 mètres, la différence totale, soit d'épaisseur, soit de poids, est
à peu près constante; et, dans son maximum, qui a lieu vers 3000 mètres;
elle est, pour la hauteur, environ 250 métres, pour le poids à peu près
22% 83 de mercure à 0°, animés par la gravité équatoriale: Au-dessus de
3000 mètres, c'est dans la colonne équatoriale que les intervalles successifs
d'égale densité deviennent comparativement plus épais et plus lourds; et
quand la densité y est réduite à 0,4, la hauteur où cette densité existe sur
passe de 300 mètres la couche de même densité sur notre parallèle. De sorte
que, si un tel état de choses avait lieu simultanément, sur un même méri-
(585)
dien , dans une atmosphère momentanément en équilibre, cet équilibre de--
vrait serompre par la distribution inégale des couches d’égale densité; les
inférieures tendant à tomber lentement du pôle vers l'équateur, les supé-
rieures de l'équateur vers le pôle. Quelque conformité que ce résultat pré-
sente avec l'existence des deux courants inférieurs et supérieurs qui ont
réellement lieu dans notre atmosphère, suivant ces deux sens, et qui pro-
duisent les vents alisés, je suis très loin d’en vouloir tirer une manifestation
certaine de ce grand phénomène météorologique, les temps et les cir-
constances des observations comparées ne permettant pas d’en tirer avec
sûreté cette déduction. Je ne le présente que comme un exemple des con-
séquences physiques auxquelles ce genre de discussion pourra conduire
lorsqu'on aura l’occasion de l'appliquer à des observations barométriques
complètes, faites simultanément à des latitudes différentes, sous les
mêmes méridiens, et dans des colonnes aériennes d’une grande longueur.
Si l’on avait de telles observations dont l’exactitude fût certaine, il con-
viendrait, en les comparant, d’avoir égard à la force centrifuge dont je
nai pas tenu compte ici. Mais cela serait facile; car d'aprés les lois qui
la régissent, son introduction dans l'équation de l'équilibre des couches,
n’ajoute aucune difficulté nouvelle aux intégrations. Mais auparavant il
faudra enfin connaître la différence qui existe en chaque lieu entre la
température apparente de l'air telle que le thermomètre l'indique, et la
température vraie de ce fluide que le thermomètre n’accuse que mêlée
avec les effets du rayonnement des corps qui l’environnent. Heureuse-
ment un de nos confrères, M. Pouillet, s’occupe de cette recherche,
et son travail pourra bientôt nous fournir l'importante notion qui nous
reste à désirer. ».
À l’occasion de cette lecture de M. Biot, M. ArAGo donne une connais-
sance anticipée d’un paragraphe des Instructions qu'il a rédigées pour le
voyage de M. Gaimard, et dans lequel il est question de températures
croissant avec la hauteur, observées en plein jour.
ARCHÉOLOGIE. — Sur une fouille faite dans le terrain primitif de l'ile
de Santorin; par M. Boryx DE SAINT-VINCENT.
« Entre les objets rares de diverse sorte que j'observai dans mon ex-
cursion des Cyclades, lors du voyage de la Commission scientifique de
Morée, il en est plusieurs qui, pour ne pas être tout-à-fait du domaine.
(586 )
des sciences physiques, méritent néanmoins, par les points de contact
qu'ils ont avec elles, l'attention de l’Académie. Tels sont les tombeaux et
les vases contenus dans ces asiles des morts, que je découvris à Santorin,
ile de lArchipel, dont la volcanisation avait jusqu'ici fait la seule célé-
brité. Les antiquaires semblaient l'avoir dédaignée, et cependant non
moins qu'aucune autre, elle renferme des vestiges des plus vieux temps.
On pourrait même dire que ses entrailles, qui n’avaient jamais été inter-
rogées , recèlent d’irréfragables témoignages de ce qu’étaient les arts vers
la fin des temps dits héroïques.
» Tournefort, voyageur non moins exact qu'érudit, y entendit parler
de ruines au commencement du siècle dernier. « Mais, dit-il, par la ma-
» ladresse de mes guides , qui n’eurent pas l'esprit de m'y conduire, je ne
» les vis point. » Plus heureux que notre illustre compatriote, parce que,
ne me fiant point à des guides, je cherchais moi-même dans toutes les
directions, je trouvai ces vénérables débris, je pus les examiner et les dé-
crire dans ma Relation de la Grèce à l'usage des gens du monde (1).
» Entre ces ruines jusque alors ignorées, je signalerai un petit temple,
ou plutôt une chapelle du paganisme, presque cubique, construite avec
la plus extrême simplicité, en gros morceaux à peu près carrés de beau
marbre blanc, venu probablement de Paros, et située isolément dans la
plaine méridionale de l'île, au milieu de champs de coton, où sa teinte
blanchätre empêche de la reconnaître quand on en est à quelque distance.
Le monument a tout au plus six mêtres sur toutes ses faces, avec une
seule porte latérale, et sa toiture plate est formée de longues dalles.
» Les restes d’une cité d'Éleusis méritent aussi une mention particu-
lière. On les voit sur une montagne prolongée en cap escarpé vers l’orient ,
et qu'unit au Saint -Hélie, sommet culminant de l’île, un col en arète
tranchante contre les flancs rapides duquel on doit cheminer pour se
rendre de l’une à l’autre. Des murs cyclopéens, une esplanade dont la vue
s'étend sur la mer, des bases de tours, des emplacements de temples et
des maisons renversées s’y distinguent, outre une multitude de citernes
enfoncées et demeurées pour jamais à sec. Tout le pays est recouvert d’une
couche immense de pierre ponce réduite en fragments souvent fort petits
et agglutinés, qui composent son sol cultivable. Il n’y existe point d'autre
terre, et c'est dans cette substance ameublie que croissent d'excellents
(1) 2 volumes in-8°, avec un Atlas petit in-folio, chez Pitois et Levrault, Paris et
Strasbourg, 1837 et 1838.
(587 )
vignobles, unique source des richesses de: Santorin, Au-dessus de cette
couche, d’un aspect plâtreux , blanchâtre et stérile, et pourtant d’une
certaine fertilité, dont la puissance varie, de dix à cinquaute mètres, sont,
du côté abrupte qui se courbe en figure de. croissant , d'autres couches, de
matières également volcaniques , superposées, très yariées par leur nature
ou leur teinte, et dans lesquelles Ja lave passe par.tous les états, depuis
ceux d’ébsidienne, de basalte compacte ou poreux , et de trachites très
durs jusqu’à ceux de tuffos fragiles, peu liés dans leurs grains, et d'argile
diversement colorée; car c’est ici que se peuvent observer les diverses
transmutations des roches d'origine ignée , transmutations qui jouent un
grand rôle dans la nature, dont on n'a pas assez tiré-parti dans les sys-
tèmes de géologie qu’on s’est trop hâté d'établir, et que j'ai signalées il y a
déjà bien des années dans mon voyage aux quatre îles des mers d'Afrique,
sans qu’on en ait guère tenu compte:
» Le rempart naturel que ces couches variées par Jeur nature et par leur
épaisseur, forme autour de la vaste baie, où se reconnaît la moitié d’un vaste
cratère d'affaissement, présente dans sa nenaçante courbe l'aspect le plus
bizarre; on pourrait même dire le plus infernal : le rouge souvent tres vif,
s’y mélant crûment au noir le plus funèbre, ou bien à d’autres teintes non
moins tranchées, sans que la moindre verdure y récrée jamais l'œil du voya-
geur. Les Kaiménis, soupiraux volcaniques, soulevés dans l’intérieur du vaste
cirque, y sont non moins lugubres , et contrastant par leur coulenr fuligi-
veuse avec l’azur du ciel et de la mer, complètent la singularité du tableau.
Ayant examiné soigneusement tous ces lieux dans leurs brisures, depuis
le niveau de la mer, où s’amarrait mon brick, jusqu’a.leur surface, alors
couverte de pampres et de délicieux raisins, en ayant recueilli les. subs-
tances constitutives dans toute leur épaisseur, mise à jour par tant de com-
motions volcaniques, je m'étais accoutumé à l’idée que l'ile était de fond
en comble un produit d’éruptions successives, et. qu’elle était entière-
ment sortie par l'effet de nombreux vomissements, des profondeurs du
globe à l’état coulant ou dé cendre, Je fus donc très surpris, lorsque ayant
atteint le sommet de Saint-Hélie, où Tournefort fut également étonné de
trouver ce qu'il appelle ün marbre bâtard, lorsque , dis-je, je reconnus
que:da masse de la montagne, dont les pentes sont aussi revêtues par la
couche meuble, était formée de ce calcaire moréotique qu’on rencontre en
tant d’autreslieux du pourtour dela Méditerranée. Ce calcaire compacte et
grisâtre a-été mis à nu par l’action dés torrents de pluie qui tombent
dans la mauvaise saison. Je reconnus ensuite qu'il se montrait sous les «lé:
C.R. 1838, 165 Semestre. (T. VI, N° 48.) 80
( 588 )
combres de la ville antique, dont les citernes y furent creusées. Je l'ai re-
trouvé enfin, perçant à travers cértaines pentes du côté oriental de l'ile
où saille un immense bloc, contre lequel est bâtie une léproserie au
pourtour de laquelle la vigne est cultivée sur la couche arable de forma-
tion supérieure , conséquemmént moins ancienne. Il m'importait de véri-
fier si ce même calcaire que je revoyais partout où l'inclinaison donnait à
l'eau du ciel la facilité de raviner ét d’entrainer le terrain, était la base du
pays. Je choisis donc aux racines du col, dont il a été parlé plus haut, un
point où la terre éboulée facilitât mes recherches. En un de ces points où
là pente était telle qu'après la première sape des masses immenses se déta-
chaient aisément comme des avalariches; je vis bientôt, entraînés par un
glissement tumultueux, de nombreux débris de poterie avec des frag-
ments de vases et de pierres sépulcrales. Ce fut donc au-dessous du revé-
tement mouvant, dans le sol de formation antérieure même que je décou-
vris presque de prime abord , des tombeaux à peu pres semblables à ceux
dont se criblent Égyne et la grande Délos. Plusieurs étaient éfondrés etrem-
plis de ponce presque en poussière; deux étaient intacts; le couvercle en
avait seulement été un peu déplacé, comme par glissement, et une sorte de
lapillo y ayant pénétré, formait comme un tuffo par l'épaisseur duquel
leur capacité était plus ou moins remplie; deux vases y étaient empâtés en
partie et parfaitement conservés. Cette trouvaille ayant fait quelque bruit au
port de Phira, lorsque jy revins, le gouverneur, M. Avérino , homme instruit,
qui m'avait accompagné dans mes promenades, apprit, que peu de mois
auparavant, un habitant de Ghonia, village situé au pied de la montagne,
ayant remarqué sur ses péntes ün espace aplati vers la base du col qui en
he la cime à celle d'Éleusis , imagina d'y planter quelques ceps. Ses travaux
ayant occasioné un éboulément dans le genre des miens; il mit également
à nu quelques points de la vieille roche avec des tombeaux vierges, ren-
fermant, à ce qu’on assurait, des trésors et des beaux vases parfaitement
imtacts. Je ne répondrais pas que les trésors aient jamais existé, mais ils
se fussent certainement réalisés au prix que l'explorateur demandait de
ses poteries, s’il eût rencontré des acquéreurs. M'étant rendu avec M. Avé-
rino chez un notable du lieu, dépositaire des objets dont la découverte
antérieure à la mienne était venue à nos oreilles, je pus les y contempler
et reconnaître qu'il s'y trouvait des choses fort,curieuses , mais d’origine
et d'époque bien différentes. Dès que j'eus refusé de les acheter, parce qu’il
ne m'avait point été alloué de fonds pour ce genre de dépenses, il y eut
de grands pourparlers, dont le résultat fut qu'on me prierait de recevoir à
( 589 )
mon bord le résultat des fouilles pour.le porter à M. le président, Capo
d'Istria, auquel je l’ai remis effectivement, et qui la, déposé dans le
musée d'Égynes, où l’on doit le voir encore, à moins que S. M.;le roi de
Bavière n’en ait fait l'acquisition lorsqu’elle fut dernièrement rendre visite
à son fils sur le trône. de Grèce.
» Trois tombeaux vus par moi, et sept ou huit, dit-on, par le vigne-
ron qui le premier fouilla à la base du, col peu de temps auparavant,
étaient en tout semblables. Il est à craindre qu’ils ne soient.pas demeurés
à découvert, parce que les éboulements du sol supérieur très mobile s’y
seront multipliés, surtout si la cupidité a poussé quelques habitants
à continuer des fouilles dont, en Grèce, on attend toujours des richesses
enfouies. Peut-être, à l'heure qu'il est, n’existe-t-il plus, à Santorin, un
sépulcre entre le mont Saint-Hélie et celui d’Éleusis, qui n’ait été violé, et
dont le pourtour ne soit parsemé, des tessons de tout ce qu’on ne sera
point parvenu à en retirer/intact. Quoi qu'il en soit, ces tombeaux, longs
de deux mètres environ, larges d’un, tant soit peu plus profonds et creu-
sés comme .de simples auges dans le calcaire compacte, sont enduits avec
du stuc grossier d’un rouge foncé, qui conserve toute sa fraicheur partout
où des amas de poussière volcanique blanchätre ne l'ont pas corrodé en
l’encroûtant.. Des dalles plates, tirées sans, doute de la roche même où les
sépulcres furent pratiqués, et qui furent évidemment d’une seule pièce,
épaisses d’un à deux décimètres, les fermaient et en, faisaient toute la
saillie extérieure. Ces dalles , parfois demeurées en place quoique fendues,
mais généralement brisées et culbutées par quartiers dans la fosse même,
n'auront pu résister au poids de la couche volcanique qui les dut tout à
coup surcharger de, son, énormité lors de la grande éruption qui boule-
versa l'ile. Aucune de ces couvertures, n’a offert d'inscriptions ni de carac-
tères quelconques, d’après lesquels on ,püt statuer quoi que ce soit sur
leur âge, et connaitre quels purent être ceux dont les_cadayres en de-
vaient être protégés. |
» Il ne faut pas confondre les tombeaux dont il, est As et qui
étaient placés, à la distance d’une de leur largeur environ, à:côté les uns
des autres, dans le sol: primitif, -et selon. l’inclinaison de celui-ci, avec
d’autres sépulcres incomparablement plus modernes que l’on trouve au-
dessus dans le tufot de ponce, et qui ressemblant à ceux, du reste de la
Grèce, continrent les réstes des citoyens d'Éleusis. Ceux-ci ont été de-
puis long-temps fouillés, culbutés ,, comblés, refouillés et ruinés, sans
qu'on n’y puisse reconnaître que des fragments de vases pareils pour la
80..
( 690 )
substañce, les teintes, et ce qu’on peut réconnaitre de leur forme, à ce
qu’on retrouve à Égine, ainsi qu’en tant d’autres endroits de la Grèce
et de l'Italie.
» Du côté où je suppose qu'étaient tournés les pieds des cadavres dans
les tombeaux de première antiquité, on pratiquait une sorte de niche dans
laquelle se plaçaïent de grands vases. C’est du moins à cette place que nous
en avons trouvé deux dans le meilleur état de conservation avec les dé:
bris de ceux qui furent brisés par la chute des morceaux des pierres de re-
couvrement lors de l'invasion des laves supérieures. D’autres vases moins
considérables avaiént aussi été déposés sur les côtés , et la plupart, demeu-
rant exactement empâtés dans le tuffo qu'ont formé la poussière volcani-
que ét les fragments de ponce dans la éapacité des tombes; ne peuvent
que très difhcilément être extraits de leur espècé de gangrie, sans être bri-
sés. Les osséments semblent s'être assimilés dans celle-ci et en font si bien
partie, que leur apparence étant à peu près 14 même 6n n’en distingue
présqué plus rien; l'analyse seule en pourräit faire reconnaître l'existence
au milieu de la substance qui les enserre ; et dans laquelle nous trouvämes
cependant des dents assez bien conservées.
» Comme il existe des tombeaux de deux sortes sur la montagne, les
supérieurs creusés dans la ponce par les citoyens de l'antique Éleüsis, et
les inférieurs dans une roche antérieure par des hommes inconnus, les
fouilles qu'on y fit ont produit des vases de nature très différente. Dans
les moins anciens, on à rétrouvé les mêmes formes et la même matière
qu'à Égyne, c'est-à-dire unñé grande analogie avec les produits étrusques
et de la terre de Nola: Parmi les richessés de ce genré qui me fürént confiées
pour êtré remises à M. lé Président, jé‘visentré autrés un vase de Ta plus par-
faite beauté et de la meilleure Conservation. C'était une sorte d’aiguiere de
quinze pouces environ dé hauteur et de huit dé diamètre dans la partie la
plus renflée de so pourtour, avec un col aminci, dont l'ofifice était une
tête d’aigle ou de griffon du meilleur goût; une anse gracieusement con:
tournée y était ajustée $an$ trop de saïllie et la légèreté du tout était re-
marquable. Sa couleur était celle de l’hématite, ou pierre sanguine, avec des
traits «en écailles ou d’autres ornements et un petit sujet dessiné en noir
lisant ét poli. Un carnassier à pelage moucheté du genre Æelis y était
représenté dévorant un ruminant à bois rameux. Je crus reconnaître dans
ces deux animaux un lynx et uncerf; or, comme le lynx et le cerf'sont des
mammifères de la Grèce, le sujet était évidemment grec.
» Il n’en est pas de même pour les vases trouvés dans les sépuleres ini-
( Sor )
férieurs et les plus anciens. Îci les formes, les proportions, les ornements
et la matière sont totalement différents. Les amateurs qui usurpent trop
souvent le titre d’antiquaires, en achetant à tout prix des collections de
vases étrusques qu'ils n’estiment qu'autant que le pourtour s’en charge
davantage de figurines rouges ou noires, et qui s’exfasient devant les
conceptions plus bizarres que correctes des potiers de la vieille
Italie, ne feront probablement pas grand cas de nos vases ultra-antiques ,
qu’on me passe cette expression; ils n’y admireront point ces deux ou
trois couleurs mattes qu'ils regardent comme des conditions de beauté, ni
de ces personnages singulièrement groupés, où jusqu’à des contre-sens
anatomiques leur semblent être des perfections de dessin; mais le vrai
savant doit y trouver de profonds sujets de méditation et y reconnaître,
dans la pauvreté même du décor jointe à l'élégance mâle des formes, la
main d'un peuple antérieur à la civilisation étrusque, et chez lequel les
arts marchaïent dans là voie du perfectionnement, quand une grande
révolution physique vint tout engloutir, jusqu'aux artistes.
» En effet, Santorin était une île considérable, fertile, verdoyante,
riche en sources, l’une des plus heureuses de Archipel, et qui s’appelait
Kalliste ( la plus bellé ), vers la fin des temps héroïques; C'est-à-dire de
quinze à seizé cents avant l’ère moderne, lorsque les Phéniciens, commen-
cant à explorer les terres qualifiées successivement par eux d’Hespérie
( pays du soir ou du couchant ), vinrent communiquer aux Pélages de Ja
Grèce
INT NTÉ ......... Cet art ingénieux
5 De peindre la parole et de parler aux yeux. »
» Cadmus s’ÿ arrêta d’abord, et la trouvant digne d’être colonisée y laissa
quelques-uns de ses Phéniciens sous l'autorité de Membliarès, l’un de ses
parents. L'île était déserte avant l’arrivée de Cadmus, puisque la tradition
ne porte point que celui-ci y ait rencontré d’indigènes; les hommes qu'il
ÿ laissa durent s’ÿ multiplier et vivre heureux en cultivant les arts qui
florissaient déjà dans Tyr, lieu de leur berceau, et cet état de choses
dura probablement jusqu’à l’époque des commotions volcaniques dont
leur nouvelle patrie fut le théâtre, Ces secousses qui brisèrent Kalliste
et les affaissements qui en firent disparaître la plus grande partie dans
l’abime des mers, durent probablement lui donner cette forme de crois-
sant qu'elle conserve encore, ils eurent donc lieu après l’âge de Mem-
bliarès. La première révolution physique de ces lieux ne serait-elle pas
(592)
contemporaine ou de très peu postérieure à ce déluge de Deucalion, qu'on
pourrait regarder comme la conséquence de quelque grand soulèvement
ou boursoufflement volcanique et sous-marin de la région entière ? Quoi
qu'il en soit, le pays désolé, dépouillé par le feu de ses fontaines et de ses
ombrages dut, comme Herculanum et Pompeie, être brusquement recou-
vert d’un terrain nouveau; ce nouveau terrain est celui que nous recon-
naissons dans la couche supérieure de ponce et de trachites en petits
fragments d’une île, probablement demeurée comme anonyme par la
perte de sa beauté, jusqu’à l’époque où Théras, aussi parent de Cadmus,
vint après quelques cent ans, lui donner son nom en les repeuplant avec
des Spartiates et des Myniens fugitifs que leurs femmes avaient sauvés des
prisons de Lacédémone.
» Ce ne peut donc être qu'entre l’époque de la première venue des
Phéniciens, commandés par le fils d’Agénor, et la seconde colonisation,
conduite par Théras, avant là grande éruption qui bouleversa Kalliste,
c'est-à-dire vers l’an 1540 avant J.-C., que se creusaient les tombeaux que
nous avons trouvés à Santorin, dans son premier calcaire, Les vases qu’on
rencontre dans de tels sépulcres sont donc antérieurs au temps où la
Grèce connut le tour du potier et eut des artistes qui en faisaient un si
élégant usage. Aussi ces vases portent-ils un caractère bien différent de
celui qu'on voit aux poteries du reste de la Grèce et de l'Italie; pareils
les uns aux autres par la composition, les formes, la teinte et la misère
d'ornements, leur matière est dure et grenue, un peu sonore; on la di-
rait être une sorte de grès à leur couleur et au toucher; notre confrère,
M. Brongniart, auquel je les ai montrés, a remarqué qu’on aiguiserait une
lame de couteau en la frottant contre leur surface. La forme en est simple,
mais noble et gracieuse; le plus considérable a 2 pieds 5 pouces de hau-
teur, et 1 pied 9 pouces de diamètre vers son milieu, où il se renfle.
Quatre anses, disposées par paire de chaque côté, devaient en rendre
le maniement assez commode. Un second vase, qui n’a que deux anses,
une de chaque côté, est de la même forme, c’est-à-dire semblable à une
belle urne dont l’orifice s’évaserait ; sa hauteur est de 2 pieds, sur 15
pouces de diametre. L'un et l’autre, que nous trouvâmes à peu près rem-
plis de poussière volcanique, paraissaient avoir été déposés vides dans
leur tombeau respectif. Ils sont bien grands pour n’avoir contenu que les
cendres d’un individu; minces pour qu’on les püt, avec sécurité, remplir
d'un liquide quelconque. Probablement, on y déposait du grain pour la
provision du mort; ce qui tiendrait à des croyances bien anciennes, com-
(593 )
inunés à l'Égypte primitive, et antérieures à celles de la Grèce historique.
Leur couleur ést' la teinte naturelle de la terre dont ils sont formés; des
bandes parallèles, d'un brun chocolat, sont le fond des ornements géné-
raux. On voit que ces bandes annulaires ont été faites sur le tour même.
A la gorge, outre les cercles bruns, l'artiste esquissa quelques figures
particulières ; telles qu’un Méandre incomplet; de petits ronds unis l’un
à l’autre par une ligne oblique, un zigzag inscrit entre deux des grands
cercles d’en haut, des triangles, et surtout des oiseaux de la famille des
Grues, et approchant pour la forme de celle de Numidie mis en regard.
Ces mêmes oiseaux se retrouvent avec ce que je crois être la figure d’un
bouclier, sur lé vase de moins grande taille. Il est remarquable que dans
ces deux belles pièces, et dans toutes celles du même genre que j'ai ob-
servées à Santorin , l'artiste, sans doute IE ’épargner de la peine, n’a
rien dessiné sur l’un des côtés, celui qui n'était pas censé devoir être vu,
parce qu'il était tourné du. côté de la niche dont il a été parlé plus haut,
et qu'on rencontre à l’une des extrémités du sépulcre. Une sorte de
monogramme, qui fat peut-être celui du fabricant, et qu’on voit également
sur nos vases, pourrait-il éclairer nos savants confrères de l’Académie
des Inscriptions, sur leur origine et leur âge. Je n’entends point m'en
occuper ; de pareilles recherches sortent de mes travaux habituels, pour
rentrer dans le domaine de l'antiquaire véritable. Je me bornérai simple-
ment à répéter, de les tombeaux où se trouvent ces vases, sont évidem-
ment antérieurs à la révolution volcanique par laquelle tout le pays fut
bouleversé de fond en comble. et recouvert de l'énorme couche de ponce
qui partout y dérobe la vue du sol primitif; ce fait donne, à la poterie
de Santorin, une importance historique supérieure à celle des pièces du
même genre dont se remplissent la plupart des Musées, où l’on semble
attacher plus de prix à ce qui fut en tout temps compositions de fantaisie,
comparables tout au plus aux gravures du Journal des Modes de l’é-
poque actuelle, qu’à des choses dont l'étude pourrait éclaircir des points
obscurs de diverses origines et de ce qu'étaient les arts quand l’Asie,
l'Afrique et l’Europe se mirent en contact à travers la mer Égée. »
M. Bory met sous les yeux de l’Académie les dessins au trait des deux
vases décrits dans son Mémoire.
Après la lecture de ce Mémoire, M. DurEAU DE LA MazLe fait remarquer
que les vases en question, autant qu’on en peut juger par les dessins
qui les représentent, ne ressemblent en rien aux vases phéniciens que
( 594 )
l’on possède dans les Musées archéologiques, et dont l’origine ne saurait
être douteuse. Les vases de Santorin ont au contraire, dans leur forme
générale et dans les ornements qui les décorent, tous les caractères qui les
décorent.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — /Vote sur une collection de rapports officiels de
M. Hubert , relatifs aux navires à vapeur; par M. Cu. Dupin.
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie une collection de sept rapports sur
les bâtiments à vapeur de la marine militaire; ils sont dus à notre savant
correspondant pour la section de mécanique, M. Hubert, directeur des
constructions navales à Rochefort.
» M. Hubert a le premier, en France, résolu le problème de la cons-
truction des navires à vapeur réunissant à la fois la structure solide qui
convient à des bâtiments de l’État et la supériorité de marche qui constitue
l'un des principaux avantages de cette espèce de navires.
» Le premier essai fut le Sphinx, construit à Rochefort en 1828 et
1829. Ce bâtiment était muni d’un mécanisme à vapeur ayant la force
de 160 chevaux , lequel sortait des ateliers de M. Faucett de Liverpool.
» Depuis, nous avons fondé le bel établissement d’Indret, où nous
avons fini par exécuter, avec des ouvriers français, des machines aussi
parfaites que celles des Anglais.
» L'État possède aujourd’hui quatorze navires à vapeur de 160 chevaux,
y compris ceux qui font le service des ports orientaux de la Méditerranée.
» Dès 1830, éclairé par l'expérience du Sphinx , M. Hubert proposa des
améliorations essentielles à la construction projetée de navires devant avoir
un moteur de cette force. A la même époque, il présentait aussi les plans
et les calculs d’un navire à vapeur de 200 chevaux; cette dernière propo-
sition n'eut pas de suite.
» Les Anglais avançant par degrés rapides dans l'agrandissement de leurs
navires à vapeur, le Ministre de la Marine, en 1835, donna l’ordre à
M. Hubert de présenter les calculs et les plans d’un bâtiment mû par une
force de 220 chevaux. Trois navires de l’État sont en construction d’après
ces plans.
» Ici nous ferons remarquer la marche essentiellement différente des
progrès de la navigation par la vapeur chez les Français et chez les
Anglais.
» En France, la marine militaire devance toujours la marine du com-
merce par la grandeur de ses essais. Ainsi, jusqu’en 1835, un seul navire
( 595 )
du commerce avait une force qui s’élevat à r40 chevaux, ‘quand les neuf
dixièmes des navires à vapeur de l’État avaient la force de 160 chevaux : dès
que l'industrie particulière approche de la limite‘ atteinte par les travaux de
la force navale, celle-ci fait un nouveau pas et tierce sa force motrice.
» En Angleterre, au contraïre, tandis que les navires de l'État n’ont
pas encore dépassé la force de 250 chevaux, le commerce en fait cons-
truire à Liverpool, à Bristol, à Londres dont la force, fixée à 380 che-
vaux, tend à s’accroître chaque jour, et, selon nous, au-delà des justes
proportions entre lle tonnage et la puissance motrice, pour parcourir de
très grands espaces.
» La formule donnée par Euler pour calculer la résistance relative et la
force motrice des vaisseaux, montre que cet accroissement simultané de
la grandeur des navires et des forces motrices permet d'atteindre une plus
grande vitesse avec une force qui met en mouvement un poids propor-
tionnellement plus considérable.
» J'ai pensé qu'on verrait avec intérêt quelques rapprochements que
j'ai faits pour rendre ce résultat sensible, au sujet des deux premières
classes de navires à vapeur de la marine française.
NAVIRES A VAPEUR FRANCAIS, 2° CLASSE, 1" CLASSE.
Force motrice évaluée en chevaux......,.,. 160 chev. 220 chev.
Tonnage total du navire......... ........ 777 tonn. 257kil. 1334 tonn. 149 kil.
Portion du tonnage total par cheval moteur. 4 858 6 064
Vitesse maxima par ‘un temps calme et dans :
un milieu sans courant... ..........1... 1onœuds 10 neuds 4
Poids normal duchargementquechaquenavire
doit recevoir,sous forme decombustible... 100 tonn. 30otonn.
Combustible par force de cheval. .......,.,. 625kil. 1350 kil.
» Ainsi le navire de 220 chevaux aura ce qu'il faut de combustible pour
naviguer pendant un temps plus que double du navire de 160 chevaux.
» Afin de suffire à de très longs trajets, les navires de 220 chevaux ont
leurs roues à aubes établies de manière à pouvoir agir encore efficacement
malgré l’immersion qu’exigera la surcharge de 118 tonneaux de houille:
surcharge qu’on réservera pour les longues navigations (1).
» On pourra donc partir avec 1854 kilogrammes de combustible par force
de cheval. Cette quantité de combustible représenterait, avec un vent
ET EE CORRE PE
(1) Les navires de 160 chevaux reçoivent une surcharge de 8o tonneaux.
C. R. 1838, 1€T Semestre. (T.VI, N° 48.) 81
( 596 )
calme et un milieu sans courant, un espace parcouru de 7030624 mètres,
c'est-à-dire un espace égal aux Z de la distance du pôle à l'équateur,
ou 1758 lieues de 4000 mètres parcourues en 4or heures --, ou 16
jours Z.
» Une telle rapidité suffirait à la rigueur pour aller, dans un temps calme,
de France aux États-Unis; mais on est encore ici loin du terme qu'on
doit atteindre pour être certain d'arriver malgré les temps les plus
contraires.
» Ainsi, le navire anglais, le Syrius, quoique mùû par une force de 400
chevaux, vient de mettre six jours pour parcourir les 240 premières lieues
de son trajet, de Liverpool à New-York : à ce compte, il lui faudrait trente
jours de mauvais temps pour parcourir 1200 lieues.
» L’insuffisance de la seule force de la vapeur pour accomplir dans tous
les cas d'immenses trajets, a fait penser à rendre plus efficace la combi-
naison des forces de la vapeur et du vent. Tel est l’objet d’un rapport de
M. Hubert (octobre 1837), pour qu’un de ses bateaux à vapeur de 220 che-
vaux, le Caméléon , puisse à volonté naviguer au moyen des voiles seu-
lement.
» Un officier de vaisseau fort ingénieux, M. Bechameil, s’est pareille-
ment occupé de résoudre ce problème par des dispositions qui lui sont
propres, et pour lequel il a fait récemment des travaux d'étude et des ex-
périences dans la grande usine de la Chaussade, appartenant à la marine
royale.
» En m'adressant les diverses pièces officielles dont je viens de donner
une idée , et qu'il me prie de déposer dans les archives de l’Académie,
M. Hubert ajoute : « Je regrette que ee travail ne soit pas complet, et vous
aurez à juger si je dois y donner suite en y ajoutant les plans des navires,
les détails de la charpente et des installations , les plans de voilure, etc. »
» Il me semble qu’en remerciant notre habile correspondant, pour les
communications qu'il vient de nous adresser, nous devons lui faire con-
naître que l’Académie ne pourra que recevoir avec reconnaissance les pré-
cieux matériaux qui compléteront le présent que j'ai l'honneur de déposer
aujourd’hui sur le bureau. »
( 597 )
RAPPORTS.
YOYAGE SCIENTIFIQUE. — Rapport sur l'expédition de la Bonite: par
M. DE FREYCINET.
(Hydrographie, navigation et histoire du voyage.)
« D’après les sections du rapport sur le voyage de la Bonite, qui déjà
ont été lues dans cette enceinte, l'Académie aura pu juger de l’empres-
sement de MM. les observateurs, pour tout ce qui tient à l’histoire natu-
relle, à la physique du globe, au magnétisme et à la météorologie; mais
il a été facile de prévoir que celles des observations qui exigeaient un
long séjour au mouillage ont été beaucoup moins favorisées : tels sont en
particulier les travaux qui se rattachent à la levée des cartes et plans
bydrographiques.
» Levée des cartes. — M. Darondeau, élève de cette école célèbre que
dirige avec tant d'éclat celui que les étrangers eux-mêmes appellent /e père
de l'hydrographie européenne , avait certainement toute l'instruction né-
cessaire pour procéder d’une manière brillante à l'exploration des côtes
visitées par l'expédition ; toutefois, nous le disons avec peine, la courte
durée des relâches et les circonstances de la navigation ont mal servi son
zèle; aussi cet habile ingénieur n’a-t-il pu satisfaire à l’ardent désir qu'il
avait d'enrichir l'expédition, qu’en s’occupant des observations de phy-
sique. À peine, en effet, aperçoit-on parmi les matériaux qui ont été soumis
à notre examen, quatre plans particuliers, dont le plus considérable est
celui de la baie de Karakakoa , Sur l’une des îles Sandwich; les autres sont
un plan du mouillage de Puna, dans la rivière de Guayaquil; un plan du
mouillage de Cobija, au Pérou; un dernier enfin d’une partie de la rivière
Hoogly, dans l'Inde, en face de Chandernagor. Il faut ajouter à ce
succinct catalogue, quelques sondes additionnelles portées, sur le plan
du port d'Honoloulou, levé pendant la campagne de /’Uranie. Ces tra-
vaux ont été exécutés par les meilleures méthodes, et font vivement re-
gretter que les talents de M. Darondeau n'aient pu s'exercer sur une plus
grande échelle. Les membres de l'état-major qui l'ont aidé dans ses opéra-
tions, sont MM. Chevalier et Touchard, enseignes, et MM. Garrel et
Chaptal, élèves de marine.
» Nous devons joindre à la liste qui précède, un certain nombre de cartes
et plans dont quelques-uns sont peu répandus en Europe, et qu’on a eu
81.
( 598 )
l'attention de se procurer ; aucun d’eux n’est inédit et tous sont dus à des
explorateurs espagnols ou anglats.
» Astronomie nautique. — M. Touchard, enseigne de vaisseau, parti-
culièrement chargé des montres marines et des observations d'astronomie
nautique, s’est acquitté de ce devoir avec un talent et une précision re-
marquables. Cet habile officier a surtout donné une attention particu-
lière à la répartition de l’erreur des montres, reconnue après une longue
traversée. En rendant compte des observations qu'il a faites pendant le
cours de la campagne, tant à terre qu’à bord du vaisseau, il se livre à
des recherches intéressantes sur la meilleure méthode à suivre pour ré-
partir cette erreur finale sur les points intermédiaires. Déjà plusieurs na-
vigateurs s'étaient occupés de cet objet, les uns en supposant que la va-
riation de 14 marche moyenne du chronomètre a été uniforme pendant
la traversée, et les autres qu’elle a été uniformément accélérée. M. Tou-
chard discute de nouveau la question sous ce double rapport; et apres
avoir fait ressortir les inconvénients et les avantages de chacune de ces
hypothèses, il donne la préférence à la dernière. Devant ici me borner à
des aperçus généraux, je ne suivrai point l'auteur dans les conséquences
utiles qui résultent de son analyse; et je m'y résigne avec d'autant moins
de peine, que je connais son intention d'en faire plus tard l’objet d'un
mémoire spécial.
» Le même officier donne ensuite deux tableaux : l’un des variations
diurnes des chronomètres, telles qu’elles ont été trouvées à chacune des
stations de la corvette; l'autre du petit nombre de positrons géographi-
ques, déterminées par ses soins, dans le cours de la campagne. Les longi-
tudés y sont comptées de deux manières : 1° du méridien de la dernière
stition, et 2° du méridien de Paris.
» Les registres d'observations, et ceux où les calculs ont été écrits, sont
tenus avec beaucoup d'ordre, et l’on est satisfait de voir la parfaite con-
cordance des résultats, surtout dans les observations faites à terre.
» Histoire du voyage. — Ta collection considérable de paysages, de
vues de marine, dessins de costumes, etc., qui nous a été communiquée ,
laisse peu à désirer tant pour le nombre et la variété des sujets, que pour
le charme des points de vue et la perfection du travail. Toutes ces ri-
chesses, dues à l’activité et au talent de MM. Fisquet, enseigne de vais-
seau , et Lauvergne, agent comptable, ne peuvent manquer de répandre
un grand agrément sur l’atlas pittoresque qui accompagnera sans doute
la relation du voyage, et l’on peut croire, par aperçu, que 150 dessins’,
( 599 )
dont‘un grand nombre sont coloriés, pourront entrer dans cette publi-
cation.
» Conformément aux recommandations de l'Académie, quelques docu-
ments phüiologiques ont'été rapportés et mis sous les yeux de la Com-
mission; ils consistent: 1° en un Nouveau-Testament en langue des iles
Sandwich, imprimé sur ces îles mêmes, par les missionnaires protestants
établis à Wahou; 2° un Vocabulaire sandwichien et anglais; 3° cinq pe-
tits volumes sandwichiens, relatifs à l'éducation des enfants et à l'étude de
la religion; 4° un alphabet de la langue des Birmans ; 5° enfin un Caté-
chisme, suivi de dialogues, en langue bengali.
» Si l’on fait attention aux difficultés et aux exigences de la campagne,
si lon se rappelle que, malgré tantide travaux inusités, les officiers qui
s’y sont livrés concouraïent , avee leurs camarades; à toutes les parties du
service , il sera difficile de ne pas reconnaître en eux autant de savoir que
de dévouement, et de ne pas faire des vœux pour qu’une aussi généreuse
et noble conduite recoive da Gouvernement une digne récompense. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Frémy, relatif aux
modifications que la chaleur fait éprouver à l'acide tartrique et à l'acide
paratartrique.
(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze, Dumas, rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. Robiquet, Pelouze et moi, de lui
rendre compte d’un mémoire de M. Frémy, qui a pour objet l'examen des
modifications que les acides tartrique et paratartrique éprouvent lorsqu'ils
sont soumis à une chaleur assez forte, quoique incapable de les convertir
en produits pyrogénés proprement dits. M. Braconnot avait remarqué que
l'acide tartrique soumis à la fusion change de propriété; M. Frémy a voulu
approfondir ce fait, en trouver la cause, et il est parvenu à des résul-
tats pleins d'intérêt, juste récompense du long travail auquel il s'était
dévoué.
» La nature des acides oxigénés peut s’expliquer:par deux théories, qui,
probablement, sont toutes les deux vraies, mais qui probablement aussi
ne s’appliquéront chacune qu’à un certain nombre de ces corps. L'une de
ces théories, ‘celle qui est admise d’un ‘avis presque unanime, consiste à
les regarder comme des corps distincts, de véritables acides oxigénés, qui
s'unissent à l’eau ou aux bases pour former des sels. L'autre ne tient au-
cun compte de ces acides quand ils sont anhydres ; elle considere ces
( 600 )
acides, quand ils sont hydratés, comme des hydracides, et elle regarde
leurs sels comme des corps analogues aux chlorures.
» Ces deux théories se trouvent aux prises de la manière la plus étroite
en ce qui concerne la nature de l'acide tartrique, car l'une d'elles, celle
qui considère l’acide tartrique comme un oxacide, est incompatible avec
l'analyse de l’émétique anhydre, et si, d’après la composition de ce corps,
on veut regarder l'acide tartrique comme un hydracide, on éprouve quel-
que difficulté au premier abord à se rendre compte des résultats observés
par M. Frémy. Ceux-ci sont en effet bien plus faciles à expliquer, en re-
gardant l’acide tartrique comme un oxacide.
» Jetons un coup d'œil sur ces résultats.
» M. Frémy a découvert le corps qui, dans les idées généralement ad-
mises, doit porter le nom d'acide tartrique anhydre.
» Il l'obtient avec la plus grande facilité, car il suffit d'exposer l'acide
tartrique à l’action de la chaleur dans une capsule. L’acide fond, perd de
l'eau, finit par se boursouffler, et laisse une masse spongieuse qui consiste
en grande partie en acide tartrique anhydre, assez peu soluble dans l'eau
pour qu'on puisse le séparer à l’aide de ce dissolvant des parties d'acide
tartrique incomplétement privées d’eau.
» 0,467 d'acide tartrique anhydre préparé par M. Frémy, sous les yeux
de votre rapporteur, ont donné à l'analyse 0,626 d’acide carbonique, et
0,139 d’eau; d’où l'on tire
Caleul. Exp.
Garbone: ete SO EST NS OS 37,0
Hydrogène... Map 0. OT 3,3
OXBENES. ee OO. ae M0 2 ia aete ee OO
831 100,0 100,0
» Ainsi, le corps décrit par M. Frémy, sous le nom d'acide tartri-
que anhydre, possède bien les propriétés et la: composition qu'il lui
assigne.
» On sait qu'outre l’acide tartrique, il existe un autre acide qu'on a
successivement appelé racémique et paratartrique, et qui possède en effet,
dans ses sels, la composition exacte de l'acide tartrique. Dans toutes les
réactions destructives, l'acide tartrique et l'acide racémique, se comportent
de la même maniere, en sorte que jusqu'ici rien ne peut nous éclairer sur
les différences qui peuvent exister entre les deux, relativement à leur for-
mule rationnelle.
» M. Frémy a dü soumettre l'acide paratartrique au même traitement
( Got )
que lui avait fourni l'acide tattrique anhydre. On pouvait espérer que dans
cette occasion, il se manifesterait quelque différence entre ces deux
corps.
» Il n’en a rien été. L’acide paratartrique s’est comporté comme l'acide
tartrique, et a produit un corps analogue qu’il faut désigner sous le nom
d'acide paratartrique anhydre. Cette circonstance a paru tellement digne
d'attention à votre rapporteur, qu'il a cru nécessaire de multiplier les véri-
fications, en ce qui concerne Ja composition de l'acide paratartrique an
hydre.
FE 0,317 ont donné o,oy2 eau et 0,425 acide carbonique ;
IL. 0,500 id. 0,150 id. 0670 acide carbonique;
NL. :0,332 id, 0,447 acide carbonique;
ce qui produirait en centièmes
IL. IL. 111.
Carbone, 37,0 .... 37,0.... 37,2
Hydrogène, #3,2.... 3,3.... »
Oxigène, 59,8... 59,7 ....»
100,0 100,0 »
» Ces trois analyses, parfaitement d’accord avec celles de M. Frémy, ne
peuvent laisser le moindre doute sur l'existence d’un acide paratrique
anhydre exactement composé comme l'acide tartrique anhydre lui-
même.
» A côté de ces deux faits remarquables par eux-mêmes et surtout en
raison des deux acides qui les ont fournis, M. Frémy en fait connaitre
deux autres qui, par leur nouveauté, ont fixé, très vivement l'attention
des chimistes qui travaillent au développement de la chimie organique.
» En effet, ce n’est pas de l'acide tartrique anhydre qui se produit immé-
diatement quand on vient à fondre l’acide tartrique., Avant de passer à
cet état, l'acide tartrique ordinaire donne naissance à deux produits inter:
médiaires d’un haut intérêt pour la théorie. Le premier c’est l'acide tar-
tralique , le second l'acide tartrélique de M. Frémy.
» L’acide tartralique se représente, par de l'acide tartrique qui, au: lieu
de saturer deux atomes de base, n’en saturait plus que ; atomes.
» L’acide tartrélique se représente à son tour par de l'acide tartrique
qui ue saturerait plus qu’un seul atome de base.
» De telle sorte qu’en partant de la formule la plus vraisemblable pour
l'acide tartrique
CS H5 0,2 H°0 ou C Hi: 0",
( 6p2 )
on voit que les trois produits dont il s’agit se représenteraient.de la ma-
nière suivante dans leurs sels de plomb respectifs:
C'5H8O'°, 2PbO.... Tartrate,
C5HSO'®, SPbO.... Tartralate,
CSHSO'°, PbO.... Tartrélate.
» Ainsi, M. Frémy s’est assuré qu'à mesure que l'acide tartrique perd
de l'eau, il donne successivement naissance à.des corps quise combinent
avec des quantités moindres de base, et qui prennent à l’état de sel des
quantités de base équivalentes aux proportions d’eau qu’ils avaient con-
servées.
» Ces modifications rappellent celles qui ont été assignées, avec tant de
raison, par M. Graham, comme les causes des variations que l'acide phos-
phorique et les phosphates éprouvent par l’action de la chaleur.
» L'auteur s’est convaincu que les acides tartralique et tartrélique re-
viennent facilement à l’état d'acide tartrique.
» Votre rapporteur a vérifié l'analyse du tartralate de plomb. Le sel
soumis aux essais renfermait du tartrélate, ce qui s’évite difficilement ;
mais il a donné, du reste, pour l’analyse de l’açide anhydre, des résul-
tats conformes à ceux de M. Frémy.
» Il résulte done, du travail de M. Frémy, que l'acide tartrique peut
perdre de l’eau, en passant par des modifications analogues à celles de
l'acide phosphorique, jusqu'à ce qu'il arrive à l’état d'acide tartrique
anhydre. L’acide paratartrique est dans le même cas.
» Nous aurions désiré que les deux acides anhydres dont il s'agit, eus-
sent été soumis à l’action du brôme où du chlore; que des essais de ce
genre eussent été tentés égaälemént sur les acides tartrique et paratartri-
que hydratés; c'est ce que M. Frémy pourra faire plus tard.
» M. Frémy a donc introduit, dans l'étude des acides organiques , un
point de vue neuf, et qui lui appartient en entier. Il semble, au premier
abord, avoir tranché la question touchant leur nature, Tone décou-
vrant l'acide tartrique anhydre, il paraît avoir mis hors de doute la for-
mule réelle de cet acide à l’état hydraté ; mais avec un peu d'attention,
on voit que ces nouveaux résultats Sexpliquent aisément, quand on con-
sidere l'acide tartrique comme un hydracide.
» En effet, à mesure que l'acide tartrique perd de l’eau, il donne
naissance à des produits dont la capacité de saturation diminue toujours,
jusqu’à ce qu’elle devienne nulle; car l'acide tartrique anhydre n’est plus
( 603 )
un acide, et entre ce produit et l'acide tartrélique il se forme encore
d’autres substances douées d’une capacité de saturation moindre que celle
de l'acide tartrélique lui-même et dont l'étude mérite toute l'attention de
l’auteur.
» On peut donc considérer l'acide tartrique et les nouveaux acides de
M. Frémy, comme autant d'hydracides distincts.
», Quant à l'acide tartrique anhydre, ce serait un produit de décompo-
sition, mais non pas un acide par lui-même.
» Quoi qu’il en soit de ces vues théoriques, nécessaires à présenter
pour prouver que les recherches de M. Frémy ne détruisent en rien les
résultats donnés par l'analyse de l’émétique, il est clair que le travail de
M. Frémy mérite toute l'approbation de l'Académie, par la nouveauté des
faits, leur importance, leur exactitude, et l'excellent esprit dans lequel ils
ont été discutés.
» Nous avons donc l'honneur de proposer à l'Académie, de décider
que le Mémoire de M. Frémy sera imprimé dans le recueil des Savans
étrangers. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
Rapport sur un mémoire concernant les courants périodiques et les marées
de la Manche; par M. Moxxxr , ingénieur hydrographe de la Marine.
(Commissaires, MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Poncelet rapporteur.)
« Une analyse de ce travail a déjà été publiée dans le Compte rendu de
la séance du 12 mars dernier; nous pourrons donc nous dispenser en
partie de la reproduire ici, et borner ce rapport à quelques observations.
» Les courants à la surface de la mer sont loin souvent de s’arrêter
pour revenir sur eux-mêmes aux heures où la marée cesse de monter ou
de descendre : ce fait indiqué plusieurs fois, n’est point un fait excep-
tionnel, il a, au contraire, une grande généralité; cependant il est resté
peu connu. L’un de nous, M. Beautemps-Beaupré, l’a bien signalé pour
la mer de Flandre, il y a déjà long-temps; le capitaine White en a bien
fait une mention spéciale. Beaucoup d’observateurs n’en ont pas tenu
compte, et c’est avec toute raison, à notre avis, que M. Whewell, dans son
Mémoire de 1833, attribue à la confusion qui aura fréquemment eu lieu
entré les heures de reversement du courant et les heures de pleine ou de
basse mer, les grandes différences que présentent les diverses évaluations
données, pour un même lieu, de ce que l’on nomme l'heure de l’établisse-
ment. On’ne saurait trop appeler sur ce point l'attention des navigateurs.
C. R. 1838, 1°r Semestre, (T. VI, N° 48.) 82
( 604 )
» M. Monnier a donc rendu un service important en réunissant sur
une carte qui accompagne son Mémoire, les résultats de ses propres ob-
servations hydrographiques pour toute l'étendue de la Manche, et en les
complétant, autant que possible, par quelques indications des observa-
teurs anglais.
» La carte de M. Monnier présenté en chaque point et pour l'époque
des syzygies , les heures différentes du réversement de la marée et du re-
versement du courant. La différence des deux époques, dans une grande
partie du canal, s'élève jusqu'à trois heures, c'est-à-dire à la moitié du
temps que la mer emploie à s'élever ou à descendre. Le flot continue de
courir jusqu'à la demi-marée, jusqu’à l’époque où la mer s’est abaissée de
la moitié de son abaissement total.
» Ce n’est pas toujours dans une seule et même direction que le courant
s’avance et revient, pendant la durée de chaque période de r2 heures. Sou-
vent il s’infléchit et passe graduellement par toutes les directions d’une
droite qui accomplirait en un demi-jour une révolution entière.
» Ce phénomène, M. Whewell en a cité déjà un exemple, relativement
aux îles Scilly; M. Monnier l'avait aussi déjà observé dans les parages de
Cherbourg, il le retrouve en un grand nombre de points de la Manche;
il l'indique sur la carte en courbant les flèches dont la direction, lors-
qu’elle est rectiligne, représente la direction principale des courants de flot
et de jusant. Enfin, résumant ses observations, M. Monnier arrive à ce
résultat général que la révolution graduelle des courants, dans la période
du demi-jour, s’effectue en sens contraire, pour des heures correspon-
dantes, sur les côtes opposées de France et d'Angleterre.
» Toutes ces variations, M. Monnier les rapporte, comme l'a fait
M. Whewell, à la rencontre de deux marées partielles qui se propagent
dans un canal ouvert en y pénétrant à peu près simultanément par ses
deux extrémités. C’est ce qui a lieu dans la Manche; on le voit par les heures
de l'établissement; lune des marées arrive du sud, et principalement le
long des côtes de France; l’autre, presque aux mêmes heures, vient du
nord en suivant la côte d'Écosse.
» Ce n’est pas seulement à la surface de la mer qu'il importe d'étudier
les courants périodiques; à une certaine profondeur, leur direction paraît
être quelquefois différente : le reversement semble ne pas s’y opérer aux
mèmes heures qu’à la surface. Ainsi, quelquefois, un bâtiment qui aurait un
fort tirant d’eau et une légère chaloupe, abandonnés au courant, pourraient
aux heures voisines du reversement, se trouver entrainés dans des direc-
( 605 )
tions opposées. M. Lebeau, conducteur des travaux maritimes à Lorient,
a obtenu des indications de ce fait à l'aide d’une sorte de girouette sous-
marine. L’un de nous a eu communication d’un fait semblable observé par
un officier de marine, dont tous ceux qui l'ont connu appréciaient le zèle
et les talents, par l'infortuné M. de Blosseville. M. Monnier rapporte des
exemples qu'il a constatés lui-même de ces mouvements contraires du:
Courant à la surface et à quelque profondeur.
» Sans que nous ayons besoin d'entrer dans de plus grands détails, l'A.
cadémie verra par combien de laborieuses observations M. Monnier à pu
obtenir l’ensemble des résultats qu'il offre aux physiciens et aux naviga-
teurs. La publication de son travail sera un véritable service rendu aux
sciences, et l'Académie, en engageant l’auteur à continuer ses recherches,
nous semble devoir appeler de ses vœux cette publication. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, — Rapport sur un mémoire de M. Doxxé, relatif à
»
certains phénomènes de mouvement observés chez le Chara hispida.
(Commissaires, MM. Adolphe Brongniart, Dutrochet rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, M. Adolphe Broneniart et moi, de lui
fait ses observations, en s’aidant du secours du compresseur de Purkinje.
Nous avons répété avec M. Donné, les observations annoncées par lui, et
rétablir ensuite. Une PressiGn nouvelle et plus forte produit de nouveau
les mêmes effets. Ces premiers phénomènes, observés par vos Commis-
ment troublée; beaucoup de globules verts Composant les séries ou cha-
pelets se désagrègent, et devenant isolés se mêlent aux globules que charrie
le liquide circulant. Ces globules verts devenus isolés sont faciles à distin-
82.
( 606 )
guer des globules circulants à leur couleur verte; les globules circulants
n'ont point cette couleur. Or, nous avons vu plusieurs de ces globules
verts, désagrégés et devenus libres dans le liquide que contient le tube
central du chara, se mouvoir spontanément en tournant sur eux-mêmes ,
ainsi que l’a annoncé M. Donné. Nous nous sommes assurés que ce mou-
vement de rotation ne leur était point imprimé par le liquide circulant, car
nous l'avons observé le globule vert étant placé dans un endroit où il n’y
avait point de courant circulatoire, et cela parce que les séries de globules
verts avaient été détruites dans cet endroit par l’effet de la compression.
Alors le globule vert tournait sur lui-même, presque sans changer de place.
Quelquefois ces globules verts, animés d’un mouvement de rotation, sont
entrainés , dans cet état, par le courant circulatoire.
» M. Donné nous a donné une preuve irréfragable de la spontanéité du
mouvement de rotation des globules verts du chara par l'expérience sui-
vante. Ayant ouvert un tube central de chara, il en a exprimé avec force
le liquide intérieur sur une lame de verre. Cette action comprimante a né-
cessairement détaché et isolé quelques-uns des globules verts appartenant
aux séries ou chapelets, et ils sont sortis du tube mélés au liquide ex-
primé. Ce dernier étant soumis au microscope , nous avons vu que ceux de
ces globules verts qui étaient contenus dans la partie la plus aqueuse du
liquide étaient sans mouvement; mais il n’en était pas de même de ceux
de ces globules qui se trouvaient au milieu de grosses gouttes d’un liquide
plus épais et granuleux. Ces globules présentaient un mouvement continuel
de rotation sur eux-mêmes, et ici la spontanéité de ce mouvement n'était
pas douteuse. Il est donc hors de doute que les globules verts sériés du
chara sont animés par une force qui leur est propre ou qui émane d’eux ;
force au moyen de laquelle ils agissent sur le liquide qui les environne. Si
ces globules sont fixés, ils impriment du mouvement au liquide environ-
nant; s'ils sont libres et flottants, le mouvement qu'ils tendent à imprimer
au liquide environnant réagit sur eux-mêmes et les fait tourner dans un
sens déterminé et qui paraît ne point varier.
» Il nous restait à voir des fragments de séries ou de chapelets de glo-
bules verts se mouvoir spontanément et se pelotonner ainsi que l’a dit
M. Donné, et ainsi que l'avait vu avant lui l’un de vos Commissaires. Mais,
dans ces observations, il faut être servi par le hasard, car on ne peut être
sûr de les reproduire à volonté. Or, pendant deux heures que vos deux
Commissaires sont restés associés pour ces observations , ils n’ont pu par-
venir à être témoins du fait dont il s’agit. Votre Commissaire rapporteur,
( 607 )
resté seul pendant une troisième heure employée à suivre, par lui-même ,
ce genre de recherches, est enfin parvenu au résultat qu'il cherchait, eten
même temps, il a vu un autre phénomène qui ne s'était point présenté à
M. Donné, et qui confirme pleinement les assertions de cet observateur
relativement à l'existence de la force au moyen de laquelle les globules
verts agissent sur le liquide qui les environne. Un fragment de chapelet
composé de cinq globules verts s’était courbé assez profondément pour
rapprocher ses deux extrémités l’une de l’autre, en sorte qu’il formait un
cercle complet. Ce cercle, placé, par hasard, dans un endroit où la circula-
tion n'existait pas, tournait sur lui-même, comme une roue en mouve-
ment, mais presque sans changer de place, et son mouvement de rotation
était toujours dans le même sens. Ce mouvement de rotation, bien évidem-
ment spontané, prouve que la série ou chapelet de globules verts ployé en
cercle, communiquait au liquide environnant une impulsion dirigée sui-
vant la circonférence de ce cercle et dans un sens déterminé, impulsion
qui, réagissant sur ce petit cercle en raison de-sa mobilité, le faisait tour-
ner sur Jui-même, par un mécanisme analogue à.celui qui fait tourner un
soleil d'artifice, ou qui fait tourner une turbine,
» Ce fait a eu pour témoin un physicien distingué, bien connu de
l'Académie, M. Peltier. Des faits pareils, que le hasard seul peut offrir,
ont besoin d’être appuyés par des témoignages: Il reste donc bien dé-
montré que les globules verts sériés du chara exercent une action impul-
sive sur le liquide qui les environne. Lorsque ces globules verts sont
isolés, l’action, impulsive qu'ils exercent sur le liquide environnant les fait
tourner sur eux-mêmes, ainsi que l’a découvert M. Donné; lorsque ces
mêmes globules verts sont réunis en série ou chapelet, et que ce chapelet
mobile est courbé en cercle, l'impulsion exercée sur le liquide environnant
est dirigée dans un sens déterminé suivant la circonférence du cercle, c’est-
àa-dire suivant la longueur’ du chapelet, et ce chapelet circulaire et mo-
bile tourne sur lui-même; enfin, dans l’état naturel , les globules verts
étant réunis en séries ou chapelets fixés à l’intérieur du tube central du
chara, leur action impulsive s'exerce sur le liquide environnant suivant
la longueur:et selon la direction plus ou moins: spiralée de ces séries ou
chapelets de globules verts. Comme ces chapelets sont fixés, c’est le li-
quide seul qui se meut. Ainsi se trouve démontré définitivement un phéno-
mène de la plus haute importance en physiologie végétale, celui de l'im-
pulsion que les globules verts et fort probablement de même tous les
autres globules ou très petites cellules des végétaux exercent sur les li-
( 608 }
quides intérieurs avec lesquels ils se trouvent en contact. Il reste actuel:
lement à déterminer quelle’est la cause et quel est le mécanisme de cette
impulsion. Mi
» On connaît le beau travail de MM. Purkinje et Valentin sur le mou-
vement vibratoire qui existe à la surface de certaines membranes mu-
queuses de la plupart des animaux et quelquefois à la surface de leur
peau. Ce mouvement vibratoire, qui a son siége dans des cils microsco-
piques , imprime un mouvement de progression aux liquides environnants.
Les auteurs que nous venons de citer ont été tentés de rapporter à la même
cause le mouvement du liquide circulant chez le chara (1); mais l’obser-
vation n’a point confirmé leurs soupçons à cet égard : ils n’ont pu parve-
nir à voir des.cils vibrants chez le chara, ni chez les autres végétaux dans
lesquels: il existe une circulation cellulaire. Ne pouvant ainsi reconnaître
l'identité de la cause de ce mouvement chez les animaux et chez les
plantes, les auteurs se sont bornés à admettre, par présomption, l’ana-
logie de cette cause. C’est cette analogie qu’admet M. Donné : cette ana-
logie, dit-il, est d'autant plus complète que les organes vibratiles des
membranes muqueuses se séparent eux-mêmes , ainsi que je l'ai démontré,
en particules où l'on voit le mouvement persister souvent plus de vingt-
quatre heures. Noûs ferons observer ici qu'avant M. Donné, MM. Purkinje
et Valentin (2) avaient vu que les particules détachées des parties vibrantes
soit par lart, soit par la nature elle-méme (natura ipsa), se meuvent et
nagent au moyen de la vibration de leurs cils, affectent les divers mouve-
ments que l’on voit chez les animalcules infusoires. Or, de ce que dans les
parties vibrantes des animaux et dans les chapelets de globules verts du
chara, des particules détachées et isolées se meuvent spontanément, peut-
on en conclure, avec M. Donné, qu'il y a de l’analogie dans la cause de
leur mouvement? L'absence complète de cils vibratiles chez les globules
verts sériés du chara, absence annoncée par MM. Purkinje et Valentin et
constatée par M. Donné, ne doit-elle pas porter à penser que la cause du
mouvement spontané des globules verts isolés n’est pas la même que celle
du mouvement spontané des particules munies de cils vibratiles qui sont
détachées des parties vibrantes des animaux ? MM. Purkinjetet Valentin (3)
(1) De Phenomeno generali.et fundamentali motûs vibratorti continui in membranis
tum externis tum internis animalium plurimorum , K 3 ét ir.
(2) Ouvrage cité, 33.
(3) Idèm, K 00.
(609 )
ont vu que les substances qui agissent puissamment sur le système nerveux
des animaux, telles que l’opium et l'acide hydro-cyanique, n’ont pas la
moindre influence sur le mouvement vibratoire des cils de leurs mem-
branés ; or, votre commissaire rapporteur a expérimenté que ces mêmes
substances agissent très énergiquement pour suspendre ou abolir le mou-
vement circulatoire du chara; on voit donc que l’analogie de la cause de ces
mouvements n’est pas encore bien établie. Il y a encore beaucoup à faire
sur ce point fort important de la physiologie animale et végétale. M. Donné,
par la découverte qu'il a faite de la rotation spontanée des globules verts
du chara lorsqu'ils sont isolés de leurs séries, a bien mérité de la science.
Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de donner son approba-
tion aux recherches de cet observateur zélé, et de l’engager à es conti-
nuer, »
A la suite de ce rapport, M. Anozpxe Bronenrarr communique les pas-
sages suivarits d’une lettre qu'il vient de recevoir de M. Dowxé:
« En collant à la surface d’un compresseur un petit fil de verre, de
manière à étrangler en un point le tube de chara soumis à l’ébservation,
non-séulèment je parviens à détacher, par une! compression graduée, un
bien plus grand nombre de granules pariétaux , qu’en me bôrnant à com-
primer la plante entre les deux surfaces planes, ainsi que je l'ai fait devant
vous; mais j'intérromps la continuité de beaucoup de séries de granules
verts que l’on voit alors flotter librement dans le liquide ambiant par l’une
de leurs extrémités. Ces chapelets se mettent aussitôt à s’agiter en tous sens,
à se replier sur eux-mêmes, se recourber, s’enrouler, puis se dérouler et
se replier dans un sens inverse, enfin à se contourner de mille manières,
à peu près comme le font deux moitiés d’un ver coupé par le milieu du
corps; ces contorsions durent souvent fort long-temps sur un chara frais
et vigoureux.
» Il se produit ensuite des.changements très remarquables dans l’ordre
et dans la forme des globules, pariétaux au moment où la circulation vient
à être abolie par une cause quelconque. Dans: l’état normal, les granules
verts sont rangés, comme on voit, en séries régulières contre la paroi in-
terne des tubes de chara; ces granules sont à peu près elliptiques et pres-
que en contact les uns avec les autres par leurs extrémités allongées: ils
semblent se tenir par une substance intermédiaire que l’on n’aperçoit pas
nettement. Deux changements notables dans l’ordre et dans l'aspect de ces
particules coïncident constamment et d’une manière instantanée, non pas
( 610 )
avec la suspension, mais avec l’arrêt définitif de la circulation; aussitôt
que par un moyen ou agent quelconque on anéantit le mouvement circu-
latoire, les granules verts éprouvent dans toute l'étendue du tube un re-
trait sur eux-mêmes, une sorte de contraction, de manière qu'ils devien-
nent à peu près sphériques d’elliptiques qu'ils étaient, et se séparent ainsi
les uns des autres par une distance appréciable; ce mouvementest si prompt
qu'il semblerait un ressort que l’on détend.
» En même temps le bord de chaque granule, de vague et mal défini
qu'il était, se prononce et devient presque noir; des inégalités se dessi-
nent dans ces petits corps, comme si leur substance se plissait par l'espèce
de contraction qu’elle subit.
» J'ai fait de nouveaux efforts pour découvrir une action directe de la
part des granules verts sur le liquide en circulation; en d’autres termes,
pour apercevoir des organes de mouvement sur ces petits corps auxquels
il est difficile maintenant de refuser une influence immédiate sur la circu-
lation du chara; toutes mes expériences et mes tentatives n’ont réussi qu’à
bien constater un point : c’est que les particules suspendues dans le liquide
en circulation ne passent pas indifféremment auprès des granules verts,
c'est-à-dire qu’elles éprouvent toujours une petite déviation dans leur
cours, de manière à décrire de légères sinuosités en rapport avec la circon-
férence des granules. En un mot, on ne les voit jamais arriver au contact
immédiat de ces granules; mais elles suivent à une certaine distance le
contour de l’auréole existante autour de chaque granule. »
Rapport sur un Mémoire de M. CasrérA, relatif aux moyens de sauver les
naufragés.
(Commissaires, MM. Becquerel, Poncelet et de Freycinet, rapporteur.)
« Un de ces hommes que l'amour du bien consume, et qui, depuis
longues années , sacrifie son temps, sa fortune et sa vie, à porter des se-
cours à une classe nombreuse de ses compatriotes, celle des marins nau-
fragés, vient encore de prendre la plume et d’adresser à l’Académie un
nouveau Mémoire sur les moyens de sauvetage qui peuvent être employés
avec le plus de succès. C’est de cet ouvrage, de M. Castéra, dont
MM. Becquerel, Poncelet et moi, nous sommes chargés de rendre
compte.
» Dans un préambule plein d’un touchant intérêt, M: Castéra peint
avec le feu d’un homme qui sait sentir, tout ce que la profession de ma-
(-6rr )
rin à de pénible et de meurtrier. Peut-être plus d’un'auditèur ignore-t-il
qu'il en périt annuellement de 10 à 15 mille sur les rivages européens ;
que les mers du Jutland én engloutirent 20 mille il ÿ à peu d'hivers, et
que la ville de Dunkérque en a perdu récemment 360 en quelques
Jours. i
» Après cet exposé, l’auteur passe en revue les moyens de sûreté qui
peuvent être opposés aux accidents de mer. {1 parle des embarcations in-
submersibles , destinées à se rendre du rivage à bord des navires, pour y
recueillir les naufragés. Il n’y a pas encore 5o ans, dit-il, que partout,
l'assistance accordée à ces malheureux, se bornait à tendre du rivage une
main courageuse à celui qui se débattait contre la mort, ou à offrir, sur
le sol, un abri hospitalier à l’infortuné qui n'avait pas été englouti par les
flots. Les bateaux insubmersibles furent enfin imaginés par Grethead , et
construits la première fois en 1790; le succès de l'invention dépassa les
espérances du vulgaire, et l’auteur n’eût-il conservé la vie qu'aux 300
personnes que, dans ses premières années d’épreuve, il sauva sur un seul
point des côtes britanniques, il méritait bien, assurément, les honneurs et
les richesses que le Parlement lui décerna.
» Bientôt cette embarcation se multiplia le long des rivages où elle avait
pris naissance, sans toutefois en franchir l'enceinte; et l’on voyait avec
douleur périr, d'un côté de la Manche, ceux qu’on eût pu sauver de
l'autre.
» En 1800, un bateau de ce genre fut embarqué dans l'expédition du
capitaine Baudin , aux Terres-Australes; mais, pendant long-temps, ce cas
isolé n’eut point d'imitateurs; et lorsqu’en 1826, M. Castéra lut son premier
mémoire sur cette matière, on ne comptait encore aucune de ces embar-
cations en France; sept ans plus tard, il y en avait une à Cherbourg;
depuis lors on en a construit dans beaucoup de localités.
.» Mais ce moyen de sauvetage ne peut appartenir qu'au port où il a été
établi; et l'on sent, d’ailleurs, qu’il serait impossible d’en garnir à la fois
toutes les côtes; de quantité sera ainsi toujours bornée par leur prix et
leur spécialité. Il fallait donc chercher les moyens de procéder du vaisseau
à da côte, et d'établir dans le premier sens, des méthodes plus économiques
et d’un emploi plus facile. C’est sur ce double eue que porte la suite du
mémoire de M. Castéra.
“5 Le plus Simple de ces moyens, et en même temps le moins coûteux,
consiste à rendre toute espece de bateau, insubmersible, par l'addition de
barils vides et fermés placés à ses extrémités, et occupant une capacité
C.R. 1838, 19° Semestre. (TL. VI, N° 48.) 83
( 612 )
suffisante pour tenir l’embarcation à fleur d’eau, lors même, que la vague
en envabhirait le reste. Ce procédé aurait d’ailleurs la propriété d’être à la
fois utile sur un navire comme dans le port; car les marins qu'on vou-
drait aller chercher à bord du vaisseau en perdition ,pourraient eux-mêmes
tenter de se rendre sur le rivage, s’ils n’avaient à craindre de se voir sub-
mergés pendant l’opération.
» Viennent ensuite les moyens de faire des trajets sur mer, sans, l’inter-
médiaire d'aucune embarcation. On connaît le procédé ingénieux du.capi-
taine Manby, qui, à l’aide d’un projectile, est parvenu à lancer de la côte,
sur le vaisseau, une corde pouvant servir de trajectile aux naufragés. La
difficulté de franchir un espace dangereux pendant la tourmente, a suggéré
à M. Castéra l’idée d'employer des bateaux à vapeur à cet usage; il pense
cependant, qu’on trouverait dans les formes et les combinaisons de la ton-
nellerie, les moyens de faire des machines de sauvetage plus économiques
et plus à portée du besoin. L'auteur décrit plusieurs dispositions de ce
genre, qu'il a imaginées, et dont il a exécuté lui-même les modèles avec in-
telligence; ces idées méritent, toutefois, d’être éprouvées par l'expérience ,
qui, dans des questions aussi graves, doit toujours être consultée en dernier
ressort.
» M. Castéra rend également compte de divers systèmes de bateaux-ra-
deaux , et d'appareils de sûreté dont il est l’auteur, et dont il conseille de
placer les éléments à bord des navires. Je crois que si ces machines étaient le
long du vaisseau à l'instant d’un péril prochain, l'équipage pourrait en
profiter avec grand avantage; mais la routine des marins ne s’opposera-t-
elle pas long-temps à l’embarquement, toujours plus ou moins encombrant,
des pièces qui doivent entrer dans la composition de ces machines? Et,
d’ailleurs, n’existe-t-il pas encore un motif qui empécherait les capitaines
d'adopter de tels expédients? On sait qu’en cas de danger, c’est le salut du
navire qui est l’objet exclusif dont il faut s'occuper, et non pas le salut
particulier de chaque homme. Ne serait-il pas à craindre, en effet, qu’à
l'instant du péril, les matelots cherchassent à monter les pièces d’un ap-
pareil sauveur, plutôt que de travailler à la conservation du vaisseau ;
sans doute ce n’est pas sans motifs que la loi punit de mort tout capitaine
d'un bâtiment de guerre qui, en cas de désastre, n’abandonne pas son na-
vire le dernier. Ce sont de pareilles considérations qui, depuis long-temps,
ont fait abandonner l'usage des scaphandres, qu'il paraïîtrait si simple,
d’ailleurs, et si utile d'utiliser à bord. L'un de nous a été tres partisan
jadis de ces appareils, et même il en a fait embarquer sur des nayires qu’il
(613 )
commandait; cependant, une plus 1 longue expérienec les _ 4 fait aban:
donne.
» Nous ne suivrons pas M. Castéra dans la déséription des dix-neuf ap-
pareils qu il propose; plusieurs nous ont paru ingénieux, et} il peut arriver
des cas où il serait bon d'en faire usage, sur dés navirés marchands et des
bateaux de pêché. Mais ‘encore une fois, c’est à l'expérience à prononcer
sur le mérite définitif, ét sur le plus ou moins de coñvenañce dé telles in-
ventions; et l’on ne Saurdit assurément faire des essais sur un sujet plus
digne,
» Malheureusement 14 ficheuse posrtidfi dé fortune et de ‘santé de
l'auteur ne lui permét pas de se livrer à des ‘expériences qui ne pour-
räient être faites que dans un port de Le ét dont les premières seraiènt
toujours trés dispendieuses.
» En résuñié, nous pénsons que l'Académie doit remercier M. Castéra de
la dernière communication quil vient de lui faire, et surtout le louer de
son infatigable ‘et honorable insistance à se rendre utile à une classe nom-
breuse d'infortunés. »
Les conclusions de’ce rapport sont adoptées.
! ! MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
20010618. =—|Swrdl'acärus de la gale du cheval ; observations faites à L'École
vétérinaire de Toulouse; par M.:Bonxes (1), présentées par M. Huzard.
(Commissaires, MM. Huzard, Audouin et Duméril.)
Faite plusieurs fois l’occasion d'observer ce parasite. à l'œil nu, ainsi
qu'avec le secours ‘d’un excellent microscope achromatique et à divers
grossissements ; ib abonde dans'les parties furfuracées qui se détachent de
certains chevarx galeux:1Je dis certains; parce qu’on: me le trouve pastou-
Jours-sur les’sujets atteints dercetté maladie , lors même qu'ils n’ont subi
aûcûn traitement; Je |crois que: l1 même Meur arété: faite éd les: in-
dividus de notre espèce. je193 ,£ eser1c
lw1Les poils: extrémiemient longs qui sont RIRE cu des pattes de cet
insecte; Cénxsûrtout qui Sont! fixés aux! membres postérieurs; paraissent
Sr ER rss ro gag RTE trainer _. là ces |
22 di ol yes
(1) M. Bonnes, secrétaire de ]a, RASE ,: s'occupe avec FAT de zèle et de succès
d’ ahssrratons Apicrofegpiques appliquées à la Fpologie et. à l'étude de la médecine
vétérinaire,
83..
(614)
» La marche de l’acarus est semblable pour la vitesse à celle de la mite
du fromage; j'en excepte pourtant la mite vagabonde qui accomplit ses
mouvements avec une grande rapidité.
» Dès qu'une certaine quantité d’açarus ont été emprisonnés entre
deux plaques, il se forme, de suite de nombreux accouplements; mais
malgré cela, si l’on ne faisait périr par un moyen quelconque cette petite
société ainsi casernée, la faim, toujours impérieuse , deviendrait une cause
inévitable de destruction; quelques débris répandus çà et là, témoigne-
raient dansles vingt-quatre heures qu’une bataille a dù se livrer. Cet accident,
aussi toujours inévitable parmi les mites du fromage, n’offre pas la seule
analogie qu’il soit possible de remarquer entre les deux espèces. Comme il
est moins facile de se procurer l’insecte de la gale que celui du fromage,
il conviendrait d'observer les habitudes de ce dernier avec le plus grand
soin; cela fournirait beaucoup d'indications qui se rapporteraient au
premier.
»: Aussitôt que, je suis parvenu, par certains procédés assez délicats, à
renfermer plusieurs acarus entre les plaques, je les fais, périr à l’aide
d’une lentille de verre que je place à la distance convenable pour obtenir
une chaleur modérée; j'évite par ce moyen la déformation de l’animal qui,
dans le cas contraire, pourrait se racornir au point de n'être plus con-
naissable. Comme on ne peut faire un habit qui soit propre à renfermer
toutes les tailles, voici l'effet que produit le rapprochement des plaques :
les plus gros acares sont écrasés, au moins en partie; les plus petits, en sé-
chant, ont leurs extrémités plus ou moins recourbées verticalement aux
plaques ; enfin ceux qui sont de moyenne grosseur, conservent un peu
mieux leur forme; leur pose naturelle. C'est dans ces trois états qu'on
pourra les observer; mais ils perdent beaucoup à être vus à Pétat de ca-
davres. Les huit ventouses termmales dont. chacun, de. ces petits: êtres est
pourvu, sont fortement rétrécies par la dessiccation; ces organes, qu’il est
si cuiieux de voir fonctionner, peuvent néanmoins être conservés avec la
formé qu'ils prénnent dans leur plus grand Re :1l suffit de
quelques précautions prises à temps. 3
» Lorsque je pourrai me procurer de nouveaux acarus;: il. me sera facile
de les étaler beaucoup mieux ,1et je ne manquerai, pas de recueillir beau-
coup de faits sur leurs hiabitudes et'leur propagation, ainsi que sur celle
du-sarcopte-qu’on pose trouver sur le chien; ce sarcopte présente des
différences assez marquées avec’celui: du’ cheval. 01958 2ONNO AI
» Des acarus que j'avais déposés entre deux plaques trop éspacées,
(Gi8)
s'étant pelotonnés, j'essayai l'immersion dans un liquide, pour voir si,
comme certains débris de feuilles s sèches, ils reprendraient la figure plane ;
mais je n’ai pas réussir. Leurs CECI E LS étaient devenus flasques et sans
ressort ; je n'avais qu’ un point noir très informe.
» Ceux qué j'ai déposés dans mes plaques rn ‘ont paru plus intéressants
à voir à la lumière diffuse. »
: }
cminurGIE. — Sur la nature et de guérison pa put ven par M. Duvar.
$:partie.
(Adreësé pour le concours MSG , Médécine ét Chirurgie.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — ÆEssaiisur les bateaux à vapeur, mémoire portant
pour cpigraple : « La phgorte et la Presque doivent se prêter un mu-
tuel appui: » LE
(Adressé pour. le concours au prix concernant là navigation par la vapeur.)
EMBRYOGÉNIE. — Recherches sur le développement des Limaces et autres
mollusques gastéropodes; suivies de considérations générales sur les phé-
nomènes dynamiques de la Zoogénie; par M. L. LAURENT.
(Renvoi à la Commission nommée pour un précédent travail de l'auteur
sur le même sujet.)
cie APPLIQUÉE.— M. Leroy demande en son nom et celui de M. Drevon,
que l’Académie se fasse rendre compte des résultats obtenus au moyen du
procédé qu’ils emploient pour convertir la fonte én fer et en acier.
Aïcette. lettre sont joints quelques échantillons de Ja fonte sur laquelle
MM. Drevon et Leroy se proposent d'agir.
(Commissaires, MM. Chevreul, Berthier.)
MÉCANIQUE, APPLIQUÉE, —, MM. Montgolfier et Dubouchet demandent que
l’Académie charge une commission d'examiner un nouveau mode de cons-
tuction qu'ils ont imaginé, et au moyen duquel ils pensentiqu'on rendra
les édifices, plus légers, sans, leur, ôter rien de leur solidité, et en méme
temps moins,exposés aux chances d'incendie.
Hieoqeib 911 (Commissaires, MM. Poncelét, Coriolis.)
M. sie adresse, pour: le concours au prix de Mécanique, fondation
Montyon, une sphère céleste, destinée à servir, dans l'enseignement élé-
mentaire; à, la démopstration du système de Copernic.
( 616)
CORRESPONDANCE.
M. ce MinISTRE LE L'INSTRUCTION PUBLIQUE écrit relativement a la
marche à suivre pour que les communications qu'a aurait à lui faire l'Aca-
démie ne soient exposées à aucun retard,
ù 3 ? 1041N
M. Le Ministre pu COMMERCE, DE'L'AGRICULTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS,
demande si l’Académie a reçu un paquet cacheté adressé par M. Midy, et
concernant les machines à vapeur.
Ce paquet n’est point parvenu à l'Académie.
M. pe Humpocot, en transmettant le premier volume de l’ouvage de
M. le professeur Ratzeburg , sur les insectes nuisibles aux forêts (voir au
Bulletin bibliographique), annonce que cet ouvrage, publié aux frais du
gouvernement prussien ; sous les auspices de M: Eadenberg, ministre se-
crétaire d'État au département des Foréts;.est distribué gratis dans tous
les États prussiens, aux inspecteurs et sou$-inépecteurs,des, forêts: « L'Aca -
démie, dit M. de Humboldt, verra, je pense, avec intérêt, parmi les plan-
ches qui accompagnent ce Traité, cellé qui représente les différents genres
d'érosion qui caractérisent chacun des insectes destructeurs. »
M. Duméril est chargé de faire un rapport verbal sur cet ouvrage...
!
PHYSIQUE DU MONDE. — Résultat de l'examen des eaux! de mer recueillies
pendant le voyage de la Bonite, avec es té sg PA M: Bior.
— Note de M. DARONDEAU
« Les échantillons d’eau de mer recueillie avec l'appareil de M. Biot,
et rapportés en France pour être soumis à' Vanalyse, étatent'au' HbHBre
de cinq. Deux avaient tété pris dans le’ golfe du Bengale, non loin des
bouches du Gangé ; les trois autres provenäient de l'Océan” Pacifique, de
l'Océan Indien et de l'Océan Atlantique’ iñéridiénal."4ls étaïént énférmés
dans des flacons bouchés à l'éméri,'dont'ils fie remplissent Süuêré lque
les deux tiers, parce que les flacons que l’on ayait-mis,à notre disposition
étaient d'une capacité plus grande que celle du récipient de l'appareil.
Cinq échantillons, provenant de-la/ surface dé ‘la! mer, avaient été 're-
cueillis dans les mêmes parages ; ils’étaient , comme les autrés , énférmés
dans des flacons à l'émeri dont ils remplissaïent la capacité. Un de ces fla-
(617)
çons;-celui-qui-contenait-l’eau-prise-à-la-surface-de la mer dans l'Océan
Atlantique méridional , a été brisé dans le trajet de Brest à Paris.
| » Toutes les eaux prises, à la’ surface étaient parfaitement limpides ;
celles au cofitraire , recueillies à une certaine profondeur, tenaient en
suspension des matières floconneuses blanchâtres, en quantité plus ou
moins (considérable. |
_» Toutes les expériences relatives à l'examen de ces eaux , Ontiété faites
dans le-laboratoire du Collége de France, sous les yeux et'avec l’assis-
tance de M. Frémy, à Pobligeance duquel je dois de pouvoir présenter
ces résultats à l’Académie.
| » Ona déterminé la densité de ces eaux en pesant un flacon à l’émeri
successivement vide, plein d’eau distillée et plein d’eau de mer, et Compa-
rant les poids de deux volumes. égaux d’eau distillée et d’eau. de mer; ces
pesées ont été faites à des températures qui ont varié de 7°,5à 10° cen-
tigrades.
» On a déterminé la quantité de gaz tenue en dissolution dans l'eau,
en chauffant jusqu’à ébullition un ballon d’une capacité connue et plein
de cette eau : le gaz dégagé dans cette opération a été recueilli sur le mer-
cure ; la proportion d'acide carbonique qu'il renfermait à été dosée au
moyen de la potasse, ‘et l'oxigène au moyen du phosphore.
» Enfin, pour avoir la quantité de matières salines, on a suivi le pro-
cédé indiqué par M. Gay-Lussac, dans 1e TV* volume des Annales de
Physique et de Chimie, qui consisté à faire évaporer à siccité un poids
connu d’eau de mer, dans ün ballon‘dont' le poids est connu et que l’on
incliné à 45°, pour qu'il n'y ait pas projection de matiéres au-dehors. Le
poids du résidu , chauffé au rouge-brun, donne la quantité de matières
salines , moins l'acide chlorhyÿdrique provenant de’ [à décomposition du
chlorure de magnésium par la éhaleür; mais on en tient compte en dé-
terminant la quantité de mägnésié contenue dans le résidu, et rempla-
cant dans cette magnésié l’oxigène par son équivalent de chlore.
» Cest en opérant ainsi qu’on est'arrivé aux résultats indiqués dans le
tabléäü suivant : a M V ARE D LT
(618)
: : : uantités|
ÉPOQUES 1 ROFONDEURS Résidus|Qu de gaz COMPOSITION
auxquelles l'eau DENSIT: | salins |. PT D de-r00 parties du gaz
E auxquelles Te Para partie pe
a été prise, LATITUD. | LONGITUD. à 80 pour la Te nn A
l'eau températ.
et 109 cent.|100parts es SE à Acide
de Oxigène.| Azote.
pression.
et lieux
d'ou elle provient. a été prise.
d'eau. carbon.
30 août 1856.
Océan Pacifique.| 11° 8°N. 198°50/ 0.
19 mars 1837.
* | )
Surface. ...|1,02594 [3,429 | 2 6,16 |83,33 10,58
79 brasses. | 1,02902 [3,528 | 2, 10,09 |71,05 |18,06
LSnrface fs. 1,02545 |3,218 5,53 180,50 [13,97
200 brasses.|1,02663 |3,497 ,04 3,29 138,56 [58,15
Surface. .….|1,02611 |3,358 |1x 6,34 |80,34 |13,32
rc d 1,02586 [3,484 | 2 5,72 [64,15 |30,13
Golfe du Bengale. 11.43 N.| 87.18 E: {
10 mai 1857.
Golfe du Bengale.| 18. o N.| 85.32 E.
51 juill. 4857.
Océan Indien....| 24: 5 S.| 52. 0 E:
24 août 1837.
Océan Atlantique
méridional....| 30.40 S.| 11.47 Era. 1,02708 3,575 | 4519 (67,07 |28,82
Surface. ...|1,02577 [3,669 | x, 9,84.[77,70 |12,46
450 brasses .|1,02739 [3,518 | 2 9,85 [55,23 154,92
» »
(*) Dans cette observation , il doit y avoir, de l'incertitude sur la quantité d'acide carbonique,
parce qu’on ne l’a pas dosée immédiatement.
» Les nombres inscrits dans ce tableau montrent que généralement la
densité de l’eau prise à la surface est moindre que celle de l’eau prise à
une certaine profondeur; dans un cas;seulement, de l’eau prise à 300 brasses
dans le golfe du Bengale, a eu une densité plus faible que celle de l’eau
prise à la surface, et la différence est de 5.
» Si l'on considere la proportion d des résidus provenant de la dessicçation,
on voit, comme dans le cas précédent, que aspéralement l'eau de mer a
un degré de salure plus considérable au fond qu’à la surface; dans un cas,
cependant , le degré de salure. est moindre, Toutefois, ces résultats sem-
blent n’être pas inadmissibles; car il y a une grande différence entre les
températures de l’eau de la surface et de celle qui. se trouve à 800 ou {vo
brasses : l'équilibre aurait donc toujours lieu. dr
» Pour ce qui est de la quantité d’air tenu en dissolution dans l’eau, le
tableau montre que l’eau prise à la surface renferme dans tous les cas une
proportion d’air moindre que celle PRIEE à une certaine profondeur ,et que
la différence peut s'élever jusqu'à + du volume de l’eau.
» Enfin, la colonne qui indique la composition du gaz provenant de cha-
que échantillon d'eau , montre que le gaz provenant d’une eau prise à une
grande profondeur, contient beaucoup plus d'acide carbonique que celui
qui provient de l’eau prise à la surface. Cet acide carbonique existe-t-il
( 619 )
tout formé dans l’eau, ou bien provient-il de la décomposition des ma-
tières floconneuses qui se trouvaient dans tous les flacons d’eaux prises à
une grande profondeur ? C’est ce que des analyses faites sur les lieux pour-
ront seules apprendre, Toujours est-il qu'on sera amené, au moyen de
l'appareil imaginé par M. Biot, à confirmer peut-être un de ces deux faits
également remarquables : 1° que l’eau de la mer, à une certaine profon-
deur, tient en dissolution une quantité d'acide carbonique beaucoup plus
grande que l'eau prise à la surface; ou bien, 2° qu’à cette profondeur,
l'eau renferme des animalcules transparents, ou, tout au moins, une ma-
tière organique transparente qui n’existe pas à la surface, et qui avec le
temps se décompose, et prend à l'air, tenu en dissolution dans l’eau, de
loxigene pour former de l'acide carbonique.
» Dans cette dernière hypothèse, la proportion d’oxigène contenu dans
l'air provenant du fond, serait plus considérable que celle de l'air prove-
nant de la surface; car pour le premier cas, l’oxigène libre et l’'oxigène
de l’acide carbonique forment avec l’azote qui y est contenu, un air beau-
coup plus oxigéné que l'air atmosphérique; tandis que dans le second cas
(celui de l’eau prise à la surface), loxigène libre et l’oxigène de lacide car-
bonique forment avec l'azote qui y est contenu, un air dont la composition
differe très peu de celle de l'air atmosphérique.
Expériences faites à bord de la Bonite.
» Dans une expérience faite le 12 septembre 1836, dans l'océan Paci-
fique, par 16° 53° de latitude nord et 118° 13’ de longitude ouest, de l’eau
prise à 380 brasses renfermait 1,62 de gaz pour 100 p. d’eau; on n’a pas
pu analyser ce gaz. Dans cette même expérience, la vessie contenait
90,66 centimètres cubes d'air, lequel volume ramené à 0° de température
et 760" de pression, donne, en ayant égard à la capacité de l'appareil,
6,48 parties d’air pour 100 parties d’eau prise à 380 brasses.
» — Le 21 novembre 1836, dans Île canal, entre les îles Mariannes et
les iles Philippines , par 18° 22’ de latitude nord et 132° 13’ de longitude
est , l'appareil a été envoyé à 300 brasses : l’eau provenant de cette pro-
fondeur contenait 2,20 d'air pour 100 parties d’eau; l’eau prise à la surface
dans le même endroit, en contenait 2,27; la vessie ne renfermait qu'une
très petite quantité d'air.
» — Enfin, le 29 novembre, dans la mer de Chine, en vue de l’île Lucon,
par 18° o’ de latitude nord et 117° 30’ de longitude est, l'instrument ayant
été envoyé à la profondeur de 300 brasses, la vessie contenait 55 centi-
CR 1538, 1°r Semestre, (T. VI, N° 48.) 84
( 620 )
mètres cubes d'air, ce qui à o° et 760 du baromètre fait 3,89 pour 100 de
l'eau prise à cette profondeur, »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur de nouveaux produits extraits de la salicine ;
par M. Prrra.
« M. Dumas présente à l’Académie des produits récemment obtenus
dans son laboratoire et sous ses yeux, par M. Piria, jeune chimiste napo-
litain. Ces produits donneront lieu plus tard à la lecture d'un mémoire
développé.
» Je regrette vivement, dit M. Dumas, que les usages de l’Académie
ne permettent pas à M. Piria de présenter lui-même les observations que
je vais avoir l'honneur de lui soumettre en son nom, Mais limportance
des faits qu'il a observés justifiera le désir qu'il éprouve de leur donner
une prompte publicité.
» M. Piria, qui s’est occupé de l’étude de la salicine avec le plus grand
soin, ayant soumis cette substance à l’action de l'acide sulfurique et du
chrômate de potasse, en a obtenu, outre l'acide formique qui se produit
en pareil cas, un produit nouveau, huileux, tout-à-fait comparable à une
huile essentielle, et trop abondant d’ailleurs pour qu’on puisse le regarder
comme une matière accidentelle.
» Cette huile, soumise à l’analyse, présente exactement la même com-
position que l'acide benzoïque hydraté. Elle offre la même densité que ce
corps à l’état de vapeur.
» Jusqué-là ce n’est qu'un cas d’isomérie comme on en observe tant
en chimie organique.
» Cette isomérie se poursuit plus loin, car si l’on forme une combinai-
son de l'huile nouvelle avec l’oxide de cuivre, on trouve qu’elle se repré-
sente dans ce cas par la même formule que l’acide benzoïque anhydre qui
Te rencontre dans les seis.
» Mais vient-on à soumettre l'huile en question à l'action du chlore,
on obtient une production d’acide chlorhydrique et en même temps for-
mation d’un produit cristallisé en belles lamelles incolores.
» Le brôme se comporte de la même maniere. Dans les deux cas, il y
a perte de deux atomes d'hydrogène et remplacement par deux atomes de
chlore ou de brôme.
» On à donc ainsi
C#H':01 buile,
C:H'°0 Ch® composé chlore,
C‘#H'°04#Br? composé brôme.
( 621 )
» Ces résultats rappellent si clairement ceux que MM. Liébig et Vôhler
ont obtenus en agissant sur l'huile d'amandes amères, que l’on se trouve
conduit à les représenter d’une manière analogue.
» Dés-lors l'huile nouvelle devient
C:#H!20f salicyle, radical hypothétique,
C#H'°0'H° hydrure de salicyle — huile,
C*#H'°0{Ch° chlorure de salicyle,
C#H°0!Br° brômure de salicyle.
» Ce qui confirme pleinement ce point de vue, c’est que l’hydrure de
salicyle se combine avec la baryte, et forme d’abord un composé qui se
représente par
C#H'20f, BaO, H°0;
desséché dans un courant d'air sec à 160°, ce corps perd non-seule-
ment l'atome d’eau qu'il renferme, maïs aussi un atome d’eau de plus,
laissant ainsi un véritable salicylure de barium
C#H'°04, Ba.
» L’hydrure de salicyle se combiné de même avec la potasse; il pro-
duit ainsi un sel qui cristallise en belles et grandes lames d’un jaune d’or.
L'analyse de ce produit s'accorde avec celle du précédent.
» Il s’unit également à lammoniaque, etc. |
» Si l’on traite à froid le chlorure de salicyle par la potasse, les deux
corps se combinent et forment un véritable sel soluble, dont les acides
précipitent le chlorure intact.
» L'ensemble des faits observés par M. Piria se représente par une
supposition tellement simple, qu’elle me semble digne de quelque at-
tention.
» J'ai regardé le benzoïle comme un corps susceptible d’être représenté
par un carbure d'hydrogène oxidé
C8 He + O2.
» Ce carbure d'hydrogène, en s’unissant à 2 atomes d’oxigène, fourni-
rait donc un radical, le-benzoiïle.
» Ce serait ce même carbure d'hydrogène, qui en s’unissant à quatre
atomes d'oxigène, produirait un nouveau radical, le salicyle
CH + Of
»'Il'est difficile de n'être pas tenté de comparer le radical C** H'°, à
l'azote lui-même ,.et l’on aurait alors les séries suivantes :
84.
( 622 )
RERO PS SE 0 CITES
Ar 0er LC 0H 00,
VAE EEE COMMON s LOU O LE Ex 0
IRC tomate elriis OCU LA
AO EEE EEE »
» Voici, du reste, les résultats des analyses de M. Piria :
Hydrure de salicyle.
» Deux analyses de cette substance ont fourni les nombres suivants :
I. 0,445 hydrure de salicyle,
0 100 EAU Reef He NH 100;
1,117 acide carbonique... C — 69,4.
IT. 06,474 bydrure de salicyle,
DP209MEAU-------r-- El: 007
1,185 acide carbonique... C — 69,11.
» Par le calcul on obtiendrait les mêmes nombres :
C....1071,2...09,3
He C0 TH:0... 420
» Voici les données relatives à la densité de la vapeur de cette substance :
Excès de poids du ballon plein de vapeur, sur le
ballon plein d’air......................... Of,421
Capacité du ballon, c. cub....,.............. 11202
T empérature de la vapeur. ......:........... «001230
Baromètre... ....... te oeerete snels-fieele . 0,764
Température atmosphérique. ............. SOUPE GLS)
Air resté dans le ballon.......,..... momie iO;e
Densité de la vapeur................ Fbnodadanon sie
» On aurait par le calcul les nombres suivants :
7 volume vap. carbone...... S=—N27,0912
3 volumes hydrogène......... — 0,2064
1 volume oxigène.........°.. — 11026
Densité calculée.............. = 4,2602
» Cette densité s'accorde, comme on voit, avec celle que M. Mitscher-
ich et moi-même nous avons trouvée pour l’acide benzoïque.
( 623 )
Salicylure de cuivre anhydre.
» On a fait l’analyse d’un salicylure basique de cuivre pour avoir un
résultat net relativement à la composition élémentaire du salicyle, et l'on
a trouvé les nombres suivants :
0,827 salicyle combiné au cuivre.
HAE OMC booba Otoddoobra H=—=#4,5
0,877 acide carbonique......... C — 74,2
» En calculant la composition du salicyle, on aurait :
C8... 1071,2.....74 317
Ho HD 624.0... 4,3
04..... 400,0
Salicylure de barium.
» Ce sel s'obtient facilement neutre et anhydre, et il mérite la préfé-
rence pour fixer le poids atomique du salicyle.
1,237 sel desséché à la température ordinaire dans le vide, ont éprouvé
o,110 de perte, après avoir été desséché dans un courant d’air sec à 160°.
Cette perte répond à 8,8 p.100, ou à 2 atomes. ‘
0,522 sel desséché à la 1empérature ordinaire dans le vide, a donne
0,292 sulfate de baryte,
» Par le calcul, on aurait dans ces deux cas:
C#,. r071,2
Hi° 62,4
Expér Où. 300,0
Baryte..... 26,7 ....... BO.. 956,9 36,6
Eau..... 8,8 ....... 2H°0. 224,9 8,6
2615,4
» On a essayé l'analyse élémentaire de ce même salicylure de barium ,
et l’on a, comme dans tous les cas analogues, eu moins de carbone qu 7
n’en faudrait.
0,595 sel desséché à 190° dans un courant d’air sec,
0,934 acide carbonique.
Expér. Calcul.
= 43,4 .....,. C..,., 1071,2 44,8
H°°..... 62,4
: 04... 7 400,0
Ba... 856,9
2390,5
( 624 )
Chlorure de salicyle.
» Ce produit a été analysé avec soin, et a donné les résultats suivants :
I. 0,645 chlorure de salicyle,
0,591 chlorure d'argent.
IT. 0,456 chlorure de salicyle,
0,133 eau,
0,892 acide carbonique.
» D'où l’on tire les nombres suivants :
Carbone..." dhirs.r. ts Gi: Mogr,2 54,2
Hydrogène... 3,2 2, 24% OP E 62540158;
(CESSE 400,0
Ghlore-.1.1..: LONERRE CN Che 442,6 22,4
Bromure de salicyle:
» On en à fait plusieurs analyses :
I. 0,582 bromure de salicyle,
0,539 bromure d'argent.
Il. 0,400 bromure de salicyle,
0,089 éau,
0,608 acide carbonique.
» D'où l’on tire les nombres suivants :
(CS °C: PR Cr #40 2 #26
He MOT eee Hors Pet Go; 4 21
Or 400,0
Br 86-680 ee Br 162. 978,3 38,9
2511,9
» M. Piria continue ses expériences; elles vont avoir pour objet de
mettre hors de doute la juste proportion dhydrogèné que renferment
ses produits, car c’est le seul élément sur lequel il pourrait y avoir quel-
que correction à craindre. En admettant que ces analyses soient confir-
mées par de nouvelles épreuves, reste à trouver le moyen de passer du
benzoïle au salicyle, et réciproquement. Ce sera nécessairement là l'objet
de nombreuses tentatives de la part de ce jeune chimiste. »
( 625 )
ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Sur l'étincelle obtenue de la torpille.
M. Marreuca, dans une lettre adressée à M. Dulong, donne quelques
détails relativement à la question de priorité agitée entre lui et M. Linari.
« Je n’ai jamais donné à entendre, dit-il, que j'aie observé le premier
l'étincelle; M. Linari l’a obtenue 15 jours avant moi, et cela est dit assez
clairement dans un Mémoire présenté par nous deux à l’Académie,
en 1836; mais ce que j'ai revendiqué comme m’appartenant, c'est l’idée
d'appliquer à la torpille l'appareil d’extra-courant de Faraday. Si dans une
lettre que l’on a citée comme tendant à prouver le contraire, je Jui de-
mande des détails sur l'appareil qu’il a employé, ce n’est pas que je ne
susse fort bien quel était cet appareil, dont j'avais moi-même conseillé l’em-
ploi, mais seulement, qu'ayant à décrire les expériences , je voulais pou-
voir dire combien de mètres de longueur avait le fil dont il s'était servi. »
ÉCONOMIE RURALE. — Culture du thé en France. — Extrait d’une lettre de
M. Guirrory, président de la Société industrielle d'Angers.
« L'importance qui s'attache à l'introduction de la culture du thé en
France, me fait un devoir d'indiquer à l’Académie des Sciences, des essais
qui ont été faits à ce sujet. D’après le désir manifesté par le Conseil d’ad-
ministration de la Société royale d’Horticulture de Paris, dans sa séance
du 1°" février 1837, la Société industrielle d'Angers lui donna une note sur
la culture du thé en pleine terre ; note résultant de l’expérience pratique
d’un de ses membres, M. 4. Leroy, horticulteur à Angers.
» L'Académie des Sciences, en consultant cette communication, insérée
dans le Bulletin de la Société industrielle d'Angers , page 69 de la hui-
tième année (1837), y verra que M. Leroy possédait alors, depuis 5 à
6 ans, plusieurs jeunes thés verts (£hea viridis), thé bou (£hea bohea),
livrés à la plein terre, exposés au couchant et plantés en terre de
bruyère, parmi de fort beaux camélias variés à fleurs doubles, qui
avaient plus de 8 à 10 pieds d’élévation, et qui, depuis 10 à 15 ans, ont
résisté à nos hivers sans aucun abri. »
MÉTÉOROLOGIE. — M. Roerr adresse quelques détails sur un nuage qu'il
a observé le 25 de ce mois, entre six et sept heures du soir, nuage qui se
montrait du côté du nord où il resta long-temps immobile, et qui semblait
attirer vers lui d’autres nuages plus légers.
( 626 )
La méme lettre contient quelques réflexions sur l'opportunité qu'il y
aurait à munir d'un paratonnerre l’obélisque de Luxor, la foudre ayant
souvent frappé dans ce quartier de Paris, des objets élevés.
Un des membres fait remarquer que si l'on surmontait ce monolithe
d’un pyramidion en bronze, comme on en avait eu d’abord l'idée, il serait
plus exposé encore à être foudroyé.
Cette assertion donne lieu à une discussion à laquelle plusieurs me mbres
prennent part.
M. nr Paravey adresse de nouvelles remarques sur les conséquences qui
peuvent, suivant lui, se déduire de la composition de certains caractères de
l'écriture chinoise, relativement aux connaissances scientifiques du peuple
chez lequel cette écriture a été inventée.
M. Drsprerz demande que le tome 2° du Cours de Mathématiques ; de
M. de Montferrier, présenté à la précédente séance, soit renvoyé, ainsi que
l'a été le premier, à l'examen d’un commissaire chargé d’en faire l'objet
d'un rapport verbal.
M. le secrétaire perpétuel rappelle, à cette occasion , la décision prise
par l’Académie relativement aux rapports verbaux qui ne pourront plus
avoir pour objet des ouvrages écrits en français et publiés en France.
La séance est levée à cinq heures. A.
( G27 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a:recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences; 1° semestre 1838, n° 17, in-4°.
Annales des Sciences naturelles ; tome 8, novembre 1857, in-8°.
Annales de.la. Société d'Horticulture de Paris ; tome 22, 126 livraisons
in-68°.
Anatomie pathologique du corps humain ; par M. Crovensmer; 29° li-
vraison in-fol. sait ARE
Traité élémentaire de Physique générale et médicale ; par M. PurzerAs ;
2 vol. in-8°. pe
Voyage en Islande et au Groënland (Physique); par M. Loris;
1" partie, in-8. a
Lettre sur le voyage ordonné par le Roi en Scandinavie , .en Laponie
et au Spitzberg, adressée à M. le baron Berzeuus; par M. Gamaño;
avril 1838, .in-8°. : fi
Clinique des Maladies des enfants nouveau-nés ; par M. Varrerx;. Paris,
1838, in-8°. 1 ak pe ui LL 2 PTE
Relation de l'expédition de Constantine; par M. le docteur Baunens
(Extrait de la Revue de Paris des 1* et 8 avril 1838), in-8. pds
Dictionnaire des Études médicales pratiques ; tome 1‘; lettre A—AP,
in-8°.
Leçons de Mécanique appliquée, faites par interim en 18357—1858 à
l'École des Ponis-et-Chaussées; par M. ve Sanr-Venanr; 17 feuilles li-
thographiées, in-fol.
Mémoire sur le traitement de la Rétention d'urine ; par M. Penir;
Paris, 1811, in-8. - sr
Mémoire sur la Rétention d'urine ; par le même; Paris, 18:18, in-8°.
Revue médicale, française et étrangère, Journal des progrès de la Méde-
cine hippocratique ; par le même ; in-8°.
(Ces trois ouvrages sont adressés pour le concours au prix de Méde-
et de Chirurgie fondation Montyon).
Mémoires de la Société royale des Sciences, Lettres et Arts de Nancy,
année 1836; Nancy, 1837, in-8°.
1C.R, 1838, 197 Semestre. (T. VI, No 18.)
85
|
|
|
|
|
( 628 )
Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Seine-et-Oise ; année
1835, in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de l'arrondissement de Saint-Etienne;
15° année, 2: livraison de 1838, in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève ; nouvelle série, mars 1838, in-8'.
Manuel de Cosmographie; par M. Dranr; Hagueneau, in-8°.
Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis sive enumeratio con-
tracta ordinum , generum, specierumque plantarum usque cognitarum ,
juxta methodi naturalis normas digesta; par M. A.-P. ne CaAnDorr;
7° partie, section 1"°, 1838, in-8°.
The fourth.... 4° Rapport annuel de la Société royale Polytechnique
de Cornouailles; 1836, Falmouth, in-8°.
Indication of.... /ndication de quelques formes appartenant à la fa-
mille des Parianées (Ornith.) ; par M. H. Honcsox , demi-feuille in-8°.
Die forst insecten.... Les Insectes des foréts , ou figures et descriptions
des Insectes connus comme nuisibles ou utiles dans les forêts de la Prusse
et des États voisins; par M. Rarzerourc, professeur à l’École royale fo-
restière de Prusse ; Berlin, 1837, in-4°.
Astronomische.... ÂVouvelles Astronomiques de M. Scnumacxer;
n° 350, in-4°.
Bericht uber.... Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences
de Berlin et destinés à la publication ; mois de février 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 17, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 49—51, in-4°.
L'Expérience , Journal de Médecine ; tome 1, n° 25.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE . DU LUNDI 7 MAI 41838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
»
caimie. — Lettre de M. Berzéuius à M. PrLOUzE.
« La chimie nous a fourni bien des matières d'entretien depuis ma der-
nière lettre. Vous me permettrez d’en profiter dans celle-ci. La proclama-
tion scientifique du 23 octobre de l’année passée, publiée par MM. Liebig
et Dumas, m’a causé une vive satisfaction. Les idées théoriques qu’elle dé-
veloppe d’une manière si claire, si précise et si élégante, m'ont fait d’au-
tant plus de plaisir, qu’elles sont entièrement conformes à ma manière de
voir. Je regrette qu'il s’y soit glissé une légère erreur de rédaction, en ce
que M. Dumas y dit avoir depuis dix ans travaillé dans l'esprit de cette
théorie, lorsque toutes les, personnes qui ont suivi les annales de la
science, ont pu admirer la sagacité avec laquelle il a tâché, justement
pendant ces dix dernières années, d’en combattre plusieurs points prin-
cipaux., Envore dans la séance de l’Académie du 3 avril de l’année passée,
iltâcha de nous rendre probable que le camphre devait être considéré
comme une combinaison de carbure, d'hydrogène avec de l’eau, tout
aussi, bien que l'alcool. Malgré cela je lui sais gré, de tout mon cœur,
C. R. 1838, 127 Semestre. (T. VI, N° 19.) 86
(630 )
d'employer dorénavant ses talents pour développer et éclairer des vues
théoriques, que je considère comme plus saines, et par lesquelles la science
gagnera infiniment plus.
» Je remarque cependant, non sans regret, que le premier travail com-
mun de l'illustre compagnie chnnique est tout de suite rétrograde, et
dérogeant aux principes si bien établis dans le programme du 23 octobre.
Je veux parler de l’explication donnée de la déperdition d’eau que su-
bissent quelques sels à acides organiques à une température élevée, et la-
quelle ces sels peuvent reprendre. C’est précisément la même explication
que vous avez donnée de la perte de l’eau dans les citrates, en me com-
muniquant dans votre avant- dernière lettre quelques résultats de vos re-
cherches sur l’acide citrique. Vous me pardonnerez bien si je vous avoue
franchement que je ne saurais point l’admettre. Voici sur quoi je me
fonde : lorsque nous voulons déterminer le poids d’un atome organique,
nous tàchons de le combiner, atome pour atome, avec une substance inor-
ganique d’un poids atomique connu. C’est notre fil conducteur universel.
Si l'atome de l'acide citrique , d’après votre supposition, était en effet com-
posé de C'H"°0"", il se combinerait à coup sûr avec un atome de potasse,
de soude, etc. Mais l'expérience prouve qu'il en faut non moins de trois
atomes pour le neutraliser. Qu'est-ce que cela prouve, sinon qu’une sup-
position qui rend l'atome citrique aussi lourd, et qui, en même temps, fait
une exception aux règles générales , doit être rejetée? Si nous laissons de
côté notre fil conducteur, toutes les fois que nous ne voyons point d'avance
où 1] nous mène, nous nous égarerons assurément. Comment expliquerez-
vous, dans l'hypothèse précitée, la composition du citrate éthylique
(éther citrique)? Ne faudrait-il pas y admettre trois atomes d’oxide éthy-
lique avec un atome d’eau ? Vous savez, cepeñdant, que l’eau ne fait jamais
partie des combinaisons éthyliques neutres.
» Quant à l'explication que donnent MM. Dumas et Liebig, du même
phénomène chez quelques autres sels, et nommément chez le tartrate an-
timonio - potassique, elle est, selon moi, encore moins admissible. L’acide
tartrique serait composé d'hydrogène et d'un corps halogène composé qui,
au lieu de se combiner avec deux atomes, c’est-à-dire un équivalent chi-
mique d'hydrogène, n'en demande pas moins de quatre équivalents, et
qui, pour donner un sel neutre avec du potassium, demande, non pas
quatre atomes de ce métal, mais bien deux atomes de potassium et deux
équivalents d'hydrogène. Où est cette simplicité de vues, cette con-
formité aux lois qui président aux combinaisons inorganiques, sur les-
( 631 )
quelles s'appuie avec si grande raison le programme du 23 octobre? Je
crains ; en vérité, que l’auteur de cette hypothèse n’ait été que trop nou-
vellement converti aux vues simples du programme, pour être bien garanti
contre des rechutes dans ses anciennes opinions.
» Ce phénomène appartient à un nouvel ordre, qu'il faut peut-être plus
long-temps étudier, pour en avoir une explication satisfaisante; mais cela
ne nous empêchera pas de rejeter celles qui sont mauvaises. Lorsque la
véritable vient, nous la connaissons tous, et nous n’en disputons plus.
Tout en avouant que jé ne puis pas expliquer ce phénomène d’une ma-
nière qui me satisfasse entièrement, je vous invite, cependant, à faire avec
moi une excursion pour chercher la véritable explication, au risque
qu'elle nous échappe. Nous prendrons pour point de départ une ex-
cellente recherche, que vous avez faite en commun avec M. Jules Gay-
Lussac, celle de la composition de l'acide lactique.
» Vous avez constaté :
» 1°. Que l'acide lactique hydraté est — CSH'°0f;
» 2°. Que Pacide des lactates est — CfH'°0;
» 3°. Que l'acide hydraté exposé à la distillation se décompose en deux
atomes d’eau et en un corps sublimé = CfH3Of,
» Vous en avez conclu que le corps sublimé est le véritable acide lac-
tique, et que les lactates peuvent retenir, même à la température de
+ 245°, un atome d’eau. Tireriez-vous la méme conclusion aujourd’hui ? Je
crois que non; puisqu'elle serait en contradiction avec la force ordinaire de
l’affinité de l’eau. Il n’y a que les plus puissantes bases, les alcalis fixes, la
baryte et la strontiane, qui la retiennent à cette température; les sels
neutres la laissent échapper à des températures moitié moins élevées. Le
véritable acide lactique est donc C‘H'°O5 ou plutôt 2C3H5 + 50. L’acide
hydraté contient donc, comme les acides hydratés en général, un atome
d’eau, échangeable contre un atome de base. Vous pouvez fort facilement
mettre cette question hors de toute incertitude, en produisant et analysant
’éther lactique ou le lactate de méthyiène.
» Mais qu'est-ce donc que le corps sublimé? Vous avez vous-même
constaté qu'il n'est point un acide, qu'il ne se dissout point dans l'eau,
pourvu qu'il n’en ait pas d'avance subi un changement, mais qu'il se
dissout dans l'alcool, et reparaît non altéré par la cristallisation. C’est
done un oxide organique indifférent, comme bien d’autres, composé de
C'Hf + 20. Vous retrouvez ce même radical dans l'acide mucique et dans
son isomére l'acide saccharique (l'acide malique artificiel, oxalhydrique de
86.
(632 )
Guérin). Ces acides sont composés ; comme vous lé savez, de 2C*H{ + 50,
tout comme l'acide oxymanganique l’est de 2Mn + 90; il est donc à ces
acides dans le même rapport que l’hyperoxide manganique. à l'acide oxy-
4
manganique, tout comme, d’un autre côté, le benzoïle est à l’acide ben-
zoïque :: Mn: Mn.
» Vous avez découvert que cet hyperoxide organique a la curieuse pro-
priété de se changer par un contact prolongé de l’eau, surtout à l’aide de
la chaleur, en acide lactique hydraté, en s’unissant avec deux atomes
d’eau, dont vous avez pu chasser l’un par une base quelconque , mais dont
il a retenu l’autre. Deux atomes d'hydrogène et un atome d’oxigène se
sont donc combinés avec lui, non comme de l’eau, mais comme une addi-
tion d’atomes élémentaires. Il en est résulté un autre radical et un acide
puissant de ce radical. Voilà des conséquences auxquelles vous auriez été
d’abord conduit vous-même, si vous n’eussiez pas alors évalué trop haut
la force de l’affinité de l’eau pour des sels neutres. Voilà donc l'exemple
d'une substance qui, par l'influence de l’eau , sans intervention d’une force
médiatrice, se change en une autre, en s’appropriant les éléments de l’eau.
Nous en possédons, comme vous le savez, d’autres exemples en grand
nombre : par exemple, les sels ammoniacaux qui se changent en sels am-
moniques ; le gaz oléfiant combiné avec l'acide sulfurique anhydre, qui se
change en oxide éthylique où en un corps isomère à ce dernier; l’oxide
éthylique qui se change en alcool; l'acide cyanique qui se change en acide
cyanurique, l’amidon en sucre de raisin , l'oxide carbonique (dans le chlo-
ral) qui, avec l'eau d’une base hydratée, se change en acide formique, etc.
Mais parmi ces exemples, il n'y a aucun cas où toute influence étrangère
soit écartée au même degré que dans le premier.
» Nous savons qu’il y a de nombreuses substances qui, à une tempéra-
ture élevée, sans se détruire entièrement, laissent dégager de l'hydrogène
et de l’oxigène en proportions propres à produire de l’eau; nous avons
vu tout-à-l’heure, qu'il y en a d’autres en bien moins grand nombre, qui
jouissent de la propriété de se recombiner avec l'hydrogène et l’oxigene
perdus, lorsqu'elles viennent en contact avec de l'eau. Pourquoi donc
chercher l'explication de ces phénomènes dans des hypothèses étranges,
mal conformes aux lois qui dirigent les combinaisons chimiques? Un
tartrate neutre et anhydre perd à + 190° un atome d’eau; il a cessé
d'être un tartrate, il est devenu un autre sel (R — Radical) — Rap C#H:0{;
qui se dissout peut-être sans changement dans un dissolvant anhydre, mais
qui, en y ajoutant de l’eau, reproduit le tartrate en s’appropriant les élé-
(633)
ments de l’eau: Un citrate chauffé à 190° perd de l’eau et se change én
un sel double de 2RC#H#0* + RC#H°O5. L’eau change l'acide du dernier
terme en acide citrique et le tout redevient un citrate. T’acide citrique
exposé à une chaleur modérée devient brun, extractiforme ; prend ün
goût amer, et dépose, en se refroïdissant, des grains cristallins d’un acide
que M. Dablstrom a analysé, et qui est, en effet, C#H*O”, isomère à vos
acides pyromaliques. Cet acide n’a pas été assez bien étudié pour que je
puisse vous dire s’il y a des circonstances où il se change en acide citrique ;
mais la chose est très probable. Il est évident que son étude particulière
pourrait mettre l'explication donnée ci-dessus, hors de toute incertitude.
» Si vous n’approüvez point ces vues, du moins vous m'avouerez qu'elles
ne dépassent point les bornes d’une grande probabilité.
» Puisque nous sommes une fois sur le terrain théorique, vous me
permettrez de: vous entretenir de quelques autres points de la théorie de
la composition organique.
» La théorie des substitutions établie par M. Dumas, dans tél;
par exemple, le chlore peut échanger l'hydrogène, en se mettant, à
nombre égal d’atomes, à sa place, m'a paru d’une influence nuisible aux
progrès de la science : elle jette un faux jour sur les objets, et empêche:
d’en distinguer les véritables formes. Je regrette que notre ami commun,
M. Malaguti , s’en soit laissé préoccuper dans ses belles recherches sur
l'action réciproque du chlore et de différentes espèces d’éther, dont vous
m'avez fait part dans une de vos lettres. J’ai-ensuite eu l’occasion de lire
un extrait de ses mémoires dans le journal intitulé l’/nstitut. Il a produit
par l’action du chlore sur l’éther ordinaire une combinaison fort intéres-
sante, et dont il a fait, conformément à la théorie des substitutions, un
éther, dans lequel 4 atomes de chlore remplacent 4 atomes d'hydrogène.
Un élément aussi éminemment électro-négatif que le chlore, ne saurait
jamais entrer dans un radical organique : cette idée est contraire aux
premiers principes de la chimie ; sa nature électro-négative et ses affinités
puissantes feront qu’il ne pourra s'ÿ trouver que comme élément d’une
combinaison qui lui soit particulière. Dans l'éther chloroxicarbonique de
M. Dumas, il est contenu sous la forme d’oxichlorure de carbone , et cet
éther est composé d’un atome d'éther carbonique et dé 2 atomes d’oxichlo-
rure de carbone; mais cette forme n’est pas la seule sous laquelle i! se trouve
dans des combinaisons éthérées. Nous en connaissons encore d’autres ,
par ‘exemple, l’hyperchloride formique, ou le chloroforme de M. Düimas:
Je vais vous rendre probable qu'il peut y entrer encore comme chlo:
( 634 )
ride carbonique, CCE ; vous vous rappelez que ce chloride est tellement
congénère aux éthers, qu'il serait impossible de l'en distinguer, excepté
par l'analyse, sion le rencontrait sans connaître ce qu'il est. Si ce corps
éthéré se combine avec les éthers, comme fait l’oxichlorure de carbone, ce
qui est d’une grande probabilité, l'explication des combinaisons décou-
vertes par M. Malaguti devient d’une simplicité étonnante. L'éther re-
présenté par C#H°CI*O, se change alors en
1 atome d'oxide méthylique — 2C + 6H +O
2 atomes de chloride carbonique — 2C + 4CI.
£C + 6H +10 + 4CI.
[!
1 atome du corps éthéré
En traitant les éthers benzoïque, camphorique et ‘œnanthique par du
chiore, il a produit des benzoate, camphorate et œnanthate méthyli-
ques, combinés chacun avee 2 atomes de chloride carbonique. — En
traitant l’éther pyromucique par du chlore, la théorie des substitutions
a été en défaut, en ce que le chlore y est entré sans rien substituer. L’in-
téressante combinaison qui en résulta aurait dü avoir été examinée d’un
peu plus près, surtout quant à la nature du précipité caillebotté, que
les alcalis y produisent. Cependant, le résultat de l'analyse s'accorde par-
faitement avec la composition suivante :
1 atome d’acide pyrurique
1 atome d’oxide éthylique
4 atomes de chloride carbonique
6C + 6H + 50
4G + 10H + O
4C + 80
14C + 16H + 60 + 8CI.
HI
1 atome de l’éther composé
]
C'est là le nombre d’atomes que M. Malaguti lui-même a calculé, d'après
son analyse. Ici, comme dans la précédente, l’oxide organique et le chlo-
ride carbonique contiennent le même nombre d’'atomes de carbone,
» L'ammoniaque décompose cet éther, avec dégagement de gaz (azote),
en produisant du chlorydrate d’ammoniaque et en précipitant du carbone ;
c'est ce qui doit arriver lorsque l'ammoniaque s'empare du chlore du
chloride carbonique. (L’oxichlorure de carbone aurait produit du carbo-
nate d'ammoniac.) En le traitant par l'hydrate de potasse, l’oxide éthy-
lique reproduit de l'alcool, et la potasse se combine avec un acide qui
n’est plus l'acide pyro-mucique , et dont le sel potassique bouilli avec un
excès de l’hydrate, se décompose et brunit : c'est là le caractère bien
marqué du pyrurate potassique. La production de cet éther composé s’ex-
plique d’une manière fort simple. L’acide pyro-mucique , auquel je revien-
(635 )
drai encore une fois, est 10C + 6H + 50. Le chlore se combine avec
4 atomes de carbone et le convertit en acide pyruvique; il en résulte de
l'héter pyromucique, qui reste combiné avec le chloride carbonique pro-
duit. Ces vues si simples, et probablement fondées, se seraient offertes
à M. Malaguti, s'il n'avait pas été préoccupé par la fatale théorie des
substitutions. Je vous prie de soumettre ces idées au jugement de
M. Malaguti.
» Mais voici encore quelques autres exemples de l'influence de la théorie
des substitutions : M. Laurent, dont je révère le rare talent pour les re-
cherches, mais qui par sa manière compliquée et bizarre de les juger en di-
minue beaucoup la valeur, nous en fournira un exemple des plus saillants.
M: Laurent fit passer du chlore dans de l’acétate méthylique, et en retira un
liquide éthéré, dont la composition était CHS OC; vous y reconnaissez
tout de suite le radical formique partagé entre du chlore et de l'oxigène,
un'oxichlorure de formyle. M. Laurent l'appelle chloryle, et le considère
comme composé de C*H*CHO% + C{H° CI + H:0. Nous y reviendrons.
» Le chloryle traité par l’hydrate de potasse, donne naissance à -une
autre combinaison; dont M. Laurent trouva la composition C: H*CJ». Qui
ne verrait là tout de suite le chlorure formique, composé de 1 atome
de formyle et de 2 atomes, ou un équivalent, de chlore? M. Laurent en
fait un radical organique, et l'appelle radical chloromithyglase.
» L'existence de ce chlorure donne tout de suite la clé de la composition
du chloral, qui contient
1 atome de chlorure formique — 20 + °H + 2CI
2 atome d'oxichlorure de carbone — 2C + 4CI + 20
1 atome de chloral = 4C + 2H + 6C1 + 20.
» L'hydrate de potasse, en se combinant avec l’oxide carbonique,
donne du formiate potassique, et dégage le formyle combiné avec les 6 at.
de chlore, sous formé d’hyperchloride formique ou chloroforme.
» Le chloryle de M. Laurent paraît être composé de
1 at. d’hyperchlofide formique — 2C + 2H + 6C1.
2 at. d’acide formieux anhydre — 4C + 4H + 40
1 at. d’oxichlorure de formyle — 6C + 6H + 6€. + 40.
L’hydrate de potasse le résout en » at. de chlorure de potassium, 2 at. de
formiate de potasse et 1 at. de chlorure formique.
(636 )
» En traitant la liqueur des Hollandais par du chloré, M. Laurent en a
retiré un liquide composé de C*H{C/, qu'il considère comme composé de
C#H2 CIS + H* CP, et qu'il appelle hydrochlorate de chloréthérise. Écrivez
C?H* + 4 Cl, et vous aurez le chlorure de formyle, correspondant à l'a-
cide formieux ou l’hyperchlorure formique. M. Laurent nous a donc en-
richi de deux nouveaux chlorures de formyle, sans s'en apercevoir.
M. Laurent remarqua que lorsqu'il traita lhyperchlorure par de l'hydrate
potassique sec, il,s’en dégagea une substance volatile, douée d’une! odeur
aussi pénétrante que celle du gaz ammoniac. Lorsqu'on , décompose
2 at. de l'hyperchlorure formique avec de l'hydrate potassique, il en ré-
sulte 4 at. de chlorure de potassium, 1 at. de formiate de potasse, et 1 at.
C*H°+0, ou oxide formique. Si, comme cela est très vraisemblable, cet
oxide peut, comme Poxide acétique, s'approprier les éléments d’un atome
de l’eau , pour produire un aldéhyde formique composé de CH O°, ana-
logue à l’aldéhyde,acétique, c’est M. Laurent qui, le premier, l’a pro-
duit. Il a exprimé combien il a été surpris par l'odeur irritante de cette
substance. Croyez-vous que tous ces rapports auraient échappé à la saga-
cité de M. Laurent, si la malheureuse théorie des substitutions ne les avait
pas dérobés à sa vue ? Je suis persuadé que non. — Dans mes rapports
annuels à l’Académie des Sciences de Stockholm, j'ai cité une foule
d'exemples pareils.
» Je vous prie de soumettre au jugement de votre ami M. Frémy les
observations suivantes relatives à ses belles recherches sur les acides gras,
que l'acide sulfurique sépare de la glycérine dans l'huile d'olive. Vous
savez qu'il y a découvert non moins de cinq acides gras nouveaux, dont
deux liquides et trois cristallisés. Son hypothèse que les trois derniers
acides se dérivent de l'acide margarique, en ce qu'un de ces acides lui est
isomère et les deux autres produits par l'addition des éléments d’un et de
deux atomes d’eau, est très ingénieuse; mais elle ne s'accorde pas aussi
bien qu’on aurait pu le souhaiter avec les résultats analytiques. Et en-
core des formules telles que C% H%, C5 H%, C* H”', portent déjà dans le
nombre impair des atomes de l'hydrogène un motif de douter de leur en-
tière exactitude. Les nombres impairs,quoiqu'ils existent lorsque le nombre
des atomesélémentaires est très limité et que l'équivalent du radical qui en
résulte est composé de 2 atomes, comme, par exemple, dans les acides
lactique et mucique; ces nombres impairs, dis-je, ne doivent jamais être
admis lorsque le nombre d'atomes élémentaires est grand, parce que,
comme vous le savez , l'équivalent chimique de l'hydrogène est de 2 atomes.
(657)
» On parait avoir admis une conjecture de moi que les acides marga-
‘rique et stéarique puissent être des différents degrés d’acidification du
même radical. Cette conjecture peut être vraie, ‘sans cependant qu'on ait
une connaissance précise du nombre des atomes d'hydrogène dans cé ra-
dical. L'analyse de l'acide margarique par M. Chevreul, la seule que je
connaisse de cet acide, donnerait pour la composition du radical tout au
plus C*5H5%£, Vous m’objecterez peut-être que.les nombreuses analyses que
vous avez faites! en commun:avec M. Liebig du bistéarate glicérique,
prouvent bien que l'acide stéarique est 12 C5 HS + 50. Mais non, ces
analyses prouvent, si vous le voulez, que le radical stéarique est C# H5
eu même C%H”°; car le calcul d’après CH donne 12,18 p. c. d’hydro-
gène, et les analyses varient de 12,25 à 12,37. Il est donc évident que
nous ne sommes point encore arrivés à un résultat clair. Les analyses des
éthers margarique et stéarique ou des Margarate ou stéarate de methylène
nous mettraient sans doute hors de l'incertitude. — Or, si l'acide mar-
garique n’a pas la composition que nous lui assignons, l'ingénieuse hypo-
thèse de M. Frémy n'explique rien. Il y a encore la question suivante à
résoudre. Quel est l'acide primitif de l'huile? Est-ce celui que l'acide sul-
furique dégage en s’emparant de la slycérine ou celui dont l’alcali s’em-
pare en mettant la glycérine en liberté ?
» Les résultats analytiques de M. Frémy, de ses trois acides gras cristal-
lisés, s'accordent admirablement avec l'idée que ces trois acides sont des
degrés successifs d’oxidation du même radical, CH, En voici l'expo-
sition :
ACIDE MÉTAMARGARIQUE ACIDE HYDRO-MARG. HYDRATÉ ACIDE HYDRO-MARGARITIQUE
trouvé. at. calculé. trouvé. at. calculé. trouvé. at. calculé.
Carbone..... 78,6 35 78,407 73,82 35 73,808 73,701 35 74,065
Hydrogène... 12,9 7o 12,801 12,46 92 12,30 12, 20 79 12,092
Oxigène..... 8,5 3 8,702 13,72 5 12,797 14, 07 5 13,843
» En jetant les yeux sur les nombres calculés d’après l'hypothèse de
M. Frémy (Annales de Ch. et de Phys., LXV, 113), vous verrez qu'ils s’é-
cartent beaucoup plus des résultats trouvés. Ces acides Peuvent donc réel-
lement être composés de C%5 H7 avec 3, 4 et 5 at. d’oxigéne. — Les deux
acides métaoléique et hydroléique sont isomères, comme le prouve le ré-
sultat identique de leur distillation. Dans l'analyse de l'acide métaoléique il y
a un excés de 6,9, d’un p. 100 d'hydrogène, qui n’est probablement qu'une
erreur de rédaction, car comme erreur d'observation elle serait excessive.
» Le nombre constant de 35C dans les radicaux des acides gras mérite
C, LE. 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 49.) 87
(638 )
bien de l'attention. Je crois qu'il serait très utile à la science de comparer
les radicaux des oxides organiques entre eux, pour en avoir des séries où
le nombre de carbone soit constant, Nous devons, en vérité, un tel essai
à M. Laurent, et quoiqu'il l'ait enveloppé de subsitutions bizarres et com-
pliquées, la bonne idée y est toujours. Pour les acides gras nous avons
la série suivante ;
Radical métaoléique et hydroléique = 35C+64H
Radical élaidique et oléique (analyses de M. Jaurent) = 35 C + 66 H
Radical margarique «et stéarique = 35 C4 x H
Radical hydromargaritique, etc. = 35C+70H
» Vous voyez de quel intérêt un tel rapprochement pourra devenir,
mais aussi combien il sera nécessaire dorénavant de bien préciser l’hydro-
gène dans les analyses.
» Voici une autre série de radicaux; mais, pour la commencer, il faut
dire quelques mots sur l'éther pyromucique, analysé par M. Malaguti.
Il a trouvé le poids spécifique de son gaz 4,859. Cela nous fournit un
moyen de calculer la composition de l'acide, par rapport au nombre d’a-
tomes de radical qu'il contient. Cet acide doit contenir
10 vol. de carbone gazéiforme — 8,/280
6 vol. de gaz hydrogène — 0,4124
5 vol. de gaz oxigène 5,5112
Condensés à deux volumes d'acide pyromucique — 14,3516, cela donnerait le
poids spécifique de son gaz = 7,17958. Or
1 volume de gaz pyromucique = 7,1758
1 volume de gaz éthylique — 2,5809
Sans condensation, produisant 2 vol. -d’éther
pyromucique = 957567
dont la moitié — 4,87835 est le poids spécifique de l’éther pyromu-
cique. Ce résultat se rapproche du résultat de l'expérience beau-
coup plus que la plupart des pesées de corps gazéiformes ne le font
ordinairement, et nous autorise à considérer le poids spécifique du gaz
pyromucique comme bien fondé. Or, il s'ensuit que ce gaz est composé
d'un volume de radical et de 2 4 vol. d’oxigène condensés en un seul vo-
lume, d’où nous pouvons conclure que cet acide est composé de 2 at. de
radical sur 5 atomes d’oxigène, tout comme, par exemple , l'acide nitrique.
» Dans les Annales de Poggendorff , novembre 1837, p. 434, vous
trouvez une suite de calculs de cette espèce, tirée de mon rapport an-
(639 )
nuel , présénté à l’Académie de Stockholm , le 31 mars 1837. Je serais bien
äise que cette note fut publiée en France, parce que les résultats qui en
découlent sont d'un grand intérêt.
- » L’acide pyromucique étant donc 2 CH + 50 , nous pouvons donner
la série Suivante de radicaux contenant 5C, saVoir :
Les radicaux pyromucique et pyroméconique, — 5C + 3H
Le radical pyrocitrique. . . . . . . . . , = 50 + 4H
+ pyrotartrique.. + 4 © . 0, 40 = 60 + 6H
— phocénique. . ARLES EI = 5C + 5H
— de lacidé camphorique.. . . . : = 5C + 8H
—1de l’acide valérianique., : . . , . . . . = 5C + 9H.
» Si je n’abuse pas dé votre patience, je ne finirai point encore ma
lettre, quoiqu’elle soit déjà assez longue. — Je voudrais fixer votre at-
téntion sur une forme de combinaison organique que la nature paraît se
plaire à multiplier par dés corps isomérés extrêmement nombreux : c'est
celle du sucre de canne.
» Nous le considérons généralement comme composé de C'*H*0"°. Ces
nôtnbres sont trop hauts pour représenter un seul oxide à base organi-
que, ce qui à conduit plusieurs chimistes à le considérer comme composé
dé plusieurs oxides réunis, par exemple, comme un bicarbonate éthylique.
Cette hypothèse serait vraie, si l'hydrate de potasse le convertissait en
alcool et en acide carbonique. Le sucre se combmée, comme vous le sa-
véz , avéc les basés, par exemple, les alcalis, les térres alcalines, oxide de
plomb; et ces combinaisons sont composées d’un atome de la base com-
binée avec C‘H®O$. La véritable composition du sucre paraît donc être
cèlle-ci, 2CH5 + 50; il est donc un oxide organique, et son atome n’a
que la moitié du poids que nous avons supposé d’abord. Or, non-seule-
ment l'acide lactique lui est isomère, mais comme le prouvent les belles
expériénces de M. Payen sur la composition et la capacité de saturation
de l’amidon et de la déxtrine, ces deux subtances lui sont isoméres.
Par parenthèse, j'ajoutérai qu'un chimiste très exercé a répété les
expériences dé M. Payen, qu’il a trouvées exactes, excepté quant à
la dépérdition d’eät que devrait subir lamylaté plombique à + 190°,
et qu'il auraït la faculté de reprendre; jamais il n’en a pu extraire une
trace d’eau qu’à là température où la distillation sèche commence , et où
d’autres produits accompagnent l’eau. Je ne le nomme pas, parce que
Jignore s'il le permettrait ; il publiera probablement lui-même ses expé-
riences. M. Mulder, à Rotterdam, vient de trouver que la gomme arabique,
87.
( 640 )
la gomme adragant, l'inuline, l’amidon de la mousse d'Islande, le
salep, les mucilages de guimauve, des semences de coings, la pectine
et l'acide pectique, sont tous composés de la même manière, et sont
isoméres avec sucre de canne. Plus nous pénétrons dans les secrets de la
composition organique, plus nous la trouvons d’une simplicité éton-
nante.
» Dans ma derniere lettre, je vous ai rendu compte de quelques expé-
riences sur les acides sulfo-naphtaliques, qui alors n'étaient point encore
terminées. Je vous en communiquerai quelques détails nouveaux. J'ai vu
avec bien du plaisir que M. Regnault est tombé sur la même idée que
moi, par rapport à l’état de l’acide sulfurique dans cette combinaison. Ce
chimiste brille autant par ses recherches, que par la clarté de ses vues,
en jugeant leurs résultats. L’explication qu'il a donnée de la forma-
tion de l'acide hypo-sulfurique est ingénieuse, elle m’entraina d’abord.
Les analyses concordantes de MM. Faraday, Liebig et Wôhler, me pa-
rurent rendre une analyse de la partie combustible dans le sel barytique
superflue. Les idées émises par M. Regnault m’engagèrent à l’entre-
prendre. En employant environ un gramme de sel de baryte à la combus-
tion , il était facile d’avoir l'hydrogène avec la précision requise, car le
résultat calculé d’après C*H'#, présupposé par M. Regnault, et d’après
C#H!5, qui est le résultat de MM. Faraday, Wébhler et Liebig, donnerait
prés de trois centigrammes de différence dans le poids de l’eau produite.
Or, une telle perte ou, un tel excès surpasse toute possibilité, lorsqu'on
sèche la masse. à brüler à 100°, alternativement dans l'air sec et dans
le vide. J'ai toujours eu le rapport du carbone à l'hydrogène :; 20C : 16H.
En calculant les expériences de M. Regnault, on y trouve le rapport de
200 : 15H. Cette perte est facilement explicable si M. Regnault s’est servi
d’un bouchon bien privé d’eau pour joindre le tube de combustion
avec le récipient de l’eau, car la surface du bouchon dans l’intérieur du
tube, constamment en contact avec une atmosphère surchargée d'humidité,
s’en charge de nouveau et la retient. Cette méthode doit être évitée lors-
que le nombre des atomes d'hydrogène est grand, car l'erreur de l’ob-
servation peut surpasser le poids d’un ou même de plusieurs atomes d’eau.
J'ai ensuite découvert une substance dont la composition rend la question
principale de cette recherche, c’est-à-dire l'état de l'acide sulfurique, dif-
ficile à résoudre.
» Cette substance se produit conjointement avec les acides sulfo-naph-
taliques, lorsqu'on traite la naphtaline tant par l'acide sulfurique hy-
( 641
draté, que par lacide anhydre. Elle se combine alors avec l'excès de la
naphtaline, dont on la sépare par la distillation avec de l’eau ; elle est so-
lide, cristallisable, fusible bien au-dessous de + 00°, non volatile sans
destruction, soluble dans l'alcool et dans l’éther, neutre. Elle est com-
posée de C*H'5 + SO*. L’acide sulfo-naphtalique peut être une combi-
naison d’un atome de cette substance et d’un atome d’acide sulfurique,
fout aussi bien que C*H'f +S. Il est impossible de décider la question.
» Lorsqu'on traite la naphtaline par l'acide sulfurique anhydre, il se
produit encore une autre substance analogue, peu soluble dans l'alcool et
dans léther, et qui n’est point fusible à 100°; ces deux substances ont une
propriété qui mérite bien attention des chimistes , c’est que l'acide nitro-
muriatique, qui ne les décompose que difficilement, ne fait que changer
lentement la composition de la substance organique, sans acidifier le
soufre. Après trois jours de digestion bouillante, le tout s’est trouvé dissous.
L'eau y produisit un précipité, mais dans le liquide filtré il n’y avait pas
de trace d'acide sulfurique. La substance moins fusible, mélée avec du
nitrate de baryte, subit la distillation sèche, avant de détonner avec le
nitrate, ce qui arrive encore, quoiqu’en moindre degré, avec un mé-
linge de chlorate potassique et de soude. J'ai pu déterminer qu’elle con-
tient du soufre, mais non pas en quelle proportion. A juger d’après la
perte par l’analyse avec l’oxide de cuivre, elle doit être composée de
C*H°4 + SO*; elle serait donc un sulfc-benzide à deux atomes de benzide:
Elle ressemble tellement à l'hydrate de benzoïle de M. Laurent , tant par
ses propriétés que par les produits de la distillation sèche, que je voudrais
bien engager M. Laurent à chercher du soufre dans cette combinaison
quil a produite également par l'influence de l'acide sulfurique anbydre,
mais sur l’huile d'amandes améres.
» Lorsqu'on prépare l'acide sulfo-naphtalique par l'acide sulfurique
anhydre, et qu'on le sature ensuite par du carbonate barytique, il se pro-
duit très peu de sulfate de baryte, mais il est rose. 1l contient un sé]
barytique d’un acide sulfo-naphtalique nouveau, coloré par une substance
résineuse, mais électro-négative. J'ai appelé cet acide ac. sulfo-glutinique,
parce qu’il se présente sous la forme d’une masse poisseuse, et que ses
sels, à base d’alcalis avec une petite quantité d’eau, sont aussi poisseux.
L’acide est incristallisable, d’un goût acidule et amer, très soluble dans
Feau, d’où l’acide muriatique le précipite sous forme de flocons blancs,
qui se réunissent au fond en une masse glutineuse comme de la térében:
( 642 )
thine ; il se dissout dans l'alcool et un peu dans l'éther. Ses sels de plomb
et de baryte sont peu solubles! dans l’eau froide, un peu plus dans l’eau
bouillante ; ils sont fusibles au-dessous de + 100°. Le sulfo-glutinate po-
tassique, traité à une température convenable avec de l’hydrate potas-
sique, donne beaucoup de sulfate potassique. Cet acide se trouve aussi
dans les eaux-mères après la cristallisation des autres sulfo-naphtalates ,
quoique dans une très petite quantité, Je n’en ai jamais eu assez pour
l’analyser.
» Les combinaisons d’un carbure d'hydrogène avec le soufre et l’oxi-
gène, dont la sulfo-benzyde de Mitscherlich est le premier exemple connu,
m'ont engagé à faire une révision des corps gras, qui contiennent du soufre,
du phosphore et du nitrogène, et dont nous avons des analyses par
M. Couérbe. En présupposant une combinaison de phosphore analogue
à celle du soufre, et en prenant la nitro-benzyde de Mitscherlith pour mo-
déle de calcul de la combinaison azotée , j'ai été conduit à des combinaisons
si simples et si concordantes avec les résultats numériques de M. Couérbe,
que ce chimiste distingué en sera probablement tout aussi étonné que
moi. J'ai publié ces calculs dans mon mémoire sur les acides sulfo-naphta-
liques; il serait un peu trop long d’en donner les détails ici.
» Pour donner suite à mes recherches sur les couleurs automnales des
feuilles, j'ai entrepris un examen de Ja chlorophylle. Si l'on en excepte la
couleur et la solubilité dans l'alcool et dans l’éther, cette substance n’a
aucun des caractères qu’on lui a assignés,
» C'est une matière colorante végétale , dont les feuilles contiennent
tout aussi peu que nos toiles teintes de matière colorante, Infusible à
200°, où elle commence à se décomposer; insoluble dans l'eau, mé-
diocrement soluble dans l'alcool et dans l’éther. Elle se dissout dans
l'acide sulfurique concentré et dans l’acide muriatique également con-
centré ; l'eau l'en précipite. L'acide muriatiqueé peut être évaporé sans
détruire la chlorophylle. Elle donne des combinaisons définies avec les
bases, teint la laine alunée, ét montre des signes non équivoques de ré-
duction et de réoxidation. Au reste, elle est très altérable à l’air et à la
lumiere. — Les expériences donnent la chlorophylle en trois modifica-
tions bien distinctes.
» 1°. Chlorophylle des feuilles fraîches ; qui se distingue des autres par
la belle couleur verte de ses combinaisons avec les alcalis et les bases
non colorées en général. L’acide acétique la précipite en flocons trans-
lucides d’un vert d’émeraude, qui se dissolvent avec une belle couleur
C6)
verte dans l'alcool et dans l’éther. Si on les sèche, ils deviennent
presque noirs et leur dissolution est alors d’un vert bleuätre. La dissolution
muriatique est précipitée par de l’eau.
» 2°. Chlorophylle des feuilles séchées. Elle se dissout par les alcalis
avec une couleur vert sale des feuilles long-temps séchées. Les dissolu-"
tions dans l'alcool et l'éther sont plus bleues, et tirant sur le pourpre, que
verdâtres. Bien saturées , elles sont presque bleues; en les étendant jusqu’à
faire presque ‘disparaître leur couleur, le vert sale revient. T’acide muria-
tique la dissout, avec une superbe couleur d’émeraude ; Peau ne l'en pré-
cipite pas. Pour l'en séparer je me suis servi du marbre, qui, à mesure
que l'acide se sature, en sépare la chlorophylle. — Lorsqu'on traite de
feuilles sèches par de l'acide muriatique de t,14, elles donnent une solu-
tion d’un beau vert, de laquelle l'eau précipite la chlorophylle; mais
lorsque l'eau acide a passé, le précipité se redissout dans l’eau avec laquelle
on le lave; la dissolution contient alors cette même modification de la
chlorophylle.
» 3°, Une modification particulière, qui paraît se trouver dans des es-
pèces de feuilles dont la couleur est plus foncée, comme cela a lieu avec
les feuilles du Pyrus area, dont je me suis servi, pour ces expériences.
Elle est soluble avec la précédente dans de l'acide muriatique de 1.19;
l'eau les précipite ensemble; l'acide muriatique de 1.14 dissout la précé-
dente et laisse celle-ci sous forme d’une masse noire poisseuse. Desséchée,
elle est noire et cassante ; elle redevient poisseuse par l'humidité de l'air.
Elle est insoluble dans l’eau, soluble dans l'alcool et l’éther, avec une
belle couleur vert foncé. L’acide sulfurique la dissout avec une couleur
d’un brun verdâtre, l’eau la précipite inaltérée. Les alcalis la dissolvent
avec cette même couleur. Pour vous donner une idéé de la différence de
ces trois modifications, j’ajouterai que la première se dissout dans l'acide
acétique bouillant avec une couleur vert-pomme, et se précipite avec
cette couleur par le refroidissernent ; la seconde s’y dissout avec une cou-
leur bleue d’indigo et se précipite avec une couleur vert foncé presque
noire; la troisième enfin s’y dissout avec une couleur brun verdâtre et se
précipite de même. Au reste, dans leur manière de se comporter avec les
réactifs chimiques, elles s’imitent l’une lautre, comme le font, par
exemple, les acides tanniques tirés de différentes espèces de végétaux.
» Je regrette beaucoup que dans le grand volume de selution éthérée
que j'avais préparé pendant l'été dernier et que j'ai analysé cet hiver, la
quantité de chlorophylle de chacune de ces modifications se soit trouvée si
( 644 )
limitée, qu'elle n'a point suffi pour des analyses par la combustion. Je suis
persuadé que toutes les feuilles d’un grand arbre ne contiennent pas
10 grammes de chlorophylle, tant la nature a économisé cette substance
colorante.
» Les diverses nuances de vert chez les feuilles de différentes espèces
sont produites non-seulement par les différents états de la chlorophylle ,
mais aussi par la xanthophylle, dont elles contiennent une quantité consi-
dérable. J'ai cru que cette dernière se produit de la chlorophylle par l’in-
fluence de la lumiere, et que les feuilles deviennent jaunes, lorsque la
sécrétion de la chlorophylle cesse. Mais la chlorophylle isolée, dissoute
dans l'alcool, exposée aux rayons solaires jusqu'à devenir jaune, ne m'a
point fourni de xanthophylle; je n'en ai retiré qu'une substance jaune,
soluble dans l’eau , et de la chlorophylle encore inaltérée.
» Si vous croyez que les communications que je viens de vous donner
dans cette lettre puissent être de quelque intérêt pour nos confrères
de l'Académie des Sciences, vous m’obligerez beaucoup en en faisant
part à l’Académie, dont je suis fier d’être honoré du titre d’associé. »
Note de M. Perou.
« Dans la première partie de la lettre que je viens d’avoir l'honneur de
lire à l'Académie, M. Berzélius cite, en la combattant, une opinion que je
lui ai depuis long-temps soumise, sur la constitution de l'acide citrique.
» Je demande la permission d'entrer à cet égard dans quelques détails.
» Quand on soumet à une température de + 180 à 200° les citrates
neutres de soude et de baryte, ils perdent un tiers d’atome d’eau qui
est nécessairement de l’eau de constitution pour les chimistes qui admet-
tent que l'atome d'acide citrique anhydre a pour formule C*H#Of.
» Ce résultat, annoncé par M. Berzélius, excita l'attention générale;
chacun en chercha l'interprétation, mais personne ne s’occupa de la
trouver par la voie de l’expérience ; et pendant long-temps on ne connut
que les deux exemples de déshydratation que je viens de rapporter.
» Les faits manquaient donc de généralité ; leur isolement même, sans
diminuer leur importance, leur prêtait un caractère d’anomalie.
» Cette anomalie disparut par l'observation que je fis, que les citrates
de chaux , de strontiane , de potasse, de manganèse, etc., se comportaient
comme ceux de soude et de baryte.
» Je pensai dès-lors que cette déshydratation devait être considérée
(645)
comme. générale pour. les citrates, et que si quelques-uns d’entre eux,
comme ceux de cuivre ,de,plomb.et d'argent , semblaient, faire exception,
cette circonstance tenait. à.ce qu'ils: étaient brulés, par leur propre base
ayant la limite de température, à laquelle, la, perte. d’eau..pouyait s’effec-
tuer. Je considérai l’eau éliminée comme de l’eau,de.cristallisation,
» C’est cette opinion que j'ai soumise à M. Berzélius.; dans le,but seul
de faire disparaître toute fraction d’atome., je lui représentai-la formule
de l'acide citrique anhydre par C'’H'°0! = 3,C#H{0#— ; H°0.
.».Je communiquai également à M.Dumas lui-même le fait de la déshy-
dratation d’un grand. nombre de citrates et la, croyance où. j'étais que
l'eau perdue par ces sels n’était autre chose que. de l’eau de cristallisation
dont la constitution de l'acide, citrique n’était pas affectée,
_.» Ces faits et la conséquence que j'en ai, déduite,se trouvent rappor-
tés, sans que mon nom. soit cité, dans une note que M. Dumas a lue à
l’Académie des Sciences quelques mois après l'entretien dont je, parle.
» 11 me suffira, je l'espère, d’invoquer ses souvenirs pour qu'il s'em-
presse de réparer ce qui ne peut être de sa part qu'un oubli, et pour
faire droit à ma juste réclamation. »
Observations sur les communications précédentes ; par M. Dumas.
«C'est par. une précaution oratoire parfaitement iputile que. M::Pelouze
vient de parler avec doute des souvenirs que la conversation qu’il rap-
pelle ont pu laisser dans mon.esprit, et de mon adhésion à la réclamation
qu’il adresse à l’Académie.
» M. Pelouze sait, depuis long-temps;.queje:suis prêt; pour mon compte ,
et comme ayant rédigé la note qui a été publiée en mon nom et en celui
-de M. Liebig, à expliquer avec simplicité et netteté ma position à son
égard; elle n’a rien qui puisse m’embarrasser.
» M. .Pelouze m'a communiqué, en effet; les résultats de; quelques-ex-
périences sur les citrates qui lui auraient prouvé: qu'ils: perdent:de; leaw
tantôt par tiers d'atome, tantôt par demi-atome. 1] m’a cité en partieulier le
citrate de zinc comme, étant dans,ce dernier cas.|Ces, résultats sont tbien
loin d’avoir la netteté de ceux. que M. Pelouze ;vient -d’énoncer: Aussi
M. Pelouze ne m'a:t:l point dit. qu’il,eût | imaginé,aucune explication de
ces faits qui n’en, étaient pas susceptibles.
», Je, me suis empressé de faire connaître;à M. Pelouze que je terminais
des analyses de citrates qui avaient pour objet de vérifier une formule qui
Jn’avait, semblé convenir à l’acide citrique, mais qui ne s’accordait pas avec
C. R. 1838, 197 Semestre. (T.VI, N° 19.) 88
( 646 )
ses propres expériences. Je n’ai pas fait une seule analyse de ce genre, de-
puis cette conversation, qui avait lieu pendant le séjour de M. Liebig à
Paris. Elles devenaient inutiles par les analyses du citrate d’argent que
M. Liebig m’envoya peu de temps après son retour en Allemagne, et qui
s'accordaient avec les miennes.
» Ainsi, M. Liebig et moi, nous n'avons eu qu’une chose en vue, c’est
de nous assurer que la formule C**H'°0" représentait bien la composition
des citrates anhydres. Si en rédigeant la note que j'ai publiée sous nos
deux noms, je n’ai pas cité M. Pelouze, c’est que ses expériences étaient
en contradiction avec les nôtres, et que son analyse du citrate de zinc ne
pouvait se concilier avec nos résultats.
» J'ai laissé à M. Pelouze le soin d’éclaircir ce point, mais ne pouvant
combattre ses expériences ni m'en étayer, je n’en ai point parlé, tout prêt
à convenir qu'il avait fait des analyses de citrates en même temps ou
même avant l’époque à laquelle j'ai soumis la formule que nous en avons
donnée, à des vérifications qui m'ont semblé suffisantes. »
Réponse de M. PrLouzr.
« M. PELouze assure que ce fut, non pas immédiatement, mais long-
temps après qu'il eut communiqué à M. Dumas le fait de la déshydratation
des citrates, que M. Dumas lui apprit qu'il soccupait de son côté d'un
travail sur le même sujet:
» Il a dit, en effet, à M. Dumas que le citrate de zinc seul perdait un
demi-atome d’eau, mais M. Dumas savait parfaitement que les ‘expé-
riences de M. Pelouze n'étaient pas terminées. »
Réplique de M. Duuas.
« La mémoire de M. Pelouze le sert mal: c'est au moment méme ét non
long-temps après que j'ai fait connaître à M. Pelouze ces expériences
dont je m’occupais pour établir la formulé de l'acide citrique. Je laffirme
positivement:
» Du reste, la seule chose intéressante dans ce petit débat, ce serait de
savoir si le citrate de zinc perd un tiers ou un demi-atome d’eau, et M. Pe-
louze doit comprendre que s’il s’est trompé sur ce point, comme il en
convient, il n’a pu être conduit à la même formule que nous pour l'acide
citrique; aussi M. Pelouze m’a-t-il parlé d'analyses de citrates, mais nou
de la. formule de l'acide citrique. |
» Mais c'est assez, c'est trop même à ce sujet; de tels détails sont'sans
(647)
intérêt. pour l'Académie et ils perdent toute importance à côté des ques-
tions soulevées par la lettre de M. Berzélius dont M. Pelouze. vient de
donner lecture.
» Il y a dans cette lettre des expressions dont je ne veux pas pour le
moment discuter la convenance, des formules nouvelles que je n’ai pu
saisir à la lecture, des attaques contre mes théories et enfin quelques faits
nouveaux.
» L'Académie remarquera qu'il n’y a pas une seule de mes expériences
qui soit contestée par M. Berzélius. Je crois qu’il sera facile de prouver
qu’il se trompe pour l’eau que perd l’amylate de plomb; je laisse ce soin à
M. Payen. Je persiste, en ce qui me concerne, à dire que mon analyse du
dextrinate de plomb est exacte. Les idées de M. Berzélius sur ce corps,
comme sur les sucres, vont être l’objet d’une discussion toute naturelle,
à l’occasion du rapport dont je suis chargé sur le mémoire de M. Péligot
Je ne manquerai pas de m'y livrer.
» Quant à ces nouvelles formules que propose M. Berzélius, il est
clair pour tout le monde qu’il est toujours facile, au bout de quelques
années, de coordonner des recherches qui se sont présentées d’une ma-
nière détachée, et qu’on a beau jeu à redresser en apparence les idées
qu'un expérimentateur émettait il y a cinq ou six ans, quand on est
éclairé par de nouvelles expériences dont il a souvent lui-même enrichi
la science. C’est un rôle facile à jouer, mais celui qui le joue ne doit
jamais oublier les égards qui sont dus à ceux dont le travail lui a fourni
les matériaux sur lesquels il fonde ses théories.
» Je termine par une remarque relative à la loi des substitutions.
M. Berzélius en fait une critique amère qui n’a qu'un seul défaut, c’est
de porter sur un point qui ne me concerne en rien. J'ai dit qu’en général
un corps hydrogéné qui perd de l'hydrogène sous l'influence du chlore ,
rend par chaque atome d'hydrogène enlevé un atome de chlore, et ainsi
des autres corps analogues.
» Je maintiens ce que j'ai ve. l'expérience universelle est là pour
montrer que j'ai dit une chose Deer vraie.
» Mais je n'ai jamais dit que le nouveau corps formé par substitution ,
eñt le même radical, la même formule rationnelle que: le premier.-J’ai dit
tout le contraire en cent occasions. M. Berzélius me prête là une opinion
qui, n’est pas la mienne ; que celui qui voudra la revendiquer pour lui la
soutienne : elle ne me concerne pas.
» La note de M. Berzélius, quand j j'aurai pu la lire, deviendra du reste,
88..
(648)
de ma part, l'objet d'une réponse qui ne se fera pas attendre, et dans
laquelle’ j’essaierai de limiter le débat aux questions de théorie générale,
et d'en écarter toutes les personnalités qui pourraient l'envenimer. »
«M. Ligrr communique un extrait d’une lettre de New-Yorck, dans la-
quelle on lui annonce la mort de M. Bowditch. Cet habile géomètre, qui
s'était formé tout seul et qui avait si brillamment réparé le défaut d'édn-
cation première , est mort à Boston, le 15 mars dernier. On sait qu'il avait
traduit en anglais la Mécanique céleste de Laplace, en y joignant d'utiles
et savants commentaires. Trois volumes de ce grand ouvrage ont paru; le
quatrième était presque entièrement imprimé lorsque la mort a enlevé
M. Bowditch à la science: mais rien n’était prêt pour la publication du
cinquième. M. Libri croit que l’Académie s’associera à ses regrets pour la
perte d’on savant qui a élevé un si beau monument à la gloire de Laplace.»
RAPPORTS.
vovace screnrrriQue. — Rapport sur les résultats du voyage de la Bonite
autour du monde. — Minéralogie et Géologie.
(Rapporteur, M. Cordier.)
« Le soin de former des collections géologiques et minéralogiques pen-
dant les relâches de /a Bonite, a été confié à M. CHevaLERr, enseigne de
vaisseau!, qui a su s’en acquitter avec succès , malgré le peu de temps que
lui laissaient d’autres services et quoiqu'il n!y fût pas préparé; car ce n’est
qu'après le départ de l’expédition qu'il a eu connaissance du surcroit de
travail qui était imposé à son activité éclairée et à son dévouement.
» Les collections consistent en plus de 1300 échantillons, dont 1 roo sont
catalogués et accompagnés de notices propmes à faire connaître exactement
les circonstances de gisement. Les autres échantillons sont des roches, ou
des minéraux métalliques qui ont été donnés à M. Chevalier par diffé-
rentes personnes avec lesquelles il a été en rapport, soit en Amérique,
soit dans les Indes-Orientales.
» La constitution des deux premiers points de relâche, Rio-Janeiro et
Montévidéo, est bien connue; mais il s'agissait d'augmenter et de com-
pléter les matériaux que nous en possédons : c'est ce qui a été fait au
moyen de 8o échantillons et de croquis indiquant la manière dont les
(649 )
roches préhiotéislel qui’ont'été recueillies S'insérént'lesunes dans les
autres. {
» Surla côte occidentale de l'Amérique du Sud; les rechérches ont porté
Sur'cinq-points, dont les’ deux extrémes, Valparaïso et Guayaquil, sont
distants d'environ: 760 lieues.
» Les ‘environs de Valparaiso 6nt fourni utié! belle suité: des ‘éléments
qui composent le terrain dioritique stratiforme que nous y connaissions
déjà; mais, en outre, la libéralité de‘M. Burotté, consul français , et de
M. Lamartine, a procuré un bon-nômbre d'échantillons deminerais de
cuivre et d'argent provenant dé l'intérieur du Chili ét du Pérou.
» À Cobija, seul port que la république de Bolivie possédé sur Océin
Pacifique , le terrain complexe qui forme la! charpénte du pays, à fourni
des pegmatites, des diorites, des syénites, des serpéntines et des waäckés, .
roches que nous ÿ connaissions déjà en’ partie, ét dont il paraît que les
circonstances locales ne permettent pas de déterminer les rapports. C'est sur
la tranche de ces roches, à une hauteur de 6 à 10 mètres au-dessus du ni-
veau delamer, quese trouve ce bancsi curieux deterrain alluvial, ayant jus-
qu’à 600 mètres de largeur; qui contient de nombreuses coquilles marines,
en général bien conservées , et qu’on a dit semblables à cellés qui vivent
maintenant sur lès rivages adjicéths. Lés échantillons que M.’ Chevalier
avait recueillis de ce terrain ont, malheureusement, été perdus; en sorte
que nous ne pouvons encore cette fois déterminer l’âge géologique de ce
dépôt, et répondre à la question de savoir à quélle époque il faut rap-
-porter le relèvement de cette portion du sol de l'Amérique méridionale.
» D’après les observations de M. Chevalier, ce phénomènese serait étendu
à une grande distance , car sur l’île de San-Lorenzo près de Lima, c’est-à-dire
à 275 lieues au nordde Cobija, cet officier a reconnu l'existence d’un dépôt
coquillier tout-à-fait analogue au précédent; mais icice n’est plus la hauteur
de 10 mêtres, mais celle de 30 mètres que le dépôt a atteinte au-dessus du
niveau de la mer. Les échantillons ont été également perdus, au grand
regret de M. Chevalier. Du reste, la constitution du sol fondamental de
l'ile de San-Lorenzo, de la baie de Callao, et des environs de Lima, est
représentée dans les collections rapportées, par une bellé suité dé roches
de’ transition, sans débris fossiles , laquelle, au moyen des détails qui l’ac-
compagnent, complète les notions que nous possédions déjà sur cette
contrée.
» Une suite analogue représente le térraïn de transition qui constitue le
sol fondamental des environs de Payta, point qui est situé, comme on le
( 650 )
sait, à 200 lieues au nord,de Lima, On remarque également dans ces ro-
ches une absence complète de débris de corps organiques ; mais cette ab-
sence est ici bien compensée par l'immense quantité de débris de ce genre
que renferme le conglomérat calcaire celluleux, qui s'étend au loin.et
horizontalement sur la tranche des couches de transition, Ce système cal-
caire, qui est peu épais, peu élevé au-dessus de la mer, et qui paraît ap-
partenir aux dernières époques de la période palæothérienne ou tertiaire,
nous était déjà connu par de nombreux échantillons rapportés. par M. le
capitaine Duperrey et par M. Lesson. Les échantillons nombreux re-
cueillis par M. Chevalier donneront de nouveaux et utiles renseignements
sur sa composition et sur celle des lits de grès, d'argile, de marne et de
gypse, qui lui sont subordonnés sur beaucoup de points. :
» Enfin, à Guayaquil, M. Chevalier a eu la preuve que le remarquable
terrain calcaire de Payta se retrouvait à plus de 75 lieues vers le nord, aux
environs de la pointe Sainte-Hélène; car on tire de cette dernière localité
des filtres en grès coquilliers absolument semblables à ceux qu’on exploite
à Payta pour le même usage. Il faut, vraisemblablement, rapporter au
même terrain les roches de grès quartzeux polygénique, d'argile et de
marne contenant quelquefois des rognons de silex, qui ont été recueillies,
soit à Guayaquil, soit à l'ile de Puna qui est à l'entrée du golfe.
» Les collections recueillies à Hawaï et Oaou , les deux îles principales
de l'archipel des Sandwich, ne contiennent que les matériaux déjà connus
de ces îles, c’est-à-dire des laves péridotiques et pyroxéniques de différents
âges et des calcaires madréporiques ; mais on trouve parmi les échantillons
des variétés intéressantes. Telle est l’obsidienne (ou verre volcanique) en
filaments capillaires isolés , que le volcan de Pélé rejette de temps à autre
au lieu de cendres, et à laquelle les habitants du pays donnent le nom
de cheveux de Pélé. M. Chevalier a eu occasion de voir sur plusieurs
points, le calcaire madréporique recouvert par des layes assez anciennes,
ce qui est digne de remarque. Il a eu soin de rapporter, ainsi que cela
avait été recommandé par les instructions de l’Académie, des échantillons
des madrépores que vivent actuellement près des rivages. La comparaison
des madrépores vivants avec ceux des roches calcaires, fera connaître s’il
y a des différences notables dans les espèces, ce qui paraît probable, du
moins au premier aperçu.
» Aux îles Philippines, la baie de Marivels, qui est à l’entrée du golfe
de Manille, a fourni une suite curieuse de produits basaltiques en partie
décomposés et qui paraissent appartenir à la période palæothérienne ou
( 651 )
tertiaire. Il en est de même des laves pyroxéniques et quelquefois felds-
pathiques qui ont été recueillies par MM. Gaudichaud et Eydoux, dans
une excursion faite de Manille à la Laguna, qui en est à dix lieues au N-E.
Dans la méme contrée on trouve, -en outre, des pierres calcaires com-
pactes secondaires et quelques porphyres syénitiques: à
» Le vaste terrain granitique, superficiellement décomposé, qui cons-
titue les environs de Macao et l’île de Hiang-Chang, qui fait partie du
même archipel, a fourni une intéressante suite de roches HE lesquelles
sé trouvent des roches subordonnées remarquables , telle qu'ane syénite
violette semblable à celle des Vosges ou de Corse , et des masses en filons
telles que du basanite amygdalaire et du fluorure de chaux. Des blocs
granitiques arrondis et souvent incrustés d’hydrate de fer manganésé,
sont parsemés partout à Ja surface du sol et paraissent, le produit de la
décomposition, séculaire de la roche fondamentale. Le volume de ces blocs
dépasse quelquefois 200 mètres cubes; on les trouve parfois groupés
et laissant des vides entre eux. La célèbre grotte du Camoëns, à Macao,
est due à un de ces groupements. Quelques échantillons recueillis par
M. Fisquet attestent que ce terrain s'étend jusqu'aux environs de Canton,
et qu'en outre on trouve à peu de distance de là des couches DÉS
diennes.
» Un des caractères de ces roches granitiques consiste en_ce.qu’elles
empâtent assez fréquemment des fragments de gneiss surmicacé, Cet acci-
dent, si important pour la théorie de la formation des terrains graniti-
ques, est, d'aprés M. Chevalier, beaucoup, plüs commun à la baie de
Touranne, sur la côte de Cochinchine, et à l’île de l'Observatoire, qui est
voisine de cette baie. Ici le terrain granitique est en partie, recouvert par
des assises de grès quartzeux, vraisemblablement peu anciens, dont le
ciment est ferrugineux , et qui contiennent fréquemment des galets de
quartz. RE ANS
» La presqu'ile Malaie a été, visitée. sur trois points, savoir,: 1°: à Sin-
gapore, dont les environs ont fourni des psammites friables. de différents
grains, à ciment plus ou moins. ferrugineux; des argiles rouges ou grises,
et des, couches subordonnées ou des, amas d’hydrate de fer compacte ou
cellulaire. Ce système paraît peu ancien. 2°. À Malacea, où le système pré-
ne est tellement surchargé d’hydrate de fer, qu'il en résulte;un des
gites les plus remarquables et les plus sondes de ce genre,de mi-
nerai qui existent à la surface du globe.,3°. Enfin, à l'ile de Pulo-Pénang,
où tout est composé de granite avec quelques .. accidentelles en
( 652)
filons, telles que des pegmatites avec tourmaline et du fer oligiste
écailleux.
» Mais en outre, à Malacca , M. Chevalier a pu se procurer quelques-
uns des principaux matériaux qui se trouvent dans l'intérieur de la pres-
qu'ile Malaie, du granite ordinaire, de l’ytabirite, du calcaire de transi-
tion à polypiers, et sept variétés du minerai d’étain si célèbre qu'on y
exploite de temps immémorial, Il résulte de l'examen de ces diverses va-
riétés que les gîtes en extraction ne sont rien autre chose que des amas
de sables quartzeux stannifères superficiels, analogues à ceux que nous
connaissons en Bohème, en Angleterre et dans l'Amérique du Sud, mais
beaucoup plus étendus ou beaucoup plus riches.
» Les environs de Calcutta n’ont fourni qu'un petit nombre d’échan-
tillons qui représentent cette singulière couche argileuse imprégnée de
sous-carbonate de soude, qu’on exploite de tout temps, à peu de distance
de Chandernagor , pour les usages domestiques ; mais la libéralité de
MM. David, Prinsep et Cracrost, a procuré à M. Chevalier un bon nombre
de roches ou de minéraux ordinaires venant de diverses parties des Indes,
et une belle suite de terrain phylladien et calcaire, de transition, qui
constitue en grande partie l'île de Diemen , à la Nonvelle-Hollande. Cette
suite est surtout remarquable par la quantité et la variété des coquilles de
spirifère qu’elle renferme.
» À Pondichéry, l’excursion faite à Trinvincarré a fourni de nombreux
échantillons des grès quartzeux, des métaxites friables, et des bois fos-
siles siliceux, que nous y connaissons depuis long-temps; mais elle a
produit de plus de beaux échantillons d'une lumachelle arénifere, tout-à-
fait remarquable par la nature des fossiles qu’elle renferme. Ce sont en
effet des catilus, des inocérames, des huîtres plissées, des natices, des
bélemnites ét des débris d’hamites ou de scaphites. Ainsi, un terrain
tout-à-fait analogue à ceux qui appartiennent à la période crayeuse dans
nos contrées , existe dans les environs de Pondichéry.
» Enfin, dans les relâches "à l'ile de Bourbon et à l’île de Sainte-Hélène,
diverses variétés des roches volcaniques que nous y connaissons, ont été
recueillies. On trouve parmi ces roches quelques produits nouveaux, savoir:
de l’arragonite blanche eu très grands cristaux, et des lignites enveloppés
de tufa.
» Mdépendamment de tous les produits dont il vient d’être fait men-
tion, M. Chevalier n’a pas négligé de recueillir les vases marines de pres-
que tous les mouillages où la Bonite à stationné, et M. Gaudichaud a
(653)
augmenté les collections d’environ 120 échantillons de roches ou de mi-
néraux qui lui ont été donnés, ou qu'il a récoltés lui-même sur différents
points. r
» Il résulte de tout ce qui précède que les recherches de M. Chevalier
ont un véritable mérite, et que la science et le Muséum d'Histoire natu-
relle profiteront notablement des collections minéralogiques et géologi-
ques qu'il a rapportées. Les additions que MM. Gaudichaud, Eydoux et
Fisquet ont faites à ces collections, ajoutent à l'intérêt qu’elles pré-
sentent. » :
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination de trois de ses
membres qui, conformément aux dispositions du décret du 25 août 1804,
devront faire partie de la Commission chargée de l'examen des pièces de
concours de MM. les élèves des Ponts-et-Chaussées.
MM. Poncelet, Dupin, Élie de Beaumont réunissent la majorité des suf-
frages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PALÉONTOLOGIE. — Mémoire sur des ossements fossiles de mamrmiferes et
d'oiseaux trouvés dans la caverne de Brengues (Lot); par M. T. Purt;
pour faire suite à un Mémoire précédent sur des débris fossiles de
renne provenant de la même localité.
(Commissaires, MM. de Blainville, F. Cuvier.)
« Des fouilles nouvelles dans la caverne de Brengues m'ont fait dé-
couvrir, dit M. Puel, de nombreux débris appartenant aux espèces que
Cuvier avait, dès 1820, signalées pour cette localité (rhinocéros, cheval,
bœuf, renne); mais de plus j’y ai trouvé des ossements de plusieurs rou-
geurs (lièvre , campagnol, etc.), une espèce de cerf que je regarde comme
loutà-fait identique avec le cerf du Canada, et deux espèces d'oiseaux
(pie et perdrix), dont la première n’avait pas encore été signalée, du moins
en France, dans les cavernes à ossements. J'ajouterai encore que plusieurs
os de solipèdes m'ont paru devoir êtrerapportés à l’equus asinus ou âne. Enfin
parmi les débris du genre bœuf, plusieurs os appartiennent très certaine-
ment à l’Aurochs. Cuvier, qui n’avait eu en sa possession qu’un seul os
de bœuf provenant de Brengues ( un humérus), avait vu cependant :
C.R. 1833, 17 Semestre, (T. VI, N° 49.) 89
( 654 )
« que très probablement cet os devait se rapporter à l'espèce dont le cräne
» est large et bombé, c’est-à-dire à l'Aurochs fossile. »
» Les restes de rhinocéros sont en très petit nombre; je n'ai recueilli
que six fragments bien caractérisés qui tous ont appartenu à un individu
jeune.
» La plupart des animaux que j'ai signalés dans la caverne de Brengues
appartiennent à des espèces dont les analogues vivent encore dans la
contrée : tels sont le cheval, l'âne et particulièrement le lièvre, la pie, la
perdrix. Comme, d’un autre côté, plusieurs de ces os sont d’une parfaite
conservation et d’une blancheur vraiment remarquable (ceux de pie, par
exemple), on pourrait être tenté d’y voir des débris des temps modernes.
Je pense donc qu'il n’est pas inutile de faire observer que j'ai débarrassé
les os dont il s’agit des matières terreuses et calcaires qui les enveloppaient :
du reste quelques-uns d’entre eux présentent des traces évidentes de ces
incrustations. »
cHiRURGIE. — Mémoire sur un déplacement complet de l'articulation tibio-
fémorale droite, après une déviation de nutrition dans les surfaces os-
seuses qui la constituent ; par M. A. Tarerry.
( Commissaires , MM. Larrey, Breschet. )
cmrRuRGIE. — Réflexions à l'occasion d'une lettre de M. JT. Guérin sur
quelques points relatifs à l’histoire du traitement du torticolis ancien
par la section du sterno-mastoidien ; par M. Bouvier.
(Commission nommée pour les divers mémoires relatifs au traitement
du torticolis ancien par la section sous-cutanée des tendons du sterno-
cléido-mastoidien.)
cHiRurGE, — Appareils destinés à augmenter ou à diminuer, selon les cas,
la pression atmosphérique sur une portion plus ou moins grande de la
surface du corps humain. Modifications apportées à quelques-uns de ces
appareils. Observation de diverses affections graves dans lesquelles l'ap-
plication de grandes ventouses a été suivie de guérison ; Mémoire de
M. Juwon.
( Commission précédemment nommée. )
MÉTÉOROLOGIE. — Tableaux des observations météorologiques faites à Flacq
(ile Maurice); par M. DessarDins (mars, avril, mai 1837 ),
(Renvoi à la Commission précédemment nommée. ;
( 655 ÿ.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Supplément à un Mémoire sur la résolution
des équations numériques; par M. Cotrs.
( Commissaires, MM. Täbri, Sturm.)
mÉDecine. — Note sur une nouvelle méthode de traitement pour les fièvres
intermittentes rebelles; par M. Bouvize.
: (Adressée par M. le Ministre du Commerce et des Travaux publics pour
le concours aux prix Montyon, médecine et chirurgie.)
M. Laurenr adresse les planches qui doivent être jointes au Mémoire
qu'il a présenté dans la séance précédente, sur le developpement de la
limace , etc.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. ANTOINE-ALEXANDRE présente une note relative à un perfectionne-
ment qu'il croit qu’on pourrait introduire dans l’art du teinturier.
(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze.)
M. Srein adresse une nouvelle copie d’un Mémoire ayant pour titre :
Réflexions physiques sur la loi du mouvement de la lumière , de la Terre,
de la Lune et des eaux dans le flux et reflux de la Mer.
La Commission à laquelle le Mémoire a été renvoyé lors de la première
présentation, sera invitée à hâter son rapport.
CORRESPONDANCE.
PALÉONTOLOGIE. — Ossements fossiles du Gers ; extrait d'une lettre
de M. Larrer à M. Flourens.
« Je viens encore vous prier d'annoncer à l’Académie un nouvel envoi
d’ossements fossiles, le plus considérable peut-être que j'aie adressé au
Muséum. Dans l’une des trois caisses dont il se compose, se trouvent des
restes d'animaux de divers genres, entre autres quelques morceaux d’un
nouveau grand carnassier plus voisin du chien, ce me semble, que celui
déjà désigné par le nom d’#mphicyon.
» La partie importante de cet envoi consiste dans deux grandes caisses
89..
( 656 )
du poids de sept quintaux environ, lesquelles renferment une bonne
moitié au moins du squelette d’un Mastodonte à dents étroites. »
Suit une énumération de ces différentes pièces que M. Lartet considère
comme ayant indubitablement appartenu au même individu.
« Ces pièces, reprend-il, sont en général d’une conservation rare, eu
égard à l’état dans lequel se trouvent d'ordinaire les restes des grands ani-
maux. Les côtes sont presque toutes fragmentées, mais il sera possible
d'en rejoindre les morceaux.
» La demi-mâchoire inférieure est tronquée par le bout, et l’on y re-
connaît distinctement l’alvéole d’une forte incisive, dont on retrouve un
fragment avec les autres pièces. J'ai déjà envoyé au Muséum plusieurs de
ces incisives inférieures de mastodonte; elles se distinguent des supé-
rieures par leur forme plus comprimée et par l'absence totale d’émail. En
revanche , elles sont revêtues d’une couche d'ivoire d'une texture diffé-
rente de celui qui forme le noyau de la dent.
» L'existence, incontestable maintenant, d’incisives chez le mastodonte
à dents étroites (M. angustidens, Cuv., l’ancien animal de Simorre) ne
'accorderait pas avec quelques observations très précises de G. Cuvier. Il
restera donc à décider si ces faits contradictoires excluent l'identité spé-
cifique , ou bien si l’anomalie signalée ne rentrerait pas dans le cas d’une
distinction purement sexuelle. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau carbure d'hydrogène obtenu de l'huile
de pommes de terre. — Lettre de M. Canours à M. Dumas.
« Je viens de reprendre mon travail sur l'huile de pommes de terre,
ainsi que vous m'y aviez vivement engagé. J'avais admis, d’après la densité
de vapeur de l'huile et la composition qui résulte de laction de l'acide
sulfurique sur elle, qu’elle se comportait comme un véritable alcool. Afin
de vérifier cette hypothèse, il fallait en isoler l'hydrogène carboné : c’est ce
dont je viens de m'occuper. En traitant l’huile par l'acide phosphorique
anhydre et lui faisant subir plusieurs distillations sur cet acide, j'obtiens
un liquide huileux, léger, d’une odeur aromatique, bouillant vers 160°, et
possédant des propriétés toutes différentes de l'huile qui lui donne nais-
sance. J'ai fait de ce produit trois analyses qui m'ont donné :
0£,450 ont fourni Eau.... 0,562 Acide carbonique..:. 1,394
0,400 ont fourni Eau.... 0,499 Acide carbonique.... 1,245
0,250 ont fourni Eau.... 0,309 Acide carbonique.... 0,777
=
Ce qui donne :
‘8 11. IN
(Care 85,90 ..... 86 . 86
HER 14,05 .. TASSE TA
99,95 100 100
Ce qui conduit à la formule CH.
» C’est donc un véritable carbure d'hydrogène ayant même composition
que le méthylène et le gaz oléfiant, et ne différant de ceux-ci que par l’état
de condensation de ses éléments. Il était nécessaire de déterminer la.den-
sité de vapeur de ce produit, et j'ai obtenu d’une expérience faite dans
votre laboratoire les résultats suivants :
Excès de poids du ballon......... 08,508
Température de la vapeur........ 200°
Volume du ballon:..... Dobdeon at 196°%
Baromètre .......... ÉDRUEe 14. 00,700
Température de Jair............ 18°
Ce qui donne pour la densité cherchée 5,06.
» La densité calculée, en supposant que C*H*° représente 2 volumes
de vapeur, serait 4,904. Il existe donc ici une anomalie que ne présentent
ni le méthylèhe ni le gaz oléfiant. Je vous prie de vouloir bien m'éclairer
à ce sujet, »
Note de M. Dumas à la lettre précédente.
« Ordinairement les carbures d'hydrogène sont plus volatils que les al-
cools qui les fournissent ; mais ordinairement aussi, un équivalent de cha-
cun de ces carbures d'hydrogène fournit quatre volumes de vapeur. On
avait déjà, cependant, une exception dans le carbure qui s’extrait de l’es-
prit pyro-acétique; celui-ci est bien moins volatil que l’esprit pyro-acétique
lui-même. M. Cahours vient de rencontrer un nouvel exemple de ce genre,
mais il me semble qu'il a fait plus, c’est-à-dire qu’il a découvert l’explica-
tion de ce fait remarquable.
» M. Cahours vient de trouver, en effet, que tandis que l'huile de
pommes de terre qui est un alcool se divise par quatre, son carbure d'hy-
drogène se divise par deux seulement; en sorte qu'ici, le carbure d’hydro-
gène est deux fois plus dense que dans les alcools ordinaires. Si l’on se
demande maintenant pourquoi le carbure d'hydrogène nouveau ne se di-
vise que par deux au lieu de se diviser par quatre, la seule réponse qui
puisse être faite, c’est que dans le nouveau carbure d’hydrogene, le car-
( 688 }
bone entrerait en atomes impairs dans chaque volume de vapeur. Il en se-
rait de même dans le cas du carbure d'hydrogène extrait de l'esprit pyro-
acétique.
; à < ÿ 4 10 F20 20 H°°
» Ainsi, au lieu d’avoir n — CH; on à = C'°H'°. D'un autre
Qu ; : : CHE
côté le carbure provenant de l'esprit pyro-acétique donnerait ni == OST,
ë I C'2 HS ; :
tandis qu'on a probablement T3. Je prends la liberté de recommander
ce point de vue à M. Kane.
» Voila une nouvelle preuve , et une preuve remarquable, du danger de
généraliser les lois qui en semblent le plus susceptibles, et surtout du dan-
ger qu'il y aurait à se contenter de déduire des densités de vapeur non
déterminées de celles de leurs combinaisons en se guidant par de simples
analogies. »
GéoGrAPgrE, — M. DEnaix, en adressant une nouvelle livraison de son
Nouveau Cours de Géographie générale (Atlas physique, politique et histo-
rique de la France), rappelle qu'il y a déjà onze ans que ses premiers essais
de géographie méthodique et comparative ont été présentés à l’Académie.
« L'accueil bienveillant que j'en recus alors, dit M. Denaix, m'encouragea
à poursuivre l’entreprise ardue de refaire l'enseignement de la science
sur des bases nouvelles, bases que je trouvais indiquées d’ailleurs dans
la savante introduction à la géographie physique de M. Lacroix.
» Parvenu aujourd'hui à la neuvième livraison de mes publications,
je n’ai presque rien encore fait paraître comme texte explicatif de ma
méthode. Mes éléments de géographie générale sont néanmoins entière-
ment rédigés; mais, en raison des relations qui doivent exister entre
cette première partie et les suivantes, je ne me hâte pas de mettre sous
presse....»
MÉTÉOROLOGIE. — M. Korrrsky adresse des réflexions relatives à la com-
munication faite dans la séance précédente par M. Arago, sur certames
observations dans lesquelles la £empérature de l'air, en plein jour, a été
trouvée croissante avec la hauteur.
M. Jules Guérin adresse un paquet cachete.
L'Académie en accepte le dépôt.
A quatre heures trois quarts l’Académie se forme eu comité secret.
La séance est levée à cinq heures. F;
( 65% }
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE:
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences, 1°* semestre 1858, n° 18, in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et AraGo;
tome 66, décembre 1837, in-8°.
Annales de la Société Entomologique ; tome 6; 4° semestre, 1837,
in-8°.
Portrait de M. Arago, gravé par M. Srxoemers, d’après le tableau de
M. Schefjer.
Atlas Physique, Politique et Statistique de la France , formant les 10°,
11 et 12° livraisons du nouveau Cours de Géographie générale; par
M. Denuix.
Histoire naturelle des Iles Canaries; par MM. Wess et BERTHELOT :
30° livraison in-4.
Voyage dans l'Amérique méridionale; par M. »'Ormenx, 32° livraison,
in-4°.
De l'Ibérie ou Essai critique sur l'origine des premieres populations de
l'Espagne; par M. Grasuin; Paris, 1838, in-8°.
Histoire philosophique des Sciences et de la Civilisation; par M.J. Morann;
Paris, 1838, in-8.
Des générations spontanées, de l'Ovologie et de l'Embryologie ; par
M. Gxiaup DE Caux; Paris, 1838, in-8°.
Suite des observations relatives à l'efficacité des eaux thermales de Vichy
contre la pierre et contre la goutte; par M. Cu. Perir; Paris, 1858, in-8°.
Histoire abrégée de quelques affections qui peuvent occasioner la mort
subite ; par M. F.-L. Picuaro; brochure in-8°.
Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département
de la Marne. — Résumé des Rapports faits à la Société dans les Séances
des 9 septembre, 7 novembre 1837 et 1°* février 1838, in-8°.
Notice historique sur le T employé à la construction des hautes che-
minées d'usine; par M. Toroeux, pharmacien; Cambray, in-8°.
Lettre de M. le chevalier de Paravey sur les collections chinoises et
japonaises se trouvant à La Haye et à Leyde; demi-feuille in-8°.
( 660 )
Revue zoologique, par la Société Cuviérienne, association universelle ;
par M. Guérin Mennevicce ; avril 1838, in-8°.
The civil engincer. ... Journal des Ingénieurs civils et des Architectes ;
feuilles N, O et P, in-4°.
Reise nach dem.... Voyage à l'Oural, à l’'Altaï et à la mer Cas-
pienne , fait par ordre de S. M. l'Empereur de Russie, en 1829; par
MM. Avexanore De Humsornr, Gusrave Rose et ExRENBERG ; partie géo-
gnostique rédigée par M. G. Rose; tome 1 avec une carte fondée sur les
observations astronomiques de MM. Wiscuxewze, Humsornr et Enrwar;
Berlin, 1837, in-4°.
Elementi di...Æléments de Mathématiques adoptés par la Commission
d'instruction publique pour les Écoles de Sicile ; par M. A. Casano;
Palerme, 1832 —1835, 3 vol. in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; tome 4,
n° 5, mai 1838, in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; 5° année, n° 7,
avril 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 18, in-4°.
Gazette des H6pitaux ; tome 12, n° 52 — 54, in-4°.
Écho du Monde savant ; 5° année, n° 331.
La Phrénologie, 2° année, n° 3, in-4°.
L'Expérience, Journal de Médecine , n° 36—37, in-8°.
L'Armée, Journal militaire , n° 45.
( 661 )
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O'N'N tte amo8ennlrég +]ltc + op +l9ç'içL Si +]go'6pL 9°9 +|89 ‘gpl ie +/c0'LYL| 67
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ON TRS °° teexno8ennlott +6 Pr + g‘oi—|ÿo‘obl 9° Vr-+|Yo ‘ol o‘ci+|06 ‘ol 6e +|66'LYEL cz
ass" "em ‘yranoploth +lgtuitl Go HIS one 18 +9 yyL ÿ'6 +igc pl a +189 "EL ÿe
SEE ER ANte + 9‘11+ CU +loc'chpl 1‘o1+|98 ‘zh 69e HlrotchL g‘9 +|ga‘zbl £c
"M0p 3 gs". *-xnoxode yo —|£gçr+| &‘9 +|gc‘oÿl Lait gl'Lol g‘or+|pÿ<ocl 16 +l19‘oÿl| ve
‘O ‘nee xeanoplo to —|c‘o ce c'e ae Yi 6‘L + 19‘oPL & (9 aE c9‘6L gr Je go‘ocL IG
IN] "te t-pranonloto |ytl + c'e +ILLGYL Lg +lel‘orl ÿ‘G +loc‘6ÿL 1‘ HIYL'GEL| oz
Of" "end atoanonhtr +lg‘o +1 |cte +lap'obt po +]86‘LyL 1ÿ +]e6 eÿL ziç +|7ÿ'6ÿL| 67
‘ON 0/' "°°" """"o8œu ‘yoanonfc to + 9° + Lt1 +)69ocL p'e +|eç‘6ye 0x +IçL‘oyL RE AU j
ON ‘O|""" "2%u ep pou psoroetr +9 + y +lre 6L 19 +|cr6yL 6°} +log‘gÿl o'g +|6p‘gÿl| Li
ON" "UsP18 woanonlete +66 + c'ÿ +Iyh GEL 1h +Ig6trct G‘L +loctzcL g‘L +log‘zçl| or
0 ce ee Art) gti +letcrt 9‘6 + Yh'acl g‘1r+ gL‘ecL c‘i1+/1L€ccl 9‘6 +196 ‘oc£l çr
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O'N'Nl'"""""""""xno8enu saarlo‘e +|çtr 1‘L +\6e'Gcl g‘oi+ 6g ‘094 g‘oi+ {rec o‘g +|69‘col| er
ON NT" "yran0)9|6 ‘9 +6 er+ c'e +los‘zol G‘et+|ch‘ogL c‘11+|c6‘09£ ‘114 |eç'ogl| &1
'S'S """"""""'e:--marxglzte +legr+ Year |19*6cL g‘Li+|1ctog1 1<g1+|cG6 "191 Y‘ci+|s6‘cg£| 1x
O Nf "+" jp nesgletc +L it 96 +loc‘cgL 1h14 |08 091 6‘11+166 ‘091 g‘8 +Içr‘r9l| ox
‘O'N ‘0 DO 7 DOTE CRU) 0 ar. Y°1r+-| g‘L + zG‘ocl g‘or+ oc‘eçl ç‘6 + 11/xGL c‘G + YLrGL 6
‘O'Sl" PAPO OS ONCE o‘9 ne g‘or+ 8 un 86 ‘opL c‘6 + gr yyL o‘o1+ oc'‘cbl y‘6 + Lo‘geyL ÿ
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C.R, 1838, 1er Semestre. (T. VI, No 18.)
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 413 MAI 4838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
emtmie OPTIQUE. — Sur l'emploi de la lumière polarisée pour manifester
les différences des combinaisons isomériques; par M. Bio.
« La savante lettre que M. Berzélius vient d'adresser à l’Académie, an-
nonçant l’extension du caractère de l’isomérie à un grand nombre de
produits organiques, j'ai cru pouvoir saisir utilement cette occasion de
proposer aux chimistes l'emploi des procédés optiques, comme propres à
les’aider souvent dans l'étude de ces corps, en leur fournissant des indices
sensibles pour caractériser leur constitution moléculaire actuelle, soit à
l'état d'isolement, soit dans les combinaisons où ils les engagent; sans
avoir à craindre, dans ces deux circonstances, aucune chance de dé-
composition, résultante du procédé employé.
» Les corps appelés isoméres, offrent un des cas les plus singuliers de
la mécanique chimique. Contenant les mêmes principes pondérables,
unis dans les mêmes proportions, ils offrent cependant des affections,
ou du moins certaines affections chimiques , dissemblables , qui obligent
À les considérer comme des systèmes moléculaires distincts. Ces deux ré-
C. R. 1838, 197 Semestre, (T. VI, N° 20.) 91
( 664)
sultats, en apparence contraires, se concilient aisément, si lon imagine
que, dans les corps dont il s’agit, les groupes complexes, qui exercent
l'action chimique sans se désunir, contiennent des nombres différents
d’atomes semblables , formés par l'union de leurs principes élémentaires;
ou bien que ces atomes, en nombre égal, y sont arrangés entre eux dif-
féremment #oui, enfin, que: ces’ deux genres’ de! dissemblance ont lieu à
la fois. L'idée que l’on s’est formée ainsi du phénomène de l’isomérie, en
est même l'expression nécessaire , si les principes pondérables seuls cons-
tituent les corps. Elle est du moins la première et la plus simple que
l'on ait dû admettre, jusqu’à ce que son insuffisance fût prouvée.
» Le choix entre les diverses possibilités que je viens d'indiquer, se
fait en comparant les proportions pondérables de chaque corps qui s’u-
nissent à d’autres corps pour former des combinaisons de même ordre ;
mais il n’est pas toujours également facile de contraindre ces rapports à
se manifester.
» Par exemple, les huiles essentielles de citron et de térébenthine,
amenées par des rectifications successives à un état de composition per-
manent, ont été reconnues par plusieurs chimistes très habiles comme
exactement isoméres: Ils y ont alors trouvé pour éléments uniques l’hy-
drogene et le carbone, unis dans la proportion commune de 23 parties en
poids du premier contre 177 du second. Mais en les combinant toutes
deux avec un troisième corps, l'acide hydro-chlorique, il se manifeste entre
elles une différence profonde. Chacune se sépare d’abord en deux por-
tions, encore isoméres, qui, s’unissant à l'acide, donnent deux produits,
l’un liquide, peu étudié jusqu’à ce jour, l’autre solide que lon a exacte-
ment analysé. Or, dans celui-ci, on trouve un poids inégal des deux es-
sences, pour l’unité d'acide; le rapport est comme 1 à 2. De là on conclut
que le groupe moléculaire qui constitue l’essence de térébenthine et qui
s’unit à l'acide, contient en atomes complexes, formés d'hydrogène et de car-
bone, un nombre double de celui qui constitue l’essence de citron. Toute-
fois cette conclusion ne vaut que pour la portion qui donne le produit so-
lide , puis qu’on l’a seule analysée. D'autant qu’en décomposant ce produit,
on n'y retrouve plus l'essence méme dont il est extrait, mais seulement un
liquide encore isomérique avec elle, et qui en diffère par plusieurs caractères
physiques extérieurs. Du reste on ne connaît pas d’autre combinaison fixe
où l’on puisse engager les deux essences; et ainsi ce sont là à peu près les
seuls indices chimiques que lon ait sur la diversité de leur constitution
moléculaire. Maintenant voici ceux qu’y ajoute l'emploi de la lumière pola-
( 665 )
risée. D'abord, en faisant traverser chacune des deux essences par un
rayon de cette lumière, on voit tout de suite que leurs groupes molécu-
laires sont constitués différemment; car elles agissent en sens contraire
sur le rayon, chacune dans le même sens que son hydro-chlorate. En
outre, l’intensité atomique de l’action, pour être amenée à l'égalité,
exige encore à fort peu près ce rapport pondéral de 1 à 2, qu'on avait
trouvé dans la combinaison chimique solide, comme.M. Dumas l’a re-
marqué lorsque j'ai présenté ces expériences de comparaison à l'Académie.
Enfin, le liquide qu’on retire de cette combinaison, quand on la dé-
compose , peut être étudié de même. Cest ce que j'ai eu l'occasion de
faire pour celui que donne l'essence de térébenthine , d’abord sur un
échantillon que M. Dumas m'avait remis, puis sur d’autres d’une dia-
phanéité parfaite, que M. Oppermann avait bien voulu m'adresser,
après les avoir préparés lui-même avec les plus grands soins. On y
reconnaît alors une dissemblance intime avec l'essence primitive, comme
annonçait la différence des caractères extérieurs; ce qui d’ailleurs ne
contrarie en rien leur isomérie (r). Les notions ainsi obtenues direc-
tement sur la constitution des groupes moléculaires, tant des deux es-
sences, que des produits combinés qu'on en dérive, ne peuvent-ils pas
être de quelque secours à la Chimie, dans ce cas où elle en a si peu? ne
füt-ce que pour fixer des limites expérimentales à ses interprétations.
» l'utilité d’une semblable épreuve est encore plus évidente lorsqu'on
ne connaît aucun corps, qui forme, avec les substances isomères, des com-
binaisons de même ordre où leurs groupes propres entrent en diverses
proportions. Tel est le cas des acides tartrique et paratartrique. L'analyse
(1) Le liquide que M. Dumas m'avait remis, et dont il avait lui-même constaté
l’isomérie avec l’essence de térébenthine, m’a offert un pouvoir rotatoire de même sens
qu’elle, mais sept fois moindre en intensité. Le rapport exact était 7,062. L’essence à
laquelle je le comparais était la même que M. Dumas avait employée pour le produire,
ct dont il avait bien voulu aussi me remettre une certaine quantité. Les deux échan-
tillons du produit analogue, que j’ai reçus de M. Oppermann, sont d’une diaphanéité
parfaite. Ils ont été séparés de toute trace d’acide par une dernière distillation, où le
liquide était amené en vapeur sur du potassium soigneusement préparé. Leur constitu-
tion physique est’ dissemblable. L’un d’eux se prend tout entier ea très beaux cris-
taux parfaitement définis, lorsque la température descend à 10° au-dessus de zéro,
comme M. Oppermann l'avait observé; l’autre, dans les mêmes circonstances, ne
doune que partiellement de semblables cristaux, et le reste demeure fluide. Ces pro-
duits se trouvant ainsi suffisamment distingués de l'essence par les caractères précédents,
je les ai conservés intacts pour les employer comparativement avec la combinaison li-
OT.
( 666 )
chimique leur trouve une composition identique. Les expériences jusqu'ici
connues paraissent établir que, dans toutes leurs combinaisons de même
ordre, avec d’autres substances, chacun d’eux porte exactement les mêmes
proportions. Leur correspondance se conservé jusque dans la série des
modifications qu’ils parcourent, quand on agit sur eux de la même ma-
nière pour les détruire. Néanmoins leur mode différent de cristallisation,
surtout leur solubilité inégale quand ils sont désagrégés, inégalité qui se
communique à plusieurs de leurs sels, suffit pour prouver indubitablement
que leur constitution moléculaire est différente; et ce sont là, je crois, les
seuls caractères de dissemblance par lesquels la Chimie les distingue. Mais
dissolvez-les dans l’eau pour les désagréger , et faites passer un rayon de
lumière polarisée à travers leurs solutions; la diverse constitution dé leurs
particules deviendra aussitôt visible. Car l'acide tartrique agira sur cette
lumière par un pouvoir moléculaire sensible, mesurable, qu’il portera
dans tous les tartrates; tandis que, dans les mêmes circonstances, aucune
action appréciable de ce genre ne se montrera avec l'acide paratartrique,
ni avec ses sels.
» La même méthode, je dirais volontiers le même réactif, manifeste im-
médiatement la diverse constitution d’un grand nombre d’autres subs-
tances isomères. M. Berzélius reconnaît aujourd’hui pour isomères le sucre
de cannes, la gomme arabique, l’inuline, la fécule , la dextrine. Je n’ai
point à discuter cette opinion de l'illustre chimiste. Il se peut que les ana-
logies de la science qu'il cultive lui dictent ces rapprochements. S'ils se
multiplient, et s'ils sont reconnus nécessaires, il deviendra de plus en plus
probable que les seuls principes pondérables ne constituent pas les corps,
quide et avec le produit qu’on en retire, si je parvenais à m'en procurer. Quant au
produit solide, appelé le camphre artificiel, j’ai publié depuis long-temps les observa-
tions que j'avais eu occasion d’en faire. Le pouvoir rotatoire primitif de l’essence s’y
conserve, pour le sens qui est aussi dirigé vers la gauche, et même, autant que j’ai pu
le voir, pour l'intensité. Je n’ai pu observer l’hydro-chlorate d’essence de citron que
sur une très petite quantité que M. Dumas m'avait remise. Il na paru agir aussi dans
le sens de l’essence, c’est-à-dire vers la droite ; mais il faudrait pouvoir répéter l’ob-
servation sur une quantité un peu plus notable , pour constater complétement le fait,
et mesurer l'intensité de l’action.
Les analyses que j'ai rappelées ici sont tirées, 1° des recherches de M. Thénard,
Mémoires d'Arcueil, tome Il, et Traité de Chimie, 6° édition, tome IV ; 2° de
la thèse publiée par M. Dumas et de son Traité de Chimie , tome V ; 3° enfin de
l'excellent Mémoire composé par MM. Blanchet et Sell, Annales de Pharmacie, t. NT,
et Journal de Pharmacie , n° IV, 20° année.
( 667)
ou du moins ne déterminent pas complétement leurs propriétés, ce qui
n'a rien qüe de très possible: Quoi qu'il en soit, les substances qui
viennent d’être nommées montrent à l'instant des diversités d’affections
moléculaires aussi variées que profondes quand on les étudie par la lu-
mière polarisée. Le sucre de cannes, et la fécule désagrégée, dévient les
plans de polarisation dans un même sens, vers la droite. Mais leur action
est tres inégale en intensité; et elle estmodifiée d’une manière toute diverse
quand on expose ces deux substances à des agents chimiques; qui les altérent
progressivement, et les transforment dans d’autres produits. La gomme ara-
bique et l’inuline, dissoutes dans l’eau, agissent sur le rayon polarisé, en
sens contraire des précédentes. Elles dévient ses plans de polarisation vers la
gauche; et les réactifs chimiques modifient aussi cet effet tout différem-
ment(1).La plupart de ces réactions peuvent être rendues à volonté lentes
ou soudaines. On peut suivre leur progrès pendant des années entières,
sous les influences combinées du temps et des diverses températures, ou
les voir s’accomplir en un moment. Les produits formés ont aussi, généra-
lement, des pouvoirs rotatoires propres qui sont dissemblables. Le progrès
de leur formation l'est aussi ; et lorsqu'il se termine définitivement par une
transformation en matières sucrées, comme cela a lieu pour les quatre subs-
tances que je viens de comparer, ces sucres se montrent moléculairement
distincts dans leurs actions rotatoires. Toutcela ne peut-il pas être de quel-
que secours à la chimie pour étudier des substances qui lui semblent iden-
tiques dans leur composition , et que , parfois, elle peut difficilement ame-
ner à manifester des affections atomiques d’une dissemblance certaine?
(x) Lors des premières recherches que nous avons faites, M. Persoz et moi, sur la
dextrine, nous nous assurâmes que l’inuline dissoute dans l’eau exerçait la rotation en
sens contraire de cette substance, c’est-à-dire vers la gauche. Je viens de vérifier de
nouveau ce fait. J’ai constaté de plus que l'acide sulfurique étendu ne change point le
sens de rotation de l’inuline, même quand on chauffe le mélange jusqu’à le faire bouil-
lir pendant plusieurs minutes, comme M. Frémy l’a vu avec moi. Le contraire arrive
pour la gomme arabique dans les mêmes circonstances, comme nous l’avons prouvé,
M. Persoz et moi, dans le travail que je viens de rappeler. La rotation primitive de la
gomme qui s’exerce aussi vers la gauche, comme celle de l’inuline, s’affaiblit peu à peu
sous l'influence de l’acide, avec abandon d’une matière précipitée; et elle passe enfin
à droite, où elle se fixe quand le produit liquide est transformé en sucre. Cette inversion
wayant pas lieu pour l’inuline, le sucre qu’elle donne par sa transformation, comme
les chimistes l’ont reconnu, doitavoir la rotation de même sens qu’elle ; ce qui le rend,
sous ce rapport, analogue à celui que produit le sucre de cannes interverti par les acides
étendus.
( 668 )
» Que l’on me permette de citer l’amidon comme exemple: M. Berzélius
reconnaît que les analyses faites par M. Payen, sur cette substance et sur
la dextrine ,sontexactes. Les commissaires nommés par l'Académie peur les
examiner, en ont porté le même jugement. Or, qu'ont prouvé ces analyses?
C’est que, lorsque la fécule, qui est primitivement un globule organisé
de dimension sensible, a été suffisamment désagrégée pour que ses
groupes moléculaires puissent entrer en combinaison chimique avec
d'autres substances, quel que soit le degré de cette atténuation , et la nature
des principes chimiques ou des procédés mécaniques employés pour lo-
pérer, les groupes moléculaires ainsi obtenus offrent toujours la même
composition élémentaire et la même capacité de combinaison; de sorte
que leur formule atomique ou rationnelle, comme on l’appelle, est aussi
la même. Mais voilà précisément ce qu'annonçait l'identité de sens et d’é-
nergie de leur action sur la lumière polarisée, dans les divers états dont il
s'agit; et M. Payen s’est plu à reconnaître que c’est la constante identité
‘de ces indices moléculaires qui a guidé et soutenu sa persévérance dans
les recherches délicates qui l’on conduit à ses conclusions (x).
» J'oserai dire que les mêmes indices devancent aujourd’hui les résultats
de la chimie, en manifestant des dissemblances d’actions moléculaires dans
des circonstances d’isomérie auxquelles elle n’a pas encore appliqué ses
procédés d'investigation. Il n’y a rien de plus rigoureusement isomérique,
qu'une solution aqueuse d'acide tartrique, amenée temporairement à des
températures de quelques degrés différentes, dans des vases clos. Mais la
lumière polarisée montre que les affections moléculaires de ces solutions
varient progressivement avec le degré du thermomètre, et reviennent au
méme état primitif quand la température est revenue au même degré.
Peut-on croire que ces variations n'en occasionneraient pas de correspon-
dantes dans les propriétés chimiques des groupes, si l'on avait des réac-
tifs assez délicats pour les apprécier ?
» Enfin, aux exemples multipliés que l’on pourrait donner de ces appli-
cations, je me bornerai à ajouter que le même mode d'observation peut
(1) M. Berzélius cite le salep comme isomère à l’amidon. Cela est très naturel, puisque
le salep est aussi une fécule; car les analyses faites par M. Payen sur des fécules très di-
verses lui ont toujours donné la même composition identiquement. Et moi-même j'a
vais déjà antérieurement constaté cette identité, par les procédés optiques pour les
fécules de panais et de pomme de terre ; lorsque la première était séparée par de nom-
breux lavages, du sucre de cannes auquel on la trouve ordinairement associée dans la
racine du panais.
( 669 )
souvent servir pour apprécier, et rendre en quelque sorte oculairement
sensibles, les modifications temporaires d'état que certaines substances
subissent, quand elles se com binent avec d’autres douées du pouvoir rota-
toire: C’est ce que M. Péligot, par exemple, pourra aisément constater
sur les combinaisons solubles qu’il a formées avec les différentes especes
de sucres, s’il veut leur appliquer les méthodes que je viens d'indiquer.
Et elles ne seraient pas moins propres à compléter les caractères des
transformations progressives que M. Frémy a opérées dans l'acide tartrique
par la chaleur; ce que je puis inférer en toute assurance, des: occasions
que ces deux jeunes et habiles chimistes m'ont données d'observer quel-
ques-uns de leurs produits. En général, lorsqu'on entre un peu profon-
dément dans l’étude intime des corps, on ne tarde pas à reconnaître qu'il
faut les soumettre aux épreuves les plus variées pour deviner les mystères
de leur constitution; et, plus la nature des procédés qu’on peut leur ap-
pliquer est différente, plus les caractères qu'ils nous révelent sont précieux
à combiner , à cause de l’éloignement des conditions mécaniques que nous
pouvons alors rattacher ensemble. Aurait-on pu croire, il y a quelques
années, que les impressions produites sur les liquides en mouvement, par
les vibrations d’un instrument de musique , seraient l'indice le plus immé-
diatément propre à mettre en évidence le mode physique par lequel
s'opère leur écoulement ! »
M. Duuas commence la lecture d’un Mémoire en réponse à la lettre de
M. Berzélius; ce Mémoire paraîtra dans un prochain numéro.
Remarques de M. Dumas à l’occasion du Compte rendu de la précédente
séance.
« Dans les épreuves du Compte rendu qui m'ont été transmises, j'avais
trouvé la phrase suivante : « il (M. Pelouze) convient d’avoir dit à M. Du-
».mas que le citrate de zinc perdait un demi-atome d’eau par la chaleur :
» mais il ajoute que ses expériences n'étaient pas terminées, et que, dans
» tous les cas, une rectification lui eût paru préférable au silence complet
» que M. Dumas a gardé dans cette circonstance. »
» Cette phrase se trouve remplacée par celle-ci :
« 11 (M. Pelouze) a dit, en effet, à M. Dumas que le citrate de zinc seul
» perdait un demi-atome d’eau, mais M. Dumas savait parfaitement que
» les expériences de M. Pelouze n'étaient pas terminées. »
( 670 )
» La premiere rendait très bien les paroles prononcées par M. Pelouze ;
la seconde exprime des faits que je n’aurais pas admis ; je demande que
ma réclamation soit insérée dans le prochain Compte rendu, tout en m'é-
tonnant que les souvenirs de M. Pelouze le servent si mal qu'il ait pu y
trouver à deux jours de distance deux phrases aussi différentes. »
Réponse de M. Prcouzr.
«Jai une observation semblable à faire sur la Note que M. Dumas a
insérée dans le Compte rendu. Il est fait mention dans cette Note de
M. Liebig dont le nom n'avait point été prononcé devant l'Académie.
C'est cette circonstance qui m'a déterminé à revenir encore aujourd’hui
sur ce débat. »
Remarques de M. Pecouze à l'occasion du Compte rendu de la séance
précédente.
« L'Académie a entendu la réclamation que j'ai adressée lundi dernier à
M. Dumas; elle a pu remarquer avec quel esprit de modération ma note
était rédigée. J’espérais n’avoir plus à revenir sur ce sujet, je me trompais.
Loin de se rappeler les circonstances si précises pourtant de la communi-
cation que je lui avais faite, M. Dumas paraît avoir tout oublié, les dates,
les faits, leurs conséquences. Je me trouve dès-lors dans l'indispensable
nécessité de produire des pièces et des témoignages.
» Ce fut à l'issue d’une séance de l'Académie, dans les premiers jours du
mois de septembre dernier, que je fis a M. Dumas la communication sur
laquelle ma réclamation tout entière est fondée. Je lui dis en toutes lettres,
que j'avais enlevé un tiers d’atome d’eau à un grand nombre de citrates,
et que je regardais cette eau comme de l’eau de cristallisation.
» Lors du séjour de M. Liebig à Paris, dans le courant du mois d’octo-
bre, je parlai encore de mes expériences à M. Dumas, et c’est alors seule-
ment que je lui dis que le citrate de zinc, différent de tous les autres citra-
tes, perdait un demi-atome d’eau par la chaleur. A la suite de cette seconde
commumication , M. Dumas me dit qu'il s’occupait de son côté des citrates.
Ce ne fut donc pas au moment méme de ma première communication,
mais cinq semaines après, qu'il me fit cette réponse. Au reste ; la mémoire
de M. Dumas le sert si mal, que tout, jusqu'aux moindres circonstances
dont il a parlé, est inexact. Cette seconde conversation n’eut pas lieu chez
M. Robiquet, elle ne fut point interrompue, M. Dumas ne courut point
.( 671 )
après moi ; comme il l'a dit, pour établir des droits que je ne Le pas
lui supposer l'intention de En valoir.
» M: Dumas lut,le:i8-décembre, à l’'Académiela note qui lui est com-
mune avec M: Liebig. Je n’assistais pas à la séance, j'étais malade et rétenu
au lit Le samedi suivant , mon étonnement fut extrême en lisant le Compte
rendu; \et'y voyant mes expériences téxtuellement rapportées sous les
noms dé MM. Dumas et Liebig. J'écrivis aussitôt à ce dernier pour lui
exprimer la peine que j'éprouvais de voir son nom à la tête d’un Mémoire
donit j'avais à me plaindre, et lui faire part de la résolution que j'avais
prise d'adresser immédiatement une réclamation à l’Académie.
» M. Liebig me répondit, le 6 janvier, ce’ qui suit (je prie l’Académie
de remarquer que ces paroles sont du collaborateur de M. Dumas) :
« Relativement à là réclamation que vous entendez faire pour vos ci-
»'ttrates ; j'ai écrit à M. Dumas;:et l'ai prié de vous restituer publiquement
» Ce qui vous appartient. »
» Quelques jours après, M. Dumas vint me trouver pendant une séance
de l'Académie, il me conduisit à la bibliothèque, et là, me dit que
M. Liebig était mécontent que j'eusse été oublié dans léur note commune.
Il m'exprima lui-même ses regrets de ne m’avoir pas cité. Il ne songea pas
alors à expliquer son silence en m’opposant l'analyse du citrate dé zinc.
Sans doute, il comprenait qu’une seule exception à la règle générale , une
seule anomalie, que jé ne pouvais manquer de voir disparaître en conti-
nuant mon travail, ne suffisait pas pour altérer la netteté des résultats,
au point de m'’enlever la propriété de mes expériences.
» M. Dumas ajouta qu'il publieraït une seconde note sur les citrates
aussitôt que M. Berzélius aurait terminé l'analyse du citrate d’argent que
M. Liebig l'avait prié de répéter, et que si je voulais bien attendre jusqu’à
cette époque, toute satisfaction me serait donnée!
» Jy consentis : on peut voir maintenant si j’eus tort ou raison.
» Je fis part à M. Liebig de mon entretien avec M. Dumas.
» Il me répondit, en date du 20 janvier, ce qui suit :
«Je n’entends rien à la réponse que M. Dumas vous à faite: Qu’a à faire
> la réponse de M: Berzélius avec la justice qu’il devait vous rendre. Je Vai
»'prié de m'envoyer sa/note pour voir enfin clair à ce qu’il dit relative-
»'ment ‘aux citratés, mais il ne l’a pas encore fait.»
» Quatre mois se ‘sont écoulés depuis que! M. Liebig m'a écrit ces
lignes. M. Bérzélius n’a pas repris , que je sâche, l'analyse du citrate d'ar-
gent. Jé ne pouvais attendre plus long-temps une rectification à laquelle
C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 20.) 92
(672)
J'avais tant de droits. J'ai réclamé : M. Dumas m'a répondu qu'il y avait de
l’'ambiguité dans mes conclusions. J'affirme, moi, qu'il les a reproduites
textuellement dans sa note, et qu’elles y sont très claires et très explicites.
J'affirme, également, que j'en ai fait part dans les mémes termes à
MM. Thénard, Gay-Lussac, Dulong et Chevreul. L'époque à laquelle j'ai
communiqué mes expériences à MM. Thénard, Gay-Lussac et Dulong est
ancienne : je ne pourrais la préciser. Quant à M. Chevreul, ce fut dans le
mois de juin ou dans le mois de juillet que je lui appris que j'étais parvenu
à enlever + d'atome d’eau à beaucoup de citrates. Tout en admettant
l'exactitude de mes expériences, M. Chevreul rejeta mes explications. Il
croyait, comme M. Berzélius, que la nature des citrates était changée, et
qu'ils étaient convertis en de nouvelles matières.
» Je m'en serais tenu à ma réclamation de lundi dernier, malgré le man-
que singulier de mémoire auquel M. Dumas a été sujet dans cette circons-
tance, si j'avais trouvé dans l’article du Compte rendu relatif à cette dis-
cussion, l'analyse fidèle de ce que notre confrère me fit l'honneur de me
répondre devant l’Académie ; mais M. Dumas a voulu mettre ses dénégations
sous l'égide de son collaborateur M. Liebig, quoique dans notre débat de-
vant l’Académie le nom de M. Liebig n’ait pas été prononcé.
» C’est là ce qui m’a mis dans l'obligation de montrer ce que pensait de
mes droits, de la convenance et de la justice de ma réclamation, le chimiste
habile dont on voudrait aujourd’hui me faire un adversaire.
» M. Dumas appelle un petit débat , la discussion soulevée devant l’Aca-
démie par ma réclamation.
» C’est assez, c’est trop méme à ce sujet, dit-il, encore, en terminant sa
note.
» 11 m'a semblé, quant à moi, que lorsqu'il s’agit, moins d’une question
d’amour-propre que d’un fait qui touche à ma probité littéraire, rien n’est
de trop; que quelques lignes ou quelques paroles ne sont pas de trop. »
Réplique de M. Dumas.
« La nouvelle Note qui vient d’être lue m'oblige à quelques développe-
ments. Je persiste à dire que la conversation dont il s’agit eut lieu chez
M. Robiquet; qu'il y fut question d’analyses et point de la formule de
l'acide citrique, et que dans les analyses citées, il y en avait de contradic-
toires. Cependant, dès que j'ai connu la réclamation de M. Pelouze, je
lui ai offert d'imprimer la note qu'il rédigerait à ce sujet, dans le mémoire
développé que nous devions publier et qui devait paraitre lorsque l’ana-
(673)
lyse du citrate d'argent aurait été vérifiée par M. Berzélius à qui M. Liebig
en avait écrit.
» Ainsi, je n’ai pas parlé des expériences de M. Pelouze parce qu’elles
étaient en partie en contradiction avec les nôtres; mais dès qu’il m’a té-
moigné le désir de voir ses résultats rapportés dans notre travail, j'y ai
accédé avec franchise et sans réserve. Je ne m'explique donc pas la forme
sous laquelle cette réclamation s’est présentée ici, puisque j'acceptais la
note de M. Pelouze sans restriction, et que l’époque de sa publication
était prévue. »
Z00LOGIE. — /libernation des hirondelles. — ŒExtrait d’une lettre de
M. DurrocerT à M. IsiDORE GEOFFROY.
« Je vois dans les Instructions concernant la zoologie, que vous avez
rédigées pour l'expédition scientifique qui se rend dans le nord de l’Eu-
rope, que vous invitez les naturalistes de l'expédition à prendre des
renseignements à l'égard de la prétendue hibernation des hirondelles.
Je puis vous citer, à cet égard, un fait dont j'ai été témoin. Au milieu de
hiver, deux hirondelles ont été trouvées engourdies dans un enfoncement
qui existait dans une muraille et dans l’intérieur d’un bâtiment. Entre les
mains de ceux qui les avaient prises, elles ne tardèrent pas à se réchauffer
et elles s’envolèrent. Je fus témoin de ces faits. Peut-être ces hirondelles,
entrées par hasard dans le bâtiment, n'avaient pas pu en sortir; peut-être,
appartenant à une couvée tardive, étaient-elles trop jeunes et trop faibles
pour entreprendre ou pour continuer le long voyage de la migration.
Quoi qu'il en soit, ce fait prouve que les hirondelles sont susceptibles
d'hibernation, bien qu’elles n’hibernent pas ordinairement. »
M. Durrocner adresse en même temps un paquet cacheté, pour
prendre date relativement à des observations sur lesquelles il doit faire,
à son retour, une communication à l’Académie.
RAPPORTS.
.+ M. Araco continue la lecture des instructions demandées pour l'expédi-
tion d'Afrique et pour le voyage dans le nord de l’Europe (partie relative
à la physique du globe et à la météorologie). Cette lecture ne peut être
achevée.
92..
( 674 )
NOMINATIONS.
MM. Magendie et Serres sont chargés de rendre compte à l'Académie
d’un Mémoire sur la Staphyloraphié, par M. Devillemur , lès’ deux com-
missaires primitivement désignés, sie Larrey et Breschet, ayant cru de-
voir sé récuser.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
céoroc1e. — Mémoire sur les terrains secondaires inférieurs du département
du Rhône; par M. A. LEYMERIE.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, de Bonnard.)
(Extrait par l’auteur.)
« Dans le département du Rhône, entre les terrains anciens ( primor-
diaux et de transition) et le calcaire à gryphées, il existe deux systèmes
de couches qui forment la partie inférieure des terrains secondaires.
» Le plus inférieur de ces systèmes est représenté par des grès quart-
zeux et quartzo-feldspathiques à ciment ealcaire, dans lesquels j'ai re-
connu des couches subordonnées de marnes et de calcaires magnésiens.
Ces grès sont assez connus des géologues sous le nom de grès de Chessy,
à cause des minerais célèbres de cuivre carbonaté qu'ils renferment; ce-
pendant ils n’ont jamais été décrits spécialement et leur place est loin
d'être fixée. Il était donc important d’en faire une étude toute particulière
et de chercher à les déterminer: c’est ce que j'ai fait dans une partie de
ce mémoire, et, malgré l'absence des fossiles, en me servant de carac-
téres dont chacun isolé n'aurait pas une grande valeur, mais qui tirent
une assez grande force de leur réunion et de leur accord; je crois être
parvenu à la détermination dont il s'agit, et c’est aux marnes trisées que
je rapporte ce terrain; peut-être même appartient-il à la partie supérieure
de cette partie du Lias, ainsi que M. Élie de Beaumont en avait eu
l'idée.
» Le second système est un terrain calcaire très distinct, d’une part,
des grès précédents: sur lesquels it repose, et, d'autre part, du calcaire
a gryphées qui le-recouvre, et dont il est séparé par une assise de cal-
caire quartzifère et de macigno; en sorte que ce terrain, qui ne présente
(675 )
pas de grains de quartz, est compris entre deux groupes de couches arés
nacées quartzeuses, et se trouve ainsi très bien limité:
». Personne; que je sache, ne s'était occupé de ce système que j'ai
nommé choin-bdtard, d'après les carriers de ce pays; on l'avait toujours
confondu :avec-le calcaire à gryphées dont il! diffêre essentiellement. J'ai
cru qu’il serait utile de le faire connaître, et j'en donne, dans mon mé.
moire, une description trés détaillée. Comparant ensuite ce choin-bâtard
aux couches qui occupent la même position en différents points de la
France, en Bourgogne; par exemple, en Normandie, en Franche- Comté,
J'ai cherché à donner une idée générale.de l'ensemble des Caractères que
ces couches présentent. Je termine mon travail, par quelques, considéra-
ons qui tendent à faire voir : qu’il existe , au moins. en France » entre les
marnes, irisées et le calcaire à gryphées proprement dit, un système de
couches composé de calcaires, de grès (macignos en général), et, de 7nar-
nes, très, variable d'un point à un autre, soit dans le-sens. horizontal, soit
dans le, sens vertical, ce qui suffirait pour le faire distinguer du calcaire à
gryphées. le plus constant, peut-être, de tous les horizons géologiques,
dont il diffère d’ailleurs par l’ensemble des fossiles et par d’autres carac-
tères de moindre valeur; d’où il semble résulter qu'il conviendrait peut-
être que les géologues fixassent sur ce point leur attention d’une manière
plus, positive qu'ils ne l'ont fait jusqu’à ce jour, et qu'une place particu-
lière, que les besoins de la science semblent réclamer, füt donnée au ter-
rain dont il s’agit, ce qui n'empécherait pas de le considérer toujours
comme une dépendance du lLias.
» Parmi les faits d'un ordre moins élevé, auxquels m'ont conduit mes
recherches, je citerai la présence dans.le, terrain dont il vient d’être ques-
tion. et:dans toutes les.contrées oùil a été décrit avec quelque détail, d’un
assez grand nombre d'échinides appartenant aux genres, Diadema.et Ci-
dlaris. Le! département. du, Rhône m'a fourni. trois espèces nouvelles que
M. Agassiz a rapportées au genre Diadema (Gray); la Bourgogne, en a of-
fert une quatrième également nouvelle, et appartenant encore au même
genre. Enfin, l’on a cité depuis long-temps. des Cidaris.dans le calcaire de
Valognes, fossiles qu’un nouvel examen ferait peut-être rentrer aussi dans
le nouveau genre que nous. venons. de nommer... Les échinides (Cidaris et
Diadema), peuvent donc étre considérés comme des fossiles habituels du
terrain dont il s’agit. Ce fait me paraît mériter d'autant plus de fixer l'at-
tention de l’Académie , que l’on avait cru jusqu’à présent les oursins ex-
trêmement rares dans les lias où ils s'arrêtent d’ailleurs, car on n’en con-
( 676 )
nait pas:de bien constatés au-dessous de ce niveau. Et en effet, apres s'être
montrés assez communs dans certaines couches de l'étage inférieur de
loolite, ils disparaissent, pour ainsi dire, dans le calcaire à gryphées. Leur
réapparition dans le terrain immédiatement inférieur pourra servir à le
caractériser et contribuera peut-être à le tirer des ténèbres dans lesquels
il est resté plongé jusqu’à ce jour. »
MICROGRAPHIE. — Observations sur les éponges; par M. F. DurarDiN,
(Commissaires, MM. Turpin , Audouin.)
« Je viens de répéter cette année sur les spongilles ou éponges d’eau
douce des observations que j'avais déjà faites plusieurs fois depuis trois
ans sur les éponges marines et d’eau douce, mais qu’en raison de leur
importance j'ai cru devoir vérifier par tous les moyens possibles et avec
des instruments de plus en plus perfectionnés.
» Ces observations doivent fixer désormais d’une manière incontestable
la place des éponges dans la classification, et prouver que ces êtres am-
bigus promenés jusqu'ici du règne végétal au règne animal, sont réelle-
ment des groupements d'animaux , de parties vivantes analogues aux
amibes et protées de Müller. S'il n’y a point dans les éponges l’indi-
vidualité propre aux animaux des classes supérieures, on y voit bien po-
sitivement au moins la contractilité et l’extensibilité alternatives qui carac-
térisent tous les animaux.
» En effet, si d'une éponge vivante on détache une parcelle pour la sou-
mettre au microscope entre des plaques de verre, on voit la substance vi-
vante se grouper en masses arrondies irrégulièrement, renfermant des
granules verts ou diversement colorés suivant l’espèce qu’on observe. Ces
masses irrégulières semblent d’abord immobiles , mais en se servant d’un
éclairage convenable on voit sur les bords des expansions arrondies, dia-
phanes qui changent de forme à chaque instant ; souvent aussi des parties
isolées par le déchirement de la masse et largés de un à deux centièmes
de millimètre, se meuvent lentement dans le liquide en rampant sur le
verre au moyen de leurs expansions mobiles et diaphanes comme de vé-
ritables amibes. Ces parties isolées on les prendrait pour de simples glo-
bules verts remplis de granules, si l’on ne faisait apparaître les bords des
expansions par un effet de réfraction.
» Tels sont les faits que j'ai observés dans la spongia panicea et dans
la cliona celata sur les côtes de la Manche, et dans les spongilles de l'Orne
et des environs de Paris, depuis l’année 1835. »
( 677 )
MÉDECINE. — Mémoire sur l'ophtalmologie ; par M.TrRAvERSAT.
(Adressé pour le concours au prix Montyon, Médecine et Chirurgie.)
PHYSIQUE Du GLo8e. — Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées ;
par M. Foxrax.
(Commissaires , MM. Richard, Pelouze.)
BOTANIQUE. — Mémoire sur les végétaux indigoferes, deuxième édition;
par M. JaUME SainT-Hrraire.
( Commissaires, MM. Thénard, d’Arcet, Robiquet. )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur une balance pneumatique ; par
M. Bertuor, ingénieur des Ponts-et-Chaussées.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Gambey.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un appareil destiné à préserver de
l'inspiration de poussières nuisibles, les ouvriers employés au polissage
des canons de fusil; par M. Perir.
(Adressé pour le concours au prix Montyon, concernant les moyens de
rendre un art ou un métier moins insalubre. )
STATISTIQUE. — Supplément à un mémoire sur la Statistique générale de
l'arrondissement de Narbonne, par M. Py; formant la 15° partie de ce
travail.
(Adressé comme les parties précédentes pour le concours au prix de
Statistique. )
CHIRURGIE. — Mémoire sur un sac chirurgical propre au service des armées
de terre et de mer; par M. ACKERMAN.
(Commissaires, MM. Larrey, Roux.)
M. Paray annonce avoir trouvé pour la préparation du charbon destiné
au chauffage des appartements, une méthode au moyen de laquelle on
ferait disparaître, en grande partie, les inconvénients qui résultent de
l'emploi des diverses sortes de braseros jusqu'ici employés; il demande
que son procédé soit soumis à l'examen d’une commission.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Thénard.)
( 678 )
MM. Muursacuer freres demandent que l’Académie se fasse faire un
rapport sur un nouveau système de ressorts de voitures qu'ils ont in-
ventés:
(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier, Gambey.)
CORRESPONDANCE.
M.le Ministre DES TRAVAUX PUBLICS, DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE,
invite l’Académie à désigner\ trois de.ses membres pour faire partie:de: la
Commission chargée de l'examen des pièces de concours de MM. les élèves
des Ponts-et-Chaussées.
(Voyez pour les noms des commissaires désignés, le Compte rendu de la
précédente-séance.)
MATHÉMATIQUES. — De la connaissance qu'ont eue les anciens d'une numé-
ration décimale écrite qui fait usage de neuf chiffres, prenant des valeurs
de position. — Lettre de M, Cases.
« Dans mon ouvrage intitulé : Aperçu historique sur l'origine et le
développement des méthodes en Géométrie , que j'ai eu l'honneur d'adresser
à l’Académie en octobre dernier, j'ai traité la question de système de nu-
mération, souvent. agitée depuis deux siècles, et à laquelle avait donné
lieu le passage qui termine le premier livre de la Géométrie de Boëce. Un
examen approfondi du texte, qui avait toujours paru inintelligible, m'a
conduit à ce double résultat :
» 1°. Que la Table de Pythagore, Mensa Pythagorica, dont parle
Boëce, et que les modernes, dit-il, ont, appelée. “bacus, m'est pas la 1a-
ble de multiplication , comme on l’a supposé jusqu'ici; mais bien un tableau
particulier, préparé pour la pratique de l’arithmétique dans le nouveau
système de nuimératiôn ;
» 2°. Que ce système repose sur ces trois principes, qui sont aussi le
fondement du nôtre-actuel, savoir : la progression décuple dans les diffé-
rents ordres d'unités ; l'usage de neuf chiffres, et la valeur de position de
ces chiffres.
» Mais qu'il ne fait pas usage du zéro ; parce qu'ai moyen de colonnes
tracées sur lé tableau , ét qui marquaient les différents ordres d'unités
décuples , on laissait la place vide, là où nous mettons un zéro.
» De sorte que, à cette seule différence pres, le systeme exposé par
Boëce, il y a treizesièeles., est absolument semblable au nôtre actuel.
( 679 )
» Je n'ignorais pas le sentiment d’incrédulité que rencontrerait, dans le
premier moment, cette solution imprévue d’une question historique long-
temps controversée , et toujours couverte d’obscurité; parce que je savais
que c’est une opinion admise généralement, que ni les Grecs , ni les Latins
n’ont connu le principe de la valeur de position des chiffres. Aussi, il a
fallu que je fusse dominé par une profonde conviction pour me décider à
insérer cette explication du passage de Boèce dans mon ouvrage; d'autant
plus que je savais qu’elle n’obtenait pas l’assentiment d’un célèbre géo-
mètre, dont la vaste érudition était pour moi une autorité décisive en
toute autre circonstarice, et dont j'aurais été heureux de partager la ma-
nière de voir en celle-ci.
» L'ouvrage de ce savant, en effet, qui vient de paraître, exprime , à ce
sujet, une opinion raisonnée, contraire à la mienne.
» Cette opinion, déjà d’un grand poids, quant à la question controver-
sée, pourrait influer sur le jugement que l’on porterait sur les autres parties
et sur l’ensemble de mon ouvrage, où j'ai essayé de traiter à fond diverses
autres questions, si je ne m’empressais d'annoncer que j'aurai l'honneur
de communiquer prochainement à l’Académie un nouveau travail sur le
passage de Boëce, et de prier les personnes qui prennent intérêt à cette
question d'histoire scientifique, de suspendre leur jugement jusqu'à ce
moment,
» Je prouverai qu'il est tres vrai que le système de numération , reposant
sur l'usage de neuf chiffres et leur valeur de position en progression dé-
cuple, que j'ai cru trouver dans Boëce, est bien celui qui répond à la tra-
duction littérale de ce texte qui paraissait si obscur, et qui deviendra clair
et intelligible.
» Je prouverai aussi que c’est ce même système, comme je l'ai annoncé
dans mon Aperçu historique , qui a été exposé par Gerbert dans son fa-
meux traité De Numerorum divisione, adressé à Constantin; et que c’est à
tort que tous les écrivains, depuis six siècles, et en dernier lieu l'illustre
Colebrooke lui-même, ont attribué une origine arabe à cette pièce qui
dérive, en réalité, ou de ce passage même de Boèce, ou, certainement,
de la même source que lui.
» Je ne pourrai pas donner une démonstration aussi formelle de la
vérité de l’assertion de Boëce, qui attribue une origine grecque, très an-
cienne, à ce système de numération, en disant que c’est Pythagore lui-
même qui l'a enseigné; mais je crois, cependant, pouvoir apporter quel-
C. R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 20.) 93
( 680 )
ques documents anciens, tels que des passages de Martianus Capella, de
saint Augustin, et d’autres, qui militent en faveur de cette assertion.
» Ce sont là les trois propositions que j'ai développées dans mon 4perçu
historique , et dont je donnerai de nouvelles preuves, incontestables quant
aux deux premières , dans le nouveau travail que j'ai l'honneur d'annoncer
à l’Académie.
» De sorte qu’on peut dire des Latins, avec certitude, et des Grecs,
avec une très grande probabilité , qu’ils ont connu la numération décimale
écrite, qui fait usage de neuf chiffres prenant des valeurs de position.
» Permettez-moi d'ajouter, M. le Président, que je maintiens aussi
l'exactitude d’un autre résultat nouveau, consigné dans mon Aperçu his-
torique , au sujet des ouvrages mathématiques des Indous, savoir : que la
partie géométrique de Brahmegupta, loin de présenter des éléments de
géométrie, comme on l’a pensé, roule presque entièrement sur une seule
théorie particulière, celle du quadrilatère inscrit au cercle ; et que l’auteur
y résout la question suivante qui n’y avait point été remarquée : Construire
un quadrilatère inscriptible au cercle, dont les côtes, les diagonales, les
perpendiculaires , la surface ainsi que le diamètre du cercle, soient ex-
primés en nombres rationnels.
» Cette question, précédée, dans l'ouvrage de Brahmegupta, de toutes
les propositions sur lesquelles repose sa solution, telles que celle qui ex-
prime l'aire du quadrilatère inscrit, en fonction de ses quatre côtés, an-
nonce une grande culture des sciences chez les Indiens, à une époque
reculée. Car on ne doit la regarder que comme un fragment échappé aux
injures du temps. Sous ce rapport, l'ouvrage de Brahmegupta est un
document très important pour l'histoire. »
PHYSIQUE Mépicace. — Vote sur l'application de l'électricité au tétanos ;
par M..C. Marreucor.
« Tout physicien qui a fait quelques expériences sur le passage du cou-
rant électrique dans les membres d’une grenouille, a dû voir souvent l’a-
nimal pris d’une espèce de contraction tétanique. Il suffit pour détermi-
ner cette contraction de préparer rapidement la grenouille , de lui enlever
tout d’un coup la peau, d’enfiler sa moelle épinière, lorsqu'elle est encore
très vivace, ou bien de renouveler le passage du courant électrique dans
ses muscles un grand nombre de fois, en laissant le moindre intervalie
possible de temps entre les passages.
» Depuis Folta, nous savons aussi que le passage continué, et toujours
( 68: )
dans le même sens, du courant électrique dans les muscles de la grenouille
cesse de produire des contractions. C’est en partant de ce principe que
j'ai pu réussir à faire disparaître la convulsion tétanique développée dans
les grenouilles par les causes susdites.
» Ayant pu, de cette manière, réaliser sur la grenouille la méthode pro-
posée par M. Voili, pour l'application de l’électricité au tétanos, jai
cherché quelles devaient être, pour rendre cette application plus utile,
et la direction du courant, et la manière de l’introduire. D'après un cer-
tain nombre d'essais faits, toujours sur les grenouilles, il m’a semblé
qu'on devait faire en sorte que la première introduction du courant dé-
terminât, dans l'animal, la moindre contraction possible; et j'ai vu aussi
que les grenouilles tétanisées se rétablissent plutôt sous l'influence du
courant inverse. Il y a encore un soin qu'il ne faut pas oublier dans cette
application , surtout lorsque le courant électrique est produit par un
grand nombre de couples, c’est d'établir la circulation du courant d’une
manière lente, et presque inaperçue pour l'animal : on y réussit en tou-
chant la peau et les muscles par des morceaux de toile avec lesquels on
termine les conducteurs métalliques de la pile. On mouille petit à petit
ces morceaux de toile avec de l’eau d’abord distillée, et ensuite avec de
l’eau de plus en plus conductrice, et salée.
» De même, on doit remplacer la première pile par une seconde, la
première étant fatiguée, de façon à ce que l'introduction du courant ne
détermine pas de contractions.
» Après ces recherches, j'ai toujours attendu avec impatience le cas fa-
vorable d’appliquer le courant électrique à quelque malheureux pris de
tétanos.
» Le docteur Farina, habile médecin de Ravenne, appelé auprès d’un
malade atteint de tétanos, a bien voulu se prêter dernièrement à cette ap-
plication; je dois lui en savoir d’autant plus gré, qu'obligé de rester au lit
depuis vingt jours par la fracture d’une jambe, je n'ai pu moi-même faire
cette application. Malheureusement, la cause du tétanos était, dans ce cas,
la présence, depuis une dixaine de jours, d’un grand nombre de grains de
plomb dans les muscles, les tendons, etc., d’une jambe, par suite
d'un coup de fusil. C’est là, suivant moi, le cas le plus défavorable, le
séjour de ces corps étrangers étant une cause toujours présente, propre
à déterminer dans les nerfs cet état d’oscillation permanente qui me sem-
ble constituer le tétanos. Cependant deux jours avant la mort, et lorsque
la maladie était déjà développée au plus haut point, on crut pouvoir
93..
( 682 )
essayer l'emploi de l'électricité. La pile dont on fit usage était de 25,
30, 35 couples, à colonne, large de huit centimètres, et chargée
avec de l’eau salée, et légèrement acidulée. Le courant marchait de l’ex-
trémité de la moelle épinière au cou ; son passage était continué pendant
une demi-heure, en renouvelant une fois la pile dans cet intervalle. Le
courant était introduit de la manière indiquée plus haut, c’est-à-dire, en
humectant les extrémités en toile des arcs conducteurs appliqués sur la
peau avec de l'eau d’abord très peu conductrice. L'application du courant
fut répétée six fois dans les deux jours, et chaque fois, aussitôt que le
courant était établi, on voyait, à la surprise d’un très grand nombre de
médecins présents à cette application, le malade se tranquilliser, sa bou-
che s'ouvrir, tous les muscles se détendre, la peau s’humecter, la circu-
lation reprendre son cours naturel.
» L'influence bienfaisante de la circulation était telle, que le malade de-
mandait constamment à y être soumis, et une fois satisfait, il remerciait
avec effusion le médecin.
» Malheureusement, ces améliorations n'étaient pas de longue durée ; il
paraît qu’on ne pouvait pas les soutenir même en renouvelant la pile. J'ai
beaucoup regretté de ne pouvoir pas diriger moi-même l'application ;
mais telle a été l’impression produite par cet essai, que je puis bien
compter sur le zèle et l’empressement de tous les médecins éclairés de la
ville, toutes les fois que des cas semblables se présenteront.
» Le docteur Farina publie, dans ce moment-ci , l’histoire complète de
cette maladie, et les résultats de l’autopsie cadavérique. »
Réponse de M. Sérirxor à la note insérée par M. Lisri dans le Compte
rendu de la séance de l'Académie des Sciences du 23 avril 1838.
« M. Sédillot a pu voir dans la note de M. Libri, une insinuation qui
tendrait à faire croire que lui (M. Sédillot) garderait les manuscrits de la
Bibliothèque du Roi , et ne permettrait à personne de les consulter; ja-
mais M. Libri n’a fait demander à M. Sédillot les manuscrits qui lui étaient
confiés. MM. les Conservateurs de la Bibliothèque sont prêts à affirmer
que M. Sédillot n’a jamais refusé de rendre ceux qui lui étaient réclamés,
et M. Libri est, certes, trop au courant de ce qui se passe à la Biblio-
thèque, pour supposer qu’on puisse conserver indéfiniment des manus-
crits que le public a besoin de consulter. Ce serait attaquer MM. les
Conservateurs eux-mêmes, qui ne laissent, jamais un manuscrit dans les
( 683 )
mains de la personne qui s’en occupe qu’autant qu'aucune autre ne le de-
mande; et puisque M. Libria pris la peine de feuilleter le registre particu-
lier-où l’on inscrit les manuscrits prêtés, afin d'imprimer dans son livre
(pag: 300 et 303) les dates exactes des emprunts, il aurait bien pu, ce
semble, exprimer à l’un de MM: les Conservateurs, le désir de consulter
un-de ceux que M. Sédillot avait entre les mains ; et le faire redemander,
ce qui n’aurait souffert aucune difficulté.
» M: Libri arrive ensuite à la notice que M. Sédillot a publiée du ma-
nuscrit arabe n° 1104, dans lequel il ‘existe un ‘fragment d’un traité
d’Algèbre qui montre que les Arabes ont connu et traité les équations
du 3% degré; « il est forcé d’avouer (Compte rendu de la séance du
» ,23 avril 1838) qu'ils ne les ont pas résolues. M. Sedillot avait affirmé ,
» dans le Journal Asiatique ; avoir trouvé la résolution de ces équations,
» dans un ouvrage arabe; l'ouvrage signalé ‘par M. Sédillot (que par pa-
» renthèse M. Sédillot a cru anonyme, et qui a pour auteur Omar Ben
». Ibrahim }, ne contient absolument rien de neuf, et ne renferme nulle-
». ment la solution de ces….équations, comme l'avait annoncé M. Sédillot. »
». Ges assertions tendraïent à faire douter de l'exactitude de l'analyse
que M. Sédillot a donnée du manuscrit n° 1 104 de la Bibliothèque Royale, et
cependant aucune incertitude n’est possible; M. Sédillot maintient pour vrai
tout ce qu'il a avancé; pourquoi M. Libri souligne-t-il /a solution de
ces. «équations ; pourquoi passe-t-il le: mot géométrique? Pourquoi ne
cite-t-il pas textuellement le Journal asiatique, mai 1834, où on lit
que les solutions géométriques de ces équations exigent l'emploi des sections
coniques , et que l'auteur ne-se propose de les résoudre que géometrique-
ment.
» Le texte arabe est positif: Er NOUS N’AVONS PU TROUVER LA cHosr (/a
cosa) QUE PAR DES MOYENS GÉOMÉTRIQUES (ms. n° 1104, Ê° 29, lig. 4;
M. Sédillot n’a pas exprimé, autre chose:(soit dans le Journal asiatique ,
loc. cit. , soit dans les Notices des manuscrits publiées par l'Académie des
Inscriptions ;et Belles-Lettres); c’est un. fait nouveau qu'il était inté-
ressant de signaler. M. Libri s’est d’ailleurs chargé lui-même de la ré-
ponse de M. Sédillot,.en reconnaissant dans son. livre (page 300), que le
fragment analysé par M. Sédillot ne contient pas, comme on l'avait déjà
dit, de nom d'auteur; il annonce ensuite qu’il a trouvé un autre 7raité
d'algèbre composé: par Omar al Kheyamy ; de>Nisapour, qu'il croit le
même qu'Omar Ben Ibrahim, et qui lui paraît être l’auteur du fragment
publié par M. Sédillot; qu'il n’y a point vu la résolution des équations du
GE)
troisième degré, et enfin qu’il donnera une édition de ce Traité, des que
ses occupations le lui permettront. Mais il n’en réste pas moins bien cons-
taté que le fragment dont M. Sédillot a fait l'analyse ne contient réelle-
ment pas de nom d'auteur, que M. Sédillot a fidèlement reproduit tout
ce que ce fragment renfermait; et comme M. Sédillot n'a pas à s’expli-
quer sur un nouveau manuscrit qu'il ne connaît pas, et qui est depuis
très long-temps entre les mains de M. Libri, il attendra /es preuves que
celui-ci doit fournir à l'appui de ses assertions sur les Grecs et sur les Arabes,
pour qu’elles puissent être appréciées par des juges compétents et en
connaissance de cause.
» En dernier lieu, M. Libri parlant du manuscrit d’Aboul Wefä, dont
M. de Sacy a chargé M. Sédillot de faire la notice, exprime le regret de
n'avoir pu examiner la question de la découverte de la variation que
M. Sédillot a attribuée aux Arabes: « Il serait, dit-il, d'autant plus utile
» qu'on püt consulter le manuscrit et l’étudier, qu’il se trouve porté
» comme une traduction de l’{/mageste de Ptolémée dans le catalogue
» imprimé des manuscrits de la Bibliothèque du roi, et non pas comme
» Almageste d'Aboul Wefà, à qui on l'a attribué dans le Journal asia-
» tique.» Et il ajoute : « il est prudent de suspendre tout jugement sur
» la découverte de la variation, jusqu’à ce que d’autres personnes en
» aient constaté l'existence. » Il est vraiment fâcheux que M. Libri
cherche ainsi ses autorités dans les catalogues imprimés des manuscrits;
il se serait, assurément , évité la peine de réimprimer dans son livre une
erreur de catalogue, s'il eùt voulu consulter ses souvenirs (voy. les
Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, 14et28 mars 1836);
il doit savoir que le manuscrit d’Aboul Wefà a été examiné par M. de
Sacy et par M. Reinaud; qu'il n’y a aucun doute à élever sur son authen-
ticité; qu'il porte le titre d'Acwmaceste D'Arou’z Wera Monammen BEN
Monammen Ar Bouzprant (Journal asiatique ; mai 1836), et que la
question de la découverte de la variation a été complétement résolue
en faveur de l’astronome arabe, non-seulement par nos plus célebres
orientalistes, mais encore par tous les savants qui ont suivi la discus-
sion. D'un autre côté, M. Libri regrette de n'avoir pu consulter et
étudier le manuscrit. M. Sédillot à répondu , au commencement de
cette note, à cette réclamation ; il n’ajoutera qu'un mot : c’est que
M. Libri aurait fort bien pu étudier le passage arabe dont il s'agit
dans le Mémoire même de M. Sédillot , qui renferme texte et trar
duction. »
( 685 )
» Aureste, M. Sédillot s’en réfère entièrement à l'avis de MM. les com-
missaires nommés par l’Académie des Sciences pour l'examen de ses der-
niers Mémoires. »
Après cette communication , M. Libri prend la parole et présente
brievement quelques observations qu’il términe en disant : qu'ayant traité
ces questions avec tous les développements nécessaires dans les deux pre-
miers volumes de son ouvrage, il ne croit pas devoir abuser des moments
de l’Académie pour reprendre ici cette discussion.
ÉCONOMIE RURALE-—Destruction de la pyrale de la vigne au moyen de la
cueillette des feuilles sur lesquelles ont été déposés des œufs.
M. Sawain écrit de Mâcon relativement à cette pratique, qu'il annonce
avoir recommandée antérieurement à M. Audouin. Il adresse , à l'appui de
sa réclamation de priorité, un numéro du Journal de Saône-et-Loire, dans
lequel il expose (en date du 12 juillet 1837) ses idées à ce sujet.
Nous extrayons de ce journal les paragraphes suivants, dans lesquels
l'auteur discute l'efficacité des divers moyens de destruction auxquels on
peut imaginer de recourir.
« Maintenant que nous avons examiné les caractères essentiels de la vie
de cet insecte dans les quatre états , il nous sera facile de déterminer les
» époques où il pourra être attaqué avec avantage.
» Et d’abord ce ne sera pas dans la première période de son existence
» comme chenille, parce qu’alors il est trop multiplié et trop ténu; ce né
» sera pas non plus pendant qu'il est blotti entre la deuxième et la troisième
» enveloppe corticale du bois de la vigne, car il est ainsi protégé par un
» double rempart que l'on ne peut traverser sans péril pour la vigne même,
» et sansle secours d'appareils ou de procédés incommodes, compliqués et
» onéreux. Enfin ce ne sera pas quand il voltige dans les airs, quand il les
» parcourt dans tous les sens; ses évolutions rapides, irrégulières, le mettent
» à l'abri des poursuites dont il serait l’objet, soit par des feux allumés
» sur un grand nombre de points, soit par tout autre procédé également
» coûteux.
D
ÿ
x
» Il nous reste donc à voir si ce n’est pas exclusivement à l’état de
» chrysalide, puis à l’état d'œuf, qu’il faut entreprendre de le combattre
» et de l’exterminer.
» Nous avons dit que, dans le premier de ces deux états, il est comme
( 686 )
» emmailloté dans les feuilles; que ces feuilles sont roulées, desséchées et
» roussätres: On les distingue facilement des autres; on peut donc aisément
» les détacher des branches, puis les brüler ; et ce travail, qui ne réclame
» n1intelligence ni force, sera exécuté même par les enfants, les femmes et
» jes vieillards.
» Nous avons dit aussi que; dans le second de ces états , les feuilles peu
» nombreuses où: sont exposés les œufs se reconnaissent à leurs plaques
» d'un blanc imitant le plâtre pulvérisé : on pent donc encore facilement
» les détacher et les brüler.
» La première cueillette de feuilles, si elle était complétement exécutée,
» dispenserait de la seconde, qui n’en est que le complément et le con-
» trôle. »
M. Dumas fait remarquer que M. Sambin ne propose l’enlévement des
œufs que comme un moyen auxiliaire, pendant que M. Audouin place ce
moyen en première ligne. « De plus, dit M. Dumas, la teinte blanche assignée
par l’auteur de l'article aux plaques formées par les amas d'œufs de pyrale,
est un caractère qui se montre seulement apres l’éclosion des larves, de
sorte que si l'on n’enlevait les feuilles qu'au moment où elles offrent ces
taches imitant le plâtre pulvérisé, dont parle M. Sambin, on ferait une opé-
ration complétement inutile. M. Audouin, lorsqu'il sera de retour, aura
sans doute d’autres remarques à faire relativement à cette réclamation. »
M. pe Hazceere écrit relativement aux facilités qu’il y aurait, suivant lui,
pour pénétrer jusqu’à Tombouctou, en s’acheminant par la Nubie et le
Darfour. M. de Hallberg s'offre pour faire ce voyage en supposant que
l'Académie veuille en faire les frais qu'il évalue à trente mille francs.
M. Paori prie l'Académie de hâter le rapport qui doit étre fait sur un
Mémoire qu'il a adressé, et qui a pour titre : Recherches sur le mouvement
moléculaire des solides.
M. Leymerite demande qu’on lui remette différents Mémoires qu’il avait
présentés touchant les épidémies et la vaccine, Mémoires sur lesquels il
n’a pas encore été fait de rapport.
MM. Cozer et CorrrREAU adressent un paquet cacheté qu'ils annoncent
être relatif à un nouveau mode de transport pour les voyageurs.
L'Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée à 5 heures. A.
( 687 )
Errata. (Séance du 7 mai.)
Page 634, ligne 20, pyrurique, /isez pyruvique
Ibid., 35, pyrurate, lisez pyruvate
635, 16, + ŒH°'CE, Zisez CH°Cl°
639, 5, 2C‘H5+ 5o, lisez 2C°H° + 50
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences; 1838, 1° semestre, n° 10, in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des
Sciences ; Tables du 2° semestre 1837, in-4°.
Recherches nouvelles pour servir à l'histoire des Sciences mathématiques
chez les Orientaux ; par M. Sénirior ; in-4°.
Mémoire sur l'équilibre d'un corps solide suspendu à un cordon flexible;
par M. Pacani; in-4°.
Note sur l'équation A°—C; par le même; in-4°.
Leçons d'Analyse mathématique, faites à l'École Polytechnique en
1837 et 1838; par M. Dunamer ; 2 vol. in-4° autographiés,
ÆEssui sur l'application de la Chimie à l'étude physiologique du sang de
l’homme ; par M. Denis; 1838, in-8°. (Adressé pour le concours Montyon.)
Annales maritimes et coloniales ; avril 1838, in-82.
De trois Lois à faire sur les travaux publics; par M. Vase, in-8°.
De l'éducation des vers à soie dans les environs de Paris; :par
M. ArexanDre; in-8°.
Compte rendu par M. Alexandre, du Rapport sur L
à soie par M. Bournon; in-8°.
Rapport à la Société de Médecine de Lyon sur l'ouvrage de MM. Terme
et MowrrALcow, intitulé : Histoire statistique et morale des enfants trouves;
par M. Cu. Perrin; Lyon, in-8°.
Observations sur la gamme mineure; par Soyer Waiiremer; Nancy,
1837, in-0°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du départe-
ment de la Charente ; tome 20 , janvier et février 1838, in-8°.
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Limoges;
tome 16, n° 2, in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; iome 9, 10—14, in-8°.
C.R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 20.) 94
’éducation des vers
( 688 )
Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 2, n° 14, in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ;
8° annce, avril 1838, in-8°.
Note sur les petits lacs des Terrains basaltiques de l'Auvergne ; par
M. Lecoo ; in-8°, Clermont-Ferrand.
The Édimburgh.... Mouveau Journal philosophique d'Édimbourg ;
janvier — avril 1838, in-8°.
The Annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie
avril et mai 1838 , in-8°.
The Journal. . . . Journal de la Societé royale géographique de Londres;
vol. 8; 1"° partie.
Proceedings.... Procès-l’erbaux des séances de la Société royale de
Londres ; n° 52, 15 février 1838—5 avril 1838, in-8°.
Proceedings.... Procès-Verbaux des séances de la Société royale
d'Irlande ; n° 7—10, 15 novembre 1837—26 mars 1838, in-8°.
Proceedings. ... Procès-Verbaux des séances de la Société géologique
de Londres; n° 54 et 55, 17 janvier—16 février 1838, in-8°.
The Athenœeum, Journal; mars et avril 1838; in-8°.
Elementi di anatomia.... Éléments d'Anatomie physiologique appli-
quée aux Beaux-Arts; par M. F. Berninotri, professeur d’Anatomie à
l'Académie Albertine des Beaux-Arts; 1° vol. grand in-8° avec atlas in-fol.;
Turin, 1837.
Iconografia.... /conographie de la Faune italienne; par M. Cx. L.
Boxararte, prince de Musignano ; 22° cahier in-fol.
Observaciones..…. Observations faites à l'Observatoire de San Fernando
dans l'année 1835, publiées conformément aux ordres de S. M. par, Don
Josepn Sancuez CerqQuero, directeur dudit établissement; San Fernando,
1836 , in-fol.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; avril et mai 1858, in-4°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; 24° année, mai 1838.
Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n° 10. ;
Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 55—57, in-4°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales; mai 1838, in-8°.
La Phrénologie, Journal, 2° année n° 4.
L'Expérience., journal de Médecine , n° 38, in-8°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 333, in-4°.
Programme de la Société d'Agriculture, du Commerce ; Sciences et
Arts de la ville de Calais; in-8°.
> (ne
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 MAI 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
Réponse de M. Dumas à la lettre de M. Brrzéius.
« L'Académie a compris que la lettre de M. Berzélius lue à la séance
du 7 de ce mois par un de nos confrères, exigerait de ma part une ré-
ponse précise. Je viens remplir ce devoir.
=» Et d’abord que me reproche M. Berzélius? Sont-ce des erreurs graves
d'analyse? S'il en est ainsi, je suis prêt à confesser mes torts, encore bien
que dans les recherches continuelles dont je m'occupe , quelques erreurs
d'analyse fussent excusables. Mais non, M. Berzélius ne me reproche rien
de pareil; je suis heureux de le constater.
» Ce sont donc des erreurs de raisonnement qui me valent les reproches
un peu durs que M. Berzélius adresse à mes idées. À cet égard, je déclare
qu’encore bien qu'il soit toujours fàcheux d’avoir commis une erreur de
raisonnement, cette erreur est tellement atténuée par les circonstances
qui la font presque toujours commettre, dans les sciences d'observation,
qu’il est trés fréquent de s’y voir exposé. On est tout étonné, quand on
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N°21.) 95
( 690 )
est éclairé par quelques faits de plus, de voir comment on raisonnait,
lorsqu'on en était privé.
» Mais, admettons que j'aie commis de véritables erreurs de raisonne-
ment, ne pourrais-je pas me consoler quelque peu en parcourant les ou-
vrages de notre maître à tous, de M. Berzélius, et voyant que si partout
on y trouve la preuve que les questions ont été étudiées avec le plus grand
soin et par des expériences pleines d’exactitude, quelques erreurs de rai-
sonnement peuvent néanmoins fort bien s’y glisser.
» Je prendrai mes exemples dans quelques questions de chimie phy-
siologique relatives aux phénomènes des sécrétions. M. Berzélius, en effet,
considérant l’ensemble de ses expériences, paraît conduit à s’en former
l'image suivante : Pour lui, le sang est un liquide circulant dans des vais-
seaux qui le portent aux organes sécréteurs, véritables laboratoires où à
chaque instant une portion du sang se détruit et se transforme en pro-
duits nouveaux que l'organe sécréteur recueille dans des canaux particu-
liers. Ainsi l'urine est un liquide bien plus complexe que le sang d’où elle
provient; le rein est un organe oxidant, car on trouve dans l'urine des
sulfates, des phosphates en abondance, tandis que dans les matériaux du
sang on ne rencontre que du soufre et du phosphore.
» Telle n’est point ma manière de voir sur ces matières. Il y a long-
temps que je regarde le sang comme un fluide extréèmement compliqué,
dont les organes sécréteurs se bornent à séparer divers ingrédients. Cette
opinion est partagée, je le sais, par plus d’un de nos confrères. Depuis
long-temps elle a pris place d’ailleurs, au rang des vérités scientifiques, en
ce qui concerne le rein , grace à l'expérience que nous avons exécutée,
M. Prévost et moi, dans le but d'établir la vraie théorie des sécrétions.
» En effet, à une époque où je m’occupais avec la plus vive ardeur de
physiologie animale, guidé par l'expérience et l'esprit élevé du docteur
Prévost, nous faisions, de la théorie des sécrétions, l’objet de nos médita-
tions les plus assidues. Cette question se reproduisait sans cesse entre nous:
L’organe sécréteur est-il un simple agent d'élimination? Est-il au contraire
chargé de fabriquer les produits qu'il fournit ?
» Les expériences intéressantes de M. Richerand sur l’extirpation des
reins furent un trait de lumière pour nous; les animaux privés de leurs
reins ponvaient vivre. Dés-lors, l’urée devait se retrouver dans leur sang ,
si le rein n’était qu’un organe d'élimination; elle devait y manquer comme
à l'ordinaire, si le rein était chargé de la fabriquer.
» L'expérience faite, l’urée se retrouva dans le sang des animaux né-
( 697 )
phrotomisés. Dès ce jour, il me fut démontré que le rein et probablement
tous les organes sécréteurs n'étaient que des appareils d'élimination agis-
sant sur un liquide, le sang, qui devait offrir dès-lors une complication
singulière dans sa composition ; présomption que la suite des recherches
est venue confirmer de toutes parts.
» Or, dans la dernière édition de sa chimie, M. Berzélius rapporte
l'analyse qu’il a faite d’un rein, bien débarrassé d'urine, mais renfermant
encore le sang des vaisseaux capillaires, et il nous apprend qu'il a vaine-
ment cherché à ÿ démontrer la présence de lurée. « Je m'attendais à y
» trouver ce principe, dit-il, d'autant plus que Prévost et Dumas ont
» cherché à prouver qu'il ne se produit pas dans les reins, et que ces
» organes sont seulement la voie par laquelle il s’échappe du corps. »
» Ainsi, M. Berzélius paraît disposé à repousser nos résultats parce qu'il
n’a pas trouvé d’urée dans le sang des reins, comme si dans notre opi-
nion ce fait avait rien d’étrange. Si nous avions cru que le sang contenait
assez durée pour qu'on püt la reconnaître à l'analyse quand ce liquide ar-
rive dans le rein, nous aurions tout simplement recueilli du sang provenant
de l'artère rénale, et nous l’aurions examiné. Mais non, nous savions fort
bien que le sang des chiens sur lesquels nous opérions ne pouvait pas
renfermer 5555 d'urée, tandis que nos moyens d'analyse nous permettaient
à peine d’en reconnaître 33.
» Mais si je ne m'’abuse, le raisonnement de M. Berzélius n’est pas en-
tiérement juste et son analyse est ce qu’elle devait être dans notre opi-
nion et non pas dans la sienne; car, pour nous, le sang des capillaires
du rein loin d’être riche en urée, doit en contenir comme le sang ordi-
naire et même moitié moins (1), c'est-à-dire des quantités inappréciables.
Pour M. Berzélius, au contraire, le sang des reins devrait être ce sang déjà
modifié, élaboré par un organe qui le métamorphose en urée, qui oxide
son soufre et son phosphore, et qui par suite en convertit les matériaux
en ceux de l'urine elle-même. Ainsi, dans son opinion, et non dans la
nôtre, on aurait dù trouver de l’urée dans l'analyse du rein.
» Cette différence qui existe entre ma manière de raisonner, en ce qui
concerne la théorie des sécrétions, et celle de l’illustre chimiste suédois, je
la retrouve tout entière dans l'appréciation des méthodes d'analyses ap-
TT TT TT TT ET CET ref Ve. == ee USE Ie UE
(1) Si le rein ne fabrique pas l’urée, le sang des capillaires veineux de cet organe
doit en contenir moins que la masse, et le sang des capillaires artériels des quantités
iasensibles. c
95.
( 692 )
plicables aux fluides animaux. Il est évident, pour moi, que M. Berzélius
n’accorde pas assez d'importance à leur étude microscopique, et je suis
convaincu qu'il en résulte de grandes différences dans notre manière de
juger les faits.
» Peut-être les études physiologiques par lesquelles j'ai été condait à
m'occuper de chimie organique, ont-elles exercé une grande influence sur
mes opinions. Je suis loin de le nier, et cette circonstance peut me con-
duire à des idées fort éloignées de celles que M. Berzélius adopte. Mais si
je me trompe, je serai le premier à le confesser , quand l'expérience
m'aura éclairé.
» Examinons, pour le moment, les reproches que M. Berzélius m'a-
dresse. 11 y a long-temps que je professe sur la nature des corps qu’on ap-
pelle neutres, comme les sucres, les gommes, l’amidon, une opinion qui
est bien connue des personnes qui suivent mes cours.
» Je crois que les corps qui ne sont pas volatils renferment un grand
nombre d’atomes d’oxigène, et se rapprochent par là des corps organisés
les plus simples que nous connaissions.
» Dans mon opinion, la fibrine, le ligneux sont des matières organisées
dont le poids atomique serait très considérable, et qui par suite, renfer-
ment un grand nombre d’atomes d’oxigène.
» L’amidon, la dextrine, les sucres, les gommes sont des corps qui s’en
rapprochent beaucoup et qui doivent posséder aussi un poids atomique
considérable et un grand nombre d’atomes d’oxigène.
» Comme les acides citrique , tartrique, tannique , etc., se rapprochent,
par leur destructibilité au feu, des matières qui précèdent, je crois qu’elles
doivent s’en rapprocher aussi par leur constitution.
» De ces premiers aperçus en découlent d’autres fort inutiles à dévelop-
per, si ceux-ci sont inexacts, mais de nature à jeter quelque lumière sur
les phénomènes de la nutrition et sur la transition entre la chimie des corps
organiques et celles des corps organisés, si ces premiers aperçus sont justes.
» Avant de soumettre ces opinions au public, je devais les soumettre
d'abord aux épreuves de l'expérience. J'ai donc suivi avec la plus scrupu-
leuse attention les recherches de M. Payen sur l’amidon et la dextrine,
celles de M. Péligot sur les sucres, et j'ai trouvé dans leurs résultats une
entiere confirmation de mes vues.
» J'ai fait, moi-même, une analyse de l’orcine, où j'ai cru saisir un fil
conducteur d’une nouvelle espèce, et j'ai déduit de cette analyse la for-
mule de l’acide citrique; voici comment :
(693 )
» L’orcine, en se combinant avec l’eau, avec l’oxide de plomb , prend
5 atomes d’eau, 5 atomes d’oxide de plomb. S'il fallait adopter le point de
vue de M. Berzélius, on dirait qu'il n'entre dans ces composés qu'un seul
atome d’oxide de plomb, et par suite on essaierait de réduire le poids ato-
mique de l’orcine au cinquième de celui que j'ai adopté. Mais cela est im-
possible, les atomes élémentaires de l’orcine ne peuvent pas se diviser par 5.
» Cette circonstance me fit faire beaucoup d'analyses et me fit beau-
coup réfléchir. IL était clair que si les atomes élémentaires de l’orcine
eussent été divisibles par 5, qu’on n’eût pas été dirigé par la densité de la
vapeur de ce corps, on aurait adopté pour le représenter un poids ato-
mique trop faible et inexact à coup sür.
» Ce cas s'était offert sans doute déjà, il pouvait dé nouveau s'offrir ;
il devenait nécessaire d’y avoir égard, et d’y avoir égard surtout pour les
corps non volatils et très oxigénés qui, dans mon opinion, devaient
avoir un poids atomique considérable.
» L’acide citrique, considéré par M. Berzélius comme un acide à poids
atomique très léger, ne pouvait se concilier avec mes idées, puisqu'il
n’est pas volatil et qu’il est tres oxigéné. Je fus donc conduit à essayer
de lui construire une formule, et celle que je tirai des expériences ano-
males de M. Berzélius, se trouva confirmée d’une manière qui me parut
nouvelle et décisive, par les analyses des sels qu’on avait regardés comme
les plus rebelles, tel est le citrate d’argent préparé à froid.
» Mais tandis que je me livrais à ces recherches et aux réflexions qui
en, découlent en ce qui concerne la constitution des corps organisés,
M. Liebig arrivait par une autre voie précisément au même résultat.
» Je lui laisse le soin d’exposer et de défendre ses propres vues sur ce
sujet, vues élevées et fécondes, auxquelles je m'associe pleinement; il
ne peut me convenir d'engager M. Liebig dans une discussion à laquelle
il pourrait désirer demeurer étranger.
» Mais sans exposer les idées primitives de M. Liebig, je puis me per-
mettre de citer la phrase suivante d’une lettre que j'ai reçue de lui de-
püis que la lettre de M. Berzélius est parvenue à l’Académie, et qui ren-
ferme la plus ample confirmation des opinions que M. Berzélius attaque.
« Mes recherches sur les acides organiques, dit M. Liebig, m'ont con-
» duit à des expériences sur les acides tannique et gallique. Le premier
» neutralise, comme l'acide phosphorique , 3 atomes de base, l'acide gal-
» lique 2 atomes. En faisant bouillir du tannin quelques instants avec l'a-
» cide sulfurique ou avec la potasse caustique, il est changé en acide gal-
( 694 )
» lique. L’acide tannique sec est égal à C''HO". J'ai trouvé un sel de
» plomb qui est C'#H'°03 + 3PbO. L’acide gallique sec est C’HfO5; son
» sel de plomb C'H*0$ Æ 2PbO. Ces analyses et quelques autres m'ont
» conduit à diviser les acides en trois classes très distinctes.
» Un atome d’un acide de la première classe neutralise 3 atomes de
» base: un atome de la deuxième 2 atomes de base; un atome de la troi-
» sième 1 seul atome.
» Les acides bibasiques forment des sels appelés acides, mais qui ne le
» sont réellement pas. Un sel acide renferme 2 atomes d'acide, et, saturé avec
» une seconde base, il se partage en deux sels distincts, qui cristallisent
» séparément. Le bisulfate et le bioxalate de potasse, saturés par de la
» soude, forment du sulfate et de loxalate de soude et de potasse, qui se
» séparent par cristallisation. Mais le fulminate acide d'argent, le tartrate
» acide de potasse, saturés par une autre base, forment des sels doubles ,
» même avec les bases non isomorphes. Mais ce ne sont pas des sels
» doubles, l'acide tartrique demande deux atomes de base dans le sel
» acide; l’une d’elles est de l’eau, qui peut être remplacée par de la po-
» tasse, par de la soude ou par de l’ammoniaque.
» L'existence du gallate de plomb, dont je vous ai donné la formule,
» prouve d'une manière évidente l'existence de cette classe de corps.
» Calculé pour un atome de plomb, l'acide gallique ne renfermerait qu'un
» demi-équivalent d'hydrogène. »
» Ainsi, de même que l’orcine exige absolument 5 atomes de base,
parce que ses atomes élémentaires ne sont pas divisibles par 5; de
même l'acide citrique exige 3 atomes de base, sous peine d’avoir des frac-
tions d’atomes élémentaires dans l'acide citrique sec; de même, enfin, l'a-
cide gallique exige qu'on lui donne 2 atomes de base , à moins d'admettre
un demi-équivalent d'hydrogène dans ce corps.
» Le fil conducteur de M. Berzélius se brise donc entre nos mains, des
que nous essayons de l'appliquer à des combinaisons organiques un peu
complexes, tout comme en chimie minérale à l’occasion des phosphates
et des arséniates.
» En chimie organique, ce fil nous a guidétant qu’il a été question d’acides
volatils analogues aux acides minéraux ; mais dès qu'on a voulu s’en servir
pour l'étude des composés chez lesquels on trouve une physionomie plus
décidément organique, des lois nouvelles sont devenues nécessaires, et
une fois trouvées, ces lois ont mis d'accord les vues de la physiologie et
celles de la chimie elle-même.
(695 )
» En effet, M. Berzélius veut qu’en général l'oxigenie des acides soit un
multiple par un nombre entier de l’oxigène des bases.
» Or, il est certain qu’en admettant dans les orcinates le rapportde 5 : 3,
et dans les citrates celui de 3 : 11, on admet des lois de composition bien
différentes.
». J'avoue que cette circonstance ne m'arrête pas, et que pour moi, les
vrais rapports à considérer, sont ceux qui ont lieu entre la molécule de
Jacide et celle de la base. Il est peu probable que les éléments même doi-
vent conserver de certaines relations dans la formation des sels. Le hasard
a fait quelques cas de ce genre, et l’on a peut-être fait les autres, en
donnant des poids atomiques aux acides qui fussent précisément conve-
nables pour les faire rentrer dans la loi admise.
» Passons à la théorie des substitutions qui joue une trop grand rôle
dans la lettre de M. Berzélius, pour que je puisse laisser sans réponse les
accusations graves dont elle y est l'objet.
» Rappelons d’abord ce que c’est que la théorie des substitutions : elle
prend son origine dans des expériences que j'ai faites, touchant l’action
du chlore sur l'alcool; mais en les publiant, je n’ai pas manqué de rap-
peler, toutefois , que M. Gay-Lussac avait déjà fait relativement à l’action
du chlore sur la cire, une remarque analogue à celle à laquelle je me
trouvais conduit. Encore bien que ce fait n'eut jamais été publié par
M. Gay-Lussac, qu'il l’eût seulement énoncé dans ses cours, dès que je me
trouvais d'accord avec mon illustre confrère, je devais reproduire ses ob-
servations , et j'ai eu soin de le faire.
» Ce que j'ai appelé phénomène de substitution, c’est celui qui se passe
quand on soumet ainsi à l’action du chlore une substance hydrogénée quel-
conque. J’ai cru voir qu'a mesure que sous l'influence de ce gaz elle perd
de l'hydrogène, qui se convertit en acide hyÿdro-chlorique, elle gagne des
quantités équivalentes de chlore. Ainsi pour un atome d'hydrogène qui
s’en va, il se fixe un atome de chlore.
» J'ai ajouté, toutefois, que si l'hydrogène existait dans le corps à l’état
d’eau, les choses se passeraient autrement. Il me semblait résulter. en effet,
de mes expériences, que dans ce cas, le chlore enlevait lhydrogène de
l'eau, sans le remplacer.
» Examinons d'abord les- objections faites contré ces deux propositions.
M. Berzélius m’attribue à ce sujet une opinion précisément contraire à
celle que j'ai toujours émise, savoir, que dans ces occasions le chlore
prendrait la place de lhydrogène sans changer la nature du corps. Je
( 696 )
n'ai jamais rien dit de pareil, et l’on ne saurait certainement le déduire
des opinions que j'ai émises sur cet ordre de faits.
» Partant de là, M. Berzélius témoigne tout son regret de voir M. Ma-
laguti se guider par de telles vues, et il développe de nouvelles idées au
sujet des expériences dont s'occupe encore cet habile chimiste. Je laisse
à ce dernier le soin d'établir si la théorie des substitutions lui a été utile
ou nuisible.
» Mais je crains que M. Berzélius ne se soit trop hâté de donner la
théorie des faits nouveaux que M. Malaguti étudie; l'exemple suivant
pourra justifier cette opinion.
» En effet, de même que M. Berzélius donne une théorie tres simple,
et qui lui semble très probable, des expériences de M. Malaguti, de même
il en donne une non moins simple et non moins riche en développe-
ments des expériences de M. Laurent, relativement à action du chlore
sur l’acétate méthylique. Je savais que M. Malaguti avait étudié ce sujet;
je lui ai demandé de vouloir bien me confier le résultat de ses expé-
riences : voici ce qu'il m'a répondu :
« Sans vouloir contester les résultats de M. Laurent, il faut que j'avoue
» que dans mes expériences je n’ai rien obtenu qui leur ressemble. »
» Je me borne ici à cette phrase, et je joins en note la lettre de
M. Malaguti elle-même, où se trouvent les détails de ses expériences (1).
» Les déductions tirées des expériences de M. Laurent par M. Berzélius
—_—_—_—_——
(1) Acétate de méthylène et de chlore. — Sans vouloir contester les résultats de
M. Laurent, il faut que j’avoue que, dans mes expériences, je n’ai rien obtenu qui
leur ressemble.
D'abord, mon acétate chloruré se dissolyait énergiquement dans l'alcool de potasse,
et ne laissait rien précipiter par l’eau. Distillé, eten fractionnant les produits, j'ai cons-
tamment trouvé que la matière distillée s’enrichissait de plus en plus en chlore; mais
je n’ai jamais pu en trouver, soit dans les produits, soit dans le résidu, au-delà de 48
pour cent.
Mon acétate chloruré n’a pas un point fixe et constant d’ébullition ; il n’y a pas de
doute qu'il se décompose, et son point d’ébullition s'élève à mesure que la distillation
est poussée, et finit par se convertir en une matière très acide, noire poisseuse.
Quelle que soit l’époque de la distillation, il y a toujours et constamment dégage-
ment considérable d’acide hydro-chlorique.
L’acétate chloruré est attaqué par les alcalis d’abord, et même par l’eau, mais très
lentement. Le produit de la décomposition est de l’acide acétique et de l'acide formi-
que. Cela a été bien vérifié au moïns six rois.
J'ai remarqué quelquefois qu’en jetant la matière brute dans l'eau, il y avait un
( 697 )
tombent d’elles-mèmes. Pour le moment, je me borne et je dois me bor-
ner à dire que, dans sa lettre, M. Berzélius a dénaturé ma pensée, et
que pour montrer le tort que ma théorie a fait à M. Malaguti ou à
M. Laurent, il faudrait autre chose que des formules établies sur des
expériences non terminées de M. Malaguti ou sur des expériences
inexactes de M. Laurent.
» Relativement à l’action du chlore sur les carbures d'hydrogène ou les
corps analogues ; il me semble donc généralement reconnu que les substi-
tutions’ qui s’y observent sont d'accord avec la règle que j'ai énoncée.
» En est-il dé même pour le cas où j'avais supposé que le corps ren-
fermait de l’eau ?
EL: 1 Le LL : Le RER 4 EP Ta à 1 Reel EU
petit dégagement d’un gaz non absorbable par la potasse, et qui m’a semblé de l’oxide
de carbone (ce que je ne pourrais pas affirmer avec certitude).
Les phénomènes qui accompagnent l’action du chlore sur l’acétate de méthylène
sont : élévation de température, absorption de chlore, dégagement d’acide hydro
chlorique, et d’une matière très volatile et très piquante, augmentation de densité et
de point d’ébullition.
Je produirai les analyses telles:que je les ai trouvées dans mon cahier :
I. II. IL. IV.
G:.:. 26,48 26,08 25,95 26,20
Hh.1093%13 3,00 3,11 3,21
CL... :48,02 75809 : 47,75 48,00
En adoptant cette formule C5 H°0O° + C*H:CIl4 0, on aurait
Carbone. ........ . 25,58
Hydrogène. ... .. 2,78
Chlore. .:.:..1..1 49,33
La grande difficulté que j’ai rencontrée à purifier mon acétate chloruré, la nature des
produits de sa décomposition par l’eau ou les alcalis, les résultats obtenus:en étudiant
Vaction du chlore sur l’éther sulfurique, enfin les analyses qui ne sont pas très éloignées
du résultat calculé, m’ont déterminé à y trouver une identité entre l’action du chlore
sur l’éther sulfurique, et l’action du même agent sur le méthylène.
Au reste, mon travail n’est pas terminé ; je reprendrai ces expériences, et je me flatte
d’arriver à un résultat bien net.
Il est inutile de vous rappeler que le benzoate de méthylène se convertit par le chlore
en chlorure de benzoïle ; que loxalate sé convertit en ün corps décon:posable par l’eau
en oxide de carbone, acide hydro-chlorique ét acide oxalique’; que le sulfate de mé-
thylènese/convertit en acide sulfarique hydraté et différents chlorures de carbone vo-
Luls, etc. ! .,
CR 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 24.) 96
(698 )
» Quand j'ai parlé pour la première fois des phénomènes de substitu-
tion, J'étudiais l’action du chlore sur l'alcool. On sait que dans l’une des
théories par lesquelles la nature de l'alcool s'explique , on admet que ce li-
quide renferme deux atomes d’eau, c'est-à-dire quatre atomes d'hydrogène
à l'état d'eau-et huit atomes d'hydrogène à d'état d'hydrogène carboné:
c’est la théorie donnée depuis long-temps par M. Gay-Lussac.
» Je, trouvais {que ;par l'action. du chlore sur l'alcool, quatre atomes
d'hydrogène, disparaissaient sans remplacement , ce qui produit l’aldehyde,
découverte plus tard par M. liebig. En continuant l’action du chlore, Pal-
dehyde perd six atomes d'hydrogène et en gagne six de chlore,
C'H°O? + Chf — CŒHO* + ChH4
CSHs0O? + Ch‘? — CFH°0:Chf + Ch5Hf,
» Cette réaction me parut propre à démontrer que dans l'alcool il y'avait
deux états de l'hydrogène ; que les quatre atomes disparus sans remplace-
ment pouvaient bien appartenir en effet à de l'eau, auquel cas on aurait
été conduit à conclure que dans les corps qui renferment de l’eau le
chlore enlève l'hydrogène sans se substituer à sa place.
» Depuis cette époque, de nouvelles expériences ont été faites; voyons
ce qu’elles nous apprennent,
» M. Kane, dans un Mémoire du plus haut intérêt sur l'esprit pyro-
acétique, qu'il considère comme un alcool, vient d'étudier l'action du
chlore sur cette substance. Ses analyses, qui sont du reste sensiblement
d'accord avec celles que M. Liebig et moi-même nous avions faites du com-
posé dont il s’agit, le conduisent à le représenter de la manière suivante:
C2 H®0° — Hi + Chi = Ce HSO: Chi.
» Si l’on représente cette formule par
C“HS5O° Ch? + H°Ch°,
et qu'on mette le corps en contact avec deux atomes de potasse, on aura
C H5 0° Ch® + H°Ch°
OK OK
(C:H505 + H:0) + 2K Ch:
» Ce composé C'* HO + H*0 a été obtenu, en effet, par M. Kane,
qui l'appelle acide pteléique, en traitant par la potasse le produit de
l’action du chlore sur l'esprit pyro-acétique.
» Ainsi, le résultat brut des expériences de M. Kane est en opposition
avec la règle que j'avais posée; mais si, procédant à la manière de M. Ber-
( 699 )
zélius, je fais subir une légère modification ä sa formule, modification qui
s'accorde du reste avec les réactions, je l’y fais parfaitement rentrer:
» D'un autre, côté, M. Cahours vient de traiter l'huile de pommes de
terre par Le chlore. On:sait.que ce jeune chimiste a trouvé que: cette huile
appartient au groupe des alcools. En la soumettant à l’action du chlore,
il en a obtenu un composé dans lequel il y a du chlore et où quatre vo-
lumes d'hydrogène disparaissent aussi sans remplacement.
» Ne nous pressons donc pas trop de conclure sur ce point, et loin de
moi du reste la pensée de trouver là rien de concluant maintenant pour la
théorie des éthers.
» La théorie des substitutions exprime donc une simple relation entre
l'hydrogène qui s’en va et le. chlore qui entre: Cette relation,se trouve de
volume à volume dans le plus grand nombre de cas. En l'énoncant, je
crois avoir.rendu un service réel à la science. En effet, avant qu'elle eût
été signalée, il n'existait peut-être pas une seule analyse exacte d’un pro-
duit formé par l’action du chlore sur une substance organique. Depuis
qu'elle a fixé l’attention des chimistes sur ce genre de réactions, les faits
se sont multipliés, les analyses ont reçu une précision dont on a compris
l'importance; et j'aurais cru que, par cela seul qu’elle avait fait naître
presque tous les faits sur lesquels M. Berzélius, raisonne, elle. aurait mé-
rité. quelque indulgence de sa part.
» Si l'application de la théorie des substitutions au cas où le corps
renferme, de l’eau, conserve encore quelque indécision , il faut, je crois,
l'attribuer tout simplement au manque de faits. Il y a si peu de corps où
lon soit certain de la présence de l’eau toute formée, et il y a si peu
d'expériences faites dans cette direction.
», Mais si, l’on me faisait dire que l'hydrogène, enlevé est toujours rem-
placé par le corps électro-négatif, on m’attribuerait une opinion que mes
recherches; sur l’indigo démentent;. car l'hydrogène perdu, par l’indigo
blanc n’est pas remplacé pan de l’oxigène, quand celui-ci se convertit en
indigo, bleu, comme je l'ai publié il y a long-temps.
» Si l’on me fait dire que l'hydrogène est remplacé par du. chlore, qui
joue le méme rôle que lui, on, m'attribue une opinion contre laquelle. je
proteste, hautement, car elle est en contradiction avec tout ce, que j'ai
écrit sur ces matières.
» Que. les chimistes examinent les limites où doivent se renfermer ces
substitutions, mais.qu'ils ne les repoussent pas de-la science. Le moment
n'est pas éloigné peut-être où elles deviendront. d’un grand, secours pour
96..
( 700 )
faire un pas de plus dans l'étude de l’action des corps. Un exemple peut
le faire comprendre.
» J'ai trouvé que l'acide indigotique qui a pour formule C*#H#Az:0s,
se convertit en acide carbazotique, en vertu de la réaction suivante :
C#HSA70: — C#Hf + Az!Of — CH4Az60",.
» Ainsi le corps primitif perd C‘Hf et gagne Az{Of.
» M. Piria, en examinant l’action de l'acide nitrique sur l’hydrure de
salicyle, vient de trouver de son côté un nouvel acide qui a pour formule
C*HSA7z8 0" et qui se produit en vertu de la réaction suivante :
C:8 H'o Of — C{H4 HE Az$ Of — C4 HS O!° Az8.
» Ainsi, en perdant CfHf, la matière gagne Az° Of. Ne serait-il pas
heureux pour la science que des relations de ce genre, si elles se repré-
sentent souvent, eussent été remarquées plus tôt. Elles auraient donné à
l'étude des produits azotés, résultant de l’action de l'acide nitrique sur les
matières organiques, un intérêt théorique , qui, seul, est capable de faire
surmonter la fatigue attachée à leur étude.
» Livrons ces idées de substitutions à elles-mêmes, laissons-leur le
temps de se vérifier, de se modifier s’il le faut, mais ne repoussons pas
une régle empirique, car ce n’est pas autre chose, qui, loin d’avoir embar-
rassé la marche de la science, lui a procuré, depuis quelques années, une
foule d'analyses exactes auxquelles personnes ne songeait.
» J'arrive enfin à la partie de la lettre de M. Berzélius qui est relative
à la manière de représenter les corps qu'on appelle neutres, c'est-à-dire
les sucres, l’amidon, la dextrine, etc. La différence qui existe entre sa
manière de voir et celle que j'ai adoptée au sujet de ces corps, est de
nature à être vérifiée par l'expérience; par conséquent, on peut en par-
ler ici.
» J'ai déjà dit, plus haut, quelles sont les raisons qui m'ont conduit à
admettre dans les corps décomposables au feu, un poids atomique élévé et
un grand nombre d’'atomes d’oxigène. Cette vue se trouve confirmée
pleinement par les nouvelles recherches de M. Liebig; elle s'accorde aussi
avec les expériences de M. Payen sur l’amidon ou la dextrine, et celles
de M. Péligot sur les sucres et les gommes; enfin celles de M. Régnault
sur l'acide pectique.
» Remarquons, en passant, que les analyses des corps neutres dont il
s'agit, et que M. Berzélius adopte, ont été exécutées par un chimiste,
M. Mulder, qui a déjà commis quelques erreurs si graves, qu’on ne peut
(7or)
lui accorder une confiance bien grande. Aussi, n'est-on pas étonné de
voir que dans l'analyse de l'acide pectique, qu'il regarde comme isomé-
rique avec le sucre, M. Mulder à commis une erreur d'environ 2 pour 100
sur l'hydrogène.
» D'après M. Berzélius, l’'amylate, et, par conséquent, le dextrinate de
plomb; doivent conserver la formule Ci{ H°0%, tant qu'ils n’ont pas subi
de décomposition. J'ai trouvé que le dextrinate de plomb perd un atome
d’eau. M. Payen a vu la même chose pour l'amylate de plomb; ce qui ra-
mène la formule de l’amidon et celle: de la dextrine à C*#H'#Os. M. Payen,
pour répondre à la lettre de M. Berzélius ; vient de vérifier ses expériences
par de nouvelles épreuves, qui s'accordent exactement avec les anciennes.
» D’après M. Berzélius; le saccharate de plomb renferme C:4H O:°,2PbO;
d’après M. Péligot, il contiendrait C:4 H'#O5,2PbO, où plutôt C#H%O'E 4PbO.
Ainsi, tandis que M. Berzélius dédouble son ancienne formule du sucre,
M. Péligot se trouve conduit à la doubler, et tandis que M. Berzélius
persiste à donner C*#H+*0°%, comme étant le sucre anhydre , les expé-
riences de M. Péligot conduisent à retrancher un atome d’eau de cette
formule.
» J'ai vérifié, ces jours derniers, la composition du saccharate de plomb,
et Je suis retombé exactement sur les nombres trouvés par M. Péligot.
» J'ajoute que M. Péligot à trouvé que la gomme arabique donne un
gommate de plomb qui diffère exactement -de la même maniere du gom-
mate de plomb anciennement analysé par M. Bérzélius.
» Ainsi, la formule C## H'# O* convient à l’amidon, àla dextrine, au
sucre de cannes et à la gomme arabique : ces corps sont isomériques ; mais
leur composition diffère par un atome d’eau de celle qu'admet M. Ber-
zélius. De plus, comme ils renferment un nombre impair d’atomes d’oxi-
gène, le dédoublement de leur formule, que M. Berzélius propose, ne
peut pas s'exécuter. Tout porte à penser, au contraire, qu’il faudra plutôt
doubler celle-ci , au moins pour le:sucre.
» Ces faits nous ramènent vers le point de départ de la lettre de
M. Berzélius , et jettent, comme on voit, de grands doutes sur la solidité
des conclusions auxquelles il'est:conduit en ce qui concerne les acides
décomposables au feu, dont il représente les formules d’une maniere qui
ne s'accorde pas plus avec les nouvelles expériences dont ils ont été
l’objet, qu'avec les idées auxquelles on est conduit par l'analyse de l'amy-
late, du dextrinate, du saccharate et du gommate de plomb. !
» En un mot, si j'essaie de ramener le contenu de la lettre de M. Ber-
({ 702)
élus à une-expression générale, je: vois qu'i-faut. mettre de. côté la
théorie des: substitutious!, C’est une regle empirique; tant qu'elle, sera
d'accord avec l'expérience il: faudra: y'avoir égard : si quelqu'un a. voulu
lui donner une extension qui n’était pas dans ma pensée, cela: ne, peut
me regarder. Il reste donc, comme fait fondamental en discussion: de sa-
voir s'il faut admettre l'existence d’acides:organiques eapables de prendre
plusieurs atomes de, base dans:leurs sels neutres, ou s’il faut renoncer
aux formules de ce genre: ;
» Jusqu'ici l'expérience :sémble nous conduire à admettre que les
acides organiques non volatils:ou beaucoup d’autres corps faisant fonc-
tion d'acides, prennent plusieurs atomes de base dans leurs sels neutres.
Or, cest là ‘une affaire d'expérience, et pas autre chose à mes) yeux.
» Que M. Berzéhus, démontre. par des faits la possibilité d'expliquer la
constitution du citrate d'argent, celle de Fémétique anhydre, celle du
gallate de plomb, autrement qu’en admettant l'existence, de sels neutres à
plusieurs atomes de base? Que M: Berzélius aille plus loin, et qu’il veuille
bien nous dire pourquoi il ne saurait exister d’hydracides tels que ceux
que nous avons admis ? Avec des faits, nous serions bientôt d'accord ;
avec de simples assertions, rien ne saurait se terminer.
» Je regrette vivement qu'une discussion de-ce: genre, ait été entamée
devant l’Académie, d’une, manière, qui en a fait perdre de vue la-nature ;
mais, je dois le répéter, il nel s’agit nullement ici d'opinions, de théories,
il s’agit d'analyses et des formules qui en découlent immédiatement. Que
ces formules s'accordent ou, non avec des opinions préconcues, cela n’a
pas grande, importance; nous devons écarter:tout ce qui tient aux vues
de l'esprit pour nous en teniraux faits.
» 1l est un point de la lettre de M: Berzélius sur lequel l'Académie ap-
préciera ma réserve. Mais devant une Académie qui renferme MM. Thé-
nardi, Gay-Eussac, Chevreul-et:M: Berzélius, lui-même, les créateurs dela
chimie organique, l’illustre chimiste suédois aurait pu, je le-pense, indi-
quer quelque chose. d'élevé à tenter dans l'intérétde la science; mais je
laisse à la :sollicitude de nos maitres le soin.de le découvrir, prêt à se-
conder leurs efforts avec un, dévouement | complet aux intérêts de la
vérité, »
(703 )
so 29 DD HOTTE 5 0!
200L0GrE. =" #iberriation des Hirendelles. = Note communiquée
par M: LarRevi 91000 B sr
M. Larrey,e, s’étant.pas| trouvé, à la dernière séance de l'Académie au
moment où..il ya été, lu,une note .de M Dutrochet:; rélative à l'hiber-
aation.des hirondelles. rappelle, \dans celle-ci, uñe,ob$ervation à ce sujet,
qu'il a consignée dans l’histoire de ses campagnes et reproduite dans:sà
notice sur le choléra-morbus indien, observé dans le midi de la France
en 1835. Ci 2 5247 12192
«IL raconte dans sa Campagne d'Italie (tome It), que,, passant à! la
fin de l'hiver..de 1792 dans la' vallée, de, Maurienne, pour reyénir;sen
France, il avait découvert dans une grotte, profonde d'une, montagne,
nommée l’Airondellière (parce qu’elle est couverte d’hirondelles à l'entrée
des hivers), une grande quantité de ces oiseaux suspendus comme un
essaim d’abeilles dans l'un dés coins dé Ja voûte de cette grotte. Et de ce
fait M. Larrey avait conclu que, loin d’émigrer ou de passer les. mers
comme on l'avait cru jusque alors, les ‘hirondelles ; du moins celles de
nos climats, hibernaient dans les antres ou. les anfractuosités profondes
des montagnes des Alpes et dés Pyrénées.»
2.8 4111 il
=
« M. Isipore Grorrroy fait remarquer qu'en communiquant à l’Aca-
démie l'observation deNf. Hutrôchét ; 1e RPM ne présentée comme
unique dans la science, mais, au contraire comme venané établir par,une
preuve nouvelle et authentique, un fait ‘dont la réalité, malgré. un grand
nombre de témoignages, est encore généralement contestée ou regardée
comme douteuse par les ornithologistes. C’est en raison de ces doutes que
M. Isidore Geoffroy, bien qu'il connüt depuis long-temps le passage que
vient de rappeler M. Earréy, 4 eru'devoir, danses instructions que l’Aca-
démie l’a chargé de rédiger, appeler de nouveau l'attention des observa-
teurs sur la question de l'hibernätiôn ‘des’hirondélles , et qu'apres avoir lu
avec beaucoup d'inténét pour son propre-comptesmune lettre écrite par
M. Dutrochet, en réponse à cette demande, il a jugé utile de la livrer à
la publicité. » : À PROD ERPR: 288 IF A UN,
M. Tüxpin comménce la lécture d'in Mémoire inbitulé ? |
115144
poire; sur la formation des concrétions lignéuses dé la dernière , celle des
(704 )
noyaux et du bois, comparées aux concrétions calcaires qui se trouvent
sous le manteau des Arions et à l'ossification des animaux en général.
La lecture de ce Mémoire sera continuüée dans la prochaine séance.
M. GrorFRoY SainrHrLARE fait hommage à l'Académie d’un exemplaire
de l'ouvrage qu'il vient de publier, sous le titre de Fragments biogra-
phiques ; prébdiie d'Études sur . vie, si id et les doctrines de
Bufjon. ty 3 293 i6G j ) it} ) 1 il i
RAPPORTS.
M. Araco continue la lecture des Instructions pour l'expédition scien-
tifique dans l'Algérie et pour le voyage dans le nord de l’Europe ( partie
relative à la physique du globe et à la météorologie ).
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination d’une commis-
sion, chargée de décerner la médaille de Lalande pour l'année 1838.
MM. Arago, Bouvard, Mathieu, Savary, Damoiseau , réunissent la
majorité des suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ENromoLoGie. — Vote sur un coléoptère du midi de la France, décrit sous
le nom de Scarabæus phosphoreus; sur un insecte qui attaque la luzerne,
et qu'on nomme Négril dans quelques-uns de nos départements, etc.;
par M. VALLOT.
(Commissaires, MM. Duméril, Audouin.)
GéomÉTRIE. — Nouvelle théorie des parallèles; par M. Bazaiwe.
(Commissaires, MM. Lacroix, Sturm.)
MÉDECINE. — Essai critique contre les adversaires de la contagion par
infection, dans le cas de la peste; par M. Lerèvre. — Adressé
d'Alexandrie, en Égypte, en date du 30 janvier 1838, et transmis par
M. le Ministre des Affaires étrangères.
(Commissaires, MM. Serres, Double.)
( 705 )
MÉDECINE, — État nosologique des Cyclades dans l'année 1834, par
M. Bouros.
(Commissaires, MM. Magendie, Double.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machine cboueuse, machine destinée an
nettoiement des routes; par M. J. CHarpor.
(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.)
M. RousseL DE VAUzÈME présente, figurées en cire, les principaux organes
internes d'un fœtus de baleine. Toutes les pièces ont été moulées sur na-
ture. L'auteur annonce que l'examen anatomique de ce fœtus lui a fourni
le sujet d'un mémoire qu’il soumettra à l'examen de la commission qui
sera désignée.
(Commissaires , MM. Magendie, de Blainville, Breschet. )
CORRESPONDANCE.
puysiQue. — Sur la polarisation de la chaleur. — Lettre de M. Forprs
à M. Arago.
« Je vous serai obligé de faire part à l'Académie des Sciences des princi-
paux résultats auxquels je suis arrivé récemment dans mes recherches sur
la chaleur, et que j'ai communiqués à la Société royale d'Édimboure.
» T. Le seul point important sur lequel nous continuons à différer,
M. Melloni et moi, est relatif à l’inégale polarisabilité de la chaleur pro-
venant de différentes sources ; lui ne trouvant point de différence à cet
égard, et moi affirmant que la chaleur provenant d’une source dont la
température.est peu élevée est moins polarisée que celle qui est accom-
pagnée de lumière : cette proposition est exacte, je la maintiens. J'ai ré-
pété mes expériences avec les précautions nécessaires pour éviter complé-
tement les causes d'erreur dont M. Melloni croyait mes résultats affectés.
Ceux que j'ai obtenus ainsi m'ont présenté, en les comparant avec les siens,
des différences encore plus marquées.
» Je ne.me suis pas contenté de cette confirmation, je suis parvenu à
mettre en évidence les vraies causes de ce désaccord entre les résultats de
C. R. 1838, 127 Semestre. (T. VI, N° 24.) 97
( 706 )
M. Melloni et les miens, en prouvant que, d’après la construction des piles
de mica qu'il emploie, lesquelles ont dix fois et peut-être vingt fois l’épais-
seur de celles dont je me sers, la chaleur, dans l’acte de la polarisation,
acquiert, par sa transmission à travers cette épaisseur de mica, un carac-
tère uniforme ou normal qui fait que la différence des sources devient une
chose à peu pres indifférente. C’est seulement en employant des piles
d’une épaisseur très petite, eu égard au nombre de plaques, comme celles
que je suis parvenu à construire, que l'on peut mettre en évidence les dif-
férences caractéristiques des chaleurs provenant de différentes sources.
» II. Au moyen de trois séries d'expériences sur la chaleur de
différentes sources dépolarisée par linterposition de cinq épaisseurs
: tete ie AOL
de mica, j'ai déterminé la valeur de la fraction Togun de la formule
de dépolarisation de Fresnel. On la trouve presque exactement la même
pour la chaleur fournie par une lampe d’Argant, par le platine incandescent
et par le cuivre échauffé obscur. Cette valeur diffère beaucoup de celle que
l’on a pour la lumière, et il faut ou que o — e soit beaucoup plus petit,
ou À (la longueur d’une ondulation ) beaucoup plus grand que pour
le cas de la lumière. Cette dernière supposition, au reste, est rendue peu
probable par les résultats dont nous allons parler.
» IIL. J'ai déterminé l'indice de réfraction moyenne d’un grand nombre
de sortes de chaleur, en observant l'angle critique de la réflexion totale
dans des prismes de verre. Les principales conclusions auxquelles je suis
arrivé sont les suivantes :
» 1°. La réfrangibilité des différentes espèces de chaleur sur lesquelles
j'ai expérimenté (onze modifications en tout) est moindre que celle des
rayons lumineux.
» 2°, La réfrangibilité moyenne de chaleurs provenant directement de
différentes sources, lumineuses ou non, est à peu près la même, la cha-
leur obscure étant quelque peu moins réfrangible.
» 3. L'interposition des écrans de diverses natures que j'ai essayés
( dans le nombres sont ceux de mica et de verre noir) élèvent l’indice de
réfraction de la chaleur.
» 4°. Le principe de ma méthode entraine la possibilité de la déter-
mination de la dispersion. Je n’ai pas pu encore faire l'expérience avec
toute la précision convenable, mais je crois que la dispersion est beau-
coup plus grande pour la chaleur lumineuse que pour la chaleur obscure,
» Tels sont les principaux résultats auxquels je suis arrivé et que je
(707 )
considére comme ayant une grande importance pour la théorie de [a
chaleur. J'espère pouvoir vous envoyer promptement le Mémoire où les
preuves sont exposées avec tous les détails nécessaires. »
CONGRÈS SCIENTIFIQUE. — Réunion de l'Association britannique pour l'avan-
cement des sciences.
M. YATss, secrétaire de la Société, écrit que la prochaine réunion aura
lieu dans la ville de Newcastle-sur-Tyne, et durera depuis le 20 août
jusqu’au samedi 26 inclusivement.
« Le conseil de l’association, dit M. Yates, serait heureux d'apprendre
que quelques-uns des savants français se proposent d'assister à cette
réunion. »
CHIRURGIE. — Æxpériences sur l’oblitération des veines.
M. Davar prie l’Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet
cacheté dont il a fait le dépôt le 24 janvier 1831.
Le paquet est ouvert et contient deux notes : l'une concernant des re-
cherches commencées sur l'introduction de corps étrangers dans la cavité
des veines et des artères, mais sans aucun détail sur le procédé opératoire
ni sur les résultats; l’autre sur l'oblitération des veines, au moyen d’une
aiguille qui traverse le vaisseau de part en part en deux points de sa
continuité.
M. Dusreuiz annonce la mort de M. Ducis, professeur à la Faculté
de Médecine de Montpellier, et correspondant de l’Académie pour la
section d'anatomie et de zoologie.
M. pr Grécory adresse quelques détails relatifs à des expériences qu'il
a faites au mois de septembre 1837, sur les eaux thermales d'Aix, en
Savoie.
M. Korirsxy adresse quelques réflexions sur les nuages parasites.
À 5 heures moins un quart l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. F.
97.
( 708 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences; 1° semestre 1858, n° 20, in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l Académie royale des
Sciences ; 2° semestre 1837, 1 vol. in-4°.
Notice sur l'Épidémie du Choléra-Morbus indien qui a régné dans les
ports méridionaux de la Méditerranée et dans toute la Provence, pendant
les mois de juillet ef d'août 1835; par M. le baron Laney ; in-8°.
Fragments biographiques, précédés d'Études sur la vie, les ouvrages et
les doctrines de Buffon; par M. Grorrrox Sanr-Hiraire; 1858, in-8°.
Notice sur les Mines d'asphalte , bitume et lignites de Lobsann (Bas-
Rhin); par M. le vicomte Héricanr De Tuury; in-8°.
Opuscule sur la cause et la contagion de la Peste; janvier 1837; par le
docteur Lerëvre ; Alexandrie, in-8°,
De M. le docteur Burarp et de la Peste; août 1837, par le même ; in-8°.
Essai critique contre les adversaires de la contagion par infection ap-
pliquée à la peste ; par le même ; in-8?.
Teletatodydaxie ou Télégraphie électrique; par M. Huserr ; Rey, in-8°.
Supplément au Mémoire sur les Musaraignes ; par M. Doveroy; in-4°.
Tableau des ordres, des familles et des genres de Mammifères ; par le
même ; in-4”.
Mémoires sur les coquilles fossiles lithophages des terrains secondaires
du Calvados; par M. Euvss Desconccuawrs ; Caen, in-/°.
Canal de Provence.—Examen du projet Bazin adressé à M. le conseil-
ler d'État, Directeur-général des Ponts-et-Chaussées et des Mines; par
M. le comte pe Vrizeneuve et M. Gexparme DE BEvorTE ; Marseille, in-4°.
Voyage en Islande et au Groënland sous la direction de M. Gaimarn.—
Géologie et Minéralogie; par M. Evcèwe Rorerr ; Atlas in-8°, 1838.
Des Éléments, de leurs effets dans l'univers , etc., nouvelle édition par
M. Prurr; 1838, in-8°.
Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; tome 122, avril
1838, in-8°.
( 709 )
Mémoires de la Société d Agriculture, Sciences , Arts et Belles-Lettres
du département de l'Aube; n° 62—64, 2°, 3° et 4° trimestre 1837, in-8°.
Répertoire de Chimie scientifique et industrielle; n° 4, avril 1838, in-8.
Cours complet d'Agriculture; tome 16, in-8, et 16 livraisons de plan-
ches in-8°.
Recueil de la Société Polytechnique sous la direction de M. 0e Mozion ;
avril 1838, in-80.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 7° année,
15—530 mai 1838, in-8°.
Bibliographie universelle; 3° livraison, mars 1838, in-8e.
Vers à Soie.— Tableau synoptique publié sous les auspices du Ministre
du Commerce et de l'Agriculture; par M. Bruner ve LacranGe. (Tableau.)
Bryologia Europæa seu genera muscorum Europæorum monographicèe
illustrata; par MM. Bruca et W.-P, Sonimrer, livraisons 2—/ ; Stuttgardt,
1838, in-4°.
Memorie della.... Mémoires de Mathématiques et de Physique de la
Société Italienne des Sciences résidante à Modène ; tome 21. Partie Phy-
sique ; Modène, 1837, in-4°.
Journal des Sciences physiques, chimiques et Arts agricoles et industriels
de France; par M. Jura ne FoNTENELLE ; avril 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 20 , in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 58—60, in-4°.
L'Écho du Monde savant ; 5° année, n° 335, in-4°.
La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 5.
L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n° 39—40, in-8.
Dictionnaire classique des Sciences naturelles ; par M. Davrrz.
(Prospectus.).
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 MAI 4838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur la différence qu'offrent les tissus
cellulaires de la Pomme et de la Poire; sur la formation des concré-
tions ligneuses de la dernière, celle des noyaux et du bois, comparées
aux concrétions calcaires qui se trouvent sous le manteau des Arions (1),
et à l'ossification des animaux en général; par M. Turrin.
PREMIÈRE PARTIE.
« Tout en étant frappé des nombreuses ressemblances et de l’intime
parenté qui lient si étroitement le Pommier et le Poirier, chacun de nous
cependant les distingue aussi nettement que s'ils appartenaient à des
familles végétales très éloignées.
(a) Le genre Arion, formé par de Férussac avec quelques Limaces, comprend les
espèces suivantes : Arion Empyricorum, A. albus, A. subfuscus, 4. melanocephalus ,
A. fuscaius, et 4. hortensis.
C. R. 1838, 1°r Semestre, (T.VI, N° 29.) 98
(712)
» Tout le monde sait voir que le Poirier, comparé au Pommier, est
plus mâle, plus vigoureux; que sa taille est plus grande, sa forme pyra-
midale et altière; que ses feuilles, plus longuement pétiolées, sont en
même temps plus lisses, plus coriaces, peu sujettes à être mangées par
les insectes, et presque toujours ployées en gouttières, et à peine den-
ticulées en leurs bords; que ses fleurs, qui précèdent celles des Pom-
miers d’une quinzaine de jours, sont blanches (1), portées sur de longs
pédoncules, et rassemblées en bouquets plus lâches ou moins serrés que
ceux des Pommiers; que ces fleurs ont des étamines plus étalées et des
styles lisses, libres ou isolés jusqu’au fond de la cavité de la fleur; que
les fruits, qui succèdent à ces fleurs, ont une queue longue qui ne s’im-
plante point dans une cavité, mais qui semble s’épaissir graduellement
sous la forme allongée de la poire, forme si connue que dans mille au-
tres cas nous appelons pyriforme , comme moyen de comparaison. Cette
forme si caractéristique de la poire offre quelques exceptions; on en
voit de globuleuses (2) et une variété dont je parlerai tout-à-l’heure, qui,
étant isolée de son arbre, a absolument la forme et tout l'aspect d’une
pomme.
» Les racines du Poirier, soumises à la même puissance d’extension
que les rameaux du système aérien, ont aussi une grande étendue per-
pendiculaire; elles s’enfoncent profondément et exigent, par ce besoin,
une épaisseur de terre bien plus considérable que les racines du Pom-
mier, beaucoup plus étalées.
» Le bois du Poirier, quoique ayant les plus grands rapports avec celui
du Pommier, est plus serré, plus solide, a le grain plus fin, et doit être
préféré pour la durée et les travaux qui demandent un grand fini dans leurs
détails.
» Le Pommier, qui semble être la femelle du Poirier, a une taille moins
élevée; son port est plus humble, sa forme abaissée est arrondie en
demi-sphère, et ses rameaux ont une tendance à s’incliner; sa feuille,
portée sur un pétiole court, est velue, plus étoffée, plus dentée, mais
aussi plus tendre et plus souvent dévorée par les insectes.
» Les fleurs, rassemblées en bouquets serrés, sont grandes, et leurs
pétales étalés sont presque toujours teints en partie d'un rose très vif;
(1) Sauf un très petit nombre de variétés, dont le bord des pétales est teint d’un peu
de rose.
(2) Exemple, l’Orange rouge et quelques autres.
(758)
leurs étamines, au lieu d’être ouvertes et lisses comme celles des Poiriers,
sont velues et rapprochées en faisceau , de maniere à embrasser et à ca-
cher les styles qui, contrairement à ceux des Poiriers , sont velus et soudés
dans leur partie inférieure (x).
» Les fruits, le plus souvent arrondis où pommiformes, mais aussi
quelquefois allongés, ou d’autres fois déprimés ou aplatis sur leur axe,
se distinguent de ceux du Poirier par une queue plus courte implantée
dans une cavité, et par un œil terminal souvent entouré de cinq bosse-
lettes plus ou moins proéminentes (2).
» Les racines du Pommier, de même que le système aérien s'élève peu
et s'étale beaucoup, restent pour la plupart près de la superficie du sol ;
aussi le Pommier peut-il vivre dans une terre peu profonde, et là où le
Poirier, dont les longues racines ont besoin de s'étendre verticalement ;
périt en peu d’années. De la direction naturelle des racines de ces deux
espèces d’arbres fruitiers , il en résulte que le Poirier se fixe solidement
‘au sol, tandis que l’on voit souvent les Pommiers être défacinés et ren-
versés sur la terre par le vent. Le bois de ceux-ci, moins solide et sur-
tout moins élastique que le bois du Poirier, fait que ces arbres se déchi-
rent souvent lorsqu'ils sont exposés aux coups de vent (3).
» J'ai dit plus haut que je parlerais d’une variété de Poire dont tout
l'aspect est celui d’une Pomme. Étant allé en Normandie pendant les
années 1806 et 1807, pour y étudier parmi les Pommes à cidre et les
Poires à poiré, celles qui par leur beauté et leur bonne qualité, pou-
vaient être admises dans nos jardins, sur nos tables, et faire partie du
r 7 —
(1) Ge caractère des cinq styles libres dans toute leur longueur chez les fleurs des
Poiriers , et soudés par leur partie inférieure chez celles des Pommiers, est en rapport
ayec la différence d’énergie vitale qui a lieu entre ces deux sortes d’arbres.
La désoudure des parties de la fleur, chez les végétaux, est toujours un signe ou un
acte de plus grande vigueur. C’est ainsi que j’ai observé que toutes les corolles ordi-
nairement monopétales du Cobæa scandens étaient devenues polypétales sur un
individu qui végétait outre mesure. ( J’oyez ce que j'ai dit de ce cas de végétation,
dans mon Æsquisse d'Organographie végétale, placée en tête du grand Ætlas des
OEuvres d'Histoire naturelle de Goethe, 1837, page 70.)
(2) Dans l’Api étoilé, dont la forme est pentagone, chacune des cinq saillies du fruit,
en s’élevant autour de l’œil, y produisent autant de bosselettes très prononcées. (Pour.
et Ture., Arbr. fruit., t. V, pl. 6.)
(3) Le tronc d’une espèce de Pommier à cidre, cultivé dans les environs d’Alençon,
se tord constamment et invariablement dans le même sens, de la même manière que
cela se voit chez les vieux troncs de Grenadiers qui ornent nos jardins publics.
98..
( 714)
Traité des Arbres fruitiers dont nous nous occupions alors, M. Poiteau et
moi, je rencontrai une Poire qui avait entierement la forme d’une Pomme.
Une seule chose pouvait la démasquer et la faire reconnaitre : c'était son
poids, qui, par une exception de plus, se trouvait être plus grand encore
que dans les Poires ordinaires. Cette Poire pommiforme ressemblait, à
s’y méprendre, à une Pomme de reinette grise. Jen rapportai quelques
individus à Paris, que je présentai à la Société Philomatique. M. Dupetit-
Thouars, qui assistait à cette séance, crut d'abord, comme tout le monde,
que c'étaient des Pommes, et il ne fut détrompé que lorsque je lui en mis
une dans la main, et qu'il en sentit le poids, fort différent de celui d'une
Pomme.
» L'arbre qui produisait constamment ces Poires pommiformes avait
aussi un aspect qui l’éloignait des Poiriers et le rapprochait des Pom-
miers; son port était plus étalé, ses rameaux plus divergents , ses feuilles
velues et plus dentées. Je n’ai point vu les fleurs.
» La différence de poids qu'offrent les Pommes et les Poires est en°
core un caractère qui les distingue, assez nettement. On sait que, gé-
néralement, les Poires tombent au fond de l’eau , tandis que les Pommes
nagent. Ce qui rend la Poire plus pesante, c'est, d'abord, la présence
des nombreuses concrétions pierreuses qu’elle renferme; c’est ensuite un
nombre plus considérable de vésicules dans la composition de son tissu
cellulaire ou de sa chair; c'est encore à une plus grande quantité d’eau
et, par conséquent, moins d'air dans ses vésicules.
» Ce qui rend, au contraire , la Pomme plus légère, c’est l'absence
totale de concrétions pierreuses, ce sont des vésicules plus grandes, pour
lors moins nombreuses, moins multipliées, et enfin contenant moins d’eau
et plus d’air. De là cette autre différence entre la densité de la chair de
ces deux sortes de fruits. La Pomme, plus sèche, plus spongieuse, n'est
jimais fondante comme le sont certaines variétés de Poires.
» À l'exemple de ces inimitiés, d'autant plus grandes qu’elles ont lieu
entre plus proches parents, le Pommier et le Poirier s'unissent peu ou
point par la greffe (1).
(1) Tous les essais de greffe tentés entre ces deux espèces d’arbres, n’ont jamais eu
qu’une très faible réussite et d’une assez courte durée. La greffe, mal collée sur le
sujet, y a toujours langui et y a toujours péri avant d’être en état de fleurir et de
fructifier.
Il existe cependant, en ce moment, un exemple de cette greffe qui date de six ans,
(719 )
» En admettant les fécondations vagabondes chez les végétaux, cette
antipathie se montre encore bien plus prononcée dans le refus opiniätre
que manifestent ces deux espèces d’arbres à se féconder mutuellement,
de manière à produire des mulets ou des hybrides, qui consisteraient en
Pommes-poires ou en Poires-pommes. C’est ce que l’on ne voit jamais
malgré l’habitation commune dans laquelle vivent pêle-mêle les Poiriers et
les Pommiers, et la facilité qu’ils auraient à se livrer à ces sortes d’écarts
ou de libertinage.
» Les monstruosités qui se présentent chez les fruits des Poiriers et
ceux des Pommiers, offrent encore une différence extrêmement remar-
quable, que j'ai déjà fait connaître ailleurs et où j’en dis la cause (a).
» La monstruosité des Poires consiste toujours dans une proliférie, c’est-
à-dire dans le développement successif de plusieurs Poires les unes au-
dessus des autres, tandis que celle des Pommes n’a lieu que par des fruits
plus ou moins greffés côte à côte (2).
» Beaucoup d’autres caractères, soit distinctifs, soit d’analogies, éloignent
ou rapprochent les Poiriers des Pogmiers.
» Si la feuille du Poirier est plus coriace, si elle est moins dévorée par
les insectes que celle du Pommier, elle a aussi ses ennemis particuliers.
L’Æcidium cancellatum (3), si remarquable dans sa structure, qui nait
et qui, sans être bien vigoureuse, produit des fruits. La greffe, dirigée en quenouille,
est un Poirier de Doyenné enté très bas, et à quelques pouces au-dessous du sol,
sur un Pommier doucin ; quelques drageons partant du sujet attestent sa nature. La
quenouille a produit quelques beaux fruits.
Ge cas extraordinaire, qui a dû son existence jusqu’à ce jour à ce que l’union des
deux espèces est très près du collet du sujet, se trouve à Saint-Denis, dans les pépinières
de M. Henri Cordonnier , où il a été examiné avec tout le scrupule qu’exigeait un sem-
blable fait. (Ann. d'Hort., tome XXI, page 184.)
{1) Esquisse d'Organographie végétale, Atlas des OEuvres d'Histoire naturelle de
Goethe, page 68.
(2)Je ne connais qu’une exception, c’est celle qu’offre constamment la Pomme-Fipue
(Malus apetala), dans la singulière structure de laquelle se trouvent trois fruits emboîtés
à la manière des tubes d’une longue-vue fermée. ( Voyez la description détaillée que
j'ai donnée des organes de la fleur et de ceux de cette singulière Pomme, dans mon
Esquisse d Organographie végétale, Allas des OEuvres d'Histoire naturelle de Goethe,
page 68.)
(3) Ræstelia cancellata, Reb. De même que pendant long-temps on à attribué au
voisinage de l’Épine-Vinette la cause, l’origine et le développement de la rouille des
blés (Uredo rubigo-vera), soit par une sorte d'ensemencement des vésicules polliniques
( 716)
et s'élève sur la face intérieure, vit à ses dépens en laissant au-dessous
une tache orangée; le Cladosporium fumago, autre végétal parasite et
microscopique , qui apparaît à la face extérieure de la feuille sous la forme
d'un grand nombre de taches noires ou fuligineuses. Cette production, qui
attaque plus particulièrement les feuilles du Poirier Doyenné, s'établit et
tache, en même temps, la surface des fruits, ce qui les déprécie beaucoup
sans que cela nuise cependant à leur bonne qualité. On ne peut s'empêcher
ici de remarquer que la face extérieure des feuilles, la seule qui sert de
territoire à ces petits végétaux , correspond exactement avec celle des
feuilles du verticille quinaire qui s'offre à la surface du fruit.
» Les Tigres, petits insectes ailés, mouchetés de gris, de brun et de
violet, en se fixant sur la feuille des Poiriers, surtout du Bon-Chrétien
d'hiver en espalier, en sucent le parenchyme, laffament, lui donnent
des fleurs du Berberis, soit par une dégénérescence de l ÆÆcidium qui attaque fréquem-
ment les feuilles de cet arbuste, M. Eudes Deslongchamps, dans ces mêmes idées de
voisinage et d’inoculation , a fait connaître ghelques observations qui tendraient à faire
croire que le pollen abondant d’un fort pied de Sabine (Juniperus sabina), planté près
d’un grand nombre de Poiriers, leur communiquait lÆÆcidium cancellatum, et que
ce parasite devenait plus rare à mesure que les Poiriers étaient plus éloignés de la Sabine.
De cette même source d'infection, suivant M. Eudes Deslongchamps, c’est-à-dire des
mêmes germes, seraient encore résultées d’autres forines et par conséquent d’autres ve-
gétaux, comme par exemple l’Uredo pinguis, D.C., sur les feuilles de plusieurs variétés
de Rosiers, plus encore une autre production à la face inférieure des feuilles de vigne,
qui est l’Erineum witis, sorte de petit Bédéguard dû à la surexcitation, par place, des
poils normaux qui deviennent monstrueux.
Toutes ces productions, qui ne sont que des dégénérescences des organes élémen-
taires des tissus propres des feuilles ou des tiges dans lesquelles et sur lesquelles on les
voit se développer, dégénérescences dues à des causes d’excitation, sont toujours favo-
risées par les abris, l'humidité et la diminution de l’air et de la lumière. Il me paraît
donc tout simple qu'après le pied de Genévrier abattu, les feuilles des Poiriers et autres
plantes voisines se soient trouvées saines et dégagées de toutes ces excroissances tissu
laires montrueuses.
Dans une campagne près de Paris, que j'ai habitée pendant quelques années, la terre
y est forte, compacte, froide et retient l’eau. Je n’ÿ ai jamais aperçu qu'un seul pied
d’Épine-Vinette, et cependant les blés y sont couverts de rouille. Mon jardin, bourre
d’arbres fruitiers qui se gènaient mutuellement, en entretenant parmi eux une grande
humidité et en se privant réciproquement de l'air et de la lumière, ne contenait aucune
espèce d’arbres verts, et pourtant les feuilles des Poiriers étaient couvertes d’Æcidiim
cancellatum , et les feuilles de mes raisins blancs étaient toutes attaquées en-dessous
soit par V’Erineum vitis, soit par le 7'orula dissiliens, Duby.
(717)
l'aspect d’un bronzé sale, ce qui finit par épuiser l'arbre et le faire
périr.
» On sait que le Gui (1), la seule plante parasite appendiculée de notre
pays, germe et végète en rayonnant dans tous les sens sur les branches
du Pommier. On sait aussi que plus les Pommiers sont vieux, faibles ou
malades, plus ils sont infestés de ce parasite incommode qui, en se mul-
tipliant de plus en plus, les affame et finit par les tuer. Ce que l’on sait
moins, c'est que les Poiriers n’en montrent jamais, tandis que d’autres
arbres de genres et de familles très éloignés, tels que des Épines (2),
des Acacias (3), des Peupliers blancs de Hollande (4), des Chênes, etc.,
en sont quelquefois couverts. D’où peu venir cette antipathie du Gui pour
le Poirier? Vient-elle d’une qualité de sève qui ne convient pas au para-
site, ce qui parait le plus probable, ou le Poirier, plus vigoureux que le
Pommier, repousse-t-il le Gui, ce qui est moins probable, car les vieux
Poiriers languissants finiraient par en recevoir.
» Je terminerai enfin ces nombreuses différences , entre deux arbres qui
d’ailleurs offrent tant de ressemblances , par celle qui existe dans la qua-
lité particulière de leur sève, ce qui fait que les Pommiers peuvent être
mortellement infectés du Puceron lanigère (5) lorsque les Poiriers en sont
toujours exempts. Je rappellerai aussi que, quant à la saveur des fruits,
l'acidité appartient plutôt aux pommes qu'aux poires (6).
» Deux arbres tout-à-la-fois si caractérisés et si semblables (7) devaient
tenir les auteurs systématiques divisés et dans une fluctuation d'opinion
relativement à la formation, bien peu importante, d’un ou de deux genres.
Aussi at-on vu Tournefort, Jussieu, Lamarck, Duhamel, Desfontaines et
de Candolle admettre la validité des genres Pyrus et Malus, tandis
—————— "TT TT
(1) Fiscum album, Linn.
(2) Mespilus oxyacantha, Gærtn..
(3) Robinia pseudo-acacia, Linn.
(4) Populus alba.
(5) Myzoxylon du Pommier.
(6) L’acidité des Poires, susceptibles de développer cette saveur, est-elle diminuée
ou entièrement absorbée par les concrétions pierreuses, comme le pensait Grew ?
.(7) Un petit caractère qui rapproche encore les Pommiers des Poiriers, consiste dans
la couleur rouge dont se teint la chair des Passe-Pommes, des Calvilles rouges et des
Poires désignées sous le nom de Sanguine d'Italie, avec cette légère différence que c’est
près de la peau chez les Pommes et près des loges chez les Poires, que la couleur rouge
est la plus in!ense,
(718)
que Linnée, Willdenow, Persoon, de Candolle (1) et Lindley , mus par
d’autres sentiments, ne reconnaissent que le seul genre Pyrus.
» On doit s'étonner que ceux des auteurs qui avaient intérêt à distinguer
et à caractériser les genres Pyrus et Malus, qui devaient les étudier avec
soin sous le rapport de toutes leurs différences, s’en soient tenus seulement
à la soudure dela partie inférieure des cinq styles, à leur villosité (2), à la
forme sphéroïde du fruit, et à sa queue implantée dans une cavité, carac-
teres qui, vu leur peu d'importance organique, s’effacent quelquefois com-
plétement , et qu’ils aient négligé celui, très constant , de la présence ou
de l'absence absolue des concrétions pierreuses qui, comme on va le voir,
en détermine un autre des plus curieux et des plus inattendus.
» M. de Mirbel, dans son savant rapportsur un manuscrit de M. deTris-
tan (3), dit : « Les éléments organiques sont, à peu de chose près, sem-
» blables dans la plupart des espèces monocotylédonées ou dicotydonées, »
Je fus frappé de la justesse et de la profondeur de cette assertion, car il est
très vrai que de l’analogie plus ou moins grande qui existe entre les formes
et les divers arrangements des organes élémentaires, dont sont formées les
masses tissulaires végétales , dépendent les formes si variées de tous les or-
ganes extérieurs des plantes; formes qui ne sont que les effets obligés
d’une cause plus profonde qui se trouve dans la nature, l’ordre ou la com-
binaison des vésicules et des tubes des tissus. Mais aussi cela me fit sou-
venir, en même temps, d'une grande et très remarquable exception à cette
règle générale.
» On a vu combien sont grands les rapports de ressemblances qui
existent entre le fruit de la Poire et celui de la Pomme. On devait croire
que des structures aussi semblables et des formes aussi rapprochées, de-
vaient être subordonnées, ou le résultat d'organes élémentaires pareils et
combinés de la même manière.
» Eh bien! il en est tout autrement, jamais dissemblance ne fut plus
grande.
(1) L’illustre professeur de Genève n’admet plus le genre Malus que comme une sec-
tion du genre Pyrus.
(2) Les styles n’étant que le prolongement de la nervure médiane des feuilles ova-
riennes , ceux des fleurs des Pommiers, dont les feuilles sont velues , doivent conserver
ce même caractère de villosité, tandis que ceux des fleurs des Poiriers, dont les feuilles
sont lisses, doivent également être dépourvus de poils.
(3) Harmonie des organes végétaux étudiés principalement dans l’ensemble d'une
même plante , Comptes rendus, séance du 29 janvier 1838, pag. 135—136.
(719)
» Le tissu cellulaire de la Pomme, celui qui en forme la chair ou la partie
mangeable, comme tous les tissus cellulaires végétaux, se compose d’une
grande quantité de vésicules distinctes, simplement agglomérées, vivant
et végétant chacune pour son compte, de grandeur variable dans la même
Pomme, et d'autant plus grandes en général, que ces fruits sont plus
gros et plus légers. Ces vésicules, incolores et transparentes, s’alte-
rent d'autant plus dans leur sphéricité naturelle et primitive qu’elles ont
manqué de l’espace nécessaire à leur développement individuel. Dans leur
intérieur se trouve une globuline également incolore, ou en d’autres
termes, une nouvelle génération de jeunes vésicules variables en diamètre
et qui, quelquefois, en continuant de végéter et de croître dans le sein
de la vésicule maternelle, finit par remplir toute la cavité de celle-ci.
La nouvelle génération, quoique prenant un grand accroissement, reste
stérile; elle ne montre jamais une troisième génération dans l’intérieur
de ses vésicules, comme on l’observe parfois dans des tissus cellulaires
plus énergiques ou moins épuisés que celui de la Pomme, dans lequel
toute force végétative arrivée à son dernier terme est évanouie.
» Toutes ces vésicules , insipides par elles-mêmes, comme autant d’outres
particulières, contiennent une eau plus ou moins abondante, et dans la-
quelle réside la saveur acide, sucrée ou amère, qui se fait sentir dans
chaque variété de Pommes. La grandeur moyenne de ces vésicules est
d'environ & de mill.
» Comme on le voit, le tissu cellulaire de la chair des Pommes est en-
tièrement semblable à celui de tous les autres végétaux et particulière-
ment à ceux qui sont lâches et aqueux, et dans Jesquels les vésicules,
jouissant de l’espace, se sont peu gênées mutuellement. On n’y rencontre
jamais ni cristaux, ni concrétions pierreuses. È
» Le tissu cellulaire de la Poire offre, contre toute attente, une consti-
tution aussi élégante qu’elle est extraordinaire, et probablement très rare
dans le règne végétal.
» Si l’on étudie ce tissu naissant dans un ovaire ou même dans une très
jeune Poire, on le trouve formé de très petites vésicules contiguës et déjà
remplies de nombreux globulins. Ce jeune tissu est entièrement comparable
à celui, également naissant , qu’on appelle Cambium. Peu de temps après,
lorsque la Poire a atteint environ la grosseur d’une petite noix, on com-
mence à s’apercevoir que cà et là il se forme de petits noyaux qui se mul-
tiplient, grossissent un peu, deviennent plus opaques et s’endurcissent,
C. R. 1838, 1r Semestre, (T, VI, N° 22,) 99
( 720 )
Ce sont ces petits noyaux qui, assez régulièrement répartis dans tout le tissu
cellulaire de la chair des Poires, sont désignés sous le nom de roche ou
de pierre. Toutes les poires en sont plus ou moins pourvues, et les par-
ties qui en contiennent le plus sont celles qui touchent immédiatement
l'épiderme, et celles plus centrales qui avoisinent l'axe ligneux (1) du
fruit, depuis l'insertion de la queue jusque près de l'œil formé par les
rudiments séchés de la fleur. Là elles sont plus grosses et plus nombreuses
que sous l'épiderme, et elles semblent, par leur assemblage et leur répé-
tition, une sorte d'enveloppe ou de noyau osseux autour des cinq loges
ou des cinq carpelles cartilagineuses du fruit.
» Les Poires les plus avantageuses à étudier sous le double rapport de
la formation des concrétions pierreuses et de la singulière disposition des
vésicules du tissu cellulaire, sont celles de Saint-Germain et d'Angleterre,
parce que leurs pierres sont grosses, leur tissu plus lâche et plus aqueux,
ce qui rend plus facile l'isolement des parties pour être plus commodé-
ment soumises au microscope.
Analyse microscopique.
» J'ai dit, il y a un instant, que le tissu cellulaire d’un ovaire ou d’une
très petite Poire était régulier; c'est-à-dire qu’il se composait, comme tous
les tissus cellulaires végétaux, de vésicules agglomérées, plus ou moins
remplies d’une jeune globuline, et qu'il n’offrait encore aucune trace de
concrétions pierreuses. C’est donc en continuant de se développer que les
pierres apparaissent successivement, et que le tissu cellulaire subit, en
même temps, la plus curieuse des métamorphoses.
» Si l’on porte sous le microscope armé du grossissement de 250 fois
environ de petites tranches de tissu cellulaire prises dans une Poire mûre,
soit de Saint-Germain, soit d'Angleterre, ou de toute autre espèce, on
ne pourra s'empêcher d'admirer l’élégante disposition de ce tissu. On verra
d'abord que les pierres qui paraissent simples à l'œil nu, sont assez gran-
dement espacées et qu’elles se composent d’un nombre très variable de
corps cristalloïdes, agglomérés en sphéroïdes plus ou moins réguliers, opa-
ques ou semi-transparents, marqués au centre d’une sorte d’ombilic
punctiforme ou discoïde, d’où rayonnent un grand nombre de petites
rides qui se multiplient à mesure qu’elles s'étendent vers la circonférence.
(r) Prolongement du faisceau fibreux de la queue dans le fruit, qui s’ouvre ensuite
et enveloppe les cinq carpelles cartilagineux.
(721)
Ces corps ou ces petites pierres particulières, toujours anguleuses, tou-
jours aplaties, sont quelquefois intimement soudées, de manière à pa-
raître comme si elles étaient munies de plusieurs ombilics, et leur agglo-
mération sphéroïde rappelle parfaitement celle des véritables cristaux qui
se forment dans les vésicules des tissus cellulaires des Cactées et des Rhi-
zomes, des Rhubarbes.
» Autour de ces sphéroïdes, composés de petites pierres agrégées,
rayonnent dans tous les sens un grand nombre de vésicules allongées en
massue, tubuleuses, le plus souvent simples; mais aussi quelquefois comme
articulées ou comme formées du plusieurs vésicules développées à la suite
les unes des autres. Ces vésicules tubuleuses et rayonnantes, variables en
forme et en longueur, s'étendent autant que l’espace produit entre chaque
agglomération pierreuse le permet, et jusqu’à la rencontre mutuelle des
rayonnances voisines où il se fait opposition. Transparentes, molles et in-
colores, elles contiennent l’eau de la Poire et vers leur extrémité des gra-
nules fins, ou une globuline avortée. Semblables aux utricules succulents
des Oranges et de toutes les vésicules des tissus cellulaires aqueux, ce sont
elles qui forment ce que l’on appelle la chair ou le parenchyme dans ces
sortes de modifications.
» D’après ce qui vient d’être dit, on voit que la chair de toutes les
Poires est une masse formée par agglomération et par développements
partiels, d’un nombre considérable de sphéroïdes rayonnants, lesquels,
vus au microscope , simulent admirablement autant de fleurs radiées, dont
le centre ou le disque, plus coloré , serait formé par les pierres agglomé-
rées, et les fleurons de la circonférence par les vésicules aqueuses et al-
longées. Rien ne ressemblerait plus à des Marguerites, que ces sphéroïdes
rayonnants , si les vésicules divergentes, au lieu de partir de tous les points
du pourtour du noyau central, n’émanaient seulement que latéralement,
comme je les ai figurées dans l'intention d’être plus clair.
» Dans les Poires à chair cassante, comme celle du Messire-Jean, par
exemple, les rochers ou les agglomérations de petites pierres sont infini-
ment plus nombreux que dans les Poires à chair fondante; de là des vé-
sicules rayonnantes moins allongées , et de là, par conséquent, le caractère
cassant de ces tissus et celui plus élastique des tissus fondants.
» Lorsqu'on enlève l'épiderme d’une Poire mûre de Messire-Jean , on voit
immédiatement au-dessous une couche mince qui se compose d’une infinité
de petits globules fauves ou roussâtres qui semblent comme un sable fin ré-
pandu avec assez d'ordre à la surface de la chair. Chacun de ces globules,
( 722 )
vu au microscope, est un petit rocher formé de pierres roussâtres, semi-
transparentes et entouré, comme ceux que j'ai déjà décrits, de vésicules
incolores, rayonnantes, simples ou composées de deux articles. C’est à ka
couleur roussätre des rochers et à leur très grand nombre qu’est due cette
même couleur qu'offrent à l'extérieur les Poires de Messire-Jean, dont
l'épiderme par lui-même est transparent et sans couleur.
» Sous l’épiderme d’une de ces Poires j'ai trouvé, une fois, un assez
grand nombre d’Acarus dont le corps ovoïde, muni de pinces ramassées en
museau et de quatre soies postérieures, n’offrait, chose remarquable,
que quatre pattes articulées et terminées par un seul ongle légèrement
arqué, jeunes individus qui attendaient leur mue pour prendre leurs huit
pattes.
» À mesure que l’on pénétrait dans la chair de ces Poires, les rochers
à vésicules rayonnantes devenaient plus gros, plus composés, mais aussi
plus rares ou plus espacés, et les fleurs radiées, par conséquent , plus
grandes. Vers le centre et dans le voisinage des loges ils étaient plus nom-
breux et formaient, comme je l'ai déjà dit, une sorte de capsule pier-
reuse.
» Ayant poussé mes recherches microscopiques sur la disposition ou
l'arrangement des vésicules des tissus cellulaires de quelques fruits ana-
logues à ceux de la Poire, tels que le Coing et la Nèfle, j'ai trouvé que
toute-la masse charnue ou pulpeuse de ces deux sortes de fruits était ab-
solument, comme dans les Poires, composée de sphéroïdes florifères for-
més également d’un centre pierreux et de vésicules rayonnantes; mais
offrant, dans leurs parties composantes, des modifications de forme dont je
vais parler.
» Malgré les analogies qui existent entre la Poire, le Coing et la Nefle,
ces trois fruits présentent des différences extrêmement remarquables. Les
Poires résultent d’une inflorescence disposée en bouquet, de manière à ce
que chaque fleur et par suite chaque fruit est latéral, tandis que les
Coings et les Nèfles, toujours solitaires, terminent un scion (1). Dans ces
trois sortes de fruits charnus, le centre est également occupé par cinq
loges ou carpelles qui correspondent avec le même nombre de styles; mais
ces loges ou carpelles, cartilagineuses dans la Poire et le Coing, sont os-
(1) La Poire, née à l’aisselle d’une feuille rudimentaire, provient d’un bourgeon la-
téral et axillaire, tandis que le Coing et la Nèfle résultent d’un bourgeon terminal.
( 723 )
seuses dans la Nefle, et contiennent dans leur intérieur un nombre de
graines très variable suivant les espèces. Dans celles de la Poire et de la
Nèfle elles sont originairement au nombre de deux, situées l’une au-des-
sus de l’autre, tandis que dans le Coing, comme dans les Citrons, chaque
loge contient de douze à quarante graines superposées et enduites d’une
prétendue matière mucilagineuse qui, vue au microscope, est parfaite-
ment organisée, et consiste en des sortes de poils ou de papilles cunéifor-
mes, d'une transparence égale à celle de l'écume d’eau et qui, enfin,
émanent par extension de la face extérieure (1) de la feuille ovulaire, de-
venue brune et cartilagineuse dans la maturité de la graine (2).
» Dans le Coing, comme dans la Poire, toute la masse charnue est for-
mée, par contiguité, d’une innombrable quantité de sphéroïdes florifères
qui ne différent de ceux des Poires que : 1° par les roches particulières
ee ——_—_—— —…——— — .— ———_—_—_.—_…—…
(1) Cette face est la même que celles qu’offrent à l’extérieur du fruit les cinq feuilles
verticillées et soudées, et celle extérieure des feuilles caulinaires, toutes également cou-
vertes de poils ou comme drapées.
Les pepins de Pommes et de Poires onctueux au toucher doivent ce caractère au déve-
loppement à leur surface, d’un grand nombre de papilles ou de poils rudimentaires ana-
logues à ceux, beaucoup plus longs, qui recouvrent les graines de Coing.
Un assez grand nombre de graines paraissant unies à leur surface semblent se gonfler,
blanchir et être comme enveloppées d’une couche plus ou moins épaisse de mucus dès
qu’on les humecte.
M. Poiteau, dans sa Monographie du genre Hyptis, est le premier qui a signalé ce
mode de développement sur les graines de quelques espèces de ce genre. Mais ne l’ayant
observé qu’à l'œil nu , il n’a pu voir que ce mucus consistait en des poils rayonnants au-
tour du spermoderme de la graine.
M. Eudes Deslonchamps ayant fait la même remarque sur plusieurs espèces de graines
de la famille des Labiées , et s'étant servi du microscope, a vu que le prétendu mucilage
développé par l'humidité, était dû à la présence de poils nombreux et divergents. Par la
sécheresse, tous ces poils se contractent ou se recoquillent et semblent disparaître à
la surface des graines, où cependant ils ne sont que couchés ; mais dès l'instant qu’on les
mouille, très hygrométriques de leur nature, ils se gonflent et se redressent comme une
chevelure autour de la graine dont l’enveloppe est véritablement pileuse comme celle du
coton et de beaucoup d’autres. Il est plus que probable que les graines des Labiées dont
les feuilles sont lisses, sont en même temps dépourvues de poils ou de ce faux mucus.
Le mucilage abondant que produit la graine de lin n’offre point au microscope d’orga-
nisation appréciable , c’est un chaos composé de granules très ténus , doués d’un mouve-
ment de grouillement; c’est une matière organique sans organisation qui, dans ce cas,
mérite le nom de mucilage.
(a) Tégument ou Spermoderme des auteurs classiques.
(724)
des rochers, qui sont plus transparentes, marquées d’un ombilic discoïde
ouvert, ponctué, et bordées d’un épais bourrelet ridé en travers.
» 2°, Par des vésicules tubuleuses et rayonnantes, plus grandes et plus
souvent composées de deux articles.
» Dans la Nefle, il y a cette différence que les roches des rochers sont
plus grandes, leur disque bien plus ouvert et semé de points opaques d’où
rayonnent des lignes noires, qu’elles sont souvent colorées en jaunâtre;
qu’autour des rochers rayonnent des vésicules plus solides, larges, courtes ,
de formes tres variables, quelquefois bizarres, assez souvent composées de
deux articles et remplies d’une globuline pulvisculaire très abondante,
parmi laquelle se trouvent quelques grains sphériques assez gros. Une autre
différence tres remarquable, dont nous expliquerons la cause tout à l'heure,
consiste dans ce que, contrairement aux Poires et aux Coings, on ne
trouve point de pierres ou de rochers dans le voisinages des loges osseuses
des Nèfles.
» Après avoir observé les tissus cellulaires de la Pomme, de la Poire, du
Coing et de la Nefle, on se demande:
» Comment se forment les grains osseux ou les pierres répandues dans la
chair des Poires, des Coings et des Néfles ? Pourquoi les Pommes, si ana-
logues aux Poires, en manquent-elles toujours absolument? Pourquoi sont-
elles isolées et espacées dans le tissu ? Pourquoi se trouvent-elles en plus
grande quantité sous l’épiderme, dans la direction de l’axe central, et au-
tour des loges dans les Poires et les Coings ? Quelle peut être la nature de
la matière concrétée dont elles sont en partie constituées ? Sont-elles orga-
nisées ou ne sont-elles que des agglomérations de matiere organique, con-
glomérée à la manière des concrétions urinaires ou des rognons siliceux ?
Cette même matière ne s’accumule-t-elle pas sous d’autres formes et en
d’autres lieux des tissus végétaux? A quoi peut-on attribuer la disposition
rayonnante et florifere des vésicules allongées autour de chaque agglomé-
ration pierreuse, qui devient pour elles une sorte de point d'appui ou de
centre commun?
» On a vu au commencement de ce Mémoire, que dans l'ovaire et dans
les très jeunes Poires, les vésicules, comme dans tous les tissus cellulaires
naissants , sont semblables, sphéroïdes, remplies de globulins et en simple
contiguité. Ce n’est que plus tard que certaines de ces vésicules, groupées
plusieurs ensemble en nombre très variable , s’engorgent et se remplissent
peu à peu d’une matière indigeste qui s’y dépose moléculairement et con-
fusément, qui leur donne leur opacité, leur dureté, leur couleur, et à la-
( 725 )
quelle je propose de donner le nom de Sclérogène (1), comme étant la
cause qui produit, par incrustation , l’endurcissement des tissus.
» Mais d’où peut provenir ce changement qui consiste dans un ombilic
punctiforme ou élargi en un disque quelquefois fort grand et dans les
petites stries ou rides qui rayonnent autour de cet ombilic? Il est très
probable que la vésicule organisée ne change point par elle-même, et que
le nouvel aspect qu’elle prend est dû au mode suivant lequel la Sclérogène
s'arrange à mesure qu'elle se dépose aux parois intérieures de la vésicule.
Quant à ce que de semblables inscrustations n’ont jamais lieu dans les vé-
sicules du tissu cellulaire de la Pomme, j'en ignore complétement la cause;
et quant à leur isolement et à leur espacement, par petits groupes, parmi
un grand nombre d’autres vésicules, ayant toutes les mêmes droits à l'in-
crustation ; je n’en sais pas davantage.
» La Sclérogène dissoute et ambiante dans le milieu où se trouve plongé
le Poirier, étant absorbée pas ses tissus, on conçoit facilement comment
étant amenée et charriée par les vaisseaux réunis de la queue de la Poire,
SE CE PE EE PS PU PP TP OA TTOT
(1) Je donne cette dénomination collective à toutes les matières étrangères à l’orga-
nisme, matières d’abord en suspension dans l’eau séreuse, puis déposée et concrétée aux
parois intérieures des organes creux et élémentaires des tissus. Les substances tinctoriales
qui occasionent la coloration des bois de teintures, le Cachou noir, avec sa prodigieuse
quantité de Raphides ou d’aiguilles cristallines; le Tannin , etc., quoique pouvant avoir
des caractères chimiques différents, viennent , comme matière indigeste et comme so—
lidifiant les tissus, se ranger, comme espèces, sous la dénomination générique de Sclé-
rogène.
Je n’ai pu conserver celle de matière ligneuse employée en chimie, parce que sous
cette dénomination très collective se trouve compris non-seulement la Sclérogène inso-
luble, aussi étrangère aux tissus vivants que le sont les concrétions urinaires à la
vessie, mais encore les fibres , les tubes, les vésicules et leurs grains de fécule.
* Dans les masses tissulaires végétales , il y a deux choses fort distinctes :
1°. Les divers organes élémentaires jouissant, chacun, des attributs de la vie orga-
nique : la naissance, l'absorption, l'assimilation, l'accroissement , la reproduction et la
mort.
Cette partie, la plus considérable, peut, étant dégagée de tout ce qui lui est étranger,
servir indistinctement à la nourriture des animaux, parce qu'elle ne possède que des
qualités nutritives. C’est elle qui, bouleversée dans ses différents organes sous l’action
de l’analyse chimique , prend le nom de Zigneux.
2°. L'eau et les divers produits chimiques qui se forment par sécrétion ou par dépôt
dans tous les organes creux des tissus, qui s’y déposent et s’y concrètent, soit à l’état
diffus, soit à l’état cristallin. Matières dans lesquelles seules se trouvent l’odeur, la sa=
veur, la couleur et les qualités délétères des végétaux.
( 726 )
elle se répand à l'aide de ces conducteurs autour de l'axe central et des
loges, et comment, allant se déposer dañs les vésicules les plus voisines,
elle y forme les plus grosses et les plus nombreuses concrétions pier-
reuses. ;
» La cause qui occasione la formation de celles tres nombreuses aussi,
mais toujours plus petites que celles du centre, et qui, situées sous l’é-
piderme, constituent une sorte d’enveloppe pierreuse, est la même au
fond. Elle diffère de la première en ce que la Sclérogène, au lieu de lui
arriver par les vaisseaux de la queue, est immédiatement absorbée et ac-
cumulée de suite dans les vésicules les plus extérieures de la masse tissu-
laire de la Poire. Cela explique ensuite comment, entre les concrétions du
centre et celles sous-épidermiques, il s’en forme moins; et comment,
par cette raison, cette partie intermédiaire de la Poire est préférable au
goût et d’une digestion plus facile.
» Chacun des corps agglomérés en sphéroïde, pierreux, est composé
de trois choses fort distinctes : 1° de la vésicule maternelle devenue une
sorte de géode; 2° de la globuline ou grains de fécule, engendrés par la
vésicule ; 3° de la Sclérogène absorbée, inassimilable, et simplement accu-
mulée dans l'intérieur de la vésicule, de manière à la bourrer et à lui
donner la solidité qu’on retrouve, par exemple, dans les graines dures et
osseuses du Raisin et de la Groseille. Il y a donc ici à distinguer deux par-
ties bien caractérisées dans les trois composants dont je viens de parler :
1° la vésicule maternelle et la globuline ou fécule, qui jouissent de lor-
ganisation et de tous les attributs de la vie organique; 2° la Sclérogène
sans organisation déposée dans la vésicule pêle-méle avec la globuline
organisée.
» Après l'analyse de chacune de ces vésicules ossifiées et de leur assem-
blage en un corps sphéroide, on devine aisément comment les pierres
des Poires ont en même temps la double propriété d’être compressibles et
élastiques, par la présence des vésicules, et cassantes par celle de la Sclé-
rogène accumulée et concrétée.
» Si maintenant on étudie, toujours par le voir-venir, la formation os-
seuse des noyaux, et la cause de l’endurcissement, de la solidité et de la
coloration des bois, on verra que c’est toujours la même matière qui, ab-
sorbée, s'incruste ou se dépose plus ou moins aux surfaces intérieures
d'organes qui, par eux-mêmes; sont, toujours flexibles, faibles et sans
couleur.
» Les fruits à noyaux, tels que ceux de la Prune, de la Pêche, de
(727 )
l’Abricot, etc., observés à l’état d’ovaires où de très jeunes fruits, étant
formés, comme on le sait, d’une feuille pliée et soudée par ses bords
n'offrent rien encore qu'un tissu vivant, mou et herbacé. Cette feuille
ovarienne, comme toutes les feuilles, est seulement composée de deux
faces épidermiques , entre lesquelles sont les vésicules du tissu cellulaire,
remplies de leur globuline, le plus ordinairement verte, et le tissu fi-
breux ou vasculaire qui vit et s'étend parmi les vésicules. Rien encore ne
s'est ossifié; mais à mesure que le fruit se développe, à mesure que le
tissu cellulaire s'accroît, comme dans les Poires, la Sclérogène arrive
par voie d'absorption, et va se déposer successivement et confusément
dans l’intérieur des vésicules les plus voisines de l’épiderme intérieur, ou
de ce que l’on nomme la membrane endocarpique du péricarpe. Là la
matière arrivant et remplissant successivement un plus grand nombre
de vésicules, la couche s’épaissit dans de certaines limites, et forme
cette enveloppe plus ou moins colorée, dure et cassante dans tous les
sens, que l’on appelle noix ou noyau, et qui, toujours; fait partie or-
ganique du péricarpe, puisque, comme on vient de le voir, elle n’est due
qu’à l’ossification , par engorgement de matière accumulée, d’un nombre
variable de ses vésicules (r). La Sclérogène, qui sert par dépôt ou par
incrustation à solidifier en bois la partie intérieure de certains péri-
carpes, présente quelques modifications , soit dans le mode de son dépôt,
soit dans son degré de dureté, soit dans la couleur qu’elle est susceptible
de prendre en vieillissant.
» Dans certaines Prunes, dites sans noyau, la Sclérogène n’arrivant que
peu ou point, l’ossification du tissu cellulaire voisin de la loge n’a point
—_—_— 1
(1) Si on laisse tremper dans l’eau pendant quelques jours un noyau d’Amande, et
qu’on en soumette ensuité quelques fraginents au microscope, on voit qu'il est en-
tièremént formé de vésicules irrégulières, sewi-transparentes ; simplement contiguës,
plus ou moins remplies de Selérogène, et, comme celles du Going et de la Nëfle, mon-
trant un disque grand, ponctué et limité par un bord épaissi.
Si l’on concasse finement un morceau de noix de Coco, et qu’on fasse bouillir ces
fragments dans de l’acide nitrique, la couleur noire disparaît ou est affaiblie en
un blanc jaunâtre. Portés ensuite sous le microscope , ils n’offrent plus que des vé-
sicules isolées de formes et de grandeurs très variables, souvent fusiformes ou triangu-
laires en forme de chapeau; semi-transparentes , ellés sont ossifiées ou pleinés de
Sclérogène, et leur surface, comme ponctuée, offre un grand uombre de petites
stries ou rides, qui partent d’un centre ombilical punctiforme ou allongé en ligne, sui-
vant la forme de la vésicule.
C. R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 2.) noe
( 728 )
lieu, ou elle se fait inégalement et par place, comme dans les pierres
isolées des Poires. C’est la cuillère incomplète du fondeur, par défaut de
matière. La même chose se passe dans la Nefle sans noyaux; mais ici la
même cause d'appauvrissement de matière, qui empèche lossification,
amène aussi, probablement, l’oblitération des carpelles et l'avortement
complet des graines (r).
» En parlant des roches qui se trouvent dans le tissu cellulaire ou
dans la chair des Nèfles, j'ai fait remarquer que, contrairement aux
Poires et aux Coings, il ne s’en formait point d’isolées ou sous forme de
gravier dans le voisinage des loges. Cette différence vient de ce que la
Sclérogène, au lieu de s'arrêter à distance des loges et de ne s'accumuler,
comme dans les Poires, que dans de petits groupes de vésicules séparés
les uns des autres, s'empare, comme dans les fruits à noyaux, de toutes
les vésicules du tissu cellulaire les plus voisines de la paroi intérieure
des cinq loges, et y constitue, par cette incrustation intérieure et par-
tielle des vésicules, ce que l’on appelle les cinq osselets de ce fruit. La
même explication s'applique à tous les fruits à noyaux, dont la chair,
comme on le sait, n'offre jamais de pierres isolées.
DEUXIÈME PARTIE.
» Ce n’est pas sans dessein qu’en parlant, dans la première partie de ce
Mémoire, de la formation ou plutôt de l’ossification des noyaux, j'ai qua-
lifié cette enveloppe de cassante indistinctement dans tous les sens. Cela
doit être en effet le caractère d’un corps produit par dépôt et sans inter-
ruption d’un grand nombre de molécules confusément entassées les unes
sur les autres, et remplissant complétement des vésicules nombreuses et
en simple contiguité.
» Sans cette matière ossifiante, sans la Sclérogene, le bois qui, dans sa
jeunesse , n'est composé que d'organes élémentaires mous, flexibles, blancs
et diaphanes ; n'aurait aucune couleur, aucune dureté et serait fort peu
durable. Les arbres ne pouvant se soutenir fléchiraient sous leur propre
poids. Tous ramperaient sur le sol. Mais à mesure qu'ils augmentent en
tissus nouveaux, les anciens, les plus intérieurs , se remplissent ou s’en-
—————— _ _—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—————
(1) Sexualiste, je dirais que l'avortement de cinq carpelles osseux et des dix graines
provient de ce que les fleurs de cette variété n’ont que des étamines ou des mâles, et
qu’elles manquent de styles terminés par des glandules stigmatiques, ou, en termes
plus rationnels , de cordons pistillaires et de vulves ou vagins.
(729 )
duisent intérieurement de Sclérogène , laquelle, comme dans les vésicules
du tissu cellulaire.des Poires, du Coing et de la Nèfle pour la formation des
pierres ou bien pour celle plus continue des noyaux, les durcit tout en
leur laissant cependant une partie de leur élasticité naturelle ;élasticité
due seulement aux organes contenants et non à la matière contenue qui,
Par sa nature, est très cassante.
» Ta couleur propre de la Sclérogène étant la cause de celles que pren-
nent en vieillissant les différents bois, dont les organes creux et constitutifs
des masses tissulaires n’ont jamais de couleur par eux-mêmes, toutes ces
teintes devaient également se montrer dans le bois ou l’ossification des
noyaux. Aussi en voit-on de blanchätres, de jaunâtres, de rougeâtres, de
brun-marron et d’un noir d’ébène comme dans la noix de Coco et de
divers autres Palmiers.
» M: Dutrochet, dans ses études sur les organes élémentaires des végé-
taux (1), a reconnu que la solidité des bois était bien moins due à la mul-
tiplicité des fibres tubuleuses qu’à la substance qu’elles contiennent et à
laquelle elles doivent leur coloration. Des fragments de bois d'Ébène cuits
dans l'acide nitrique et examinés au microscope n'offrirent plus à l’auteur
que des tubes dissociés , d’un blanc nacré, c’est-à-dire vides ou dépouillés,
par l'acide , de leur substance noire et solidifiante (2).
» Le beau poli, la dureté, le poids, la coloration et le cassant ou Le
peu d’élasticité que présente la Sclérogène dans tous les petits ouvrages
que l’on exécute avec des noyaux et des noix de Coco (3), tissus dans
lesquels elle abonde, prouvent que plus le tissu du bois en contient, plus
aussi il est dur, pesant, cassant ou peu élastique, plus il est coloré et
susceptible de recevoir un plus beau poli. La Sclérogène, comme on le
voit, est aux tissus végétaux ce qu'est le phosphate calcaire aux tissus des
animaux. Dans l’un et l’autre de ces tissus ces deux matières de nature
différente, s'accumulent, se concrètent et solidifient les tissus , Sans jamais
RE
@) Mém.;,tom. 1, p.122—123.
(2) M. Dutôchee, pour.distinguer, l’ancien bois qui ne vit plus, du nouveau qui
peut-être vit encore , c’est-à-dire du bois de cœur et de l'aubier, a proposé Je nom de
Duramen pour le premier devenu dur et coloré par incrustation de la Sclérogène.
(3) A l’article Bézoard du Dict. de l'Acad., on trouve Bézoard végétal avec cette
définition : « Concrétion pierreuse que l’on trouve dans les cocos. » Comme cela ne peut
être que de la noix dure etosseuse donton a voulu parler, pourquoi prendre son exem-
plie dans un fruit étranger , lorsque le noyau de la Pêche ou della Prune offre la même
partie? Le Bézoard végétal et.sa définition me paraissent deux choses de toute nullité.
100.
( 730 )
s'y assimiler, mais seulement à la manière des matières dont on se sert dans
les injections : aussi se sert-on, avec toute raison, dans ces deux sortes
d’injections ou d’incrustations tissulaires, des mots ossifié et ossification.
» Un autre caractère qui est commun à ces deux matières inassimilables
et par conséquent étrangères aux tissus organiques, se fait encore remar-
quer dans leur mode d’accumulation ou d’ossification.
» Dans les jeunes tissus végétaux et animaux, lorsqu'ils sont suscep-
tibles de durée et de se remplir de matiere, l’incrustation pariétale et par
dépôt commence par des points ou des centres particuliers, d’où ensuite
elle s'étend en rayonnant plus ou moins dans des limites et sous des
formes déterminées : c’est ce qu’on voit, soit chez les animaux vertébrés,
lorsque toutes les parties de leur squelette vivant, mou et organisé se
remplissent comme accidentellement de phosphate calcaire, et qu'il devient,
par ce moyen, dur et osseux ; soit chez les végétaux appendiculés, lorsque
leurs tissus vivants, mous, diaphanes et sans couleur, s’engorgent de Sclé-
rogéne, partiellement sous forme de gravier comme dans les Poires ou
plus complétement dans l’ossification des noyaux et des noix, ou plus com-
plétement encore dans les tiges, à mesure qu’elles se convertissent en bois
dur et coloré.
» Ces points ou ces centres de départ ont toujours lieu par lincrus-
tation pariétale d’une première vésicule ou de tout autre organe élémen-
taire creux, faisant partie de la masse tissulaire. Dans les végétaux , dont
généralement les tissus sont plus rigides que ceux des animaux, rien n’est
plus facile que de suivre les progrès successifs de l’ossification. On voit
clairement, en prenant une suite d'états différents, que le travail de cet
endurcissement a commencé par l’encroütement pariétal, et souvent par
couches d’une vésicule, puis ensuite de contre-en-contre dans les voi-
sines, et cela, comme je viens de le dire, dans des formes et des éten-
dues toujours déterminées. On peut se demander ici : D'où vient cet arrét
dans le travail de l’incrustation successive des vésicules? Pourquoi toutes
les vésicules du tissu cellulaire de la Poire ne s’incrustent-elles pas éga-
lement, de manière à ne plus offrir qu'une masse aussi dure que le
noyau ? Pourquoi l’incrustation des nombreuses vésicules qui forment la
partie organisé» des noyaux, s’arrête-t-elle brusquement et nettement pres
de la pulpe composée de vésicules molles et succulentes , restées inacces-
sibles à la Sclérogène solidifiante? Pourquoi, enfin, cette matière s’accu-
mule-t-elle en plus grande abondance dans certains bois plutôt que dans
certains autres ?
(731)
» On ne peut pas plus répondre à ces questions qu’à celles de sa-
yoir pourquoi, dans certains organes creux, soit végétaux, soit animaux,
il se forme constamment des cristaux invariables dans leurs diverses
formes, comme dans leurs éléments chimiques, tandis que dans beaucoup
d’autres espèces, il ne s’en trouve jamais.
» Les concrétions pierreuses de la chair des Poires étaient trop sen-
‘sibles ou trop apercevables , elles dépréciaient trop ces excellents fruits,
pour n'avoir pas, dans tous les temps, fixé l'attention de tout le monde,
et particulièrement celle des physiologistes et des chimistes.
» Grew, dans son Anatomie des Plantes, nomme, très ingénieusement ,
la Carrière, Yensemble des pierres éparses qui se trouvent, comme
semées ou nichées, dans la chair des Poires : il remarque que ces pierres
sont étrangères à l’organisation; qu’elles ne sont que des amas composés
de petits nœuds pierreux, d’autant plus durs et d’autant plus nombreux
qu'ils sont plus voisins de l’œil de la Poire, et qu’en cet endroit les pierres
sont tellement serrées qu’elles semblent, par cette contiguité, n’en former
qu'une seule aussi dure qu’un noyau de Prune. Il pense que l’origine de la
carrière, ou des diverses pierres dont elle se compose, est due à des sucs
coagulés et endurcis, tel que cela se passe dans la formation des concré-
uons urinaires, quoique de nature chimique différente.
» En parlant des noyaux, Grew dit positivement que la partie exté-
rieure de ces enveloppes osseuses est formée de parties qui se précipitent
et se coagulent, comme dans les Poires; mais avec cette différence que
dans les noyaux, la matière, au lieu de s'y agglomérer en un grand nombre
de petites pierres isolées, forme un noyau continu et d’une seule pièce. 11
compare, toujours trés ingénieusement , les formations graveleuses des
Poires et celles continues des noyaux à ce qui se passe dans l'urine relati-
vement au gravier d’une part, et aux pierres de l’autre.
» Il fait encore cette remarque très juste que, soit entre les petites
pierres des Poires, soit dans l'épaisseur du précipité concret des noyaux,
il se trouve un mélange de parenchyme. Mais ce célèbre anatomiste igno-
rait complétement la formation des pierres des Poires et celle des noyaux
par lincrustation particulière, intérieure et pariétale de chaque vésicuie;
il croyait que la Sclérogène se précipitait et se concrétait en congloméra-
tions libres.
» Cet article est illustré d’une planche (tab. 67) dans laquelle la fig. 4
représente une portion très grandie de la coupe horizontale d’une Poire.
C'est une figure de convention, géométrique, plutôt explicative que vraie,
( 732)
dans laquelle l’auteur a seulement cherché, à l'aide de signes arbitraires,
à établir la disposition générale du gisement des pierres par de petits
groupes de cercles, et la direction rayonnante des vésicules allongées du
tissu cellulaire parenchymateux par des séries moniliformes composées
d'une suite croissante d'autres petits cercles, structure tout-à-fait contraire
à la vérité. 5
» Leeuwenhoek, dans son Anatomie microscopique sur la structure de
la Poire (1), ne fait aucune mention des concrétions pierreuses, ni de la
disposition rayonnante des vésicules tubuleuses du tissu cellulaire, où s’il
en parle, c'est d’une manière si obscure, qu’il ne m'a pas été possible d’y
reconnaître ces deux caractères.
» Dans la mauvaise planche annexée à cet article, on ne trouve qu'un
pepin, un embryon, une coupe verticale et très grandie de l'embryon, et
un bout de trachée.
» Duhamel, dans son £xamen anatomique de la Poire (2), parle lon-
guement des concrétions lapidiformes des Poires, auxquelles il donne les
dénominations de corps aciniformes (3), de roches, d’enveloppes ou de
capsules pierreuses , de canal ou de gaïîne pierreuse. Sous le rapport de la
distribution et de la formation de ces corps , Duhamel n’en dit pas plus
que Grew, son devancier. Mais il commet une erreur lorsqu'il considère
chaque pierre comme un peloton de vaisseaux très fins ou comme une
glande provenant de la partie terminale des autres vaisseaux. Cette erreur
prouve que le microscope dont se servait cet illustre auteur était très
faible, puisqu'il n’a pas pu lui faire voir la vésicule organisée qui enve-
loppe ou contient la Sclérogène ou la matière concrétée de chaque pierre,
et que les rides rayonnantes des vésicules devenues lapidiformes, mal ob-
servées, ont pu lui sembler des fibres pelotonnées. Si l'on consulte les
figures originales relatives aux concrétions des Poires, figures exécutées
sous la direction de Duhamel, on aura la preuve la plus complète du peu
de connaissance que cet observateur avait sur la formation et la véritable
structure des concrétions, ainsi que sur la disposition et la forme des vé-
sicules rayonnantes composant le parenchyme. On verra, par les figures 227
et 231 de la pl. VIT, qui se rapportent le plus aux détails de ces deux com-
posants, et dont je montre, parmi mes dessins, un calque exact, que la
(1) Épist. Phys. tome IV, pages 170-182.
(2) Physique des Arbres, page 22.
(3) D’après Ruysch.
( 733 )
première est de toute nullité et que la seconde pourrait être facilement
prise pour une portion de tige aplatie d’un Opuntia, armée de ses ai-
guillons disposés en faisceau étalé, ou pour un fragment de feuille recou-
vert de poils étoilés.
Analyse chimique.
» Sous le titre d'Éxamen des concrétions vulgairement nommées pierres,
qu'on rencontre dans les Poires (1), Macquart et Vauquelin, dans l'inten-
tion d’être utiles à la chimie et de détruire en même temps une erreur po-
pulaire, consistant à croire que les concrétions des Poires étant de même
nature que celles urinaires, pouvaient occasioner la formation des pier-
res dans la vessie, ont donné conjointement, sur les concrétions pier-
reuses des Poires, une très bonne analyse chimique précédée de ce qu'on
savait alors sur la partie physique et physiologique de ces concrétions.
» Dans cette analyse on remarque les caractères suivants qui, tous,
confirment mes observations sur la formation et la véritable structure
des concrétions pierreuses des Poires, dans lesquelles , comme je l'ai déjà
dit, se trouvent trois parties bien distinctes, savoir : une vésicule de tissu
cellulaire, la globuline ou fécule contenue dans la vésicule, et la Scléro-
gène ou matiere indigeste confusément accumulée et mélangée avec les
grains de fécule.
» De tels corps devaient en effet, sous l’action destructive de l’expé-
rience chimique, montrer : 1° qu’ils brülent au feu en exhalant une odeur
de pain grillé, puisque le pain n’est composé que des deux principales
parties des concrétions des Poires, de la. vésicule maternelle et de la fé-
cule ; 2° que soumis à une forte ébullition, ils se dissolvent; c’est ce qui
arrive à tous les tissus cellulaires végétaux et à leur fécule, chaque fois
qu’on leur fait subir la même épreuve. Quant à la matière indigeste, ainsi
qu’on le sait pour celle qui solidifie les tissus flexibles du bois, elle doit
également se dissoudre sous la même action. 3° Qu'ils sont ductiles, élas-
tiques et difficiles à pulvériser.
» Ces corps, en raison de leur structure, ont tout-à-la-fois le caractère
de l’élasticité et du cassant ;. ils sont élastiques par la vésicule organisée
et: enveloppante, et cassants par la matière indigeste et inorganisée qui
encroûte ou remplit la vésicule. C'est ce qui arriverait à une vessie rem-
(1) La Médecine éclairée par les sciences physiques, etc. ; par Fourcroy, tome I,
page 232.
(734)
plie de résine ou de toute autre matière cassante. 4° Qu'ils sont formés
d'ane matière ligneuse semblable à celle des tissus du bois de l'arbre,
confusément cristallisée et dans laquelle se trouve mélangée une petite
quantité de fécule amylacée.
» Ce dernier composant, qui s’isole sous l’action de l’expérience chi-
mique, prouve combien il est utile, en chimie organique, de connaître
préalablement l'organisation microscopique des corps que l’on se propose
d'étudier par voie de division.
» Si l’on se rappelle que j'ai dit que toutes les vésicules du tissu cellu-
laire d’une très jeune Poire sont encore vierges sous le rapport de l’incrus-
tation , et que toutes contiennent maternellement leurs nombreux globu-
lins de fécule, il paraîtra tout simple qu’on retrouve dans la vésicule
incrustée les grains de fécule qui n’ont pu disparaître , maïs seulement
enveloppés ou empâtés dans la matière indigeste à mesure qu’elle s’est
introduite par absorption dans la vésicule.
» J'ai dit dans ce Mémoire que je croyais que la formation des concré-
tions pierreuses par incrustation de la cavité des vésicules du tissu cellu-
laire des fruits devait être une chose rare dans le règne végétal. Un nou-
vel exemple vient de s'ajouter au petit nombre de ceux que je connaissais.
M. Décaisne, déjà bien connu de l’Académie par les excellents travaux
qu'il a publiés, m'a communiqué, tout récemment, des dessins qui repré-
sentent des vésicules inicrustées qu’il a obsérvées dans le tissu cellulaire du
péricarpe du Lardisabala biternata , et qui, en même temps, offrent,
comme dans celles des Poires , le caractère remarquable d’une sorte d'om-
bilic central d’où partent, en rayonnant, un grandnombre de petites stries.
» Comme on l’a vu, la formation et la solidification des concrétions
isolées dans le tissu cellulaire pulpeux des Poires , des Coings et de la Nèfle,
celles continues des noyaux, des noix et du bois durci, ont lieu par ab-
sorption, par dépôt ou incrustation de la Sclérogène indigeste , inassimi-
lable, qui, peu à peu, remplit partiellement plus ou moins, les organes
creux et élémentaires des tissus flexibles, toujours diaphanes et sans cou-
leur, de la mème manière que s’encroûtent quelquefois la paroï intérieure
des conduites d’eau, lorsqu'elles sont en fonte.
» Des concrétions partielles et isolées comme celles de la chair des
Poires, mais d’une matière d’une nature différente, se forment de la même
manière dans les vésicules du tissu cellulaire de certains animaux. Là aussi,
chaque vésicule devient un centre d’attraction et s’ossifie pour son compte
en se remplissant successivement de carbonate calcaire.
(735)
» Lorsque je poursuivais mes recherches relatives à la belle cristallisa-
tion des rhomboèëdres, que j'avais découverts dans l’intérieur des œufs des
Hélices, je fus naturellement conduit à examiner des coquilles à leur dé-
but et les coquilles rudimentaires et internes qui se trouvent sous la partie
moyenne et gauche du manteau ou du bouclier des Limaces et autres
mollusques dépourvus de coquilles extérieures.
» Dans les véritables Limaces , je vis que la coquille rudimentaire, pour
se former, n’avait eu qu’un centre d’action. Il y avait unité dans son ac-
croissement , et sa matière élémentaire était amorphe et confuse, quoique
disposée par couches. On n’y découvrait aucune cristallisation.
» Mais il n’en fut pas de même lorsque ensuite j’examinai ce qui, par
position relative ; devait être la même partie dans les Arions. Là c'était
une petite masse ovoïde, molle, blanche, friable, et comme crétacée.
Soumise au microscope, après avoir été étalée dans une goutte d’eau en-
tre deux lames de verre, ce qui, pour l’œil nu, paraissait un corps unique
dans sa formation , était au contraire une agglomération composée d’un
grand nombre de corps cristalloïdes parfaitement isolés les uns des autres.
Ces corps ou ces cristaux imparfaits sont très variables dans leurs formes
et leurs grandeurs. Blancs et semi-transparents, ils paraissent assez légers,
car on les voit souvent rouler dans l’eau dans laquelle on les observe;
plusieurs sont groupés et soudés par deux, trois, quatre, et même en plus
grand nombre. Beaucoup sont allongés, semicylindriques, arrondis ou an-
guleux aux extrémités; d’autres, comme aplatis, plus symétriques, mon-
trent six pans assez bien caractérisés. La surface de tous, comme dans les
concrétions des Poires, offre un centre ombilical punctiforme ou ouvert en
disque d’où rayonnent un grand nombre de stries fines et interrompues.
Malgré cette grande variabilité de formes, qu'il est plus facile de figurer
que de décrire, malgré les angles arrondis ou émoussés de ces corps, on
voit que dans l’arrangement des molécules composantes, il y a eu une in-
tention cristalline non équivoque. Ces corps cristalloides, dont la grandeur
varie depuis + jusqu’à = de mill., soumis à l’action de l'acide acétique
se dissolvent promptement et ne laissent plus à leur place qu'une enve-
loppe membraneuse, plus ou moins chiffonnée ou plissée, restée inso-
luble et dans laquelle on aperçoit quelques-uns des globules de l’organisa-
tion qui s’y trouvaient avant le dépôt calcaire.
» La grande analogie qu'offrent les concrétions calcaires et cristalloïdes
agglomérées en sphéroïde dans la chair du bouclier des Limaces, dési-
gnées sous le nom générique d’Arion, avec les concrétions ligneuses des
C. R. 1838, 19r Semestre. (T. VI, N° 22.) 207
( 736 )
Poires, ou mieux avec les vésicules ossifiées et dissociées de la noix de
Coco, me porte à.croire que, comme dans la formation de celles-ci, les
concrétions partielles du sphéroïde des Arions ont eu pour géode une vé-
sicule du tissu cellulaire du manteau, et que ce sont ces mêmes vésicules
organisées qui, inattaquables par les acides , restent intactes après la dis-
solution complète du carbonate calcaire qu’elles renfermaient.
» Ces formations multiples et calcaires, qui n’ont jamais été observées (r),
me paraissent autant d'osselets particuliers, comparables chacun à ceux
uniques, mais plus volumineux, des Sèches, lequel présente une enve-
loppe unique et organisée qui, sur le dos de l’osselet, montre un grand
nombre de stries progressives, granuleuses, en rapport avec la disposition
des couches sous-jacentes et très analogues avec celles de chacun des petits
osselets microscopiques des Arions, qui, eux-mêmes très probablement,
sont, aussi formés intérieurement de couches superposées. d’accrois-
sement.
» Entre ces deux sortes d’ossifications, il y a, ce qui me semble d’une
grande importance en organisation, pluralité de centre d'action et, de
corps, chez l’osselet composé des Arions, et unité d'action et de Corps
dans l'osselet des Limaces et dans celui des Sèches.
» L'osselet de la Sèche, très petit et microscopique à son début, se forme,
comme l'un de ceux des Arions, dans l’intérieur d’une vésicule organisée,
susceptible de s’accroitre à mesure que la partie calcaire intérieure et la-
melleuse s'étend unilatéralement du sommet, qui en a été le point de
départ, jusque vers la partie inférieure et tranchante où le travail régu-
lier de l'ossification s’est terminé.
» La grande ressemblance qui existe entre les osselets calcaires et isolés
des Arions et les vésicules remplies de Sclérogène qui forment, par con-
tiguité, la noix de Coco (2), prouve que chaque osselet de la massse cré-
(1) Tous les zoologistes qui se sont occupés de l'anatomie des Limaces et des Arions,
ayant porté toute leur attention sur les différents organes de ces mollusques, et la
plupart ne s’étant point servis de microscopes dans leurs dissections , les corps cristal-
loïdes des Arions leur sont restés inconnus; car ce n’est pas connaître que de dire seu-
lement, en parlant des Limaces en général : « Dans l’épaisseur de la partie moyenne
» et gauche du manteau est logée, tantôt une plaque calcaire, dure; formée de cou-
» ches comme les coquilles ordinaires , tantôt au moins un amas de particules créta-
» cées et friables. » Cuvier, 4nn. Mus., tome VII, 1806, pag. 140—14/4.
(2) Les formes irrégulières, polymorphes, la grandeur variable et le granulé des vé-
sicules de la noix de Coco, dissociées par la cuisson dans l'acide nitrique, et remplies de
Sclérogène, leur donnent l’aspect d’un amas de Parameæcies.
(787 )
tacée des Arions a eu pour moule une vésicule organisée du tissu cellulaire
de J’animal.
CONCLUSIONS.
» Des recherches contenues dans ce Mémoire il résulte à
» 1°. Que le tissu cellulaire parenchymateux de la Poire, du Coing et
de la Nèfle, si caractérisé par la préserice des concrétions pierreuses ou
des noyaux ligneux isolés et par la disposition rayonnante des vésicules
tubuliformes, diffère entièrement de celui de la Pomme, toujours dé-
pourvu de concrétions, et dont les vésicules sphéroïdes sont simplement
agglomérées.
» 2°. Que les concrétions pierreuses de la chair de la Poire, du Coing et
de la Nèfle sont formées d’un nombre variable de vésicules contiguës in-
crustées intérieurement par la Sclérogène, matière indigeste qui les ossifie
en les rendant dures et Cassantes.
» 3°. Que la formation, la dureté et le Cassant dans tous les sens des
noix et des noyaux, ne diffère de celle des concrétions partielles des Poires
qu'en ce que dans les fruits à noyaux toutes les vésicules du tissu cellulaire
les plus rapprochées de la cavité du jeune fruit, se remplissent également
et uniformément de Sclérogène. C’est une ossification continuée ou sans
interruption.
» 4°. Que les organes creux et élémentaires, mous, flexibles et herbacés
des jeunes tiges ne s’endurcissent et ne deviennent bois qu’en s’encroûtant
intérieurement de la même matière, !
» 5°. Que la dureté, la compacité.et le cassant des bois sont principalement
dus à l'introduction et au dépôt d’une plus ou moins grande quantité de
Sclérogène.
» 6°. Que les organes élémentaires des tissus organiques, toujours inco-
lores, diaphanes , inodores > insipides et innocents par eux-mêmes, doivent
leurs couleurs, leur opacité , leurs odeurs, leurs saveurs et leurs qualités
bonnes ou mauvaises aux matières étrangères suspendues dans l’eau, tou-
Jours pure par elle-même , ou concrétées, par évaporation, dans les
divers creux ou espaces des masses tissulaires. C’est ainsi que, comme or-
ganes plus nouvellement nés, les fécules qui n’ont encore absorbé que la
matière qui s’est assimilée à leur Organisation, sont éminemment nutri-
tives, qu’elles Manquent tout-à-la-fois d’odeur et de saveur et de qualités
malfaisantes, quel que soit le végétal dont elles ont été éxtraites > pourvu
que dans quelques cas on leur fasse subir des lavages.
101.
(758)
» 7°. Que la Sclérogène est une matière aussi étrangère à l’organisation
tissulaire des végétaux que celle des concrétions urinaires, celle du car-
bonate, du phosphate de chaux, etc., le sont aux tissus des animaux.
» 8. Que le dépôt de toutes ces matières étrangères à l'organisme, soit
à l’état confus, soit à l’état cristallisé, a toujours lieu partiellement sous
l'abri protecteur, le plus souvent d’une vésicule, et quelquefois d’un tube,
comme dans le bois des végétaux.
» g°. Que toute espèce d’ossification, soit végétale, soit animale, est
identique en ce qu’elle provient toujours de l'introduction d’une matière
hétérogène aux tissus, matière qui leur nuit en les inscrustant , mais aussi
qui sert à l’ensemble de plusieurs espèces de végétaux et d'animaux, en les
solidifiant et en leur donnant une sorte de charpente, sans laquelle ils se-
raient tous forcés de ramper.
» 10°. Qu’enfin rien ne me paraît plus propre à démontrer la marche
que suit l’ossification des os en général, par dépôt de phosphate de chaux
dans chaque cellule ou vésicule du tissu encore gélatineux du squelette, que
l’ossification en noyau ou en noix de la partie interne du tissu cellulaire
d’une Pêche, d’un Abricot ou du Coco, dont les vésicules, partiellement
incrustées de Sclérogène, peuvent être dissociées et parfaitement isolées les
unes des autres par la cuisson dans l’acide nitrique.
» À cette démonstration j'en ajouterai une autre plus convaincante encore
en ce qu'elle a lieu dans un tissu cellulaire animal. Rien de plus ressem-
blant aux points d’ossification naissante des os ou à ces ossifications ad-
ventives qui se montrent parfois dans les parties molles, que le corps
ovalaire et crétacé formé sous le manteau des Arions. Ce corps, composé,
comme on l’a vu, d’une agglomération de vésicules incrustées de carbo-
nate de chaux, explique merveilleusement le travail de l’ossification par
l'incrustation partielle de chacune des cellules composant, par aggloméra-
tion, le tissu gélatineux et vivant du squelette avant son obstruction
calcaire. »
z00L0G1E. — Recherches sur l'ancienneté des Mammifères insectivores à la
surface de la terre ; précédées de l’histoire de la science à ce sujet, des
principes de leur classification et de leur, distribution géographique
actuelle; par M. DE BLAINVILLE.
(Extrait. )
« Les animaux qui constituent le groupe des Mammiféres insectivores
sont dans le cas des Chéiroptères ou chauve-souris, c’est-à-dire qu’offrant
(739 ).
un assez bon nombre de singularités d'organisation et de mœurs, ils n’ont
pu échapper, et souvent malgré leur petitesse, aux observations des na-
turalistes, depuis les temps les plus reculés jusqu’aux nôtres, et d'autant
plus que les trois espèces types habitant toutes les parties de l’Europe, ont
dû se présenter d’abord à l'examen des observateurs.
On trouve, en éffet, les taupes, les mMusaraignes et les hérissons déjà
signalés dans quelques-unes de leurs particularités par Aristoté, Pline et
leurs abréviateurs ou commentateurs. Et cette année même les musa-
raignes seules viennent de donner lieu à un grand travail de la part de
M. Nathusius.
» D'après celui auquel M. de Blainville vient de se livrer » €t dont cet
article est extrait, on peut, dans l’état actuel de nos connaissances au sujet
des Mammifères insectivores, donner les résultats suivants :
» À, comme résultats historiques :
» Les anciens naturalistes connaissant à peine les trois types européens
de cet ordre de Mammifères, ne se sont nullement occupés de leurs rap-
ports naturels, pas plus que de leur place dans la série.
» Gesner est le premier qui les ait passablement définis, au moins les
deux genres Talpa et Sorex.
» Ray est le premier qui, sentant leurs rapports naturels, les ait rappro-
chés tous les trois convenablement, dans un système mammalogique.
» Daubenton, qui a également admis ce rapprochement, a commencé à
distinguer les espèces, du moins dans le genre Musaraigne ; mais seulement
par la considération de la taille et de la couleur, comme l'ont fait tous les
zoologistes qui se sont occupés de ce sujet avant Wagler.
» Storr et Pallas ont parfaitement senti les rapports naturels des Insec-
tivores entre eux et avec les autres Mammiféres, ce que le Premier a mon-
tré dans son prodrome d’une méthode naturelle des Mammifères.
» Link a formé le premier un ordre distinct avec ces trois genres
d'animaux.
? Lacépède surtout, et à son imitation G. Cuvier et Illiger, prenant en
considération rigoureuse le système dentaire, les ont Partagés en plu-
sieurs sections génériques.
» Raffles, Smith et Brandt y ajoutent les nouvelles. formes, beaucoup
plus distinctes, fournies par l'Afrique, l’Inde et l'Amérique.
» Wagler, appliquant aux musaraignes proprement dites le même prin-
cipe de divisions génériques qui avait été employé par Lacépède, pour les
(740 )
trois genres Linnéens, a introduit les bases de la distinction et de la
distribution des espèces , ce qui a été adopté par MM. Duvernoy et Nathu-
sius.
» B, comme résultats de classification :
» 1° Les Mammifères insectivores doivent constituer un ordre distinct;
» 2° Sa place est intermédiaire à celui des Chéiroptères ou chauve-
souris, et à celui des Édentés. s
» 3°. La disposition, la distribution des espèces doit être des plus ano-
males pour fouir et vivre dans la terre, qui doivent commencer, aux plus
normales et aux moins souterraines , c’est-à-dire des Talpa, en passantaux
Sorex et en finissant par les Erinaceus, dont le système dentaire devient
normal, comme chez les Carnassiers,
» 4°. La distinction des espèces repose essentiellement sur le système
dentaire qui, pour chacune d'elles, présente une particularité tranchée
dans le nombre, la forme ou les proportions.
Le tableau suivant rendra facile à comprendre la classification des Mammifères
insectivores , telle que nous proposons de l’établir.
A. Chrysochloris. Talpa aurea, etc. !
B. Talpa....... Talpa vulgaris, T. cæca, T. Moogura.
G. Tare4.t. «À 0: Sculops:. dur virginiana ou Talpa-sorex pensylvani-
cus (Lesson), etc.
D. Condylurus... Talpa cristata.
Sorex moschatus.
Sorex pyrenaïcus (G. Galemys, Wagl.
Mygalina, 1s. Geoff.).
Sorex paradoxus ( G. Solenodon, Brandt).
(a). Espèces qui ont 5 dents intermédiaires.
1. Sorex vulgaris (Linn., Nathusius), Syn.
S. tetragonurus, Herm. E. Geof.
S. constrictus et S. lineatus,E. Geoff.
S. concinnus, rhinolophus, mela-
nodon , Wagler.
|2. Sorex pygmœus.
J 3. Sorex Forsteri; synon : $. Parvus, Say ,
S. personatus, Is. Geoff.
4. Sorex brevicaudatus ou 4. talpoïdes ,
Grapper.
(b). Espèces qui ont # dents intermé diaires,
* les dents colorées.
BST: -.1
G. SorEx
(
C. Macroscelis ..
741 )
5.:Sorex fodiens (Pallas, Nathusius), ou
© S. Daubentonii, Erxleben; $. ca-
rinatus, et constrictus , Hermann ;
8: rernifer , Ê.\Geoff. S. fluviatilis,
Beschtein; S.!amphibius , natans,
stagnalis, Brehm ; S. musculus et
psilurus, Wagler, S. nigripes ,
Melchior ; S. Hermanni , Duv. ou
S. remifer, variété à dents rouges,
I. Geoff.
. Sorex palustris, Richards.
ésp. douteuse , S? surinamensi: , Schreb.
* Les dents non colorées.
7. Sorex etruscus (Savi).
8. Sorex myosurus (Pallas), ou S. murinus,
Linn. S. avellanorum, indicus et
- capensis, Et. Geoff. S. cærulescens,
Raffles; S. giganteus, Sonnerati,
Serpentarius , Ts. Geoff.
- Sorex gracilis (Bv.). Espèce nouvelle du
Cap, grande comme le S. etruscus,
mais à queue comprimée,
c). Espèces qui n’ont que À dents intermé-
diaires.
10. Sorex varius (Smuts), probablement le
S. Herpestes, Duvernoy.
ur. Sorex araneus (Schreber) , ou S. Leuco-
don Hermann, S. pachyurus,Kust.,
S. inodorus , Savi , S. fimbriatus ,
moschatus , major, rufus, polio-
gaster, Wagler.
12. Sorex flavescens (Is. Geoff.), ou S. cin-
namomeus , Lichtenstein ; S. via-
rius , Sorex géganteus momifé; S.
religiosus ? Is. Geoff., S. crassicau-
dus et Suncus sacer, Hemprich et
Ehrenberg.
13? Sorex capensoides, Smith; S. cyaneus,
Duvernoy. :
Macr. typus (Smith), 2 Macr. Rozeti (Duver-
.n0ÿ); 3 Macr. Jaculus ou Rhinomys
Jaculus (Lichtenstein).
(742)
1 GI. ferrugineus, 2 G1. Javanicus ou Tu-
païa peguana, Less.
E. Échino-Sorex. 1°. Viverra Gymnura (Raflles).
A. Erinaceus.... E. Europœus, E. Auritus, etc.
* Incis. 2 T'endrac ou Ericulus : Erinaceus
G. ErrNAcEUS. (2) spinosus ou setosus, le Tendrac de Buff.
B. Tanrecus..….. ji Incis. £ ou 2, T'anrec : Erinaceus, se-
Creer h Glisorex.... {
mispinosus ou variegatus , Erinac.
ecaudatus.
» C, comme résultats de répartition géographique :
» 1. Les trois genres principaux sont essentiellement de l’Ancien-
Monde.
» 2. Tous les trois sont européens.
» 3. Un seul est de toutes les parties de la terre, la Sud-Amérique et la
Nouvelle- Hollande exceptées : c'est le genre Sorezx.
» 4. Les Taupes proprement dites sont exclusivement de l’ancien con-
tinent ou tout au plus des parties septentrionales du nouveau, et c’est à
peine si elles dépassent en Asie et en Afrique, le littoral de la Méditer-
ranée. Cependant il en existe au Japon.
» 5. La Sud-Afrique seule offre les taupes dorées.
» 6. La Nord-Amérique les taupes musaraignes.
» 7. Les musaraignes proprement dites sont de toutes les parties de
l'ancien continent, et même du nord du nouveau.
» Les quatre sections de ce genre se trouvent réunies en Europe seulement.
» L’Asie seule possède les musaraignes-écureuils et les musaraignes-
hérissons.
» L'Afrique seule a offert les musaraignes gerboises ou macroscélides.
» 8. Les hérissons sont exclusivement de l’ancien continent.
» 9. Les tenrecs sont exclusivement au contraire de Madagascar.
» D, comme résultat de l'ancienneté à la surface du globe :
» 1. Les trois types européens sont de la plus haute antiquité his-
torique.
(1) On conçoit que les Macroscélides et les Glisorez puissent être considérés à cause des différences que
présentent quelques-uns de leurs caractères, et aussi leurs habitudes, comme formant chacun un genre
distinct.
(2) Je ne connais encore que de nom l’espèce de Madagascar, qui sert de type au genre Échinops de
M. Martin.
On conçoit que le Gymnure ait pu être aussi rapporté par quelques personnes aux Erinaceus ; ila em
même temps des rapports avec eux et les Sorez, mais nous ne l’avons pas eu en nature.
(743)
» L’un d'eux est conservé à l’état de momie, et l’espèce que nous con-
naissons à cet état ne diffère pas d’une espèce actuellement vivante en
Afrique et même en Égypte, aux environs de Suez.
» 2. Tous les trois genres se trouvent à l’état fossile :
» À, Dans les brèches osseuses du littoral de la Méditerranée.
» B, Dans le sol des cavernes d'Allemagne, d'Angleterre, de Belgique et
de France.
» C, Dans un terrain tertiaire moyen des montagnes sous-pyrénéennes.
» D, Dans un terrain d’eau douce d'Auvergne.
» Les cinq ou six espèces qui ont été reconnues jusqu'ici comme fos-
siles, une taupe, trois espèces de musaraignes et un hérisson, ne différent
pas spécifiquement de celles qui existent actuellement à l’état vivant.
» Elles se trouvent péle-mêle avec des restes d'animaux qui ne vivent plus
dans nos contrées, et d’autres qui y vivent encore.
» D'où il faut conclure, comme nous l'avons fait à l'égard des singes et
des chauve-souris, que, depuis deux ou trois mille ans, d’après les ren-
seignements historiques, et depuis un temps inapprécié et probablement
inappréciable, d’après les renseignements géologiques, c’est-à-dire depuis
l'époque de la formation du diluvium et des terrains tertiaires moyens,
les circonstances et milieux propres à entretenir la vie animale à la surface
de notre globe, n’ont pas changé.
» Observation. Dans ce mémoire sur les Mammifères insectivores il n’a
dù être question que de ceux. qui appartiennent à la sous-classe des Mo-
nodelphes. Je ne parlerai donc du fossile de Stonesfield, que l’on a regardé
assez généralement jusqu'ici comme un insectivore Didelphe, sans raisons
bien concluantes peut-être, que lorsque je serai arrivé à cette partie de mon
travail; je me bornerai à copier la note que je remis peu de temps après
son retour d'Angleterre à M. Brochant de Villiers, qui m'avait consulté sur
une mâchoire d’un animal de Stonesfield, rapportée par lui de cette localité :
« demi-mâchoire inférieure gauche, vue à la face interne, provenant d'un
petit animal de la famille des Sauriens. On pourrait aussi concevoir que cet
os aurait appartenu à un poisson de la famille des Labres, et que ce serait
un os incisif; mais la première détermination est infiniment plus probable.
» Ce qui paraît certain, c’est que cette pièce ne peut provenir d'un Mam-
mifère didelphe, ou non, comme on aurait pu le croire un moment à la
première inspection. »
« M. Ëuie pe Beauonr fait observer qu'une petite mâchoire rapportée
de Stonesfield par M. Brochant de Villiers, M. Dufrénoy et par lui-même,
C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 99.) 102
(744)
appartient en effet à un Saurien , mais que cela n'empêche pas que des
ossements de mammifère n’aient été trouvés à Stonesfeld. M. Cuvier et
M. Agassiz ont reconnu comme M. de Blainville que la mâchoire rap-
portée à Paris appartient à un Saurien, mais lorsque M. Elie de Beaumont
la montra à M. Cuvier, cet illustre anatomiste, en lui faisant voir pourquoi
elle ne pouvait ètre rapportée à un mammifere, lui montra aussi en quoi
elle différait des mâchoires du petit mammifère trouvé dans le même gise-
ment (Didelphis Bucklandi}; dont existence dans cette partie de la série
oolitique, ne conserve rien de douteux. »
«M. Bory De Sainr-VincenT présente à l'Académie le canevas de la trian-
gulation faite pendant la reconnaissance du général Négrier, sur Stora, et
dans les tribus de Saguenia et des Actas, par M. le capitaine Boblaye. Ce
travail rattache Constantine et plusieurs points de l’intérieur des terres
aux rivages de la mer. De retour le 10 de ce mois , d’une expédition mili-
taire où la science a tant gagné, M. Boblaye, qui annonçait pour le pro-
chain courrier le complément de son travail, devait partir le 12 pour
Ghelma, afin de continuer ses opérations géodésiques. «Si je parviens, dit-
» il, dans sa lettre du 11 adressée à M. le lieutenant-général Pelet,
» comme j'en ai presque la certitude, à faire la station de la montagne
» Serdy-el-Aouda, Constantine se trouvera aussi liée à Bone par plusieurs
» points. Les reconnaissances topographiques de nos routes dans la pro-
» vince ont été faites par M. le capitaine Tourville, et il me semble que
» vous aurez lieu d’en ètre satisfait. » M. Bory présente ensuite une re-
connaissance du capitaine Martin Pré, qui rectifie quelques parties de la
carte de la province d'Oran, gravée au Dépôt de la Guerre, et montre ainsi
de quelle manière on ne cesse, dans cet établissement, de perfectionner
ce qui s’y publie avec tant de célérité par les soins de son infatigable
directeur: »
M. Durrocuer adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le
dépôt.
RAPPORTS.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Conclusion générale du rapport sur les résultats
scientifiques de l'expédition de la Bonite; lue par M. DE BLaïnviee.
( Foyez pour les différentes parties de ce Rapport, nos Comptes rendus
précédents , pages 445, 481, 597 et 649.)
« La Commission conclut :
(745)
»1°. À ce que l'Académie adresse des remerciments à M. leMinistre de
la Marine pour avoir bien voulu lui offrir cette occasion de faire faire les
récherches qu’elle jugerait convenable dans le voyage de la Bonite.
» 29, Qu'elle accorde son approbation et ses félicitations à MM. les na-
turalistes de a Bonite , ainsi qu'à ceux de MM: les officiers de l'état-major
et à M. l'ingénieur hydrographe, qui ont bien voulu prendre part aux
travaux scientifiques et pour avoir fait autant pour la science et nos col-
lections en aussi peu de temps et dans des circonstances peu favorables
à cause de la nature du voyage.
» 3°. Enfin, à ce que l’Académie exprime au Ministre le désir que ies prin-
cipaux fruits de l'expédition de la Bonite soient immédiatement acquis
pour la science, et qu’à cet effet, en ce qui concerne l’histoire naturelle,
ils soient publiés le plus tôt possible, et d’une manière convenable, par
MM. les officiers de santé eux-mêmes, sous la direction de M. Gaudiÿhaud,
leur collègue, à qui son âge, son expérience et les travaux importants
qui l'ont placé parmi nous, ont donné une position scientifique élevée.
» Quant aux observations de magnétisme et de physique générale, la
Commission ne croit pas avoir à en parler ici, parce qu’elle ne doute pas
que M. le Ministre ne confie leur publication à un ingénieur dépendant de
son département, qui, par la nature de ses travaux, réside une grande
partie de l’année à Paris. Nous voulons parler de M. Darondeau, qui
pendant l'expédition, s’est acquitté de ses fonctions d’une manière si
distinguée. »
Ces conclusions sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
NAVIGATION.— Mémoire sur la théorie générale de la manœuvre des vaisseaux
et autres points qui sy rattachent; par M: LETOURNEUR.
(Commissaires, MM. Dupin, de Freycinet, Poncelet.)
Ce mémoire a pour objet des expériences faites récemment par M. Le-
tourneur, dans son voyage aux Antilles, sur la frégate {4 Terpsichore.
Le principal résultat de ces expériences, relativement à la marche des
navires, est ainsi exprimé par l’auteur : « Il y a de l'avantage, sous le rap-
port de la célérité, comme sous beaucoup d’autres, à faire deux routes
grand largue plutôt qu'une vent arrière constante.
» De toutes les allures possibles, celle qui fatigue le plus la coque
102..
( 746)
du bâtiment, la mâture et les gréements, est sans contredit celle vent
arriere; c'est également celle qui contrarie le plus toute espèce d’exer-
cices et à laquelle on gouverne le plus mal; c’est encore celle qui fatigue
le plus les passagers, les malades. Enfin elle est d’une monotonie ex-
trême, et, quand on se trouve dans les parages des vents alisés, elle tend à
taire perdre à l'équipage cette habitude salutaire d’action que l’on doit tou-
jours chercher à entretenir parmi les marins. Contre tous ces inconvénients
il n'y aurait à mettre en balance que l'avantage de la célérité, s’il était réel,
comme on le croyait autrefois; mais les expériences qui font l’objet de ce
mémoire, montrent que sous ce rapport même, la marche vent arrière n’a
que du désavantage. »
ARTILLERIE. — ÀÆusil koptipteur, inventé par M. HEURTELOUP.
(Commissaires, MM. Arago, Dupin, Rogniat, Séguier. )
M. Heurteloup présente un fusil de guerre construit sur le même prin-
cipe que celui qu'il avait soumis, en 1835, au jugement de l’Académie,
mais dont il a modifié le mécanisme en divers points importants.
Le fusil koptipteur, c’est le nom par lequel M. Heurteloup désigne
cette arme, s'amorce au moyen d'un tube de métal aplati et rempli de
poudre fulminante, tube qui peut être divisé par morceaux au moyen
d’une lame tranchante sans qu’il en résulte de détonnation.
La détente en partant fait jouer une pièce qui agit d’abord comme
couteau pour détacher la partie qui doit prendre feu, puis comme mar-
teau pour l’écraser ; le mouvement par lequel on arme le chien fait avan-
cer le cylindre d'une quantité égale à celle qui a été employée pour le
coup précédent et l'amène sur la lumière. Cependant on peut à volonté
faire jouer le chien sans que l’amorce avance; il suffit pour cela de tenir
le fusil horizontalement , mais avec la sous-garde dirigée en haut. C’est là
une propriété que ne présentait pas l’ancien modèle.
Une autre modification importante consiste dans la disposition de la
batterie, qui se compose d’un petit nombre de pièces assez simples de
forme pour qu’on puisse aisément les obtenir toujours identiques : il en
résulte qu'une pièce venant à se détériorer peut être remplacée sur-le-
champ, sans qu'il y ait besoin de faire aucun rajustage.
« Le tube-amorce fournit à 35 coups de suite, et il ne faut que très
peu de temps pour le remplacer lorsqu'il est épuisé. Cependant, dit
M. Heurteloup, il se pourrait qu’à ce moment le soldat se trouvât serré
(747)
de trop près, pour faire la substitution; aussi ai-je dü songer à lui mé-
nager une ressource, un dernier coup pour assurer sa retraite. Quand
donc son fusil venant à rater au 36° coup, l’avertira que le tube-amorce
est épuisé, il suffira qu’il arme de nouveau le chien pour faire arriver sur
la lumière une dernière amorce que je nomme amorce de miséricorde.
» Le fusil koptipteur, poursuit M. Heurteloup, est comme on le voit un
fusil à magasin; mais il est exempt de l'inconvénient qui a fait renoncer
jusqu’à présent aux armes de cette sorte, je veux dire à la chance que le
feu ne se communique d’une amorce à toutes les autres et ne cause ainsi
une explosion dangereuse. Lors même que la déflagration de la partie dé-
tachée du tube-amorce mettrait le feu au reste, cette dernière partie brü-
lerait lentement et sans détonnation.» Pour prouver cette dernière asser-
tion, l’auteur allume à la flamme d’une bougie le tube qui lui a déjà fourni
plusieurs amorces, et la combustion s’en fait sans produire d’explosion.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur les oscillations de l’eau dans les
tuyaux de conduite; par M. ne Cauicny. — Additions à la quatrième
partie de ce Mémoire.
(M. Coriolis est adjoint à la @ommission précédemment nommée.)
cmrrurG1E. — ÎVote additionnelle à un Mémoire sur le traitement curatif
des varices par l'oblitération des veines ; par M. Davar.
Dans cette note l’auteur présente des documents qui ont pour objet
d'établir ses droits à la priorité d'invention relativement à la méthode de
traitement exposée dans son précédent Mémoire.
(Commission des prix de médecine et de chirurgie, fondation Montyon.)
CORRESPONDANCE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Réponse de M. Lresie à M. BERZÉLIUS.
« Si l’on veut se borner aux questions de fait, rien de plus aisé que de
réfuter l’attaque de M. Berzélius. C’est par là que je vais commencer en
ce qui me concerne. Avant que l'analyse du citrate d’argent eût été exécu-
tée, la formule que M. Pelouze réclame et que M. Berzélius critique,
n’eüt été qu’une pure hypothèse. Pendant mon séjour à Paris, M. Dumas
ayant déterminé le carbone et l'hydrogène de ce sel avec le plus grand
( 748 )
soin, et moi-même en ayant déterminé l'argent d’une manière très pré-
cise, la question relative à la composition des citrates, des méconates ,
des cyanurates, etc., me parut tranchée. È
» Eneffet, M. Berzélius , qui vient attaquer les formules déduites de cette
analyse, qui s'élève à ce sujet contre notre théorie des hydracides, a-t-il
bien réfléchi à cette difficulté? Comment croire qu’en mélant à froid de
l'acide citrique et du nitrate d'argent, il se fasse une métamorphose telle
que le tiers de l'acide se change en un autre ayant la même composition
que l'acide fumarique ou équisétique, et que les deux autres tiers gar-
dent la composition des citrates? C’est cette analyse qui a tout décidé
quant à l’acide citrique.
» Mais voici autre chose. L’acide méconique a pour formule C*H*O"*.
Pour chaque atome de base qui s’y combine un atome d’eau est éliminé;
trois atomes d'oxide d'argent éliminent trois atomes d’eau. Quelle méta-
morphose M. Berzélius suppose:t-il dans ce sel? Il contient C*#H*0''+3Ag0;
il se prépare à la température ordinaire; il possède cette composition sans
avoir été exposé à l’action de la chaleur,
» Le même raisonnèment s'applique à l'acide métaméconique, cyanu-
rique , gallique, tannique, etc., etc.
» Ainsi donc, la méthode ordinaire epgployée pour déterminer le poids
atomique d’un acide, se trouve en défaut ici. Cette règle nous a caché
pendant bien long-temps les anomalies de l'acide phosphorique ; elle a été
cause de ces anomalies. Nous ne pouvions y rien comprendre, parce que
cette règle obscurcissait nos yeux. En abandonnant cette règle pour l’a-
cide phosphorique et l'acide arsénique, nous voyons tout à coup clair ;
en nous dégageant d'elle pour une certaine classe d'acides organiques
.qui se comportent exactement comme l'acide phosphorique , nous verrons
clair aussi. Nous sommes forcés de l'abandonner parce qu’elle nous mène
à l'absurde.
» Voyons un peu, d’un autre côté, quel singulier rôle joue l’eau dans
ces combinaisons. Est-ce bien de l'eau que nous chassons à l’aide des
oxides métalliques, de l’eau qui serait contenue comme telle dans les
composés d’où elle sort ? Qui est-ce qui a prouvé cela? Nous l'avons admis,
c'est vrai; mais où est la preuve de l'existence réelle de l’eau dans les
acides méconique, cyanurique, etc.? Cette preuve, nous ne l’avons pas,
si l’on veut parler sans préjugés de tout ceci.
» Qu’y a-t-il donc dans ces phénomènes ? Il faut en convenir, rien de
clair, sinon le remplacement d’un équivalent d'hydrogène par un équi-
( 749 )
valent de métal. Voilà le seul fait clair, patent ; le seul que nous puissions
prouver.
» N'’est-il pas singulier, si l’eau est contenue comme telle dans ces acides,
que l'oxide d'argent, un oxide facilement réductible, puisse remplacer son
équivalent d’eau , lequel ne pourrait être éliminé par la potasse, qui est
une base si énergique.
» N’est-il pas encore plus singulier que les tartrates doubles contenant
deux atomes de base renfermant chacune un seul atome d’oxigene, puis-
sent être chauffés au point de se décomposer sans abandonner de l'eau,
tandis que si l’on remplace l’un de ces oxides par un autre qui contienne
trois atomes d’oxigène, comme l’oxide d’antimoine, le sel devient tout
à coup capable de perdre deux atomes d’eau de plus. L’acide tartrique
perd deux atomes d’eau par l'intervention de bases contenant deux équi-
valents d’oxigène; il perd quatre atomes d’eau, si les bases qui s’y unissent
contiennent quatre atomes d’oxigène. C’est sans doute là un phénomenc
bien surprenant, un phénomène inexplicable d’après la théorie admise.
C'est là ce que nous avons tenté d’expliquer.
» Sans connaitre la marche de nos expériences , sans attendre le déve-
loppement de nos idées, M. Berzélius vient tout à coup poser une barrière
devant nous; il nous défend de passer outre. Faut-il nous arrêter pour
cela? Non, sans doute.
» Qui peut nier que parmi les questions à résoudre en chimie organi-
que, l’une des plus importantes soit d'expliquer comment il se fait que les
matières les plus diverses puissent entrer dans le radical, sans augmenter
ou diminuer sa capacité de saturation ; comment l'indigo, l’acide benzoi-
que, l’hydrure de benzoïle peuvent entrer dans le radical de l'acide sulfu-
rique ou de l'acide hyposulfurique, comment l'hydrure de benzoile peut
entrer dans le radical formique, sans que la capacité de saturation de ces
acides change.
» N’est-il pas évident que la composition du radical n’influe en rien dans
la faculté de saturer les bases?
» D’un autre côté, on dit, en parlant la langue de la théorie admise,
que si l’on vient à changer la quantité d’eau, la capacité de saturation de
l'acide est altérée, qu’elle dépend complétement de cette eau; que pour
les acides méconique , tartrique, phosphorique, cette capacité de satura-
tion dépend de l’eau que l’on chasse et rien de plus.
» On sait d’ailleurs que cette capacité de saturation primitive ne revient
pas à l'acide pyro-phosphorique que l’on dissout dans l’eau; que ce n’est
(750)
pas même au bout de deux mois de contact avec l'eau, qu'on lui retrouve
la faculté de saturer trois atomes de bases, comme avant la calcination.
» Cette eau n’est donc pas de l’eau, puisqu'elle ne rentre pas de suite
en combinaison; puisqu'il faut supposer qu'elle joue le rôle de base, et
qu’en contact avec un acide qui en est très avide, qui est dissous dans
cette eau-même, il lui faut des mois entiers de contact pour s’y combiner.
» En disant que la capacité de saturation des acides dépend d’un état
particulier de combinaison du radical avec l'hydrogène , nous expliquons
toutes ces anomalies. Cette théorie répand une clarté non équivoque sur
toutes les combinaisons des corps non acides avec les oxides métalliques,
et M. Berzélius reconnaitra plus tard qu'il s’est trop hâté de la condamner.»
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition de l Amylate de plomb. — Lettre
de M. Payen à M. Dumas.
« Les nouvelles expériences anoncées par M. Berzélius dans sa lettre
du 7 de ce mois, m'ont conduit à exécuter de nouvelles analyses que je
vais rapporter.
Employé Amylate de plomb 1,025 0 ,988
Oxide 0:61 0,630
Obtenu Carbone 0,17 0,178
Eau 0,198 07180
centièmes de la
matière organique
Hydrogène 5,83
Oxigène 46,8r 46,68 46,69
Équivalents en (Carbone 47,34 | 47,4 8
Le Es | 28 fé
100,00 100,00 100,00
»La matière employée dans la première analyse avait été préparée avec
de la fécule pure traitée par 100 fois son poids d’eau bouillante, puis
combinée intégralement avec loxide de plomb sans rien séparer préala-
blement par le filtre.
» Les trois analyses suivantes furent faites sur deux autres amylates pré-
parés tous deux avec une solution d’amidon filtrée.
(75K )
» La température de la dessiccation pour la première expérience fut
soutenue à 135° pendant 3 heures dans le vide sec; pour les essais sui-
vants on a porté la température à + 170°; enfin la première et la troisième
analyse ont été faites par M. Schmershall et moi, la: deuxième par
M. Schmershall seul et la quatrième par moi seul.
» La formule C*# H'# O9 donnerait les nombres suivants qui s’accor-
dent bien avec la moyenne et chacune des analyses ci-dessus : ils offrent
une nouvelle confirmation des résultats consignés dans mon dernier Mé-
moire.
Calculé. Trouvé.
C#4.... 9182 47,52 47,23
H'8... 1123 ou 4,83 5,85
09 .... 900 46,65 46,9r
ÉCONOMIE RURALE. — M. DuREAU DE La Mazze, dans une lettre adressée
à M. de Blainville, donne des détails sur les ravages que causent depuis
plusieurs années, dans certains cantons du département de l'Orne et
des départements voisins , les larves de hanneton, désignées vulgairement
sous les noms de turc et de ver blanc. Il exprime le désir de voir les
entomologistes s’occuper de la recherche des moyens propres à arréter
les progrès de ce fléau qui cause à l’agriculture des dommages considé-
rables et qui souvent ne peuvent être réparés de long-temps. Les plantes
annuelles, en effet , ne sont pas les seules qui aient à souffrir, mais des
pépinières, des vergers même de 30 à 4o ans sont détruits en deux ou
trois mois.
M. DE PARAvEY adresse une lettre relative à la question soulevée entre
MM. Chasles et Libri relativement à l'ancienneté de la numération écrite dans
laquelle on fait usage de neuf caractères ayant une valeur propre et une
valeur de position. Il annonce avoir donné en 1826, dans son Essai sur
l'origine unique des chiffres et des lettres de tous les peuples, la preuve que
le zéro et notre arithmétique de position ont été connus de tout temps dans
l’Assyrie et dérivent de l'usage de la machine à compter, nommée 4bacus
par les latins, machine encore en usage en Russie, en Chine, et au Japon,
où elle est nommée Soen pan.
M. de Paravey joint à sa lettre un trait lithographié offrant, d’après une
gravure chinoise du Musée de La Haye, la représentation d’un Miao-tsé,
c'est-à-dire d’un habitant des montagnes du sud-ouest de la Chine.
C R. 1838, 197 Semestre, (T. VI, N° 29.) 103
( 752 )
M. Koricsky adresse une seconde lettre relative aux zuages parasites.
Il prie, en même temps, l'Académie de hâter le rapport qui doit être fait
sur deux Mémoires qu'il a présentés, et qui ont pour titre : /nfluence du
soleil et de la lune sur les phénomènes atmosphériques.
M. Cawwer annonce qu'il obtient de la fleur d'iris une encre d'un très
beau noir et très facile à préparer ; il offre de faire connaître le mode de
4
préparation.
A quatre heures trois. quarts Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures.
F.
Errata. (Séance du 13 mai.)
Page 675, ligne 24, une dépendance du lias, lisez du {rias,
704 ligne 14, l'année 1838, lisez l’année 1837.
308, ligne 18, Hubert; Rey, lisez Hubert-Recy.
(73)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences, n° 21, 1° semestre 1838, in-/°.
Recherches microscopiques sur l’organisation et la vitabilité des globules
du lait, sur leur germination, leur développement et leur transformation
en un végétal rameux et articulé; par M. Turn; in-8°. (Extrait des
Annales des Sciences naturelles.)
Annales des Sciences naturelles ; tome 9, janvier 1838, in-8°.
L'art de vérifier les Dates depuis 1770 jusqu'à nos jours, publié par
M. le Marquis de Fortia; tome 16, in-8°. (Antilles), partie rédigée
par M. Warpen.
L'art d'observer en Géologie; par M. De La Bècue; traduit de l’angjais
par M. »e Correcxo; Paris, 1838, in-8°.
Nouvelles considérations sur les affections nerveuses de l'organe de la
vue; par M. Bessières ; Paris, 1838, in-8°.
Rapport sur les jardins et pépinières des environs de Lyon; par
M. Héror; Lyon, 1838, in-8°, présenté par M. Huzarp.
Traité des maladies des Femmes et de l'hygiène spéciale de leur sexe;
par M. Coromsar pe L'Isère; 2 vol. in-8°: Paris, 1838.
Sur les Zoospermes des Mammifères et sur ceux du Cochon d'Inde en
particulier ; par M. Dusarnin; in-8°.
Voyage en Islande et au Groënland sous la direction de M. Garmarn.—
Géologie et Minéralogie; par M. Evcèxe Rogenr, atlas, 2° livraison in-8°.
Cartes géographiques des environs de Quimper; par M. A. Rrviëre.
L'industrie sucrière et ses progrès en 1838; par M. Éo. Sroté; Paris,
1858, in-8°. à
Traité d'Histoire naturelle; par MM. Manrin Samnr-ANce et Guérin ;
35° livraison in-8°.
Tenue des livres.— Cours complet et nouveau système de tenue des livres
de commerce en partie double; par M. Sainr-Craune; Paris, 1838, in-8°.
Revue critique des livres nouveaux ; par M. Cuersuriez; 6° année,
n° 5, in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 2, n° 15 et 16, in-8.
109:
(754 )
Compendium de Médecine pratique, etc., par MM. »e 14 Berce et Mos-
nNereT; tome 2, COE—CON, 7° livraison in-8°.
Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève ;
tome 8, 1° partie, 1838, in-4°.
Bibliothèque universelle de Genève ; avril 1838, in-8°.
Flora cestrica, an attempt.... Essai d'une énumération et d'une des-
cription des plantes à fleurs et des plantes filicoïdes du comté de Chester,
dans l'état de Pensylvanie, avec une courte indication de leur propriété
et de leurs usages dans la Médecine, l'Économie rurale , l'Économie domes-
tique et les Arts; par M. W. Danunerow; West-Chester, 1837, in-8°.
Transactions. ... Transactions de la Société philosophique américaine;
Philadelphie, vol. 2°, in-8°. (Duronceau, sur l'écriture chinoise, etc.) 1838.
Catalogue of....Catalogue de Plantes croissant naturellement ou na-
turalisées dans le voisinage de Newberg (Nouvelle-Caroline)};, New-York,
1837, in-8°.
Transactions.... Transactions de la Société d'Agriculture et d'Horti-
culture de l'Inde. — Rapport sur la condition physique de l'arbre à thé
d'Assam par rapport à la structure géologique, au sol et au climat; par
M. Mac Crerrann; Calcutta, 1837, in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales pratiques et de Phar-
macologie; 5° année, mai 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° ar, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 61—63, in-4°.
Écho du Monde savant, 5° année, n° 337.
L'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie ; tome 1, n° 41.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 JUIN 1858.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE ’ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Memoire sur les déviations de la boussole,
produites par le fer des vaisseaux ; par M. Poisson.
« La force magnétique de la terre varie d’un lieu à un autre en direc-
tion et en intensité; elle dépend de la distribution des deux'fluides ma-
gnétiques dans la masse du globe, qui ne nous est pas connue. Cetteforce
et sa direction en un point donné, ne peuvent donc être déterminées
que par l'expérience. Ce: sont les observations qui montrent, en effet,
qu'en tous les points de l'hémisphère boréal, le pôle austral de l'aiguille
aimantée s’abaisse au-dessous du plan horizontal mené par son point
de suspension, et que ce même pôle s'élève au-dessus de ce plan dans
l'hémisphère austral. Toutefois, la courbe qui sépare ces deux hémis-
phères magnétiques , est une ligne à double courbure qui s'écarte nüta-
blement de l'équateur terrestre. A mesure que l’on s'éloigne; d'un eôtéou
de l’autre , de cette courbe où l’inclinaison est nulle, l'expérience a aussi
fait voir que cet angle et l'intensité magnétique du globe augmentent
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, Nô 23.) 104
(756)
suivant des lois que l’on ne connaît pas encore. Quant à la déclinaison,
non-seulement elle varie sur chaque méridien et d’un méridien à un
autre, mais en un point donné, l'observation nous a appris qu’elle change
lentement, et que le pôle austral de aiguille passe même de l’est à l’ouest,
ou réciproquement. À Paris, par exemple, la déclinaison qui avait lieu
à l’est avant 1663, est devenue nulle dans cette année, a lieu maintenant
à l’ouest, et paraît avoir atteint son maximum, d'environ 22 degrés et demi,
vers 1820. L’aiguille horizontale éprouve aussi de petites variations diurnes ;
nous ne connaissons aucunement les causes de ces oscillations , ni celles
des déplacements annuels, qui, vraisemblablement, affectent aussi la force
magnétique du globe et l'inclinaison en chaque lieu.
» La déclinaison n’éprouvant que de petites variations dans la journée,
et son changement d’un lieu à un autre, séparés par une petite distance,
étant aussi fort petit, 1l s'ensuit qu'abstraction faite de l’action du fer
d’un vaisseau sur la boussole, l’aiguille demeurera sensiblement parallèle
à elle-même pendant quelques jours, quels que soient les changements
de direction du navire dans cet intervalle de temps. Si donc, à une
époque quelconque, on a déterminé par l'observation du soleil ou autre-
ment, l’azimut de la boussole, c’est-à-dire, l'angle qu’elle fait avec le mé-
ridien; cet azimut ne changeant pas durant plusieurs jours, l'observation
de l'angle de la boussole et de l’axe qui va de la poupe, où elle est placée,
à la proue du navire, fera connaître immédiatement l’azimut de cette
droite, ou de la section principale de ce vaisseau; d'où l’on conclura ensuite
la direction suivant laquelle il est poussé par le vent. Mais les masses de
fer que contient un vaisseau s’aimantent par l'action de la terre; elles
agissent dans cet état sur la boussole, et la font dévier de sa direction
naturelle. Or, cette déviation change de grandeur et de sens avec la di-
rection du navire; par conséquent, l'observation de l'angle que fait sa
section principale avec la direction apparente de l'aiguille, ne pourra plus
sérvir à déterminer exactement l’azimut de cette section. Pour fixer les
idées, supposons que l'axe qui va de la poupe à la proue était d’abord
perpendiculaire au plan du méridien magnétique vrai, et dirigé à l’ouest ;
que dans cette position, la déviation de l’aiguille s'élevait à 20 degrés, et
avait aussi lieu à l’ouest de sa direction naturelle; que ce même axe soit
venu à tourner de 180°, ou de l’ouest à l'est; et que par l'effet du chan-
gement de direction du vaisseau , la déviation ait aussi passé de l’ouest à
l'est, et soit toujours de 20 degrés. 1l est évident qu'un observateur qui
ne connaîtrait pas l'action du fer, et qui croirait, en conséquence, que
C 757 )
l'aiguille est restée parallèle à elle-même, devrait juger que la rotation du
vaisseau a été seulement de 180° — 40°, ou de 140°; en sorte qu'il se trom-
perait de 40° sur la seconde direction du navire, en supposant qu'il eût
déterminé exactement, par les procédés ordinaires , azimut de la section
principale dans sa première direction. L'action du fer des vaisseaux a
donné lieu quelquefois, dans les hautes latitudes, à des déviations de plus
de 20 degrés, soit à l’ouest, soit à l'est, qui ont pu produire, consé-
quemment, des erreurs de plus de 40° dans les changements de direc-
tions d’un navire, conclus de l'observation de la boussole.
» Cependant, la connaissance de ces déviations ne remonte pas à une
époque fort ancienne. Wales , astronome du voyage de Cook, paraît être
le premier qui les ait remarquées. Dans le voyage de d’Entrecasteaux,
notre confrère, M. Beautemps-Beaupré, en a aussi observées, et il a jus-
tement signalé les erreurs qu’elles peuvent occasioner dans les relève-
ments des côtes, faits à bord des vaisseaux, au moyen de la boussole.
Flinders a reconnu qu’elles augmentent, pour un même bâtiment, avec
l'inclinaison magnétique; relativement aux directions du navire, il a cher-
ché à lier entre eux les résultats des nombreuses observations de Wales,
au moyen de formules empiriques qui se sont trouvées démenties par les
observations postérieures. Enfin, dans ces derniers temps, on s’est beau-
coup occupé de cet important phénomène; et dans les voyages de décou-
verte au pôle nord, les officiers de la marine anglaise ont observé les
grandes déviations que je viens de citer.
» Les erreurs, dangereuses pour la navigation, qu’elles peuvent pro-
duire, étant bien constatées, M. Barlow a proposé un moyen très ingé-
nieux de les éviter, ou de les amoindrir, qui a été effectivement employé
avec succès dans la marine. Ce moyen consiste à placer dans le voisinage
de la boussole, une plaque de fer doux qui s’aimante, comme les autres
masses de fer du vaisseau, par l'influence du globe , et qui, à raison de sa
proximité de l'instrument, peut balancer leur action et ramener l'aiguille
a sadirection naturelle Par des essais, on détermine la position qu’on doit
donner à la plaque pour qu’elle détruise cette action ,autantqu'il est possi-
ble, dans toutes les directions du bâtiment autour de la boussole. S'il existe
une telle position pour laquelle cette destruction ait lieu rigoureusement
au point de départ du navire, qu'on l'ait trouvée, qu’on y ait fixé la
plaque, et que la distribution des masses de fer ne change pas pendant
le voyage, il est aisé de s'assurer que la résultante de leurs actions et
l'action de la plaque, se détruiront encore, d’une manière complète, en
104..
( 758 )
tout autre point où la force magnétique du globe aura changé en grandeur
et en direction. Mais si les déviations de l'aiguille n'ont été qu'imparfaite-
ment détruites, au lieu pour lequel la position de la plaque aura été fixée,
il est à craindre qu’elles ne deviennent plus sensibles, et ne reparaissent en
d’autres lieux. C’est en effet, ce que l'expérience à fait voir : les déviations
ayant été réduites, au moyen de la plaque, à quelques minutes, au départ
de l'Angleterre, elles se sont retrouvées de quelques degrés à de hautes
latitudes, dans des circonstances, il est vrai, où elles auraient été encore
bien plus grandes, et de 20 à 30 degrés, sans le secours de cet ins-
trument.
», M.,Barlow à aussi proposé un autre moyen d'employer ce même ins-
trument : on transporte la boussole à terre, et l’on détermine par des es-
sais, s’il est possible, des distances du centre de la plaque, soit au point de
suspension de l'aiguille, soit au-dessus ou au-dessous du plan horizontal
mené par ce point, qui soient telles que la déviation de laiguille ait le
même sens.et la même grandeur, pour chaque azimut dela plaque, que la
déviation qui a lieu à bord du vaisseau, pour le même azimut de sa section
principale , en vertu des masses de fer qu'il contient. Cela fait, on place
le centre de la plaque dans le plan de cette section, aux distances de la
boussole , qui viennent d’être déterminées: l’auteur suppose ensuite que
les actions de ce morceau de fer et du système des autres masses s’ajou-
tent sans se modifier mutuellement; en sorte que les déviations de la
boussole soient doublées dans tous les azimuts, par l’addition de la plaque.
Par conséquent, en un lieu quelconque du globe, si l’on observe succes-
sivement les angles que fait la direction apparente de la boussole avec la
section principale du navire, sous l'influence de la plaque ainsi placée,
et lorsque la plaque est assez éloignée de l'aiguille, pour que cette in-
fluence soit sensiblement nulle, il est évident que l'excès du premier
angle sur le second sera la déviation due aux masses de fer du vaisseau,
et qu’en retranchant cet excès, du second angle, on aura l'angle compris
entre, la section principale et le méridien magnétique; ce qui fera con-
naître la déclinaison vraie, lorsque l’azimut de cette section aura été dé-
terminé par les procédés ordinaires, Mais l'hypothèse de l’auteur ne peut
étre rigoureusement exacte; car le fer du vaisseau ,en:même temps qu'il
agit sur la boussole, influe aussi sur l’état magnétique de la plaque; et
alors l'action, de ce corps sur la boussole n’est plus la même, à bord du
naviresqu'elle était à terre, en dehors de l'influence du fer de ce bâtiment.
De cette différence, ilipeut résulter des erreurs dans le calcul. de la dévia-
‘(759 )
tion et de la déclinaison, qui ne soient point insensibles à de hautes
latitudes.
» Maintenant, je me propose, dans ce mémoire, de déterminer directe-
ment l'inclinaison et la déclinaison vraies en un lieu quelconque du globe,
d’après les observations de la boussole, faites à bord d’un vaisseau et sous
l'influence du fer qu'il contient. Ce fer étant aimanté par la force magné-
tique de la terre, il est évident que son action sur l'aiguille sera propor-
tionnelle à cette force. De plus, les composantes de cette action, rela-
tives à trois axes rectangulaires, qui passent constamment par les mêmes
points du navire, ou sont fixés dans son intérieur, ont pour expressions,
des fonctions linéaires, par rapport aux composantes de l’action du globe,
suivant ces mêmes axes. C’est sur ce principe unique, résultant de la
théorie du magnétisme, que mon analyse est fondée.
» La force magnétique du globe est alors facteur commun à tous les
termes de l’équation d'équilibre de la boussole, et en disparait consé-
quemment. Les inconnues qui restent dans cette équation sont l’incli-
naison et l’angle que fait, à chaque instant, le méridien magnétique avec
la section principale du navire. Elle renferme, en outre, l'angle compris
entre la direction apparente de l’aiguille et cette section, que l’on observe
immédiatement, quel que soit l’azimut de cette même section, et qu
fournit les données du calcul dans chaque lieu où le vaisseau se trouve.
Elle contient, en outre, sous forme linéaire, cinq quantités dépendantes
de la totalité et de la distribution du fer que le vaisseau renferme, dont
les valeurs pourront toujours se déterminer au lieu de départ du vaisseau,
où l’on aura mesuré à terre l’inclinaison ét la déclinaison vraies: à cet ef-
fet, on fera, à bord du bâtiment, et pour des azimuts différents de sa
section principale, un grand nombre d'observations de l'angle variable
avec ces azimuts; il en résultera un pareil nombre d’équations de con-
dition, desquelles on déduira les valeurs des cinq constantes, par la
méthode des moindres carrés. Cela étant, en un autre lieu quelconque où
le vaisseau se sera transporté, il suffira, pour deux directions de la section
principale, comprenant un angle connu, d'observer les’ arigles qu’elle fait
avec la direction apparente de la boussole; et l'équation d'équilibre, ap-
pliquée successivement à ces deux données, fera connaîtré les valeurs des
deux inconnues qu’elle contient. Toutefois, le calcul numérique de ces
valeurs pourrait être assez compliqué pour nuire à l'usage de la mé-
thode, si lon conservait à la! question toute sa généralité. Mais dans les
vaisseaux , les masses de fer sont généralement distribuées’ d’une manière
(760 )
symétrique ou à très peu près, de part et d'autre de la section princi-
pale; or, cette circonstance rend nulles trois des cinq constantes; et,
par suite, les expressions des deux inconnues prennent une forme très
simple, et seront très faciles à réduire en nombres. On connaîtra donc,
en chaque point de la course du vaisseau, l’inclinaison et la déclinaison
vraies, après, cependant, qu'on aura déterminé, par les méthodes astro-
nomiques , les azimuts de la section principale, qui répondent aux deux
observations, ou l’un de ces angles et la quantité angulaire dont le
vaisseau aura tourné, d’une observation à l’autre.
» Les masses de fer d’un vaisseau sont aussi situées , en grande partie,
au-dessous du plan horizontal mené par le point de suspension de la
boussole. Il est facile d’en conclure que si, pour fixer les idées, l'axe qui
va de la poupe à la proue est d’abord compris dans le méridien magné-
tique et dirigé vers le nord, et qu'on fasse tourner le navire horizon-
talement, ces masses aimantées par l'influence du globe, tendront,
dans notre hémisphère, à entrainer le pôle austral de l'aiguille dans le
sens du mouvement de la section principale, et à repousser le pôle boréal
dans le sens opposé. Or, le calcul montre que pendant cette rotation du
vaisseau indéfiniment prolongée, il pourra arriver deux cas distincts :
dans l’un, le plus ordinaire, le pôle austral suivra d’abord la section prin-
cipale jusqu’à une certaine limite; puis il rétrogradera vers le méridien ma-
gnétique, le dépassera, y reviendra de nouveau, et ses positions d’équi-
libre relatives à tous les azimuts de cette section, oscilleront de part et
d'autre du méridien; dans le second cas, ce pôle suivra la section princi-
pale pendant la première demi-révolution, la précédera pendant la seconde,
et passera en même temps que ce plan dans celui du méridien. Ainsi,
dans ce second cas, il y aura des directions du vaisseau où l'action des
masses de fer l’emportera sur celle du globe, et produira même un re-
tournement complet des deux pôles de la boussole. Le calcul montre éga-
lement que pour chaque vaisseau , le déplacement révolutif de l'aiguille
aura toujours lieu, quelle que soit la distribution des masses de fer, en
s'éloignant convenablement de l'équateur; mais jusqu'à présent les navi-
gateurs ne se sont pas encore assez approchés du pôle, pour que cet effet
ait pu être observé. Il y a aussi un cas singulier qui se rencontrerait diffi-
cilement dans la pratique, où les masses de fer seraient tellement disposées
dans le navire, qu’en tous les lieux de la terre, l'aiguille demeurerait cons-
tamment dans le plan de la section principale.
» Non-seulement, dans le cas du déplacement révolutif de la boussole,
(761) :
sa déviation n’a pas de maximum, mais dans l’autre cas, où il en existe un,
ilne répond pas, comme on pourrait le croire, àla direction de la section
principale du navire perpendiculaire au méridien magnétique, et peut
quelquefois s’en écarter beaucoup. Toutefois, la déviation correspondante
à cette direction jouit d’une propriété trés digne de remarque. En deux
points quelconque du globe, aussi éloignés l'un de l'autre que l’on voudra,
les tangentes de cette déviation sont entre elles comme les tangentes des
inclinaisons magnétiques. Ce théorème est indépendant de la distribution
des masses de fer du navire; il suppose seulement qu’elle soit symétrique
des deux côtés de la section principale, et qu’elle ne change pas dans le
trajet du point à l’autre de la terre. Pour le vérifier, j'ai pris des obser-
vations faites dans les voyages au pôle nord que j'ai cités plus haut.
» Dans celui du capitaine Ross, en 1818, on a trouvé à bord de l'Zsa-
belle ; pour la déviation dont il s'agit, observée à Lerwich (ile Schetland),
4° 34! à l'est du méridien magnétique, quand la section principale du na-
vire était aussi dirigée vers l’est, et 5° 11” à l’ouest, lorsque cette section
était tournée vers l’ouest. La différence de 37° qui existe entre ces deux
déviations pent être attribuée, en partie à un petit défaut de symétrie dans
la distribution des masses de fer, et en partie aux erreurs inévitables des
observations. En même temps, l'inclinaison à Lerwich était de 74°2/.
En un point de la baie de Baffin, où l’inclinaison s'élevait à 85° 50’, les
déviations que nous considérons ont été 17° 30’ à l’est et 18° à l’ouest.
Or, si l’on prend leur moyenne 17°45° pour la déviation, en ce lieu de
la terre, correspondante à la direction perpendiculaire au méridien ma-
gnétique , la proportion des tangentes donne 4° 46 pour cette déviation
à Lerwich; valeur comprise entre les deux déviations mesurées en cet
autre lieu, et qui ne diffère de leur moyenne 4° 52° 30", que de 630”.
Réciproquement , en prenant cette moyenne et la précédente pour les
déviations à Lerwich et à la baie de Baffin, et partant de l’inclinaison
35° 50’, observée dans le second lieu, cette même proportion donne 74° 41!
pour l’inclinaison à Lerwich ; ce quin’excède que de 19/, l’inclinaison 74° 22°
directement mesurée.
» À bord de /’Hécla ; dans le voyage du capitaine Parry, en 1818 et1819,
on a trouvé à North-Fleet (près de Londres), 4° 41! à l’est, pour la dé-
viation, lorsque la section principale était dirigée vers l’est du méridien
magnétique. Celle qui avait lieu, lorsque cette section était tournée vers
l'ouest ; n’a pas été observée. L’inclinaison était de 70° 30’. En un point de
la baie de Baffin, différent de celui de observation du capitaine Ross,
: ( 762 )
et où l'inclinaison était de 84° 15’, cette déviation, aussi vers l’est, s’est trou-
vée de 15°5'. Or, d’après ces deux inclinaisons et cette.dernière déviation,
la proportion des tangentes donne 4° 23! pour la déviation à North-Fleet,
ou seulement 18/ de moins que la déviation observée. Réciproquement,
en prenant les déviations observées 4° 41" et.15° 5, et y joignant l'incli-
naison 70° 30/ qui répond à la première, on trouve, par cette même
proportion, 83° 52! pour l’inclinaison à la baie de Baffin, c’est-à-dire 23"
de moins que celle qui a été directement observée. On jugera sans doute
remarquable qu’au moyen de variations de la boussole observées à bord
d’un même vaisseau, en deux lieux de la terre aussi éloignés lun de l’autre,
et de linclinaison mesurée en l’un de ces deux points, on puisse calculer,
à moins d’un demi-degré près, l’inclinaison relative à l’autre.
» Dans les diverses applications que j'ai pu faire des formules de ce Mé-
moire aux observations, le sens des déviations observées a. toujours été
celui que la théorie indiquait. En grandeur absolue, les différences entre
le calcul et l'expérience ont aussi été peu considérables, mais non pas aussi
petites, cependant, que dans les exemples que je viens de citer. Il y a lieu
de croire qu’elles diminueraient encore, et pourraient être attribuées en-
tièrement aux erreurs des observations, sur un vaisseau préparé d'avance,
de maniere que la distribution des masses de fer approchät autant qu'il
est possible de la symétrie, de part et d'autre de la section principale. Mais
des à présent, l'accord du calcul et de l'observation est bien suffisant
pour ne laisser aucun doute sur l'exactitude de la théorie et de ses appli-
cations à la pratique.
» Puisque le problème présente deux inconnues à déterminer , linchi-
naison et la déclinaison vraies, il y faut employer deux données de lob-
servation; celles qu’exigent les formules de ce Mémoire que j'ai citées
jusqu'ici, sont les angles de la section principale du vaisseau et de la
direction apparente de la boussole , avant et après que l’on à fait tourner
cette section d’un angle connu; mais on peut éviter cette manœuvre au
moyen d’autres formules que l'on trouvera également dans mon Mémoire,
et dont l'application sera, je crois, plus immédiate, et par conséquent plus
commode dans la pratique. Pour cela , je, suppose que, sans changer la
symétrie des masses de fer, on y ajoute un morceau de ce métal, assez
rapproché de la boussole, pour en changer notablement la direction, et
qui pourra être, par exemple, la plaque de M. Barlow, mais sans qu’elle
soit assujétie à faire disparaître ou à doubler les déviations de l'aiguille.
Par l'effet de cette addition, les deux constantes contenues dans l'équation
( 765 )
d'équilibre prendront des valeurs différentes de celles qu'elles avaient
auparavant, que l’on déterminera comme celles-ci au départ du navire, et
qui dépendront dela position qu’on aura donnée à la plaque. Cela posé,
lorsque le vaisseau sera parvenu en un point quelconque du globe, on ob-
servera, sans rien changer à sa direction , et sans connaître même l'azimut
de sa section principale, les angles différents que fait cette section avec la
direction apparente de la boussole, soit quand la plaque agit sur l’ai-
guille, soit lorsqu'elle en est assez éloignée pour ne plus exercer une action
sensible; puis, au moyen de ces deux données de l'observation, on calcu-
lera facilement l'inclinaison et l'angle que fait la direction vraie de la
boussole avec la section principale, en sorte qu'il ne restera plus qu'à
orienter le bâtiment par les moyens ordinaires, pour connaître la déclinai-
son vraie au lieu de l'observation.
» Quoique les déviations de la boussole produites par le ferdes vaisseaux
soient l’objet spécial de ce Mémoire, j'ai cependant réuni, dans un pre-
mier paragraphe, les formules connues qui se rapportent aux directions et
aux oscillations de l'aiguille horizontale et de l'aiguille d’inclinaison. J'ai
aussi rappelé, dans ce même paragraphe, le procédé que j'avais indiqué,
autrefois, pour comparer les intensités de la force magnétique du globe,
en deux lieux différents et à des époques éloignées l’une de l'autre, au
moyen de deux aiguilles aimantées et librement suspendues, soumises à
leur action mutuelle et à celle de la terre, et qui peuvent n'être pas les
mêmes à ces deux époques. M. Gauss a fait plus que de l'indiquer, il a mis
en pratique un procédé analogue à celui-là, dans lequel cet illustre géo-
mètre a substitué la mesure des directions des aiguilles, à l'observation de
leursoscillations que j'avais proposée. En prenantimplicitement pour unité
de force, l’action attractive ou répulsive des fluides magnétiques, sous
l'unité de masse et à l’unité de distance ; en choisissant, en outre, le mil-
limètre, la seconde sexagésimale, la masse dont le poids est un milli-
gramme, pour unités de longueur , de temps, de quantité de matiere,
M. Gauss a trouvé 4,8085 pour le nombre qui exprimait à Gottingue et au
milieu de 1832, la force magnétique du globe. Pour que l'on en püt con-
clure le rapport de cette force à la gravité, il faudrait que, sous des masses
égales et à la même distance, le rapport de la puissance magnétique à
l'attraction newtonnienne nous fût connu. D'après l'observation de la
pesanteur à la surface de la terre, la longueur de son rayon, sa densité
moyenne déterminée par Cavendish, nous pouvons facilement connaître
la mesure de cette attraction, c’est-à-dire la vitesse que l'attraction d’une
CR, 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 25.) 105
( 764 )
masse homogène, sphérique et prise pour unité, imprimerait en une unité
de temps à un point matériel, d’une nature quelconque ainsi que la
masse attirante, et situé à l'unité de distance du centre de ce corps. Mais
quant à la mesure absolue du pouvoir magnétique, je ne vois aucun
moyen de la mesurer, ni même de savoir, à la rigueur, si cette puissance
varie avec le temps : au lieu du nombre 4,8085, déterminé à Gottingue,
si l’on en trouvait un autre dans le même point du globe , mais à une
époque très éloignée de la nôtre, nous ne pourrions pas, en effet, décider
si ce changèment proviendrait de ce que la force magnétique de la Terre
aurait varié dans l'intervalle, par quelque cause locale ou générale,
ou bien de ce que la puissance attractive ou répulsive, inhérente aux
particules du fluide magnétique, serait devenue plus grande ou plus
petite. Nous savons seulement que cette puissance est immensément
plus grande que l'attraction newtonnienne, faute de pouvoir apprécier
le rapport de l’une de ces forces à l’autre, nous ne pouvons pas non
plus connaître quelle serait la vitesse que l’action magnétique du globe
imprimerait au fluide magnétique qui viendrait à se détacher d’une
aiguille aimantée. En faisant une supposition convenable sur le rap-
port de la puissance magnétique à lattraction universelle, on peut
rendre cette vitesse, dans le sens vertical, égal à celle de la lumiere,
et même beaucoup plus grande; ce qui montre comment une certaine
action d’un corps, sur des particules d’une extrême ténuité situées à sa
surface, peut les lancer dans l’espace avec une immense vitesse, comme on
le suppose, à l'égard du fluide lumineux, dans la théorie de l'émission.
Dans les suppositions particulières que j'ai prises pour exemples de calcul,
le poids du fluide libre, contenu dans l’une des aiguilles dont M. Gauss
s'est servi, aurait une grandeur assignable , égale à une très petite fraction
de milligramme, et le poids du fluide à l'état neutre, qu’elle renfermait
également, demeurerait tout-à-fait inconnu. Mais il faut observer, à cette
occasion, que dans la théorie du magnétisme, l'hypothèse que les deux
fluides soient impondérables n’est pas essentielle, attendu que ces subs-
tances ne sortent jamais des corps de la plus petite dimension, et que
les déplacements intérieurs qu’elles éprouvent dans l'acte de l’aimantation ,
sont regardés comme insensibles. Cette supposition est nécessaire à l'égard
du calorique et des deux fluides électriques, parce que le poids des corps
n’augmente ni ne diminue jamais d’une manière appréciable , quelque
grandes que soient les quantités de chaleur et d'électricité qu’on y intro-
duise. Elle l’est également par rapport au fluide lumineux, qui se meut, dans
(765 )
la théorie de l'émission , avec une excessive vitesse, et qui n'exerce, cepen-
dant, aucune percussion d’un effet appréciable, sur les corps qu'il vient
frapper en si grande abondance; ce qui exige que les masses, et par
conséquent les poids de ses particules, soient insensibles, relativement
aux masses et aux poids des molécules, dont sont composées les ma-
tières pondérables.
» Je joins à cet extrait les principales formules qui sont contenues dans
le Mémoire.
» Soient 8 et \ l'inclinaison et la déclinaison vraies, & l'azimut de l'axe
qui va de la poupe à la proue, z l'angle que fait la direction apparente
de la boussole avec cet axe, a et b deux constantes déterminées au dé-
part du vaisseau, et qui dépendent de la distribution des masses de fer,
que l’on suppose symétrique de part et d’autre de la section principale ;
on aura
cos (L — a)sinz + atang sinz — bsin(Ÿ — «) cosz.
L'azimut © changeant et devenant &/, soit z' ce que deviendra l'angle 7,
on aura de même
cos(£ — «’) sinz + atangôsinz — Dsin (Y — 2')cos 7’.
Par l'élimination de a tang 6, entre ces deux équations, et en faisant
=0u +20, d— 0 —0, = +4,
on obtient cette formule,
Me sin(z + z')
7 bsin(z — 7)coto, — 2sinzsinz
,
dont l’usage est facile à comprendre pour déterminer la déclinaison. L'une
des deux équations précédentes fera ensuite connaitre l’inclinaison. Dans
le cas de w,— 180°, on aura en particulier
2 sinzsins
tang (L — «) —= CS a
» La déviation de la boussole, ou l’angle compris entre sa direction ap-
parente sous l'influence du fer, et sa direction naturelle, sera la différence
2— 1]. En la désignant par &, quand la section principale du navire est
perpendiculaire au méridien magnétique, ou quand on a d—w= 90°,
on aura
atang 8sinz — bcos x.
105.
( 766 )
En un autre lieu, où les angles 8 et æ deviendront 6’ et @æ', on aura
également, pour le même vaisseau,
atang #"sinæ, — Vcosz,;
d'où l’on conclut
tang 0° tang 0.
Pb
ce qui renferme la proportion des tangentes énoncée dans l'extrait pré-
cédent.
» Soient encore æ, 6, €, ce que deviennent les deux constantes & et b,
et l'angle £, après l'addition d’une plaque de fer près de la boussole. La
première des équations précédentes se changera en celle-ci :
cos (Ÿ — w)sin € + æ tang 8 sin 6 — 6sin (Ÿ — «) cosé;
et de ces deux équations, on déduit
(a — G)sinz sin &
Ang — 0) = © —° — —© — ;
formule qui pourra remplacer l'expression de tang 4,, pour le calcul de
la déclinaison. »
PHILOSOPHIE NATURELLE. — De la loi d'attraction de soi pour soi: et nou-
veaux efforts de l'inventeur pour en présenter le principe comme une
annexe étendant les vues de la gravitation universelle de Newton;
par M. GEroFFROY SAINT-HILAIRE.
(Extrait. )
« Remarquons préliminairement qu'il est admis comme une principale
regle des associations académiques de n'attribuer à chacun que sa part de
sociétaire dans les recherches tentées par &Qus en philosophie scientifique.
Sur ce pied, entré comme zoologiste dans les rangs, il arriva que, tant
que je fus fidèle à l'essence de ma première position, c’est-à-dire que je fus
attentif à ne point m'écarter des prescriptions du Maitre, notre chef d'é-
cole, qui avait borné ses visées à des travaux de description et de classi-
fication, je fus approuve et reconnu par lui et ses amis, comme un utile
travailleur au profit commun.
» Mais quoi! vieillir dans ce service comme je l'ai fait, avoir passé qua-
rante-cinq aus de ma vie sous l’action d’études incessantes et suivies dans la
même voie, et n’arriver jamais à se laisser préoccuper par quelques divaga-
( 767 )
tions , était-ce praticable ? Non, non. Dominé au contraire par un instinct
philosophique, et entrainé vers la synthèse des choses, j'en vins à re-
cueillir avec une prédilection, qui charmait mes travaux, quelques vues
générales que l’étude des faits apportait à mon esprit. Avec le temps,
je parus en beaucoup d’occasions rompre avec l’école systématique lin-
néenne, croyant à un savoir progressif, à remettre mieux en honneur
dans ces derniers temps : j'en fus repris en 1830 par de vives attaques,
auxquelles je répondis vivement à mon tour.
» Ceci se range aujourd'hui dans le passé, surtout depuis que Goethe,
vaste génie et naturaliste synthétique, eut pris en main le jugement de nos
débats. Le livre d'histoire naturelle qui contient les jugements de ce poète
philosophe, vient de paraître cette année par les soins de M. Ch. Martins.
Ces débats terminés et ce procès jugé, d’autres soins m’occupèrent. J'ima-
ginai d’examiner le principe d'attraction qui était dans la science, pour en
chercher une application possible dans les recherches touchant l'essence
des corps organisés. Je désirai me rendre compte, si et comment ce serait
à découvrir.
» Ce fut, en tout temps, une vérité de sentiment, qui avait fait ad-
mettre cet axiome : Natura semper sibi consona, d’où l’on avait conclu que
la matière jouissait de vives actions ; se montrait douée d'activité propre.
Ainsi, ce devint d’un enseignement général et pratique que l'ordre dans
la nature répondait nécessairement et avec un empire absolu aux décrets
de Dieu, au titre et comme développant le caractère d’un don d’es-
sence propre aux racines des choses. Ce fait général, âme universelle pour
celles-ci, aperçu d’abord théologiquement, et depuis deux siècles com-
pris et introduit comme une révélation appliquée dans les sciences astro-
nomiques, fut enfin formulé sous le nom d'attraction.
» Newton en vint à étudier ce qu'il ne’croyait praticable que pour les
corps isolés, mobiles et cheminant dans les espaces célestes : il chercha
l'idéal de leurs relations; il le trouva dans des éléments communs, appar-
tenant à la nature distincte des corps planétaires; et finalement il fut
frappé, en son livre de l’'Optique publié en 1704, où il résume ses magni-
fiques travaux; il fut frappé des rapports de l’uniformité des masses du
système planétaire , avec des considérations analogues à {a surface de la
terre. C’est alors qu'abandonnant son âme aux sentiments d’une vive admi-
ration , il comprit qu'une même raison d'affinité et de structure était aussi
à considérer dans l'essence des êtres organisés ; il pensa que les corps
isolés, les animaux, ont une vie à part comme les planètes; qu'ils entrent
( 768 )
réciproquement dans un même plan d’arrangement ; que pareillement les
uns à l'égard des autres ils sont faits et gagnent un but respectivement
identique, et qu'ils sont ainsi mus par quelque chose de semblablement
animé.
» Ce principe attraction qui est reconnu comme une sorte d’incorpo-
ration d'essence chez les corps célestes, pourquoi n’en serait-il point de
méme à l'égard des particules minimes de la matière? pense ce philosophe.
Ce n’est qu'une conjecture d’abord : plus tard, ce devint plus explicite.
A l'attraction faudra-t-il attribuer tous les cas phénoménaux concernant
la vie et les mouvements de toute chose, dans des corps organisés nota-
blement? Ce fut facile à concevoir, et d'autant mieux qu’on n’avait devers
soi aucune justification pour l’établir comme zoologiste, et qu'on ne se
laissait encore guider par aucunes inductions analogiques.
» Ainsi s'expliqua Maupertuis, vers 1750, lequel entrainé par un ins-
tinct de généralisation et de vues unitaires, alla, comme un de ces philoso-
phes de l'antiquité, voyager en terre étrangère pour se former aux études
de la vie phénoménale de l’Univers. Maupertuis se rendit à la source
des grandes idées, au sujet de l'attraction, pour s’empreindre des vérités
probables, ainsi qu'il les pressentait. Mais trop pénétré à priori des théories
conçues par son esprit, il y prit confiance sans examen ultérieur et zoolo-
gique, car il n'était nullement naturaliste pour en entreprendre de justi-
fiées par l'étude des faits.
» Voltaire, hostile à sa personne, plaisanta sur la précipitation des juge-
ments du philosophe, surtout de cet étrange procédé de transporter de
plein saut des vues d'astronomie à des formules de physique et de phy-
siologie.
» Mais ce n’est point de la même façon que j'ai songé à rentrer dans la
route justement délaissée par les successeurs directs de Maupertuis ; j'ai em-
ployé une grande partie de mes dernières années à rechercher & posteriori
la solution de ces hauts problèmes : et si j'ai été heurté et poussé dans les
débats de 1830 par mon illustre adversaire, certes ce ne fut pas toujours
par lui avec succès. En preuve, je puis dire; que je reprenne une idée qui
m'avait échappé en traitant de mon principe de l'unité de composition. Ainsi
je lis dans Condorcet, citant dans un rapport pour honorer les travaux
d'anatomie comparée de Vicq d’Azir, cette phrase : « Ce fut la pensée de
» ce maître, que la nature avait imprimé, chez tous les êtres un caractère
» de constance dans les types, comme dans la variation de leurs modifica-
» tions : c'est le même plan, qu’elle sait modifier à l'infini, etc. »
( 769 }
» Ce que j'ai donc tenté au sujet de tant de vues zoologiques, que je
tiens maintenant pour entrées dans la pensée publique, je viens de renou-
veler le même système de recherches, en ce qui concerne des vues
de physique céleste. Comment? J'ai un livre publié vers le 15 février
dernier : Notions de philosophie naturelle (M. Pizcor, libraire - éditeur).
Je ne répéterai point ici ce que je viens d'y placer. Mais, craignant de
n'avoir point été assez explicite et lucide J'ai retourné les questions dans
d’autres rédactions , sous le titre de Fragments biographiques. C’est l'ob-
jet d’un second ouvrage terminé vers la fin d'avril ; ouvrage qu’on trouve
aussi chez le même éditeur.
» Ce que j'ai cru faire de plus victorieux pour ma position sans cesse
militante, ce fut d’opposer Par un travail profondément médité l'école de
Buffon à celle de notre dernier maître et grand zoologiste. Buffon avait
été délaissé par les savants voués aux détails de descriptions et de classifi-
cations , et quelquefois violemment attaqué par eux. J'ai cherché à rendre
à la vie de ce philosophe synthétique, tous ses droits à l'admiration des
penseurs du xix° siècle.
» Tout est aujourd’hui entrainé dans une voie de généralisation : tout
se synthétise et se concoit de même dans des vues unitaires, Or, voilà
ce qu'avait déjà fait Buffon. Expliquer ce grand homme me paraît le plus
grand besoin de ia science de notre Âge; aussi ayant eu plusieurs. bio-
graphies à produire concernant nos derniers naturalistes , je me suis en
particulier étendu dans celui de mes fragments biographiques, sur le
morceau que j'ai établi sous ce titre : Études sur la vie, les ouvrages
et les doctrines de Buffon.
» Ceci remplira-t-il mon but? C'était d'appeler présentement par des
détails curieux l'attention des Penseurs sur ma formule : Attraction de soi
Pour soi , laquelle contient peut-être le dernier mot sur la création , une
explication de cette pensée de Pline : Rerum naturæ opus et rerum ipsa
natura. Je m'en flatte : je ne me suis rien proposé au-delà par la produc-
tion de mon ouvrage et par cette nouvelle note concernant mes derniers
travaux. »
CHIMIE. — Remarques de M. PeLouze à l'occasion d'une lettre de M. Lrerrc,
lue à la séance précédente.
« Dans le compte rendu de la dernière séance à laquelle je n’ai pas as-
sité, il y a une lettre de M. Liebig, dans laquelle ce chimiste me prête, sur
( 770 )
la formule de l'acide citrique, une réclamation que je n'ai pas faite, que je
n'ai jamais eu l'intention de faire.
» J'ai dit, et c'est le seul point sur lequel a porté ma réclamation , que
j'étais parvenu à enlever à beaucoup de citrates un tiers d’atome d’eau que
je regardais comme de l’eau de cristallisation.
» Pour terminer définitivement un débat sur lequel aucun motif, quel
qu'il fût, n'aurait pu me ramener le premier, il me reste une chose à faire,
c'est de prouver que long-temps avant l’époque assignée par M. Dumas
lui-même à ses recherches sur l'acide citrique, par conséquent long-temps
avant l’arrivée de M. Liebig à Paris, je m’occupais des citrates, et que j'é-
tais parvenu aux résultats dont je viens de parler. A cet égard, j’invoque Île
témoignage de mes honorables confrères, MM. Thénard, Dulong, Chevreul,
et celui de mon honorable maître, M. Gay-Lussac.»
Gtonésie. — Supplément à une nouvelle détermination de la distance
méridienne de Montjouy à Formentera, etc.; par M. Puissant.
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est un sup-
plément à celui qui a pour objet une nouvelle détermination de la dis-
tance méridienne de Montjouy à Formentera, et que j'ai lu dans la séance
du 2 mai 1836. L'analyse trigonométrique dont je fais usage dans ce se-
cond mémoire, donne lieu à des artifices de calcul qui simplifient singu-
lièrement les formules de M. Legendre applicables aux triangles sphéroi-
diques, et qui ramènent mieux qu'on ne l'a fait jusqu'à présent leur
résolution complète à celle des triangles sphériques de même espèce. Cet
avantage résulte principalement de ce que le calcul des coordonnées des
sommets d’un triangle sphéroïdique est rendu tout-à-fait indépendant des
latitudes réduites de ces mêmes points; latitudes qui ont duù être intro-
duites dans les deux équations différentielles de la ligne de plus courte
distance pour en faciliter l'intégration par les séries, mais qui, en définitive,
nuisent à la promptitude des évaluations numériques. Sous ce rapport,
mon nouvel écrit est aussi une extension de la note insérée à la page 739
du tome III du Compte rendu de nos séances.
» Je suis intimement persuadé que si mes honorables confrères,
MM. Arago et Biot, examinent un jour, ainsi qu'ils l'ont fait espérer, le point
de théorie dont je viens de m'occuper derechef, et qui se rattache essen-
tiellement à leur belle opération géodésique, leur analyse et leurs calculs
confirmeront pleinement mes résultats. »
C771)
ANTHROPOLOGIE. — Remarques sur la constitution physique des Arabes,
qu'on peut considérer comme la race primitive de l'espèce humaine: ou
comme son prototype; avec l'intention de les faire servir aux recherchés
qu'une commission scientifique est chargée. d'aller faire dans nos posses-
sions d'Afrique; par M. LaARREY.
« Pendant notre expédition en Égypte, à la fin du xvir* siècle, j'a-
vais porté une attention spéciale à étudier l’état physique des habitants de
cette contrée et plus particulièrement celui des Arabes. J'avais à cet ‘effet
soumis à des recherches anatomiques très suivies un assez grand nombre
de cadavres des individus des deux sexes et de tout âge de cette nation,
que nous étions, dans l’usage de traiter dans des salles particulières des
hôpitaux de l'armée. J'avais aussi préparé des squelettes et uniasséz grand
nombre de.têtes qui furent déposées avec beaucoup d’autres objets d'His-
toire naturelle dans ma maison du Caire, où la peste s'étant introduite
pendant mon absence à Alexandrie, l’ordre d’en brûler tout le mobilier
fut intimé au gardien de cetie maison par la commission. sanitaire cen-
trale de l'Égypte, et ma collection fut perdue. Cependant j'ai été assez
heureux pour avoir retracé dans mon journal et dans ma relation chirur-
gicale de l’armée d'Orient, les principaux traits du physique et le carac-
tere de ces Arabes (1).
» Aujourd’hui j'ajouterai à cette esquisse le résultat de. nouvelles re-
cherches que j'ai faites et fait faire par plusieurs de mes collaborateurs (2),
soit en Égypte, soit en Afrique; elles portent spécialement sur les formes
extérieures des individus de cette nation, sur la structure ou la densité de
leurs os,.sur la conformation des organes de la vie intérieure, de ceux de
la vie de, relation etisur leurs facultés instinctives.
» Ce peuple, sans doute l’un des plus anciens de la terre, a été produit
par cette contrée immense qui sépare d’une part la mer Rouge du golfe
Persique, et. de l’autre la Méditerranée de la mer d’Asie. Le climat doux
et salubre de cette contrée présente de légères modifications, qu'on doit
attribuer aux différences des terrains ou à:la nature du sol de chacune de
ses principales régions : les productions en sont connues ; cependantl’homme
(1) Foyezuma Relation. chirurgicale de l’armée d'Orient.
(2) M: le docteur: Guyon, ‘chirurgien.en chef des hôpitaux: militaires en Afrique, m’a
surtout fourni à ce sujet de précieux matériaux.
CR. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 25.) 106
(772 )
et les animaux ont une physiononnie et un caractère tout particuliers, qui
les distinguent en général de ceux que produisent les autres régions de la
terre.
» L'étude physique de la première classe (des Arabes) a été l’objet prin-
cipal de mes recherches, ainsi que je l’ai indiqué dans ma campagne d'É-
gypte; on peut distinguer cette espèce d'homme en trois races diffé-
rentes :
» 1°. Celle des Arabes orientaux venant des bords de la mer Rouge ou
de l'Arabie proprement dite ;
» 2°. Celle des Arabes occidentaux ou africains originaires de la Mauri-
tanie ou des côtes d’Afrique ;
» 3°. Enfin, celle des Arabes-Bédouins ou Scénites, errants sur les li-
sieres des déserts.
» Les individus de la premiere race, qui se sont répandus et perpétués
dans la classe des fellahs (laboureurs) et artisans de toute l'Égypte et des
contrées fertiles de l'Afrique, sont d’une taille un peu au-dessus de la
moyenne; ils sont robustes et bien faits, leur peau est hàälée ou brune , et
élastique ; ils ont le visage ovale, de couleur cuivrée; leur front est large ;
élevé, le sourcil noir détaché, l'œil de la méme couleur, vif et enfoncé;
le nez est droit, de moyenne grandeur; la bouche bien taillée, les dents
sont bien plantées, belles et blanches comme l'ivoire; l'oreille, d’une belle
forme et de grandeur normale, est légèrement recourbée en avant : son
trou auditif est parfaitement parallele avec la commissure externe ou
temporale des paupières, comme chez les individus de tous les peu-
ples (1).
» On observe chez leurs femmes quelques différences avantageuses; on
admire surtout les contours gracieux de leurs membres, les proportions
régulières de leurs mains et de leurs pieds, la fierté de leur attitude et de
leur démarche, etc.
» La deuxième race d’Arabes ne diffère point essentiellement, pour ses
formes physiques, de la première, et il y a une parfaite analogie de carac-
tère entre les individus de ces deux races.
» Les Bédouins, ou Arabes bergers, sont généralement divisés par tribus
(1) L’exactitude de ces rapports a été parfaitement suivie par l’habile pinceau de Gi-
rodet, dans la tête du cheik arabe que je présente à l’Académie. D'ailleurs le pavillon
de l’oreille peut varier à l'infini par sa forine et sa grandeur, non-seulement chez les
différents peuples, mais aussi chez les individus de chaque espèce.
(773 )
éparses sur les lisières des terres fertiles, à l'entrée ou sur les bords des
déserts; ils habitent sous des tentes qu’ils transportent d’un lieu à un
autre selon les besoins; ils ont aussi le plus grand rapport avec les autres
Arabes; cependant leurs yeux sont plus étincelants; les traits de leur vi-
sage généralement moins prononcés, leur taille est moins élevée que chez
les Arabes civilisés; ils sont aussi plus agiles, et, quoique maigres, ils sont
trés robustes, ils ont l’esprit vif, le caractère fier et indépendant; ils sont
méfiants, dissimulés, errants, mais braves et intrépides; l’hospitalité est
sacrée chez eux; ils sont surtout d’une grande adresse, d’une profonde et
rare intelligence; ils passent pour d'excellents cavaliers, et l’on vante avec
raison leur dextérité à manier la lance et la javeline. Au reste, ils sont
très aptes à l'exercice de tous les arts et métiers.
» Les mœurs et les coutumes sont à peu près les mêmes chez tous; ils
élèvent des troupeaux de moutons, de chameaux, et des chevaux d'une
espèce très recherchée; tous parlent la langue arabe et suivent la même
religion. Tous vivent à peu près de la même manière; ils se nourrissent
principalement de laitage, d’œufs et de végétaux; ils mangent rarement
et très peu de viande, et en général ils sont très sobres; ils supportent fa-
cilement tous les genres de privations. Tous se rasent la tête et laissent
croître la barbe.
» Les femmes laissent grandir leur chevelure qu’elles colorent souvent,
ainsi que leurs sourcils, avec une teinture brune plus ou moins foncée,
qui n’est nullement nuisible aux cheveux ; elles les nourrit au contraire et
leur imprime une belle couleur noire; elles se teignent aussi, avec une
liqueur d’un jaune doré faite avec le henné, le pourtour des pieds et des
mains jusqu’au bout des doists. On protége ces mêmes régions et le vi-
sage des jeunes personnes, un peu riches, de l’action désorganisatrice de
la variole (lorsqu'on n’a pu Jes en préserver par l’inoculation) au moyen
de feuilles d'or qu’on applique à l'invasion de la maladie sur toutes ces
parties (1); cet usage paraît avoir été commun aux Égyptiens comme aux
Arabes proprement dits.
» Tous les individus des deux sexes portent un turban d’étoffe plus ou
moins riche, selon la fortune de chacun; ce turban leur ceint la tête cir-
culairement au-dessus des oreilles qui sont légèrement renversées vers les
G) M. Larrey présente un pied de momie où l’on voit les traces de ce genre de
dorure.
106.
(774)
tempes, ce qui donne au crâne de ces individus une forme presque sphéri-
que et détermine une grande élévation à, la voüte de cette boite os-
seuse (1). Cette forme particulière des oreilles et cette élévation du crâne
ont sans doute fait dire à notre très honorable confrère M. Dureau de la
Malle que les trous auditifs étaient placés plus bas dans la tête des Arabes
que dans celle des individus des autres nations; mais nous nous sommes
convaincus. par l'examen comparatif des os temporaux dans lesquels ces
ouvertures sont pratiquées , que leur situation respective est absolument la
même dans les têtes des individus de tous les autres peuples.
» Le génie propre de ces hommes les a portés à fournir les premiers
rois pasteurs de l'Égypte , les premiers astronomes, des philosophes pro-
fonds et de grands médecins; on connaît d’ailleurs leurs travaux et leurs
conquêtes.
». La perfectibilité que nous avons reconnue dans tous les organes de
la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, an-
nonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfectibilité
physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d’ailleurs, à celle,
par exemple, des peuples du nord de la terre.
» En Égypte, nous avons remarqué que les jeunes individus arabes de
l'un et de l'autre sexe, imitaient avec une facilité étonnante tous les tra-
vaux de nos artistes et de nos ouvriers; ils apprenaient également les lan-
gues avec une rapidité remarquable. a;
» IL est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière
et simple de cette race d'hommes qui a pris naissance dans cette riche
et fertile contrée, aient contribué à leur donner cette perfectibilité d’or-
ganes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce
à part.
» Indépendamment de cette élévation de la voüte du crâne et de sa
forme presque sphérique, la surface des mâchoires a une grande étendue
et se trouve dans une ligne droite ou perpendiculaire; les orbites plus
évasés qu’on ne l’observe en général sur les cränes des Européens sont
(1) Cette expansion excentrique ou ce développement du travail de l’ossification qui
se fait du centre, à Ha circanférence justifie les principes que j'ai établis dans les mé-
moires que j’ai eu l'honneur de lire à l’Académie sur les plaies de tête et l’ostéogénie de
la boîte du crâne. On se convaincra de cette vérité physiologique par l'examen de Ja
pièce que je présente. ( ’oyez pour les détails relatifs à l'observation du sujet de cette
sète, la Clinique chirurgicale, tome IV, page 36 et suivantes )
(775 )
un peu moins inclinés ‘en arrière ; les arcades alvéolaires sont peu pronon-
cées et garnies de ‘dents très blanches et régulières; iles dents canines
surtout sont ‘peu ‘saillantes, ce :qui confirme l’assertion ‘émise par les
voyageurs qui ont été à même d'observer le régime des Arabes, portant
que ce peuple mange peu et rarement de la viande. Nous nous sommes éga-
lement convaincu que les os de la’ tête des individus de cette nation sont
plus minces et m'ont paru plus denses | en leur supposant les mêmes ‘di-
mensions que chez les autres peuples. Je regrette beaucoup de n'avoir pu
déterminer la pesanteur spécifique de ces os, mais les expériences qu’on peut
faire pour obtenir ce résultat sans offrir une certitude réelle sont trop dif-
ficiles ; mais la transparence ‘que ’présentent les 65 de cette boîte osseuse
prouve déjà cette densité particulière. Je pense d’ailleurs qu’il séra aisé aux
anatomistes d'apprécier par un ‘examen ‘attentif les différences que nous
venons d'indiquer. 7
» Cette perfectibilité physique des os ‘de Hi tête, s’observe également
dans les autres parties du squelette. En effet, j'ai remarqué comparative-
ment que les os des membres des Arabes sont plus denses, d’un tissu
plus compact sans cesser d’être élastique ; les éminences qui donnent in-
sertion aux cordes ou bandelettes fibreuses des puissances motrices sont
très prononcées ; ce qui donne à ces puissances autant de points d'appui
très solides et une grande précision aux mouvements. Nous avons reconnu
encore : }
» 1°. Que les circonvolutions du cerveau, dont la masse est proportion-
née à la capacité du crâne, sont plus multipliées, les sillons qui les sépa-
rent plus profonds et les substances qui forment cet organe plus denses
ou plus fermes que chez les autres races (1).
» 2°. Le système nerveux qui part de la moelle allongée et de la moelle
épinière nous a paru être composé de nerfs plus denses que chez les
peuples européens en général.
» 3°. Le cœur et le système vasculaire artériel présentent une régularité
et un développement parfaits.
» 4°. Les sens des Arabes sont exquis et d’une perfectibilité remar-
quable; la vue chezeux s'étend fort loin; ils entendent à de très grandes
(1x) Ces phénomènes ont été observés dans le cerveau du célèbre poète lord
Byron; nous avons rendu compte de sa nécropsie dans le 5%° volume de notre Clinique
chirurgicale.
(776)
distances, et ils perçoivent les odeurs les plus subtiles : cette perfection se
fait remarquer aussi dans tous les organes de la vie intérieure.
» Le système musculaire ou locomoteur est fortement prononcé et se
dessine sensiblement sous la peau ; ses fibres sont d’un rouge foncé, fermes
et tres élastiques, ce qui explique la force et l’agilité de ce peuple. On est
loin de trouver cette perfectibilité physique chez les nations mélangées
d'une partie de l'Asie, de l'Amérique, et surtout chez celles septentrionales
de l'Europe. D’après cela, je me persuade que le berceau du genre hu-
main se trouve dans le pays que nous avons désigné : on arriverait sans
doute à cette conclusion positive, si l’on pouvait mesurer la pesanteur
spécifique des os des vrais Arabes; cette pesanteur serait assurément re-
connue plus grande, toutes choses égales d’ailleurs, que chez les individus
des autres nations qui ne possèdent pas sans doute au même degré de
perfection les autres propriétés normales, ce qui me porte enfin à croire
que l’Arabe est l'homme primitif.
» J'ai trouvé chez les Espagnols, les Basques et les Catalans , une grande
analogie dans les qualités physiques et instinctives avec les Arabes des-
quels sans doute la plupart des habitants de l'Espagne et de nos monta-
gnes pyrénéennes sont descendus; je pourrais y ajouter les habitants de la
Corse et ceux de plusieurs autres iles de la Méditerranée. Les peuples ou
les individus des autres contrées de la terre dont les formes de la tête et la
structure des organes s’approchent le plus de l’état physique des vrais
Arabes ont nécessairement une perfectibilité proportionnée dans leurs
fonctions sensitives et dans leurs facultés intellectuelles.
» Nous nous arrêtons aujourd’hui à ces idées générales, qui sont le ré-
sultat de mes recherches et des observations comparatives que j'ai été
dans le cas de faire chez plusieurs nations des quatre parties du monde ;
je me persuade qu’elles pourront être de quelque utilité à la Commission
scientifique chargée d'aller explorer l’Algérie et l’ancien royaume de
Syphax; peut-être aussi pourront-elles servir à établir des règles d’hygiène
propres à conserver et à propager les qualités physiques et instinctives
de cette race d'hommes primitifs. »
M. Larrey présente à l’Académie une tête de corse et les deux têtes
dont il à parlé, celles d’un arabe et d’un enfant de Paris âgé de 12 ans, et
une tête de nègre. Ces têtes sont destinées au Muséum d'histoire naturelle.
(37)
mÉrÉOROLOGIE. — Vote sur des grèlons en pyramides sphériques ; par
M. BEUDANT.
« Dans les premiers jours du mois de mai, à 5 heures du soir, pendant
que j'étais à la campagne près de Saint-Cyr, il y eut une chute de grêle.
» Pendant deux ou trois minutes il tomba des grelons globuleux , peu
nombreux, de huit à neuf lignes de diamètre, très lisses, et formés de
couches concentriques, qui se distinguaient par des alternatives de trans-
parence et d’opacité.
» Un coup de tonnerre éclata , et presque aussitôt le nombre des grèlons
devint beaucoup plus considérable; mais ils n'étaient plus globuleux, ils
présentaient tous des pyramides quadrangulaires dont la base était une
portion de sphère. La hauteur de ces pyramides était de quatre lignes à
quatre lignes et demie; c'était donc le rayon des globules qui étaient
tombés en premier lieu. Ces pyramides étaient en outre formées de
couches curvilignes parallèles à la base, alternativement transparentes
et opaques, de la même épaisseur que les couches concentriques des
grelons globuleux.
» Il paraît donc évident que les grelons pyramidaux qui tomberent en
dernier lieu, étaient des fragments des premiers grèlons globuleux, qui se
seront éclatés du centre à la circonférence, par une cause qu'il faut cher-
cher. Cette observation vient à l'appui de celles qui ont été faites par
M. Élie de Beaumont, et pourra être utile un jour pour la théorie de la
grêle qui est encore si peu claire.
» Quelques idées théoriques me conduisant à soupçonner une cause
possible de la rupture des globules ; j'engagerai les personnes qui se
trouveront dans la position convenable, à placer les grèlons globuleux
dans le vide, pour voir s’il n’arriverait pas alors qu'ils éclatassent. »
RAPPORTS.
ÉCONOMIE RURALE. — Rapport sur un nouveau procédé pour la conservation
des grains, proposé par M. le général DEmARÇAY.
(Commissaires, MM. de Mirbel, Dulong, Séguier, Gay-Lussac rapporteur.)
« L'Académie, dans sa séance du 19 février dernier, nous a chargés,
MM. Mirbel, Dulong, Séguier et moi (1), d'examiner le procédé de
M. Demarçay, et de lui en donner notre opinion. Nous venons aujour-
d'hui terminer auprès d’elle la mission qu’elle nous avait confiée.
(1) M. Gay-Lussac.
C7)
» Il. y a peu de temps, l'Académie: a entendu le rapport d’une autre
commission sur un procédé de M. Vallery,, ayant le même objet, et lui a
donné son approbation. Ce rapport , en' nous interdisant les mêmes dé-
tails, nous permettra d’abréger beaucoup notre tâche, quoique, d’ail-
leurs , les deux procédés soient très différents.
» M. Demarçay entend par conservation du grain, ‘et particulièrement
du blé, la conservation de toutes les qualités qui lui donnent de la va-
leur et lui assurent la préférence sur les marchés, ou au moins la concur-
rence avec les blés semblables les plus sains.
» Suivant M. Demarçay, le blé parfaitement conservé doit avoir une
écorce lisse et unie, cette couleur vive que l’on remarque dans le blé nou-
veau ; il doit être surtout bien sec, bien coulant à la main pour se mieux
tasser et avoir ainsi le plus grand poids à mesure et à qualité égales. A la
mouture, le son doit se détacher en écailles sans trop se briser; la fa-
rine est alors plus blanche et plus belle.
» Mais dans les greniers ordinaires, ceux surtout, placés au-dessus. du
rez-de-chaussée , le blé perd en vieillissant de ses qualités et conséquem-
ment de sa valeur commerciale. À 12 ou 15 mois, il commence déjà à
prendre une couleur d’un gris un peu terne. Après deux ans , cette cou-
leur augmente d'intensité; le grain paraît plus rétréci, et son écorce com-
mence déjà à se rider. À la troisième année, tous ces défauts sont fort
accrus ; il paraît, en outre, couvert d’une poussière grise, qui commence
dès la deuxième année, qui ne fait que s’accroître et dont ne le délivrent
pas les nombreux mouvements et pelletages qu'il faut lui faire, éprouver
pour l'empêcher d'être mangé par les charançons. Ainsi altéré, par le
temps., le blé donne à la mouture, une, moins, belle farine;, l'écorce ne
s’'enleve plus en larges écailles, comme dans le blé nouveau, elle. est. au
contraire tranchée et réduite en petites parcelles, qui ne peuvent être
séparées de la fleur.
» Ces divers défauts, que le temps amène dans le blé, M. Demarçay les
attribue au mouvement intestin, à peu près continuel,.que le grain
éprouve par les variations atmosphériques de froid et de chaud, d’hu-
midité et de sécheresse. Les éviter, où au moins les resserrer dans des
limites très étroites, serait donc une circonstance très favorable de con-
servation,
» Ces observations sun lasconservation des céréales nous paraissent pleines
de justesse, Il est certain. que! l'humidité en gonflant le 'grain:; la: chaleur
en favorisant l'action réciproque de ses éléments, puis des alternatives
( 779 )
contraires de sécheresse et de froid, usent en lui sa faculté germina-
tive et doivent finir par altérer même ses propriétés nutritives.
» Mais les blés conservés dans des greniers exposés aux vicissitudes at-
mosphériques sont destinés encore à un autre bien grave inconvénient.
Dans la saison chaude, le charançon ne tarde pas à s’y loger, et finirait
par y produire les plus grands ravages s’il n’y était harcelé par de fré-
quents pelletages qui le troublent dans ses habitudes et sà reproduction.
Six semaines environ suffisent pour les diverses phases d’une nouvelle
génération, Une fois logé dans le grain, il peut y pulluler à une tempé-
rature de l’air qui ne serait pas assez élevée pour l’éclosion de ses œufs ;
il se réunit.en groupes au-dessous de la surface du grain, et là, la chaleur
qu’il développe, concentrée et ajoutée à celle de l'air, devient suffisante
à sa reproduction. On pourrait donc, en maintenant le grain à une tem-
pérature assez basse, non-seulement rendre stériles les œufs du charancon,
mais encore restreindre considérablement sa multiplication, si même on
ne l’arrêtait pas complétement, dans le cas où déjà il aurait pris pleine
possession du grain.
» Enfin ‘une dernière condition, mais bien connue, de la conservation
du grain, c'est l'interdiction de tout accès à l'humidité dans le grain , au
risque d’une prompte et profonde altération.
» Telles sont les conditions auxquelles M. Demarcay a cherché à satis-
faire pour obtenir une complète conservation du grain, et que, à notre
avis, on n'avait pas encore aussi bien appréciées; empêcher l'humidité
d’en approcher; le préserver des rapines du charançon, et le maintenir
à l'abri desrvicissitudes météorologiques.
» Une ancienne glacière, située dans sa propriété, a paru à M. Demarçay
pouvoir réaliser ces diverses conditions. Elle a en effet assez de profon-
deur pour que sa température soit peu affectée*les variations de la tem-
pérature extérieure, et se maintienne à un abaissement peu favorable à
lincubation des, œufs du charançon. De plus, avec de légères modifica-
tions, elle pouvait être amenée à un état de dessiccation convenable à la
conservation du grain.
» Il a fait établir dans la olacière une caisse en bois, isolée seulement
de ses parois de l’épaisseur des poutrelles verticales sur lesquelles sont
clouées les planches qui entrent dans sa construction. Le fond de la caisse
est un peu plus. distant (de! celui de la glacière. Cette disposition à un
double objet, d'isoler les parois de:la caisse en bois de celles de la gla-
cière naturellement chargées de quelque humidité, et de permettre à l'air
C.R. 1838, 197 Semestre. (T. VI, N° 25) 107
( 780 )
un libre mouvement dans l’espace qui les sépare. La glacière est couverte
d'un toit conique en chaume, imité de celui des glacières américaines,
auquel M. Demarçay attribue une grande puissance de dessiccation. Il con-
poit que les vapeurs humides, qui peuvent s'élever du fond et des murs
de la glacière, montent avec la plus grande facilité jusqu’à la couverture
en paille dans laquelle elles pénètrent d'autant plus aisément que cette
couverture est exposée aux courants d'air et à l’action du soleil. La
caisse en bois étant remplie de blé, à environ un mètre de son bord, on
place au-dessus du blé deux ou trois couvertures ou diaphragmes en
planches non jointes, superposées à un tiers de mètre de distance, pour
s'opposer au mouvement de l'air intérieur, et, par suite, à l’échauffement
de ce même air.
» Telle est la disposition du silo proposé par M. Demarçay. Il se dis-
tingue essentiellement des autres silos tentés ou en usage jusqu’à ce jour
par sa cage en bois et par sa couverture en chaume. Une expérience de
douze années a donné constamment les résultats les plus satisfaisants. Le
mème blé est resté jusqu’à trois années consécutives dans le silo sans offrir
la moindre apparence d’altération; et, chose remarquable, du blé mouillé
par une pluie assez forte au moment du mesurage sur l'aire où il avait été
battu, et mis immédiatement dans le silo, a été trouvé trois semaines après
parfaitement sec et aussi coulant que de la graine de lin. Dans une autre
circonstance, du blé retiré du silo en février et porté dans un grenier au
premier étage, sous la tuile, a acquis en deux mois assez d'humidité pour
peser 2 kilogrammes de moins par hectolitre qu'au moment de la sortie
du silo. Il s'était gonflé, et coulait avec plus de peine; l'hectolitre devait
conséquemment contenir moins de grain.
» Voilà les faits : leur exactitude est incontestable, et dans les circons-
tances semblables ils se reproduiraient les mêmes. Mais les principes in-
voqués pour l’assèchement de la glacière ne paraissent pas assez évidents
de leur nature pour qu'on puisse affirmer que l'application en serait en
tout lieu également süre. Aussi est-il à désirer que le procédé de
M. Demarçay fixe l'attention des sociétés d'agriculture et qu'il soit mis
à exécution dans des localités très différentes. La conservation des grains
est de la dernière importance, et les encouragements de l'administration
ne pourraient lui manquer.
» L'Académie, toujours empressée d'accueillir les choses utiles, ne sau-
rait non plus refuser son intérêt à un procédé qui se recommande par
sa simplicité, par des dispositions nouvelles et par une expérience heu-
( 781 )
reuse de douze années. Nous avons l’honneur de lui proposer de le dé-
clarer digne de son approbation. »
Ces conclusions sont adoptées.
ARTILLERIE. — Rapport sur le fusil à koptipteur de M. Heurterour.
(Commissaires, MM. Arago, Ch. Dupin, Séguier, Rogniat rapporteur.)
« M. Heurteloup, sur le fusil duquel l’Académie nous a chargés de
faire un rapport, MM. Arago, Séguier, Ch. Dupin et moi, s’est atta-
ché surtout à résoudre le problème de mettre le feu aux poudres de la
charge avec autant de sureté que de promptitude. Ce problème important
n'a pas été résolu jusqu'à présent d’une manière satisfaisante pour les
armes à feu de guerre. À l'invention grossière du mousquet à mèche suc-
céda le fusil à rouet, qui, lui-même, fut bientôt remplacé par le fusil à
silex dont Louis XIV arma toute l'infanterie française en 1703. C’est le fusil
dont se servent encore toutes les troupes de l’Europe, malgré ses imper-
fections. Vous connaissez, Messieurs, le jeu de sa platine : une pierre à
silex frappe obliquement une batterie d'acier et en détache de légères
parcelles, qui, embrasées à la chaleur du choc qui les produit, retombent
en étincelles sur la poudre du bassinet à laquelle elles doivent mettre le
feu ; mais divers accidents causent des ratés, qui deviennent très fréquents
dans les mauvais temps. Tantôt le vent, dérangeant la direction des étin-
celles dans leur chute, les détourne du bassinet; tantôt la poudre de l’a-
morce, atteinte par l'humidité d’un temps pluvieux et brumeux, ou ne
prend. pas le feu de l’étincelle, ou fait long feu. Quelquefois le silex
émoussé et encrassé ne détache aucune étincelle de Ja batterie ; quelque-
fois aussi, la lumière, obstruée par la crasse, ne laisse pas pénétrer le feu
de l’amorce jusqu'aux poudres de la charge. Sans doute que le soldat
peut prévenir en grande partie ces deux derniers accidents en changeant ou
en aiguisant la pierre de fusil, et en désobstruant la lumière avec son
épinglette; mais ces soins minutieux lui échappent souvent au milieu de
la chaleur et des émotions du combat.
» On reproche aussi au fusil à silex d'exiger trop de temps pour amorcer,
environ cinq,ou six secondes sur les quinze à vingt que demande la charge
complète.
». L'Académie comprendra aisément combien il est essentiel que le ba-
taillon d'infanterie charge promptement , et que toutes les armes partent.
I] est essentiel qu'il charge vite, non pas pour tirer beaucoup, ce qui,
107.
(782 )
dans la plupart des circonstances, ne produirait qu'un vain bruit, et ne
ferait que consommer des munitions en pure perte; mais pour rester le
moins long-temps possible désarmé contre la cavalerie. Car, si le lancier
au galop arrive sur le fantassin avant que celui-ci n'ait rechargé, son fusil,
quoique muni de sa baïonnette, étant une pique trop courte, il est atteint
sans pouvoir atteindre, et la lance triomphe facilement de la baïonnette.
C'est par l'effet meurtrier d’une grêle de balles que le bataillon d’infgnterie
repousse lescadron de lanciers, et non pas en se fraisant de baïonnettes
sans portée suffisante.
» Il est également essentiel que les ratés soient fort rares ; car chacun di-
minue l'intensité et par conséquent l'effet meurtrier de cette grêle de balles;
et enfin, comme cela est arrivé souvent dans les mauvais temps, au milieu
de la boue des bivouacs, les ratés peuvent devenir tellement nombreux, que
les balles soient trop rares pour repousser la cavalerie. Alors les fantassins
s'inquiètent , s'éffrayent, se désunissent ; les cavaliers , dont l'audace s’ac-
croit en raison inverse du danger, chargent à fond, pénètrent au milieu
des rangs des bataillons et les taillentsen pièces. Aussi les militaires atta-
chent-ils la plus grande importance à posséder des fusils dont la charge
soit très prompte et qui soient à peu près exempts de ratés.
» Toutefois, on n’apercevait rien de préférable à la platine à silex jus-
qu'au moment où la découverte des poudres fulminantes vint offrir un
agent nouveau pour mettre le feu à la charge. On conjectura aussitôt que
le feu rapide et subtil, comme l'éclair, qui jaillit des fulminates sous le
choc d’un marteau, devait présenter de grands avantages pour enflammer
la charge du fusil; et bientôt la capsule fut inventée avec la platine à
piston. Ce procédé à paru satisfaisant pour le fusil de chasse; mais des
objections sérieuses l'ont fait écarter jusqu’à présent des armes à feu de
guerre. Pour coiffer de la capsule le sommet de la chéminée, il faut du
sang-froid et une certaine adresse ; or, les émotions variées du champ de
bataille, ne laissent pas au soldat assez de calmé et de tranquillité pour qu'il
ait la main sûre. Dans son agitation nerveuse il commettrait bien des mala-
dresses, bien des méprises, et larme resterait souvent sans amorce;
d’ailleurs ; il faudrait au moins autant de temps pour ajuster la capsule
que pour verser la poudre dans le bassinet, et la durée de la charge ne se-
rait point abrégée. On a cherché vainement un mécanisme simple, facile
et solide qui püt remplacer les doigts du soldat pour djuster là capsule;
bien dés essais ont été faits, mais rien de satisfaisant n'a été découvert
jusqu’à présent. Les puissances de l'Europe attendént qu’on leur indique
(783)
un procédé sûr, facile et prompt de piacer l’'amorce fulminante, pour ar-
mer leurs troupes du fusil à piston à la place du défectueux fusil à silex.
» M. Heurteloup' croit'avoir trouvé ce procédé : il rejette la capsule; au
lieu de cette enveloppe, il prend un petit tube d’un millimètre de dia-
mètre , formé d’un métal mou qu'il aplatit au laminoir après l'avoir rempli
de poudre fulminante. Il loge ce tube dans un petit canal pratiqué dans
le bois du fusil, de manière qu’en armant le chien de la platine qu'il
nomme un koptipteur | on imprime un mouvement de rotation à une petite
roue dentée sur laquelle repose le tube qui y est comprimé par un res-
sort, en sorte que le mouvement de rotation de la roue donne un mouve-
ment de translation au tube dont le bout va se placer au-dessus de la
cheminée lorsque le fusil est armé.
» Le koptipteur est formé à sa partie supérieure d’urie lame tranchante
de deux millimètres de saillie, et à sa partie inférieure d’an marteau qui
lui estuni ; le koptipteur part et se rabat comme le chien de la platine à
silex. Dans ce mouvement sa lame commence par couper un petit tronçon
du tube qu’il rencontre au-dessus de la cheminée où le marteau frappe
presque aussitôt ce tronçon d’un coup raide qui en fait jaillir une flamme
subtile, dont quelques rayons pénètrent par la lumière de la cheminée
jusqu'aux poudres de la charge. En réarmant ensuite le ‘koptipteur, on
imprime de nouveau un mouvement progressif au petit tube d’amorce,
dont l'extrémité est ramenée comme auparavant «u-dessus dela cheminée :
en sorte que le simple mouvement d’armér le fusil suffit pour amorcer,
ettoutest terminé en moins d'une seconde.
» Nous ferons remarquer que l’idée de renfermer de la poudre d’amorce
fulminante dans un tube, dont l'extrémité serait frappée par un instru-
ment à double effet, de manière à en couper un tronçon et à le frapper sur
la cheminée, est déjà connue depuis long-temps. En effet, on trouve,
page182 du tome XIVIdes Brévets d'invention, la déscription suivante
d'un brevet accordé à M. Lebœuf de Valdahon, le 21 septembre 1827 :
« Un tube de paille de cinq , six ou sept pouces de longueur, rempli de
» poudre fulminante , fournit quinze à vingt amorces, etc.
» Cette petite cartouche d'amorcés $'introduit dans un canal pratiqué
»idans le bois: du ‘fusil, ‘sous la main gauche; et au moyen d'un petit re-
»poussoir auquel-ellé est assujétie} ét'qu'on fait glisser, le bout de la
» petite cartouche se présenté vis-à-vis la lumière’, et s’en éloigne de méme.
» Un ressort ; placé sous l’écusson dû pôntet, (fait seul l'office du chien et
» de toutes les parties qui le font mouvoir; cé ressort porte en avant une
( 784)
» petite lame pour couper la partie de la cartouche d’amorce qui se pré-
» sente vis-à-vis de la lumière ; il est en autre muni d’un piston pour frap-
» per l'amorce : la lame empèche, après qu’elle a coupé, la communica-
» tion de l’amorce avec le reste de la cartouche. »
» Mais si l'idée première de cet appareil d’amorce n'appartient pas à
M. Heurteloup, il a du moins le mérite incontestable de l'avoir appliquée
beaucoup plus heureusement au fusil de guerre ; entre son fusil et le frêle
fusil Valdahon , il ya toute la distance qui sépare une machine capable de
rendre des services d’une autre machine qui ne peut en rendre aucun.
D'ailleurs, l'idée si importante pour abréger la durée de la charge, d’entrai-
ner le bout du tube d'amorce sur la cheminée par le simple mouvement
d'armer le fusil, paraît bien appartenir à M. Heurteloup; du moins on
n'en trouve aucune trace dans le brevet cité plus haut.
» Nous ne décrirons point toutes les pièces, au nombre de vingt-deux, y
compris les vis, qui composent la platine du koptipteur. Il nous suffira de
faire remarquer que le jeu certain et facile de toutes les parties de la ma-
_chine est un garant qu’elles remplissent bien leurs fonctions. Elles répon-
dent à tous les besoins : ainsi le koptipteur n’est point dur à la détente; on
l'arme sans effort, et dans ce mouvement il entraîne la rotation uniforme
de la roue motrice du tube d’amorce; on le place aisément à son point
d'arrêt, et lorsqu'on l'arme de nouveau, ce mouvement n’entraïne pas une
nouvelle progression du tube d’amorce. Si l’on arme le koptipteur en tour-
nant sa platine sens dessus dessous , on évite par cette disposition d’entrai-
ner le tube d’amorce, ce qui donne la certitude que le coup ne peut pas
partir.
» Toutes les parties de cet appareil présentent-elles la solidité conve-
nable pour garantir leur durée? C’est une question à laquelle un long
usage dans les mains des soldats, au milieu des accidents des marches et
de la boue des bivouacs, par les plus mauvais temps, peut seul répondre;
et nous n'avons eu pour en juger que quelques heures d'expériences par
un beau temps. Deux pièces seulement paraissent fatiguer beaucoup, et
doivent être remplacées, suivant l’auteur, après un nombre de coups qui
varie de 1200 à 1800 : c’est le marteau et la cheminée. Le marteau du
koptipteur est formé d’une tête de vis qu'on remplace avec la plus grande
facilité, et qui est d’un prix insignifiant, La cheminée est vissée au canon,
près de la culasse; lorsqu'elle est fatiguée, et que la lumière commence à
s'évaser, rien de plus aisé que d’en visser, une autre à la place. Chaque
soldat peut avoir ces petites pièces de rechange.
( 785 )
» L'auteur adapte et fixe sa platine au canon, et nullement sur le bois
du fusil, ce qui est un avantage sous le double rapport de la solidité et
de la durée. Le bois de fusil ne fait que la recouvrir, et en quelque sorte
l’habiller : rien ne saille à l'extérieur, à l'exception de la gâchette et du
koptipteur. La platine est ainsi garantie de tout choc destructeur, et elle
se trouve aussi préservée de l'humidité. Sa position au-dessous de l’arme
est une garantie de plus contre la pluie; l’eau ne peut pénétrer que par
le trou dans lequel joue le koptipteur ; mais on remarquera que pour lui
fermer cette entrée unique, il suffit d'un bouchon ou d’un petit cou-
vercle.
»’ Démonter et remonter le fusil avec facilité, en isolant et ensuite en
réunissant de nouveau les diverses pièces qui le composent, pour décrasser
l'intérieur de la platine, laver le canon, nettoyer le bois, et remplacer
des pièces altérées, n’est pas sans importance : le fusil de M. Heurteloup
nous paraît encore bien entendu sous ce rapport.
» Le tube mis en service fournit successivement 35 tronçons d’amorce,
et par conséquent il suffit au tir de 35 coups : le soldat en porte plusieurs
autres dans un étui métallique; dès qu’il est prévenu par un raté que celui
qui était en service vient de finir, un facile mécanisme lui permet de le
remplacer par un autre avec autant de promptitude qu'on change une
pierre du fusil à silex, Et toutefois, si l'ennemi le presse tellement qu'il
n'ait pas le temps d'ajuster un nouveau tube, l’auteur lui réserve dans un
bout de tube une dernière amorce, qu’il nomme l’amorce de miséricorde.
» Après avoir examiné l’arme en détail, la Commission s’est appliquée
à la voir fonctionner dans des circonstances variées. L'auteur a tiré avec
son fusil une trentaine de cartouches à balles, puis autant de coups à
poudre libre; enfin, il a brülé une très grande quantité d’amorces. Tou-
jours le simple mouvement d’armer le fusil a ramené le bout du tube au-
dessus de la cheminée d’une manière fort exacte , et l’on n’a éprouvé aucun
raté. La percussion s’opérant au-dessous de larme, nous nous sommes
assurés que les troncons du tube métallique, qui contenaient l’amorce,
tombent à terre par le trou laissé dans le bois pour le jeu du koptipteur,
de manière à ce qu’on n'ait pas à craindre que ces scories aillent gêner et
engorger la platine. Nous nous sommes assurés aussi que la lumière ne
s’obstrue point, soit parce que la crasse se trouve repoussée en dehors par
la force expansive de la poudre de la charge, soit parce que le tronçon
d'amorce est frappé à côté et non pas au-dessus de la lumière.
» Quoique dans toutes les expériences qui ont eu lieu sous nos yeux,
( 786 )
le feu de l'amorce ne se soit:pas communiqué à la portion restante du tube,
cependant comme cet accident pourrait arriver, soit par suite de quelque
dérangement intérieur, soit par l’imperfection d’une arme, nous avons
voulu nous assurer du degré de gravité qu'il aurait : pour cela nous avons
allumé un tube par un bout; il y a eu déflagration successive sans la plus
légère détonnation ; ce qui paraît devoir rassurer sur les suites de l’inflam-
mation d’un ou de plusieurs de ces tubes, soit dans l'arme, soit dans l'étui
du soldat , soit dans les caissons de transport.
» Pour éprouver les amorces sous le rapport de l'humidité, nous avons
jeté de l’eau dans l'intérieur par le trou du koptipteur. Le bout du tube
d’amorce ayant été baigné par l’eau, le premier coup a raté , mais il a suffi
de réarmer le fusil pour faire partir le second coup ainsi que les autres.
Nous avons ensuite plongé un tube dans l’eau durant quelques secondes,
et nous l'avons aussitôt mis en service dans le fusil; aucune amorce n’a
raté. Toutefois, si un tube d’amorce se saturait d'humidité par une cause
quelconque, il est vraisemblable qu’on éprouverait bien des ratés; mais le
soldat pourrait facilement y porter remède en substituant à un tube hu-
mide un tube sec pris dans son étui.
» Sans doute que si les tubes d’amorce, aplatis au lamimoir, n'étaient
point fabriqués et vérifiés avec soin, quelques parties pourraient rester
vides de poudre , ce qui produirait des ratés lorque la portion vide se trou-
verait sous le koptipteur, Toutefois, cet accident, dû à une mauvaise fa-
brication, serait bientôt réparé en armant de nouveau le koptipteur. Tel
est l'avantage de cette arme , qu’un raté y est bien rare; et qu'arrivàt-il
par défaut de précautions, une seconde suffit pour y remédier, sans cesser
même de tenir le fusil en joue; à peine si l'on a le temps de s'en aper-
cevoir.
» Le feu de l’amorce s'échappe en dessous par le trou du koptipteur en
un jet de flamme un peu incliné en avant, de manière à ne pas incommo-
der le tireur: cela ne suffit pas sans doute ; il est nécessaire de plus que le
soldat qui combat encadré dans des rangs serrés , ne nuise point à ses vois
sins. Il est évident d’après la direction du jet de l’amorce, qu'il ne peut
incommoder ses voisins de droite et de gauche; mais nous sommes loin
d’être aussi rassurés pour son chef de file. Nous ayons objecté à l’auteur
que dans les mouvements irréguliers du combat, il pourrait arriver que
le jet de flamme de lamorce se dirigeät sur la giberne d’un des soldats qui
le précèdent, au moment où ce soldat y puise des, cartouches, et sur la
cartouche même qu'il y a puisée, et y communiquât le feu. Il a tâché de
(787 )
repousser l’objection, en nous faisant voir que le jet du feu de l'amorce
ne se prolongeait pas au-delà de quelques centimètres; et, en effet, en
dirigeant ce jet produit par la combustion successive de plusieurs amorces,
en présence du rapporteur de la Commission , sur de la poudre ordinaire ,
éparse sur une table, elle ne s’est enflammée que lorsqu'elle n’a plus été
qu'à sept à huit centimètres de l’orifice du jet. Cependant, cette expérience
incomplète ne nous a pas rassurés entièrement; et il ne nous parait pas
impossible que le jet, prolongé par l'expansion de la poudre de la charge,
et à la faveur d’une lumière évasée, ne s’étende bien au-delà de huit à dix
centimètres , et ne produise des accidents graves. M. Heurteloup est con-
venu avec nous qu'il serait prudent de changer la giberne de place, et de
la mettre par devant, en lui donnant la forme d’une demi-ceinture, ainsi
que cela est d'usage dans l'infanterie légère de quelques nations. S'il veut
bien s'occuper lui-même de rechercher ces changements de forme et de
position de la giberne, il fera disparaitre l’objection la plus sérieuse qu'on
puisse faire à l'adoption de son fusil; et il sera conduit naturellement à
tâcher de résoudre un problème de mécanique et d'hygiène beaucoup trop
négligé jusqu’à présent, savoir : la juste répartition de la charge du soldat
sous les rapports de la force et de la santé, et sous celui de la facilité des
mouvements.
» La Commission, en rendant compte à l’Académie des expériences en-
tièrement satisfaisantes qui ont eu lieu sous ses yeux, par un beau temps,
durant quelques heures, avec une arme bien soignée, n’en conclura pas
que le Gouvernement devrait se hâtér d’armer toute l’armée du fusil à kop-
tipteur. Elle n’ignore pas qu'il est prudent de lui faire subir bien d’autres
épreuves pour en constater la durée, la solidité et les avantages dans tou-
tes les circonstances de la guerre, avant de se résoudre aux sacrifices pé-
cuniaires et à la grave responsabilité qu'entrainerait un changement d’arme.
» Elle en conclura seulement que cette arme présente assez de proba-
bilité de succès pour qu'il soit désirable que l’essai en soit fait en grand.
Si, comme elle le pense, des épreuves répétées entre les mains des soldats,
n’y signalent aucun vice capital et irrémédiable, quelques imperfections de
détail faciles à corriger, comparées aux avantages qu’elle parait présenter,
ne peuvent empêcher qu’on ne la regarde comme un bon fusil de guerre:
» Nous croyons que le fusil à koptipteur mérite de fixer, dès à présent,
l'attention de l'Académie, et que son auteur est digne d'obtenir ses en-
couragements. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
C.R. 1838, 1°T Semestre. (T.VI, N° 95.) 108
( 788 )
PRIX DE MÉCANIQUE. — M. Coriolis fait, au nom de la commission char-
gée de décerner le prix, le rapport sur les pièces adressées au concours.
Ce rapport sera imprimé dans le Compte rendu de la séance annuelle.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — /nstructions pour le voyage dans le nord de
l'Europe.
Le départ de l'expédition étant tres prochain , et M. Arago n'ayant pu
assister à la séance pour achever la lecture des instructions relatives à la
météorologie , on vote sur les parties qui ont été lues dans les séances des
30 avril, 13 maiet 21 mai.
L'ensemble des instructions, approuvé par l'Académie, sera transmis
à M. le Ministre de la Marine.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
Note sur l'application du système métrique à la filature et au tissage en
PP 5
général; par M. Bresson.
(Commissaires, MM. Costaz, Séguier.)
« Depuis l'ordonnance royale de 1819, dit M. Bresson, le numérotage
des cotons filés est métrique; le numéro d'un fil, qui indique son degré
de finesse, indique en même temps combien il faut d’écheveaux de mille
mètres, pour peser un demi-kilogramme. Pourquoi le numérotage des
fils de laine; de lin, de chanvre, de soie, ne se fait:1l pas sur le même
principe ?
» Dans plusieurs localités , les fils de laine cardée , ont pour numéro, le
nombre d’écheveaux de 1256 aunes, qui pèsent une livre, marc.
» Les fils de laine peignée se numérotent sur le même principe, mais
les écheveaux ne sont que de 615 aunes seulement.
» Le degré de finesse des fils de lin, s’indique par le poids de ce qu'on
nomme un quart; ce quart est une longueur fixe de 3200 aunes. Il.est fa-
cile de comprendre que plus le fil est fin, et moins le quart pèse ; ce
mode est done inverse de celui employé dans le numérotage du coton et
de la lame.
» À Lyon et ailleurs, le degré de finesse de la soie est indiqué par le
poids d’un écheveau de 400 aunes, poids qui s’'énonce en grains et deniers,
de la livre de Montpellier. Cette livre est égale à 414 grammes à.
» Le défaut d’uniformité que nous venons de signaler est une entrave
( 789 )
aux transactions commerciales qui se font entre des départements éloignés,
parce qu’il donne lieu à des mal-entendus, et même favorise des fraudes.
On ferait disparaitre cet inconvénient en convenant de prendre pour le
numéro de toute espèce de fil, comme on l’a fait pour le coton, le nombre
exprimant combien de mille mêtres du fil sont contenus dans un éche-
veau pesant un demi-kilogramme.
» Une réforme analogue, poursuit l’auteur, devrait être faite dans le
commerce et la fabrication des tissus unis; ainsi la qualité d’un tissu pour-
rait être indiquée par un double nombre, composé du numéro du fil em-
ployé et du nombre de fils de chaine qui se trouve dans un centimètre
de long ; un calicot 30-26 serait un calicot fait avec du coton n° 30, et tel
que le nombre de fils dans un centimètre füt de 26. »
ANTHROPOLOGIE. — Mémoire sur un nouvel instrument propre à mesurer les
dimensions de la Tête; par M. ANTELME.
(Commissaires , MM. Serres , Breschet.)
L'auteur annonce qu’au moyen de cet instrument, qu’il désigne sous le
nom de céphalomètre, on obtient avec facilité et précision la mesure de
l'angle facial, celle des diamètres du crâne, et enfin les diverses dimen-
sions que peuvent avoir besoin de connaître les physiologistes qui s’occu-
pent de l'étude des caractères physiques des races humaines.
cnrRuRGIE. — JVote sur les avantages du mastic gypso-amylacé dans la
confection des bandages inamovibles employés pour le traitement des
fractures ; par M. LararGue, de Saint-Emilion.
(Commissaires, MM. Larrey, Roux.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'emploi de la vapeur perdue des
machines à haute pression pour remplacer en partie le combustible ;
par M. Loyer.
(Comraissaires, MM. Arago, Savary, Séguier.)
CORRESPONDANCE.
M: ve Carieny demande qu'un Mémoire sur les oscillations de l'eau
dans les tuyaux de conduite, dont il a présenté il y a pres d’une année la
première partie, soit admis à concourir pour le prix de mécanique.
108..
( 790 )
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés portant les sus- |
criptions suivantes :
Description d'un nouveau mode d'emploi de l'air chaud comme moteur ;
par M. Brrsson.
Note relative au remorquage des bateaux sur les rivières et les canaux ;
par M. Dumery.
Indication d'une substance végétale avec laquelle l'auteur espère faire
du papier propre à remplacer le papier de Chine; par M. Parras, médecin
de l’armée d'Afrique.
La séance est levée à 5 heures. LÉ
( 791 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
* Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1° semestre 1838, n° 22.
Annales des Sciences naturelles ; tome 8, décembre 1837, in-8°.
Mémoires de la Société royale d'Agriculture et des Arts du départe-
ment de Seine-et-Oise ; publiés dans la 37° année, in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Saint-Étienne; 16° année, 5° li-
vraison de 1858, in-8°.
Projet de voyage à Madagascar, pour y continuer des travaux d'His-
toire naturelle, de Philologie et de Topographie médicale; par M. Ac-
KERMAN; Paris, 1838, in-8°.
Instruction sur le canonnage à bord; par M. le lieutenant-colonel
Préaux; 1837, in-8?.
Bulletin des Sciences physiques et naturelles en Néerlande ; rédigé par
MM. Miquez, Murver et Wencresacu ; année 1838, Leyde, in-4°.
Icones anatomicæ equi; par MM. Gersex et Vormar; Berne, 1837,
in-folio. (Renvoyé à M. Flourens pour un rapport verbal.)
Guy’s Hospital... Compte rendu de l'hôpital de Guy ; avril 1858.
New treatment.... ÎVouveau traitement pour certains cas d'Enkylose;
par M. Barrow ; Philadelphie; brochure in-8°.
Astronomische.... Vouvelles astronomiques de M. Scrumacxer ;
n® 551—352, in-/°.
Prüfung.... Examen de la doctrine de la pesanteur de l'air, d'après
une nouvelle théorie sur la vaporisation et la précipitation dans l'atmos-
phere ; par M. F. Kice ; Mayence, 1837, in-8°.
Das Weltsystem.... Le Système du monde ou l'origine et les mouve-
ments du Soleil, des planètes, de la Lune et des comètes ; par le même;
1836, in-8°.
Bericht über.... {nalyse des Mémoires lus à l’Académie des Sciences
de Berlin et destinés à la publication; mars 1858, in-8°.
Due Memorie.... Deux Mémoires géologiques sur les terrains de la
Toscane ; par M. le docteur Savi; Pise, 1838, in-8°.
Revue géologique de la Société Cuviérienne , n° 5, mai 1838, in-8°.
( 792 )
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; 24° année, n° 6,
juin 1858, in-8°.
Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n° 22.
Gazette des Hôpitaux, tome 12, n°° 64—66, in-4°.
L'Écho du Monde savant , 5° année, n° 339, in-4°.
La Phrénologie, Journal, 2° année n° 6.
L'Expérience , journal de Médecine , n° 42, in-8.
L'Éducateur ; janvier et février 1838.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 41 JUIN 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur un procédé pour la conservation des grains,
proposé dans le xvn* siècle.
« M. Lrgri (qui ne s'était pas trouvé présent à la derniére séance,
lorsque M. Gay-Lussac à lu son rapport sur le procédé pour la conser-
vation des grains, proposé par M. le général Demarcay) présente quelques
observations d’où il résulte que les conditions auxquelles, suivant M. De-
marçay, il faut satisfaire pour obtenir une complète conservation du grain,
avaient été signalées dès le xvn° siècle, par un des plus illustres disciples
de Galilée. En effet, dans ses Opuscules philosophiques ( publiés à Bologne
en 1669) le père Castelli avait considéré l'humidité et les variations de la
température, comme étant les causes principales de l’altération des grains.
Pour empêcher cette altération, il avait recherché quels sont les corps
qui transmettent plus difficilement la chaleur et l'humidité; et il avait
reconnu, par expérience, que des caisses fermées hermétiquement et
C.R. 1838, 197 Semestre. {L. VI, N° 24.) 109
( 796 )
revêtues extérieurement de liége, garantissent pendant longtemps les
grains de toute altération. Ce procédé, qui, sauf le toit en chaume, a
beaucoup d’analogie avec celui du général Demarçay, semble devoir mé-
riter d’être signalé. Toutes les circonstances physiques qui influent sur
l'altération des grains, ont été appréciées par Castelli avec une grande
justesse. Au reste, ces Opuscules, trop peu connus, renferment d’au-
tres observations intéressantes. Outre la description et l'explication d’un
grand nombre d'illusions d'optique, on y trouve des expériences fort
remarquables sur la chaleur rayonnante. Dans un de ces Opuscules , daté
de 1638, Castelli signale l’influence de la couleur des surfaces sur l’émis-
sion et sur l'absorption de la chaleur rayonnante, et il établit les diffé-
rents effets produits par les rayons calorifiques lumineux, et par les
rayons calorifiques obscurs. On voit, par cet ouvrage rempli de faits
curieux et d'observations ingénieuses, qu'il y a deux siècles que l'on avait
posé, en Italie, les bases de la théorie de la chaleur rayonnante. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Quelques réflexions sur les deux dernières explo-
sions des chaudières des bateaux à vapeur survenues à Nantes et à
Cincinnati; par M. Séeurer.
« À défaut des procès-verbaux authentiques, si l’on accepte les faits
rapportés avec les circonstances dont les environnent la commune renom-
mée , on est frappé de l’identité des deux explosions sur lesquelles nous
voulons aujourd'hui appeler votre attention. Dans les deux cas précités,
c'est après la suspension du jeu des machines, au moment même où l’on
donnait issue à la vapeur, que le désastre est arrivé.
» À Nantes, l'essai d’un bateau venait d’être terminé, le bateau était
déja amarré au quai. Le mécanicien portait la main au robinet de dé-
charge, lorsqu’à l'instant même une explosion épouvantable se fait en-
tendre , la chaudière déchirée laisse échapper des torrents de vapeur, une
partie du pont du bateau est violemment enlevée et lancée au loin avec
des fragments de la chaudiere.
» Si l’on veut discuter avec soin ce qui a dû se passer en une telle oc-
curence, on reconnaîtra facilement qu’au milieu des préoccupations d’un
essai il a pu arriver que l'alimentation de la chaudière ait été négligée,
que les fonctions si peu certaines des appareils alimentaires aient été sus-
pendues sans que l’on s’en füt aperçu, que le niveau ainsi abaissé ait per-
(797 )
mis aux parois de la chaudière d'acquérir une sur-élévation de tempéra-
ture alors surtout que l'arrêt de la machine produisant une augmentation
de pression intérieure, diminuait où même supprimait la globulation du
liquide et le ramenait à un moindre volume.
» On comprend alors comment la dépression résultant de l’ouverture
du robinet de décharge suffit pour déterminer l'explosion; le liquide
échauffé à l'instant d’une dépression se convertit tumultueusement en
vapeur; les globules ainsi formés au milieu du liquide se développent
d'autant plus que la pression devient moindre; ils augmentent la masse
et la projettent sur les surfaces incandescentes.
» La même explication coïncide singulièrement avec le récit détaillé des
circonstances de l'explosion de Cincinnati. Le bateau à vapeur s’arrêtait
le long d’un quai pour recevoir à son bord des voyageurs, et c'est
au moment où il est remis en marche qu'arriva le déplorable événe-
ment.
» Le journal américain, en rappelant cette douloureuse catastrophe qui
a coûté la vie à 175 personnes, semble l’attribuer à l'amour-propre du
mécanicien qui, pour obtenir un départ brillant, aurait accumulé à des-
sein la vapeur pendant la station. Pour démontrer l’inadmissibilité de cette
explication, il suffit de remarquer que l'explosion par excès de tension ne
pouvait prendre place au moment même où la tension diminuait; c'est
alors que la machine était remise en marche que l'explosion s’est accom-
plie. Une explosion de cette nature serait plus vraisemblable pendant la
station alors que la vapeur s’accumulant par degrés la résistance de la
paroi devenait insuffisante pour la contenir.
» Une explosion qui arrive au contraire au moment où une chaudière
est soulagée n’a pu avoir pour cause un excès de pression. Il faut lui en
trouver un autre : l’expérience ne l'indique que trop.
» Comme nous l’avons dit pour l'explosion de Nantes: d’abord un abais-
sement du niveau rendu plus sensible par la suspension de la globulation
qui a lieu surtout au moment où la chaudiere fournit à la machine, et qui
diminue à mesure que la pression augmente; ensuite un sur-échauffement
des parois laissées sans eau exposées à l’action du foyer ; une élévation
tumuilteuse, enfin, par la dépression résultant de l'ouverture d’une issue.
La succession de ces trois circonstances, leur funeste concours, voila,
suivant nous, la vraie, simple et naturelle explication du désastreux phé-
nomène.
» La construction des chaudières à basse pression adoptées pour la plu-
109..
(798 )
part des bateaux doit rendre plus fréquentes et plus faciles les explosions
par la cause que nous signalons. Ces appareils de vaporisation formés de
grandes caisses à parois planes contiennent de nombreuses galeries en forme
de parallélogrammes allongés à parois planes pouvant acquérir une aug-
mentation notable de capacité lorsque leurs parois passent du plan au
convexe par l'augmentation de la pression; en appliquant le calcul à de
telles chaudières on se rend compte de l’augmentation de leur capacité par
le passage de leurs parois planes à l'état convexe. On voit aussi combien
il faut peu d'augmentation de pression pour produire un abaissement de
niveau par cette cause qui n'arrive jamais seule, puisqu'elle est nécessai-
rement accompagnée de la diminution des globules répandus dans toute
la masse du liquide pendant tout le temps que la communication entre la
chaudière et la machine reste interrompue.
» L'augmentation du volume de l’eau par la globulation tumultueuse ré-
sultant de la dépression produite par l'ouverture d’une issue, la diminution
de capacité par le retour des paroïs à leur état plane, sont deux circons-
tances malheureusement toujours unies et concomitantes pour préparer
le désastre accompli par une production instantanée de vapeur sur des pa-
rois sur-échauffées.
» Cette explication si sensible pour les chaudières carrées à parois planes
s'applique encore aux chaudières cylindriques à bouilleurs. Dans celles-ci
cependant les choses se passent différemment : l'augmentation de capacité
des enveloppes joue un faible rôle; Pabaissement instantané du liquide au
moment où l’on suspend la sortie de la vapeur, sa sur-élévation à l'ins-
tant où on lui donne une nouvelle issue, est la suite de ce qui se passe
dans le bouilleur, en ces deux circonstances; essayons de le faire com-
prendre. Des expériences nombreuses nous ont prouvé que le bouilleur
d’une chaudière qui fournit de la vapeur à une machine est loin d'être
complétement rempli de liquide. Les communications beaucoup trop étroites
et souvent si mal placées entre les bouilleurs et le corps de chaudière ne
permettent pas à la vapeur d’en sortir à mesure qu’elle est générée; de là
il résulte que le bouilleur qui est la partie de l'appareil à vapeur la plus
échauffée est aussi celle où il s’opére le plus de globulations ; l'eau chaude
n'a pas le temps d’en sortir pour être remplacée par de l'eau froide. La
différence de pesanteur spécifique résultant de la température n'est pas
suffisante pour vaincre rapidement les obstacles formés par des communi-
cations mal combinées. Par son séjour prolongé dans le bouilleur , l'eau ac-
quiert une quantité de calorique plus que suffisante pour passer à l’état
( 799 )
de vapeur sous la pression générale de la chaudière. Pour rendre notre
pensée en un mot, les bouilleurs peuvent, suivant nous, être considérés
comme de petites chaudières qui vaporisent sous une pression un peu plus
élevée que le corps de chaudière principal et qui déversent sans cesse dans
celui-ci leur vapeur. Cette différence d'équilibre de pression entre le bouil-
leur et le corps principal se maintient tant que la vapeur est fournie à la
machine ou jetée au dehors; l'équilibre ne s'établit que lorsque la dépense
cesse.
» Dans le premier cas le bouilleur renferme de l'eau et beaucoup de va-
peur; il est rempli d’une espece de mousse. Dans le second cas la pression
devient uniforme, constante; c’est de l’eau seule qu’il contient. On voit
ainsi comment le niveau de l’eau du corps principal de chaudière pourra
varier d'une grande partie de la capacité des bouilleurs, et l’on comprend
que, s'il en est ainsi, le niveau devra s’abaisser lorsqu'on arrêtera le ser-
vice pour s'élever tumultueusement lorsqu'on le reprendra; l'expérience
confirme ces explications. En admettant donc la possibilité du sur-échauf-
fement des parois pendant l’abaissement, l'explosion au moment du sur-
élèvement qui accompagne toujours la mise en jeu sera clairement ex-
pliquée. ‘
» Que conclure de cette discussion toute spéciale et qui peut-être vous
a déjà paru beaucoup trop longue? C’est timidement, Messieurs, que nous
oserons ici émettre notre pensée, puisqu'elle sera peut-être en désaccord
avec des idées généralement recues. Notre profonde conviction nous en
fait cependant un devoir, les nombreuses expériences auxquellés nous nous
livrons depuis plusieurs années nous y encouragent; et puisque la statis-
que des explosions si chérement établie au prix de la vie de tant de per-
sonnes victimes des ruptures des chaudieres à basse pression, ruptures plus
fréquentes que les autres, coïncide avec notre manière d'envisager cette
grave question , nous n’hésiterons pas à annoncer que nous regardons les
chaudières à basses pressions comme les plus dangereuses. Nous croyons
que toute issue assez brusquement donnée à la vapeur pour opérer une
sensible dépression dans la chaudière est une des causes les plus communes
des accidents. Nous regardons enfin l’abaissement de niveau maintenu dans
la plupart des appareils d’une manière si incertaine comme la cause pres-
que unique des explosions. La manière dont les soupapes sont générale-
ment construites ne nous permet pas de voir une cause de danger dans une
progressive augmentation de pression qui ne peut résulter que de leur sur-
charge volontaire et non de l'incertitude de leurs fonctions. Cette manière
( 800 )
d'envisager la nature et la cause des désastres que nous attribuons à une
production instantanée de vapeur, occasionée par une dépression après un
abaissement de niveau, nous rend peu partisan des rondelles fusibles, et
malgré l'opposition que cette opinion pourra rencontrer, qu'il nous soit
permis d’éveiller l'attention sur un moyen dans lequel on a placé, suivant
nous, une fausse sécurité.
» Que les rondelles fusibles soient un excellent moyen pour limiter la
pression, qui oserait le contester? Mais les soupapes de sûreté légalement
chargées, ont-elles donc besoin d’auxiliaires pour remplir cet important
office. Il vaut mieux, dira-t-on, deux précautions qu’une. Aucun fait
volontaire ne peut empêcher la rondelle de fondre; elle viendra au secours
des soupapes imprudemment surchargées. Disons de suite que celui qui a
intérêt à surcharger les soupapes, sait bien retarder la fusion de la ron-
delle; des gouttes d’eau incidentes sur la rondelle, sont le corollaire des
additions de poids sur les leviers des soupapes : nous raisonnons, Mes-
sieurs, non d’après de pures suppositions, mais d’après ce que nous avons
eu l'occasion de voir malheureusement plus d’une fois; d’après les nom-
breuses observations du même genre, que plusieurs praticiens habiles
ont été à même de faire, et qu’ils ont bien voulu me communiquer.
» Et, puisque j'en trouve ici l’occasion , qu’il me soit permis de remer-
cier publiquement M. Roche, pour les utiles renseignements que sa longue
pratique, comme directeur des ateliers d’Indret, l’a mis à même de me
fournir. Mais , diront les partisans des rondelles , ce n’est pas là leur seul
avantage. La rondelle signale encore, par sa fusion, qui peut arriver sans
pression, par la seule élévation de la température de la vapeur non sa-
turée, l’abaissement du niveau et le sur-échauffement des parois. Recon-
naissons que c'est à la nécessité de soutenir les rondelles au moment de
leur amollissement, par des grilles à mailles étroites , et à l’exiguité des
issues qu'elles laissent à la vapeur, que nous avons dû de ne pas payer,
par une explosion immédiate, la funeste indication qu'elles viennent de
fournir bien tardivement.
» Les explications dans lesquelles nous sommes entrés, ont fait, nous
lespérons, comprendre l’immense danger d’une globulation tumultueuse,
occasionée par la dépression produite par l’ouverture d’une large issue à
la vapeur, au moment du sur-échauffement des parois après un abaisse-
ment de niveau.
» Pour oser ainsi blâämer l'emploi des rondelles fusibles, avons-nous
donc un moyen infaillible pour les remplacer? Notre projet n'est pas,
( 801 )
aujourd’hui, Messieurs, dans une note qui nous est toute personnelle, de
vous faire connaître le résultat du consciencieux examen auquel se livre
en ce moment une Commission prise dans votre sein.
» Nous voulons seulement vous faire remarquer que le moyen le plus
efficace de combattre les explosions, serait, après avoir tout fait pour les
prévenir ou les retarder, de les annihiler. Rendre l'explosion sans danger
grave, la dépouiller de ces désastres épouvantables qui l’accompagnent
presque toujours, tel est le but vers lequel nous dirigeons, depuis long-
temps, nos constants efforts ,wyers lequel de nombreuses difficultés nous
ont forcé de marcher à pas lents, mais que notre persévérance nous ai-
dera à atteindre.
» Nous avons donc l'honneur de faire passer aujourd’hui sous vos yeux,
le plan d’un appareil à vapeur, de la force de 20 chevaux, que nous ve-
nons de construire, que nous essayons en ce moment, et que nous vous
demanderons la permission de décrire dans l'une de vos prochaines
séances. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations sur la cause qui produit la fonte hâtive
de la neige autour des plantes ; par M. Mezroni.
« On trouve, dans un des derniers cahiers des Annales des Sciences du
royaume Lombard-V'énitien , une longue série d’observations sur la fonte
plus ou moins prompte que la neige éprouve à la campagne, selon sa
position, soit autour des arbres et des buissons, soit dans les champs
découverts au-dessous des brins de paille, des fenilles sèches et autres
corps qu'on pose immédiatement dessus, ou que l’on maintient sus-
pendus à une certaine distance. L'auteur de ces observations, qui est
M. Ambroise Fusinieri, prétend que plusieurs d’entre elles sont tout-
à-fait opposées aux conséquences qui résulteraient de l'existence du
rayonnement calorifique tel que le conçoivent les physiciens (1). Cette
opinion serait peut-être soutenable si l’on n'avait aucun égard aux résul-
tats de mes expériences sur les différentes espèces de chaleurs; mais, eu
les adoptant, les objections soulevées par M. Fusinieri tombent d’elles-
mêmes, et l'explication des phénomènes observés ne devient qu'une pure
(1) Annali delle scienze del regno Lombardo-Veneto , opera periodica di alcuni
collaboratori. Gen. et feb. 1838, pag. 38.
( 802 )
application des propriétés actuellement connues de la chaleur rayon-
nante.
» Voyons d'abord les observations et les raisonnements de l’auteur.
Pour leur donner plus de force je vais en ôter tout ce qui est étranger à
l'objet qui nous occupe, et les présenter dans l'ordre qui me semble le
plus naturel.
» En examinant attentivement ce qui se passe autour des plantes, dans
la saison rigoureuse, on ne tarde pas à s’apercevoir que la neige placée
près des troncs d'arbres et des touffes de buissons se fond plus vite qu'à
une certaine distance, de manière que tout autour de ces corps il se
forme bientôt dans la couche de neige qui couvre le terrain, des excava-
tions plus ou moins évasées supérieurement, et plus ou moins profondes.
Cet effet, dans les circonstances favorables, se prononce très fortement :
M. Fusinieri cite entre autres l'hiver de l’année 1830 où la terre, dans la
Lombardie, était entièrement à découvert autour des arbres et des
arbustes, tandis qu’il y avait encore deux pieds et demi de neige au mi-
lieu des champs.
» Il est facile de prouver que la cause qui détermine cette fusion hâtive
n’est point une chaleur qui serait propre aux plantes à l'état vivant, car
on observe le même phénomène autour des perches et des bâtons plantés
dans le sol.
» La neige se fond aussi par l’action des branches et de rameaux supé-
rieurs. En effet, tout le terrain qui se trouve immédiatement au-dessous
des arbres et des buissons, ainsi qu'un peu de l’espace adjacent, est dé-
blayé avant les autres parties de la campagne.
» Pour démontrer que c’est bien à l’action calorifique des branches, et
pas à une moindre quantité de neige qu'il faut attribuer le découvrement
plus prompt du sol au-dessous des plantes, on suspend à une certaine
hauteur des branches sèches, ou récemment coupées, au milieu d'une
plaine couverte de neige, et l’on voit que même dans ce cas, où Ja couche
est bien certainement partout d’égaie épaisseur, les choses se passent en-
core de la même manière, c'est-à-dire qu'au-dessous de ces corps il se
forme bientôt, à la surface de la neige, des creux qui se dilatent graduel-
lement en largeur et en profondeur, et parviendraient même jusqu'au
sol si l'on prolongeait suffisamment l’expérience.
» À circonstances égales l’action des plantes est d'autant plus grande
que les tiges et les branches sont plus nombreuses et plus minces : elle
commence d’abord au midi, s'étend ensuite progressivement au coucher
( 803 )
et au levant, et passe enfin jusqu'aux portions latérales de neige situées
vers le nord de l'arbre. On en déduit que la cause principale du phéno-
mène provient de la chaleur solaire communiquée directement aux
troncs et aux branches des arbres, et rayonnée ensuite sur la neige en-
vironnante.
» Mais ici vient la grande objection de M. Fusinieri. Comment est-il pos-
sible qu’un corps échauffé sous l'influence d’un rayonnement calœifique
produise plus d'effet que les rayons directs? la chaleur envoyée par les
plantes ne peut être que fort inférieure en énergie à la chaleur solaire.
Or, si les choses se passaient comme on le conçoit ordinairement, il arri-
verait tout juste le contraire de ce qui a lieu ; de manière que dans les
endroits découverts o4 ne tombent jamais les ombres projetées par les ar-
bres et les buissons ; la neige disparaîtrait pis promptement.que dans
les lieux ombragés par les plantes, et l'on n’aurait pas lescandale scienti-
fique de voir l'effet plus grand là où la cause est moindre. L’explication
de ces faits par la théorie ordinaire dn calorique rayonnant, dit M. Fu-
sinieri , ne peut donc être admise.
» Je conviens que la fonte de la neige sous l’action d’un rayonnement
calorifique doit croître proportionnellement à l'énergie des rayons inci-
dents : je conviens aussi que la chaleur directe du soleil doit surpasser de
beaucoup en intensité la chaleur qui émane des branches et. des troncs
d'arbres échauffés sous. son influence. Mais pour soutenir que, dans les
phénomènes observés , l'effet est pour ainsi dire en raison inverse de la
cause, il faudrait d’abord prouver que la neige absorbe également les rayons
solaires directs, et ceux qui lui sont envoyés par les corps échauffés des
plantes. Autrement, si ces derniers rayons élaient beaucoup plus absor-
bés que les premiers , il n’y aurait aucune contradiction, et Paction moin-
dre des rayons plus intenses serait une conséquence naturelle de leur
moindre absorption. léerreur de M. Fusinieri provient de ce qu'il admet
ncore avec Leslie.et Rumford Ja constance des pouvoirs absorbants des
corps pour toutes sortes,de chaleurs rayonnantes , tandis que nos! expé-
riences ont montré que ces pouvoirs! subissent dé grands changements
lorsqu'on fait varier la qualité des rayons calorifiques:
» Pour reproduire un fait analogne à celui qui nous occupe, j'ai débar-
rassé ma pile thermo-électrique, du noir de fumée qui la couvre ordimai-
rement : ensuite, je J'ai peinte en blanc avec du carbonate de plomb; et
après l'avoir munie de ses petits tubes, j'ai fermé un côté, et j'ai fait tom-
ber sur l’autrele rayonnement d’une-lampe concentré par une lentille. Le
C. R. 1838, i°T Semestre. (T.VI, N° 24.) 110
( 804 )
galvanometre, mis en communication avec la pile, marquait alors une
déviation constante de 15°. Ayant intérposé sur le passage des rayons, et
tout pres de la pile, une feuille de papier épais teint en gris foncé, le gai-
vanomètre augmenta bientôtsa déviation, et apres quelques minutesil finit
par s'arrêter à 33°,5.
» Voici donc un corps chauffésous l’action d’un rayonnement calorifique,
qui produit un: effet deux à trois fois plus fort que: les rayons directs de
la source (1): Mais, d’après ce que nous avons dittantôt, on concoit avec
la plus grande facilité comment les choses se passent.
» Divisons en 100 parties égales la chaleur rayonnante qui arrive direc-
tement sur la pile thermo-électrique, et supposons que 10 de ces parties
soient absorbées, le reste renvoyé par réflection. Si la feuille interposée de
papier, apres s'être échauffée elle-même sous l’action dela source, parvient
à lancer sur la pile 25 parties seulement de chaleur, et que, sur ces 25 par-
ties il'y en ait 5 seules de réfléchies et 20 d’absorbées , il est tout clair que
la chaleur envoyée par le papier, quoique plus faible des £ que la chaleur
directe de la source, échauffera cependant deux fois autant le côté actif de
la pile, et produira par conséquent une action deux fois plus intense.
» Mais la neige a-t-elle réellement , comme le carbonate de plomb, la pro-
priété d’absorber en proportions différentes les diverses espèces de cha-
leur 'rayonnante® Les expériences suivantes vont nous le dire (2).
» Dans unetjournée d'hiver, où la température était de 2°,5 au-dessous
de zéro, le ciel nuageux ; l'air tranquille, et le sol couvert de neige ré-
)
(1) De ce que l’on se sert ici de la flamme il ne faudrait pas en conclure que le fait
exige la présence,de la lumière ; car,.en transmettant les rayons calorifiques par un verre
noir complétement opaque avant de les employer, opération qui Jes dégage bien certai-
nement de toute lumière concomitante, finterposition du papier donne encore une
augmentation considérable dans la déviation du galvanoinètre. En effet, ce rayonnement
obscur, qui produisait directement 10 à 11° de déviation, en donnait 18 à 19 lorsqu’i
était absorbé par la feuille de papiér gris sombreet lancé-ensuite sura pile blanchie.
Cette expérience ;:que Jerépète-avec la plus grande facilité devant les personnes qui
désirent la voir, suffit pour rénverser de fond.en.cowble les théories au moyen desquel-
les on chercherait à rendre compte du phénomène actuel et des actions analogues par
une transformation de lumière en chaleur.
(2) Ces expériences sur la neige sont extraites d’un travail assez étendu que j’ai com-
mencé dépuis long-temps sur les pouvoirs absorbant et éinissif des corps En général , et
quine se: trouve pas encote términé : je lés publie ainsi détachées ‘parce qu’elles me
semblent:répondrepatfaitentent à la question soulevée par: M: Fusinieri:
( 805 )
cente, jé plaçai sur l’unedes croisées de mon appartement la pile ther-
mo-électrique noircie comme à l'ordinaire. J’approchai d’un côté une
lampe d’Argant, et de l’autre une plaque recourbée de cuivre chauffée pos-
térieurement à 460 environ par la lampe alcoolique. Chacune des faces
de la pile regardait ainsi une des deux sources rayonnantes, de manière
qué lés deux actions calorifiques tendaient à se compenser : je rapprochai
la Source la plus faible jusqu’à ce que l'index du galvanomètre correspon-
dant se tint au zéro de la division.
» Je pris ensuite un petit tube de cuivre ayant les mêmes dimensions
que l’enveloppe de la pilé, et muni comme elle d’une tige destinée à l'in-
troduire dans le même soutien. Ce tube, ouvert par les deux bouts, por-
tait à sa partie intériéüre un diaphragme perpendiculaire à l’axe qui le
divisait en deux chambres égales, dans chacune desquelles j'introduisis
de la neige bien pure jusqu’à une hauteur correspondante à la moitié en-
viron dela longueur du faisceau thermo-électrique.
» J'ôtai du soutien, la pilé placée comme nous venons de le dire entre la
lampe d’Argant et la plaque échauffée, et j'y substituai mon tube garni.
Alors chacune des deux portions de neïge intérieure se trouvait soumise à
l’action d’une source : les deux rayonnements calorifiques, à l'endroit où
ils venaient frapper les couches neigeuses correspondantes, étaient d’in-
tensité égale. Cependant , la neige contenue dans la cavité tournée vers le
cuivre chauffé à 400° se fondit beaucoup plus vite que celle qui se trou-
vait dans la cavité opposée. Je chargeai de nouveau l'appareil de neige, et
je le replaçai sur le pied de la pile, en ayant soin de tourner vers la lampe
la cavité qui regardait tantôt la plaque échauffée : la fusion s’effectua en-
coré beaucoup plus rapidement du côté de la dernière source; il en fut de
même toutes les foïs'que je voulus’ répéter l’expérience. La moyenne du
temps qu'il fallait pour la disparition de la neige était d'environ néuf mi-
nutes et demie du côté de la lampe, et de quatre minutes du côté de
cuivre à 400° de température.
» Cette expérience prouve avec la dernière évidénce, que les rayons ca-
lorifiques de diverses provenances sont différemment absorbés par la
neige comme par le carbonate de plomb. En voici deux autres du même
genre qui n’exigent poïnt l'emploi du'thermo mültiplicateur, et qui repro-
duisent des faits tantôt ideritiques et!tantôt diamétralement opposés à ceux
indiqués par M. Fusinieri : e
» Ayant rempli-par-dessus-les-bords un vase ne de neige fine et
récemment tombée, j'en ôtai le superflu au moyen d’une règle dé bois,
110.
( 806 )
de manière à produire sur la neige un plan bien uni : je disposai ensuite
ce plan verticalement, et j'y fis tomber les rayons d’une lampe d’Ar-
gant, après avoir suspendu au-devant de la partie centrale, et tont
prés de la surface de la neige, un petit disque de carton très mince dont
les deux faces étaient bien couvertes de noir de fumée. Les rayons de la
lampe dardaient alors en partie sur le disque et en partie sur la neige.
La surface plane ne tarda pas à se creuser au-dessous du disque : après
un quart d'heure, cette cavité avait déjà 3 à 4 lignes de profondeur vers
le centre.
» Je remis l'appareil dans les circonstances primitives en substituant seu-
lement à la flamme de la lampe le cuivre à 400°. Les phénomènes s’effec-
tuérent alors en sens inverse, c’est-à-dire que la corrosion de la neige fut
plus abondante là où dardaient les rayons directs que dans la partie située
contre le disque, de manière qu’au centre il se forma bientôt une protu-
bérance au lieu d’une excavation. Une certaine énergie dans la chaleur
incidente ne suffit donc pas pour produire un plus grande action sur la
partie de la surface abritée par le disque ; il faut aussi cette qualité parti-
culière du rayonnement calorifique analogue à la chaleur solaire, qui est
ordinairement accompagnée comme elle du rayonnement lumineux, mais
qui ne l'exige pas nécessairement (1).
» Si l'on a bien compris le raisonnement que nous avons exposé à propos
de l'expérience du papier gris interposé devant la pile thermo-électrique
peinte en blanc, l'explication de ces différences de fusion n’offrira aucune
difficulté.
» Dans le premier cas, le carton échauffé lance vers le vase des rayons
beaucoup plus absorbables que les rayons directs de la source : il s'ensuit
que la quantité de neige fondue est plus grande là où se projette l'ombre
du disque qu'ailleurs, malgré la moindre quantité de chaleur qui peut y
parvenir. Dans le second cas, où la source et le carton échauffé sous son
influence donnent des rayons presque absorbables , le disque ne peut que
diminuer par son interposition l’effet du rayonnement direct, et rendre la
fusion moins forte à l'endroit abrité.
» Concluons de tout cela que la fonte hâtive de la neige autour des
plantes, au lieu de se trouver en opposition avec les théories actuelles, de
la chaleur rayonnante, ainsi que le prétend M. Fusinieri, n’en est, au
contraire, qu’une conséquence fort simple.
(1). Voyez la note (2).
En à
( 807 )
» Il y avait peut-être quelques éclaircissements à ajouter à ce que nous
venons de dire pour rendre raison des petits détails de ce phénomene;
détails qui s'expliquent tous parfaitement en partant du fait principal et
de quelques circonstances accessoires.
» Si l’on demandait, par exemple, pourquoi, outre la force des rayons
solaires , la température élevée de l'air contribue à accélérer la fusion dif-
férentielle de la neige autour des arbres et des corps solides en général
qui s'élèvent au milieu des champs, on en trouverait facilement le motif
dans l'empêchement que ces corps apportent au rayonnement propre des
couches de neige vers les espaces célestes; ce qui les maintient tout près de
la température de fusion, pendant que les couches placées aux endroits
découverts s’abaissent de plusieurs degrés au-dessous du zéro en vertu du
rayonnement nocturne, et sont, par conséquent, beaucoup moins dis-
posées à devenir liquides sous l’action du milieu ambiant.
» On expliquerait avec la même facilité pourquoi l'influence des plantes
se fait encore sentir lorsque le ciel est entièrement couvert de nuages et
la température de l'air inférieure à zéro; car la chaleur diffuse du soleil
possède absolument les mêmes propriétés de transmission et d'absorption
que la chaleur directe, et doit produire, en conséquence, des effets tota-
lement semblables, à l'intensité près.
» Considérant l'action d'un rayonnement calorifique long-temps pro-
longé sur une série de corps doués du même pouvoir absorbant, on ver-
rait que ceux qui possèdent une masse moindre doivent s’échauffer plus
promptement et arriver plus tôt que les autres à ce degré de chaleur que
comportent l’état des couches superficielles , la force des rayons incidents,
la pression et la température de l'air; et en réfléchissant que l'influence de
la chaleur solaire, directe ou diffuse, dure pendant toute la journée , on
y trouverait la cause des fusions plus ou moins grandes produites autour
des tiges de différentes grosseurs qui ; loin d’être proportionnelles aux
masses, ainsi que cela devrait avoir lieu si l'on portait ces corps à la même
température avant de les implanter dans la neige, suivent, entre certaines
limites, la raison inverse des diamètres,
» Mais nous rentrerions alors dans le développement de théories con-
nues depuis long-temps, et le but de cette communication était de sou-
mettre au jugement de l’Académie une application particulière d’un des
principes généraux introduits récemment dans la science de la chaleur. »
( 808 )
M. Serres adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Ovolo-
gie humaine.
L'Académie en accepte le dépôt.
RAPPORTS.
Rapport sur un Mémoire de M. Cnasres.
(Commissaires, MM. Libri, Poinsot rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, M. Libri et moi, de lui rendre compte d’un
Mémoire qui lui a été présenté par M. Chasles, et qui a pour titre : So-
lution synthétique du problème de l'attraction aes ellipsoïdes, dans le cas
général d'un ellipsoide hétérogène, et d'un point extérieur : c'est, comme
on le voit, une solution par la géométrie de cette seconde partie difficile
du problème qu’on n’avait encore résolue jusqu'ici que par l’analyse.
» Ce Mémoire remarquable de M. Chasles nous offre un nouvel exemple
de l'élégance et de la clarté que la Géométrie peut répandre sur les ques-
tions les plus obscures et les plus difficiles. Cette belle méthode géomé-
trique des Anciens, qu'on appelle vulgairement, quoique fort improprement ,
la Synthèse, a plus d’une fois devancé la méthode algébrique qu’on appelle
aujourd'hui l'Analyse. C'est ce qu’on a vu surtout par les ouvrages immortels
de Newton, et par un travail admirable que l'on doit à Maclaurin sur la
question même qui nous occupe : chef-d'œuvre de géométrie que Lagrange
compare à tout ce que Archimede nous a laissé de plus beau et de plus
ingénieux. Que si, dans ce problème célèbre, l'analyse, à son tour, ma-
miée si habilement par Lagrange, Laplace, Legendre et les meilleurs ana-
lystes de notre temps, a repris enfin l'avantage, et n’a plus, comme on
dit, laissé rien à désirer , on ne pourra plus néanmoins apporter cet exemple
comme une preuve de la supériorité de l'analyse sur la méthode des An-
ciens. Car M. Chasles nous fait voir aujourd’hui que par cette méthode,
qui n'est qu'une suite lumineuse de raisonnements conduits par la syn-
these, on pouvait également parvenir, et d’une manière plus facile, à une
solution aussi complète du problème. La question n’était done point,
comme on avait pu le croire, au-dessus des forces de la synthèse. Les:
dernieres difficultés, il est vrai, n’en avaient été vaincues que par la seule
analyse; mais il nous semble que ce succès même ne prouvait pas bien ici
la supériorité de l'instrument; car il fallait d'abord remarquer que, de-
( 809 )
puis Newton et Maclaurin, la synthèse avait été négligée et comme aban-
donnée , tandis que l'analyse, exclusivement cultivée, avait recu de jour
en jour de nouveaux perfectionnements; ce qui donnait une explication
toute naturelle des avantages alternatifs qu’avaient présentés ces deux
méthodes.
» Quoi qu'il en soit, il est certain qu'on ne doit négliger ni l'une ni
l’autre : elles sont au fond presque toujours unies dans nos ouvrages, et
forment ensemble comme l'instrument le plus complet de l'esprit humain.
Car notre esprit ne marche guère qu’à l’aide des signes ou des images ; et,
quand il cherche à pénétrer pour la première fois dans les questions
difficiles , il n’a pas trop de ces deux moyens, et de cette force particu-
lière qu’il ne tire souvent que de leur concours. C’est ce que tout le monde
peut sentir, et ce qu’on peut reconnaître dans le Mémoire même de
M. Chasles, dont il faut que nous donnions maintenant une idée plus
précise.
»-Nous n'avons pas besoin de rappeler ici l'histoire si connue des tra-
vaux successifs des géomètres sur la théorie de l'attraction des sphéroïdes ;
elle se trouve dans la plupart des auteurs qui ont écrit sur cette matiere,
et M. Chasles lui-même , au commencement de son Mémoire , l’a retracée
en détail et avec quelques remarques nouvelles qui lui appartiennent. Il
nous suffit d'indiquer en peu de mots ce que la synthèse avait déjà fait,
et ce qu’elle avait encore à faire pour la solution du problème.
» La question, comme on le sait, est très simple. Il s’agit de trouver,
dans cette loi de Newton, qui fait l'attraction proportionnelle à la masse et
réciproque au carré de la distance , quelle est la force attractive qu’un el-
lipsoïde homogène exerce sur un point quelconque donné dans l’espace ;
soit que ce point attiré tombe dans l’intérieur, soit qu'il tombe au dehors
de l’ellipsoïde : ce qui présente ratumallement deux cas généraux que l’on
trouve être fort distincts.
». Or, si nous considérons le premier cas, c’est-à-dire celui où le point
attiré est en dedans de l’ellipsoïde ou à sa surface, nous voyons d’abord
qu’il se trouvait complétement résolu par les premiers théorèmes de Ma-
claurin, en y joignant l’extension que d’Alembert leur avait donnée par la
même méthode géométrique.
», Quant à l'attraction de l’ellipsoide sur un point extérieur, on sait que
le même Maclaurin à imaginé un théorème très ingénieux, qui, s'il eût
été généralisé, pouvait ramener ce second.cas au premier, et achever ainsi
la solution synthétique du problème.
( 810 )
» Ce beau théorème, pris dans toute sa généralité, consiste en ce que
les attractions que deux ellipsoïdes homogènes, décrits des mêmes foyers,
exercent sur un même point situé au dehors de leurs surfaces, sont diri-
gées suivant la méme droite, et simplement proportionnelles aux masses des
deux ellipsoïdes. On voit comment cette proposition ramène le cas d’un
point extérieur à celui d’un point situé à la surface. Car, en imaginant que
l’ellipsoide proposé, conservant toujours la même masse, se dilate, pour
ainsi dire, en un autre ellipsoïde homogène, de mêmes foyers , jusqu’à ce
que sa surface vienne à passer par le point donné, l'attraction restera toujours
la même, et l’on aura le cas d’un autre ellipsoïde donné qui attire un point
posé à sa surface.
» Mais ce théorème, dont Laplace et Legendre, par deux analyses diffé-
rentes, ont les premiers reconnu toute la généralité, Maclaurin ne l'avait
démontré, par la géométrie, que dans le cas particulier où le point exté-
rieur est situé sur le prolongement de l’un des axes principaux de l’ellip-
soïde. Il restait donc à la synthèse à le démontrer d'une manière générale; et
c'est à quoi M. Chasies est parvenu dans le second paragraphe de son Mé-
moire, après avoir établi, dans le premier, plusieurs belles propriétés des
surfaces du second ordre sur lesquelles il a fondé sa démonstration.
» La marche de l’auteur est fort naturelle. Car si l’on suppose vrai ce
théorème de Maclaurin pour deux ellipsoïides homogènes de mêmes foyers,
on voit tout de suite qu’il le serait également pour deux autres ellipsoïdes
concentriques, situés de même, et respectivement semblables aux deux
proposés, pourvu que chacun d’eux fût une même fraction de l’ellipsoide
auquel il appartient, parce que alors ces deux noyaux ou ellipsoïdes
intérieurs avaient aussi entre eux les mêmes foyers. Et de là, il est aisé
de voir, par la simple composition des forces, que le même théorème
aurait encore lieu pour les deux couches ellipsoïdales ou ellipsoïdes creux
dont chacun est la différence de l'ellipsoïde entier au noyau semblable
que l’on y considère. Et, réciproquement, il est bien manifeste que si le
théorème était démontré pour deux telles couches d’une épaisseur quel-
conque, il le serait sur-le-champ pour les deux ellipsoïdes.
» C’est pourquoi M. Chasles ne considère d’abord que deux couches el-
lipsoïdales infiniment minces, dont les surfaces externes ont les mêmes
foyers; et il démontre, comme on va le voir, que ces deux couches attirent
un méme point extérieur suivant une même direction et avec des forces
proportionnelles à leurs masses : de sorte que, si les épaisseurs infiniment
petites de ces couches, estimées suivant leurs axes de même nom, sont
( 811)
prises dans le rapport même de ces axes, les masses des deux couches, et,
par conséquent, les deux forces sont entre elles comme les ellipsoïdes
entiers ; et de là, par une composition successive, on passe naturellement
au théorème de Maclaurin.
» La démonstration de l’auteur consiste à comparer, une à une, les at-
tractions exercées par deux éléments de volume pris sur les deux couches
infiniment minces dont il s’agit, ou plutôt à comparer les composantes de
ces forces estimées suivant les directions de trois axes ‘fixes rectangulaires
entre eux; à choisir ensuite, pour ce système d’axes, une telle position, et à
établir entre les deux éléments dont on compare les forces, une telle cor-
respondance sur les deux couches, que le rapport des composantes sui-
vant un même axe soit toujours le même quelle que soit la situation ab-
solue de ces deux éléments attractifs correspondants. Il en résulte que le
même rapport s'étend aux attractions des deux couches entières, et l’on
trouve ainsi que ces attractions (relatives à un même axe), sont entre
elles comme les masses de ces deux couches. Or, comme il y a ici trois
axes rectangles qui permettent les mêmes comparaisons, ét qui conduisent
au même rapport, on en conclut enfin que les deux attractions résultantes
tombent dans une même droite, et sont proportionnelles aux masses des
deux couches homofocales que lon considère.
» Voilà, autant qu'on peut la donner sans le secours des figures et du
calcul , l’idée de cette démonstration ingénieuse découverte par M. Chasles,
et qu’il a complétement développée dans son Mémoire. Elle résidait dans
la considération des trois surfaces différentes du second ordre qu’on peut
décrire des mêmes foyers, et faire passer par un même point donné : les
trois normales menées en ce point à ces trois surfaces sont rectangulaires
entre elles, et c’est à ces droites qu’on rapporte les attractions élémen-
taires des deux couches proposées ; on les compare ensuite une à une, de
maniere à trouver leur rapport constant, et à obtenir ainsi celui des at-
tractions totales, sans avoir besoin d’aucune intégration; c'était la vraie
difficulté que la synthèse avait à vaincre pour parvenir à la démonstration
générale da théorème de Maclaurin.
» Mais l’auteur ne se borne point à cette démonstration, d’où l’on pour-
rait, comme on l'a dit, conclure tout le reste. Afin d’élever ici sa méthode
au niveau des derniers résultats de l'analyse, il cherche encore à obtenir
d’une manière directe l'attraction absolue d’une couche ellipsoïdale infini-
ment mince sur un point extérieur : il en tire aisément l'attraction d’une
couche quelconque d'une épaisseur finie, et, par conséquent, celle de
C. R, 1838, 1°r Semestre, (T. VI, N° 24.) . 111
( 812 }
l'ellipsoide entier, qu’on peut voir en effet comme une couche dont la
surface interne se réduit à un point. Il parvient donc ainsi aux formules
de quadrature qui expriment l'attraction sur un point extérieur, sans se
servir des formules relatives aux points intérieurs, ni du célèbre théorème
de M. Ivory qui avait su ramener si ingénieusement ces intégrales les unes
aux autres.
» Il fait voir, de plus, que sa solution s'applique naturellement à l'elip-
soide hétérogène, ou , pour parler avec plus de précision, à un ellipsoide
composé de couches semblables de différentes densités, de manière que
la densité, uniforme pour chaque couche, varie de l’une à l’autre comme
une fonction quelconque de sa distance au centre, distance qu’on suppose
ici comptée le long d’un même axe, ou d’un même diamètre quelconque
donné de l’ellipsoïde. On voit par là à quelle espèce de quadrature se ra-
mène l'attraction de l’ellipsoide selon qu’on fait telle ou telle hypothèse
sur la loi de densité. Quand l’ellipsoïde est homogène, l'intégrale dépend
essentiellement des fonctions elliptiques; si l’on suppose la densité en rai-
son inverse de la distance au centre, elle ne dépend plus que des ares de
cercle ou des logarithmes. On peut faire d’autres suppositions qui ren-
dront les formules intégrables en termes finis.
» Ainsi, tout ce qu'on avait obtenu jusqu'ici sur cette matière, se
trouve maintenant démontré par de simples considérations de géométrie
et peut faire l’intéressant objet d’un enseignement lumineux et presque
élémentaire.
» M. Chasles, ancien élève de l’École Polytechnique, était déjà bien
connu de l'Académie par d’excellents mémoires, et par un ouvrage impor-
tant qu'il a récemment publié sur l'Origine et le développement des mé-
thodes en géométrie. Son nouveau mémoire lui donne de nouveaux titres
à l'estime des géometres. Il aura répandu beaucoup de lumière sur une
question très difficile, qui n’intéresse pas moins la physique générale que
la mécanique des corps célestes; question qui, d’ailleurs, étant considérée
en elle-même et sous un point de vue purement mathématique, ne paraît
pas encore épuisée , et peut servir aux progrès ultérieurs de l'analyse et
de la géométrie.
» Nous pensons donc que ce travail de M. Chasies, dont nous n'avons
pu rendre ici qu'un compte rapide, est digne d’être approuvé par lAca-
démie et inséré dans le Recueil des Savans étrangers.»
M. DE Proxy commence la lecture d’un rapport sur un ouvrage de
( 813 )
M. Bu, ayant pour titre : Principes de mélodie et d'harmonie. Cette
lecture sera continuée dans la prochaine séance.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GéoLoGie. — Parallèle entre les différents produits volcaniques des environs
de Naples, et rapport entre leur composition et les phénomènes qui les
ont produits; par M. DuFRÉNOY.
(Commissaires, MM. Berthier, Élie de Beaumont. )
« Dans le Mémoire que j'ai publié sur les terrains volcaniques des envi-
rons de Naples, et que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie dans sa
séance du 16 novembre 1837, j'ai montré que les deux montagnes dont se
compose le groupe du Vésuve (la Somma et le Vésuve) doivent leur relief
actuel à des phénomènes d’un ordre différent.
» Quelques essais m’avaient permis d'annoncer que la nature des roches
qui composent les escarpements de la Somma et les coulées du Vésuve
confirmaient la différence que les observations géologiques établissent
entre ces deux montagnes volcaniques.
» Cette concordance de la chimie et de la géologie m’ayant paru re-
marquable, j'ai analysé comparativement les laves de la Somma et celles du
Vésuve, et afin d’avoir une idée complète de la composition de ce volcan,
j'ai examiné les produits pris dans des conditions diverses, qui représen-
tent par leur ensemble les différentes transformations que subit la masse
fondue qui s'écoule à chaque éruption.
» Ces analyses nous montrent qu'il existe des différences essentielles
entre les laves dé la Somma et celles du Vésuve, différences telles qu'il
est impossible de supposer que les laves du Vésuve qui sont plus mo-
dernes ont été produites aux dépens de celles de la Somma qui préexis-
taient; il en résulte que les foyers qui les ont élaborées ne sauraient avoir
été identiquement les mêmes.
» En effet, les laves de la Somma sont presque inattaquables dans les
acides, tandis que celles du Vésuve sont solubles en grande partie dans
ces réactifs, environ dans la proportion de 4 : 1.
» Les premières contiennent une très forte proportion de potasse, tan-
dis que dans les secondes, la soude domine fortement.
» La différence de composition se reproduit même dans les minéraux
111.
( 814)
communs aux deux roches; ainsi l'on a vu que le pyroxène de la Somma
est une augite, c'est-à-dire un pyroxène à base de fer, tandis que celui du
Vésuve rentre dans les variétés calcaires telles que la sahlite.
» Le partage que l’action des acides produit dans les laves du Vésuve,
permet de reconnaître qu’elles se composent, outre des cristaux de py-
roxène, de deux minéraux essentiellement différents : l’un, soluble dans les
acides, contient de 9 à 10 p. cent de soude, et 2,5 à 3 p. cent de potasse;
le second, inattaquable par les acides, renferme ces alcalis en pro-
portions à peu près égales de 6 à 7 pour cent de chaque. Les autres élé-
ments qui entrent dans ces deux minéraux, quoique les mêmes, sont éga-
lement dans des proportions trop éloignées pour que l’on n'en tire pas la
méme conclusion. Ainsi, le premier contient 20 pour cent d’alumine et 5
de chaux, tandis que dans le second, ces deux substances entrent dans les
proportions de 11 à 12. Enfin, le second est un peu plus saturé de silice
que le premier: il en contient 54 au lieu de 50; dans l’un et l’autre, la pro-
portion de cette substance est beaucoup plus faible que dans le feldspath ou
dans l’albite, qui en contiennent 64 pour cent pour le feldspath, et 67
pour l’albite. Cette faible proportion de silice explique l'absence du quartz
dans les laves du Vésuve et de l’Etna, et l’on peut dire, en général, dans
les roches volcaniques; elle confirme ce que j'ai annoncé dans mon Mé-
moire sur les cendres de la Guadeloupe, que si le feldspath ou l’albite
existent quelque part dans les produits volcaniques, ces substances n'y
jouent qu’un bien faible rôle.
» Les proportions des éléments dont se composent les deux minéraux
qui constituent les laves du Vésuve sont assez constants pour qu'on puisse
affirmer leur existence ; mais ces proportions ne sont pas assez identiques
pour rechercher les formules qui représentent leur composition, et par
conséquent, on ne peut désigner ces substances par un nom particulier. Il
se pourrait même que chacune des parties, dans lesquelles l'acide muria-
tique partage les laves contint plusieurs minéraux; ainsi, je crois qu'il existe
quelques lamelles de labrador qui se confondent avec le minéral domi-
nant sodifère : on en distingue de petits cristaux dans les fentes qui divisent
les laves de la Scala et du Granatello en assises distinctes, et il est probable
qu'en examinant les laves sur les lieux mêmes, on parviendra à en obte-
nir des cristaux assez gros pour en faire l'analyse séparément.
» Les laves du Vésuve ne contiennent pas d’eau; M. Lowe (1) a également
un Eesmmaoll-ogiurals abpss oi suhagnens paf ame Les
(1) Annales de Poggendorf , tome XXXVIIL.
( 815 )
annoncé qu'il n’en existait pas dans les laves de l’Etna, tandis que les
basaltes en renferment toujours de 3 à 4 pour cent. Cette différence re-
marquable est peut-être en rapport avec le mode de fluidité de ces roches :
car les laves se solidifient seulement au moment où les fumerolles s’étei-
gnent, c'est-à-dire lorsque les dernières parties d’eau tenues en dissolution
dans les laves viennent à s'échapper.
» L'étendue des nappes basaltiques nous apprend que cette roche a été
tres fluide ; l’eau qu’elles contenaient ne s’est peut-être pas dégagée à l'état
de fumerolles comme pour les laves; on pourrait, jusqu’à un certain
point, le conclure de la présence des nombreuses zéolithes que l’on trouve
répandues dans cette roche , et de l'absence de scories dans beaucoup de
terrains volcaniques, notamment dans ceux de l'Allemagne.
» La prédominance que j'ai signalée plus haut, de la soude sur Ja po-
tasse, comme caractéristique des laves du Vésuve, n’est pas un fait nou-
veau; seulement il est passé inaperçu. M. Berthier a publié, en 1827, une
analyse d’une pouzzolane de Naples de laquelle il résulte que la soude
est à la potasse dans le rapport de 41 : 14. Il est également remarquable
que cette pouzzolane soit soluble dans les acides et que le rapport de la
silice à l’alumine 44 : 15 est très rapproché de celui que j'indique comme
caractéristique du minéral soluble.
» Les analyses que j'ai rapportées du tuf ponceux, d’après M. Berthier,
montrent que ces tufs sont peu différents les uns des autres, et qu’on doit
les regarder comme ayant une origine commune; cependant ceux de
Pompeï contiennent, relativement à la soude, un peu plus de potasse que
les tufs du Pausilippe et d’Ischia. Cette circonstance est du reste naturelle,
car l'éruption qui a enseveli Herculanum et Pompeï a entrainé des roches
de la Somma qui sont essentiellement potassées. Un fait intéressant que
présente en outre ce dernier tu, c’est de contenir Jusqu'à 9 pour cent de
carbonate de chaux, substance entièrement inconnue dans les volcans , et
qui est au contraire constamment produite par les infiltrations; la pré-
sence du carbonate de chaux confirme l'opinion que si l’enfouissement
d'Hercutanum et de Pompeï a été produit par une alluvion du tuf for-
mant les contreforts de la Somma, les eaux ont joué un grand rôle dans
le remplissage des édifices de ces deux villes, opération qui doit avoir été
lente et successive. L’abondance de l'acide carbonique qui s'échappe cons-
tamment des fissures dont le sol volcanique est criblé, a peut-être donné
aux eaux superficielles la propriété de dissoudre de la chaux et de la dé-
poser sous forme de carbonate dans le tuf de Pompeiï et d’Herculanum.
( 316 )
» L'analyse des tufs ponceux nous apprend en outre qu'il existe entre
eux et les laves de la Somma et du Vésuve une différence de composition
aussi essentielle qu'entre ces roches elles-mêmes.
» L'examen chimique des produits volcaniques des environs de Naples
confirme donc les résultats des observations géologiques, et nous montre
que la Somma, le tuf ponceux et le Vésuve appartiennent à trois ordres
différents de phénomènes volcaniques. »
PHYSIQUE. — Évaluation comparative des électricités statique et dynamique ;
par M. PELTIrr.
« J'ai souvent insisté sur la nécessité de distinguer les phénomenes élec-
triques en deux ordres, l’un renfermant les phénomènes d'électricité sta-
tique ou en repos, l’autre renfermant ceux d'électricité dynamique ou eu
mouvement; les faits qui se rattachent à l’un de ces ordres n’ont aucune
analogie avec les faits de l’autre ordre; jamais le même rayon électrique
ne produit au même instant les phénomènes qui appartiennent aux deux;
ils peuvent se succéder, mais ils ne peuvent pas être co-existants. Dans le
Mémoire que j'ai présenté à l'Académie le 9 janvier de l’année dernière,
j'ai mis en regard les effets de ces deux ordres de phénomènes, afin que de
ce rapprochement leur opposition complète en ressortit mieux. Dans le but
que je poursuis depuis si long-temps, celui de démontrer quelles sont les
causes immédiates de ces deux ordres de phénomenes et quelle est la cause
médiate qui les renferme et les produit, j'ai dù chercher à mesurer ce que
donne d'effet dynamique l'écoulement d'une unité statique ; ce que donne
d'effet statique une unité dynamique arrêtée dans une partie de son cir-
cuit; enfin ce qu'une unité électro-motrice, produisant lun ou l’autre de
ces deux ordres de phénomènes, peut donner d'unités dynamiques ou
d'unités statiques, afin de connaître par ce moyen le rapport de leurs ef-
fets, selon qu’on les ramène à leur unité commune , l'unité électro-
motrice, ou qu'on les transforme de l’une en l’autre, en donnant écoule-
ment à une quantité statique, ou en arrétant la propagation d'une quantité
dynamique.
» On a déjà essayé la solution d’une partie de ces questions, non pas
dans le point de vue général sous lequel je l’envisage, mais par quelques
applications. Ainsi Wollaston a décomposé l’eau par de l'électricité statique
à laquelle il rendait l'écoulement possible, puis M. Colladon a fait dévier
l'aiguille aimantée par le même moyen; M. Faraday est celui qui a cherché
( 817)
à s'approcher le plus d'une appréciation mesurée de la transformation de
l'électricité statique en dynamique; enfin M. Pouillet à évalué la quantité
dynamique nécessaire à la décomposition d’un gramme d’eau. La lecture
de mes résultats prouvera que le point de vue qui m'a guidé diffère essen-
tiellement de celui de ces auteurs, qu'il est plus général, plus applicable
aux causes elles-mêmes, et que ses résultats offrent des mesures compa-
rables.
» J'ai pris pour unité électro-motrice , oxidation dans l’eau de Seine d'un
milligramme de zinc.
» Pour unité électro-statique un degré de l’électromètre délicat et me-
suré, dont la description se trouve dans le tome LXIT, p. 422, des Annales
de Chimie et de Physique.
» Pour unité dynamique , un degré d’un multiplicateur de 3000 tours,
aiguille à la Nobili de 5 centimètres de long et faisant une oscillation et
demie par minute; et enfin la seconde pour unité de temps.
» Comme le détail des expériences serait trop long, je dois ne mention-
ner que les principaux faits et les résultats qui en ressortent.
» J'ai pris un fil de zinc pesant 76 milligrammes que j'ai entouré de
cuivre pour en former un couple à la Wollaston; je l’ai plongé dans de
l'eau commune où il est resté 94 heures; le courant a été mesuré avec un
multiplicateur de 108 tours à déviations proportionnelles aux forces : la
moyenne des déviations a été une constante de 68. Chaque degré de ce
multiplicateur équivaut à 26° du multiplicateur de 3000 tours dont le pre-
mier degré me sert d'unité dynamique; Varc de 26° de cet instrument
est équivalent à une force de 28°,8, laquelle multipliée par les 68° du
premier multiplicateur donne pour déviation moyenne 1958°,4 au multi-
plicateur type pendant 94 heures. Après l’expérience le fil de zinc pesait 66
miligrammes ; ainsi 10 mill. de zinc en s’oxidant ont donné un courant
constant de 1958°,4 pendant 94 heures, ou , en réduisant à l'unité de poids,
ce courant a duré 9 heures 24 minutes ou 3384 secondes. En ramenant
ce résultat aux unités dynamiques et de temps, on trouve qu'un milli-
gramme de zinc donne par son oxidation un courant constant de 1° qui du-
rerait 2 ans 37 jours 57’ 36". En divisant Pour connaître la fraction du mil-
ligramme de zinc qu'il a fallu oxider pour obtenir cette unité de courant
pendant une seconde, on trouve oi 000000051.
» Connaïssant le produit dynamique d’un milligramme de zinc soumis
à une action chimique, j'ai dù chercher à connaître son produit statique.
Pour y parvenir, j'ai fait Passer par le multiplicateur l'électricité nécessaire
(818)
à la charge statique de deux grands carreaux armés de feuilles d’étain sur
chaque côté, qui ont chacune 2866 cent. carrés; c'est au moyen de piles
plongeant dans l’eau commune que je les ai chargés:
les 2 carreaux réunis, 20° statiques équivalant à 41° d ipli o°
Avec 200 couples { > q quivalant à 41° de force, le multiplicateur 1
I carreau 200 ge 5°
2 carreaux F 0,5 50
Avec 100 couples 9 1e :
1 carreau id. id, 29,5
Après trois heures d'immersion :
2 carreaux 150,5 0 ,5 69,3
Avec 200 couples { ’ 250,5 ;
id. id) 30,
2 carreaux 50 50 30,1
Avec 100 couples 7
id. 5o 10,6
» Ainsi, pendant que le courant indique qu’une quantité double est passée
pour aller produire un effet statique, cet effet est quadruple, c'est-à-dire
qu'il est comme le carré des effets dynamiques ; résultat curieux, qui
vient aussi s'opposer à l'identité des causes qu’on voudrait admettre entre
ces deux ordres de phénomènes. J'ai retrouvé la même loi en faisant
passer par le multiplicateur l'électricité appelée par influence, sur un
globe de 33 centimètres de diamètre, résultat qui s'oppose à regarder
cette électricité comme une simple polarité, comme le pense M. Faraday.
» Après ce résultat, j'ai dû ramener à mon unité statique toute l'élec-
tricité contenue dans un carreau, dont la tension étant 25,5, avait de-
mandé un courant de 3°, et J'ai trouvé que la charge de ce carreau
consistait en une quantité électrique telle, qu'étant estimée en unités de
l'électromètre, elle en contenait 6362 1°. En ramenant à l'unité de courant
les 3° dynamiques , il faut, d’après ce qui précède, diviser le produit sta-
tique par le carré de 3 ou 9, ce qui donne 7060?. Ainsi, la quantité élec-
trique qui donne par sa propagation un degré dynamique, étant reçue
et coercée, donne un effet statique de 7069 unités. Comme l'unité dyna-
mique n’a besoin que de l’oxidation de oi: 0000000151 de zinc, il ne
faudra, pour une unité statique, que 0"",000000000002.
» Il faut donc ajouter au tableau du Mémoire du 9 janvier 1837, les
deux paragraphes suivants :
Électricité statique. Électricité dynamique.
Si l’on arrête et coerce sur des surfaces | Si l’on mesure le courant que produit
des quantités d'électricité, dont la propa- | l'écoulement de diverses quantités stati-
gation produisait un effet dynamique me- | ques coercées sur des surfaces , on trouve
suré, on trouve que les effets statiques de | que ces courants sontentre eux comme les
ces quantités sont entre eux comme les | racines carrées des quantités staliques,
carrés de leurs effets dynamiques.
( 8:19 )
GÉOLOGIE. — Sur les terrains tertiaires du nord-ouest de lItalie; par
M. pe CorrEeno, ancien capitaine d'artillerie.
(Commissaires, MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont.)
« Les recherches paléontologiques ont déterminé depuis quelques an-
nées la division des terrains postérieurs à la craie en trois étages carac-
térisés chacun par des groupes différents de fossiles, et la géologie de
superposition a confirmé sur plusieurs points de l’Europe les distinctions
fondées sur les caractères paléontologiques.
» Deux de ces étages paraissent exister seuls dans le sud-est de la France;
car il est difficile d'admettre comme tertiaires les calcaires à nummulites
des Alpes lorsqu'on a étudié sur place les relations de gisement des cou-
ches qui renferment ces fossiles. Mais outre ces calcaires, il existe au pied
des Alpes deux étages tertiaires bien distincts qui s'étendent depuis la
Suisse jusqu’à la Méditerranée. M. Elie de Beaumont a montré dans ses
Recherches sur les révolutions du globe (1), combien les caractères géo-
logiques et paléontologiques de ces deux terrains s’accordaient pour les faire
rapporter à deux formations entierement distinctes l’une de l’autre.
» Les mêmes terrains se retrouvent sur le revers italien des Alpes, mais
avec des caractères un peu différents de ceux qu’ils présentent dans le sud-
est de la France. Ainsi, au lieu des dépôts lacustres de la Bresse et du
Dauphiné, l'étage tertiaire supérieur est représenté en Piémont et le long
des Apennins par des marnes bleues et des sables calcaires dont les fos-
siles marins ont été décrits par Brocchi dans sa Conchyliologie fossile su-
bapennine. Les travaux de M. le professeur Bonelli amenèrent , il ÿ a dix
ans, une division paléontologique des couches tertiaires d'Italie. Cette
distinction , adoptée d’abord par MM. Lyell et Deshayes , est admise au-
jourd’hui par la plupart des géologues ; mais personne ne s’est occupé en-
core de mettre en rapport la différence de fossiles que présentent les deux
formations tertiaires du nord-ouest de l'Italie avec les caractères purement
géologiques de ces formations. Cependant les interruptions entre les divers
dépôts tertiaires sont tout aussi marquées sur le revers méridional des
Alpes qu'elles le sont dans le sud-est de la France : on peut s’en convain-
cre sur les collines de Superga , sur les pentes des Apennins et au pied des
Alpes.
(1) Annales des Sciences naturelles , tom, XVIII et XIX.
C.R, 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 24.) 112
( 820 )
» À Superga, les couches de la formation de la mollasse (2° étage ter-
tiaire), se relèvent autour de petites protubérances crétacées; et elles sont
recouvertes en stratification discordante par les marnes bleues de l'étage
tertiaire supérieur. La distinction géologique est tout aussi évidente au
pied des Apennins, dans la vallée de la Bormida où la mollasse est forte-
ment redressée, tandis que les marnes bleues sont presque horizontales ;
la même discordance se voit encore dans les environs de Tortone.
» Au pied des Alpes, les terrains tertiaires sont réduits à des lambeaux
séparés par les grandes vallées de la Doire, de la Sesia, du Tessin, etc.
A l’est du Tessin, les couches tertiaires paraissent, d’après leurs fossiles ,
appartenir à l'étage supérieur, tandis que les dernières pentes des Alpes
sont formées à Como et à Lecco par des couches qui font partie de la for-
mation de la mollasse. Il résulte de cette disposition qu’on ne peut point
constater au pied des Alpes le même genre de discordance qu'a Superga
et au pied des Apennins : mais il est tout aussi évident que le relief du
sol et la forme du bassin des mers avaient changé entre le dépôt des deux
terrains , car les couches, appartenant aux deux étages tertiaires , reposent
indifféremment sur les terrains secondaires. L'époque de cet événement
géologique se trouve, par ce seul fait, être la même que celle de la révo-
lution du globe qui a donné naissance à la partie occidentale de la chaîne
occidentale des Alpes.
» Un second événement dumême genre a eu lieu à la fin du dépôt des mar-
nes bleues et des sables calcaires qui les accompagnent. En effet, les cou-
ches de cette dernière formation sont aujourd’hui plus ou moins fortement
redressées à V’errua, à Plaisance, à San Colombano, à Maggiora, etc.;
partout elles s’enfoncent brusquement sous les terrains meubles qui re-
couvrent le sol de la grande vallée du P6; partout leur direction est sen-
siblement parallèle à la grande chaîne des Alpes (est-15 à 20° nord). Le
mouvement qui a redressé les marnes subapennines est donc antérieur au
dépôt des terrains meubles de la plaine de Lombardie; et puisque ce
mouvement est postérieur au dépôt des marnes subapennines, il se trouve
nécessairement contemporain du soulèvement de la partie orientale des
Alpes (entre le Saint-Gothard et l'Autriche).
» J'ai dit que ce mouvement était antérieur au dépôt des terrains meu-
bles de la plaine de Lombardie; c’est qu’en effet le transport de ces ter-
rains est le résultat du mouvement même qui a redressé les marnes su-
bapennines. Les eaux diluviennes qui débouchèrent de toutes les grandes
vallées des Alpes, lors de la dernière dislocation de cette chaine, démo-
( 821 )
lirent en grande partie les couches tertiaires du nord-ouest de l'Italie, et
les masquèrent ailleurs de manière à ne laisser apercevoir aujourd'hui
que des lambeaux isolés de ces couches. La masse de l’eau diluvienne dut
changer brusquement de direction à la rencontre des Apennins; sa force
de transport en fut tellement diminuée qu’une grande partie des détritus
que cette eau tenait en suspension mécanique dut tomber au fond, et
recouvrir de quelques pouces d’une vase grossière la surface des caillous
arrivés en même temps par les grandes vallées. Si les Apennins n’avaient
pas existé lors de cette débâcle, les caillous se seraient arrêtés seuls à
l’ouverture des grandes vallées alpines; les détritus moins volumineux
auraient continué vers la Méditerranée, et aujourd’hui les plaines fertiles
du Piémont et de la Lombardie ne seraient peut-être qu’une mer de
caillous comparable à la plaine de la craie, »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Réflexions sur les causes des explosions des ma-
chines à vapeur; par M. Darzu, membre de la commission de sur-
veillance des bateaux à vapeur de la Marne.
(Renvoi à la commission des rondelles fusibles.)
PHYSIQUE DU GLORE. — 7 raité de Météorologie; par M. Denis, 1° partie.
(Commissaires, MM. Arago, Savary.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Essai sur des machines mues par l'air chaud
joint à la vapeur; par M. Fixrpr.
(Commissaires, MM. Dulong, Poncelet.)
NAVIGATION. — Sur le tir à bord des navires avec des canons sans
bragues ; par M. LETOURNEUR, capitaine de vaisseau.
(Commissaires, MM. Dupin, de Freycinet, Rogniat.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mécanisme à l'aide duquel on peut retourner sur
le porte-objet du microscope, des corps de petite dimension qu'on veut
examiner successivement sous plusieurs aspects; par M. Manpz.
(Commissaires, MM. de Mirbel, Turpin.)
112,
( 822)
NAVIGATION INTÉRIEURE, — Æssai sur la navigation intérieure en Angle-
terre , accompagné dun tableau de la navigation intérieure du conti-
nent de l'Europe.
(Adressé pour le concours au prix de Statistique. )
Au mémoire est joint un billet cacheté contenant le nom de l’auteur.
STATISTIQUE, — Statistique raisonnée du paupérisme , etc. ; par M. Boyer.
(Adressé pour le concours de Statistique.)
ÉCONOMIE RURALE. — De Vemploi de la vapeur d'eau pour l'épuration des
huiles de graines, et spécialement des huiles de colza et de lin; par
M. DE GATIGNY.
(Commissaires, MM. Robiquet , Pelouze.)
MÉTÉOROLOGIE. — Résumé des observations météorologiques faites à la
Basse-Terre (Guadeloupe), pendant une période de dix ans, de 1828
à 1837 inclusivement ; par M. Dupuy.
— Tableau des observations météorologiques faites à Cherbourg pen-
dant l’année 1837 ; par M. LAMARCHE, capitaine de vaisseau.
— Tableau des observations météorologiques faites à Constantinople,
au collége des Lazaristes, pendant l'année 1835.
M. Arago fera connaître, s'il y a lieu, dans une des prochaines séances,
les principaux résultats qui se déduisent de ces observations.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Figure et description d'un nouveau moteur ; par
M. GAUTIER.
(Commissaires, MM. Gambey, Séguier.)
M. Boirror adresse une nouvelle copie d’un Traité d'arithmétique qu'il
avait présenté en 1829, et sur lequel il n’a pas été fait de rapport, par
suite du décès d’un des commissaires chargés de l’examiner, feu M. Le-
gendre.
(Commissaires, MM. Lacroix, Sturm.)
M. Divize pe CHaBrior adresse une seconde copie d’un Mémoire sur la
Navigation de l'Allier, la première ne s'étant pas retrouvée parmi les
papiers de MM. Navier et Girard, qui avaient été chargés d'en rendre
compte à l’Académie.
(Commissaires, MM. Dupin, Coriolis.)
( 83)
CORRESPONDANCE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Lettre de M. Luezic à M. le Président.
« Je crois rendre hommage à la dignité de l’Académie en lui adressant
directement et sans intermédiaire les observations et rectifications que je
dois faire aux communications qui se sont faites en mon nom, dans des
discussions élevées sur la découverte de la constitution de l'acide citrique.
Le récit exact des faits va satisfaire à toutes les prétentions et éclairer
cette affaire embrouillée, d’une lumière non équivoque. Je dois déclarer
d'avance que je n’entends nullement, par la démarche que je fais dans ce
moment-ci, discuter une question de priorité; ce serait une question trop
petite à mes yeux.
» M. Berzélius découvrit, il y a quatre ans, que les citrates de baryte et
de soude, exposés à une température de 150 à 200°, perdent 3 d'atome
d’eau de plus que ne comportait la constitution de l'acide.
» Ce fait remarquable, établi par un chimiste dont l'exactitude et l’ha-
bileté n’ont jamais été surpassées, excita l'attention de tous les chimistes. Un
grand nombre d’eux s’occupa dès ce moment de recherches pour trouver
une explication de cette anomalie. D'où venait-elle, cette eau? L’acide ci-
trique, jusqu'ici regardé comme anhydre dans ces sels, contenait-il de
l’eau toute formée, ou était-elle produite par l’action de la chaleur à cette
haute température sur les éléments de l'acide? Voici les questions à ré-
soudre. Si Les citrates avaient perdu 1 at. d’eau au lieu d’un tiers d’atome,
il n’y aurait pas eu de difficultés, c'était alors de l’eau de cristallisation.
Mais pour admettre de l’eau toute formée dans le citrate de soude séché
à 100, il fallait multiplier par trois l'atome de ce sel, pour faire rentrer
le phénomène dans les lois admises, pour faire d’une fraction un nombre
rond. On était par-là conduit à admettre dans les citrates un acide d’une
espèce tout-à-fait nouvelle, un acide dont 1 atome saturait 3 atomes de
base, qui formait des sels dans lesquels l’oxigène de la base était à l’oxi-
gène de l'acide dans le rapport de 3 : 11. Ce rapport était en opposition
avec l'expérience; il était une anomalie encore plus grande que la perte
d'un tiers d’atome d’eau qu'éprouvait un sel dont l'acide contenait de
loxigène et de l'hydrogène, c’est-à-dire les éléments de l’eau. Aucun
chimiste ne pouvait appuyer, ne pouvait soutenir cette hypothèse; il
n'en existait aucune analogie dans les combinaisons organiques. Aussi
( 824 )
aucun chimiste ne se hasarda à se prononcer publiquement pour cette
hypothèse.
» Nous connaissions au contraire une foule de phénomènes qui par-
laient tous en faveur de l’autre hypothèse , d’après laquelle, l’eau expulsée
au-delà de l’eau de cristallisation, par une élévation de température au-
dessus de 100°, que cette eau avait été formée des éléments de l'acide par
l'influence de la chaleur. On savait, par exemple, par les belles expé-
riences de M. Pelouze sur l’acide malique, que cet acide se décompose
à 150° en eau, en deux autres acides isoméres, en acide fumarique ou
équisetique, qui ne différent tous deux de l'acide malique qu’en ce qu'ils
contiennent un atome d’eau de moins. Le malate pouvait donc être repré-
senté par la même formule qu’un fumarate plus r at. d’eau.
» On savait en outre, par les expériences du même chimiste, qui confir-
maient celles que j'avais faites moi-même sur l’acide malique, que cet acide
possédait absolument le même poids atomique, la même composition que
l'acide citrique tel qu’il a été établi par M. Berzélius.
» Il était donc tout naturel de penser que la perte d’eau qu’éprouvaient
les citrates de soude et de baryte à 200°, provenait de la même cause qui
fit transformer l'acide malique en acide fumarique; qu’elle provenait donc
de l’action bien connue de la chaleur, que cette eau était donc formée
aux dépens des éléments de l'acide citrique. Voilà l'explication à laquelle
s'arrête le célèbre chimiste suédois : elle était appuyée par un raisonne-
ment logique et clair; de nombreuses analogies lui donnaient un carac-
tère de vérité tout-à-fait convaincante.
» M. Pelouze avait trouvé que non-seulement le citrate de soude et de
baryte, mais une foule d’autres citrates subissaient par l'influence de la
chaleur la même perte d’eau; M. Dumas trouva plus tard, en octobre 1837,
que le citrate d'argent séché à 130° dans le vide, avait la même composi-
tion que le citrate de soude à 150°. Il avait donc établi, pour sa propre
instruction, car ses expériences n’ont pas été publiées, que le vide
aidé par une température de 130°, produisait pour ce sel le même chan-
gement qu'une température plus élevée produirait dans le sel de soude à
la pression ordinaire. Il n’y avait dans cette expérience rien de surpre-
nant; l'effet du vide équivaut pour les matières volatiles, à une élevation
de température : c'était un effet bien connu. La solution du problème
était-elle trouvée à cette époque? Avait-on décidé et prouvé par des expé-
riences positives que l’eau expulsée des citrates était de l’eau de cristalli-
sation ? Nous allons le voir tout à l'heure.
( 825 )
» Je commençai en novembre 1837, un travail sur la constitution des
acides organiques, et je fus guidé dans mes recherches par une théorie,
émise pour les acides iodique et chlorique, par Davy; M. Dulong y avait
depuis long-temps attiré l'attention des chimistes par des réflexions pro-
fondes sur la constitution des oxalates. D’après cette théorie, pour chaque
atome d’oxigène renfermé dans une base qui se combine à un acide , deux
atomes d'hydrogène devraient étre éliminés sous forme de l'eau, ou, ce qui
est la même chose, chaque équivalent de métal entrant dans la composi-
tion d'un acide hydrogéné, doit remplacer dans la nouvelle combinaison ,
un équivalent d'hydrogène.
» Je devais donc examiner, pour appliquer la loi qui découlait de cette
théorie, cette classe d'acides dont on savait qu’elle possédait la pro-
priété de se combiner en plusieurs proportions avec des oxides métalliques,
ou, ce qui est la même chose, dans la composition desquels entrait
un ou deux atomes de métal. C'était donc la classe d'acides qui forme
des bi-sels et des sels dits basiques. Les acides cyanurique, tartrique, mé-
conique, appartenaient à cette classe. Il ne fallait qu'un travail de quinze
jours pour trouver qu’on avait ignoré jusque là la vraie composition des
cyanurates, tartrates et méconates; je trouvai que les acides cyanurique et
méconique forment trois séries de sels, à 1, à 2, à 3 atomes de base.
Pour chaque atome de base se combinant à l'acide, un atome d’eau était
expulsé et remplacé par l'équivalent de l’oxide métallique. Il en découlait
les faits remarquables que l'acide cyanurique dans de certains sels perdait
tout son hydrogène; que pour les quatre atomes d’oxigène dont les bases
entrent dans la composition de l'émétique, quatre atomes d’eau pouvaient
en être expulsés, sans que le sel éprouvât d'autre décomposition.
» Voilà donc, pour ces trois acides, la théorie de Davy coïncidant avec
l'expérience; j'étais obligé pour éviter des fractions d’atomes, et pour con-
former les faits avec la loi des proportions et la théorie atomique, à doubler
le poids de l'atome de l'acide cyanurique et méconique.
» On me demandera avec raison, quel rapport avaient donc ces re-
cherches avec la question des citrates? On se convaincra bientôt que le
rapport était des plus intimes.
» Je communiquai le 16 novembre les expériences que j'ai mentionnées,
et les conclusions importantes pour la chimie organique qui en décou-
laient, à M. Dumas; comme j'avais devant moi un champ immense et
fécond à exploiter, je l'invitai à y joindre ses talents, et de vouloir achever
ce travail en commun avec moi. L'Académie voudra juger si cette invita-
( 36)
tion peut venir d’un homme jaloux d’un avantage personnel, ou le met-
tant plus haut que le profit que la science pouvait tirer des efforts réunis
de deux chimistes. En recevant la lettre que j'écrivis à M. Dumas, avait-il
trouvé à cette époque la solution de la question des citrates ? I/Académie
en jugera par la réponse qu’il me fit à cette lettre; elle est datée du 24 no-
vembre :
« Je vais droit au fait, votre plan de travail est accepté sans hésitation :
» c'est un champ magnifique à exploiter. Ce que j'ai fait sur l'acide ci-
» trique va très bien avec ce que vous avez vu sur l’émétique. Faites moi
» le plaisir d'étudier le citrate de baryte, en le chauffant fortement, mais
» sans l’altérer. Je crois qu'il décidera la question. Je n'ai pas mes notes,
» ici, Chez moi , sans quoi je vous donnerais des nombres : il perd plus d'eau
» que Berzélius n’en a fait perdre. »
» Ainsi, pas de doute, le 24 novembre, M. Dumas attendait la solution
du problème des citrates, du citrate de baryte. Il n'avait donc pas trouvé
d'autre chose que le fait d’une perte d’eau encore plus considérable que
celle trouvée par M. Berzélius. Il se trouva encore plus tard, que cette dé-
couverte reposait sur une erreur. En répondant à cette lettre le même jour
où je la recevais, je lui disais que je n’avais pas besoin d'examiner le citrate
de baryte pour expliquer l’anomalie des citrates, que j'avais trouvé la so-
lution de ce problème. Voici de quelle manière j'y fus conduit,
» J'avais trouvé dans mes expériences qu'il était impossible de combi-
ner les acides cyanurique et méconique à 3 atomes de potasse, de soude, ainsi
à 3 atomes de bases très difficiles à réduire; que ces acides ne formaient de
sel'à 3 atomes de base, qu'avec l’oxide d’argent, le plus réductible de tous.
Nouvelle anomalie. La potasse est une base plus forte que l’oxide d'argent,
nous l’avions admis. Cette anomalie disparaissait d’après la théorie de
Davy; c'en était une conséquence toute naturelle. En admettant, en effet,
que l’eau remplacée par les oxides n’était pas contenue dans les acides
comme eau toute formée, mais comme hydrogène, il fallait bien que les
oxides basiques les plus réductibles éliminassent cet hydrogène de préfé-
rence à tout autre oxide. L’oxide d'argent devait donc être placé à la tête de
tous les autres.
» Je ne veux point Giscuter devant l'illustre corps de l’Académie l’ad-
missibilité ou la non-admissibilité de cette théorie, je l’ai fait dans un mé-
moire particulier qui simprime dans ce moment-ci dans les 4nnales de
Chimie; mais je dois lui soumettre la marche de mes idées et de mes expé-
riences, J'avais trouvé que dans le méconate d’argent le rapport de
( 827 )
loxigène de la base à Poxigène de l'acide était précisément et exactement
le même que celui dans les citrates, dans la supposition que le tiers d’a-
tome d’eau expulsé au-dessus de 100° füt de l’eau toute formée : c'était le
rapport de 3 : r1.
» Il fallait donc nécessairement conclure, si l’acide citrique appartenait
à la méme classe d'acides que l'acide cyanurique et méconique, que cet
acide devait former, dans ce cas, avec l’oxide d'argent un sel anhydre,
ayant, sans être exposé à l’action de la chaleur, la même composition que
les autres citrates à base plus difficile à réduire, ont à une température éle-
vée. Cette supposition se confirma par l'expérience. Il se trouva que le ci-
trate d'argent préparé et séché à la température de 100°, puis le même sel
séché à la température ordinaire, possédait une composition analogue aux
citrates de soude et de baryte exposés à 190°— 200°. Voilà donc une expé-
rience positive, une preuve évidente que la chaleur ne fit pas former de
l'eau aux dépens des éléments de l'acide citrique, en exposant un citrate à
une élévation de température , que cette anomalie était indépendante de la
température. La question d’où venait cette eau était donc résolue.
» Je fis part de mes expériences et de mon raisonnement à M. Dumas
(j'ai l'honneur de le faire remarquer à l'Académie), le même jour où il m'in-
vita à décider la question des citrates, par l'examen du citrate de baryte.
C’est de ce moment que ce célèbre chimiste fut déterminé à adopter le
point de vue qui m'avait conduit dans mes recherches. À ma demande, il
donna connaissance à l’Académie de mes expériences dans notre nom
commun, dans la Note lue le 18 décembre; M. Dumas y joignit les résultats
qu’il avait obtenus par l'examen d’un grand nombre d’autres citrates; ce
sont les seules des siennes qui s’y trouvent. Voilà un incident que je ne
pouvais prévoir, qui s'éleva relativement aux expériences de M. Dumas, sur
les citrates cités dans cette Note. Un membre de l’Académie auquel je suis
lié par une amitié étroite et sincère, et dont le caractère de probité est re-
connu par tous ses collègues et par tous ceux qui savent l’apprécier, ré-
clama de la part de M. Dumas les mêmes expériences sur les citrates
comme sa propriété; il demanda mon intercession auprès de M. Dumas
pour lui faire restituer ce qui lui appartenait. Il s'agissait d’analyses, de faits,
de formules communiqués ; à 100 lieues de distance du centre des débats,
il était impossible de séparer ce qui appartenait à l’un ou à l’autre. Je sui-
vais donc l'impulsion de l'amitié en appuyant auprès de M. Dumas la de-
mande de M. Pelouze, et en faisant tous les efforts qui étaient en ma dispo-
sition, pour faire réparer loubli, sans doute involontaire, dont on
C, R. 1818, 16° Semestre. (T. VI, N° 24.) 113
(828)
accusait M. Dumas. Ces expériences n'avaient aucun rapport à mon travail,
ou comme je dois dire, à notre travail commun; elles ne décidaient aucune
question , n’éclairaient aucun point obscur; il me paraissait tout-à-fait in-
différent de faire mention d’une seule ou d’ignorer toutes, à l'exception de
l'analyse du citrate d'argent que M. Pelouze n'avait pas faite, et qu’il ne ré-
clamait pas. M. Pelouze produisit à l'Académie mes lettres qui l’informaient
de mes démarches auprès de M. Dumas, et qui prouvent jusqu’à l’évi-
dence que je m'étais intéressé vivement et loyalement pour lui faire resti-
tuer ce qu'il réclamait comme sa propriété.
» Dans les séances du 7 et du 14 mai, M. Pelouze venait de prononcer une
réclamation formelle et publique de toutes les communications qu'il avait
faites à M. Dumas, des faits ou formules ou expériences qu'avait fait entrer
M. Dumas dans la note du 18 décembre, et qui n’étaient pas la propriété
de M. Dumas, qui n'étaient pas notre propriété.
»Je dois maintenant me prononcer aussi formellement sur la justice, sur
la justesse de cette réclamation. Elle embrassait deux points principaux :
» 1°. M. Pelouze réclamait-il des expériences, des faits qu’il avait trouvés
avant M. Dumas? des formules, des analyses? Cette réclamation était
juste; M. Dumas l'avait reconnu, il fallait la satisfaire sans délai.
» 2°. M. Pelouze réclamait-il encore, comme sa propriété, une opinion
qu'il s'était formée individuellement, c'était celle de regarder le tiers
d’atome d’eau dans les citrates, ete., comme de l’eau toute formée, comme
de l’eau de cristallisation.
» Cette manière d'envisager la constitution de l'acide citrique ne repo-
sait sur aucun fait positif trouvé par M. Pelouze, elle n’était aucunement
une conclusion tirée d'expériences, car elle pouvait être faite sans con-
naître les siennes ; elle pouvait être imaginée sans connaître d’autres expé-
riences que celles de M. Berzélius. Une réclamation d’une opinion indivi-
duelle ne pouvait avoir lieu devant l’Académie; telle qu’elle était donc
présentée, elle me paraissait et me paraît encore s'adresser à la décou-
verte de la constitution de l'acide citrique. M. Pelouze doit, en homme
d'honneur, se prononcer devant l’Académie même s’il réclame la décou-
verte de la constitution de l'acide citrique! Je la lui ai contestée, je la lui
contesterai non comme question de priorité, mais comme hommage à la
vérité; je la lui conteste avec la conviction intime que les expériences de
M. Pelouze ne pouvaient conduire à la solution du problème; c'était
l'examen des cyanurates, des méconates, l'existence enfin de corps ana-
logues qui l'ont décidée. Je suis pleinement persuadé que l'Académie par-
tagera cette conviction.
——_———— ne
( 829)
» J'avais employé tous les moyens pour empêcher M. Pelouze de faire
une réclamation; à mes yeux, une réclamation pour des expériences, cela
n’en valait pas la peine; je pensais que c'était au-dessous de la position
scientifique de M. Pelouze; une réclamation de la découverte de la vraie
constitution de l’acide citrique n’était pas soutenable de la part de M. Pe-
louze. Il en a pensé autrement. »
Remarques de M. Pecouze à l'occasion de la lettre de M. Liebig.
«Il y a dans la lettre de M. Liebig, plusieurs observations sur l’opportu-
nité et l'importance de ma juste réclamation contre M. Dumas : elles
expriment sincèrement l'opinion personnelle de M. Liebig. Sans la par-
tager je n'ai pas à m'occuper de la combattre.
» M. Liebig avait pensé que je m’attribuais la découverte de la formule
de l'acide citrique : telle n’a jamais été mon intention, et je l’ai dit très
expressément dans ma dernière note. J'ai réclamé des expériences de
déshyüratation, et une conséquence que j'en avais déduite. À cet égard
M. Liebig s’était laissé induire en erreur. Aujourd’hui, mieux informé, il
admet avec tout le monde la justice de ma réclamation; cela ne pouvait
manquer d’arriver, car mes analyses lui étaient connues depuis long-temps.
J'ai déjà dit qu’elles l’étaient également de plusieurs de mes honorables
confrères. J'ai eu l'honneur de déposer sur le bureau une lettre de l’un
d'eux, M. Thénard, qui atteste l'exactitude de ce que j’avance. »
On donne lecture de cette lettre dans laquelle M. Thénard déclare que
M. Pelouze lui avait communiqué , avant le mois d'octobre dernier , ses
expériences sur la déshydratation des citrates.
M. Cuevreur déclare de son côté que M. Pelouze Ini avait fait part, bien
avant le mois d'octobre, des résultats auxquels il était arrivé relativement
aux citrates.
Remarques de M. Dumas à l’occasion des communications précédentes.
« La note que l’Académie vient d'entendre et les explications données
par M. Pelouze me laissent peu de chose à ajouter.
» J’avais cru que lors de sa premiére réclamation, quand il parlait des
faits et de leurs conséquences, c’est à la formule de l'acide citrique que
M. Pelouze faisait allusion, et c’est dans ce sens que je lui ai toujours
répondu.
» La formule de l'acide citrique pouvait s'établir en montrant que tous les
113.
( 830 })
citrates offrent la méme composition, et c’est dans ce sens que j'avais di-
rigé mes expériences en m'attachant aux sels caractéristiques, comme le
citrate d'argent, que tout chimiste aurait naturellement choisi de préfé-
rence pour une analyse décisive. F
» M. Liebig a pensé qu’une seule analyse suffisait pour trancher la ques-
tion, celle du même citrate d'argent desséché à froid. Cette vue lui appar-
tient tout entière. Je préparais mon citrate d'argent à froid pour éviter
toute altération de la part de l’eau sur l’acide citrique, puis je le dessé-
chais dans le vide à 130°. M. Liebig a desséché le sien dans le vide à
froid. Son analyse prouve donc que, dès sa formation, le citrate d'argent
possède la composition que je lui avais trouvée et sans qu'on ait besoin
de lui faire perdre d’eau. »
ASTRONOMEE. — Vote de M. Madler, professeur à l'Université de Berlin ,
sur la forme d'une certaine région de la Lune.
«Le 2 mai dernier j'examinai une partie de la Lune, à l’aide de
la grande lunette de l'Observatoire royal de Berlin, et j'obtins l’esquisse
ci-jointe, représentant la contrée voisine de la tache Schroeter, très
près du centre de la partie visible (la position sélénographique du
centre de cette région étant 6° 36° lat. bor. et 7° 27’ long. austr.). Cette
partie est une des plus difficiles pour l'observateur, vu le grand nombre
et l'extrême petitesse des chaînes et collines qui la couvrent. Mon atten-
tion fut principalement dirigée sur une partie où se trouvent deux petites
chaînes d’une direction presque méridionale, liées entre elles par cinq
montagnes transversales. M. Gruithuysen avait annoncé, en 1824, qu'il y
avait observé plusieurs digues et une fortification artificielle qu'il attri-
buait aux sélénites. Ni M. Lohrmann, ni M. Beer, ni moi, ne fümes assez
heureux pour trouver ces forts détachés; mais l'on pouvait attribuer le
peu de succès aux instruments dont nous nous étions servis, instruments
bien inférieurs au nouveau réfracteur de 13 pieds, permettant une am-
plification de 5 à Goo fois avec une parfaite netteté des images. Un instru-
ment si puissant me semblait propre à dissiper les doutes.
» Les chaines ci-dessus mentionnées , forment des vallées fermées et tres
égales en forme et en grandeur, surtout quand l'ombre de la chaîne oc-
cidentale les couvre à moitié et cache ainsi les petites sinuosités irrégu-
lières formées par le contour du pied des montagnes; mais je n’y trouve
aucune analogie avec une ‘œuvre artificielle, et cette contrée n’est pas
( 831 )
la seule où les rangées ou rainures se montrent parallèles entre elles.
Comparez, par exemple, les alentours de Jules-César, d’Aristote, d Ukert
et de Capella, où ces formations se montrent facilement à cause de leurs
grandes dimensions.
» Le centreide cette contrée est le point le plus élévé. Nos mesures lui
donnent 390 toises de hauteur au-dessus du pied oriental de la montagne.
Quant aux autres points, aucun d'eux ne semble atteindre plus de 150
toises , et la plupart reste au-dessous de 100 toises. Les très petits, rangés
au nord de la montagne centrale, qui n'étaient visibles qu'avec la plus
grande difficulté, n’ont probablement que 15 à 20 toises.»
GEODÉSIE ET PHYSIQUE DU GLOBE. — Extraits de plusieurs lettres de M. Pent-
land à M. Arago, datées de la Paz (république de Bolivia).
« J'ai refait la mesure de l’Z/limani en me plaçant dans une station plus
favorable que celle où je m'étais établi en 1827. La hauteur totale, d’après
un calcul provisoire, s’est trouvée être de. . . . . . .... 7275 mètres.
» La hauteur de mes bases au-dessus du niveau de la mer était de
dures BTE « . 3997 mètres.
» J'ai déterminé barométriquement la limite inférieure des neiges per-
pétuelles sur les flancs occidentaux et méridionaux des Cordillières de ce
pays. Voici les résultats de quatre mesures :
4823 mètres.
4736
4782
4775:
» En 1827, j'avais trouvé cétte limité bien plus élevée sur les flancs N. E.
des montagnes. »
M. Pentland, que M. Arago avait prié d'examiner s’il serait possible de
mesurer un arc du méridien sur le plateau si élevé où se trouve le lac de
Titicaca , répond qu'il a parcouru une plaine dans laquelle la mesure
d'une base de 5 lieues ne présenterait aucune difficulté; que la triangula-
tion serait aussi très aisée à faire; qu’elle pourraït embrasser l’espace com-
pris entre 14° 4 et 19°; de latitude sud, à une hauteur moyenne de 3750
mètres ; que le général Santa-Cruz, président de la république Bolivienne,
a accueilli avec empressement les ouvertures de M. Arago, mais que l’état
politique du pays est en ce moment très peu favorable.
( 832)
mAGNÉTISME. — Sur une construction perfectionnée des aiguilles et des
barreaux magnétiques ; par M. Wirriam Scoresy.
Cette Note est le complément du Mémoire dont nous avons déjà
rendu compte dans le n° du 12 mars, page 310. Au lieu de se servir,
comme dans ses premières expériences, de lames d’acier faiblement trem-
pées, M. Scoresby les emploie aujourd'hui trempées de tout leur dur.
Cette substitution permet d’accroitre la force du système presque indéfi-
niment. Avec 72 de ces nouvelles lames superposées, M. Scoresby est
arrivé à une force triple de celle qu'il avait pu obtenir à l'aide des an-
ciennes combinaisons. Ce barreau, composé de 72 lames dont chacune
avait 15 pouces anglais de long, 1 pouce ? de large, et pesait 1075 grains,
soutenait, par son attraction, une clé en fer du poids de 129 grains, à
travers une planche de Æ de pouce d'épaisseur; une clé de 975 grains, à
la distance de # de pouce ; un fil du poids de 19 grains, plié sous la
forme d’un V, à la distance de 1 pouce #. V’ingt-quatre petites sphères
en fer, pesant de 18 à 75 grains, et formant dans leur ensemble une
longueur de 7 pouces Z, placées successivement sous l’aimant artificiel
de M. Scoresby, y restèrent suspendues comme les grains d’un chapelet.
Il est permis d'espérer que la découverte de M. Scoresby contribuera
au perfectionnement des instruments magnétiques.
MÉTÉOROLOGIE. — Chute de pluie par un ciel serein.
M. Warrmanx écrit à M. Arago que le 31 mai dernier, à 7 heures 2 mi-
nutes du soir, ilesttombé à Genève une pluie qui a duré six minutes, le ciel
étant parfaitement clair au zénith et aucun nuage ne s’apercevant dans le
voisinage de cette région. Cette pluie, dont la température était tiède, tom-
bait verticalement en gouttes d'abord assez grosses et assez serrées, mais
qui devinrent de plus en plus fines jusqu’à la fin. Un thermomètre centi-
grade placé au-dessus du sol, marquait dans ce moment +18°,15. La jour-
née avait présenté de fréquentes alternatives de pluie et de soleil.
PHYSIOLOGIE. — Expériences sur la Torpille.
M. Marreuccr, dans une lettre adressée à M. Dulong, annonce que de
nouvelles expériences qu'il vient de faire sur la torpille confirment pleine-
(83)
ment les résultats auxquels il était déjà arrivé relativement à l’inégale puis-
sance des diverses parties du cerveau pour produire des commotions; ainsi,
les hémisphères cérébraux peuvent être touchés, blessés et même enlevés
sans qu’il se produise de décharge; on en obtient, mais seulement lorsque
l'animal est très vivace, des couches optiques situées entre les hémisphères
cérébraux et le cervelet. Quant au quatrième lobe, on ne peut le toucher
sans qu'il donne la décharge, et l'effet se produit encore quelque temps
après la mort de l'animal; ce lobe enlevé, toute décharge cesse.
PHYSIQUE DU GLOBE. — 7remblement de terre du Chili.
M. Gay, dans une lettre adressée à M. Arago, donne des détails sur
plusieurs effets du tremblement de terre qui s’est fait sentir au Chili, le 7
novembre dernier. « Le fait le plus remarquable, dit-il, et qui semblerait
prouver que le mouvement a eu lieu dans une direction verticale, c'est
qu’un grand mât enfoncé de plus de 10 mètres dans la terrasse du fort de
San-Carlos et assujéti par trois morceaux de fer, a été si bien enlevé que
la terre des environs n’a laissé aucune espèce de mächure; le trou est
resté tout-à-fait rond et d’une régularité presque parfaite. »
Perturbations de l'aiguille aimantée. — Dans la même lettre, M. Gay
annonce que la boussole de variations diurnes a offert de grandes irrégu-
larités dans sa marche, le 17 et le 18 novembre 1835, à Valdivia aussi bien
qu’à Paris. La perturbation dans la marche de l'aiguille observée en France,
coincidait avec l'apparition d’une aurore boréale; y a-t-il eu de même
coïncidence pour le Chili entre les perturbations observées et l'apparition
d’une aurore australe? C’est ce que l’état du ciel, dans le lieu où se trou-
vait M. Gay, n’a pas permis de constater.
ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Æmploi de la gélatine comme aliment.
Le ConseiL D'ADMINISTRATION du Dépôt de mendicité de la ville de Lyon,
en adressant à l’Académi* un exemplaire du procès-verbal de la dernière
assemblée des souscripteurs électeurs, appelle l'attention sur le passage
suivant, relatif à un appareil pour la préparation de la gélatine alimentaire
monté dans l'établissement, avec l’aide et les conseils de M. d’Arcet.
« L'appareil, est-il dit dans ce passage, est aujourd’hui en pleine activité.
(834
Quels en seront les résultats financiers? nous ne pouvons les prévoir et
vous les faire connaître encore; au temps seul il appartient de nous fixer
à cet égard. Ce qui, dès à présent , est certain, c’est que le régime alimen-
taire des pauvres se trouve notablement amélioré par l’animalisation de la
soupe qui forme leur principale nourriture. »
M. Beur rappelle qu'il n’a pas encore été fait de rapport sur un Mémoire
concernant l'emploi du zinc dans les couvertures, adressé par lui en juil-
jet et novembre 1832.
A 5 heures moins un quart l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. A.
Erratum. (Séance du 11 juin 1838.)
Page 766, ligne 13, au lieu de æ—G, lisez à — à
( 835 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1° semestre 1838, n° 23.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco;
tomes 67; janvier 1838, in-8°.
Description des Machines et procédés consignes dans les brevets d'in-
vention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée;
tome 32, in-4°.
Treizième Supplément du catalogue des spécifications des brevets d'in-
vention , de perfectionnement ct d'importation ; année 1837, in-8°.
Annales maritimes et coloniales; par MM. Busor et Porrré; 23° année,
2° série, mai 1838, in-8°.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »’Orsieny; 34° livraison
in-/°.
Essai sur l'analyse physique des Langues; par M. Ackenmanv; Paris,
1838, in-8°.
Notice sur lOxalide de Deppe; par M. Henox; Lyon, 1838, in-8°.
Dépôt de Mendicité de la ville de Lyon. Assemblée de MM. les Sous-
cripteurs électeurs pour le renouvellement partiel des Membres du Conseil
d'administration ; 19 avril 1838, in-4°.
Esquisse d’un voyage dans la Russie méridionale et la Crimée; par
M. Déminorr; in-8°.
Essai sur la Statistique générale de la Belgique; par M. Heuscuuwe ;
1 vol. in-12. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique.)
Proceedings.... Proces-Verbaux de la Société royale de Londres;
n° 52, du 15 février au 5 avril 1838; in-8e.
Proceedings.... Procès-Verbaux de la Société royale d'Irlande;
n° 11, O et 25 avril 1838, in-8°, avec une liste des Membres de la
Société au mois d'avril 1838.
The quarterly Review; n° 122, avril 1838, in-8°, Londres.
The Athenœum; mai 1838, in-4°.
C. R, 1838, 1° Semestre. (T. VI, N° 24.) 114
( 836 )
Skizze.... Esquisse sur Alger considéré sous le point de vue médical;
par M. ScuonserG; Copenhague, 1837, in-8° (Cet ouvrage est adressé
pour le concours Montyon.)
Memorie... Mémoires de Physique expérimentale du professeur
Marian, écrits depuis 1856 ; première année (1837), premier fascicule ;
Modène, 1838, in-8°.
Rendicolto.... Compte rendu clinique pour les années académiques
1835—1836 et 1836—1837; par M. le professeur Sacero; Turin, 1838,
in-$°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ;
mai 1838, in-8°.
Journal de Chimie medicale ; juin 1838, in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juin 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 23, in-4°.
Gasette des Hôpitaux ; tome 12, n°* 68 — 69, in-4°.
Écho du Monde savant ; 5° année , n° 341.
L’'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie, n° 43—44, in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 JUIN 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Remarques de M. Potssow, à l’occasion d'un rapport lu à la
séance précédente sur un Mémoire relatif à l'attraction des ellipsoïdes.
« Par des considérations géométriques, fondées sur les propriétés connues
de l'ellipse, Maclaurin a déterminé, le premier, l'attraction d’un ellipsoide
homogène sur un point de sa masse ou de sa surface , et étendu cette
détermination aux points extérieurs situés sur le prolongement de l'un
des axes de figure. En appliquant, aussi le premier, l'analyse à cette ques-
tion (1), Lagrange en a déduit les résultats obtenus par Maclaurin, et n’est
pas allé plus loin: Dans un ouvrage sur le mouvement des planètes, pu-
blié en 1784, aux frais du président de Saron, Laplace a étendu la règle
de Maclaurin pour les points extérieurs , aux points situés en dehors des
axes de figure, et il en est résulté ce théorème : les attractions exercées
sur un même point extérieur par deux ellipsoïdes homogènes, qui ont les
(1) Mémoires de l’ Académie de Berlin, anvées 1773 et 1775.
C. R. 1838, 17 Semestre. |T. VI, N° 95.) 119
(838)
mêmes foyers, sont éntre elles comme les masses de ces deux corps et
dirigées suivant la même droite; mais la démonstration qu’il en a donnée,
et qu'il a ensuite transportée dans le II° livre de la Mécanique céleste, est
extrémement compliquée. M. Yvori, en 1812, a démontré trèssimplement
cette proposition, ou plutôt il l’a déduite d’un autre théorème, qui lui ap-
päntient ; sur Aa comparaison dès attractions exercées au dehors, à des
attractions exercées au dedans. Ce beau théorème ne laisse rien à désirer,
lorsque Fon se propose de réduire ces attractions les unes aux autres ;
mais sous le rapport du calcul intégral, la question reste tout entière, rela-
tivement aux attractions extérieures. Les composantes de l'attraction d’un
corps homogène, de forme quelconque, se réduisent immédiatement à des
intégrales doubles, dépendantes de là forme du corps et de la position du
point attiré; pour un ellipsoide à trois axes inégaux, ces formules se
réduisent ensuite , dans le cas d’un point intérieur, à des intégrales simples
que l’on peut calculer au moyen des fonctions elliptiques; mais dans le
cas des points extérieurs, elles présentent de bien plus grandes difficul-
tés; et faute de pouvoir les réduire directement à des intégrales simples ,
on s’est borné pendant long-temps à tâcher de ramener le second cas au
premier. Dans les Mémoires de l’ancienne Académie des Sciences pour
l'année 1788, Legendre s’est proposé de surmonter et non pas d’éluder la
difficulté de calcul intégral relative à.ce second cas; mais l'analyse dont il
a fait usage pour y parvenir était vraiment inextricable: il a bientôt re-
connu lui-même qu’elle ne pouvait pas le conduire au but qu'il voulait
atteindre (x), si ce n’est dans le cas particulier et plus facile à traiter, où le
point attiré est compris dans le plan de l’une des sections principales de
l'elipsoide; et pour le cas général , il s’est contenté de donner une dé-
monstration du théorème de Laplace, encore plus compliquée que celle de
l'auteur.
» Lies choses en étaient là, lorsque je me suis occupé de ce problème, à
la fin de 1833 (2). J'eus alors l’idée de partager l’ellipsoïde en couches
infiniment minces , concentriques el semblables; c’est ce qu'on n'avait
point fait encore, et ce qui me conduisit à la solution complète de la ques-
tion. J'abandonne mon analyse au jugement des géomètres ; mais, Je ne
crains, pas de le dire, soit qu'on ait-recours à des méthodes analytiques,
ou à des procédés géométriques, comme on voudra les appeler, on ne
A ——_—_—_—_—]_—_—_—_—————————_———————" —_—_————————————————
(1) Page 480.
(2) Mémoires de l'Académie des Sciences, tome XIH:
( 839)
parviendra jamais qu'au moyen de cette décomposition, à réduire à des in-
tégrales simples, les intégrales doubles que l'on a à considérer dans ce pro-
blème. En effet , les composantes de l'attraction de chaque couche sur un
point extérieur, s'exprimant sous forme finie} ainsi que je l’ai trouvé,
celles de l'attraction de l’ellipsoïde ont pour ‘expressions des intégrales
simples, soit quand l’ellipsoïde est homogène, soit quand sa densité varie
d’une couche à une autre, suivant-une loi donnée.
» Peut-être qu’en rendant compte d’un Mémoire dont l'auteur a effective-
ment suivi cette marche qui pouvait seule le conduire au résultat (1), au-
rait-on pu mentionner le titre de l’ouvrage où le principe essentiel de la
décomposition de l’ellipsoïde én couches concentriques et semblables,
avait été employé pour la premiére fois, et où le problème se trouvait,
aussi pour la première fois, complétement résolu. Si j'eusse assisté à la
lecture du rapport, sans m’opposer aux conclusions , j'aurais adressé cette
observation à MM. les Commissaires (2), en me réservant de la dévelop-
per dans une note, comme je le fais aujourd’hui; et je leur aurais aussi
rappelé que M. Steiner, dès qu’il eut connaissance du théorème sur l'at-
traction d’une couche elliptique, auquel j'étais parvenu, a donné, dans
le journal de M. Crelle (3), une démonstration géométrique de la partie
relative à la direction de la force, suivant l'axe du cône tangent à la couche
et ayant son sommet au point attiré.
» Si quelqu'un se fût avisé de différentier les expressions que Laplace
a donné le premier, des composantes de l'attraction d’un ellipsoide sur
un point extérieur, en faisant varier les trois axes suivant un même rap-
port, il aurait vu que les intégrales disparaissent dans le résultat, et que
les composantes de l'attraction d’une couche elliptique s’expriment sous
forme finie. Cette remarque, que je n’ai faite qu'après coup, aurait mis sur
la voie de la solution directe du problème, en montrant que pour réduire
les intégrales doubles à des intégrales simples, il suffisait de déterminer à
priori, en grandeur et en direction, par des considérations géométriques
ou par l'analyse, l'attraction sur un point extérieur d’une couche infini-
ment mince, comprise entre deux surfaces elliptiques semblables. Par là,
on aurait aussi reconnu la possibilité d’étendre ces intégrales simples au
cas de l'ellipsoide hétérogène; extension dont on verra des exemples cu-
(1) Compie rendu de la dernière séance.
(2) L'usage de l'Académie est de n’adopter que les conclusions des rapports.
(3) Tome XII, page 241.
210
( 84o )
rieux, fondés sur les formules de mon Mémoire, dans la Connaissance
des Tems pour l'année 1837, qui a paru en 1835.
» Je termine en faisant remarquer linexactitude de la phrase du rap-
port, où il est dit que l’auteur du Mémoire démontre que deux couches
ellipsoïdales dont les surfaces externes ont les mêmes foyers, attirent um
même point extérieur, suivant une même direction et avec des forces pro-
portionnelles à leurs masses. Cela ne suffit pas : encore bien que ces cou-
ches soient infiniment minces, leurs surfaces internes influent néanmoins
sur la direction et le rapport de leurs forces attractives. »
La lecture de cette Note donne lieu à quelques observations de
M. Poinsot.
M. Poisson répond; la discussion se termine par quelques nouvelles re-
marques de M. Poinsot.
PHYSIQUE marmémaTIQuE.— Sur les hauteurs relatives des signaux terrestres,
conclues de leurs distances zénithales réciproques ; par M. Bior.
« Dans les grandes opérations géodésiques, les hauteurs relatives des
signaux se concluent de leurs distances zénithales réciproques, observées,
ou censées observées, par couples, au même instant. L’angle compris au
centre de la sphère osculatrice , entre les verticales des deux stations, étant
connu, l'observation simultanée donne immédiatement la somme des deux
réfractions partielles qui affectent ces distances. Mais, comme cela ne dé-
termine pas la valeur isolée de chaque réfraction, on suppose celles-ci
égales entre elles. En corrigeant, d’après cette hypothèse, Les distances zé-
nithales apparentes, on obtient les trois angles du triangle vertical formé
au centre de la sphère osculatrice; d’où l’on déduit la différence des dis-
tances de ce centre à chaque signal, qui est la différence de niveau cher-
chée.
» L'égalité supposée des deux réfractions ne peut pas être vraie en géné-
ral. 11 doit même arriver bien rarement qu’elle existe et qu’elle soit exacte.
L'erreur a pu paraître de peu d'importance quand on ne voulait que ré-
duire à un niveau commun des réseaux de triangles, étendus sur la surface
terrestre, dans des plans toujours trés peu inclinés à chaque horizon.
Mais on ne peut plus la négliger, ou du moins il faut pouvoir s’en rendre
( 841 )
compte, quand on veut déduire de ces opérations la vraie hauteur relative
de deux points situés aux extrémités de la chaîne; par exemple, celle de
l'Océan et de la Méditerranée en traversant la France; celle de la mer
Caspienne et. de la mer Noire en franchissant le Caucase; celle de l'Océan
atlantique et du Pacifique à travers l’isthme de Panama. Ces détermina-
tions qui, de notre temps, ont acquis un si grand intérêt par les consé-
quences géologiques qui s’y rattachent, exigent maintenant des géomètres
l'appréciation précise d’un élément qui y concourt, et qui n’a été jusqu'ici
qu'hypothétiquement évalué.
»Or, pour cela, on ne peut pas s’aider de quelque forme particulière de
constitution atmosphérique , que l’on supposerait plus ou moins conforme
aux réalités. Les trajectoires lumineuses, sur lesquelles on observe, sont ici
toujours comprises dans les couches inférieures de l'atmosphère, où la dis-
tribution des pressions, des températures, et de la vapeur aqueuse, éprouve
le plus de variations. La question, si elle est résoluble, ne peut donc
l'être que par les considérations les plus générales. C’est ce qui n’a pas
échappé à l’auteur de la Mécanique céleste, comme on le voit à la fin du
chapitre 2 de son X° livre, où il entreprend de calculer les réfractions des
signaux terrestres. Car, après avoir essayé le décroissement des densités en
progression arithmétique, et supposé, pour ce cas, les réfractions partielles
égales entre elles, afin d'atteindre les plus petites hauteurs apparentes, il
abandonne ces hypothèses trop restreintes , lorsque les hauteurs devien-
nent un peu plus considérables; et il développe alors l'équation différen-
tielle de la trajectoire lumineuse, sans rien supposer sur la constitution des
couches aériennes, en admettant seulement la centralité de la force qui
sollicite l'élément lumineux, et bornant le développement aux limites de
hauteurs nécessaires pour la convergence des séries. Après quoi il emploie
ce développement général pour calculer approximativement la hauteur re-
lative des signaux, en fonction d’une seule distance zénithale apparente et
de l’angle au centre compris entre les deux extrémités de l'arc; ce qui
exige que l’on y connaisse aussi le rapport des pressions. Mais si, au lieu de
recourir à l'équation différentielle , il eût considéré seulement la condition
plus générale encore, qui exprime le caractère central de la force en quan-
tités finies, il aurait vu aisément qu’elle suffit dans tous les cas, et qu'il n’y
a aucune intégration à faire lorsque les deux distances zénithales récipro-
ques sont données par des observations faites simultanément. C’est même
ce qui lui est arrivé quand il a voulu déterminer la dépression de l’hori-
zon de la mer, l’une des distances zénithales se trouvant alors donnée par
(842)
la condition de tangence; ce qui, pour ce cas, l’a dispensé aussi de toute
intégration.
» Quelle que soit la constitution actuelle des couches d’air qui séparent
deux signaux terrestres, pourvu qu'elle soit la même sur tous les rayons
de la sphere osculatrice en cette partie de la Terre, l'observation simulta-
née des distances zénithales réciproques, jointe aux indications du ther-
mometre et du baromètre dans les deux stations , suffit pour calculer
rigoureusement leur différence de hauteur, en partie du rayon mené de l’une
d'elles au centre. Inversement, si le rapport des rayons est donné, ainsi que
les conditions météorologiques extrêmes, une seule distance zénithale
étant observée, l’autre s'en déduit.
» Ces relations ont lieu en termes finis, et ne renferment pas l'angle com-
pris au centre de la sphère entre les verticales des deux stations. Si cet
angle est connu, avec les données précédentes, on peut, outre la diffé-
rence de hauteur des signaux, déterminer la somme et la différence des
réfractions partielles qui s’y produisent; conséquemment connaître cha-
cune de ces réfractions.
» Il n’est pas même nécessaire que les couches d’égal pouvoir réfringent
soient actuellement en équilibre. Elles peuvent avoir un mouvement de
translation horizontal, ou plutôt concentrique à la sphère osculatrice.
Pourvu que la vitesse de ce mouvement soit infiniment petite comparati-
vement à celle de la lumière, condition toujours remplie dans le trans-
port de l'air par les vents, le théorème ci-dessus énoncé aura encore lieu.
Il n’est assujéti qu'a la centralité de la force, condition générale de la
théorie des réfractions.
» La démonstration en est tres simple; et les formules auxquelles :1l
conduit sont aussi faciles, ou même plus faciles, à calculer numériquement
que les formules ordinaires , fondées sur l'hypothèse de l'égalité des deux
réfractions qui ont lieu à chaque signal.
» Considérons deux points M’, M" situés sur une même trajectoire lumi-
neuse. Supposons M’ dans une couche dont la densité soit p', le pouvoir
réfringent #’, et r' la distance au centre de la sphère osculatrice à la Terre
dans cette région. Appelons v’ l'angle que 7’ forme avec la tangente de la
trajectoire en M’. Ce sera la distance zénithale apparente de M" observée
en M’, et que nous nommerons Z’, ou bien ce sera son supplément. Em-
ployons pour M" des dénominations analogues affectées de deux accents.
Cela posé :
( 843 )
» La vitesse de la lumière en M! sera V/1+4#'p!, cette vitesse dans le
vide étant r. Si, du centre de la sphère, qu’on suppose être aussi celui des
couches aériennes, on mène une perpendiculaire sur la tangente de la
trajectoire. en M', la longueur de cette perpendiculaire sera 7’ sinw'. Les
quantités analogues pour M” seront Vi4 K'p",r'sins”. Or, dans tout
mouvement soumis à une force centrale, les vitesses en deux points quel-
conques de la trajectoire sont réciproques aux perpendiculaires menées
du centre des forces sur les tangentes. Cette condition générale donnera
donc ici:
r'sinv WTE ARE — rsnw Vi+A4Kr.
En outre, si l’on suppose, par exemple, M" plus élevé que M’, on aura
v'=Z, et: v"—180°— Z#,
Consequemment, dans tous les cas,
r'sinZ"Vr+4ke = r'sinZ Vri+4kr. (1)
La
» Les pouvoirs réfringents actuels kp°,k"fp”, se concluent des observa-
tions météorologiques faites dans les deux stations. Si, en outre, Z'et Z"
à r' | à k É
sont observés, le rapport 7 sera défini par cette relation, et l’on en dé-
duira la différence r'—r' en fonction de r’ ou de r”. Ce sera la différence de
niveau -cherchée. Inversement : si cette différence est donnée avec les cir-
constances météorologiques, et une seule des distances zénithales, on
trouvera l’autre. Il ne s’agit plus que d’opérer ces déductions, de manière
que les calculs numériques puissent se faire avec facilité.
» Cherchant d’abord la différence de niveau, je prends pour inconnue
: TT, k if
la fonction Fri et, la représentant par x, j'ai
Mr : 1+x
—— = zx d'où r"=7r be
HT (1— x)
Ceci substitué dans (1), donne
__ sin Z Vi+4Ær —sin Zik
sin Z V1 +4 Ke — sinZ" Vi +4 ke
Je fais maintenant
es sinZ'—sinZ __tang:(Z"—2) , VILA Er — Vi Ke
U sinZ—sinZ tang 5 (242) it ke + Vita re
( 844 )
ce qui revient à
- 2 k'p—a k°p"
Tirant, de la première, sin Z' en sin Z', puis substituant dans x; il
vient
@
/
@ — 4
TE $
7
1 — où
On va voir que w et w' seront toujours des quantités individuellement
tres petites et très faciles à calculer.
» D'abord, quant à &, pour y mettre ces conditions en évidence, j'in-
troduis les hauteurs apparentes réciproques, qui seront toujours trés pe-
tites, et que je nomme à’ et &”. C'est-à-dire que je fais généralement
Z'= go — 5; Z'— 90° — à”;
chacun des angles ?, à” sera positif, quand l’objet auquel il s'applique
sera vu au-dessus du plan horizontal de l'observateur. Il deviendra, au
contraire, négatif quand il y aura dépression. Cette transformation intro-
duite dans & donne
Te : pe 5
œ — tang ä (à — à!) tang = ( + cr);
Ce qui vérifie déjà ce que j'en ai annoncé.
» Quant à !, on voit, par son expression même, qu'il est tres petit de l’ordre
des pouvoirs réfringents. Jusqu'ici, j'ai désigné ces pouvoirs par des lettres
différentes, comme je l'ai fait dans mon Mémoire sur les Réfractions , pour
montrer que la même marche et les mêmes formules s’appliqueraient en-
core à un milieu où le pouvoir réfringent varierait sur chaque rayon d’une
manière quelconque, indépendamment de la densité. Cela n’a pas lieu
ainsi dans l'atmosphère terrestre, parce que le mélange de gaz permanents
et de vapeur aqueuse qui la constitue, ne varie de composition que par la
quantité de cetie vapeur qu'il renferme ; et qu'en outre, sous une même
pression , et pour une même température, le mélange humide réfracte tou-
jours sensiblement comme l'air sec. On peut donc, dans l'expression de
&', faire k' et 4" égaux entre eux, et leur substituer le pouvoir réfringent 4
de l'air sec, en prenant pour p’ et £” les densités qu’aurait ce même air sec,
sous les conditions barométriques et thermométriques des deux stations,
quelle que puisse être d’ailleurs la proportion de la vapeur aqueuse dans
chacune d'elles. Avec ces modifications on aura
( 845)
= 2k (pe — 6") SOS oise
KE: + 2k (PF + p") ze VIH ARE HP) 166 ep"
@
» D’après les expériences que nous avons faites autrefois, M. Arago et
moi, si l’on prend pour unité de densité celle de l'air atmosphérique sec,
à la température de la glace fondante , et sous la pression d’une colonne
de mercure de 0",76 à cette même température, dans un lieu où la gra-
vité soit g,, tandis qu’elle est G à l'Observatoire de Paris » ON aura pour ce
lieu de la Terre
4k = 0,000588768. &.
Alors, dans ce même lieu, à la température £, sous la pression d’une co-
lonne de mercure À réduite à o°, et animée de la gravité g,, la densité p de
l'air sec sera
k
FER 0®,76 (1 +. 0,00375)
Il faudra donc l’évaluer ainsi dans les deux Stations, d'après les valeurs de
t et de } qu'on y aura observées; puis, en multipliant par 4, on aura les
valeurs des pouvoirs réfringents kp', kp"” qui entrent dans w.
» Par exemple, si l'on se borne à tenir compte de ces pouvoirs, jusques
et y compris leurs secondes puissances, on aura simplement
; k(e —")
, ÉEUE
1H 2H)
Ceci suffit pour faire voir avec quelle facilité &/ peut être calculé numéri-
quement dans tous les degrés d'approximation. Joignant donc sa valeur
numérique actuelle à l'expression de © en ?’ et à”, on aura
x) ÿ ss a'—tangi(—;) tang (à + :")
( UE. lang (£ —?#) tang L( +7)’
de sorte que x sera également facile à déterminer.
: de. AS , UT :
» Maintenant, cette quantité étant égale à F7 0n en tirera l’une ou
l'autre de ces expressions
Z £
— r = or, 5 MN Elo te,
1— x 1+ x
lesquelles se calculeront également avec la plus grande facilité: On em-
C. R. 1838, 127 Semestre, (T. VI, N° 25.) 116
( 846 )
ploiera la première quand on connaîtra r'; la seconde quand on connaîtra
r. Mais, dans les opérations réelles , r" — r' est toujours une si petite
fraction de ces deux quantités, que l’on peut toujours les remplacer dans
les seconds membres des équations précédentes par le rayon moyen de la
Terre, dont la valeur en mètres est 6366198.
» Je viens maintenant au cas, où , connaissant r —r' en r' ou 7",avec une
des distances zénithales apparentes Z' ou Z", on veut déduire l’autre de l’équa-
tion (1). Pour faire ce calcul exactement, et avec facilité , si Z', par exem-
ple, est la distance zénithale connue, il faudra chercher un angle auxiliaire
V'tel qu'on ait
on le trouvera facilement par sa cotangente, car on a:
: A sa € r"2 2 r'2 r"2 (4k"e" ES 4ke)
CHA = 7 + 7 RETE CT TTNEN
Chacun des termes du second membre est très facile à calculer, à cause de
la petitesse des pouvoirs réfringents, et de la différence de niveau 7” — r".
L'angle V' étant connu, l’équation (1) donnera
ne
cot’°Z" — ns + cot‘Z’,
expression dont les deux termes sont pareillement trés petits et facilement
calculables. Cette transformation est la même que j'ai employée, et appli-
quée au calcul numérique, dans la Connaissance des Tems de 1839,
page 78 de mon Mémoire sur les Réfractions.
» En nous limitant à la constitution réelle de l'air atmosphérique, Æ" et k
deviennent tous deux égaux au pouvoir réfringent k de cet air supposé
sec, pourvu que l’on calcule, comme ci-dessus, les densités p' et p” dans
la même supposition. Si l'on introduit de plus, au lieu de Z' et Z', les
hauteurs apparentes 7’, à”, les expressions précédentes deviendront :
PL Fr — ‘4 r"2 4K(e" Es e)
: cot’V' ss
tang’ 2 — Tor + tangé.
Si, dans ces équations, l’on suppose #’ nul, à” sera la dépression de l'ho-
rizon de la mer, et l’on retombe, pour ce cas, sur la même expression
que M. Laplace, a trouvée, livre X, page 281.
(847)
» Examinons enfin ce que pourra ajouter à ces résultats la connaissance
de l’angle au centre compris entre les verticales des deux stations, angle que
je désignerai par V. Si l’on désigne par d”, d”, lesréfractions partielles qui
affectent la vision à chacun des signaux, et que l’on nomme comme nous l’a-
vons fait i’,i", les hauteurs apparentes réciproques, en laissant toute
liberté à leurs signes propres, on aura d’abord cette relation connue
NM LE LV. (2)
» Ce n’est encore que la somme des deux réfractions partielles. Pour
les séparer, je considère le triangle vrai formé par r' et r” avec la corde
rectiligne qui les joint. Les distances zénithales vraies de cette corde se-
ront Z'+ d’, Z'+ 4"; et comme elles sont les suppléments des angles
opposés , dans le triangle, aux côtés r", r’, on aura
(3) r'sin(Z" + d"') = r'sin(Z + d"),
Je traite cette équation comme j'ai traité (1); c’est-à-dire que je fais éga-
lement
M —r
r + 7"
substituant, et mettant au lieu des distances zénithales Z’, Z", leurs valeurs
générales 90° — ’, 90° — i”, il vient
= ZT;
x = tangi (à — à + 2 — d').tang!(i + — à — à),
ou, en se servant de l’équation (2),
(ZX) æ—=— tangiV. tangi(é — 2 + à — à"),
» Voilà tout ce que donne l'observation des distances zénithales récipro-
ques, jointe à la connaissance de l'angle au centre V, quand on n’y fait
pas concourir les observations du baromètre et du thermomètre dans les
deux stations. Cette expression de x contient inévitablement la différence
d" — J" des deux réfractions, que l’on y suppose ordinairement nulle,
par une hypothèse inutile et inexacte. Ici nous pouvons facilement ap-
précier cette différence; car l’inconnue auxiliaire x étant identiquement
la même que nous avons déjà employée plus haut, il n’y a qu’à égaler ses
deux expressions entre elles, et en déduire tang1(Jd”— J") qui sera ainsi
donné linéairement.
» Pour faciliter cette déduction, je fais
Nov TO 00), OL EU hay:
( 848)
sur quoi il faut remarquer que, lorsqu'il n’y a pas de réfraction,
CV + i + à) ou vi, est nul en vertu de l'équation (2); de sorte que
cet l'angle est de l’ordre de la réfraction comme &'. Cela posé, en sépa-
rant autant que possible les quantités de cet ordre, et celles qui sont in-
dépendantes de la réfraction, je trouve
: tang v 7
tang tano’d it A 2 (0
L ang(v + 2) tang/à + o'tang (1 —tang i tang v) cos" à tangi ( )
& (1 + tang’d tangi tang v)
1 — laugi tang É
= tang d tang (v + 1) +
» On aura donc ainsi la différence, exacte et complète, des deux
réfractions, laquelle est exprimée ici par d'—4J", lorsque les quan-
tités qui entrent dans cette équation seront observées. Par-là on poürra
évaluer l'erreur que lon commettait en supposant cette différence nulle.
Par exemple, la somme des deux réfractions pourrait se trouver nulle
dans l'équation (2), ce qui rendrait + à nul, sans que pour cela d'—J"
fût nul; car, pour qu'il le fût, il faudrait que © se trouvât aussi nul dans
le cas particulier dont il s’agit. Au reste, cette détermination semble ne
devoir plus être que de pure curiosité, puisqu'on ne cherche ordinaire-
ment les réfractions que pour obtenir les différences de niveau, que l’on
calculera plus aisément et plus directement par l'équation (1) sans em-
ployer l'angle au centre. »
vuysique. — Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pouvoirs ‘rayon-
nants et absorbants de l'atmosphère, et sur la température de l'espace ;
par M. Pourczert.
La lecture de ce Mémoire n'ayant pas été achevée dans cette séance,
et devant se continuer dans la suivante, l'analyse du tout sera donnée
dans notre prochain Compte rendu.
M. Bory De Saint-VincenT fait hommage à l’Académie, en son nom et
de la part de son collaborateur, M. Chaubard, d’un volume in-folio, inti-
tulé Nouvelle Flore du Péloponese et des Cyclades. H présente, à cette
occasion, les considérations suivantes sur la géographie botanique des ré-
gions orientales de l'Europe, ainsi que du bassin méditerranéen.
«Le premier catalogue des végétaux de la Hellade, compris dans notre
grand ouvrage de la Commission scientifique de Morée, ayant attiré sur les
( 849 )
productions végétales de cette contrée l'attention de beaucoup de bota-
nistes , la plupart des voyageurs qui visitèrent après nous quelques parties
de la Grèce, se sont empressés de nous faire part de leurs découvertes ;
et par le résultat de leurs herborisations, le nombre des plantes recueillies
sur le sol que nous avions visité s’est élevé de r,550, où nous l’avions porté
à 1,821. Il s’en trouve encore dans ce nombre de nouvelles que nous avons
dû faire connaître et figurer.
» Mon compatriote, M. Chaubard, ayant bien voulu une seconde fois
joindre ses efforts aux miens pour la composition de la Ælore nouvelle d'un
pays mieux exploré, S. M. le roi de la Grèce a manifestéle désir de voir son
nom placé en tête de l'ouvrage, nous nous sommes empressés de lui en
adresser hommage.
» Il résulte de l'examen de la présente Flore qu’en éliminant du cata-
logue des plantes qu'on y trouve, les Anabaina monticulosa , Oscillaria
Adansonü , Oscillaria urbica, Nematoplata arcuata, Diatoma bidulfia-
num , Diatoma obliquum et Achnantes Vexilum, productions ambigués
appartenant au règne intermédiaire dont je proposai l'établissement sous
le nom de Psicropraire; il résulte, dis-je, que 1,620 espèces appartenant
à 99 familles sur 1,821, en tout réparties dans 118, sont phanérogames. En
supprimant de ce nombre les végétaux qui ne sont pas évidemment indi-
gènes, les hespéridées, les méliacées, les cactées, les sésamée, et les pal-
miers disparaissent; ce qui réduit à 94 les familles à sexe évident dans le
Péloponése, les Cyclades et l’Attique; et comme dans la famille des cucur-
bitacées le nombre des espèces propres au sol n’est que de deux, il se trouve
11 familles composées de deux plantes seulement, et 15 qu’une seule re-
présente sur la terre classique : dans leur ordre de richesse, trois passent
100, savoir: celle des légumineuses, qui est la plus forte et qui en com-
prend 183, puis celle des synanthérées ou composées, où nous en avons
compté 175; enfin celle des graminées, au nombre de 1 17. Dans une série
décroissante on trouve les labiées portées à 90, les crucifères à 80,
les cariophyllées à 65, etles ombellifères à 67. Sept famillesseulement comp-
tent ensuite 40 ou un peu plus de 30 espèces, savoir : les renonculacées au
nombre de 4», les scrophulariées de 40, les asphodélées de 39, les cypé-
racées et les borraginées également de 38 » les orchidées de 37, et les rosa-
cées de 35.
»On voit par cet apercu que les cryptogames et les agames, qui ne vont
qu’à 20r, sont à peu près au reste de notre Ælore comme un à neuf. Les
monocotylédones s'élèvent à 3017 > ‘et les dicotylédones plus nombreux,
( 850 )
comme ils le sont partout ailleurs, à 1,319. Parmi les légumineuses sont les
genres les plus forts en espèces : le seul Trifolium en comprend 28, puis
V'icia 18, Medicago 17, Lathyrus 15, Lotus 13, Astragalus 12, et Ononis
11. Les euphorbes sont au nombre de 21, les silènes de 22, les géraniers
et les renoncules chacune de 19, etc. 63 genres parmi les acotylédones,
23 chez les monocotylédones, et 151 entre les dicotylédones n’en comp-
tent qu’une.
» La flore grecque offre donc le plus grand rapport quant à sa compo-
sition avec les flores de l'Italie méridionale et de la Bétique. Comme dans
celles-ci, il s'y mêle aux végétaux de notre Europe plusieurs plantes afri-
caines, ou, mieux, barbaresques et lybiques ; il y en existe en outre quel-
ques asiatiques. Mais ce mélange de la végétation des trois parties conti-
guës de l’ancien continent, ne donne pas au pays cette physionomie
particulière que le voyageur botaniste pourrait se flatter d’y rencontrer.
Lorsqu'on a visité l'Espagne orientale et nos régions occitaniques ou pro-
vençales , on se fait une idée fort exacte de l’aspect du sol de l'Orient et
de sa verdure disséminée, verdure glauque ou noirâtre, qui ne rafraichit
guére la campagne, si ce n’est dans un petit nombre de vallons favorisés,
et dans quelques gorges des hautes montagnes où des bouquets de bois,
qu'on ne saurait que rarement décorer du titre de forêt, ont échappé à
l'imprévoyante et destructive coignée. L'usage où sont les agriculteurs et les
bergers surtout, de brüler les maquis, pensant fertiliser la terre au moyen
des cendres produites par l'incendie des arbustes et des buissons, est cause
de cette stérile nudité qui va toujours croissant, et qui ne tarderait pas
à réduire ces malheureux pays à l’ardente condition des déserts de l'Afrique,
de l'Arabie et de la Perse, si l'administration nouvelle, favorisant l’agri-
culture intelligente et bien entendue, n’y portait un prompt remède.
» On remarquera encore que dans notre Flore, les espèces marines
sont proportionnellement peu nombreuses. En général, les eaux de la
Méditerranée sont loin d’être aussi riches en productions naturelles que
celles d'un même développement des côtes océanes, et à mesure que s’é-
loignant du détroit de Gibraltar on s’enfonce dans cette étendue liquide qui
sépare l’Europe de l'Afrique, la pauvreté de cette étendue se manifeste de
plus en plus; aussi beaucoup d’hydrophytes, de polypiers et autres animaux
des ordres inférieurs qu’on trouve encore sur les bords occidentaux d'I-
talie et sur ceux d'Afrique, jusqu’à la hauteur que l'on pourrait appeler
l'étranglement punique, formé par le cap où fut Carthage et l'extrémité des
Calabres , ne se revoient plus sur les rivages ioniens. La mer Egée est en-
( 851 )
core moins peuplée, et nous avons été frappés de la stérilité aquatique des
îles de l’Archipel. Nous possédons dans nos collections un peu plus d’une
centaine d’hydrophytes et de polypiers flexibles de la Méditerranée occi-
dentale. Bertholoni, après une étude approfondie de lAdriatique, mer
qu’on peut avec son prolongement péloponésiaque considérer comme la
Méditerranée centrale, n’y mentionne qu’une trentaine de polypiers et
une quarantaine d’hydrophytes, un peu plus de soixante en tout. M. Nac-
cari (Flora veneta), après de longues recherches, étend ce nombre en y
comprenant les espèces des lagunes et d’eau douce, à près de cent en sus.
Nous n’en avons énuméré que quatre-vingt et quelques dans notre Flore,
dont le quart tout au plus se retrouve aux Cyclades, où la disette des
productions marines nous a paru si remarquable. Les côtes d'Égypte, de
la Syrie et le Pont-Euxin , à en juger par les catalogues de MM. Delisle et
Durville, présentent un plus grand dénüment encore, et les espèces
considérables par leur taille, ont à peu près disparu dans les mers qu'ex-
plorèrent ces messieurs.
» Les méditerranées seraient-elles aux océans ou hautes mers ce que
sont aux plaines de notre terre ces montagnes où la végétation va s’'apau-
vrissant en proportions et en nombre d’espèces, à mesure que partant de
leur base on se rapproche de leur sommet où toute existence organique
disparaît au-dessus d’une certaine élévation? L'absence des marées notables
est peut-être la principale cause de ce moindre nombre de productions
de l’onde amère dans notre Méditerranée; entre les hydrophytes et les
polypiers des océans divers où le flux et le reflux se font puissamment
ressentir, beaucoup veulent être alternativement baignés ou exondés, et
ne se plaisent qu'entre les limites des hautes et des basses eaux : ce sont
précisément ceux-là qui manquent au pourtour de la Grèce, où qui ne
sont que pauvrement représentés par très peu d'espèces cachées à une
certaine profondeur.
» Après la misère de la botanique des eaux sur les côtes péloponésia-
ques, on sera frappé de celle de la cryptogamie du pays, où les plus hautes
montagnes même ne présentent pas ce luxe de végétation du dernier or-
dre qui couvre les Alpes des autres climats. Cinquante-neuf lichens, seize
hépatiques, vingt-trois mousses, vingt-deux fougères, ou plantes de fa-
milles ordinairement confondues avec ces élégants végétaux, en tout, seu-
lement, cent-vingt espèces composent cette partie de notre flore, qui n’a
été augmentée que de six, parce que nous l’avions soigneusemens étudiée,
et nous doutons qu’on en porte jamais le nombre à deux cents, y ajoutât-
( 852 )
on les champignons dont nous n’avons mentionné que deux, soit parce
que nous n'avons pas visité les lieux où l’on en doit trouver pendant les
époques de l’année où ils s’y peuvent développer, soit parce qu'il n’y en à
effectivement que très peu, soit enfin qu’il n’y en ait que de trop fugaces
pour qu'on püt les saisir dans la rapidité d’une investigation telle que
celle que nous fümes à portée de faire. La raison de ce dénüment tient à
la sécheresse du climat. Sous ce même parallèle, partout où la disposition
des lieux appelle l'humidité atmosphérique, le reste de la terre dans les
iles équinoxiales surtout, et comme je le démontrai il y a près de trente-
six ans, se couvre d’une multitude d’agames et de eryptogames, qui n’ont
méme pas d’analogues dans le nord, où l’on répète néanmoins par habi-
tude, que les cryptogames prédominent, et quimanquent entièrement dans
tout le levant; les contrées riveraines de la Méditerranée, partageant
cette privation, sont non moins dépourvues de plantes réputées imparfaites
que leurs eaux le sont d'hydrophytes et de polypiers. »
M. Enwarps, membre de l’Académie des sciences morales et politiques,
fait hommage de deux dissertations ayant pour sujet l'alimentation et les
aliments.
De ce travail, dit M. Edwards, il résulte :
«1°. Qu'on ne doit pas chercher dans un aliment en particulier une nu-
trition complete, mais dans l’ensemble des aliments qui constituent le
régime.
»2°, Qu'il faut que dans ce régime se trouvent tous les aliments qui en-
trent dans la composition de notre corps.
»3°. Qu'il faut que ces aliments soient combinés dans ce régime sous les
rapports physiques et chimiques, de façon à convenir au système nerveux
et aux autres organes pour être assimilés. »
(853)
RAPPORTS.
ACOUSTIQUE. — Extrait du rapport sur un ouvrage de M. le baron Birin
ayant pour titre : Principes dé Mélodie et d’'Harmonie.
(Commissaires, MM. Savary, de Prony, rapporteur.)
« M. le baron Blein 4 publié en 1833 un ouvrage ayant pour titre:
Principes de Mélodie et d' Harmonie, dont il a fait hommage à l’Aca-
démie, en témoignant le désir qu'il en fût rendu un compte verbal.
» Depuis cette époque, il a fait une nouvelle rédaction de son Traité
et en a adressé le manuscrit à l’Académie qui a chargé une Commission
de lui en faire un rapport.
» La Commission distinguant, dans ce Traité, la partie physico-mathé-
matique, dans laquelle M. le baron Blein établit les bases de son système
musical, et celle qui concerne spécialement la composition musicale,
s’est déclarée incompétente pour le jugement de cette seconde partie,
dont elle à demandé le renvoi à:la section de musique de l’Académie des
Beaux-Arts qui aura aussi à prononcer sur divers changements , proposés
par l’auteur, à la notation ét à la nomenclature musicale, à l'accord des
instruments à son fixe, etc.
» Un premier objet, bien important, de l'examen de la partie physico-
mathématique est le mode de comparaison et de mesure des intervalles
musicaux ; un intervalle musical est donné, par le rapport des nombres
synchrones de vibrations produisant les sons entre lesquels cet intervalle
existe, rapport qui est désigné par le nom de rapport constituant de l'in-
tervalle; or une erreur commune à tous les auteurs français qui ont écrit
sur la musique, depuis et y compris Rameau, est d’avoir employé, pour
comparer et mesurer les intervalles musicaux les valeurs immédiates des
rapports constituants au lieu des logarithmes de ces rapports; de là des
résultats de calcul insignifiants et même absurdes, dont la Commission
cite un exemple remarquable (1).
» Il s’est cependant écoulé près d’un siècle depuis que le grand géome-
Peine nn ose NUS US QUE) puits
(1) Il faut citer comme cas d'exception, la démonstration donnée par Suremain de
Missery, dans sa Théorie acoustico- musicale, publiée en 17093, de la proportionnalité
des intervalles musicaux aux logarithnies de leurs rapports constituants, propriété
dont il n’a pas tiré parti pour la mesure des intervalles.
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° Q3.) 117
( 854 )
tre Euler a publié un ouvrage ayant pour titre : T'entamen novæ theoria
musicæ (Pétersbourg, 1739) dans lequel il emploie, pour comparer et
mesurer les intervalles musicaux un système de logarithmes dont la base
est 2; trente-cinq ans après le géomètre Lambert fit paraître, dans les
Recueils de l’Académie de Berlin, un Mémoire sur le tempérament en
musique où les intervalles musicaux sont comparés et mesurés par l’em-
ploi d’un système de logarithmes dont la base est V2; ces systèmes de
logarithmes, désignés par le nom de logarithmes acoustiques, ont été
adoptés par les deux géomètres susnommés, parce que entre autres pro-
priétés ils ont celles de donner l’énonciation immédiate des valeurs des
intervalles musicaux, les unités d’intervalles étant l’octave, pour le sys-
tème d’Euler, et le — d'octave, ou chrome moyen, pour celui de Lambert ;
les logarithmes vulgaires sont bien loin d'offrir de pareils avantages, car
en les considérant comme acoustiques il faudrait prendre, pour unité,
l'intervalle dont le rapport constituant est et dont la valeur est de 3
2, Ce qui est inadmissible (1).
octaves 25 »
» M. le baron Blein, dans la première édition de son Traité, n’a fait
aucun usage des logarithmes et ne les a même pas mentionnés; il a voulu
suppléer cette lacune dans sa nouvelle rédaction, mais, malheureusement,
au lieu de suivre l'exemple remarquable qu'Euler et Lambert lui avaient
donné, en employant les systèmes logarithmiques spécialement adaptés
aux calculs musicaux, il leur a substitué les logarithmes vulgaires, Une
communication qu'il a faite à la Commission, postérieurement à l'envoi de
son manuscrit à l'Académie, semblerait annoncer l'intention de faire à son
mode logarithmique des améliorations fort désirables.
» L'exposition de la génération harmonique commence par la génération
de l'accord parfait majeur que M. le baron Blein déduit de la triple ré-
sonnance d’une corde sonore qui fait entendre, avec le son principal,
l'octave de la quinte et la double octave de la tierce, ou, en terme équi-
valent, la 12€ et la 17° aiguës du son générateur.
» Rameau avait déduit l'accord parfait mineur des phénomenes observés
sur trois cordes sonores, l’une montée au ton du générateur wt, et les
(1) L'emploi des logarithimes acoustiques pour les calculs musicaux, n’exige que des
tables d’une très petite étendue; M. de Prony a placé deux de ces tables à la suite de
son {nstruclion élémentaire sur la mesure des intervalles musicaux, qui n’occupent
chacune qu'une page in-4°, et sont beaucoup plus que suffisantes pour les calculs que
comporte leur destination.
(855)
deux autres respectivement à la 12° et à la 17° graves de ce générateur:
si l’on fait résonner la corde wt, les deux autres frémissent sans résonner et
leurs ondulations les divisent, savoir: celle qui est montée à la 12° en trois
parties séparées par deux points de repos, et celle qui est montée à la 17° en
cinq parties séparées par quatre points de repos. On a aussi déduit l'accord
parfait mineur de l'accord parfait majeur en rendant la tierce de ce der-
nier génératrice de la quinte par son abaissement d’un demi-ton. M. le
baron Blein trouve les trois sons de l'accord parfait mineur dans la triple
résonnance d’un cylindre de fer, suspendu verticalement, et qui, frappé,
donne pour générateur l’u£ fondamental , faisant entendre, comme harmo-
niques, le fa, 12° grave et le lab, 17° grave, d’où il conclut l'accord par-
fait mineur fa , lab, ut.
» Pour obtenir d’autres sons admissibles dans l’échelle tant diatonique
que chromatique, il a recours à la résonnance de trois plateaux de cristal,
frappés en différents points, l’un circulaire, l’autre carré, et le troisième
triangulaire; les combinaisons des sons ainsi obtenus, par les divers
moyens que nous venons d'indiquer, et la considération des consonnances
lui servent ensuite pour compléter son échelle chromatique. Il donne
quelques notions sur la composition de l'échelle qu’on appelle enharmo-
nique qui n’est pas employée dans les compositions musicales, et insistant
sur la préférence qu’il voudrait qu’on accordât à son échelle chromatique
sur celle du tempérament égal, il a formé un tableau de comparaison
des deux échelles dans lequel les différences entre les intervalles corres-
pondants sont exprimées en logarithmes vulgaires; la commission a inséré
dans son rapport , une traduction de ce tableau en logarithmes acoustiques
qui rend manifeste la supériorité de ces derniers logarithmes sur les pre-
miers pour l’énonciation et la comparaison des intervalles; ainsi, en pre-
nant pour toniques les notes successives de l'échelle chromatique de
M. le baron Blein, et faisant le calcul en chromes , on découvre à vue, dix
altérations de tierces ou de sixtes qui surpassent # de chromes; les plus
grandes altérations dans l'échelle du tempérament égal ne sont pasde # de
chromes. j
» Des phénomènes sonores qui appartiennent spécialement à la théorie
physico-mathématique de la musique, et dont les premières observations
ont été faites par Tartini et Romieu, sont ceux des résonnances graves
qui se font entendre lorsque deux cordes sonores, voisines l’une de l’au-
tre, sont mises en vibration. Tartini n’avait conclu de ses expériences
que l’existence d’un troisième son résultant de la simultanéité de deux
_ 117..
(856)
résonnances ; M. le baron Blein dit avoir.constaté par des expériences ré-
pétées et complètes , que deux sons étant donnés, dont les nombres syn-
chrones de vibrations sont m et m + n, il en résulte constamment deux
résonnances graves dont les nombres de vibrations synchrones sont m
etm—n.
» Il explique ces phénomènes par la ‘coïncidence ou concurrence pério-
dique des vibrations des corps sonores ; Lagrange avait donné de pareilles
explications dans les Mémoires de l’Académie de Turin , et M. Paul Coq-
heré s’est ensuite occupé, avec succès, des mêmes recherches.
» M. le baron Blein a placé, à la fin de son Traité, une note qu'il avait
communiquée à l’Académie en 1837, relative à l’analogie qu'il croit exister
entre les phénomènes sonores et lumineux. La commission s’est bornée à
la citation de cette note, qui n’est relativement à la théorie musicale,
qu'un objet de pure curiosité. Le rapport contient une très courte indi-
cation des matières traitées dans l’ouvrage de M. le baron Blein, qui ont
un rapport immédiat avec la composition musicale, et qui seront exa-
minées, en parfaite connaissance de cause, par la section musicale de
l’Académie des Beaux-Arts.
» En définitive, la commission pense que le Traité de Mélodie et d'Har-
monie de M. le baron Blein doit être distingué de tous les traités de même
genre qui ont été publiés par des auteurs français, et sera favorablement
accueilli par les personnes qui s'occupent de théorie acoustico-musicale
surtout si l’auteur y fait les améliorations indiquées dans le rapport.
» La commission conclut au renvoi de son rapport, et de l'ouvrage, à
l’Académie des Beaux-Arts. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la résistance des constructions
hydrauliques ; par M. VÈne. — Extrait.
(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.)
« En comparant les épaisseurs employées dans les constructions hydrau-
liques avec les formules d'équilibre, j'ai trouvé des coefficients qui diffé-
raient trés peu du nombre 1,79, employé pour la poussée des terres. Ce
( 857)
résultat inattendu conduisait donc à l'alternative de reconnaître | ou une
exagération dans les valeurs usuelles qu'emploient les constructeurs, ou
une inexactitude dans les formules d'équilibre ; et c'étaient là des diff.
cultés qu'il n’était :pas aisé de lever.
» Après des tentatives infructueuses, le hasard est venu m'éclairer et
me montrer que les formules ordinaires ont besoin d’un terme nouveau
pour devenir complétement exactes. Voici: quelle est la circonstance for-
tuite dont nous parlons et la théorie qu’elle nous a suggérée :
» En 1827 j'habitais une ile. des Antilles où ‘existent: deux citernes
construites en briques anglaises : le 19 juin de cette année survint une
grande pluie d'orage à la suite de laquelle je m’apercus que des gouttes
d’eau exsudaient lentement à travers les murs d’une des citernes.
» Voulant connaitre la cause de ces filtrations ; je pénétrai dans l'inté-
rieur de ce bâtiment, et je vis qu'on avait bouché l'ouverture destinée à
l'évacuation du trop-plein,, ce qui avait porté le niveau de l’eau à une sur-
élévation de 1",10. Il me vint alors dans l’idée que sous des pressions éle-
vées les murs peuvent être pénétrés par l’eau et qu’étant imbibés de ce
liquide, ils éprouvent l’action d’une force ascensionnelle qui tend à af-
faiblir leur résistance et dont jusqu’à ce jour on n’a tenu aucun compte.
» Je ne dis pas que la pénétration de l’eau ait toujours lieu, j'affirme
seulement qu’elle a lieu quelquefois : or il suffit qu'elle puisse exister
dans certaines circonstances pour qu'il soit prudent, je dirai même
pour qu'il soit nécessaire que les murs, lorsqu'on les construit}, aient
assez d'épaisseur pour résister à cette épreuve. Afin d'exprimer claire-
ment mes idées à ce sujet, imaginons pour un moment un mur parfaite-
ment imperméable, mais supposons que sur ses fondations, il soit fait
une entaille horizontale du côté de l’eau, semblable à un trait de scie,
pénétrant dans le vif du mur : l’eau s’introduira dans cette entaille, et
donnera lieu à deux forces nouvelles, l’une ascensionnelle tendant à sou-
lever la face supérieure de l’entaille, et coopérant par conséquent au
renversement du mur autour de l'arète extérieure ; l’autre, dirigée
en sens opposé, n'ayant à cause de cette direction d'autre effet que
de comprimer les fondations. Ainsi l'équilibre ne sera complet qu’au-
tant qu'on ajoutera aux formules ordinaires le terme qui résulte de la force
ascensionnelle dont nous parlons, force qui se mesure, comme on sait ,
en multipliant la hauteur de l’eau par la superficie de la coupure.
» Remettons maintenant les choses dans leur état naturel et considérons
un mur sans coupure : dans ce cas, la question consistera à étendre aux
(858)
filtrations ordinaires l'appréciation de la force ascensionnelle, ét voici
comment je l'ai résolue :
» J'ai remarqué d’abord que dans cette recherche il ne s’agit pas d’obte-
nir une expression mathématiquement exacte de la force ascensionnelle,
dont la nature est d’être variable suivant l’espèce et la qualité des matériaux.
» J'ai cru, au contraire, qu'il suffit de trouver une force maximum,
laquelle répond à l'emploi des matériaux les plus poreux et les plus per-
méables à l'eau : c’est en effet une force de cette espèce dont j'ai calculé
la valeur, et une fois trouvée, je l'ai introduite dans les formules géné-
rales d'équilibre, en ayant soin de l’augmenter proportionnellement à
l'épaisseur des murs.
» Les fonctions officielles dont j'ai été investi au Sénégal m'ont mis à
méme de calculer cette force pour les briques fabriquées dans ce pays
qui sont à coup sûr les plus poreuses dont les constructeurs puissent
faire usage, car dans douze expériences consécutives, ces briques, dont
le volume est de x litre 213 millièmes de litre, ont absorbé 305 gram-
mes d’eau formant un cube de 0"**,306 sous la température de 24 degrés
centigrades, qui est celle de l’eau au moment des expériences.
» De là je tirai cette conséquence, que les pores des briques avaient
un volume de 0*,306 et que leur rapport avec le volume de la brique était
égal à 5 + 5, ce qui prouve que les pores forment environ le quart du
volume total : par conséquent si x désigne l'épaisseur d’un mur construit
en briques de cette espèce, À sa hauteur, et & le poids d’un mètre cube
d'eau, la force ascensionnelle que produit une tranche située à la hauteur
des fondations, sera exprimée par
#zxh
3.96
et le moment de cette force, relativement à l’arète extérieure, par
. 22 h
72 3.06
» À l’aide de ces expressions j'ai été conduit à la formule d'équilibre
k
TZ ————,
V5 244
laquelle remplace la formule ordinaire
k
v6
T=
( 859 )
» Voilà le résultat remarquable auquel je suis arrivé : pour le faire
fructifier, ou plutôt pour le rendre applicable aux constructions usuelles,
J'ai suivi la route déjà tracée par M. Français, à l'égard de la poussée des
terres, c'est-à-dire que j'ai multiplié le moment total des forces par un
coefficient À, et ce coefficient, je l'ai calculé de maniere que mes murs
aient la même stabilité que ceux de la grande citerne construite à Cons-
tantinople, dans le quartier du Fanal, près de la mosquée du sultan
Selim, construction qui, dans son espèce, est la plus vaste dont nous
ayons connaissance; et de la sorte j'ai obtenu 1 +5 pour la valeur de
ce coefficient, lequel m'a conduit à l'équation pratique
B: (0.598) + BT (0.30) — }° (0.20) + T:(0.50),
dans laquelle B et T sont les épaisseurs du mur, à la base et au sommet,
et de laquelle j'ai tiré des tables usuelles, dont je livre l'appréciation aux
constructeurs éclairés.
» Ces tables s'appliquent aussi aux constructions hydrauliques surmon-
tées d’une voûte, mais dans ce cas il faut faire usage de la formule
B— VB +p,
dans laquelle B représente l'épaisseur tirée de nos tables, et p l'épaisseur
des pieds-droits d’une voûte ordinaire de même diamètre et de même
épaisseur.
Nos
des
briques.
{ 860 )
1. Table relative à la porosité des briques du Sénégal.
DIMENSIONS
des
briques.
(2)
CUBE
des
briques.
(3)
POIDS
des
briques
sèches,
PESANTEUR
spécifiq.
POIDS
des
briques
imbibées
d’eau.
(6)
k.
2,275
2,105
2,425
1,885
2,150
2,315
2,240
2,330
OESERVATIONS.
On à choisi les briques les plus
poreuses, qu’on a placées dans un
baquet plein d’eau, où on les a
laissées séjourner pendant 8h.
A leur sortie de l’eau , elles ont
été pesées, et ont donné les ré-
sultats portés dans la 6° colonne.
( 861 )
IT. T'able indiquant l'épaisseur des murs verticaux qui ont
à soutenir une charge d'eau connue.
ÉPAISSEURS CUBE
HAUTEUR D'EAU de la maçonnerie
correspondantes
exprimée en mètres. Lune
des murs. 1 mètre de longueur.
m.
0,24 0,120
0,49 0,490
0,74 1,110
0,98 1,960
1,23 3,075
1,47 4,410
1,72 6,020
7,840
9,945
12,250
14,850
17,640
20,735
24,010
27,600
31,360
35,445
39,690
44,270
49,000
54,075
59,290
64,860
70,560
76,625
82,810
89,370
96,040
103,095
110,250
CHIMIE APPLIQUÉE. — {Vote sur l'application de la lumière Drummond à l'é-
clairage public et privé ; par M. Gawpin.
(Commissaires, MM. Arago, Berthier, Becquerel.)
« J'ai adressé à l’Académie, en 1836, un paquet cacheté afin de me
conserver la priorité de quelques résultats et de divers projets relatifs à
C. R. 1838, rer Semestre. (T. VI, No 25.) 118
( 862 )
l'application de la lumière Drummond à l'éclairage public et privé, en at-
tendant que mon travail fût terminé.
» Ce paquet, dont je demande aujourd’hui l'ouverture, contient ainsi
qu’on le verra , le plan d'un chalumeau à gaz séparés, et jy indique la
magnésie et l'iridium, comme pouvant remplacer avec avantage la chaux ,
en les préparant et les disposant d'une certaine manière. Aujourd'hui, je
n'ai conservé de tout ce plan que quelques principes et je n’emploie gé-
néralement que l’oxigène, l’esprit-de-vin et la chaux; mais avec une prépa-
ration et une disposition telles, que j'en obtiens le maximum de lumière
possible.
» La chaux, telle que je emploie est, je crois, à l’état de cristaux, car
on voit briller à sa surface des facettes innombrables, et elle ne se délite
pas à l'air bien que préparée seulement au rouge-cerise. Les acides la dis-
solvent sans développement de gaz, mais avec un grand dégagement de
chaleur. ,
» Une conséquence importante de cette maniere de préparer la chaux ,
est que l’on en peut faire des creusets et des tubes aussi minces qu’une co-
quille d'œuf, et aussi réfractaires que l’iridium pur. Ils se moulent avec la
dernière précision et n’éprouvent pas la moindre gerçure au point de fusion
de l’alumine; leur dureté est d’ailleurs très grande, ce qui permettra un
jour d’y fondre le platine et ses alliages avec le palladium , le rhodium , l'i-
ridium, etc.
» Je trouve que le platine, allié à une portion très notable d’iridium
(5 environ) et fondu, est très malléable, brillant à la coupe, et non terne
comme le platine pur; susceptible, en outre, de se durcir à la trempe, ce
qui mene de suite à faire des miroirs métalliques inoxidables, en plaquant
le cuivre avec un alliage.
» Pour l'éclairage en question, il s'en faut bien que je nr'astreigne à l’u-
sage de l’esprit-de-vin; jemploie, au contraire, avec certains avantages,
tous les autres liquides combustibles, et le plus commun d'entre eux,
l'essence de térébenthine, est le plus précieux de tous.
» L’essence de térébenthine, alimentée d'air, ne fume pas du tout
et passe à la flamme bleue si on lui donne trop d'air; avec l'air con-
venable, elle donne une flamme bien plus blanche que celle d’une lampe
Carcel, et qui coûte, à lumière égale, deux fois moins que la chandelle,
en établissant l'essence à 50 cent. la livre. Avec l’oxigene, c'est tout autre
chose ; on obtient une flamme d’un blanc éblouissant qui éclaire cent
cinquante fois autant que le gaz; et, chose bien singulière, il est difficile
(186)
de l'empêcher de fumer. Tous les liquides, dont la flamme fume à l'air, se
trouvent dans le même cas, mais ils sont plus chers.
» La chaux, telle que je la prépare, est transparente, à ce point du
moins qu'elle éclaire en raison de son épaisseur. C'était là une ques-
tion décisive pour les grands phares; elle se trouve donc résolue à
leur avantage. J'ai imaginé divers procédés pour obtenir avec le gaz oxi-
gène une flamme éblouissante, que j'appelle une flamme sidérale; mais
ces moyens ne sont bien praticables qu’en grand; aussi me suis-je bien
réjoui de pouvoir obtenir ce genre de flamme partout avec l'essence de
térébenthine.
» Je crois aussi qu'il sera facile d’augmenter de beaucoup leffet éclairant
d’une dépense donnée de gaz ordinaire, en lui appliquant mon procédé.
Il est possible que cela double ou triple la lumière avec l'avantage d’une
combustion plus parfaite, et qu’on y substitue le gaz hydrogène tiré de
l'eau ou du zinc, qui serait le plus agréable de tous, puisque sa combus-
tion ne donnerait que de l’eau. Enfin, je puis le dire aujourd’hui avec
assurance , nous sommes arrivés à un moment où tous les genres d’éclai-
rage vont éprouver forcément une modification fondamentale : car une
quantité donnée de lumière obtenue avec l’oxigene, est, à n’en pas douter,
bien moins chère que par le gaz, surtout en employant pour l'extraction
de l’oxigène les procédés que je connais. A l’aide de mes combinaisons, cet
éclairage est devenu tout-à-fait sans danger; et comme il faut cent fois
moins d’oxigène que de gaz d'éclairage pour produire la même lumière, il
en résulte qu’elle est bien plus portative. Le gaz oxigene, on le sait,
n’a ni odeur ni émanation sulfureuse ; la flamme d’éther ou d’esprit-de-vin
qu'il alimente, non plus; enfin cet éclairage est bien plus sain puisque l'oxi-
gène qu'il dépense n’est pas pris à l'air ambiant. »
méDecine. — Vote sur l'emploi de la poudre de noix vomique torréfiée dans
le traitement de l'épilepsie ; par M. LecraND.
(Commissaires, MM. Magendie, Serres. )
L'auteur a continué les expériences faites à ce sujet, depuis plus de
douze ans, par M. Chrétien de Montpellier, et il indique les résultats des
unes et des autres, en même temps qu'il fait connaître le mode d’admi-
nistration du médicament.
118.
" (864)
ÉcowomrE powesrique. — Mémoire sur le chauffage de l'intérieur des
appartements , etc.; par M. SusLEAU.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dulong.)
mécanique arrciquée. — Sur les causes probables de l'explosion des
machines à vapeur; par M. Scuweicu.
(Commission des rondelles fusibles.)
M. Rozs prie l’Académie de vouloir bien lui désigner des commissaires
à l'examen desquels il puisse soumettre le procédé qu'il emploie pour
l'extraction du principe odorant des fleurs et des plantes aromatiques.
(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze.)
M. Deny DE Curis demande qu’un ouvrage sur la confection des mortiers,
dont il a fait hommage l’an passé à l’Académie, soit admis à concourir pour
un des prix de la fondation Montyon.
CORRESPONDANCE.
NAVIGATION. — /nstallation des navires pour la navigation au vent et à la
vapeur.
M. BecHAMEIL, officier supérieur de la marine, écrit relativement à une
communication faite à l’Académie dans sa séance du 30 avril dernier, par
M. Ch. Dupin.
Le passage sur lequel porte la réclamation est le suivant :
« T’insuffisance de la vapeur pour accomplir dans tous les cas d’im-
» menses trajets, a fait penser à rendre plus efficace la combinaison des
» forces de la vapeur et du vent. Tel est l’objet d’un rapport de M. Hubert
» (octobre 1837), pour qu’un de ses bateaux à vapeur de 220 chevaux,
» le Caméléon, puisse, à volonté, naviguer au moyen: des voiles seu-
» lement. »
» Un officier de vaisseau, fort ingénieux, M. Bechameil, s’est pareïlle-
» ment occupé de résoudre ce problème par des dispositions qui lui sont
» propres, et pour lesquelles il a fait des travaux d'étude et des expé-
( 865 )
» riences dans la grande usine de la Chaussade, appartenant à la Marine
» royale. »
« On pourrait croire, d’après ce passage, dit l’auteur de la lettre, que
M. Hubert a eu le premier l’idée d'appliquer à des bateaux la double navi.
gation du vent et de la vapeur, et que moi (Bechameil), je n'aurais fait
que le suivre, en employant toutefois des moyens différents. Cependant,
ajoute-t-il, c’est précisément le contraire, ainsi qu’on le verra par les
pieces officielles que j'adresserai sous peu à l'Académie. En attendant, on
trouvera dans le journal que je joins à ma lettre, des dates dont une
au moins pourra être immédiatement confirmée par le témoignage de
M. Arago, à qui j'eus l'honneur de présenter les dessins d'exécution ,
pendant mon séjour à Paris, au mois de mai 1837, et qui parut partager
mes espérances de succès. »
M. Araco déclare qu'il a eu en effet, à l'époque indiquée par M. Becha-
meil, connaissance du nouveau projet de système de mâture dont tous les
détails étaient dès lors arrêtés, et qui semblait promettre une complete
solution du problème. « J'ai appris depuis, dit M. Arago, que l’appa-
reil, exécuté en grand à Guérigny, manœuvrait avec une grande facilité,
toutes les pièces de la mâture pouvant être remises en place pour la navi-
gation à la voile dans l'espace de trente-cinq à quarante minutes. »
CHIMIE. — Observations sur la fabrication des chlorates , des hypochlorites,
des chlorites employés dans les arts, et sur la composition réelle des
hypochlorites et des chlorites et des acides oxigénés du chlore: action
du chlore sur les acides alcalins ; par M. Mackewsir.
« On sait que lorsqu'on fait passer dans une solution de potasse un
courant de chlore gazeux, on obtient une liqueur décolorante qui paraît
n'être qu’un mélange à atomes égaux de chlorure de potassium et d’hypo-
chlorite de potasse. Mais si dans cette dissolution alcaline on fait passer
du chlore et de l’oxigène à la fois, ces deux gaz se combinent et forment
de l'acide hypochloreux qui, s’unissant à la totalité de la potasse, produit
ainsi de l’hypochlorite pur. C'est ce qu’annonce avoir fait M. Mackensie ,
qui présente cet hypochlorite comme jouissant d’un pouvoir décolorant
double de celui que l’on retrouverait dans le mélange de chlorure et
d'hypochlorite obtenu avec le chlore pur.
» On sait encore que les hypochlorites se décomposent par la chaleur
avec production de chiorates et de chlorures. Suivant M. Mackensie, ces
( 866 )
hypochlorites peuvent aussi, absorber de l’oxigène à une température
voisine de l’ébullition, et produire ainsi des quantités de chlorates bien
plus grandes que celles qui se seraient produites si la décomposition s'était
effectuée sans absorption de ce gaz.
» L'oxigène peut, du reste, d’après M. Mackensie, être remplacé dans ces
deux cas, par l'air atmosphérique, ce qui permettrait d'améliorer la fabri-
cation en grand des chlorates et des composés décolorants du chlore
employés dans le blanchiment. »
M. pr Paravey adresse deux extraits, tirés l’un du Voyage de M. Waldeck,
dans le Yucatan , et relatif à l'apparition d’un bolide, dans la soirée du
12 décembre 1833, l’autre du Voyage en Morée, de M. Pouqueville,
se rapportant à un! autre phénomène du même genre, observé le
10 germinal an vin.
M. Bouvarr adresse un paquet cacheté portant pour suscription :
Dromométre ou nouveau loch à l'usage de la marine.
L'Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée à cinq heures.
Erratum. (Séance du 11 juin 1838.)
Le titre du Mémoire de M. Letourneur a été imprimé d’une manière inexacte.
Page 821, au lieu de Sur Le tir à bord des navires, avec des canoïs sans bragues, lisez
Sur le tir des canons marins à brague fixe, et sur quelques autres questions d'artillerie
navale.
( 867 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences, n° 24, 1“ semestre 1838, in-/°.
Nouvelle Flore du Péloponèse et des Cyclades; par MM. Borx pe
Sarnr-Vincenr et Cnausarp; 1 vol. in-folio, 1838.
Alimentation ou l'action des aliments sur l’économie animale; par
M. Eowaros, membre de l'Institut (Extrait de l'Encyclopédie du xix°
siècle), in-8°.
Mémoire sur la congélation des Pommes de terre; par M. Payen; in-8°.
Nouveaux Éléments de Minéralogie ou Manuel du Minéralogiste voya-
geur; par M. Brarp, 3° édition par M. Guuxesor ; Paris, 1838, in-8°.
La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la Théologie
"naturelle ; par M. Bucxrann, traduit de l'anglais par M. Doyëre: 2 vol.
in-6°.
Quelques Inscriptions de la province de Constantine , recueillies par
M. le docteur Guxox; Alger, 1838, in-folio.
Recherches sur l’hymenium des Champignons; par M. Leveinré ; in-8°.
Mémoire pour servir à la Statistique du département du Cher; par
M. Fasre; in-8°.
Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Paris. Rapports et comptes
rendus des opérations de la Caisse d'Épargne de Paris pendant l'année 1837:
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 17, 15 juin
1838, in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département
de la Charente; tome 20, n° 2, mars et avril 1838, in-8°.
The Theory.... Théorie du Calcul différentiel et intégral déduite
synthétiquement dun principe original; par M. Jonx Forges; 1 vol. in-8”.
Researches.... Recherches sur la Chaleur; par M. James Fonses;
3° série. (Extrait des Transactions de la Société royale d'Édimbou
in-4°.
The nautical.... Magasin nautique et chronique navale; juin 1858,
in-8°.
DE
( 868 )
The Annals.... Æ{nnales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ;
juin 1838, in-8°.
The London.... Magasin Philosophique de Londres et d Édimbourg ;
juin 1838, in-8°.
Astronomische.…. Nouvelles astronomiques de M. Scnumacner ; n° 355,
354, in-4°.
Del calcino.... De la Muscardine; par M. Icxace Lomenr; Mémoire:
1 à 6, Milan, 1535 et 1836, in-8°.
Journal des Connaissances Médicales pratiques et de Pharmacologie ;
5° année, juin 1838, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 24, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 67, 70, 71, 72, in-4°.
La Phrénologie, 2° année, n° 7, in-8°.
L'Expérience, Journal de Médecine, n° 43, in-8°.
Écho du Monde savant, b° année, n° 343.
L'Éducateur, Journal; mars et avril 1838, in-8°.
D > CR —
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 JUIN 1838.
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE, — ÎVote de M. Pouxsor sur les Remarques qu'on trouve au
commencement du Compte rendu de la séance précédente.
« On a déjà fait une réponse verbale à toutes ces remarques, mais
comme l’auteur les a imprimées et un peu augmentées , il peut être utile
d’en relever par écrit les principales inexactitudes.
» Et d'abord, en ce qui regarde la solution analytique directe et com-
plète du problème de l'attraction des ellipsoïdes homogènes, il faut bien
remarquer que M. Legendre est le premier qui y soit arrivé. Il est par-
venu aux formules de quadrature qui expriment les composantes de l’at-
traction d'un ellipsoïide sur un point quelconque extérieur : et de ces
formules, par quelques transformations très simples, on peut tirer tout
ce qui a été trouvé depuis sur cette matière, comme M. Chasles Va fait
voir dans le dernier numéro du Journal de l'École Polytechnique.
» M. Legendre, il est vrai, n’est parvenu à ses formules que par des
calculs très longs et très compliqués ; mais il y est parvenu directement, je
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 26.) 119
(870)
veux dire sans employer le théorème de Maclaurin (1): c’est ce que
M. Chasles à reconnu dans la partie historique de son Mémoire, et ce
dont nous pourrions même donner une preuve évidente pour tout le
monde; car M. Legendre a tiré de ses formules une démonstration du théo-
rème de Maclaurin, et il est évident que si ces formules avaient supposé
le théorème , M. Legendre serait tombé dans le cercle vicieux. C’est ce que
l'auteur des Remarques pourra examiner.
» C’est donc à M. Legendre qu'on doit la première solution analytique
directe du problème : solution, il est vrai, qui n’est obtenue que par des
calculs tres laborieux , mais où l’auteur a su vaincre des difficultés de calcul
intégral qui avaient arrêté Lagrange lui-même.
» Depuis on a cherché à simplifier cette solution, et M. Ivory y est
parvenu de la manière la plus heureuse, en ramenant tout d’un coup la
formule cherchée relative aux points extérieurs, à la formule connue re-
lative aux points intérieurs. Il nous semble que si, dans le cours de son
travail, M. Legendre avait eu l’idée du théorème de M. Ivory, il aurait
abandonné ses longs calculs, et présenté cette nouvelle solution comme la
meilleure, puisqu'elle était infiniment plus simple. C’est donc, suivant
nous, à M. Ivory qu'on doit la premiere et la plus grande simplification
qui ait été faite à la solution analytique du problème; solution qu’on
n’appellera peut-être pas directe, mais qui a été aussitôt adoptée par tous
les auteurs dans leurs ouvrages de mécanique.
» Depuis on s'est proposé de nouveau de surmonter directement la
difficulté de calcul intégral que présente le cas des points extérieurs, sans
se servir ni du théorème de M. Ivory, qui faisait tomber tout d’un coup
cette difficulté, ni des formules connues relatives aux points intérieurs.
On voit que la chose était possible, puisque M. Legendre y était parvenu :
mais la difficulté était d'y parvenir d’une manière plus simple, et c’est ce
qu’on pouvait naturellement espérer des progrès de l'Analyse. Et en effet,
en sy prenant d'une autre manière, afin de ne pas retomber dans les
longs calculs de M. Legendre, l’auteur à qui je réponds est arrivé aux
formules de l'attraction sur un point extérieur. Sa solution analytique
est plus facile et plus simple que celle de M. Legendre, mais elle est
(x) Maclaurin n’avait démontré qu’un cas particulier du théorème qui porte son
nom. On sait que Legendre a démontré ce théorème dans tous les cas pour deux ellip-
soïdes de révolution, et qu’ensuite Laplace en a trouvé la démonstration complète
pour le cas de deux ellipsoïdes à trois axes inégaux.
(871)
encore très laborieuse, et ne pourrait remplacer avec avantage dans l’en-
seignement la solution qui vient du théorème de M. Ivory. On a dit, à ce
sujet, que ce théorème n'avait fait qu’éluder une difficulté. Ce mot d’élu-
der ne nous paraît pas très exact. Ce n’est point éluder une difficulté
que de la'‘réduire à une autre que l’on sait résoudre. C’est au fond la
détruire, et de la manière même qui fait le plus d'honneur à l'esprit,
puisque c’est la faire tomber par la considération ingénieuse de quelque
rapport simple qu’on découvre dans la nature même de la question : voilà
ce qu'a fait M. Ivory, et c’est, je crois, la vraie raison qui a rendu son
théorème si célèbre. :
» Quoi qu'il en soit, toutes ces solutions analytiques, directes ou indi-
rectes, sont moins faciles que la solution géométrique dont nous avons
rendu compte, et qui n’est en quelque sorte qu’une continuation du beau
travail de Maclaurin.
» Mais, pour en venir à ce point particulier qui paraît avoir motivé les
Remarques de l’auteur, savoir : l'omission que les Commissaires avaient
faite de son nom dans leur Rapport, au sujet du mode de décomposition
de l’ellipsoïde en couches infiniment minces, il nous suffira de faire ob-
server : d’abord, que nous ne sommes point entrés dans le détail historique
des travaux des analystes sur ce problème célèbre; et en second lieu, que si
nous avions dù citer un auteur au sujet de cette considération des couches,
ce n’est pas le nom de M. Poisson qui se serait présenté le premier; car
dans une thèse soutenue, il y a vingt ans, pour le doctorat, par M. Rodrigues,
cette même décomposition a été employée, pour le cas même des points
extérieurs , dans la démonstration du théorème de Maclaurin. On sait d’ail-
leurs que la considération d’une couche pouvait s'offrir naturellement par
les formules relatives à l’ellipsoide homogène, comme l’auteur lui-même
en convient dans sa Note, et comme M. Chasles l'avait déjà remarqué dans
le cahier de l’École Polytechnique que j'ai cité plus haut. Nous pourrions
ajouter que M. de Pontécoulant , dans le tome II de sa Théorie analy-
tique du Système du Monde, avait déjà présenté cette considération comme
pouvant être employée pour le calcul de l'attraction d’un ellipsoïde hété-
rogène, mais sans donner suite à cette première vue.
»: Voilà les raisons toutes naturelles: de lomission dont il s’agit; outre
que le Rapporteur n’aurait jamais songé à regarder cette considération des
couches ( qui appartient à tout le monde) comme un principe qu'on püt
réclamer. bu09
» Quant à l'inexactitude que lon a cru voir dans une certaine phrase
11G..
(872)
de notre Rapport, nous devons avouer que nous n'avons pu rien com-
prendre à ce que l’auteur a voulu dire; car après une lecture attentive
de notre phrase unie à celles qui la précèdent et à celles qui la suivent, il
nous a été impossible d’y trouver rien à changer. Il serait peu surprenant
que nous eussions passé quelques mots et oublié de mettre quelques points
sur quelques À; mais les points mêmes s’y trouvent. Maintenant l’auteur
pourra juger si ce n’est pas soi-même tomber dans une erreur étrange que
de trouver de l’inexactitude où il n’y en a pas. »
PALÉONTOLOGIE. — Aecherches sur les LxpinopEenpron et sur les affinités de
ces arbres fossiles, précédées d'un examen des principaux caractères
des Lycopodiacées ; par M: Anorpne BRONGNIART.
(Extrait.)
« Déjà, en 1822, j'avais signalé les rapports qui me paraissaient exister
entre ces grands végétaux (que je désignais alors sous le nom de Sagena-
ria) et les Lycopodiacées , et je me fondais principalement sur le mode de
ramification dichotome des tiges et sur le mode d'insertion des feuilles.
L'étude plus approfondie des Lycopodiacées vivantes et l'examen d’un
plus grand nombre d'échantillons de Lepidodendron me paraissent con-
firmer complétement cette analogie, et l’on verra que la structure in-
térieure des tiges de ces arbres fossiles et la nature de leurs organes re-
producteurs fournissent encore de nouvelles preuves à l'appui de cette
opinion.
» C’est qu’en effet la forme extérieure des tiges, sur laquelle seule je n'é-
tais d'abord fondé, est dans ce cas un caractère très important et lié à une
structure anatomique et à un mode de végétation tout-à-fait particulier.
Dans les végétaux phanérogames, les tiges se ramifient presque toujours
par le développement d’un bourgeon latéral formé à l’aisselle d'une feuille.
Il ya donc primitivement un axe principal ou tige primordiale qui donne
naissance à des rameaux latéraux et secondaires, et ceux-ci eux-mêmes
peuvent produire des rameaux du troisième ordre, et ainsi de suite; ce
mode de production des branches, ou cette origine de la ramification des
tiges, ne subit presque pas d'exception dans les phanérogames , soit mo-
nocotylédones, soit dicotylédones, en y comprenant les Conifères et les Cy-
cadées; ce n’est que dans des cas très rares que le bourgeon se partage
pour ainsi dire en deux bourgeons secondaires égaux de manière à pro-
duire une dichotomie réelle; quelques Cactus et quelques Zamia parais-
(87)
sent cependant se ramifer ainsi (1) : dans les autres cas, au contraire,
les tiges dichotomes des plantes phanérogames ne doivent cette apparence
qu’à une modification peu importante du développement de leurs rameaux
axillaires; ainsi, tantôt la tige principale avorte après avoir donné nais-
sance à deux rameaux latéraux et axillaires, égaux et du même ordre, soit
alternes, soit opposés; tantôt un rameau secondaire prenant un dévelop-
pement égal à celui de la tige principale qui l'a produit, cette tige parait
se bifurquer.
» Dans tous les cas la dichotomie est due à des rameaux secondaires qui
proviennent de bourgeons axillaires nés latéralement sur la tige principale;
la forme dichotomique de la tige n’est donc qu'un caractère accidentel
produit par une modification secondaire dans le développement des bour-
geons. Mais il y a un groupe tout entier de végétaux dans lequel la rami-
fication de la tige par dichotomie est au contraire le cas normal, les autres
modifications qu’elle peut présenter n'étant qu'apparentes et résultant
seulement d’une altération secondaire de la dichotomie.
» Ces végétaux composent la majeure partie de la classe des Crypto-
games vasculaires; ce sont les Fougères, les Lycopodiacées et même les
Marsiléacées. Dans toutes ces plantes, jamais les feuilles ne présentent de
bourgeon axillaire; il n’y a pas, par conséquent, de développement de
rameaux latéraux. La ramification des tiges, lorsqu’elle a lieu , ne s'opère
que par leur bifurcation terminale, c’est-à-dire par la division du bourgeon
terminal en deux bourgeons juxta-posés et formés simultanément.
» C’est ainsi que se ramifient les rhizomes des Fougères, c’est ainsi que
je présumais que se diviseraient les tiges des Fougères en arbres, si l’on
en trouvait de rameuses, présomption qu'est venue confirmer la découverte
faite par M. Perrotet, dans les montagnes de l'Inde, de Fougères en arbres
à tiges bifurquées. Enfin c’est ainsi que se ramifient constamment les tiges
des Lycopodiacées, quelle que soit la forme qu’elles semblent prendre par
suite de leur accroissement postérieur. En effet, il arrive souvent que ces
deux bourgeons terminaux formés simultanément, au lieu de s’accroître
également prennent un développement très différent; l’un , plus vigoureux,
semble continuer la tige; l’autre, plus faible, semble ne constituer qu’un
(1) Le même ordre de subdivision des tiges se présente, mais avec une grande irrépu-
larité , dans les tiges monstrueuses dites fasciées dans lesquelles cependant il y a, indé-
pendamment de la tige principale ramifiée par division du bourgeon terminal, produc-
tion de rameaux latéraux et secondaires naissant de l’aisselle des feuilles,
( 874 )
rameau latéralet secondaire; mais cependant leur formation a été simultanée
et terminale, et l'examen même de la position relative des feuilles et des
rameaux prouve qu'aucun d'eux n’est axillaire. Ainsi, dans les Lycopo-
diacées du genre Stachygynandrum, où les feuilles opposées forment
quatre séries longitudinales, les rameaux distiques ne correspondent pas
à deux de ces rangées de feuilles, mais à leurs intervalles; disposition qui
distingue immédiatement les rameaux de ces Lycopodiacées de ceux des
Thuya parmi les conifères auxquels ils ressemblent souvent beaucoup au
premier aspect, car dans les Thuya les rameaux latéraux naissent toujours
de l’aisselle d’une feuille, et ces rameaux distiques sont par conséquent
placés dans le plan de deux rangées de feuilles.
» Toute personne qui examinera avec attention l’origine des ramifica-
tions des Lycopodiacées, des Fougères ou des Marsiléacées, reconnaïitra
donc qu'il n’y a jamais de bourgeons axillaires dans ces plantes; mais il
en résulte comme une conséquence presque obligée, que la fructification
elle-même ne saurait être axillaire, mais doit être épiphylle; c’est un fait
généralement reconnu pour les Fougères, et un examen attentif de l’in-
sertion des capsules des Lycopodiacées et des conceptacles des Marsiléa-
cées, montre que dans un très grand nombre d’entre elles ces organes sont
fixés, non à l’aisselle de la feuille, mais sur la feuille elle-même, et porte
à penser que dans les cas où ils paraissent axillaires ils sont simplement
insérés à la base de la feuille, très près de son insertion.
» Enfin cette absence de bourgeons axillaires qui déjà entraine le mode
de ramification terminal des tiges de ces plantes, et l'insertion des fructi-
fications sur les feuilles, pourrait être considéré comme la cause du carac-
tère le plus important de la structure intérieure de leurs tiges, qui con-
siste dans l'absence de toute formation de nouveaux tissus dans ces tiges,
quelle que soit la vieillesse à laquelle elles atteignent. Ainsi la base d’une
tige de Fougère arborescente de 10 mètres d’élévation ne renferme pas un
faisceau vasculaire de plus qu’au moment où cette partie inférieure s’est
formée, et les faisceaux qui la constituent n’ont pris aucun accroissement
par addition de nouveaux vaisseaux ou de nouvelles fibres.
» Ce caractère, qui se retrouve également dans les Lycopodes les plus
grands que nous connaissions , distingue tout ce groupe de végétaux des
plantes phanérogames dans lesquelles les parties ligneuses et vasculaires
de la tige augmentent continuellement à mesure que cette tige vieillit,
soit par addition de nouveaux faisceaux fibro-vasculaires, soit par accrois-
sement de ceux qui existaient primitivement.
(875 )
» Le groupe des Cryptogames vasculaires comprenant les Fougères, les
Lycopodiacées et les Marsiléacées, a donc pour caractères physiologiques
et anatomiques essentiels :
» 1°. L'absence de bourgeons axillaires et la division de Ia tige par dicho-
tomie terminale;
» 2°, L'absence d’accroissement en diamètre et de tout changement d'or-
ganisation dans la tige, quel que soit son äge.
» À ces deux caractères s’en ajoute un troisième qui me paraît moins im-
portant, parce qu'il offre dans d’autres classes du règne végétal des varia-
tions qui peuvent faire présumer qu’il en présentera aussi dans ces végé-
taux : c’est la disposition et la composition des faisceaux vasculaires.
» Dans les plantes phanérogames, chacun des faisceaux qui constituent
la tige est généralement formé de fibres ligneuses, de fibres du liber et
de vaisseaux de diverses natures qui sont interposés entre ces fibres et en-
tremélés avec elles.
» Dans les plantes qui nous occupent, les faisceaux vasculaires ne sont
formés que de vaisseaux d’une nature spéciale, mais uniforme (1), sans
mélange de véritables fibres ligneuses.
» Dans les Fougères , ces faisceaux, entièrement vasculaires, sont placés
en cercle vers la circonférence, et entourés chacun d’un étui d’une sorte
de tissu ligneux très résistant; dans les Lycopodes, ils sont réunis dans
le centre de la tige, et la partie fibreuse, qui, par sa solidité, pourrait
être comparée au bois, forme, lorsqu'elle existe, une couche plus exté-
rieure et tout-à-fait distincte.
» Dans toutes ces plantes, ces faisceaux, assez volumineux, sont entière-
ment composés de vaisseaux rayés ou plutôt de fibres fendues transversa-
lement, sorte de tissu qui paraît exister essentiellement dans ce groupe du
règne végétal, mais qui a de grands rapports avec les fibres poreuses
des Conifères et des Cycadées.
» Dans quelques Lycopodiacées (Psilotum et Tmesipteris), le système
vasculaire, au lieu de former plusieurs faisceaux groupés vers le centre de
la tige, n’en forme qu’un seul qui constitue un cylindre continu, renfer-
mant dans son intérieur une masse de tissu cellulaire d’une nature spé-
(1) Les parties que je désigne ici sous le nom de vaisseaux sont pour ainsi dire inter-
médiaires entre les vrais vaisseaux lymphatiques continus des plantes phanérogames
et les fibres ligneuses ; mais comme elles jouent le rôle physiologique des vaisseaux ,
je leur en donnerai le nom quoiqu’elles ne forment pas des tubes continus.
( 876 )
ciale, et donnant naissance extérieurement aux faisceaux qui vont se por-
ter dans les feuilles.
» Enfin l’origine des racines et leur disposition par rapport aux tiges n’est
pas un des points de l’organisation des Lycopodiacées les moins curieux,
et c'est un des plus importants à noter pour établir leurs relations avec
certains fossiles. Toutes ces plantes ne sont fixées au sol, et n’y puisent leur
nourriture qu’au moyen de racines adventives qui naissent de la tige de di-
verses manières ; dans les espèces à tiges rampantes, ce sont des racines
assez considérables qui, tirant leur origine de l’axe vasculaire de ces tiges,
sortent, de distance en distance, perpendiculairement à leur direction. Dans
les espèces dont la tige dichotome n’est fixée que par sa base sur le sol ou
sur le tronc des arbres, des racines fort nombreuses semblent naître de l’ex-
trémité inférieure de cette tige, et former une sorte de racine fasciculée
comme celle de beaucoup de plantes monocotylédones; mais si l’on cherche
à déterminer l’origine de chacune de ces racines, on voit qu’elles prennent
naissance sur l'axe vasculaire de la tige à diverses hauteurs, et quelquefois à
une grande distance de sa base; puis elles rampent au milieu du tissu cellu-
laire qui sépare l'axe vasculaire central de la partie externe et plus dense, de-
puis leur origine jusqu’à la base de la tige où elles traversent cette zone ex-
térieure pour paraître au dehors. Il en résulte que si l'on coupe une tige de
Lycopode à tige non rampante et régulièrement dichotome près de sa
base, on trouve en dehors du cylindre vasculaire central une infinité d’au-
tres petits faisceaux vasculaires appartenant aux racines. Mais ces fais-
ceaux vasculaires des racines ne sont pas immédiatement placés dans le
tissu cellulaire extérieur de la tige comme ceux qui se portent dans les
feuilles; ils ont chacun une sorte d’écorce propre formée par un étui de
üssu fibreux ou de tissu cellulaire allongé très dense et très résistant. Cette
disposition se voit parfaitement sur les parties inférieures des tiges des
Lycopodium phlegmaria , gnidioides , verticillatum, etc.
» L'exposé sommaire que nous venons de donner de la structure des
Lycopodiacées, structure que j'ai fait connaître avec plus de détail, dans
mon /Listoire des végétaux fossiles , suffira pour nous permettre d’appré-
cier les rapports qui existent entre cette famille et les Lepidodendron, et
les relations moins intimes, mais encore très nombreuses qui l'unissent
à plusieurs autres groupes de végétaux de la même époque.
» Quant à la forme extérieure de leurs tiges, les Lepidodendron ont en
plus grand tous les caractères des Lycopodiacées et particulièrement des
Lycopodes de la section des Selago. Leur tige est régulièrement dichotome
( 877 )
par bifurcation successive, sans qu’on aperçoive jamais aucune trace de ra-
meaux axillaires et latéraux, caractère qui, ainsi que je le faisais remar-
quer précédemment, ne s’observe constamment et normalement que sur
les Fougères et les Lycopodiacées. Cette tige n’a pas dû présenter d’accrois-
sement en diamètre après la chute des feuilles; car les bases, même les
plus volumineuses de ces arbres, offrent encore des cicatrices d’insertions
aussi nettes que les jeunes rameaux. Le nombre considérable des feuilles
qui couvrent les tiges principales et leurs rameaux, leur existence simul-
tanée et leur persistance sur une grande partie de la tige, leur disposition
et leur mode d'insertion, enfin, leur forme allongée et entière, l'absence
de nervures latérales et secondaires; tous ces caractères sont communs
aux Lycopodes et aux Lepidodendron, qui ne différent les uns des autres
que par leurs dimensions.
» Ainsi, l’on peut dire que la forme dichotome et l'absence d’accroisse-
ment en diamètre des tiges malgré leur ramification , sont des caractères
qui placent, sans aucun doute, les Lepidodendron dans ce groupe des
Cryptogames vasculaires qui comprend les Fougères, les Marsiléacées et
les Lycopodiacées , et la forme de leurs feuilles les fait ressembler entière-
ment aux Lycopodes.
» À ces caractères extérieurs s'ajoutent maintenant ceux que fournit la
structure intérieure qu'on a pu observer sur un rameau de Lepidodendron,
trouvé dans les mines de houille du nord de l'Angleterre , et qui a été dé-
signé sous le nom de ZLepidodendron Harcourti, par M. Witham, qui l’a dé-
crit et figuré le premier; depuis lors, MM. Lindley et Hutton en ont fait
le sujet de nouvelles recherches, et j'ai été assez heureux pour en exami-
ner une tranche parfaitement préparée que M. Hutton a bien voulu donner
au Muséum d'Histoire naturelle. Sauf les différences qui dépendent de la taille
de cette tige, taille bien plus considérable que celle d'aucune Lycopodiacée
vivante; sa structure intérieure offre l’analogie la plus complète, non pas avec
la majorité de nos Lycopodiacées actuelles, mais avec quelques plantes de
cette famille, avec le Psilotum triquetrum en particulier.
» Ainsi, dans ces deux plantes, il y a au centre de la tige un cylindre de
tissu cellulaire composé d’utricules allongées, assez petites, et à parois plus
épaisses, entouré d’une zone étroite et continue de vaisseaux rayés d’un ca-
libre assez grand, qui fournit extérieurement les faisceaux qui se distri-
buent aux feuilles et qui traversent, pour se porter dans ces organes, le
tissu cellulaire extérieur, tissu très lâche et très délicat près de l’axe vas-
culaire, beaucoup plus dense et plus résistant, près de la surface de la tige.
C. R. 1838, 17 Semestre. (T. VI, N° 26.) 120
( 878)
» Je n’entrerai pas ici dans plus de détails sur l’organisation de ces deux
plantes vivantes et fossiles, organisation que j'ai fait connaître plus com-
plétement dans la dernière livraison de mon Histoire des végétaux fossiles;
mais il résulte évidemment de la comparaison de la structure du Lepido-
dendron Harcourtii avec celle du Psilotum, que cette plante fossile qui,
au premier coup d'œil, semblait s'éloigner notablement par son organisa-
tion interne des Lycopodiacées ordinaires , se rattacherait plus intimement
à cette famille par son analogie avec ce genre que personne n'a hésité à
placer parmi les Lycopodiacées.
» Les Lepidodendron auraient donc, quant à leurs organes de végéta-
tion, les formes extérieures des Lycopodes, et particulièrement des Lyco-
podes de la section des Selago, et la structure intérieure des tiges des
Psilotum, si toutefois on peut appliquer à ce genre tout entier, ce que
nous a montré le Lepidodendron Harcourtü ; enfin ils différeraient de toutes
les Lycopodiacées vivantes par leur taille, au moins 30 à 4o fois plus con-
sidérable.
» Mais jusqu’à présent nous ne nous sommes fondés dans cette discus-
sion des rapports des Lepidodendron avec les Lycopodiacées que sur la
comparaison de leurs organes de végétation, tiges et feuilles. Or, il existe
dans les mêmes terrains des épis de fructifications que j'avais déjà rap-
portés, par de simples présomptions , aux Lepidodendron , mais qu’on ne
saurait plus hésiter actuellement à reconnaître pour les fruits de ces ar-
bres. En effet, ces épis ou ces sortes de cônes que j'ai désignés sous le
nom de Zepidostrobus, qui d'abord n'avaient été trouvés qu'isolément ,
ont été depuis retrouvés fixés à l’extrémité de rameaux de véritables
Lepidodendron. Ces Lepidostrobus sont des épis cylindriques , plus
ou moins allongés, quelquefois bifurqués, composés d’écailles insérées
presque perpendiculairement sur l'axe de l'épi. Chacune de ces écailles
présente une sorte de pédicelle élargi à son extrémité en forme de tête
de clou rhomboïdale et se prolongeant ensuite au-delà de cette partie
dilatée, en un appendice foliacé plus ou moins allongé; mais leur carac-
tère le plus remarquable, c’est que ces écailles, qui ne portent exté-
rieurement aucun organe reproducteur, paraissent offrir dans leur par-
tie dilatée une cavité bien distincte, renfermant une masse grenue fixée
sur un des points de la paroi intérieure de cette cavité.
» Cette structure rappelle d’abord celle bien connue des fruits des
Araucaria parmi les Conifères ; mais la cavité des écailles et le corps
qui y est renfermé n'ont nullement la forme ovoïde ou cylindroiïde des
( 879 )
graines de toutes les Conifères ; elle est au contraire tout-à-fait com-
parable à la forme de certaines capsules de Lycopodes, et surtout à
celle des Zycopodium cernuum , curvatum , etc. Enfin, dans ces mêmes
espèces, les capsules, portées à l'extrémité du pédicelle d’une écaille
rhomboïdale, sont presque entièrement enveloppées par des expansions
membraneuses du pédicelle de ces écailles; de sorte qu’on conçoit fa-
cilement qu'une modification légère dans l’organisation suffirait pour
produire dans ces plantes ce qu’on observe dans les épis des Lepido-
dendron.
» Ces épis nous paraissent donc avoir beaucoup plus d’analogie, soit
par leur forme générale, soit par la structure de leurs écailles, avec les
épis beaucoup plus petits, il est vrai, de certains Lycopodes, qu'avec les
cônes d'aucune des Conifères que nous connaissons. Ce caractère vient ainsi
s'ajouter à ceux fournis par la forme des tiges et des feuilles, et par la
structure interne de ces tiges, et rend si évidente l’analogie des Lepido-
dendron et des Lycopodiacées, qu’il me paraît impossible d’hésiter à ranger
ces plantes fossiles dans cette même famille des Lycopodiacées, parmi les-
quelles elle devait seulement former un genre bien distinct :
» 1°. Par les capsules incluses dans les cavités des écailles des épis de
fructification ;
» 2°. Par la structure interne des tiges;
» 3°. Par sa grandeur.
» Mais les Lepidodendron ne sont pas les seuls végétaux fossiles qui
aient des rapports avec nos Lycopodiacées. On doit, je pense, rapporter
à cette même famille, peut-être même à des espèces particulières de ce
genre, des portions de tiges fort remarquables dont la forme extérieure
nous est inconnue jusqu’à ce jour, mais dont la structure interne sou-
vent bien conservée peut nous éclairer sur leurs relations, soit avec les
végétaux actuellement existants, soit avec les autres végétaux du même
terrain. L'examen de ces bois fossiles désignés sous les noms de Psaro-
lithes, d'Astérolithes , d'Helmintholithes et enfin dans ces derniers temps
sous celui de Psaronius, fera le sujet d’un Mémoire particulier que je
présenterai sous peu à l’Académie. »
120..
( 880 )
aNAroutE comparée. — ÂVote sur l'ostéologie des Oiseaux-Mouches ,
envoyée de Liége, par M. Georrrov SAINT-HiLaTkE.
« Au milieu des inévitables dérangements de chaque jour durant un
voyage, je n'ai pu poursuivre le développement des pensées de la fin de
ma vie : idées nouvelles et avancées que j'ai recueillies dans mon nouvel
opuscule , Notions de Philosophie naturelle. Jai dü, conséquemment,
me rabattre à des considérations de détail, et consacrer les studieux loisirs
du voyageur à visiter les musées et le personnel des universités sur ma
route, en ce qui concerne l’histoire naturelle. C’est une contemplation d’un
haut intérêt que celle du mouvement des esprits sous ce rapport, dans la
savante Allemagne.
» J'en désire rendre compte dans une série de fragments; et pour pre-
mier début, avant d’avoir pénétré dans cette contrée célebre, je vais
traiter d’une remarque ostéologique qui m'a d’abord préoccupé.
» Il existe dans la direction et à moyenne portée du canon de la cita-
delle d'Anvers, un assez riche cabinet particulier de zoologie. Un amateur
très instruit, M. Jacques Kets, l'a créé avec une intelligence réellement
admirable; et dans ce cabinet, se trouve le squelette d’un oiseau-mouche
qui est une vraie miniature, une merveille de difficultés vaincues. L’au-
teur, un ami de M. Kets, s'était formé à l’art d'appeler à son secours, pour
établir de semblables préparations, la voracité des fourmis, qu'il lui fallait
contenir, suivre attentivement et sans cesse maîtriser. Ainsi ce squelette
fut fait dans la manière dite des squelettes naturels, sans perte des liga-
ments essentiels, et avec un bonheur admirable, en tout ce qui touche le
maintien à distance respective de toutes ses parties. Plusieurs répétitions
de cette curieuse industrie ont passé en Hollande.
» On avait cru ne produire qu’un squelette difficile à établir; ce devint
une œuvre révélatrice des rapports naturels du plus petit de nos oiseaux
et de toute cette famille des colibris et oiseaux-mouches, appelée Tro-
chilus.
» Une iconographie en a été donnée dernièrement , mais ce fut unique-
ment pour en faire connaître les magnifiques couleurs et pour en distri-
buer les espèces dans une classification fondée sur l'étude de leur système
tégumentaire ; et étendue à beaucoup de subdivisions.
» Il y a plus à apprendre par le résultat de notre ingénieux préparateur.
Chacun sait que les animaux vertébrés se révèlent comme conditions spé-
ciales de leur essence, par ces deux existences d'ensemble : leur système
( 881)
osseux, que l’on a si justement appelé leur charpente fondamentale,
et leur système tégumentaire, qui se subdivise en détails nombreux et sa-
vamment significatifs. L'histoire zoologique des Trochilus n'avait donné
que les caractères de leur extérieur; le squelette nous donne à beaucoup
d'égards les indices de leur économie intérieure , et principalement, d'une
facon certaine, tous les détails de leur appareil musculaire.
» Ge qui pouvait être conclu à priori, c’est d’abord la justification de
leurs rapports unitaires d'organisation. Ce qui est vrai en ce point de
tous les vertébrés, l'est bien plus encore quant à la classe des oiseaux :
car il n’y a, pour ainsi dire, qu'une seule espèce d'oiseau , tant est portée
loin chez tous la similitude d'organisation. Toutefois, toute la périphérie
de l’animal se composant de soies épidermiques, ou des plumes qui sont
variées à l'infini, les zoologistes ont prise à cet égard pour étudier les
mille et mille variétés de ce type si persévérant dans son unité primordiale.
» Je vais dire ce qui m’a impressionné à la vue du squelette de la col-
lection d'Anvers; mais on doit l’attendre ainsi de la position mobile d’un
voyageur; je vais dire d’une manière succincte, comment, pour faire du
fond unitaire ornithologique un être sui generis à ramener au genre
Trochilus, 1 a suffi de remanier quelques systèmes particuliers, et de les
combiner et harmoniser réciproquement à un degré en plus ou en moins
d'un état moyen, cela par une sorte d'emprunt à faire à deux systèmes,
ailleurs isolément et démesurément accrus. Le genre Pic est, en effet,
sorti des conditions normales, comme volume, quant aux appartenances
de l'appareil lingual , à l'os hyoïde et à tons les phénomènes qui en ressor-
tissent. Il en est de même du genre Frégate, relativement aux moyens
puissants du vol : ici est, en effet, un accroissement considérable de
l'appareil sternal et spécialement des dimensions du bréchet.
» Or ces deux systèmes qui n’ont ensemble que des relations indirectes,
et qui existent dans une indépendance marquée, viennent dans les 7ro-
chilus à réunir l'amplitude de leur conformation, et produisent de la sorte
un ensemble propre et spécial, caractéristique d’une nouvelle famille. De
cette assertion il ne faudrait pas cependant conclure que pour réaliser
chacune de ces particularités, le grand architecte et l’ordonnateur sublime
de l’arrangement des choses ait dû donner chaque fois une toute semblable
copie d’un plan déjà adopté ailleurs : la répétition n'existe que dans la
structure unitaire, si bien que quelque chose de spécial se trahit toujours
par des modifications nombreuses, attestant ainsi l'immense puissance et
la variété infinie de la nature.
( 882 )
» Nous allons à ces faits comme l’observation nous les a communiqués.
1°. Unité de plan et rnodifications dans les détails de l'appareil hyoïdien.
» Pour comprendre cet ordre de faits, il faut se reporter aux idées que
j'ai placées dans la science touchant l’état classique des oiseaux. L’hyoïde,
cercle osseux, couché transversalement entre la langue et la trachée-
artère, est reproduit le même comme dénombrement, forme, usages
et connexions des pièces. Une partie centrale, basihyal, fournit une tête
plus ou moins prolongée pour porter la langue, un glossohyal, et une
queue pour soutenir le larynx et la trachée-artère. La différence classique
des oiseaux à l'égard des mammifères apparaît aux cornes hyoïdiennes
faites chacune des deux osselets filiformes, lapohyal et le cératohyal.
Un autre osselet (séylhyal) fait chez les mammiferes partie de cette
chaine ; et comme ce dernier osselet est formé par un démembrement
du maxillaire inférieur, ce concours de pièces devient une chaine con-
tinue d’une branche à l’autre de ce même maxillaire. La langue en avant
et la trachée-artère en arrière sont supportées solidement.
» C’est ainsi chez les mammifères; mais cet ordre est interverti chez les
oiseaux par l'avortement du stylhyal ; en sorte que les cornes hyoïdiennes,
au lieu de s’écarter et de tendre vers les branches du maxillaire inférieur,
se rapprochent inférieurement, et, sans se conjoindre tout-à-fait, suivent
le même sort, et restent engagées dans un tissu cellulaire abondant, qui
prend l'état d’une gaine. Or ces cornes de l'hyoïde, formées, comme nous
l'avons remarqué tout-à-lheure, de apohyal et du cératohyal, sont le
point de variation d’un oiseau à l’autre. Chez les pics, ces cornes, deve-
nues filiformes, s’allongent au point que, dans le cas où la langue oc-
cupe sa position stationnaire dans le bec, ces cornes refluent derrière le
crâne, l'entourent là et reviennent dessus aboutir sur les lames ethmoi-
dales. Et tout au contraire, elles se déroulent derrière le crâne et dans le
mécanisme, elles font sortir tout en dehors de son étui, ou le bec, la langue
entière. C'est cette disposition qui existe semblablement chez les oiseaux -
mouches; mais chez ceux-ci il y a cela de spécial qu’au lieu d'un glosso-
hyal, ou os de la langue en particulier, il n'est que deux facettes sur l’os-
selet en arrière ou sur le basihyal, lesquelles facettes, rudiments de deux
glossohyaux, portent les longs filets au nombre de deux, dans lesquels
consiste la langue bifide de l’oiseau-mouche.
(883)
2°. Unilé de planet modifications analogues dans les détails de l'appareil stcrnal chez
les Oiseaux-Mouches, et les grands voiliers , les F. régates.
» C’est l’un des plus remarquables caractères ornithologiques que l’am-
plitude du sternum, et surtout du bréchet. Or, c’est cela même qui est
porté, aussi bien chez les Trochilus que chez les Frégates, aux plus grandes
exagérations comme dimension. J'ai remarqué dans le sujet de cet article,
un bréchet d’une grandeur correspondant à celle du grand diamètre du
coffre pectoral, et néanmoins, les annexes sternales avaient une étendue
au moins proportionnelle. Les côtes sternales sortant de ces pièces
étaient plutôt soyeuses que simplement filiformes, et dans cet état de
finesse, elles trouvaient fort bien à s’articuler avec les côtes vertébrales,
lesquelles, au contraire, étaient plates, larges et très résistantes. 11 suit
des relations de ces os allongés, qu'il y a, pour couvrir une surface aussi
considérable, une masse musculaire relativement du plus grand volume
possible; car il faut, pour l'harmonie et la solidité de ce mécanisme , que le
petit pectoral nes’en tienne point à recouvrirdes côtes d'apparence soyeuse,
mais qu'il fournisse de plus des lanières allant prendre appui sur les côtes
veriébrales. Il y a, dans cet accord d’une grandeur extraordinaire du
sternum chez les Trochilus et chez les Frégates, cette modification spéci-
fique que le bréchet des premiers est proportionnellement plus court, mais
en revanche, beaucoup plus saïllant verticalement.
» Dans ces deux arrangements sont des dispositions équivalentes pour le
sur-développement des moyens musculaires, et conséquemment pour
l'augmentation considérable , l'amplitude et de la puissance du vol.
» Pour diminuer le poids relatif du sternum , Sans rien Ôter à sa force de
résistance, les pourtours offrent une épaisseur en manière de bour-
relet.
» Ainsi se justifie, dans ces exemples, et l’unitarité des divers appareils
conformément aux subdivisions classiques, et ces modifications infinies
qui montrent les ressources de la nature pour la variété; ainsi toujours
l'application de cette vue de Leibnitz : l'unité dans la variété. Pourquoi ?
C'est que ce n’était point une opinion vague et ambitieuse sur les choses,
mais la pensée de Dieu surprise et expliquée à l'humanité par ce grand
philosophe. »
( 384 )
z00L061E. — JVotice sur les rongeurs épineux désignés par les auteurs
sous les noms d'Echimys, Loncheres, Heteromys et Nelomys; par
M. Isinore GFrOFFROY SAINT-HILAIRE.
(Extrait.)
« Bien que les Échimys, si remarquables par la nature éminemment ca-
ractéristique de leurs téguments , aient dû fixer dès long-temps l'attention
des auteurs, ét que le nombre très restreint des éspèces connues dans ce
groupe semble devoir rendre leur détermination exempte de graves diffi-
cuiltés, ilest peu de genres dont la révision soit devenue plus nécessaire
dans l’état présent de la science. M. Isidore Geoffroy à profité pour l’en-
treprendre de l'avantage de pouvoir comparer aux types mêmes des es-
pèces rapportées du Musée de Lisbonne par son père, un assez grand
nombre de matériaux nouveaux; les uns acquis depuis quelques années
par le Musée de Paris, d’autres récemment parvenus en France par les
soins de M. Parageau; d’autres, enfin, confiés à l'examen de M. Isidore
Geoffroy, par la direction du Musée de Genève. C'est l'envoi de ces der-
niers ét la prière obligeante qu'on lui à faite de se charger de leur déter-
iination et de leur publication, qui a engagé l’auteur dans le long et
aride travail dont il consigne ici les principaux résultats.
» Dans une première partie de son Mémoire, M. Isidore Geoffroy
donne un exposé historique des travaux faits sur les rongeurs épineux dont
il s'occupe, depuis Allamand et Buffon jusqu’en 1838. C’est M. Geoffroy
Saint-Hilaire père, comme le reconnaissent tous les auteurs, qui est le
fondatetir du genre Echimys. La formation de ce nom, la séparation en un
groupe distinct d'un cértain nombre de rongeurs épineux d'Amérique ,
jusque alors ballottés entre les génres Rat, Loir et Porc-Epic, la distinction
de la plupart des espèces, lui sont en effet dues; mais son travail est
resté inédit. Ses déterminations et ses noms ne sont entrés dans la science
que par les publications de MM. George et Frédéric Cuvier, et de M. Des-
marést. La plupart des auteurs ont ignoré cette circonstance, et de là le
vague et souvent l'incertitude des indications synonymiques qu'ils ont
données à l'égard soit du genre Échimys lui-même, soit de ses diverses
espèces.
» L'auteur passe ensuite en revue toutes les espèces vraies ou nomi-
nales ajoutées, principalement par M. Lichtenstein, aux sept d'abord ad-
mises par M. Geoffroy pere, et qui toutes doivent être conservées. Le
nombre total des espèces de ce groupe s’éléverait présentement à quinze,
( 885 j
selon les auteurs, non comprises deux nouvelles espèces qui seront plus
bas mentionnées. Mais sur ce nombre, il se trouve une espèce qui est
tout-à-fait à éliminer comme formant double emploi, deux autres qui
restent douteuses, et deux autres qui sont bien réellement distinctes, mais
n'ont été rapportées que par erreur au groupe des Échimys.
» Dans la troisième partie de son travail, qui est de beaucoup la plus
étendue, l’auteur s’occupe de la classification des rongeurs préalablement
déterminés par lui sous le point de vue spécifique. Parvenu à rassembler
de divers côtés jusqu’à treize crânes appartenant à dix espèces différentes,
M. Isidore Geoffroy réfute d’abord l’assertion de M. Lichtenstein qui affirme
que les Rats épineux ou Échimys des auteurs (une seule espèce exceptée, le
Loncheres paleacea d'Illiger) n’ont que douze molaires semblables à celles
des rats : assertion qui le conduit à supprimer le genre Échimys, et à en
réunir toutes les espèces aux rats proprement dits. M. Isidore Geoffroy montre
que le savant zoologiste de Berlin a été induit en erreur par l’examen de la
dentition du Mus cahirinus de M. Geoffroy pére, qui, en effet, n'a que
douze molaires, mais qui jamais n’a été rapporté par les auteurs francais
au groupe des Échimys; groupe dont toutes les espèces ont bien quatre
molires de chaque côté et à chaque mâchoire.
» Bien éloigné des vues de M. Lichtenstein, M. Jourdan, professeur à
la Faculté des Sciences de Lyon, a, au contraire, proposé dans un Mé-
moire présenté à l’Académie en octobre 1837 (1), non-seulement de con-
tinuer à séparer les Échimys des Rats, mais même d'établir, à côté des
Échimys, un second genre qu’il a appelé Nélomys, et que caractériseraient
les proportions très différentes de ses tarses, la forme assez distincte deses
oreilles, enfin , l’état de la queue, qui serait velue dans les Nélomys, nue
et écailleuse dans les vrais Échimys. Dans le rapport qu’il a faitrécemment,
en son nom et au nom de M. Duméril {2), sur le mémoire de M. Jourdan ,
M: Frédéric Cuvier a montré que le genre Velomys, bien que devant être
vraisemblablement confirmé par les observations ultérieures, ne pouvait
être considéré dès lors comme établi sur des bases suffisamment solides,
l'auteur n’ayant pu comparer d’une manière générale le système dentaire
des Nélomys à celui des vrais Échimys, ni faire entre les deux genres le
partage de leurs espèces. Grâce à la position plus favorable dans laquelle
il s’est trouvé placé, grâce aussi à l’obligeance qu’on a mise de toute part à
ee nn à,
(x) Voyez les Comptes rendus, second semestre de 1837, p. 522.
(2) Voyez le premier cahier des Comptes rendus de cette année, pages 4 et 5.
C. R. 1838, 1°7 Semestre. (T. VI, N° 26.) 121
( 886 )
lui éommuniquer de nouveaux matériaux, M. Isidore Geoffroy a pu résou-
dre enfin ces doutes, et réconnaître qu'il est en effet, parmiles rongeurs
épineux ordinairement compris parmi les Échimys; deux systèmes den-
taités, uni plus compliqué (non quant au nombre qui est toujours de
quatre, mais quant à la forme des molaires:) appartenant aux Nélomys
dé M. Jourdan; Faatré plus simple aux vrais Échimys; que les! caractères
que M. Jourdan à tirés des proportions des pieds, sont exacts, et assez
pronônéés même pour que lon puisse dire que les Échimys sont, sous
ce rapport, aux! Nélomys ce que les gerbilles sont aux rats; que la forme
dés oreilles; ai contraire, et surtout l’état velu où écailleux de la queue,
ne peuvent fournir aucun caractère générique; enfin ; que le partage des
espèces entre les detix genres , doit être fait ainsi qu'il suit :
A. Espèces du genre ÉCHIMYS.
» 1°. Æchimys setosus , Geoffroy Saint-Hilaire.
» 2°. Echimys cayennensis, Geoff. S.-H.
» 3°. Échimys spinosus, Geoff. S.-H. ( Echimys roux de M. George
Cuvier.) “
» 4°. Echimys hispidus , Geoff. S.-H.
» 5°. À cés quatre espèces doit être jointe une cinquième, entierement
nouvelle, qui existe dans les Musées de Paris et de Geneve, et qui vient
de la petite ile Decs, sur la côte du Brésil, près de Bahia. M. Isidore
Geoffroy la nomme et la caractérisé ainsi :
» Echimys albispinus (Échimys à épines blanches ).— Queue écailleuse
avec quelques poils courts, bruns à la face supérieure, blanchâtres à l’in-
férieure. — Dessüs du corps d'un brun rougeätre, un peu plus clair sur les
flancs ; dessous du corps ét la plus grande partie des pattes, d’un blanc
pur.—Des piqüants aplatis, lancéolés, très forts, très nombreux ; peu mé:
langés de poils, ét répandus jusque sur la croupe et les cuisses; ceux
des parties latérales à extrémités blanches. — Taille 0",185; longueur de
la queue, 6,150.
» 6°. Enfin, l’auteur indiqüe, mais avec beaucoupde doute, comme sixieme
espèce l'Echymis myosuros ( Loncheres myosuros, mus leptosoma et mus
cinnamomeus Lichténstein; Loncheres longicaudatus, Rengger), à l'é-
gard de laquelle aucun caractere, nettement distinctif, n’est exprimé par
les descriptions et les figures des deux 20ologistes allemands qui l'ont fait
connaître.
(887) )
B,. Espèces du genre NÉLOMYS,
j'ai ne cristatus ( Lérot. à queue dorce nn Allamand ;
ra: cristatus, Geoffroy Saint-Hilaire.
» 2°. Nelomys paleaceus (Loncheres paleacca;, gran D on
» 3. Nelomys Blainvilli, Jourdan.
» 4% Nelomys didelphoïides (Echimys Ab hate Geofi: S.-H).
‘».&.Nelomys armatus; espèce que M: Lichtenstein a fait: connaître,
et qu'il a appelée Mus hispidus ; parcé qu ‘il avait cru reconnaître en elle
l'Echimys hispidus de M: Geoffroy pere.
» 6°. Aces cinq'espèces ; dont la dernièrem’est pas suffisamment authen-
tique, M.Isidore pq en ajoute une nouvelle ; ainsi nommée et carac-
térisée/|: ! ; 155 99
» FR semivillosus (Nélomys der véla); — Queue écailleuse (sauf la
base), mais avecides poils nombreux de couleur fauve. Corps d'un brun
roussâtre tiqueté de jaune, avec le dessous: plus: clair. — Des piquants
médiocrement forts sur le corps; d’autres ‘plus ! faibles, mais encore très
raides et très aplatis sur la tête. — Taïlle, 0,195; longueur de la queue,
0,105.
» Trois individus de cette derniere espèce viennent d'être envoyés de
Carthagène (Nouvelle:Grenade), par M. Pavageau} ancien consul en cette
ville. J'en dois la communication à MM. de Blainville:et Roulin.
» Chacun des deux genres Échimys et Nélomys se :trouve donc com-
posé de quatre espèces: anciennement: conmues! et bien: distinctes , d’une
autre nouvelle, bien distinete aussi, et:énfin d’une sixième déjà figurant
depuis plusieurs années dans les cätalogues, mais dont d'authenticité laisse
plus ou moins à désirer. 11 die )
» Quatre autres! rongeurs ont été deg ke divers Lomé au groupe
des Échimys, savoir: HET feèuor 2usld 1)
» À. Le Mus anomalus de Thomson ; érigé | mais avec doute; :en genre
sous le nom d’Æeteromys ; par M: Demiarése ICE rongeuroffrirait en effet
des caractères éminemment distinctifs, si l’on pouvait accorder toute con-
fiance à la description de Thomson-Cette description iest malheureusement
très vague dans presque toutesises parties ,/eb ne/fixe: ba même avec/exac-
titudée le nombré‘des molaires, 14 10049 645 lient ,2 |
»'B. Le Lemmus nilotious de M: Bechoyybres M. shléré Ps s'est
assuré que le système dentaire de cette espèce n’est ni celui des Campa:
gnols, ni surtout celui des Échimys, mais bien celui des Rats.
121.
( 888 )
» C. Le Mus cahirinus de M. Geoffroy père, que quelques auteurs ap-
pellent Échimys d'Égypte. Ce rongeur très remarquable est en effet assez
voisin des Échimys par ses téguments, mais en même temps aussi des Rats
par ses dents, et il doit former, d’après M. Isidore Geoffroy, un genre à
part que l'on pourra nommer Acomys.
» Enfin l’'Echimys dactylinus, Geoff.-S.-H. Ce rongeur, quoiqu'il ne
soit pas même épineux, a été placé jusqu’à présent parmi les Échimys :
mais les nombreux caractères distinctifs que présentent ses dents, ses
pattes, sa queue ne permettent de le laisser ni parmi les Échimys ni parmi
les Nélomys, dont il différe assurément beaucoup plus que ces deux
genres ne diffèrent entre eux. M. Isidore Geoffroy propose, en consé-
quence, d'établir pour lui, sous le nom de Dacryromys, un genre nou-
veau dont les caractères, exposés avec détail dans le Mémoire, peuvent
être ainsi résumés :
» Corps couvert, non de piquants, mais de poils,et terminé par une lon-
gue queue : celle-ci nue et écailleuse , sauf sa base qui est velue. — Pattes
courtes : les antérieures tétradactyles, avec les deux doigts intermédiaires
extrêmement longs, et armés, aussi bien que les latéraux, d'ongles courts
et convexes. Les postérieures pentadactyles; les trois doigts intermédiaires
à ongles médiocrement comprimés et allongés ; les deux externes qui sont
courts, à ongles courts et convexes. — À chaque mâchoire, quatre mo-
laires , divisées transversalement par un sillon en deux portions subdivi-
sées par une échancrure : les deux rangées des molaires supérieures assez
rapprochées en arrière, presque contiguës en avant. ù
» L'unique espèce connue dans ce genre est l'Echimys dactylinus ,
Geoff.-S.-H, Dactylomys typus de M. Isidore Geoffroy, qui résume ainsi
ses caractères spécifiques. — Corps couvert de poils assez doux, variés
de roux-mordoré, de noir et de fauve; une petite huppe de poils un peu
raide, d’un blanc roussätre sur la tête. — Taille d’environ 0",350; queue
plus longue que le corps et la tête.
» Cette espèce, qui habite l'Amérique méridionale, probablement le
Brésil, est jusqu’à présent restée d’une extrême rareté. L’individu que
M. Geoffroy Saint-Hilaire père a rapporté en 1808 de son voyage en Por-
tugal, et qui.est-conservé depuis cette époque dans le Musée d'Histoire
naturelle de Paris, paraît être encore aujourd’hui le seul connu. Il sera
figuré dans l'une des planches accompagnant le Mémoire de M. Isidore
Geoffroy. »
( 889 )
paysique. — Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pouvoirs rayon-
nants et absorbants de l'atmosphère, et sur la température de l'espace ;
par M. Pouirrer.
L'auteur continue la lecture de son Mémoire ; cette lecture sera ache-
vée dans la prochaine séance.
RAPPORTS.
Rapport sur un nouvel envoi d'ossements fossiles des environs d’ Auch ; par
M. LaRTET.
(Rapporteur, M. de Blainville.)
« Depuis le dernier rapport que j'ai eu l’honneur de faire à l’Académie
sur le résultat des fouilles entreprises aux environs d’Auch par M. Lartet,
recherches à la dépense desquelles l'Académie a bien voulu contribuer,
cet investigateur zélé n’est pas resté inactif; et même, dans le but d’élar-
gir et de perfectionner son mode d'exploration, il a acheté le droit de
faire des fouilles pendant un certain nombre d’années dans une circons-
cription assez étendue. Aussi, depuis ce temps, plusieurs caisses de fossiles
ont été envoyées par lui au Muséum d'Histoire naturelle. Comme je n’en ai
pas encore entretenu l’Académie, je lui demande Ja permission de le faire
aujourd’hui, d'autant plus que le grand nombre d'échantillons qu'il a re-
cueillis, aussi bien d’une espèce de cerf à bois bifurqué et pédonculé que
d’un ruminant dont les dents molaires complémentaires se trouvent co-
existantes avec les dents à remplacer dites de lait, ont conduit M. Lartet
à reproduire une opinion déjà émise par lui l'année dernière, que dans
cette espèce ancienne de cerf les bois ne tombaient pas, et que le mou-
vement de la dentition de certains ruminants fossiles à Sansan n'avait pas
lieu , comme sur ceux de nos jours.
» Quelque heureux que soient l’ensemble des circonstances et l'aspect
sous lequel s’est présenté le singulier dépôt de Sansan, aux environs d’Auch,
où les débris des animaux de toute classe, terrestres et aquatiques, se
trouvent à la fois accumulés d’une manière aussi prodigieuse, où les plus
gros, comme les plus petits; sont pour ainsi dire représentés dans cette
espèce de vaste cimetière par quelques-uns de leurs ossements et quel-
quefois par leur squelette presque entier, entrainés qu’ils furent par les
avalanches et les chutes d’eau, versant et labourant les étages ou les plaines
(998 )
supérieures dans quelque grand lac ou dépression du terrain, il ne fallait
cependant pas s'attendre que chaque jour, à chaque coup de pioche, on dé-
couvrirait quelque chose d’absolument nouveau, quelqu’une de ces formes
plus ou moins insolites qui viennent admirablement remplir les lacunes
actuelles de la série zoologique, ainsi que nous en avons rencontré dans
les premiers envois de M. Lartet. Mais, comme pour la restauration du
squelette des animaux de cet ancien monde et de tout autre squelette, il ne
suffit pas d’une où deux pièces même des plus caractéristiques, car plus on
en possède et plus on peut espérer d'arriver à connaître leurs rapports aussi
bien avec les différentes espèces de genres déjà connus qu'avec celles de
genres entièrement inconnus, nous sommes fort loin de penser que les der-
niers envois de M. Lartet n'aient pas été d’une grande utilité à la paléontologie,
quoiqu'ils ne renferment, à ce qu'il nous a semblé, aucun indice de forme
animale nouvelle. En effet, en augmentant, comme il l’a fait, le nombre des
ossements du Singe de l’ancienne Europe, de la grande espèce de carnassiers
intermédiaire aux Coatis et aux Chiens, de l'énorme représentant de l'O-
ryctérope et du Pangolin dans nos climats, du Dinotherium dont les mem-
bres nous sont encore probablement inconnus, de ceRhinocéros sans corne,
de ce Cerf à bois longuement pédonculé comme les Muntjacs de l'Inde, de
cette Antilope européenne, si petite, qu’elle ne peut être comparée qu’à quel-
que antilope pygmée, on voit que c'était fournir à la science les éléments
souvent nécessaires pour convertir des doutes, des spéculations souvent
plus brillantes et plus hardies que réelles en quelque chose de vrai; car
pour nous, qui avons entrepris de scruter les questions paléontologiques
avec maturité’et sans idée préconçue, nous sommes assez loin de croire
qu'un seul os, qu’une seule facette articulaire d’un os puisse suffire pour
reconstruire le squelette d’un animal inconnu , et par suite faire deviner
ses mœurs et ses habitudes. F’expérience est là malheureusement trop sou-
vent devant nos yeux pour nous montrer les erreurs, les vacillations aux-
quelles ces prétentions ont conduit ceux même des paléontologistes
qui étaient le mieux placés pour résoudre les problèmes ostéologiques.
Les heureuses rencontres faites par M. Lartet nous en offrent même un
exemple célébredans une phalange unguéale, fissuréeprofondément comme
cela a lieu chez les Pangolins, ainsi que Daubenton l'a fait remarquer le
premier depuis long-temps, et que les uns, à cause de cela, ontrapportée à
une espèce gigantesque de ce genre, que d’autres ont regardée comme pro-
venant du Dinotherium, exemple fâächeux Jui-même d’un jugement sans
suffisante connaissance des pièces, et qui certainement appartiennent à
(&gr )
une forme animale distincte et voisine de lOryctérope ou du fourmilier du
Cap; puisque cet animal était pourvu de. dents.
» Nous avons un trop grand nombre d'exemples semblables où des
prévisions, quoique en apparence rigoureusement établies sur des faits.
ont été démenties par de nouveaux faits, Pour ne pas accepter avec le
plus grand intérêt la possibilité de confirmer où de rectifier les déduc-
tions tirées de l’examen d’un petit nombre d'éléments, par celui d’un
grand nombre d’ossements différant d'âge et de grandeur. Nous. y voyons
les moyens de confirmer les espèces fossiles, et par suite’ leur différen-
tièlle avec celles qui existent aujourd’hui à la surface de Ja terre, soit dans
nos contrées, soit dans des régions plus ou moins éloignées. Les paléon-
tologistes consciencieux, et qui connaissant la difficulté du sujet, veulent
fournir à la géologie étiologique , nécessairement plus ou moins conjec-
turale, des éléments 1n peu positifs, voient donc avec avec le plus grand
plaisir le nombre considérable des matériaux recueillis dans une même
localité, et dès lors les doubles, les triples et les quadruples ont un in-
térêt réel, et plus grand qu'on ne serait porté à le penser au premier
abord. Nous trouvons même dans les dernières collections faites par
M. Tartet un exemple à l'appui de cette utilité et de cette manière de
voir. N'ayant pendant long-temps, et au milieu d’un nombre considérable
d'échantillons de grandeurs différentes , jamais rencontré de bois détachés
d’une espèce de cerf rappelant le Muntjack par le long pédoncule qui
porte la perche, également fort simple; il avait proposé d'admettre que
dans cette ancienne espèce les bois ne tombaient pas; sans penser sans
doute que pour que cette hypothèse püt avoir lieu il aurait fallu que ces
bois fussent restés constamment couverts de peau, ce qui était en con-
tradiction avec l’état de leur pointe, souvent usée, preuve que l'animal
s’en était servi, comme le font nos cerfs aujourd’hui. Mais ses nouvelles
et persévérantes recherches lui ont enfin procuré un de ces bois détaché
de son pédoncule, et dés lors l’hypothèse est tombée avec lui. Espérons
qu'il obtiendra lé même résultat à l'égard d’une autre espèce de cerf à
bois simple ou à daguet, bois qu'il n’a pas encore rencontré détaché,
mais qui certainement devait tomber si c'était un bois.
» Nous pensons qu’il obtiendra le méme résultat pour les mâchoires
de ces ruminants qui lui ont offert la simultanéité d'existence des trois
dernières arrière- molaires de complément, et des trois antérieures tem-
poraires ou de lait. En effet, on voit que ce n'est pour ainsi dire qu'un
accident de temps qui a fourni cette coexistence d'une partie dentaire
( 892 )
persistante avec une autre passagère. Un peu avant ou un peu apres, les
dents antérieures n’existeront plus et seront remplacées , et un peu avant
les postérieures n’existaient pas, comme nous en avons des exemples
dans nos collections de mammifères récents. Dans les espèces fossiles, à
Sansan , il semble seulement que la durée de cet état transitoire était
peut-être un peu plus longue que dans les espèces jusqu'ici observées
à l’état récent.
» D'après le peu de détails dans lesquels nous venons d’entrer, nous
espérons que l’Académie trouvera, comme nous, une nouvelle preuve des
grands services que la localité des environs d’Auch exploitée convenable-
ment etavec persévérance, doit rendre à la paléontologie, c'est-à-dire à cette
partie de la science des corps organisés qui étudie l’histoire de leur exis-
tence et leur disparition à la surface de la terre. En effet, aucun lieu
n’a encore été rencontré dans lequel on puisse supposer, avec quelque
raison, qu’une grande partie des êtres coexistants à une époque aussi re-
culée , ont laissé des traces ou des preuves de leur existence, et sans qu'on
puisse y supposer des mélanges d'animaux de différentes époques, comme
cela a lieu pour les brèches osseuses, le diluvium et le sol des cavernes.
Dans cette manière de voir, nous ne craindrions donc pas de demander à
l'Académie de nouveaux encouragements en faveur des travaux de M. Lar-
tet, s’il lui était possible, avec des secours pour ainsi dire éventuels, de les
continuer avec la suite nécessaire pour donner à ses recherches la combi-
naison raisonnée qui doit les rendre plus fructueuses. Dans cette circons-
tance, nous craindrions même d’être taxés d'indiscrétion. Qu'il nous soit
cependant permis d'émettre le vœu que, par une mesure convenable sous
tous les rapports, une certaine somme annuelle sera assurée pendant
cinq à six ans à M. Lartet, afin que son exploration puisse être calculée de
la manière qu'il jugera plus convenable pour atteindre le but. En atten-
dant, nous conclurons à ce que l'Académie lui adresse de nouveaux re-
merciments pour le zèle éclairé qu’il met à poursuivre ses recherches, et
qui est pleinement démontré par ses nouveaux envois. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
( 893 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉGANIQUE aPrLiQuEE. — ÎVote sur le Ventilateur à force centrifuge ; par
M. Coneess.
(Commission précédemment nommée.)
Dans cette note l’auteur expose les résultats de quelques expériences
faites avec l'appareil dont il avait fait connaître la construction et déve-
loppé la théorie dans un précédent mémoire.
«Mes essais, dit-il, donnent la mesure précise de la quantité de
travail nécessaire pour déplacer un volume d’air donné dans des circons-
tances analogues à celle de la ventilation forcée des lieux habités, des
serres, des magnaneries, des ateliers de séchage, etc., et font voir qu’on
peut, avec une fort petite dépense de force, déplacer des volumes d’air
considérables.
» Les dimensions principales du ventilateur aspirant sur lequel les ex-
périences ont été faites, sont les suivantes : le diamètre de l’ouverture
centrale par laquelle l’air est aspiré, est de o",Co; le plus grand diamètre
de l'appareil, de 1",20; les ailes courbes, au nombre de 12, tracées con-
formément à la théorie développée dans mon mémoire, ont 0",15 de hau-
teur à leur origine, et 0”,224 à l'extrémité la plus éloignée de l'axe. Un
tuyau cylindrique de 0",5o de long a été adapté à l'ouverture centrale,
et c’est dans ce tuyau, en divers points d’une mème section transversale,
que j'ai placé l’anémomètre, au moyen duquel j'ai mesuré les vitesses du
courant d’air attiré par le jeu de la machine. (Voyez pour la description
de cet anémomeètre la 1° livraison des Annales des Mines pour 1838.)
» Le mouvement a d’abord été imprimé au ventilateur par le moyen
d'un fort tourne-broche à poids. Voici le tableau des résultats obtenus de
cette manière :
POIDS CHUTE NOMBRE VITESSE VOLUME TRAVAIL |
A é > TRAVAIL TRAVAIL
dupoids | de tours | Æ9YEnne d'air dépensé en
de 2 ar) lon re AMEN, EAU
moteur d'homme
en ventilateur, l'air aspiré, dans tombant de appliqué
3 minutes, par ?| en mètres, | 1 minute, de cheval- à la
noute par en x mètre
3 seconde. |mèt. cubes. |par seconde.
nn | | | |
en
kilog. | en mètres. vapeur. |manivelle.
96,81 3,1212 | 52,95 | 4,964 | 0,064 | 0,794
4,72 | 84,40 47,15, | 3,67: 0,049 | 0,612
1,945 | 37 1,1444 | 19,41 1,308 |o,o17 | 0,218
C. R. 1838, 1er Semestre. (T. VI, N° 26.) 122
( 894 )
» On voit par ce tableau, 1° que l'on peut déplacer plus de 19 mètres
cubes d’air par minute, avec une dépense de force qui est un peu plus
du cinquième de la force d’un homme agissant sur une manivelle (j'ad-
mets, d’après M. Navier, que l'homme appliqué à la manivelle fournit un
travail de 6 kilogrammes, élevés à 1 mètre, dans une seconde).
» 2°, Les volumes d’air débités dans les trois expériences sont entre eux
comme les nombres 1 : 2,43 : 2,73. Les nombre de tours du ventilateur
correspondants sont respectivement comme les nombres 1 : 2,39 21202,
et les quantités de travail moteur dépensé comme les nombres 1 : 2,81 : 3,64.
Ainsi les volumes d’air déplacés demeurent à peu près proportionnels aux
nombres correspondants de révolutions du ventilateur dans l'unité de
temps ; toutefois, les volumes croissent un peu plus rapidement que la vi-
tesse du ventilateur, ce qui tient, sans aucun doute, au jeu qu'il faut
laisser entre les bords des ailes mobiles et la face intérieure du disque
fixe, devant lequel elles circulent. Quant au travail dépensé, il croît
beaucoup plus rapidement que le volume d'air, mais beaucoup moins ra-
pidement que le carré de ce volume. Les expériences sont trop peu
nombreuses pour m'avoir permis de tenter de déterminer la loi de cet ac-
croissement.
» Le peu de force nécessaire pour faire tourner le ventilateur me sug-
géra l’idée d’essayer de le mouvoir par le moyen d’un chien marchant
dans une roue. Je me procurai donc, chez un cloutier, une roue dont le
diamètre intérieur était de 1”,55. Sur l’axe je fis monter 3 poulies de
différents diamètres, le plus grand ayant 0",65 et le plus petit o",31. Le
mouvement de la roue était transmis au ventilateur à l’aide d’une corde
sans fin, passant sur l’une des poulies montées sur l’axe de la roue, et
sur une autre poulie fixée sur l'arbre du ventilateur, qui avait 0",25 de
diametre.
» Le chien qui a été mis à ma disposition était un jeune boule-dogue
bien dressé à ce genre de travail et du poids de 19 kilogrammes. La
corde sans fin fut jetée d’abord sur la poulie de 0°,65 de diamètre. Le
chien marchant dans la roue fit tourner le ventilateur pendant une heure
un quart ou une heure et demie de suite. Le nombre de tours du venti-
lateur compté directement varia pendant ce temps depuis 91 tours par
minute jusqu'a 67. Le nombre moyen de tours par minute, conclu
d'observations faites pendant 19 minutes, également réparties dans la
durée totale de l'expérience, fut de 81. La vitesse moyenne de l'air
correspondante ; conclue des observations anémométriques, fut de 2",6889
par seconde , et le volume d’air déplacé s’éleva en conséquence à
( 895 )
45" %:,609 par minute. Ces nombres, comparés à ceux donnés précé-
demment, font voir que le volume d'air déplacé croît toujours un peu
plus rapidement que la vitesse imprimée au ventilateur (1); que le travail
moteur du chien a été très peu inférieur à 3°67 tombant de 1 mètre
par seconde, ou aux Æ& de la force d’un homme appliqué à la mani-
velle. De la dimension de la roue et du nombre de tours de cette roue,
qui était de 30,67 par minute, on conclut que le chien a dû parcourir
149°,34 par minute ou 8960 mètres par heure.
» Cet essai terminé, je plaçai la corde sans fin sur la poulie de 0",32
de diamètre. Le chien placé dans la roue continua à faire tourner le
ventilateur pendant plus d’un quart d'heure, de manière à lui faire faire
moyennement 38 tours par minute. La vitesse moyenne de l'air, dans le
cylindre aboutissant à l'ouverture centrale , fut de 1",2277 par seconde,
et le volume d’air aspiré de 20" ‘826 par minute. La vitesse du ventilateur,
comparée au volume d’air déplacé, est encore d’accord avec les premières
expériences. On voit aussi que le chien ne marcha pas plus vite, bien que
la résistance qu'il avait à surmonter fût moins de la moitié de celle des
premiers essais, ce qui doit venir de ce qu'il avait pris d’abord la plus
grande vitesse qu'il püt prendre, et peut-être aussi de ce qu'il était fatigué.
Au surplus, après les deux expériences dont la durée totale a exigé un
travail effectif du chien d’au moins une heure et demie, l'animal ne pa-
raissait pas harassé. Je crois néanmoins qu’il n'aurait pu soutenir un tra-
vail semblable pendant quatre heures consécutives, ce qui est la durée
du travail journalier qu'il fait chez son maître.
» Lorsqu'un ventilateur aspirant des dimensions de celui qui a servi aux
essais précédents devra être mü par un homme appliqué à la manivelle, il
conviendra que la transmission du mouvement soit disposée de manière à
obtenir de 3 à 4 tours au plus du ventilateur pour chaque tour de manivelle.
» Si l’on emploie une femme ou un enfant de 14 ou 15 ans, le ventilateur
devra faire de 2 à 3 tours pour chaque tour de la manivelle.
» Enfin si le moteur était un chien, il faudrait que la roue ayant de 1,50
à 1”,55 de diamètre, le ventilateur fit 2 tours environ pour un tour de la
roue. »
(1) Je dois faire remarquer que l’essai fait en employant un chien comme moteur,
a été fait avec un ventilateur différent du premier, mais construit sur les mêmes dimen-
sions, ce qui n’a pu empêcher quelque différence provenant de l’exécution.
122,
( 896 )
PaysioLoGiE. — Recherches sur les effets des variations dans la pression
atmosphérique à la surface du corps.
M. Émire TagAarté demande l'ouverture d'un Mémoire cacheté qu'il a dé-
posé dans la séance du 9 avril dernier, sous le titre de Recherches
physico-phy siologiques.
« Mon Mémoire, dit l’auteur, renferme les principaux résultats de longues
tentatives auxquelles je me suis livré, dans le but de créer, au profit de
l'hygiène et de la thérapeutique , un ensemble de moyens usuels, propres à
modifier utilement la pression que l'atmosphère exerce sur le corps humain.
» Les influences physiologiques qui dérivent des modifications que
lon peut faire subir à la pression de l'atmosphère, se sont présentées à
moi sous divers points de vue, selon qu’elles touchent au degré d'intensité
ou à l’état d'équilibre de cette pression ; et, dans ce dernier aspect, une
distinction même est à faire suivant que l'équilibre est rompu seulement
sur une partie plus ou moins grande des surfaces du corps, ou sur la to-
talité des surfaces externes mises en opposition avec des surfaces internes.
» De là jai pu tirer six procédés différents dont la pression de l'air
forme l'unique base, et dont l'utilité variée peut répondre à des indica-
tions hygiéniques et thérapeutiques nombreuses.
Ces procédés comprennent :
» 1°. La condensation générale de l'air sur toute l’économie ;
» 2°, La condensation locale sur les membres ;
» 3. La raréfaction locale sur les membres;
» 4°. La condensation et la raréfaction alternatives et locales, ou on-
c2
dulation sur les membres;
» 5°. La raréfaction sur toute l'habitude du corps sauf la tête ;
» 6°. Le jeu des condensations et des raréfactions alternatives sur toute
l'habitude du corps sauf la bouche, d’où résulte une respiration artifi-
cielle et complète contre lasphyxie. »
M. Tabarié annonce que ses recherches remontent à une époque déjà
très reculée , et ont été déjà de sa part l’objet de deux précédentes notes
cachetées dont il déposa la première, dès l’année 1832, comme pierre
d'attente, mais dont il ne demande pas l'ouverture en ce moment. Il
ajoute, qu’elles n’ont, avec ce qui a été publié depuis sur ce sujet, au-
cune conformité dans les moyens, dans le principe, dans le but, et
moins encore dans la plupart des résultats.
« ……. De nombreuses expériences, dit-il, me permettent d'établir, avec
(4897 )
une confiance pleine. et entière, que la condensation dell'är;telle-du moins
que je suis,parvenu, à. la,rendré. usuelle est douée: d’une vertu fortifiante
et sédative, si certaine.qu’on peut l'opposer.tonjoursiavec avantage à tous
les accidents; inflammatoires ou fébriles, dont on lui,a fait, bien x tort, une
sorte d’attribut, Elle dissipe, n-effet, -avec-tune | grande: puissance;-toute
ardeur intérieure du thorax , toute chaleur insolite-des) organes que cette
cavité recèle ; elle diminue la fréquence des mouvements circulatoires, elle
en précise le rhythme; elle calme l’exacetbationencéphaliqueletisé montre
éminemment propre, à combattre le délire :et l'ivresse; nullement: à les
exciter, ainsiqu'on l'a dit... lose fi pese
» Parmi les observations que j'ai reproduites, quarante-neuf exemplesise
rencontrent.touchant les maladiés des organes delarespiration ; etacenom-
bre correspond un/nombre égal de guérisons on d'améliorations remarqua-
bles, qui m’autorisent à considérer lacondensation del’aircomme susceptible
de devenir le spécifique de ces redoutables affections: La circulation recoit à
son tour une modification, du mémeordre qui la ramène également à son état
normal. J'ai rapporté deux cents exemples d'observations, faites-avécun soin
scrupuleux, sur les battements du pouls-dans des états pathologiques; et
l’on ne verra pas sans intérêt que la condensation de l'air abaisse générale-
ment le rhythme actuel de la cirenlation, et, dans certains cas, opère, à
l'heure même, une réduction durable de 10, de 15 , de 20 pulsations par
minute. »
M. Tabarié dit avoir employé avec succès la condensation générale de
l'air dans des cas nombreux et très variés, tels que l’aphonie , l’hystérie,
la céphalalgie, l’hémiplégie, les fièvres intermittentes, etc.
Le, paquet indiqué, ouvert séance tenante, renferme un travail ayant
pour titre : « Mémoire sur un système de bains d'air généraux ou lo-
caux, applicables. à l'hygiène et à la thérapeutique et fondés sur les mo-
difications que Von-peut faire subir à la: pression de ’atmosphère.
MM: Dulong et Magendie sont chargés d'en reridre compte à l’Académie
CHiRURGIE. — Mémoire sur les calculs de cystine ; par M. Civrare.
(Commissaires, MM. Théuard., Dumas, Breschet.)
L'auteur, dans ce Mémoirë, fait connaître quatré cas de calculs de cystine
qui se sont présentés chez, des malades confiés à ses, soins, 1L.est conduit
par là à l'examen des opinions, communément reçues relativement. à Ja
( 898 )
nature de la maladié, aux régions des’ organes urinaires! ôù peuvent se
former les concrétions ; etc.; et il s'attache à prouver que ces opinions
sont à certains égardsten désaccord, non-seulement avec les observations
nouvelles qu'il présente, mais encore avec'celles, d'ailleurs très peunom-
breuses, que possédait déjà la science. Suivant l’auteur, en discutant ces
dernières observations, ‘qui seraient seulement au nombre de quinze, il
est possible d'établir :
«1°. Que la cystine est un produit de la sécrétion des reins, de sorte que
ce nom de cystine est aussi impropre que celui d’oxide cystique qu'il a
remplacé, puisqu'il semble consacrer une erreur en physiologie comme
l’autre exprimait une-erreur en: chimie.
» 2°. Que la cystine peut exister dans l'urine en quantité variable, pen-
dant long-temps ; et d’une manière continue ou avec des interruptions.
» $. Qu'elle peut alterner avec les autres principes de lurine et s'associer
aveceuxodans la formation des calculs où dans l’état liquide, mais que
l'urée et l'acide urique sont les substances auxquelles on la trouve le plus
rarement associée.
» L'histoire des calculs de cystine, remarque M. Civiale, présente une
particularité qui frappe; c'est qu’une même famille en présente souvent
plusieurs cas. Les malades dont parle Marcet étaient frères ; celui que Proust
a observé avait un frère jumeau également calculeux, et plusieurs indices
portent à croire que la nature de la concrétion, chez ce dernier, était la
même que chez l’autre. J'ai appris qu'aux environs de Meaux, deux ma-
lades de la même famille ont eu une pierre de cystine; et quatre malades,
enfin, que j'ai traités, étaient frères. Ces faits ne suffisent pas sans doute
pour établir une loi que des observations postérieures tendraient peut-
étre à renverser; mais on ne doit pas moins en tenir compte, car il paraît
assez extraordinaire que; sur dix-neuf cas connus de calculs de cystine,il
y en ait dix quisse soient présentés dans quatre familles, et que dans trois
cas au moins les malades aient été frères. D'ailleurs, les neuf faits qui
demeurent isolés sont précisément ceux pour lesquels on ne possède au-
cuns renseignements relatifs aux malades. »
BOTANIQUE. — Mémoire sur un nouveau genre de la famille des légumi-
neuses (le genre Farnesia); par M. G. GasPARRINI.
(Commissaires, MM. de Jussieu, Richard. )
Le
Ce nouveau genre a pour type l’Acacia farnesiana, espèce dans laquelle
l'auteur annonce avoir reconnu plusieurs caractères qui ne permettent
( 899 )
plüs de la conserver dansile groupe auquel on la rattachait Jusqu'ici et
qui la rapprochent au contraire des Ingas: La plante borterait désormais
le nom spécifique de Farnesia-odora. Ce serait jusqu’à présent la seule
dans le nouveau genre. M
PHYSIQUE. — Polarisation de la lumière.
M. C. Cnevazier présente un appareil destiné à servir, dans les cours
publics, à l'exposition des phénomènes de polarisation.
(Commissaires , MM: Savart, Savary, Pouillet. )
M. Loncrx présente un Cadran solaire à équation.
(Commissaires, MM. Bouvard > Damoiseau. )
M. AvserciEr soumet au jugement de l’Académie un Mémoire ayant
pour titre : Plan d'un ouvrage. sur l'OEnologie.
M. Gautier adresse uné réclamation de Priorité relativement à une
communication de M. Chaslés, sur là numération écrite des anciens.
M: Gaütier n’a connu cette communication que par l'extrait incomplet
qu’en a donné une feuille quotidienne, et semble n’avoir pas une idée
bien nette dé ce que M. Chasles considère comme neuf dans l’opinion
qu’il a émise.
(Commissaires | MM. Lacroix , Poinsot. )
M. Ratre adresse quelques observations relatives à l’Electricité mani-
Jestée par les copeaux qu’enlève le rabot , lorsque le bois sur lequel agit
l'instrument tranchant est bien sec et que la température: est un peu
élevée.
(Commissaires, MM, Becquerel, Savary. )
CORRESPONDANCE.
M. LE MINISTRE DE LA JUSTICE FT Dxs Cuites invité l'Académie à Jui
faire savoir si elle persiste toujours dans l'opinion qu’elle a émise relati-
vement au métal dont il conviendrait de faire choix Pour la couverture
de la cathédrale de Chartres. s
La lettre de M. le Ministre est renvoyée à une | Commission composée
des mêmes membres qui avaient été chargés précédemment d'examiner
cette question.
( 090)
M. ze MinisTkE DE L'INSTRICTION PUBLIQUE transmet une notice impri-
mée par ordre,du gouvernement valaqué, sur lesieffets du tremblement de
terre ressenti à Bucharest , le 11 janvier 1838.
Une autre lettre de M. le Ministre de l’Instruction publique rappelle
qu'il n’a pas été fait de rapport sur un Mémoire de météorologie qui avait
été, l'an dernier, transmis par M. le Ministre de l'Intérieur, et dont l’au-
teur est M. Korilsky, réfugié polonais.
céocrarmie. — Sur l'aspect, des, campagnes dans quelques parties de
l'Algérie. — Extrait d’une ie de M. pes AYE à 1. AU de
Saint-Vincent. 155 D SU \
PE Jairecherché la cause del’absence totale des arbres et des arbustes
sur tout le versant méridiônal de la premiere chaine, depuis le nord de
Misah jusqu’au Raz-el-Akba, et jusqu’au grand Désert méridional, et je
crois qu’elle dépend plus de la volonté des Arabes nomades que, des in-
fluences du climat et de la disposition des lieux. , La contrée littorale..est
très montueuse, les mouvements du sol y sont fort prononcés , et la terre
n'y est fertile que dans les vallées. La zone intérieure est au contraire
formée d'immenses plaines ou plateaux ondulés surmontés de, massifs ro:
cheux, qui dans d’autres périodes géologiques appartenaient à des chaînes
maintenant rompues. Les nomades n’ont besoin que. de deux poteaux pour
soutenir leur tente, et pour combustible que de quelques tiges de char-
dons. Le bois leur nuit en ce qu'il occupe la place de pâturages et sert
de retraite! aux bêtes féroces dont lé nombre à diminué ‘en raison de la
diminution des: arbres. Les Arabes donc couperent les arbres partout et
brûlerent les broussailles à mesure qu'ils dépossédaient les Kabyles; quant
à ceux-ci, agriculteurs non moins que pasteurs , ils n’ont pas eu le même in-
térêt à couper les forêts qu'ils ont laissées subsister sur les hauteurs ou il
aurait été au contraire pénible delles abattre; Hs,ont dans les fonds planté
quelques arbres fruitiers, clos de haies vives ou sèches certains domaines,
etont moins altéré!la bhyéténdnné primitive du pays. Ceux des Kabyles
qui sous lenom de Chaouïa ; ‘divisés en tribus diverses (des Hennecha, des
Aractas, des Segmia ; etc. ), ont consérvé Ia vie nomade dans les riches
plaines qui s'étendent de Tunis au sud de Cohstantine , font aussi, au-
tant qu'ils lepeuvent; disparaître les'arbres et jusqu'aux moindres brous-
sailles. Ces Kabyles nomades, pour le dire érf'passant, parlent un autre
dialecte que les Kabyles du nord.
( gor )
» Ce qui prouve que les bois viendraient dans cette région tout aussi
bien que dans celle du nord; c’est que: partout où il y à üune habitation
stable, marabout, mosquée ou maison de campagne, près de Constantine
on voit des palmiers, müriers , citronniers et figuiers réunis dans les mêmes
vergers aux abricotiers, cerisiers , noyers, et sur le bord des eaux de m:-
gnifiques peupliers trembles; et plusieurs variétés d’ormeaux, etc. Dans
une petite vallée profonde et fraiche des montagnes de Tchataba, à trois
lieues sud de Constantine, j'ai trouvé des arbres magnifiques, notamment
d'immenses peupliers et ormes entourant la demeure d’un marabout: et
le saint hermitage eût été réputé situé dans une position délicieuse ménie
dans les plus beaux cantons de la France. Les flancs de la vallée étaient
couverts de superbes chênes verts; mais de pareilles exceptions sont bien
rares, et du sommet du Mansourak on nevoit dans un immense horizon
qu'un seul arbre bien connu comme une singularité à droite de la route
de Milak.
» Vous aurez été sans doute surpris en apprenant que les palmiers ac-
quierent une grande croissance aux environs de Constantine, où l’on m'a
assuré que leurs fruits arrivaient à la plus complète maturité. Cependant
Constantine est à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, et les mon-
tagnes voisines atteignent à 1200. Les températures des sources et citernes
indiquent 15 à 16° pour moyenne. J'ai fait à l'égard de la croissance si
belle de ces palmiers une observation qui explique le phénomène. Ces
beaux arbres, qui mürissent , ne croissent que près des sources thermales
tres nombreuses aux environs de Constantine et dont la température ne
varie que de 27 à 29° centigrades, quelques-unes formant des ruisseaux
tiedes; ainsi le lieu que je regarde comme la station romaine ad palmas ,
est encore ombragé de magnifiques palmiers dont le pied est presque bai-
gné dans les eaux tièdes de l’Æin-el-Hammah.
» J'ai trouvé notre chêne Rowre mêlé au chéne vert dans la forêt qui
couvre le sommet du Mahouna à 1150 mètres. Le chêne-liége ne s'élève
pas à une si haute région. Aucun de ces arbres n’atteint à cinq pieds de
circonférence : ils sont dépourvus de lichens. Il est impossible de voir,
même d'imaginer de plus belles prairies naturelles que celles où nous avons
campé durant les douze jours de notre excursion chez les 4ractas. Nos
chevaux en avaient jusqu’au ventre; nulle part on ne leur voyait les jambes.
Après les nombreuses graminées qui les forment, ce sont les légumineuses
qui y dominent. J'y ai distingué au moins trois Luzernes, plusieurs Hedy-
sarum , entre lesquels celui qu'on cultive dans nos jardins pour la beauté
CR. 1938, 18r Semestre. (L. VI, N° 26.) 123
( go2 )
de ses fleurs (probablement le Coronarium); beaucoup d'astragales et de
trèfles , deux viscia, et ce que je prends pour deux espèces de fèves. Il y
a aussi plusieurs ombellifères, notamment une carotte sauvage. Souvent
le tout est mêlé; d’autres fois certaines espèces se réunissent et se grou-
pent à part par grandes places, et alors leur floraison colore très bizar-
rement Ja campagne par tapis verts, rouges, blanchâtres ou jaunes. Quand
ce sont les carottes qui dominent on les reconnaît de loin à des nappes d’un
vert très pâle qui indiquent en outre un sol profond et frais. Ailleurs les cru-
cifères dorent exactement les pentes sèches des côteaux. Des mauves et un
joli lizeron teignent en bleu ou en violet päle le fond des vallons, surtout
aux lieux 1où lés Arabes ont naguère campé ; mais de toutes ces plantes,
celle qui produit le plus brillant effet est le samfoin quand il croît sociale-
ment : on dirait des plaques du plus beau carmin étendues sur la campagne.
Tel est, du moins au printemps, l’aspect de cette contrée que la plupart des
écrivains se plaisent à nous peindre comme couverte de sables mouvants.
Vienuent ensuite les chardons, qu’on pourrait nommer la manne du pauvre
Arabe; ils en mangent non-seulement l’artichaut, mais, comme nous l’a-
vons vu faire aux pauvres Grecs, les jeunes tiges dépouillées de leur écorce
amère. Ce sont à certaine époque les plantes les plus répandues et qui
pourraient même servir à caractériser la région botanique. Entre le grand
nombre d'espèces ou variétés que j'y ai vues, j'en ai mangé, souvent avec
grand plaisir , plusieurs dont quelques-unes enrichiront certainement
quelque, jour notre horticulture:,».
MÉCANIQUE. — /Vouvelle solution du problème de l'attraction d'un ellipsoïde
hétérogène sur un point extérieur; par M. Cnasrss.
« Dans mon précédent Mémoire, dont l'Académie, dans sa séance du
11 Juin, a ordonné l'insertion dans le Recueildes Savans étrangers, j'ai fait
un exposé historique des travaux des géomètres qui se sont occupés de
cette question. Je ne reviendrai point ici,sur cet objet. Je me propose seu-
lement de présenter une nouvelle solution différente de la première, qui
n'exige pas comme celle-ci la connaissance de plusieurs propriétés nou-
velles des surfaces du second degré. Dans ce nouveau travail, je ne com-
parerai plus de molécule à molécule les attractions des deux ellipsoïdes
de Maclaurin, je les comparerai tout d’abord de couche à couche.
» 4. La seule proposition de géométrie dont j'aurai à faire usage est la
suivante :
( 903 )
Quand: deux ellipsoïdes ont leurs sections principales décrites des
mêmes foyers, si sur le premier on prend arbitrairement deux points S, m,
et sur le second, les deux points corrEsPoNDANTS S', m'; les deux droites
Sm', S'm seront égales.
» j'appelle points correspondants, comme M. Ivory, deux points situés
sur les deux ellipsoïdes, qui ont leurs coordonnées, dans le sens de chaque
axe, proportionnelles aux diamètres des deux ellipsoïdes, parallèles à cet
axe.
» La démonstration géométrique de ce théorème est facile; je l’ai donnée
dans une Note (1) où je me proposais de démontrer par de simples con-
sidérations de géométrie le beau théorème de M. Ivory, que j'envisageais
sous un énoncé plus général que celui que lui a donné cet illustre géo-
mètre. Je ne reproduirai pas cette démonstration. Je n’ai pas besoin non
plus de montrer que la proposition en question se vérifie aussi par un cal-
cul très simple.
» 2. Concevons deux surfaces du second degré A, B, semblables entre
elles, semblablement placées et concentriques; soient 4, b, c les trois
demi-diamètres principaux de la première, et na, nb, nc ceux de la se-
conde : les équations de ces deux surfaces seront
atptaTe
A
» Concevons que à chaque point m de l’espace, dont x, y, z sont les
coordonnées, corresponde un point =” qui ait pour coordonnées x’, y’, 7’,
et qu’on ait les trois relations
Ris. se ca
2 TG he Te b
a!, b', c’ étant trois coefficients constants.
» Aux deux surfaces proposées correspondront deux autres surfaces
A', B! qui sont deux ellipsoïdes semblables entre eux, et semblablement
placés, et dont le; rapport de deux diamètres homologues est 7 comme
dans.les deux, premiers ellipsoïdes., ,,,:.,
» 3. Ces deux surfaces jouissent de bete propriété que : une partie
quelconque du volume compris entre EE , est à la partie correspondante du
(1) Approuvée par FAsadenie dans sa séance du 2 février 1835, sur le rapport de
MM. Lacroix et Poisson. -
123.
( 904 )
volume compris entre les deux premières ; dans le rapport constant
» En effet, l'élément de volume en un point (x, y,z) du premier
corps a pour expression dx dy dz, et l'élément de volume correspondant
dans le second corps est dx’ dy’ dz'. Or, les expressions de x’, y", z' en fonc-
tion de x, y, z donnent
’
a'b'c'
dx’ dy' dz
. dx dy dz;
abc
ce qui démontre la proposition énoncée.
» 4. Supposons qu'on ait entre les trois coefficients indéterminés «&’,b',c'
et les trois premiers &, b, c les deux relations
Dan fa
db = a? — bp,
2 LS Xe
Œ— = a — c°;
les deux surfaces A , A’ auront leurs sections principales décrites des mêmes
foyers, et il en sera de même des deux autres surfaces B, B/.
» ©. Supposons que les deux premières surfaces À, B soient infiniment
rapprochées l’une de l’autre; ce qui aura lieu si » est de la forme (1 —6),
< étant un infiniment petit; ces deux surfaces envelopperont une couche
ellipsoïdale infiniment mince C, dont A sera la surface externe et B la
surface interne. Les deux autres surfaces A”, B' formeront pareillement une
couche ellipsoïdale infiniment mince C’, dont A’ sera la surface externe et
B’ la surface interne.
» Remarquons de suite que. les épaisseurs des deux couches, suivant un
méme axe central, sont entre elles comme les demi-diamètres de leurs sur-
faces externes , dirigés suivant cet axe. Car soient a, a' ces demi-diamèé-
tres, ceux des surfaces internes seront & — da, & — da'; et l'on a, par
?
— da da
| - de
hypothèse, * = EE (2), ou = ee Donc, etc.
» Soient S, S’ deux points fixes pris sur les deux surfaces externes A, A°
et correspondants entre eux; soient deux autres points de ces surfaces,
m, m', aussi correspondants entre eux ; et soient dp, dv’ les éléments de vo-
lume des deux couches en ces points 5», m'; on ‘aura; comme nous ve-
nons de le démontrer (3), |
dé" abc
dy — abc"
» Or, par la proposition (4) on a mS’ = m'S; donc
( 905 )
dv , dv abc r.
mS ‘ mS — abc’
£ : dv d'. ñ
et, étendant les expressions =, —- à toutes les molécules des deux cou-
ms’? ms
ches, on aura
dv dy’ abc
HE C nsc)
» Cette équation exprime une propriété des deux couches que nous
considérons; et cette propriété suffit seule pour résoudre toute la question
de l'attraction des ellipsoides.
» 6. En effet, on sait que les coefficients différentiels de la fonction
dv 4 d ; xd cu u
2 5 Pris par rapport aux coordonnées x, y, z du point m, sont, avec
des signes contraires, les composantes de l'attraction que la couche C
exerce sur le point S’. Or, ce point est dans l’intérieur de la surface in-
terne B de la couche; conséquemment, d’après un théorème bien connu .
« & : : dv
il n’éprouve aucune action de la part de la couche ; l’expression Z st CSL
donc constante, quelle que soit la position du point S/ dans l’intérieur de
la surface interne de la couche C. Donc, d’après l’équation ci-dessus,
la fonction = 7 a une valeur constante, quelle que soit la position du
my>
point S sur la surface externe de la couche C::
» D'où l’on conclut ce théorème :
» Si lon a une couche infiniment mince, comprise entre deux surfaces
ellipsoidales concentriques, semblables et semblablement placées , la somme
des molécules de cette couche, divisées par leurs distances respectives à un
point pris au dehors de sa surface externe, est constante pour toutes les
positions de ce point sur un ellipsoïde ayant ses sections principales décrites
des mêmes foyers que celles de la surface externe de la couche.
» La valeur de cette somme est
COR UC dv
m'S ” abc ms"
aa UV OU (©
abc ' -
(*) Le rapport ze St le même que celui des volumes des deux couches; car celui-
dx a!
i pee t nous ayons vu (5) que l’on a — —
est 77 7 et nous avons vu ($) q + ie
( 906 )
» 7. Concevons une autre couche C” comprise entre deux surfaces sem-
/ LR À
blables et semblablement placées A", B", telles que la première A" ait ses
sections principales décrites des mêmes foyers que celles de la surface
externe À de la couche C, et qu'il en soit de même entre B’et B; soient
S' et m" les points qui sur cette couche correspondent aux points S, m
de la couche C; on aura
dv" AE a'b"c" L dv
m'S abc ms"?
a", b',c" étant les demi-diamètres principaux de la surface A”.
» Or, les deux points S$’, S” étant dans l’intérieur de la surface interne
de la couche C, on a, d’après ce que nous avons dit (6),
ss Car es : dv
MS 0 19" ©
» Les deux équations ci-dessus donnent donc
d, LA
ne se
mS _ ab'e
sodel oh 14%b'c'|
pAEEE
m'S
» Ce qui exprime ce théorème :
» Quand on a deux couches ellipsoïdales infiniment minces, comprises
chacune entre deux surfaces semblables et semblablement placées, et
dont les surfaces externes sont décrites des mêmes foyers , ainsi que les sur-
faces internes ; si l'on fait la somme des molécules de chaque couche ,
divisées par leurs distances respectives à un, point fixe extérieur aux
deux couches, ces deux sommes seront entre elles comme les volumes des
deux couches.
» 8. Ce théorème et le précédent ; qui sont des propriétés géométriques
des couches ellipsoïdalés infiniment minces; sont susceptibles d’autres ex-
pressions qui seront des propriétés des attractions que: ces couches exer-
cent sur des points extérieurs, et qui conduisent facilement au théorème
de Maclaurin et à l'expression de l'attraction d’un ellipsoïde hétérogene.
» g. En effet, nous avons vu par le théorème (6), que l'expression
dv’ le .
>> _ a une valeur constante pour toutes les positions du point S sur la sur-
m
face À; cela prouve, comme on sait, que cette surface est normale à la
direction de l'attraction que la couche C' exerce sur le point S; on a
donc ce théorème :
» L'attraction qu'une couche infiniment mince comprise entre deux ellip-
(907)
soides semblables, semblablement placés et concentriques, exerce sur ur
point extérieur, est dirigée suivant la normale à l'ellipsoïde mené par ce
point de manière que ses sections principales aient les mêmes Joyers que
celles de la surface externe de la couche (*).
» 10. Ce théorème fait connaître les surfaces de niveau relatives à
l'attraction de la couche. Il a une application immédiate -à la théorie de
l'électricité et à la théorie de la chaleur en mouvement dans une enve-
loppe solide homogène terminée par deux surfaces du second degré dé-
crites des mêmes foyers, et soumises à des sources constantes de chaleur
et de froid. Ce que jai fait voir dans deux Mémoires imprimés dans le
XXV° cahier du Journal de l'École Polytechnique.
» Il résulte, en particulier, de ce théorème que la surfacë externe de
la couche est elle-même une surface de niveau , c'est-à-dire que l’attrac-
tion que la couche exerce sur un point situé sur sa surface externe est
dirigée suivant la normale à cette surface.
» Â1. L'équation du n° 7 donne
dy ds”
me ms. £ m'S sur d'b'c'
FT Lou . dx = a"b"c" e
» L’axe des x a une direction quelconque; cette équation prouve donc
que :
» Deux couches ellipsoïdales infiniment minces dont les surfaces ex-
ternes ont les mêmes foyers, ainsi que leurs surfaces internes, exercent
sur un même point extérieur des attractions dont les composantes , esti-
mées suivant une même droite quelconque , sont entre elles comme les vo-
lumes des deux couches.
» 12. 1l résulte de là que : Les attractions effectives des deux couches
sur un même point extérieur, ont la même direction et sont entre elles
comme les volumes des deux couches.
(*) M. Poisson, dans son Mémoire de 1833 (Mémoires de l'Académie des Sciences ,
t. XIIT), a obtenu une autre expression de la direction de l'attraction de la couche,
qu’il a trouvée coïucidante avec l’axe principal du cône circonscrit à la couche , ayant
son sommet au point attiré. L'identité du résultat que je viens d’obtenir par une autre
voie, avec celui de l’illustre analyste, s'aperçoit au moyen d’un théorème que j'ai
démontré depuis long-temps , et qui fait partie des nombreuses propriétés des sur-
faces du second degré décrites des mêmes foyers, que j’ai données dans mon Apercu
historique sur l’origine et le développement des méthodes en géométrie. (Voir p. 392:
art 32.)
(908 )
» De ce théorème on passe sans difficulté au cas de deux couches d'é-
paisseur finie, comme je l'ai fait dans mon premier Mémoire ; et ensuite
au cas de deux ellipsoïdes; ce qui exprime le théorème de Maclaurin.
» A3. Il nous reste à déterminer l'attraction d’une couche sur un point
extérieur. Nous connaissons par le théorème (9) la direction de cette at-
traction. Quant à son intensité, sa détermination se ramène, d’après le
théoreme (44), à celle de l'attraction d’une autre couche dont la surface
externe passerait par le point attiré.
» Je prends pour l'élément de volume de la couche la partie comprise
dans un petit cône ayant son sommet au point attiré S. Soit Sm une arète
de ce cône, et mm’ sa partie interceptée entre les deux parois de la cou-
che, soit & l'élément superficiel que le cône intercepte sur une sphere
ayant son centre en S et son rayon égal à l'unité; r.Sm sera l'élément su-
perficiel intercepté sur la surface externe de la couche par le petit cône;
et le produit de &,Sm multiplié par l'élément rectiligne mm" sera le volume
dy; ainsi l'on a dy = mm. Sm.s. L'attraction exercée par cet élément de
d , Ve
volume est donc p =, = p mm’. 0; p étant la densité de la couche sup-
m
posée homogène.
/4
/
» Menons par le centre O de la couche la droite SO qui rencontre la sur-
face externe aux points d, D; et soit Ou le demi-diamètre de cette surface
parallèle à la droite Sm; on aura, par une propriété connue des sections
coniques,
ou bien, en appelant G le point milieu de la corde mn,
TR Te A
œ 0) 0D
( 909 )
» Si l'on applique cette relation à la surface intérieure de la couche, qui
est semblable à! la-surface externe et, semblablement placée, le point G
restera le même, suivant une propriété connue des sections coniques; le
Ox
rapport 55, restera aussi constant ; et il n’y aura de variables, dans l’équa-
tion, que les deux lignes Gm, OD; on a donc, en la différentiant,
Gm.d.Gm —-%.0D.d.0D.
OD
—0
rh 4 d:0D
» La différentielle de Gm est le segment mm’ ; on a donc mm’ — = "D
» Or, les deux surfaces de la couche étant semblables, le rapport == 0D
est constant, quelle que soit la direction du demi-diamétre OD ; on a donc
d.OD _ da, : alé asc pl 0
="; a, étant le demi-diamètre principal de la surface externe de
OD a,
5 Ox d
la couche. Donc, mm’ — Ow da: 2 ——;ou mn= 72. Où. = . Et l'attraction exer-
Gm° a, Sm
cée par le volume d devient
da, Où
ap
a, Sm
» Supposons maintenant que le point S soit infiniment voisin de la sur-
face externe de la couche; menons la normale SAA' à cette surface et le
derni-diamètre Oz qui lui est parallèle; on aura
—)2
OU D GG sn
SmSn. SAJSA? ‘, Sm «(A SA”
» Or, on a dans le petit triangle SA'n rectangle en A’, SA’ = Sn. cos nSA’
— 4 — 3
= Sn.cos 8. Donc # — _%_. L'attraction de l'élément de devient
Sm SAcosô'
donc
1 da, Ox Rs
É a, ‘ SA ‘cos6”
Et la composante de cette attraction suivant la normale SA est
à da; Où
- "SE
» La composante de l'attraction totale de la couche, qui sera son attrac-
tion effective, d’après le théorème (9), est donc la somme des valeurs que
124
C.R. 1838, re" Semestre. (T. VI, N° 26.)
(gro )
prend cette expression pour tousiles éléments de volume de la couche: Or,
il n’y a de variable, dans cette expression, que 9; il fautidonc prendre la
somme dés éléments de surface de la sphère. Cette somme doit être éten-
due à la demi-sphère déterminée par le plan tangent en S, à la surface ex-
terne de la couche; et l’on doublera le résultat, parce que, outre l’élément
de volume situé en m, à l'extrémité du rayon Sm, il ÿ en a un second
en », contigu au point S , et dont Fattraction est la même que celle du
premier. Il fant donc Re la surface entière de la sphère, qui est 47.
Ainsi, l'attraction exercée par la couche sur le point, est
da; Oz ni
odios sl sl
2
(07
» On pent remplacer le rapport constant <C par! une expression plus
simple. Pour cela, que dans amenés
ur
Sm SA.cos0
on suppose que la droite Sm passe par le centre de la couche; il
viendra
2
Od Oz. à 4 OS.cos OSA O7
ST PRE TL eee 2 NES
» Par le centre O menons un plan perpendiculaire à là normale SA , et
la rencontrant en P;. on aura dans le triangle rectangle SOP,
DE
SP — OS$.cos OSA. Donc Le = } SP; et l'attraction de la couche sur un
point à sa surface, devient
da sp,
grp—
» 14. Maintenant supposons cr ait une seconde couche infiniment
mince , comprise, comme la première, entre deux surfaces semblables et
sem blablement placées, et ayant, respectivement, les mêmes foyers que
les deux surfaces externe et interne de la,premiere couche,-comme dans
le théorème (7), et supposons cette seconde couche intérieure à la pre-
mière, pour que le point S soit en dehors. L’attraction exercée par cette
seconde couche sur le point S aura la même direction que l'attraction
exercée par la première; ét ces attractions seront entré elles comme les
deux produits abc, abc, ; a,b,c, étant les trois demi-diamètres princi-
(otr )
paux de la nouvelle couche. L’attraction exercée par cette couche est donc
°da ;: be
tn 0
= )j 1 ! ; D 4.1 d F di : 5 £
Mais on a, comme nous l'avons dit (5), . — — il vient ‘donc
da abc ';,
A — |, == ., SP:
LUE abc, ë
» Telle ‘est l'expression qu'uné éouéhe éllipsoïdale ‘infiniment ’mince
comprise entre deux surfaces semblables concentriques et sembläblement
placées, exerce Sur un point éktérieur l'a,6}c sont les demi-diämètres
principaux de la surface éxterné dé Ja couche, et &,;b; ce, les démi-diame
tres principaux d’un ellipsoïde auxiliaire mené par le point attiré et ayant
les mêmes foyers que la surface externe de la couche.
» 15. Maintenant, pour calculer lattraction d’un ellipsoïde, je le re-
garderai comme composé de couches infiniment minces, comprises cha-
cune entre deux surfaces semblables. Jé prendrai les composantes, paral-
lèles à trois axes fixes, de l'attraction exercée sur le point S par l’une de
ces couches; et les intégrales des expressions de ces composantes seront
les Composantes dé l'attraction tôtale de Fellipsoïde.
‘5 Prenofis pour les trois axés fixes les axes principaux de l’ellipsoide
proposé, qui seront ceux aussi de chacune des couches élémentaires.
Soient x, y, z les coordonnées du point attiré S, rapportées à ces trois
axes. L’attraction exercée sur ce point Par une couche dont a, b, c sont les
trois demi-diamétres de la surface externe » est l'expression ci-dessus. Cette
attraction est dirigée suivant la normale en S à l'ellipsoide auxiliaire dont
&, b,, €, sont les demi-diamètres. Pour avoir ses composantes paralléles
aux trois axes coordonnés, il suffit donc de connaître les angles que cette
normale fait avec ces axes, Or, le Plan tangent à l’ellipsoide auxiliaire, au
point S, rencontre l'axe, des x à une, distance du, centre qui.est égale
« a; - | J'ai . y 1 t € 7
a La perpendiculairé APAISSEE du centre sur ce pla tangent est égale
à la ligne SP; on a donc, en appelant e l’anglé que cette perpendiculaire
fait avec l’axe des Fa
a ER SP:z
SP— 7 cose; d’où cose =
FD
I
Par conséquent , la composante de l'attraction de la couche sur le point S,
parallèle à l’axe des x, est
124.,
(912)
abc SP
a ee FUN
PANEE
Et la composante de l'attraction de l’ellipsoïde sera l'intégrale de cette
expression, prise depuis a = o jusqu'à a — le demi-axe majeur de l'ellip-
soïde proposé.
» Or, il faut observer qu'il n’y a que a de variable indépendante dans
cette expression; car les autres quantités d, c,a,,b,, c, et SP dépendent
de la valeur de a; il faut donc exprimer toutes ces variables en fonction
d’une seule.
» Soient À, B, C les trois demi-diamètres principaux de l’ellipsoide pro-
posé; la surface externe de la couche qu’on considère étant semblable à cet
ellipsoide , on a
B
b—a:;
C—= a £
= a.
» L’ellipsoïde auxiliaire passe par le point S dont les coordonnées sont
æ,7, 3; on a donc l'équation de condition
ca 2 s
ai Sen
» Or, cet ellipsoide a ses sections Si décrites des mêmes
foyers que celles de la surface externe de la couche; on a donc les deux
relations
b—a = — «, ci — ai = c° —à,
ou
2 2 B° 2 2 C°
Bæa+a(s—i), a=a+a(t—:)
Et la condition ci-dessus devient '
2 2 2
re
% a + æ x) a? + a (1)
Cette équation établit la relation qui a lieu en à, et a.
» Enfin, la ligne SP est égale à la perpendiculaire abaissée du centre
sur le plan tangent à l’ellipsoïde auxiliaire, mené par le point S; on à
donc, comme on sait,
ou
sx
DE re)
(913)
Ainsi nous connaissons les six relations qui ont lieu entre les sept varia-
bles a, b, c,a, b,, c;, SP.
» Pour exprimer toutes ces variables en fonction d’une seule, nous fe-
a . . . A . “
rons —=u. La relation ci-dessus entre à, et a devient, par l'élimination
Le
a
de = 7
EM ddr ane Gad
Li B: Li CE ;
SE mi) e+(e )
» Différentiant par rapport à # et à a, et mettant le rapport
—= à la place de l'expression qui lui est égale, on a
SP
» D'après cela, l'expression de la composante de l'attraction de la
couche élémentaire devient
b
ATP x. = du,
ou, en mettant à la place de 6,0, b,, c,, leurs valeurs données ci-dessus,
4ae x BC D Mens os Me de,
VA + u° (B°— A°) V/A°—+u(C?—A:)
C’est cette expression qu’il faut intégrer pour avoir la composante de l'at-
traction de l’ellipsoïde. Les limites de l’intégrale doivent répondre aux
a
valeurs 4 =0,a= A; or, ona u —=—, elles seront donc x = o et
a
A, étant le demi-axe majeur de l’ellipsoïde décrit des mêmes
__À
U= TT)
foyers que l’ellipsoïde attirant et mené par le point attiré. Ce demi-axe A,
sera déterminé par l’équation
be dns nus AUDI
AE TA + BAS AT CA)
» Ainsi, la composante de l'attraction de lellipsoide supposé homogène,
parallèle à l’axe des x, est
u°du
A
re x BC À —— ee À
RC PE ae Ven
» La valeur de À,, d’où dépend la limite de l'intégrale, sera la plus
( 914 )
grande racine de l'équation'ci-dessus, parce que les deux autres racines
seront les demi-axes majeurs des deux hyperboloïdes, à une et à deux
nappes, quipassent par le point attiré et qui sont décrits des mêmes
foyers que l’ellipsoïde mené par ce, point, et que l’on sait, par des consi-
dérations de géométrie, que ces deux demi-axes sont plus petits que celui
de l’ellipsoide.
» On aura des expressions semblables à la précédente pour les compo-
santes de l'attraction de l’ellipsoïde, parallèles aux axes de y et des z:je
les omets ici pour abréger.
» 16. Je passe au cas de l'ellipsoide hétérogène, en supposant, que
chacune de ses couches élémentaires soit de mème densité dans toute
son étendue, et que cette densité soit une fonction du demi-axe majeur
de la couche divisé par le demi-axe majeur de l’ellipsoïde ; de sorte qu’on
a 2 ï F x | : =
aura p = F (). Or, l'équation ci-dessus, d’où dépend la valeur particulière
de w correspondante! à la, couche, donne l'expression suivante du rap-
a .
port + en fonction de u,
2 AFS PPT LUE
Fr = A2-Lu(B— A*) Az 72 (C2—A°)
on aura donc
= rs + peer l}
Et la composante de l'attraction de! l’elipsoïde,,! parallèle à l'axe des æ,
sera
A
À; je
FAR 8 E ju MHRREEE TO Are à Le ne
k ô VAL (Bi À) VA ut (C— A:),
» Si l'on suppose la densité de chaque couche en raison inverse du
a , = , st Ê .
rapport +, hypothèse que plusieurs géomêètres-ont faite au sujet de la
masse de la Terre, cette intégrale s’obtiendra en termes finis. 1l en sera
de même pour diverses autres suppositions sur la forme de la fonction F.
» 47. On voit que l'intégrale ne contenant le coefficient A, que dans la
limite supérieure, et non dans la partie à intégrer, on aura immédiate-
ment et sous uné mémé forme, la formule relative à l'attraction d’une
couche d'une épaisseur finie, comprise entre deux ellipsoides. semblables
(915)
et Semblablement placés: Cette formule sera
Ê. sn à 2 1
re. [rester
a VA (BA) VAT u° (CA)
A, et a, sont les demi-axes majeurs des deux ellipsoïdes menés par le point
attiré , dont le premier a les mêmes foyers que la surface. externe de la
couche, et dont le deuxième a les mêmes foyers que sa surface interne,
dont a est le demi-axe majeur.
» Pour donner à cette formule la forme sous laquelle on présente or-
dinairement l'attraction d’un ellipsoïide homogène, où le coefficient A,
: Déc en-#2 A fie
entre dans l'expression à intégrer, on fera u — à et il viendra
u
I 2 2 2 z
po L'Svpongrr suoh En Te L
a ABC, nn A? PNEU ra A+ (CA) | dv
À She VAT + v°(B:— A°), W.A% + v2(C:— À:) ù
» Dans mon premier Mémoire, je suis entré dans d’autres détails qu'il
est inutile de reproduire ici, la question de l'attraction d’un ellipsoide hé-
térogène sur un point extérieur se trouvant résolue complétement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les produits pyrogénés du succin.
MM. PerzeTiER et WALTER font connaître quelques-uns des résultats
auxquels ils sont parvenus dans un-travail dont ils se proposent de sou-
mettre prochainement l’ensemble au jugement de l'Académie.
« Au nombre des substances que nous avons obtenues et dont nous
avons fait l'analyse, il en est une, disent les auteurs, qui nous a paru
digne de remarque. C’est une substance blanche cristalline à peine soluble
dans lalcool et l’éther, susceptible de prendre une couleur bleue très in-
tense par l'acide sulfurique.
» Voici les données de l’analyse que nous en avons faite :
Matière..:......... 0%,94
Acide carbonique.... 0 ,83
Eau else 0 ,122
» Si l’on calcule cette analyse d’après le poids atomique attribué jusqu'ici
au carbone, on trouve pour sa composition
Carbone. .......... 95,69
Hydrogène. ........ 5,64
101,13
(916)
» On voit ici qu'on a dans l'analyse une surcharge de 1,13 p. 100. Mais
en prenant le poids atomique proposé par M. Dumas, C = 38, poids que
M. Dumas est porté à considérer comme encore un peu élevé, nous
avons
Garbone! 2.77 1N.%. + 95,20
Hydrogène, ....,., 5,60
d'ou nous tirous la formule :
CH —=/Carbone." ...... 94,9
Hydrogène...... 15,1
100,0
» Cette substance a donc la même composition que l’Idrialène et peut
ètre représentée par la même formule; elle en présente d’ailleurs toutes
les propriétés. Nous aurions donc retrouvé l’Idrialène de M. Dumas, cette
substance si rare qui ne s’est jamais présentée que dans un minerai dont
le gîte est perdu, et qu’on ne rencontre que dans un petit nombre de
collections minéralogiques. Tontefois, avant de nous prononcer sur l’en-
tière identité de l’Idrialène de M. Dumas avec la matière que nous avons
trouvée dans le succin, et que nous nommerions succistérène si elle n’était
qu'isomérique avec celle-ci, nous attendrons que nous ayons pu com-
parer expérimentalement ces deux substances, si, comme nous l’espérons,
un échantillon d’Idrialène nous est remis. »
Extrait d'une lettre de M. Gay à M. Élie de Beaumont.
« Mes recherches géologiques se continuent toujours avec le même zele
et la même persévérance. Après avoir visité les provinces de Valdivia, Illapel,
Chiloë, Coquimbo, etc., je suis venu habiter la petite ville de Los-Andes,
pour être plus près des Cordilières et pouvoir parcourir ces montagnes
sous tous les points de vue. Plusieurs fois je les ai traversées, et toujours
je me suis convaincu que le trachyte, du moins dans le Chili, était loin
d'avoir donné naissance à ces immenses montagnes. Cette roche est en
effet toujours peu abondante, rare aux parties latérales des Cordilières ;
elle ne se trouve reléguée qu’au centre où elle couronne quelques pics ou
quelques sommités; en méditant attentivement sur la part qu'ont prise
ces roches sur la forme de cette vaste chaîne, je me vois forcé de leur
faire jouer un rôle tout-à-fait secondaire; je trouve que leur apparition
n’a fait que modifier ce que les Eurites, les Diorites, Phonolites associées
à la Siénite, avaient déjà depuis long-temps formé. Dans cette suppost-
(917)
tion, je me fonde sur ce que l’ossature de ces montagnes est presque en
totalité composée de ces dernières roches. Partout on les rencontre avec
“une profusion étonnante, alternant le plus souvent ensemble et avec des
breches des terrains intermédiaires, et souvent aussi avec différentes ec-
pèces de Siénite, ce qui donne lieu alors à ce terrain que M. Beudant a
appelé terrain de Siénite et de Grunstein porphyrique. Quant à l’âge de ce
terrain, ou, ce qui revient au même, à l’époque du soulèvement de ces
montagnes, rien, jusqu’à présent, n’a pu me faire résoudre d’une maniere
bien évidente cet intéressant problème. Malgré les nombreuses recherches
que j'ai eu l’occasion de faire dans le seul but de rencontrer quelques
preuves zoologiques ou pétrologiques de l’époque moderne du souleve-
ment des Cordilières , il m'a été impossible de rien trouver de bien satis-
faisant à cet égard. Tous les terrains coquilliers que j'ai eu occasion d’ob-
server, appartiennent à ceux que les géologues appelaient, il n’y a pas
long-temps, terrains intermédiaires et secondaires ; ce sont toujours des
Gryphites, des Térébratules, des Ammonites et autres coquilles aujourd'hui
perdues, qu'on y rencontre. C’est ainsi que dans les Cordilières d’Elqui
et à une hauteur absolue de 4317 mètres, j'ai pu étudier un terrain ju-
rassique, parfaitement caractérisé, avec ses oolithes, ses ammonites, téré-
bratules, etc..., etc, etc. Il était presque horizontal, superposé à une
brèche intermédiaire et recouvert par le grunstein porphyrique, lequel
était lui-même recouvert par le trachyte. Près de Rivadavia un autre ter-
‘rain calcaire plus moderne, composé principalement de pectens et d’hui-
tres, est recouvert par un quarzite et ensuite par un grès, et est encore
subordonné au grunstein porphyrique. Sa hauteur, au-dessus de la mer,
n’est guère que de 929 mètres.
» Dans les Cordilières d’Illapel, j'ai observé un autre calcaire rempli
seulement de petits oursins dont les plus grands n’atteignent guère la
grosseur d’une noix ; il est recouvert toujours par les grunsteins porphy-
riques. Enfin, près le volcan de San-José (Cordilières de Santiago), je viens
d'examiner un quatrième terrain coquillier, composé presque entièrement
de Gryphites, de quelques Ammonites et de Dicérates : ici les couches
sont tout-à-fait verticales, ou du moins très légerement inclinées du nord-
nord-est au sud-sud-ouest, reposant d’un côté sur une diorite granitoide
qu’il semble recouvrir, et de l’autre sur un quarzite qui, sur.certains points,
paraïîtrait comme carié; je n’ai pas encore calculé sa hauteur, mais je puis
vous annoncer qu'elle atteint presque celle de la neige perpétuelle. Si des
Cordilières nous passons à la côte, nous trouvons alors presque à chaque
C.R. 1838, 1°r Semestre. (T. VI, N° 26.) 125
(918 )
pas des terrains tertiaires, dont quelques-uns ont une grande analogie avec
ceux du Vicentin. Ainsi sur la côte ouest de Chiloë, il existe un de ces
terrains qui, lors de sa formation, a été singulièrement modifié par
des éruptions volcaniques. Les laves se trouvent en effet au milieu de
ce terrain , renfermant souvent des moules de coquilles, lesquelles exis-
tent même lorsque ces laves ont pris la forme globulaire. en ai adressé
plusieurs au Muséum d'histoire naturelle, à Topocalma, toujours sur la
côte du Chili ; j'ai retrouvé ce terrain, et dans plusieurs autres endroits ;
mais à Coquimbo, le terrain tertiaire est un peu différent et se lie plus
particulièrement au soulèvement de cette côte, soulèvement que je ne
crois pas avoir été brusque, mais bien insensible et tout-à-fait continu ;
dans une de mes prochaines lettres j'aurai le plaisir de vous donner les
preuves de ce fait. »
Remarques de M. Éuie De BEaumowr à l’occasion de la lettre de M. Gay.
« Indépendamment de l'intérêt que les recherches de M. Gay pourront
acquérir en fixant complétement l'époque géologique des soulèvements de
différentes dates et de différentes espèces qui ont agité et qui agitent en-
core le sol du Chili, elles en offrent aussi beaucoup par leur rapproche-
ment avec d’autres observations que M. Gay ne connaissait probablement
pas au moment où il écrivait. M. Léopold de Buch, dans la revue de tous
les volcans connus qu'il a jointe à l'édition française de son ouvrage sur
les îles Canaries, dit, page 471, que M. Meyen en montant sur le volcan
de Maypo, voisin de Valparaiso, y a rencontré des couches immenses
presque verticales, de pierre calcaire, qui contiennent une quantité pro-
digieuse de pétrifications, et qui s'élèvent au-delà de la limite des neiges
perpétuelles. M. de Buch a examiné ces pétrifications, et il paraît résulter
de leur nature que ces couches présentent à la fois des rapports avec le
calcaire du Jura et la craie. La même analogie se déduit, dit M. de Buch,
des pétrifications que M. Pentland à rapportées du pont de l’Inca, au pied
du passage de Mendoza.
» M. Léopold de Buch m'écrivait en outre de Berlin , en date du 13 mars
1838 : « M. Degenhardt, natif de Clausthal, directeur des mines de Mar-
» mato (Colombie), est arrivé ici avec une collection de belles pétrifica-
» tions En combinant ce qu'il nous apprend avec ce que nous savons
) da Pérou, par M. de Humboldt , nous avons des matériaux pour porter un
» jugement approximatif sur les formations des Andes, depuis le golfe du
(919)
» Mexique jusqu’à Lima. Or, tout ce que nous avons ici sous les yeux rap-
» pelle la craie, et l’on perd de plus en plus l'idée du Jura. M. Degenhardt
» nous rapporte des Baculites des plus décidées, des Exogyres, semblables
» à celles d’Aix-la-Chapelle, des Trigonies analogues à l’Ælæformis, des
» Arches. Il n’y a que le Prerocera Oceani qui rappelle les étages supé-
» rieurs du Jura, et peut-être encore l'Zsocardia excentrica. N'est:il pas
» surprenant, ajoute M. de Buch, que ce Jura ne veuille se présenter
» nulle part en Amérique? Il est bien décidé, maintenant, qu’il manqué
» dans l'Amérique du nord, du moins depuis la mer Atlantique jusqu’aux
» Rocky-Mountains ; il est sûr qu’il n’y a pas de Jura dans le Brésil, de-
» puis les côtes jusqu'aux Andes. Qui sé serait imaginé que cette forma-
» tion füt si rare? »
» On voit par-là que si M. Gay a réellement reconnu au Chili le terrain
Jurassique, sans mélange de caractères étrangers, il a constaté un fait
nouveau pour le continent américain; mais les circonstances citées dans
sa lettre, permettraient aussi de supposer qu’il a seulement reconnu ce
grand système de couches où les caractères crétacés se rapprochent des
caractères jurassiques dont M. de Buch parle dans les différents passages
précités, et ce dernier fait offrirait lui-même beaucoup d'intérêt.
» Quant à la position circonscrite des trachytes, observée par M. Gay,
elle est conforme à ce que MM. de Humboldt et Boussingault ont vu dans
la Nouvelle-Grenade et le Pérou. Tous ces faits tendent à confirmer les
ressemblances de structure que M. de Humboldt a signalées dans la vaste
chaîne des Andes, depuis le détroit de Magellan jusqu’à l'ithsme de
Panama. »
PHYSIQUE. — Sur les effets obtenus de barreaux magnétiques d'une certaine
construction. Extrait d'une lettre de M. Scorxssy à M. Arago.
«Depuis ma dernière communication (voir n° du r1 juin, p. 832) j'ai
construit un barreau composé de 196 lames d'acier trempées de tout leur
dur, et long de 15 pouces. Son énergie est six fois plus grande que celle
des barreaux que j'avais formés avec des lames d'acier trempées à la ma-
nière ordinaire pour ces sortes ‘appareils. Avec ce barreau j'ai aimanté,
par influence, à la distance de r1 pouces, un clou de fer doux poli pesant
500 grains, de manière à ce que ce clou püt à son tour en supporter
un autre du poids de 389 grains. Ce même barreau peut soutenir, à tra-
vers une plaque de marbre de 7 de pouces d'épaisseur, un clou pesant 194
grains. »
12h.
( g20 )
ASrRONOMIE. — Ætoiles multiples ; par M. Mancer , professeur à l'Université
de Berlin.
La note adressée par M. Madler à M. Arago, a pour objet ces systèmes
d'étoiles rapprochées les unes des autres ,animées les unes par rapport aux
autres de mouvements relatifs, qu’on désigne sous le nom d’étoiles doubles
ou multiples. En partant de ce point que, dans notre système solaire, le
faible écartement des orbites planétaires de part et d’autre d’un même plan
doit certainement son origine à une cause commune, M. Madler s’est de-
mandé s’il n’existerait pas quelque chose de semblable, quant aux orbites
des étoiles; si quelque cause générale n’aurait pas eu pour effet de les rap-
procher du parallélisme, en donnant aux mouvements relatifs, par rapport
à chaque centre, une même direction. Si cette idée est vraie, placés
comme nous le sommes dans l'intérieur de la nébuleuse qui comprend
toutes les étoiles que nous apercevons, les mouvements circulatoires des
systèmes binaires ou multiples nous sembleront tous avoir lieu, pour une
moitié du ciel dans un sens, pour la moitié opposée, dans le sens con-
traire. La zone qui séparera les deux hémisphères célestes offrant chacun
des mouvements en apparence inverses, devra ne présenter que des or-
bites très allongées, dont les plans passeront presque par la Terre, par
l'œil de l'observateur, déterminant ainsi le plan commun auquel toutes
les autres orbites devront être à peu près parallèles. Cette zone, l’auteur
la désigne sous le nom de zone équatoriale : les points du ciel distants de
90° de cet équateur en seront les pôles.
Si la cause que M. Madler cherche à faire ressortir existe réellement,
mais que d’autres influences la modifient, des moyennes pourront seules
la mettre en évidence. A cet égard, et pour multiplier le nombre des
données, M. Madler fait observer qu'il ne s’agit ici que de sens de mou-
vement; qu'il n’est, par conséquent, nullement nécessaire de connaître les
éléments des orbites. La discussion peut ainsi comprendre un nombre de
systèmes binaires, qui varie de cinquante à soixante, suivant que l’on ad-
met ou que l’on rejette quelques cas douteux.
Voici maintenant les principaux résultats : les orbites très elliptiques,
au nombre de neuf, indiquent d’abord à M. Madler la zone équatoriale ; de
partet d'autre, les mouvements, du moins le plus grand nombre, doivent
être dirigés en sens contraire. Eh bien ! sur un nombre total de 51 groupes.
34 confirment cette supposition, 17 lui sont défavorables.
(2x )
Le pôle boréal de l'équateur stellaire serait situé par 73° d’ascension
droite et 52° de déclinaison boréale.
M. Madler remarque, en terminant, que la direction probable du dé-
placement de notre Soleil, d’après un travail récent de M. Argelander,
s’écarterait peu de sa zone équatoriale, et serait ainsi à peu près parallèle
à la direction moyenne des plans dans lesquels circuleraient toutes les
étoiles.
MÉTÉOROLOGIE, — Sur les moyens de déterminer la position des étoiles
Jilantes; par M. Cuarces-Louis pe Lirrrow.
(Extrait d’une lettre de l’auteur à M. 4rago.)
«........ Mes observations ont été faites avec un instrument fait
exprès pour ce but-là. C’est un théodolite de bois, pourvu d’une règle
toute simple au lieu de lunette; le zéro de la division horizontale est situé
dans le méridien, De cette manière, l’on obtient immédiatement l’azimuth
et la hauteur d’un point observé. On n’a jusqu’à présent jamais employé
d'instruments pour l'observation des étoiles filantes; leurs positions ont
été toujours déterminées au moyen d’alignements dirigés sur les étoiles
fixes qui se trouvaient près d'elles. Peut-être a-t-on jugé impossible d’ob-
server d'une autre manière des phénomènes d’une si courte apparition. La
possibilité sera tout-à-fait établie par les expériences dont nous allons
communiquer les résultats. L’œil retient assez long-temps l'impression
qu'il vient de recevoir d'une étoile filante, pour qu’on puisse diriger
aussitôt l'instrument aux points où elle a paru et au point où elle s’est
éteinte. L'observation est exacte dans la limite de peu de degrés; elle
est très commode et ne dure que quelques moments; enfin, est-elle éga-
lement praticable au clair de la lune et dans un ciel presque couvert
de nuages, circonstances qui, avec la méthode des alignements, empé-
cheraient presque toute observation. Un autre avantage qui nous semble
de quelque importance, c’est que de cette manière l'observation est à la
portée de qui que ce soit, tandis qu'auparavant il fallait un astronome
qui connût presque toutes les étoiles fixes jusqu'à la quatrième grandeur
au moins. Il nous paraît hors de doute que l’on atteindra ainsi beaucoup
plus promptement, le but désiré de mieux connaître ces phénomènes, Si
l'on veut faire l'observation complète, on ne pourra pas se dispenser de
trois observateurs dont chacun surveillera un tiers du ciel, et d’une qua-
irième personne, qui sera chargée de noter les divisions, afin que celui
(922 )
qui a observé le phénomene ne perde pas la mémoire de la position re-
marquée, à force de détourner les yeux. Enfin il sera bon de se pourvoir
de deux instruments pour le cas d’apparitions très fréquentes. »
oPTIQUE. — Flint-glass de M. Guixano.
M. Arago met sous les yeux de l’Académie, de belles masses de flint-glass
provenant d’une fonte pendant laquelle lui et M. Dumas ont été témoins
des procédés dont M. Guinand fait usage pour éviter les stries. M. Guinand
a divulgué, sans réserve aucune , tout ce que sa longue expérience lui a
appris, et a autorisé, en cas de mort, M. Dumas à le publier. M. Guinand
serait même disposé à mettre dès ce moment les verriers en possession
de ses méthodes, si on lui accordait la plus modeste pension viagère.
M. Arago espère que l'offre de l'habile artiste sera acceptée par le Gouver-
nement : la science et une industrie encore très imparfaite, y sont égale-
ment intéressées.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Température des couches terrestres croissant avec
la profondeur.
MM. Creer et Wurras adressent des observations de température à di-
verses profondeurs, faites avec le thermomètre à déversement, dans un
puits foré de Cessingen, près de Luxembourg. Il résulterait de ces obser-
vations un accroissement moyen de un degré centigrade par 13,2. « Ce
résultat, si peu en rapport avec ceux que l’on a généralement obtenus,
nous fait craindre, disent les auteurs, qu’il n’y ait eu dans nos expériences
quelques causes d'erreur que nous n’ayons pas encore aperçue, et nous
nous proposons de les répéter avec un physicien bien connu de lAcadé-
mie, M. Welter, dont l’arrivée dans ce pays doit être très prochaine. »
M. Gzais-Bizoin demande au nom de son beau-frère, M. d’Abaddie , qui
voyage en ce moment en Abyssinie, que l'Académie veuille bien confier
à cet observateur les instruments qu’elle avait déjà mis à sa disposition
pendant son voyage au Brésil, afin qu'il puisse poursuivre ses recherches,
soit dans ce pays même où il séjournera deux ans, soit dans l'ile de
Soccotora où il doit se rendre avant de revenir en France, et qui parait
être une station intéressante pour les observations relatives au magnétisme
terrestre.
La lettre de M. Glais-Bizoin sera renvoyée à la Commission adminis-
trative.
(923)
M. Worws, en adressant pour le concours au prix de médecine et de
chirurgie, fondation Montyon, son ouvrage sur l'hygiène et le traitement
des maladies dans l'Algérie (voir au Bulletin Bibliographique), indique ,
conformément à la disposition prise par l'Académie pour les pièces des-
tinées à ce concours, les parties de son travail qui lui semblent devoir ap-
peler particulièrement l'attention de la Commission.
La séance est levée à 5 heures. A.
Errata, (Séance du 18 juin.)
Page 843, deuxième formule en remontant, au dénominateur, + 4 ke — sin Z', lisez
+ 4 KP + sin Z'’
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des
Sciences; 1° semestre 1858, n° 25, in-4°.
Annales des Sciences naturelles; tome 9, février 1838, in-8°,
Premier et deuxième Rapport sur la Théorie du Puits artésien de
M. Vioicer; par M. le vicomte Hénicarr 0e Taury; in-4°.
Rapport sur le desséchement et la mise en culture des Terres et Ma-
rais de la vallée de l Authion (Maine-et-Loire); par le même; in-8.
Second Mémoire sur la Bibliothèque royale, sur l'emplacement où elle
pourrait étre construite et sur la meilleure disposition à donner aux grandes
bibliothèques publiques , avec une planche ; par M. Deresserr; 1838, in-4°.
Mémoires sur l'attraction des Ellipsoïdes; par M. Cnasxs, in-4°,
Mémoire sur l'attraction d'une couche ellipsoïdale infiniment mince ; par
le même; in-4°. e
Notices statistiques sur les colonies Jrançaises , imprimées par ordre de
M. le Ministre de la Marine, M. le vice-amiral DE Rosauez; 2 vol. in-8°,
Sept années en Chine, nouvelles observations sur cet empire; par M. P.
Bovet, traduit du russe par M. le prince Em. Gaurzan; Paris, 1838, in-S°.
Exposé des conditions d'Hygiène et de traitement propres à prévenir les
maladies et à diminuer la mortalité dans l'armée en Afrique et spéciale-
ment dans la prosincede Constantine ; par M. Wonws; Paris, 1838, in-8°,
(Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.)
( 924 )
Recherches sur la destruction de l'Alucite ou teigne des grains; par
M. Herr, de Metz; Paris, 1838, in-8°.
Galerie ornithologique des Oiseaux d'Europe; par M. D'Onsienyx; 58°
livraison in-4°.
Études géologiques faites aux environs de Quimper, etc. ; par M. Rivière;
Paris, 1838, in-8°.
Nouvelles Recherches physiologiques sur les éléments de la parole qui
composent la langue française, etc.; par M. Derrav; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-
et-Loire; n° 2 et 3, 0° année, in-8°.
Revue critique des livres nouveaux; par M. Caersuuiez; juin 1838,
in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; feuilles 21
—24, in-8°.
Address to.... Discours prononcé à la séance annuelle de la Societé
royale géographique de Londres, le 21 mai 1858, par son président M. W.
HamicTon ; in-68°.
The journal... Journal de la Société royale géographique de Londres ;
vol. 9, partie 2°, in-8°.
Versuche über.... Recherches sur la densité moyenne de la Terre; par
M. Reicm; Freiberg, in-8°.
Das Verhalten.... De l'affinité du fer pour l'oxigène; Essai pour l'a-
grandissement des connaissances électro-chimiques; par M. Sonônsers;
Casel, in-8°.
Geognostiche.... Æxcursion géognostique; par M. B. Corra; Dresde,
in-8°.
Needhamia expulsoria sepiæ officinalis , décrite et dessinée par M. Ci-
Rus, avec quelques remarques sur les êtres épiorganiques; in-4°.
Auffindung.... Recherches sur les germes des œufs qui se trouvent
dans les ovaires des très jeunes filles ; par le mème; in-8.
Reclamo.... Réclamation de priorité relativement à la forme la plus
favorable à donner aux versoirs de charrue; par M. C. Rnozri; un quart
de feuille im-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 25 , in-4°.
Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°73—75, in-4°.
La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 8.
L’Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n° 46, in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JANVIER —JUIN
Anvssinie, — M. Glais-Bizoin demande que
l'Académie veuille bien confier à M. d’A-
baddie, son beau-frère, qui voyage main-
tenant en Abyssinie, les instruments
qu’elle avait déjà mis à sa disposition pen-
dant son voyage au Brésil..............
Acacia. — M. Gasparrini propose de séparer
du groupe des Acacias l’A. farnesiana,
qui deviendrait le type du genre Farnesia
et porterait désormais le nom spécifique
de F. odora........ TÉTODE CN
Acarus. — Observations sur l’Acarus de la
gale du cheval; par M. Bonnes... ......
AceropoN.—N om proposé par M.Jourdan,pour
un nouveau genre que forme l’auteur et
qui appartient à la famille des Roussettes.
AcÉTaATEs. — Rapport sur un Mémoire de
M, Payen, concernant les acétates et le
protoxide de plomb. .... cnamane)ts ble des
ACIDE CITRIQUE. — Sur la constitution de l’a-
cide citrique; Note de M. Pelouze.....,
— Remarques de M. Dumas à l’occasion de la
Note de M. Pelouze........... start aé
— Continuation de la discussion sur ce sujet.
ACIDE HIPPURIQUE. — Sur la formule ration-
nelle de cet acide ; Note de M. Pelouze.
ACIDE PARATARTRIQUE. — Rapport sur un Mé-
moire de M. Fremy, concernant les mo-
difications que la chaleur fait éprouver
à l'acide paie et à l’acide paratar-
trique.. enrsenesrénesneneesese ..
ACIDE FARTRIQUE. — Propriétés optiques des
combinaisons ternaires formées par l'a-
cide tartrique, les tèrres et l’eau; fin du
Mémoire de M. Biot sur plusieurs points
de mécanique chimique......,..,......
C. R. 1838, 1°7 Semestre. (T. VI.)
Pages.
922
ot
99
153
1838.
— Recherches sur les modifications que la
chaleur fait éprouver aux acides tartrique
et paratartrique ; par M. Fremy. ( Rap-
port sur ce Mémoire)............ ce...
ACIDE URIQUE. — Sur les produits de sa dé-
composition par Vacide nitrique; par
MM. Liebig et Wohler...... AA NS :
AGATEs. — La couleur rouge que présentent
certaines agates est due à des protococcus
kermesinus enveloppés dans la pâte trans-
Incide et incolore de ces pierres; Me-
moire de M. Turpin, sur des globules de
lait observés à l’état pathologique Fr cu
AGRICULTURE (Insectes nuisibles à l). Voir au
mot Insectes.
AIMANTATION d’une aiguille de fer doux placée
très près des nerfs au moment où une
contraction musculaire est déterminée
chez un animal par l’irritation de la
moelle'épinière ; Lettre de M. de la Rive à
M. Becquerel, sur une expérience de
MPrevost. 22.0 . -
— Recherches sur l'introduction PTE
telle de Vair dans les veines, par M.Amussat.
CHAUD. — M. Bresson adresse un paquet
cacheté portant pour suscription : Descrip-
tion d’un nouveau mode d'emploi de l’air
chaud comme moteur. (Séance du 4 juin).
— Essai sur les machines mues par l’air chaud
joint à la vapeur ; par M. Filippi.…..... .!
ALCALIS ORGANIQUES. — Nouvelles recherches
sur la composition des alcalis organiques ;
par M. Regnault...
-— De l’action qu’exerce le chlore sur les bases
salifiables organiques; par M. Pelletier.
Aicooc. — De l’action exercée par le chlo-
126
Ar.
Am
Pages
6
599
278
255
236
241
rure de zinc sur Palcool, et des produits
qui en résultent; par M. Masson. .…
ALcérte. — De l'opportunité d'y introduire
les cultures tropicales et en particulier
celle du coton; Mémoire de M. Pelouse
père , adressé par M.le Ministre de la
guerre. ........... . 24 del
Instructions pour la commission chargée
par M. le Ministre de la Guerre de l'ex-
ploration scientifique de l'Algérie; parties
relatives à Ja zoologie, à la botanique et à
la géologie, lues à la séance du 19 mars.
— Parties de ces mêmes instructions relatives
à la géographie, à la médecine, à l’Aydro-
graphie et à la navigation, aux arts et à
l'industrie; lues à la séance du 26 mars.
M. Bory de Saint-Vincent présente une
triangulation faite par M. Boblaye dans
l'expédition du général Négrier sur Sora
et unereconnaissance faite par M. Martin-
pré dans la province d'Oran........ ..
Sur l'aspect des campagnes dans quelques
parties de l'Algérie ; lettre de M. Puillon-
Boblaye à M. Bory de Saint-Vincent...
Aumenrs. — Sur les propriétés nutritives des
substances végétales employées comme ali-
ments; Lettre de M. Gannal...........
— M. Edwards fait hommage à l’Académie
de deux dissertations sur l’alimentation
et: les aliments ... . « . ........s....
Azuer. — Sur la navigation de cette rivière
et de ses affluents; par M. Devëze de Cha-
briol. L'auteur prie l’Académie de hâter
le rapport qui doit être fait sur son Mé-
MOÏITE. +... :
Azumwe.— Propriétés optiques des combinai-
sons ternaires formées par l'acide 1ar-
trique, les terres et l’eau; Mémoire de
M. Biot sur plusieurs points de mécani-
que chimique.......................,.
AwmonrAcaLes (Comsiaisons).—Recherches sur
ces sortes de produits; Lettre de M. R.
Kane à M. Dumas... 40e +» semeineiiele e
AMYLATE DE PLOMB. — Recherches de M. Payen
sur ce sujet. . 24.24 ».e18 mi s'd ojofaieieinBrolelelele) ele 0
AnaromiQues (Descriprions).—Mémoire sur un
moyen simple d'apprécier le volume et la
pesanteur spécifique des organes après la
mort; par Woillez 5.8 aus ee 4e «à
Ancre. — Examen du conglomérat formé au-
tour d’une ancre en fer forgé trouvée au
Jond de la Seine; par M. Becquerel, .....
PAPE LCLEECE LEE
AxIMALGULES de couleur verte contenus dans
les eaux tranquilles; leur présence exerce
une influence marquée sur la quantité et
la qualité des gaz que ces eaux peuvent
dissoudre; Mémoire de M, Morren.....
ANIMALCULES MICROSCOPIQUES considérés comme
( 926)
Pages.
198
138
344
366
852
276
cause efficiente du cancer; Note de
MM. Bauperthuy et Adet de Roseville. … .
— Considéres comme cause de la putréfuction ;
par les mêmes auteurs.......,..,.......
ANIMALCULES SPERMATIQUES. — Voyez Zoosper-
mes.
ANranopoLoGie. — Le deuxième épiderme est
le siége de la coloration qui forme l’aréole
du mamelon chez la femme; Mémoire do
M. Flourens, sur la comparaison anato-
mique de la membrane cutanée et de la
membrane muqueuse (are 1e
— Remarques sur la constitution physique
des Arabes comme race primitive de les-
pèce humaine, ou comme son prototype;
Pan NE PAR eee ee
— Mémoire sur un instrument propre à me-
surer les dimensions de la téte; par M. An-
tenE Aa eee
ANTIQUITÉS. — Vases provenant de tombeaux
creusés dans le terrain primitif de l’ile de
Santorin, et attribués par M. Bory de
Saint-Vincent à une colonie phénicienne
établie très anciennement dans cette île.
— M. Dureau de la Malle conteste l'origine
phénicienne de ces vases..............
APPAREIL-PAULIN pour permettre de pénétrer
dans les lieux infectés. — Note sur l’ap-
plication de cet appareil aux arts indus-
triels ; par M. Paulin... at t
APPAREILS DE SURETÉ. — Rapport sur un ap-
pareil manométrique à cadran et à vanne
de décharge, applicable aux chaudières à
vapeur; présenté par MM. Testu et Le-
terrier
— Mémoire sur divers moyens de sûreté con-
tre les explosions des machines à vapeur ;
Par M MRA ET OPEN RCE DEAN
— La Société industrielle de Mulhouse exprime
le désir de voir les moyens qu’aura indi-
qués la Commission des rondelles fusibles
comme le plus propres à prévenir les ex-
plosions des machines à vapeur, essayés
dans plusieurs grands établissements in-
dustriels avant qu'une ordonnance en
rende l'emploi obligatoire.............
— Sur la véritable cause des explosions des
chaudières à vapeur, et sur les moyens
propres à les prévenir; par M. Desma-
TENTE RTS ss...
— Note sur un appareil de sûreté destiné à
empêcher l'explosion des machines à va-
peur ; par Mi Loyer... se ue
— M. le Ministre du Commerce transmet un
Mémoire de M. Zevallois sur un cas
d’explosion d’une machine à vapeur, suivi
de considérations sur les rondelles fusi-
bles, et un rapport sur ce Mémoire fait par
Pages.
Gr
205
30:
la Commission des machines à vapeur
près le conseil des ponts-et-chaussées..
Araves, — Note sur la constitution physique
des Arabes considérés comme race primi-
tive de l’espèce humaine ou comme son
prototype; par M. Larrey........,,.,..
ARITEMÉTIQUE. — M. Boillot adresse une nou-
velle copie d’un traité d’Arithmétique sur
lequel il n’a pas encore été fait de rap-
LADA HS OST LUE RENTE EN ETS IS PRE CEE OT PERTE AR ARTE
ARTÈRES. — Propositions relatives à certains
phénomènes résultant de l’état de pléthore
des artères; par M: Beau. ,.,........
ARTILLERIE. — Mémoire sur le tir des canons
maris à brague fire, et sur quelques
autres questious d'artillerie navale; par
MLetourneun 0 su MN UNE)
— Voir aussi au mot Fusil.
ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L’AVANCEMENT DES
SCIENCES, — M. Yates, secrétaire de l’asso-
ciation, annonce que la prochaine réunion
aura lieu à Newcastle-sur-Tyne , le 20
aoûtiprochainaue2doermtt 65 toi
ATMOSPBÈRE TERRESTRE. — Les plantes em-
pruntent-elles de l'azote à l'atmosphère ?
Recherches chimiques de M. Boussingault
sur la végétation.....,,.,..,..
— Rapport sur ce travail. ..,......
— Sur la vraie constitution physique de V'at-
mosphère terrestre, déduite de lexpé-
rience; avec les applications à la mesure
des hauteurs par les observations baromé-
triques , et au calcul des actions ; par
MARIO TE RENÉ 228 OUR 343, 300 et
— Sur la constitution comparée de l’atmos-
phère sous le parallèle de Paris et à équa-
teurs pal tBro 02e, ar ae ee Lo
— Mémoire sur la chaleur solaire, sur les
Pouvoirs rayonnants et absorbants de V’at-
BALANCE PNEUMATIQUE. — Description et figure
de cet appareil; par M. Berthot..….....:
Bazene.—M. Roussel, de Vauzème , présente,
moulés en cire, les principaux organes
internes d’un fœtus de baleine....,....
Baxpaces. — Notes sur l’emploi du Bandage
£Ypso-amy lacé dans le traitement des frac-
tures des membres inférieurs ; par M. La-
J'argue Enr. sous 066$ 147 et
— Surla substitution de la dextrine à amidon
dans ces bandages ; par M. Velpeau. :.
BaromërRe. — Sur les moyens d'obtenir pour
la mesure des hauteurs par les observa-
tions du baromètre, une table sans coefli-
cients empiriques, et fondée sur la con-
( 927)
Pages.
821
En]
©
SJ
102
129
Le]
Le]
[a]
789
600
mosphère, sur la température de l'espace ;
par MSP our llEt. NE 818 et
ATMOSPHÉRIQUE (PRESSION). —Voir au mot Pres-
sion.
AtrACrYuSs. — Observations sur les effets dé-
létères de VAtractylis gummifera ; par
ME Bouros se mer INR Een Dent ens
ATTRACTION DE SOI POUR s01. — Mémoire de
M Geoffroy Saint-Hilaire, ayant pour
titre : De la loi d'attraction dz soi pour
soi et nouveaux efforts de l'inventeur
Pour en présenter le principe comme un
annexe étendant les vues de la gravitation
universelle de Newton:.,....:.........
ATTRACTION des ellipsoïdes. — Voir à ce der-
nier mot.
AURORES BOREALES, — Observations de ce phé-
nemène faites en Suède et en Norwége;
PAR MEMROPErE AR ANNE 6h Dr oo
Azote. — Recherches chimiques sur la végé-
tation, entreprises dans le but d’exami-
ner si les plantes prennent de l’azote à
Vatmosphère ; Mémoire de M. Boussin-
gaulle see tot tés
— Rapport sur ce travail... .:...,.......
— Recherches sur la distribution des substan-
ces azotées dans les organes des végétaux ;
par M. Payen, (Rapport sur ce travail).
— Mémoire sur quelques azotures nouveaux
et sur l’état de l’azote dans plusieurs com-
binaisons; par M. Millon,............
— Recherches sur la quantité d'azote conte-
nue dans les fourrages et sur leurs équi-
valents; par M. Boussingault.. .........,
— Sur le rôle de l’azote dans les substances vé-
gétales employées comme aliments ; Lettre
deMAGannal. 408. NE
AzOTUREs. — Voir à Azote.
naissance de lavraie constitution de l’at-
mosphère terrestre ; Mémoire de M. Biot
sur Ja constitution de cette atmosphère
déduite de l'expérience. ... 343, 390 et
— Détermination barométrique de la li-
mite inférieure des neiges perpétuelles dans
les Andes du haut Pérou; Lettre de
M. Pentland à M. Arago........,......
BArO-THERMOMÈTRE, instrument destiné à
donner à la fois la mesure de la tempéra-
ture et de la pression atmosphérique ;
présenté par M. Bodeur.....,..........
Barrace employé pour maintenir pendant les
temps de grande gelée, une portion de
rivière libre de glacons et propre à la na-
126..
Pages
766
50
102
129
131
353
353
479
831
339
Re -
vigation; Note de M. de la Haye.......
Bases SALIFIABLES ORGANIQUES. — De l'action
qu’exerce le chlore sur ces bases ; Mémoire
de M. Pelletier. ..... Arai LR AC ae
Bateaux. — Note de M. Warden sur un nou-
veau bateau de sauvetage construit aux
États-Unis...
— Rapport sur divers appareils de sauvetage
pour les naufragés proposés par M. Cas-
ARTE A sea uuiéaele ae cote 06 :
— M. Duméry adresse un paquet bete) ee
tant pour suscription : Remorquage des
bateaux sur les canaux et rivières (séance
du 4 juin).......... na Se RES
Bateaux À vapeur. — M. Dupin lit une Note
sur une collection de rapports officiels de
M. Hubert, concernant les navires à va-
PEER AT ue Dradduds à te *È
— À l'occasion de cette Note, M. Bechameil
adresse une réclamation de priorité con-
cernant un nouveau système d'installation
des navires à vapeur qui les rend propres
à naviguer, au moyen des voiles seulement,
quand le vent est favorable, ............
— Témoignage de M. Arago à l'appui FA la
réclamation de M. Béchaineil....... PECE
— Essai sur les bateaux à vapeur; Mémoire
adressé pour le concours aux prix concer-
nant Ja navigation à la vapeur ; le nom de
l’auteur est sous pli cacheté..
Bice. — De la nature de la bile; par M. De-
MATCAY eus us .
Bouines, — M. de us rappelle deux re
servations de bolides, qui se trouvent,
une dans le Voyagede M. Waldeck, dans
le Yucatan; l’autre dans le Voyage de
M. Pouqueville, en Morée..........
Caprays soLAIREs. —M. Longin présente un ca-
dran à équation......... oem sum
CaLcoL DES PROBABILITÉS.—Sur l'incertitude qui
existe dans la détermination du lieu de
l'espace occupé par un point dônné ; par
M. Bras. MR! SE bcar.co
Cazcurs vrixaRes. — Recherches sur les noyaux
de diverses natures qui servent de bases
aux calculs urinaires ; par M. Civiale.,
— Mémoire sur les caleuls de Cystine, par le
même,..... OM o De Et PET
Caxaz de l'isthme de Darien. — Communica
tion de M. Warden, sur l'état où en sont
les travaux de ce canal.
Caweer. — Note sur les animalcules microsco-
piques considérés comme cause efliciente
( 928 )
Pages.
65
241
456
Gro
790
594
615
199
866
599
372
516
897
18
BorTaniQuE. — Instructions pour la Commis-
sion chargée de l’exploration seientifique
de l'Algérie ; partie relative à la botani-
que, lue à la séance du 19 mars........
— Rapport verbal de M. de Mirbel sur la se-
conde partie de la botanique du Voyage
de M. Bélanger aux Indes Orientales...
— Rapport sur les résultats scientifiques du
Voyage de circum-navigation de la Bonite ;
partie botanique; rapporteur M, de Mirbel.
— Instructions demandées par M. le Ministre
de la Marine pour l'expédition scientifique
qui se rend dans le nord de l'Europe ; par-
tie relative à la botanique, rédigée par
M. Ad. Brongriart......... dus de: dabtépie
Bornyris. — Recherches relatives à ce crypto-
game; par MM.
Lomeni etes: store mods ne
Audouin.
Montagne... Sa st id &
(Rapport de M. pra mA sur in divise Ps
relatifs à la maladie des vers à soie,
connue sous le nom de muscardine)...
BouLEvERSEMENT pu soL dans les environs de
Sassari; Note de M. Bonafous....., ème
Boussoze. — Sur les déviations de la boussole
produite par le er des vaisseaux; Mémoire
deM.' Poissons; ation. He
Browe. — Sur de nouvelles combinaisons du
chlore, du brome et de Jiode ; par
Ms Millon ae: Sven: de a6s sLGG Et
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. — Pages 20,54, 68,
123, 150, 182, 211, 246, 279, 305, 341,
359, 387, 426, 477, 520,576, 629, G59,
687, 708, 953, 591, 835, 867, 923.
du cancer; par MM. Adet de Roseville et
Bauperthuy Péterothss tetes Rime en
Caxninarures, — M; Raffeneau Delille se met
sur les rangs pour Ja place vacante dans la
section d’'Économie rurales...
M. Leclerc-Thouin se présente comme can-
didat pour la même place.,.........,
M. Dupuy se présente également comme
candidat pour la place vacante ;
Ainsi que M. Loiseleur Deslongchamps ;.. .
M. Huerne de Pommeuse ;
EtM. RS AD Ad ab ares t
La Section d'Économie: rurale présente la
liste suivante de candidats pour la place
vacante, par suite du décès de M. Tessier :
MM. de Gasparin, Leclere-Thouin, Vil-
morin, Audouin, Huerne de Pommeuse,
Pages.
499
66
Boussingault , Payen, Soulange-Bodin ,
Loiseleur-Deslongchamps.............-
Cawoxs. — Sur le tir des canons marins à
Wrague fire, etsur quelques questions d’ar-
tillerie navale ; par M. Letourneur........
Carso-viares. — Recherches sur les carbo-vi-
nates, les carbo-méthylates et la véritable
constitution du sucre de cannes; par
MM. Dumas et E. Péligot..............
Carso-mÉérayzates. — Voir à carbo-vinates.
CARBURES D'HYDROGÈNE. — De la décomposi-
tion de la résine pour la fabrication d’un
gaz d'éclairage. Rapport sur un Mémoire
de MM. Pelletier et Walter relatif à ces
produites et rams te »e
— Sur un nouveau carbure “hydrogène ob-
tenu de l'essence de menthe; par M. Walter.
— Sur un nouveau carbure d'hydrogène ob-
tenu de l’huile de pomme de terre; par
M)Cahouns it Ma ee Os
— Remarques de M. Dumas à l'occasion de
la lettre de M. Cahours. ..............
CaurerPées, — Sur l’organisation et le mode
de reproduction &es Caulerpées, et, en
particulier, du Caulerpa Webbiana; par
À M. Montagne. (Rapport sur ce Mémoire).
Cauries. — Sur les conséquences qu’on peut
déduire de la figure de ce coquillage qui
se trouve dans la forme antique du signe
spécial de la monnaie dans l’écriture chi-
: noise ; Lettre de M. de Paravey.....,,..
CAvITE nuccALE.—Dans toute l’étendue de cette
cavité, chez les mammifères, on trouve,
entre l’épiderme et le derme, le corps mu-
queux qui s’avance jusqu'aux points où
commence la peau externe, et qui est le
siège de la coloration, quand cette’ cavité
est partiellement ou complétement colo-
rée ; Mémoires de M. Flourens sur la struc-
ture comparée de la membrane cutanée et
de la membrane muqueuse. ...........,.
Cexpres vorcAniQues. — Voir au mot Volcan.
Cuareur (TuéortE DE 14). — Observations de
M. Liouville sur un Mémoire de M. Libri
relatif à la théorie de la chaleur........
— Remarques de M. Libri à l’occasion de la
Note de M. Liouville.. A AT
— M. Biot, un des commissaires chargés de
examen du Mémoire de M. Liouville , de-
mande à ètre dispensé d’en faire partie et
expose les motifs qui le portent à croire
que l’Académie dans ces sortes de débats
devrait s’abstenir de porter un jugément.
Cuavecr (Poranisarion DE LA). — Lettre de
M::Forbes à M. Arago. :..............
CHageër ANIMALE. — Nouvelles observations
sur lamesure de la température des tissus
organiques chez l’romme’ct les animaux,
( 929 )
Pages
149
821
217
460
472
656
657
269
385
262
Le]
[=]
Cu
au moyen des effets thermo-électriques
par MM. Becquerel et Breschet.…........
— Observations sur la température de l’homme
et des oiseaux, faites, pendant le voyage
de la Bonite, par MM. Ey doux et Souleyet.
CuaLEur RAYONNANTE.— Sur quelques proprie-
tés de la chaleur rayonpante considérée
comme cause dé la!fonte hâtive des neiges
autour des plantes; par M. Melloni...
Cuazeur sozare, — Mémoire.sur la.chaleur
solaire, sur les,pouvoirsrayonnantset ab-
sorbants de l'atmosphère, et sur la 1em-
pérature. de l'espace; par M.Pouillet. 88et
Cuara. — Notesisur la circulation du Chara;
par M. Donné....s...ssaus 14gmnet
— Réclamation dei M. Dutrochet, à l’occasion
de: cette Note, ......4,...s....snsss.
— Rapport.sur lesrecherches de M. Danné, re-
latives à la circulation du chara....:....
Cuarançons. — Appareil de M. Vallery, pour
préserver le grain des ravages de ces in-
sectes. (Rapport sur cet appareil). .:....
— Nouveau système de greniers destinés à pre-
server les grains des charançons euautres
insectes nuisibles; par M. Demarcay....
Coarson. — De l’action de la vapeur d'eau sur
les charbons incandescents; par M. Long-
champ ......s.s.s.ssssse sers.
— Objections contre les ‘conséquences que
M. Longchamp déduit des résultats de ses
expériences; par M. Gay-Lussac, et par
d’autres membres de l’Académie. .......
— Décomposition de l’eau et de matières car-
burantes, à laide äe la chaleur, pour la
fabrication du gaz d'éclairage; par M: Se/-
ligue... dieser.
— Lettre de M. Lonchamp en réponse aux ob-
jections présentées contre les conse-
quences qu'il déduit de ses expériences
relatives à l’action de la vapeur d’eau sur
les charbons incandescents....... ac
CnaurrAce. — Communication de M. B. De-
lessert, relative à un nouveau mode de
chauffage inventé en Angleterre.........
— M. Delessert met sous les yeux de l’Acadé-
mie l'appareil employé pour ce mode de
chauffage... ...........,..........
— Observations Ch MM. Gay-Lussac et Thé-
nard à ce sujet. .......... PAM EC
— M. Pitay annonce avoir trouvé, pour la pré-
paration du charbon, un procédé qui dimi-
nue notablement les inconvénients que
présente ce combustible quand on l'em-
ploie, dans les différentes sortes de bra-
seros, au chauffage des appartements...
— Mémoire sur le chauffage de l’intérieur des
appartements ; par M. Susleau..,.......
— Voir aussi au mot Combustible.
t
429
156
o01
207
Cuauve-Souris. — Mémoire anatomique et
zoologique sur la chauve-souris commune
( vespertilio murinus), et spécialement sur
la première et la seconde dentition de ce
chéiroptère ; par M. Rousseau. .....,....
Cuesiss DE FER. — M. Laignel annonce des ex-
périences qu’il doit faire avec son système
de courbes au rayon de 50 mètres, et des
rails sans bordure..,.:. ......., 90 et
_—— Demande que l’on hâte le rapport qui doit
être fait sur son nouveau système de cour-
bes?.4e
Système de voitures pour chemins de fer de
toute courbure ; par M. Arnoux...,.....
Rapport sur cette invention.............
Rapport sur divers mémoires de M. de
Pambowr, ayant pour objet la détermina-
tion des résistances que présentent, sur les
chemins de fer, les machines locomo-
tives, ete...
— Mémoire sur les chemins de fer;
M. Brunet.....,..
— Réclamation ( à l’occasion du précédent
Mémoire) touchant l’emploi de l’engre-
nage dans les chemins de fer; par M.
par
JOrTP se ete le éyclsjale
Cuevaz. — Observations sur l’acarus de la
gale du cheval; par M. Bonnes. .........
Cuiexs. — Sur la configuration de la queue
chez une race de chiens de la Chine, et
celle qu’indique l’ancienne forme de la elé
chien dans l’écriture chinoise ; déduction
qui se tirent de cette comparaison relati-
vement à l’origine étrangère des arts et des
sciences de la Chine ; Lettre de M. de Pa-
J'AVEY us.
Cuwie.—Lettre de M. Berzélius à M. Pelouze,
sur divers points de Chimie théorique...
— Réflexions à l’occasion de cette lettre; par
M. Duras... ot ste en dertt 0475 MOOE
Réponse de M. Liebig à la lottre de M. Ber-
ZÉlIUS;. éuste ee aietele
— Remarques de M. Pelouze à l’occasion de
la lettre de M. Liebig..….........ese
— Lettre de M. Liebig sur les diverses recher-
ches relatives à la déshydratation des ci-
trates et à la constitution de l'acide citri-
QUE eee Care
— Remarques de M. Pelouse à l’occasion de
cette Jettre. .....:
— Lettre de M. Thénard, relative aux travaux
de M. Pelouze sur les citrates...,......
— Déclaration de M. Chevreul relativement à
ces mêmes traVaux............
— Remarques de M. Dumas sur ce sujet...
Cuiie OpriQuE.— Phénomènes de polarisation
circulaire présentés par des solutions
aqueuses de tartrates de glucine et d'alu-
( 930 )
Pages,
225
358
829
Ibid.
Ibid.
829
mine ; Mémoire de M. Biot, sur plusieurs
points de Mécanique chimique. ..........
Cuiques (Acrions). — Mémoire sur la néces-
sité de distinguer, dans les actions chimi-
ques, les phénomènes de déplacement de
ceux d’altération; par M. Persoz........
Cuzorares. — Observations sur la fabrication
des chlorates, des hypochlorites, des chlo-
rites employés dans les arts, et sur la
composition réelle des hypochlorites, des
chlorites et des acides oxigénés du chlore;
par M. Mackensie., ..,.......:.
Curore. — De l’action que le chlore exerce sur
les bases organiques salifiables ; par M. P2l-
letier. . 4
— Sur de nouvelles combinaisons du chlore,
du brome et de liode ; par M. Millon..…
CucoroPxzze. — Nouvelles recherches de
M. Bercélius, sur les principes colorants
des feuilles; Lettro à M. Pelouze.....….
Curorures. — De l’action exercée par le cAlo-
rure de zinc sur Palcool, et des produits
qui en résultent ; par M. Masson...
Cuortra. — M. Blampignon demande un rap-
port sur un Mémoire concernant le cho-
léra épidémique de Troyes en 1833, Mé-
moire qu'il avait adressé pour un con-
cours, et dont il n’a pas été fait mention
dans le rapport de la Commission... ...
CicatrisATION. — Nouvelles réflexions sur la
manière dont la nature procède à l’ocelu-
sion ou à la cicatrisation des plaies de la
tète avec perte de substance aux os du
cräne ; par M. Larrer... 1 et
Crrrares. — Note de M. Pelouze | concernant
la déshydratation des citrates, sous l’in-
fluence de la chaleur. ...,,,..:,4,, 42
— Remarques de M. Dumas à l'occasion de la
Note de M. Pelouze. . ... je GES
— Continuation de la discussion sur ce sujet.
— Lettre de M. Liebig sur ses propres recher-
ches, celles de M. Dumas et celles . de
M. Pelouze, concernant la déshydratation
des citrates... ….. EE
— Remarques de M. Pelouse, à l’occasion de
cette lettre........ 36 #5
— Lettre de M, Thénard, et déclaration de
M. Chevreul, relativement à l’époque des
travaux de M. Pelouzse sur les citrates, ..,
— Remarques de M. Dumas à ce sujet...
CzaunicaroN. — Mémoire sur des moyens em-
ployés pour rendre la claudication moins
douloureuse et la progression plus facile
dans les raccourcissements accidentels
des membres inférieurs; par. M. Thomas
Fobjénsar no memala-eb racer huit
Cuwars,— Sur le climat. de, la Sibérie; obser-
Pages.
198
519
829
Ibid.
Ibid.
vations de température du sol ; par
M. Erman..
— Sur le climat de plusieurs des provinces
chinoises où l’on cultive le thé; Lettres de
MM. Stanislas Julien et Voisin... 510 et
Counusrisze.-— Mémoire sur l'emploi de la va-
peur perdue dans les machines à haute
pression, pour remplacer en partie le com-
bustible; par M. Loyér................
Cowmerce. — M. le Directeur des Douanes
adresse un exemplaire de la première par-
tie du Tableau décennal du commerce de la
France, avec ses colonies et les puissances
étrangères (années 1827—1836).........
ComMiSSION ADMINISTRATIVE. — M. Poinsot est
nommé membre de la Commission ad-
ministrative pour l’année 1838 .........
Commissions Des Prix.— MM. Arago, Bouvard,
Mathieu, Savary, Damoïseau sont nommés
membres de 11 Commission chargée de dé-
cerner Ja médaille de Lalande.......,...
Commissions MODIFIÉES par l’adjonction ou le
remplacement d’un ou dé plusieurs mem-
bres :
— M. Gambey est adjoint à une commission
chargée d'examiner des dents artificielles
présentées par M. Fonzi.. ....,........
— M. Coriolis remplace M. Séguier dans la
Commission chargée de faire un rapport
sur les voitures articulées de M. Dietz.. ..
— M. Richard est un des Commissaires char-
gés de l'examen du Mémoire de M. Bou-
ros, sur V’Atractylis gummifera, quoique
son nom ne se trouve pas dans le Compte
rendu, page 30, avec celui des deux au-
tres Commissaires. ........ oonËto
— MM. Magendie et Serres remplacent MM.
Larrey et Breschet , dans la Commission
chargée d’examiner un Mémoire de
M. Devillemur , sur la staphyloraphie. .
Commissions SPÉCIALES. — Sur la demande de
M. le Ministre de la Marine, une Com-
mission composée de MM. Arago, Flou-
rens, Becquerel, Isid. Geoffroy-St-Hilaire,
Ad. Brongniart et Elie de Beaumont , est
chargée de rédiger des instructions pour
un voyage scientifique en Norwése, au
Spitsberg, etc... .... CDoNTADC CEE
— La Commission nommée sur la demande
de M. le Ministre de la Guerre, à l’effet
de rédiger des instructions pour une explo-
ration scientifique de l'Algérie, est invitée à
bâter. son rapport. M IN .26e Abu
— Commission chargée de l’examen/des pièces
de concours de MM. les Élèves des Ponts-
et-Chaussées ; MM. Poncelet, Dupin, Élie
de Beaumont sont désignés pour.en faire
PARHEETS MRMERNN coule M RO ME rise
( 93r )
Pages.
Sor
52
299
358
206
281
653
Pages.
CoxcécaTiox. — Phénomènes produits par la ;
congélation dans les pommes de terre
et sur les moyens d'utiliser ces tuber-
culés quand ils ont été gelés; Note de
M: Payen....:................. 275 et 554
— Rapport sur ce Mémoire....,,..,..,,.,. 341
— Sur les moyens d'utiliser lès pommes de”
terre qui ont subi la congélation; Lettre
de Me Ca llias REC eau Ie bee
— Lettre de M. Girardin sur le même sujet...
Cowsrrucrions (Archit.). — Lettre de MM. Mont-
golfier et Dubouchette, sur un nouveau sys-
tème de constructions .......... 2-4 9Pocta
CONSTRUCTIONS HYDRAULIQUES. — Mémoire sur la
résistance de ces ‘constructions 5 par
M: Vène..... DOME LT
CoonDONNÉES CURVILIGNES.
M. Lamé...... COURS
Corps wuqueux.—Chez l'homme, il commence
aux lèvres, s’étend aux paroïs de la cavité
buccale, à l’æsophage et finit à lestomae ;
chez les ruminants, il commence au mufle
et revêt les trois premiers estomacs; chez
le cheval, il s'étend jusqu’à l'estomac dont
il revêt la partie œsophagienne; partout il
est recouvert par l’épiderme, et il recouvre
le derme sur lequel il se moule exacte-
ment; Mémoire de M. Flourens sur la
structure comparée des membranes mu-
queuses et des membranes cutanées... .....
Corox.—De la culture du coton en Amérique,
et principalement aux Antilles, et de l’op-
portunité d'établir cette culture, ainsi que
les cultures tropicales, en général, dans
nos possessions de l'Algérie ; Mémoire de
M. Pelouse père, adressé par M. le Mi-
nistrerde" laGuerre: Je sous mel.
— Rapport sur ce Mémoire. ..,..,....,....
— Remarques de M. Dureau de la Malle, à
l’occasion de ce rapport.......,........
— Note sur les cotons cultivés en 1837, à Ja
ferme Rahraya (Algérie) ; par M. Aimé.
Couraxrs marins. — Mémoire sur les courants
périodiques occasionés par les marées dans
la Manche et la partie méridionale de Ja
mer du Nord ; par M. Monnier...
— Rapport sur ce Mémoire... !. CUITE TO.
— Lettre sur les résultats d’une expérience re-
lative à la direction et à la vitesse des cou-
rants marins; par M. Rivaille..,.,.......
Couverture de la Cathédrale de Chartres, —
M. le Ministre de la Justice et des Cultes,
iuvite l’Académie à lui faire savoir si elle
persiste toujours dans l'opinion qu’elle a
émise relativement au métal dont il con-
viendrait de faire choix pour la couver-
turendeicettetéghiaestt2. 4 tir.
Crimes commis en france et dans le royaume
Mémoire de
262
809
uni de la Grande-Bretagne et de: l'Irlande.
— Rapport pour chaque pays entre le
nombre de la population moyenne et le
nombre de crimes: Note de M. Moreau de
JORRÉPAR MES ne Mere .. 160 et
Cnisies. — Mémoires sur les Crisies, les Hor-
nères et plusieurs autres polypes , Yivants
ou fossiles, dont l’organisation est analo-
gue à celle des tubulipores; par M. Milne
Désoisemexr.— M. Leymerie annonce que dans
divers mémeires présentés à l’Académie
et sur lesquels il n'a pas été fait de rap-
ports , il a traité des e/fets du déboisement
considérés sous le rapport hygiénique, :…. .
Déccuririon, — Lettre de M. Maissiat, relative
au rôle qu’il croit pouvoir attribuer à la
pression atmosphérique dans l’aete de la dé-
glutitionrosedess rends. date anse
Denrs ARTIFICIELLES. — M. Gambey est adjoint
à une Commission chargée d’examiner
des dents artificielles présentées par
MirFonsis is 6 cata ss
Dreuue.— Dans la peau de l’homme blanc, le
derme est toujours blanc; le siége de la co-
loration qui forme l’aréole du mamelon,
est, comme le siége dela coloration du häle,
dans le second épiderme ; au pourtour des
lèvres, le deuxième épiderme cessant, il est
remplacé par le corps muqueux qui tapisse
toute la cavité buccale et l'œsophage jus-
qu'à son entrée dans l'estomac, et est
dans toutes ces parties, interposé entre l’é-
piderme externe et le derme sur lequel il
— De l’action des charbons incandescents
sur Ja vapeur d’eau; Note de M. Long-
Eat.
champ .. :
— Objections présentées par M. Gay-Lussac
contre les conséquences déduites par
M. Longchamp des résultats de ses ex-
périences. :..
— Surla décomposition de Veau et de matières
carburantes au moyen de la chaleur, pour
la fabrication du gaz d'éclairage; Lettre
de M. Selligue. ....:......
Eau ne mer. — Résultat de l'examen des
eaux de mer recueillies pendant le voyage
de la Bonite; par M. Darondeau. . .... ..
Eav (Oscillation del)). — Voir à Oscillations.
Eaux MiNÉRALES. — M. Silvestre fait un rap-
port verbal sur un ouvrage de M. Despine,
(952)
Pages.
18)
209
52
180
207
616
Edyyards ue vpeluorie oi doses
CxanocÈnE. — Recherches sur les produits de
la décomposition du eyanogène dans l’eau;
par MM. Pelouse et Richardson...
Cycuanes. — Mémoire sur l’état nosologique
des Cyclades pendant l’année 1834; par
M. Bouros..
Cysnine.—Mémoire sur les calculs de Cystine ;
par Métenale eine derom saison see)
se moule exactement ; Recherches de
M. flourens sur la structure comparée de
la membrane muqueuse et de la membrane
cutanées Ja 0145 -hise
DexTRINE. —Sur la substitution de la dextrine
à l’amidon , comme substance eonsoli-
dante, dans le bandage inamovible em-
ployé pour le traitement des fractures ;
par! M. Melpeauss ste sens nie vajepies mme
Diagère. — Nouvelles recherches sur la nature
et le traitement de cette maladie; par
M Boauchardat. 2. eme tetes ts
DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE
publié sous la direction de M. Guérin-
Menneville. (Rapport verbal sur cet ou-
NAGER se den Sr de Sn NAS HS
Dizvyicu. — Considérations sur le diluvium
sous-pyrénéen; Lettre de M. Lartet à
M. Aragos 5. inmels ee re
DysseNTEME. — Lettre relative à un Mémoire
sur le traitement de la dyssenterie par
l'albumine, présenté au concours par
M. Mondière....
intitulé : Manuel de l’étranger aux eaux
d'Aix'en Sayoie...,., uses sens
— Recherches sur léseaux minérales des Pr-
rénées, par M. Fontan. 1... 4e seus: she
— Expériences sur les eaux thermales d’Air
en Savoie ; par M. Grégory.....,.
Eaux rranquizes. — Recherches relativés à
l'influence qu'exerce la présence des ani-
malcules de couleur verte contenus dans
les eaux tranquilles sur 14 qualité et la
quantité des gaz que ces eaux peuvent dis-
soudre ; par. M. Morren. .....4...u.:..
CHELLE À INCENDIE inventée par M: Thibault
— L'auteur demande que cet appareil soit ad-
mis à concourir pour Je prix Montyon,
(Arts et métiers insalubres). ...........
cHimys. — Notice sur les rongeurs épineux
Pages.
552
187
262
500
337
256
472
574
désignés par les auteurs sous les noms d’E:-
chimys , Loncheres, Heteromys et Nelo-
._ mys; par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.
Eczairace. — Note sur l'application de la
lumière Drummond à Véclairage public et
.. privé; par M. Gaudin..............
Eczuses. — Mémoire sur un nouveau sys-
tème d’éeluses à flotteur et à colonne oscil-
lante ; par M. de Caligny...............
— M. de Caligny envoie, comme pièce à l’ap-
pui du précédent Mémoire, la copie d’un
. Mémoire de Vaubansur le Sas de Bousingue.
ÉCOLE nes ponts ET cHAussées. — MM. Pon-
celet, Dupin, Élie de Baumont sont dé-
signés pour faire partie de la Commission
chargée d’examiner les pièces de concours
. de MM. les élèves des ponts et chaussées.
Esecrioxs. — M. Chevreul est élu vice-prési-
dent de l'Académie pour l’année 1838...
— M. Poinsot est élu membre de la commis-
sion administrative pour l’année 1838...
— M. Littrow est élu membre correspondant de
l'Académie, pour la Section d’Astrono-
LUCE dues dosbinrls PODECO
— M. Audouin est élu membre de l'Académie,
section d’Économie rurale. ..…... AE
— Ordonnance royale confirmant cette nomi-
NATIONS Ne a à à Het él males soie DOS ss.
Écecrrieuré, — Note de M. Sellier sur divers
phénomènes électriques et notamment sur
les sons engendrés à laide de lélectri-
7 933 )
Pages.
884
653
n
42
86
161
206
citét.AaMR aa eue states. .…. 48 et276
— Note sur un télégraphe électrique qui doit
être établi entre Londres et Liverpool;
par M. Wheatstone ; Lettre de M. le doc-
teur Buckland.....,.......... RCRACE
— Expérience de M. Matteucei surles courants
thermo-électriques ; (Lettre de M. De la
Rive à M. Becquerel).......,:......32 ce
— Instructions demandées par M. le Ministre
de la Marine, pour d'expédition qui se
rend dans le nord de l'Europe; partie rela-
tive aux phénomènes d'électricité ; rédigée
par MaiBecquenel Xe. M es ques pero) simints
— Lettres de M. Matteucci relative à la ques-
tionde priorité qui a étésoulevée entre lui
et M. Santi Linari, relativement à la mé-
thode d’expérimentation au moyen de la-
quelle on obtient l’étincelle de la tor-
pillelfelaans.rs +... 242 et
— Nouvelles expériences sur les commotions
électriques obtenues de la torpille; parle
même fit s sense sis
— Note sur l’application de l'électricité au
tetanos; par M. Matteucci.....
— Evaluation comparative des électricités sta:
tique et dynamique; par M. Peltier,....
— Note sur l'électricité manifestée par les
C. R. 1838, 1°r Semestre. (T. VL.)
526
625
832
* 680
816
MÉBEcquerel laine elaeetete OR 5e
ÉLECTRO-CHIME —Développements relatifs aux
copeau qu’enlève le rabot ; par M. Ratte.….
— Sur certaines circonstances qui s’opposent
à l’oxidation du fer; Lettre de M. Schœn-
bein à M. Becquerel..., , +... En dan gb 3
— Note sur un phénomène observé pendant
l'opération de la grayure sur fer à l’eau
Jorte, phénomène qui paraît dépendre
d’une action électrique; par M. Lepage.
— De l’action voltaïque des peroxides métal-
liques|; Lettre de M. Schænbein à M. Bec-
querel.... De at ee ei
Ecupsoïnes, — Solution synthétique du pro-
blème de Vattraction des ellipsoïdes,
dans le cas général d’un. ellipsoïde hété-
rogène. et dun point extérieur; par
M. Chasles. (Rapport sur ce Mémoire). .
— Remarques de M. Poisson à l’occasion de
ce Rapport........ APN INC ONEN, Ron
— Réponse de M. Poinsot aux remarques de
M; Poisson-s rm 1040 et
— Nouvelle solution du problème de l’attrac-
tion d’un ellipsoïde hétérogène sur un
point extérieur...........,..... eee e
ÆEwporsonnemenr. — Note sur six cas d'empoi-
sonnement observés chez des enfants qui
avaient mâché des racines d’Atractylis
gummifera; par M. Bouros..........
EmsrxocéniE. — Recherches sur le développe-
ment des Limaces et autres mollusques
gastéropodes; suivies. de considérations
générales sur les phénomènes dynami-
ques de la zongénie; par M. Laurent...
Euervozocie. — Recherches sur la structure
des membranes de Ÿæœuf des mammifères ;
par MM. Breschet et Gluge....
— Remarques sur nne communication de
M. Coste, relative à l'œuf du Kangourou ;
par M. Owen...
— Mémoire sur lovologie du Kangourou, en
réponse aux remarques précédentes ; par
ME COS TE eee ee fs raies bts
— Mémoire sur l’œuf du Kangourou, et en
particulier sur la découverte de son
allantoïde ; par M. Owen.,...... 48
Encre obtenue de la fleur d’Iris, par M. Cannet.
Encres DE sureTÉ. — Modification proposée
à la formule donnée par la Commission
des encres et papiers de süreté ; Note de
M. Lanet-Limencey........... bé à
— M. Robisson annonce à M. Arago un travail
de M. Traill sur une encre de sûreté qui
résisterait au lavage et à l’action des réac-
tifs chimiques........
Exravace des voitures. — Modèle et descrip-
tion d’un sabot mécanique destiné à ser-
127
sonrnnnntennsee sus
snnnsnnpensonsnssee
Pages,
décompositions chimiques simples; par..
Y25
899
297
420
902
615
165
339
385
vir de moyen auxiliaire d’enrayage ; par
M Fuss...... Sue Abe nat jeu
EnromoLocie. — Rapport verbal sur le second
volume de l’ouvrage de M. Lacordüire,
, intitulé : Introduction à l'Entomologie. . .
Épinerme. — C’est dans le deuxième épiderme
qu'est le siége de cette coloration qui
forme autour du mamelon de la femme ce
cercle plus où moins brunâtre que l'on
nomme son aréole; au point où cesse ce
second épiderme de la peau, au pourtour
des lèvres, commence le corps muqueux
qui le remplace, et s'appliquant comme
lui immédiatement sur le derme qu'il sé-
pare de l’épiderme externe, revèt Ja cavité
buccale et l’æsophage jusqu’à son entrée
dans l’estomac; Mémoire de M. Flourens
sur le structure comparée de la membrane
, muqueuse et de la membrane cutanée. ...
ÉPiLEPsiE. — Sur l'emploi de la poudre de
noix vomique torréfiée contre cette mala-
.. die; par M. Legrand. ......... cAatrats
EPoxces. — Surla nature animale des éponges
, de meret d’eau douce; par M. Dujardin.
Equations. — Note sur l'équation A—C; par
M PORN ee 0 20 ee anne eee
— Théorème pour calculer en une seule opé-
ration les racines incommensurablés; par
( 934 )
Pages-
419
349
262
863
676
18
MOD EE need ca .... 420 et 655
Espace. — Recherches sur la température de
l’espace ; Mémoire de M. Pouillet, sur la
chaleur solaire, ete.......,,..... 848 et
— Sur l'incertitude qui subsiste dans la déter-
FARINE MINÉRALE , matière pulvérulente, de
nature siliceuse, et cependant considérée
dans plusieurs parties du Nord comme
douée de propriétés alimentaires; Lettre
de M. Retzius à M. Flourens....... ....
FarNesia, nouveau genre que M. Gasparini
propose d'établir aux dépens du genre
Acacia, et qui aurait pour type l'A. Far-
nesiana, lequel porterait désormais le
nom spécifique de Farnesia odora......…
Fecospyr (Gisement singulier de).—M. Lagnens
adresse plusieurs échantillons de roches
comme pièces à l'appui d’un Mémoire qu’il
avait précédemment adressé, ........ Fe
Fer. — Sur certaines circonstances qui s’op-
posent à l’oxidation du fer; par M. Schæn-
LCR TORRE EE PÉREERT = DORE 7 ENS
— Note sur un phénomène qui s’observe dans
l’action de l'acide nitrique sur le fer et qui
paraît dépendre d’une action électrique ;
par M. Lepage...
839
356
168
272)
mination du lieu de l’espace occupé par
un point donné; par M. Bravais........
Essence ne mevrne. — Sur l'essence de menthe
et sur un noweau carbure d'hydrogène qui
en dérive ; Note de M. Walter. .....
Esromacs: — Le corps muqueux qui revêt la
langue, les parois de la cavité buccale
et l’œsophage, s'arrête chez l’homme à
l'entrée de l'estomac; chez le cheval il
revêt la portion œsophagiennedeee viscère;
dans les ruminants, il tapisse les trois
premiers estomacs ; Mémoire de M, Flou-
rens sur la stracture comparée de la mem-
brane cutanée et de la membrane muqueuse.
Érivcezce ÉtecrmiQue obtenue de la torpille.
Voir aux mots Torpille et Electricité.
Érorres. — Note sur Papplicati on du système
métrique à une nomenclature uniforme
exprimant pour les fils et pour les tissus
de toute nature le degré de finesse; par
M: Brefon hui MO UE GTIARE On
Éroixes FItANTES. — Sur la quantité moyenne
d'étoiles filantes observables, dans les
nuits ordinaires , sur toute la surface du
globe dans l’espace de 24 heures ; Note de
M. Herrick de New-Haven, communiquée
par M. Arago......:,
— Sur les moyens de déterminer la position
des étoiles filantes; Lettre de M. Littrow
, à M. Arago... e
Éroies mucripzes. — Sur la direction des or-
bites de ces systèmes d'étoiles ; Lettre de
M. Madler à M. Arago.........
……
— Sur les déviations de La boussole produites
par le fer des vaisseaux; Mémoire de
M."PBiSson. 548 A8 Fee. DOTE
Fipnine. — Mémoire sur la fibrine , sur ses va-
riétés et sa formation , sur la cowenne in-
Jlammatoire, ete.; par M. Letellier.....
— Communication de M. Magendie, relative
aux effets qui se produisent quand on di-
minue les proportions de la fibrine dans
le sang ou qu'on le rend incoagulable au
moyen de réactifs chimiques ; l’auteur as-
simile ces effets aux lésions locales ob-
servéesi dans les fièvres graves, maladies
dont un des caractères est aussi le défaut
de plasticité du sang. ........
— M. Serres soutient que la défibrination du
sang observable dans les fièvres graves ne
survient qu'après le développement des
lésions locales en question et ne peut
par conséquent en être considéré comme
la cause.....,...1, CRC PEPECERE
Pages.
372
452
262
755
49
55
Fiëvres GRAvESs. — Les lésions locales des in-
cestins qu’on observe dans ces fièvres pa-
raissent , suivant M. Magendie, dépendre
du défaut de plasticité du sang.........
— Suivant M. Serres, le défaut de HA TA
du sang ne s’obserye que postérieurement
à ces Jésions dont il ne peut par consé-
quent être considéré comme la cause, ...
Fiëvres iNTERMITTENTES. — Note sur une nou-
velle méthode de traitement pour les fiè-
vres intermittentes rebelles ; par M. Bou-
ville; transmise par M. le Ministre du
Commerce et des Travaux publics...,....
Fis. — Note sur l'application du système mé-
trique à une nomenclature destinée à indi-
quer le degré de finesse des fils et des tissus
de toute nature ; par M. Bresson. ......
Funr-crass. — Communication de MM. Arago
et Dumas, relativement au flint-glass de
MGuinandeit sus Mon ba sue e
Fiores. — M Bory de Saint-Vincent, en pré-
sentant une nouvelle édition de la Flore du
Péloponnèse et des Cyelades, ouvrage qui
lui est commun avec M. Chaubard, expose
quelques considérations sur la géographie
botanique de lorient de l’Europe et da
bassin méditerranéen........ D'OCEE PEL
Fiure soumise par M. Bæœhm au jugement de
l'Académie ; M. Camus écrit que cet ins-
trument a été laissé entre ses mains par
l'auteur, pour être remis aux Commis-
saires désignés lorsqu'ils seront prêts à
l'examiner............ COOL C EEE
Fois. — Comparaison entre le tissu cellulaire
du parenchyme de cet organe et celui de
divers tissus cellulaires végétaux, particu-
lièrement des tissus naïissants désignés
communément sous le nom de cambium ;
Mémoire de M. Turpin.......... 257 et
Fonte DE rer. — MM. Leroyet Drevon prient
l'Académie de se faire faire un rapport sur
un procédé au moyen duquel ils conver-
tissent la fonte en er malléable et en acier.
ForèT SsOUS-MARINE. — M. Lemaout annonce
l’arrivée de divers objets relatifs à la dé-
couverte qu’il avait faite l’année précé-
dente d’une forêtsous-marine sur un point
des côtes de Bretagne. .,...,...........
Fossires (Ixrusomes).— Dépouilles siliceuses
de Bacillariées formant la substance qu'on
désigne sous le nom de farine fossile dans
plusieurs parties du nord où on la sup-
pose. douée de propriétés alimentaires;
Lettre de M. Retzius à M. Flourens...…..
Fossires (Ossemenrs). — Mémoire sur le Renne
( 935 )
Pages.
55
55
655
788
922
848
52
261
615
18
356
Jossile de la caverne de Brengues; par
NE Pelé ete PC .
— Observations sur les ruminants fossiles des
terrains sous-pyrénéens; par M. Lartet..
— Lettre à M. Flourens sur plusieurs nou-
veaux débris fossiles découverts à Sansan
et notamment sur une deuxième mâchoire
fossile de singe ; par le mème......
— Dents fossiles de rhinocéros provenant de
la commune d’Aillas (Gironde); adres-
sées par M. Billaudel..... bésoubt aps
— Mémoire sur des ossements fossiles de
mammifères et d'oiseaux provenant de la
caverne de Brengues; par M. Puel......
— Sur des ossements fossiles de Mastodonies à
dents étroites, et d’un nouveau carnassier
voisin du chien ; Lettre de M. Lartet.....
— Rapport sur un nouvel envoi fait par M. Lar-
tet, d’ossements fossiles des environs
d'A - hn- n T--e ALCPÉCE
Fossies (VEGETAuUx ). — Recherches snr les Le-
pidodendron et sur les affinités de ces ar-
bres fossiles, etc.; par M. Ad. Brongniart.
Fouvre. — M. Robert appelle lattention sur
la fréquence de la foudre dans les envi-
rons de la place de la Concorde et sur la
nécessité d'assurer contre de pareils acci-
dents l’uobélisque élevé au milieu de la
Fourraces. — Recherches sur la quantité d’a-
zote contenue dans les fourages, et sur
leurs équivalents ; par M. Boussingauk. .…
Fracruees, — M. Lafargue propose une modi-
fication à la méthode de traitement par le
bandage amidonné , employée pour les frac-
Pages.
Ibid.
421
653
655
889
6°6
tures des membres inférieurs. ....... G6 et 789
— Note sur un cas de fracture complète de la
jambe, traitée au moyen du bandage gr pso-
amylacé ; par M. Lafargue........... -
— Sur la substitution de la dextrine à re
don dans les Landages inamovibles; Lettre
de M. Velpeau..., su... .sspeses
France (La) comparée au royaume-uni de la
Grande-Bretagne et de l'Irlande relative-
ment aux résultats fournis par la statis-
tique judiciaire dans les deux pays ; Note
deM. Moreau de Jonnès............
Fusiz rOPTiPTEUR. — M. Heurteloup présente
à l’Académie un nouveau modèle de son
fusil koptipteur.........,........... E
— Rapport sur ce fusil; par M. Rogniat. …...
Fusus (Fabrication des). — Maladies résultant
pour les ouvriers employés au polissage des
canons de fusil de l'aspiration des pous-
sières ; appareil pour prévenir la diffusion
de ces poussières , proposé par M. Petit...
127.
500
160 et1°9
746
CEE
653
Gace. —Observations sur l’acarus de la gale
du cheval; par M. Bonnes.....
Gaz. — De l'influence qu’exerce la présence
des animalcules de couleur verte qu'on
observe dans les eaux tranquilles, sur la
quantité et la qualité des gaz que ces eaux
peuvent dissoudre ; par M. Morren......
Gaz D’ÉCLAIRAGE. — Expériences concernant
l’action de l’eau en vapeur sur les char-
bons incandescents, conduisant à un nou-
veau procédé de fabrication pour un gaz
d'éclairage ; Note de M. Longchamp...
— Décomposition de l’eau et de matières car-
burantes, à l’aide de la chaleur, pour la
fabrication du gaz d'éclairage; par M. Sel-
ligue... ss. se ae té a de Sr Sécu
GéLarine. — Les membres du Bureau de bien-
aisance de la ville de Lille adressent de
nouveaux documents relatifs à l’emploi
qu’ils ont fait de la gélatine des os ao
l'alimentation des indigents. ......
— M.Gannal prie l’Académie de bâter le à ne
port qui doit être fait sur les propriétés
alimentaires de Ja gélatine......... HAE
— Le conseil d'administration dû dépôt de
mendicité de la ville de Lyon appelle lat.
tention de l’Académie sur un passage du
procès-verbal de la dernière séance des
souscripteurs , passage relatif à un appa-
reil pour la préparation de la gélatine ali-
mentaire , monté dans cet établissement.
Géniras (Arpareir). — Recherches sur le dé-
veloppement et la signification de l’appa-
reil génital externe; par M. Coste...
— Notice sur une guérison obtenue dans un
cas de sphacèle du serotum et d'une partie
de la peau de la verge, survenu par suite
d’une rupture de l’urètre; par M. Guillon.
Gexou (Luxation du). — Voir au mot tee
tions.
GéÉopEste. — Supplément à une nouvelle dé-
termination de la distance méridienne de
Montjouy à Formentera; par M. Puissant.
— Sur la facilité qu'offrirait le plateau élevé
où se trouve le lac de Titicaca, pour la
mesure d’une longue base, si l’on voulait
obtenir une nouvelle mesure d’un degré
du méridien près de l'équateur ; Lettre de
M. Pentland à M. Arago............. 26
GÉonEstMÈTRE. — Instrument d’arpentage pré-
senté par M. Dericquehem. — Rapport
sur cet instrument none smnsoorerehse
Géocrarme. — Lettre de M. Dei en adres-
sant une nouvelle livraison de son cours
de géographie générale... ....,,..,..,..
( 936 )
Pages
613
276
178
207
209
30$
833
355
368
770
831
Gr
658
GéocrAPuiE nOTANIQUE. — Considérations sur
la Géographie botanique de lorient de
l'Europe et du bassin méditerranéen ; par
M. Bory de Saint-Vincent... .............
GéocrAPHIE Z00L061QuE. — Sur la distribu-
tion géographique des oiseaux passereaux
dans PAmérique méridionale; par M.d’Or-
bignr. ( Rapport sur ce Mémoire )........
Géozocre. — Etudes sur la constitution géo-
gnostique des Pyrénées ; par M. Coquand.
— Notice sur l’âge géologique du gypse d'Air;
par le même. HÉTOCE
— Instructions pour la Commission Épée
par M. le Ministre de la guerre de Pex-
ploration scientifique de l'Algérie; partie
relative à la géologie
— Mémoire géologique sur la masse de mon-
tagnes qui sépare la Loire du Rhône et de
la Saône ; par M. Rozet...
— Considérations sur le diluvium sous-pyré-
néen; Lettre de M. Lartet.............
— Instructions demandées par M. le Ministre
de la marine pour l'expédition scientifique
qui se rend dans le nord de l'Europe;
partie relative à la géologie, rédigée par
M. Élie de Beaumont..................
— Rapport sur les résultats scientifiques du
Voyage de la Bonite, en ce qui concerne
la géologie et la minéralogie; par M. Cor-
dier..…
— Mémoire sur les terrains secondaires infé-
ricurs du département du Rhône; par
M. Leymerie. ......
— Sur les terrains tertiaires du nord-ouest 2
l'Italie; par M. de Collegno......... x
— Sur quelques terrains du Chili; Lettre de
M. Gay à M. Elie de Beaumont SCA
— Remarques de M. Élie de Beaumont à V'oc-
casion de cette lettre.............. ASE
Voir aussi aux mots Volcans et OR
(Produits).
Gzace. — Sur la glace qui se forme au fond
des rivières; par M. Maille.........,....
Gzaçoxs. — Note sur un moyen de conserver,
à l’aide d’un barrage, une portion de ri-
vière libre de glaçons et propre à la navi-
gation pendant les grandes gelées; par
NON DEGRÉ rec semaine HG
— M. Delahaye demande un rapport sur l’ef-
ficacité de ce procédé...,..............
GLoves TERRESTRES. — Nouveaux globes cons-
truits par M. Dien, et dans lesquels une
sphère creuse de métal remplace la splière
de carton communément employée. ....
GLOBULES SANGUINS. — Les globules rouges, qui
Pages;
918
236
65
121
ne paraissent dans le globule sanguin que
par la couleur qu’ils lui communiquent,
deviennent sensibles et même mesurables
après qu’ils n’en font plus partie, quand
ils restent plongés dans un liquide nutri-
tif qui leur permet de vivre et de grandir ;
Mémoire de M. Turpin sur des globules
de lait observés à l’état pathologique...
— Les globules blancs du sang, signalés par
M. Donné, ne sont, suivant M. Turpin,
que des globules normaux éteints dans
leur vie organique; (même Mémoire)...
— Voir aussi au mot Sang.
Givane. — Propriétés optiques des combinai-
sons tertiaires formées par l'acide tartri-
que, les terres et l’eau; Mémoire de M. Biot
sur plusieurs points de mécanique chi-
MIqUE......... PESTE mA
Gras. — Appareil pour les De ver de l’at-
taque des insectes, de l’échauffement, etc.,
inventé par M. Vallery. ( Rapport sur
cet appareil). ........ss.sss
HaxneTon. — Sur les ravages que cause dans
le département de l’Orne la larve du han-
neton (ver blanc); Lettre de M. Dureau de
la Malle... 2...
Harmonie des organes végétaux étudiés princi-
palement dans l’ensemble d’une même
plante; par M. de Tristan. (Rapport
sur cet ouvrage). .
Hanmonie. — Nouveaux principes de Mélodie
et d'Harmonie ; par M. le baron Blein...
— Rapport verbal sur cet ouvrage. ....
Haureurs.— Calcul des hauteurs, au moyen
des observations barométriques, fondé sur
la connaissance de la vraie constitution
physique de l'atmosphère terrestre; Mé-
moire de M. Biot sur la vraie constitu-
tion de cette atmosphère déduite de l’ex-
périence: 21... sde
— Hauteur de l’Illimani, montagne du Haut-
Pérou ; Lettre de M. Pentiand à M. Arago.
— Limite inférieure des neiges perpétuelles
dans les Cordillières de ce pays...... Id.
— Sur les hauteurs relatives des signaux
terrestres conclues de leurs distances zéni-
thales réciproques; par M. Biot........
HETÉrOPE , nom proposé par M. Jourdan
pour un genre qui serait intermédiaire
entre les Kangourous et les Potoroos. ....
Himernarion. — Note sur un cas d’hibernation
observé chez deux hirondelles ; par M. Du-
FrOCHET RER St - 5e sas
— Note sur l’hibernation d’un grand nombre
(937)
Pages.
250
259
153
27)
133
49
812 et 853
398
831
ibid,
840
673
— M. Dubourg adresse une réclamation de
priorité relativement à l'invention d’un
appareil destiné aux mêmes usages et
fondé sur les mêmes principes
— Nouveau système de greniers pour mettre
les grains à l’abri des attaques des cha-
rançons; par M. Demarcay............
— Rapport sur ce procédé; par M. Gay-
LDsS AC Ne. tie - sde aerio{oe cases de
— Un procédé qui paraît avoir beaucoup de
rapportavec celui-là avait été proposé,dans
le 17€ siècle, par le P. Castelli; Note de
M. Libris... Mn ar ensesetes Fo sen ne
Gnanve-BrerAGxe (LA) comparée à la France,
relativement aux résultats fournis par la
statistique judiciaire dans les deux pays;
Note de M. Moreau de Jonnès..... 160 et
Grèze. — Note sur des grélons en (brie
sphériques; par M. Beudant........... .
Gxrse. — Notice sur l’âge ss du gypse
d'Aix; par M. Coquand............. 2
d'hirondelles dans une caverne de la vallée
de Maurienne ; par M. Larrey..........
— Réflexions de M. Isidore Geoffroy-Saint-
Hilaire à V'occasion de cette communica-
Hmonpezces. — Voir V'artiele dent
Histoire narurezre. — Traduction des œuvres
d'histoire naturelle de Goethe, par M. Mar-
tins ; Rapport verbal sur cette traduction
(partie zoologique et anatomique)...
— Note sur les caractères généraux des corps
naturels, minéraux, végétaux et animaux ;
par M. Barbier...
Horcoces. — Mémoire sur un nouveau sys-
tème de sonnerie pour les horloges; par
M. Castil-Blage..
— Mémoire sur un autre système de sonnerie
musicale pour les horloges; par M. Soullier.
Hornères. — Mémoires sur les crisies, les hor-
nères et plusieurs autres polypes, vivants
ou fossiles, dont l’organisation est ana-
logue à celle des tubulipores; par M. Milne
Edwards
Huizes.— De l'emploi de la vapeur din pour
lépuration des huiles de graines; par
M. de Gatignr.…
Huies ESSENTIELLES. — M. Rolls demande
que l’Académie se fasse rendre compte
des modifications qu'il a apportées au
procédé d’extraction pour les huiles essen-
tielles des fleurs et des plantes aroma-
tiques ..... nee er Ne»
66
320
420
864
HYDKO-CHLORATE DE SOUDE. — Voyez à Sel ma-
rins
Hypno-ÉLecTriQuEs (APPAREILS). — Développe-
[zzimaxt. — Nouvelle mesure de la hauteur
de cette montagne, par M. Pentland;
Lettre à M. Arago. :....1,:.. 1...
{xCENDIES. — Procédé pour préserver de l’in-
cendie le cintre des théâtres; par
MOT Rer EE ee
— Note sur un moyen propre à diminuer Ja
fréquence des incendies; par M. Letellier.
— M. Thibault demande que l'Académie se
fasse rendre compte d’une échelle à incen-
dies qu’il a imaginée...........,......
— M. Thibault demande que cette échelle à
incendies soit admise à concourir pour le
prix Montyon (Arts et Métiers insalubres).
IxicorEres (VEGETAUx).—Mémoire deM.Jaume
Saint-Hilaire, sur les indigofères asiati-
QUES Er Peer Lt
INFLAMMATION. — M. Serre d'Uzes adresse pour
le concours au prix de Médecine Montyon
un Mémoire imprimé et un manuscrit
sur le traitement abortif de l’inflammation
au moyen du mercure...,..........,..
— Expériences démontrant l'influence de lal-
tération du sang dans la production de
l’inflammation et des autres lésions lo-
cales ; par M. Fourcault..,..,..........
— Expériences démontrant l'influence de la
suppression de la transpiration cutanée
dans la production de l’inflammuation et
des autres lésions locales ; par le méme.
Insectes nuisibles à l’agriculture. — Sommaire
des observations recueillies à ce sujet par
MEANS TAN ANA ERT are
— M. de Humboldt adresse Vouvrage de
JAMBES ARTIFICIELLES pour divers cas d’ampu-
tation ; présentées par M. Martin. 421 et
JurassiQue (Terrain). — M. Gay paraît avoir
Kancourou. Remarques sur une communica-
tion de M. Coste relativé à œuf du Kan-
gourou ; Lettre de M, Owen à M. Arago.
— Sur l’ovologie du Kangourou ; Mémoïré de
M. Coste en réponse à la lettre de
Pages:
ments relatifs aux décompositions chi-
miques obtenues à l’aide de ces appareils;
par M. Becquerel..,../.. 1... 125
M. Ratseburg sur les insectes nuisibles aux
JOLI nn talent mue ses eue NU EN O TG
831 — Sur les dommages causés à l’agriculture par
le ver blanc dans le département de POrne;
Lettre de M. Dureau de la Malle........ "51
49 Insecrivores (MawmirÈres). — Recherches sur
166
42
574
677
l'ancienneté des mammifères insectivores
à la surface de la terre; précédées de l’his-
toire de la science à ce sujet, des principes
de leur classification, et de leur distribution
géographique actuelle; par M. de Blain-
PURE a ionegie re tneenaiectesesebes eee oO
Ixsrrucrions demandées à l’Académie pour di-
vers voyages et expéditions scientifiques.
— Voirau mot Voyages.
Instruments de chirurgie. — Mémoire sur di-
vers instruments pour le traitement des
maladies de l'oreille et sur leur mode d’ap-
plication, etc.; par M. Gairal.......... fx
Instruments. — Rapport sur un instrument
d’arpentage, le Géodésimètre, présenté par
M Dericquehem. sel user 61
— Description etfigure d’un nouvel instrument
d’arpentage ; par M. Dumont. ........... 339
Ion. — Sur de nouvelles combinaisons du
chlore, du brome et de l’iode; par M. Millon. 499
146 Lopures. __ Mémoire sur l'emploi du proto-io-
dure de mercure dans le traitement du
psoriasis ; par M. Boinet................ 420
Isowérie. — Sur l'emploi de la lumière polari-
sée pour manifester les différences des
combinaisons isomériques ; par M. Biot.. 663
1stume DE PANAMA. — Travaux pour le canal
qui doit unir l’océan Pacifique à l’Atlan-
tique ; Communication de M. Warden... 150
reconnu l'existence au Chili de cette for-
mation que l’on croyait manquer dans le
Nouveau-Monde. ................:.... 919
M Owen Ts RE EME 27 HO 165
— Mémoire sur Pœuyfdu Kangourou, et par-
ticuliérement sur la découverte de l’Allan-
toïde ; par M. Owen... 46
Lair. — Analyse microscopique faite sur des
globules de lait à l'état pathologique ; par
MS TUE PR RTE. ane
— Rectification à un passage de ce Mémoire ;
PAL TE MEME anne eee eee een SU
LANGUE. — A la langue, comme sur toutes les
parois de la cavité buccale et de l’œso-
phage chez l’homme; à toutes ces par-
ties et à la partie æsophagienne de l’esto-
mac chez le cheval; aux mêmes parties, au
mufle et dans les trois premiers estomacs
chez les ruminants ; le derme est recou-
vert par le corps muqueux qui se moule
exactement sur toutes ses saillies. Mé-
moire de M. Flourens sur la structure
comparée de la membrane cutanée et de la
membrane muqueuse......,...,..........
Lazarers. — M. le Ministre du Commerce
adresse la collection des réglements et or-
donnances de police sanitaire qui régissent
ou ont régi les lazarets de France...
Lepiponenpron. — Recherches sur ces arbres
fossiles et sur leurs affinités avec les Zrco-
Podiacées vivantes ; par M. Ad, Brongniart.
LèPRrE. — Voir à Psoriasis.
Limaces. — Recherches sur le développement
des limaces et autres mollusques gastéro-
podes ; par M. Laurent.........,. 615et
LiruocraPrie, — Description et figure d’une
presse lithographique à encrage et mouil-
lage mécaniques; par M. Villeroi..…..….
LarBorrinie, — Nouvel instrument pouvant
agir par pression et par percussion si-
MacmiNe ÉBOUEUSE destinée au nétoyement des
routes ; présentée par M. Chardot.......
Macmines à vapeur, — Mémoire sur le caleul
des effets des machines à vapeur, conte-
nant des équations générales de l’écoule-
ment permanent ou périodique des
fluides, etc. ; par M. Barré de Saint-Ve-
TANÉ. ss essss see. 45 et
— Note sur la théorie de la machine à vapeur;
en tenant compte du changement de tem-
pérature de la vapeur pendant son action
dans la machine; par M. de Pambour.. 65 et
— Rapport sur divers Mémoires de M. de Pam-
bour, ayant pour chjet la détermination
des résistances que présentent les machi-
nes locomotives sur les chemins de fer, et
le calcul de l'effet des machines à vapeur
262
575
872
655
201
113
multanément ou successivement ; par
M. Leroy HÉROS: danses Jade non:
Lits MÉCANIQUES. — Figures et description
d’un lit mécanique à l’usage des malades
et des blessés ; par M. Nicole Berthelot...
Loc. —M. Bouvart adresse un Paquet cacheté
portant pour suscription : « Dromomètre
Ou nouveau loch à l’usage de la marine »
(séance du 18 juin)... CODOLOE EC PL Tee
Lumière (POLARISATION DE LA ).— Voir au mot
Polarisation.
LuNE. — Sur la configuration d’une certaine
région de la lune ; Lettre de M. Madler..
Luxarioxs. — Mémoire sur le traitement des
luxations congénitales du Jémur ; par
M. Pravaz..…. 215
— Mémoire sur la réduction des luxations con-
génitales du fémur; par M. Bouvier...
— M. Leymerie annonce que dans un Mémoire
dont il n’a pu achever la lecture, il citait
des cas de guérisons de luxation spontanée
du fémur et de torticolis anciens obtenues
au moyen de la chaleur seulement . see
— Mémoire sur un déplacement complet de
l'articulation tibio - fémorale , après une
déviation de nutrition dans les surfaces
osseuses qui Ja constituent; par M. 4.
Thierres ANS
citer diet osialierseas
LYCOPODIACÉES. — Examen des principaux ca-
ractères de ces plantes pour servir à éta-
blir les affinités qu'ont avec elles les
grands végétaux fossiles connus sous le
nom de Lepidodendron > par M. Ad. Bron-
BAIE En le EN NNOULE
en BÉnÉra leurre ere dater a tnt
— Note sur une formule donnant le volume de
la vapeur saturée en fonction de sa pres-
sion seulement; par M. de Pambour..
— Remarques de M. Biot à l’occasion de cette
Note DOPCPECEEE CE EPP EEE
— Appareil de sûreté Pour les chaudières à
Yapeur, présenté par MM. Z'estu et Le-
terrier. (Rapport sur cet appareil)... ,..
— Moyens de sûreté contre les explosions des
machines à vapeur ; par M. Rabaïoye..….,
— La Société industrielle de Mulhouse désire
que les moyens qui seront indiqués par
la Commission des rondelles fusibles comme
les plus propres à prévenir l'explosion des
Chaudières à vapeur, soient éprouvés dans
divers établissements où l’on fait usage
Pages:
519
/
225
de ces machines, avant qu’une ordonnance
en rende l'emploi obligatoire..........
— Sur la véritable cause des explosions des
chaudières à vapeur, et sur les moyens
propres à les prévenir; par M. Demaretz.
— Note sur un appareil de sûreté destiné à
empècher l'explosion des machines à va-
peurswpar M: Loyeri. ee ee en
— Mémoire anonyme sur les moyens de pré-
senir les explosions des machines à va-
PEUT ERA. PSE NO MO
— Mémoire de M. Levallois sur une explosion
survenue dans une machine à vapeur à
basse pression; et rapport fait sur ce
Mémoire à M. le Directeur général des
Ponts-et-Chaussées.. .7...............
— Mémoire sur l'emploi de la vapeur perdue
dans les machines à haute pression
pour remplacer en partie le combustible ;
par MP Dore ee een male sente n ee
— Réflexions sur les deux dernières explosions
des chaudières de bateaux à vapeur surve-
nues à Nantes et à Cincinnati; par M. Sé-
QUIET ee nes enoennee rennes tes ottes
— Réflexions sur les causes des explosions des
machines à vapeur ; par M. Darlu.......
— Sur les causes probables de lexplosion de
ces machines; par M. Schweich...:....
Macxériques / BarReAux). — Sur les moyens
d'augmenter leur puissance; Lettre de
M. Scoresby à M. Arago..... 310, 832 et
MacérisMe pe ROTATION. — Note sur les causes
de ce genre de phénomènes ; par M. Hal-
ARE eee panne nelen ee sante Las
MAGNÉTISME TERRESTRE. — Sur les déviations
de la boussole produites par le /er des
vaisseaux; Mémoire de M. Poisson. .....
— Sur une perturbation de l'aiguille aiman-
tée observée le méme jour au Chili et à
Paris; Lettre de M. Gay à M. Arago...
Mamerox. — La coloration qui entoure le ma-
melon chez la femme et forme ce cerele
qu’on désigne sous le nom d’aréole, a
son siége dans le second épiderme : Recher-
ches sur la structure comparée des mrem-
branes. muqueuses et des membranes cuta-
nées ; par M.wFlourens...,. 1...
MaviwÈnes. — Rapport sur un Mémoire de
M. Jourdan concernant quelques mammi-
féresmouyeauxi. 06e RO, Po
Mawmirenes (Œufs des).—Voir à Embriologie.
NManvres. — Gisement considérable de marbre
blanc statuaire découvert dans les monta-
gues des Chérokées; Communication de
M Warden yes TEE RE
Mansupraux. — Remarques sur une commu-
nicntion de M. Coste relative à l'œuf
( 940 )
Pages.
161
20)
833
180
Pages
du Kangourou; Lettre de M. Owen à
M'VATAgO eee enasmeaememecmecenes Ut
Masronoxre.—Sur la découverte d’un portion
considérable du squelette d’un mastodonte
à dents étroites; Lettre de M. Lartet.... 655
MATIÈRE MEDICALE. — Observations concernant
la matière médicale et la thérapeutique ;
par MMOr FAT OEL carats ene sise cas TL
Mècnes DE SAUVETAGE pour guider les mineurs
dans les cas d’invasion de certains mé-
langes gazeux qui ne permettent plus aux
chandelles de brûler ; par MM. Ajasson de
Grandsagne et E. de Bassano............ 419
Méoecixe PRATIQUE. — Rapport sur un ouvrage
de MM. de La Berge et Monneret, ayant
pour titre ; Compendium de médecine pra-
LIGUE Le noms msn masse sieste 104
MéLonE. — Nouveaux principes de mélodie et
d'harmonie ; par M. le baron Blein....... 49
— Rapport verbal sur cet ouvrage...... 812 et 853
Mercure.—Mémoires sur le traitement abortif
de l'inflammation au moyen du mercure;
par M.Serre d'Uzès..,........,........ 107
— Mémoire sur l'emploi de la pommade de
proto-iodure de mercure dans le traite-
ment du Psoriasis ; par M. Bonet....... {20
— Dans des expériences relatives aux cou-
rants thermo - électriques , faites par
MM. de La Rive et Matteucci, on n’a pu
obtenir ces courants avec le mercure. .... 27%
— Surle moyen d'obtenir du mercure des cou-
rants thermo-électriques ; Lettre de M. Pel-
ten AR I ES ER RIRES GS
Mésire. — Nouveau genre établi pour un oi-
seau de Madagascar ; par M. Isidore Geof-
Joy Saint-Hilaire... ms et mo
Mesures. — M. Biot présente des recherches
de M. Jervis sur un étalon primitif de tous
les poids et mesures. ..,............, 472
MéréoroLociE. — Première partie d’un Traité
de Météorologie; par M. Denis......,... Bot
— M. Le Ministre de l'Instruction publique rap-
pelle qu’il n’a pas encore été fait de rap-
port sur un mémoire de Météorologie de
M. Korn IS TO AUS re 90
MéréoroLoGiquES (OBsERvATIONS) faites à l'Ob-
servatoire de Paris, 22, 184, 308, 428,
66r, 793.
— Tableau des observations météorologiques
faites à l’École d’artillerie et du génie de
Metz ; adressé par M. Schuster.......... 51
— Observations faites au fort Vancouver; sur la
rivière Columbia (côte occidentale de l’A-
mérique du Nord); par M. Mac-Loughlin. Ibid.
— Résultats déduits de ces observations , par
M. Arago, relativement au climat de la
côte occidentale de l'Amérique du Nord,
comparé à celui d’autres côtes, à latitude
égale. ssse se eee ee ne a nele se e
— M. Bonnafont annonce avoir commencé, à
Constantine , une série d'observations mé-
téorologiques qu’il se propose de conti-
nuer..... cac
— Tableaux des observations météorologi-
ques faites à Flacq (ile Maurice), pen-
dant les mois de mars, avril, mai 1837;
par M. Desjardins. ...................
— Résumé des observations météréologiques
faites pendant une période de 10 ans
(1828-37) à la Basse-Terre (Guadeloupe);
par M. Dupuy.......... SA dpatase
— Tableau des observations météorologiques
faites à Cherbourg, pendant l’année 1837;
par Mi Bamarche sys. 209 2. 100008. 8
— Faites à Constantinople, au collége des La-
zaristes, pendant l’année 1835........
MérRique (SystÈmE). — Note sur l’application
du système métrique à la mesure du degré
de finesse des fils et des tissus ; par M. Bres-
son... tOOUC AUDE
Microwëèrre dont les fils sont rendus lumineux
au moyen de l'électricité; présenté par
M. Cappocci qui se proposed’en faire usage
pour l’observation des comètes très faibles;
remarque de M. Arago à ce sujet.......
Microscope. — Appareil pour retourner sur le
porte-objet du microscope , des corps de
petitesdimensions; présenté par M. Mandl
Minace. — M. Coulier appelle l’attention sur
un passage de la relation du voyage de
Ker-Porier en Perse, lequel lui parait
relatif à un cas de mirage nocturne...
MoxomanE suicipe. — M. Cazauvieilh demande
NAGEOIRES A CINTRES MOBILES. — M. Mathey
présente sous ce nom un appareil dont il
propose d’armer les mains des nageurs,
dans le but de rendre leur progression dans
l’eau plus rapide et moins fatigante...,
Naïssaxces. — Mémoire sur la proportion des
sexes dans les naissances des animaux ver-
tébrés ; par M. Bellingeri. . .
Navicariox.— Mémoire sur la théorie générale
de la manœuvre des vaisseaux et autres
points qui s’y rattachent; par M. Letour-
EUR C'Ae EE
— Essai sur les bateaux à vapeur ; Mémoire
adressé pour le concours au prix concer-
nant la navigation par la vapeur........
— Mémoire sur les déviations de la boussole,
dues à l’action du fer des vaisseaux ; par
METP OI ee es nee c'es Cle UV CT
C. R. 1838, 1°T Semestre. (T. VI.)
(9
Pages.
120
425
654
- 822
822
Ibid.
=
N
1)
et obtient l'autorisation àe retirer un Mé-
moire sur la monomanie homicide des ha-
bitant$ des campagnes , mémoire présenté
pour-un précédent concours et non admis
à cause d'un défaut de forme...........
Morners. — M. Denys de Curis demande qu'un
ouvrage sur la confection des mortiers
qu'il a adressé l’an passé à l’Académie
soit admis à concourir pour un des prix
de la fondation Montyon...............
Moreurs. — Figure et description d’un nou-
veau moteur; par M. Gautier..........
Mouvement. — Réflexions physiques sur Île
mouvement de la lumière, de la Terre, de
la Lune et des eaux dans le flux etlereflux
de la mer; par M. Stein.....,.........
Movuvemenr PERPÉTUEL. — Note de M. Frey-
Muqueuses (MemprAnes). — Recherches anato-
miques sur les structures comparées dela
membrane cutanée et de la membrane mu-
queuse, par M: Flourens......
Murier. — Note sur la culture du mürier et
sur l’éducation des vers à soie en Touraine ;
par M. Buin..........................
— Deuxième Mémoire sur le mûrier des Phi-
lippines ; par M. d'Hombres-Firmas......
— Note sur la fabrication du papier avec l’é-
corce du mürier; par MM. Gérard et de
Predapals esse nement cut
Muscarpine. — Rapport sur divers travaux en-
trepris au sujet de la maladie des vers à
soie, connue sous le nom de muscardine.
Musique ( TuéormE DE LA). — Nouveaux prin-
cipes de mélodie et d'harmonie; par
MsBlein ns as ere doute
— Réclamation de priorité concernant un sys-
1ème d'installation des navires à vapeur,
qui les rend propres à naviguer à la voile
seulement , quand le vent est favorable ;
par M. Béchameil..:.............4:....
— M. Arago confirme l'exactitude d’une des
assertions de M. Béchameil relativement
à la date de ses travaux................
Navicarion NTÉRIEURE. — M. Devèse de Cha-
briol prie l’Académie de hâter le rapport
sur un Mémoire qu'il a précédemment
adressé concernant la navigation de l’AI-
lier et de ses affluents..,.......
— L'auteur envoie une nouvelle copie de son
Mémoire... 5 -L
— M. Duméry adresse un paquet cacheté por-
tant pour suscription : Note relative au
remorquage des bateaux sur les canaux et
128
Pages
121
49
864
865
49
822
les rivières. (Séance du 4 juin.).........
— Essai sur la navigation intérieure en Angle-
terre, et tableau de la navigation ‘inté-
rieure du continent de l'Europe.........
NEcrir. — Note sur l’insecte qu'on désigne vul-
gairement sous ce nom, dans quelques
parties de la France; par M. Vallot....
Newe. —Observations sur la cause qui produit
la fonte hätive des neiges autour des plan-
tes; par M. Melloni.......... coc SET
Neices PERPÉTUELLES. — Détermination baro-
métrique de la limite inférieure des neiges
dans les Andes du Haut-Pérou; Lettre de
M. Pentland à M. Arago.............. ô
NeLowvs, nom proposé par M. Jourdan pour
un genre qui serait formé aux dépens du
genre Échimys..
— M. Isidore Geoffrar-S aint-Hilaire trouve
dans la considération du système dentaire
de ces animaux, une confirmation de Ja
légitimité de ce démembrement, que
M. Jourdan n’avait appuyée que sur des
caractères extérieurs, dont quelques-uns
OsiEcTiFs ACHROMATIQUES présentés par M. Cau-
CRE. serein OO TON nee 7050 E
OEozoc1e.—M. Auberger présente un mémoire
intitulé: Plan d’un ouvrage sur l’œnologie.
OEsornace. — Le corps muqueur qui revèt la
langue et la cavité buccale, et qui est le
siége des colorations qu’on y remarque
dans certains cas, s'étend, chez l’homme,
jusqu'à l'extrémité inférieure de l’æso-
phage; se prolonge, chez le cheval, jusque
dans la partie supérieure de l'estomac; et
dans les ruminants ne cesse qu’à l’entrée
du quatrième ‘estomac. :( Mémoire! de
M. Flourens sur la structure! comparée de
la membrane cutanée et de la membrane
MUQUEUSE), sms rene dés enete das
OFxr. — Recherches sur la structure des
membranes de l'œuf des mammifères; par
MM. Breschet et Gluge..... no D
— Remarques sur une communication “2
M. Coste, relative à l'œuf du kangourou ;
Lettre de M. Owen à M. Arago........ =
— Mémoire sur l'ovologie du kangourou; en
réponse à la lettre dé M. Owen; par
M. Coste....
— Mémoire sur l'œuf du kangourou, et en par-
ticulier sur la découverte de son allan-
toïde; par M. Owen. :....... PAL
Oiseaux. — Distribution Dééréphique des oi-
séaux passeréaux dans l'Amérique méridio-
( 942
Pages
790
822
899
262
même n'étaient pas constants. (Notice sur
les rongeurs épineux , etc.)......... ...
Nérinées.— Notice sur la Nérinée gigantesque ;
par M. D’Hombres-Firmas, .............
Norx vowique, — Sur l'emploi de la poudre de
noix vomique torréfiée dans le traitement
de l’épilepsie ; par M. Legrand... ........
Novés. — Sur une cause qui concourt à aug-
menter le nombre des noyés à Paris , et
sur un moyen de faire disparaître cette
cause; par M. Mallet.......,.. seen
Nuaces, — Lettre de M. Robert, sur un nuage
remarquable observé à Paris le 25 avril.
— Lettre de M. Korilskr, sur les nuages para-
sites. ss... 707 et
NumEratioN, — Sur la connaissance qu'ont eue
les Anciens d’une numération décimale
écrite qui fait usage de neuf chiffres pre-
nant des valeurs de position; par M. Chas-
leciidotique 5 du sjtfateee se me/etelrde)a eee
— Lettre de M. de Paravey à l’occasion de la
lettre précédente... ass
— M. Gautier réclame la priorité relative-
ment à la question traitée par M. Chasles.
nale; par M. d A — Rapport sur
csMémoire.. e
— Notice sur trois nouveaux genres d'oiseaux
de Madagascar; les genres Philepitte,
Oriolie et Mesite ; par M. Isid, Geoffroy -
Saint-Hilaire...
Oiseaux-Moucues.—Note sur leur EP RRE
par M. Geoffroy-Saint-Hilaire....., ati
OPnTALMOLOGIE. — Mémoire de M. Traversat.
Or. — De l’action des préparations d'or sur
e économie, et plus spécialement sur
les organes de La digestion et de la nutri-
tion; par M. Legrand... ... san eue gras
— De l’emploi de l'or dans le traitement des
scrofules; par M. Legrand..............
Oncnibées. — Mémoire sur la culture des or-
chidées, et sur huit nouvelles espèces de
cette famille, avec des observations sur les
caractères génériques de plusieurs genres;
par Ma Mutels.es Mn dater
Oreire (Maladies de l'). — Mémoire sur di-
vers instruments pour le traitement de ces
maladies, suivi d’un essai sur la perfora-
tion avec perte de substance, de la mem-
brane du tympan; par M. Gairal........
Oncaniques (Dépris) DANS DES ROCHES CRISTAL=
LINES STRATIFIÉES, — Observés dans des
schistes maclifères de la Bretagne; par
M: Puillon Boblaye.............
Pages.
863
385
G25
19
469
168
( 943 )
Pages.
— Dons des calcaires saccharoïdes des Pyré- *
nées; par M. Coquand................. 334
ORGANOGRAPHIE VÉGETALE. — Rapport sur un
travail de M. de Tristan, intitulé : Harmo-
nie des organes végétaux étudiés principa-
lement dans l’ensemble d’une même
plantess:/2. Pet ME demeure 133
OrGue.— Nouveau tableau pour les propor-
tions des tubes dans cet instrument; par
M. Cabillet. ..... DA ARENETEE SUN 118
Onioute.— Nouveau genre créé pour un oiseau
de Madagascar ; par M. Isid. Geoffroy-St.-
Hier! EU: UC Re) bubh0o .. 44o
Os nv cRANE.— Nouvelles réflexions sur la ma-
nière dont la nature procède à l’occlusion
ou à la cicatrisation des plaies de la tête,
avec perte de substance aux os du crâne;
par M. Larrey....... Mie onentat “23
OsciLLATIONS de l'eau dans les tuyaux de con-
Parier. — Note sur la fabrication du papier
avec l'écorce du mürier ; par MM. Gérard
et de Prédaval......... rondes 145
— M. Pallas adresse un paquet cacheté por-
tant pour suscription : Indication d’une
substance végétale avec laquelle l’auteur
espère obtenir un papier propre à rempla-
cœær le papier de Chine. (Séance du 4juin). 590
Paquers cAcuETÉS adreseés par MM.
— Godain. Séance du 2janvier............. 920
— Séguin. (Séance du 8 janvier). ....... A 03
— Leroy d'Étiolles. TOUS COMORORRRE ... Ibid,
— Legrand. LE ce octo ce ce N ibid.
— Morel. (Séance du 15 janvier)..... ch ir 66
— Mandl. id. pagione 0 67
— Duméry.— Appareils de sûreté pour les
machines à vapeur. (Séance du 22 janvier). 122
— Duméry.— Addition au précédent envoi.—
(Séance du 29 janvier)... .. parer ee nn 149
— Dubourg. — Navigation intérieure. (Séance
du 12 février)..... Sérorote ann 2e 100
— Souchier d'Aller. (Séance du 12 février). 210
— Et 19 février
— Beau. id.
— Longet. — Recherches anatomiques et phy-
siologiques sur les nerfs trijumaux et fa-
cial, et sur le système nerveux ganglion-
naire. (Séance du 5 mars).... Feb:
— Junod. (Séance du 12 mars).............. 341
— Destaing. — Pompe à feu. (Séance du r2
MAS reel EHbobkSsrobanados de Lait o
— De Pambour.—Calcul des machines à va-
peur. (Séance du 26 mars) ............. 386
— Robert. (Séance du 2 avril)....... done 425
— Tabarié.— Recherches physico-physiologi-
Pages.
duite. — Supplément à la quatrième par-
tie d’un Mémoire de M. de Caligny sur ce
EP OPUS OOo EL MATOS ECUAP OPEN]
— L'auteur demande que ce travail soit admis
à concourir pour le prix de Mécamique... 539
OssemeNTs FOssiLEs. — Voir au mot Fossiles.
Osréocénie. — Note sur le développement cen-
tripète du système osseux, et ses applica-
tious à la pathologie; par M. Serres... .. 24
— Explications données par M. Larrer, au su-
jet de la Note précédente.............. 82
OvoLoce. — Voir aux mots OŒufet Embryo-
logie.
Oxiparion. — Sur certaines circonstances qui
s'opposent à l’oxidation du fer ; Lettre de
M. Schænbein à M. Becquerel......... 10257
— Note sur certains cas dans lesquels le Jr,
sous l’action de l’acide nitrique, résiste à
l’oxidation; par M. Lepage ............ 420
ques. (Séance du g avril).............. 477
— Charrière. — Dessin et description de deux
instruments de chirurgie. (même séance). Ibid.
— Junod.— Modifications apportées à ses ap-
pareils pneumatiques. (Séance du 23 avril). 575
Jules Guérin. (Séance du 4 mai).......... 6558
— Dutrochet. (Séance du 14 mai)........... 673
— Collet et Cottereau. — Nouveau mode de
transport pour les voyageurs (Séance
dr) RM RE EG) 686
Dutrochet. (Séance du 23 mai)........... 074
Bresson. (Emploi de l’air chaud comme mo-
teur). (Séance du 4 juin).............. 2 790
— Duméry.—Remorquage des bateaux sur les
rivières et les canaux (même séance)...
— Pallas.— Sur une substance végétale pour
la fabrication d’un papier destiné à rem-
Ibid.
placer les papiers de Chine. (Même
RON NME TPE Rs Dr IbiA,
— Serres. — Ovologie humaine. (Séance du
DUT Pr) RTE UP CAE 2er e24 008
— Bouvart.—Nouveau loch à l’usage de la ma-
rine. (Séance du 18 juin)............... 866
ParazsÈLes (NOuvELLE THÉORIE DE<).— Mémoire
de Mi Baztine. us cet amomcracessee- st 704
Parnéuies. — M. Arago donne, d’après des
lettres qui lui ont été adressées par
MM. Lécart, Mallet ét Tordeux, quel-
ques détails sur des parhélies observées
dans la matinée du 13 mars à Laon, Saint-
Quentin, Lille et Cambrai............. 373
— Observation du phénomène à Lafère, par
M. Tiremois; et à Quessr, près Lafère,
par M. Jacquemart...........s....sss DOI
128.
( 944)
Pages,
Paupérisme. — Statistique raisonnée du pau-
périsme; par M. Boyer................. 822
Peau. — Recherches anatomiques sur les
structures comparées de la membrane cu-
tanée et de la membrane muqueuse; par
262
M. Flourens.:..,..........:.........
PEROXIDES MÉTALLIQUES considérés sous les rap-
ports électro - chimiques ; Lettre de
M. Schœnbein à M. Becquerel..........
Pesre. — Recherches et expériences sur cette
maladie et sur les moyens de s’en garantir;
par M. Bullard...,..................
_ Essai critique contre les adversaires de la
contagion par infection dans le cas de la
peste; par M. Lefêvre.................
Parnéerire ; nouveau genre créé pour, un oi-
seau de Madagascar; par M. Isid. Geof-
Jror Saint-Hilaire. ...................
PuospmoresceNCE de La mer. —Sur la phos-
phorescence de la mer aux environs de
Montpellier ; Note de M. Dunal.........
— Observations relatives à la phosphores-
cence de la mer, faites dans le cours du
voyage de la Bonite; Note de MM. Eydoux
et Souleyet....................serses.
_ Sur la phosphorescence de la mer dans les
pars.froids ; Lettre de M. Robert........
PnoromèTRE présenté par M. Capocci qui se
propose d’en faire usage pour une détermi-
nation des grandeurs relatives des étoiles.
Parisiques. — Sur une formation de vaisseaux
sanguins dépendant de l'appareil respira-
toirechezles phtisiques; par M. N. Guillot.
PnystoociEe. — Mémoire de MM. Sarrus et
Rameaux sur les applications des sciences
accessoires à la physiologie. .............
Puysique (INSTRUMENTS DE). — Baro-thermo-
mètre, instrument destiné à donner à la
fois la mesure de la pression atmosphé-
rique et celle de la température ; présenté
par M/Bodeur. .s 2e seems se
Puysique (Osservarions DE). — Résumé des ob-
servations de physique faites à bord de
l’Astrolabe , depuis le départ de Toulon,
jusqu'au 25 octobre 1837; par M. Du-
MOULIN 1e «ns aleeie- cieleialepia=qete se amas ss
— Rapport sur les résultats scientifiques du
voyage de circumnavigation de la Bonite
(partie concernant la physique) ; rappor-
teur, M. Arago......................
— Instructions pour le voyage au nord, et
l'expédition en Afrique (partie concer-
nant la physique du globe et la météoro-
logie) ; commissaire , M. Arago... 585 et
Piep-por. — Sur la nature et la guérison du
pied-bot; Mémoire de M. Duval, pre-
mière partie. .....s..s.emessensestes
PLairs DE La vÈrx. — Nouvelles réflexions
440
83
16
338
673
G15
Pages’
sur la manière dont la nature procède à
l’occlusion ou à la cicatrisation des plaies
de la tète avec perte de substance aux os ;
par:M. Larreps.s. sons. deu der 1 et23
PLéruorEe des artères. — Propositions rela-
tives à certains phénomènes résultant de
cette pléthore ; par M.Beau ..... .... 66
PLour.—Rapport sur un mémoire de M. Payen,
concernant les acétates et le protoxide de
plomb... Messe sien else lente ele
— Recherches sur la composition de l’amy-
late. de plomb; par M. Payen........... 750
Piuie. — Chute de pluie observée à Genève
par un temps serein; Lettre de M. Wart-
mann à M. Arago..:................. 632
Poire. — Sur la différence qu’offrent les tissus
cellulaires de la pomme et de la poire;
sur la formation des concrétions ligneuses
de la dernière, ete. ; par MN. Turpin. 703 ety11
POLARISATION DE LA LUMIÈRE. — M. Chevalier
présente un appareil destiné à servir dans
les cours publics à l'exposition des phéno-
mènes de polarisation................. 89)
POLARISATION CIRCULAIRE. — Phénomènes pré-
sentés par des combinaisons ternaires
formées d’acide tartrique, d'alumine, ou
de glucine et d’eau ; Mémoire de M. Biot
sur plusieurs points de mécanique chi-
MIQUE. ..s.s.sesssssrmeemsneseeeeses
— Sur l'emploi de la lumière polarisee pour
manifester les différences des combinai-
sons isomériques; par M. Biot........... 663
PozarisATION de la chaleur.— Lettre de M. For-
Bes à M: Arago. ch oo sel mn sersleins ele 9 700
Porvres. — Mémoire sur le genre Tubulipore ;
par M. Milne Edwards. ............... 162
— Mémoire sur les crisies, les hornères et plu-
sieurs autres polypés, vivants ou fossiles
dont l’organisation est analogue à celle des
tubulipores ; par M. Milne Edwards... 57
Poume.— Sur la différence qu'offrent les tis-
sus cellulaires de la pomme et de la poire,
etc. ; par M. Turpin.............. 703 et tt
Pommes pe TERRE.—Phénomènes observés dans
Ja congélation des pommes de terre; par
MP @yen ee eee seconde CUITE
— Rapport sur ce Mémoire................ 344
— Lettre de M. Callias sur un moyen d’utili-
ser les pommes de terre gelées... ... ne. 477
— Mémoire sur le mème sujet; par M. Gi-
TArdin . nes esusesese hotes ese sisiele eat 0
PonTs-ET-CHAUSSÉES (Écoze nes). — Voir à
Ecole.
Poussières INsPIRÉES par les ouvriers employés
au polissage des canons de fusil; appareil
destiné à prévenir les fâcheux effets que
ces poussières exercent sur les poumons. 677
PREsenTATIONS. — La section d’Astronomie pré-
153
w
sente une liste de candidats pour une
place de correspondant vacante dans son
SOLDE sep mes ne sinem cie elteslaerr sise mel le
— La Section d'Économie rurale présénte une
liste de candidats pour la place vacante
dans son sein par suite du décès de
M. Tessier.
Présipexce. — M. Becquerel, vice-président
pendant l’année 1837, passe aux fonctions
de président. — M. Chevreul est nommé
vice-président. .......,....
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. — Recherches sur les
effets résultant des variations dans la
pression atmosphérique à la surface du
corps; par M. Tabaié,........ .......
ProJecriLEs. — Sur le mouvement des projec-
tiles dans l'air , en ayant égard à leur ro-
tation et à l’influence du mouvement
diurne de la terre; par M. Poisson (2m
partie). de a el lelsote ee ='e(siela e =ale ='e =
PROTOCOCCuS KERMESINUS. — Analogie, sous le
rapport de la couleur et de la structure or-
ganiqueentre les globules sanguins des ani-
maux, et les globules rouges végétaux nom-
més protococeus kermesinus (Mémoire
de M. Turpin sur des globules de lait ob-
servés à l’état pathologique. .,.........
Races HUMAINES. — M. Flourens annonce qu’il
vient de recevoir de M. Guyon, chirurgien
en chef à l’armée d’Afrique, des pièces et
documents pour servir à l’histoire phy-
sique des races qui habitent l'Algérie...
Racines. — Note sur la structure des racines
chez certains végétaux dicotylédonés ; par
M. Decaisne.........
RACINES ALGÉBRIQUES. —Voir à Équation.
RAPPORTS VERBAUX. — À l’occasion d’une Let-
tre de M. Despretz, demandant que l’A-
cadémie se fasse rendre compte du
deuxième volume du cours de mathéma-
tiques de M. de Montferrier , M. le secré-
taire perpétuel rappelle la décision prise
par l’Académie, qu’il ne sera plus fait
de rapports verbaux sur les ouvrages
écrits en français et publiés en France.
RÉFRACTION ATMOSPHÉRIQUE. — Note de M. Biot
relative à une assertion émise dans la
septième réunion de l’Association britan-
nique pour J’avancement des sciences,
relativement à une prétendue nécessité
où l’on serait de rectifier la méthode du
calcul de la réfraction astronomique telle
que l’a présentée M. Biot si l’on admet-
tait les idées de M. Poisson sur la consti-
( 945 )
Pages.
67
281
254
268
335
626
— C’est à des protococcus enfermés dans la
pâte translucide de certaines agates qu'est
due la couleur ronge que présentent ces
concrétions siliceuses ; (mème Mémoire.)
Psoriasis. — Mémoire sur l'emploi du proto-
iodure de mercure dans le traitement du
Psoriasis, par M. Boinet......... bre
Puits FOrRES — Observations de la tempéra-
ture du fond d’un puits foré à Saint-An-
dré (Eure) ; par M. Walferdins.........
— Observations de mème nature pour un
puits foré à Rouen ; par MM. Girardin et
Person...
Pyraze. — Note sur une question de priorité
relative à un mode de destruction pro-
posé pour la pyrale de la vigne; par
M. Sambin...,..
— Remarques de M. Dumas à l’occasion de la
lettre de M. Sambin..................:
PYRÉNÉES — Études sur la constitution géognos-
tique des Pyrénées ; par M. Coquand. ....
Pyrocenés (Proourrs). — Recherches sur les
produits pyrogénés de la résine; par
MM. Pelletier et Walter..............
— Recherches sur les produits pyrogénés du
succin; par les mêmes.................
tution des hautes régions de l'atmosphère.
— Application au calcul des réfractions de la
connaissance de la vraie constitution phr-
sique de l’atmosphère terrestre ; Mémoire
de M. Biot sur la constitution de cette at-
Page.
mosphère , déduite de l'expérience. . 343 et 390
— Sur les hauteurs relatives des signaux ter-
restres conclues de leurs distances zéni-
thales réciproques ; causes d’inexactitude
résultant de l'inégalité de réfraction
dans les deux observations simultanées ;
Mémoire de M. Biot..............,...
Renxe. — Mémoire sur le Renne fossile; par
M Puel tr
Résine.— Rapport sur un Mémoire de MM. Pel-
letier et Walter relatif aux produits prro-
génés de larésine......................
ResisrAncE des constructions hydrauliques. —
Mémoire de M. Vène sur ce sujet.......
Ressonrs DE vorrure de l'invention de MM.
Mühlbacher frères...
RÉTRÉCISSEMENTS ORGANIQUES. — Mémoire sur
le traitement des rétrécissements orga-
niques; par M. Beniqué................
Renocéros.—Dents fossiles de rhinocéros dé-
couvertes dans la commune d’Aillas (Gi-
ronde); présentées par M. Lillaudel, ..….
Rocnes D'ORIGINE IGNÉE. — Sur les modifica-
tions qu’elles impriment aux roches de sé-
diment dans le voisinage des points où
elles les traversent; Lettre de M. Puillon-
Boblaye... nes te deseeesessonte soso
_— Réclamation de priorité de M. Rivière à
l’occasion de cette lettre.........,.....
— Remarques de M. Élie de Beaumont à l’oc-
casion de cette réclamation...
Ronceuns ÉPINEUX. — Voir au mot Échimys.
Rorarion (Mouvewenr DE). — Sur le mouve-
ment des projectiles dans l'air, en ayant
égard à leur rotation et à l'influence du
SasoT MÉCANIQUE. — Appareil auxiliaire pour
Venrayage des voitures; présenté par
M USE esta ie nie siss dela smeeals ets e
Sac cuirurGICAL proposé par M. Ackerman. .
SazAmaNDREs. — Sur un squelette fossile de sa-
lamandre, de trois pieds de longueur , et
sur une salamandre gigantesque du Japon
conservée vivante au musée de Leyde;
Lettre de M. de Paravey...............
— Observations sur la configuration des z00s-
permes de la salamandre aquatique ; par
M. Dujardin...................s......
Saucne. — Sur la composition de la salicine
et sur quelques-unes de ses réactions;
Notede M-MPirigs = 142.60... cer
_— Sur de nouveaux produits obtenus de la
Salicine; par M. Piria.,..............,
Saxc. — Sur la constitution microscopique du
sang; Mémoire de M. A. Donné..,.....
— Nouvelles recherches sur le sang humain.
De la fibrine et de ses Variétés; par M. Le-
tellier. see ses emtess ne
— Le défaut de plasticité du sang, dù à la
soustraction d’une portion de la fibrine ou
à la modification de cette substance au
moyen de réactifs chimiques, donne lieu,
d’après les expériences de M, Magendie, à
des lésions locales de même nature que cel-
les qui s’observent dans les fièvres graves,
— M. Serres soutient que la défibrination du
sang qui s’observe dans les fièvres graves
ne survient qu'après le développement
des lésions locales des intestins dont clle
ne peut, par conséquent, être considérée
comme la cause. ...... 4e ses
— Expériences démontrant l'influence de l’al-
tération du, sang dans la production de
l’inflammation et des autres lésions loca-
les; par M. Fourcault....,.........,..
Sanrorix, — Sur une fouille faite dans le ter-
( 946 )
Pages.
168
209
209
419
677
620
56
mouvement diurne de la terre; par M. Pois-
son (deuxième partie)........... ...
Ruwmxanrs. — Le corps muqueux que Malpighi
a reconnu dans la langue du bœuf et qui y
forme, non un réseau, mais une membrane
centinue , recouvre cet organe chez tous
les mammifères, s’ètend sur les parois de
la cavité buccale jusqu'aux lèvres , tapisse
l’œsophage, et, chez les ruminants tapisse
les trois premiers estomacs; Mémoire de
M. Flourens sur la structure comparée de
la membrane muqueuse et de la mem-
brane cutanée. ............s.ssessrne
rain primitif de l’ile de Santorin ; Note
de M. Bory de Saint-Vincent,...........
Savverace (Appareils de). — M. Valiat
adresse des documents ayant pour objet
de prouver qu’on a fait des applications
utiles de son appareil de sauvetage pour
les mineurs blessés. ,............,.....,
Sauverace (Bateaux de). — Voir à Bateaux.
Sauverace ( Mèches de). — Voir à Mèches.
Scarasæus puospgoræus. Note de M. Vallot
sur un insecte du midi de la France qu’on
a désigné sous CE DOM.........s.s.....
ScarLaTine. — M. Miquel indique ce qu'il con-
sidère comme neuf dansun Mémoire sur
la scarlatine épidémique qu’il a précédem-
ment adressé pour le concours aux prixde
médecine Montyon...,:......4.......
Sciences (Histoire des).— M. Libri, en pré-
sentant à l’Académie les deux premiers
volumes de son « Histoire des sciences
mathématiques en Italie », fait connaître
le plan qu’il a suivi dans cet ouvrage...
Scnoruzes. — De l’emploi de l'or dans le trai-
tement des serofules ; par M. Legrand...
Secrioxs DE L'ACADEMIE. — La section d'Astro-
nomie présente une liste de candidatspour
une place de Correspondant Vacante dans
SON S@ÏN... ss smonesesonserssnessens
— La section d'Économie rurale propose, par
l'organe de M. Huzard, de déclarer qu'il
y a lieu denommer à la place vacante dans
son sein par suite du décès de M. Tessier.
— Présente une liste de candidats pour la
place vacante..., ess ssosesvesseuer
SEL MARIN. — Sur l'importance de cette subs-
tance dans le régime alimentaire ; Lettre
de M..Barbier. ....... suesssosenvmes se
SEraris (TEMPLE DE). — Sur les traces qu’of-
frent les ruines de cet édifice, de change-
ments de niveau survenus à différentes
reprises entre le rivage de Pouzzol et la
Pages
281
262
585
704
373
525
( 947 )
d Pages, Pages.
mer qui le baigne; par M. Caristie...... 372 STATISTIQUE. — Rapport du nombre des crimes
SEXES. — Mémoire sur la proportion. des à celui de la population moyenne, en
sexes dans les naissances des animaux ver- France. et dans le royaume-uni de la
tébrés ; par M. Bellingeri..…........,.... 5or Grande-Bretagne et de l'Irlande; Note de
SERIE. — Sur la température de la terre en M. Moreau de Jonnès.............. 160 et 189
Sibérie; par M. Erman................ SOI — M. Moreau de Jonnès fait hommage à l’Aca-
SIGNAUX TERRESTRES, — Sur les hauteurs rela- démie du deuxième volume de la Statis-
tives des signaux terrestres conclues de tique de la Grande-Bretagne et de l'Ir-
leurs distances génithales réciproques; par landé: 543038 LD Iee CODE OU PES itAete
M. Biot....... tesetseersennesese.ses. 840 | — Rapport verbal sur un ouvrage de M. d’An-
Sixces rossices. — Lettre de M. Flourens sur geville, ayant pour titre : De la Scatis-
divers ossements fossiles et notamment tique francaise considérée sous quelques-
sur une seconde mächoire de singe prove- uns de sés rapports physiques et moraux ;
nant de Sansan ; par M. Lartet......... 359 par M. Héricart de Thury........ FPT)
Soceiz. — Mémoire sur la chaleur solaire, — Mémoire sur la statistique médico-topogra-
sur les pouvoirs rayonnarnts et absorbants phique de la ville de. Narbonne ÿ par
de l’atmosphère, et sur la température de MP LME SE nes se... 301 et 677
lespace ; par M. Pouillet....... 88 et 889 | — M. Mercier demande à reprendre des ta-
SONDAGE EN MER. — Appareil pour sonder à de bleaux et mémoires qu’il avait présentés
grandes profondeurs; par M. Laignel.... 16 à un des précédents concours pour le prix
SONNERIE. — Mémoire sur un nouveau sys- de Statistique DE TORTUE Te las Palo ta) ste te nya) ele 340
tème de sonnerie pour. les horloges; par — M: Le directeur des douanes adresse un exem-
M. Castil-Blaze........ 118 plaire de la première partie du tableau
— Mémoire sur un autre système de sonnerie décennal du commerce: de la France avec
musicale pour les horloges ;;par M. Soul- ses colonies et les puissances etrangères
ass y (années 1827-1836). .........:..0 TL
Lettre — Statistique raisonnée du paupérisme ; par
48 et 276 MPBO7 ER RE NN enisen are de Al 822
Sourre. — Formation d’un perchlorure de sou- Suecin.— Recherches sur les produits pyrogé-
fre cristallisé ; Note de M. Millon. 207 nés du succin ; par MM. Peltier et Walter. g15
SPHÈRE CÉLESTE.—M. Maréchal réclame contre Sucres. — Recherches sur la véritable constitu-
une partie du rapport qui a été fait sur tion du sucre de cannes, etc. ÿ par
une modification proposée par lui daris la MM. Dumas et Péligot........... m tes 40 217
disposition des sphères armillaires...... 5a | — Recherches sur la nature et les propriétés
— Sphère céleste destinée à l’enseignement élé- chimiques des sucres; par M. Péligot..... 232
mentaire ; présentée par M. Drant...... 615 — Sur le sucre de diabète; par M. Bouchardat. 337
SpoNGtLES.— Voir au mot Éponges. SULFATE DE CHAUx.— Du sulfate de chaux artifi-
STAPHILORAPHIE. — Mémoires sur cette opéra- ciel, de son emploi dans la fabrication
tion ; par M. de Villemur....... ete. 372 du papier, etc.; par M. Batilliat....... 5o1
T
TarciontA. — Des organes mâles du genre Tar- nes chez l’homme et les animaux > aù
gionia découverts sur une espèce nouvelle moyen des effets thermo-électriques ; par
du Chili; par M. Montagne... ..... 02 197 MM. Bécquerel et Breschet............. 42)
TaniF DES B0IS en grume, présenté par M. Lom- — Observations sur la température de l’homme
Cr parostaomtuienc dB o au AUTOS et de quelques animaux faites pendant le
Tenwnrure. — Note sur un perfectionnement voyage de circumnavigation de la Bonite ;
qui semble pouvoir être introduit dans par MM. Eydoux et Souleyet.,..,...... 456
V’Art du Teinturier ; par M. Antoine — Sur la température de la terre en Sibérie ;
Alexandre. Un OP RE MON (655 ParM Ermam. int ss ads. 5üx
TELÉGRAPHE ÉLECTRIQUE. — Note sur un appa- — Mesure de la température d’un puits foré à
reil de ce genre qui doit être établi entre Saint-André (Eure); par M. Walferdin.... 503
Londres et Liverpool , par M. Wheatstone ; — Observations de même nature pour un
Lettre de M. le docteur Buckland....... 51 puits foré à Rouen; par MM. Girardin et
TEMPÉRATURE. — Nouvelles observations sur là Persons ie MN tele sosesess 506
mesure de \à température interne des orga-
— M: Arago lit un paragraphe dé ses instruc-
tions pour le voyage dans le nord de l’Eu-
rope, où il est question de températures
croissant avec La hauteur , observées en
PICNIOUP eee ele es -lemmei- re eee
— Lettre de M. Korilski, à l’occasion de cette
communication..................s...
— Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pou-
voirs rayonnants et absorbants de l’at-
mosphère et sur la température de l'es-
pace; par M. Pouillet.................
— Observations de température à diverses
profondeurs dans un puits foré à Cessingen,
près de Luxembourg; par MM. Ciber et
Wurnthsie.-ssretiese OU 0 CON NE
TéRRAINS DE SÉDIMENT. — Sur les modifications
qu’ils éprouvent au voisinage des roches
ignées qui les traversent; Lettre de
M. Puillon-Boblaye..
— Remarques à l’occasion de cette attres par
M. Rivière... esse Veleeraei tt —
— Calcaire contenant encore, après l’action du
feu qui l’a transformé en marbre statuaire,
des débris reconnaissables de corps orga-
nisés ; Note de M. Coquand. ...
— Mémoire sur les terrains secondaires infé-
rieurs du département du Æhône; par
M. Leymerie.,... ss... etilatere
— Sur les terrains tertiaires du nord-ouest de
l'Italie; par M. de Collegno......
Terre (Mouvement diurne de la). — Sur le
mouvement des projectiles dans l'air, en
ayant égard à leur rotation et à l'influence
du mouvement diurne de la Terre; par
M. Poisson; deuxième partie.......
Terres. — Propriétés optiques des combinai-
sons ternaires formées par l'acide tartri-
que, les terres (alumine et glucine) et
Veau ; Mémoire de M. Biot, sur plusieurs
points de mécanique chimique...... ee
lernesrres (Coucues ). —Sur la température
de la terre en Sibérie ; par M. Erman...
— Sur la température du fond d'un puits arié-
sien à Saint-André (Eure); par M. Walfer-
din...
— Observations de même nature pour un
puits artésien de Rouen; par MM. Girardin
et Person... Queen DO DSi 0
TERTIAIRES (Leave). — Voyez Tera de sé-
diment,
Téraos. — Note sur l'application de l’électri-
cité au tétanos ; par M. Matteucci. …....
Tère. — Mémoire sur le céphalomètre, nouvel
instrument propre à mesurer les dimen-
sions de la tête ; par M. Antelme..,.......
Tuë.—Lettres de MM. Stanislas Julien et Voisin,
sur la possibilité de cultiver Le thé en Eu-
rope, etsur le climat de quelques provinces
chinoises où cètte culture prospère. 510 et
(948)
Pages.
585
658
848
922
168
281
153
5ot
503
506
680
— Sur des essais de culture du thé en pleine
terre, qui se continuent avec succès de-
puis plusieurs années à Angers ; Lettre de
MAGGllorr. eme ee. alertes
Tuéorique (Cmwe).— Lettre de M. Berzélius à
M. Pelouze, sur divers points de chimie
TRÉOIQUERT EN MN RETIRE ROUEN Out
— Réflexions à l’occasion de cette lettre; par
M° Dumas 50" 646, 669 et
— Lettre de M. Liebig, en réponse à la lettre
de M. Berzélius................
THerMO-ÉLECTRIQUES ( PnÉNOMÈNES ). — Expé-
riences de M. Matteucci, sur les courants
thermo-électriques; Lettre de M. de la
Rive à M. Becquerel...........44..4
— Courants thermo-électriques produits par
le mercure; Lettre de M. Peltier à
M. Becquerel. .
— Nouvelles mtons sur la mesure de la
température des tissus organiques du corps
de l’homme et des animaux au moyen des
effets thermo-électriques; par MM. Bec-
quereliet Breschet., 110 Une CEE
Tin des canons marins à bragues fires, etc.
Mémoire de M. Letourneur... ,.......,
Tissus. — Voir à Étoffes.
Towsoucrou. — M. de Halberg offre d’entre-
prendre aux frais de l’Académie, un
voyage ayant pour but de pénétrer à Tom-
bouctou par la Nubie.....
Torocrarme. — M. Bory de St-Vincent pré-
sente une triangulation faite par M. Puil-
lon-Boblaye , dans l'expédition du général
Négrier sur Stora, et une reconnaissance
du capitaine Martin-Pré, dans une partie
de la province d’Oran...,........... 22
Tormze.— Copie d’une lettre de M. Matteucci
à M. Santi-Linari, pour servir de docu-
ment dans la question de priorité élevée
entre ces deux physiciens, relativement à
l’étincelle tirée de la torpille...,.......
— Lettre de M. Matteucci à M. no ; Sur
le même sujet........... Dar sanoboe tt
— Nouvelles expériences sur les ere iné-
gaux des différentes parties du cerveau de
la torpille, pour donner des commotions
électriques; Lettre de M. Matteucci à
M. Dulong....…. =
Tonnicous. — Note sur un cas de guérison de
torticolis ancien, obtenue au moyen de la
section d’un des tendons inférieurs du
muscle sterno-cléido -mastoïdien; par
M. Fleury... MAbOUe ls dede ô
— Sur une ET méthode de traitement du
torticolis ancien; par M. J. Guérin. .....
— Histoire de deux cas de torticolis ancien
traités et guéris à l’aide de la section du
Pages.
625
303
429
S2r
Le]
ES
TN
832
416
4h18
muscle sterno-cléido-mastoidien ; par M. J.
Guérin...
— Mémoiresur la section du sterno-cléido-mas-
toïdien dans le torticolis ancien; par
M. Bouvier... ..."
— M. Leymerie écrit qu'il a obtenu, au
moyen de la chaleuniseulement, la guérison
de torticolis anciens.
— Réflexions à l’occasion Fous lettre de M. 1.
Guérin, sur quelques points relatifs à
l'histoire du traitement du torticolis an-
cién, par la section du sterno- RASE On
Mémoire de M. Bouvier. .......,.......
Tourmières. — Sur un moyen de rendre pro-
pres à la culture , les marais tourbeux de
la Suède et dela APS etc.; Lettre de
M. Robert..
PICOOOOOOOOOAOOOOET EE
TRANSPIRATION :QUTANÉE. — Expériences TN
montrant l'influence de la suppression de
la transpiration cutanée dans la produc-
tion de l’inflammation et des autres lésions
locales; par M. Fourçault.......,.....
TREMBLEMENTS DE TERRE.—Sur un tremblement
de-terre-qui a ‘bouleversé la ville d’Aca-
pulco ; Communication de M. Warden.
— Lettre de l'amiral Roussin, sur le tremble-
ment de terre du 23! janvier, observé à Cons-
tantinople. .
— Tremblement de terre ressenti à la Marti-
Urgnus. — Existence d’un tissu élastique ana-
logue à celui des ligaments jaunes des ver-
tèbres, découvert dans l’utérus de 1r va-
che ; par MM. Breschet et Gluge....
Unine. — Faits nouveaux pour servir à P
toire de l’orine; par MM. Cap et Henry...
— Tableau des différents dépôts de matières
salines et de substances organisées qui se
Vaccine. — M. James prie l’Académie de hâter
le rapport qui doit être fait sur des plan-
ches coloriées qu’il a présentées, et où fi-
gurent en regard les pustulés du vrai et
du Jaux vaccin..
— M.Fiarddemande qu’il soit fait un rapport
spécial sur différents travaux relatifs à la
vaccine qu’il avait précédemment pré-
sentés au concours pour les prix de Méde-
decine et de Chirurgie...... oo
Vaisseaux. — Voir au mot Navigation et au
mot Bateaux.
C.R. 1838, 127 Semestre. (T.VL.)
( 949 )
Pages.
5o
369
180
81
336
304
nique le 30 novembre 1837; Communi-
cation de M. Moreau de Jonnès.........
— Détails sur le tremblement de terre ressenti
en novembre 1837, au Chili ; Lettre de
A CAN ANRT AT A PO AE Eee nee Ne in
— Notice sur le tremblement de terre ressenti
à Bucharest, le 11 janvier 1838....,.....
Tripocr. — Suivant M. de Paraver, les anciens
Hébreux auraïent eu connaissance du fait
annoncé depuis peu par M. Ehrenberg,
que certains tripolis sont presque entière-
ment formés de dépouilles d'animaux in-
Jusoires ........
| Tunuupores. — Mémoire sur ce genre de Po-
lpes ; par M. Milne Edwards. ..... A
— Mémoire sur les Hornères, les Crisies et
plusieurs autres polypes , vivants ou fos-
siles dont l’organisation est analogue à
celle des tubulipores; par M. Milne
Edwards... anSgiodro den aan Ati
TuRBINES. — Rapport sur un Mémoire de
M. Morin, concernant des expériences sur
les turbines de M. Fourneyron....
— Remarques concernant quelques passages
de ce rapport; par M. Francis...
| — Expériences faites par M. Dieu, sur une
turbine établie à Lépine (Seine-et-Oise),
par M. Fourneyrun............... Does
— Modèle et description d’une nouvelle tur-
bine; par M. Passot....... è
forment dans les urines, etc.; par M. Donné.
Urineux (Ancès). — Notice sur une guérison
obtenue dans un cas de rupture de Vu-
rètre qui avait amené une formation d’ab-
cès urineux suivie de sphacèle du scrotum
et d’unepartie de la peau de la verge, etc. ;
par M. Guillon....... 368 et
Vaisseaux sANGUINS formés , chez les phtisiques,
pour nourrir les parties malades du pou-
mon dans lesquelles ne pénètrent plus les
ramifications de l'artère pulmonaire;
Note de M. N. Guillot.….
Vanizce. — Sur la fructification de la PER
obtenue au moyen de la fécondation arti-
Jicielle; par M. C. Morren.. TRE
Vapeur D'EAU. — Suivant M. 1e 2
vapeur d’eau ne serait point AU)
comme le pensent les chimistes, en pas-
sant sur des charbons incandescents. ...
129
Pages
302
833
920
180
162
518
178
-- Objections présentées contre les consé-
quences que M. Longchamp déduit de ces
EXDÉTIENOCS ae ET EEE ee ee eee
— Décomposition de la vapeur d’eau et de
certaines matières carburantes , au moyen
de la chaleur, pour la fabrication d’un
gaz d'éclairage ; Mémoire de M. Sclligue.
— Réponse de M. Longchamp aux objections
présentées contre les conséquences qu’il
déduit de ses expériences relatives à l’ac-
tion de la vapeur d’eau sur des charbons
incandescents...,.......... mistelaiastele te aies
Mémoire sur l’emploi de la vapeur perdue
dans les machines à haute pression, pour
remplacer en partie le combustible...
Note sur deux formules donnant le volume
de la vapeur saturée, en fonction de sa
pression seulement ; par M: de P ambour.
Remarques de M. Biot, à l’occasion de
cette Nate..." LRO ADN
Note additionnelle de M. de Pambour à sa
précédente Note..........,.. :
Nouvelles Remarques de M. Biot........
— Essai sur les machines mues par l'air chaud
joint à la vapeur ; par M. Filippi.......
— Del’emploi de la vapeur d’eau pour l’épu-
ration des huiles de graines ; par M. de
Gates re,
Varices. — Note additionnelle à un Mé-
moire de M. Davat sur le traitement cura-
tif des varices par l’oblitération des vei-
P 2)
NES sonores CREER EEEEES …
VEGETATION. — Voir à Végétaux.
Vécéraux. — Recherches chimiques sur la
végétation, entreprises dans le but d’exa-
miner si les plantes prennent de l'a-
zote à l'atmosphère ; Mémoire de M. Bous-
singault.......... pus noie ve ne cannes e
Harmonie des ‘organes végétaux prinei-
palement étudiés dans l'ensemble d’une
même plante; par M. de Tristan. ( Rap-
port sur cet ouvrage ).................
M. Tristan demande et est autorisé à re-
prendre son Mémoire........ ........,
Sur les propriétés nutritives des aliments
empruntés au règne végétal; Lettre de
M Gannale nt ao ao é
Sur l'aspect des campagnes dans audates
parties de l'Algérie; Lettre de M. Puillon-
Boblaye à M. Bory de Saint-Vincent....,
Veinss.— Recherches sur l'introduction acci-
dentelle de l'air dans les veines et sur les
fâcheux effets qui en peuvent résulter dans
certaines opérations chirurgicales; par
M. Amussat..
Un paquet mt I Ci 24 janvier 1837
par M. Davat, est ouvert conformément à
la demande de l’auteur, et contient l’indi-
( 950 )
Pagis.
207
739
353
508
509
821
102
424
900
cation d'expériences relatives à l’oblitéru-
tion des veines... ARC AS EA EE
— Note additionnelle à un Mémoire de
M. Davat sur le traitement curatif des
varices par l’oblitération des veines...
Venricateur. — Mémoire sur la théorie du
ventilateur; par M, Combes............
— Note sur le ventilateur à force centrifuge ;
LEVRETTE A +de
VENTILATION FORCE. — M. le Ministre du Com-
merce adresse, pour être distribués aux
Membres de Académie , 65 exemplaires
d’un Rapport de M. H. Bourdon sur l’em-
ploi, dans les magnaneries, de la ventilation
forcée de M. Darcet.
Venrouses. — Mémoire DA M. Junod sur des
modifications apportées aux grandes ven-
touses, et sur divers cas de guérison à la
suite de l'application de ces appareils...
Ver sLANC. —Sur les ravages causés par le ver
blanc dans le département de l'Orne;
Lettre de M. Dureau de la Malle. ....
Verres COLORES destinés à arrêter les rayons
calorifiques qui , mèlés à la lumière:et for-
mant foyer avec elle, rendent très pé-
nibles les observations du soleil; appareil
présenté par M. Capocci.. :
Vens À so. — M. le Ministre du Commerce
et de l'Agriculture invite l'Académie à dé-
signer une Commission pour examiner des
œufs de vers à soie, et divers objets relatifs
à l'éducation de ces insectes, qui ont été
rapportés par M. Vaillant, commandant
de la Bonite, du voyage de cireumnaviga-
tion exécuté par ce bâtiment, .....,.....
— Lettre de M. Audouin sur des œufs de vers
à soie rapportés de l’Inde ; par M. Gaudi-
chaud:..... 2e Enre nanpae cles «+
— Sur l'emploi de la ventilation forcée dans
les établissements où l’on élève des vers à
soie. M. le Ministre du Commerce envoie,
pour ètre distribués aux membres de V'A-
cadémie, 65 exemplaires d’un rapport de
M. H. Bour don sur ce sujet.............
Considérations sur les variations de la
température auxquelles les œufs de vers à
soie peuvent être OP 2 Lu M. Loise-
leur-Deslongchamps. . Ana ait ,
— Du mürier et du ver y soie en Tourne
par NB AR En - c-ae DEAR DTA À
Rapport sur rore travaux entrepris au
sujet de la maladie des vers à soie, con-
nue sous le nom de muscardine.........
Rapport sur la version italienne faite par
M. Bonafous de l’ouyrage sur l'éducation
des vers à soie, trâduit du chinois par
M. Stan. Julien......... ae lsiees ‘
— Rapport sur une collection de vers à soie fa
Pages,
50
( 951 )
Pages.
différents âges, morts de la muscardine |
et d’autres maladies, collection présen-
tée par M. H. Bourdon. ........ oo eo
VESsiE. — Corps étrangers de diverse nature
introduits dans la vessie et qui deviennent
le noyau de calculs urinaires; par M. Ci-
viales sas dà dou. sigolaes 14.4 stdtalen 516
Vice sOuTERRAINE découverte au Pérou-et qui
parait avoir été enfouie sous des déjec-
tions, volcaniques: ;. communication. de
M. Warden:sinalus. el iyausesaos.ousez 180
Vpirunes. — Système de voitures pour chemins
de fer detoute courbure; par M. Arnoux. 117
— Rapport sur cetteinvention:. . M HR on {02
— Rapport sur, les voitures & sir roues cet, à
train articulé de M. Dietz; par M. Corio=
L'TAPRAE ES DOTE RONA SOU Matos 363
— Nouveaux ressorts de voitures présentés
par MM. Mülhbacher frères... .....:.. 658
Voix. — M. Balland adresse-un nouveau Mé-
moire sur la voix humaine, en demandant
qu’il soit substitué à un autre qu'ilavait
précédemment adressé sur le mèmesujet. 372
VoLcaniques (Propurrs). — Mémoire sur la na-
ture minéralogique et la nature chimique
des cendres rejetées par deux volcans de
l'Amérique tropicale ; par M. Dufresnoy. 174
— Parallèle entre les différents produits volca-
niques des environs de Naples, etrapport
entre leur composition et les phénomènes
qui les ont produits ; par M. Dufrénoy. 813
VOLCANS. — Sur un tronc d'arbre carbonisé
trouvé enfoui sous plusieurs couches de
cendres et autres produits volcaniques
provenant d’un volcan, maintenant éteint,
de la Guadeloupe; Note de M. Daver,
communiquée par M. Bict........ 0 TI
Vozcaxs sous-marixs. — Documents relatifs à
une éruption sous-marine qui paraît avoir
eu lieu vers ke banc de Bahama ; commu-
niqués par M. Moreau de Jonnès.... 302
pel des Acores; par M. Ségur-Dupeyron. Ibid.
— Note sur l'existence probable d’un volcan
sous-marin situé près de ’équateur, à
22° de longitude ouest, environ; par
M. Daussr......,.... acide rite is AE 512
Voxaces screxTIrIQuEs. — M. le Ministre de la
Marine adresse une nouvelle série de do-
cuments scientifiques recueillis pendant
le voyage de La Bonite et demande qu'il
soit fait un rapport sur l’ensemble des
trayaux exécutés dans le cours de cette
campagne........ OPPÉPEECEP EEE TEE 117
— M. Gassier, qui doit accompagner une ex-
pédition envoyée par le pacha d'Égypte
dans le Sennaar, et peut-être pénétrer
jusqu’en Abyssinie,, offre de recueillir dans
ce pays les objets d'histoire naturelle, ou
de faire les observations que l’Académie
jugerait utile de lui indiquer. .....,.....
— Rapport sur les résultats scientifiques du
Yoyage de cireumnavigation de la Bonite.
Partie zoologique ; rapporteur M. de Blain-
vigation ; rapporteur M. de Freycinet.:
Partie concernant la géologie et la minéra-
logie; rapporteur M. Cordier... .:.
Conclusions générales du Rapport ; lues par
M: de Blainville. 42 ..
— Instruction pour le voyage dans le nord de
l’Europe ; partie relative à la phyfique du
Pages.
16%
597
648
744
globe et à la météorologie... 585 , 673 et 504
— La lecture de ces instructions n'ayant pu
être achevée. avant le départ de l’expédi-
tion, l’Académie vote sur les portions
lues dans les séances des 30 avril, 13 et
— Le Ministre de la Marine annonce le pro-
chain départ pour la Norwvépe et le Spitz-
berg, etc., etc., d’une partie des mem-
bres de l’ancienne commission scienti-
fique d'Islande et invite l’Académie à
rédiger des instructions pour ce voyage. .
— Instructions pour cette expédition ; partie
relative aux phénomènes d'électricité ; ré-
digée par M. Becquerel......…. to A MOCE
Partie relative à la zoologie; rédigée par
M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire....,....
Partie relative à la botanique; rédigée par
M. Ad. Brongniart................ caDe
Partie relative à la géologie ; rédigée par
M. Élie de Beaumont. ............. .
— Instructions demandées par M. le Ministre
de la Guerre pour la Commission chargée
de l'exploration scientifique de l'Algérie.
Parties relatives à la zoologie, à la bota-
nique et à la géologie ; lues à la séance du
TOPNATE MENT Chem rue ta de
Parties de ces mêmes instructions rela-
tives à la géographie, à la médecine, à
V’hydrographie et à la navigation , aux arts
et à l’industrie ; lues à la séance du 26
— Résumé des observations de physique faites
à bord de l’Astrolabe, depuis le départ de
Toulon jusqu’au 25 octobre 1835; par
M:Duribulins ss ser élaus ce désretaus
— M. Glais-Bizoin demande que l'Académie
confie à M. D’Abbadie, son beau-frère,
120..
88
206
545
549
544
366
quisetrouvéen ce moment en Abyssinie,
les instruments ‘qu'elle avait déjà mis à
Zac. — De l’action exercée par le chlorure de
zinc sur l’alcool, et des produits qui en
résultent; par M. Masson, ..,...4..-..,
— M. Behr rappelle qu'il n’a pas encore été
fait de rapport sur un Mémoire qu'il a
adressé depuis long-temps concernant
l'emploi du zinc pour les couvertures...
Zooocie. — Traduction des œuvres d'histoire
naturelle de Gæthe, par M. Martins; (Rap-
port sur la partie de cette traduction rela-
tive à Ja Zoologie et à l'Anatomie; par
M, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire)..
— Instructions pour la Commission. chargée
par M. le Ministre de la Guerre, de l'ex-
ploration scientifique de l'Algérie ; partie
( 952 )
Page .
sà disposition pendantson voyage au Bré-
relative à la zoologie, lue à la séance du
Tgmavs ss ere 092015 0e MAT ME à
198 | — Rapport sur les résultats scientifiques du
voyage de circumnavigation de la Bonite ;
partie concernant la zoologie ; rapporteur
M: deBlainville... ..:. LE ra #:
834 | — Instructions demandées par M. le Minis-
tre de la Marine pour l’expédition scien-
tifique qui se rend dans le Nord de V'Eu-
rope; partie relative à la zoologie , rédi-
gée par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.
320 Zoospprues, — Observations sur la configura-
tion des zoospermes de la salamandre
aquatique; par M. Dujardin, .....,...
( 953 )
TABLE DES AUTEURS.
MM.
ABBADIE (D°).—M. Glais-Bizoin demande
que l’Académie confieà M.d’Abbadie, son
beau-frère, qui voyage en ce moment.en
Abyssinie, les instruments qu’elle avait déjà
mis à sa disposition pendant son voyage
au Brésil, ...s2t as Eee
ACKERMAN. — Mémoire sur un sacichirur-
gical propre au service des armées de
terre,et.de mers itteiens ce
ADET DE ROSEVILLE. — Note sur les ani-
malcules microscopiques considérés comme
cause effciente du cancer (en commun
avec M. Bauperthuy).................…
— Mémoiresur les animalcules microscopiques
considérés comme cause de la putréfac-
tion (en commun avee M. Bauperthuy).…
AIME. — Note sur les cotons cultivés à la
ferme Rahraya (Algérie)... ...... PEUR
AJASSON DE GRANDSAGNE. — Note sur
des mèches de sauvetage pour les mineurs
(en commun avec M. E. de Bassano)..….
ALEXANDRE (Anton). — Note sur un per-
fectionnement dont paraît susceptible
l’art du teinturier.....,.......
AMBROISE adresse une lettre qui n’èst pas
luc, comme n’ayant aucun rapport aux
objets dont s’occupe l'Académié.........
AMUSSAT. — Recherches sur l'introduction
accidentelle de l'air dans les veines, et
sur les accidents dus à cette cause, qui
peuvent survenir pendant une opération
chirurgicale... 5... stre ere sise stèle
ANGEVILLE( D’). — De la statistique fran-
caise considérée sous quelques-uns de ses
rapports physiques et moraux. (Rapport
verbal sur cet ouvrage; par M. Héricart
de Thury) Eten de eee EE
ANONYMES. — Mémoire adressé pour 1e
concours au prix concernant la navigation
parhlasvapéunsai ss à san dues ee 9
ANTELME.— Mémoire sur un nouvel ins-
trument propre à mesurer les:dimensions
de Ja tête...
ARAGO. — Résultats déduits d'observations
méléorologiques faites au fortde Van-Couver
…
Pages.
922
677
471
291
789
MM. .
par M.Mac-Loughlin,relativementan climat
de la côte occidentale de Amérique du Nord.
— Remarques à l’occasion d’une Lettre de
M. Francis concernant la construction des
turbines et les droits respectifs de
MM. Burdin et Fourneyron à l'invention :
dun dispositif qui permet d’ebtenir dans
la pratique tous les avantages que pro-
mettait la théorie.....,,...,.,...
— Sur un micromètre dont les fils seraient
rendus lumineux à l’aide de l'électricité
voltaïque..... sale ie el RAT ÉOCS
— Rapport sur les résultats scientifiques du
voyage de circumnavigation de la Bonite -
partie concernant la physique... ...:.....
— M. Arago lit un paragraphe des Instruc-
tions rédigées pour le voyage de M, Gai-
mard et dans lequel il est question de
températures croissant avec La hauteur, ob-
servées en plein jour..................
— Continue la lecture des Instructions rédi-
gées pour le voyage dans le Nord de l'Eu-
rope, et pour l’expédition scientifique en
Algérie (Météorologie et Physique du
globe)... re... 673 et
— M. Arago est nommé membre de la Com-
mission chargée de décerner la médaille de
Lalande..........
— Remarques à l'appui d’une réclamation de
M. Bechameil'concernant une question de
priorité pour un nouveau système d’instal-
lation des navires à vapeur. …..
M. Dumas par M. Guinand, qui leur a fait
connaître son procédé eta autorisé, en cas
de mort, M.Dumas à lepublier.. ... .
M. Arago fait, d’après sa correspondance par-
tieulière ; les communications relatives
aux objets suivants :
— Observations météorologiques faites à l’é-
cole de l’artillerie’et du génie à Metz. (Ta-
bleaux adressés par M. Schuster.).......
— Observations météorologiques faites au Jort
Van-Couver, sur la rivière Columbia , par
M. Mac Loughlin...,,...,..,.,,, 1
Page-
120
146
585
922
MM.
— Sur le nombre des étoiles filantes visibles
dans les nuits ordinaires à la surface en-
tière du globe, dans l’espace de 24 heures
(Lettre de M. Herrick de New-Haven)....
— Remarques sur une communication de
M. Coste, relative à l’œuf du kangourou
(Lettre de M. Owen)............. citons
— Sur les moyens d'augmenter la force des
aiguilles aïmantées (Lettre de M. Sco-
resby )..... .. 310, 832 et
— Sur les parhélies observées le 13 mars 1838,
à Laon, Saint-Quentin, Cambrai, Lille
(Lettres de MM. Lécert, Tordeux, Mallet).
— Sur le diluvium sous-pyrénéen (Lettre de
M. Lartet).......
— Sur une encre de sûreté composée par
M. Traill (Lettre de M. Robison).......
— Sur la cempérature de la terre en Sibérie ;
(Lettre de M. Ermann)...............
— Sur la polarisation de la chaleur (Lettre de
M: Forbes) ecrire CEE MAO HRK ALU
— Sur la hauteur de l’Illimani; sur la limite
inférieure des neiges perpétuelles dans le
haut Pérou; sur la facilité qu’offrirait
pour la mesure d’un degré du méridien le
haut plateau du lac de Titicaca , où l’on
pourrait trouver une base de cinq lieues
de longueur (Lettres de M. Pentland)..
Sur une chute de pluie par un temps serein
(Lettre de M. Wartmann)
BAIN. — Du mérier et du ver à soie en Tou-
IN UT EIRIREEEEEEREREEEEE) DER EEE
BALLAND.— Mémoire sur la voir humaine.
BALSAMO.—Ses recherches sur le botrytis
qui recouvre le corps des vers à soie morts
de la muscardine. (Rapport de M. Dutro-
chet sur divers travaux relatifs à l’his-
toire de cette maladie des vers à soie)..
BARBIER. — Note sur les caractères géné-
raux des corps naturels, minéraux , végé-
taux et ANIMAUX. sms ue
— Lettre sur l'importance du sel marin dans
le régime alimentaire.................
BARRE DE SAINT-VENANT. — Mémoire
sur le calcul des effets des machines à
(954 )
Pages.
121
831
832
65
352
VAPEUT . me sen ste AN MR ce 45 et 201
BASSANO (De).— Note sur des mèches de sau-
vetage pour les mineurs (en commun avec
M. Ajasson de Grandsagne). . 2 PEU
BASSL. — Ses recherches sur la intoitl de la
maladie des vers à soie connue sous le
nom de muscardine. (Rapport de M. Du-
trochet sur divers travaux relatifs à cette
maladie),.....:..4,.4.:.#180 HE à 0
419
MM.
— Sur le tremblement de terre du Chili; sur
une perturbation de Vaïiguille aimantée
observée dans ce pays (Lettre de M. Gay).
— Sur l'existence d’une zône équatoriale pour
les étoiles multiples (Lettre de M. Mädler).
— Sur les moyens de déterminer la position
des étoiles filantes (Lettre de M. Littrow).
ARNOUX. — Système de voitures pour che-
mins de fer de toute courbure. .
— Rapport sur cette invention. ..........
AUBERGIER. — Plan d’un sua sur l’æno-
Tops ie Ps TT de
AUDOUIN. — Sur des œufs BA vers à soie -'E
portés de Inde en Europe par M. Gaudi-
Chad NES, SE DENT
— Recherches sur la nature , l’origine et les
modes de propagation de la maladie des
vers à soie connue sous le nom de Muscar-
dine‘ (Rapport de M. Dutrochet sur divers
travaux relatifs à cette maladie).......
— Exposé sommaire de diverses observations
recueillies pendant plusieurs années sur
les insectes nuisibles à l’agriculture...
— M: Audouin est présenté par la section d'É-
conomie rurale comme un des candidats
pour la place vacante par suite du décès
derM: Tessier 9. ARS DOS
— Est élu membre de l'Académie. ......,....
— Ordonnance royale coufirmant sa nomina-
On PR sn ssseheséeseeee
BATILLIAT. — Du sulfate de chaux artifi-
ciel; de son emploi dans la fabrication
du papier , etC.....,..r..sessese
BAZAINE. — Nouvelle théorie des parallèles.
BAUPERTHUY. — Note sur les animalcules
microscopiques considérés comme cause
efficiente du Cancer (en commun avec
M. Adet de Roseville)......
— Mémoire sur les animalcules microscopiques
considérés comme cause de la putréfaction
(en commun avec M. Adet de Roseville).
BEAUadresse , pour prendre date, trois pro-
positions relatives aux ellets de la ss
thore des artères,,......:.,.....4..,
— Dépôt d’un paquet cacheté (Séance di ï9
février). vessie corinne Nes
BÉCHAMEIL. — RécJamatiotie de phérité
concernant un système d'installation des
bateaux à vapeur qui puisse les rendre
propres à naviguer, quand le vent est fa-
vorable, à l’aide des voiles seulement. . .
BECQUEREL, vice-président pendant l’année
1833; passe aux fonctions de Président
pour l’année 1838.....,4,............ ;
Page:.
833
920
921
117
go?
890
19
138
149
161
206
5or
-n
a
=
MM.
— Communique Pextrait d’une Lettre de
M. de la Rive relative à une expérience
de M. Presvot de Genève; expérience dans
laquelle une aiguille de fer doux placée
très près des nerfs aurait été aimantée au
moment où, en irritant la moelle épinière
de l’animal, on excitait une contraction
musculaire. à...
— Développements relatifs aux décomposi-
tions chimiques opérées avec les appareils
hydro-électriques simples... .
— Examen du conglomérat formé autour
d’une ancre trouvée dans la Seine.......
— M. Becquerel communique une Lettre de
M. de la Rive, relative à des expériences
de M. Matteucci sur les courants thermo-
électriques. .…
— Et une lettre de M. Schænbein sur certai-
nes circonstances qui s'opposent à l’oxi-
dation du fer...
— Nouvelles observations sur la mesure de la
température des … tissus organiques de
l’homme et des animaux au moyen des ef-
Jets thermo-électriques (en commun avec
M. Breschet).. ... :2..
— Instructions demandées par M. le Miro
de la Marine pour l’expédition scientifique
qui se rend dans le Nord (partie concer-
nant les phénomènes d'électricité)
BEHR rappelie qu’il n’a pas encore été fait de
rapport sur un Mémoire qu'il a adressé,
concernant emploi du zinc dans les
COUPER ÉUTES ce =emle=b ais lmeniel de En
BÉLANGER. — Rapport verbal sur 1: se-
conde partie dela botanique de son voyage
aux Indes-Orientales; par M. de Mirbel.
BELLINGERI. — Mémoire sur la proportion
des sexes dans les naissances des animaux
vertébrés...
BENIQUE. — Mémoire sur le traitement des
rétrécissements organiques. .......:.
— M. Beniqué demande que son ouvrage sur
la rétention d'urine soit admis au concours
pour les prix de Médecine et de Chirur-
gie, fondation Montyon....... .
BÉRARD: — Recherches sur les moyens pro-
pres à arrêter le développement de la mus-
cardine dans les magnaneries. (Rapport
de M. Dutrochet sur divers travaux rela-
tifs à cette maladie des vers à soie)......
BERTHELOT:(Nicoze). — Figure et descrip-
tion d’nn nouveau lit mécanique destiné
aux malades et aux blessés. .=......:. É
BERTHOT. — Mémoire sur une balance
pneumatique... oo.
BERZELIUS. — Lettre à M. Pelouze surdif-
férents points de théorie chimique; re-
cherches surila chlorophylle , ete,.....,
( 955 )
Pages.
526
834
347
5or
16
3or
62)
MM.
BEUDANT. — Note sur des grélons en pyra-
mides sphériques.....................
BILLAUDEL. — Dents fossiles del rhinotéros
trouvées dans la commune d’Aillas (Gi-
os AT
Jractions ne he ÉOCEHOOd AE
— Communication d’une Note de M. Daver,
relative à un arbre carbonisé trouvé à la
Guadeloupe sous plusieurs couches de pro-
duits volcaniques. ......,............1..
— Mémoire sur plusieurs points de mécani-
que chimique; dernière partie : Des
combinaisons ternaires formées par l’a-
cide tartrique, les terres (alumine et glu-
cine), et l’eau... , Me -e
— M. Biot expose les motifs qui le détermi-
nent à refuser de faire partie de la Com-
mission chargée de prononcer entre
MM. Libri et Liouville sur une question
relative à la théorie mathématique de la
chaleur....... Céd0ce
— Fait connaître l’objet te Mémoire qu'il
doit lire prochainement et qui a pour ti-
tre: « Sur la vraie constitution Physique
de l'atmosphère terrestre, déduite de l’ex-
périence; avec ses applications à la me-
sure des hauteurs par les observations ba-
rométriques, et au calcul des réfrac-
tions »......
— Lecture de ce Mémoire.....,...,.,.....
— Note sur une communication de M. de Pam-
bour, relative à deux formules donnant le
volume de la vapeur en fonction de la
pression seulement........,........,.,
— Nouvelles remarques sur le mème sujet. .
— M. Biot présente un travail de M. Jervis
sur l’étalon universel primitif de poids et
mesures. . 5 OPEN 0
— Addition au Mémoire sur la constitution
physique de l'atmosphère terrestre... ..
— Sur la constitution comparée de l’atmos-
Phère sous le parallèle de Paris et à l’é-
quateur. nn
— Sur l'emploi de la lumière polarisée pour
manilester les différences des combinai-
sons isomériques. . ... CA 10000 08 alt De
— Sur les hauteurs relatives des LP ter-
restres , conclues de leurs distances 3éni-
thales réciproques eh) .
BLAINVILLE (DE). — Rapport sur En UE
tats scientifiques du voyage de circumna-
vigation de la Bonite (partie concernant
aÿzoolorie) FRERE certe L bee
— Recherches sur l’ancienneté des mammifères
71
118
153
49
472
470
579
C63
=
4
3
ot
( 956 )
MM. Pages.
inseetivores à la surface de la Terre ; précé-
dées de l’Histoire de la science à ce sujet,
des principes de leur classification et de
leur distribution géographique actuelle. ... 738
— M. de Blainville lit les conclusions générales
du rapport sur les résultats scientifiques
de Pexpédition de la Bonite............ Aà
— Communique une lettre de M. Dureau de
la Malle, concernant les ravages commis
par le ver blanc dans le département de
l'Orneit 4 27. à AU EL MAP HEC
— Rapport sur un nouvel envoi d’ossements
fossiles des environs d’Auch, fait par
M. Lartel..eenteeeteet ae an eeene OU 889
BLAMPIGNON dia un FASpE sur an
Mémoire concernant le choléra épidémi-
que qui a sévi à Troyes en 1833, Mémoire
adressé pour un précédent concours, et
que la Commission n’a pas cru devoir
mentionner dans son rapport...... rss OTT
BLEIN. — Nouveaux principes de mélodie et
d'harmonie. ......,.:..... 3006 Patte 49
— Rapport verbal sur cet ouvrage, par M. de
PPORR. NP NET ee ae 813 et 853
BODEUR. — Baro-thermomètre, instrument
destiné à donner à la fois la mesure de la
pression atmosphérique et celle de la tem-
a tp cneo done dd 339
BOEHM. — Flûte d'une construction particu-
lière qui doit être l’objet d’un rapport
à l'Académie (Lettre de M. Camus)..... 52
BOILLOT. — Traité d'Arithmétique......... 822
BOINET. — Mémoire sur l'emploi de la pom-
made de proto-iodure de mercure dans le
traitement du Psoriasis (lepra vulgaris). 420
BONAFOUS. — Rapport verbal sur sa ver-
sion en ïtalien de la traduction fran-
çaise faite par M. Stanislas Julien d’un
ouvrage chinois, concernant Ja culture des
müriers et l'éducation dés vers à soie..... 109%
— Note sur un bouleversement du sol observé
aux environs de Sassari............ bon EL
BONNAFONT annonce avoir commencé à
Constantine une série d'observations mé-
téorologiques qu'il se propose de conti-
LU BR P cinmen das emmrain ee eue ses . 425
BONNES. — Ohscrrtions sur l’acarus de la
gale du cheval ; communiquées par M. Hu-
BORY DE SAINT VINCENT. — Rapport
verbal sur le Dictionnaire pittoresque d'His-
toire naturelle publié sous la direction de
M. Guérin-Menneville............. ee. 20
— M. Bory de Saint-Vincent annonce que
M. Puillon-Boblaye vient d’être envoyé,
avec plusieurs autres officiers d'état-major,
en Algérie, pour y procéder à une trian-
gulation générale du pays........., .... 268
MM.
— Instructions pour la commission chargée
par M. le Ministre de la Guerre de l’ex-
ploration scientifique de l’Algérie; partie
relative à la géographie. ..,,,...,...,.,
— Sur une fouille faite dans le terrain primi-
tif de Pile de Santorin..…..............
— M. Bory de Saint-Vincent met sous les yeux
de l’Académie la triangulation faite par
M. Puillon-Boblaye pendant l'expédition
du général Négrier sur Stora, et une re-
connaissance du capitaine Martin-Pré,
qui rectifie quelques parties de la carte
de la province d'Oran, gravée au dépôt
dé"ldiguetren: 240as6e ss sant.
— Communique uñe lettre de M. Puillon-Bo-
blaye, sur l'aspect des campagnes dans
quelques parties de l'Algérie... ...,.,.
— En présentant une nouvelle édition de la
Flore du Péloponnèse et des Crelades,
M. Bory expose quelques considérations
sur la géographie botanique de l'Orient de
l'Europe et du bassin méditerranéen. .
Pages,
366
585
BOUCHARDAT. — Nouvelles recherches sur *
la nature et le traitement de la maladie
connue sous le nom de Diabète. ........
BOURDON. — Rapport sur une collection
d'échantillons de vers à soie morts de di-
verses maladies ; brisé par M. Bour-
don FF SAME DÉLMATE ME EC a lea des
BOUROS. — Observation sur les atopriétés
vénéneuses de l’Atractylis gummüfera. ...
— État nosologique des Crclades, dans l’an-
née 1834....... naisre les coile 1 attatstalela as
BOUSSINGAULT. — Recherches chimiques
sur la végétation , entreprises dans le but
d'examiner si les planies prennent de l'a-
zote à l'atmosphère. ........,.........
— Rapport sur ce Mémoire, .......... côte
— M. Boussingault est présenté par la section
d'Économie rurale commeun des candidats
pour la place vacante par suite du décès
de'M./Tessier. sn Dur sement vue.
— Recherches sur la quantité d'azote conte-
nue dans les fourrages, et sur leurs équi-
valents.........s4 MM Enn 300:
BOUVARD est nommé dicaibre de la Com-
mission chargée de décerner la médaille
de Lalande... senseuse
BOUVART adresse un paquet cacheté portant
pour suscription : Dromomètre, ou nou-
veau loch à l'usage de la marine (séance
du'18/juim}e 5, dun. Ju tunes Je re élire
BOUVIER. — Mémoire sur la section du
stérno-cléido-mastoïdien dans le torticolis
ANCIEN... pme mr DELLE CC EEE
— Mémoire sur la réduction des luxations
congénitales du fémur, :...........s..
— Réflexions à l’occasion d’une Lettre de
866
470
Ibid.
MM.
M. J. Guérin sur quelques points relatifs
à l’histoire du traitement du torticolis an-
cien par la section du tendon du sterno-
mastofdien "Eure. to assiette :
BOUVILLE. — Note sur une nouvellé mé-
thode de traitement pour les fièvres inter-
mittentes rébelles.....,..,:...... ....
BOWDITCH. — Sa mort annoncée à l’Aca-
démie par M. Libri...... SAT TR
BOYER. Has our pa raisonnée du paupé-
DISMES NN TRANS CRE NRA NIET
BRAVAIS. — Su l'incertitude qui existe dans
les déterminations du lieu de l’espace oc-
cupé par un point donné...........1...
BRESCHET. — Recherches sur la structure
des membranes de l'œuf des mammifères
(en commun avec M. Gluge)............
— Rapport sur un ouvrage de MM. De Laberge
et Monneret ayant pour titre Compendium
de Médecine pratique. .......... cures
— Nouvelles observations sur la mesure de la
température des tissus organiques du corps
de l’homme et des animaux , au moyen des
effets thermo-électriques (en commun avec
M. Becquerel)....... Aadob 0 des estelle
BRESSON. — Note sur l'application du sys-
tème métrique à une nomenclature uni=
forme qui serait employée pour la dési-
gnation du degré de finesse des fils de
toute nature et des différentes étoffes..
CABILLET.— Nouveaugableau pour les pro-
portions des tubes de l'orgue. ......... _
CAHOURS. — Lettre à M. Dumas sur un nou-
veau carbure d'hydrogène obtenu de l’Auile
depommes de terre... 22... 40. ..
CALIGNY (De). — Mémoire sur un nouveau
système d’écluses à flotteur et à colonne
oscillante ..
— Copie d’un Mémoire de Vauban sur le Sas
de Bousingue, adressée comme pièce à
joindre au précédent Mémoire... ... ss
— Additions à la quatrième partie du Mé-
moire sur les oscillations de l’eau dans les
tuyaux de conduite. ................ 2
— M. de Caligny demande que ce travail soie
admis à concotrir pour le prir de Méca-
nique nn nn
CALLIAS. — Lettre sur un moyen d'utiliser
les pommes de terre gelées..............
CAMUS annonce qu’une flüte de M. me sur
laquelle il doit être fait un rapport à l'A-
cadémie, a été laissée par l’auteur entre
ses mains, pour être mise à la disposition
des Commissaires désignés...... ses.
C.R. 1838, 1°r Semestre. (T, VI.)
(957)
429
783
118
52
MM.
— M. Bresson adresse un paquet cacheté por-
tant pour suscription : Description d’un
nouveau mode d'emploi de l’air chaud
comme moteur (Séance du 4 juin).......
BRONGNIART (Avozpme). — Rapport sur un
Mémoire de M. Montagne concernant l’or-
ganisation et le mode de reproduction des
caulerpées, et notamment du caulerpa
webbiana........ matin ciotetetesiete es alotallet pie
— Instructions pour la Commission chargée
par M. le Ministre de la Guerre de l’ex-
ploration scientifique de l'Algérie (partie
concernant la botanique, lue à la séance
durormars) 6.0" creer
— Instructions demandées par M. le Ministre
de la Marine pour l’erpédition scientifique
qui se rend dans le nord de lP Europe (par-
tie relative à la botanique )..
— Recherches sur les lepidodendron et sur les
affinités de ces arbres fossiles; précédées
d’un examen des principaux caractères des
Lycopodiacées. .......... nf elelelee
BRUNET. — Mémoire sur les his Ve
BULLARD. — Recherches et expériences sur
lat peste ete D'ROU-cAn0 ue dc
BUREAU DE BIENFAISANCE de Le ville
de Lille adresse de nouveaux documents
concernant l’emploi de la gélatine extraite
des os pour l’alimentation de la classe in-
digente
CANNET. — Lettre relative à une encre faite
avec la fleur d'iris........... AAC LOS NS «
CAP. — Nouveaux faits pour servir à J’his-
toire de l’urine (travail en commun avec
MÉPHEnrr:) RAIN HR AT ARRETE
CAPOCCI. — Photomètre pour la détermina-
tion des grandeurs relatives des étoiles. —
Appareil pour les lunettes avec les-
quelles on observe le soleil, et ayant pour
objet d’arréter les rayons calorifiques mê-
lés aux rayons lumineux, — Micromètre
destiné à l’observation des comètes très
faibles, et rendu lumineux au moyen de l'é-
LCR UT NET AT ee
CARISTIE. — Sur les changements deriat ifs
de niveau entre la mer et le rivage, à Pouz-
zol, et sur les traces de ces changements
qu’offrent les restes du temple de Sérapis.
CASTELLI propose, au xvu® siècle, pour la
conservation des grains, un procédé qui
paraît avoir beaucoup de rapports avec un
autre sur lequel l’Académie a porté récem-
ment un jugement très favorable; (Note
de M. Libri).............
130
Pages.
790
269
344
116
209
752
336
372
795
MM.
CASTÉRA. — Mémoire sur divers moyens de
sauver les naufragés. (Rapport sur ce
Mémoire ).
CASTIL-BLAZE. — Mémoire sur un nouveau
système de sonnerie pour les horloges...
CAUCHE. — Objectifs achromatiques.......
CAZAUVIEILH demande et obtient lautori-
sation de reprendre un Mémoire sur la
Monomanie suicide, qu'il avait adressé
pour le concours au prix de Médecine , et
qui n'avait pu y être admis à cause d’un
défaut de formes......................
CHARDOT. — Note sur une machine destinée
au nétoiement des routes, nommée ma-
chine éboueuse............ ss Enter
CHARRIÈRE adresse un parte cacheté por-
tant pour suscription : Dessin et descrip-
tion de deux instruments de chirurgie
(Séance dug'avril:}. 4 8.0 sante
CHASLES. — De la connaissance qu'ont eue
les anciens d’une numération décimale
écrite, qui fait usage de neuf chiffres pre:
nant des valeurs de position........... .
— Solution synthétique du problème de Pat-
traction des ellipsoïdes, dans le cas géné-
ral d’un ellipsoïde hétérogène et d’un
point extérieur. ( Rapport sur ce Mé-
mOir@) se seal ele del, tate 02 Naletals Wrnt .
— Nouvelle solution de probleme de lattrac-
tion d’un ellipsoïde Pos sur un
POINT EXLÉTIEUr.. -... «esse so...
CHEVALIER. — Collections et vations re-
latives à la géologie et à la minéralogie ,
faites dans le cours du voyage de la Bo-
nite. (Rapport sur ces travaux )...... LEA
CHEVALIER présente un appareil destiné à
servir, dans les cours publics, à l’exposi-
tion des phénomènes de polarisation... .,
CHEVREUL est nommé vice-président pour
l’'annép 638. 24 Jetons lente tele ame tele
— Déclare que M. Pelouze lui avait commu-
niqué, bien avant le mois d'octobre der-
nier, les résultats auxquels il était par-
venu touchant la déshydratation des ci-
LR A RE ee me te Br e he «te
CIBER. — Observations de température des
couches terrestres, faites avec un thermo-
mètre à déversement , à Cessingen, près
Luxembourg (en communavec M. Wurths).
CIVIALE. — Recherches sur les noyaux de di-
verses natures qui servent de bases aux
calculs urinaires. .......,... sacs sim)
— Mémoire sur les calculs de Cystine........
COLLEGNO (De).—Sur les terrains tertiaires
du nord-ouest de lJtalie...... . dau
COLLET dépose un paquet cacheté relatif à un
ns
( 958 )
Pages.
121
705
899
S29
922
516
897
819
MM. Pages.
nouveau mode de transport pour les voya-
geurs (en commun avec M. Cottereau)... 686
COMBES. — Mémoire sur la théorie du venti-
lateur........ ROME E prove te -Raidasrt É0S
— Note sur un ventilateur à force centrifuge.
COMMISSION DES MACHINES A VAPEUR
PRÈS DU CONSEIL DES PONTS-ET-
CHAUSSÉES. — M. le Ministre du Com-
merce adresse un Mémoire de M. Leval-
lois, sur une explosion survenue dans une
machine à vapeur à basse pression, et le
Rapport fait sur ce Mémoire à M. le Di-
recteur-général des Ponts-et-Chaussées,
par la Commission des machines à va-
POUR ere ide sat mé lénand e ven 120 dde 572
COQUAND. — tea sur je constitution
géogaostique des Pyrénées
— Note sur l’âge géologique du gypse d'Aix...
CORDIER. — Rapport sur les résultats du
voyage de la Bonite autour du monde.
( Géologie et Minéralogie)............
CORIOLIS. — Rapport sur divers Mémvires
de M. de Pambour, ayant pour objet la dé-
termination des résistances que présentent
les machines locomotives sur les chemins
de fer, et le calcul de l'effet, tant de ces
machines que des machines à vapeur en gé-
nénali.et-nrnt ARE: HD CA
— M. Coriolis remplace M. Séguier dans la
Commission chargée de l’examen des
voitures articulées de M. Dietz......... À 259
— Rapport sur une voiture à six roues et à
trains articulés, de M. Dietz............
— Rapport sur les pièces présentées au con-
cours pour le prix Li is de 1837.
COSTE. — Mémoire sur Püvologie du kangou-
rou ; en réponse à une lettre de M. Owen. 165
— Recherches sur le développement et la signi-
fication de l’appareil'génital externe...
COTTE. — Mémoire sur un théorème pour
calculer les racines incommensurables en
une seule opération. ..... DÉEe
— Supplément au Mémoire précédent... ...,
COTTEREAU dépose un paquet cacheté rela-
tif à un nouveau mode de transport pour
les voyageurs (en commun avec M. Col-
LE ERA SERRE TA CE à
COULIER. — Lettre sur un passage de la re-
lation du voyage de Ker Porger en Perse,
lequel se rapporterait, suivant M. Coulier,
à un cas de mirage nocturne. .......... 335
CUILLIER. — Procédé pour préserver de
l'incendie les cintres des théâtres... .... 49
CUVIER (Frépéric). — Rapport sur un Mé-
moire de M. Jourdan de Lyon, eoncer-
nant quelques nouveaux mammifères... . a
229
mm
D’ABBADIE. — Voyez Abbadie.
DAMOISEAU est nommé membre de la Com-
mission chargée de décerner la médaille
de Lalande...,......... oh 8e MEANS
DARLU. — Réflexions sur les causes des ex-
plosions des machines à vapeur..........
DARONDEAU. — Résultats de l’examen des
eaux de mer recueillies pendant le
voyage de la Bonite, avec l’appareil de
LM) ee ee Er est ee dre 2e
DAUSSY. — Note sur Fexistence probable
d’un volcan sous-marin, situé par environ
09 20’ dé latitude sud, et 229 de lggeitude
Ouest: 1... nn nas none este
DAVAT demande l'ouverture d’un paquet ca-
cheté déposé par lui le 24 janvier 183r.
La Note renfermée sous l'enveloppe ca-
chetée est relative à des expériences sur
l'oblitération des veines. ...............
—— Note additionnelle à un Mémoire sur. le
traitement curatif des varices par l'oblité-
ration. deb, veines ns. So. 503.04 LEE
DAVER. — Note sur un tronc d'arbre carbo-
nisé trouvé à la Guadeloupe sous plusieurs
couches de produits volcaniques, avec des
échantillons de ces différentes couches ;
tommuniquée par M. Biot.,.....,.....
DECAISNE. — Note sur la structure des ra-
cines chez certains végétaux dycotylédonés.
DELA HAYE. — Note sur les moyens de con-
server libre de glaçons une portion de
rivière pendant le temps des grandes gelées.
— M. de la Haye demande qu’on fasse un rap-
port sur l'efficacité du moyen proposé... ….
DE LA RIVE. — Lettre à M. Becquerel sur
des expériences de M. Presvost, dans les-
quelles des aiguilles très fines de fer doux
placées très près des nerfs ont été aiman-
tées au moment d’une contraction muscu-
LATE. i ema ee cs NE AL SE ENS
— Lettre à M. Becquerel sur les expériences
de M. Matteucci relatives aux courants
les yeux de l’Académie Pap-
pareil employé pour ce nouveau mode de
chauffage. .......... aie vin.» An ideigle cine mi à
DELILLE. Voir à Raffeneau- Delille.
DEMARÇAY (Horace). — Recherches sur la
nature de la bile.......,........ nelle
DEMARÇAY. — Mémoire sur un nouveau
système de greniers, à blé destinés à pré-
Pages.
6:G
512
707
118
335
65
121
19
276
206
MM.
server les grains de l'attaque des in-
SCIE Ce CERECERTETEE _.... Sursies
— Rapport sur ce Mémoire. ........ ......
BTAPhIE SÉRÉT GIE nee ea neo NES
DENIS. — Premitre partie d’un Traité de
Météo nee pe ON Ed eee de und
DENY DE CURIS demande que son ouvrage
Sur la confection des mortiers soit admis
à concourir pour un des prix de la fonda-
tion Montyon..........…. Fe ctsocotec
DERICQUEHEM. — Instrument d’arpentage
présenté sous le nom de Géodésimètre.
(Rapport sur cet appareil)... .........,
DESJARDINS. — Tableau des observations
météorologiques faites à Flacq (Ile Mau-
rice) en mars, avril et mai 1837..... eu.
DESMARETZ. — Mémoire sur la véritable
cause des explosions des chaudières à va=
vrage intitulé : Manuel de l'étranger aux
eaux d'Air en Saoie............... eee
DESPRETZ demande qu'il soit fait un rap-
port verbal sur le Cours de Mathématiques
de M. de Montferrier..................
DESTAING adresse un paquet cacheté rela-
tifà une pompe à feu (Séance du 12 mars).
DEVÈZE DE CHABRIOL prie l’Académie de
hâter le rapport qui doit être fait sur son
Mémoire concernant la navigation de l'AI-
LEE NN
— MM. Magendie et Serres sont nommés
commissaires pour ce Mémoire , en rem-
placement de MM. Larrer et Breschet.…
D'HOMBRES-FIRMAS. — Notice sur la Ne-
rinée gigantesque...
— Deixième Mémoire sur le Mérier des Phi-
lippines...…....... sit ste DOC UPS
lées de M. Dietz, M. Séguier est rem-
placé par M. Coriolis. ...............
— Rapport sur les voitures à sir roues et à
train articulé de M. Dietz.............
130.
Pages.
654
HS
363
MM.
DIEU. — Expériences faites sur une Turbine
établie à Lépine (Seine-et-Oise) par
M-"Fourneÿron 1...
DIRECTEUR DES DOUANES adresse un
exemplaire de la premiére partie du Ta-
bleau décennal du Commerce de la France
avec ses colonies et les puissances dat se
(années 1827—1836 )........... DCE
DONNÉ. — Note sur la constitution micros-
COPINE LOU ATP ele eee ele ele
— Tableau des différents dépôts de matières
salines et de substances organisées qui
se font dans les urines, présentant les ca-
ractères propres à les distinguer entre
eux et à reconnaître leur nature. .......
— Note sur la circulation du Chara.........
— Rapport sur cette Note.................
— Additions aux précédentes recherches sur le
(OT actes té OU LORS dede
D'ORBIGNY. — Sur la distribution géogra-
phique des oiseaux passereaux dans l'Amé-
rique méridionale. (Rapport sur ce Mé-
DRANT. — Nouvelle sphère céleste ne les
démonstrations élémentaires relatives au
système de Copernic....... COM bidanire
DREVON présente, de concert avec M. re
des échantillons de fonte qu'ils annoncent
devoir convertir, par un procédé particu-
lier, en fer malléable et en acier... ...
DUBOUCHET. — Lettre concernant un nou-
veau système de construction (en commun
avec M. Montgolfier) .............. ..
DUBOURG réclame la priorité d'invention
pour un appareil destiné à la conservation
des grains......, DCODECE EE ebesee ee
— Adresse un paquet cacheté concernant la
navigation intérieure et le régime des ri-
vières ( séance du 12 février)...........
DUBREUIL annonce la mort de M. Dugés,
correspondant de l’Académie. ..........
DUFRÉNOY. — Nature minéralogique et
composition chimique des cendres lan-
cées par deux volcans de l'Amérique tro-
picale ..
— Parallèles entre les différents produits vol-
caniques des environs de Naples, et rap-
port entre leur composition et les phé-
nomènes qui les ont produits, ....,....
DUGËS. — Sa mort annoncée à l'Académie.
DUJARDIN. — Observation sur la configu-
ration des zoospermes de la Salamandre
aquatique... ...,.., COORDONNE
— Observations sur la nature animale des
ÉPOREE Se NAT e 2 00e 0e AS STE
DUMAS. — Rapport sur un Mémoire de
M. Boussingault , relatif à l'influence de
l'azote atmosphérique dans la végétation. .
Le
( 960 )
Pages.
6065
6o9
190
615
15.
16.
66
20)
707
129
MM.
— Rapport sur un Mémoire de M. Payen,
relatif à Ja distribution des substances
asotées dans les organes des végétaux...
— Sur les carbo-vinates, les carbo-méthylates
et la véritable constitution du sucre de
cannes (en commun avec M. Péligot)....
— M. Dumas communique l'extrait d’une
Lettre de M. Liebig sur des recherches
concernant les produits de la décomposi-
tion de l’acide urique par l’acide nitrique,
recherches qu’il a faites en commun avec
BA OT CREER RAT PET ee
— Rapport sur un Mémoire de MM. Pelle-
tier et Walter, relatif aux produits pyro-
génés de la résine... .......... HA TATET se
— M. Dumas communique une Lettre de
M. Robe Kane sur les combinaisons am-
moniacales faire atare te n'a
— Rapport sur un Mémoire de! M. Rene
relatif aux modifications que la chaleur
fait éprouver à l’acide tartrique et à
l'acide paratartrique...
— Remarques sur une Note de M. Pelourse ,
relative à la constitution de l'acide ci-
trique , et sur une Lettre de M. Berzé-
lius concernant divers points de chimie
théorique .......... oo CA
— Remarques à loccasion du Compte Par
de la séance du 7 mai............... AOC
— Réponse à la Lettre de M. Berzélius.
— Réponse à des observations de M. Pe-
louse, relatives aux travaux sur la constitu-
tion de l'acide cürique, ete.............
— Remarques de M. Dumas relativement à une
Lettre de M. Liebig et à des déclarations
de MM. Thénard et Chevreul touchant
les travaux de M, Pelouze sur la déshydra-
dation des citrates. ..........
— M. Dumas communique une Lettre de
M. Cahours sur un nouveau carbure d'hy-
drogène obtenu de l’huile de pommes de
Li oebor srobctenadone oies es ABERSA
— Réflexions à l’occasion de cette lettre...
— Remarques à l’occasion d’une réclamation
concernant un moyen proposé pour la des-
truction de la pyrale de la vigne. ........
— M. Dumas communique des recherches de
M. Payen sur la ere de l’amylate
deplomb................ diéte
DUMÉRIL. — Rapport sur une autos d'é-
chantillons de vers à soie morts de di-
verses maladies, présentée à l’Académie,
avec un Mémoire explicatif, par M. Bour-
DORA mener
— Instruction pour la Commission chargée
par M. le Ministre de La Guerre de l’ex-
ploration scientifique de l'Algérie ; partie
smnonssssse ..
Pages.
131
217
G45 et 646
669
669 et 689
672
829
656
657
686
750
318
MM.
relative à la zoologie, lue à la Séance
du 19 mars.................s.. Go none
— Rapport verbal sur le second volume de
l'ouvrage de M. Lacordaire, intitulé :
Introduction à l'Entomologie.......... c
DUMÉRY adresse un paquet cacheté portant
pour suscription : Appareils de sûreté.
— Adresse un deuxième paquet cacheté relatif
au même sujet..
— Nouveau paquet cacheté portant pour sus-
cription : Note relative au remorquage
des bateaux sur les rivières et les canaux
(Séance du 4 juin)..........,.....
DUMONT. — Dern et figure du
nouvel instrument d’arpentage donnant ,
par une seule opération, les secondes
sexagésimales dans la mesure d’un angle.
DUMOULIN. — Résumé des observations de
-physique faites à bord de l’Astrolabe, de-
puis le départ de Toulon jusqu'au 25 oc-
tObDre 1057 ea ile nu.
BUNAL. — Note sur la phosphorescence de
la mer dans les environs de Montpellier.
DUPIN (Cnarzes). — Note sur une collection
de rapports officiels de M. Hubert, rela-
tifs aux navires à vapeur....,......,, ELA
— M. Dupin est désigné pour faire partie de
la Commission chargée de l'examen des
pièces de concours de MM. les élèves des
Ponts-et-Chaussées..... ...............
DUPUY. — Résumé des observations météoro-
logiques faites à la Basse-Terre (Guade-
loupe) pendant une période de 10 années.
— M. Dupuy se présente comme candidat pour
la place vacante dans la section d’'Écono-
mie rurale...
EDWARDS fait hommage à l'Académie de
deux opuscules ayant pour sujet les
aliments et l'alimentation. .............
EDWARDS (Mie ). — Mémoire sur les poly-
pes du genre des Tubulipores..,.......
— Mémoire sur les Crisies, les Hornèreset plu-
sieurs autres polypes vivants ou fossiles,
dont l’organisation est analogue à celle
des tubulipores.......... aire le acte -
ÉLIE DE BEAUMONT communique une
Lettre de M. Puillon-Boblaye, relative à
la modification qu'ont subie, par suite de
l'apparition des roches ignées, certains
terrains de sédiment, modification qui
leur a donné une texture cristalline sans
d’ailleurs détruire complétement les fos-
siles qui les caractérisent dans leur état
normal......
( 961)
Pages.
344
349
653
852
162
572
168
MM.
DUREAU DE LA MALLE. — Observations
à l’occasion d’un Mémoire de M. Pelouze
père, ayant pour titre : « De l’opportunité
des cultures torridiennes et spécialement
de la culture du coton en Algérie.».....
— M. Dureau de la Malle fait hommage à l’A-
cadémie, d’un ouvrage qu’il vient de faire
paraitre, et qui a pour titre : Peyssonnel
et Desfontaines ; Voyage dans les régences
de Tunis, ete...
— M. Dureau de la Malle conteste l’origine
phénicienne, attribuée par M. Bory de
Saint-Vincent , à des vases trouvés dans
des tombeaux de l’île de Santorin... ....
— Lettre à M. de Blainville sur les dégâts
commis par le ver blanc dans le tr
mentade l'Orne end cftnsectee
DUTROCHET. — Rapport sur divers travaux
entrepris au sujet de la maladie des vers
à soie, connue vulgairement sous le nom
de muscardine.…. . .
— Rapport sur un Mémoire de M. Payen
concernant les phénomènes qui s’obser-
vent dans les pommes de terre gelées...
— Réclamation de priorité à l’occasion d’une
Lettre de M. Donné sur la circulation du
— Rapport sur les recherches de M. Donné
relatives à la circulation du chara....
— Note sur un cas d’hibernation observé chez
deux hirondelles............ d
— Dépôt d’un paquet cacheté, .....
— Dépôt d’un nouveau paquet cacheté.......
DUVAL. — Mémoire sur la nature et la gué-
rison du pied-bot, première partie......
— Remarques à l’occasion d’une réclamation
de M. Rivière, concernant la lettre de
M. Puillon-Boblaye....... AO 690 Do te
— Instructions pour la Commission chargée
par M. le Ministre de la Guerre de l’explo-
ration scientifique de l'Algérie ; partie
concernant la géologie et la minéralogie,
lue à la séance du 15 mars....... aca de
— Instructions demandées par M. le Ministre
de la Marine pour l'expédition scientifique
qui se rend dans le Nord de l’Europe;
partie concernant la géologie..........
— M. Élie de Beaumont est désigné pour faire
partie de la Commission chargée de l'exa-
men des pièces de concours de MM. les
élèves des Ponts-et-Chaussées........... .
— Remarques à l’occasion d’un Mémoire de
M. de Blainville, et sur un passage de ce
Pages.
526
86
20)
653
MM.
Mémoire relatif aux débris de Didelphes ,
provenant de Stonesfield. ..............
— M. Élie de Beaumont communique une
lettre de M. Gay, sur certains points de
la géologie du Chili et des pays voisins...
— Remarques à l’occasion de cette lettre , et
notamment d’un passage relatif à la ques-
tion de l'existence du terrain jurassique
FABIEN (Tuowis).—Mémoire sur des moyens
employés pour rendrela claudicationmoins
douloureuse et la progression plus facile,
dans les raccourcissements accidentels des
membres inférieurs...
FIARD demande qu’il soit fait un rapportspé-
cial sur différents travaux relatifs à la
vaccine, qu'il avait présentés précédem-
ment au concours pour les prix de Méde-
cine et de Chirurgie. ....... assise
FILIPPI. — Essai sur les machines mues par
l'air chaud joint à la vapeur.............
FLEURY. — Note sur un cas de guérison de
torticolis ancien , obtenue au moyen de la
section cu d’une portion du
tendon inférieur du musele sterno-cléido-
Antoine Er eee ee qu
FLOURENS. — Recherches san sr sur
les structures comparées de la membrane
cutanée et dela membrane muqueuse. .
— M. Flourens annonce qu’il vient de recevoir
de M. Guyon, chirurgien en chef de l’ar-
mée d'Afrique, des pièces et des docu-
ments pour servir à l’histoire physique et
ethnographique des races humaines qui
habitent l'Algérie. ........... =D) 170 20
— Fait hommage à l’Académie d’un article
qu’il vient de publier dans le Journal des
Savans, sous le titre de : « Analyse d’un
ouvrage manuscrit intitulé Traité du co-
rail, etc.; par M. Peyssonel»...........
— Communique une Lettre de M. Lartet re-
lative à la découverte d’une seconde mä-
choire de singe et de quelques autres osse-
ments fossiles provenant du gisement de
SAHBAT eee ces COPA PEOEECEETE CE .
— Et une nouvelle Lettre du même about
logiste relative à un carnassier voisin du
chien, également découvert à Sansan.
— Communique une Lettre de M. Retzius sur
les farines fossiles, substances pulyérulen-
tes, de nature siliceuse, et qu’on suppose
cependant en plusieurs pays du Nord,
douées de propriétés alimentaires...
( g62 :)
Pages.
744
916
372
821
6
262
268
344
352
655
356
MM. Pages
dans l'Amérique australe. ....,...,.... 916
ERMAN. — Lettre à M. Arago sur la tempéra-
ture de la terre en Sibérie..,.,.,...,.,.. .
EYDOUX. — Ses travaux relatifs à la zoolo-
gie pendant le cours du voyage]de la Bo-
nite. (Rapport sur les résultats scientifi-
ques de cè voyage)... rome - “+
5ot
45
— Présente une nouvelle rédaction du Mé-
moire de M. Valentin sur le développe-
ment comparé des tissus organiques chez
les végétaux et les animaux.......... .….
FONTAN. — Mémoire sur les eaux miné-
rales des Pyrénées... ........... Lena
FONZI demande qu'un membre de la section
de Mécanique soit adjoint à la Commis-
sion qui aété chargée d’examiner des dents
artificielles présentées par lui........ FÉES
489
FORBES. — Sur la polarisation de la chaleur, 705
FOURCAULT.—Expériences physiologiques
démontrant l’influence de l’altération du
sang dans la production de l’inflammation
et des autres lésions locales. ..... 146 et 369
FOURNEYRON. — Expériences de M. Morin
sur les turbines de cet ingénieur....... 2
— Sur une turbine établie par cet ingénieur,
à Lépine (Seine-et-Oise); expériences
faites par M. Dieu... 4. -emetme 171
FRANCIS.—Remarques concernant quelques
passages d’un Rapport fait à l’Académie
sur un Mémoire de M. Morin relatif aux
turbines de M. Fourneyron. …...........
FREMY. — Mémoire sur les modifications que
la chaleur fait éprouver aux acides tar-
trique et paratartrique. (Rapport sur ce
Mémoire).
FREYBERG. — Mouvement Perpétae denses
FREYCINET.—Instruction pour la Commis-
sion chargée par M. le Ministre de la
Guerre de l’exploration scientifique de VAI-
gérie (partie relative à l’hydrographie et
à la navigation)... e'efeise meer ete me see
— Rapport sur l'expédition de la] Bonite (par-
tie relative à l’hydrographie, la naviga-
tion et l’histoire du voyage)........ Dr
— Rapport sur un Mémoire de M. Castera ,
relatif aux œ de sauver les naufra-
PEU done Lôd Hhteagou Aou C4
FUSZ. — Modèle et aeéripdbn dun appa-
reil auxiliaire pour l’enrayage des voi-
tures, le sabot mécanique.............., 419
121
366
597
MM.
GAIMARD. — M. le Ministre de la Marine
annonce que M. Gaimard va partir, avec
plusieurs membres de l’ancienne Commis-
sion scientifique d'Islande , pour les pays
du nord, afin de compléter les observa-
tions recueillies par cette Commission
dans l'expédition de La Recherche. M. le
Ministre invite l’Académie à rédiger des
instructions pour ce nouveau voyage... .
GAIRAL. -— Mémoire sur divers instruments
pour le traitement des maladies de l’o-
reille, et sur leur mode d'application;
suivi d’un essai sur la perforation avec
perte de substance de la membrane du
un pont DEMO EU ERA EL
GANNAL prie PAtadémis de hâter le rapport
qui doit ètre fait sur les propriétés ali-
mentaires de la gélatine. ...........,...
— Note sur les propriétés nutrilives des ali-
ments empruntés au règne vésétal......,
GASPARIN est présenté par la section d'Éco-
nomie rurale comme un des candidats pour
la place devenuevacante dans cette section
par le décès de M. Tessier... ... 149 et
GASPARRINI. — Mémoire sur un nouveau
genre de la famille des légumineuses,
le genre Farnesia.......... È À
GASSIER annonce son prochain He: ouh
le Sennaar, et offre à l’Académie de faire
dans ce pays les recherches qui pour-
raient être jugées utiles pour l’histoire
naturelle. :
GATIGNY. — De l'emploi de la vapeur d’eau
pour l’épuration des huiles de graines... .
GAUDICHAUD. — OEufs de vers à soie rap-
portés du, Bengale par ce naturaliste
(Lettre de M. Audouin à ce sujet). .......
— Ses travaux concernant l’organographie et
la physiologie végétales, et la botanique,
dans le cours du voyage de La Bonite....
GAUDIN. — Note sur l'application de la lu-
mière Drummond à l'éclairage public et
GAUTIER. — Figure et bon d'un
ROUPEUETRDI ER sen == = Rene ar «ele r
— Réclamation de priorité à l’occasion d’une
note de M. Chasles sur la numération écrite
CESNANOPNE SL SP RACE RE Te Ant ue sean
GAY. — Sur le tremblement “A terre ressenti
au Chili en novembre 1837; — sur une per-
turbation de l'aiguille aimantée observée
— Lettre à M. Élie de Beaumont, sur la géo-
gie du Chili et des pays voisins. ........
( 963 )
Pages.
206
161
;
822
G
MM.
GAY-LUSSAC. — Remarques à l’occasion
d'une Note de M. Longchamp , concernant
action de la vapeur d’eau sur le charbon
incandescent. ........ donc ions
— Observations sur un nouveau procédé de
chauffage importé d'Angleterre. .......
— Rapport sur un nouveau procédé pour la
conservation des grains, proposé par M. De-
MAP CA Tan eee = ele einen ets eee ee Ste
GEOFFROY - SAINT - HILAIRE fait hom-
mage à l’Académie d’une brochure intitu-
lée : Notice historique sur Buffon; études
sur sa vie, ses ouvrages et ses doctrines.
— Fait hommage à l’Académie d’un ouvrage
qu’il vient de publier et qui a pour titre :
Notions de Philosophie naturelle, précé-
dées d’une introduction dans laquelle Na-
poléon adolescent est approuvé d’avoir con-
testé aux découvertes de Newton un ca-
ractère absolu d'universalité. ..... ,
— Fait hommage à l’Académie d’un exem-
plaire de ses Fragments biographiques ;
précédés d'études sur la vie, les ouvrages
et les doctrines de Buffon..............
— De la loi d'attraction de soi pour soi; et
nouveaux eflorts de l'inventeur pour en
présenter le principe comme un annexe
étendant les vues de la gravitation univer-
selle de Newton..... ve
— Note sur l’ostéologie des OP More er
GEOFFROY-SAINT - HILAIRE (Isiore). —
Rapport sur un Mémoire de M. À. d'Or-
bignr relatif à la distribution géographique
des passereaux dans l'Amérique méridio-
LL CARRE SRE RER .
Rapport verbal sur les Œuvres d'histoire
naturelle de Goëthe traduites par M. Mar-
GTS ROSE NE ET TA RE
Notice sur trois nouveaux genres d’oiseaur
de Madagascar, les genres Philépitte ,
OO ET METTENT
Instructions demandées par M. le Ministre
de la Marine pour l’erpédition scientifique
qui se rend dans le nord de l'Europe:
(partie relative à la zoologie)..........
M. Isidore Geoffroy communique une ob-
servation de M. Dutrochet relative à un
cas d’hibernation observé chez deux hiron-
delles. SSSR EN noodbobnodo se
— Réflexions à l’occasion d’une Note de
M. Larrey sur le même sujet..... ....
— Notice sur les rongeurs épineux désignés
par les auteurs sous les noms d’Echinrs,
Lonchères, Heteromrs et Nelomys.......
Pages
150
704
190
MM
GÉRARD. — Note sur la fabrication du pa-
pier avec l'écorce du mürier (en commun
avec M. de Prédaval)...... HER -LEoce
GIRARDIN. — Mémoire sur les pommes de
terres gelées et sur le moyen de les uti-
— Mesure de la température d’un puits arté-
sien de Rouen (en commun avec M. Person).
GLUGE. — Recherches sur la structure des
membranes de l'œuf des mammifères (en
commun avec M. Breschet).............
GODAIN adresse un paquet cacheté (Séance
dufa/JRnvVien)s is -mals-c-deE
GOETHE.—Traductiondeses œuvres d ‘histoire
naturelle ; par M. Martins. (Rapport ver-
bal sur la partie zoologique de cet ouvrage).
GRÉGORY (De). — Expériences sur les eaux
thermales d'Aix en Sayoie.............
GUERIN (Jures). — Sur une nouvelle mé-
thode de traitement du torticolis ancien.
— Histoire de deux cas de torticolis ancien,
traités et guéris à l’aide de la section sous-
cutanée du muscle sterno-cléido-mastoïdien.
HALDAT. — Recherches sur le magnétisme de
TOLGTION. m4 na sir eee eu ele siola &
HALLBERG (De) offre d'entreprendre un
voyage qui aurait pour but d'arriver à
Tombouctou par la Nubie....
HANSEN est présenté par la section d’Astrono-
mie comme un des candidats pour un place
de correspondant vacante dans cette sec-
HENRY.— Nouveaux faits pour servir à l’his-
toire de l’urine(en commun avec M. Cap).
HÉBICART DE THURY. — Rapport verbal
sur un ouvrage de M. le comte d'Angeville,
ayant pour titre : De la Statistique fran-
caise considérée sous quelques-uns de ses
rapports physiques et moraux...,......
HERRICK. — Sur le nombre moyen d'étoiles
filantes observables dans les vingt-quatre
heures à la surface du globe (Lettre à
M.;Arago).. «se isniertamaois omisiain Bletaietaits
HEURTELOUP présente à l’Académie un
nouveau modèle de son fusil Koptipteur.
— Rapport sur cette arme par M. le général
Rogniat.....,...,........s.sess
HUBERT. — M. Dupin lit une Note sur une
JAMIN adresse uve lettre qui n’est pas lue,
comme n'ayant aucun rapport aux objets
( 964)
Pages.
336
2gt
781
MM.
— Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 7 mai)
GUÉRIN-MENNEVILLE. — Rapport verbal
fait par M. Bory de Saint-Vincent sur le
Dictionnaire pittoresque d'Histoire natu-
relle, publié sous la direction de M. Gué-
rin.,.
GUILLON. — Note sur un cas de rétention
d'urine, précédé et suivi de plusieurs phé-
nomènes pathologiques remarquables...
— Supplément à la Note précédente....... 3
GUILLORY. — Sur des essais de culture du
thé en pleine terre qui se continuent ayec
succès depuis plusieurs années à Angers.
GUILLOT, — Sur une formation de nouveaux
vaisseayx dépendant de l'appareil respi-
ratoire chez les phthisiques.............
GUINAND.— De belles masses de /int-glass
provenant d’une fonte pendant laquelle
MM. Arago et Dumas ont été témoins des
procédés dont M. Guinand fait usage pour
éviter les stries, sont mises sous les yeux
| de V'Académie...........
collection de rapports officiels de M. Hu-
bert relatifs aux navires à vapeur... ...
HUERNE DE POMMEUSE se présente
comme candidat pour la place vacante
dans la section d’Économie rurale par
suite du décès de M. Tessier. ......... 4
— Est compris dans le nombre des candidats
présentés par la Section....
— Se désiste de la candidature pour la place
vacante..... 4... sr.
HUMBOLDT, en transmettant l’ouvrage de
de M. de Ratzeburg sur les insectes nuisi-
bles aux foréts, appelle l’attention sur les
figures qui représentent les différents
genres d’érosion de ces divers insectes...
HUZARD propose, au nom de la section d’É-
conomie rurale, de déclarer qu’il y a lieu
d’élire à la place vacante par suite du dé-
cès de M. Tessier. ....:...... dde
— Fait, en son nom et celui de M. Bonafous,
hommage à l'Académie d’une épreuve du
portrait de M. Tessier........ ASE NS
— Communiquedes observations de M. Bonnes
sur l’acarus de la gale du cheval, ..,.....
dont s'occupe PAcadémie...... vos
JACQUEMART.— Figure , avec note éxplions
Pages.
658
231
368
518
625
165
594
167
616
Gi3
341
MM.
tive , d’une parhélie observée le 13 mars à
Quessr, près La Fère......:......... A
JAMES demande qu’on hâte le rapport qui
doit être fait sur les figures représentant
les pustules du vrai et du faux vaccin...
JARRY. — Réclamation au sujet de l'emploi
des engrenages dans les chemins de fer...
JAUME SAINT - HILAIRE. — Mémoire sur
les végétaux indigofères..............,.
JERVIS. — Essai sur l’étalon universel MB
mitif de poids et mesures... ,..... pas
JOURDAN. — Mémoire sur Duc; mam-
mifères nouveaux de l’Inde et de l’Austra-
lasie, dont trois formeraient les types de
trois genres nouveaux, genres Hétérope,
«
KANE (Rorenr). — Recherches sur les combi-
naisons ammoniacales; Lettre à M. Dumas.
KORILSKY.— Réflexions à l’occasion d’une
communication de M. Arago, sur quel-
LABERGE (DE). —Rapport sur un ouvrage de
MM. Delaberge et Monneret, ayant
pour titre: Compendium de médecine
pratique rss. sonnsnnn ete nat nes vottsiate
LACORDATRE. Report Bite sur le se-
cond volume de son Jrtroduction à l'En-
tomologie; par M. Duméril,........
LAFARGUE propose une modification à la
méthode de traitement employée par
M. Seutin, pour les fractures des:membres
inférieurs. su... nantes t 4 Al :
— Note sur un cas de fracture complète de la
jambe, traitée au moyen de cette méthode.
— Note sur les avantages du mastic gypso-
amylacé dans la confection des bandages
inamovibles employés pour le traitement
des fractures....... 26 aipeduns Je 0e
LAGNENS adresse divers Éupr Pe de ro-
ches, comme pièces à l’appui d’un Mé-
moire précédemment adressé sur un gise-
ment particulier du feldspath....,..... 4
LA HAYE (De). —Voir à Delahaye.
LAIGNEL annonce de nouveaux essais de son
système de courbes pour Les chemins de fer,
avec des courbes de petit rayon.
— M. Laignel prie l’Académie de hâter le
rapport qui doit être fait sur son nouveau
système de courbes pour les chemins de fer.
— Appareil pour sonder en mer à de grandes
profondeurs........... PC Lie en:
° R. 1838, 1er Semestre. (T. VL.)
( 965 )
Pages.
5or
279
370
C77
472
473
789
168
20 et 279
340
167
MM.
Acérodon, Nélomys. (Rapport sur ce Mé-
td) STE EL D EELOEC DÉRCMEDEE
JOYCE, inventeur d’un nouveau mode de chauf-
Jage pour les appartements. (Communi-
cation de M. B. Delessert à ce sujet)...
JULIEN (Sransras). — Lettre sur la possi-
bilité de la culture du thé en Europe...
JUNOD adresse un paquet cacheté (Séance du
THMATS) Le eee RP ETIETS en ere Gad
— Et un autre paquet cacheté concernant des
modifications apportées à ses appareils
pneumatiques (Séance du 23 avril)......
— Mémoire relatif aux modifications appor-
tées aux grandes ventouses, et à diverses
guérisons obtenues à l'aide de ces appa-
LT EPOOTS TE à Halde ONE EN PSRURE
ques cas où la température de l'air, en
plein jour, a été trouvée croissante avec la
hauteur
— Réflexions sur les nuages parasites. 707 et
LAMARCHE. — Tableau des observations
météorologiques faites à Cherbourg, pen-
dant l’année 1837............ Re ns
LAME. — Mémoire sur les coordonnées cur-
vilignes. ousyane oc
LANET-LIMENCEY. Modification pe
tée à la formule proposée, pour une encre
de sûreté, par la Commission de l’Acadé-
mie.....
LARREY. — Nouvelles réflexions sur la ma-
nière dont la nature procède à la cicatrisa-
tion des plaies de la tête, avec perte de
substance aux os du cräneegoes...... 1 t
_—- Des centres d’ossification, et de leur posi-
tion par rapport à celle des artères nutri-
ciéres des st NME CE nc RS
— Note sur l’hibernation des hirondelles... ..
— Remarques sur la constitution physique des
Arabes , considérés comme la race pri-
mitive de l’espèce humaine ou comme
son prototype, etc.....
LARTET. — Observations sur les ruminants
Jossiles des terrains sous-pyrénéens. .....
— Lettre à M. Flourens sur de nouveaux fos-
siles découverts à Sansan, et particulière-
ment sur une deuxième mâchoire de singe
trouvée dans cette localité... .: OPUS
— Considérations sur le diluvium sous-pyré-
néen; Lettre à M. Arago..... D ode DS
_— Lettre à M. Flourens sur un nouveau car-
TT
Pages
658
752
822
397
/
MM.
nassier voisin du genre chien et sur un
squelette de mastodonte à dents étroites
découverts à Sansan................... :
— Nouvel envoi d'ossements fossiles des en-
virons d’Auch. (Rapport à M. le ministre
de lInstruction publique, sur l’impor-
tance de cet envoi; rapporteur , M. de
Blainyille). a taie see a etretde
LAURENT. — Recherches sur le développe-
ment des limaces et autres mollusques
gastéropodes..... ... den. vs :1615et
LECART. — Lettre à M. Arago sur une
parhélie observée le 13 mars, à Laon...
LECLERC-THOUIN demande à être compris
dans le nombre des candidats pour la
place devenue vacante dans la section d'É-
conomie rurale, par le décès de M. Tessier.
— Est présenté par la section d'Économie ru-
rale comme un des candidats à la place
Yagantee. nest eee
LEFËVRE. — Essai eritique contre les adver-
saires de la contagion par infection dans le
cas de la peste. ...,.,:...... SO ciao
LEGRAND. — Dépôt d’un paquet cacheté
(séance du 8 janvier)...... ...........
— De l’action de l’or sur notre économie, et
plus spécialement sur les organes de la
digestion et de la nutrition.............
— Emploi de Por dans le traitement des scro-
phules. susessésrerss one. se
— Note sur l'emploi de la poudre de noix vo-
mique torréfiée, dans le traitement de l’é-
pilepsie ,.,...
LEMAOUT adresse différents objets relatifs à
une forét sous-marine mise à découvert par
une grande marée, en un point de la côte
de Bretagne. ss... Etre
LEPAGE.— Note sur un phénomène qui s’ob-
serve dans la gravure sur. fer au moyen de
l’eau forte, et qui paraît dépendre d’une
action électrique, .».«
LEROY présente, de concert avec M. Drevon,
des échantillons d’une fonte qu’il annonce
convertir, par un procédé particulier, en
fer malléable et en acier.,..............
LEROY D'ÉTIOLLES. — Note sur un nouvel
instrument de lithotritie pouvant agir, si-
multanémen Lou successivement, par pres-
sion et par percussion. .,,.4..........
— Dépôt d’un paquet cacheté (Séance du 8
janvier)ses ss sie CPS
LETELLIER. — Nouvelles recherches sur le
sang humain: de la Jibrine, de ses varié-
LÉS 3 EC. à à moin mim 1) 01010 10 0
— Note sur un moyen propre à diminuer la
fréquence des incendies...
LETERRIER. — Appareil de sûreté pour les
machines à vapeur (en commun avec
( 966 )
Pages.
655
389
655
373
20
18
615
166
MM.
M. C, Testu). (Rapport sur cet appareil).
LETOURNEUR. — Mémoire sur la théorie
générale de la manœuvre des vaisseaux et
autres points qui s’y rattachent....... .
— Sur le tir des canons marins à brague fixe,
et sur quelques autres questions d’artil-
lerie navale........... à
LEVALLOIS. — Mémoire sur une explosion
survenue dans une machine à vapeur à
basse pression; suivi de quelques considé-
rations sur les rondelles fusibles. ........
LEYMERIE écrit que dans plusieurs Mé-
moires présentés successivement à l’Aca-
démie, il a traité de la question du débui-
sement, considérée sous le rapport hygié-
DIQUe.......r..se ces... ré
— Écrit qu’il a guéri, à l’aide de la chaleur seu-
lement, divers cas de luxations spontanées
du fémur et de torticolis anciens........
— Demande à reprendre divers Mémoires
qu’il avait présentés et sur lesquels il n’a
pas été fait de rapports................
LEYMERIE. — Mémoire sur les terrains se-
condaires inférieurs du département du
Rhône. ..
Pagos:
59
ES]
FS
ou
LIBRI. — Remarques à l’occasion d’une Note .
de M. Liouville , intitulée : Observations
sur un Mémoire de M. Libri relatif à la
théorie de la chaleur.........
— M. Libri fait ul: à 'PAcadétaie des
deux premiers volumes de son Histoire des
Sciences en Italie.....,.. .
— Réponse à des remarques de M. Sédillot,
sur-une Note relative à l’ouvrage ci-des-
ETC PAPA O EU dt DH UE Lo
— M. Libriannoncela mort de M. Bowditch,
géomètre américain................. .
— Sur un procédé proposé au xvii® siècle
pour la conservation des grains; par le.
Castello re SOU TR O
LIEBIG, —Sur les produits de la décomposi-
tion de l’acide urique par l'acide nitrique
(en commun avec M. Wôhler)..........
— Réponse à une lettre de M. Berzélius.
— Lettre à l’Académie à l’occasion de Ja dis-
cussion relative à la déshydratation des ci-
CU LORIE DCPETEEEEEEEEEE
LINARI. — Voyez Santi-Linari.
LIOUVILLE. — Observations sur un Mé-
moire de M. Libri, relatif à la fhcorie de
la chaleur. .......... “ses
LITTROW est présenté par la section d'Astro-
nomie comme un des candidats pour une
place vacante de correspondant. ........
— Est élu membre correspondant pour la sec-
tion d’Astronomie..............., ....
— Adresse ses remerciments à | Aude roi
LITTROW fils communique une méthode
MM.
— Est compris dans le nombre des candidats
Présentés par la Section... .…..,....... :
— Considérations sur les variations de tempé-
ralure auxquelles les œufs du ver à soie
Peuvent être soumis, .,.,.,,,:,..,.....
LOMBARD présente en manuscrit un tarif des
bois GUBTUMEN STD Je UPS SANTE EE Dent
LOMENI. — Examen des moyens proposés
par M. Bassi contre la muscardine. (Rap-
port de M. Dutrochet sur divers travaux
relatifs à cette maladie des vers à soie)...
MACKENSIE. — Observations sur la fabrica-
tion des chlorates, des hypochlorites, des
chlorites employés dans les arts, et sur
la composition réelle des hypochlorites,
des chlorites et des acides oxigénés du
chlore; action du chlore sur les acides al-
calins
MAC-LOUGHLIN. — Observations météo olo-
giques faites au fort de Vancouver (côte
occidentale de l'Amérique du Nord)...
— Résultats déduits de ces observations rela-
tivement au climat de cette côte... Hérte
MÆDLER. — Notesur ia configuration d’une
certaine partie de la Lune... è
MAILLE. — Sur Ja glace qui se forme au
MAISSIAT, — Lettre sur une nouvelle théo-
rie de la déglutition,...1.,).2 01
MALLET. — Lettreà M: Arago sur une par-
hélie qui a été-obserrée dans la matinée
du 13mats, à Lille et À Saint-Quentin. .….
MALLET. — Sur une cause qui contribue à
augmenter le nombre des noyés à Paris et
sur les moyens de la faire disparaitre...
( 967 )
Pages.
95
865
51
120
830
920
55
236
209
373
385
MM.
LONGCHAMP.— Action de là Vapeur d'eau
sur les charbons incandescents. .......... 158
— Réponse aux objections présentées par
M. Gay-Lussac, contre les conséquences
que M. Longchamp déduit dés expériences
rapportées dans la Note précédente... 243
LONGET adresse un paquet cacheté portant
Pour suscription : Extrait d'un travail ana-
Pages
POP dope nement e ses OMS 0x
— Mémoire sur l'emploi de la vapeur perdue
des machines à haute Pression, pour rem-
placer en partie le combustible, ........ 789
MANDL adressé un paquet cacheté (Séance du
15 janvier) out le 5 sn w" 67
— Appareil pour retourner sur le porte-objet
du microscope les corps de petite dimen-
SioRSLe.21 00 RE DANS UE AIS 2I
MANGIN (Hoverr).— M. le Ministre de l'Ins-
truction publique prie l'Académie de hâter
le rapport sur un Mémoire de M. H. Man-
&in concernant l'astronomie. ..........., 145
MARECHAL. — Lettre à l’occasion d’un rap-
Port qui a été fait sur une modification
proposée par M. Maréchal à la sphère ar-
millaire,. NS OR
MARTIN. — Jambes artificielles pour divers
cas d’amputation...;....,...,... 421 et 471
MARTINS. — Rapport sur sa traduction des
œuvres d'histoire naturelle de Gocthe..... 320
MASSON. — De l'action exercée par le chlo-
qui en RésnI ent EE tres Aer OS
MATHEY. — Nageoires à cintres mobiles... 386
MATHIEU .est nommé membre de la Com-
mission chargée de décerner la médaille de
Lalande. ....... TRE STONE - 60e 704
sée par ce physicien à M. Santi-Linari re-
lativement à l’étincelle obtenue de la
torpille....... Acoeober STE REE ee. 242
— Expériences sur les courants thermo-élec-
triques; Lettre de M. de la Rive à
M Bocquenel ee Arte Ne AE En e. 276
— Lettre sur la méthode d’expérimentation
au moyen, de laquelle on a obtenu l'étin-
celle de la torpille et sur ce qui appar-
tient respectivement, dans ce résultat, à
MM. Santi-Linari et Matteucci.......... 625
131:
MM.
Lettre sur un cas de Tétanos traité par
Pélectricilé...... ss PARENT ATEN Eee
_— Nouvelles expériences sur la torpille.....
MELLONI. — Observations sur la cause qui
produit la fonte hätive de la neige autour
des plantes...... A TN A EE
MERCIER demande à reprendre divers a
bleaux et mémoires qu'il avait présen-
tés à un concours pour le prix de sta-
tistique. DELLE DEEE .
MILLON. — Note sur ‘nr formation FE en
chlorure de soufre cristallisé. .
_ Mémoire sur quelques azotures nouveaux
et sur l’état de l’azote dans plusieurs com-
binaisonS. ............: HE TEE + je
__ Sur de nouvelles combinaisons du Te
du brome et de l’iode.......... REA Fe
MINISTRE DE LA GUERRE adresse un mé-
moire de M. Pelouze père sur la culture
du cotonnier ct sur l'importance dont
pourrait être cette culture dans l’Algérie.
MINISTRE DE LA JUSTICE ET DES
CULTES , invite l’Académie à lui faire
connaître si elle persiste toujours dans
l'opinion qu’elle a émise relativement
au métal dont il conviendrait de faire
choix pour la couverture de la cathé-
drale de Chartres, ........ sascholis fe
MINISTRE DE LA MARINE adresse une
nouvelle série de documents scientifiques
recueillis pendant le voyage de la Bonite,
et demande qu’il soit fait un rapport sur
l’ensemble des travaux exécutés pendant
la campagne. .... DEEE e Ne THEN CE
_— Annonce que M. Gaimard est près de par-
tir, avec plusieurs membres de la Commis-
sion scientifique d'Islande, pour aller
recueillir dans le Nord des observations
destinées à faire suite à celles qui ont été
recueilliés dans l'expédition de la Recher-
che ; l'Académie est invitée à rédiger des
instructions pour ce nouveau voyage...
— Transmet un Résumé des observations de
physique faites à bord de l’Astrolabe, de-
puis le départ de Toulon jusqu’au 25 oc-
tobre , par M. Dumoulin.............
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLL
QUE demande un Rapport sur un Mé-
moire de M. Hubert Mangin, concernant
un système du monde. .
— Troiomel an plieon de lo mener le
qui confirme la nomination de M. Audouin
comme membre de l'Académie, section
| d'Écongnse vurale à, DONNE EAN c
— Transmet un Mémoire de M: Balland sur
la voir humaine. ....,........ Sn io os
— Indique la marche à suivre pour prévenir
( 968 )
Pages.
680
- 832
801
138
117
206
MM.
les retards dans les communications entre
l'Académie et lui.. ER
— Transmet une noticeth imprimée par Érdre
du gouvernement Valaque, sur les effets
du tremblement deuterre ressenti à Bucha-
rest, le 11 janvier 1838..... te 24088 à
— Rappelle qu'il n’a pas été fait de rap-
port sur un Mémoire de Météorologie de
MKorilsky ee RER D DOG LC ti
MINISIRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
adresse un Mémoire de M. Lefèvre sur la
PESES TE TS TE does ettles
MINISTRE DU COMMERCE invite l’Aca-
démie à désigner une Commission pour
examiner des œufs. de vers à soie et divers
objets relatifs à l'éducation de ces insectes
qui ont été rapportés du Bengale par
M. Vaillant, commandant de la Bonite...
— Adresse des exemplaires d’un Rapport de
M. H. Bourdon sur l’emploi de la ventila-
tion forcée dans les magnaneries, ........
— Transmet les recherches de M. Bullard sur
Ta pate ee tube
— Transmet un Mémoire de M. Rabaïoye sur
les moyens de prévenir les explosions des
machines à vapeur. ..... taie ie siefspétars
— Transmet une lettre du Président de la
Société industrielle de Mulhouse, relative
aux appareils de süreté pour les machines
AMYApenE CURE et NRC:
— Transmet un Mémoire de M. Fabien sur
les moyens de rendrela claudication moins
douloureuse, etc............. tte bo
— Transmet un Mémoire de M. Levallois sur
un cas d’explosion de machine à vapeur ,
et un Rapport fait sur ce Mémoire par la
Commission des machines à vapeur du
conseil des Ponts-et-Chaussées. ..... na
— Adresse la collection des ordonnances et
réglements qui régissent ou ont régi les
lazarets de France, pièces qui lui avaient
été demandées pour la Commission des
prix de Médecine,.,.ffsefienese
— S'informe si l’Académie a reçu un paquet
cacheté adressé par M. Midr.......... ,
— Transmet une Note de M. Bouville sur une
nouyelle méthode de traitement pour les
Jièvrés intermittentes rebelles
CDRREEER EEE EEE
— Demande que l'Académie désigne trois de:
ses membres pour prendre part à l'examen
des pièces de concours de MM. les élèves
des Ponts-et-Chaussées,. is,
MIQUEL. — Recherches sur la scar latine épi-
dénnque ee Mer tAASe Ne e > bals - ete
MIRBEL (Dr). in sur un Mémoire de
M. de Tristan, intitulé: Harmonie des or-
ganes végétaux étudiés principalement
dans Pensemble d’une mème plante...
Füges
616
900
ibid,
Le!
-]
ES
116
115
M.
" Rapport sur un Mémoire de M. Pelouse
père, relatif à l’opportunité des cultures
torridiennes et spécialement de la culture
du coton dans l’Algérie............. ete
— Rapport verbal sur la seconde partie de la
botanique du voyage de M. C. Bélanger
aux Indes-Orientales...........
— Rapport sur les résultats scientifiques du
voyage de circumnavigation de la Bonite
(partie concernant la hotanique).......
MONDIÈRE indique ce qu'il regarde comme
neuf dans un Mémoire sur le traitement
de la dyssenterie par l’albumine, adressé
par lui pour le concours Montyon..
MONNERET. — Rapport sur un ouvrage de
MM. Monneret et de Laberge , ayant
pour titre: Compenriss de médecine pra-
TIQUE. er enmanse eat
MONNIER. — Mémoire : sur les courants pé-
riodiques, occasionés par les marées, dans
la Manche et la partie méridionale de la
mer du Nord...
— Rapport sur ce Mémoire.......... 06e
MONTAGNE. — Recherches sur le botrytis
de la muscardine, ou champignon entomoc-
tone. (Rapport de M. Dutrochet sur divers
travaux relatifs à la maladie des vers à
soie, connue sous le nom de muscardine.)
— Des organes mâles du Targionia découverts
sur une nouvelle espèce du Ci...
— Mémoire sur Vorganisation et le mode F3
développement des Caulerpées et en parti-
culier du Caulerpa webbiana. — Rapport
sur ce Mémoire.............,.
MONTGOLFIER. — Lettre relative à un nou-
veau système de constructions (en commun
ayec M. Dubouchet)..
MOREAU DE JONNÉS. — Proportion des
NICOLE BERTHELOT..— Voir à Berthelot.
OWEN. — Remarques sur une communica-
tion de M. Coste, relative à l’œuf du kan-
PAGANI. — Note sur l’équation AB — C...
PALLAS adresse un paquet cacheté portant
pour suscription :. Indication d'une subs-
tance végétale avec laquelle l’auteur es-
père faire du papier propre à remplacer le
( 969 )
Pages
313
331
603
101
G15
18
É
MM.
crimes à la population moyenne. Comparai-
son des résultats de la statistique judi-
ciaire , en France, et dans le royaume-uni
de la Grande-Bretagne et de Irlande...
— M. Moreau de Jonnès dépose sur le bureau
de l’Académie les détails numériques re-
latifs à la Note précédente. ..... PRES
— Détails sur une éruption sous-marine qui
parait avoir eu lieu vers le banc de Baha-
ma; annonce d’un tremblement de terre
ressenti à la Martinique le 30 novembre
MÉTIER CEE, € Petotisap
— M. Moreau de Jonnès présente le dernier
volume de sa Statistique de la Grande-
Bretagne et de l’Irlande............,...
MOREL adresse un paquet cacheté Hans du
15 janvier)... PAL EE coer Dodo
MORIN. — Expérience sur ee HR de
M. Fourneyron. (Rapport sur ce travail).
MORREN (Cuarses). — Note sur la culture de
la vanille en Europe et sur les moyens de
lui faire porter fruit à l’aide de la fécon-
dation artificielle. ........:...........
MORREN.—Recherches res à Dtnenee
que les animalcules de couleur verte qu’on
trouve dans les eaux tranquilles exercent
sur la quantité et la qualité des gaz que
ces eaux peuvent dissoudre, .....
MORTAROTTI. — Observations concernant
la matière médicale et la thérapeutique...
MÜUHLBACHER frères demandent qu’il soit
fait un rapport sur des ressorts de voiture
de leur invention......... re tébece
MUTEL, — Mémoire sur la culture des or-
chidées et sur huit nouvelles espèces de
cette famille, avec des observations sur
les caractères génériques de plusieurs
gourou. DÉCRET ETETE DPREEEEEEEEE venus
— Mémoire sur le mêmesujet.
papier de Chine. (Séance du 4 juin)...
PAMBOUR (De).— Note sur la théorie de la
machine à vapeur, en tenant compte du
changement de température de la vapeur
Pages
469
147
496
790
pendant son action dans Ja machine. 65 et 112
MM:
— Rapportsur divers Mémoires de M. de Pam-
bour, ayant pour objet la détermination
des résistances que présentent les machines
locomotives sur les chemins de fer, et le
calcul de l'effet tant de ces machines que
des machines à vapeur en général...,...
— Note sur deux formules donnant le volume
de la vapeur saturée , en fonction de la
pression seulement.............,
— Dépôt d’un paquet cacheté portant pour
suscription : Calcul des machines à vapeur
(Séance du 26 mars.).................
PAOLI prie l’Académie de hâter le rapport qui
doit être fait sur ses recherches relatives
au mouvement moléculaire des solides...
PARAVEY (De).— Surla connaissance qu’au-
raient eue les anciens Hébreux de lexis-
tence de débris d'animaux dans les tri-
polis...
— Lettre sur un squelette fossile de grande Sa-
lamandre et sur une Salamandre gigan-
tesque du Japon, que l’on conserve vivante
au Musée de Leyde................:.:.
— Lettre sur la forme antique de la clé du
chien dans l'écriture chinoïse, comparée
aux formes d’une race de chiens qui se
trouve aujourd’hui en Chine............
— Nouvelle Lettre sur les déductions relatives
aThistoire des sciences, tirée de la consi-
dération des caractères de l'écriture chi-
noise... une HP [Car HDI .
— Lettre sur l'ancienneté d’une numération
écrite dans laquelle on fait usage de neuf
caractères ayant une valeur propre et une
valeur de position......... DEEE ss...
— Indication de deux passages contenus dans
des relations modernes de voyage, et rela-
tifs chacun à un bolide. ................
PASSOT.— Modèle et description d’une nou-
velle”farbine.. 1 M M Teaser ane :
PAULIN. — Mémoire sur l'application aux
arts industriels de l'appareil inventé pour
les travailleurs obligés de Er dans
des lieux infectés........ ses ataaet der Éc
PAYEN. — Mémoire sur les acétates et de
protozide de plomb.(Rapport sur ce Mé-
MOTS AS DE: Aer eines eiaraiecte) à :
— Recherches sur la distribution des ab
tances az£otees dans les organes des végé-
taur. (Rapport sur ce travail)...... OSODS
— M. Paren est présenté par la section d'É-
conomie rurale comme un des candidats à
la place vacante par suite du décès de
MSN RÉ TE 0 cie ta etotetete
— Phénomènes observés dans la Sbngétatièn
des pommes de terre! }. UN SU
— Rapport sur ce Mémoire. ......,..,,.,..
— Note additionnelle à ce Mémoire... .....:
( 970 )
225
373 et 508
386
656
180
385
626
551
420
13
131
MM.
— Recherches sur la composition dé l’amylate
de plomb... A
PÉLIGOT. — Sur les carbo-vinates, les carbo-
méthylates et la véritable constitution du
sucre de cannes (en commun avec M. Du-
mas) 6 :
— Recherches sur da nature et les propriétés
des sucres
PELLETIER. — De l'action que le chlore
exerce sur les bases salifiables organiques.
— Recherches de MM. Pelletier et Walter
sur les produits pyrogénés de la résine.
(Rapport sur ce travail)................
— Recherches sur les produits pYrogénés du
succin (en commun avec M. Walter). .
PELOUZE. — Rapport sur un Mémoire d
M. Poyen concernant les acétates et un
protoxide de plomb....................
— Note sur la formule rationnelle de l’acide
hippurique .............. Sono
— Recherches Sur les produits de la décompo-
sition du cyanogène (en commun avec
MRichardson) 55e 97 aura LAS
— Note sur la déshydratation des citrates
sous l'influence de Ja chaleur, ét sur Ja
es es à ss...
constitution de l'acide citrique......... :
— Réponse à des remarques de M. Dumas
sur la communication précédente. .....
— Réponse à des Remarques de M. Dumas
sur le Compte rendu de la séance du
7 mai, et Remarques sur un autre pas-
sage de ce même Compte rendu . . . ..
— Remarques à l’occasion d’une Lettre de
M. Liebig à M. Dumas, . .. ...
— Remarques à l’occasion d’une Lettre de
M. Liebig à l'Académie. . . . .
PELOUZE père. — De la culture du A cotor
aux Antilles et dans les États-Unis, et
de l’opportunité qu’il y aurait à fomenter
en Algérie cette culture eten général celle
des végétaux tropicaux . . . . ..
— Rapport sur ce Mémoire. , . ....
PELTIER. — Lettre sur les courants thermo-
électriques produits par le mercure ......
— Évaluation comparative des électricités
statique et dynamique . . . .
PENTLAND. — Sur la Hate Fe) PIllimani
(Haut-Pérou); sur la limite inférieure
des neiges perpétuelles dans ce pays ; Sur
la facilité qu'offre le haut plateau où se
trouve le Lac de Titicaca, pour former une
longue base, dans une nouvelle mesure
d’un degré du méridien près de en
Lettre à M. Arago . . . . .. agree
PERSON. — Observation de la tthélature
du fond d’an puits artésién à Rouen (en
commun avec M. Girardin) .. ,,...,
PERSOZ. — De la nécessité de dstigter
644
646
670
269
829
138
313
303
816
831
506
MM.
dans les actions chimiques, les phénomènes
de déplacement de ceux d’altération...
PETIT.— Mémoire sur un appareil destiné à
préserver les ouvriers employés à polir les
canons de fusils, ete., des mauvais effets
résultant de l'inspiration des poussières
produites. :...... 96402000
PIORRY. — Conformément à une décision
prise par l’Académie relativement au
concours pour les prir de Médecine et de
Chirurgie, M. Piorry indique ce qu’il con-
sidère comme le plus neuf dans un Traité
de Séméiologie qu’il a adressé pour ce
concours, , . . .
PIRIA. — Recherches sur la composition
de la salicine et sur quelques-unes de ses
TÉACÉIONS. + ee + «eue» mje shéene se »
— Sur de nouveaux produits extraits de la
salicine.
PITAY. — Sur une méthode de préparation
du charbon destiné au chauffage des 2,
partements , ss...
POINSOT est nommé membre de la Écménis!
sion administrative pour l’année 1838...
— Rapport sur un Mémoire de M. Chasles,
ayant pour titre : Solution synthétique du
problème de l'attraction des cllipsoïdes , ete.
— Réponse à des Remarques de M. Poisson,
faites à l’occasion du rapport sur le Mé-
moire de M. Chasles , concernant l’attrac-
tion des ellipsoides.. ... .. ... Cièchao
— Note à l’occasionde nouvelles Remarques
de M. Poisson touchant la mème ques-
tion, l'attraction des ellipsoïdes.........
POISSON. — Sur le mouvement des projec-
tiles dans l’air, en ayant égard à leur
rotation et au mouwement diurne de la
terre; deuxième partie...............
— Mémoire sur les déviations de la boussole
produites par le fer des vaisseaux. ......
— Remarques à l’occasion d’un rapport sur
un Mémoire de M. Chasles relatif à l’at-
traction des ellipsoïdes, ..............-.
PONCELET est désigné pour faire partie
de la Commission chargée de l’examen des
RABAIOYE. — Mémoire sur divers moyens
de sûreté contre les sine des ma-
chines à vapeur... ee -E-ece
RAFFENEAU-DELILLE se mien sur les rangs
pour la place vacante dans la section d’ É-
conomie rurale par le décès de M. Tessier.
Adresse la listedeses travaux scientifiques.
RAMEAUX. — Applications des sciences ac-
( 971 )
Pages.
49
677
301
338
620
677
42
808
84o
869
117
19
49
MM.
pièces de concours de MM. les Élèves des
Ponts-et-Chaussées. . . . . CIE ,
— M. Poncelet se trouve par erreur indiqué à à
la page 603 comme auteur du rapport sur
un Mémoire de M. Monnier concernant les
courants marins; lerapporteur est M .Savarr.
POUILLET. — Mémoire sur la chaleur s0-
laire , sur les pouvoirs rayonnants et ab-
sorbants de l'atmosphère et sur la tempé-
rature de l’espace... ASÉPEMEEES
PRAVAZ. — Mémoire sur le traitement des
luxations congénitales du fémur..........
PRÉDAVAL (DE), — Note sur la fabrication
du papier avec l'écorce de märier (en
commun avec M. Gérard) . :
PREVOST. — Aimantation d’une Rute de
fer doux par un courant nerveuxr........
PRONY (DE). — Rapport verbal sur un ou-
vrage de M. Blein, ayant pour titre :
Nouveaux principes de Mélodie et d'Har-
monie........... ARRETE . 813 et
PUEL. — Mémoire sur le Renne fossile de
la caverne de Brengues. . . . . . . . . .
— Mémoire sur les ossements fossiles de mam-
mifères et d’oiseaur , provenant de la ca-
verne de Brengues. . . . . . . . . ..,.
PUILLON-BOBLAYE. — Modifications de
certains terrains de sédiment dans le voi-
sinage des roches ignées qui les ont tra-
Versés . .
— M. Bory de Saint- con annonce que
M. Puillon-Boblaye vient d’ètre envoyé
avec plusieurs autres officiers déatus
jor, en Algérie, pour y procéder à une
triangulation générale du pays. . . . ..
— Sur l'aspect des campagnes dans quelques
parties de l'Algérie ; Lettre à M. Bory de
St.-Vincent............... dodo
PUISSANT. — Rapport sur un rc
d’arpentage (le géodésimètre) présenté par
M. Dericquehem. . .
— Supplément à une nouvelle détermination
de la distance méridienne de Montjouy à
Formentera. . . . . .
PY. — Sur la statistique opel
de la ville de Narbonne. . . . . 301 et
cessoires à la physiologie (en commun
avec M. Sarrus).....,.........serssu
RATTE. — Observations relatives à l’élec-
tricité manifestée par les copeaux de bois
qu’enlèye le rabot.......... ...
REGNAULT. — Nouvelles ae sur la
composition des alcalis organiques. ...,...
RETZIUS adresse un échantillon de farine
.
. 845 et 58)
1C8
338
899
236
MM
Jossile, matière pulvérulente blanche, come
posée en grande partie de dépouilles si-
liceuses d’infusoires , et à laquelle cepen-
dant on attribue, dans plusieurs pays du
nord , des propriétés nutritives.........
RICHARDSON. — Recherches sur les produits
de la décomposition du cyanogène (en com-
mun avec M. Pelouze).................
RIVAILLE. — Lettre sur une bouteille Fe
vée sur la côte sud de l’Ile de Rhé, et qui
avait été jetée à la mer pour faire une
expérience sur la direction et la vitesse
des courants... ... es etE Re t
RIVIÈRE. — Lettre sur les modifications que
les roches d’origine ignée ont fait subir aux
terrains de sédiment qu’elles ont traversés ;
adressée à l’occasion d’une communica-
tion de M. Puillon-Boblaye sur le même
sujet. . .
ROBERT (Hewrx). — Dépôt d’un Cr ca-
cheté (Séance du 2 avril).............
ROBERT. — Lettre sur quelques aurores bo-
réales observées cette année en Suède et
en Danemarck; sur les tourbières de Ja
Suède et de la Norwége, etc...... ne
— Sur la phosphorescence de la mer dans les
Pays froids............ DORA ENT nues
— Lettre sur un nuage observé le 25 avril à
Paris, et sur l'opportunité de surmonter
d’un paratonnerre V'obélisque élevé au mi-
lieu de la place de la Concorde........
ROBERTSON est présenté par la section d'As-
SAMBIN. — Lettre sur une question de prio-
rité relativement à un procédé proposé
pour la destruction des pyrales de la vigne,
SANTI-LIN ARI. — Copie d’une lettre adres-
sée à ce physicien par M. Matteucci, rela-
tivement à l'érincelle obtenue de la Tor-
SANTINT est présenté par Ja section d’Astra-
nomie comme un des candidats pour une
place vacante dans cette section........ ï
SARRUS. — Applications des sciences acces-
soires à la physiologie (en commun avec
MAR EMEAUT) ee eee ere.
SAVARY. — Rapport sur un Mémoire de
M. Morin, concernant les turbines de
M. Fourneyron........... DÉCOS Sn
— Rapport sur un Mémoire de M. Monnier
concernant les courants périodiques et les
marées de Ja Manche . . . . . .........
— M. Savary est nommé membre de la Com-
mission chargée de décerner la médaille de
Dalande tien nas nb de ee RIDE
(972)
Pages.
209
45
50
518
625
685
MM.
tronomie comme un des candidats pour la
place vacante dans cette section.......
ROBISSON.—Annonce un travail de M. Fr all
sur une encre qui résisterait aux réactifs
chimiques etau lavage du papier........
ROGNIAT. — Rapport sur Je fusil à koptip-
teur de M. Heurteloup.................
ROLLS prie l’Académie de lui Fine des
Commissaires à l’examen desquels il puisse
soumettre le procédé qu’il emploie pour
l'extraction du principe odorant des fleurs
et des plantes aromatiques. . .
ROSENBERG est présenté par la section d'As-
tronomie comme un des candidats pour une
place vacante de correspondant. .......
ROUSSEAU. — Mémoire zoologique et ana-
tomique sur la chauve-souris commune,
et spécialement sur la première et la se-
conde dentition de ce Chéiroptère...... ;
ROUSSEL DE VAUZÈME présente des piè-
ces en cire moulées sur les organes in-
ternes d’ur fœtus de baleine. ...........
ROUSSIN (L’Awrar) annonce l'envoi pro-
chain d’un travail de M. Bullard sur la
peste, et sur un moyen de la guérir que
croit avoir treuvé ce médecin, ........, ;
— Lettre sur le tremblement de terre du 23
janvier, tel qu’il s’est fait sentir à Cons-
tantinople................ sfr uate ste aiete
ROZET.— Mémoire his sur la masse
de montagnes qui séparent la Loire du
Rhône et de la Saône........ HMPPE ER
SCHOENBEIN. — Sur certaines circonstances
qui s’opposent à l’oxidation du fer ; Lettre
à M. Becquerel.
— Sur l'action voltaïque des peroxides métalli-
ques; Lettre à M. Becquerel......
SCHUSTER. — Tableaux des observations mé-
téorologiques faites à l'École de l'artillerie
et du génie de Metz........:..1..42.4.
SCHWEICH. — Sur les causes probables de
l'explosion des machines à vapeur........
SCORESBY. — Sur les moyens d'augmenter
Ja force des aiguilles aimantées ; Lettres à
310, 83a et
SÉDILLOT. — Réponse à une Note de M. Li.
bri , relative aux connaissances algébriques
. de certains écrivains arabes, ..,..... ODCE
SEGUIER. — Rapport sur un appareil inventé
par M. Vallery pour la conservation des
GrAÎDR se fen ose op ratééinite sil s sus
— Rapport sur un appareil manométrique à
ressort, à cadran, à vanne de décharge,
applicable aux chaudières à vapeur; pré-
367
MM
senté par MM. C. Testu et Leterrier..... Ë
— Instructions pour la Commission chargée
par M. le Ministre de la Guerre de l’explo-
ration scientifique de l'Algérie ; partie re-
lative aux arts et à l’industrie. .........
— Réflexions sur les deux dernières explosions
des chaudières des bateaux à vapeur sur-
venues à Nantes et à Cincinnati........
SEGUIN adresse un paquet cacheté (séance du
LAN EP ene ML detente PAM
SÉGUR-DUPEYRON (DE). — Nouveaux do-
cuments sur une ancienne éruption sous-
marine observée près des Acores........
SELLIER. — Note sur divers phénomènes
électriques et notamment sur les sons pro-
duits au moyen de lélectricité. ... ....
— Supplément à la Note sur lesrapports entre
la production du son et le développement
de phénomènes électriques : différences que
présentent dans leur arrangement sur une
plaque vibrante, les poussières siliceuses et
les poussières résineuses. ............
SELLIGUES. — Note sur la décomposition de
l’eau en vapeur par les charbons incandes-
SERRE, — Mémoire sur le traitement abortif
de l’inflammation au moyen du mercure;
adressé pour le concours au prix de Mé-
decine Montyon.............. ACTA
SERRES. — Note sur le développement centri-
pète du système osseux et ses applications
à la pathologie. ............,..... EST
— Réflexions sur une communication de
M. Magendie, relative au développement
de certaines lésions locales qui survien-
nent quand, on diminue la plasticité du
sang, el aux rapprochements établis entre
ces lésions et celles qui s’observent dans
les fièvres graves. Suivant M. Serres, la
défibrination du sang dans ces PARTS
est un phénomène consécutif au dévelop-
pement des plaques de Péyer et ne peut
par conséquent en être considéré comme
la cause. .......... sels delien et ee
— Instructions pour la Commission chargée,
par M. le Ministre de la Guerre, de l'ex-
ploration scientifique de l'Algérie ; partie
relative à la médecine... ........ agit.
TABARIÉ adresse un paquet cacheté portant
pour suscription : Recherches physico-phy-
siologiques (séance du 9 avril)..........
— Ce paquet, ouvert sur la demande de l’au-
teur, dans la séance du 25 juin, renferme
un Lravait ayant pour titrec4 Mémoire sur
C. R. 1538, 17 Semestre. (T. VI.)
(958)
302
43
207
56
356
47
J
MM.
— M. Serres adresse un paquet cachetéportant
pour suscription : Ovologie humaine
(séance du 11 juin)......,............
SILVESTRE. — Rapport verbal sur la tra-
duction italienne qu’a faite M. Bonafous
d’un ouvrage chinois concernant la cul-
ture du mürier et V’éducation des vers à soie,
traduction faite sur la version française
qu’a donnée de cet ouvrage M. Stanislas
Julien JAM! tnt LE SE
— Rapport verbal surun ouvrage de M. C.
Despine fils, ayant pour titre : Manuel de
l'étranger aux eaux d'Aix en Savoie. . .… …
SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MUL-
HOUSE exprime à M. le Ministre du
Commerce le désir que les moyens qui
seront proposés par la Commission des
rondelles fusibles comme les plus propres
à prévenir l'erplosion des machines à va-
peur, soient mis à l'épreuve dans plu-
sieurs grands ateliers , afin que leur utilité
pratique puisse avoir étéreconnue par les
personnes qui plus tard seront astreintes
à s’y soumettre, lorsque ces moyens seront
prescrits par une ordonnance..........
SOUCHIER D’ALLEX. — Dépot d’un paguet
cacheté (séance du 12 février)...........
— Dépôt d’un paquet cacheté (séance du 19
l'ADN) Soodeaoegagugediasodoonc Ne
SOULANGE-BODIN se présente comme can-
didat pour la place vacante dans la section
d'Économie rurale, par suite du décès de
M Tester on, core ete
— Est présenté par la Section comme un des
Pages.
808
166
161
210
245
66
candidats pour la place vacante.... 149et 161
SOULEYET. — Ses travaux relatifs à la zoolo-
gie dans le cours du voyage de circumnavi-
gativn de la Bonite. (Rapport sur les résul-
tats scientifiques de ce voyage)..... Dre
SOULLIER. --- Nouveau RÉ de sonnerie
POUNIES 207 IOSES En ere eee
STEIN. — Réflexions See sur la loi du
mouvement de la lumière , de la terre, de
la lune et des eaux, dans le flux et reflux
SUSLEAU. — Mémoire sur le chaufage FF
l’intérieur des appartements, etc.
un système de bains d’air généraux ou lo-
caux , applicables à l'hygiène et à la thé-
rapeutique, et fondés sur les modifica-
tions que l’on peut faire subir à la dise
atmosphérique ». ‘
TESTU: — Appareil de sûreté es les ma-
132
245
896
MM.
chines à vapeur { en commun avec M. Le-
terrier). — Rapport sur cet appareil
THÉNARD. — Remarques à l’occasion d’une
Note de M. Gay-Lussac sur un nouveau
procédé de chauffage importé d'Angleterre.
— Lettre relative à Pépoque où M. Thénard à
eu connaissance des résultats obtenus par
M. Pelouze , concernant la déshydratation
dés'Crtrates JS. 14240. as 20h tenepol pe
THIBAULT demande Fe l'Académie fasse
examiner une nouvelle échelle à incendies
qu'il a inventée... .... ..
— Adresse une figure de sa nouvelle échelle
à incendies et demande que cette inven-
tion soit admise à concourir pour le prix
concernant les moyens de rendre un art
ou un métier moins insalubre
THIERRY.— Mémoire sur un déplacement
complet de l'articulation tibio-fémorale
droite , après une déviation de nutrition
dans les surfaces osseuses qui la consti-
THOMAS FABIEN. — Voir à Fabien
THOMSON demande que plusieurs Mémoires
qu'il avait adressés à l’Académie, et dont
quelques-uns ont été imprimés depuis
l’époque de leur présentation, mais non
VAILLANT. — OEufs devers à soie et objets
relatifs à l'éducation de ces insectes, rap-
portés du Bengale par cet oflicier. Une
Commission est nommée sur la demande
de M. le Ministre du Commerce pour en
faire l'examen.
VALENTIN. — Une sonne Érestrs
son travail sur le développement comparé
des tissus organiques chez les végétaux et
chez les animaux, est présentée par
M. Flourens...,
VALLAT adresse des documents tendant à
prouver les applications utiles qui ont été
faites de son appareil de sauvetage pour
les mineurs blessés...
VALLERY.— Appareil destiné à la conserva-
tion des grains. — Rapport sur cet appa-
MN CEST 100 .
VALLOT. — Lettre cRronn an un insecte
“
WALFERDIN. — Sur un puits foré à Saint-
André (Eure), à 263 mètres de profondeur)
et sur la température constatée à 253 mèt.
( 974
Pages,
18
45)
503
MM.
publiés, soient l’objet d’un rapport...
TIREMOIS. — Description et figures des par-
hélies du 13 mars, observées à La Fère..
TORDEUX.—Lettre à M. Arago sur une par-
hélie observée le 13 mars, à Cambrai...
TRAILL,—Recherches sur une nouvelle encre
de sûreté; Lettre de M. Robisonà M. Arago.
TRAVERSAT. — Mémoire sur l’ophtalmolo-
gte. nn
TRISTAN (DE). — Harmonie des organes végé-
taux étudiés principalement dans l’en-
semble d’une même plante. (Rapport sir
vet OUVrAge)....... de
— L'auteur demande et obtient l'autorisation
de reprendre son Mémoire. ........
ŒURPIN.— Analyse microscopique files sur
des globules delait à l’état pathologique. .
— Rectification à un passage du précédent
Mémoire.......... à
— Mémoire sur la différence qu'offrent les
tissus cellulaires de la pomme et de la
poire; sur a formation des concrétions
ligneuses de la dernière ; celle des noyaux
et du bois, comparées aux concrétions
calcaires qui se trouvent sous le manteau
des Arions , et à l’ossification des añimaux
.. 703et7rr
en général, .....
qui a été désigné sous le nom de: searat
bœus phosphorœus et sur un autre qu'on
nomme vulgairement négril .,,...,...,
VELPEAU. — Sur la substitution de la dex-
trine à l’amidon, comme substance !/con-
solidante dans les bandages inamovibles
employés pour le traitement des fractures.
VÈNE. — Mémoire sur la résistance des cons-
tructions hydrauliques....,...........,
VILLEROI. — Description d’une presse litho-
graphique à encrage et mouillage mécani-
VILMORIN est présenté par la section d'lco-
norie rurale comme un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Tessier. ...... 5
VOISIN. — Sur le climat de quelques pro-
vinces de la Chine où l’on cultive le thé...
W
WALTER. — Recherches sur les produits py-
rogénés de la résine; en commun avec
M. Pelletier. (Rapport sur ce travail)...
Pages.
2b
301
149
51e
460
MM,
— Sur l'essence de menthe et sur un nouveau
carbure d'hydrogène qui en dérive.......
— Recherches sur les produits| pyrogénés du
succin (en commun avec M. Pelletier)...
WARDEN. — Communications relatives à un
tremblement de terre qui a ravagé Aca-
pulco; à une ville du Pérou, enfouie par
suite de quelque grande éruption volca-
nique; à un gisement considérable de
marbre blanc statuaire, dans les montagnes
des Cherokées ; à l’état des travaux du
canal qui doit joindre l'Océan Pacifique
à l’Atlantique........... Sn Dee
— Note sur un nouveau bateau de sauvetage
inventé par M. Francis de New-York, ...
WARTMANN.— Note sur une chute de pluie
Par un temps serein....... DCCECEL CCE EE
WHEATSTONE. — Essais relatifs à un télé-
graphe électrique qui doit ètre établientre
YATES. — Annonce que la prochaine réunion
de l'association britannique pour l’avance-
ment des sciences aura lieu dans la ville
Pages.
472
915
(975 )
MM.
Londres et Liverpool; Lettre de M. Ruc-
Kland à M. Robertson..............,..
WOHLER. — Sur les produits de la décom-
position de l’acide urique par l'acide nitri-
que (en commun avec M. Liebig)........
WOILLEZ. — Mémoire sur un moyen simple
d’apprécier exactement le volume et la pe-
santeur spécifique des organes après la
mort oo... HR MTPCCUE
WORMS indique ce qu’il regarde comme neuf
dans un ouvrage sur l’hygiène et le trai-
tement des maladies dans l’Algérie , Ou-
vrage qu’il présente au concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie, fonda-
au moyen d’un thermomètre à déverse-
ment, faites à des profondeurs différentes,
dans un puits foré à Cessingen près
Luxembourg (en commun avec M.Ciber ).
de Newcastle-sur-Tyne , le 20 août pro-
Gironde dant -
Pages.
5r
258
146
925
Pages
50,
67,
276,
303,
304,
306,
340,
420,
603,
634,
Ibid.
635,
639,
766,
813,
821,
Lignes
2;
9;
19,
18,
24,
175
3,
Errata.
M. Dupuy, aujourd’hui directeur de l'École Vétérinaire de Toulouse
lisez ancien directeur
Robertson, Zisez Robinson
Ch. Morren, Zzsez A. Morren
électro-chimiques, Zisez thermo-électriques
Fiat, lisez Fiard
nouveau genre de planches, lisez nouveau genre de plantes
ajoutez aux noms des deux commissaires désignés pour l'examen d’un
Mémoire de M. Bouros sur les effets de l’Atractylis gummifera , le nom
de M. Richard
Théorème pour calculer les racines incommensurables ; par M. Coste,
lisez par M. Cotte
Rapport sur un Mémoire de M. Monuier; M. Poncelet , rapporteur,
lisez M. Savary
pyrurique, lisez pyruvique
pyrurate, lisez pyruvate
+ C*H°Cl, Zisez C* H° Cl
2C* H5— 50, Lisez 2C° H5 + 50
a — 6, lisez » — a
M. Blin, Zisez M. Blein
plaine de la Craie, lisez plaine de la Crau
®
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